Vous êtes sur la page 1sur 48

Groupe de la Banque africaine

de développement

Au centre de la
transformation
de l’Afrique
Stratégie pour la période 2013-2022
La Banque africaine de développement (BAD) et son Conseil d’administration ne garantissent pas l’exactitude
des données contenues dans cette publication et déclinent toute responsabilité quant aux conséquences
de leur utilisation. En désignant un territoire ou une zone géographique ou en y faisant référence, ou bien en
utilisant le terme « pays » dans le présent document, la BAD n’a pas l’intention d’émettre un jugement sur le
statut juridique ou tout autre statut du territoire ou de la zone en question.

La BAD est favorable à l’impression ou la reproduction des informations uniquement à des fins personnelles
et non commerciales, à condition qu’elle soit reconnue comme en étant la source. Il est interdit aux util-
isateurs de revendre, redistribuer ou créer des produits dérivés à des fins commerciales sans l’approbation
expresse et écrite de la BAD.
Groupe de la Banque africaine
de développement

Au centre de la
transformation
de l’Afrique
Stratégie pour la période 2013-2022
Les voix de l’Afrique
« J’aime autant vous dire que l’Afrique est en marche ! L’Afrique est en transition ! L’Afrique reste atta-
chée à ces processus qui se traduiront par la rationalisation de ses propres ressources naturelles, par
l’obligation de rendre compte, la transparence, la mutualité et la responsabilité. »
Ellen Johnson Sirleaf, Président de la République du Liberia et Prix Nobel de la paix, 2013

« Pourquoi sommes-nous à ce point convaincus que l’heure de l’Afrique a sonné et que nous pou-
vons réaliser notre rêve d’ici 50 ans, sinon avant ? Six des 10 économies à croissance la plus rapide
au monde sont africaines, et le continent enregistre un taux de croissance de 5 % en moyenne par an
depuis plus d’une décennie, en dépit de la crise financière et économique mondiale. Nous avons une
population croissante, dynamique, ingénieuse et jeune, se dotant des qualifications qui seront néces-
saires pour impulser la transformation de l’Afrique. »
Nkosazana Dlamini Zuma, Présidente de la Commission de l’Union africaine, 2013

« L’Afrique est de nouveau considérée comme un continent des opportunités — le dernier eldorado
émergent de l’investissement. Nous remarquons cet optimisme dans le nombre et la diversité des entre-
prises et des pays qui affluent pour investir sur le continent. C’est un optimisme fondé sur une solide
croissance économique que même la crise financière mondiale n’a pu inverser que brièvement. Et cette
croissance est de plus en plus mise à profit pour diversifier les économies et investir dans les fonde-
ments essentiels des sociétés efficaces — l’éducation, la santé et les infrastructures vitales. »
Kofi Annan, septième Secrétaire général des Nations Unies, 2011

« Il est aujourd’hui de mise de parler de « l’Afrique en marche ». Le « continent désespéré » est devenu la
nouvelle frontière de l’investissement, les investisseurs réalisant constamment des rendements impos-
sibles ailleurs… La tendance de la gouvernance en Afrique a été positive au cours des dix dernières
années. Nous assistons à une régression notable des conflits, à un développement économique sou-
tenu et à des progrès sensibles en matière de développement humain. Nous sommes plus paisibles, en
meilleure santé et mieux instruits qu’au début du millénaire. »
Mo Ibrahim, fondateur du Prix Mo Ibrahim d’excellence en matière de leadership en Afrique, 2012

« C’est à cet égard que je vois l’Afrique comme un espoir pour le monde ; l’Afrique offre de très belles pers-
pectives pour le monde. Et, à mon avis, l’Afrique pourrait simplement représenter pour le monde la porte de
sortie de l’actuelle crise économique internationale. Les ressources du continent, sa structure d’âge jeune et
sa population croissante ainsi que sa classe moyenne en expansion sont des ressources importantes pour
le monde. Le continent peut représenter une source d’idées et de solutions innovantes. De ce fait, l’Afrique
doit occuper une place centrale dans la recherche d’une solution à l’actuelle crise internationale. »
Cristina Duarte, ministre des Finances et du Plan, Cap-Vert, 2012

« L’Afrique représente désormais un nouveau champ de développement, un important pôle de crois-


sance pour la reprise économique et une destination attrayante pour les capitaux. La différence de
perception s’amenuise et il y a des investisseurs sérieux qui sont véritablement intéressés par l’Afrique.
L’heure de l’Afrique a sonné ! »
Ngozi Okonjo-Iweala, ministre des Finances du Nigeria, 2011

« Les informations disponibles donnent à penser qu’au cours des cinquante prochaines années l’Afrique
aura toutes les chances de réaliser son ambition de créer une zone économique dynamique, diversifiée
et compétitive, dans laquelle des sociétés pacifiques, stables et dynamiques ne connaîtront plus l’ex-
trême pauvreté. »
Groupe de la Banque africaine de développement, 2011

Copyright © 2013 par la Banque africaine de développement.


Avant-propos

En 2006, un Panel d’éminentes personnalités a aidé la Banque africaine de développement (BAD)


à définir une vision pour le continent et à tracer la voie à suivre pour l’institution. Pour sa part, la
Banque s’est inspirée du rapport du Panel – Investir dans l’avenir de l’Afrique – la BAD au XXIe siècle
– pour élaborer sa stratégie opérationnelle pour la période allant de 2008 à 2012.
La décennie écoulée a vu une accélération sans précédent de la croissance économique en
Afrique, accompagnée d’une amélioration sensible des indicateurs de développement humain.
L’Afrique se classe actuellement au deuxième rang des continents enregistrant le rythme de
croissance le plus rapide. Toutefois, cette performance est atténuée par une crise de l’emploi et
une inégalité croissante dans les régions où les fruits de la croissance ne sont pas équitablement
partagés.
Par ailleurs, l’Afrique reste confrontée au manque d’infrastructure, à la fragmentation des mar-
chés et aux défis liés à des conflits, anciens comme nouveaux.
Au cours d’une décennie marquée par de profonds bouleversements de l’économie mondiale,
l’Afrique a, néanmoins, déjoué les prévisions des pessimistes et jeté des bases solides pour l’avenir.
La croissance économique doit maintenant se traduire par une véritable transformation écono-
mique à même de créer des emplois et par des possibilités d’intégration dans les chaînes de valeur
mondiales.
La prochaine décennie sera, dès lors, cruciale. Et la stratégie de la Banque – qui couvre la
période allant de 2013 à 2022 – n’en revêt que plus d’importance.
Cette stratégie renforce les choix des cinq dernières années, s’inspire des enseignements tirés
et entend relever les défis de demain.
Dans le nouveau paysage de financement et de flux des capitaux, il est essentiel que la Banque
joue un rôle catalyseur et de levier pour continuer à renforcer l’infrastructure et le capital humain, à
mesure que l’Afrique mobilise son épargne et gère mieux ses ressources naturelles.
Cette stratégie est portée par une institution résiliente et solide, prompte à réagir et déterminée
à obtenir des résultats.
Je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui, à l’intérieur et l’extérieur de l’institution, ont
apporté leur concours à l’élaboration de cette stratégie. Axée sur la transformation de l’Afrique, elle
sera notre boussole durant la prochaine décennie.

Donald Kaberuka
Président

iii
Remerciements

La Stratégie a été élaborée par une équipe dirigée par Kapil Kapoor, Directeur de la Stratégie,
Groupe de la Banque africaine de développement. Mthuli Ncube, Économiste en chef et Vice-pré-
sident, a fourni les orientations générales à l’équipe dont les principaux membres étaient les sui-
vants : Cécile Ambert, Denis Brougham, Khadija Dhaouadi, Bitsat Yohannes Kassahun, Seliatou
Kayode-Anglade, Alan Lukoma, Mateus Magala, Geoffrey Manley, Carlos Mollinedo, Alex Mubiru,
John Phillips, Preeti Sinha, Ravi Dhananjayen Soopramanien, Frank Sperling, Kate Tench et Ami-
nata Camara Traore.
Un groupe de conseillers de haut niveau, comprenant Henock Kifle, Callisto Madavo, Elene
Makonnen, Anil Sood et Graham Stegmann, faisait partie intégrante de l’équipe. Il a donné des
orientations à chaque stade de la préparation. L’équipe a bénéficié de 22 documents de référence
préparés par les différents complexes de la Banque et coordonnés par le Département de l’écono-
mie, sous la direction de Steve Kayizzi-Mugerwa. Bruce Ross-Larson a coordonné l’édition de ce
document.
Aly Abou-Sabaa et Hela Cheikhrouhou ont dirigé les travaux sur la transition vers la croissance
verte et Simon Mizrahi et son équipe ont contribué à l’élaboration du cadre de mesure des résultats.
Nous apprécions grandement le rôle de nombreux hauts fonctionnaires, notamment les vice-pré-
sidents, les directeurs, les chefs de départements dans les différents complexes et des représen-
tants de pays.
Des observations et des suggestions de fond sur le projet de stratégie ont été reçues des
membres du Conseil d’administration, du Comité de coordination de la Haute direction, des direc-
teurs régionaux, des directeurs sectoriels et des représentants résidents qui ont revu le document
à divers stades. Des contributions utiles et un appui ont aussi été reçus de Hawa Adama, John C.
Anyanwu, George D. Azagne, Awa Bamba, Kokil Beejaye, Gisela Geisler, Sering Jallow, Marlene
M. Kanga, Kpourou Janvier Litse, Charles Leyeka Lufumpa, Nono J.S. Matondo-Fundani, Anthony
O. Nyong, Franck Joseph Marie Perrault, Anthony Musonda Simpasa, Agnes Soucat, Lawrence
C. Tawah, Désiré J.M. Vencatachellum, Georg Weiers, Laetitia Yattien-Amiguet et Ginette Ursule
Yoman.

iv
Table des matières

Résumé analytique 1
Partie 1  La transformation de l’Afrique 5
La vision de l’Afrique 5
Ce que l’Afrique doit faire pour réaliser cette vision 6

Partie 2  L’approche stratégique de la Banque 10


Orientations du Panel de haut niveau et enseignements tirés de la Stratégie à moyen terme 10
Deux objectifs – croissance inclusive et transition vers la croissance verte 10
Priorités opérationnelles de base 13
Domaines d’intérêt particulier  21
Le programme des objectifs du Millénaire pour le développement de l’après 2015 24

Partie 3  Financement de la Stratégie – Mobiliser et démultiplier les ressources 25


L’innovation dans les guichets existants 25
Expansion des sources de financement 25
Mobilisation du capital de la Banque et de nouveaux instruments 28

Partie 4  Se transformer pour appuyer la transformation 29


Le partenaire de choix 30
Renforcement de l’efficacité institutionnelle 32
Privilégier les résultats 34
Mise en œuvre pratique de la Stratégie 34
Conclusion35

Notes36
Annexe  Indicateurs de résultats de la Stratégie 37
Encadrés
1 Facteurs de changement 7
2 Des infrastructures pour intégrer la région 16
3 Collaboration avec les partenaires 31

Figures
1 Côté positif – Le nombre de projets entièrement nouveaux financés par les IDE en Afrique est
comparable à celui des différents pays BRIC . . . de même que la croissance de son PIB réel 6
2 Côte négatif – La fragilité est un sujet de préoccupation . . . et la plupart des pays africains
ont une note inférieure à 5 (sur 10) sur l’Indice de perception de la corruption 2011 de
Transparency International 8
3 L’assèchement du Lac Tchad 12
4 Les investissements de la Banque dans les infrastructures appuient la chaîne de valeur
dans l’agriculture et renforcent la sécurité alimentaire – de l’exploitation agricole à la bouche 22
5 Sources potentielles de financement 26
6 Mise en œuvre de la Stratégie à trois niveaux 35 v
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

Étapes importantes de l’histoire du Groupe de la Banque africaine de


développement

1966 – Côte d’Ivoire La Banque africaine de développement démarre ses opérations avec une base
de capital de 250 millions de dollars EU, 33 pays membres africains et un effec-
tif de 10 personnes.

1972 – Algérie La Banque et 13 pays non régionaux créent le Fonds africain de développe-
ment. Ce guichet concessionnel destiné aux pays à faible revenu a mobilisé
327 millions de dollars EU pour son premier cycle.

1976 – Nigeria Le gouvernement de la République fédérale du Nigeria et la Banque créent le


Fonds spécial du Nigeria, avec une contribution initiale de 80 millions de dollars
EU.

1982 – Zambie Le capital de la Banque est ouvert aux pays membres non régionaux. Le capital
autorisé de la Banque augmente à près de 3,4 milliards de dollars EU en 1983
et à 22,3 milliards de dollars EU en 1987, suite à la Quatrième augmentation
générale du capital de 200 %.

2003 – Tunisie La Banque relocalise temporairement ses opérations d’Abidjan à Tunis.

2010 – Côte d’Ivoire La Sixième augmentation générale du capital triple le capital autorisé de la
Banque, qui se chiffre désormais à 101,4 milliards de dollars EU ; l’institution
compte alors 77 pays membres (53 africains et 24 non africains) et un effectif de
1 900 employés.

2010 – Tunisie La douzième reconstitution triennale du Fonds africain de développement mobi-


lise 9,5 milliards de dollars EU, le montant le plus élevé de l’histoire du Fonds.
Les ressources du Fonds spécial du Nigeria, dont la durée a été prolongée pour
10 ans en 2008, se chiffrent à 241,3 millions de dollars EU en 2010.

2012 – Tanzanie Le Soudan du Sud rejoint le Groupe de la Banque, et en devient le 54e pays
membre régional.

vi
Résumé
analytique

La Stratégie de la Banque africaine de déve- l’objectif d’une Afrique intégrée au plan régional L’objectif premier
loppement pour la période 2013 à 2022 tra- et diversifiée au plan économique — détermi- consiste à réaliser
duit les aspirations de l’ensemble du continent née à inclure les jeunes et les personnes âgées, une croissance qui
africain. Elle est fermement ancrée dans une les femmes et les hommes, les communautés
soit plus inclusive.
connaissance et une expérience approfondie rurales et urbaines, tout en étant de plus en
Le second objectif
du chemin parcouru par l’Afrique au cours de la plus verte — fera de l’Afrique le prochain mar-
dernière décennie et de la destination à laquelle ché émergent mondial. La Banque africaine de consiste à faire en
elle souhaite parvenir au cours de la prochaine. développement sera son porte-parole au plan sorte que la croissance
L’Afrique s’est engagée dans un processus du développement et son partenaire de choix inclusive soit durable
de transformation économique. Ce processus au développement.
a enregistré une croissance robuste et soute- La Stratégie est axée sur deux objectifs,
nue pendant plus d’une décennie, mais il a été sous-tendus par cinq priorités opérationnelles,
inégal et sans base solide, et il n’est, à aucun qui sont des domaines dans lesquels la Banque
point de vue, terminé. jouit d’un avantage, d’une expertise, d’un accès
Cette Stratégie est conçue pour placer et d’une confiance inégalés.
la Banque au centre de la transformation de
l’Afrique et améliorer la croissance de l’Afrique. Deux objectifs
Elle vise à élargir et approfondir ce processus Cette stratégie décennale sera axée sur deux
de transformation, essentiellement en faisant objectifs visant à améliorer la qualité de la crois-
en sorte que la croissance soit partagée et sance de l’Afrique : la croissance inclusive et la
non isolée, pour tous les citoyens et pays afri- transition vers la croissance verte.
cains et non juste pour quelques-uns. Elle vise
aussi à favoriser une croissance qui ne soit pas Croissance inclusive
simplement durable au plan écologique, mais L’objectif premier et fondamental consiste à
aussi habilitante au plan économique. Lorsque réaliser une croissance qui soit plus inclusive,
la croissance est aussi bien inclusive que se traduisant non pas simplement par l’éga-
« verte », elle crée les emplois dont le continent lité de traitement et d’opportunités, mais par
a besoin maintenant et dont il aura besoin en des réductions profondes de la pauvreté et un
nombre encore plus grand à mesure que des accroissement massif et correspondant des
millions d’autres jeunes entrent sur le marché emplois.
du travail, avec des énergies et des aspirations En permettant d’exploiter le vaste potentiel
auxquelles il faut répondre. du continent — et en améliorant ses chances
La vision de la Banque est donc la vision de de tirer parti du dividende démographique – la
l’Afrique, et son avenir est l’avenir de l’Afrique. croissance inclusive induira la prospérité par
Les nombreuses réussites de la Banque sont à un élargissement de la base économique qui
l’image des réussites du continent qu’elle sert, transcende les obstacles liés à l’âge, au sexe et
et les lacunes de ses réalisations traduisent les à la situation géographique. La Banque investira
obstacles à une transformation véritable de dans une infrastructure qui libère le potentiel du
ses pays membres régionaux. La réalisation de secteur privé, favorisant l’égalité des sexes et la

