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Protection de la nature: préserver le succès évolutif des espèces

ELEV:BUSCA MADALIN
CLASA A X-A SERAL

Les stratégies de conservation de la nature devraient avoir des visées à plus long terme et
s’attacher à préserver la pleine capacité d’évolution des espèces, selon deux chercheurs qui
s’expriment dans la revue Science [1].
Les mesures de protections de la nature elles-mêmes modifient les trajectoires évolutives des
communautés parce qu’elles se concentrent sur la préservation d’espèces particulières ou de
services isolés. Ainsi, qu’elles soient délibérées ou non, les pressions que l’on impose aux
écosystèmes ne sont pas « phylogénétiquement » aléatoires et modifient à plus ou moins long
terme les interactions au sein des réseaux trophiques.Les activités humaines ont des effets à long
terme sur les espèces, leur évolution et les services écosystémiques : prélèvements intensifs et
anthropogénisation des habitats (mises en danger, disparitions d’espèces), sélection agro-
économique (modification et érosion de la biodiversité), espèces invasives (modification de
l’équilibre des réseaux trophiques) et biotechnologie (nouveaux organismes).
Deux chercheurs de l’Université Paris-Sorbonne et de Paris-Sud estiment qu’il est nécessaire
d’avoir des stratégies de conservation plus globales [1]. Dans ce contexte, ils distinguent quatre
objectifs qui peuvent motiver la protection les écosystèmes, présentés ci-dessous dans l’ordre de
leur exigence et de leur difficulté :

1. Assurer la résilience des générations futures (survivance de l’espère (fitness) [2])


2. Assurer le bien-être des populations contemporaines (bien-être)
3. Assurer le bien-être des générations futures (bien-être et fitness)
4. Assurer le bien-être des générations futures et de la nature (fitness et bien-être
humain, fitness non humain)
On comprend que les chercheurs préconisent la 4e option. Cependant, cette division comporte
une hypothèse implicite. Elle suppose que les stratégies anthropocentriques de protection de la
nature, i.e. qui visent la survie de l’être humain et/ou son bien-être (options 1 à 3), nuisent ou
négligent à des degrés divers la résilience des espèces non humaines. Ainsi, les auteurs
préconisent-ils de dépasser les critères uniquement bénéfiques aux humaines et de penser
également aux critères évolutifs des espèces non humaines. Les stratégies de protection de la
nature devraient donc devenir altruistes et s’attacher à des critères évo-centriques, c’est-à-dire
« qui mettent l’évolution au cœur des préoccupations ».
Cependant, est-il possible d’assurer la pérennité de l’espèce humaine et son bien-être sans que la
nature elle-même ne soit optimale ? En l’absence du plein succès évolutif de la biodiversité ? La
vision des deux chercheurs suggère que la résilience et le bien-être de l’être humain est, au moins
partiellement, indépendant de la résilience de la nature, que l’on peut nuire à la nature sans nuire
à l’espèce humaine. Or, cette hypothèse implicite est-elle tout à fait réelle ?

On peut en douter. Premièrement, parce que contrairement à une idée qui domine dans
l’inconscient collectif, il devient de plus clair que le bien-être et les activités humaines, y
compris l’économie, reposent fondamentalement sur un fonctionnement optimal de la nature. Et
c’est encore plus vrai du fait que la civilisation actuelle, sinon l’humanité entière, est
particulièrement gourmande en ressources et en services écosystémiques. Pour répondre à cet
essor sur le long terme, la civilisation devra se fonder sur une nature optimale, sans doute comme
jamais auparavant. Or, les études en écologie théorique montrent que la productivité des
écosystèmes est maximale lorsque le nombre d’espèces est maximal. Il est donc essentiel de
protéger la nature au maximum de ce qu’il est « humainement » possible de réaliser.

Ainsi, il est loin d’être assuré que l’optimum de résilience des êtes humains soit totalement
indépendant de celui des autres espèces. La qualité de vie humaine repose entièrement sur une
nature en santé (mais l’inverse n’est pas vrai), de sorte que la préservation de la qualité de vie
des générations futures, c’est nécessairement protéger les espèces sur le long terme.

Notes et références
[1] François Sarrazin et Jane Lecomte, Evolution in the Anthropocene Science 351 (2016)
922. http://science.sciencemag.org/content/351/6276/922
[2] En biologie, le terme anglais fitness se réfère au succès reproducteur des espèces. Dans le
cadre de l’article ci-dessus, il fait référence au succès évolutif des espèces, à leur résilience sur le
long terme, à leur pérennité (survivance).

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