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Lecture analytique n°15

Références : Jean de LA FONTAINE – Fables (1668) – Le loup et le chien, livre I, 5

Titre de la L.A. : Vivre à la cour : une dénonciation ou une aspiration ?

Situation de l'extrait : Cette fable constituée d'octosyllabes (huit syllabes), de décasyllabes (dix
syllabes) et d'alexandrins (douze syllabes) à rimes croisées (ABAB) [vers 1 à 4 puis 29 à 39], plates
(AA, BB) [vers 5 à 17] puis embrassées (A, BB, A) [vers 18 à 25] ayant pour origine l'écrivain grec
ESOPE (VII ème et VI ème siècles avant Jésus-Christ), le poète comique latin TERENCE (environ
-190 / -159 avant Jésus-Christ) puis le fabuliste latin PHEDRE (-10 avant Jésus-Christ, environ l'an
54), véritable apologue (=narration à visée argumentative et didactique [=enseignement] dont on
tire une morale), aborde une sujet intemporel : l'opposition entre liberté et servitude (=soumission à
une autorité). Nul doute que Jean de LAFONTAINE fait ici allusion à sin statut d'artiste
indépendant et à certains de ces contemporains - tel MOLIERE – qui bénéficient certes d'une rente
(=revenu annuel) mais ont des obligations vis à vis du souverain (Louis XIV)

Axe de lecture n°1 : Un être en quête de nourriture et de son rang [être artiste reconnu par la
cour]
----> ​Une situation de besoin

*Une apparence d'emblée révélatrice :​ « Un loup n'avait que les os et la peau » (v.1) révèle une
silhouette chétive. => L'EXPLICATION nous est donné dès le ver 2 « tant les chiens faisaient
bonne garde » (v.2) rappel combien ceux qui longent au palais et assurent une protection au roi
profitent des largesses de la cour tandis que le peuple cri famine.

*Un contexte spatial :​ « quitter les bois » (v.15) CONNOTE ce lieu où se réfugies les marginaux et
autres bannies [peut-être ceux qui sont exclus de la cour] de la société. => On peut y voir un CLIN
D'OEIL au lecteur puisque Jean de LA FONTAINE a été initiale Maître des Eaux et Forêts de 1652
à 1672 avant d'être enfin reconnu comme artiste par le roi dans les années 1680.

*Des informations détournées :​ « Vos pareil » (v.16) décrit en terme PEJORATIF : « Les
misérables » (v.16) / « les cancres » (v.17) (individu méprisables), « les hères » (v.17) / « Les
pauvres diables » (v.17) soit ceux que l'on assimile à ce loup en prenant soin de ne pas le nommer.
[il ne s'agirait pas de provoquer un affrontement avec cet animal habituellement dangereux].

*Un avenir sombre :​ « dont la condition est de mourir de faim » (v.18) annonce ce qu'il adviendrait
du loup ou de l'artiste si on lui refusait indéfiniment une protection. => Le chien a ici la volonté de
proposer une solution, lui adresse la parole « Venez avec moi : vous aurez un bien meilleur destin »
(v.21) qui conviendra toutefois d'examiner. [nous nous doutons que si une rente est offerte, il y aura
service à rendre en retour]

CP 1 : Ce loup semble bien misérable tel un artiste qui, faute de reconnaissance [rente octroyée par
le roi (=accordée à titre de faveur) ou de travail [un écrivain vit de se ventes, or celles-ci ne peuvent
se multiplier que si elles ont reçu l'assentiment (=l'approbation) du souverain], n'aurait pas de quoi
subsister.

---->​ Un rang impossible à tenir ou obtenir [sa supériorité de loup / la reconnaissance du roi
autant qu'artiste]
*Une apparition à priori privilégié : ​Depuis le titre dans le PARA TEXTE et au ver 1 le loup semble
s'imposer sur le chien d'autant que le 1er connote un animal sauvage qui inspire la crainte.

*Des appellations certes valorisante :​ « Sir »(v.6) [L'ALLUSION EST IRONIQUE puisque le
souverain ne saurait avoir une telle silhouette chétive] « beau sir » (v.13) (notons une MISE EN
RELIEF par la REPETITION) laisserait entendre une quelconque prestance, un aspect imposant
alors qu'il n'en est rien [notons un procédé CONCESSIF employé par le chien avant de le dénigrer,
de le discréditer, de le critiquer

*De l'éducation : ​« entre en propos » (v.11) / « lui fait compliment » (v.11) / « admire » (v.12) ces 3
citations révèlent politesse mais aussi envie.