1
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

participation communautaire. Elle contribuera que l’attention accordée à ces priorités avait
à améliorer les compétences nécessaires à la été d’une grande utilité pour les clients de la
compétitivité et veillera à ce que ces compé- Banque, mais qu’il était nécessaire d’adop-
tences correspondent mieux aux opportunités ter un horizon de planification plus long, ainsi
et aux besoins des marchés locaux du travail. qu’une stratégie à long terme — sous-tendue
par des plans triennaux.
La Stratégie décrit Croissance verte
cinq principaux Le second objectif consiste à faire en sorte que Développement des infrastructures
moyens par lesquels la croissance soit durable, en aidant l’Afrique Les besoins infrastructurels de l’Afrique
à faire la transition progressive vers la « crois- demeurent considérables. Le continent n’inves-
la Banque doit mener
sance verte  », qui protégera les moyens de tit dans les infrastructures que l’équivalent de
son action et améliorer
subsistance, améliorera la sécurité hydrique, 4 % du PIB, contre 14 % en Chine. En comblant
la qualité de la énergétique et alimentaire, favorisera l’utilisation son déficit infrastructurel, l’Afrique pourrait
croissance en Afrique durable des ressources naturelles et stimulera accélérer la croissance de son PIB de 2 points
l’innovation, la création d’emplois et le dévelop- de pourcentage par an. La Banque a apporté
pement économique. des contributions notables au développement
La Banque appuiera la croissance verte des infrastructures en Afrique, et des dizaines
en trouvant des modes de développement de millions d’Africains se trouvent désormais
qui atténuent la pression sur les ressources dans une meilleure situation grâce à ses inves-
naturelles tout en gérant plus efficacement les tissements dans le transport, l’énergie et l’eau.
risques environnementaux, sociaux et écono- La Banque a l’intention de renforcer considé-
miques. Les actions prioritaires à mener pour rablement le financement des infrastructures
réaliser la croissance verte consistent notam- du continent – non seulement par ses propres
ment à renforcer la résilience face aux chocs prêts, mais aussi en faisant jouer l’effet de levier
climatiques, à mettre en place des infrastruc- de ses ressources financières.
tures durables, à créer des services d’écosys-
tème et à utiliser de manière efficace et durable Intégration économique régionale
les ressources naturelles – en particulier l’eau, L’intégration est indispensable si l’Afrique veut
qui joue un rôle central dans la croissance, réaliser pleinement son potentiel de croissance,
mais qui est la plus affectée par le changement participer à l’économie mondiale et profiter des
climatique. avantages d’un marché mondial de plus en
plus interconnecté. Cette possibilité est sérieu-
Cinq priorités opérationnelles sement limitée par le fait d’avoir 54 pays indi-
La Stratégie décrit cinq principaux moyens par viduels qui n’ont souvent pas les moyens phy-
lesquels la Banque doit mener son action et siques et économiques nécessaires pour agir
améliorer la qualité de la croissance en Afrique. de concert. La Banque est bien placée pour
D’abord recommandés par la revue de 2007 jouer un rôle de chef de file dans la promotion
du Panel de haut niveau, et concrétisés par la de l’intégration économique de l’Afrique, en
suite dans la Stratégie à moyen terme pour la vue de créer des marchés plus vastes et plus
période de 2008 à 2012, ces domaines sont attrayants, de relier les pays enclavés, notam-
ceux dans lesquels la Banque a le plus grand ment les États fragiles, aux marchés internatio-
avantage comparatif et a fait ses preuves. naux et d’appuyer le commerce intra-africain.
Depuis au moins une décennie, les études de
la Banque et d’autres sources n’ont cessé de Développement du secteur privé
confirmer qu’ils offrent un cadre indispensable La dynamique de la création de richesse et
et cohérent pour ses opérations. La revue de d’emplois en Afrique – et un certain nombre de
2011 de la Stratégie à moyen terme a montré tâches incombant aux gouvernements – est de

2
Résumé analytique

plus en plus tributaire des fonds privés plutôt à des besoins précis sur le marché du travail.
que publics. En œuvrant directement comme L’objectif visé consiste à faire acquérir par les
indirectement avec les gouvernements, la jeunes les compétences requises pour le sec-
Banque continuera d’être un partenaire de plus teur formel et le secteur informel, y compris les
en plus actif et un facilitateur de l’investissement compétences permettant de créer des petites
privé en Afrique. En fournissant des concours entreprises.
financiers et des services d’assistance tech- En mettant en œuvre
nique et de conseil, elle concevra des activi- Trois domaines d’intérêt particulier sa Stratégie décennale,
tés qui répondent aux besoins, opportunités En mettant en œuvre sa Stratégie décennale, la Banque accordera
et enjeux propres au secteur privé. Elle mettra la Banque accordera une attention toute par-
une attention
l’accent sur le développement de l’entrepreneu- ticulière aux États fragiles, à l’agriculture et la
toute particulière
riat africain, contribuera à éliminer les difficultés sécurité alimentaire, et au genre, qui font partie
auxquelles se heurtent les femmes entrepre- intégrante des deux objectifs. aux États fragiles,
neurs et les jeunes entrepreneurs et appuiera à l’agriculture et la
le développement des microentreprises et des États fragiles sécurité alimentaire,
petites et moyennes entreprises. En renforçant L’aide aux états fragiles pourrait renforcer leurs et au genre
le secteur financier, elle stimulera les prêts aux économies, dont la population représente le
microentreprises et aux PME, contribuera à cinquième de celle du continent et qui contri-
développer les marchés locaux de capitaux, buent fortement à sa pauvreté globale. La fragi-
à promouvoir une meilleure gouvernance et la lité est à la fois contagieuse et épisodique – elle
gestion de risques des institutions financières exige un appui adapté aux besoins divers et
et à favoriser l’adoption et l’application des une approche régionale et de continuum axés
normes et réglementations financières. sur le dialogue, l’adhésion locale et la recon-
naissance du succès.
Gouvernance et responsabilisation
La croissance économique ne peut se réali- Agriculture et sécurité alimentaire
ser que sur les bases les plus solides de gou- Le renforcement de l’agriculture et de la sécu-
vernance et d’institutions administrées par rité alimentaire, par une approche de la chaîne
« l’État capable ». En réponse aux demandes de valeur intégrée, peut améliorer les moyens
visant l’amélioration de la gouvernance et de de subsistance des populations africaines qui
la prestation de services de base en Afrique, vivent dans les zones rurales. Bon nombre de
la Banque aidera les institutions qui appuient ces populations sont tributaires de l’agricul-
les processus d’inclusion et de reddition de ture de subsistance et une proportion consi-
compte – notamment en renforçant les capa- dérable est chroniquement exposée aux aléas
cités des parlementaires, des médias et des climatiques. L’Afrique vit de sa terre, et plus de
organisations de la société civile. Afin d’amélio- 70 % des Africains exploitent la terre, qui bien
rer la gestion des finances publiques, la Banque trop souvent ne satisfait pas leurs besoins. La
fera plus d’effort pour soutenir la décentralisa- Banque aidera les pays à renforcer leur pro-
tion financière et la mobilisation des ressources ductivité agricole et leur compétitivité, en conti-
intérieures. nuant d’investir dans les infrastructures rurales,
par exemple, les routes rurales, l’irrigation,
Qualifications et technologies l’électricité, les installations de stockage, l’accès
Le chômage est beaucoup trop élevé dans aux marchés, les systèmes de conservation et
toute l’Afrique, plus particulièrement parmi les les réseaux d’approvisionnement. En investis-
jeunes. Pour améliorer l’offre de travailleurs sant dans les infrastructures régionales et en
qualifiés, la Banque renforcera l’aide en faveur participant au dialogue sur les politiques pour
de la formation technique et professionnelle liée éliminer les obstacles au commerce en vue de

3
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

faciliter l’importation de denrées alimentaires et mettant au point de nouveaux moyens de s’as-


de facteurs de production comme les engrais, surer qu’un dollar investi par la Banque permet
elle contribuera à atténuer l’instabilité des prix de mobiliser beaucoup plus auprès d’autres
alimentaires et à réduire l’insécurité alimentaire. investisseurs. L’utilisation élargie des partena-
riats public-privé, des structures de cofinan-
Genre cement et des instruments d’atténuation des
la Stratégie traduit la Le renforcement des capacités et des opportu- risques attirera de nouveaux investisseurs.
vision de l’Afrique nités pour les femmes et les filles peut stimuler
pour elle-même la productivité et la participation de la moitié de Se transformer pour appuyer la
– une vision de
la population africaine. Pour promouvoir l’en- transformation
treprenariat féminin, il faudrait d’abord mettre La Banque est une entreprise unique en son
transformation qui
l’accent sur l’acquisition des connaissances, le genre  : en tant qu’organisation africaine au
est réalisable développement des compétences et la protec- service des Africains, c’est une locomotive du
tion des droits juridiques et de propriété. Les progrès et de l’intégration économiques, et le
femmes et les filles supportent plus de la moitié porte-parole de l’Afrique et du développement
du fardeau du continent, mais leur potentiel en de l’Afrique sur l’ensemble du continent – et
tant que génératrices de revenu est dispropor- bien au-delà. Elle est bien partie pour renforcer
tionnellement élevé. son efficacité au plan du développement grâce
à la décentralisation accrue vers les bureaux
Financement de la Stratégie – extérieurs, aux domaines d’engagement stra-
mobiliser et exploiter de nouvelles tégiquement ciblés et à un solide bilan assorti
sources de financement du d’une grande capacité à supporter les risques.
développement Tous ces facteurs ont contribué à mainte-
Les ressources financières de la Banque repré- nir constamment la note de crédit AAA, qui
senteront toujours une modeste fraction des assure la réputation africaine et mondiale de la
besoins de l’Afrique. Les difficultés financières Banque.
actuelles des pays donateurs portent à croire La Banque doit continuer d’évoluer pour
que l’aide publique au développement pourrait rester pertinente. Elle doit devenir plus décen-
bien stagner en grande partie au cours des tralisée, plus intégrée, plus efficace, plus effi-
prochaines années. La Banque recherchera de ciente et plus axée sur les résultats, mesurant
ce fait des méthodes nouvelles et innovantes ses progrès à l’aune des améliorations réelles
de mobilisation des ressources pour appuyer sur le terrain. Elle doit aussi continuer de ratio-
la transformation de l’Afrique, en particulier en naliser ses processus opérationnels, institu-
démultipliant ses propres ressources. tionnels et budgétaires. Et elle doit consolider
Le Groupe continuera naturellement de son rôle de conseiller, de courtier du savoir, de
renforcer et d’élargir la taille et les opérations catalyseur et de rassembleur.
pratiques de la Banque africaine de développe- Telle est donc la Stratégie décennale de
ment comme du Fonds africain de développe- la Banque africaine de développement – de
ment. Toutefois, face à l’évolution du paysage la banque de l’Afrique. Elle traduit la vision de
économique mondial, il étudiera les possibilités l’Afrique pour elle-même – une vision de trans-
de mobiliser des investissements supplémen- formation qui est réalisable. ‘Placée au centre
taires auprès des économies émergentes et de de la transformation de l’Afrique’, la Banque
nouveaux fonds et donateurs, notamment les mesurera le succès par les changements
fonds souverains et les caisses de retraite. Il uti- durables qu’elle apporte dans la vie des popu-
lisera mieux ses instruments existants, tout en lations africaines.

4
La transformation
une de l’Afrique
Partie

La décennie écoulée, caractérisée par une crois- favoriseront la transformation de l’Afrique en L’Afrique se voit
sance et une stabilité inégalée, a changé pour le améliorant les conditions propices au déve- devenir un continent
mieux les impressions concernant l’Afrique. De loppement du secteur privé et en stimulant prospère caractérisé
2000 à 2010, six des 10 économies à la crois- l’investissement, l’esprit d’entreprise et le déve-
par une croissance
sance la plus rapide au monde se trouvaient loppement des microentreprises et des petites
de qualité qui
en Afrique et les économistes prévoient que la et moyennes entreprises. Dans ce contexte,
croissance demeurera robuste. Les prix élevés la transformation signifie la diversification des crée davantage de
des produits de base ont joué un rôle, mais les sources de croissance économique et d’op- possibilités d’emplois
politiques macroéconomiques améliorées et les portunités de manière à promouvoir un niveau pour tous, et en
réformes soutenues ont fait de même, ainsi que de productivité plus élevé, se traduisant par une particulier pour les
des structures de gouvernance plus solides et croissance économique soutenue et inclusive. femmes et les jeunes
de meilleures conditions pour le développement Elle signifie également l’appui au développe-
du secteur privé. Les conflits demeurent un sujet ment des industries qui renforcent l’impact des
de préoccupation, tout en ayant diminué, ce qui sources existantes d’avantage comparatif et
a réduit la contagion des pays voisins et renforcé améliorent la compétitivité globale de l’Afrique.
la confiance des investisseurs dans de nom- Dans cette transformation, la croissance,
breuses régions. Et bon nombre de pays sont qui en sera en fait le moteur, deviendra nette-
bien partis pour réaliser les Objectifs du millé- ment plus inclusive, allant au-delà de certains
naire pour le développement. pays, certains secteurs et certains travailleurs.
Grâce à de nouveaux investissements et à De nombreux États fragiles d’Afrique seront
une croissance accélérée, l’Afrique a manifes- engagés dans la voie de la croissance et du
tement la possibilité de devenir, au cours de la relèvement. Des institutions de gouvernance
prochaine décennie, le prochain marché émer- (nationales et régionales) plus solides renforce-
gent et un pôle de croissance mondial (Figure ront l’État de droit, faciliteront la transparence
1). La demande extérieure (et intérieure) crois- et la responsabilisation ainsi que le règlement
sante des produits d’exportation de l’Afrique pacifique des conflits. L’Afrique attirera davan-
pourrait faciliter cette transition, si l’Afrique peut tage d’investissements privés de sources
exploiter son potentiel dans le secteur de l’eau, étrangères. Une croissance plus rapide, une
de l’agriculture, des énergies renouvelables et activité économique plus formelle et la gestion
d’autres secteurs, plus particulièrement ceux améliorée de la richesse renforceront sensi-
du pétrole, du gaz et d’autres minerais. blement la mobilisation des ressources inté-
rieures, réduisant la dépendance à l’égard de
La vision de l’Afrique l’aide étrangère. Et davantage de capitaux de
L’Afrique se voit devenir un continent prospère l’Afrique seront investis dans les pays, et non
caractérisé par une croissance de qualité qui conservés à l’étranger. Mais une transformation
crée davantage de possibilités d’emplois pour efficace nécessite un leadership visionnaire et
tous, et en particulier pour les femmes et les déterminé.
jeunes. Dans le cadre de cette vision, des poli- L’Afrique tirera parti d’une croissance
tiques saines et de meilleures infrastructures plus verte et plus durable pour devenir plus

5
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

Figure 1 Côté positif – Le nombre de projets entièrement nouveaux financés par les IDE en
Afrique est comparable à celui des différents pays BRIC . . . de même que la croissance
de son PIB réel

2 000 10
Nombre de projets d’IDE entièrement nouveaux

Croissance du PIB (%)


8
1 500
BRIC
Chine

Inde
1 000 Afrique

4
Afrique

Brésil
500
2

Russie

0 0
2003 2005 2007 2009 2011 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2022

Source : CNUCED 2011 (gauche) ; BAD utilisant les données du FMI 2012 (droite).

résiliente face au changement climatique. En échelle avec les gouvernements, les acteurs du
intégrant les principes verts dans les plans de secteur privé, les universitaires et les représen-
développement, les pays africains améliore- tants de la société civile. Elle coïncide avec les
ront l’accès à l’eau, à l’énergie et au transport, ambitions des dirigeants africains et la vision
stimuleront la productivité agricole et créeront du Nouveau partenariat pour le développement
de nouveaux emplois et de nouvelles compé- de l’Afrique de l’Union africaine, qui est celle
tences. Ils édifieront aussi des villes durables et d’un continent où la croissance est inclusive –
exploiteront leurs ressources naturelles tout en englobe ses jeunes, ses femmes et ses États
réduisant le gaspillage. Ils traceront leur propre fragiles – et durable. La vision coïncide éga-
voie vers une croissance verte – en consoli- lement avec les ambitions des pays membres
dant et non en compromettant leurs efforts de régionaux telles qu’elles sont énoncées dans
développement. leurs stratégies de réduction de la pauvreté et
L’Afrique en tant que continent sera bien de développement à long terme1.
plus intégrée. Les biens, services et per-
sonnes circuleront entre pays et régions, ce qui Ce que l’Afrique doit faire pour
contribuera à créer de plus vastes marchés, réaliser cette vision
à améliorer la compétitivité des entreprises et Cette vision ne sera pas facile à réaliser (Enca-
à accroître les possibilités d’échanges com- dré 1). Plusieurs économies du continent
merciaux intra-africains. La promotion de la demeurent fragiles et l’infrastructure demeure
coopération au sein des bassins transfronta- peu développée, ce qui entrave l’intégration
liers appuiera la croissance, la paix et la sta- régionale et réduit la compétitivité des entre-
bilité. De telles approches régionales permet- prises (Figure  2). De nombreuses économies
tront également d’utiliser plus efficacement les africaines sont tributaires des matières pre-
ressources. mières, leurs structures de production étant peu
Cette vision reflète ce que la Banque a diversifiées. Les taux de pauvreté sont encore
entendu lors de ses consultations à grande beaucoup trop élevés. L’inégalité est également

6
La transformation de l’Afrique

Encadré 1 Facteurs de changement

Les principaux facteurs de changement, intérieurs et et sociales et la productivité des sols et menacent les
extérieurs, modifient le paysage de développement en moyens de subsistance des populations rurales, avec
Afrique, avec des conséquences profondes pour le des répercussions défavorables sur la sécurité hy-
continent et pour la Banque. drique, alimentaire et énergétique.

Démographie. La population de l’Afrique est jeune et Financement du développement. Le paysage de l’aide


s’accroit, et un nombre de demandeurs d’emplois en a changé, avec de nouveaux partenaires et l’entrée des
augmentation rapide doit être intégré dans le marché économies émergentes, non pas seulement en tant que
du travail (figure ci-dessous). Le nombre de diplômés de partenaires commerciaux et investisseurs, mais aussi
l’enseignement supérieur a triplé en Afrique subsaha- en tant que partenaires au développement. L’investis-
rienne de 1999 à 2009, et pourtant les jeunes repré- sement privé augmente par rapport à l’aide, avec un re-
sentent 60 % environ des chômeurs de la région. Les cours accru au financement axé sur le marché. Davan-
taux d’accroissement démographique sont encore plus tage de pays financent leur développement avec leurs
élevés dans les villes, où vivrait 40 % de la population propres ressources, notamment les impôts et taxes, les
de l’Afrique. D’ici 2030, les populations urbaines aug- fonds envoyés par les migrants et les redevances ver-
menteront encore de 300 millions de personnes. sées par les industries extractives.

