Vous êtes sur la page 1sur 12

EMC-Dentisterie 1 (2004) 417–428

http://france.elsevier.com/direct/EMCDEN/

Relations pathologiques œil-dent : point de vue


du stomatologiste et de l’odontologiste
Eye-tooth pathological relationships: dentist and
stomatologist viewpoint
F. Jordana (Chirurgien-dentiste, assistante hospitalo-universitaire,
attachée de recherche) a,b, Y. Fronty (Chirurgien-dentiste,
adjoint au chef de service) c,
P. Barbrel (Spécialiste des hôpitaux des Armées, chef de service) d,*
a
Faculté d’odontologie, Université Bordeaux 2, 16, cours de la Marne, 33000 Bordeaux, France
b
Laboratoire d’anatomie médicochirurgicale appliquée, Université Bordeaux 2,
246, rue Léo-Saignat, 33000 Bordeaux, France
c
Service d’odontologie, Hôpital d’Instruction des Armées Robert Picqué, 351, route de Toulouse, BP 28,
33998 Bordeaux Armées, France
d
Service de chirurgie maxillofaciale et stomatologie, Hôpital d’Instruction des Armées Robert Picqué,
351, route de Toulouse, BP 28, 33998 Bordeaux Armées, France

MOTS CLÉS Résumé Les relations pathologiques entre l’œil et la dent sont connues depuis long-
Œil ; temps, bien qu’elles soient extrêmement rares. Il existe de nombreuses manifestations
Dent ; oculaires d’origine dentaire (uvéite, cellulite, conjonctivite, trouble de l’accommoda-
Infection focale ; tion, larmoiement...). Les séquelles ophtalmiques à long terme d’une pathologie dentaire
Uvéite odontogène ; peuvent être extrêmement graves : diminution permanente de l’acuité visuelle, diplopie
Cellulite orbitaire
ou même cécité... Les conséquences d’une infection orofaciale affectant l’orbite et le
système nerveux central peuvent être l’hémiparalysie, voire la mort. Le stomatologiste,
le chirurgien-dentiste et l’ophtalmologiste doivent associer leurs compétences pour
l’établissement d’un diagnostic et la mise en place d’un traitement local et/ou général.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Abstract Pathological relations between the eye and the tooth are known for a long time,
Eye; although they are extremely rare. There are many ocular demonstrations of dental origin
Tooth; (uveitis, cellulitis, conjunctivitis, accommodation disturbances, watering...). Long-term
Focal infection; ophthalmic sequelae of a dental pathology can be extremely serious : permanent
Odontogenic uveitis;
reduction of vision, diplopia or even blindness... Consequences of oro-facial infection
Orbital cellulitis
affecting orbit and central nervous system can be hemiparalysy, even death. Stomatolo-
gists, dental surgeons and ophthalmologists should associate their competences for the
diagnosis establishment, and the implementation of a local and/or general treatment.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : philippe.barbrel@wanadoo.fr (P. Barbrel).

© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.


doi: 10.1016/j.emcden.2004.06.003
418 F. Jordana et al.

Introduction nes bactériennes. Celle-ci serait la cause principale


des troubles à distance. « La bouche est l’ennemie
Devant une pathologie oculaire, le stomatologiste, mortelle de l’œil ». Ces thèses eurent peu d’écho
l’odontologiste et l’ophtalmologiste doivent asso- en France, mais en eurent beaucoup outre-
cier leurs compétences ; de leur étroite collabora- Atlantique.27
tion dépend le traitement (local et/ou général) En 1914, les travaux français de Dor (Lyon) et de
dispensé au patient. La guérison, l’avenir fonction- Polliot (Besançon) démontrent le rôle des lésions
nel de l’œil, la prévention des récidives dépendent apicales, souvent cliniquement muettes, dans
de leur précocité et de l’efficacité du traitement. l’étiologie des uvéites. Les extractions dentaires se
Le stomatologiste et le chirurgien-dentiste multiplient alors.27 Fromaget publie, en 1924,
jouent un rôle important et doivent donc connaître d’importants travaux sur les rapports entre lésions
les relations entre l’œil et la dent. Ils doivent oculaires et lésions dentaires. Les manifestations
établir un diagnostic étiologique et dispenser un oculaires d’origine dentaire ne sont alors plus niées
traitement buccodentaire. (Worms et Bercher, Lepoivre, Dechaume, Reilly...).
Ces auteurs prônent une position moins catégori-
Nous verrons tour à tour, après un rapide histo-
que.27
rique et un rappel sur les rapports embryologiques
En 1951, au congrès de l’Association dentaire
et anatomiques entre l’œil et la dent, l’étiopatho-
américaine, les participants furent unanimes pour
génie, les affections dentaires causales, les ta-
considérer comme minime le danger des infections
bleaux cliniques susceptibles d’être rencontrés.
focales.
Nous finirons sur l’examen stomatologique et la
Actuellement, les cliniciens ont une position plus
conduite à tenir pour le stomatologiste et le
modérée. L’étiologie dentaire est possible, mais
chirurgien-dentiste.
rare.
Il n’existe que peu d’études récentes documen-
tées sur ce sujet. La littérature existante se résume
Historique souvent à des cas cliniques.

