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Électrostatique
L’électrostatique est l’étude des champs électriques stationnaires. On étudie des charges
électriques qui ne bougent pas, et donc le champ électrique ne varie pas en fonction du
temps. Dans ce cas-ci, il n’y a pas de champ magnétique, ce qui simplifie l’analyse des
problèmes.
1. En fait, on a démontré l’existence de quarks, qui forment les particules élémentaires, dont la charge est
un multiple de ±1/3e.
1
CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE
Coulomb fut le premier à mettre sous forme d’équation (en 1785) les observations
effectuées par les scientifiques sur le phénomène de l’électricité. Les scientifiques s’étaient
aperçus que des charges semblables se repoussent, tandis que des charges différentes
s’attirent.
Après de nombreuses expériences très délicates, Coulomb formule ainsi sa loi d’attrac-
tion et de répulsion des charges :
q q
F~12 = k 12 2 â12 (2.1)
R12
où F~12 est la force exercée par q1 sur q2 , R12 est la distance entre q1 et q2 , a12
ˆ est un vecteur
unitaire qui pointe de q1 vers q2 , et k est une constante, qui dépend du milieu et du système
d’unités. Dans le système SI, la constante k est donnée par :
1
k= (2.2)
4π
où est la constante diélectrique (ou permittivité) du milieu. La permittivité est une
mesure de la capacité d’une matière à concentrer un champ électrique. La permittivité
d’un milieu est donné par :
= r 0 (2.3)
où r est la permittivité relative (1 pour l’air et le vide ; et plus grand pour les autres
milieux) et 0 est la permittivité du vide, 0 = 8.854 × 10−12 F/m.
Selon l’équation 2.1, si deux charges sont de même signe (positives ou négatives), la
force sera alors positive, et il y a donc répulsion. Si les charges ne sont pas de même signe,
alors la force est négative, et il y a attraction.
Il y a une condition spéciale à observer pour que la loi de Coulomb soit valide :
La dimension des corps où se retrouvent les charges doit être beaucoup plus
petit que la distance qui sépare les charges.
Dans le cadre de ce cours, on supposera que cette condition est toujours respectée.
Exemple 1
Calculer la force sur la charge q1 = 20µC, par une charge q2 = −300µC, quand q1 est à
la position (0,1,2)m et q2 est à la position (2,0,0)m.
Alors,
R~21 = p1 − p2 = −2 âx + ây + 2 âz
est le vecteur qui pointe de q2 vers q1 . On doit trouver son amplitude, et le vecteur unitaire.
q
~
|R21 | = (−2)2 + 12 + 22 = 3
R~12
â21 = = −0.66 âx + 0.33 ây + 0.66 âz
|R~12 |
La force a une amplitude de 6N. Remarquer que la force de q1 sur q2 aura la même
amplitude, mais sera de sens contraire.
S’il y a plus d’une charge qui agit sur une charge quelconque, la force totale est la
somme vectorielle des forces individuelles ; on appelle ceci le principe de superposition.
La force qui agit sur la charge q1 est donnée par :
n
q 1 q2 q1 q 3 q1
X qk
F~1 = â +
2 21
â + · · · =
2 31
â
2 k1
(2.4)
4πR21 4πR31 4π R
k=2 k1
Comme mentionné plus haut, le champ électrique est une mesure de l’effet de la charge
sur l’espace environnant. Par définition, l’intensité du champ électrique est la force par
charge unitaire qu’une petite charge stationnaire de test ressentira quand elle est placée
dans une région où un champ électrique existe.
~
~ = lim F
E (2.5)
q→0 q
~= q1
E â12 (2.6)
4πR212
Exemple 2
Calculer le champ électrique à un point (0,3,4) dû à une charge q = 0.5µC à l’origine.