Gouvernance. Les gouvernements et les organisations Évolution de la structure des échanges commerciaux et
régionales et continentales ont pris la responsabilité des investissements. D’importantes modifications des
de régler les conflits et de renforcer les institutions, flux d’échanges et de capitaux à destination et en pro-
l’éthique de responsabilité et l’État de droit, favorisant venance de l’Afrique changent la donne et les écono-
ainsi la stabilité économique. De même, de nombreux mies émergentes, comme les BRIC, influent sur la crois-
pays mettent en œuvre des réformes en vue d’améliorer sance en Afrique.
l’environnement des affaires.
Science, technologies et innovation. L’Afrique peut
Sécurité hydrique. Les ressources en eau de l’Afrique mettre à profit la nouvelle infrastructure de communica-
sont abondantes, mais inégalement réparties dans tion haut débit et la prolifération des services bancaires
le temps et dans l’espace – 5  % seulement des res- mobiles et d’autres applications sans fil pour sauter
sources en eau disponibles du continent sont exploi- l’étape des méthodes anciennes et accélérer la crois-
tées. Des investissements considérables dans le dé- sance et la création d’emplois.
veloppement et la gestion intégrés indispensables à la
sécurité hydrique, alimentaire et énergétique durable en Demande mondiale de ressources. La persistance de la
vue d’une croissance verte et inclusive. solide demande mondiale d’eau, d’énergie, de minerais
et de denrées agricoles offrira de nouvelles opportuni-
Climat. La variabilité du climat et le changement cli- tés de croissance, mais posera aussi des défis de taille
matique pèsent sur les infrastructures économiques au plan des politiques et de la gestion des ressources.

La population économiquement active augmente

2000 37 % de la population totale

2010 39 % de la population totale

2020 42 % de la population totale

Afrique Afrique Afrique Afrique Afrique 51 % de la


2030 population totale
centrale de l’Est du Nord australe de l’Ouest

0 100 200 300 400 500 600 700 800

Millions de personnes

Source : Africa Progress Panel, Jobs, Justice and Equity: Seizing Opportunities in Times of Global Change, 2012, utilisant les
données de la BAD.
7
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

Figure 2 Côte négatif – La fragilité est un sujet de préoccupation . . . et la plupart des pays africains
ont une note inférieure à 5 (sur 10) sur l’Indice de perception de la corruption 2011 de
Transparency International

10

Indice de perception de la corruption


Tunisie

9
Égypte
Libye

Un élément essentiel Mali


8

de la croissance du Tchad
Soudan

continent consistera à Guinée-Bissau


Guinée

Sierra Leone Côte d’Ivoire Togo


Djibouti

6
Botswana
Soudan du Sud Cap-Vert
stimuler la productivité
Rép. centrafricaine
Liberia
Somalie
Maurice Rwanda
Congo 5
agricole sur une Burundi
Rép. dém. du Congo
4
plateforme durable États fragiles
Instabilité récente
Comores
Autres
de sécurité hydrique 3

Zimbabwe
2

Source : ONU et BAD 2012 (gauche) ; Transparency International 2011 (droite).

élevée : six des 10 pays les plus inégalitaires de années. Et le chômage doit être réduit de
la planète se trouvent en Afrique. Les récentes manière significative. En 2009, le taux de chô-
crises alimentaires mondiales et la lutte qui se mage était de 23,4  % en Afrique du Nord et
poursuit contre la faim dans certaines régions de 12,1 % en Afrique subsaharienne2. Il faudrait
du continent, en particulier dans la Corne de déployer des efforts importants et soutenus
l’Afrique, mettent en évidence la nécessité d’une pour appuyer des programmes de protection
plus grande sécurité alimentaire. L’Afrique doit sociale productifs et accroître la participation
aussi mobiliser davantage de son propre capi- des femmes, des jeunes et des groupes défa-
tal – humain, naturel et financier – pour investir vorisés ou marginalisés. L’Afrique doit ainsi
dans le développement futur. rendre la croissance plus inclusive.
Pour relever de tels défis redoutables, il fau- L’Afrique doit aussi tirer parti des nom-
dra un nouvel état d’esprit, consistant pour les breuses possibilités offertes par sa transition
dirigeants et les peuples d’Afrique à assumer progressive vers la croissance verte, en ripos-
pleinement la responsabilité de leur développe- tant aux défis du changement climatique et
ment tout comme la Chine, l’Inde, la République en réduisant l’empreinte écologique sur son
de Corée et Singapour l’ont fait. Et la commu- capital naturel, pour promouvoir le dévelop-
nauté internationale devra poursuivre son aide pement. L’agenda vert consolide la trajectoire
pour consolider les efforts et les ressources de du développement du continent et les efforts
l’Afrique et mettre en place des États capables, déployés par les différents pays. Conscients du
dotés d’administrations publiques robustes. fait que la mise au vert de leurs économies crée
Un élément essentiel de la croissance du des opportunités de croissance et de création
continent consistera à stimuler la productivité d’emplois, des précurseurs tels que l’Éthiopie,
agricole sur une plateforme durable de sécu- le Rwanda et l’Afrique du Sud montrent déjà la
rité hydrique. L’Afrique est le seul continent voie à suivre.
où la production de denrées alimentaires par L’Afrique doit en outre redoubler d’efforts
habitant a diminué au cours des 30 dernières en vue d’édifier des États efficaces, résilients et

8
La transformation de l’Afrique

capables, fondés sur des institutions opération- et d’autres partenariats régionaux facilitera la pla-
nelles, qui ont un rôle de premier plan à jouer nification régionale et l’intégration économique,
dans la croissance tirée par le secteur privé. ce qui permettra aux biens et aux personnes de
Elle doit améliorer le climat d’investissement, franchir plus aisément les frontières, créera des
évalué par la facilité de la pratique des affaires marchés régionaux plus vastes et plus attrayants
pour tous les types d’entreprises – nationales, et stimulera le commerce intra-africain. Seules
étrangères, des secteurs formel et informel. des communautés économiques régionales La consolidation
Elle doit lier le renforcement des compétences ayant des moyens d’action peuvent véritable- des communautés
et les systèmes d’éducation aux marchés du ment répondre aux besoins des populations économiques
travail. Et elle doit renforcer les mécanismes diverses de l’Afrique.
régionales et
réglementaires, institutionnels et financiers, se Pour réaliser la croissance durable, l’Afrique
d’autres partenariats
traduisant par un État de droit plus efficace et doit développer et gérer durablement ses
la réduction de la corruption. Seuls des États vastes ressources naturelles, l’eau jouant un régionaux facilitera la
stables au plan politique peuvent promouvoir rôle central dans l’agriculture, l’énergie, l’in- planification régionale
une plus grande inclusion, dans la mesure où dustrie et les mines. Qu’ils soient riches en et l’intégration
leurs citoyens ont davantage leur mot à dire eau, en pétrole, en terres ou en minerais, les économique
dans la prise de décision. pays africains doivent instituer des cadres qui
Avec l’aide de l’Union africaine et des com- attirent les investissements et les compétences
munautés économiques régionales, l’Afrique nécessaires et mettre en place les structures
doit adopter l’intégration, utiliser plus efficace- de gouvernance appropriées. Ils devraient
ment ses ressources humaines, consolider ses faire en sorte que des avantages substantiels
marchés intérieurs et rendre l’utilisation des res- reviennent aux populations locales et aux éco-
sources plus efficace grâce à des approches nomies nationales, en préservant l’environne-
régionales. Le renforcement des infrastructures ment et en fournissant les services sociaux de
de transport et de communications améliorera la base.
connectivité physique et virtuelle. La consolida- Si l’Afrique accomplit tout cela, elle peut
tion des communautés économiques régionales devenir le prochain marché mondial émergent.

9
L’approche stratégique
de la Banque

deux
Partie

cette Stratégie La Banque tirera parti de ses réalisations et de évidence pour faire l’objet d’un appui continu
positionnera la ses avantages comparatifs en tant qu’institution comprenaient le développement du secteur
Banque en tant que continentale résiliente et digne de confiance privé, l’intégration régionale, la gouvernance et
avec un caractère africain unique et une noto- le renforcement des compétences, l’infrastruc-
partenaire de choix,
riété élevée. Au cours de la prochaine décen- ture étant identifiée comme un solide domaine
catalyseur, conseiller,
nie, elle répondra aux nombreux changements d’avantage comparatif pour la Banque et un
courtier du savoir et liés à l’environnement global de développement bon point d’entrée sectoriel pour l’obtention
principale institution de l’Afrique. Grâce à une nouvelle orientation, des résultats. D’autres objectifs prioritaires de
de promotion du cette Stratégie positionnera la Banque en tant la Banque consistaient à prendre en compte
développement que partenaire de choix, catalyseur, conseiller, la dimension genre dans toutes les activités,
en Afrique courtier du savoir et principale institution de amplifier les interventions dans les États fragiles
promotion du développement en Afrique. et aider l’Afrique à faire face au changement cli-
matique et à l’insécurité alimentaire.
Orientations du Panel de haut Ces priorités opérationnelles et domaines
niveau et enseignements tirés de la d’intervention de base demeurent les principaux
Stratégie à moyen terme éléments de cette Stratégie. La nouveauté,
En 2007, le Panel de haut niveau a défini les élé- après une année de consultations avec les
ments fondamentaux de la Stratégie à moyen clients, bailleurs de fonds et bénéficiaires, réside
terme de la Banque pour la période 2008-2012. dans l’adoption explicite de la croissance inclu-
Il a aussi proposé un cadre incontournable sive et de la transition vers la croissance verte
pour les opérations de l’institution en Afrique comme étant les deux objectifs de la Stratégie.
sur le long terme3. La nouveauté consiste également à trouver des
Pour accompagner le développement de moyens nouveaux et innovants de mobiliser des
l’Afrique, la Banque deviendra le porte-parole ressources pour accompagner la transforma-
de l’Afrique sur la scène internationale, partici- tion de l’Afrique – et les nombreux moyens par
pant à des partenariats stratégiques, avec une lesquels la Banque travaillera différemment pour
capacité accrue à diffuser le savoir et à diriger rationaliser ses processus opérationnels en vue
de nouvelles initiatives stratégiques. La sélecti- de répondre avec plus d’efficacité et de flexibi-
vité deviendra un facteur déterminant de l’effi- lité aux besoins des différents pays.
cacité de l’aide, un programme ambitieux met-
tant l’accent sur la croissance et l’intégration Deux objectifs – croissance inclusive
économique. et transition vers la croissance verte
La revue de 2011 de la Stratégie à moyen La stratégie poursuivra deux objectifs visant
terme a montré que la sélectivité et l’accent mis à améliorer la qualité de la croissance en
sur les principaux domaines d’avantage com- Afrique. Le premier objectif qui est fondamen-
paratif avaient été très utiles aux clients, mais tal consiste à rendre la croissance inclusive en
qu’elle avait besoin d’un horizon de planifica- élargissant l’accès pour un plus grand nombre
tion plus long et une stratégie à long terme. Les de personnes, de pays et de régions, tout en
principales priorités opérationnelles mises en protégeant les vulnérables.

10
L’approche stratégique de la Banque

Le second consiste à rendre la croissance femmes réussiront mieux que celles qui ne
durable en aidant le continent à réaliser pro- le font pas. Des études montrent que des
gressivement la transition vers la croissance règles du jeu équitables pour les femmes
verte. L’amélioration de la qualité de la crois- peuvent stimuler la productivité, en parti-
sance peut mettre l’Afrique sur la trajectoire de culier dans l’agriculture, et réduire les iné-
la transformation structurelle – le passage de la galités5. La fourniture des services de base
production de produits primaires à la fabrication allégera la tâche des femmes et leur per- La Banque permettra
de produits à valeur ajoutée et la prestation de mettra d’avoir plus de temps à consacrer à aux pays membres
services. En appuyant cette quête, la Banque des activités plus productives. La démar- africains de mettre
maintiendra son orientation stratégique tout en ginalisation des femmes est aussi liée à de
en place des filets
répondant aux nombreux défis nouveaux. meilleurs résultats pour les enfants.
de sécurité pour
• Élargissement des opportunités écono-
Croissance inclusive miques pour les jeunes. Une grande majo- réduire la vulnérabilité
La croissance inclusive comprend quatre élé- rité des jeunes en Afrique sont sans emploi. et renforcer
ments  : l’inclusion économique, l’inclusion Ils représentent jusqu’à 60 % du chômage l’intégration des
sociale, l’inclusion spatiale et l’inclusion poli- de la région6. Même lorsqu’ils travaillent, la groupes défavorisés
tique. En dépit des augmentations du PIB au plupart des jeunes occupent des emplois et marginalisés
cours de la dernière décennie, la croissance à faible productivité et de qualité médiocre,
en Afrique a été étroitement concentrée dans essentiellement dans l’économie informelle.
quelques secteurs et zones géographiques. D’après les estimations de l’Organisation
Elle n’a pas été assez inclusive, et n’a pas non internationale du Travail, près de 90 % des
plus abouti à des réductions significatives de emplois de la région se trouvent dans l’éco-
la pauvreté et de l’inégalité. C’est pourquoi nomie informelle. La productivité des jeunes
cette Stratégie de la Banque met l’accent sur travailleurs est entravée par leur manque
l’accès élargi aux opportunités économiques de compétences techniques et entrepre-
pour les Africains indépendamment des diffé- neuriales et l’absence d’informations sur les
rences d’âge, de sexe et de situation géogra- emplois et les besoins du marché.
phique4. Elle aidera les pays à éliminer les obs- • Élargissement des opportunités écono-
tacles qui limitent la participation des femmes miques pour les États fragiles. Les États fra-
et des jeunes à l’économie et aidera les États giles d’Afrique, avec une population de plus
fragiles à mobiliser les ressources financières et de 200 millions d’habitants, sont en proie à
à acquérir les connaissances nécessaires pour un ensemble de défis ardus : jusqu’à 80 %
mettre en place des institutions dotées des de cette population vit de l’agriculture de
capacités requises. La Banque permettra aux subsistance et plus de 50  % a un revenu
pays membres africains de mettre en place des inférieur à 1,25 dollar EU par jour. L’insuffi-
filets de sécurité pour réduire la vulnérabilité et sance des infrastructures diminuerait leur
renforcer l’intégration des groupes défavorisés productivité de 40 %. Leur cohésion sociale
et marginalisés. Ces filets de sécurité, qui s’ins- limitée, leurs faibles institutions et proces-
crivent dans le cadre d’un programme élargi de sus de gouvernance et un niveau élevé
protection sociale, s’attaqueront aux risques, à de chômage, de pauvreté et d’inégalité
la vulnérabilité et à l’exclusion sociale auxquels peuvent être sources d’insécurité et d’insta-
ces groupes font généralement face. bilité dans les pays voisins. Pour toutes ces
• Élargissement des opportunités écono- raisons, les États fragiles doivent impérati-
miques pour les femmes. Cet élargissement vement faire l’objet d’une grande attention.
est important en soi et en tant qu’induc- • Accompagner les pays dans la mise en place
teur de compétitivité, car les économies des programmes de protection sociale.
qui exploitent l’énergie et les talents des Les programmes de protection sociale

11
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

sont inextricablement liés à l’inclusion et l’Afrique aux questions d’économie verte dans
à la réduction de la pauvreté des groupes le contexte du développement durable, de l’éra-
les plus vulnérables et les plus défavori- dication de la pauvreté et des cadres institution-
sés. Ils atténuent les chocs économiques nels pour le développement durable soit défini
et sociaux, contribuant ainsi à intégrer les et pris en compte à la Conférence des Nations
exclus et les vulnérables aux processus per- Unies sur le développement durable de 2012
En renforçant la mettant de bénéficier des avantages des (Rio+20). Ils ont en outre exhorté la Banque, et
sécurité alimentaire opportunités économiques élargies. d’autres partenaires, à soutenir cette position.
et en réduisant le Afin d’améliorer la transparence, la respon- Rio+20 a mis en évidence les différents modes
sabilisation et l’établissement de rapports, la de développement à la disposition de chaque
stress hydrique,
Banque élaborera un indice pour mesurer et pays, conformément aux circonstances et prio-
une croissance plus
suivre les progrès en matière de croissance rités nationales, pour réaliser le développement
verte peut améliorer inclusive en Afrique. durable. Il a défini la croissance verte non pas
les moyens de comme une fin en soi, mais comme une voie
subsistance des La transition vers la croissance verte importante vers le développement durable et
millions d’Africains L’empreinte écologique de l’Afrique a aug- la création de richesse dans le contexte de la
menté de 240  % entre 1961 et 2008 – résul- croissance inclusive.
tat de l’accroissement des populations et de la L’intérêt que porte l’Afrique à la transition
progression de la consommation par habitant. vers une économie verte se manifeste clai-
Certaines des dégradations de l’environne- rement dans l’appui que ses dirigeants ont
ment qui en résultent sont visibles (Figure 3). À apporté à la participation à cette conférence. Et
l’avenir, et en supposant que les contraintes de en juillet 2011 à Addis-Abeba, le Sommet des
ressources ne limitent pas la croissance, l’em- Chefs d’État et de gouvernement de l’Union
preinte écologique de l’Afrique devrait doubler à africaine a demandé à la Banque et à d’autres
l’horizon 2040. En juillet 2011 à Malabo (Guinée partenaires de continuer à œuvrer avec les pays
équatoriale), les Chefs d’État et de gouverne- à la mise en œuvre des résultats de Rio+20.
ment de l’Union africaine ont exhorté les États Les dirigeants africains ont pris acte des
membres à s’assurer que l’intérêt porté par efforts déployés par plusieurs pays africains en

Figure 3 L’assèchement du Lac Tchad

1963 2001

Tchad Tchad
Niger Niger

Nigéria Nigéria

Cameroun Cameroun

Eau Ancien rivage Végétation


Source: Philippe Rekacewicz, UNEP/GRID-Arendal.