Les relations pathologiques sont connues depuis


longtemps. Rapports
Le Code d’Hamourabi (fondateur de l’empire
babylonien), 2258 avant JC, décrit, dans ses tables, Rapports embryologiques
les relations entre les maladies de l’œil et celles
des dents. Il existe un lien ontogénique étroit entre l’œil et la
Hippocrate, dans ses Aphorismes périopsos, dé- dent.
finit la relation de cause à effet entre certaines L’origine embryologique des dents est double :
suppurations intraorbitaires et un foyer infectieux l’ectoderme du stomodeum est issu du premier arc
dentaire. branchial, l’ectomésenchyme des crêtes neurales
L’iconographie chrétienne représente volon- encéphaliques. De même, le globe oculaire a une
tiers, main dans la main, sainte Apolline (protec- double origine embryologique : l’œil est constitué
trice des dents) et sainte Lucie (protectrice des d’une vésicule optique, émanation du diencéphale,
yeux). qui préside à l’élaboration de la rétine sensorielle
Pour Ambroise Paré, la canine maxillaire corres- et pigmentaire. Autour de celle-ci, vers le 40e jour,
pond à la « dent de l’œil » ou « œillère ». Il définit affluent les cellules des crêtes neurales encéphali-
les rapports de contiguïté entre les dents et le ques qui vont se différencier en enveloppes et
globe oculaire. structures périoculaires (choroïde, sclérotique, en-
Des auteurs anglo-saxons dénoncent l’impor- dothélium de la cornée, cellules pigmentaires de
tance des foyers infectieux dentaires dans la ge- l’iris...).11 L’œil et la dent ont donc une origine
nèse des infections focales. En 1910, Hunter accuse embryologique commune : ils dérivent de l’épi-
la septicité apicale dentaire d’être le point de blaste.
départ de nombreuses infections, dans sa confé- Les éléments ectodermiques de l’œil (cristallin
rence publiée dans The Lancet. Ce médecin colonel et rétine) et le développement du maxillaire et de
anglais prône l’extraction dentaire systématique et la mandibule évoluent dans la même période (entre
accuse les « mausolées d’or (couronnes, bridges, la cinquième et la septième semaine).
onlays...) sur des tombeaux de microbes ».56 En Mais, plus encore, c’est la mise en place des
1912, Billings énonce sa théorie de l’infection fo- structures de soutien qu’il faut considérer.56 Le
cale qui repose sur l’essaimage à distance de toxi- développement volumétrique et la fusion médiane
Relations pathologiques œil-dent : point de vue du stomatologiste et de l’odontologiste 419

des bourgeons faciaux de la cinquième et la sixième La face supérieure du maxillaire est une fine
semaines expliquent la contiguïté entre la cavité lame osseuse, rendue encore plus fragile par la
orbitaire et la cavité buccale, malgré leur éloigne- présence du canal infraorbitaire. La mince sépara-
ment topographique. C’est à ce stade de dévelop- tion entre sinus maxillaire et cavité orbitaire expli-
pement de la face que des défauts mineurs de que la propagation des infections ou des tumeurs.
fusion entre bourgeon nasal interne et bourgeon Parmi les rameaux vasculonerveux inclus dans la
maxillaire expliquent l’agénésie, voire l’ectopie de paroi antérieure du sinus maxillaire, un émanant de
certains germes dentaires, par dysmigration des l’alvéole de la canine vient s’ouvrir en avant du
odontoblastes. Leur évolution pourra être à l’ori- canal lacrymal au niveau de l’angle inféromédial de
gine d’accidents infectieux ophtalmologiques. l’orbite. C’est par cette voie intraosseuse que peu-
La complexité du développement de la face de vent se propager, jusqu’au grand angle de l’œil,
l’embryon explique l’éventualité des malforma- des suppurations ayant une origine alvéolaire. Ces
tions craniofaciales. Anomalies dentaires et oculai- canaux (dits « de Parinaud ») favorisent la diffusion
res coexistent fréquemment dans de nombreux syn- de l’infection vers l’œil.
dromes craniofaciaux, comme le syndrome de Le même périoste recouvre les canalicules den-
Crouzon, la maladie de Marfan, le syndrome de taires, le canal lacrymonasal et l’orbite.63
Pierre Robin...17 Le volume des sinus étant variable, les rapports
dents – sinus le sont également. Dents et sinus
Rapports anatomiques maxillaire sont séparés par 2 à 4 mm d’os spon-
gieux. Parfois, certains apex font saillie dans le
Du fait des rapports anatomiques de voisinage entre sinus (sinus procident) ; les dents antrales corres-
l’œil et la dent, une lésion dentaire peut, par pondent aux prémolaires et premières molaires
simple contiguïté et par diffusion, provoquer une maxillaires, rarement des deuxièmes et troisièmes
atteinte de l’œil. molaires et des canines. De plus, la barrière osseuse
n’est pas perméable. Elle est traversée par de
Rapports osseux nombreux pertuis où passent de fines ramifications
Le maxillaire supporte les dents supérieures dans sa des nerfs, artérioles et veinules dentaires. Chez
partie inférieure, entre dans la constitution de la l’enfant, les germes des dents définitives se super-
cavité orbitaire par sa partie supérieure, et com- posent à ceux des dents déciduales et se trouvent
prend une cavité centrale : le sinus maxillaire situés très près de l’orbite ; comme chez l’adulte
(Fig. 1). Certains auteurs comme Worms et Bercher dans les cas d’ectopie ou d’inclusion dentaire.
pensent que la propagation d’une infection den- Cette disposition explique la propagation fréquente
taire à l’œil doit se faire par le relais sinusien (la des suppurations d’origine dentaire au rebord infé-
« sinusite latente »).14 rieur de l’orbite chez l’enfant.39

Rapports vasculaires

Artères
Il existe de nombreuses anastomoses (Fig. 2) :
• entre l’artère maxillaire et l’artère ophtalmi-
que (branche de l’artère carotide interne) ;
• entre l’artère faciale et l’artère ophtalmique
par l’artère angulaire de l’œil.
Le système carotidien externe (destiné à la face,
aux téguments de la tête et à la partie supérieure
de l’axe aérodigestif) participe à la vascularisation
orbitaire.

Veines
Il existe des anastomoses (Fig. 3) :
• entre la veine ophtalmique supérieure et le
tronc thyro-linguo-facial par la veine angu-
laire. La veine ophtalmique supérieure se jette
dans le sinus caverneux, ce qui explique la
Figure 1 Rapports osseux œil-dent. 1. Cavité orbitaire ; 2. sinus possibilité des thrombophlébites craniofacia-
maxillaire. les ;
420 F. Jordana et al.

• entre les veines ophtalmiques supérieure et


inférieure.
De plus, les veines faciale et angulaire sont dé-
pourvues de valvules ; le sens du courant sanguin
peut s’inverser.

Vaisseaux lymphatiques
Les nœuds lymphatiques submandibulaires, au
nombre de trois à six de chaque côté, reçoivent les
lymphatiques des paupières et de la conjonctive,
de la joue, des lèvres, des gencives et du plancher
buccal.
Pour Larmande et al.32, l’absence de système
lymphatique orbitaire semble exclure toute propa-
gation de l’inflammation par voie lymphatique.
Pour cet auteur, il est exceptionnel qu’une infec-
tion dentaire entraîne une cellulite orbitaire par
l’intermédiaire d’une septicémie.

