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Anita Conti

Anita Béatrix Marthe Conti, née Caracotchian le 17 mai 1899


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à Ermont (France) et morte le 25 décembre 1997 à Douarnenez, Anita Conti
est une océanographe et photographe française.

Anita Conti fut la première femme océanographe française. Entre


les deux guerres mondiales, elle commença à dresser les
premières cartes de pêche, alors qu'on ne disposait que de cartes
de navigation. Son activité scientifique contribua à rationaliser les
pratiques de pêche hauturière. Mais dès les années 1940, elle
s'inquiéta des effets de la pêche industrielle sur les ressources
halieutiques. Elle est également la marraine de l'Estran Cité de la
mer, un musée consacré à la mer et à la pêche situé àDieppe.

Sommaire Anita Conti, dans les années 1930.

Biographie Naissance 17 mai 1899


Enfance Ermont (France)
Débuts
Décès 25 décembre 1997
Des conclusions alarmantes
(à 98 ans)
Une femme qui reste une pionnière
Douarnenez (France)
Postérité
Nationalité française
Œuvres
Domaines océanographe
Expositions
Bibliographie
Filmographie
Notes et références
Voir aussi
Article connexe
Liens externes

Biographie

Enfance
Anita Conti est la fille de Léon (Levon) Caracotchian, médecin accoucheur, d'origine arménienne, et Alice Lebon. Elle voyage en
suivant ses parents à travers l'Europe. En Bretagne et en Vendée, elle embarque régulièrement avec des pêcheurs qui lui donnent le
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goût de la mer .
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En 1914, à l'aube de la guerre, la famille se réfugie sur l'île d'Oléron , où la jeune fille s'adonne à la voile, la lecture, et réalise ses
premières photographies.
Débuts
Après la guerre, Anita Caracotchian
s'installe à Paris où elle excelle
dans le métier de relieuse d'art. Elle
se marie en 1927 avec le diplomate
Marcel Conti et continue de passer
énormément de temps sur les Vue aérienne de l'île d'Oléron ; au
bateaux de pêche, et à lire pour tout premier plan, l'estuaire de la Seudre.
savoir de la mer : faune et flore,
histoire, etc.
Bateau de pêche d'Alaska avec
morue et flétan. Elle publie des articles dansla République, embarque sur les harenguiers ou voiliers-
morutiers pour vivre le quotidien des travailleurs de la mer. Elle observe,
photographie, et prend des notes.

Comme journaliste et spécialiste du monde de la pêche, elle prend part à plusieurs campagnes, du Golfe de Gascogne à Terre-Neuve.
Son objectif sera alors de dresser, pour les professionnels de la mer, des cartes des zones de pêche, œuvre jamais réalisée à l'époque.
Anita Conti observe alors un certain nombre de paramètres (température de l'eau,
salinité, etc.) et leur influence sur les populations de
poissons. Remarquée par ses articles sur les richesses marines dans des revues féminines, elle est embauchée en 1934 par Édouard Le
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Danois à l'Office scientifique et technique des pêches maritimes (OSTPM), comme « responsable de la propagande ».

Des conclusions alarmantes


En 1939, Anita Conti embarque pour les régions arctiques à bord du chalutier-
morutier Viking, pour une durée de pêche de trois mois, au-dessus du 75e parallèle.
Elle tire alors des conclusions très alarmistes quant à la surexploitation des océans et
les conséquences d'une pêche à outrance. Donnant naissance à une prise de
conscience sur les problèmes environnementaux, elle montre que la mer n'est pas
une ressource inépuisable.

De novembre 1939 à janvier 1940, elle embarque sur les dragueurs de mines en
Manche et en mer du Nord. Première femme militaire à bord des navires de la
Royale (Marine nationale française), elle prend une part active aux opérations de
déminage à Dunkerque. En mai 1940, elle prend part à l'évacuation de la poche de
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Dunkerque .

En 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale, elle embarque sur un chalutier qui
fuit vers les rivages africains pour continuer la pêche et nourrir les populations, la
pêche étant impossible en Atlantique Nord, du fait de la guerre. Pendant deux ans, Terre-neuvas au musée de Fécamp.
d'un chalutier à l'autre, elle observe les pêcheurs français le long des côtes
sahariennes et africaines, où ils découvrent des espèces de poissons inconnues en
France. Elle n'a de cesse de continuer à augmenter les cartes sur les zones de pêche,
tout en s'intéressant aux techniques de pêches locales.

