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Votre cerveau

Michel Cymes
pHgpHg (2017)

Étiquettes: Santé

Quand la tête va, tout va !« Et pour que


tout aille bien, il ne tient qu’à vous, sans
bouleverser votre existence, de tenir compte
des multiples conseils qui figurent dans ce
livre. Cette prise de conscience peut s’opérer
dès maintenant, quels que soient votre âge et
votre état de santé. Pas de révolution, juste
de petits aménagements. Agissez sur votre
alimentation, revoyez certaines de vos
habitudes, prenez le temps de faire travailler
votre mémoire ! Ainsi vous chouchouterez
votre cerveau. L’enjeu ? Que votre vie soit
belle tout simplement. »M. C. « On s’arrache
l’ordonnance du docteur Cymes. »Le Parisien «
Vivez mieux et plus longtemps est un livre
sérieux, un guide de la santé pour les nuls
plein d’astuces. »Libération
Couverture François Supiot
Photo de couverture : © Nathalie Guyon
© Éditions Stock, 2017
ISBN 978-2-234-08234-2
DU MÊME AUTEUR

Hippocrate aux enfers, Stock, 2015


Vivez mieux et plus longtemps, Stock, 2016
Un jour, j’ai entendu Carla Bruni prétendre
que son mari avait six cerveaux. Eh bien sachez
qu’elle ne dit pas la vérité ! Diplômé de la faculté
de médecine de Necker, ayant suivi avec une
exemplaire assiduité tous les cours d’anatomie et
procédé moi-même à nombre de dissections, je
puis affirmer ici que les assertions de l’ex-
mannequin sont fausses : six cerveaux, c’est au
moins cinq de trop… Donc l’homme n’a qu’un
cerveau et à ce titre, il se doit d’en prendre soin.
Du cerveau, Woody Allen avoue que c’est son
second organe préféré ! Je vous laisse imaginer ce
qu’il a en tête lorsqu’il dit ça… Blague à part, le
cinéaste a raison de se préoccuper de cet organe
phare. Car si le corps humain était un aéroport, le
cerveau en serait la tour de contrôle. C’est simple,
tout, absolument tout, passe par lui. C’est lui qui
reçoit les informations transmises par nos 5 sens
(la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher), c’est
encore lui qui les interprète et c’est toujours lui
qui propose une réponse en « ordonnant » au
corps de réagir de telle ou telle manière. Donc, si
le cerveau ne fonctionne pas normalement, c’est le
crash assuré pour pas mal d’organes et la plupart
de nos fonctions. En revanche, s’il tourne à plein
régime, il accomplit des miracles. Il enchante. Il
fascine. Jusqu’aux chercheurs qui n’en finiront
jamais d’appréhender ces 1 500 grammes de
matière grise et de mystère, un mystère dont
l’épaisseur, infinie, diminue petit à petit au gré
des découvertes de ceux qui planchent sur le
fonctionnement de cet organe à propos duquel
nombre de faussetés ont circulé. Il a été dit que
nous n’utilisions que 10 % des capacités de notre
cerveau. C’est faux. Il a été dit que notre stock de
neurones se constitue une bonne fois pour toutes à
la naissance. C’est également faux puisque nous
savons depuis peu que nous en fabriquons durant
toute notre vie. D’où la nécessité de ce livre, qui
comporte quatre chapitres composés de textes
plus ou moins concis.

Le premier chapitre concerne l’alimentation.


C’est l’une des choses les moins connues du grand
public : elle influe grandement sur le
fonctionnement du cerveau, qui a besoin d’être
correctement nourri. Vous découvrirez qu’il faut
privilégier certains aliments car ils sont plus
efficaces que d’autres. Vous comprendrez
pourquoi le fer dont regorgent des aliments aussi
variés que les huîtres, le porc, les abats, le tofu ou
le sésame est essentiel au bon fonctionnement de
vos neurones. Je vous démontrerai, entre autres
choses, qu’il y a un lien entre la santé de vos
artères et celle de votre cerveau. Et, si vous le
voulez bien, nous irons ensemble faire les courses
au supermarché où, sans que vous en soyez
toujours conscients, votre cerveau est parfois sous
l’emprise du marketing.

Le deuxième chapitre est le plus dense du


livre. Il claironne que le cerveau a besoin de
bonnes habitudes. Il passe au tamis de notre mode
de vie occidental des sujets aussi essentiels que le
sommeil, le rapport aux écrans, le stress, la notion
de bonheur, le sport, la culture, les addictions…
Tous ont un lien avec notre cerveau, donc notre
bien-être. Le sommeil ? Notre cerveau a besoin de
sa dose. Il faut comprendre comment il se
décompose. Vous verrez qu’on peut dormir 6
heures et être en meilleure forme que si l’on
roupille pendant 7 heures ! Les écrans ? Qu’ils
ramollissent notre cerveau n’est pas une fatalité :
il suffit de savoir les utiliser. Ce livre donne des
conseils et explique comment se désintoxiquer si
on s’est laissé bouffer et envahir. Le stress ? Un
des ennemis intimes du cerveau ! Il existe
cependant mille recettes d’une simplicité
enfantine pour le réduire, voire s’en débarrasser.
Tenez… Dire « Bonjour ! » ou dire « Non ! »
réduit le stress, je vous en ferai la
démonstration… Le bonheur ? Vous apprendrez
qu’en la matière, tout passe par le cerveau plus
que par le porte-monnaie… Vous constaterez que
l’engagement, le sens et l’art de se fixer des
objectifs atteignables résolvent bien des
problèmes. Je vous donnerai quelques clés pour
débloquer votre optimisme et venir à bout d’une
communication verrouillée. Savez-vous que si
vous dites à votre enfant : « Tu m’agaces quand tu
ne ranges pas ta chambre », il ne changera rien à
ses habitudes. En revanche, si vous lui dites : « Je
suis agacé quand je vois des affaires traîner dans
ta chambre parce que j’ai besoin de vivre dans un
univers ordonné », il sera sensible à votre
demande et, ô miracle, rangera peut-être sa
chambre ! Il y a des raisons à cela : je vous les
détaille dans ce livre. Le sport ? La culture ? Vous
découvrirez les raisons pour lesquelles notre
cerveau en a besoin pour se développer. Quant
aux addictions, vous saurez qu’il est possible de
les éviter, à commencer par l’addiction à l’alcool,
dont nous suivrons le cheminement dans le
cerveau, une balade paradoxalement amusante…

Dans le troisième chapitre, nous explorerons


les méandres de la mémoire. Vous y apprendrez
qu’elle siège dans notre cerveau et que nous avons
tous, je dis bien tous, des capacités insoupçonnées
pour la fortifier. Il suffit juste de connaître les
bonnes méthodes et de les appliquer. Je vous en
dévoilerai certaines dont l’une, stupéfiante
d’efficacité, m’a été enseignée par le champion de
France de la discipline. Je prends le pari que la
lecture de ce chapitre redonnera confiance à
celles et ceux qui croient avoir un morceau de
gruyère à la place du cerveau et vous incitera à
poursuivre votre apprentissage, tant vos progrès
seront spectaculaires…

Enfin, le quatrième et dernier chapitre vous


obligera à admettre qu’il est inéluctable que le
cerveau vieillisse mais qu’il est possible de
ralentir ce processus naturel. Nul n’est à l’abri de
la maladie d’Alzheimer, d’un accident vasculaire-
cérébral ou d’une dépression. Mais chacun
d’entre nous doit savoir qu’il a toutes les cartes en
main pour retarder leur survenue, voire y
échapper. Quels sont les symptômes de ces
maladies ? Comment les repérer ? Que faire si
elles surviennent ? Comment anticiper ? Je
réponds à toutes ces questions, tout en m’attardant
sur un problème plus collectif : la baisse du
Quotient Intellectuel moyen en France et dans
d’autres démocraties occidentales. Une première,
actée par une étude universitaire qui met en cause
la pollution et la malbouffe, ce qui nous renvoie
au premier chapitre du livre…

Face à cela, peut-on agir ? Oui ! Mille fois oui


! Dans mon précédent livre, je vous démontrais
que, quel que soit votre âge, vos carottes ne sont
jamais cuites et je vous dévoilais les recettes pour
vivre mieux et plus longtemps. L’accueil que vous
lui avez réservé m’a profondément touché et flatté.
Il a aussi confirmé mes certitudes : en matière de
santé, il existe une attente à laquelle on peut
répondre de manière ludique, décontractée,
sérieuse et pratique. Voilà pourquoi j’ai souhaité
que ce nouveau livre soit écrit sur le même ton et
sans se prendre la tête… J’y parle du roi des
organes mais sans m’embarrasser de mots
compliqués ou de termes trop médicaux. J’essaie
d’y mettre tout l’humour dont je suis capable en
dédramatisant tout ce qui pourrait générer de
l’anxiété. Je ne suis pas là pour effrayer, mais
pour aider à prendre conscience et à se prendre en
charge. Vous allez y apprendre des choses, sur la
vie et sur vous, vous allez sans doute rire, peut-
être même pleurer, mais ce sera d’émotion…
Après le corps, donc, le cerveau… Cette suite
s’imposait. Pour une raison très simple : quand la
tête va, tout va !
1

Votre cerveau
a bon appétit
Votre cerveau a besoin d’artères
dégagées

Le cerveau est glouton. Et impoli. Il a


tendance à se servir en premier et en abondance.
Il s’approprie un cinquième des calories que nous
ingurgitons et s’empare de 40 % de l’oxygène que
nous inspirons. C’est à ce prix qu’il prétend rester
en forme. Et qui alimente le cerveau ? Le sang. Il
joue son rôle de transporteur en empruntant les
artères. Autant vous dire qu’il vaut mieux qu’elles
soient bien dégagées et que la circulation y soit
fluide. Protéger ses artères, c’est donc œuvrer au
bon fonctionnement du cerveau. Tout ce qui est
susceptible de les encrasser ou de les encombrer
doit, à défaut d’être proscrit, être consommé avec
la plus grande des parcimonies. Les ennemis, on
les connaît : le sucre raffiné, les aliments chargés
en sel, les mauvaises graisses, dites saturées…
Les amis aussi, on les connaît : les fruits, les
légumes, les noix, les légumineuses, l’ail, l’huile
d’olive et une palanquée d’autres parmi lesquels
les poissons, notamment ceux dits gras, truffés
d’oméga-3. Ah, les oméga-3 ! Si vous n’en avez
jamais entendu parler, c’est que vous vivez dans
une grotte préhistorique sans électricité ni wifi.
Mais je doute que cela soit le cas. Notez qu’ils
méritent leur élogieuse réputation : ces acides
gras sont en effet essentiels à la bonne constitution
de la membrane qui enveloppe les neurones, une
sorte de gaine qui non seulement les protège mais
en plus facilite la création de nouvelles
connexions entre eux. Si d’aventure vous veniez à
en manquer, vous mettriez en danger votre santé
cérébrale. En tout cas, c’est ce que les tests
réalisés avec des animaux ont permis de conclure.
Les chercheurs les ont privés d’oméga-3.
Conséquence : leur mémoire spatiale s’en est
trouvée affectée et la mise en situation de stress
les a rendus anxieux. Toute carence en acides gras
se paye tôt ou tard de dysfonctionnements qui,
parce qu’ils ont aussi des conséquences sur le
sommeil, sur la capacité à apprendre et à retenir,
sur les performances cognitives ou encore sur le
rapport au plaisir, sous toutes ses formes, affectent
la santé de l’être humain. Le savoir, s’y intéresser,
c’est déjà agir.
10 aliments sources d’oméga-3

Jadis, on parlait de vitamine F. L’appellation


est tombée en désuétude : aujourd’hui, on dit
oméga-3. Cet acide gras essentiel ne peut pas être
produit par l’organisme humain. Il importe donc
de se le procurer via l’alimentation. À l’évocation
des oméga-3, si bénéfiques pour la mémoire et
pour l’humeur, on pense immédiatement au
saumon. Bien vu. Mais ce poisson est loin d’être
le seul aliment à en contenir.
1. La mâche.
On a toujours besoin d’un peu de verdure dans
son assiette. Privilégiez la mâche. Assaisonnez-la
au dernier moment. L’huile de noix lui convient
parfaitement. Vous avez le droit d’y ajouter un
soupçon de vinaigre et quelques larmes de jus de
citron. Bien sûr, rincez à l’eau froide avant de
consommer. Mais évitez le jet d’eau trop violent :
il endommagerait cette plante somme toute fragile.
2. L’huile de chanvre.
La version alimentaire des graines de chanvre
porte un nom, Cannabis Sativa, qui pourrait
laisser croire qu’il y a danger. Il n’en est rien. Ça
n’est pas non plus une raison pour croire que le
cannabis dans sa version fumette est inoffensif,
loin de là (je m’en explique page 195). Cette
huile, riche en oméga-3, se conserve huit semaines
au réfrigérateur. Elle vous attend dans les
enseignes bio. Et elle n’est pas donnée. Mais
votre santé cérébrale a-t-elle un prix ?
3. L’huile de lin.
Outre qu’elle constitue une bonne source
d’oméga-3, l’huile de lin est l’amie du système
cardiovasculaire. L’idéal serait d’en avaler une
cuillerée à soupe par jour. Évitez d’en acheter en
trop grande quantité : elle rancit rapidement.
Optez donc pour de petites bouteilles que
l’Agence française de sécurité sanitaire des
aliments vous recommande de conserver à l’abri
de la chaleur et qu’une fois ouvertes, il ne faudra
pas trop tarder à vider… Un délai de 3 mois, c’est
parfait.
4. L’huile de colza.
Comme sa petite camarade l’huile de lin,
l’huile de colza doit être consommée rapidement
une fois la bouteille ouverte. Et entre deux
utilisations, elle patientera gentiment au
réfrigérateur. Sinon, évitez de la chauffer. Ou
plutôt si : essayez ! Vous n’oublierez jamais
l’odeur qu’elle dégage alors et ça vous passera
l’envie de recommencer.
5. Les œufs.
Choisissez-les enrichis en oméga-3. Ils sont
pondus, comme tous les œufs, par une poule.
Jusque-là, on est en terrain connu… Sauf que la
poule en question a eu droit, préalablement, à une
ration alimentaire enrichie de graines de lin. C’est
toute la différence.
6. Les crevettes.
Il y a crevettes et crevettes. Celles importées
des pays nordiques sont plus intéressantes que
celles, d’élevage, qui proviennent d’Asie. Leur
teneur en oméga-3 y est supérieure. Par ailleurs,
je recommande, en la matière, les produits frais,
car les crevettes congelées ou vendues en
conserve ont une teneur en sel trop élevée.
7. Les graines de chia.
Leur bon gras se résume à trois lettres : AAL.
Ce sigle désigne l’acide alpha-linolénique. Ça a
l’air compliqué mais vous pouvez avoir confiance
; en consommer fera le plus grand bien à votre
cerveau. Si ça vous chante, consommez-les seules.
Sinon, n’hésitez pas à les moudre. Pas
compliquées, elles se marient avec de nombreux
plats. Pour les trouver, direction les magasins bio.
8. Le maquereau.
Rendons justice au maquereau ! Il porte un
nom difficile mais c’est l’un des poissons les plus
recherchés pour sa richesse en oméga-3. Une
portion de 100 grammes suffit à vous fournir le
double de la recommandation journalière. À
éviter, cependant, si vous êtes atteint de la goutte.
9. La noix.
Un conseil : conservez-les à une température
inférieure à 10 degrés après les avoir achetées
dans leur coque. Ça vous demandera un peu de
boulot mais ça en vaut la peine. Les sachets
remplis de noix écalées que l’on vous vend ici et
là sont certes pratiques mais d’un moindre
bénéfice pour votre santé car le produit s’oxyde.
Par ailleurs, la noix présente un avantage : sa
proportion d’oméga-3 par rapport aux oméga-6
est idéale (voir page 22). Bref, le fruit du noyer
est tout sauf un fruit à la noix, à moins que vous
n’y soyez allergique. C’est rare mais dans ce cas,
fuyez !
10. La sardine.
Quand j’étais gamin, le saumon passait pour
un « mets de riches » et la sardine était plus
populaire. Au Moyen Âge, à une époque où j’étais
tellement petit que je n’étais même pas né, la
sardine était d’ailleurs une bonne source
d’énergie et de protéines pour les plus pauvres.
Le temps a passé et les choses se sont inversées.
Le saumon s’est démocratisé, son prix est devenu
plus abordable, on le retrouve désormais dans
toutes les assiettes familiales et au menu des
restaurants les moins tapageurs. Parallèlement, on
a un peu oublié la sardine. À tort. Car ce petit
poisson apparu au XIIIe siècle et dont l’appellation
latine signifie « poisson de Sardaigne » est tout
aussi riche en oméga-3 et mérite qu’on lui accorde
un peu plus d’attention. Qu’elle soit conservée
dans l’huile d’olive vierge ou simplement grillée
(oui, je sais, ça sent le graillon), la sardine ne fera
pas que vous rassasier : elle vous calmera. Oui, la
sardine a des vertus apaisantes et sa
consommation est tout indiquée si vous êtes
surmené, sujet à l’anxiété ou sentez poindre le
stress. De plus, sa forte teneur en vitamine D en
fait une alliée lorsque survient l’hiver et que
l’organisme, privé d’ensoleillement, peine à
fabriquer cette vitamine antifatigue. Il urge donc
de redécouvrir la sardine, d’autant que, comme
avec tous les poissons, côté garniture, on
préférera toujours s’envoyer des légumes (en
ratatouille) que des frites.
Prenez deux souris… À la première, donnez
une alimentation comprenant de l’huile de sardine.
À la seconde, réservez une alimentation à base
d’huile de palme. Au bout d’un an de ce régime
forcé, un des deux rongeurs fait montre d’une plus
grande capacité d’apprentissage : celui nourri à
l’huile de sardine. De plus, son cerveau présente
un taux d’acide docosahexaénoïque (désolé pour
le mot compliqué, c’est juste un acide gras de la
famille des oméga-3) plus élevé et ses membranes
synaptiques semblent plus fluides. Conclusion des
chercheurs qui ont réalisé l’expérience : la sardine
est bonne pour le cerveau.
Le poisson sous toutes ses formes

Saumons, thons, anchois, harengs, maquereaux


et sardines sont autant de poissons riches en
phosphore et en oméga-3 dont il a été démontré,
au terme d’une étude finlandaise menée auprès de
3 660 femmes et hommes âgés de plus de 65 ans,
que leur consommation, une fois par semaine,
réduisait le risque d’attaques et de lésions
cérébrales silencieuses (préambule à la démence)
de 13 %. Le pourcentage bondit à 26 % pour
celles et ceux qui en mangent 3 fois par semaine,
comparativement aux consommateurs
occasionnels de ce type de poissons gras.
Cependant, tous ces alliés de la matière grise se
présentent dans nos assiettes sous différentes
formes : frais, surgelés, fumés, en conserve ou
encore panés. D’où l’intérêt d’une petite mise au
point sous forme de guide pratique…
Le poisson frais doit être cuisiné sans ajout de
matières grasses, tout en privilégiant un mode de
cuisson doux dans le but de préserver ses bons
nutriments pour la santé.
Le poisson surgelé conserve ses avantages
nutritionnels car la surgélation n’entraîne pas de
transformation de la composition du poisson.
Le poisson en conserve (sardines, thon,
maquereaux…) garantit un bon apport nutritionnel.
En revanche, le poisson conservé dans l’huile est
beaucoup moins riche en oméga-3 que le poisson
conservé au naturel car les nutriments migrent
vers la matière grasse, qui finit très souvent dans
l’évier… Aussi, je conseille de consommer du
poisson en conserve mais au naturel.
Le poisson fumé demeure, lui aussi, une bonne
source d’oméga-3. Mais c’est un aliment tellement
salé que je vous incite à la modération.
Le poisson pané, quant à lui, peut contenir
plus d’oméga-6 et d’acides gras néfastes à la
santé que d’oméga-3. Il est donc conseillé de
limiter sa consommation. D’ailleurs, dans l’étude
finlandaise dont il est question au début de ce
chapitre, les effets bénéfiques mentionnés ne
concernent pas les consommateurs réguliers de
poissons frits.
Consommer des poissons gras, c’est bien,
mais n’en faites pas une cure non plus : 3 portions
par semaine maximum, voire 2 si vous êtes
enceinte. Au-delà, on peut s’exposer à des
problèmes de santé dus aux PCB, ces polluants
que l’industrie a, des années durant,
généreusement rejetés dans la nature… Peu
biodégradables, les PCB sédimentent volontiers
dans l’eau où vivent et mangent les poissons qui
garnissent nos assiettes…
Oméga-3 et oméga-6 : le match

Dans la famille des acides gras polyinsaturés,


les oméga-3 doivent compter avec ce qu’on
pourrait appeler des « rivaux » : les oméga-6.
Pourquoi rivaux ? D’abord, parce que les oméga-
6 sont tout aussi essentiels à l’organisme que les
oméga-3. Mais surtout parce que, pour leur
métabolisme, les oméga-6 utilisent la même
enzyme que les oméga-3. Mettez-vous à la place
de cette enzyme. Mieux : imaginez que vous êtes
cette enzyme ! Votre job, c’est de mé-ta-bo-li-ser.
Comprenez : transformer pour permettre
l’assimilation par l’organisme. Vous voyez donc
arriver des oméga-3 et des oméga-6. Tiens, du
boulot ! Il vous faut choisir. Par lesquels vais-je
commencer ? Les oméga-3 ou les oméga-6 ? Eh
bien, croyez-le ou pas, il se passe que l’enzyme en
question privilégie les oméga-6. Elle considère
qu’ils sont prioritaires, pour des raisons qui lui
appartiennent, aucune enzyme n’ayant à ce jour eu
l’occasion de se justifier. Conséquence : si notre
alimentation est trop riche en oméga-6, le
métabolisme des oméga-3 en pâtit. Dommage.
Notamment pour le cerveau. Pour remédier à cela,
il convient d’avoir une alimentation qui observe
un ratio raisonnable entre oméga-6 et oméga-3.
Mille études se sont penchées sur le sujet. Toutes
aboutissent à la même conclusion : le rapport
omega-6 / omega-3 idéal est inférieur à 5. En
pratique, on est loin du compte, le rapport se
situant au-delà de 10. La solution ? Réduire sa
consommation d’oméga-6. Le challenge n’est pas
évident à relever, car ces petits malins d’oméga-6
se cachent partout dans l’alimentation moderne :
dans les céréales, dans la viande (qui provient
d’animaux nourris aux céréales), dans les huiles
de tournesol ou de maïs… Vous savez donc ce
qu’il vous reste à faire : y aller mollo avec ces
aliments et ces ingrédients, de manière à
rééquilibrer la balance au profit des oméga-3,
dans le but de faciliter leur utilisation optimale
par l’organisme.
Les huiles étant bonnes pour la santé, il vous
appartient de combiner au mieux leurs bienfaits.
Aussi, ayez toujours 3 types d’huiles dans vos
placards : une huile riche en oméga-6 (tournesol),
une huile riche en oméga-3 (noix, colza) ainsi
qu’une huile riche en acides gras mono-insaturés
(olive).
Votre cerveau apprécie le vin rouge,
fluidifiant sanguin

Alphonse Allais disait qu’il buvait pour


oublier qu’il était ivrogne. On a le droit d’en
rigoler, mais la vanne relève du mauvais calcul,
car non seulement il bousillait son foie, mais en
plus, il semble qu’il ait eu conscience de
s’exposer à Alzheimer… Pour autant, pas question
de dénigrer le vin (rouge !), surtout quand il est de
qualité. Plusieurs études ont conclu aux effets
bénéfiques que peut procurer une consommation
modérée. Les tanins du vin rouge contiennent en
effet de petites molécules qui se nichent dans la
peau et les pépins des grains de raisin. On les
appelle les polyphénols. L’un d’entre eux, le
resvératrol, active une enzyme qui aide à réduire
le taux de mauvais cholestérol. Mais il a en outre
le double avantage de dilater les artères et de
combattre la formation des dépôts de graisse
susceptibles d’obstruer les vaisseaux sanguins. La
circulation sanguine s’en trouve fluidifiée, ce qui
facilite l’apport de nutriments et d’oxygène aux
organes, à commencer par le cerveau.
Vous avez renoncé au vin ? Il vous reste le
raisin. Vous n’imaginez pas tout ce qu’une bonne
grappe peut recéler d’antioxydants utiles pour
faire la guerre aux radicaux libres, ces déchets
produits par les cellules lorsqu’elles respirent,
c’est-à-dire en permanence. Cela vaut pour celles
du cerveau comme pour toutes les autres.
Plaidoirie en faveur de l’avocat

Certes, l’avocat est un peu calorique. Mais il


a le mérite de ne pas contenir de sucre (ou si peu)
et de fournir rapidement cette sensation de satiété
qui vous évite de vous resservir. Dès lors,
pourquoi s’en priver ? D’autant qu’on dit aussi de
lui que c’est l’aliment du bonheur, capable
d’influencer, positivement, vos capacités
d’apprentissage et votre sociabilité.
Démonstration : savez-vous que l’avocat, sans
doute en référence à sa forme, tire son nom du mot
aztèque ahuacatl qui veut plus ou moins dire «
testicule ». Je vous vois sourire… Vous voyez,
c’est bon pour la sociabilité… Plus sérieusement,
dans l’avocat, à part la peau, rien ne se perd. Pas
même le noyau. Qu’il soit comestible ne vous
autorise pas à le gober. Prenez plutôt le temps de
l’écraser ou de le râper. La poudre obtenue fera
merveille sur une salade ou dans une soupe, voire
en smoothie, à condition de la mixer avec des
épinards.
Petit supplément « Culture G » à propos de
l’avocat… Savez-vous qu’en pressant un noyau
d’avocat, vous obtenez un liquide laiteux qui, au
contact de l’air, devient rouge ? Si vous l’ignoriez,
vous avez 500 ans de retard sur les conquérants
espagnols : ils trempaient leur plume dans cette
encre indélébile qui leur a permis de rédiger
nombre de documents officiels, consultables de
nos jours dans les archives de la ville
colombienne de Popayàn. C’est là qu’ils sont
conservés.
L’amarante, perle mexicaine, bonne
pour la mémoire

La mode étant aux petites graines, pourquoi ne


pas y céder ? Et tant qu’à faire dans l’exotisme,
pourquoi ne pas aller fureter du côté de
l’Amérique centrale, où les Aztèques ont toujours
eu une tendresse particulière pour l’amarante ?
Cette graine regorge de bons acides gras (oméga-
3 et oméga-6) : c’est précisément ce dont votre
mémoire a besoin pour être bien nourrie. Et
encore, cet aspect ne représente qu’une ligne sur
la carte de visite plutôt flatteuse que présente
l’amarante : riche en protéines végétales, elle peut
se substituer à la viande, au poisson et aux œufs.
Utile pour qui prétend varier son alimentation. Ne
reste qu’à choisir le mode de consommation. Soit
vous la broyez pour l’inclure dans toutes sortes de
préparations, soit vous en cuisez les graines
suffisamment longtemps pour qu’elles se
transforment en une galette végétale. Dans tous les
cas, ça se mange et ça vous aidera à retrouver les
clés de la bagnole !
Le fer, convoyeur de l’oxygène

On dit souvent que, pour affronter la vie, il


faut un minimum de plomb dans la cervelle. Mais
votre cerveau a surtout besoin de fer. Enfin, pas
directement… C’est plus subtil que ça, je vous
explique.
Le sang transporte l’oxygène dans l’ensemble
de l’organisme et alimente particulièrement le
cerveau, qui ne peut s’en passer. Pour fixer
l’oxygène (c’est-à-dire le capter afin de pouvoir
le transporter), le sang a besoin de fer. Que ce
dernier vienne à manquer et c’est toute
l’oxygénation du corps qui est mise en péril. La
solution se trouve, là encore, dans l’alimentation :
boudin, foie, persil, lentilles ou fruits secs
constituent d’excellentes sources de fer pour
l’organisme, dont il n’est pas si rare qu’il soit
carencé. L’Organisation mondiale de la santé
estime en effet que quelque 2 milliards de
personnes souffrent d’anémie. Comme vous
l’imaginez, les statistiques sont plus alarmantes
dans les pays pauvres où sévit la malnutrition que
dans les pays développés où il est possible de
s’alimenter correctement, à condition de s’en
donner la peine. Cependant, il convient de ne pas
prendre les choses à la légère, particulièrement
quand on est une femme, au moment de la
grossesse ou au moment des règles.
10 aliments riches en fer

Quand on vous parle de fer dans


l’alimentation, vous êtes en droit de vous la jouer
et de relancer : fer héminique ou non héminique ?
Devant l’air médusé de votre interlocuteur, vous
pourrez enchaîner en expliquant doctement qu’il
existe deux types de fer. L’héminique se trouve
dans les volailles, les viandes, les poissons et les
crustacés. Le non héminique, lui, est d’origine
végétale. Et vous conclurez, du haut de la chaire
de votre savoir tout neuf, que l’organisme absorbe
plus facilement le fer héminique.
La liste ci-dessous ne doit pas vous conduire à
vous bourrer de fer, l’excès de fer pouvant poser
d’autres problèmes à l’organisme. En revanche,
elle vous alertera sur des aliments auxquels vous
ne pensez pas forcément au moment de passer à
table et vous proposera des solutions
alimentaires, au cas où vous manqueriez d’énergie
ou ressentiriez une fatigue inhabituelle, ce qui peut
être révélateur d’une carence en fer. En outre,
vous remarquerez que les épinards n’y figurent
pas. Il y a une raison à cela. C’est le secret le
mieux gardé depuis que Popeye Magazine est en
vente libre : on fait croire aux enfants que les
épinards sont truffés de fer alors qu’ils en
contiennent, certes, mais pas autant que d’autres
aliments.
1. Les abats.
Évidemment, il faut aimer… Si c’est le cas, ne
vous en privez surtout pas. Si ce n’est pas le cas,
que les rognons, le foie et autres viscères animaux
manquent de noblesse pour prétendre finir dans
votre assiette, essayez le boudin noir : marié aux 2
pommes (de terre et fruit) cuites, il a une saveur
susceptible de convertir les plus réticents.
2. Les céréales.
Attention au piège que nous tend la grande
consommation : ses céréales sont souvent
excessivement sucrées. La vigilance vous
commande donc d’opter pour des céréales
complètes, non raffinées et sans sucres ajoutés. À
vos étiquettes !
3. Le sésame.
Voilà une graine que l’on a tendance à
délaisser et c’est dommage, sa teneur en fer non
héminique étant une garantie. Pour ne rien gâcher,
elle regorge de vitamine E, bonne pour le cœur.
4. Le tofu.
On peut tout reprocher au tofu, sauf son goût :
il n’en a pas ! Donc, ni vu ni connu, vous pouvez
le dissoudre dans vos soupes ou le faire
disparaître sous vos feuilles de salade, personne
ne s’en plaindra. En plus, il garantit un apport en
protéines végétales susceptibles de remplacer
leurs cousines animales. Le tofu, c’est l’aliment
transparent par excellence.
5. Les haricots blancs.
Outre qu’ils fournissent l’organisme en fer non
héminique, les haricots blancs sont riches en
fibres et en protéines végétales. Gagnants sur tous
les tableaux. Vous avez un doute ? Fondez-les
dans une soupe à la betterave !
6. Les huîtres.
Non contentes de fournir du fer héminique,
elles sont riches en phosphore et en cuivre, ce qui
fera le plus grand bien à vos os, vos dents et vous
protégera contre les radicaux libres, ces dérivés
de l’oxygène qui oxydent nos cellules et
accentuent leur vieillissement. Un bémol,
cependant : que les femmes enceintes
s’abstiennent, car ce ne serait pas le moment, pour
elles, de risquer une listériose, maladie
infectieuse d’autant plus sournoise que dans
certains cas, elle passe inaperçue. Inutile de
s’exposer au risque de fausse couche ou
d’accouchement prématuré.
7. Les haricots de soja.
Fournisseurs de fer non héminique, les
haricots de soja procurent, par la même occasion,
des protéines végétales utiles à la protection du
système cardiovasculaire.
8. Le porc.
Au miel ? Au thym ? Aux pistaches ? C’est
bien connu, tout est bon dans le cochon. Surtout
l’accompagnement… Je recommande, pour les
estomacs solides et qui n’ont peur de rien, le foie
de porc. Il est encore plus riche en fer héminique.
9. Les palourdes.
Servis avec ou sans les linguines, 100
grammes de palourdes (grosso modo 13
coquillages) assurent un sixième des besoins
quotidiens en fer d’une femme (de 20 à 50 ans) et
un tiers des besoins d’un homme. C’est l’occasion
de s’indigner de la persistance de l’inégalité
homme-femme (devant la palourde) et surtout de
rappeler la nécessité de varier son alimentation.
10. L’agneau.
En version gigot ou pas, il vous apportera tout
le fer héminique dont votre organisme a besoin.
Ses faveurs ne s’arrêtent pas à cela puisqu’on y
trouve du phosphore, du zinc et toutes une flopée
de vitamines : la B2, qui joue un rôle important
dans la production d’énergie et la réparation de
certains tissus, la B3, utile à une croissance et un
développement normaux, et la B12, si intéressante
que je lui consacre le chapitre suivant.
Faire le plein de fer, c’est bien. En conserver
le bénéfice, c’est mieux. N’hésitez pas à finir
votre repas par un fruit riche en vitamine C (kiwi,
agrumes…) qui améliorera l’absorption du fer
contenu dans votre alimentation. À l’inverse,
évitez de boire du thé juste après le repas : la
théine diminue la capacité de la muqueuse
digestive à absorber le fer.
Votre mémoire adore la vitamine B12