Rapports nerveux
Figure 2 Rapports vasculaires artériels œil-dent. 1. Artère
L’innervation sensitive de l’œil et des dents est
maxillaire ; 2. artère carotide externe ; 3. artère ophtalmique ; assurée par la Ve paire des nerfs crâniens, le nerf
4. artère angulaire ; 5. artère faciale ; 6. artère maxillaire. trijumeau, par sa racine sensitive (racine supé-
rieure, la plus volumineuse).
L’innervation de l’œil et des arcades dentaires
est donc sous la dépendance des branches du triju-
meau, le nerf le plus réflexogène de l’organisme.36
Le trijumeau est en connexion étroite avec la plu-
part des nerfs crâniens (nerf facial, nerf oculomo-
teur, nerf trochléaire), des nerfs cervicaux, des
systèmes sympathique et parasympathique.
Ainsi, toute irritation de la pulpe, qui est très
riche en fibres neurovégétatives, entraîne une at-
teinte trigéminale et sympathique. Cela peut occa-
sionner ensuite un accident oculaire réflexe.

Rapports cellulaires
Les espaces celluleux font largement communiquer
la région jugale et le plan musculaire des paupiè-
res.
Au niveau de l’apex de la canine et des premières
prémolaires, prend naissance une coulée cellulaire
verticale, qui s’étale dans la région génienne
haute, s’allonge dans le sillon nasogénien pour
aboutir à l’angle médial de l’œil. Seul le rebord
orbitaire sépare les tissus celluleux orbitaire et
Figure 3 Rapports vasculaires veineux œil-dent. 1. Veine jugu- nasogénien. Une ostéite diffuse du maxillaire peut
laire interne ; 2. veine jugulaire externe ; 3. sinus caverneux ; 4.
ainsi intéresser l’orbite. Le tissu nasogénien se
veine ophtalmique supérieure ; 5. veine ophtalmique inférieure ;
6. veine angulaire ; 7. veines ptérygo-ophtalmiques ; 8. veines poursuit dans le tissu celluleux lâche de la paupière
ptérygocaverneuses ; 9. plexus ptérygoïdien ; 10. veine faciale. inférieure. Cela explique la diffusion rapide de
certaines cellulites aiguës géniennes vers l’angle
• entre la veine ophtalmique inférieure et le médial de l’œil et la présence alors d’un œdème
plexus ptérygoïdien (qui draine les plexus orbi- palpébral. Le tissu celluleux de la région infra-
taire, sinusaux et péridentaires et qui possède temporale peut être infecté directement par une
des anastomoses avec le sinus caverneux) par dent de sagesse supérieure et propager l’infection
la veine infraorbitaire ; au tissu celluleux de l’orbite, par voie postérieure.
Relations pathologiques œil-dent : point de vue du stomatologiste et de l’odontologiste 421

Ceci est exceptionnel, sauf en cas de participation Manifestations immunitaires


veineuse.39
Le globe oculaire évolue dans une atmosphère Des réactions allergiques de type humoral I, II, III ou
celluleuse à l’intérieur d’une cavité osseuse bien de type retardé IV semblent être la cause dans les
plus grande que lui. Cela lui permet une grande uvéites, les vascularites rétiniennes et les neuropa-
mobilité, mais aussi la diffusion des processus sep- thies optiques observées lors de pathologies dentai-
tiques au sein du cône orbitaire et vers l’étage res. Les antigènes bactériens et la nature antigéni-
moyen de la base du crâne.56 que de biomatériaux dentaires en seraient à
l’origine, le typage immunogénétique human
leukocyte antigen (HLA) B27 les favoriserait.17
Étiopathogénie Pour Hamard et al.23, c’est la théorie la plus
souvent admise actuellement. Seul, alors, le foyer
Les interactions sont le plus souvent hypothétiques infectieux dentaire compte et son siège importe
ou établies par la disparition de l’affection oculaire peu.
après traitement de la pathologie dentaire, a pos- Il est probable qu’une cause infectieuse puisse
teriori. entraîner des phénomènes immunitaires secondai-
res, analogues à ceux rencontrés au cours des uvéi-
Elles expriment une réalité clinique quotidienne
tes non infectieuses et responsables de la pérenni-
et justifient un examen buccodentaire systémati-
sation de l’inflammation intraoculaire. Il paraît
que pour une pathologie oculaire dont l’étiologie
donc impossible de dissocier les causes infectieuses
n’est pas connue.
des mécanismes purement immunitaires.35
Manifestations réflexes
Affections dentaires responsables
Elles seraient dues à la richesse des connexions
anastomotiques nerveuses (nerf trijumeau et sys-
de complications ophtalmiques
tème sympathique). Pour Lepoivre et Raison36, cha-
L’étiologie dentaire peut apparaître plus ou moins
que fois qu’une pulpe dentaire est irritée, il y a
évidente selon les signes retrouvés lors de l’examen
atteinte trigéminale et sympathique.
clinique et radiologique.6,64
Elles sont très souvent évoquées pour expliquer
certaines manifestations fonctionnelles chroni- Causes dentaires
ques : douleur, troubles de l’accommodation, pho-
tophobie, blépharospasme.17
Les causes dentaires sont répertoriées dans le Ta-
bleau 1.
Manifestations oculaires infectieuses
de voisinage Causes péridentaires et diverses

Il s’agit de la propagation, le plus souvent aux Elles sont plus rarement retenues (Tableau 2).
annexes, d’un foyer infectieux, par extension de
proche en proche (périoste, sinus, fosse infra-
temporale et fente fissure orbitaire inférieure) ou Tableaux cliniques
par voie veineuse rétrograde.
Dans le rapport de la Société française d’ophtal- L’orbite est la cible favorite des manifestations
mologie de 1986, concernant les neuropathies opti- ophtalmologiques de la pathologie dentaire. Elle
ques, Hamard et al.23, se basant sur l’article de doit ce privilège à sa proximité anatomique, à la
François et Van Oye sur les uvéites et les névrites richesse de ses connexions vasculonerveuses et à
optiques20, considèrent que l’infection par conti- son hétérogénéité tissulaire.17
guïté (par voie osseuse, périostée, par le sinus
maxillaire) est exceptionnelle ; pour l’infection Atteintes infectieuses
focale (propagation par voie sanguine jusqu’à
l’œil), cet auteur rappelle qu’aucun germe n’a été Au niveau des paupières
mis en évidence au niveau de l’œil. Dans son rap- Œdèmes et abcès palpébraux inférieurs. Par conti-
port de 1997, la Société française d’ophtalmolo- guïté d’une dent infectée.
gie17 considère la propagation par contiguïté
comme la cause principale des atteintes oculaires Au niveau du rebord orbitaire
d’origine dentaire. Ostéopériostite aiguë.
422 F. Jordana et al.