12
L’approche stratégique de la Banque

vue de déterminer les opportunités et les enjeux en place des infrastructures à l’épreuve du
de la transition progressive vers une écono- climat, à élaborer des programmes d’as-
mie verte. En renforçant la sécurité alimentaire surance plus solides, à créer des dispo-
et en réduisant le stress hydrique, une crois- sitifs de protection efficaces et à gérer les
sance plus verte peut améliorer les moyens risques pour faire face à l’instabilité des prix.
de subsistance des millions d’Africains. En fait, • Gestion efficace et durable des ressources
réaliser la transition vers une économie verte naturelles. L’Afrique peut utiliser ses abon- En appuyant la
consiste à créer des emplois et non pas à les dantes richesses en eau, forêts et minerais transition vers la
limiter. Elle peut aussi atténuer la pression sur pour promouvoir la croissance tout en pré- croissance verte, la
les ressources naturelles grâce à la gestion des servant sa biodiversité et ses écosystèmes.
Banque adaptera
risques environnementaux et sociaux et éco- L’innovation dans les technologies vertes
ses interventions
nomiques. Il s’agit donc de maintenir le capital offre de nouvelles possibilités de croissance
naturel, non pas simplement gérer l’utilisation et d’emplois productifs. aux circonstances
de l’eau, du gaz, du pétrole et du charbon. • Promotion des infrastructures durables. spécifiques des
Mais la croissance verte ne sera réalisée sur le L’Afrique peut développer des systèmes de pays africains
continent qu’à travers une transition progres- transport compatibles avec les préoccu-
sive, adaptée aux circonstances nationales, pations environnementales. Elle doit aussi
appuyant les stratégies nationales de dévelop- mettre en place des infrastructures inté-
pement et fournissant des options de politique grées de l’eau pour appuyer l’agriculture,
sans devenir un obstacle à l’investissement. l’énergie, le transport et l’industrie et pour
La Déclaration consensuelle africaine note promouvoir la santé et l’hygiène. Et face à
que la transition vers la croissance verte néces- l’urbanisation croissante, elle peut réduire la
sitera davantage d’investissement, un accès pollution, améliorer la prestation de services
plus large aux technologies vertes et un renfor- de base et bâtir des villes durables pour
cement considérable des capacités. La Banque limiter les risques de catastrophe. Elle peut
fera par conséquent preuve de proactivité dans aussi déployer davantage d’efforts pour
la mobilisation de ressources supplémentaires améliorer sa sécurité hydrique et énergé-
auprès de la communauté internationale pour tique en exploitant l’énergie éolienne, solaire
compléter les ressources nationales et s’assu- et hydraulique.
rer que les investissements dans la croissance En appuyant la transition vers la croissance
verte ne se traduisent pas par de nouvelles verte, la Banque adaptera ses interventions aux
conditionnalités. circonstances spécifiques des pays africains et
La croissance verte en Afrique signifie la saisira l’occasion pour aider les pays à atténuer
promotion et l’optimisation des opportunités la pression qui s’exerce sur leur capital naturel.
offertes par la croissance économique, par le Tout en limitant les conséquences environne-
biais des mesures suivantes : mentales et sociales négatives de ses opéra-
• Renforcement de la résilience. Les popu- tions conformément aux politiques de sauve-
lations et les économies africaines doivent garde de la Banque, elle cherchera à tirer parti
devenir plus résilientes face aux chocs, des opportunités compatibles avec les priorités
qu’ils soient déclenchés par des évé- nationales et la croissance inclusive. Mais, une
nements environnementaux ou socio- fois encore, elle n’imposera pas de condition-
économiques. À cet effet, il faudra identifier nalité verte dans son portefeuille.
des mesures d’adaptation et d’atténuation
pour réduire les risques climatiques, éco- Priorités opérationnelles de base
nomiques et sociaux et éviter les pertes de Les interventions de la Banque appuieront
vies, de revenus et de biens de production. les deux objectifs de croissance inclusive et
Les options consistent notamment à mettre de transition vers la croissance verte, afin de

13
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

réaliser la vision de l’Afrique qui consiste à deve- compétitivité et veillera à ce que les quali-
nir un continent stable, intégré et prospère. La fications soient plus adaptées aux oppor-
Banque améliorera la qualité de la croissance tunités et aux demandes des marchés du
sur le continent en limitant son engagement à travail.
cinq priorités opérationnelles de base. La Banque n’interviendra que dans les sec-
• Développement des infrastructures. La teurs où elle a un avantage comparatif avéré.
Banque investira dans l’infrastructure qui
libère le potentiel de croissance et de déve- Développement des infrastructures
loppement du secteur privé, encourage
l’ajout de valeur et la transformation struc- La Banque continuera de réduire les insuffi-
turelle, améliore la productivité agricole et la sances considérables de l’Afrique en matière
sécurité alimentaire et consolide la partici- d’infrastructures. L’insuffisance des infrastruc-
pation communautaire. Le développement tures d’eau et d’assainissement coûte à
des infrastructures présente les plus grands l’Afrique l’équivalent de 5 % du PIB. Les coûts
avantages pour les États fragiles et il a un élevés du transport ajoutent 75 % au prix des
impact sur les chances des jeunes et des marchandises africaines et près de 30 pays ont
femmes. des pannes d’électricité chroniques. L’élimina-
• Intégration régionale. La Banque optimisera tion de ces carences pourrait ajouter 2 points
son appui financier en utilisant son savoir et de pourcentage à la croissance annuelle du PIB
son pouvoir fédérateur pour aider les pays de l’Afrique.
à mobiliser des ressources supplémen-
taires, soit intérieures soit extérieures, et Depuis 2008, la Banque a contribué à
par le biais de partenariats public-privé, le la construction et à la remise en état de
cas échéant. Les bassins hydrographiques 25 000 kilomètres de routes principales et de
transfrontaliers de l’Afrique offrent une pistes de desserte, reliant les zones rurales à
opportunité unique de faciliter l’intégration des corridors de transport et des marchés, et
régionale. La Banque appuiera les bassins profitant à plus de 10  millions de personnes.
transfrontaliers et les organisations de bas- Elle a aussi contribué à l’expansion de la pro-
sins en vue de promouvoir la coopération duction d’électricité de 3 000 mégawatts et à la
et d’améliorer l’intégration à travers l’Afrique. construction, la remise en état et l’installation de
• Développement du secteur privé. La 15 000 kilomètres de lignes de transport et de
Banque renforcera l’aide aux microentre- distribution, au profit de plus de 13 millions de
prises et aux petites et moyennes entre- personnes. Et elle a contribué à l’accroissement
prises ainsi qu’aux entreprises sociales7, en de l’accès à l’eau potable au moyen de 24 000
tant que moteurs de création d’emplois et puits, forages et installations sanitaires, au profit
d’inclusion. de plus de 12 millions d’Africains. Elle a appuyé
• Gouvernance et responsabilité. La Banque le développement d’infrastructures polyvalentes
appuiera le développement d’  «  États de stockage d’eau et de réseaux d’irrigation afin
capables » fondés sur des institutions effi- d’améliorer la productivité agricole, produire de
caces, de la bonne gouvernance et de la l’énergie et réduire les inondations et les séche-
réglementation propice à la croissance éco- resses. Et elle a facilité la coopération dans
nomique, portant plus particulièrement sur les bassins transfrontaliers. Ces améliorations
les droits de propriété, l’accès égal à la jus- dépassent les limites sectorielles en favorisant
tice effective et la participation accrue à la l’intégration régionale, le développement du
prise de décision. secteur privé et en améliorant la gouvernance
• Qualifications et technologies. La Banque dans les États fragiles, autant de facteurs contri-
investira dans les qualifications aux fins de buant directement à la croissance inclusive.

14
L’approche stratégique de la Banque

L’Afrique a besoin de près de 100  mil- viabilité des investissements dans l’infrastruc-
liards de dollars EU pour satisfaire ses besoins ture. Et pour conserver son rôle de chef de file
annuels d’investissement dans l’infrastructure, dans des initiatives d’infrastructure continen-
alors que les investissements réalisés à ce tales, telles que le Nouveau partenariat pour le
jour ne représentent que la moitié environ de développement de l’Afrique et le Consortium
ce montant. Comme l’a noté le Panel de haut pour l’infrastructure en Afrique, la Banque ren-
niveau, «  Le rôle de la Banque dans le sec- forcera ses capacités d’analyse et de conseil La Banque utilisera
teur de l’infrastructure doit être considéré au dans le domaine de l’infrastructure. une proportion
sens plus large comme une action visant à notable de
faciliter l’essor de la productivité et de la crois- Intégration régionale ses nouveaux
sance, qui contribue directement à l’obtention
engagements en faveur
de résultats dans d’autres secteurs  ». Une Compte tenu de l’existence d’une multitude
route devient l’espace de marché sur lequel de petites économies africaines, l’intégration du développement
les populations rurales vendent leurs biens et régionale est indispensable pour permettre au de l’infrastructure
gagnent un revenu, ce qui stimule le commerce continent de réaliser son potentiel de crois-
intrarégional et réduit les inégalités spatiales sance durable et inclusive, participer à l’éco-
non seulement entre les pays mais aussi à l’in- nomie mondiale et profiter des avantages d’un
térieur des frontières nationales. L’électrification marché mondial de plus en plus interconnecté.
rurale crée des emplois et renforce la sécurité
énergétique, réduisant la pauvreté rurale. Les Depuis 2009, la Banque a financé plus de 70
infrastructures mises en place pour appuyer les opérations multinationales pour un total de
chaînes de valeur agricoles améliorent la sécu- 3,8  milliards de dollars EU, donnant lieu à la
rité alimentaire. construction de 467 kilomètres de routes trans-
Cette Stratégie vise à augmenter sensible- frontalières et la construction et la rénovation
ment les investissements dans l’infrastructure, de 776 kilomètres de lignes de transport trans-
en vue d’améliorer la productivité et la com- frontalières. Elle a accompagné la réforme et la
pétitivité, d’approfondir l’intégration physique, modernisation des douanes, le renforcement et
économique et sociale, de créer des opportu- le développement de postes-frontière à guichet
nités et de promouvoir l’inclusion, ainsi que de unique, la mise en œuvre d’accords de facili-
contribuer à une transformation économique tation du commerce à l’Organisation mondiale
durable. du commerce et le développement de services
La Banque utilisera une proportion notable de logistique. Ces interventions ont permis une
de ses nouveaux engagements en faveur du croissance appréciable du commerce intra-afri-
développement de l’infrastructure pour amé- cain, qui a plus que doublé, passant de 47 mil-
liorer le transport et les chaînes de logistique, liards de dollars EU en 2005 à 108  milliards
répondre à la demande croissante d’énergie, de dollars EU en 2011. De même, la part de
renforcer le développement des ressources en l’Afrique du commerce mondial s’est améliorée,
eau et accroître les télécommunications haut passant de 2,5 % en 2005 à 3,1 % en 2011.
débit. Elle aidera à gérer la croissance urbaine La Banque est bien placée pour promou-
et à développer des systèmes d’infrastruc- voir l’intégration économique de l’Afrique, en
ture urbaine durables, plus particulièrement le vue de créer des marchés plus vastes et plus
transport urbain et l’eau, l’assainissement et la attrayants, de relier les pays enclavés aux mar-
gestion des déchets urbains. En plus de l’in- chés internationaux et d’appuyer le commerce
frastructure physique, la Banque appuiera les intra-africain. Étant donné que l’infrastructure
réformes des politiques, des institutions et des joue un rôle déterminant pour le commerce,
réglementations, en vue de promouvoir la par- la Banque adoptera une approche intégrée au
ticipation privée et d’améliorer l’efficacité et la plan régional en matière de développement de

15
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

l’infrastructure. L’Afrique compte environ 80 populations de l’Afrique et leur permet de tra-


bassins hydrographiques transfrontaliers, qui verser les frontières et d’explorer les possibilités
offrent des possibilités considérables de pro- commerciales et les marchés. La Banque favo-
motion de la coopération entre États riverains risera les cadres juridiques et réglementaires
en vue d’exploiter conjointement de grandes qui facilitent la circulation de la main-d’œuvre
infrastructures, de partager équitablement les et des capitaux, en inscrivant ses interventions
La Banque est avantages et de promouvoir la paix et le déve- dans une perspective régionaliste. En plus du
bien placée loppement. Les routes, les ports, les lignes dialogue sur les politiques, elle investira dans
pour promouvoir de transport et les TIC joueront un rôle crucial les postes-frontière à guichet unique et les ser-
dans ce processus. Les investissements natio- vices nationaux d’immigration dotés d’agents
l’intégration
naux dans l’infrastructure seront des éléments bien formés et motivés. La Banque aidera
économique de
essentiels pour le développement de l’in- également les Africains à acquérir les compé-
l’Afrique, en vue de frastructure régionale, qui permettra à l’Afrique tences nécessaires pour tirer parti d’économies
créer des marchés de mettre en place des grands marchés reliés plus intégrées.
plus vastes et plus et compétitifs pour remplacer les marchés La Banque aidera les gouvernements et
attrayants, de relier actuels qui sont étriqués, isolés et inefficaces les institutions régionales à veiller à ce que les
les pays enclavés aux (Encadré 2). projets d’infrastructure soient intégrés et inclu-
L’Afrique doit aussi s’intéresser aux aspects sifs, en donnant accès aux zones rurales et
marchés internationaux
«  immatériels  » de l’intégration régionale. aux foyers pauvres, en créant des liens avec
et d’appuyer le
D’après l’Organisation mondiale du commerce, les microentreprises et les petites et moyennes
commerce intra-africain la valeur des exportations africaines a aug- entreprises, en augmentant la part des tra-
menté de 11,3 % par an entre 2000 et 2009, vailleurs locaux qualifiés et en transférant les
contre une moyenne mondiale de 7,6 %8. Mais savoirs aux entreprises et autorités locales. La
12 % seulement de ce commerce est intraré- Banque les aidera également à faire en sorte
gional, soit le niveau le plus faible au monde. que les projets soient viables et élaborés à tra-
Pour permettre d’écouler les marchandises et vers un processus consultatif tenant compte
d’obtenir des résultats, les pays doivent simpli- des normes environnementales et sociales
fier et harmoniser les procédures et réglemen- internationales. Et pour élaborer davantage de
tations commerciales et douanières complexes projets d’infrastructure « bancables », elle aug-
et fastidieuses, rationaliser les règles d’origine mentera ses concours financiers pour la prépa-
restrictives et éliminer la corruption et d’autres ration de projets régionaux. Ces initiatives pré-
obstacles informels au commerce. sentées plus en détail dans le nouveau Cadre
À travers les États fragiles et à travers d’intégration régionale de la Banque aideront
le continent, l’intégration régionale relie les les pays à stimuler leur commerce en Afrique.

Encadré 2 Des infrastructures pour intégrer la région

Investie d’un mandat précis de l’Union africaine, la national et régional. La responsabilité de la préparation
Banque contribuera à diriger le Programme de déve- de projets « susceptibles de bénéficier d’un concours
loppement des infrastructures en Afrique (PIDA), une financier » et de la promotion de leur mise en œuvre
initiative de portée continentale. Adopté par les Chefs incombe aux communautés économiques régionales,
d’État africains en janvier 2012, le PIDA canalise les ef- aux mécanismes de préparation de projets et aux or-
forts déployés par l’Afrique en vue de développer les ganismes d’exécution. Mais ce sont les gouverne-
principales infrastructures régionales. La réussite de ments nationaux (appuyés par des institutions comme
ces efforts passe par l’engagement et la responsa- la Banque) qui contrôleront l’environnement réglemen-
bilisation au plus haut niveau des gouvernements du taire et juridique pour attirer les concours financiers
continent, ainsi que par le leadership financier au plan nécessaires.

16
L’approche stratégique de la Banque

Développement du secteur privé à obtenir des prêts de montant modeste pour


financer les activités dans le secteur informel.
Les membres de la Banque considèrent le sec- Ces investissements ont produit 650  millions
teur privé comme le principal moteur de crois- de dollars EU de nouveaux chiffres d’affaires et
sance et de création d’emplois. De ce fait, la créé ou permis de conserver près de 350 000
Banque aidera l’Afrique à renforcer considéra- nouveaux emplois.
blement l’investissement national et étranger et Les services de conseil et l’appui institution- la croissance en
elle encouragera les entreprises et entrepre- nel au niveau des politiques et des projets sont Afrique sera tirée par
neurs africains, en appuyant l’instauration d’un des facteurs essentiels de développement du le secteur privé, en
climat propice et en fournissant un éventail de secteur privé, et la Banque appuiera les initia-
étroit partenariat avec
services financiers et non financiers. tives en cours au plan continental visant à amé-
le secteur public
liorer le climat des affaires. Elle mettra l’accent
Il est généralement convenu que la croissance sur les instruments financiers novateurs avec
en Afrique sera tirée par le secteur privé, en de solides caractéristiques d’amélioration du
étroit partenariat avec le secteur public. Le sec- crédit, telles que les garanties et autres instru-
teur privé en Afrique contribue près de 80 % du ments de réduction du risque. Elle renforcera
PIB du continent et crée environ 90 % de tous ses activités de syndication et de mobilisa-
les emplois. Les microentreprises et les petites tion des ressources, auprès de sources tant
et moyennes entreprises, dont 65 % sont infor- publiques que privées. Elle exploitera les pos-
melles, créent 70 à 80 % des emplois et contri- sibilités et les approches intégrées de cofinan-
buent à hauteur de 30 à 35 % au PIB. Mais il y cement grâce à une plus grande collaboration
a un chainon manquant, car les entreprises de interne entre les départements sectoriels. Afin
taille moyenne n’emploient que 20 à 30 % de de catalyser de nouveaux investissements en
la main-d’œuvre. Et les microentreprises et les dehors de son enveloppe de ressources pour
petites entreprises, qui constituent la base de un pays, la Banque appliquera le principe de
la pyramide, opèrent en dehors de l’économie développement intégré de l’infrastructure qui
formelle, ce qui entrave leur accès à la finance, combine les ressources concessionnelles avec
aux marchés et aux services, et partant leur le financement non souverain garanti. Elle utili-
capacité à se développer et à créer de la valeur sera, le cas échéant, son savoir et ses solutions
et des emplois. de financement pour appuyer des initiatives et
Au cours des cinq dernières années, la des institutions privées et exploitées à des fins
Banque est devenue un partenaire et un faci- commerciales, afin que ses opérations encou-
litateur de l’investissement privé en Afrique, et ragent les opérateurs commerciaux, plutôt que
elle continuera à jouer ce rôle. De 2009 à 2011, de les évincer.
elle a investi dans le secteur privé plus de 5 mil- La Banque appuie également l’entreprise
liards de dollars EU, dont 61 % dans les pays à privée par le biais de ses investissements et
faible revenu, se traduisant par des économies de son soutien institutionnel. En investissant
de devises de 2,8 milliards de dollars EU et des dans l’infrastructure, le développement des
recettes publiques de 1,9  milliard de dollars compétences et la mise en place d’un environ-
EU. Avec un effet multiplicateur catalytique de nement porteur, la Banque contribuera à créer
5 à 7, ces investissements devraient permettre un climat favorable aux affaires. En fournissant
de mobiliser plus de 30 milliards de dollars EU un soutien institutionnel, elle aidera les gou-
d’investissements auprès d’autres sources. vernements à renforcer la qualité et l’efficacité
Pour accompagner le développement des des services administratifs aux entreprises. La
petites et moyennes entreprises au Kenya, au Banque appuiera aussi les liens de la chaîne
Cameroun et en République démocratique du de valeur et les groupes d’entreprises, plus
Congo, la Banque en a aidé au moins 200 000 particulièrement dans l’agro-industrie et les