La vitamine B12, c’est la vitamine facile à


vivre : elle est toujours disponible. En plus, elle
porte un joli nom, la cobalamine (allusion à sa
teneur en cobalt, unique parmi les vitamines) et un
surnom très sexy, la « vitamine rouge ». En la
matière, les carences sont plutôt rares,
l’organisme disposant de réserves importantes.
N’empêche, deux types de profils ne sont pas à
l’abri d’en manquer : les végétaliens et les plus de
60 ans. Si vous n’êtes ni l’un ni l’autre, passez
votre chemin. En revanche, si vous êtes l’un, ou
l’autre, ou a fortiori les deux (ce qui suppose une
furieuse envie de me contrarier), gare au manque :
il pourrait se traduire par une faiblesse
musculaire, une fatigue généralisée et des troubles
de la mémoire. Sur ce dernier point, je vous
l’accorde, il ne s’agit que d’une forte intuition,
plusieurs études indépendantes les unes des autres
ayant mis en évidence une déficience en vitamine
B12 chez des personnes souffrant d’Alzheimer. De
là à claironner que l’apport en vitamine B12 vous
protège contre le risque de perdre la tête, il n’y a
qu’un pas que la recherche se refuse pour l’instant
à franchir, même si l’idée lui plaît… En tout cas,
pour éviter de tenter le diable, misez sur les
huîtres, les palourdes et le foie de veau, d’agneau
ou de dinde : votre cerveau en sera boosté. Et si
vous êtes végétalien, pensez aux suppléments.
Faites le plein de vitamine B9, vous
déprimerez moins

Les folates, vous connaissez ? Sous cette


appellation générique se cache la vitamine B9 que
l’on retrouve en abondance dans la betterave, le
fenouil, les épinards, la mâche, les œufs, le foie
de veau ou d’agneau et, surtout, les abats de
volailles. Donc, mangez-en ! La vitamine B9 joue
en effet un rôle essentiel dans le fonctionnement
du système nerveux. En manquer, c’est prendre le
risque de s’exposer à des troubles cognitifs et
préparer un terrain favorable à l’installation de la
dépression. Des chercheurs finlandais ont en effet
remarqué que chez nombre de sujets, la faible
efficacité des antidépresseurs allait de pair avec
un faible taux sanguin de folates. En outre,
d’autres chercheurs (américains ceux-là, les
Finlandais ne peuvent pas être partout) n’estiment
pas infondée l’hypothèse selon laquelle une
carence en vitamine B9 accentuerait le risque de
déclin cognitif, pouvant conduire à la démence ou
à la maladie d’Alzheimer. Bref, à bas Alzheimer
et vive les abats.
Le jus de betterave augmente le flux sanguin
dans le cerveau. Ce jus contient une forte
concentration de nitrates qui sont transformés en
nitrites lors de la digestion. Or plusieurs études
ont montré que les nitrites, également présents en
concentration élevée dans le céleri, le chou et
d’autres légumes-feuilles comme les épinards,
dilatent les vaisseaux sanguins dans l’organisme et
améliorent ainsi l’irrigation des organes. Donc du
cerveau.
Le chou, chouchou du cerveau

La bonne santé cérébrale passe par les


antioxydants. Et dans cette famille, il existe une
vedette : le chou. Ou plutôt, les choux car la
famille est nombreuse : chou-fleur, chou vert, chou
rouge, chou rave, chou de Bruxelles, chou kale ou
encore brocoli… Tous ces aliments regorgent de
vitamines. Par exemple, le kale, autre nom du
chou vert frisé, contient plus de vitamine C (celle
qui contribue à stimuler le système immunitaire)
qu’une orange. Une seule portion renferme 90 %
des AJR (apports journaliers recommandés). Le
brocoli, lui, est une source de vitamine B9. Les
choux sont également pauvres en calories (environ
45 kcal/100 g au plus, suivant les variétés) mais
riches en fibres, donc très rassasiants et parfaits
pour conserver la ligne. Plus encore, en plus des
antioxydants déjà évoqués, ils permettent de faire
le plein de minéraux. Mais leur atout principal,
c’est qu’ils contiennent tous des molécules
soufrées, reconnues comme ultra-protectrices
contre les cancers. Ils préserveraient notamment
des cancers de la prostate et du sein. À ce sujet,
Mesdames, notez que les choux de Bruxelles
aident l’organisme à éliminer le surplus
d’œstrogènes et qu’une consommation quotidienne
de brocoli diminuerait le risque de cancer du sein
de 40 %. Bref, mangez du chou, ça vous évitera de
vous le prendre chez le toubib…
La qualité nutritionnelle d’un chou, comme de
l’ensemble des légumes et des fruits, dépend du
temps écoulé entre la récolte et la consommation.
Avant d’arriver au rayon frais des supermarchés,
les fruits et légumes ont d’abord été cueillis, ont
voyagé et ont été stockés, parfois plusieurs jours.
La qualité nutritionnelle n’est donc plus optimale
lorsque vous déambulez devant eux avec votre
caddie. Aussi, pour bénéficier de tous les
avantages gustatifs et nutritionnels des légumes
frais, stockez vos fruits et légumes soit dans le
bac à légumes, soit dans un placard opaque et
consommez-les le plus rapidement possible après
l’achat. Mais vous pouvez faire encore mieux :
devenir locavore ! Qu’est-ce qu’un locavore ?
C’est, selon le Larousse où le mot a récemment
fait une entrée remarquée, « une personne qui
décide de ne consommer que des fruits et des
légumes locaux et de saison pour contribuer au
développement durable ». Cette pratique garantit
surtout la fraîcheur des produits. Reste ensuite à
s’entendre sur ce que recouvre l’adjectif « local ».
La mode du locavorisme ayant éclos en
Californie, ses promoteurs ont fixé à 100 miles
maximum la distance entre le lieu de production
et le lieu de consommation. Adaptée au système
métrique français, cette pratique vous conduira à
ne consommer que des fruits et légumes produits
dans un rayon de 160 kilomètres, au plus, de votre
domicile. Renseignez-vous : il y a sûrement une
ferme dans les parages qui n’attend que vous et qui
est prête à vous livrer. Si, en plus, vous avez la
fibre écolo, je ne vous dis pas l’effet boostant que
tout cela aura sur votre moral et votre propre
estime !
Les baies, mille et une vertus

Tout aussi regorgeantes d’antioxydants et donc


plébiscitées par le cerveau, les baies méritent de
figurer dans votre assiette ou votre bol car j’en
conseille la consommation au petit déjeuner :
associez-les à un yaourt ou à votre musli. Cassis,
myrtilles, airelles, mûres, canneberges, vous avez
le choix. Mais il en existe qui font voyager et qui
plairont à celles et ceux que les charmes du
locavorisme laissent de marbre : baies d’açai du
Brésil, physalis du Pérou ou encore goji de
l’Himalaya. Cette dernière contient 19 acides
aminés, 21 minéraux et oligo-éléments, du bêta-
carotène et différentes vitamines (C, B1, B2, B6 et
E) reconnues pour combattre la fatigue, créer une
sensation de bien-être, renforcer le système
immunitaire et réduire la tension artérielle. Tout
cela ne peut que concourir à vous maintenir de
bonne humeur. Quant à la baie d’açaï, riche en
oméga-3, elle arme contre la dépression tout en
protégeant contre les maladies cardiaques et le
diabète. Un petit conseil concernant les baies :
consommez-les entières plutôt qu’en jus car la
pelure, la chair et les graines contiennent une
bonne partie des nutriments et des fibres qui, à
l’extraction du jus, sont éliminées.
Les algues favorisent le
développement cérébral

Les algues se démarquent des légumes verts


traditionnels parce qu’elles contiennent certaines
enzymes qui ne se nichent que dans les légumes
marins. Elles figurent à la base de la chaîne
alimentaire et, de ce fait, sont responsables de la
création et du renouvellement de toutes les formes
de vie. Intuitivement, je trouve ça plutôt
encourageant… Elles sont reconnues pour leur
contenance en iode, en vitamines, en minéraux, en
acides gras et acides aminés, essentiels au bien-
être du corps humain en général, au
développement du cerveau, à la régénération des
nerfs, à l’augmentation de l’énergie vitale et à
l’endurance physique en particulier. Il en existe
quelque 25 000 espèces, mais une cinquantaine
d’entre elles seulement sont agréables à
consommer. Parmi elles, la spiruline, extrêmement
riche en protéines et micronutriments excellents
pour les sportifs. Mais rien ne vous empêche
d’essayer la salicorne, appelée aussi haricot de
mer, la klamath, connue pour son effet anti-stress
ou la chlorella, recommandée pour « purifier »
l’organisme. Toutes savent nous revitaliser. Les
algues sont à consommer en salades ou en
accompagnements. On les trouve principalement
déshydratées (séchées ou en paillettes) mais aussi
en conserve ou sous forme de compléments
alimentaires. Si vous décidez d’en faire une cure,
débutez progressivement afin d’éviter tout trouble
digestif.
Celles et ceux qui connaissent l’Asie
(notamment le Japon) savent l’importance des
algues dans l’alimentation de ce continent. En
Europe, on a encore tout loisir d’éprouver les
charmes gustatifs de cet aliment, le vieux
continent ne représentant que 4 % de la
consommation mondiale.
Moral au plus bas ? Essayez le cacao !

Le chocolat est également considéré comme un


super aliment pour le moral. Il possède des vertus
euphorisantes, anti-anxiété et anti-nervosité.
Cependant, mettons-nous bien d’accord sur ce
dont il est ici question. Je vous parle de fève de
cacao et donc de chocolat noir. Certes, son goût
est plus amer que celui de ses petits camarades,
blanc ou au lait. Il faut l’apprivoiser, s’y habituer.
Si vous avez un peu de mal, j’ai l’astuce qu’il
vous faut : allez-y progressivement, optez pour
une approche graduelle. Achetez des tablettes
avec un taux de plus en plus élevé en cacao et
vous finirez par l’apprécier ! L’idéal serait que
vous parveniez à un taux minimum de 70 % de
fève de cacao. Le chocolat noir est composé de
sérotonine, de dopamine, de polyphénols, de fer et
de magnésium. En faire le plein est d’autant plus
précieux que le blues qui nous guette au quotidien
dilapide nos stocks de magnésium. Les
polyphénols, eux, réduisent la tension artérielle.
Ces différents nutriments sont également bons
pour la vue, la formation osseuse et la fertilité.
Enfin, autre bonne raison de se ruer sur ce produit
gourmand : il calme efficacement les quintes de
toux ! Voilà pourquoi je recommande un petit
morceau de chocolat noir à la fin du repas. Une
sorte de médicament en vente libre.
Vous avez du mal avec le chocolat noir à 70 %
? À l’heure du goûter, mariez-le avec une banane !
Ainsi, vous serez au top côté magnésium, cet
oligo-élément reconnu pour aider à combattre la
fatigue, l’anxiété et la nervosité. Vous pouvez
même ajouter quelques amandes ou quelques
noisettes. C’est plein de zinc, de fer, de protéines
et de bons lipides, ceux qui ne bouchent pas vos
artères mais qui, au contraire, les protègent.
Votre cerveau aime le sucre

Manger du sucre, c’est indispensable pour la


santé : une fois digéré, il fournit en énergie les
muscles, certes, mais aussi le cerveau. Mais au
fait, de quel sucre parle-t-on ? Sucres simples,
sucres complexes ? Je reconnais qu’il y a de quoi
s’y perdre !
Les sucres simples, cela correspond au sucre
blanc, encore appelé saccharose. C’est le sucre
naturel des fruits (le fructose) ou encore le sucre
naturel du lait (le lactose). Ces sucres, nous en
avons besoin pour booster rapidement notre
activité cérébrale et musculaire. Il ne faut pas non
plus en abuser, car le corps est capable de les
transformer en mauvaises graisses avant de les
stocker. Vous aurez vite fait de vous retrouver
avec un petit bidon… Idéalement, il ne faudrait
pas consommer plus de 50 g de sucre par jour,
soit l’équivalent de 12,5 cuillerées à café. Quand
on sait qu’une canette de soda contient déjà 40 g
de sucre, on a vite fait de se rendre compte des
pièges qui menacent notre ligne.
À l’inverse, les sucres complexes, que l’on
retrouve dans le riz complet, les légumes secs, les
pommes de terre, les pâtes et les céréales
complètes sont à privilégier tous les jours. Ils
permettent de réguler le taux de sucre dans le sang
et vous épargnent la tentation du grignotage.
10 aliments sources de glucides
complexes

Vanter les mérites des glucides complexes ne


signifie pas qu’il faille tirer un trait sur les sucres
rapides. Appréciés et appréciables au réveil, ces
derniers le sont aussi après un effort sportif. Mais
leur consommation doit rester raisonnable. Or
Santé publique France note que depuis quelques
années, en France, la consommation de glucides
simples n’a fait qu’augmenter (à l’exception des
fruits, du lait et du sucre de table) ; on préfère se
jeter sur les boissons gazeuses, les jus de fruits,
les yaourts, les biscuits et les confiseries. Il urge
donc de rééquilibrer les choses au profit des
glucides complexes. Les aliments qui figurent
dans cette liste constituent une source d’énergie
indispensable au fonctionnement du cerveau, si
gourmand en sucre. Ils présentent souvent d’autres
atouts pour fortifier le système immunitaire ou
lutter contre le diabète, les maladies
cardiovasculaires ou l’embonpoint. Bref, en
dealant avec eux, vous serez gagnant…
1. Les flocons d’avoine.
Bien que cultivée depuis des millénaires,
l’avoine était un peu tombée dans l’oubli. Mais
elle revient en force, sans doute portée par une
meilleure information, le côté tendance de tout ce
qui semble avoir un caractère rustique et, pure
spéculation de ma part mais j’y crois, le fait que
le voyage se soit démocratisé : beaucoup ont
redécouvert les flocons d’avoine à l’heure du petit
déjeuner, dans les hôtels, à l’étranger. Quoi qu’il
en soit, avec eux, votre système nerveux dispose
d’alliés précieux. En plus, ils cumulent d’autres
avantages : ils participent à la lutte contre le
cholestérol, donnent de l’éclat à l’épiderme,
facilitent le transit intestinal et procurent un effet
satiété qui vous évitera de vous jeter sur le
croissant, vulgaire et toxique, qui vous fait du
gringue.
2. Le riz brun.
Tous les riz ne se valant pas sur le plan
nutritif, vous aurez à cœur de privilégier le riz
brun (ou complet) au riz blanc. La différence,
c’est que le premier a seulement été débarrassé de
sa coque non comestible alors que le second subit
tellement de traitements destinés à lui donner un
aspect ultrabrite qu’il en perd ses avantages
nutritifs. Au pire, si vous vous entêtez à vouloir
consommer du riz blanc, choisissez-le étuvé : sous
cette forme, il conserve quelque intérêt. Mais
oubliez le riz minute, aussi pratique qu’inutile…
3. La patate douce.
Dans « patate douce », le mot important n’est
pas forcément « patate ». Autant la pomme de
terre de base, souvent plébiscitée par les enfants,
présente un intérêt limité, autant la patate douce
(parfois qualifiée de sucrée) fera le plus grand
bien à votre mémoire et à ce qu’on appelle la
fonction cognitive. Avec elle, on perçoit mieux, on
raisonne mieux, on crée plus facilement, on
développe son intuition. Un dopant naturel, rien de
moins.
4. Les haricots secs.
Je ne vais pas vous faire la vanne vaseuse qui
consisterait à dire que ce serait la fin des haricots
que de se priver de ces aliments riches d’un
glucose qui fait carburer le cerveau. En fait, si, je
la fais ! En plus, ils sont économiques et, avec
eux, on est vite repu.
5. Le boulgour entier.
Les habitués du Moyen-Orient connaissent
cette céréale qui se digère lentement et prend donc
le temps de fournir le cerveau en glucides avec
régularité. Le boulgour offre en outre un bon
apport en phosphore et en magnésium, ce qui ne
fera qu’optimiser vos capacités de concentration
et de mémorisation. Enfin, là encore, effet satiété
garanti.
6. Les pois chiches.
Au pays des légumineuses, le pois chiche jouit
du titre officieux de champion du monde. Cet
aliment, trop souvent snobé, cumule les médailles
: bon pour le transit, utile pour lutter contre les
radicaux libres, rassasiant à souhait et
consommable sous différentes formes (houmous,
falafel, couscous, salade, chaud ou froid…). Bon,
c’est vrai, avec le pois chiche, on n’est pas à
l’abri de quelques flatulences, mais je vous le
recommande quand même…
7. La fève.
Encore une vedette ostracisée ! La fève n’est
pas forcément le plus goûteux des aliments mais
s’en priver serait dommage tant elle est riche en
amidon, en fer, en potassium, en magnésium…
Tout ce qu’aime votre cerveau. On la trouve sous
forme sèche toute l’année et fraîche au printemps.
8. Les pâtes complètes.
Selon une étude éclair réalisée par moi-même
auprès de ma propre personne, 100 % des
Français aiment les pâtes. En revanche, ils sont un
peu moins nombreux à les préférer complètes et à
les consommer al dente (croquant sous la dent,
pour les plus hermétiques à la langue de Dante).
C’est un tort. Car si les pâtes sont trop cuites, les
sucres lents qu’elles contiennent peuvent se
transformer en sucres rapides. Avouez que c’est
ballot !
9. Le pain complet.
Il y aura bientôt, en France, autant de pains
que de fromages : au son, au levain, au feu de
bois, aux graines, aux céréales, au seigle, de mie,
blanc, gris, noir, sans oublier la bonne vieille
baguette qui a rang d’emblème quasi national.
Dans ce capharnaüm boulanger, un repère : le pain
complet. Même si nul n’est à l’abri d’une arnaque,
l’adjectif « complet » doit vous rassurer : il
désigne en général un pain moins trafiqué et plus
riche en fibres.
10. Le bagel.
Dans le droit fil de ce qui précède, le bagel
s’appréciera d’autant mieux qu’il sera complet.
Reconnaissable à son trou centré, il fait penser à
un donut sauf que son sucre est cent fois plus
intéressant pour le cerveau… Il y a bataille
d’experts sur son origine. Certains prétendent
qu’il a été inventé par un boulanger viennois
soucieux de rendre hommage au roi Jean III
Sobieski de Pologne-Lituanie qui, à la fin du XVIIe
siècle, repoussa l’invasion turque qui menaçait
l’actuelle capitale autrichienne. Le boulanger
reconnaissant aurait alors imaginé ce pain rond
troué dont la forme fait penser à un étrier, « Bügel
» en allemand. Mais d’autres historiens jurent
mordicus que le vocable « Bagel » vient du
yiddish et qu’on y mordait à pleines dents dès le
début du XVIIe siècle au sein de la communauté
juive de Cracovie. Alors, première ou seconde
version ? Qu’importe. Les deux histoires sont
jolies.
Ceux qui affectionnent les sucres rapides iront
les chercher du côté du miel ou des fruits plutôt
que dans les cookies et les gâteaux industriels…
Par ailleurs, dans la famille des sucres simples, il
convient de distinguer ceux qui sont raffinés de
ceux qui ne le sont pas. Prenons le plus courant
des sucres simples, à savoir celui que vous mettez
dans votre café. S’il est blanc, ce peut-être pour
deux raisons :
– Soit il provient de la betterave (c’est
majoritairement le cas en France) et dans ce cas,
pas de problème.
– Soit il provient de la canne à sucre et cela
veut dire qu’il a été raffiné et là, danger ! Cette
étape de purification industrielle retire vitamines
et sels minéraux au produit. Elle n’est là que pour
redonner une blancheur factice à un produit
originellement roux. Bref, aucun intérêt.
Mais comme rien n’est simple, j’attire aussi
votre attention sur certains sucres roux plus que
suspects. En effet, il en existe, issus de la canne à
sucre, que l’on a raffinés avant de les colorer pour
leur redonner leur couleur brune d’origine ! Bref,
on marche sur la tête, ce qui, à force (vous en
conviendrez aisément), n’est pas bon pour le
cerveau…
Sus au sel !

Mauvais pour le cœur, mauvais pour les reins,


mauvais pour les vaisseaux, le sel l’est également
pour le cerveau. Je ne voudrais pas me mettre les
producteurs à dos mais il faut admettre que ce
condiment cumule les tares, non pas pour ce qu’il
est mais pour la consommation excessive qu’on en
fait, souvent à l’insu de notre plein gré, comme
dirait l’autre. Car le sel que l’on avale n’est pas
seulement celui de la salière : on le trouve dans
tout un tas de choses, du fromage au pain en
passant par les laitages, la charcuterie et les plats
cuisinés, pour ne citer que les plus voyantes…
Donc, point n’est besoin d’en rajouter. D’autant
qu’il existe moult façons de le remplacer par des
herbes aromatiques, disponibles tout au long de
l’année, en sachet, lyophilisées, surgelées ou
même en pot à garder sur le rebord de sa fenêtre.
Thym, cerfeuil, ciboulette, estragon, basilic ou
aneth sont excellents pour relever le goût des
plats. Pour la cuisson des viandes et des légumes,
oubliez le sel et remplacez-le par des mélanges
d’arômes variés ou par des herbes de Provence.
Pour relever poissons et salades de crudités, rien
n’égale le jus de citron. Enfin, pensez aussi aux
épices : cumin, paprika, curcuma, curry, muscade,
ail, oignon ou échalote, tous contribuent à
rehausser la saveur des plats.
Le saviez-vous ? Le sel se cache aussi dans le
coulis de tomate et les sauces tomates. Comment
le feinter ? Fastoche : utilisez de préférence le
concentré de tomate, il est nature. Ou alors faites
vous-même vos sauces en utilisant des épices et
des aromates, riches en sels, oui, mais en sels
minéraux !
Ces 10 aliments, c’est du bonheur

Le bonheur, c’est simple comme une assiette


bien pensée. Si je sacrifie volontiers au
détournement du slogan publicitaire, c’est parce
que la joie de vivre, le sentiment que nous
éprouvons d’avoir ou pas la pêche, la capacité à
nous sentir d’attaque de bon matin, d’affronter les
épreuves de la vie ou d’envisager les choses avec
optimisme sont aussi fonction de la manière dont
nous nous nourrissons. Et je ne parle pas là du
plaisir simple que l’on peut éprouver à se mettre à
table, en famille ou avec des amis. Je parle d’un
plaisir longue durée, celui de vivre, auquel
nombre d’aliments facilitent l’accès. Il importe,
pour que la méthode soit efficace, d’en
consommer régulièrement et non pas de s’en
mettre ras le cornet quand ça va mal en se disant
qu’une cure va régler le problème. Voici donc 10
aliments pourvoyeurs de quelque chose d’abstrait,
d’impalpable et de bon : le bonheur.
1. L’huile de foie de morue.
Ce n’est certes pas le genre de produit que
l’on trouve dans tous les placards de cuisine. En
cause : son mauvais goût. Comme elle est réputée
favoriser la croissance et le développement
intellectuel de l’enfant, il se peut qu’on vous en ait
proposé, voire imposé, dans votre jeunesse et que
vous en ayez gardé un souvenir épouvantable.
Maintenant, vous êtes grand. Et elle mérite que
vous y reveniez. Devenu adulte, on a généralement
l’estomac plus solide et le caractère moins obtus.
Dès lors, pourquoi ne pas réessayer ? Cela en
vaut la peine car parmi ses mille bienfaits, l’huile
de foie de morue permet de faire le plein de cette
satanée vitamine D qui vient à manquer en hiver,
lorsque le soleil pâlit ou disparaît. Et comme vous
le savez, le manque de vitamine D est souvent
pointé du doigt chez les dépressifs. Conclusion :
l’huile de foie de morue peut être un début de
solution contre le moral en berne. Allez, une
cuillerée à soupe : en fermant les yeux et en
faisant la grimace, vous devriez survivre…
2. L’asperge.
Elle fait partie de ces légumes dont
l’absorption facilite la libération, par les
neurones, de composés chimiques qui redonnent
de l’énergie et influent sur la motivation.
3. Le poivron.
Il est riche en vitamine B1 et c’est pour ça
qu’on l’aime. La carence en vitamine peut en effet
faciliter l’installation de la dépression.
4. La tomate.
Celle-là, peu d’entre nous y échappent et c’est
tant mieux. Son secret ? Le lycopène. Ce pigment,
auquel la tomate doit sa belle couleur rouge, est
aussi un antioxydant, utile contre le vieillissement
et la dépression. Second secret : le sélénium.
C’est un oligoélément qui intervient dans la
prévention du stress et aide à ne pas se départir de
sa bonne humeur.
5. La mozzarella.
Avec la tomate qui précède, vous prendrez
bien quelques tranches de mozzarella, non ? Ça
s’impose. Mais choisissez-la di bufala… Elle
contient un composé qui, par réaction chimique,
permet la libération de la sérotonine, plus connue
sous l’appellation d’hormone du bonheur.
6. Le parmesan.
Pour tout vous dire, le composé dont il est
question à propos de la mozzarella porte un nom
barbare : le tryptophane. C’est un acide aminé. On
le retrouve dans le parmesan qui, lui aussi, influe
sur la production de sérotonine.
7. La dinde.
Savez-vous pourquoi les gens ont le sourire le
jour de Noël ? Parce qu’il y a de la dinde au
menu. Vous ne me croyez pas ? Vous avez raison.
Il n’empêche que la dinde contient, elle aussi du
tryptophane. Même cause, même effet : bonne
pour le moral. En outre, elle peut influer sur la
production de l’hormone du sommeil, la
mélatonine. Et un sommeil de qualité est essentiel
à la bonne humeur.
8. Les lentilles.
Truffées de magnésium, elles sont
intéressantes pour lutter contre le stress. Car qui
dit stress dit production de cortisol. Or le cortisol
a ceci de particulier qu’il est impliqué dans la
diminution de la synthèse de la sérotonine, dont
vous avez appris plus haut qu’elle est constitutive
de notre bien-être. Compliqué ? Ne retenez que
ceci : vous pouvez solder votre mal-être contre un
plat de lentilles !
9. Le quinoa.
On se trouve, là encore, en présence d’un
antidépresseur naturel. Il doit son succès mondial
au développement du commerce équitable et de
l’alimentation bio. Il nous vient des Incas, qui le
considèrent comme une graine sacrée depuis des
millénaires. Et comme chacun sait, sur les haut-
plateaux andins, boliviens ou équatoriens, on
garde le moral…
10. La pomme.
« Mangez des pommes », claironnait Jacques
Chirac lors de la campagne présidentielle de
1995. Résultat : un septennat et un quinquennat
dans la foulée ! Bref, ça lui a réussi. L’injonction
vaut toujours. Et à défaut de conquérir le pouvoir,
vous pouvez être certain que vous n’aurez pas le
blues. La pomme apaise et redonne de l’énergie.
Le cerveau a soif

Comme tous les autres organes, le cerveau ne


supporte pas d’être privé d’eau. D’ailleurs, il est
à 80 % composé d’eau ! Bien sûr, il est alimenté
par tout ce que nous ingérons et que nous
considérons comme des aliments solides. C’est
ainsi que quand nous mangeons de la viande, nous
hydratons notre corps. Même chose pour le
poisson, les fruits, les légumes, bref, tout ce qui
compose nos repas et qui, en dépit des
apparences, est partiellement aqueux. Mais cet
apport ne saurait suffire. Le cerveau et
l’organisme ont aussi besoin, pour éviter la
déshydratation, de cette bonne vieille eau 100 %
liquide, qu’elle coule du robinet ou provienne
d’une bouteille. Sans elle, point d’optimisation de
nos performances intellectuelles et mentales…
Sans elle, nous altérons nos capacités de
raisonnement, nous mémorisons moins bien. Sans
elle, notre vigilance s’émousse, notre
concentration flétrit. Le manque d’eau entraîne un
effet domino où la fatigue conduit à la
somnolence, où la somnolence précède la
nervosité, où la nervosité débouche sur l’anxiété,
laquelle laisse bientôt place à l’énervement et à
son chapelet d’émotions négatives : on finit par
avoir peur de tout, s’agacer d’un rien et trimballer
sa tristesse un peu partout. Point n’est besoin
d’être thésard sur le sujet pour entrevoir le cercle
vicieux qui se met alors en place et vous pourrit le
quotidien tout en vous éloignant de vos amis, pour
lesquels vous devenez le parasite à éviter. Tout ça
parce qu’on n’a pas bu ! Ou oublié de le faire !
J’insiste sur cette notion d’oubli. Car la vie
n’étant pas si mal faite, nous avons tous tendance
à boire quand notre organisme nous le réclame. Le
problème, c’est que quand la soif se fait sentir,
c’est, d’une certaine manière, déjà trop tard. Les
capacités du cerveau sont déjà amoindries. L’idée,
c’est donc de boire avant d’avoir soif.
D’anticiper. Et de le faire, si possible, en dehors
des repas, en prévoyant de toujours avoir, à
disposition, une bouteille d’eau et en gardant à
l’esprit cette formule dont la simplicité le dispute
à la pertinence : « L’eau, c’est la vie. »
Le cerveau s’hydrate au robinet ou en
bouteille

Je ne saurais ici vous conseiller une marque


d’eau minérale plutôt qu’une autre : il en existe
tellement que je risquerais d’en oublier.
Quoique… Si j’avais un conseil à vous donner, ce
serait, pour commencer, de ne pas bouder l’eau du
robinet. En France, rien n’est mieux contrôlé, à
part peut-être les centrales nucléaires… En tout
cas, aucun aliment ne fait l’objet d’un niveau de
surveillance comparable. L’eau qui coule du
robinet, quand elle est présentée comme potable,
fait l’objet de précautions sanitaires permanentes,
de captages réguliers et de traitements adéquats.
Les paramètres de contrôle se comptent par
dizaines (quelque 70, au dernier pointage, mais
cette exigence de qualité ne cesse de s’accroître,
bien qu’ayant déjà fait ses preuves). Des
laboratoires agréés par le ministère de la Santé se
chargent des analyses. Donc, n’ayez pas peur de
l’eau du robinet, même si vous lui trouvez un goût
particulier, en général dû au chlore, mais qui peut
disparaître facilement si vous utilisez une carafe
filtrante.
Si, malgré tout, pour des raisons liées au goût,
à l’habitude, au plaisir coupable de contribuer à
la prolifération d’emballages en plastique ou à la
volonté bizarre de dépenser entre 100 et 300 fois
plus cher pour vous hydrater (l’eau du robinet ne
coûtant en moyenne que 0,35 centime d’euro le
litre !), vous ne jurez que par l’eau en bouteille,
grand bien vous fasse, à vous ainsi qu’à votre
épicier. Elle aussi fait l’objet d’une flopée de
contrôles censés vous mettre à l’abri d’un risque
sanitaire. Il en existe pléthore, chacune ayant sa
particularité et son argument de vente : riche en
calcium, riche en magnésium, pauvre en sodium…
Cette dernière est intéressante si vous souffrez de
surcharge pondérale. En effet, plus le taux de
chlorure de sodium d’une eau minérale est élevé,
plus la rétention aqueuse dans les tissus est
importante. Boire ou grossir, vous pouvez
choisir… Cela ne servirait à rien de bien hydrater
votre cerveau, contribuant ainsi à forger un moral
d’acier qui déclinerait au moindre signe
d’embonpoint…
Un conseil, malgré tout : ne vous contentez pas
d’une seule marque d’eau minérale. Changez-en
régulièrement, alternez. Votre cerveau aime la
diversité.
Ne laissez pas traîner votre bouteille d’eau
minérale n’importe où : elle n’aime pas la lumière
et préfère les endroits frais et secs. En outre, une
fois ouverte, vous veillerez à en consommer le
contenu dans les 48 heures si vous utilisez un
verre. En revanche, si vous buvez au goulot, videz
la bouteille dans la journée parce que les bactéries
de la salive ne demandent qu’à passer dans l’eau où
elles prolifèrent, ce qui donne une mauvaise odeur
à votre breuvage.
Les aliments riches en eau