Tableau 1 Causes dentaires7,10,13,18,21,22,31,32,38,42,45,46,48,52,53,57,58,60,61.


Causes Exemples
Mortification pulpaire Nécrose7
Kyste10,53
Granulome13,58
Abcès dentaire21,45,46,60
Ostéite
Caries Profondes7,18
Traumatisme Avec vitalité pulpaire menacée22,32
Accidents d’évolution Enfant (passage de la denture lactéale à la denture définitive)
Adolescent et adulte jeune (dents incluses, ectopies, péricoronarites, odontomes)7,42,52,57
Causes iatrogènes Tous nos gestes :
- extraction31,38,48,61
- soins conservateurs
- soins prothétiques
Traitements endodontiques Obturation insuffisante, incomplète ou dépassement10

Tableau 2 Causes péridentaires et diverses7,43,56.


Causes Exemples
Lésions parodontales Parodontite43, desmodontite7
Lésions muqueuses De type infectieux, inflammatoire, tumoral
Au niveau des parois de la cavité buccale, de la langue, des amygdales
Solution de continuité osseuse Consécutive à un traumatisme facial, se traduisant par un trouble de l’articulé dentaire, un
hématome intéressant la cavité buccale ou orbitaire, un trouble de l’oculomotricité, une
dysesthésie infraorbitaire56
Lésions tumorales Bénigne (kyste d’origine dentaire)
Maligne (muqueuse ou alvéolodentaire)
Traumatismes Prothèses fixées ou amovibles

Au niveau des voies lacrymales : dacryocystite – La carie profonde ou la pulpite, accompagnée


péricystite41 parfois d’une périodontite ou d’une péricoronarite,
Elles font suite à une ostéopériostite du maxillaire. en est le plus souvent l’origine.28 La fracture ou
Elles sont caractérisées par une tuméfaction l’extraction d’une dent peut aussi en être respon-
rouge, chaude, douloureuse, intéressant l’angle sable.
médial des paupières jusqu’à l’aile du nez. La pres- Kaban et Mac Gill29 distinguent, selon le franchis-
sion de la région fait sourdre du pus au niveau de sement du septum orbitaire par le processus in-
l’angle médial palpébral.51 flammatoire, les cellulites périorbitaires (ne
concernant que les paupières) et les cellulites orbi-
Au niveau de l’orbite taires, rares et graves avec œdème palpébral, ché-
mosis, exophtalmie, ophtalmoplégie et anesthésie
Cellulite orbitaire cornéenne.
Elle est la traduction habituelle de l’orbitopathie Il existe cinq stades évolutifs de la cellulite orbi-
inflammatoire d’origine dentaire. La propagation taire (sans traitement) selon la classification de
du processus infectieux dentaire emprunte des Smith et Spencer, modifiée par Chandler et al.9 :
voies différentes selon les dents causales : • I : œdème inflammatoire des paupières : cel-
• pour les molaires, et notamment les dents de lulite préseptale ;
sagesse : la fosse infra-temporale, la fente • II : exophtalmie inflammatoire : cellulite intra-
fissure orbitaire inférieure22,32, la fosse pté- orbitaire ;
rygopalatine (avec parfois trismus)18 ; • III : abcès orbitaire sous-périosté25 (retrouvé
• pour les prémolaires et les molaires : le sinus souvent chez l’enfant)32 : exophtalmie doulou-
maxillaire22,32 ; 70 à 80 % des cellulites orbitai- reuse et inflammatoire non axile (l’œil dérive
res sont d’origine sinusienne, 10 à 20 % des du côté opposé à l’abcès) ;
sinusites maxillaires sont d’origine dentaire ; • IV : abcès intraorbitaire : ophtalmoplégie, di-
• pour les incisives et les canines : voie périostée minution de l’acuité visuelle et atteinte des
et/ou cellulaire32 et veineuse.22 réflexes pupillaires, anomalies du fond d’œil ;
Relations pathologiques œil-dent : point de vue du stomatologiste et de l’odontologiste 423