17
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

industries extractives. Elle fournira des finan- Les entreprises africaines ont besoin de
cements sous forme de fonds propres et de crédit commercial abordable. En réponse à
dette par le biais des fonds multipays de capi- l’effondrement du financement commercial
tal-investissement pour injecter des ressources depuis la crise financière mondiale, la Banque
à long terme. Sur une base limitée, elle finan- a piloté une initiative sur ce type de finance-
cera directement des moyennes entreprises, ment. Ses enseignements, et ceux d’autres
En investissant dans notamment dans les États fragiles et les pays à institutions multilatérales qui ont des initiatives
l’infrastructure, le faible revenu. Et elle déploiera des instruments similaires, ont enrichi un programme opéra-
développement de mutualisation de risques à travers des inter- tionnel de financement du commerce privilé-
médiaires financiers tels que les banques com- giant l’agriculture, les petites entreprises et les
des compétences
merciales, les institutions de microfinance et les marchés à risque élevé en tant que principaux
et la mise en place
institutions nationales et régionales de finance- bénéficiaires.
d’un environnement ment du développement. Cette approche multiforme en matière de
porteur, la Banque Le secteur financier formel de l’Afrique financement et de contribution au renforce-
contribuera à créer se trouve à ses premiers stades de dévelop- ment des capacités financières locales jouit
un climat favorable pement. Il se heurte à des difficultés liées à d’un large soutien, mais des voix s’élèvent pour
aux affaires l’échelle, l’instabilité, la liquidité à long terme et demander à la Banque de faire plus, en particu-
l’impression négative du risque de la part des lier pour aider les microentreprises et les petites
contreparties mondiales. Pour approfondir et et moyennes entreprises. Les entreprises à
élargir les marchés financiers et de capitaux, vocation sociale – en tant qu’initiative recon-
la Banque appuiera des initiatives visant à nue favorisant l’inclusion, le développement du
encourager la création d’un ensemble d’insti- secteur privé, l’innovation sociale et l’entrepre-
tutions et de services financiers (par exemple, neuriat – peuvent être combinées à la micro-
les fonds de capital-risque, le crédit-bail, etc.), finance pour renforcer son efficacité, l’impact
le développement de nouveaux mécanismes sur le développement et la viabilité. Ces entre-
de réglementation en étroite coordination avec prises représentent de nouveaux domaines
d’autres institutions financières internationales, porteurs que l’on peut piloter pour obtenir des
notamment dans le domaine de la réglemen- effets d’entrainement permettant d’accroitre
tation transfrontalière, et le développement la prestation des services de base et des ser-
des instruments financiers (par exemple, les vices d’écosystème qui font cruellement défaut.
obligations, les actions, les garanties) pouvant Les entrepreneurs sociaux ont déjà fait leurs
mobiliser le financement à terme et des pro- preuves en tant que nouveaux fournisseurs
grammes visant à augmenter les emprunts en dans les domaines de la microfinance, de l’édu-
monnaie nationale pour financer des projets cation, de la santé, de l’eau potable, de l’éner-
du secteur privé. Elle soutiendra des initiatives gie et d’autres besoins sociaux, essentiellement
destinées à améliorer l’«  infrastructure finan- aux communautés défavorisées, notamment
cière  » de l’Afrique, notamment les registres les femmes et les jeunes. Mais l’octroi effi-
des garanties, les centrales de crédit, les cace de prêts directs aux microentreprises et
notations de crédit et les systèmes de paie- aux petites et moyennes entreprises nécessite
ment et de règlement, autant de mécanismes des ressources humaines spécialisées et une
et dispositions qui sont tous nécessaires à la solide présence locale. Il nécessite également
promotion de la stabilité financière et au fonc- une appétence pour le risque et des processus
tionnement efficace de marchés financiers non compatibles avec les politiques de crédit et
intégrés modernes. Un secteur financier sain, de vérification préalable actuelles de la Banque.
efficace et stable demeure la pièce maîtresse De ce fait, la Banque envisagera d’autres
d’une stratégie de développement tiré par le options pour financer ou appuyer davantage
secteur privé. de telles entreprises, ainsi que les initiatives

18
L’approche stratégique de la Banque

qui consolident l’inclusion financière, com- clients a indiqué que la Banque a un rôle de
plétées par des initiatives visant à fournir des premier plan à jouer dans ce domaine, consis-
garanties et des mécanismes d’assurance, tels tant en particulier à aider les pays membres
que le Fonds africain de garantie. La Banque régionaux à renforcer les capacités des orga-
étudiera également les initiatives connexes qui nismes gouvernementaux et d’autres institu-
améliorent l’inclusion financière. Dans cette tions de promotion de la voix citoyenne et de la
perspective, elle mettra à profit cette opportu- responsabilité.
nité pour accompagner les activités de micro- Dans les 14 pays où la Banque a investi
finance et renforcer l’appui qu’elle accorde aux pour renforcer les systèmes de recettes
entreprises à vocation sociale dans le contexte publiques, les recettes fiscales en proportion
de la croissance inclusive, du développement du PIB ont augmenté de 10,5 % à 14,7 %, alors
du secteur privé et du financement innovant du que les taux d’imposition des entreprises dimi-
développement. nuaient de 93,6 % des bénéfices commerciaux
La constitution d’un pool de ressources à 53,9  %. Dans les 24 pays où la Banque a
pour financer des études économiques et sec- appuyé les réformes de la gestion des finances
torielles et des services d’assistance technique publiques, l’indice moyen d’évaluation des poli-
spécifiques permettra de réaliser des opéra- tiques et des institutions nationales en ce qui
tions de savoir. La Stratégie de développement concerne la qualité de la gestion budgétaire et
du secteur privé la guidera dans la réalisation de financière est passé de 3,22 sur 6 en 2005 à
tous ces objectifs, y compris dans la manière 3,78 en 2011, dénotant des budgets plus cré-
dont la Banque entend mettre en œuvre son dibles et une capacité améliorée à orienter les
éventail de services financiers et non financiers. ressources vers les programmes de dévelop-
pement et les services de base. Dans les 18
Gouvernance et responsabilité pays où la Banque a accompagné les réformes
du secteur privé, le temps requis pour créer
Les gains soutenus en matière de gouvernance une entreprise a diminué de 43 jours en 2005
amélioreront l’aptitude de l’«  État capable  » à à 23 en 2011, l’investissement direct étranger
assurer la qualité de la croissance. La Banque, net a augmenté, passant de 4 % du PIB à 6 %.
de concert avec d’autres bailleurs de fonds, En tant qu’institution africaine crédible sur
appuiera les initiatives qui renforcent la respon- tout le continent, la Banque appuiera les initia-
sabilité pour la prestation des services essen- tives africaines visant à suivre la transparence
tiels et aidera les pays à mieux gérer leurs et la bonne gouvernance, et sera plus impli-
ressources naturelles pour financer une plus quée dans le Mécanisme africain d’évaluation
grande diversification, la compétitivité et l’em- par les pairs. Elle soutiendra les initiatives des
ploi productif. citoyens qui tiennent les gouvernements et
les prestataires de services comptables d’une
De 2008 à 2011, la Banque a consacré à des meilleure prestation. Elle s’emploiera à renfor-
opérations de gouvernance plus de 22  % de cer la capacité et l’influence des parlemen-
ses ressources en vue de renforcer la capacité taires, en particulier pour les comités chargés
et l’aptitude des institutions d’État. Ce niveau des comptes publics et des budgets. Elle en
de ressources était supérieur à l’objectif de la fera de même pour les organisations de l’État
Stratégie à moyen terme, et les investissements et de la société civile qui se consacrent à la
dans la gouvernance devraient se poursuivre lutte contre la corruption, à la transparence
au cours des prochaines années. Les straté- dans les industries extractives et à la responsa-
gies de la Banque par pays et par région seront bilité en matière de dépenses publiques et de
axées sur l’amélioration de la gouvernance et prestation de services. Au titre de son action de
de la responsabilité. L’évaluation récente des renforcement des capacités, la Banque aidera

19
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

les pays membres régionaux à consolider leur stratégique avec la société civile, le secteur
capacité de gestion de la dette, pour leur per- privé et les institutions régionales et internatio-
mettre d’élaborer, adopter et mettre en œuvre nales en vue d’améliorer la gouvernance des
les politiques d’emprunt prudentes, visant ressources naturelles.
à garantir la viabilité à long terme de la dette Afin de soutenir la transparence dans la
publique. gestion des ressources naturelles, des contrats
Au titre de sa La gestion des finances publiques continue équitables et la responsabilité, la Banque ren-
stratégie de croissance de poser un défi de taille pour de nombreux forcera la capacité et la portée de la Facilité
inclusive, la Banque pays membres régionaux, et la Banque peut africaine de soutien juridique. L’Initiative pour
jouer un rôle utile dans le domaine de la passa- la transparence dans les industries extractives
renforcera les activités
tion des marchés et de l’audit, plus particulière- représente une première mesure utile, mais il
de promotion de la
ment dans les États fragiles où d’autres dona- faudrait consolider les cadres réglementaires
gouvernance pour les teurs ont du mal à fournir des financements et la capacité de négociation des contrats pour
industries extractives prévisibles. La Banque coordonnera son aide faire en sorte que cette génération et les géné-
et l’investissement avec celle d’autres donateurs, pour garantir une rations futures jouissent d’avantages durables
dans les infrastructures approche intégrée sans faire double emploi. procurés par la vaste base de ressources du
connexes Elle élargira son approche en matière de ges- continent.
tion des finances publiques, pour s’intéresser Le nouveau cadre de promotion de la gou-
aux domaines suivants : vernance de la Banque indique la manière dont
• Gouvernance sous l’angle de la demande. elle accompagnera les efforts de l’Afrique pour
La Banque s’attachera davantage à renfor- améliorer la gouvernance et utiliser les res-
cer les moyens des acteurs non étatiques sources à des fins de développement inclusif.
pour leur permettre de participer aux méca-
nismes de responsabilisation. Qualifications et technologies
• Décentralisation des finances publiques.
Afin d’améliorer la gouvernance locale, la Pour promouvoir la croissance inclusive, la
Banque appuiera la demande croissante de Banque aidera la jeunesse africaine à renforcer
gestion renforcée des finances publiques les compétences afin de trouver des emplois.
au niveau infranational.
• Mobilisation des ressources intérieures. La À l’horizon 2020, 250 millions d’Africains seront
Banque aidera les gouvernements à mobi- âgés de 15 à 24 ans : le défi auquel l’Afrique est
liser davantage de ressources intérieures et confrontée ne consiste pas seulement à créer
à développer des systèmes sains de ges- des emplois assez rapidement pour faire face à
tion des finances publiques. cet accroissement démographique, mais aussi
Au titre de sa stratégie de croissance inclu- à doter chacun de compétences nécessaires
sive, la Banque renforcera les activités de pro- pour faire partie de la main-d’œuvre productive.
motion de la gouvernance pour les industries Il existe un décalage entre les compétences
extractives (mines, eau et foresterie) et l’inves- produites par le système d’éducation et celles
tissement dans les infrastructures connexes qui sont recherchées par le secteur privé. La
(eau, énergie, routes et transport). Pour conseil- qualité de l’éducation laisse souvent à désirer :
ler davantage les industries extractives en les aptitudes de lecture et de calcul des élèves
matière de contrats, de valeur ajoutée locale africains sont les plus faibles au monde. Afin
et d’utilisation durable des flux de ressources, de répondre aux demandes en évolution rapide
il faudra introduire des réformes au plan des des économies africaines, le système d’éduca-
politiques et des institutions et renforcer la tion doit renforcer les compétences dans les
gestion environnementale et sociale. Il faudra professions classiques (enseignants, infirmiers
également des partenariats et l’engagement et juristes, par exemple) et dans les sciences,

20
L’approche stratégique de la Banque

la technologie, l’ingénierie et les mathéma- capital humain qui est en phase avec les objec-
tiques. De même, il faudrait de toute urgence tifs et l’orientation de cette Stratégie décennale.
renforcer les compétences nécessaires pour
les microentreprises et les petites et moyennes Domaines d’intérêt particulier
entreprises.
La Banque axera son programme de déve- Dans son action au titre de chacun des cinq
loppement des compétences sur l’investisse- priorités opérationnelles de base, la Banque La Banque axera
ment dans les technologies et les sciences. mettra l’accent sur les États fragiles, l’agricul- son programme de
Afin d’augmenter l’offre de main-d’œuvre quali- ture et la sécurité alimentaire et le genre. développement
fiée, la Banque renforcera son aide en faveur de
des compétences
la formation technique et professionnelle liée à États fragiles
sur l’investissement
des besoins précis du marché du travail, dans L’action de la Banque est guidée par les Prin-
les secteurs tant formel qu’informel, notam- cipes de 2007 pour l’Engagement international dans les technologies
ment les compétences en matière de création efficace dans les États fragiles. Certes la fragi- et les sciences
de petites entreprises. Elle appuiera également lité varie d’un pays à l’autre, mais les principales
des programmes permettant aux femmes de caractéristiques demeurent les mêmes  : un
s’inscrire dans les disciplines techniques et passé marqué par le conflit, la violence et l’insé-
scientifiques. curité, des institutions faibles, une gouvernance
La Banque créera un mécanisme de pro- économique et administrative laissant à désirer
motion de la gouvernance pour appuyer l’édu- et l’incapacité à fournir des biens publics de
cation, mettant l’accent sur l’innovation et l’en- manière satisfaisante, efficace et équitable. Les
trepreneuriat. De nouvelles approches viseront retombées économiques et sociales négatives
à améliorer l’éducation et à faire concorder sur les pays voisins peuvent enflammer des
plus étroitement l’offre et la demande de main- régions entières, comme on le voit au Sahel et
d’œuvre qualifiée afin de faire face au problème dans la Corne de l’Afrique. Aussi est-il souvent
du chômage des jeunes. plus utile d’aborder la fragilité dans une pers-
Pour aider les pays à éliminer les obstacles pective régionale que d’adopter une démarche
au commerce et à la mobilité, la Banque renfor- centrée sur un pays.
cera la recherche scientifique et l’innovation par En 2008, la Banque a élaboré une straté-
les réseaux africains d’excellence. Elle contri- gie institutionnelle d’engagement accru dans
buera à la création de réseaux d’innovation les États fragiles et en situation de conflit pour
dynamiques avec des liens au plan mondial et adapter ses opérations à leurs besoins. Depuis
à la mise en place des programmes de mento- lors, elle a ouvert des bureaux dans cinq autres
rat (faisant appel à la diaspora) pour préparer la États fragiles, ce qui en porte le total à 11. Elle a
prochaine génération d’entrepreneurs. fourni une aide financière de l’ordre de 2,5 mil-
En tant que courtier du savoir, la Banque liards de dollars EU, construit 850 kilomètres
aidera les gouvernements africains à renfor- de routes de desserte, rénové 1 100 marchés
cer les compétences dans les professions ruraux, amélioré 26  000 hectares de terres
classiques ainsi que dans des domaines tels agricoles, creusé et remis en état 3 000 forages
l’ingénierie, la recherche et la science et les et formé 6  000 agriculteurs (dont 60  % de
technologies pour accompagner le développe- femmes) aux techniques agricoles et à l’utilisa-
ment politique, social et économique en évolu- tion des sols. Des programmes de microfinance
tion rapide du continent. Les universités et les ont permis de créer 120 000 microentreprises,
centres régionaux de formation professionnelle profitant à plus de 2,7  millions de personnes
seront au centre de cet effort. En vue de mettre dans les économies fragiles.
ce programme en œuvre, la Banque dispose Forte de son expérience, la Banque affi-
d’un nouveau Cadre de développement du nera sa démarche dans les États fragiles en

21
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

vue de fournir une aide plus globale allant étroitement engagée sur le terrain et exploitera
au-delà des concours financiers. Elle adoptera plus rapidement les possibilités de changement
une « approche de continuum » qui consistera qui pourront se présenter. Elle sera plus sen-
à ne pas se limiter à un pool prédéterminé sible à la dynamique de l’économie politique et
de pays. Elle pourra ainsi intervenir plus faci- des conflits et échangera davantage de don-
lement dans les situations de fragilité et non nées d’expérience sur les différents pays. Elle
Forte de son plus uniquement dans les États fragiles, et adoptera une démarche pratique en matière de
expérience, la Banque renforcer des États capables, sous-tendus par renforcement des capacités institutionnelles.
affinera sa démarche des institutions solides, efficaces, formées et Au nombre des principales priorités figureront
transparentes (aussi bien celles de l’État que la sécurité, le renforcement des capacités, la
dans les États fragiles
celles de ses partenaires pour la prestation de création d’emplois et la fourniture d’infrastruc-
en vue de fournir
services), qui soient en mesure de promou- tures de base. La Banque accordera une atten-
une aide plus globale voir la réalisation d’une croissance inclusive. tion particulière à la coordination avec les bail-
allant au-delà des La Banque étudiera les possibilités d’élargis- leurs de fonds afin de faciliter son action dans
concours financiers sement de son cadre d’analyse visant à com- les États fragiles. De même, elle réexaminera
prendre la fragilité des États et ses dimen- ses procédures pour faire en sorte que les
sions et retombées régionales, évaluera les États fragiles bénéficient au maximum de l’aide,
différents objectifs de développement et les tout en maintenant la meilleure gestion possible
besoins d’édification de l’État et de consolida- du risque.
tion de la paix des États fragiles et élaborera
des programmes d’aide qui répondent à ces Agriculture et sécurité alimentaire
besoins de manière efficace et efficiente. Les Des interventions multisectorielles soute-
études d’analyse et les produits de savoir de nues et une approche intégrée de la chaîne
la Banque contribueront à faire mieux com- de valeur seront nécessaires pour libérer le
prendre les causes de la fragilité et les moyens potentiel agricole de l’Afrique et faire face à
d’édifier des États dotés des capacités de l’insécurité alimentaire (Figure 4). L’agriculture
résilience. représente l’épine dorsale de l’Afrique et elle
En intervenant dans les États fragiles et est très prometteuse pour la croissance future
les situations de fragilité, la Banque restera et la création d’emplois. Ce secteur emploie