Boire vous barbe ? Je pourrais vous dire que


vous n’avez pas le choix et que vous devez vous
forcer à vous hydrater, avant même que votre
cerveau vous somme de le faire. Cependant, pour
les spécialistes de l’oubli, je précise qu’il est
possible de compenser partiellement en
consommant beaucoup de végétaux. Sur le podium
des aliments riches en eau, figure le concombre :
96 % de son poids ! Mais d’autres plaisirs
gourmets le talonnent. Parmi eux, le radis, la
tomate, le poivron, le brocoli, le chou-fleur, les
épinards, les fraises, la pastèque, le melon… Vous
remarquerez qu’il s’agit là d’aliments dont j’ai
déjà eu, pour la plupart d’entre eux, l’occasion de
vous vanter les mérites car ils ne sont pas
seulement sources d’hydratation, mais aussi
pourvoyeurs de vitamines.
À présent convaincu des bienfaits de l’eau sur
le fonctionnement de votre cerveau, vous vous
demandez quel volume vous devez avaler
quotidiennement. Et là, vous reviennent en
mémoire les slogans et injonctions publicitaires
selon lesquels il n’est point de salut en dessous
d’un litre et demi par jour.
Ni vrai, ni faux.
Restons calmes et faisons preuve de bons sens
: parce que nous sommes tous différents, nos
besoins le sont aussi. Même s’il est clair qu’un
verre d’eau par jour sera toujours insuffisant et
que consommer 4 litres risque de vous faire
passer plus de temps au pipiroom qu’à la cuisine,
voire de vous déglinguer les reins, vous devez
avant tout être à l’écoute de vous-même. Boire
régulièrement, sans vous forcer, en dehors des
repas. Et vous verrez que tout naturellement, votre
consommation oscillera entre 1 et 2 litres par
jour. Bien sûr, les choses pourront varier en
fonction du contexte et de votre mode de vie : en
cas de grossesse ou d’allaitement, quand le soleil
cogne, quand on fait du sport, quand on vit en
altitude (où la fréquence respiratoire et
l’élimination urinaire augmentent), les besoins
sont plus importants. L’indicateur ultime ? La
couleur des urines. Tant qu’elles sont claires, c’est
que vous êtes bien hydraté. Si elles
s’assombrissent, c’est que vous ne buvez pas
assez.
S’hydrater au thé vert

Je plaide ici pour le thé vert qui, en marge de


sa capacité à hydrater le cerveau, fait un bien fou
à l’organisme. Les études s’accumulent, qui
montrent son intérêt pour l’organisme et pour
lutter contre les maladies, dans le cadre d’une
alimentation équilibrée. Une étude japonaise a
conclu que les hommes buvant 5 tasses de thé vert
par jour avaient 2 fois moins de risques de
développer un cancer de la prostate que ceux qui
en buvaient moins d’une tasse. En outre, les effets
préventifs du thé vert dans l’apparition de
maladies cardiovasculaires sont avérés : le thé
vert permet de limiter la formation de plaques
d’athérome, responsables de l’obstruction des
artères. Une tasse de thé vert contient plus de 300
substances actives : tanins, protéines, vitamines
(E, B, C), minéraux (phosphore, fluor,
magnésium). De plus, on y trouve de nombreux
polyphénols, de forts antioxydants, appelés
catéchines. Pour en optimiser la libération, il est
nécessaire que l’infusion soit prolongée : au
moins 5-8 minutes, idéalement 10 minutes.
Pour pouvoir profiter pleinement des
propriétés du thé vert, choisissez de préférence
des thés japonais (Sencha, Gyokuro, Matcha…) et
achetez le thé en feuilles plutôt qu’en sachets.
Veillez à ne jamais brûler le thé avec une eau
bouillante à 100 °C. Une telle température ôte au
thé toutes ses vertus et altère les arômes. La
température idéale dépend de la variété de thé
mais elle devra toujours être inférieure à 100 °C.
Une eau frémissante est généralement suffisante.
Ultime recommandation : le thé ayant tendance à
diminuer l’absorption du fer, mieux vaut le boire à
distance des repas pour que le fer soit bien
assimilé.
Noires, vertes ou blanches, les espèces de thé
sont nombreuses mais proviennent bien de la
même plante, le théier. C’est le procédé de
fabrication qui les différencie. Le thé vert n’est
pas fermenté : les feuilles vertes sont chauffées à
haute température afin de neutraliser les enzymes
responsables de la fermentation. Pour le thé noir,
les feuilles sont mises à sécher jusqu’à ce que la
teneur en eau soit réduite. Elles sont ensuite
roulées et écrasées, ce qui favorise la
fermentation, laquelle dégrade malheureusement
les polyphénols. Les pigments oxydés qui se
forment à ce moment donnent au thé sa couleur
sombre.
Le café, stimulant cérébral, oui mais…

Le café a la réputation justifiée de vous


maintenir en éveil avec l’esprit alerte. Alors va
pour une, deux, voire trois tasses par jour. Mais
pas plus. Autrement, les effets bénéfiques
recherchés seront ensevelis sous tout un tas
d’autres effets délétères : votre sommeil sera
altéré (le cerveau a besoin d’un repos de qualité)
et votre rythme cardiaque s’accélérera. L’histoire
du café qui peut vous aider à traverser une
période de stress ou qui vous maintient en forme
le temps de boucler un dossier urgent est une fable
dont la morale s’éprouve aux dépens de celui qui
la croit. Les lendemains peuvent être revanchards
: fatigue généralisée, neurones à l’ouest, cerveau
raplapla… Et cette recommandation vaut aussi
pour certains thés qui, eux aussi, contiennent de la
caféine, cet excitant dont vous apprécierez l’effet
boostant à condition de n’en consommer qu’à dose
homéopathique. Voire très homéopathique si vous
êtes enceinte : une étude réalisée par l’Institut
national de la santé et de la recherche médicale
(Inserm) a en effet montré que les souris femelles
qui carburaient à la caféine (que leur fournissaient
en douce les chercheurs) mettaient en danger le
développement de leur fœtus.
Le cerveau, cet idiot !

Tout ce qui précède est destiné à vous


convaincre que le cerveau, quand il est bien
nourri, quantitativement et qualitativement,
fonctionne à merveille. Il vous est redevable du
traitement que vous lui réservez et fera toujours le
meilleur usage de l’eau, des protéines, des sucres
et des vitamines que vous lui fournirez. Organe
magique et fascinant, le cerveau saura toujours
convertir ces bons aliments en portions de
bonheur. Il saura, en retour, vous donner de la
vivacité, de la concentration, de la réflexion, de la
rapidité ; il éloignera stress, fatigue, anxiété,
déprime et autres enquiquinements.
Mais si multiples que puissent être ses
capacités, si infinie que puisse être son
intelligence, le cerveau n’en demeure pas moins
d’une abyssale crédulité. Tout dépend de ce qu’on
en fait. Comment expliquer, en effet, que bien que
conscients de la nécessité de s’alimenter et de
l’alimenter correctement, nous soyons si réceptifs
à la malbouffe ? Comment justifier que notre
cerveau, qui se nourrit volontiers de bonnes
choses, n’intervienne pas lorsque nous baissons
les bras face à la tentation ? Faut-il que, par
instants, nous perdions la tête pour être capables
de flinguer un paquet de chips en dix minutes,
vider un bol de pistaches en moins de temps qu’il
n’en faut pour les décortiquer, gober à la chaîne
des fraises tagada ? Pourquoi notre cerveau nous
abandonne-t-il ? Pourquoi ne nous dit-il pas : «
Stop ! Attention, danger ! »
Certains d’entre vous trouveront que
j’exagère. C’est un peu vrai : plus on vieillit,
moins on se laisse prendre. Mais qui peut jurer
n’avoir aucun péché mignon ? Qui peut se targuer
d’être capable de résister systématiquement à
certaines de ces délicieuses saloperies qui nous
aguichent en permanence ? Pas grand monde…
Serions-nous stupides ? Pas exactement…
Je préfère poser la question en d’autres termes
: « Aurions-nous affaire à de dangereux malins ? »
La réponse est oui. Cent fois, mille fois, oui.
S’il nous arrive de mal nous nourrir, alors que
nous savons parfaitement que c’est néfaste pour
notre organisme en général et notre cerveau en
particulier, c’est que nous sommes sous
l’influence d’une industrie agroalimentaire qui
sait s’y prendre. Elle nous observe en
permanence, n’en finit plus d’étudier le
fonctionnement de notre cerveau et apporte les
réponses qui lui conviennent à un problème qui,
pour elle, relève parfois du mercantilisme plutôt
que de la santé publique, dont il peut arriver
qu’elle se fiche comme de son premier bénéfice.
Après tout, chacun son boulot… Et il faut
reconnaître que l’industrie alimentaire fait plutôt
pas mal le sien.
Je relève donc le défi en tentant de faire le
mien.
Je pourrais vous dire : « N’achetez plus
n’importe quoi. » Mais je doute de l’efficacité
d’un tel ordre. En revanche, je crois aux vertus de
l’explication et me propose donc de vous éclairer
sur les méthodes de l’ennemi. Les connaître, les
comprendre, savoir qu’elles existent, reconnaître
leur efficacité, c’est prendre le risque de se sentir
idiot, mais rassurez-vous, l’impression ne sera
que momentanée puisqu’une fois passé ce trouble,
je fais le pari que vous jurerez qu’on ne vous y
reprendra plus. Ou plus trop… Alors allons-y…
En préambule, je dois vous dire que tout ce
qui suit s’inspire d’un stupéfiant rapport intitulé
Why Humans Like Junk Food (Pourquoi les
humains aiment la malbouffe) commis par un
scientifique en alimentation de renom,
l’Américain Steven Witherly. Cela fait des
décennies qu’il planche sur l’addictologie des
aliments pour tenter d’expliquer notre attirance
chaque fois renouvelée pour la mauvaise nutrition.
Et il en a conclu que les princes de
l’agroalimentaire avaient parfaitement identifié
les petites faiblesses de notre cerveau de manière
à lui servir de quoi le satisfaire sans le dégoûter,
tout en lui donnant envie de recommencer dès que
l’occasion se présente. Witherly identifie ainsi
nombre de techniques plus ou moins dépendantes
les unes des autres qui aboutissent au triomphe de
la malbouffe si néfaste à nos neurones.

– La dynamique des contrastes.


Imaginez d’abord une crème brûlée : la
surface caramélisée est croustillante, la sous-
couche d’une infinie douceur. Imaginez ensuite un
bel esquimau au chocolat : il faut des dents
acérées pour en briser l’enrobage et atteindre le
crémeux. Imaginez enfin une pizza fumante, le
mariage miraculeux de la savoureuse garniture
avec la croûte craquante qui fait crunch quand
vous mordez dedans ! Eh bien sachez-le : vous
êtes là en présence de trois splendides
manipulations du cerveau. Witherly appelle ça la
dynamique des contrastes. Elle consiste à
combiner différentes sensations dans une même
bouchée. On pourrait résumer la technique en une
formule : « Dur dehors, mou dedans. » Je sens que
vous commencez à voir d’un autre œil farandoles
de biscuits fourrés, fondants au coulis et autres
macarons… Votre cerveau, lui, ne voit pas où est
le problème. Cette alliance du croustillant-
fondant, il adore ça ! Il ne connaît rien de plus
excitant et son drame, c’est que l’industrie a
identifié cette faille. Donc, ne comptez pas sur lui
pour vous dire « Stop ! » Il aura même plutôt
tendance à vous dire « Encore ! » D’autant que les
industriels savent choisir les ingrédients qui vont
déclencher un autre phénomène qui rend fou
furieux le cerveau : la réponse salivaire.

– La réponse salivaire.
Vous en conviendrez, quand le cerveau perd la
tête, c’est la fin des haricots… C’est pourtant ce
qui peut arriver quand la salivation est stimulée.
D’où l’application particulière avec laquelle
l’industrie alimentaire sélectionne les aliments
qu’elle nous propose : il faut que les papilles
répondent instantanément. Le chocolat au faible
pourcentage de cacao, le beurre à la pelle, les
sauces industrielles et autres mayonnaises qui
dégoulinent figurent parmi les produits phares de
ce complot auquel le cerveau, émoustillé par la
réponse salivaire, ne capte rien. Et il est d’autant
plus hors-jeu, le cerveau, qu’il est parfois victime
d’une autre manipulation : le phénomène de
disparition de la densité calorique.

– La disparition de la densité calorique.


Vous connaissez certainement ces aliments qui
ont un certain volume quand vous les regardez
mais qui, une fois portés à votre bouche, semblent
s’évaporer, se liquéfier, perdre en consistance,
pffuiiit, plus rien. Du vent ! Je pense à certains
biscuits salés qui fondent au contact du palais, à
certaines mousses qui vous donnent l’impression
d’absorber du vide, à certaines barres chocolatées
qui, une fois franchie l’étape du glaçage, vous font
mordre dans le néant. Là encore, attention,
délicieuses arnaques ! Ces produits dont la
consistance n’est qu’un leurre n’ont pas leur
pareil pour enclencher ce que Witherly nomme le
phénomène de disparition de la densité calorique.
Leur rôle consiste à envoyer au cerveau un
message rassurant qu’on pourrait résumer en ces
termes : « Ne t’inquiète pas, je ne suis pas en train
de manger autant que tu le crois. » Le cerveau,
rassuré, persuadé que plus un aliment fond, moins
il est calorique, en déduit que vous pouvez
continuer à vous gaver de cochonneries : «
Continue, régale-toi ! » Résultat : calories et
mauvaises graisses, qui altèrent le bon
fonctionnement du cerveau, s’accumulent…

– La réponse sensorielle spécifique.


Encore une notion qui n’a pas échappé aux
goupils de la malbouffe. Ils ont parfaitement
identifié que le cerveau n’était pas contre une
certaine forme de variété alimentaire et que si on
lui donnait tout le temps la même chose à manger,
il finissait par se lasser. Damned ! Comment, dans
ces conditions, refourguer les stocks de malbouffe
et empocher les marges pantagruéliques qu’elle
garantit ? Facile : en inventant des aliments dont
votre cerveau aimera le goût sans jamais en
épuiser le charme. On entre là dans les méandres
de la conception de la malbouffe où graisse, sel et
sucre font l’objet de dosages au microgramme
près. Les scientifiques ont accumulé les tests
auprès des consommateurs pour déterminer le
mélange idéal susceptible de nous faire perdre les
pédales. Pour Witherly, ce savoir-faire a accouché
de quelques réussites planétaires, notamment des
biscuits apéro dont il est inutile de citer la marque
ici mais qui sont imbattables pour entretenir votre
plaisir de les consommer tout en vous maintenant
dans un état de fringale permanent. Du grand art,
qui justifie que les multinationales de
l’alimentaire dépensent des millions de dollars
pour étudier le petit cri strident de la chips au
moment où elle explose en mille morceaux sous
votre molaire, le plaisir de consommer passant
aussi par l’ouïe. Maintenant, vous savez pourquoi
il faut être balèze comme Chuck Norris pour être
capable de ne manger qu’une seule chips.

– La force du souvenir.
Toutes les techniques identifiées par Witherly
(et dont je n’ai fait que détailler les plus saillantes
dans ce chapitre) disposent en outre d’une alliée :
la mémoire. Elle enregistre les sensations
agréables éprouvées lorsque vous avez consommé
cette malbouffe qui vous fait tant de mal tout en
vous comblant d’aise. Dès lors, votre cerveau
n’attend plus qu’un stimulus pour déclencher le
souvenir de cet agréable moment et vous donner
envie de le revivre. Pour ce faire, il mobilise vos
sens : l’odeur du croissant, la vue d’un paquet de
gâteaux ou le bruit du sachet de chips qu’on
déchire suffisent pour renouveler votre désir de
malbouffe, voire pour déclencher des réactions
physiques, comme la salivation, celle qui vous fait
dire que ça vous met l’eau à la bouche alors que
l’eau en question n’est qu’un lent poison pour le
cerveau et l’organisme.
8 conseils pour éviter les
manipulations du cerveau

Vendre de la m…, c’est donc un métier ! Et


vous voilà convaincus qu’en la matière, on est là
en présence de professionnels. Comment les
feinter ? Comment rompre le cercle vicieux de
l’addiction à la malbouffe au profit d’une
alimentation saine qui ne vous bousille pas les
neurones ? Les conseils qui suivent ne vous
demanderont pas d’efforts surhumains, mais juste
un peu de bon sens et de sagesse. Vous êtes sur le
point de remplir votre caddie ? C’est le moment
ou jamais de faire fonctionner votre cerveau…
1. Ne pas acheter de « saloperies ».
À une personne qui m’avait interpellé un jour
dans la rue pour me demander quelle était la
solution la plus efficace pour arrêter de fumer, je
répondis tout de go : « Ne pas acheter de
cigarettes ! » Un peu facile et pas si simple, je le
confesse. Pourtant, il en va de la malbouffe
comme du tabac, autre produit diaboliquement
addictif : quand on n’en a pas à sa disposition, on
ne risque pas de céder à la tentation. Moins vous
en achèterez, moins vous en consommerez. Et ce
n’est pas qu’une lapalissade que de tenir un tel
discours, car vous vous apercevrez que moins
vous consommez d’aliments néfastes pour la
santé, moins vous en aurez envie. De même qu’il
existe un cercle vicieux de la malbouffe, il existe
un cercle vertueux de la saine nourriture. Et il est
tout aussi entraînant…
2. Étudiez les couleurs.
Il faut apprendre à se méfier des couleurs
criardes qui, dans les rayons des supermarchés,
attirent l’attention. Le monde du marketing, parce
qu’il vous connaît mieux que vous ne vous
connaissez vous-même, soigne le look de ses
emballages. Et quand ils sont colorés, parfois à
outrance, pour simplement capter votre attention,
cela doit vous alerter : c’est le signe que le
contenu du paquet a de fortes chances d’être
néfaste pour la santé.
3. Fuyez la nourriture conditionnée.
Ah, les bons petits en-cas dont la photo sur
l’emballage fait saliver ! Ils vous rassurent parce
que leur date limite de consommation indiquée sur
la boîte renvoie aux calendes grecques et que
vous vous dites qu’un jour ou l’autre, ça fera
l’appoint… Mais que croyez-vous ? Qu’un
aliment ou un plat peut se conserver des semaines,
voire des mois, comme par miracle ? Rester
comestible sans avoir été « trafiqué » ?
Évidemment non ! La nourriture conditionnée
contient souvent des conservateurs, des colorants
et des exhausteurs de goût qui ne présagent rien de
bon pour vos neurones.
4. Observez la règle des 5 ingrédients.
Dans le droit fil de ce qui précède, lisez la
liste des ingrédients qui figure sur l’emballage.
Point n’est besoin d’une lecture détaillée. Un coup
d’œil suffit pour se faire une idée : si la liste est
longue, reposez ce que vous venez de prendre
dans le rayon ! D’une manière générale, tout
produit qui contient plus de 5 ingrédients est
suspect.
5. Redécouvrez les épices.
On aime la malbouffe car elle produit
d’agréables saveurs. Rien ne vous empêche vous
aussi d’innover en redécouvrant les épices. On a
tendance à les bouder, à les oublier. À tort. Car
elles réservent des saveurs nouvelles, souvent
appréciées, et répondent à ce besoin de variété et
de nouveauté que le cerveau exprimerait à haute
voix s’il pouvait parler.
6. Donnez au cerveau ce qu’il aime.
Votre cerveau aime le croquant crémeux ?
Donnez-lui-en ! Vous pouvez le fabriquer vous-
même. Avez-vous pensé à ces bâtonnets de carotte
crue ou de concombre que l’on trempe dans de
l’houmous ou une sauce maison, à base de yaourt
par exemple ? Cela remplace utilement les chips à
l’heure de l’apéro. Essayez, vous aimerez.
7. Achetez frais.
Les rayons fruits et légumes des grandes
surfaces sont suffisamment fournis pour que
chacun y trouve son bonheur. C’est une simple
question d’itinéraire à l’intérieur du magasin. En
déambulant du côté des rayons frais plutôt qu’en
traînant du côté des produits conditionnés, on se
donne une chance de limiter les dégâts. Certes, les
pièges alimentaires sont partout. Mais certains
endroits sont quand même plus dangereux que
d’autres…
8. Faites des comptes d’apothicaire.
Si vous décidez de tenir compte des 7 conseils
qui précèdent, faites-le en notant le prix des
aliments que vous aurez été tentés d’acheter mais
auxquels vous aurez su résister. À la fin du mois,
faites l’addition, multipliez par douze et souriez :
vous aurez sous les yeux la somme que vous
pouvez économiser en 1 an tout en prenant soin de
votre santé. Et vous serez surpris. Agréablement.
Car le pire du pire, c’est que non seulement la
malbouffe nous esquinte, mais en plus elle nous
détrousse.
Soyez parano !

J’ai conscience, dans cet ultime chapitre


consacré à l’appétit de notre cerveau, de
m’éloigner un peu du propos initial. Mais il me
paraît utile de faire le point sur tout ce qui est mis
en œuvre à notre insu pour influencer nos achats.
Cela concerne aussi bien l’alimentation (dont nous
avons pu constater qu’elle n’était pas sans effet
sur nos capacités cérébrales) que d’autres biens
de consommation. Alors oui, en écho au titre de ce
chapitre, soyez parano ! Parce que vous
n’imaginez pas l’arsenal de techniques
imaginatives que maîtrisent les as du marketing.
Leur objectif : vous pousser à consommer. Si
possible, ce qu’ils ont envie que vous
consommiez ! N’en doutez plus : dès l’instant où
vous pénétrez dans un temple de la consommation,
votre cerveau est pris en charge. La manipulation
peut commencer. Comment ? Comme ça…

– À droite, toute !
Essayez de vous remémorer votre dernière
escale au supermarché du coin. Vous arrivez, vous
prenez un chariot et vous allez où ? À droite ! Je
parie que vous allez à droite. Vous commencez
votre petit tour dans le sens inverse des aiguilles
d’une montre. Je n’étais pas là mais je le sais.
C’est comme si je vous avais vu. C’est ainsi : la
plupart des consommateurs, quand ils pénètrent
dans un magasin, ont tendance à entamer leur
balade consumériste en allant sur leur droite. Ne
vous demandez pas pourquoi, c’est naturel. C’est
donc à cet endroit que, généralement, sont placés
certains des produits les plus chers, les moins
indispensables, ceux que l’on n’a pas forcément
envie d’acheter. Sauf que votre chariot est vide.
Vous venez d’arriver. Et n’êtes-vous pas là pour le
remplir ? La tentation est grande de le faire. C’est
vrai, quoi, vous n’avez encore rien dépensé !
Moralité : ne vous étonnez pas de trouver, à droite
en entrant, une ribambelle de produits aussi
tentants que superflus. Ne vous étonnez pas non
plus, dans les petits magasins, de ne pas y trouver
la caisse. Les commerçants s’efforcent (à
condition que la disposition des locaux le
permette) de la placer à gauche de l’entrée, pour
que vous ne l’aperceviez pas tout de suite, histoire
de vous éviter de penser que vous allez devoir
ouvrir votre portefeuille alors que vous venez à
peine d’arriver. Vous gâcher le plaisir d’entrée, ce
ne serait pas fair-play…

– Oh, la belle rouge !


Autre piège : l’éclairage. Lumière blanche ici,
lumière jaune là, en général du côté des fruits et
légumes. Ce n’est pas un hasard : cela fait éclater
la couleur des produits qui paraissent encore plus
frais. Les tomates sont plus rouges que rouges, les
poivrons plus jaunes que jaunes, les épinards plus
verts que verts et les champignons de Paris d’un
blanc immaculé qui rappelle celui de la blouse
d’un chirurgien de l’hôpital de Singapour au sortir
du pressing. Tout est beau, tout resplendit. Mon
cerveau me commande de faire le plein. Normal,
il est sous influence.

– L’itinéraire, c’est tout un art.


Le lait, les bouteilles d’eau, les boissons…
Autant de courses indispensables… Avez-vous
remarqué que leur emplacement se trouve
systématiquement au diable Vauvert ? Là-bas, tout
au fond du magasin, à gauche… On vous oblige à
faire le détour. Et ce faisant, on vous condamne à
passer par des rayons remplis de choses peu
recommandables pour votre santé, notamment
mentale. De là à imaginer que vous craquerez sur
la route en piochant dans les rayons quelques
paquets de nourriture industrielle…

– Votre argent a une odeur.


Dans sa grande entreprise de contrôle de nos
émotions, il n’était pas question que le marketing
passe à côté d’un sens essentiel : l’odorat. S’il n’y
a pas lieu de s’étonner de sentir la bonne odeur du
pain chaud dans une boulangerie (le patron étant
comme il se doit au four dans l’arrière-boutique),
on est en droit de s’interroger sur la discrète
persistance des parfums qui emplissent l’air de
certaines boutiques. Ne cherchez plus ! Leur
raison d’être : vous mettre suffisamment à l’aise
pour vous faire acheter tout en vous laissant croire
que vous avez une attitude rationnelle lorsque
vous décidez de sortir votre carte de crédit. Les
exemples abondent de marques capables de vous
« retourner le cerveau » par la grâce de fragrances
adaptées au produit. Passe encore sur le vendeur
de cafetières qui s’emploie à faire flotter, autour
de sa quincaillerie, une odeur de café. Le coup est
gros comme une maison et de bonne guerre…
Mais si, au cours de vos séances de shopping,
vous parvenez à identifier une odeur d’agrume,
déduisez-en illico que vous vous trouvez dans un
endroit où tout est entrepris pour que vous y
restiez ! Agrume, fleur d’oranger : ces odeurs
mettent en effet à l’aise et prolongent ce que les
spécialistes appellent le « temps de passage du
client ». Et un client qui reste dans une boutique
pendant 5 minutes est toujours plus intéressant,
statistiquement, qu’un client qui n’y reste que 3
minutes. Les parfums d’ambiance diffusés dans les
magasins sont souvent créés sur mesure par des
nez qui savent qui aime quoi. Une odeur de rose ?
C’est évidemment la clientèle féminine qui est
visée. Ça sent le thé blanc ? Votre cerveau est
censé comprendre que vous êtes dans un univers
sophistiqué ; bon pour l’ego, n’est-ce pas ? Une
odeur de gazon fraîchement coupé vous chatouille
les narines ? Ne croyez pas qu’on essaie de vous
vendre une tondeuse ! Non, c’est plus subtil que
ça : on est en train de vous étourdir à l’acétate de
cétirizine parce que ça donne un petit côté
dynamique à la vie, ça vous téléporte à
l’extérieur, ça vous procure des envies de nature,
de grands espaces, et peut-être même ça fait naître
en vous un irrépressible besoin de courir… Bingo
: vous venez de craquer pour une paire de
chaussures de sport ! Dépassant l’étape de l’achat,
entreprises et marques s’emploient ainsi à établir
des liens aussi invisibles que tenaces et inscrits
dans la durée avec leur clientèle en fonction de ce
qu’elle est ou qu’elles voudraient qu’elle soit :
masculine ou féminine, jeune ou âgée, dépensière
ou économe, urbaine ou rurale… La liste des
alternatives est sans fin. Et cette démarche, qui
consiste à se créer une identité olfactive, touche
même des boîtes qui pourraient s’en passer. Ainsi,
cette entreprise de transport (d’autant plus leader
sur son marché qu’elle jouit d’un monopole) qui
diffuse, dans ses voitures, un parfum où se mêlent
des essences d’iris, de musc et de fève tonka.
Miraculeux mélange : il apaise et, par conséquent,
procure un sentiment de sécurité, toujours utile
lorsqu’on fonce à 300 km/h…
– Miroir, ô miroir, dis-moi que je suis canon !
Une chose est sûre, vous ne trouverez jamais
de miroir concave dans un magasin. Normal, ça
tasse. En revanche, il pourra se produire que vous
tombiez sur un miroir convexe, légèrement bombé
vers celui qui s’y mire ! Si légèrement bombé que
vous n’en saurez rien. Mais l’effet amincissant,
lui, sera immédiat. Vous vous trouverez à ravir
dans ce costume, ce petit haut ou je ne sais quelle
autre fringue. Et pour cause : le miroir convexe
étire la silhouette et vous vous voyez comme
jamais vous n’avez cru pouvoir devenir. À la
limite, vous vous dites que vous avez tellement
maigri que vous pourriez vous autoriser quelques
achats de cochonneries. Ça tombe bien, c’est le
rayon suivant…

– Droit dans les yeux.


Tout est fait pour que les cochonneries
n’échappent pas à votre regard. Dans cette
optique, vous les trouverez à hauteur d’homme (ou
de femme), sur le rayon qui est plus ou moins au
niveau de votre visage (et donc de votre cerveau
qui, paradoxalement, oublie souvent de
fonctionner à cet instant). C’est en effet là, sous
votre nez, que les sournois du marketing placent
les produits qu’ils veulent vendre en priorité et
qui, souvent, leur garantissent la meilleure marge.
Je vous propose un test des plus simples. Comme
une valse, ça se joue en trois temps ; il suffit juste
d’un peu de souplesse.
Temps 1, postez-vous devant le rayon et
regardez droit devant vous ! Prenez un produit
placé à hauteur de regard. Notez-en le prix.
Temps 2, flexion ! Accroupissez-vous et
prenez le même produit dans une marque
différente. Notez-en le prix.
Temps 3, extension ! Mettez-vous sur la pointe
des pieds et emparez-vous du même produit dans
une marque différente des deux premières. Notez-
en le prix.
Fin de la valse et bilan de l’opération : le
produit le plus cher est systématiquement celui qui
se trouve à la hauteur de votre regard lorsque
vous vous postez devant le rayon. Moralité :
quand vous faites vos courses, n’hésitez pas à
faire un peu de gym. Flexion, extension… Il se
pourrait que cela vous fasse faire quelques
économies et que vous ayez l’agréable impression
que votre cerveau est capable d’échapper à
l’emprise des marchands, fût-ce l’espace de
quelques instants, car hélas ! un ultime piège
l’attend sur le chemin du retour…

– Traquenard à la caisse.
Les courses sont faites, ne reste plus qu’à
payer, vous voici à la caisse. Évidemment, il y a
une file d’attente. Comme toujours… Il va falloir
patienter. Vous l’avez sans doute remarqué, il faut
toujours patienter. Ce serait pourtant tellement
plus simple d’ouvrir les caisses qui sont fermées.
Plus simple, oui, mais moins rentable. Dans les
grandes surfaces, on est moins là pour vous
faciliter la vie que pour vous faire consommer : il
se pourrait bien que l’embouteillage aux caisses
soit un phénomène sciemment organisé. Car une
clientèle qui patiente, c’est une clientèle captive,
une clientèle qui s’ennuie ; et quand on s’ennuie,
on est susceptible de faire des bêtises. Justement,
regardez sur le côté. Vous ne trouvez pas qu’elle
serait triste, la caisse, si on n’y avait pas collé ce
rayon mignon de petits produits sans aucun intérêt
nutritif ? Vous le voyez, le paquet de chewing-gum
qui vous regarde depuis 10 minutes ? Il vous
supplie de l’adopter. Pareil pour les sucreries.
Allez, quoi, ce n’est rien, quelques euros de plus
ou de moins, ça passera inaperçu dans la liste des
achats du jour… Vous résistez ? Au pire, les
enfants qui vous accompagnent (dont le cerveau
est encore moins mature que le vôtre) se
chargeront de les glisser en douce dans le caddie.
Juste pour jouer, juste pour patienter. Ni vu ni
connu. Mais payé plein pot.
Le supermarché n’a plus qu’à vous remercier.
À la semaine prochaine ! Le temps des courses,
après avoir été malaxé, manipulé, travaillé, broyé,
trompé avec finesse par le marketing, votre
cerveau ressemble à ce chewing-gum que vous
venez d’acheter à la caisse et que vous mâchez
déjà, avant même d’avoir atteint votre voiture sur
le parking tout en chantonnant cet air que vous
n’arrivez pas à vous ôter du crâne ! Et pour cause
: lisez la suite…

– La musique, pour orchestrer les achats.