En 1943, le Gouvernement d'Alger lui commande une recherche sur les ressources
de poissons de l'Afrique de l'Ouest, ainsi qu'une étude pour développer la pêche
traditionnelle. Pendant 10 ans, elle va étudier, tant en Mauritanie qu'au Sénégal, en
Guinée ou en Côte d'Ivoire, la nature des fonds marins, les rivages, les estuaires, les
différentes espèces de poissons et leur valeurs nutritives, pour pallier les carences en
6 Des menhadens de l'Atlantique.
protéines des populations locales .
Petit à petit, elle améliore les techniques de conservation, les méthodes de pêches, installe fumeries et pêcheries, et fonde même une
pêcherie expérimentale derequins.

Les institutions françaises ne soutenant plus ses initiatives, elle crée sa propre entreprise en Guinée, à Conakry, dans le but de
toujours poursuivre ses recherches, favoriser la pêche locale et améliorer le régime alimentaire des populations. Mais les difficultés
s'accumulent, de violentes tempêtes détruisent ses installations, et dans lesannées 1950, Anita Conti rentre en France.

En 1952, elle s'embarque pour une saison de pêche de cinq mois à Terre-Neuve, trouvant toujours courageux ces gens qui effectuent
leur travail dans la fureur des éléments, œuvrant à l'entretien du matériel, à trier, nettoyer et saler le poisson, à des milliers de
kilomètres de leur foyer. Mais, malgré cette admiration sans limite, elle reste lucide et s'affole des 1 000 tonnes de morues salées
ramenées.

Continuant sans relâche ses études, elle s'implique encore davantage contre la
malnutrition ainsi que pour la sauvegarde de la richesse
halieutique et pour un développement de la pêche en harmonie avec la mer
.

En 1953, elle publie Racleurs d'Océans pour témoigner de la campagne de pêche du chalutier Bois rosé, du port de Fécamp, et en
1957 Géants des mers chaudesoù elle rapporte son expérience enAfrique.

Une femme qui reste une pionnière


Anita Conti s'indigne du gaspillage à bord des bateaux alors que tant de gens
meurent de faim ailleurs. Elle fait alors campagne pour la réutilisation des « faux-
poissons », c'est-à-dire les indésirables, souvent rejetés morts à la mer, et tente de
faire connaître des espèces peu connues, comme le poisson-sabre. Elle essaie aussi
de voir comment munir les bateaux de systèmes de capture sélectifs.

Dans les années 1960, elle se fait également pionnière de l'aquaculture en proposant
d'élever des poissons pour la consommation des populations et le repeuplement du
milieu marin. Elle élève, sur la côte adriatique, des poissons en milieu naturel, dans
Aquaculture.
des cages immergées, et en Mer du Nord, implante des fermes aquacoles.

En 1971, elle publie L'Océan, les bêtes et l'homme, où elle établit le bilan de ses
recherches quant aux conséquences de l'activité humaine sur l'océan.

De conférence en colloque, elle restera un témoin privilégié du monde marin. Elle fut la première en France à partager la vie des
terre-neuvas, et la première femmeocéanographe.

Postérité
Son fils Laurent Girault-Conti a légué un fonds photographique de 45 000 clichés en noir et
blanc aux ports de Fécamp, Douarnenez puis à la ville de Lorient en 2004. L'association « Cap
sur Anita Conti » se charge de numériser 28 000 de ces clichés et d'organiser des expositions
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jusqu'au 14 mai 2014, date de sa dissolution.

Anita Conti fut également la marraine de l'Estran Cité de la Mer, à Dieppe, lors de son
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inauguration en 1993 .
Estran Cité de la Mer,
Les écoles primaires publiques de Plouescat, Plouzané, et Saint-Avé, l'école primaire de
Dieppe.
Gâvres, le groupe scolaire public de La Ferrière (Vendée), le collège du quartier de Kerolay à
Lorient, un collège de Saint-Nazaire, le lycée professionnel maritime de Fécamp ainsi que le
lycée d'enseignement général et technologique deBruz portent le nom «Anita Conti. »

La médiathèque de Beaucouzé en Maine-et-Loire porte son nom.


Une place porte son nom àErmont, dans le Val-d'Oise, sa ville natale.