Dans ce cas-ci,
R~ = p − p0 = 3 ây + 4 âz
√
~ = 32 + 42 = 5
|R|
âR = 0.6 ây + 0.8 âz
~= 0.5 × 10−6
E (0.6 ây + 0.8 âz )
4π(8.854 × 10−12 )(52 )
= 180(0.6 ây + 0.8 âz ) V/m
Quand une charge est distribuée dans un volume, chaque élément de charge contribue
au champ électrique. Il faudra donc faire une sommation ou intégrale pour trouver le
champ électrique total. La densité de charge est donnée par :
dQ
ρv = [C/m3 ] (2.7)
dv
où Q est la charge totale du volume, et v est le volume.
~= dQ
dE âR (2.8)
4πR2
Gabriel Cormier 4 GELE3222
CHAPITRE 2. ÉLECTROSTATIQUE
La charge peut aussi être distribuée en surface (dans un plan). La densité de charge est
donnée par :
dQ
ρs = [C/m2 ] (2.10)
ds
où Q est la charge totale du volume, et s est la superficie (l’aire).
~= dQ
dE âR (2.11)
4πR2
au point d’observation P . Le champ électrique total est obtenu en intégrant l’équation
précédente, Z
ρs âR
~=
E ds (2.12)
2
S 4πR
Dans certains cas, on peut supposer que la charge est distribuée sur un fil très mince.
La densité de charge est donnée par :
dQ
ρl = [C/m] (2.13)
dl
où Q est la charge totale du volume, et l est la longueur.
~= dQ
dE âR (2.14)
4πR2
au point d’observation P . Le champ électrique total est obtenu en intégrant l’équation
précédente, Z
ρl âR
~
E= dl (2.15)
2
L 4πR
Exemple 3
Calculer la force sur une charge ponctuelle de 50µC à (0,0,5) due à une charge de
500πµC distribuée uniformément sur un disque de rayon r < 5m, z = 0m (centré à l’origine).
Puisqu’on parle d’un disque très mince, il s’agit d’une distribution de charge sur une
surface. La densité de charge est
Q 500π × 10−6
ρs = = = 0.2 × 10−4 C/m2
A π(52 )
Pour trouver la force totale, il faut intégrer. En observant le problème, on remarque que
les composantes radiales vont s’annuler.
Z 2π Z 5
(50 × 10−6 )(0.2 × 10−4 )(5rdrdφ)
F= 3
âz
0 0 4π(8.854 × 10−12 )(r 2 + 25) 2
Z5
rdr
= 90π 3
âz = 16.56 âz N
0 (r 2 + 25) 2
On verra qu’il y a une méthode plus simple pour résoudre des problèmes de distribution
de charge : la Loi de Gauss. Avant de procéder à la loi de Gauss, il faut parler de flux
électrique.
Les lignes de champ électrique sont une aide pour aider à visualiser la direction et l’am-
plitude du champ électrique. Elles ne sont pas réelles (comme les lignes qui démarquent
les provinces sur une map), mais sont un concept très utile. Les lignes de champ électrique
suivent quelques règles très simples :
— Les lignes de champ commencent sur des charges positives et se terminent sur des
charges négatives, ou à l’infini.
— Les lignes de champ sont tracées de façon symétriques en entrant ou sortant d’une
charge.
— Le nombre de lignes qui entrent ou sortent d’une charge est proportionnel à l’ampli-
tude de la charge.
— Les lignes de champ ne se croisent jamais.
Un premier exemple de ligne de champ est donné à la figure 2.1. La charge est positive,
alors les lignes commencent sur la charge (indiqué par la direction des flèches). Les lignes
sont distribuées de façon symétrique.
Un deuxième exemple de ligne de champ est donné à la figure 2.2. Il s’agit de deux
charges ponctuelles de même amplitude, mais de signe opposé. Les lignes de champ
commencent sur la charge positive et se terminent sur la charge négative. Les lignes sont
distribuées de façon symétrique.
+ –
Les lignes de champ électrique suggèrent (ou impliquent) qu’il y a une sorte d’écoulement
des charges positives vers les charges négatives. On appelle ceci le flux électrique.