S’il est admis que la musique adoucit les
mœurs, il n’est pas à exclure qu’elle anesthésie
aussi le consommateur. D’où la « signature sonore
» de certains magasins qui diffusent en boucle une
musique lente et répétitive, à la limite du lénifiant,
supposée nous inciter à ralentir le pas. Notre
attention sera d’autant plus soutenue que nos
déambulations seront lentes. Et les chances (les
risques ?) que notre regard croise certains
produits au packaging aguichant à défaut d’un
contenu essentiel pour la santé augmenteront, pour
le plus grand bénéfice, au propre comme au
figuré, des marchands. L’ouïe ayant une fonction
d’alerte, impossible d’échapper à la musique qui,
quand elle est soigneusement choisie, a ceci de
particulier qu’elle nous calme et nous conditionne,
nous mettant ainsi dans les meilleures dispositions
pour passer à l’acte… d’achat !
La musique d’ambiance est un business bientôt
centenaire. Pionnière du secteur, la société Muzak
a en effet vu le jour en 1922. Pourquoi Muzak ?
Parce que son fondateur a trouvé que c’était le
meilleur moyen de faire fusionner deux mots :
music et Kodak. Pourquoi Kodak ? Parce que
notre homme s’était associé avec cette entreprise.
Initialement, les concepteurs du genre se sont
attachés à réorchestrer des airs connus de tous
(Carmen de Bizet, Les 4 saisons de Vivaldi,
certains concertos pour violon de Mozart…).
Aujourd’hui, nombre d’enseignes proposent des
musiques qui leur sont spécifiques, conçues par
des compositeurs sommés de promouvoir telles
ou telles valeurs. Se crée ainsi un attachement à
certaines marques dont les disques se vendent à
merveille alors que leur savoir-faire n’a rien à voir
avec la musique. Ainsi, des marques comme
Starbucks Café (boissons), Nature et découvertes
(bien-être), Célio (vêtements), Séphora
(cosmétiques) ou Victoria’s Secret (lingerie
féminine) ont vendu des centaines de milliers de
CD !
2

Votre cerveau aime


les bonnes habitudes
Le cerveau et le sommeil

Repos et cerveau, ça rime

On ne rogne jamais impunément sur son temps


de sommeil. Tôt ou tard, le manque de repos se
paye de ce que les scientifiques appellent un «
coût neurologique », une sorte d’impôt que la
fatigue collecte auprès du cerveau, dont le
fonctionnement se trouve de fait altéré.
Concrètement, cela peut se traduire par une foule
de symptômes : manque de vigilance,
multiplication des erreurs de jugement, diminution
des capacités d’apprentissage, hyper réactivité
émotionnelle, toutes choses ne contribuant qu’à
vous handicaper dans l’exercice de votre métier,
quel qu’il soit, et pouvant vous conduire dans le
mur, au sens propre si vous êtes au volant. À vrai
dire, les effets néfastes du manque de sommeil sur
le cerveau relèvent de l’évidence : il suffit
d’expérimenter la chose pour l’admettre. Si je ne
dors pas, je n’ai pas les idées claires. Mais
certains chercheurs américains sont allés au-delà
de l’intuition et du vécu. Ils sont parvenus à
expliquer le phénomène. Leur trouvaille : la
privation de sommeil affecte le processus de
renouvellement des neurones de l’hippocampe,
une zone cérébrale clé puisque impliquée dans le
fonctionnement de la mémoire et le contrôle de
l’humeur. Ceci explique donc cela. Même si
l’expérience à laquelle il est ici fait référence a
été réalisée sur des rats…

Les secrets du sommeil


Selon l’Institut national du sommeil et de la
vigilance, les Français ont perdu, en 50 ans,
environ 1 heure 30 de sommeil sur 24 heures.
Cependant, nous passons quand même près d’un
tiers de notre vie au lit ! En général pour y
dormir… Il doit bien y avoir une raison, non ? La
Nature n’est pas dingue. Quand elle prévoit
quelque chose, c’est qu’a priori, elle y a réfléchi
avant… Vous aussi, réfléchissez… Croyez-vous
que le sommeil serve simplement à vous réparer
physiquement ? Pensez-vous qu’un bon roupillon
n’a aucune influence sur votre mental ?
Évidemment non. Une bonne nuit procure de
multiples bénéfices : meilleur apprentissage,
meilleure mémorisation, élimination du stress et
des toxines du corps, réparation des tissus,
régénération cellulaire, plus d’enthousiasme, de
joie, de bonne humeur, renforcement du système
immunitaire… Cette cascade de bonnes nouvelles
doit vous inciter à vous pencher sur les secrets du
sommeil. Il a ses petites manies, sa manière de
fonctionner. Les connaître, c’est se préparer à
mieux en jouir.
La nuit de sommeil parfaite comporte
plusieurs cycles, dont chacun dure 90 minutes
environ. À l’intérieur de chacun de ces cycles,
considérons que le sommeil passe par 4 stades
consécutifs.

– Stade 1.
Le stade 1 correspond à la phase de transition
entre l’éveil et le sommeil ; il ne dure que
quelques minutes. Le sommeil est dit « léger ». Le
dormeur n’a d’ailleurs pas vraiment l’impression
de dormir, il somnole.
– Stade 2.
Le stade 2 est celui du sommeil confirmé. Il
n’est cependant pas profond. Le bruit ou le fait
que la lumière apparaisse peut suffire à le
perturber. Chez un bon dormeur, ce stade peut
conduire en une dizaine de minutes au stade 3.
– Stade 3.
Le stade 3 correspond au sommeil profond.
On « écrase » ! Dans un cycle, cela correspond au
moment où l’on récupère de la fatigue accumulée.
Le dormeur est alors difficile à réveiller. Vous
pouvez mettre la sono à fond, pas sûr qu’il
réagisse.
– Stade 4.
Le stade 4 est celui du sommeil paradoxal. Il
porte ce nom car le dormeur, tout en étant immergé
dans un sommeil profond, présente des signes
d’éveil. C’est en général le moment où il rêve.

90 minutes s’écoulent donc du début du stade


1 à la fin du stade 4. Au terme du stade 4, la
boucle du cycle est bouclée. Un autre cycle peut
commencer. Une nuit complète est ainsi composée
de 3 à 6 cycles. Certains se contentent de 4 heures
30 de sommeil, quand d’autres ont besoin de
dormir 9 heures. Tout dormeur peut être amené à
se réveiller brièvement plusieurs fois dans la nuit
sans s’en souvenir quand il se lève. C’est un
phénomène normal. La durée idéale d’une nuit de
sommeil est d’environ 7 heures 30. Dormir moins
de 6 heures perturberait les mécanismes
hormonaux et augmenterait la probabilité de
souffrir de diabète, d’hypertension…
Pour connaître votre besoin réel d’heures de
sommeil, faites le test suivant : mettez-vous au lit
un quart d’heure avant votre heure de coucher
habituelle et voyez si vous avez toujours besoin
d’un réveil pour vous lever. Si c’est le cas,
essayez de vous coucher 15 minutes encore plus
tôt. Continuez ainsi jusqu’à parvenir au point où
vous vous réveillerez naturellement, sans réveil.
Vous saurez ainsi le nombre d’heures de sommeil
dont vous avez besoin chaque nuit.
Les cycles du sommeil durant en moyenne 90
minutes, il faut prendre en compte cette donnée
pour s’organiser. Conseil : choisissez une heure
de réveil qui soit un multiple de 90 minutes.
Exemple : si vous vous couchez à 22 heures,
réglez votre réveil sur la position 5 heures 30
(soit un total de 7 heures 30 de sommeil). Si vous
le réglez sur la position 6 heures, vous dormirez
pendant 8 heures (donc plus longtemps) mais vous
aurez paradoxalement plus de mal à vous réveiller
! Tout simplement parce que le réveil vous aura
cueilli au milieu d’un cycle de sommeil, au stade
du sommeil profond.

10 conseils pour bien dormir

Quand la lumière du jour diminue et que la


nuit se met à tomber, le cerveau comprend ce qui
se passe… C’est la rétine qui capte les variations
de lumière et, grâce à des cellules sensibles aux
influx lumineux, transmet l’information au noyau
suprachiasmatique. Celui-ci est lié à une petite
glande du cerveau, l’épiphyse, qui sécrète la
mélatonine au fur et à mesure que la lumière
décroît. C’est donc elle qui « donne l’heure » à
l’organisme. Signal biologique, la mélatonine
mesure la longueur du jour et synchronise les
rythmes biologiques journaliers en fonction de
l’alternance du jour et de la nuit. Elle est sécrétée
au cours de la nuit, de 20 heures à environ 7
heures 30 du matin, avec un pic entre 3 et 6
heures. Mais que la mélatonine fasse sa part de
boulot ne doit pas vous empêcher de vous mettre
dans les meilleures dispositions pour aborder la
nuit. À vous de jouer !
1. Videz-vous la tête.
Si, une fois dans votre lit, vous continuez à
ressasser le dernier pataquès du boulot et
envisagez à l’avance les soucis qui vous attendent
le lendemain, il y a de gros risques que vous ne
réussissiez pas à vous endormir facilement.
Préparer son sommeil est tout aussi important que
se brosser les dents ou prendre une douche : c’est
un rituel. Éloignez les tracas de la journée
écoulée, détendez-vous.
2. Dormez dans un cocon.
Le fait que nous passions un tiers de notre vie
dans notre chambre nous impose d’en faire une
sorte de cocon sécurisant. Rangez-la, aérez-la,
maintenez-y une température comprise entre 18 et
20 °C et optez pour des couleurs douces et
apaisantes. Son agencement doit témoigner d’une
atmosphère harmonieuse et reposante.
3. Chassez les stimulations.
Jeux vidéo, films à suspense, musique à fond,
conversations émotionnellement coûteuses, travail
urgent à finir, Internet surfing… Toutes ces
activités ont en commun d’entraîner une
hyperstimulation des mécanismes d’éveil néfaste à
l’endormissement. Faites le tri dans vos activités
du soir ou reportez-les aux heures ouvrables.
4. Inventez des rituels.
Adopter un rituel, le répéter chaque jour,
permet à votre esprit comme à votre corps de
comprendre que l’heure du dodo est proche. Cette
répétition aura pour effet de vous conditionner au
sommeil. Le tout est d’inventer des gestes
sécurisants, des pensées calmes qui agiront
comme des somnifères. Une heure environ avant
le coucher, vous pouvez par exemple prendre une
douche, vous regarder dans la glace, prendre soin
de votre corps, enfiler votre pyjama (ou ce qui fait
office de…) puis vous installer confortablement
pour une pause lecture ou méditation. Faites
toujours les choses dans le même ordre. Le
cerveau comprend vite, vous savez…
5. Parlez-vous de vous.
Il est ici question de prendre le temps de
s’interroger sur soi-même. Au besoin, prenez un
stylo et du papier pour compléter les phrases
suivantes :
– Je dors bien quand…
– J’ai remarqué que… favorise mon sommeil.
– Je m’endors rapidement quand…
Il ne vous faudra pas plus de quelques minutes
de cogitation pour déterminer les comportements
ou situations propices à votre sommeil. Les
identifier vous conduira à les reproduire. Ils
pourront d’ailleurs trouver leur place dans le
rituel dont il est question au point précédent.
6. Bougez-vous dans la journée.
L’énergie utilisée par le corps ne cesse de
décroître au profit de celle consacrée à penser.
Ainsi va la vie moderne… Beaucoup d’entre nous
condensent trop d’énergie dans la tête, créant ainsi
une fatigue intellectuelle (néfaste au sommeil
réparateur) plutôt qu’une fatigue physique qui
permet de se préparer au repos réparateur de la
nuit. Et le fait de passer des journées entières à
l’intérieur, sous la lumière artificielle non propice
à réguler les cycles jour/nuit, ne contribue pas à
arranger les choses. Pour remédier à cela, le sport
peut être d’un grand secours. Sinon, passez en
manuel : cuisiner, peindre, jardiner… Les
activités manuelles permettent à l’esprit de
s’évader et sont excellentes pour le bien-être et le
sommeil. Trouvez la vôtre !
7. Évitez le sport après 20 heures.
Abstenez-vous de faire du sport moins de 2
heures avant d’aller au lit. La pratique sportive
entraîne une augmentation de la température
corporelle et une hyperactivité nerveuse
défavorables à l’endormissement.
8. Mangez intelligemment.
Les dîners trop gras entraînent une digestion
lente, pouvant nuire au sommeil. Quant aux
excitants que sont le café, le thé, les sodas ou la
nicotine, ils n’aident en rien à s’endormir.
9. Dormez dans le noir.
Je recommande le noir complet. La mélatonine
en a besoin pour être synthétisée. Une porte mal
fermée qui laisserait filtrer la lumière du couloir
peut être un problème. Tout comme les petits
voyants lumineux rouges des télés et autres
appareils électroniques dont certains clignotent…
Et méfiez-vous de certaines lampes de chevet qui
émettent une lumière « bleue » sans que vous vous
en rendiez compte ; c’est le cas des LED. Elles
stimulent votre cerveau et réduisent la sécrétion
de mélatonine alors que vous êtes en train
d’essayer de vous endormir ! Même précaution
avec les tablettes qui émettent elles aussi ce type
de lumière… Une étude a démontré que 2 heures
de tablette électronique avant de se coucher
bloquent jusqu’à 22 % de la sécrétion de
mélatonine. La solution ? Opter pour des lunettes
à filtre orangé qui arrêtent la lumière bleue.
10. Prenez le bon train.
Si, dans la soirée, vous ressentez les premiers
signaux de sommeil (bâillements, yeux qui
piquent, frissons, paupières lourdes…), c’est
qu’un cycle de sommeil se profile. Ne résistez
pas, allez vous coucher ! Le sommeil, ça
fonctionne comme à la SNCF : si vous ratez un
train, il vous faut attendre le suivant. Si en plus, ça
se passe un jour de grève…
Des études ont permis d’observer un lien
entre, d’une part, l’activité de certaines zones du
cerveau lors de l’apprentissage et la mémorisation
d’informations pendant la journée et, d’autre part,
l’activité de ces mêmes zones pendant la nuit, plus
spécifiquement pendant la phase de sommeil
paradoxal. Avec les techniques d’imagerie
récentes, on a montré qu’au cours du sommeil, le
cerveau « rejoue » les apprentissages de la
journée. On suppose donc que le travail de
consolidation de la mémoire s’effectue pendant le
sommeil.

Le kit 100 % naturel de l’insomniaque


Difficultés d’endormissement, réveils
nocturnes ou réveils matinaux, pensées
incessantes, horaires décalés, sommeil non
réparateur… Autant de façons de vivre
l’insomnie. Les causes peuvent être transitoires :
douleurs de dos, maladie sans gravité (rhume,
grippe, gastro…), déplacement professionnel,
voyage (quand on n’est pas chez soi, ça peut
perturber)… Mais les causes peuvent s’inscrire
dans le moyen terme (problèmes familiaux,
professionnels, de couple, d’argent…) ou le long
terme (abus d’alcool ou de médicaments,
dépression, apnée du sommeil, syndrome des
jambes sans repos, ronflements, bruit…). Quoi
qu’il en soit, il existe quelques astuces naturelles
utiles (ce n’est pas moi qui le dis, mais les
spécialistes de phytothérapie) pour améliorer les
choses :
– Oligo-éléments : cure de magnésium marin +
lithium.
– Plantes pour l’endormissement : escholtzia,
aubépine ou ballote.
– Plantes contre les réveils nocturnes :
valériane + aubépine.
– Plante contre les réveils matinaux :
passiflore.
– Plantes en cas de cauchemars : escholtzia +
coquelicot.
– Huile essentielle de lavande à respirer le
soir et/ou à déposer sur un mouchoir près de
l’oreiller.
Vous pouvez aussi vous livrer à un exercice
qui nécessite un équipement minimum puisqu’il se
résume à un coussin ou un traversin. Si vous êtes
dans votre chambre, ça devrait pouvoir se
trouver… Prêt ? Allons-y ! Placez le coussin (ou
un traversin) contre le mur. Allongez-vous de
manière à être perpendiculaire au mur. Posez-y
vos fesses. Placez vos jambes sur le mur aussi
droites que possible, sans forcer. Elles forment un
angle de 90 degrés avec votre tronc. Vos bras
restent le long du corps, les paumes des mains
restent tournées vers vous. Fermez les yeux et
respirez profondément jusqu’à ce que les tensions
physiques et psychiques s’évacuent. Cette partie-
là de jambes en l’air se fait en solo.
Les bénéfices de la sieste sont multiples :
augmentation de la vigilance et des performances
physiques et intellectuelles, baisse du stress et
des tensions physiques… Ils ont été prouvés par
une kyrielle d’études, au nombre desquelles figure
celle de la Nasa, menée sur des pilotes : leur
vigilance s’était améliorée de 54 % et leurs
performances de 34 % après une sieste de 26
minutes. Plus précis que la Nasa, je ne vois pas…
Retenez qu’une sieste efficace est une sieste de
courte durée : entre 10 et 30 minutes. Trop
longue, elle risquerait de perturber votre nuit.
L’idéal est de la faire après le déjeuner, entre 13 et
15 heures, dans un lieu calme et à l’abri de la
lumière. Effet garanti : vous repartirez comme des
fusées. Comme les types de la Nasa.

Trop de somnifères bousille le cerveau

Les habitués du somnifère doivent savoir que


chacun des cachets qu’ils avalent est un
médicament et que cela n’a rien d’anodin : il peut
y avoir des effets secondaires voire, ça rime,
délétères. Et comme souvent, à la fin, c’est le
cerveau qui trinque. Bien sûr, une consommation
occasionnelle, ou sur une courte période, peut être
justifiée ; à condition d’avoir préalablement
obtenu l’aval de votre médecin. En revanche, une
surconsommation détériore la mémoire et affecte
vos capacités cognitives. Elle augmente même les
risques de démence, notamment chez les
personnes âgées, comme l’a démontré une étude
publiée par la revue British Medical Journal.
Aussi, je ne saurais trop vous recommander, plutôt
que de vous bourrer de somnifères, de réfléchir à
tout ce que vous pourriez faire pour changer vos
habitudes de manière à vous réconcilier avec
Morphée (qui, vous le noterez au passage, est un
homme et non pas une superbe créature féminine
comme on le croit souvent).
Le cerveau et les écrans

La révolution informatique

Il m’arrive souvent de me demander comment


nous faisions avant l’avènement de l’ordinateur.
La réponse est assez simple : nous ne faisions pas
; ou nous faisions moins. Car les seuls outils de
stockage dont nous disposions étaient le support
papier (à condition de prendre le temps d’écrire,
ce qui peut être fastidieux, et d’avoir suffisamment
d’espace ou de sens du rangement, ce qui n’est
pas donné à tout le monde) et notre cerveau.
L’ordinateur s’est imposé comme une solution : il
stocke, range, mémorise, classe, retrouve, bref fait
le boulot à la place du cerveau, qui comprend
vite… Il est intelligent, le bougre ! À partir du
moment où il sait que les contenus restent
accessibles à tout moment en quelques clics, le
cerveau, ne voit pas pourquoi il ferait l’effort de
mémoriser quoi que ce soit. Ce faisant, il se
sclérose et se complaît dans un fonctionnement à
l’économie. Dès lors, il ne faut pas attendre de
notre mémoire et de notre capacité de synthèse
qu’elles se développent. Mais heureusement, il y a
un revers doré à cette médaille : il réside
précisément dans ces contenus. Via Internet,
l’ordinateur nous repaît d’infos, y compris quand
on ne lui a rien demandé et qu’on ne faisait que
passer là par hasard. Ces infos peuvent nous
conduire à réfléchir, ce qui fait travailler notre
cerveau. Mais ce temps de la réflexion, le
prenons-nous vraiment ? Le trop-plein d’infos ne
nous condamne-t-il pas à la superficialité ? Toute
l’ambiguïté de notre rapport à l’outil informatique
est là : d’un côté, la possibilité de s’enrichir par
la lecture, la découverte et la connaissance, ce qui
fait fonctionner le cerveau, entretient sa fluidité et
contribue à développer des compétences
nouvelles comme par exemple le traitement quasi
simultané de plusieurs informations ; de l’autre, la
tentation de se reposer sur les capacités de la
puce, si pratique, si performante, impossible à
concurrencer, moyennant quoi le cerveau pose ses
RTT pour se consacrer à ce qui lui coûtera un
effort moindre. Là surgit le piège : on peut être
tenté de jouer, de regarder en boucle des vidéos
abêtissantes, de chatter à l’infini sur des sujets
profonds, dans le sens de creux… « Ça va ? – Oui
ça va. Et sinon ? – Sinon, rien… » ; vous voyez le
genre… Internet est un incontestable progrès.
Mais vous êtes-vous demandé ce que vous vouliez
en faire ? En répondant à cette question, vous
saurez dans quelle mesure vous pouvez rendre
service à votre cerveau. Ou pas.
De sport, de course, d’action, d’aventure, de
tir, voire de tout cela à la fois, les jeux vidéo
s’inscrivent en tête des loisirs des jeunes. Il est de
bon ton de s’en affoler, au prétexte qu’ils
rendraient agressifs, entre autres tares. Plusieurs
études ont été menées sur le sujet : elles
remettent en cause cette appréciation. Oui, les
jeux vidéo peuvent avoir des effets positifs sur le
développement de certaines capacités cérébrales !
Manette en main, un ado joueur développe ses
capacités visuelles : son attention travaille
intensément, il parvient à prendre en compte
simultanément un grand nombre d’éléments, il
peut passer d’une tâche à l’autre à la vitesse de
l’éclair. Après, une fois que l’on sait ça, il
convient, comme pour toute chose, d’éviter les
excès. Le cerveau apprécie qu’on lui propose des
activités diversifiées.

Se désintoxiquer

Parce qu’ils constituent une ouverture sans


pareille sur le monde et le savoir, les écrans – je
l’ai dit – peuvent être les meilleurs alliés du
cerveau : on y lit, on y apprend, on peut s’y
concentrer et y trouver matière à réflexion, à
débat, à rire. Glop ! Parce qu’ils nous éloignent
des activités extérieures, parce qu’ils nous
condamnent à la sédentarisation, parce qu’ils
peuvent perturber un sommeil dont nous avons vu
qu’il doit être de qualité pour que les neurones
suivent, les écrans – je l’ai également dit – sont
aussi les pires ennemis du cerveau. Pas glop ! La
question n’est pas de savoir s’il faut les éviter :
devenus incontournables, ils ont bouleversé notre
manière de vivre de façon irréversible. En
revanche, on peut s’interroger sur le temps qu’on
y passe, les raisons pour lesquelles ils nous
aimantent, le risque d’addiction qui nous menace
et décider de s’offrir une cure de désintoxication.
Si vous êtes prisonniers de la toile, si vous
jugez que vous en abusez, si vous estimez que la
frontière numérique entre votre vie
professionnelle et votre vie personnelle est plus
que poreuse, voici 10 conseils ou sujets de
réflexion qui vous aideront à vous désintoxiquer.
Il est d’ailleurs assez révélateur que j’emploie ici
un mot – désintoxiquer – habituellement utilisé
pour sevrer les drogués !
1. Posez-vous quelques questions simples.
Des questions, j’en ai 2 pour commencer.
Combien d’appareils numériques possédez-
vous ?
Combien de fois les consultez-vous au cours
d’une journée ?
À la première question, il est facile de
répondre. À la seconde, un peu moins. Vous
n’avez pas fini de compter… Il faut pourtant
prendre le temps de le faire, de noter. Et il est
possible que l’addition vous donne le vertige ! Ne
culpabilisez pas : l’hyper-connexion s’est
imposée de manière insidieuse dans nos vies, le
ver est dans le fruit et il y restera. Le smartphone
a remplacé l’agenda, le répertoire, l’appareil
photo, le lecteur MP3 et tutti quanti ; parce qu’il
concentre tout notre e-barda, c’est devenu le
meilleur ami de l’homme. Et de la femme.
En prenant conscience de votre dépendance,
vous franchissez un pas plus important que vous
ne l’imaginez et concevez qu’il est temps de vous
réapproprier un peu de ce temps que le
smartphone vous a confisqué. Comment ? En
décidant par exemple que le trajet domicile-
travail se fera sans connexion, sans regard ni
égard pour votre smartphone. Pas de sms, pas de
mail, pas de Twitter, pas de Facebook… Profitez-
en pour laisser vagabonder votre esprit et vous
remémorer des moments heureux. Ça sera toujours
ça de pris sur la 4G !
2. Inventez le concept de la « no Wifi Zone ».
Vous savez désormais combien d’heures vous
passez devant l’ordinateur au bureau, devant le
smartphone à la moindre occasion, devant la
tablette dans la cuisine, au salon ou au lit. Stop !
Essayez d’admettre votre part de responsabilité.
Qui vous oblige à traîner vos joujoux
technologiques partout avec vous ? Personne.
Quelle nécessité y a-t-il à être joignable en
permanence ? Aucune. Quel est votre intérêt à
rogner sur votre temps de repos au profit de
Bouygues, SFR ou Orange ? Nul. En vous
restreignant, vous allez vite comprendre que, ô
miracle, la vie peut être palpitante même si on ne
va pas sur Facebook 50 fois par jour. Et quand je
dis 50, ce n’est pas qu’une façon de parler…
Pour se restreindre, il suffit de créer des zones
de déconnexion à la maison ou à l’extérieur. Ne
cherchez pas, l’une s’impose : les toilettes !
Avouez, il vous est arrivé d’y aller avec votre
smartphone ! Eh bien décidez qu’il n’y entrera
plus ! En plus, il aurait tôt ou tard fini par tomber
dans la cuvette… Mais vous pouvez pousser votre
avantage en multipliant les « no Wifi Zone ». Il
existe des restaurants qui en ont fait un argument
de vente : « No Wifi Zone, talk to each other » ai-
je pu lire un jour à l’entrée d’une brasserie
mallorcaise. Cela m’a fait sourire et donné envie
d’y entrer. Essayez, vous allez découvrir quelque
chose de stupéfiant : pendant votre déconnexion
temporaire, la planète Terre reste sur son orbite…
Si vous prenez le temps d’identifier les
situations précises au cours desquelles vous avez
l’habitude de vous connecter, vous pourrez sans
peine décréter tel ou tel endroit « no Wifi Zone ».
Ce peut être votre chambre à coucher (qui, comme
son nom l’indique, n’est pas la chambre à
Twitter…) parce que vous avez pris l’habitude
d’y consulter vos mails, le soir, au cas où le
monde s’écroulerait sans que vous en soyez
informé. Ce peut être la salle de bains où vous
vous rasez ou vous maquillez en lorgnant sur une
série en replay. Ce peut être votre canapé où vous
louchez, un œil sur la télé et l’autre sur le
smartphone. Ce peut être à table où c’est impoli…
Bref, je suis sûr que j’en oublie. Donc, choisissez
une pièce ou une situation et décrétez-la « no Wifi
Zone ».
3. Faites-vous aider.
Il est difficile de faire la guerre à la
technologie en solo, tout comme il est difficile de
se sevrer sans l’appui d’autrui. Si vous décidez de
changer votre rapport aux écrans, informez-en vos
proches. Ils vous aideront parce qu’ils vous
aiment. Si, au début de l’aventure, vous sentez que
ça ricane autour de vous, laissez faire, laissez
dire, et pariez plutôt que d’ici peu, vous rallierez
les moqueurs à votre cause. En attendant, aidez-
les à peaufiner leur culture générale en leur
apprenant des mots nouveaux.
– Le « phubbing », contraction de « phone »
et de « snubbing », action de snober son
entourage. Ce mot désigne un phénomène qui
prend chaque jour un peu plus d’ampleur : celui
d’avoir, au mépris de l’entourage, le nez rivé à
son écran.
– La nomophobie : cela désigne la crainte
qu’une personne peut avoir à l’idée d’être séparée
de son portable. Ce mot a été inventé en 2008 par
les Anglais. Ses deux premières syllabes
signifient « pas de mobile » (no mobil) et sont
associées à « phobie », la peur.
– Autre mot : FOMO. Là, on est dans le
registre de l’acronyme venu tout droit des
anglophones (Fear Of Missing Out). Cela désigne
la hantise de rater une information ou un
événement, phénomène lié à l’éclosion des
réseaux sociaux et à leur flux continu
d’informations.
Je veux croire que ces nouveaux mots aideront
à échanger avec votre entourage et à amorcer un
dialogue fructueux.
4. Utilisez la technologie contre la technologie !
Votre smartphone sait tout faire ? À la bonne
heure ! Prenez-le à ses propres pièges ! Retournez
la technologie contre elle-même ! Vous avez sans
doute remarqué qu’il existe un mode avion.
Savez-vous que vous n’êtes pas obligé de monter
à bord d’un Airbus pour l’utiliser ? En vous
mettant en mode avion, vous vous assurez un peu
de tranquillité et vous vous concentrez un peu plus
sur ce que vous avez à faire. Vous constaterez
d’ailleurs que nombre de petits problèmes pour
lesquels on vous dérange volontiers n’en sont
finalement pas et se règlent tout seul. Les dingues
de Facebook savent en outre qu’il est possible de
débrancher la discussion instantanée. Ou d’en
exclure certaines personnes qui ne verront pas que
vous êtes en ligne. Servez-vous de ces
fonctionnalités pour éloigner les casse-pieds que
vous aurez préalablement identifiés. Dites-vous
aussi, concernant vos « amis Facebook » ou
connaissances présentes sur d’autres réseaux
sociaux (ce sont d’ailleurs souvent les mêmes
personnes), que la bonne attitude est de miser sur
la qualité plutôt que sur le nombre. À ce propos,
l’anthropologue britannique Robin Dunbar estime
qu’un être humain ne peut entretenir, au maximum,
que 150 relations. Et sur la base de ses travaux,
deux chercheurs américains ont approfondi la
question pour conclure que seules les 15
personnes qui nous sont les plus proches ont une
influence sur notre bien-être.
Les plus récalcitrants pourront employer la
manière forte, qui consiste à télécharger une
application permettant de verrouiller son
smartphone pendant une période donnée. Et une
fois que c’est fait, c’est fait. En cas de besoin,
attendre l’heure de déverrouillage.
5. Faites le ménage dans vos applications.
Si certaines connexions vous facilitent la vie
ou vous procurent du plaisir, d’autres, au
contraire, dévorent votre temps libre et ne font
que générer du stress. À bien y réfléchir, ce que je
vous incite à faire, combien d’applications
utilisez-vous régulièrement ? Je suis convaincu
qu’elles se comptent sur les doigts des deux, voire
d’une, mains. Les autres ne servent qu’à colorer
votre écran et à bouffer la mémoire de votre
smartphone. Il est donc temps de faire le tri et de
virer tout ce qui ne vous est pas utile. Je pense à
tous ces sites d’achat en ligne que vous n’avez
utilisés qu’une seule fois, à tous ces sites d’infos
qui semblent parfois se singer les uns les autres, à
tous ces jeux dont vous vous êtes lassé. N’oubliez
jamais que vous seul décidez, durant votre temps
libre, s’il est nécessaire que vous passiez (perdiez
?) autant de temps à vous shooter au digital !
6. Occupez-vous des importuns.
Avez-vous remarqué que, dans les sphères
professionnelle et privée, les trois quarts de vos
problèmes sont provoqués par un nombre restreint
d’interlocuteurs ? Ce sont toujours les mêmes.
Leur spécialité : les coups de fil en rafales, les
mails incessants, les sollicitations intempestives.
Pour un oui ou pour un non. Si vous ne réagissez
pas, il n’y a aucune raison que cela change. Aussi,
décidez d’en finir avec le harcèlement en
définissant des limites. Vous devez dresser la liste
des casse-pieds et leur indiquer le mode de
communication qui vous convient le mieux :
appels directs, ou sms/mms, ou mails. Et non pas
les trois à la fois. Après tout, s’ils sont
demandeurs, c’est à eux de s’adapter à votre
fonctionnement. Vous pouvez affiner les choses en
leur précisant les horaires auxquels ils peuvent
vous joindre sans difficulté. Veillez également à
ce que leurs demandes soient groupées : cela vous
évitera de recevoir un mail pour ceci, un sms pour
cela et un appel pour telle autre chose. En
effectuant ce type de mise au point, vous
constaterez, au fil des jours, que vous gagnez du
temps et économisez de l’énergie, car
l’accumulation de ce que vous prenez pour de «
petits » dérangements a tôt fait de vous user.
7. Séparez le pro du perso.
Nous sommes désormais nombreux à gérer
notre agenda professionnel et notre agenda privé
sur le même smartphone. Si vous fouillez dans
l’ordinateur sur lequel je suis en train d’écrire,
vous trouverez aussi bien des idées d’émissions
que des factures d’électricité, des extraits du livre
en cours que la recette de la tarte à la rhubarbe,
des mails en souffrance que des photos à classer.
Ce mélange des genres est certes pratique, mais
risqué. Le tout en un, pourquoi pas, mais en
veillant à ce qu’il n’y ait pas, sur votre écran, une
multitude de fenêtres ouvertes. Car cela distrait,
retarde et envoie un mauvais signal à ceux qui
abusent et s’autorisent à croire que vous êtes
systématiquement disponible, voire que votre
charge de travail est insuffisante. Attention ! Je ne
fais pas l’éloge de la fainéantise, pas plus que je
n’essaie de vous apprendre à vous défiler. Je pars
simplement du principe que vous avez une charge
de travail importante et qu’elle suffit à votre
peine. Aussi, lorsque vous vous saisissez de votre
ordinateur, demandez-vous pour quelle raison
précise vous le faites : perso (plaisir) ou pro
(travail). Si vous échouez à répondre à cette
question, s’il s’avère que c’est juste pour aller
aux nouvelles ou jeter un œil alors que vous
n’attendez rien de particulièrement urgent, passez
votre tour.
8. Une seule chose à la fois !
Votre ordinateur vous donne l’impression
d’avoir 25 cerveaux et une mémoire infaillible ?
Tant mieux pour lui. Vous, vous êtes un être
humain avec ses limites et un seul et unique
cerveau. Or il se passe que ce cerveau n’est pas
multi-tâches, mais mono-tâche. Autrement dit, au-
delà de 2 activités, il sature. Je parle bien sûr
d’activités qui demandent un minimum de
concentration : s’il s’agit de jouer au ping-pong en
mâchant du chewing-gum, nous sommes tous des
génies… Aussi, ne vous fatiguez pas inutilement :
traitez les informations les unes après les autres,
car c’est ainsi que le cerveau est au top de ses
capacités et évite l’épuisement. En pratique, cela
veut dire qu’il vaut mieux rédiger un rapport sans
écouter de musique, chose que vous apprécierez
bien mieux plus tard, lorsque vous vous y
consacrerez totalement. Par ailleurs, quelle que
soit l’activité dans laquelle vous vous êtes
embarqué, prenez les dispositions nécessaires
pour ne pas être interrompu par des mails qui
arrivent en continu et s’annoncent par une petite
alarme à laquelle aucun cerveau humain ne peut
rester insensible. À coup sûr, vous lirez les lignes
que vous venez de recevoir, cela détournera votre
attention de ce que vous étiez en train de faire.
Après, là encore c’est biologique, il vous faudra
une bonne minute pour retrouver le fil de votre
pensée. Moralité : 10 mails survolés en 1 heure,
ce sont 10 minutes de perdues.
9. Il y a écran et écran…
On l’ignore parfois : tous les écrans ne se
valent pas. Ainsi, le mobile et la tablette stimulent
davantage que la télévision. Si vous ne pouvez
vous passer d’écran le soir, mieux vaut allumer la
télé que vous regarderez passivement (je connais
des programmes soporifiques qui font
merveille…) plutôt que votre tablette. Car avec la
télé, pas de clic, pas de balayage manuel :
l’interaction est quasi inexistante. En revanche,
mobiles et tablettes maintiennent en éveil,
stimulent, excitent et vous baladent de clic en clic.
Ne parlons pas des jeux, qui sont tous conçus pour
que la dernière partie, promis juré craché, soit en
fait toujours l’avant-dernière… Les écrans, plus
ils sont petits, plus ils sont vicieux. Leur lumière
bleue est néfaste pour la rétine et diminue, selon
certaines études, la production de mélatonine,
l’hormone qui régule le sommeil. Certes, il existe
des applications qui permettent de filtrer cette
lumière bleue mais pour être franc, et j’en reviens
toujours au même conseil, l’idéal serait de bannir
les écrans de votre chambre et de les remplacer
par un bon livre ! Mais vous allez me dire : « J’ai
besoin de mon smartphone sur la table de nuit, il
me sert de réveil. » Ce à quoi je vous répondrai :
« Un réveil ? Bonne idée, achetez-en un, avec
deux aiguilles et une trotteuse. » C’est le moment
ou jamais, le vintage est tendance… Et cet objet
un rien désuet aura le mérite de vous tenir à
distance des ondes.
10. Désabonnez-vous à la carte.
Je suis chaque jour un peu plus stupéfait de
découvrir tous ces interlocuteurs qui disposent de
mon adresse mail. Mais à la réflexion, ne suis-je
pas le seul responsable de cet état de fait ? Et
vous ? N’avez-vous pas, un jour ou l’autre, laissé
traîner votre adresse un peu partout ? Sur le
formulaire d’un jeu-concours organisé par le
supermarché ? Sur un site de vente en ligne auquel
vous n’avez finalement rien acheté ? Sur la
newsletter des pêcheurs à la ligne alors que vous
ne savez même pas faire la différence entre un
carré de cabillaud surgelé et une truite saumonée ?
Le résultat, c’est que votre boîte mail est infestée
de sollicitations sans aucun rapport avec vos
centres d’intérêt, de relances en tout genre, de
publicités déguisées en « bonnes affaires à ne pas
manquer ». Là encore, procédez à un grand
nettoyage de printemps. Désabonnez-vous des
newsletters qui ne vous concernent pas ou plus,
faites jouer l’antispam de votre boîte mail. Vous
perdrez moins de temps à lire des choses sans
intérêt pour vous et vous y verrez plus clair dans
votre courrier virtuel.