• V : thrombophlébite du sinus caverneux. : Atteintes inflammatoires


forme très grave avec une forte mortalité,
avec protrusion du globe oculaire, vasodilata- Uvéites
tion conjonctivale et épisclérale, ophtalmoplé- L’uvéite est la manifestation oculaire la plus fré-
gie, œdème papillaire, signes généraux et mé- quente de la pathologie dentaire, avec une étiolo-
ningés de type septicémique. Elle peut se gie dentaire retrouvée dans 1 % des cas.14
compliquer d’une atrophie optique, voire L’uvée est constituée de l’iris, du corps ciliaire
d’une méningite et d’un abcès cérébral. et de la choroïde. C’est une véritable éponge vas-
Cette classification est également thérapeuti- culaire dans laquelle l’infection se localise et se
que : les stades I et II justifient un traitement développe avec une grande facilité.64
médical, les stades III et IV un traitement chirurgi- L’uvéite correspond à une inflammation endocu-
cal.22,32 laire.59 L’uvéite est souvent séreuse et non granu-
La pathologie dentaire s’exprime au niveau orbi- lomateuse.17 Il peut exceptionnellement s’agir
taire surtout par les stades I et II, mais elle peut d’une endophtalmie après extractions dentaires
aussi être à l’origine, dans 7 % des cas, d’une multiples31 ou au cours d’une périodontite provo-
thrombophlébite du sinus caverneux, pouvant se quée par Peptostreptococcus intermedius ou As-
pergillus flavus. 43
compliquer d’une méningite ou d’un abcès céré-
L’uvéite antérieure ou iridocyclite aiguë (42 %
bral.17
des uvéites)16 est une inflammation de l’iris (iritis)
La flore microbienne peut être aérobie (Entero-
et du corps ciliaire. Elle est non séreuse, non gra-
coccus faecalis) ou anaérobie (Fusobacterium, Pep-
nulomateuse et non synéchiante.56 Elle s’accompa-
tostreptococcus, Veillonella, Bacteroides).17 Chez
gne d’une baisse d’acuité plus ou moins impor-
les jeunes sujets, il peut s’agir d’Haemophilus in- tante, de photophobie et de douleurs oculaires.12
fluenzae.60 C’est l’uvéite où la recherche d’un foyer infectieux
Il existe trois facteurs déterminants dans leur buccodentaire est la plus utile, celui-ci est retrouvé
survenue : prescription de corticostéroïdes et sur- dans 20 % des formes non rhumatismales et son
tout d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, une an- traitement permet d’éviter que l’uvéite ne de-
tibiothérapie mal adaptée, un traitement chirurgi- vienne chronique.16
cal initial insuffisant ou absent. Les facteurs Les uvéites intermédiaires (28 % des uvéites)16
favorisants sont l’âge, les déficits immunitaires, les correspondent à l’inflammation de la partie
néoplasies, le diabète, voire l’éthylisme.33 moyenne de l’œil. Son origine est inconnue, la
présence d’aucun organisme n’a pu être démon-
Autres formes cliniques plus rares trée.16
Ont été décrits un abcès intraconal, secondaire à Les uvéites postérieures (29 % des uvéites)64 sont
l’infection de prémolaires et de molaires56 et une des troubles inflammatoires de la choroïde.64 Elles
gangrène gazeuse de l’orbite13, suite à un granu- correspondent à un ensemble hétérogène d’affec-
lome périapical infecté d’une dent de sagesse tions choriorétiniennes.59
maxillaire. Les uvéites totales (11 % des uvéites)64 corres-
Falcone, cité par Newman46, relate un syndrome pondent au syndrome de panuvéite64 (association
de la fissure orbitaire supérieure (œdème périorbi- d’une uvéite antérieure et d’une uvéite posté-
rieure).
taire, ecchymose subconjonctivale, ptôse, ophtal-
moplégie, dilatation pupillaire), complication d’un
Conjonctivites
kyste infecté.
Œil douloureux, conjonctive rouge plus ou moins
œdématiée pouvant aller jusqu’au chémosis
Atteintes oculaires par essaimage infectieux
(œdème de la conjonctive) les caractérisent. Pho-
Elles sont très rares. Nous avons repris la classifica- tophobie, larmoiement et prurit en sont les signes
tion de Rives et al.56 : fonctionnels.64
• les kératites à Capnocytophaga50 chez des pa-
tients immunodéprimés (corticostéroïdes24,49, Vascularites
syndrome de l’immunodéficience acquise)62, Sous forme de périphlébites le plus souvent, elles
ou à Candida albicans47 ; peuvent produire des réactions vitréennes secon-
• les panophtalmies infectieuses, endophtal- daires avec opacification, rétraction et proliféra-
mies44 ; tions vasculaires responsables d’hémorragies réci-
• les métastases septiques de l’iris : suite à un divantes qui caractérisent le syndrome de Eales.56
abcès d’une molaire maxillaire, diagnostiqué Bloch-Michel2 classe les vascularites parmi les pan-
par angiographie du fond d’œil.21 uvéites.
424 F. Jordana et al.

Neuropathies optiques (névrites optiques) tomoses avec le nerf facial et le sympathique en


Elles sont révélées par une baisse de l’acuité vi- particulier.3
suelle avec altération plus ou moins importante du • Névralgie trigéminée réflexe : le sujet projette
champ visuel. Il s’agit de l’inflammation de la tête sa douleur dans un territoire cutané avec er-
du nerf optique (papille œdémateuse au fond reurs de projection possibles. Elle peut être
d’œil) ou de la portion rétrobulbaire du nerf opti- infraorbitaire, rétro-orbitaire ou intéresser le
que (aspect normal de la papille).7 segment antérieur du globe oculaire. Des mi-
L’atteinte du nerf optique est alors uni- ou ipsi- graines ophtalmiques ont été décrites.20
latérale.7 Les neuropathies optiques se rencontrent • Algies oculo-orbitaires : elles sont fréquem-
sous forme de papillite55,57 ou de névrite optique ment d’origine dentaire, mais elles sont obser-
rétrobulbaire, parfois controlatérale. vées dans 25 % des carcinomes du sinus maxil-
Les lésions supposées responsables sont les gra- laire.17
nulomes apicaux, l’ostéite périradiculaire, et plus • Photophobie : elle accompagne le plus souvent
rarement la carie profonde et la pulpite chroni- d’autres troubles réflexes et signe l’atteinte
que.23 Mais elles relèvent vraisemblablement d’un du trijumeau.
mécanisme immunologique, car les foyers infec- • Anesthésie sélective de branches périphéri-
tieux dentaires ou parodontaux sont de fortes sour- ques du nerf trijumeau.1
ces antigéniques.17
L’évolution avec traitement des affections den- Troubles moteurs
taires et ophtalmologiques conduit à une récupéra- Ils sont répertoriés dans le Tableau 3.
tion totale ou à une atrophie totale ou partielle du Il existe également des troubles :
nerf optique.56 • sécrétoires : larmoiement unilatéral1, séche-
resse oculaire ou hypocrinie17 ; Pour Flament
Épisclérites et Storck17, la sécheresse oculaire est fré-
C’est une inflammation de l’épisclère (fin tissu quemment considérée comme symptomatique
conjonctif dense et vascularisé54, recouvrant la d’une carie dentaire. Mais ces deux entités
sclère, l’enveloppe protectrice de l’œil).8 Elle se sont très fréquentes. Pour Roth et al.57, cela
présente comme une rougeur limitée, douloureuse n’a jamais été signalé comme conséquence
lors des mouvements oculaires ou à la pression.12 Il d’une affection dentaire ;
y a sensation de gêne et larmoiement ; l’association • sensoriels : cécité transitoire ;
de douleur, de photophobie est possible, mais • vasomoteurs : angiospasme, glaucome aigu.3
beaucoup plus rare.8
Plus rarement, on a décrit des kératites nummu- Atteintes tumorales
laires, des kératoconjonctivites, des conjonctivites
récidivantes, des hémorragies sous-conjonctivales Il s’agit de tumeurs à point de départ dentaire,
qui ont régressé après extraction dentaire.56 Une développées dans le maxillaire ou par envahisse-
hémorragie intraoculaire a été rapportée après la ment du sinus maxillaire. La confirmation et
pose de plusieurs implants dentaires réalisée sous l’étude des rapports de la lésion avec le globe
anesthésie locale.30 oculaire se fait grâce à une radiographie panorami-
que, une radiographie en incidence de Blondeau et
Manifestations réflexes au scanner. Ce dernier permet l’orientation théra-
peutique et pronostique lors de tumeur maligne.
Troubles sensitifs L’imagerie par résonance magnétique permet de
Ils relèvent de l’irritation du nerf trijumeau (V), un différencier les lésions inflammatoires des lésions
des nerfs les plus réflexogènes de l’organisme36, tumorales.56
l’action à distance s’expliquant par les rapports Nous citons comme exemple une tumeur
étroits entre les trois branches du V et leurs anas- conjonctivale à point de départ dentaire.58