Il prend une sphère conductrice, qu’il charge avec +Q. Autour de la sphère, il ajoute un
diélectrique, puis une deuxième sphère conductrice.
Si on considère la sphère externe, la densité des lignes de flux qui passent au travers de
~ est donné par :
la surface, D,
~ = Ψ = Ψ âR
D [C/m2 ] (2.16)
S 4πR2
où Ψ est le flux total. L’équation 2.16 est très semblable à l’équation du champ électrique :
~= Q
E âR (2.17)
4πR2
Puisque Ψ = Q, on obtient :
D ~
~ = 0 E (2.18)
Exemple 4
Un disque mince de rayon 0.1m est orienté de sorte qu’un vecteur normal à la surface
forme un angle de 30° avec un champ électrique uniforme E d’amplitude 2.0×103 N/C.
1. Calculer le flux total à travers le disque.
2. Quel est le flux total si le disque est parallèle au champ électrique ?
3. Quel est le flux total si le disque est perpendiculaire au champ électrique ?
S = πr 2 = 0.0314 m2
2. La seule chose qui change est l’angle θ. Si le disque est parallèle au champ, l’angle
est 90°. Alors le flux sera 0.
3. Ici, l’angle formé par le disque et le champ électrique est 0. Le flux est donc :
Exemple 5
Une charge de 3µC est entourée d’une sphère de rayon 0.2m centrée sur la charge.
Calculer le flux électrique total qui passe à travers la sphère.
On doit calculer D et S. Pour une sphère, le champ électrique à tout point sur la sphère
est :
1 q
|D| = 2
= 5.97 µC/m2
4π R
Le champ est constant sur la surface de la sphère. Puisque le champ est constant, l’équation
du flux devient alors : Z
Ψ = D d~s
s
Si on reprend cet exemple, mais qu’on sauve les calculs pour la fin, on aurait alors :
Z
1 q
Ψ = D ds = 2
4πR2 = q
s 4π R
Cette dernière équation veut dire que le flux total est égal à la charge totale contenue à
l’intérieure de la surface.
La loi de Gauss permet de faire le lien entre la charge total contenue dans une surface
fermée et le flux total qui traverse cette surface. On l’exprime ainsi :
I
D~ · ds = Q (2.20)
s
où Q est la charge totale contenu à l’intérieur de la surface. La surface s n’a pas besoin
d’être une surface réelle ; c’est une surface mathématique qu’on choisit pour simplifier les
calculs. On appelle souvent une telle surface une surface de Gauss.
Exemple 6
Utiliser une surface Gaussienne pour calculer le champ électrique dû à une ligne
infiniment longue de charge ρl .
Puisqu’il s’agit d’une ligne infiniment longue, les lignes de champ seront dirigées que
d’une direction, selon la normale du fil. On suppose que la ligne est selon l’axe z. Le champ
sera donc seulement selon r. La surface gaussienne pour ce problème est un cylindre : le
dessus et le dessous seront parallèle au champ, et le tour du cylindre sera perpendiculaire
au champ, selon la figure suivante.
où S1 et S3 sont le dessus et le dessous du cylindre, et S2 est la paroi externe. Pour les
surfaces 1 et 3, l’intégrale est nulle, puisque ces surfaces sont parallèles au champ. Pour
la surface 2, E et dS sont parallèles, et D est constant puisque le rayon est constant pour
toute la surface. Donc, Z
Q=D ds = D(2πrL)
S2
Q = ρl L
Il faut noter que les surfaces gaussiennes ne s’appliquent que si le problème comporte
de la symétrie.
2.7 Divergence
Quand la divergence d’un champ de vecteurs est non-nulle, la région contient une
source ou un collecteur. Si la divergence est positive, la région contient une source ; si la
divergence est négative, la région contient un collecteur. Par définition, un flux positif est
crée par une source. Rappel : définition de la divergence.