Tous ces conseils le montrent : le problème


n’est pas tant la multiplication et l’omniprésence
des écrans que la consommation que nous en
faisons parce que nous échouons souvent à
résister à la pression professionnelle et sociale et
à cette injonction inaudible du « toujours plus ».
En relevant la tête du guidon, on peut réapprendre
à consulter le web. Cela implique de surfer parce
que nous en avons besoin (faire une réservation en
quelques clics, consulter en détail une fiche
Wikipédia, répondre en urgence à un mail…) et
non pas parce que nous en ressentons confusément
le besoin irrépressible… Vous captez la nuance ?
Au fond, tout est question de dosage. Chaque
incursion dans la toile doit pouvoir se justifier
pour des raisons professionnelles ou personnelles.
Et l’@mour dans tout ça ? Oui, je vous parle
d’@mour car il y a un lien entre l’ultra-connexion
et le besoin d’être aimé. Recevoir des dizaines de
mails, d’appels, de messages ou de photos, sur
Facebook, Twitter, Instagram ou LinkedIn vous
rassure : cela souligne votre importance et votre
valeur aux yeux des autres, cela vous convainc que
vous existez. Les psychologues ont tranché depuis
un moment, l’ultra-connexion ne trahit rien
d’autre qu’une ribambelle de peurs : peur de
manquer de reconnaissance sociale, peur de ne pas
être aimé, peur de ne pas être valorisé, peur de ne
pas exister, peur d’être dépossédé de son
pouvoir… Cette obsession pour la représentation
sociale peut avoir des effets négatifs sur le plan
psychologique. Aussi, réfléchissez : vous vous
apercevrez vite que l’@mour et les preuves qui
vont avec ne se vivent pas par écran interposé.
Mais en réel.
Le cerveau et le stress

Introduction au stress

Le stress n’est pas une maladie, mais un


phénomène naturel. Il n’est donc pas mauvais par
nature. Ce sont ses conséquences qui peuvent
esquinter la santé. Une chose est sûre : personne
ne peut y échapper, nous sommes génétiquement
programmés pour stresser. Car le stress est une
réaction physiologique de l’organisme en réponse
à une stimulation extérieure, physique, psychique
ou sensorielle, perçue comme une menace. Et
c’est très bien comme ça : ce réflexe permet à
l’organisme de s’adapter dans un très court laps
de temps à diverses situations inquiétantes,
souvent imprévues. Chez l’homme préhistorique,
le stress était même nécessaire à sa survie !
Malheureusement, aujourd’hui, les sources de
stress se multiplient, infectent notre quotidien et,
face à elles, nous n’avons plus l’occasion comme
dans les temps les plus reculés de fuir pour nous
réfugier dans une grotte ou de combattre l’ennemi
avec une lance faite main. Il faut encaisser et
gérer.
Conséquence : entre exigences
professionnelles et contraintes sociales ou
familiales, tout devient synonyme de stress. Même
si ce n’est pas justifié. Car le stress, le vrai,
répond avant tout à un mécanisme physiologique
aujourd’hui scientifiquement démontré et défini.
Et si nous n’y réagissons pas tous de la même
façon, il est le même pour tout le monde. D’abord,
le cerveau détecte une menace et ordonne à
l’organisme de se préparer à y faire face. Les
battements du cœur et la respiration s’accélèrent,
les muscles du corps se tendent et des glandes
sécrètent des hormones, l’adrénaline et le cortisol
entre autres, qui l’aident à lutter à plus ou moins
long terme. Ensuite, plus le stress se prolonge,
plus l’organisme est sollicité, plus il puise dans
ses réserves et plus il s’épuise. Les premiers
symptômes caractéristiques du stress (tensions
dans le cou, le dos et d’autres muscles, troubles
digestifs, fatigue, nausées, vomissements…)
peuvent ensuite conduire à des troubles
cardiovasculaires, des perturbations
psychologiques, augmenter les risques
d’apparition de maladies… D’où l’importance de
bien le gérer, ce qui dépend en grande partie de
nous et de nous seul. Vous en doutez ?
Démonstration : le stress est le résultat d’une
interaction entre l’agent de stress (l’événement
provoquant la pression), la réaction au stress (la
manière dont notre corps réagit) et la perception
du stimulus de stress (l’aptitude du cerveau à
traiter l’information). Vous l’aurez compris, on est
en présence de 3 facteurs dont 2 ne dépendent que
de nous, de notre psychisme, de notre éducation,
de notre mental. La réaction au stress et la
perception du stimulus de stress peuvent en partie
s’apprivoiser. En acceptant qu’il en soit ainsi,
vous vous mettez en situation de faire évoluer les
choses. Bienvenue en vous-même !

Le stress abîme le cerveau

C’est certes simplificateur, mais on a coutume


de dire qu’il y a un bon et un mauvais stress. Celui
qui vous stimule, vous galvanise, vous gorge
d’énergie dans le contexte d’une compétition
sportive ou d’un événement collectif qui vous tient
à cœur et vous met en valeur constitue un moteur
précieux pour l’organisme. Dans ce cas, vous
gérez… En revanche, celui qui se traduit par une
irritabilité permanente, l’impression d’être
débordé 24 heures sur 24 et vous fait courir
partout à la recherche de votre paire de lunettes
alors que vous l’avez sur le nez n’est pas
seulement drôle : il affecte votre cerveau. Sa
taille, son fonctionnement et sa structure peuvent
évoluer, et pas forcément dans la bonne
direction… Dans ce cas, vous subissez… De la
pratique sportive à la méditation en passant par
une redéfinition de vos priorités, un meilleur sens
de l’organisation et, au fond, une autre manière
d’aborder la vie, il existe mille et une manières de
remédier à ce mal contemporain qui, à la longue,
perturbe les capacités cérébrales. Les occasions
d’être anxieux, de frôler la dépression, de perdre
la mémoire sont suffisamment nombreuses pour ne
pas en rajouter… Dans cette affaire, le cerveau,
une fois de plus, figure au centre du dispositif.
Conscient de la dimension psychologique du
stress, deux chercheurs, Holmes et Rahe, ont tenté
d’évaluer les événements stressants qui peuvent
jalonner une vie. En 1967, ils ont mis au point un
baromètre du stress. Sur cette échelle du stress, la
mort du conjoint ou d’un enfant fait référence (100
points) : cet événement est considéré comme le
plus angoissant. Viennent ensuite le divorce (75),
la mort d’un proche (60), le licenciement (60), la
retraite (45), la grossesse (39), les problèmes
financiers (35). Sur la base d’un tableau qui
recense et note 43 situations stressantes, il suffit
de savoir faire une addition sur une année pour
comprendre l’état dans lequel on se trouve ou
pourrait se trouver, même si l’outil n’a rien de
scientifique. Si votre total ne dépasse pas 150,
votre stress est qualifié de modéré. Selon Holmes
et Rahe, vous n’auriez alors que 35 % de chances
de déclarer une maladie dans les 2 ans à venir.
Entre 150 et 300, votre total est considéré comme
élevé et le risque de maladie grimpe à 51 %. Au-
delà de 300, il est très élevé et les risques pour
votre santé d’en pâtir s’élèvent à 81 %. Au pied
d’une montagne de stress, on peut aussi décider
d’aborder les choses par la face sud, plus
ensoleillée… Ça nous donne une échelle du stress
positif, avec mise en avant de critères comme
l’entente avec son conjoint (76,3 points), ses amis
(74,4), un sommeil de qualité (69,7) et se sentir
bien chez soi (65,6)… Ces critères-là, il faut
toujours avoir un œil dessus : ce sont eux qui vous
maintiennent la tête hors de l’eau ou vous aident à
remonter la pente.
Quelqu’un vous obsède ? Quelque chose vous
turlupine ? Mais vous ne savez pas par quel bout
aborder le problème… Du coup, mutisme, vous
vous repliez sur vous-même et souffrez. Un
simple stylo peut vous aider. En écrivant une lettre
que vous n’enverrez jamais (à une connaissance ou
un membre de votre famille par exemple) avec
pour objectif de vous libérer de vos doutes, de vos
demandes, de votre colère, de demander pardon,
de faire des excuses que vous n’osez pas faire,
vous ferez diminuer votre stress. Effet calmant sur
le mental garanti ! La lettre ? Ah oui, déchirez-la
et jetez-la…

Stress et genre

Il n’existe pas de stress masculin et de stress


féminin. Les deux sexes sont soumis au même
mécanisme du stress, c’est-à-dire à la nécessité de
s’adapter à une menace ou une situation
inquiétante. Face à un même événement, ce sont
leurs réactions qui diffèrent. Généralement, les
hommes versent dans l’irritabilité, la colère,
l’alcoolisme ou l’agressivité. Les femmes, elles,
trouvent refuge dans l’anxiété ou la dépression.
Cela dit, rien n’est figé, il existe des hommes
dépressifs et des femmes qui picolent… Dans le
même ordre d’idée, une étude californienne a
démontré que face à des situations de stress
identiques mettant en scène la colère, les hommes
avaient tendance à se replier sur eux-mêmes
tandis que les femmes avaient tendance à
davantage exprimer leurs émotions. Pour parvenir
à cette conclusion, il a suffi aux chercheurs
d’observer les zones du cerveau responsables de
la compréhension des sentiments d’autrui. Cela ne
change rien au fond des choses mais peut aider à
comprendre les réactions de l’autre, ce qui peut
être un premier pas sur le chemin de la sérénité…

Ces petits riens…


En entamant ce chapitre, j’ai conscience de
prendre un risque : celui de faire rire à mes
dépens. Pourquoi tant de précaution ? Parce que
ce qui suit est du niveau du premier trimestre de
CM2… Mais je préfère faire rire à mes dépens
(disons sourire, je connais votre bienveillance à
mon égard) plutôt que passer sous silence une
flopée de conseils d’une simplicité enfantine mais
dont le fait est que j’ai pu en mesurer l’efficacité.
De petits efforts peuvent avoir de grands effets sur
votre plaisir de vivre, tout comme de petites
négligences peuvent conduire à de grands tracas.
Fatigue chronique ? Morosité ? Envie de rien
? Ça empeste le stress… Certains vous diront que
« c’est dans la tête que ça se passe », d’autres que
c’est le corps qui lâche et qu’il faut vous bouger.
Tous auront probablement raison. Faire du sport et
entretenir son moral sont deux moyens
interdépendants de conserver la santé et je
m’emploie d’ailleurs, au gré de ces lignes, à vous
alerter sur leur nécessité. Mais si, avant d’agir sur
le ciboulot ou votre condition physique, les
éléments déclencheurs du mal-être se trouvaient
non pas en vous mais autour de vous ? Avez-vous
la certitude que votre environnement est conçu
pour optimiser votre bien-être ? Pourriez-vous
jurer que vous faites tout ce qu’il vous est
possible de faire pour vous sentir mieux ? Si oui,
passez votre chemin ! Sinon, lisez cette liste de 10
conseils aussi simples que sérieux. Ils sont censés
nous rappeler ces choses élémentaires que, pris
dans la bourrasque du quotidien, nous avons
tendance à oublier. Et sachez que je m’inclus dans
cette fraternité des amnésiques du bonheur
élémentaire. La variété des conseils est assumée.
Parce que tout n’est pas adapté à tout le monde,
parce que tout le monde n’est pas réceptif à tout.
À vous de savoir piocher ce qui vous plaît, ce qui
vous parle, sachant que, dans ce qui suit, rien
n’est fondamental et tout peut être utile, parce que
vous êtes votre principale source de bonheur.
1. Déplacez les meubles !
Et si vous changiez tout ? Certes, tous les
intérieurs ne se prêtent pas forcément au
chamboulement mais il est parfois possible de
disposer son mobilier de plusieurs manières
différentes. En mettant la table à la place du
canapé, le canapé à la place de la bibliothèque, la
bibliothèque à la place du fauteuil, le fauteuil à la
place de la table et ainsi de suite, vous
transformez à peu de frais votre cadre de vie. Il
n’est pas impossible que votre vision des choses
en soit améliorée… Faites cela en tenant compte
de vos habitudes. Si vous avez une tendresse
particulière pour ce bon vieux fauteuil dans lequel
vous prenez plaisir à vous installer pour lire,
faites en sorte qu’il soit près d’une source de
lumière naturelle. De même pour la table sur
laquelle vous prenez vos repas : trouvez-lui un
emplacement qui permette au regard de s’évader,
près d’une fenêtre ou d’une baie vitrée. En
changeant la disposition des meubles, vous serez
sans doute amené à revoir la déco et notamment
l’emplacement des cadres qui habillent vos murs.
2. Trouvez la photo culte.
À ce propos, disposez-vous, dans vos
archives ou votre ordinateur, d’une photo qui vous
rappelle un bon souvenir, un moment de franche
amitié, un lieu que vous aimez depuis toujours, un
instant magique, une ambiance qui parfois vient à
vous manquer, un endroit qui vous émeut ou tout
simplement une photo qui vous représente sous
votre meilleur profil ? Oui, j’en suis sûr. C’est
peut-être le moment de la sortir des ténèbres de
l’oubli, de la faire agrandir et de lui offrir l’écrin
qu’elle mérite. N’oubliez pas que vous disposez
de pièces uniques. Comme l’est votre vie. Un bel
encadrement les magnifiera et une belle exposition
saura attirer l’attention de vos visiteurs. Rien de
mieux pour engager une conversation plaisante et
se remémorer de belles choses : « C’était où ?
C’était quand ? Raconte… »
3. Quel objet pour quelle utilité ?
Trop de bibelots « tue » le bibelot ! Passez en
revue toutes les surfaces planes de votre intérieur
: étagères, rebords de fenêtres, tables, dessus de
meubles… À coup sûr, vous allez y récupérer tout
un tas d’objets qui faisaient à tel point partie du
décor que vous en aviez oublié jusqu’à
l’existence. Méritent-ils tous votre attention ?
Leur valeur affective est-elle indiscutable ? Leur
utilité les rend-elle indispensables ? Vous
rappellent-ils systématiquement de bons souvenirs
? Si vous avez répondu non à l’une de ces
questions, il est temps de faire le tri. En faisant
place nette, vous aérerez votre intérieur autant que
votre esprit. Et vous ferez l’économie de quelques
nids à poussière tout en valorisant ce qui vous
tient à cœur ou offre un réel intérêt.
4. Lavez-vous les cheveux, soyez soigné !
Je ne doute pas que vous le fassiez
régulièrement ! Cependant, notez que des cheveux
gras ou mal soignés font rarement bon ménage
avec une jolie coupe et constituent un signe
extérieur de laisser-aller que votre entourage,
familial ou professionnel, remarquera plus ou
moins consciemment. Ce conseil beauté est
générique : d’une manière générale, homme ou
femme, prenez le temps de prendre soin de vous,
ne serait-ce qu’en ayant recours à une crème
hydratante (les moins chères sont souvent les plus
efficaces) qui vous évitera de vous trimballer
avec un visage parcheminé. Vous verrez qu’il
suffit parfois de peu de chose pour que la
personne que vous regardez dans votre miroir
vous inspire respect et gaieté… Et qu’il en soit de
même pour vous avec toutes celles et ceux que
vous croiserez dans la journée…
5. Ouvrez les fenêtres !
Hiver comme été, au printemps comme à
l’automne, vous vous devez d’aérer votre
intérieur. Un peu d’air neuf, ou frais, ou les deux,
est bon pour l’esprit qui lui aussi, se régénère. Je
peux comprendre que vous ayez des réticences,
notamment quand la météo boude, mais il suffit
d’une dizaine de minutes pour changer d’air, au
propre comme au figuré. Les intérieurs, même les
mieux tenus, pâtissent toujours du fonctionnement
de certains appareils à combustion, de l’humidité
des salles d’eau ou de la nature de certains
revêtements qui, quand on s’attarde dans un
espace confiné, peuvent se traduire par des maux
de tête.
6. Rangez, ordonnez…
Je connais des maniaques du rangement qui ne
retrouvent jamais rien et des bordéliques qui ont
le chic pour, en quelques secondes, extraire du
fatras qui les entoure le document ou l’objet dont
ils ont besoin. Chacun son caractère, sa manière
de fonctionner, son mode de vie… Néanmoins, je
ne saurais trop vous conseiller de mettre un
minimum d’ordre dans vos tiroirs et vos placards.
Les sous-vêtements avec les sous-vêtements, les
ceintures avec les ceintures, les serviettes, les
torchons, etc. En mettant de l’ordre dans vos
affaires, vous en mettez aussi dans votre tête. Et
vous perdez quelques occasions de vous épuiser à
jouer à cache-cache avec votre écharpe, votre
portefeuille ou vos lunettes, voire de vous fâcher
avec les autres sur le mode : « Qui a encore
touché à mes affaires ? »
7. Dites « Bonjour ! »
Je suis sûr que la politesse n’a pas de secret
pour vous. Pour autant, avez-vous la certitude de
ne jamais manquer une occasion de dire bonjour ?
Quand vous montez dans un bus, quand vous
entrez dans un ascenseur ou quand c’est votre tour
à la caisse du supermarché… Vous n’imaginez pas
la capacité de réconfort que procure ce mot
magique à celle ou celui qui le reçoit, dont
souvent l’œil s’allume et qui, immanquablement,
vous renvoie un sourire et vous répond. « Ce que
j’ai donné, je l’ai », dit un vieux proverbe.
L’amabilité rend zen. Alors donnez du bonjour à
tout va ! Au voisin, au serveur, au facteur, au
livreur, au commerçant, au guichetier, à
l’inconnu… Vous en sortirez grandi et vous vous
sentirez mieux. Ça marche aussi avec « Bonsoir »
et « Bonne journée ».
8. Fuyez la solitude.
Il arrive que l’on ait besoin de se tenir à
l’écart de l’effervescence du monde : ce peut être
utile pour se ressourcer. Cependant, il ne faut
jamais se priver de rencontrer de nouvelles
personnes. Développez votre sociabilité. Prenez
des nouvelles des personnes que vous appréciez,
même si vous ne les voyez qu’en pointillé.
Inscrivez-vous dans un club, sportif, culturel ou
autre. En envisageant la vie sous son aspect
collectif, vous prenez, de facto, une place unique
et particulière dans le groupe : la vôtre. C’est le
meilleur moyen de gagner la considération
d’autrui, si bonne pour le bien-être mental. Et
notez qu’on ne fuit pas la solitude à coups de clics
: derrière son écran, on est toujours seul, même si
l’on dialogue via une messagerie. Internet peut
certes rapprocher les gens mais à long terme, il
les éloigne les uns des autres. La démonstration en
a été faite par une étude américaine qui s’est
penchée sur l’influence qu’Internet avait eue sur
nos relations interpersonnelles, entre 1985 et
2004. La conclusion est sans appel : nous avions,
en 85, des conversations intenses avec 2,94
personnes en moyenne par jour contre 2,08 en
2004. Cette étude date de 2004. Depuis, le web
n’a fait qu’empiéter un peu plus sur nos vies.
Imaginez ce qu’il en est aujourd’hui…
9. Jouez à l’ancienne.
À l’heure du tout technologique qui nous fait
piquer du nez sur nos écrans, il ne faut pas éluder
le charme utile des loisirs vintage que sont les
jeux de société. Du Scrabble au Monopoly en
passant par le Pictionnary, Taboo, Play Bac,
Trivial Poursuit et quelques autres comme le si
drôle et si créatif Objets Trouvés (jeu belge
devenu introuvable dans le commerce, mais
pourquoi ?), je connais peu de moyens aussi
efficaces d’introduire gaieté, voire hilarité, dans
un groupe. Ce conseil vaut particulièrement pour
les familles dont les enfants se réjouissent
toujours de jouer avec les parents et si possible
de leur mettre une bonne rouste. Ce faisant, ils
développent leurs capacités intellectuelles. En
effet, jouer exige de savoir évaluer une situation,
d’être capable d’observer et d’analyser le
comportement de l’adversaire, de pouvoir prendre
la décision qui convient en fonction du contexte, et
ce en toute autonomie. Le jeu sollicite également
l’esprit de déduction et fait travailler la mémoire
car, au fil des parties, il vous plonge dans des
situations déjà vécues qu’il est indispensable de
se rappeler pour pouvoir les gérer au mieux.
10. Payez vos factures !
L’actualité nous a appris qu’on pouvait
souffrir de phobie administrative. Ce mal se
soigne assez simplement : il suffit de payer le jour
même ! Combien de fois avez-vous ouvert une
enveloppe, vérifié ce que vous deviez régler et
laissé tout en plan jusqu’à ce que le courrier et les
lettres de rappel s’accumulent ? Jamais ? Je
m’incline, vous êtes exemplaire ! Parfois ?
Comme moi… Ces corvées, dont on peut pourtant
se débarrasser dès qu’elles surviennent, polluent
l’esprit. On y pense sans y penser. Elles restent
dans un coin de la tête. Une solution : adhérer au
prélèvement automatique et laisser
l’administration ou vos créanciers se servir. De
toutes les façons, ils finiront toujours par le faire,
parfois même en s’offrant un supplément au titre
des pénalités de retard. Ce qui est fait n’est plus à
faire et libère l’esprit.
Les néons et autres lumières artificielles
créent du stress physique et de la fatigue mentale.
C’est pourquoi, profitez de vos pauses pour aller
faire un tour à l’extérieur. Si vous en avez la
possibilité, exposez pendant un quart d’heure votre
visage et vos avant-bras à la lumière naturelle pour
recharger votre corps en vitamine D. Sachez qu’il
existe également des suppléments de vitamine D
naturelle en gouttes.

Savoir respirer pour moins stresser

Quelle respiration pratiquez-vous ? Il existe


deux types de respiration : la respiration
thoracique (ou de renfort) et la respiration
diaphragmatique (ou ventrale). La première
n’intervient normalement qu’en cas d’effort alors
que la seconde est considérée comme naturelle.
En utilisant la respiration thoracique, la cage du
même nom se gonfle et les épaules se relèvent. Le
problème : ce type de respiration ne permet le
remplissage que de la moitié des poumons et ne
fait que diminuer notre capacité d’oxygénation. Le
corps a vite fait de se retrouver dans un état de
stress permanent, même si la chose n’est pas
perceptible. Pour vous, c’est imperceptible. Mais
pas pour votre cerveau. À l’inverse, la respiration
diaphragmatique permet de remplir d’air la
totalité des poumons. Lors de l’inspiration, c’est
le bas du ventre qui se gonfle et le diaphragme qui
s’abaisse, permettant ainsi de diminuer les
tensions musculaires, assurant un massage régulier
des organes du ventre et la maîtrise des effets du
stress : effet calmant garanti.
Tout cela vous paraît théorique ? Essayons
ensemble…
– En position assise, posez une main sur votre
thorax et l’autre sur votre ventre (sous le
nombril).
– Inspirez naturellement et observez laquelle
de vos mains se déplace sous l’effet de
l’inspiration et de l’expiration.
– Effectuez maintenant la même chose en
gonflant le ventre à l’inspiration et en le rentrant
volontairement à l’expiration.
– Observez, ressentez.
– Faites maintenant l’exercice debout.
– Pratiquez 3 fois 5 respirations ventrales
profondes.
– Répétez l’exercice 3 fois dans la journée.