Tableau 3 Manifestations réflexes, troubles moteurs3,57.


Localisation Troubles
Paupières Blépharospasme, plus rarement lagophtalmie ou ptosis
Musculature oculaire extrinsèque Paralysies oculomotrices et phénomènes spasmiques, aboutissant à un strabisme ou une
diplopie57
Musculature oculaire intrinsèque - troubles pupillaires : mydriase unilatérale, myosis3
- troubles de l’accommodation
Relations pathologiques œil-dent : point de vue du stomatologiste et de l’odontologiste 425

Troubles iatrogènes ou liés Examen de la cavité buccale


à des traitements dentaires
Examen clinique
Il n’est pas rare de constater, au cours de la reprise
des soins dentaires, un réveil infectieux local qui
peut déclencher la reprise des foyers secondai- Nous n’insistons pas sur les étapes classiques d’un
res.34 examen stomatologique, en particulier sur l’exa-
Ainsi, une extraction dentaire, un traitement men exobuccal (à la recherche d’une tuméfaction,
endodontique ou parodontal peuvent entraîner une rougeur) ou l’examen fonctionnel (trismus, dyspha-
aggravation de l’état du patient, voire en être la gie...)40 (Tableau 4).
cause.21 Nous citerons comme exemple un phleg-
mon orbitaire dû à un traumatisme par une pro- Examens complémentaires
thèse dentaire19, une endophtalmie par plaie cau-
sée par un système de traction orthodontique Examens radiologiques (Tableau 5)
extraorale26, quatre cas de cellulite orbitaire qui
La radiographie panoramique est réalisée même
ont suivi des extractions, avec un délai de 2 heures
chez un édenté et permet la recherche de racines
à 13 jours5, ou encore une thrombophlébite facio-
résiduelles, de dents incluses ou ectopiques.
ophtalmique après mise en place d’un pansement
nécrotique occlusif.15
Examens spécialisés
L’emphysème orbitaire peut être provoqué par
une extraction dentaire utilisant un instrument ro- Ils sont généralement demandés par l’ophtalmolo-
tatif refroidi par air.4 Il peut se compliquer d’une giste.
oblitération de l’artère centrale de la rétine et Une sinuscopie pour une lésion sur une dent
d’une neuropathie optique ischémique.48 Il est antrale peut être réalisée ; elle est diagnostique
beaucoup plus grave quand il est observé dans le (kyste radiculodentaire...) et peut être également
contexte d’une gangrène gazeuse.17 thérapeutique (dépassement...).

Tableau 4 Examen clinique.


Examens Observations
Anamnèse Antécédents médicaux, dentaires, familiaux
Traitements conservateurs, prothétiques
Antécédents d’accidents d’évolution
Inspection Hygiène buccodentaire
Caries, dents absentes, occlusion, fractures
Lésions et tuméfactions muqueuses, communication buccosinusienne, gingivites et parodonti-
tes, ulcération, fistule, parulies chez l’enfant
Signes de mortification : coloration
Adaptation des prothèses fixées et amovibles
Présence d’obturation
Palpation - percussion Mobilité des dents, douleurs
Vitalité dentaire : tests thermiques et électriques (pulp tester)
Bilan parodontal (sonde), suintement gingival

Tableau 5 Examen radiologique18,19,21,25,29,48,56.


Examens Localisation, but, indications
Panoramique Systématique : cliché de dépistage
Rétroalvéolaires (argentique ou numérique), Qualité des traitements endodontiques
mordu occlusal : pour les dents suspectes Dents mortifiées, parodontiques ou en présence d’un kyste
Incidences de Blondeau (ou Waters) et Hirtz Foyer dentosinusien (dépassement, kyste...)
Tomodensitométrie Signes orbitaires importants ou lésion tumorale25,48
Précise les lésions des parties molles et de l’os18,19,29
Imagerie par résonance magnétique Processus tumoraux avec traduction neuro-ophtalmologique
Étude du cône cérébral et/ou atteinte cérébrale (étages antérieur et moyen de
la base du crâne)56
Angiographie21 Dans les thrombophlébites56
426 F. Jordana et al.

Figure 4 Arbre décisionnel.