H
~ S
Ad ~
∇·A~ = lim (2.21)
∆v→0 ∆v
Si on reprend la loi de Gauss (équation 2.20), et qu’on divise chaque côté par ∆v, on
obtient l’équation suivante : H
~ · ds
D Q
S
= (2.22)
∆v ∆v
Si on prend la limite de chaque côté,
H
~ · ds
D Q
lim S = ∇ · D = lim =ρ (2.23)
∆v→0 ∆v ∆v→0 ∆v
Donc,
~ =ρ
∇·D (2.24)
ρ
~=
∇·E (2.25)
Si est constant dans la région sous étude, on peut utiliser l’équation 2.25. Sinon, on utilise
l’équation 2.24.
~ Alors,
Cependant, à l’aide de la loi de Gauss, ρ = ∇ · D.
I Z
~ ~
D · d~s = (∇ · D)dv (2.27)
On s’intéresse ici au travail fait sur une charge, et on définit le potentiel électrique.
Le travail, par définition, est une force qui agit sur une distance quelconque. Donc, un
travail différentiel dW est effectué quand la force appliquée F produit un déplacement
différentiel dl de la charge.
dW = F ~ · d~l = −qE
~ · d~l (2.28)
Exemple 7
Un champ électrostatique est donné par E ~ = (x/2 + 2y)âx + (2x)ây V/m. Calculer le
travail effectué en déplaçant une charge de -20µC (a) de l’origine au point (4,0,0)m, et (b)
de (4,0,0)m à (4,2,0)m.
Le travail est indépendant du parcours. Dans la figure 2.3, le travail effectué pour
déplacer une charge du point A au point B est le même pour le parcours 1 ou 2.
2
1
ce qui implique :
~ =0
∇×E (2.31)
Si le rotationnel d’un champ de vecteurs est nul, le champ est dit conservateur. Le champ
électrique est donc un champ conservateur.
Par définition, le potentiel électrique d’un point A par rapport à un point B est définit
comme étant le travail par unité qui serait effectué si on déplaçait une charge unitaire
positive qu de B à A.
ZA
W ~ · d~l
VAB = =− E [J/C ou V] (2.32)
qu B
En fait, VAB représente la différence de potentiel entre A et B.
On calcule maintenant la différence de potentiel entre deux points due à une charge à
l’origine :
Zb Zb
~ ~ Q
Vba = − E · dl = − â · dR âR
2 R
(2.33)
a a 4π0 R
ce qui donne :
Q R=b Q 1 1
Vba = = − = Vb − Va (2.34)
4π0 R R=a 4π0 b a
Q
V = (2.35)
4π0 R
~ · d~l
dV = −E (2.37)
ou
~ = − dV
E (2.38)
d~l
Mais, la dérivée d’un scalaire par rapport à un vecteur est l’opérateur ∇. Donc :
~ = −∇V
E (2.39)
Cette dernière équation implique qu’on peut calculer le champ électrique en calculant
le gradient de V . Dans certains cas, il est plus facile de calculer V en premier, puis faire les
~
dérivées pour obtenir E.
Est-ce que l’équation 2.39 fait du sens ? Elle dit que le champ électrique est égal à
moins le gradient de la tension. On a vu que le gradient est un vecteur qui pointe vers
l’augmentation maximale d’une fonction. Donc, dans ce cas-ci, puisqu’il y a un négatif
devant le gradient, l’équation 2.39 dit que le champ électrique pointe vers la tension
minimale. Si on reprend la figure 2.2, on voit bien que c’est le cas. C’est une formulation
mathématique de la convention que le champ électrique pointe du positif au négatif.
0.75V
V1 = 1V
0.5V
V2 = 0V
0.25V
L’énergie d’un champ électrique est reliée au travail. Pour déplacer une charge dans
une champ électrique, il faut faire un certain travail ; ceci implique une énergie. On peut