Figure 4 Les investissements de la Banque dans les infrastructures appuient la chaîne de valeur
dans l’agriculture et renforcent la sécurité alimentaire – de l’exploitation agricole à la
bouche

Intrants/R&D Production Transformation Logistique Commercialisation


Irrigation

Rôle Unités communautaires


de la Stockage
Banque
Marchés ruraux
Routes rurales
Production et distribution d’électricité

• Accès amélioré aux • Productivité accrue • Ajout de valeur • Accès accru aux • Sécurité alimentaire
Résultats semences et engrais • Vulnérabilité aux chocs • Pertes post-récoltes marchés renforcée
climatiques réduite réduites • Revenus agricoles
renforcés

22
L’approche stratégique de la Banque

65 à 70  % de la main-d’œuvre africaine et La Banque renforcera également les parte-


représente près du tiers du PIB du continent. nariats et la complémentarité avec d’autres
Les femmes représentent plus de la moitié des donateurs et institutions de financement, par
agriculteurs en Afrique et produisent 90 % des le biais de programmes comme le Programme
denrées alimentaires du continent. La promo- détaillé pour le développement de l’agriculture
tion de la production agricole constitue par africaine.
conséquent l’un des moyens les plus efficaces L’Afrique doit
de réaliser la croissance inclusive et de réduire Genre éliminer les disparités
la pauvreté. Les inégalités entre les sexes persistent dans entre les hommes et
La principale contribution de la Banque la plupart des pays africains, et les données
les femmes pour tirer
consiste à développer les infrastructures sur les résultats en matière de genre révèlent
parti du dividende de
agricoles par le biais d’investissements dans un tableau complexe d’acquis et d’occasions
les routes rurales, l’irrigation, les installations manquées dans le développement social et la démographie lié à
de stockage et les marchés, ses domaines économique des femmes et leur situation sa jeune population
d’avantage comparatif. Elle œuvre en partena- politique et juridique. L’Afrique doit éliminer et aux énergies
riat avec des organismes spécialisés comme les disparités entre les hommes et les femmes de ses femmes
l’Organisation des Nations Unies pour l’ali- pour tirer parti du dividende de la démogra-
mentation et l’agriculture, le Fonds interna- phie lié à sa jeune population et aux énergies
tional de développement agricole et d’autres de ses femmes. C’est aux femmes et aux filles
mieux placés pour intervenir dans d’autres qu’incombe la corvée de l’eau, consistant à
composantes de la chaîne de valeur, telles passer de longues heures à la recherche de
que les semences, les engrais et la recherche l’eau à des endroits éloignés. Cette corvée
et la vulgarisation. La Banque est également se traduit par la perte des opportunités de
l’une des principales sources d’investissement scolarisation pour les filles et de participation
dans l’agriculture et l’agro-industrie. C’est ainsi à des activités économiques plus produc-
qu’en 2012 elle a lancé l’Agvance Africa Fund tives pour les femmes. Le manque d’instal-
of Funds, le premier fonds des fonds du conti- lations sanitaires adéquates dans les écoles
nent pour la chaîne de valeur agricole en vue entraîne également des taux élevés d’aban-
d’amplifier considérablement le financement don scolaire chez les filles. La ségrégation
privé. selon le genre dans les activités économiques
La Banque aidera les pays à renforcer leur et les revenus demeure généralisée sur tout
productivité agricole et leur compétitivité, en le ­continent : par exemple, les femmes dans
continuant d’investir dans les infrastructures l’agriculture exploitent des parcelles plus
rurales, par exemple, les routes rurales, l’ir- petites et ont moins accès aux facteurs de
rigation, l’électricité, les installations de stoc- production. Les disparités en matière de par-
kage, l’accès aux marchés, les systèmes de ticipation et de moyens d’action persistent  :
conservation et les réseaux d’approvisionne- par exemple, moins d’un parlementaire sur
ment. En investissant dans les infrastructures cinq est une femme, et dans de nombreux
régionales et en participant au dialogue sur pays les femmes sont victimes de discrimina-
les politiques pour éliminer les obstacles au tion juridique généralisée.
commerce en vue de faciliter l’importation de Pour réduire les inégalités entre les hommes
denrées alimentaires et de facteurs de pro- et les femmes, la Banque mettra l’accent sur
duction comme les engrais, elle contribuera la promotion de l’autonomisation économique
à atténuer l’instabilité des prix alimentaires et des femmes, le renforcement des droits juri-
à réduire l’insécurité alimentaire, afin que la diques et des droits de propriété des femmes
production excédentaire dans certains pays et l’amélioration de la gestion des savoirs et
puisse compenser les déficits dans d’autres. du renforcement des capacités.  C’est ainsi

23
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

qu’elle investira dans des infrastructures telles Le programme des objectifs du


que l’eau, l’énergie et le transport, plus par- Millénaire pour le développement
ticulièrement en milieu rural, qui libèrent le de l’après 2015
temps pour les femmes, leur permettant Dans le cadre de ses priorités opérationnelles
d’exercer des activités économiques et d’ac- et de ses domaines d’intervention prioritaires,
croître leur productivité. Par le biais de ses la Banque aidera le continent à accélérer les
Dans le cadre programmes du secteur privé, la Banque progrès vers la réalisation des Objectifs du mil-
de ses priorités s’emploiera à mettre en place des règles du lénaire pour le développement, qui constituent
opérationnelles et jeu équitables pour les femmes et à améliorer de plus en plus un programme d’action africain.
leurs possibilités économiques et leurs reve- Le continent a accompli des progrès dans la
de ses domaines
nus. Cela passe par l’amélioration de l’accès réalisation de certains de ces objectifs, mais il
d’intervention
à la finance et le renforcement des compé- reste encore à la traine du reste du monde pour
prioritaires, la Banque tences dans les domaines des sciences, des de nombreux autres. Par exemple, en 1990, un
aidera le continent à technologies et de l’entrepreneuriat. À travers sixième seulement des pauvres dans le monde
accélérer les progrès ses programmes de gouvernance, la Banque vivait en Afrique, tandis qu’à présent, ce chiffre
vers la réalisation favorisera les réformes du secteur juridique s’élève à plus de la moitié, une proportion qui
des Objectifs du qui renforcent le statut juridique des femmes risque d’atteindre les cinq sixièmes à l’horizon
et leur participation aux affaires publiques, 2025. Le Secrétaire général des Nations Unies
millénaire pour le
réduisent les disparités et la violence sexistes a lancé à l’échelle mondiale une opération visant
développement
et améliorent les droits de propriété pour les à formuler un consensus autour du programme
femmes. d’action de l’après 2015, qui tirera parti des fon-
Dans le prolongement de son rôle de pôle dements des objectifs et sera fortement axé
et de courtier du savoir, la Banque financera sur les résultats. La Banque africaine de déve-
des travaux d’analyse spécifiques au genre et loppement, la Commission économique des
des statistiques ventilées par genre qui sous- Nations Unies pour l’Afrique, la Commission de
tendent le suivi et la mesure des résultats. l’Union africaine et le Bureau pour l’Afrique du
La Banque élabore un Cadre stratégique sur Programme des Nations des Nations Unies pour
le genre pour orienter ses activités dans ce le développement ont engagé des consultations
domaine et celui du développement. Le cadre régionales et nationales avec toutes les princi-
favorisera l’égalité des sexes et l’autonomisation pales parties prenantes, afin de définir une posi-
des femmes dans l’ensemble des opérations. tion africaine commune sur le cadre de dévelop-
La Banque renforcera ses capacités internes pement pour l’après-2015, mettant l’accent sur
pour être en mesure d’intégrer les considéra- l’accès à l’infrastructure, l’inclusion et la viabi-
tions de genre dans toutes ses activités et les lité. La Banque et les principales organisations
équipes de la Banque effectueront des éva- panafricaines mèneront des actions coordon-
luations de l’impact sur le genre afin de mettre nées pour aider les Africains non seulement à
en évidence les possibilités d’aider les pays à définir le programme de développement au-delà
faire face aux disparités entre les hommes et de 2015 mais aussi pour permettre à l’Afrique de
les femmes. rattraper son retard au plan du développement.

24
Financement de la
Stratégie – Mobiliser et
démultiplier les ressources
trois
Partie

Les ressources financières de la Banque repré- l’image d’une institution souple, capable de La Banque étudiera
senteront toujours une modeste fraction des s’adapter à l’évolution des circonstances. constamment de
besoins considérables de l’Afrique. Les pres- La Banque étudiera constamment de nou- nouveaux moyens
sions exercées sur les finances publiques de veaux moyens de mobiliser des ressources
de mobiliser des
bon nombre de bailleurs de fonds traditionnels dans le paysage du développement en évolu-
ressources dans
modifient les flux internationaux de capitaux tion, éventuellement en élargissant son action-
de développement, tout comme de nouvelles nariat. Mais les options envisagées doivent le paysage du
sources de capitaux de développement prove- être examinées en tenant compte de la néces- développement
nant des économies émergentes et du secteur sité de préserver l’identité et la crédibilité de en évolution
privé deviennent plus importantes. la Banque en tant qu’institution africaine. Au
nombre d’autres possibilités pourraient figurer
L’innovation dans les guichets les prêts à faible taux d’intérêt des fonds des
existants partenaires ou les facilités de cofinancement
Le Groupe de la Banque continuera de conso- qui investissent dans des projets financés par
lider son rôle d’institution de financement du la Banque.
développement en Afrique par le biais de ses Les fonds fiduciaires mobilisent des res-
guichets BAD et FAD. Toutefois, face à l’évolu- sources supplémentaires pour le renforcement
tion des modèles de financement du dévelop- des capacités, la préparation de projets, les tra-
pement et aux nouvelles circonstances dans vaux d’acquisition des connaissances et d’ana-
de nombreux pays africains (y compris ceux lyse ainsi que pour le renforcement de l’impact
qui passent au statut de pays à revenu inter- des projets de la Banque sur le développe-
médiaire), la Banque exploitera ses différents ment. Les contributions croissantes provenant
instruments de financement en fonction des ces dernières années de l’Australie, du Brésil,
besoins et priorités de l’Afrique, et non par une de l’Inde et de la République de Corée repré-
approche fondée sur des enveloppes de res- sentent un surcroît de ressources provenant
sources et des guichets distincts. de partenaires non traditionnels. Pour rendre
L’intégration des ressources de la Banque les fonds fiduciaires plus efficaces, la Banque
et du Fonds pourrait impliquer la reclassifica- recherchera les moyens de les consolider et de
tion des pays à des fins de financement. Les les rationaliser, en mettant l’accent sur la facilité
instruments seraient liés aux besoins des pays d’accès.
et l’institution disposerait de ressources plus
flexibles pour financer les projets régionaux Expansion des sources de
sans compromettre les principes d’allocation financement
fondée sur la performance et la viabilité de la Parallèlement à ses pools de financement
dette. Une telle initiative pourrait aussi impliquer actuels, la Banque améliorera sa capacité
la promotion de synergies entre les guichets du à mobiliser de nouvelles sources au moyen
secteur public et du secteur privé, en particu- d’approches innovantes. Le moment est
lier par le biais d’opérations plus coordonnées venu d’adopter des approches audacieuses
de partenariat public-privé. Cela renforcerait et inédites en matière de financement du

25
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

développement en Afrique, en particulier dans de pays à revenu intermédiaire contribueront


l’infrastructure où la Facilité africaine de finan- davantage à la réduction de la pauvreté dans
cement de l’infrastructure pourrait permettre les pays à faible revenu et les États fragiles.
au continent de combler son immense défi- L’Égypte et l’Afrique du Sud contribuent déjà
cit. La Banque appuiera également tous les au Fonds africain de développement, mais
aspects du cycle des projets, notamment leur d’autres pays qui ont de vastes pools de liqui-
Les recettes extractives préparation. Une enquête récente auprès des dité pourraient aussi contribuer.
devraient induire la principaux investisseurs institutionnels a révélé La Banque tirera parti de son expérience
transformation du que l’Afrique a le plus grand potentiel d’investis- en matière d’émission d’obligations en mon-
sement parmi tous les marchés frontières9. La naie nationale. En identifiant et en éliminant
continent grâce à
figure 5 présente les sources de financement les obstacles au développement des marchés
l’investissement dans
que la Banque pourrait cibler pour mobiliser obligataires, l’Initiative de la Banque pour les
la compétitivité, la des ressources financières supplémentaires. Marchés Financiers Africains élargira les possi-
diversification et bilités et renforcera la liquidité pour les marchés
l’utilisation efficace Mobilisation par l’Afrique intérieurs des valeurs à revenu fixe. L’objectif
des ressources de ses propres ressources consiste à aider les marchés financiers africains
Dans la mesure où le continent regorge de à renforcer leur capacité à mobiliser de manière
ressources naturelles, les pays qui possèdent efficace et efficiente des financements à long
des industries extractives pourraient exploiter terme pour le développement de l’infrastructure
cette importante source de revenus. Si l’Afrique et le secteur privé.
a la volonté politique de mettre en place les À mesure que les pays se développent
mécanismes de gouvernance appropriés, ses et peuvent emprunter davantage auprès de
recettes extractives devraient induire la trans- sources extérieures, ils seront plus à même
formation du continent grâce à l’investissement d’émettre des obligations, y compris les obli-
dans la compétitivité, la diversification et l’utili- gations pour l’infrastructure et les obligations
sation efficace des ressources. diaspora, ouvrant ainsi de nouvelles sources
La solidarité africaine se renforcera à de financement tant sur les marchés internatio-
mesure que les pays qui passent au statut naux que sur les marchés locaux. Un noyau de

Figure 5 Sources potentielles de financement

Réserves de devises Caisses de retraite, 2010 Fonds Épargne estimative


et d’or, 2011 (total des investissements)a souverains, 2010 de la diaspora, 2009

BRIC 81
4 328 BRIC BRIC 734 BRIC Afrique 53
(Brésil, Russie, 60
398 États- Monde
Inde, Chine)
Unis
114 Afrique 398b

États- 512 Monde


Unis Afrique 10 588 États-
Unis 4 000

Monde 260 Afrique


10 817

Monde
19 339

Note : Toutes les valeurs sont en milliards de dollars EU.


a. E xcepté l’Afrique, actifs estimatifs sous gestion.
b. Diaspora des pays en développement.
Source : OCDE (2011), Africa Investors ; BAD, Triki et Faye (2011) ; Deutsche Bank (2010) ; FMI, Statistiques financières interna-
tionales (2012) ; Banque mondiale, Mohapatra et Ratha (2011).

26
Financement de la Stratégie – Mobiliser et démultiplier les ressources

base d’investisseurs nationaux devrait émerger liés à ces modes de financement peuvent être
suite à l’accroissement des pools d’épargne et gérés plus efficacement dans l’intérêt des pays
des institutions chargées de les gérer : caisses membres régionaux. À mesure qu’augmente
de retraite statutaires et non statutaires, socié- l’investissement Sud-Sud, la Banque dévelop-
tés de gestion d’actifs et fonds souverains. pera des instruments novateurs du marché de
Cette évolution appuiera le développement à capitaux tels que les émissions d’obligations
long terme et la viabilité de la mobilisation des pour l’infrastructure en Afrique. Elle élaborera
ressources sur les marchés locaux de capitaux. également pour ces nouveaux partenaires au
Les stratégies pays de la Banque définiront développement des plans intégrés de coor-
un plan de mobilisation des ressources inté- dination multidimensionnels fondés sur les
rieures pour chaque pays et donneront aux relations.
gouvernements des avis sur la manière d’inver-
ser les flux de capitaux illicites et les utiliser à Cofinancement
des fins de développement. La Banque coordonnera des mécanismes de
cofinancement avec des partenaires sur des
Financement de la lutte contre projets du secteur public comme du secteur
les changements climatiques privé, et plus particulièrement avec des institu-
Tout un ensemble de véhicules de financement tions de développement partenaires telles que
peut fournir des liquidités supplémentaires la Banque mondiale, l’Union européenne ou les
pour la transition progressive de l’Afrique vers principales institutions bilatérales de dévelop-
la croissance verte, notamment le Fonds pour pement intervenant sur le continent. Son Par-
l’environnement mondial, le Fonds d’investis- tenariat pour le financement en Afrique coor-
sement climatique et le Fonds vert pour le cli- donne le cofinancement entre les institutions
mat, qui sera bientôt opérationnel. Le Fonds privées de financement du développement.
pour l’énergie durable en Afrique de la Banque Dans le cadre de ce partenariat, un membre
fournit des capitaux de développement aux peut prendre l’initiative d’un projet donné, suivi
petits et moyens projets d’énergie propre. Les par d’autres, ce qui permet d’éviter le double
obligations vertes émises récemment par la emploi et de réaliser davantage de projets plus
Banque pourraient servir de déclencheur pour efficacement.
attirer une nouvelle catégorie d’investisseurs.
La Banque abrite également la Facilité africaine Fonds souverains et
de l’eau, l’Initiative pour l’alimentation en eau et caisses de retraite
l’assainissement en milieu rural, le Programme Recherchant des actifs à long terme, ces fonds
multidonateurs du partenariat pour l’eau et la considèrent de plus en plus l’Afrique comme
Facilité de financement de la préparation des une destination attrayante pour les investisse-
projets d’infrastructure du NEPAD. ments, l’infrastructure représentant un secteur
de choix. Des fonds souverains africains se
Économies émergentes mettent en place en Angola, au Botswana, au
Dans le paysage économique mondial en évolu- Kenya, à Maurice, au Nigeria et dans d’autres
tion, la Banque pourrait être un intermédiaire de pays pour mieux gérer la richesse intergéné-
confiance pour la mobilisation des ressources rationnelle. Ces fonds et caisses sont tenus
auprès des économies émergentes, en parti- d’investir dans leurs économies nationales
culier des BRIC. Et avec l’aide de la Banque, et autres économies africaines. En 2010, la
les problèmes de main-d’œuvre, d’environne- Banque a organisé la première Conférence des
ment, de gouvernance et de viabilité de la dette fonds souverains africains.