La drague aspiratrice en marche du Grand port maritime de Bordeaux porte également le nom Anita Conti. Le navire de 89,70 m de
long et 3 704 UMS detonnage est entré en service en juillet 2013.

Œuvres
Racleurs d'océans, Paris, 1953 (éd. André Bonne), 1993 ; éd.Payot &
Rivages, 1998 (ISBN 2228895911)
Géants des mers chaudes, Paris, 1957 (éd.André Bonne) ; éd. Payot &
Rivages, 1997 (ISBN 2228890936)
L'Océan, les Bêtes et l'Homme ou l'ivresse du risque , 1971 (éd. André
Bonne) ; éd. Payot & Rivages, Paris, 1999(ISBN 2228895970)
La route est si longue avant la nuit, Fécamp, Collège Jules Ferry, 1996
Les Terre-neuvas, éd. du Chêne, Paris, 2004(ISBN 2842775422) Poisson-scie tident vivant
Le Carnet viking - 70 jours en mers de Barents (juin-septembre 1939 ), préface dans les eaux sub-
de Catherine Poulain, introduction de Laurent Girault-Conti, éd. Payot, Paris, tropicales.
2018 (ISBN 2228920282)

Expositions
1933, Femmes Artistes Modernes(FAM), Maison de France : reliures plein cuirnon mosaïqué, tissus de soie
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peints à la main pour pages de garde [source insuffisante].

Bibliographie
La dame de la mer - Anita Conti (1899-1997), photographe , éd. revue Noire,
1998 (ISBN 2-909-57135-1)
Catherine Reverzy, Anita Conti : 20000 lieues sur les mers, Paris, O. Jacob,
2006 (ISBN 2738117422)
Clotilde Leton, Anita Conti : Portrait d'archives, Lopérec, Locus Solus,2014
(ISBN 9782368330104)

Filmographie Un requin-tigre aux


Bahamas.
Racleurs d'océans, de Anita Conti (Cinémathèque de Bretagne, 1953, 20 min)
Anita Conti, la dame de la mer, de Jean-Paul Lussault (France 3 Normandie,
1992, 33 min)
Anita Conti, femme océan, de Babeth Si Ramdam (Cap sur Anita Conti, 1995,
26 min)
Anita Conti et les Racleurs d'océans, de Gérard Vincent (Ifremer, 1995, 11
min)
Anita Conti, une vie embarquée, de Marc Gourden (France 3 Normandie,
2010, 52 min)
Les films tournés par Anita Conti, notamment Racleurs d'Océans, sont déposés et
consultables à la Cinémathèque de Bretagneà Brest.
Trichiurus lepturus, le
Notes et références « poisson-sabre » le plus
connu, abondamment
1. AD 95, Ermont, 3E65 23, acte de naissance n° 33, vue 173/224 pêché, voire surexploité
2. Anita Conti, L'Océan, les bêtes et l'homme ou l'ivresse du risque
, Payot, 1999, depuis les années 1980-
p. 7 1990.
3. Lefebure, Nadine., Femmes océanes : les grandes pionnières maritimes , Glénat,
1995 (ISBN 272341812X et 9782723418126,
OCLC 34431647 (http://worldcat.org/oclc/34431647&lang=fr), lire en ligne (https://
www.worldcat.org/oclc/34431647))
4. Anita Conti (1899-1997)(http://wwz.ifremer.fr/archives/Portraits/A.-Conti), site
IFREMER, 3 novembre 2009
5. René Moniot Beaumont,Histoire de la littérature maritime, La Découvrance,
2008, p. 374
6. Chapitre.com (http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/conti-anita/geants-de
s-mers-chaudes,1019991.aspx)
7. « Anita Conti. Cap sur la dissolution de l'association» (https://www.letelegramme.
fr/morbihan/lorient/anita-conti-cap-sur-la-dissolution-de-l-association-27-04-2014-
10143136.php), sur Le Telegramme, 27 avril 2014 (consulté le 17 mai 2019)
8. Gildas Jaffré, « Cinq ans pour sauver les photos d'Anita Conti», Ouest-France,
no 20068, 24 août 2010, p. 8
9. Catalogue de l'exposition 1933 Anita Conti

Voir aussi

Article connexe
Océanographie

Liens externes
[PDF] Article de L'Actualité Poitou-Charente
Anita Conti Cinémathèque de Bretagne vidéo
Une vie - Une oeuvre, sur France Culture, émission consacrée àAnita Conti le 29 décembre 2018
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