Examens biologiques Tout geste, radical ou conservateur, est réalisé


• Sur le plan général : numération-formule san- sous antibioprophylaxie, de façon à ne pas aggraver
guine, vitesse de sédimentation, électropho- l’affection ophtalmologique.
rèse des protéines sont demandées systémati-
quement. Le dosage antigénique (HLA B27)
n’est pas demandé systématiquement. Références
• Sur le plan local : les prélèvements spécifiques
isolent le germe au niveau buccodentaire ; il 1. Barrett AP, Buckley DJ. Selective anesthesias of peripheral
doit être comparable à celui retrouvé au ni- branches of the trigeminal nerve due to odontogenic infec-
veau ophtalmologique. Les prélèvements (pré- tion. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1986;62:226–228.
lèvements apicaux et alvéolaires, radiculaires, 2. Bloch-Michel E. Physiopathologie des uvéites : place de
l’enquête stomatologique. Rev Stomatol Chir Maxillofac
dents dépulpées et obturées par immersion de
1985;86:389–391.
l’apex, dents extraites) sont effectués selon la 3. Boyer R, Fourel J, Martin R, Barkat A. Les manifestations
technique de Lepoivre et al.37 oculaires d’origine dentaire. Actual Odontostomatol 1966;
76:455–468.
4. Buckley MJ, Turvey TA, Schumann SP, Gumson BS. Orbital
Conduite à tenir emphysema causing vision loss after a dental extraction. J
Am Dent Assoc 1990;120:421–424.
5. Bullock JD, Fleishman JA. The spread of odontogenic infec-
Elle n’est pas unique et dépend de la lésion den- tions to the orbit: diagnosis and management. J Oral
taire et de l’importance de la pathologie ophtalmo- Maxillofac Surg 1985;43:749–755.
logique. Il faut rappeler que seul le foyer infectieux 6. Cavezian R, Pasquet G, Iba-Zizen MT, Haut J, Cabanis EA.
dentaire compte et son siège importe peu. Œil et dent : importance d’une approche anatomo-
Il faut distinguer les foyers buccodentaires : radiologique simultanée. Bull Soc Ophtalmol Fr 1982;82:
• patents : ce sont des lésions évidentes, avec 1002–1007.
7. Chaabouni M, Hachicha L, Ben Hadj Hamida F, Chebihi S.
possibilité de signes cliniques et radiologiques La neuropathie optique d’origine dentaire : à propos de
(dent délabrée, kyste infecté, accidents d’évo- 4 observations. Rev Stomatol Chir Maxillofac 1991;92:
lution...) ; 259–261.
• latents : le foyer d’infection dentaire n’est pas 8. Chaine G. Ophtalmologie. Paris: Doin; 2000 298p.
évident. Ce sont les dents incluses, kystes non 9. Chandler JR, Langenbrunner DJ, Stevens ER. The patho-
infectés, parodontite, corps étrangers intrasi- genesis of orbital complications in acute sinusitis. Laryn-
goscope 1970;80:1414–1428.
nusiens...
10. Claisse A. Manifestations oculaires et affections dentaires :
La gravité de l’affection ophtalmologique est à propos d’une observation. Rev Fr Endod 1989;8:43–50.
prise en compte pour les foyers infectieux latents, 11. Couly G. Développement encéphalique : embryologie,
mais pas pour les foyers infectieux patents (Fig. 4). croissance, pathologie. Paris: CdP; 1991 68p.
Relations pathologiques œil-dent : point de vue du stomatologiste et de l’odontologiste 427