Chouchoutez votre diaphragme

L’état de tension psychique ou émotionnelle va


se manifester, en règle générale, par des tensions
dans l’abdomen et dans la zone du plexus solaire,
venant ainsi entraver le mouvement naturel du
diaphragme. Et là réside tout le problème : c’est
par les mouvements de ce muscle que,
mécaniquement, la respiration se réalise à 80 %.
Donc si on l’empêche de bouger, la respiration en
pâtit… En conservant jour après jour ce stress
ventral, nous pouvons, sans en être conscient, être
régulièrement en retenue du souffle comme pour
une apnée. Le diaphragme s’attache sur l’avant du
corps à la pointe du sternum et aux côtes, et sur
l’arrière à plusieurs vertèbres lombaires. Aussi,
si le fonctionnement n’est pas entravé, sa
mécanique agit de façon permanente sur la
mobilité des articulations du squelette par une
réaction en chaîne. Vous devez donc saisir toutes
les occasions qui se présentent de prendre en
considération votre muscle respiratoire appelé
diaphragme. Prêtez-lui attention. Vérifiez si, dans
la journée, vous êtes en apnée, si votre ventre est
contenu, rentré, tendu, s’il existe une sensation de
boule au ventre… Si cela vous arrive, c’est que
votre diaphragme est spasmé. Que faire ? Un
exercice ! Celui-ci, par exemple : il consiste à
pratiquer l’automassage du plexus et du
diaphragme avec la paume de votre main.
– Allongez-vous.
– Massez la zone du plexus à l’aide de la
paume de votre main dans le sens inverse des
aiguilles d’une montre.
– Faites ce geste à 10 reprises, lentement.
– Puis, avec le majeur et l’index joints,
massez de chaque côté des côtes en partant du
plexus pour descendre jusqu’aux côtes flottantes.
– Faites ainsi durer le plaisir pendant 7
minutes.
Le magnésium joue un rôle important dans la
gestion du stress : il permet de réduire les
tensions musculaires, les spasmes et tout un tas
d’autres réactions. Seulement voilà, pas de chance
: au contact du stress, le taux de magnésium
diminue ! En gros, il se défile… Au moment où on
a précisément besoin de lui… Le corps, affaibli
par cette carence, ne dispose alors plus de
l’énergie nécessaire pour faire face au stress.
Voilà pourquoi, histoire de faire le plein, il est
important de manger des aliments riches en
magnésium. Faites votre marché : légumes verts,
céréales complètes, fruits oléagineux, légumes
secs, chocolat noir, sans oublier certaines eaux
minérales.
Le stress a bon dos

Le stress affecte le dos. Du coup, vous ne vous


tenez pas droit. Du coup, vous respirez mal. Du
coup, votre stress s’accroît. Du coup vous avez
encore plus mal au dos. Du coup, etc. Je suis sûr
que vous avez pigé l’enjeu d’une bonne posture. Il
ne tient qu’à vous d’y être attentif car le stress
physique, s’il perdure, agit certes sur la colonne
vertébrale, mais finit toujours par présenter la
facture au comptable de toute la boutique, à savoir
le cerveau. Une mauvaise posture vous fait
courber le dos. S’ensuit un stress physique ou
psychique, préambule au repli sur soi. Peuvent
alors apparaître des tensions dans le ventre, une
dépression, une baisse de confiance en soi.
Ajoutez à cela un stress émotionnel (sentiment
d’injustice, colère) et c’est la colonne qui vrille.
Votre dos est maintenant en compote mais il peut
encore faire mieux (ou pire) si la colonne se
rigidifie, ce qui la mettra en phase avec votre
esprit : vous voulez tout contrôler, vous avez les
idées bien arrêtées, vous êtes raide, physiquement
et psychologiquement. Cet épouvantable tableau
n’a d’autre objectif que de vous convaincre, une
fois de plus, que tout est intimement lié. Le mental
commande au physique et inversement. En
soignant votre posture, vous intervenez en amont.
Si, dans la journée, vous êtes la plupart du temps
assis, pensez à rouler sur les extrémités osseuses
du bassin qui encadrent le coccyx, de façon à
mettre le dos droit et le ventre vers l’avant entre
les deux jambes écartées. Cette posture libère le
sacrum, le ventre et le diaphragme. Détente et
pleine respiration assurées, ce qui ne vous
exempte pas par ailleurs de quelques séances de
planche ou d’abdos, toujours bénéfiques pour la
musculature dorsale.

Contre le stress, la sophrologie

Encore un mot compliqué ! On le doit au


neuropsychiatre colombien Alfredo Caycedo, qui
avait dû faire grec première langue, puisque «
sophrologie » vient de « sos » (l’harmonie), «
phren » (la conscience) et « logia » (l’étude). La
sophrologie est donc une science qui étudie à la
fois l’approche personnelle permettant à chacun
de trouver des ressources en lui-même, la
conscience humaine et une méthode qui propose
des techniques pour vivre harmonieusement. Elle
permet de gérer la douleur, mais aussi de
combattre de nombreux troubles anxieux ou
dépressifs, voire obsessionnels. Ses champs
d’action se sont considérablement élargis : de
plus en plus de sportifs l’utilisent pour optimiser
leurs capacités. Les préparateurs sportifs l’ont
intégrée depuis un moment : sans un mental en
titane, pas de résultat. En outre, la sophrologie est
étroitement liée à l’hypnose. Sous certains
aspects, elle peut s’y apparenter puisqu’elle
utilise le même processus, à savoir amener le
patient à ouvrir ses perceptions pour changer. Par
ailleurs, ne vous étonnez pas, si vous tentez
l’aventure, de vivre des séances différentes de
celles que vivent vos amis. Car la sophrologie est
une pratique très codifiée : chaque patient est
amené à traverser différentes étapes, les siennes,
ce qui explique que le contenu d’une séance soit
fonction du patient. Mais pour tous, l’objectif
demeure identique : exploiter ces capacités dont
on ignore qu’elles sont en nous pour parvenir à se
détendre, positiver, mieux mémoriser, se
concentrer, gérer son stress et ses émotions. Les
bénéfices, comme souvent, sont à la fois
psychologiques et physiques.
Si le sophrologue traite chaque personne de
façon personnalisée, les séances répondent aux
mêmes principes : des conseils de respiration et
de visualisation. La séance débute généralement
par 10 à 20 minutes de relaxation musculaire, afin
d’atteindre le fameux état de « conscience
modifiée » recherché. Le corps se détend au son
de la voix ou au rythme de la musique. Une fois
les tensions éliminées, il est possible d’atteindre
des zones de la conscience en temps normal
inaccessibles. C’est le moment que choisit le
spécialiste pour faire des suggestions mentales
toujours centrées sur des éléments positifs et
agréables.
La Chine s’étant définitivement éveillée, elle
nous abreuve de pratiques millénaires auxquelles
il faut se montrer ouvert. Parmi elles, la
réflexologie plantaire, sans doute l’un des moyens
les plus rapides pour éliminer le stress. Ah ! Se
faire masser les pieds ! C’est agréable et efficace
: la thérapie consiste à traiter différents troubles
par des pressions sur des points spécifiques de la
voûte plantaire. Les Chinois partent du principe
que le pied est divisé en zones ou points réflexes,
chaque zone représentant une partie de notre
corps. Une fois les tensions nerveuses localisées,
on s’emploie à presser légèrement avec les doigts
sur les zones concernées par ces tensions, jusqu’à
ce qu’elles disparaissent, ce qui peut arriver.
Alors, on se lance ?

Savoir dire « Non »

Il est une source de stress répandue qu’on a


tendance à ignorer et qui, à force, peut faire des
ravages : l’incapacité à dire « Non ». Or savoir
dire « Non » est essentiel pour votre mental, votre
physique et la gestion de vos émotions. Si vous
dites oui à tout, quelle est la valeur de votre « Oui
» ? Peanuts ! Et votre entourage en abusera…
Vous devez donc apprendre à respecter votre
capacité à accomplir une chose ou à la supporter.
Un refus témoigne d’une forme d’intelligence
quand il traduit la connaissance de vos limites et
de vos priorités. Connais-toi toi-même…
Désormais, ne dites « Oui » qu’après avoir
réfléchi et si vous estimez que ce qui vous est
proposé est réalisable, que vous avez la capacité
de l’accomplir dans le temps imparti, que vous en
avez envie. Si ce n’est pas le cas, refusez. Prenez
alors conscience du bénéfice que cela vous
procure : l’apaisement de vos pensées et la
conscience de votre capacité à tenir parole.
Retenez ceci : en étant trop gentil avec les autres,
vous êtes méchant avec votre organisme et votre
cerveau. Lesquels n’aiment pas ça et se vengent…
Se forcer à sourire permettrait de pallier le
stress et de réduire les battements du cœur. Bien
que les mécanismes n’aient pas été clairement
identifiés, il existe un rapport entre les
expressions faciales et l’état mental. En attendant
que la recherche progresse sur le sujet, faites le
cobaye. Essayez ! Imposez-vous d’être de bonne
humeur comme si vous étiez un acteur de théâtre,
dussiez-vous vous forcer un peu… Sourires,
humour, gentillesse, mots positifs… Observez ce
que cela produit sur les autres et sur vous. Je
doute que vous soyez déçu en retour.
Le cerveau et le bonheur

La psychologie positive

Vous voulez être heureux ? Bonne nouvelle, on


a tous la même ambition. Autre bonne nouvelle, il
y a de la place pour tout le monde au pays du
bonheur, cet Eldorado qui nous fascine tous et où
l’espace n’est pas compté. Regardez autour de
vous. Certaines personnes semblent en
permanence malheureuses : elles traînent les deux
boulets de la morosité et de l’irritabilité. C’est un
peu leur double logo. Inversement, d’autres
personnes ont le sourire greffé au visage depuis
leur naissance. Elles semblent n’avoir jamais de
problème, tout va toujours pour le mieux, les
contrariétés glissent sur elles comme l’eau sur les
plumes du canard et on les envie autant qu’elles
peuvent nous agacer.
Qu’est-ce qui différencie ces deux types de
personnes ?
La réponse tient en une formule : la
psychologie positive. Vous vous demandez de
quoi il retourne ? J’y viens : la psychologie
positive est une discipline de la psychologie
fondée en 1998. Elle mise sur la santé et le bien-
être pour promouvoir l’épanouissement et
l’accomplissement de soi, individuellement,
collectivement, socialement. Selon son fondateur,
l’américain Martin Seligman, elle repose sur ce
qui donne du sens à la vie. Elle s’intéresse à ce
qui rend heureux, cherche à valoriser ce qui va
bien. Ses spécialistes tiennent régulièrement
congrès, c’est vous dire si l’affaire est sérieuse.
Cette science du bonheur qu’est la
psychologie positive ne se résume pas à la simple
quête d’un confort personnel ou d’un plaisir
égoïste. Ses enjeux sont plus profonds et durables.
Elle agit de manière tentaculaire sur :
– Votre santé physique (maladies moins
fréquentes, guérisons plus rapides, meilleure
qualité de vie, longévité accrue…).
– Votre santé mentale (accumulation
d’émotions positives, sentiment de bien-être plus
présent…).
– Votre santé sociale (relations positives et
durables avec autrui).
– Votre entourage (notre bonheur est
contagieux : quand il irradie, il contribue à celui
de notre entourage ; effet contaminant assuré).

Tout cela peut paraître théorique. Je ne


m’autoriserai pas à être exhaustif dans ce livre,
sachant que la psychologie positive, science
récente et en plein développement, produit une
littérature abondante et en permanence
renouvelée. En revanche, je vous propose, dans
les pages qui suivent, de procéder par petites
touches, avec des conseils, des interrogations, des
éclairages qui devraient éveiller votre curiosité,
vous inciter à raisonner différemment et sans
doute vous conduire à revoir votre approche des
choses.
Pour ce faire, faisons confiance à Martin
Seligman. Pour lui, tout passe par une « vie bien
remplie », par opposition à une « vie vide ». Et
pour remplir une vie, il faut 3 ingrédients : des
émotions positives, de l’engagement et du sens.

Les émotions positives

Positive Vibration, chantait Bob Marley, qui


n’avait pas l’air si malheureux avec son cône
flanqué dans le bec. Oubliez le joint mais suivez
son conseil. Les émotions positives jouent un rôle
essentiel dans le maintien du bien-être. Pour
entrer en contact avec elles, vous avez le choix.
– Réalisez des actes empreints de gentillesse,
agissez avec altruisme. Cela passe par de petites
attentions comme laisser un petit mot à sa famille
le matin, aider une personne en difficulté,
souhaiter un bon anniversaire à une connaissance
ou écrire un mot de remerciement. Le destinataire
en sera systématiquement touché, vous le sentirez
dans son regard ou son comportement et cela vous
fera du bien.

– Ouvrez-vous ! Nous comptons tous, parmi


nos proches, des personnes avec lesquelles il peut
arriver que nous ayons un différend. Mais si ces
personnes s’inscrivent parmi nos proches, c’est
peut-être que nous leur trouvons quelques
qualités, non ? Dès lors, pourquoi ne pas le leur
en parler ? S’ouvrir, cela peut consister à aller
vers une personne de votre entourage pour lui
dire, en toute simplicité, que vous appréciez telle
ou telle de ses qualités. Ce faisant, lorsqu’en
d’autres occasions, vous aurez affaire à cette
personne, vous focaliserez immanquablement sur
l’aspect positif de sa personnalité. Parce que vous
l’aurez préalablement exprimé.

– Pardonnez… Le pardon permet de se libérer


d’un poids et de ruminations centrées autour
d’émotions négatives. N’oubliez jamais que,
contrairement à ce que l’on pourrait croire, le
bien-être augmente autant, voire plus, chez la
personne qui offre un cadeau, propose une aide ou
réconforte d’une parole que chez le bénéficiaire
de tous ces dons.
Le répertoire d’émotions positives fonctionne
comme une bibliothèque dans laquelle il est
possible de puiser des ressources en cas de
difficulté. Encore faut-il penser à y aller, à la
bibliothèque ! Cas classique : imaginons que vous
ayez un clash avec un collègue et que cela vous
mine. Impossible de vous recentrer sur votre
travail… Vite, la biblio ! Concentrez-vous sur une
situation passée vous ayant procuré des émotions
positives (regarder la mer, marcher en montagne,
rire avec des amis, assister à un opéra…).
Imprégnez-vous de l’ambiance d’alors. Mobilisez
tous vos sens pour vous rappeler les sons, vous
remémorer les odeurs, vous souvenir des
couleurs. Ressentez les émotions positives vécues
à cet instant, vous augmenterez vos chances de
retrouver votre sérénité. En faisant durer vos
émotions positives, en leur donnant « une seconde
vie », vous résoudrez nombre de problèmes et
vous éviterez de rester bloqué dans des situations
difficiles. Moi, mon truc, c’est d’imaginer que je
suis sur un bateau posé sur une mer d’huile. Ça me
calme. Je pense d’ailleurs que ça calme tout le
monde…

Pas de bonheur sans engagement

L’engagement est une des composantes du


bonheur durable. Encore faut-il s’entendre sur ce
que recouvre le terme engagement. S’engager,
c’est se fixer des objectifs, des challenges, des
défis qui imposent que l’on développe certaines
compétences. Faire du shopping, aller au cinéma
ou s’offrir un bon restaurant ne relèvent en rien de
l’engagement. Ce sont des plaisirs appréciables,
certes, mais des plaisirs passifs qui ne procurent
de satisfaction qu’à court terme. La seule chose
qu’on engage, c’est une dépense… Mais où est le
défi ? À quel niveau se situe l’épanouissement ?
En revanche, décider et se donner les moyens de
progresser aux échecs, de découvrir le violon, de
travailler sa mémoire ou de parfaire sa culture sur
l’école impressionniste exige que vous vous
engagiez : vous allez devoir faire appel à vous !
C’est le moment pour moi d’ouvrir une
parenthèse et de vous raconter ma vie. Il y a
quelques années, j’ai réuni quelques amis pour
mon anniversaire. Comme ils sont polis, ils sont
arrivés les mains pleines d’un vélo tout neuf ; il y
avait même le bidon à eau, c’est vous dire s’ils
avaient pensé à tout. Évidemment, ils m’ont
réclamé un discours. Mû par je ne sais quel sens
du défi, l’ambiance et l’alcool (à consommer avec
modération, toujours) aidant, je me suis engagé à
grimper le mont Ventoux avec mon nouveau vélo.
« Je le fais très exactement dans un an et avec
certains d’entre vous », leur ai-je dit ! Tout ça
devant 30 témoins ! Dans quelle panade m’étais-je
mis ? Cela m’a valu quelques quolibets. Le disc-
jockey a même envoyé Paroles, Paroles, Paroles
de Dalida, l’une de mes chansons préférées.
Normal : le Ventoux, c’est la Mecque des
cyclistes, le graal des amoureux de la petite reine,
une montagne pelée et ventée dont les derniers
lacets dessinent une pente qui peut dépasser 10 %
et sur laquelle est mort, sous l’objectif des
caméras, lors du Tour de France 67, le
Britannique Tom Simpson (il est vrai qu’il était un
peu dopé et que ça a dû jouer…). Aujourd’hui
encore, des bataillons de cyclistes amateurs se
recueillent devant la stèle qui rappelle ce tragique
épisode sportif. Comment je le sais ? Mais parce
que je les ai vus ! Oui, je les ai vus quand je suis
passé devant eux, sur mon vélo ! Parce que ce défi
du mont Ventoux, sachez que je l’ai relevé. Et
gagné ! Un an plus tard, comme prévu ! Je suis
certes monté moins vite que Bernard Hinault,
Laurent Fignon ou Christopher Froome mais je
suis monté. Et ce fut là l’essentiel… Je vous
raconte cette histoire parce qu’elle contient tous
les ingrédients de ce qui peut être constitutif d’un
bonheur durable. À l’origine, il y a un objectif.
Ambitieux. Mais pas irréalisable. Je m’étais
renseigné. J’en avais parlé à Michel Drucker (à la
télé, quand tu as un projet, même s’il concerne ta
belle-mère, il faut toujours en parler à Michel
Drucker) dont je savais qu’il avait réalisé
l’exploit à plusieurs reprises : « Cymes, si tu veux
faire le Ventoux, tu peux, mais il faut que tu
commences à t’entraîner un an avant ! Il te faudra
au moins 2 000 kilomètres dans les mollets. Et tu
fais des côtes, des côtes, des côtes. » J’ai écouté
Michel Drucker (à la télé, il faut toujours, etc.).
L’objectif que je m’étais fixé m’a forcé à
l’engagement. Il a fallu trouver des parcours
d’entraînement, s’obliger à y aller, même quand,
au cœur de l’hiver, il neigeait. Et j’ai fait des
côtes, des côtes, des côtes. Je me suis vu défaillir.
Je me suis vu progresser. Je me suis vu réussir. Et
je m’en suis vu fier. Des années plus tard, cette
ascension reste l’un des beaux moments de ma
vie. Je me le remémore comme on savoure un
bonheur passé. J’y puise autant de souvenirs que
de ressources psychologiques en cas de besoin. Il
a fait de moi un cycliste amateur qui continue à
pédaler avec autant de régularité que de plaisir. Il
a débouché sur de nouveaux projets, a ouvert un
champ de connaissance supplémentaire sur
l’effort, le sport et ses acteurs. Et parce qu’un tel
projet ne se mène pas en solitaire, il m’a permis
de solidifier des liens déjà étroits avec les amis
qui m’ont accompagné dans cette aventure, qui
sont eux aussi parvenus au sommet de la mythique
montagne et, aujourd’hui encore, me remercient de
ce pari fou lancé par une belle soirée
d’anniversaire.
Les objectifs que vous vous fixez doivent
toujours être réalisables. Un challenge trop
ambitieux décourage et produit l’effet inverse de
celui recherché.

Le sens a du sens

Donner un sens à notre existence est


indispensable à notre épanouissement personnel.
Cela éloigne le risque de troubles anxieux et
dépressifs. Mais je reconnais que le sens en
question, il n’est pas toujours facile de le
débusquer. Il exige que l’on puise en soi, que l’on
soit capable de se questionner. Et de se
répondre…
À chacun sa manière d’être, à chacun ses
priorités. Pour vous aider à y voir plus clair, voici
quelques pistes qu’il est possible d’explorer pour
trouver du sens. En général, il se cache dans l’un
de ces 3 univers :
– L’univers affectif et relationnel (l’amour,
l’amitié, la parentalité).
– L’univers cognitif (la foi, les croyances, les
valeurs, la philosophie).
– L’univers comportemental (l’engagement
dans une activité, professionnelle ou pas).

Quel que soit votre âge, vous constaterez que


l’univers relationnel fourmille de quoi donner du
sens à l’existence. Plus les relations sont
positives, plus l’équilibre psychologique est
assuré : le risque de dépression diminue, on
encaisse mieux les coups du sort tels que le deuil,
le chômage ou la maladie. Le nombre de ces
relations importe moins que leur qualité. C’est
elle qui nourrit le bonheur, et inversement :
pouvoir compter sur des proches mène au
bonheur, et être heureux conduit à entretenir de
meilleures relations. Aussi, n’hésitez pas à faire
un audit de vos relations. Remémorez-vous les
moments où vous avez eu besoin de vos proches.
Quels sont ceux sur lesquels vous avez pu compter
? Lesquels vous ont déçu ? Essayez d’être honnête
dans le jugement que vous portez sur chacune de
ces personnes et, en retour, demandez-vous dans
quelle mesure elle pourrait compter sur vous. Que
la réponse soit positive ou négative, complétez-la
d’un pourquoi… Pourquoi aiderais-je cette
personne ? Pourquoi serais-je tenté de ne pas le
faire ? Ces questions (et surtout les réponses que
vous y apporterez) doivent vous permettre d’y
voir plus clair dans vos relations, de manière à
privilégier celles qui ont du sens. La psychologie
positive magnifie ce qui fonctionne.
Le sens, on le trouve aussi en prenant le temps
de se poser un peu pour s’ouvrir aux réflexions
philosophiques, cerner les valeurs qui nous
animent, parfois arpenter le chemin de la
spiritualité. Prenez les réflexions philosophiques.
Pour les nourrir, nous pouvons multiplier les
rencontres et les lectures, ou encore nous
intéresser à l’art qui, selon Baudelaire, « est un
bien infiniment précieux, un breuvage
rafraîchissant et réchauffant, qui rétablit l’estomac
et l’esprit dans l’équilibre naturel de l’idéal ».
Dans le même genre, on pourrait aussi s’attarder
sur cette citation du peintre impressionniste Émile
Bernard : « Trois opérations : voir, opération de
l’œil. Observer, opération de l’esprit.
Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive
à cette troisième opération entre dans le domaine
de l’art. » Alors, vous aussi, entrez dans le
domaine de l’art : il y a 37 musées nationaux en
France, vous devriez y trouver de quoi nourrir
votre esprit !
Quant aux valeurs, contrairement aux besoins
innés que sont l’amour, le sommeil ou
l’alimentation, elles se construisent au travers de
l’éducation et de ses propres expériences. C’est
une affaire individuelle, parfois mouvante. Qui
considère un temps que l’ambition est une valeur
fondamentale peut évoluer et, avec le temps,
donner plus d’importance à la bienveillance.
Connaître ses propres valeurs est capital pour
orienter son action et définir des priorités. Il n’est
jamais trop tard pour dresser la liste de celles que
l’on défend ou que l’on aurait aimé défendre.
Sont-ce les mêmes que celles qui nous ont été
inculquées ? Sinon, pourquoi ? Si décalage il y a,
dois-je y remédier ? Ces questions ne sont pas
toujours simples à aborder. Aussi, pour simplifier
et rationaliser la démarche, essayez de vous
imaginer dans 10 ans.
– Quel genre de personne aimerais-je être ?
– Quelle trace de mon existence souhaiterais-
je laisser ?
– Comment dois-je m’y prendre pour atteindre
ces objectifs ?
Des réponses à ces questions découle un choix
d’orientation qui sera cohérent avec votre
philosophie de vie. Bien sûr, si vous en déduisez
qu’il vous faut changer de métier, il n’est pas à
exclure que ce ne soit ni possible ni judicieux.
Mais rien ne vous empêchera de vous engager
dans des activités extra-professionnelles
conformes à vos valeurs.

L’art de se fixer des objectifs

Se fixer des objectifs : plus facile à dire qu’à


faire ? Pas si sûr. Simple question de méthode. La
première des choses est d’apprendre à s’écouter.
Prenez le temps de vous interroger sur ce que
vous ressentez vraiment à l’évocation de telle ou
telle activité, de tel ou tel projet. Car il arrive que
l’on se fixe des objectifs qui ne correspondent pas
à nos désirs et besoins profonds. Le choix des
études ou la nature des orientations
professionnelles se font parfois sur des bases
erronées : on veut faire plaisir à ses parents, on
est sensible au statut ou au regard de l’autre, on se
soucie de l’image que l’on va renvoyer… Fausses
pistes ! Où se situe votre besoin ? Telle est la
seule question qui vaille. Ce qui vous arrive ou va
vous arriver, vous devez le vouloir. Bien sûr, on
ne peut pas faire uniquement ce que l’on veut dans
la vie. Mais les tâches qui nous incombent, mieux
vaut les choisir que les subir… Cela vaut pour les
deux sphères : la professionnelle et la privée.
Listez les activités qui vous apportent du bonheur.
Demandez-vous si vous les pratiquez toutes.
Sinon, pourquoi ? Manque de temps ? Organisez
votre agenda en fonction de ces activités. Manque
de moyens ? Estimez le coût de ces activités.
Serait-il possible qu’elles ne vous coûtent pas
grand-chose ? Vous payez des impôts locaux (si
vous n’en payez pas, d’autres en payent pour vous,
ce n’est pas grave !), ils doivent bien servir à
quelque chose, non ? Les mairies proposent
nombre d’activités gratuites ou peu onéreuses.
Renseignez-vous, cherchez des solutions. Je ne
vous garantis pas de trouver systématiquement.
Mais je parie sur un point : vous allez vous rendre
compte que vous pouvez en pratiquer plus que
vous ne le pensez. Et, toujours, réfléchissez à
l’engagement qu’elles vous demanderont et au
sens qu’elles recèlent.

Et l’argent dans tout ça ?

Comment ? Quoi ? Qu’est-ce ? Vous avez beau


chercher, le mot « argent » ne figure pas dans ce
qui précède, alors qu’il n’est question que de
bonheur ! Et pour cause : « L’argent ne fait pas le
bonheur. »… C’est ce que dit un vieux dicton que
Coluche contestait en rajoutant : « …de ceux qui
n’en ont pas ! », mettant ainsi les rieurs de son
côté. Néanmoins, je vous livre 2 éléments de
réflexion :
– Des psychologues ont suivi durant 18 mois
l’évolution de « l’impression de bonheur » de
personnes ayant gagné plus d’1 million d’euros au
Loto. L’étude a montré qu’au bout des 18 mois,
ces personnes ne se sentaient pas plus heureuses
que celles qui n’avaient pas eu la même chance
qu’elles.
– Aux États-Unis, plusieurs enquêtes affirment
que le bonheur des citoyens n’a guère évolué entre
1940 et 1990, alors que, dans le même laps de
temps, le pouvoir d’achat a triplé.
Ces conclusions peuvent surprendre. Elles ne
font qu’illustrer ce qu’on appelle « l’adaptation
hédonique », phénomène selon lequel le bonheur,
quand il devient routinier, perd de son intensité.
Or, c’est l’un des enjeux de la psychologie
positive que de le faire durer…

L’adaptation hédonique, ennemie du bonheur

Le phénomène d’adaptation hédonique


s’observe dans tous les domaines de la vie, qu’il
s’agisse du plaisir éprouvé lorsque l’on vient de
décrocher le job de ses rêves, d’acheter un
appartement, de craquer pour une nouvelle
personne ou de claquer ses économies dans le sac
à main ou la bagnole tendance… Au début, tout
nouveau tout beau. Ensuite, on s’habitue, on trouve
ça normal. L’effet kiss cool du bonheur ne dure
pas parce qu’on s’habitue vite au changement.
Comment, dès lors, faire la peau à
l’adaptation hédonique ?
Voici quelques pistes qui, toutes, répondent à
un impératif : savoir briser la routine. Comment ?
Comme ça :
– Pensez à varier vos activités, restez ouvert à
la nouveauté et au changement qui, souvent, recèle
une promesse ou une opportunité. Faites vôtre la
jolie formule de l’écrivain Paulo Coelho : « Si
vous pensez que l’aventure est dangereuse,
essayez la routine… Elle est mortelle ! »
– Soyez prêt à vous laisser surprendre, par
vous-même comme par autrui. Si la surprise est
bonne, vous aurez tout gagné. Dans le cas
contraire, vous aurez au moins la satisfaction
d’avoir appris quelque chose sur vous-même ou
sur les autres. Mais de grâce, ne soyez pas blasé.
– Développez la « pleine conscience » (ou
mindfulness), qui consiste à être attentif au
moment présent, aux petites choses de la vie qui
passent souvent inaperçues. Il fait beau ?
Réjouissez-vous ! Votre fauteuil est confortable ?
Appréciez-le ! Votre ami vous parle d’une voix
douce ? Goûtez-en l’ivresse !

Le bonheur, c’est génétique, mais pas tant que


ça…

Savez-vous que nous sommes génétiquement


prédisposés au bonheur ? Vous ne me croyez pas ?
Vous avez partiellement raison ! La génétique
n’est responsable que de la moitié des choses. Le
reste dépend principalement de nous, de nos
conditions de vie, de nos plaisirs, de notre
adaptation hédonique, de nos émotions positives,
bref, de tout ce que vous venez de lire et qui, vous
en conviendrez, fait de vous l’acteur de votre
propre vie.
Les recherches effectuées sur le bonheur
montrent qu’en la matière, notre potentiel est ainsi
déterminé :
– 50 % sont génétiques ;
– 10 % sont liés à nos conditions de vie (les
moyens financiers, l’état de santé, la situation
matrimoniale) ;
– et comme vous êtes les rois de la
soustraction, vous avez deviné qu’il reste 40 % de
marge de manœuvre offrant la possibilité d’agir
sur notre niveau de bonheur.

La générativité au service du bonheur

Encore un concept dont les sciences sociales


ont fait leur beurre : la générativité. Une invention
du psychanalyste américain Erik Erikson. Ce
terme se rapporte à l’intérêt et l’implication dont
chacun d’entre nous peut faire montre pour nourrir
le bien-être de la génération qui lui succède. La
générativité impose donc de savoir donner de soi
pour favoriser le développement des compétences
d’autres personnes. C’est l’un des fondements du
bonheur, car se sentir utile nourrit et convainc que
la vie vaut la peine d’être vécue. La générativité
se manifeste notamment dans l’enseignement et la
parentalité. On l’observe fréquemment chez les
parents soucieux de transmettre un savoir, une
sagesse, à leurs propres enfants. Une manière
généreuse de laisser une trace de soi…
Lorsque l’on ne se préoccupe pas des
questions de générativité, un sentiment général
d’appauvrissement, d’ennui et de stagnation peut
s’installer. L’égoïsme, l’absence de considération
pour l’autre, la réticence à partager nos richesses
(pas uniquement matérielles) nous appauvrissent.
À l’appui de cette thèse, certaines études ont
montré que les adolescents qui se sont essayés à
la générativité vivent ensuite plus longtemps et
plus heureux que leurs pairs moins tournés vers
les autres. Ce ne sont pas là les seuls bénéfices de
la générativité :
– Elle permet de donner du sens à la vie.
– Elle induit forcément un style de vie plus
actif.
– Elle stimule le sentiment d’appartenance à
une collectivité.
– Elle développe le soutien social.
– Elle aiguise le sentiment de compétence.
– Elle nourrit l’estime de soi.
Ces différents facteurs entraînent un mieux-
être et participent à l’épanouissement de chacun.

Travailler ses points forts

À peine avait-il créé la psychologie positive


que Martin Seligman se mettait en tête de
classifier les traits positifs de l’être humain. Son
travail accoucha de 24 forces de caractère
regroupées en 6 vertus. Quelles sont les vôtres ?

Avant de vous donner les outils pour répondre


à cette question, je voudrais attirer votre attention
sur ce réflexe assez répandu qui consiste à
s’inquiéter en permanence de ses points faibles,
un peu comme si les points forts ne valaient pas la
peine d’être connus et analysés. Quel dommage !
Oui, quel dommage car nos plus grandes
potentialités ne résident pas nécessairement dans
nos faiblesses mais se trouvent plutôt du côté de
nos forces : elles constituent un socle solide pour
construire une vie satisfaisante. Il faut donc les
exploiter à fond.

Revenons à présent à nos 6 vertus : la sagesse,


le courage, l’humanité (ce qui inclut l’amour), la
justice, la modération, la transcendance. Tout un
programme ! Mais il vaut la peine d’être
décortiqué, Seligman nous ayant appris que sur le
chemin du bonheur durable, nous pouvons agir
dans chacune de ces 6 catégories.

La sagesse, c’est quoi ? C’est à la fois


théorique et pratique. C’est théorique car ça
consiste à épaissir ses connaissances. Et c’est
pratique parce qu’une fois les choses acquises, il
faut avoir la volonté de les mettre en application,
non pas pour la beauté du geste mais pour qu’elles
soient utiles pour soi et pour les autres. La
sagesse comprend 5 forces de caractère :
– La créativité : quand vous avez quelque
chose à faire, essayez d’être innovant tout en
restant efficace.
– La curiosité : passionnez-vous pour la
nouveauté, soyez systématiquement curieux de ce
qui vous entoure. Il ne s’agit pas d’aller fouiller
dans le sac à main de la copine mais d’être
toujours partant pour la découverte. Vous ne serez
jamais à l’abri d’une bonne surprise ! Chacun
d’entre nous doit partir du principe que tout a de
l’intérêt, que tout est sujet à questions.
– Le goût pour les apprentissages : demandez-
vous, chaque soir, ce que vous avez appris dans la
journée qui vient de s’écouler. En quoi suis-je
plus intelligent ? Ou moins naïf ? En quoi ai-je
étoffé ma culture ? Qu’ai-je retenu ? En étoffant
ses connaissances, on se fait plaisir. La lecture et
les lieux de culture sont des terrains fertiles pour
cela…
– L’ouverture d’esprit : ne soyez pas comme le
canasson de base qui, avec ses œillères, va son
chemin sans se préoccuper du monde qui l’entoure
! Les esprits fermés sont incapables de se mettre à
la place des autres pour regarder les situations
sous un angle différent. Et c’est bien dommage :
leurs conclusions et leurs décisions en pâtissent.
– La perspective : c’est bien connu, quand on
a le nez dans le guidon, la vision est réduite.
Parole de cycliste ! En prenant systématiquement
un peu de recul, vous serez en mesure de
dispenser des conseils utiles à votre entourage.
Lequel vous tiendra en grande estime.