*Mais une absence de force et de pouvoir : ​« l'attaquer le mettre en quartier » (v.) / « lui fait
volontiers » (v.6) (notons la situation HYPOTHETIQUE dans l'emploie du mode
CONDITIONNEL) indiquent combien cet animal sauvage est en réalité ici en position
d’inférieurement « mais il fallait livrer bataille » (v.7) / « le mâtin (chien de garde imposant) était de
taille » (v.) / « à se défendre hardiment » (v.9) toutes ces citations nous apporte une
EXPLICATION REVELATRICE sur le peu de capacité de ce loup à se défendre ou à attaquer. =>
Notons l’expression « l'aborde humblement » (v.10) renforcé par la CONJONCTION DE
COORDINATION « donc » [humour]

CP 2 :

Axe de lecture n°2 : un être bien portant mais qui ne saurait oublier son rôle [être au service
du roi]
---->​ Une situation enviée

*Une noble appartenance (un pedigree) :​ « un dogue » (v.3) souligne d'emblée que ce chien de race
réputé pour ça force (sa mâchoire puissante) n'a pas été choisi au hasard pour assurer la protection
du souverain. => peut-être Jean de LA FONTAINE fait-il allusion ici à sa propre appartenance à la
noblesse qui pourrait légitimer son entré dans la cour

*Une description méliorative ​: « puissant », « beau » (v.3) / « gras » (v.4) « poli » (v.4) (soyeux, de
bonne apparence) / « en bon-point » (v.12) ces citations présentent avec un CHAMP LEXICAL de
la prestance cet animal remarquable

*Des propos présomptueux, suffisant, prétentieux : Notons tout d’abord une


PERSONNIFICATION par l'emploie du DISCOURS DIRECT « d'être aussi gras que moi » (v.14)
souligne la fierté d'être plus que bien nourrit tant disque « franche lippée (repas gratuit dont on
abuse) » (v.19) puis « tout à la pointe de l’épée » (v.20) révèle de l'assurance voire même légèreté,
manque de droiture et de sérieux à profiter outrageusement des biens royaux.

*Des conditions idéales :​ ceux qui entrent à la cour bénéficie d'une rente appréciable « votre
salaire » (v.26) / « sera force reliefs » (v.27) // Une nourriture de qualité « os de poulet, os de
pigeon » (v.28) / « mainte caresses » (v.29)

*Un public conquit :​ « le loup déjà se forge une félicité (bonheur extrême) » (v.30) « qui le fait
pleurer de tendresse » (v.31) Ces deux expressions indique combien il peut être bouleversant de
s'imaginer rejoindre le cercle très fermé des courtisans. [se sera le rêve de toute une vie pour JDLF]
CP 3 :

---->​ Une liberté pourtant compromise

*La veut de quelque vase besogne :​ « donner la chasse au gens » (v.23) / « portant bâton et
mendiants » (v.24) [Il s'agit de refuser l’aumône et de poursuivre les miséreux] « flatter ceux du
logis, à son maître lui complaire » (v. ) [on hésite pas à la cour à mentir et à se soumettre]

*Des propos évasifs :​ Notons la PERSONNIFICATION par l'emploie du DISCOUR DIRECT


« presque rien » (v.23) / « rien » (v.23) / « peu de chose » (v.33) / « pas toujours » (v.37) Toutes ces
expressions révèlent une gène, un aveu difficile.

*Un indice d'importance :​ « le col pelé » (v.32) => Le chien doit bien avouer qu'il s'agit bien des
marques laissés par le port d'un « collier » (v.34) ce sont bien des CONNOTATIONS de
dépendance voire d’esclavage

*Un terme choisi :​ « c'est attaché » (v.34) joue sur les mots : le chien l'est physiquement
(soumission) mais aussi moralement (toutes désobéissance lui ferait perdre sa protection ; ce chien
est donc dépendant de son maître.

*Un publique perdu :​ « et ne voudrait pas même à ce prix un trésors » (v.40) souligne la
déconvenue, la déception du loup

*Un épilogue :​ « Cela dit, maître loup s'enfuit et cour encor » (v.41) conclut l'aventure par une
réhabilitation de l'animal en état de faiblesse qui, à défaut de nourriture, conserve un bien précieux :
la liberté.

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