27
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

Investisseurs sociaux et mobiliser des financements supplémentaires,


philanthropiques mais uniquement s’ils comportent des intérêts
De nouvelles fondations philanthropiques moins élevés que les prêts. D’autres structures,
voient le jour, et avec près de 2 000 individus telles que les clauses de la déduction, peuvent
très fortunés en Afrique, leur nombre y aug- créer un effet multiplicateur pour les fonds de la
mente plus rapidement que partout ailleurs Banque et attirer le capital privé. Des proposi-
La solidité financière dans le monde10. La Banque pourrait nouer des tions d’utilisation des capitaux concessionnels
et la mission partenariats avec des fondations mondiales, pour atténuer les risques en vue de mobiliser
continentale de la des investisseurs sociaux et des fonds philan- des montants plus importants de capitaux
thropiques pour mobiliser des ressources pour commerciaux sont prêtes aux fins d’examen
Banque sous-tendront
le développement, plus particulièrement en par les pays du G-20 et d’autres partenaires. En
son rôle en matière
vue de financer des projets dans les pays. Le partenariat avec certains donateurs, la Banque
d’atténuation de « Fonds à caractère social », auquel la Banque a lancé le Fonds africain de garantie pour four-
risque en vue de participe, complète cette activité. nir des garanties aux institutions financières qui
catalyser davantage octroient des fonds aux petites et moyennes
d’investissements Mobilisation du capital de la entreprises.
Banque et de nouveaux instruments La Banque évaluera l’utilité de financer des
La Banque peut, en utilisant ses ressources, entités infranationales et municipales qui ont un
déployer plus efficacement ses instruments impact direct et inclusif sur la qualité de vie.
actuels et en mobiliser de nouveaux. Au La Banque fournira davantage de ser-
nombre des exemples figurent le recours accru vices de conseil moyennant le recouvrement
aux partenariats public-privé, aux instruments des coûts. Cette mesure améliorera sa perti-
d’atténuation des risques (garanties) qui font nence pour tous les pays membres régionaux,
participer de nouveaux investisseurs et à des en particulier ceux qui ont moins besoin de
syndications avec des institutions financières ressources. À mesure que les pays se déve-
commerciales. loppent, les modes de financement passeront
La solidité financière et la mission continen- de l’aide et des dons à des lignes de crédit et
tale de la Banque sous-tendront son rôle en des instruments de financement structuré ainsi
matière d’atténuation de risque en vue de cata- qu’au financement par actions et obligations.
lyser davantage d’investissements. Mais pour Dans la mesure où la Banque a une expertise
ce faire, la Banque doit être prête à déployer avérée en matière d’émission d’obligations sur
pleinement ses fonds propres et s’écarter les marchés internationaux de capitaux, elle
d’une approche démesurément prudente en conseillera les gouvernements africains qui
matière de risque. Des instruments d’atténua- cherchent à accéder aux marchés internatio-
tion de risque comme les garanties peuvent naux de la dette.

28
Se transformer pour
quatre appuyer la transformation
Partie

À un an de son 50e anniversaire, en 2014, la de plus de 100  milliards de dollars EU, la la Banque sera jugée
Banque africaine de développement reflète Banque est déjà le partenaire de choix pour les non pas seulement
l’imagination de ses fondateurs lorsqu’ils l’ont gouvernements africains – un fait révélé par une à l’aune du volume
conçue en juin 1962 à Monrovia – en tant qu’or- étude indépendante en 2012 par Development
de ses financements,
ganisation africaine au service des Africains. À Finance International et l’Université d’Oxford (la
mais à la manière dont
ce caractère typiquement africain, elle ajoute première jamais commandée par une banque
la sagesse, les moyens et la volonté politique multilatérale de développement). elle appuie au mieux
de ses 24 pays membres non africains, qui ont Certes les avantages qu’offrent la Banque le développement
choisi de promouvoir la vision partagée d’une et sa légitimité en Afrique sont clairement du continent
Afrique paisible et prospère. reconnus, mais étant donné les mutations que
Pour les Africains comme pour les non-Afri- connait l’environnement mondial, elle doit évo-
cains, la légitimité de la Banque réside dans luer et s’adapter pour rester pertinente et pour
son caractère africain et la place centrale qu’elle accompagner la transformation de l’Afrique.
occupe dans l’architecture africaine. Avec un La Banque doit devenir plus flexible et réactive
président africain et un personnel en grande et restée concentrée sur les résultats tout en
partie africain, mettant à profit les meilleurs maintenant les normes les plus élevées d’inté-
talents et expériences africains, un actionna- grité et de qualité. Et elle doit revoir son modèle
riat ouvert à tous les pays africains, un accent opérationnel afin de renforcer l’effet de levier de
exclusif sur le développement en Afrique et une ses ressources financières limitées.
forte présence sur l’ensemble du continent, la À l’avenir, la Banque sera jugée non pas
Banque a vocation à être un moteur de progrès seulement à l’aune du volume de ses finance-
économique et d’intégration et le porte-parole ments, mais à la manière dont elle appuie au
de l’Afrique et de son développement sur tout mieux le développement du continent. La dif-
le continent – et bien au-delà. La Banque est fusion des savoirs, l’innovation et les services
intervenue efficacement dans les environne- de conseil seront aussi importants que les
ments les plus fragiles, se forgeant ainsi une concours financiers, en particulier face aux dif-
solide expérience en matière de de réponse à ficultés de la mobilisation des ressources dans
des situations d’urgence. un environnement international marqué par le
La Banque est bien partie pour améliorer resserrement budgétaire.
son efficacité au plan du développement grâce Afin de catalyser la transformation de
à la décentralisation accrue vers ses bureaux l’Afrique au cours de la prochaine décennie, la
extérieurs, des domaines d’intervention bien Banque démultipliera systématiquement ses
définis au plan stratégique et un solide bilan propres ressources et jouera un rôle de cataly-
assorti d’une grande capacité à supporter seur en vue de mobiliser considérablement des
les risques. Tous ces facteurs ont permis à la ressources financières pour le développement
Banque de maintenir constamment sa note de de l’Afrique ainsi que des ressources natio-
crédit AAA. nales. Pour consolider le nouveau dynamisme
Éprouvée pendant plus d’un demi-siècle, et de l’Afrique, la Banque élargira ses opérations
avec des investissements cumulés en Afrique et ses services – notamment en augmentant

29
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

les financements non souverains et les ser- projets et l’identification des partenaires qui
vices de conseil et de savoir – mieux adap- ont les capacités et les compétences appro-
tés aux demandes d’une clientèle nettement priées et les unira pour trouver des solutions
différenciée. globales aux problèmes de développement, en
tant que puissant complément de ses propres
Le partenaire de choix investissements. Et elle considérera de plus en
La Banque jouera Les partenariats contribueront également à plus ces investissements comme des facteurs
le rôle de catalyseur promouvoir davantage d’activités de cofinan- de mobilisation de capitaux auprès d’un éven-
pour le financement cement et permettront de démultiplier les res- tail de partenaires, nouveaux et traditionnels,
sources limitées de la Banque. Pour faire jouer publics et privés.
et les solutions de
son effet de levier, elle mettra l’accent sur la
développement en
collaboration, la coordination, l’harmonisa- Un courtier du savoir crédible
tirant parti de ses tion et l’échange d’information avec d’autres Dans un environnement en évolution, où les
partenariats pour acteurs du développement, en vue de maxi- ressources des donateurs se font rares, le
mobiliser et mettre miser les synergies et les complémentarités. savoir peut permettre aux pays membres régio-
en contact les Les partenariats revêtiront ainsi une importance naux de tirer parti des enseignements passés et
acteurs appropriés capitale pour la capacité de la Banque à servir utiliser plus efficacement de nouvelles sources
ses clients (Encadré 3). Elle s’emploiera à établir de financement. Les consultations confirment
des partenariats plus efficaces avec ses pays que l’Afrique veut que la Banque renforce son
membres régionaux, les communautés éco- rôle de courtier du savoir honnête et crédible.
nomiques régionales et les centres africains La Banque établira un lien entre les clients et
et internationaux de savoir. Les partenariats les savoirs pertinents, en partenariat avec des
permettront également de renforcer le cofi- institutions africaines, telles que la Commission
nancement et de démultiplier les ressources économique des Nations Unies pour l’Afrique
limitées de la Banque. La Banque fournira des et le Nouveau partenariat pour le développe-
conseils et des financements liés à des pro- ment de l’Afrique et des centres de savoirs
blèmes socioéconomiques, en mettant l’ac- internationaux, tels que les Nations Unies et la
cent sur l’exécution efficace des programmes Banque mondiale, la Banque servant de plaque
et des projets. Elle collaborera également avec tournante du savoir pour les questions de déve-
les pays membres régionaux plus développés loppement de l’Afrique. À cet effet, elle devra
pour leur permettre de sortir de la dépendance renforcer la gestion interne du savoir pour faire
à l’égard de l’aide pour s’orienter vers des en sorte que les enseignements opérationnels
financements davantage axés sur le marché. sont identifiés et échangés.
Le secteur privé et la société civile seront des La connaissance de l’Afrique par la Banque
partenaires essentiels au développement. constituera une bonne base pour l’engagement
avec les nouveaux partenaires de l’Afrique.
Un catalyseur, un facilitateur Cette connaissance renforcera l’autorité de la
et un rassembleur Banque dans les débats sur les politiques au
La Banque jouera le rôle de catalyseur pour le niveau régional et les liens et les échanges
financement et les solutions de développement de données d’expérience entre les gouverne-
en tirant parti de ses partenariats pour mobiliser ments africains et le secteur privé, ainsi qu’avec
et mettre en contact les acteurs appropriés, en d’autres institutions multilatérales. La Banque
jouant, le cas échéant, le rôle de chef de file. Elle favorisera la création d’institutions nationales
est particulièrement bien placée pour catalyser et régionales de recherche et de centres d’ex-
la coopération et l’intégration régionales et les cellence, ce qui sous-tendra les partenariats en
partenariats public-privé en Afrique. La Banque matière de connaissance et permettra de déve-
jouera un rôle croissant dans la préparation de lopper des institutions capables d’améliorer

30
Se transformer pour appuyer la transformation

Encadré 3 Collaboration avec les partenaires

La Banque renforce son programme porteur de de l’Afrique australe, la Communauté économique


transformation par le biais de partenariats régio- des États d’Afrique centrale et la Communauté de
naux. Un exemple est fourni par la collaboration de l’Afrique de l’Est.
la Banque avec l’Union africaine et le secrétariat La Banque participe à une sélection de plusieurs
du Nouveau partenariat pour le développement de initiatives catalytiques, notamment celle intitulée
l’Afrique, en vue de mettre en œuvre le Programme Mettre la finance au service de l’Afrique, l’Initiative
de développement de l’infrastructure en Afrique. Un des marchés obligataires en Afrique, la Facilité du cli-
autre est la collaboration avec les ministres africains mat d’investissement en Afrique, le Mécanisme afri-
de l’énergie et les hauts cadres de ce secteur en vue cain d’évaluation par les pairs et l’Initiative conjointe
de coordonner les initiatives régionales sur le déve- de réforme budgétaire en Afrique. La Banque prête
loppement des infrastructures énergétiques, pour aussi son concours à l’Organisation africaine des
amplifier et mieux définir la position de l’Afrique sur institutions supérieures de contrôle des finances pu-
le programme vert du Sommet de la Terre Rio+20 bliques et aux Centres régionaux d’assistance tech-
de 2012 et les initiatives qui s’en suivront. Un troi- nique en Afrique.
sième exemple est offert par l’action menée par la De même, la Banque collabore avec la Commis-
Banque avec la Communauté économique des États sion économique des Nations Unies pour l’Afrique
d’Afrique de l’Ouest en vue d’élaborer un cadre pour en tant que membre du partenariat tripartite, ainsi
l’intégration de la facilitation du commerce en Afrique qu’avec l’Union africaine. Elle œuvre également avec
de l’Ouest. Et un quatrième exemple est le Conseil des partenaires bilatéraux, multilatéraux et non clas-
des ministres africains chargés de l’eau visant à réali- siques en vue de démultiplier sa contribution au déve-
ser la Vision africaine de l’eau 2025, y compris l’appui loppement en Afrique, par le biais du cofinancement,
aux organisations des bassins fluviaux et lacustres de fonds thématiques et d’initiatives bilatérales, telles
pour promouvoir le partage équitable des avantages que la Conférence ministérielle Corée-Afrique. En
de l’exploitation en commun des infrastructures de vue de promouvoir le dialogue et des partenariats et
l’eau entre les États riverains. De même, la Banque, renforcer le rôle de sensibilisation de la Banque aux
de concert avec la Communauté économique des questions de développement de l’Afrique, la Banque
États d’Afrique de l’Ouest, élabore un mécanisme de a ouvert, en 2012, un bureau de représentation pour
prise en compte de la facilitation du commerce en l’Asie et le Japon.
Afrique de l’Ouest. L’UE est le plus grand bailleur de fonds de
En collaborant avec les communautés écono- l’Afrique dans le cadre de la Stratégie commune
miques régionales, la Banque appuie le développe- Afrique-UE. Par le biais de la Facilité de soutien à la
ment de systèmes régionaux de paiement dans la paix pour l’Afrique, l’UE appuie le rôle de l’UA dans la
Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest, en tirant parti prévention et le règlement des conflits. Elle contribue
des expériences antérieures avec l’Union écono- également au Consortium pour les infrastructures en
mique et monétaire ouest-africaine. La Banque ap- Afrique (ICA) et à la Facilité africaine de l’eau (FAE)
puie également le renforcement des capacités et des et a mis en place, en 2007, le Fonds fiduciaire EU-
systèmes informatiques en vue de promouvoir l’har- Afrique pour les infrastructures. La Banque œuvre
monisation des politiques commerciales et conso- également en étroite collaboration avec des insti-
lider davantage l’intégration commerciale, en parte- tutions sœurs, notamment la Banque mondiale, la
nariat avec la Communauté économique des États Banque asiatique de développement, l’OCDE, le
d’Afrique centrale et l’Union économique et monétaire PNUD et le FMI, ainsi qu’avec d’autres organisations
ouest-africaine. La Banque contribue aussi au déve- internationales et régionales, des bailleurs de fonds
loppement et à l’harmonisation des systèmes de pas- bilatéraux, le secteur privé, les fondations, les orga-
sation des marchés publics dans la zone du Marché nisations non gouvernementales, les organisations
commun de l’Afrique orientale et australe ainsi qu’au de la société civile et les milieux universitaires. La
financement d’un programme pluriannuel de renfor- Banque a par ailleurs conclu des accords de cofinan-
cement des capacités pour appuyer la mise en place cement avec plusieurs partenaires stratégiques dont
de la zone de libre-échange tripartite prévue et qui l’Inde, la France, le Japon, la Corée et la Banque isla-
doit combiner la Communauté de développement mique de développement.