Le courage, il importe d’en faire preuve pour


atteindre les buts que l’on se fixe. Il permet de
déjouer tous les obstacles que les hasards de la
vie ou la malveillance plus ou moins assumée de
quelques-uns se plaisent à dresser sur votre
chemin. Vous tenez une flemme internationale ?
Faites preuve de courage ! Untel vous met les
bâtons dans les roues ? Encore et toujours du
courage ! Lequel se manifeste sous 4 formes :
– L’authenticité : n’essayez pas d’être un autre,
osez dire ce que vous pensez. À quoi sert-il
d’avoir des convictions si c’est pour s’asseoir
dessus ? Ce sont les vôtres, défendez-les,
personne ne le fera pour vous.
– L’honnêteté : vous ne vous prenez pas pour
un autre. Vous êtes vous-même (c’est déjà du
boulot…), débarrassé de toute forme de
prétention.
– L’application : ne vous prenez pas pour
Gaudí, le père de la Sagrada Família, la basilique
de Barcelone dont la construction a commencé en
1882 et qui est toujours cernée par une forêt de
grues ! Certaines personnes sont réputées pour
ouvrir des chantiers sans jamais les achever. N’en
soyez pas ! Quand vous entreprenez quelque
chose, allez au bout et soyez fier de ce que vous
aurez accompli. Dans les délais. Sinon, la
Sagrada Família, ça se visite et ça vaut le
détour…
– L’enthousiasme : si vous n’avez pas ce qui
vous motive, motivez-vous pour ce que vous
avez… La vie est une aventure, ne rechignez pas à
la vivre.
L’humanité consiste à faire preuve d’attention
envers autrui. Car n’oubliez pas qu’autrui, c’est
vous… Et que pour avoir un ami, il faut en être
un… Sur ces considérations hautement
philosophiques, je vous détaille les 3 aspects de
l’humanité :
– La gentillesse : ce mot a perdu de sa valeur,
on l’a même tourné en ridicule. Redonnez-lui un
sens ! Vous êtes face à une personne en souffrance
ou dans le besoin ? Qu’attendez-vous pour agir ?
C’est un inconnu ? Raison de plus pour aller vers
lui. C’est d’ailleurs le meilleur moyen de faire
connaissance…
– L’amour (et l’attachement) : il a inspiré tant
d’auteurs, de philosophes, d’artistes ou de psys
qu’il me paraît fou d’espérer en donner ici une
définition rapide ! Néanmoins, si vous parvenez à
construire des relations de proximité où le partage
et l’attention réciproque s’épanouissent, il se
pourrait bien que vous soyez dans le vrai…
– L’intelligence sociale : portée à son
paroxysme, elle nous éviterait bien des conflits…
Savoir se mettre à la place de l’autre pour
comprendre ses motivations et capter ses
sentiments témoigne souvent d’une belle capacité
d’adaptation.

La justice fait appel à certaines compétences


sociales. En s’employant à la faire régner au sein
d’une collectivité, on optimise la qualité des
relations entre ses membres. Comment la
pratiquer ? De 3 manières :
– L’équité : votre impartialité est notoire, vous
traitez tout le monde de la même manière, le
subalterne comme le supérieur hiérarchique, la
boulangère comme le contrôleur des impôts
(même si c’est dur…). Ah ? Vous avez des
préférences ? Eh bien faites-en abstraction !
– Le leadership : vous savez entretenir la
motivation d’un groupe et en préserver
l’harmonie. Avec vous, personne ne reste au bord
du chemin et tout le monde se sent utile et
considéré.
– La loyauté : elle se mesure à l’aune des
engagements pris par le groupe auquel vous
appartenez. Vous n’êtes pas du style à refiler la
patate chaude au voisin, vous accomplissez votre
part du boulot et, ce faisant, vous vous montrez
fidèle à ces engagements.

La modération est aux antipodes de tous les


excès, à commencer par ceux qui reposent sur la
haine et l’arrogance. En outre, elle met à l’abri de
risques inutiles. Mode d’emploi ? 4 possibilités :
– Le pardon : vous le préférerez toujours à la
vengeance, même si on vous a fait une crasse.
Cela dit, rien ne vous empêche de retenir les
noms, histoire de savoir qui est qui, qui est
capable de quoi : ça vous servira pour la suite…
– La modestie : l’humilité est votre seconde
nature. Vos actes parlent de vous mieux que vous
ne le feriez vous-même… Et puis un jour, vous
constaterez avec un plaisir presque coupable que
les autres se chargent parfaitement de faire votre
éloge.
– La prudence : faites vos choix de manière à
ne pas avoir à les regretter. Quand on est un
hérisson, on évite de traverser l’autoroute un jour
de grands départs. On réfléchit d’abord…
– L’autorégulation : maître de vous-même,
vous ne vous laissez pas submerger par vos
émotions. Votre fils vous rapporte un énième zéro
pointé en orthographe ? Votre fille a renversé le
contenu de la soupière sur le clavier de
l’ordinateur ? Votre collègue a effacé tous vos
mails ? Le voisin a embouti votre portail ?
Autorégulation ! Respirez un grand coup…

La transcendance est une vertu particulière qui


vous met en prise directe avec quelque chose
d’impalpable dont vous percevez l’universalité.
Avec elle, l’individu prend une autre dimension…
Elle regroupe 5 forces de caractère :
– L’appréciation de la beauté et de
l’excellence : il n’est pas donné à tout le monde
de s’émouvoir devant ce que les arts et les
sciences sont susceptibles de nous offrir. Savoir
le faire peut être d’un immense réconfort, en
toutes circonstances, que vous soyez la tête en
l’air dans la chapelle Sixtine ou que vous assistiez
aux premiers pas d’un enfant…
– La gratitude : vous êtes conscient que rien ne
vous est dû et reconnaissant de ce que la vie vous
offre (ça, c’est pour ceux qui adorent se plaindre
!).
– L’espoir : en être gorgé nourrit l’optimisme,
lequel permet d’aborder l’avenir avec confiance.
– L’humour : faire rire et sourire rend la vie
plus agréable pour tous. De l’humour, Einstein
disait que « c’est la seule chose absolue dans un
monde comme le nôtre ». Colportons cette idée,
répétons cette phrase, sans pour autant nous
prendre pour Einstein, tout étant relatif…
– La spiritualité : elle nous incite à penser que
l’individu s’inscrit dans quelque chose de plus
grand que lui, quelque chose qui le dépasse. Elle
nous relie aux autres et suggère que, dans ce
contexte, tout ce que nous faisons a un sens.

Ces 24 forces de caractères sont à votre


disposition. Si vous les avez toutes, vous méritez
le Nobel de la perfection. En attendant que ce prix
voie le jour, je vous propose un petit exercice.
Prenez un stylo et notez, sur une feuille, les 10
forces de caractère que vous vous attribuez
volontiers.
– Demandez à une personne qui vous connaît
particulièrement bien d’écrire, de son côté, les 10
qualités principales qu’elle vous reconnaît. Pas de
concertation entre vous, si vous trichez, j’arrête
de jouer !
– Ensuite, comparez les résultats. À coup sûr,
vous découvrirez qu’il y a une différence entre la
perception que vous avez de vous-même et celle
que l’autre a de vous. Et après ? Faites bon usage
de ce que vous avez appris : cultivez les qualités
que vous vous êtes attribuées, ainsi que celles
dont votre partenaire vous a gratifié. Cela vous
conduira à valoriser l’ensemble de vos
dispositions positives.
– Votre acolyte peut aussi, à votre demande,
lister vos 10 défauts selon lui. Cela vous guidera
pour corriger ce qui enquiquine votre entourage.

Cultiver l’optimisme

Les recherches en psychologie positive ont à


maintes reprises permis de souligner les bienfaits
de l’optimisme. Donc soyez optimistes et tout se
passera bien… La discussion pourrait s’arrêter là
! Mais ce serait faire fi d’une flopée d’arguments
étonnants qui, tous, militent en faveur d’une
attitude positive face aux incertitudes de l’avenir.
L’optimisme est réputé protéger contre la
maladie, qu’elle soit mentale ou physique.
L’optimisme passe aussi pour un moteur sportif,
scolaire et professionnel performant. Il booste la
productivité, notamment de ceux dont la tâche
demande de la persévérance et confronte à
l’adversité. En outre, il influe (à la hausse) sur la
qualité des relations interpersonnelles.
Globalement, les personnes optimistes sont
confiantes en l’avenir tandis que les pessimistes
sont davantage dans le doute, l’hésitation et
l’anticipation négative par rapport à ce qui
pourrait arriver.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser,
les optimistes sont rarement dans le déni des
événements douloureux qu’ils doivent affronter.
Lorsque la situation n’est pas maîtrisable (décès
d’un proche, catastrophe naturelle…), ils
acceptent la réalité de la situation et se tournent
ensuite vers de nouvelles perspectives, évitant
ainsi de sombrer dans une dépression. La
politique de l’autruche leur est étrangère. À
l’inverse des pessimistes, ils n’ont qu’une
obsession : persévérer dans leurs efforts pour
améliorer la situation. Dans le même ordre d’idée,
on constate que les optimistes atteints d’une
maladie chronique grave comme le sida ou le
cancer développent des comportements qui
favorisent un meilleur état de santé : ils se livrent
à un minimum d’exercice physique, n’interrompent
pas leurs loisirs, continuent à faire des
rencontres… Leur vision positive de l’avenir les
conduit plus facilement à consulter des médecins
pour contrôler leur état de santé, car ils craignent
moins les mauvaises nouvelles. Cette disposition
d’esprit pousse l’optimiste à se dépasser et se
surprendre en réalisant certaines choses qu’il
n’imaginait pas possible d’accomplir. Me revient
la formule inspirante du romancier américain
Mark Twain, auteur des Aventures de Tom Sawyer
: « Ils ne savaient pas que c’était impossible,
alors ils l’ont fait. »
Il existe plusieurs manières de développer son
optimisme.

– S’inspirer de ses réussites.


On a parfois tendance à trop s’attarder sur ses
propres échecs. À tort. Il faut contrecarrer les
évaluations négatives. Si vous pensez que vous
êtes « incapable de gérer un conflit », pensez à
puiser dans votre vécu pour mettre en place un
mécanisme de défense du style : « Ce n’est pas
vrai, dans telle ou telle situation passée, j’y suis
parfaitement parvenu. »
– Se raconter différemment.
Il ne s’agit pas de « se la raconter », mais de
se raconter en n’éludant pas ce qu’il y a de positif
dans votre parcours… Telle est la marque de
l’optimiste : il insiste sur ses succès, qu’il
interprète à juste titre comme la résultante de ses
compétences personnelles. Le pessimiste, lui, a
tendance à s’attarder sur ses échecs et à les
expliquer par sa propre incompétence. Il est
important qu’il repense sa propre histoire, que ce
soit à l’occasion d’un entretien d’embauche, d’une
prise de parole en public ou dans le cadre une
relation amoureuse…

– Jouer au pessimiste…
Attention, on aborde le côté tordu (et parfois
exaspérant) de certains optimistes qui avancent
derrière le faux nez du pessimisme ! Car le
pessimisme peut être une posture stratégique face
aux difficultés que l’on sent poindre. On appelle
cela le pessimisme défensif et c’est la marque de
fabrique de certains optimistes malins qui
imaginent ce qui pourrait arriver de pire dans un
seul but : recueillir toutes les informations
nécessaires pour être capable de tuer dans l’œuf
le problème, quand il surgira. Profil : le cadre
qui, avant une réunion, envisage toutes les
objections possibles et prépare ses reparties.
L’optimiste qui veut retourner le pessimisme à son
profit doit se poser la question suivante : « Quels
sont les obstacles que j’invoquerais si j’abordais
mon défi en pessimiste ? » En les listant, il se
construit des repères et « bétonne » son affaire.
L’optimisme béat n’est pas non plus la
panacée. Il peut être associé à une sous-estimation
du risque, ce qui peut entraîner des
comportements dangereux tels que les relations
sexuelles non protégées, la conduite en état
d’ébriété ou l’expérimentation de produits
illicites… Il peut aussi engendrer des attentes
irréalistes sanctionnées par un échec, par manque
de préparation. Cela revient à reconnaître que,
dans certains cas, le pessimisme peut avoir un
effet protecteur qu’il convient de ne pas négliger.
Mais une petite dose suffit… Car développer de
manière chronique une anticipation négative de
l’avenir génère immanquablement des émotions
négatives et un état de stress qui peuvent aboutir à
des effets néfastes sur la santé.

L’étude ahurissante

De tous les bienfaits que l’on attribue à


l’optimisme, il en est un qui concerne le risque
cardio-vasculaire. Il serait diminué quand on voit
l’avenir en rose. Des chercheurs de l’université
américaine de Pennsylvanie l’ont démontré de
façon spectaculaire en étudiant le langage utilisé
sur le réseau social Twitter, au sein d’une
communauté donnée ! Oui, les mots des twittos
donneraient une indication de l’exposition au
risque de leurs auteurs ! Ceux qui utilisent un
langage optimiste auraient un taux de mortalité
plus bas que ceux qui choisissent des mots
pessimistes (ou révélateurs d’une colère)
lorsqu’ils s’expriment. Fascinant ! Ces
conclusions sont le fruit d’un travail titanesque au
cours duquel les scientifiques ont eu accès à
quelque 826 millions de tweets, après que Twitter
leur eut ouvert ses serveurs. Ils ont attribué une
valeur, positive ou négative, à tous les mots
utilisés. Côté pessimiste, il y avait ceux qui
exprimaient de l’hostilité (saloperie, merde, trou-
du-cul, crétin, sans oublier les incontournables
fuck et mother fucker…), ceux qui exprimaient la
tension (jalousie, envie, dégoûtant, menteur,
haine…) et ceux qui exprimaient le ras-le-bol
(fatigué, éreinté, dormir, lit, vaseux…). Côté
optimiste, les mots pouvaient traduire l’activité
(management, recherche, affaires, apprentissage,
entreprise, service, conférence, meeting…), des
expériences positives (génial, partage, instructif,
amitié, bonne soirée, fabuleux, merveilleux,
fantastique…) et l’optimisme (challenge,
potentiel, progresser, réussir, force, courage,
foi…). Tous ces mots – et une flopée d’autres –
livrés à l’appréciation des chercheurs ont permis
d’établir une corrélation avec la santé vasculaire
des communautés étudiées, de manière encore
plus pertinente que ne l’auraient permis d’autres
critères comme le niveau d’éducation, le
tabagisme, le diabète, l’hypertension, l’obésité ou
certains critères raciaux ! Stupéfiant ! Je ne vois
qu’une chose à faire : inscrivez-vous sur Twitter,
suivons-nous mutuellement et envoyons-nous des
mots d’amour…

Surveiller sa communication

J’aborde là l’un des chapitres les plus


passionnants et les plus utiles pour la paix des
ménages, le développement de relations
harmonieuses avec les enfants et la décrispation
des relations au travail. Il concerne la
communication, c’est-à-dire tous les mécanismes
verbaux que nous mettons en place lorsque nous
nous adressons à quelqu’un. Combien de fois vous
êtes-vous dit que telle personne ne comprenait
définitivement rien à rien ? Combien de fois avez-
vous pesté contre telle autre qui semblait sourde à
vos recommandations ? Combien de fois avez-
vous suspecté votre interlocuteur d’avoir oublié
son cerveau sur sa table de nuit ? Il vous semblait
avoir été clair ! Et pourtant…
La communication peut être violente ou non
violente. Elle peut même tourner au vinaigre entre
deux personnes qui pourtant sont d’accord sur
l’essentiel : « Mais c’est ce que je viens de te dire
! Tu le fais exprès ? » Ambiance… Il est évident
que nous avons tout intérêt à opter pour une
communication non violente : c’est beaucoup plus
reposant, beaucoup moins stressant que de
grimper dans les tours, exercice dans lequel vous
avez pu remarquer que certains excellent. Ces
alpinistes du conflit sont sans doute responsables
de la situation. Mais vous l’êtes aussi…

Face aux conflits, la plupart du temps, on


adopte deux types de réaction : le repli ou
l’affrontement. Deux mauvaises solutions. Alors
que la communication non violente, la seule à
même de développer des relations positives et
fructueuses, vous tend les bras. Il suffit d’en
connaître les principes.
La première chose à faire, lorsqu’on s’adresse
à une personne dans le but de résoudre un
problème, est d’éviter les jugements : ils sont
toxiques, qu’ils prennent la forme de critiques, de
reproches, de blâmes, d’accusations, de
comparaisons ou témoignent d’une généralisation
outrancière. Quelle que soit sa formulation, le
jugement sous-entend que l’autre a tort. Cela
suscite immanquablement une réaction défensive
de sa part : fermeture, justification, riposte. Sur
ces bases, aucune discussion ne peut être
constructive.

La seconde chose à éviter est l’infantilisation


de votre interlocuteur. Tout aussi toxique, elle
revient à nier la liberté et l’autonomie d’autrui
qui, comme vous le revendiquez pour vous-même,
doit pouvoir se sentir libre d’agir et de penser
comme il l’entend. Infantiliser son interlocuteur,
c’est par exemple faire référence à la notion de
devoir : « Tu dois faire ceci… », « Il est de ton
devoir de faire cela… » Ce type de formulation
nie le besoin fondamental de liberté de l’autre et
le place en position de résistance. On est à peu
près certain que sa coopération sera minimale…
C’est ce qu’on appelle la réactance. Les parents
qui sermonnent les ados dont ils considèrent
qu’ils ne prennent pas suffisamment au sérieux
leur travail scolaire connaissent l’histoire par
cœur… Les discours infantilisants, qu’ils fassent
référence aux conventions, au passé, à la pression
de l’autorité, du groupe ou de l’institution,
déresponsabilisent. En voici quelques exemples :
– Référence aux conventions : « Tu ne dois
pas manger ton sandwich au bureau parce que ce
n’est pas un endroit fait pour ça. »
– Référence au passé : « Personne avant toi ne
s’est jamais permis de manger son sandwich au
bureau. »
– Pression de l’autorité : « Le patron demande
que l’on ne mange pas son sandwich au bureau. »
– Pression du groupe : « On est plusieurs à se
plaindre que tu te permettes de manger ton
sandwich au bureau. »
– Pression institutionnelle : « Nous sommes
dans une entreprise, pas une cantine. Donc on ne
mange pas son sandwich au bureau. »
Si, aux formulations maladroites évoquées
précédemment, s’ajoute la menace d’une punition
(qui place fatalement votre interlocuteur dans une
posture défensive), la communication n’est plus
violente, on n’est plus dans le registre du toxique,
c’est carrément Tchernobyl.

Communiquer sainement

Lorsque vous ressentez une émotion


désagréable, qu’elle perdure et vous maintient
dans l’inconfort, il est normal que vous souhaitiez
y mettre fin. Affronter cette réalité nécessite une
forme de courage. Que le problème concerne
votre enfant, votre meilleur ami ou un collègue,
vous devez vous engager dans une communication
non violente. Comment faire ? La solution consiste
à observer la règle OSBD, ainsi que l’a
brillamment démontré son inventeur, le
psychologue américain Marshall Rosenberg, aux
prémices des années 60. À chacune de ces lettres
correspond une étape : O pour Observation, S
pour Sentiment, B pour Besoin et D pour
demande. Ça se joue en 4 temps, c’est réglé
comme du papier à musique, à vous de placer les
bémols aux bons endroits…

– O pour Observation.
La première étape consiste à préparer une
description précise des faits. Cette description
doit être purement factuelle, en excluant toute
critique, toute infantilisation, toute exigence. La
précision permet à l’autre de comprendre les faits
en cause, sans se sentir lui-même jugé. La
précision permet aussi de changer son propre
angle de vue et de réduire ainsi l’intensité de
certaines émotions. S’entraîner à décrire les faits
précisément et le plus objectivement possible est
une excellente habitude à prendre. Votre
communication avec les autres en sera simplifiée,
elle gagnera en clarté. Ceci est valable pour toutes
les personnes avec lesquelles vous êtes en
relation.
Imaginons que vous soyez chez vous à l’heure
du petit déjeuner. Vous entrez dans la cuisine et
vous trouvez qu’elle ressemble plus à un chantier
qu’à un modèle d’expo !
Le soir venu, la tentation est alors grande de
vous en ouvrir à vos proches en ces termes : « Ça
n’est plus possible, la cuisine était encore
dégueulasse ce matin et je voudrais bien savoir
qui n’a pas remis le beurre dans le frigo. Si ça
continue, ça va mal se passer… »
Ce type de phrase cumule toutes les tares de la
communication violente. En retour, vous
obtiendrez des ricanements, de la crispation, de la
colère, ce que vous voulez, mais rien qui puisse
vous laisser espérer la résolution du problème.
Si, en revanche, vous vous contentez de
rapporter ce que vous avez observé, dans le plus
strict respect des faits, vous avez la certitude de
capter l’attention de vos interlocuteurs.
Exemple : « Ce matin, au moment de prendre
mon petit déjeuner, j’ai vu le beurre et des traces
de confiture sur la table de la cuisine… »
Vous remarquerez que cette phrase ne contient
pas d’adjectif. Je ne suis pas en train de vous dire
qu’il faut les bannir de votre vocabulaire mais
j’attire simplement votre attention sur un point :
quand il y a un adjectif, le jugement de valeur
n’est jamais loin…

– S pour Sentiment.
La deuxième étape consiste à exprimer ses
émotions. De même que l’observation neutre d’un
fait ne prête pas à contestation, l’expression de
vos émotions n’est pas davantage contestable.
Elle permet à votre interlocuteur de constater
l’impact de la situation sur vous-même, sans le
mettre en cause.
Exemple : « Ce matin, au moment de prendre
mon petit déjeuner, j’ai vu le beurre et des traces
de confiture sur la table de la cuisine… J’en ai eu
un haut-le-cœur… »
En faisant ainsi part de votre dégoût, vous
exprimez votre ressenti, qui ne se discute pas.
L’expression de vos émotions, comme pour la
description des faits, doit être très factuelle. Vous
avez un haut-le-cœur, c’est comme ça, personne
ne peut vous empêcher de l’avoir. C’est la
conséquence, factuelle, de ce que vous avez
observé, point barre !

– B pour Besoin.
Après la description factuelle des faits et
l’expression tout aussi factuelle de l’émotion
ressentie, arrive la troisième étape : celle des
besoins. Ces besoins, qu’il vous faut avoir
identifiés, il importe de les exprimer en les
rattachant à vos émotions. Comment ? En utilisant
systématiquement la première personne du
singulier. L’astuce consiste à se servir de la
formule « parce que je… ».
Dire : « Ce matin, au moment de prendre mon
petit déjeuner, j’ai vu le beurre et des traces de
confiture sur la table de la cuisine… J’en ai eu un
haut-le-cœur… » ne suffit pas.
Mieux vaut dire : « Ce matin, au moment de
prendre mon petit déjeuner, j’ai vu le beurre et
des traces de confiture sur la table de la cuisine…
J’en ai eu un haut-le-cœur, parce que j’ai besoin
de vivre dans un univers propre et bien rangé. »
La seconde formulation, plus complète, plus
précise, ne fait qu’exprimer votre besoin, dont
l’autre n’est pas responsable. Il ne peut en aucun
cas se sentir culpabilisé. Ainsi, vous désamorcez
toute forme d’hostilité de sa part et établissez les
bases d’une communication non violente.

– D pour Demande.
La quatrième et dernière étape, c’est la
formulation de votre demande, dont vous estimez
qu’elle permettra d’améliorer les choses. À ce
stade du dialogue, le choix des mots demande du
doigté, car l’évolution de votre relation avec vos
interlocuteurs en dépend. Ne confondez pas
demande, et exigence. Si vous avez du mal à
distinguer l’une de l’autre, demandez-vous si vous
êtes prêt à entendre un refus. Si un refus vous
paraît inconcevable, c’est que vous êtes dans
l’exigence.
Pour poursuivre avec l’exemple choisi au
début de ce chapitre, voici ce à quoi pourrait
ressembler la formulation complète incluant toutes
les étapes OSBD : « Ce matin, au moment de
prendre mon petit déjeuner, j’ai vu le beurre et
des traces de confiture sur la table de la cuisine…
J’en ai eu un haut-le-cœur, parce que j’ai besoin
de vivre dans un univers propre et bien rangé.
Pensez-vous qu’il soit possible d’y parvenir ?
Pourriez-vous, s’il vous plaît, à l’avenir, remettre
le beurre au frigo et enlever les traces de confiture
? » Bon, je reconnais que là, c’est presque du
Flaubert et vos enfants risquent d’appeler le 15…
Vous pouvez exprimer les choses un peu plus
familièrement.
La communication non violente peut parfois
donner l’impression à celles et ceux qui la
pratiquent qu’ils mangent leur chapeau en
s’adressant en termes prévenants et doucereux à
des interlocuteurs qui se soucient peu des autres.
Ils se trompent : ce n’est ni l’école de
l’humiliation ni une guerre des nerfs feutrée, mais
le seul moyen d’interpeller efficacement vos
interlocuteurs pour qu’ils soient attentifs à vos
besoins. Ne perdez jamais de vue votre objectif et
les outils de communication qui vous permettront
de l’atteindre.

S’exercer à exprimer sentiments et besoins

Voici une série de phrases que l’on pourra


juger plus ou moins habiles à l’aune des critères
de la communication non violente. Classez-les en
2 catégories : celles qui expriment clairement les
choses (faits, sentiments, émotions) et celles qui
vous paraissent plus ambiguës (et peuvent
conduire l’autre à se sentir responsable ou se
braquer). Vous allez vous en rendre compte, le
diable se niche dans les détails…

a) Tu m’agaces quand tu ne ranges pas ta


chambre.
b) Je suis satisfait que tu aies rangé ta
chambre, parce que je vais pouvoir faire le
ménage.
c) Je suis triste que tu ne passes pas les fêtes
de fin d’année à la maison, parce que j’avais
envie de te voir.
d) Je suis déçu que tu ne viennes pas à Noël,
parce que tu m’avais dit que tu ferais ton possible
pour être là.
e) Je suis content que tu aies obtenu ton bac.
f) Je suis triste quand j’entends tes reproches,
parce que j’ai besoin que l’on me parle gentiment.
g) Je suis découragé, parce que j’aurais aimé
que les cartons soient prêts pour pouvoir
commencer le déménagement.
h) J’ai peur quand tu hurles.
i) Tu as encore laissé la lumière de ta chambre
allumée.

Les phrases b, c, f et g expriment clairement


sentiments et besoins. Elles témoignent d’une
communication non conflictuelle.
Les phrases a, d, e, h et i sont plus ambiguës.
Pour une formulation plus claire, voilà ce à quoi
elles devraient ressembler :
a) Je suis agacé quand je vois des affaires
traîner dans ta chambre, parce que j’ai besoin de
vivre dans un univers ordonné (notez le passage
de la 2e à la 1re personne du singulier : le « Tu
m’agaces », agressif, se transforme en « Je suis
agacé », qui exprime votre émotion, que personne
n’oserait vous contester).
d) Je suis déçu que tu ne viennes pas à Noël
parce que j’avais très envie de te revoir (de « Tu
m’avais dit », on passe à « J’avais très envie »,
qui permet l’expression d’un besoin).
e) Je suis content que tu aies obtenu ton bac,
parce que tu vas pouvoir librement décider de ton
avenir (attention, c’est subtil : la première
formulation sous-entend une forme de contrainte
alors que la seconde, plus complète, valorise la
liberté de l’interlocuteur).
h) J’ai peur quand tu hurles, parce que j’ai
besoin de sérénité (l’expression du besoin
complète utilement la phrase et prépare l’autre à
entendre une demande).
i) La lumière de ta chambre était allumée. Je
me suis permis de l’éteindre. Merci de penser à le
faire quand tu la quittes. (« Encore » disparaît
dans la seconde formulation : ce mot induit une
forme de jugement ; cette formulation est par
ailleurs enrichie de formules de politesse utiles
pour apaiser les choses.)

Dans le cadre d’une communication non


violente, les phrases reformulées ne contraignent
pas, n’agressent pas. Ce serait contre-productif et
générateur de conflit. L’objectif de la
communication non violente n’est pas que les
autres changent ou accèdent à nos demandes
contre leur gré, mais suite à un choix délibéré de
leur part. Il s’agit d’une démarche dont l’efficacité
s’appuie fondamentalement sur la bienveillance
potentielle de chacun. Elle recèle nombre
d’ingrédients utiles au bien-être de chacun.

Exprimez votre demande


Voici une série d’expressions de demandes.
Classez-les en fonction de leur caractère clair,
ambigu, voire autoritaire.

a) Je veux que tu me dises la vérité.


b) J’aimerais être sûr que l’on s’est bien
compris et, si besoin, que nous prenions le temps
de reformuler ce que l’autre a dit.
c) Je voudrais que tu lui en parles d’abord de
vive voix avant d’en parler aux autres, pour qu’il
ne soit pas surpris.
d) J’aimerais que tu me comprennes.
e) J’aimerais que tu participes plus souvent
aux déjeuners dominicaux.
f) J’aimerais que tu sois plus clair avec moi.
g) J’aimerais que tu me dises ce qui, selon toi,
ne va pas dans mon rapport.
h) J’ai besoin de sentir ta confiance, est-ce
que tu veux bien que je gère mon budget tout seul
?
i) Il faut que tu arrêtes de fumer à l’intérieur.
Les formulations b, c, g et h expriment une
demande claire.
Les autres sont imprécises ou témoignent
d’une exigence.
a) On est purement et simplement dans
l’exigence, les choses ne peuvent que pourrir ou
dégénérer.
d) La formulation est trop floue ; le besoin de
compréhension est certes exprimé mais il y
manque une demande concrète.
e) La demande n’est pas assez précise ; « Plus
souvent » ne veut pas dire grand-chose ; « Une
fois par mois » permet de clarifier le propos et
appelle une réaction de l’interlocuteur qui dira si
c’est possible ou pas.
f) Là encore, la formulation est suffisamment
floue pour permettre à l’interlocuteur de fuir, ce
qui lui sera plus difficile avec une phrase du style
« J’aimerais que tu me dises ce que tu ressens à
l’idée que je lui en parle et ce que tu aimerais que
je lui dise précisément ».
i) La demande relève de l’exigence ; mieux
vaudrait dire « La fumée de cigarette me donne
des nausées, je préférerais que tu fumes sur la
terrasse ».
Vous le voyez, la communication non violente
demande un peu de subtilité et d’entraînement.
Mais vous verrez qu’en en respectant le
cheminement (description des faits, expression
des sentiments, formulation des besoins
fondamentaux, formulation de demandes
concrètes), vous vous ferez mieux comprendre et
ne déclencherez aucune réaction d’hostilité chez
votre interlocuteur. La communication non
violente a ceci de particulier qu’elle conduit autrui
à percevoir immédiatement votre sincérité et à
apprécier votre clarté. Point n’est besoin de
maîtriser toute la panoplie des formules
apaisantes pour faciliter les échanges. Testez-la,
vous en serez bluffé.

Faire face à la critique

Et vous ? Comment réagissez-vous face à la


critique ? Vous aurez beau maîtriser la
communication non violente, il n’en sera pas
toujours de même chez votre interlocuteur. Sa
maladresse pourra vous amuser, mais aussi vous
agacer. Comment, dès lors, l’accepter et la gérer ?