12. Derlhouès N, Adenis JP. Douleurs et rougeurs oculaires 35. LeHoang P. Mécanismes physiopathologiques de l’uvéite.
aiguës. Rev Prat 1995;45:452–456. Bull Soc Ophtalmol Fr 1997;97:49–58.
13. Chovet M, Padovani P, Cazenave P. Gangrène gazeuse de 36. Lepoivre M, Raison J. Manifestations à distance d’origine
l’orbite. Bull Soc Ophtalmol Fr 1971;71:649–651. bucco-dentaire : infection focale et accidents aseptiques.
14. Descrozailles C. Le problème de l’infection focale, les Paris: Prélat; 1961. p. 75–129.
cardiopathies, les autres manifestations à distance, le rôle 37. Lepoivre M, Commissionat Y, Chikhani P, Fleury J. Prélève-
de l’odonto-stomatologiste. Rev Odontostomatol 1974;4: ment bactériologique des dents dépulpées : son intérêt en
97–116. pathologie générale. Concours Méd 1965;87:5509–5518.
15. Descrozailles C, Leydier J, Achard JL. Un cas de throm- 38. Limongelli WA, Clark MS, Williams AC. Panfacial cellulitis
bophlébite facio-ophtalmique au cours d’un traitement with contralateral orbital cellulites and blindness after
dentaire. Rev Stomatol Chir Maxillofac 1969;70:140–144. tooth extraction. J Oral Surg 1977;35:38–43.
16. Faure JP, Bloch-Michel E, Le Hoang P. Immunopathologie 39. Logbo G. Manifestations ophtalmologiques d’origine den-
de l’œil. Paris: Masson; 1988. p. 337–347. taire, 1991 [thèse], Bordeaux 2, 96p.
17. Flament J, Storck D. Œil et pathologie générale. Rapport 40. Malardière E, Bado F, Meningaud JP. Examen clinique en
de la Société française d’ophtalmologie. Paris: Masson; stomatologie. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris), Sto-
1997. p. 537–546. matologie 1999 22-010-A-10, 6p.
18. Flood TP, Braude LS, Jampol LM, Herzog S. Computed 41. Maltête J. Péricystite lacrymale d’origine dentaire. Rev
tomography in the management of orbital infections asso- Stomatol Chir Maxillofac 1950;51:308.
ciated with dental disease. Br J Ophthalmol 1982;66:
42. Manent PJ, Serre L, Maille M, Guillemot de Liniers F.
269–274.
Retentissement visuel spectaculaire d’un accident
19. Fournier D, Ohana J, Pichancourt P. Dent pour œil ou à
d’évolution dentaire. Bull Soc Ophtalmol Fr 1979;79:
propos d’un cas de phlegmon intra-orbitaire par trauma-
713–715.
tisme dû à une prothèse dentaire. Rev Stomatol Chir
43. Matsuo T, Nakagawa H, Matsuo N. Endogenous Aspergillus
Maxillofac 1981;82:196–200.
endophthalmitis associated with periodontitis. Ophthal-
20. François J, Van Oye R. Maladies oculaires et affections
mologica 1995;209:109–111.
odontologiques. Rev Belge Méd Dent 1968;23:129–137.
44. May DR, Peyman GA, Raichand M, Friedman E. Metastatic
21. Girard D, Hoang Xuan T, Bernard JA, Dhermy P, Poul-
Peptostreptococcus intermedius endophthalmitis after a
iquen Y. Métastase septique de l’iris : à propos d’une
dental procedure. Am J Ophthalmol 1978;85:662–665.
observation. Bull Soc Ophtalmol Fr 1986;86:953–956.
45. Miller E, Kassebaum D. Managing periorbital space abscess
22. Goudot P, Mondie JM, Larmande J, Dalens H, Grillo C,
secondary to dentoalveolar abscess. J Am Dent Assoc 1995;
Peri G. Abcès intra-orbitaire de l’enfant d’origine den-
126:469–472.
taire. Rev Stomatol Chir Maxillofac 1986;87:115–118.
23. Hamard H, Chevaleraud J, Rondot P. Neuropathies 46. Newman H. Focal infection. J Dent Res 1996;75:
optiques. Société française d’ophtalmologie. Paris: 1913–1919.
Masson; 1986. p. 272–284. 47. Nightingale JM, Simpson AJ, Towler HM, Lennard-Jones JE.
24. Heidemann DG, Pflugfelder SC, Kronish J, Alfonso EC, Fungal feeding-line infections: beware the eyes and teeth.
Dunn SP, Ullman S. Necrotizing keratitis caused by Capno- J R Soc Med 1995;88:258–263.
cytophaga ochracea. Am J Ophthalmol 1988;105:655–660. 48. Ogundiya DA, Keith DA, Mirowski J. Cavernous sinus throm-
25. Henry CH, Hugues C, Larned DC. Odontogenic infection of bosis and blindness as complications of an odontogenic
the orbit: report of a case. J Oral Maxillofac Surg 1992;50: infection: report of a case and review of literature. J Oral
172–178. Maxillofac Surg 1989;47:1317–1321.
26. Holland GN, Wallace DA, Mondino BJ, Cole SH, Ryan SJ. 49. Ormerod LD, Foster CS, Paton BG, Haaf J, Baker AS. Ocular
Severe ocular injuries from orthodontic headgear. Arch Capnocytophaga infection in an edentulous, immunocom-
Ophthalmol 1985;103:649–651. petent host. Cornea 1988;7:218–222.
27. Istria M. Pathologies oculaires d’origine dentaire : préva- 50. Pamel GJ, Buckley DJ, Frucht J, Krausz H, Feldman ST.
lence des foyers infectieux dentaires dans les uvéites, 1999 Capnocytophaga keratitis. Am J Ophthalmol 1989;107:
[thèse], Lyon 1, 95p. 193–194.
28. Janakarajah N, Sukumaran K. Orbital cellulitis of dental 51. Pasturel A, Bourgeois H, Bellavoir A. Troubles oculo-
origin: case report and review of the literature. Br J Oral moteurs d’origine dentaire. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS,
Maxillofac Surg 1985;23:140–145. Paris), Stomatologie 1984 22-039-B-10, 6p.
29. Kaban LB, Mac Gill T. Orbital cellulites of dental origin: 52. Pellegrino SV. Extension of dental abscess to the orbit. J
differential diagnosis and the use of computed tomography Am Dent Assoc 1980;100:873–875.
as a diagnostic aid. J Oral Surg 1980;38:682–685. 53. Philippe J, Philippe HJ, Ghazi I. À propos d’un kyste
30. Krepler K, Wedrich A, Schranz R. Intraocular hemorrhage maxillaire d’origine dentaire avec complication oculaire
associated with dental implant surgery. Am J Ophthalmol inhabituelle. J Fr Ophtalmol 1991;14:32–35.
1996;122:745–746. 54. Pouliquen. Dictionnaire d’ophtalmologie. Paris: Conseil
31. King LP, Libby C, Coats DK, Lee WH. Presumed septic international de la langue française; 2002 674p.
emboli following dental extraction. Albrecht Von Graefes 55. Ravault MP, Hullo A, Giffon D. À propos d’un cas de
Arch Klin Exp Ophthalmol 1993;231:667–668. papillite d’origine focale probable. Bull Soc Ophtalmol Fr
32. Larmande J, Goudot P, Mondie JM, Dalens H, Grillo C, 1986;86:74–76.
Peri G. Abcès orbitaire sous-périosté d’origine dentaire. 56. Rives JM, Guigon B, Richard L, Cantaloube D. Troubles
Bull Soc Ophtalmol Fr 1987;87:1449–1453. oculo-moteurs d’origine dentaire. Encycl Méd Chir
33. Le Bourdon I, Fligny I, Théron HP. À propos d’un cas de (Elsevier SAS, Paris), Stomatologie, 22-039-B-10, Ophtal-
cellulite orbitaire à germes anaérobies d’origine dentaire. mologie 1993 21–470–D, 6p.
Bull Soc Ophtalmol Fr 1995;95:210–214. 57. Roth JJ, Roth JP, Haag R. Quelques considérations sur le
34. Le Breton J. Traité de sémiologie et clinique odonto- problème des manifestations oculaires d’origine dentaire.
stomatologique. Paris: CdP; 1997. p. 196–200. Rev Odontostomatol 1977;6:125–128.
428 F. Jordana et al.

58. Ruban JM, Breton P, Cognion M, Freidel M. Tumeur con- 62. Ticho BH, Urban RC, Safran MJ, Saggau DD. Capnocy-
jonctivale à point de départ dentaire. Rev Stomatol Chir tophaga keratitis associated with poor dentition and
Maxillofac 1991;92:262–264. human immunodeficiency virus infection. Am J Ophthal-
59. Souied E, Cohen SY. Flou visuel brutal. Rev Prat 1995;45: mol 1990;109:352–353.
452–456.
60. Stone A, Stratigos GT. Mandibular odontogenic infection 63. Vérin P, Michelet FX. Œil et dent. Rev Odontostomatol
with serious complications. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Midi Fr 1974;32:59–69.
1979;47:395–400.
61. Thakar M, Thakar A. Odontogenic orbital cellulitis: report 64. Wierzba CB, Benguigui J. Complications ophtalmiques
of a case and considerations on route of spread. Acta d’origine dentaire : attitudes thérapeutiques de l’odonto-
Ophthalmol Scand 1995;75:470–471. stomatologiste. Chir Dent Fr 1989;474:37–39.

Vous aimerez peut-être aussi