31
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

l’élaboration et la mise en œuvre des politiques sensiblement amélioré la valeur de son image
nationales. Ce processus permettra également de marque. Étant la principale institution de
de renforcer les qualifications et les capacités développement de l’Afrique, la Banque devra
de la main-d’œuvre africaine grâce à des liens devenir encore plus réactive, plus efficace et
entre la recherche et la disponibilité de diplô- plus efficiente, en particulier dans les États fra-
més qualifiés. giles. Tout en maintenant les normes de qualité
Étant la principale et d’intégrité et en renforçant les fonctions d’au-
institution de Un conseiller digne de confiance dit externe et d’intégrité, elle vise à se position-
développement Forte de son rôle de plaque tournante du ner en tant qu’employeur de choix en Afrique,
savoir, la Banque renforcera aussi son aptitude avec un personnel hautement performant,
de l’Afrique, la
à fournir des avis et des analyses aux clients. œuvrant de concert dans le cadre d’une Seule
Banque devra
Afin d’optimiser sa contribution au développe- Banque pour exceller dans l’obtention de résul-
devenir encore plus ment, elle aidera les pays membres régionaux tats. Il est foncièrement difficile de réformer les
réactive, plus efficace à tirer le meilleur parti des opportunités qui leur institutions internationales, par l’encourage-
et plus efficiente sont offertes, par exemple, leur capital natu- ment du changement de culture, l’amélioration
rel abondant, en fournissant des services de de la gestion des ressources humaines et la
conseil pour la négociation de contrats équi- rationalisation des processus opérationnels.
tables et l’utilisation avisée des recettes. Étant Les problèmes et les solutions potentielles sont
déjà un solide partenaire, la Banque fera plus bien connus, mais c’est la mise en œuvre des
pour renforcer la confiance et la crédibilité entre réformes qui détermine la réussite ou l’échec.
ses membres ainsi que les acteurs extérieurs. Les consultations avec le personnel indiquent
un désir de changement. La Banque échelon-
Un porte-parole pour le nera méticuleusement les réformes institution-
développement en Afrique nelles, en commençant par les mesures « rapi-
Institution panafricaine de financement du dement payantes  » en vue de renforcer les
développement, la Banque a un rôle unique à initiatives déjà engagées, en mettant un accent
jouer en tant que porte-parole de l’Afrique au particulier sur l’exécution et les résultats.
sein de la communauté de développement. De
concert avec les dirigeants nationaux et régio- Capacité des effectifs
naux, la Banque fera entendre davantage sa La Banque a connu un développement et une
voix au nom de l’Afrique sur les questions de décentralisation rapides, qui nécessitent du
développement, en partageant ses points de personnel nouveau avec de nouvelles compé-
vue et son expérience. De même, la Banque tences professionnelles, comportementales et
fera entendre en toute confiance la voix de en matière de leadership. Dans le cadre de la
l’Afrique dans les forums multilatéraux sur le Stratégie décennale, la Banque évaluera minu-
développement, l’architecture financière, les tieusement ses effectifs et élaborera un plan
produits de base, le commerce et sur d’autres pour aligner la demande et l’offre de qualifica-
dossiers pertinents pour l’intérêt économique tions et de compétences. Elle fera plus pour
et le développement du continent. améliorer la gestion, en mettant l’accent sur les
priorités en matière de performance, la gestion
Renforcement de l’efficacité des talents et la planification de la relève. La
institutionnelle Banque poursuivra le programme d’évaluation
La Banque a fait des progrès considérables à 360 degrés et d’autres programmes visant à
dans la mise en œuvre d’un certain nombre identifier les forces et les faiblesses des capaci-
de réformes institutionnelles et de politiques tés d’encadrement.
depuis 2006 et, comme le révèlent les résul- La Banque encouragera une culture de tra-
tats de la récente évaluation des clients, elle a vail en équipe et de collaboration, favorisera

32
Se transformer pour appuyer la transformation

l’initiative et l’innovation, en précisant les res- Processus opérationnels et budgets


ponsabilités concernant les initiatives prises L’enquête menée récemment par la Banque
et en déléguant les pouvoirs nécessaires à auprès des clients met en évidence la néces-
cet effet. Les hauts responsables sont prêts sité d’améliorer davantage les temps de
à promouvoir une culture institutionnelle axée réponse, plus particulièrement pour la passa-
sur les résultats, moins hiérarchique et mar- tion des marchés, mais aussi pour la prépara-
quée par une plus faible aversion au risque  ; tion, l’évaluation, l’approbation des projets et La Banque continuera
une culture qui valorise et encourage les per- les décaissements, afin que les projets et les de rationaliser
sonnes qui s’efforcent de faire les bons choix. programmes obtiennent plus rapidement des ses processus
Les liens entre les activités de la Banque dans résultats11. La Banque continuera de rationali-
opérationnels,
le domaine de l’infrastructure et des secteurs ser ses processus opérationnels, institutionnels
institutionnels et
comme l’agriculture et le développement et budgétaires, mettant en balance les coûts
humain sont évidents, mais des prestations en temps et en ressources et la valeur ajoutée budgétaires, mettant
mieux coordonnées pourraient se traduire par et les sauvegardes nécessaires. L’objectif visé en balance les
des solutions plus globales. Et en coordon- sera l’amélioration de l’efficacité, de la flexibilité coûts en temps et
nant les interventions souveraines et non sou- et de la réactivité. en ressources et
veraines dans les partenariats public-privé, la Les budgets seront plus souples et liés la valeur ajoutée
Banque pourrait catalyser d’importants inves- aux réalisations et résultats plutôt qu’aux res-
et les sauvegardes
tissements nationaux et régionaux dans l’in- sources et aux contrôles de la conformité. La
nécessaires
frastructure. Des équipes pays plus efficaces prise de décision concernant le budget et sa
et des stratégies par pays et par région plus gestion seront décentralisées davantage, une
détaillées et axées sur les résultats permettront plus grande latitude étant laissée aux chefs
d’identifier et de coordonner des programmes qui seront comptables de l’utilisation des res-
et des projets de collaboration. sources dans le cadre des contrats de perfor-
mance et de responsabilisation. Une meilleure
Décentralisation comptabilité analytique renforcera les liens
Le modèle opérationnel décentralisé de la entre les ressources et les résultats. Les bud-
Banque renforce sa présence sur le terrain, gets annuels s’inscriront dans le cadre d’un
ce qui lui permet d’aider les pays membres plan triennal glissant pour garantir la cohérence
régionaux et obtenir des résultats concrets. et la prévisibilité sur la période de la Stratégie.
La décentralisation implique une plus grande
participation du bureau extérieur à la mise en Infrastructure institutionnelle
œuvre des programmes de prêts et à la prépa- Le programme d’amélioration de l’infrastructure
ration de réserves de projets solides. À mesure institutionnelle aidera le personnel à s’acquitter
que se poursuivra la décentralisation, la capa- de ses tâches et fournira à l’institution les pro-
cité de prestation de services dans le pays se cessus, les systèmes et les technologies dont
renforcera non seulement dans les bureaux elle a besoin pour mener à bien des opérations
nationaux, mais aussi dans les nouveaux efficaces. Les nouvelles technologies de l’infor-
centres régionaux de ressources, qui serviront mation et de la communication constitueront
de plaques tournantes du savoir et fourniront une plateforme de connectivité robuste dispo-
une masse critique sur le terrain. Le personnel nible « partout et à tout moment ». La Banque
des bureaux extérieurs aura plus de pouvoir étudiera la possibilité d’externaliser certains
dans un cadre de responsabilisation précis. Et services de communication et autres services
les améliorations de la gestion des ressources institutionnels lorsque cela est plus rentable.
humaines et des technologies de l’information Les détails de ce changement des proces-
et de la communication appuieront un person- sus opérationnels seront présentés dans un
nel plus mobile, en particulier aux opérations. ensemble de stratégies, notamment la Stratégie

33
Au centre de la transformation de l’Afrique   Stratégie pour la période 2013-2022

de la Banque pour la gestion des personnes présentée dans les plans triennaux glissants
2013, la Stratégie des Technologies Informa- qui serviront à mettre en œuvre la Stratégie.
tiques et la nouvelle Stratégie des ressources Le suivi régulier de ces indicateurs permettra
humaines de la Banque. Ces initiatives permet- à la Banque de continuer à améliorer l’effica-
tront à la Banque d’orienter ses considérables cité et l’efficience institutionnelles. De même, la
ressources humaines et financières de manière Banque réalisera un plus grand nombre d’éva-
à favoriser la transition vers la croissance verte luations de l’impact au niveau des pays et pro-
et inclusive dans ses pays membres régionaux. cédera au suivi analytique pour mieux mettre
Elles répondent aux appels lancés par nos en évidence les résultats et les enseignements
pays membres régionaux qui nous demandent tirés des programmes et des projets. Elle ren-
d’être plus à l’écoute de nos clients, de nous forcera également sa fonction d’évaluation
rapprocher davantage d’eux et de faire preuve indépendante.
de plus d’efficacité dans nos prestations. En
un mot, le programme de réforme aura pour Mise en œuvre pratique de la
effet combiné de promouvoir de meilleures Stratégie
méthodes de travail, ce qui devrait se traduire La Banque mettra en pratique la Stratégie et
par de meilleurs résultats, pour la Banque et veillera à ce que son programme reste sélectif
pour le continent. et centré sur les domaines dans lesquels elle
jouit d’un avantage comparatif, à trois niveaux :
Privilégier les résultats institutionnel, national et régional et sectoriel
Le signe de réussite le plus immédiat et le plus (Figure 6). La Banque limitera ses opérations à
visible pour un pays membre régional est le ses cinq priorités de base, guidée chacune par
passage du statut de bénéficiaire des dons les trois domaines d’importance particulière.
du FAD à celui de bénéficiaire des prêts de Les plans triennaux glissants et les budgets
la BAD. La Banque continuera d’encourager, axés sur les résultats empêcheront la Banque
de suivre et de mettre en œuvre ce proces- de s’écarter de son orientation stratégique. Les
sus de « reclassement » progressif. Dans l’in- plans glissants définiront les objectifs opéra-
tervalle, pour maintenir le cap et atteindre ses tionnels et institutionnels pour chaque période
objectifs, la Banque doit être une organisation triennale, ainsi que les besoins de ressources
apprenante, déterminée à améliorer constam- et les résultats escomptés. Chaque année, le
ment ses performances. Le suivi des progrès Conseil approuvera le programme triennal glis-
et l’évaluation des résultats et de l’impact sur le sant, mais débloquera le budget uniquement
développement peuvent permettre de détermi- pour la première année. Guidés par les objec-
ner les domaines où une action est nécessaire. tifs et les priorités de la Stratégie décennale,
Chaque année, la Banque rend compte à les Documents de stratégie pays, élaborés en
la direction et aux parties prenantes des résul- consultation avec les départements sectoriels,
tats à tous les quatre niveaux, par le biais de occuperont une place centrale dans le pro-
sa Revue annuelle sur l’efficacité du développe- cessus de planification et de budgétisation et
ment, complétée par des Revues thématiques serviront de base à la définition des priorités et
spéciales, telles que les Revues sur l’efficacité la mise en œuvre des programmes pays. Les
du développement menées récemment sur l’in- stratégies sectorielles, servant de fondements
tégration régionale et les États fragiles. techniques aux programmes pays, feront en
L’Annexe présente un ensemble d’indica- sorte que la Banque conserve son avantage
teurs du niveau 1 qui seront suivis au cours de comparatif dans les domaines opérationnels de
la période de mise en œuvre de la Stratégie base.
décennale. Une série plus détaillée de résul- Les indicateurs portant sur tous les quatre
tats portant sur tous les quatre niveaux sera niveaux du Cadre de mesure des résultats,

34
Se transformer pour appuyer la transformation

Figure 6 Mise en œuvre de la Stratégie à trois niveaux

Niveau • Plan triennal glissant


institutionnel • Budget annuel

La Banque mesurera
sa réussite à l’aune
Mise en œuvre Niveau • Stratégies pays des changements
national et
de la Stratégie • Stratégie régionale
régional durables qu’elle
apporte à la vie des
populations africaines

Niveau • Stratégies sectorielles


sectoriel • Plans d’action sectoriels

permettront de suivre les progrès sur l’horizon Conclusion


de planification triennale reflété dans le plan L’objectif de la Stratégie de la Banque consiste
glissant, et d’évaluer l’efficacité de l’institution donc à appuyer l’ambition de l’Afrique d’être un
au plan du développement. L’exécution du pro- continent stable, intégré et prospère, avec des
gramme de travail et du budget sera évaluée à économies compétitives, diversifiées et crois-
la fin de chaque année et enrichira la prépara- santes, participant pleinement au commerce et
tion des plans et budgets ultérieurs, leur per- à l’investissement au niveau mondial, et ambi-
mettant de tenir compte d’éventuels change- tionnant de devenir un futur pôle de croissance
ments des circonstances ou des besoins des et le prochain marché émergent mondial. La
clients. La Banque non seulement traduira en stratégie traduit la vision de l’Afrique pour elle-
actes la Stratégie décennale, mais elle devra même, une vision qui est réalisable. La Banque
aussi s’aligner sur celle-ci et opérer les change- mesurera sa réussite à l’aune des changements
ments nécessaires au niveau de la direction et durables qu’elle apporte à la vie des populations
du personnel. Tout ceci fera l’objet d’examens africaines. « Au centre de la transformation de
annuels en plus de la revue à moyen terme pré- l’Afrique » telle est la Stratégie de la Banque afri-
vue de la Stratégie. caine de développement, la banque de l’Afrique.

35
Notes

1. Les pays à faible revenu aspirent au statut de pays 4. BAD, La Banque et l’agenda pour la croissance inclu-
à revenu intermédiaire, avec des indicateurs de déve- sive, 2011.
loppement humain nettement améliorés, évalués en
5. Banque mondiale, Rapport sur le développement
fonction des Objectifs du millénaire pour le dévelop-
dans le monde : Égalité des genres et développement,
pement. Les pays à revenu intermédiaire d’Afrique
2012.
aspirent quant à eux à converger avec les économies
émergentes plus avancées. 6. OIT, Indicateurs clés du marché du travail, 2011.

2. Organisation internationale du Travail, Tendances 7. Entreprise à vocation sociale s’entend d’une entre-
mondiales de l’emploi 2011, 2011. prise qui est motivée par des objectifs sociaux, mais
opère en tant qu’une entité à but lucratif. Les béné-
3. En 2007, la Banque a réuni un Panel de haut niveau
fices servent à renforcer la portée de l’entreprise et
de personnalités éminentes pour réfléchir à l’avenir du
à améliorer ses produits et services. L’entreprise à
développement de l’Afrique et au rôle de la Banque.
vocation sociale a fait ses preuves en ce qui concerne
Le panel était coprésidé par le Président Joaquim
l’intérêt qu’elle porte aux communautés défavorisées,
Chissano du Mozambique et le Premier ministre Paul
y compris les femmes et les jeunes.
Martin du Canada — avec Soumaila Cisse, Fran-
çois-Xavier de Donnea, Timothy Lankester, Emmanuel 8. Base de données de l’Organisation mondiale du
Tumusiime-Mutebile, Poul Nielson, Wiseman Nkhulu, commerce.
Ndi Okereke-Onyiuke, Judith Rodin, Jean-Michel
9. Invest AD/Economist Intelligence Unit, Into Africa:
Severino, Joseph Stiglitz et Paul Yuma Morisho en
Institutional Investors Intentions to 2016, 2012.
qualité de membres. Il a publié un rapport présentant
un ambitieux programme à long terme pour le déve- 10. Capgemini, World Wealth Report 2011, 2011.
loppement de l’Afrique et le rôle de la Banque jusqu’en
2030 ; ce rapport a posé les fondements aussi bien 11. Martin et Woods, « The Preferred Partner? A Client
pour la Stratégie à moyen terme de la Banque pour Assessment of the African Development Bank  »,
la période 2008-2012 que pour la présente Stratégie 2012.
visant la période 2013-2022.

36
Indicateurs de résultats
Annexe de la Stratégie

Résultats du niveau 1 : Suivi des progrès de l’Afrique


Valeur de
référence
Indicateur Unité de mesure (2011) Source
Croissance inclusive
Population vivant avec moins de 1,25 dollar EU par jour (PPP) % 39 BAD
PIB par habitant USD 953 BAD
Inégalité des revenus (indice de Gini) % 46 BAD
Taux de chômage total indice 11,3a OIT
Taux de chômage des jeunes indice 15,6 BAD
Taux de chômage des femmes indice 17,4a OIT
Pays fragiles % 31 BAD
Croissance verte
Empreinte écologique gha 1,4 Global Footprint Network
Personnes touchées par les catastrophes naturelles Centre de recherche sur l’épidémiologie des
(y compris les décès) millions 22,6 catastrophes
Infrastructure
Accès à l’infrastructure moderne % du total des routes ; densité des routes ; densité
des chemins de fer ; tonnage portuaire ; capacité
aéroportuaire 23,4 BAD
Accès à l’électricité % de la population ayant accès 36,8 BAD
Accès aux sources d’eau % de la population ayant accès 66,0 Programme de suivi conjoint OMS/UNICEF
Accès aux installations d’assainissement améliorés % de la population ayant accès 41,0 Programme de suivi conjoint OMS/UNICEF
Développement des ressources en eau % des ressources en eau annuelles renouvelables
mobilisées 5,0 AMCOW
Accès accru à la téléphonie mobile abonnements au téléphone par 100 personnes 61,4 Union internationale de télécommunications
Accès aux services téléphoniques par 1000 559 UIT
Accès au service haut débit abonnés par 100 personnes 3,95 UIT, GSMA et Internet World
Intégration régionale
Commerce intra-africain % du total du commerce africain 10,4 BAD
Part de l’Afrique du commerce mondial % 3,1 BAD
Développement du secteur privé
Classement de l’Afrique sur l’indice de compétitivité mondiale 1à7 3,6 Centre pour la compétitivité mondiale
IDE en Afrique % de l’IDE mondial 2b Ernst & Young
Part du secteur privé de l’investissement total % 63 BAD
Crédit intérieur au secteur privé (proportion du PIB) % 78 BAD
Gouvernance et responsabilité
Note moyenne des indicateurs de gouvernance dans le monde –2.5 à 2.5 –0,6c Banque mondiale
Sécurité et État de droit 1 à 100 53 Fondation Mo Ibrahim
Participation et droits humains 1 à 100 45 Fondation Mo Ibrahim
Qualifications et technologies
Proportion d’étudiants de l’enseignement supérieur en
sciences, technologies, ingénierie et mathématiques % 29,9c UNESCO
Utilisateurs de l’Internet % 16 BAD

Note : Cet ensemble de résultats indicatifs du niveau 1 suit les progrès de l’Afrique sur la base des principaux indicateurs de développement. La Banque suit ces résul-
tats au moyen du cadre de mesure des résultats à quatre niveaux, qui est en cours de révision et sera présenté dans chaque plan triennal glissant. Un solide cadre de
mesure des résultats permet à la Banque de mettre en évidence ses contributions au développement de l’Afrique sur plusieurs plans. Il lui permet d’assurer une gestion
axée sur les objectifs et de rectifier le tir, le cas échéant, pour améliorer l’efficacité. Conformément aux bonnes pratiques internationales, la Banque suit les résultats
et en rend compte en utilisant un cadre à quatre niveaux. Les indicateurs du niveau 1 suivent les progrès enregistrés en Afrique dans la réalisation des priorités à long
terme en matière de croissance inclusive et verte. Le niveau 2 mesure la contribution des opérations de la Banque aux résultats au plan du développement en Afrique.
Le niveau 3 évalue la qualité et l’efficacité des opérations de la Banque. Et le niveau 4 mesure l’efficacité avec laquelle la Banque, en tant qu’organisation, appuie et
exécute les opérations. La sélection d’indicateurs suppose que des résultats mesurables et robustes seront régulièrement obtenus de sources crédibles. Ces résultats
sont également suivis et actualisés régulièrement par les diverses sources.
a. L
 es données se rapportent à 2008. b. Les données se rapportent à 2009. c. Les données se rapportent à 2010.
37
www.afdb.org

Vous aimerez peut-être aussi