– Respirez profondément et lentement : vous


ralentirez votre rythme cardiaque, qui peut avoir
tendance à accélérer lorsque vous êtes mis en
cause.
– Demandez des précisions, des exemples
concrets, des justifications quant aux reproches
que l’on vous adresse. Faites-le calmement.
– Prenez le temps d’écouter, ne vous braquez
pas, ne réagissez pas face aux remarques,
réfléchissez à ce qui vous a été dit.
– Au besoin, reparlez-en ultérieurement avec
la personne qui vous a adressé la critique.

Tentez toujours de rester positif : et si la


critique était l’occasion d’une remise en question
? Qu’elle soit justifiée ou non, ce n’est peut-être
pas par hasard qu’elle vous est adressée.
Approfondissez, parlez-en à votre interlocuteur,
soyez ouvert à l’échange. Et puis dites-vous que
vous pourriez changer de logiciel et vous
démarquer de tous ceux (ils sont nombreux, c’est
presque génétique chez l’être humain) qui
perçoivent la critique comme une agression. C’est
faire preuve d’intelligence et d’ambition que de
considérer qu’une critique peut faire progresser.
Ne rechignez donc pas à modifier les
représentations que vous en avez : une critique
n’est pas forcément une incivilité, en tenir compte
peut aider à mieux se comprendre entre collègues
et en famille, on peut reconnaître ses erreurs sans
les transformer en enjeu personnel.

Savoir se préparer

Notre vie comporte des moments stratégiques


où il est préférable de ne pas se louper. Il peut par
exemple vous arriver d’avoir une demande
importante à formuler à une personne, qu’il
s’agisse d’un collègue, d’un supérieur
hiérarchique, de votre conjoint, de votre enfant ou
de votre voisin… Dans ce cas, il est fondamental
de préparer votre entretien en rédigeant les
choses. Faites-le en repensant aux 4 étapes de la
communication non violente. En tenir compte vous
permettra d’établir un dialogue fructueux, sincère
et concret.
S’il vous semble que votre message est mal
reçu, écoutez bien l’autre. Il se peut que vous
n’ayez pas été aussi clair que vous le souhaitiez
ou que vous ayez bâclé l’une des 4 étapes de la
méthode OSBD :
– Description des faits trop générale,
imprécise, contenant une critique…
– Expression des sentiments trop générale («
Je me sens mal ») ou utilisant des mots
culpabilisants.
– Formulation des besoins négligée (c’est
l’élément le plus fréquent, car on a l’impression
de se mettre à nu devant son interlocuteur).
– Expression des demandes sous un mode
imprécis ou flirtant avec l’exigence.
N’hésitez pas, alors, à reformuler votre
message et à écouter attentivement ce que l’autre
souhaite vous dire. Et quelle que soit sa réponse,
positive ou négative, vous pouvez être sûr que le
respect de ces étapes aura permis l’instauration
d’un dialogue de qualité qui n’hypothèque pas
l’avenir.

Cultiver le bonheur

Oui, le bonheur se provoque. Oui, l’optimisme


s’apprend. Et c’est heureux, car la science tend à
prouver qu’en visualisant l’avenir en mode
positif, le meilleur peut s’accomplir. Reste que
n’importe quel vétérinaire ou gardien de zoo vous
le confirmera : on ne change pas les rayures d’un
zèbre. Dès lors, que faire ? D’abord vous
convaincre que vous n’êtes pas un zèbre.
Regardez-vous, vous êtes un être humain, doté
d’une conscience, d’une intelligence, de capacités
de raisonnement et donc de l’acuité nécessaire
pour toujours voir le verre à moitié plein plutôt
qu’à moitié vide, à condition de le décider. D’où
cette série de 10 conseils susceptibles de vous «
filer la patate », de vous permettre de doper votre
moral pour amorcer en douceur un changement de
votre comportement. « J’ai décidé d’être heureux,
parce que c’est bon pour la santé », disait
François-Marie Arouet. C’est qui, lui ? Voltaire.
Ça en jette, hein… Alors, prêt à développer votre
positive attitude ? Allons-y : le bonheur, c’est
maintenant !
1. Prendre le temps de se poser quelques
questions.
Tout le monde a droit au bonheur. Vous devez
donc, en préambule à toute démarche en ce sens,
vous convaincre que vous êtes digne d’être
heureux. Ensuite, vient le temps de quelques
questions que, par paresse ou parce que nous
sommes pris dans l’ouragan du quotidien, nous
avons tendance à éluder.
Ces questions, les voici…
– Qu’est-ce qui m’empêche d’être heureux ?
– Qu’est-ce qui me met en joie ?
– De quoi ai-je besoin pour me sentir à mon
aise ?
Les questions les plus simples sont souvent les
plus pertinentes. Elles appellent des réponses qui
le sont tout autant et vous permettront de clarifier
les choses. Si vous considérez que la pollution
vous empêche d’être heureux, vous devez en
prendre note et organiser votre vie pour vous y
exposer le moins souvent possible et vous orienter
vers des activités en pleine nature.
Si le fait d’assister à des événements culturels
et sportifs vous met systématiquement en joie,
vous devez en tenir compte et reconsidérer vos
dépenses en fonction de ce besoin : les occasions
ne manquent pas de s’abonner en début d’année à
tel ou tel théâtre, telle ou telle salle de spectacles,
tel ou tel club sportif… Tout le monde en
conviendra, quand on a payé, on s’oblige ensuite à
assister à ce pour quoi on a délié sa bourse et on
organise son emploi du temps en fonction du
programme proposé.
Si, pour vous sentir bien, vous êtes convaincu
d’avoir besoin de calme, là encore, prévoyez des
moments où vous avez la certitude que vous
pourrez vous ressourcer, loin du vacarme et des
gêneurs.
Vous le voyez, en vous interrogeant le plus
banalement du monde, vous parviendrez sans
peine à déterminer des priorités. Votre vie devra
s’articuler autour d’elles et non autour de ce que
les autres auront décidé pour vous.
2. Accepter d’être ce que l’on est.
Qui veut voyager loin ménage sa monture,
m’a-t-on appris tout petit. Mais il est aussi
nécessaire de bien la connaître, la monture ! Se
ménager, c’est respecter ce que l’on est,
s’accepter tel que l’on est. « Be yourself,
everyone else is already taken », ai-je pu lire un
jour sur un mur livré aux graffitis : « Sois toi-
même, les autres sont déjà pris… » J’ai connu une
copine qui rêvait d’être danseuse au Crazy Horse.
Mais elle mesurait 1,65 m et contre cela, il n’y
avait pas grand-chose à faire. Moi-même, dans ma
jeunesse, je me voyais bien ailier droit du PSG.
J’ai vite compris que je n’étais pas calibré pour
ça. Et tout est rentré dans l’ordre dès lors qu’elle
et moi avons accepté d’être ce que nous étions :
des êtres faits pour autre chose. Partant de là,
pourquoi ne pas être plus indulgent, plus
compréhensif avec soi-même. L’échec, comme la
réussite, fait partie de la vie et n’est jamais
définitif. La perfection ne fait pas bon ménage
avec le bonheur. À trop vouloir la viser, on
retarde l’accomplissement de soi et on cultive le
pessimisme. Du coup, mieux vaut être optimaliste
(celui qui optimise les choses). L’optimaliste
accepte l’évidence : dans le monde réel, il est
inévitable de souffrir et d’échouer. Ce faisant, il
avance, sans courir sans cesse à côté de lui-même.
3. Clarifier ses objectifs.
Les deux premiers conseils devraient vous
permettre d’aborder sereinement ce qui suit, en
l’occurrence définir les choses que vous
ambitionnez de faire, et vous donner les moyens
d’y parvenir. Prenez une feuille de papier et un
stylo et notez le plus précisément possible vos
objectifs. Là, vous devez éviter un premier piège :
celui qui consiste à se lancer dans telle ou telle
activité pour faire plaisir à X ou Y. Donc
concentrez-vous sur vos désirs profonds. Les
vôtres, pas ceux des autres. Ensuite, si par
exemple vous trouvez que vous ne lisez pas assez,
ne vous contentez pas d’écrire : « Lire plus
souvent » ou « Lire plus de livres ». La formule
est trop vague pour vous permettre de réussir.
Écrivez plutôt : « Lire un livre par semaine » ou «
Lire un livre par mois ». Ce souci de précision est
capital pour favoriser votre épanouissement. Il
résonne comme un engagement que vous prenez
envers vous-même. De même, écrire « Améliorer
mon espagnol » ne rime pas à grand-chose et vous
aurez beaucoup plus de chance de tenir parole si
vous écrivez « Prendre 3 heures de cours
d’espagnol par semaine », surtout si vous vous
inscrivez dans la foulée et que vous payez les
cours en question. Quand la liste de vos envies
(pour faire allusion à un livre charmant qui eut son
succès) sera prête, prenez les dispositions
nécessaires pour les satisfaire. Cela changera,
peut-être même chamboulera vos habitudes, mais
c’est de votre bonheur qu’il est question. Un
conseil, cependant : commencez petit, évitez la
gourmandise, ce vilain défaut qui pourrait se
traduire par une sensation de trop-plein, une envie
de fuite et l’abandon de toutes vos belles
promesses. Une chose à la fois. Deux
éventuellement. Mais pas plus. L’important, c’est
le contrat. Soyez fier de l’avoir respecté.
4. Distinguer l’important de l’urgent.
Ce qui est important n’est pas urgent. Et l’on a
malheureusement un peu trop tendance à
confondre les deux notions. S’ensuit un emploi du
temps chaotique où l’on finit par oublier ce qui ne
devait surtout pas l’être. Désormais, vous devez
passer toutes les tâches qui vous incombent au
tamis de l’important et de l’urgent. Il faut les
hiérarchiser. Cela suppose que vous vous
organisiez en répondant systématiquement à cette
question : « Est-ce urgent ou est-ce important ? »
Accordez bien sûr la priorité à l’urgent (répondre
à une offre d’emploi, faire les démarches
nécessaires à l’obtention d’un visa en prévision
d’un voyage à l’étranger) mais ne négligez pas
l’important (votre séance de marche nordique ou
votre cours de dessin). Par ailleurs, en ce qui
concerne vos objectifs plus intimes et qui ont trait
à votre manière de vous comporter, efforcez-vous
d’avoir une démarche globale. Un exemple :
imaginons que votre but soit d’être « moins
agressif ». Dans ce cas, soyez moins agressif au
travail, à la maison, dans le cadre de vos loisirs,
auprès de vos amis, bref, en tout lieu et en toutes
circonstances. Même chose si vous ambitionnez
d’être plus généreux, moins timide, plus
audacieux, plus séduisant, etc.
5. Entretenir la confiance en soi.
Tant que vous serez persuadé de ne pouvoir
accomplir une chose particulière, vous n’y
arriverez pas. Au moins, ça vous épargnera la
déception… Mais c’est dommage : car si vous
êtes convaincu du contraire, tout devient possible.
Le plus difficile, toutefois, consiste à dépasser les
appréhensions « paralysantes » qui complexifient
et bouffent l’existence, ou les angoisses
existentielles comme la peur de trébucher, de
rater, d’aimer, de sombrer ou de réussir… Car la
peur inhibe. C’est elle qui nous pousse à
procrastiner (remettre au lendemain ce qu’on doit
faire le jour-même) et donc à ne pas faire ce que
l’on devrait être en train de faire. Et pourtant ! Si
vous regardez dans le rétro de votre vie, je suis
convaincu que vous identifierez sans peine des
moments ou des périodes de réussite, et ce dans
tous les domaines, qu’ils soient professionnels,
affectifs, matériels. Rappelez-vous le jour où vous
avez été capable de séduire cette personne à
laquelle vous teniez tant ! Remémorez-vous cet
examen que vous avez réussi alors que vous
n’imaginiez pas cela possible ! Souvenez-vous de
cette victoire sportive à laquelle vous n’aviez
initialement pas cru ! Pour s’ébrouer, la confiance
en soi a besoin d’être entretenue par le souvenir
de toutes ces victoires personnelles qui ont
jalonné votre parcours et embelli votre vie. Même
si elles remontent à loin. Au besoin, n’hésitez pas
à vous remettre dans l’ambiance d’alors. Face à
tel défi qui vous paraissait insurmontable, essayez
de déterminer les freins qui vous faisaient penser
que vous échoueriez, puis les compétences dont
vous avez usé pour faire mentir votre propre
pronostic. Dans la vie, bien des situations
présentent des similitudes. Identifiez-les, puisez
dans votre expérience. Cette approche va vous le
prouver, vous possédez bon nombre des
ressources. Faites en sorte d’en être toujours
conscient.
6. L’exercice, une évidence.
L’exercice physique est un besoin vital pour
l’être humain qui, autant que je sache, n’a pas été
conçu pour prendre l’ascenseur, emprunter
l’escalator et passer des heures devant un
ordinateur. Nos ancêtres couraient et chassaient.
Bref, ils se bougeaient, se dépensaient. D’ailleurs,
vous conviendrez qu’on n’a jamais vu une Clio
garée devant une grotte ni un supermarché
organiser une foire aux vins dans une caverne.
Nous avons tous besoin de sécréter cette hormone
du bien-être et de la bonne humeur qu’est
l’endorphine. Pour la libérer, une solution : la
pratique sportive. Là encore, il convient de
balayer la mauvaise excuse du manque de temps.
Le temps, moins on en a, plus on gagne à bouger.
Marcher, nager, danser, faire du vélo ou du
yoga… Le tout est de s’y mettre ! Commencez
doucement, coupez l’objectif en morceaux, une
séance puis deux par semaine. Le sport booste
l’estime de soi, aide à réfléchir, embellit, accroît
la durée de vie… Bref, il donne la pêche. Oubliez
donc le bon mot de Churchill, qui disait à qui
voulait l’entendre que son secret de longévité
tenait en une formule : « No sports. » S’il n’a dit
qu’une seule ânerie, c’est celle-là.
7. Partir du principe que la vie est belle.
Vous vous souvenez du film La vie est belle ?
On y voyait Roberto Benigni cultiver un
optimisme admirable en dépit du drame de la
guerre et de ses camps de concentration… Nous
sommes là dans le registre de la fiction, certes,
mais je souhaite juste attirer votre attention sur
l’état d’esprit qui doit prévaloir, quelles que
soient les circonstances auxquelles la vie vous
confronte. Et dans la vie, le pire n’est jamais
sûr… Aussi, prenez l’habitude de vous réjouir de
tous les petits bonheurs qui se présentent à vous
dans la journée. Il ne s’agit pas de s’extasier
d’avoir marché dans la première crotte de chien
venue (encore que ça puisse faire rire, notamment
les témoins de la scène) mais de savourer ainsi
qu’ils le méritent les moments de partage que vous
réservent votre famille et vos amis, le plaisir
d’une météo à votre goût, la beauté d’un paysage
ou la surprise d’une rencontre agréable. Soyez
réceptifs à chacune de ces petites choses.
Accueillez-la comme une offrande.
8. Accepter de lâcher prise.
Et si vous décidiez de lâcher prise ? Je vous
le promets, c’est beaucoup moins épuisant que de
vouloir tout contrôler. Mettre de la distance entre
soi et les événements, passés ou futurs, c’est vivre
un peu plus au présent et un peu plus intensément.
Avec des « si », des « mais », des « quand » et
des « peut-être », on contemple le passé, on
spécule sur l’avenir, mais on oublie qu’il existe
une vie à l’endroit où on se trouve et au moment
où on y pense. Et cette vie, c’est la vôtre. Lâcher
prise ne signifie pas que vous pouvez vous fiche
de tout, perdre votre capacité d’indignation, céder
au cynisme, vous résigner dès qu’une difficulté
survient ou qu’un obstacle se présente à vous.
Cela ne signifie pas non plus que vous devez
vivre au jour le jour en toute irresponsabilité, ne
rien anticiper, ne rien prévoir. Non, c’est
simplement accepter qu’il y ait une limite au
contrôle que vous pouvez exercer sur les gens et
les événements que la vie vous réserve. Prenons
l’exemple de la mort. Cas extrême, j’en
conviens… Nous savons tous qu’elle nous est
promise un jour ou l’autre et qu’elle finit toujours
par gagner la partie. La personne qui refuse de
lâcher prise peut y penser et s’en préoccuper 24
heures sur 24, ça ne changera rien à l’affaire. Elle
aura simplement passé sa vie à ne pas la vivre
puisque préoccupée par une chose sur laquelle
elle ne peut exercer aucun contrôle. Un peu
couillon, non ? En revanche, la personne qui lâche
prise parviendra au même résultat, mais en ayant
vécu sa vie. Plus malin, non ?
9. S’affranchir des pensées négatives.
La caboche est ainsi faite qu’il lui arrive de
voir passer des pensées parasites et de les retenir.
Elles génèrent des émotions négatives qui peuvent
être sources de stress et vous pomper un maximum
d’énergie pour un résultat proche du néant. Ces
pensées, il faut savoir les reconnaître quand elles
apparaissent de manière à les chasser au plus vite
de son esprit. Vous arrive-t-il de sombrer dans la
nostalgie, d’avoir des regrets ? Oui ? Quel intérêt
? Ressasser les moments dont on n’a pas su
profiter comme on aurait dû le faire ne sert
strictement à rien. Ça ne conduit qu’à fuir une fois
de plus le moment présent auquel, plus tard, vous
repenserez en ayant… des regrets supplémentaires
! Pardon de l’évidence, mais ne dit-on pas que ce
qui est fait est fait ? L’une des pensées parasites
les plus coriaces, c’est l’envie. A-t-elle jamais
résolu un problème ? Vous a-t-elle jamais procuré
quelque bonheur que ce soit ? Évidemment non…
Dès lors, décidez de ne plus jamais comparer
votre existence à celle d’autrui. « L’herbe est
toujours plus verte dans le jardin du voisin », dit
le proverbe anglais. Méditez-le.
10. Savoir pardonner.
On aborde là un sujet délicat (déjà évoqué,
furtivement) qui demande force de caractère et
grandeur d’âme. Mais pourquoi ne pas s’y essayer
? Pas si facile, mais tellement libérateur ! Pour
vous en convaincre, j’en appelle à la sagesse du
Mahatma Ghandi : « Le faible ne peut pardonner.
Pardonner appartient aux forts. » Oui, vous serez
plus fort et mieux armé pour affronter l’avenir si
vous parvenez à pardonner. À la vie, à vos amis, à
vos parents, à quiconque vous a blessé ou offensé.
Cela ne veut pas dire qu’il vous faille nier le mal
qui vous a été fait. Au contraire : ce mal, vous
devez le nommer (douleur, tristesse, colère,
frustration…), l’exprimer auprès d’une personne
capable de vous entendre, ne plus vous y exposer
(soit en fuyant la personne qui vous a offensé, soit
en obtenant d’elle qu’elle ne recommence pas).
Pardonner ne vous empêche pas de demander
justice ni de rester en contact avec l’offenseur, et
ne fait pas de vous (surtout pas !) une personne
coupable. Enfin, pardonner demande du temps. Si
vous vous en sentez le courage, prenez-le, cela
vous rendra plus heureux.
Être heureux, c’est exploiter et laisser vivre
tout ce qui est positif en nous. Dans la journée,
pensez à relâcher régulièrement « le triangle de
vigilance » que forme la zone du cou, des épaules
et de la mâchoire. Pour ce faire, respirez
profondément à 3 reprises. Par ailleurs, imposez-
vous quotidiennement de faire 3 choses que vous
aimez : relire un passage de votre livre préféré,
pratiquer une activité que vous aimez, dire de
belles choses à vos proches, déjeuner avec votre
meilleur ami… Il est nécessaire, sur le plan
physique comme sur les plans émotionnel et
psychologique, de recevoir du positif.

Une vanne et ça repart !

C’est l’histoire d’un militaire qui tape à la


porte d’une maison close. Le vasistas s’ouvre sur
le visage de la tenancière des lieux. Elle : « C’est
pour quoi ? » Lui : « Bonjour Madame,
accepteriez-vous ma compagnie pour une heure ?
» Elle : « Avec grand plaisir, entrez. » Lui : «
Compagnie ! En avant, marche ! »
Si vous n’avez pas souri, je ne peux rien faire
pour vous. L’avantage, c’est que pour faire la
gueule, vous avez mobilisé des dizaines de
muscles menacés d’atrophie… Si, en revanche,
vous avez ri (vous avez bien fait), c’est que votre
cerveau a tiré bénéfice de cette petite saillie
drolatique. Depuis l’Antiquité, on nous enseigne
que le rire, c’est la santé. Oui, le rire désinfecte,
dilate l’esprit, sucre les larmes, tranquillise sans
effets secondaires, pour reprendre les formules de
quelques hommes de lettres auxquels j’adjoindrai
Irène Frain, qui voit en lui « le plus grand des
antidépresseurs ». Normal : tout part du cerveau.
Le rire naît dans l’hémisphère droit, plus
précisément dans le cortex préfrontal. C’est là que
se situe le contrôle de la personnalité. Il est en
interaction avec le système limbique, le siège des
émotions, des plus angoissées aux plus plaisantes.
Ce cortex reçoit un message, quelque chose qui
s’apparente à un chatouillement. Il dicte alors au
système limbique le type de réponse qu’il doit
donner à ce message. D’après certains
spécialistes, le mécanisme du rire permet à
l’organisme de produire de la dopamine,
neurotransmetteur impliqué dans la sensation de
plaisir. Le rire entraîne aussi la production
d’endorphines, des opiacés naturels qui procurent
une sensation de détente et de décontraction. Ces
mécanismes conjugués contribueraient, selon
nombre d’études, à faire chuter les taux d’anxiété
et de nervosité. Il faut n’avoir jamais ri pour
douter de ces évidences. Nul besoin d’études
approfondies pour se rendre compte que rire un
bon coup détend tous les muscles du corps et
procure un sacré sentiment de bien-être. Alors, ne
manquez pas une occasion de le faire en sachant
préalablement identifier ce qui vous amuse.
Certaines personnes vous font rire ? Exigez de les
voir plus souvent ! Les humoristes vous font rire ?
Allez au spectacle ! Les caricatures vous font rire
? Achetez Le Canard Enchaîné, Charlie Hebdo
ou des livres de dessinateurs ! Et surtout, partagez
ces moments et vos découvertes.
Le cerveau et le sport

La tête et les jambes

Pour avoir maintes fois été soulignés et mis en


évidence, les bienfaits du sport pour la santé
relèvent aujourd’hui du truisme. Cependant, on est
enclin à ne les associer qu’au seul bien-être
physique (silhouette plus fine, souffle retrouvé,
musculature plus harmonieuse…) alors qu’ils sont
tout aussi constitutifs de notre santé mentale. Oui,
un cerveau de sportif se porte mieux qu’un
cerveau de non-sportif, en tout cas dispose de
meilleurs atouts pour échapper à la dépression, au
stress et à tout ce qui peut menacer la santé
mentale, laquelle est liée à la santé physique.
Qu’on le veuille ou… oui.
Qui n’a jamais fait de sport ne peut imaginer
cette forme d’apaisement que l’on ressent, une
fois la séance bouclée. L’expression « se vider la
tête » prend alors tout son sens, tant on se sent
psychologiquement léger et d’attaque pour
enchaîner d’autres activités, plus intellectuelles.
Parce qu’il vous oblige à vous focaliser sur les
efforts ou les gestes à accomplir, le sport distrait :
on ne joue pas au tennis en consultant sa
messagerie électronique, pas plus qu’on ne fait de
l’aviron en lisant le dernier rapport comptable de
la direction financière… Le temps de la pratique,
le sport vous soustrait aux questions qui vous
minent au quotidien et nettoie votre esprit pour
vous le rendre comme neuf, prêt à l’emploi.
Un corps qui ne bouge pas est un corps qui
rouille et ne se prive pas de le faire savoir. Le
moindre effort lui pèse, la moindre contrariété le
met à l’épreuve, la force et la souplesse
l’abandonnent. Cet enchaînement calamiteux se
traduit par des sensations corporelles négatives
dont le cerveau est immédiatement informé. En
bonne tour de contrôle de l’organisme, il ne
tardera donc pas à traduire ce message pour le
transformer en pensées négatives. Et un cerveau
plombé par les pensées négatives est un cerveau
dont le fonctionnement est altéré. Fort
heureusement, la manip marche aussi dans l’autre
sens. De la même manière, le cerveau est capable
d’analyser, d’interpréter et de convertir en
pensées positives toutes les sensations
corporelles qui témoignent d’un corps qui se sent
bien, évolue dans l’espace, travaille sa mobilité.
C’est ainsi qu’un corps en forme garantit un
cerveau en forme.
Ce lien entre l’activité du corps et celle du
cerveau passe par les bons offices de
neurotransmetteurs dont la production par
l’organisme augmente naturellement et
systématiquement en cas d’activité physique. Vous
en avez déjà entendu les noms savants : la
sérotonine, la noradrénaline et la dopamine.
– La sérotonine.
Elle régule, entre autres fonctions, le cycle du
sommeil, la douleur, l’anxiété, les comportements
alimentaires et sexuels…
– La noradrénaline.
Elle est impliquée dans l’attention, la
vigilance, les émotions, l’apprentissage, la
mémoire, le niveau de stress…
– La dopamine.
Elle influe sur la motivation, le sommeil, la
mémoire, le langage, le raisonnement,
l’apprentissage, l’attention, la prise de décision.

Avec de tels états de service, on comprend


que ces neurotransmetteurs jouent un rôle capital
pour débarrasser l’organisme et surtout l’esprit de
tout ce qui peut les perturber : l’anxiété, la colère,
l’impulsivité, l’agressivité, les idées noires…
Leur action conjuguée vaut tous les
antidépresseurs du monde. D’ailleurs, on les
retrouve, sous forme de synthèse, dans les
médicaments prescrits aux dépressifs qui hélas !
perdent parfois de leur efficacité quand le
traitement est interrompu. Avouez qu’il est quand
même dommage de creuser le déficit de la Sécu
alors qu’un médicament naturel est mis
gratuitement à votre disposition par votre
organisme, pour peu que vous décidiez de lui faire
faire un peu de sport ! Auprès des plus
réfractaires à cette idée, j’insiste sur ce que
recouvre la notion de sport : il est ici question de
faire de l’exercice, sans être obnubilé par la
performance ou mû par l’envie de battre des
records. Chacun est libre de démarrer et de
pratiquer à son niveau, l’essentiel étant que le
corps envoie des signaux positifs au cerveau qui,
en retour, vous le rendra au centuple sous la forme
d’un bien-être mental dont vous ne soupçonnez
pas les limites. En faisant ne serait-ce qu’une
demi-heure d’exercice trois fois par semaine,
vous entrerez dans un cycle vertueux. Le regard
que vous porterez sur vous-même, sur vos
capacités, sur votre corps, évoluera. L’estime que
vous voulez bien vous accorder sera renforcée.
Que vous décidiez demain de trottiner ou de
vous mettre à la natation, notez vos performances
après chaque séance. Votre progression vous
stupéfiera… Si vous n’en avez jamais fait, le
premier footing vous éreintera au bout de 10
minutes. Mais vous verrez qu’après une dizaine de
séances, vous serez capable de courir une demi-
heure sans ressentir de gêne particulière. À charge
pour vous, ensuite, d’augmenter la dose : vous
n’aurez même pas besoin d’y penser, vous en aurez
simplement envie ! Même topo à la piscine : la
première longueur vous paraîtra interminable. Il se
pourrait même que vous l’écourtiez en obliquant
vers le rebord pour vous y accouder, le temps
d’une halte. Mais rapidement, vous enchaînerez
les longueurs avec une aisance qui vous
surprendra. Votre ego en sera dopé.
Naturellement.

Les endorphines, hormones du plaisir

Celles et ceux qui pratiquent un sport


d’endurance (natation, jogging, ski de fond,
cyclisme, il en existe une quarantaine…) avec une
relative intensité connaissent l’ivresse que
procurent les endorphines, ces hormones sécrétées
par le cerveau (plus précisément l’hypophyse et
l’hypothalamus). Passé un certain seuil d’efforts,
quand le corps est mis à l’épreuve, elles agissent,
pour simplifier, comme la morphine : on ne
ressent plus – ou moins – la douleur. Mais ce
miracle n’est pas seulement physiologique. Il est
aussi neuro-cérébral. La libération d’endorphines
est bonne pour la santé mentale et permet parfois
d’atteindre ce que les chercheurs spécialisés dans
la psychologie positive ont baptisé « l’état de
flow », ce moment de bien-être particulier où,
avec le sentiment d’avoir accompli ce qu’on était
censé accomplir, on réalise que l’on n’a pas vu le
temps filer. Pour vivre ce type d’agrément, il faut
parfois en passer par des étapes difficiles et
exigeantes, au-delà desquelles on franchit un cap
pour trouver ce qu’on appelle communément « le
second souffle ». Extase garantie, corps et esprit
confondus.

Courir rend intelligent

Si vous êtes latiniste, vous connaissez la


formule : Mens sana in corpore sano… Sinon, je
vous la ressers en français : « Un esprit sain dans
un corps sain. »… Déjà, vous vous sentez mieux.
Si on vous questionne sur le sujet, dites que cette
citation est extraite de la dixième Satire de
Juvénal. Votre interlocuteur en sera groggy. Là,
profitez-en pour pousser votre avantage et dites
qu’elle témoigne au moins d’une chose : dès la
Rome antique (puisque Juvénal est un poète latin
datant de la fin du Ier et du début du IIe siècle), il
existait des penseurs pour établir un lien entre
l’exercice physique et l’intelligence. À juste titre.
Une étude finlandaise (réalisée sur des rats et
ayant abouti à des conclusions pour l’homme) a
permis de mieux comprendre ce qu’il se passe
dans votre tête quand vous gambadez : cela
déclenche la création de nouveaux neurones (on
appelle ça la neurogénèse) et tout se passe dans
l’hippocampe, cette zone du cerveau impliquée
dans la formation de la mémoire et de
l’orientation dans l’espace. Comprenez bien que
ce n’est pas parce que vous courez que votre
intelligence grandit automatiquement. Simplement,
ces nouveaux neurones sont en quelque sorte des
outils supplémentaires mis à votre disposition
pour le cas où vous souhaiteriez vous en servir. Si
vous n’en faites rien, votre QI ne bougera pas.
Ce qui vaut pour la course à pied pratiquée de
manière classique (le bon vieux jogging avec une
vitesse de croisière qui correspond à votre niveau
de coureur) ne fonctionne pas forcément pour le
cerveau des adeptes du HIIT. Attention, là, on est
chez les cadors… HIIT veut dire High-Intensity
Interval Training, entraînement fractionné de
haute intensité, pour les bilingues franco-français.
Il s’agit d’une méthode d’entraînement de plus en
plus répandue qui consiste à effectuer de très
courtes périodes d’effort intense en alternance
avec des périodes de récupération. Pour
simplifier, cela consiste à sprinter puis trottiner,
et recommencer. Plusieurs fois. Les expériences
menées par les chercheurs finlandais ont abouti à
des résultats décevants : avec ce type
d’entraînement, on n’influe que marginalement sur
les capacités intellectuelles. Quant à ceux qui
jouent les haltérophiles en espérant muscler leur
cerveau, ils peuvent déchanter : lever de la fonte
n’a aucun effet sur leur stock de neurones. Mais
ils peuvent aussi se consoler : ça leur fera de
beaux muscles, ce qui n’est déjà pas si mal.

Le cerveau de futur bébé

Enceinte ? Pas question d’arrêter le sport si


vous avez l’habitude d’en faire et que votre
médecin ne vous l’interdit pas. Bon pour vous.
Bon pour bébé. Notamment pour son
développement cérébral. C’est la conclusion à
laquelle est arrivé une équipe de neurologues
canadiens qui a suivi de futures mamans en les
séparant en 2 groupes : le premier composé de
femmes sédentaires, le second de femmes
s’engageant à effectuer un effort modéré, puisqu’il
consistait en 3 séances hebdomadaires de 20
minutes d’activité physique. Pas de quoi fouetter
une future maman… Après l’accouchement, une
série d’électroencéphalogrammes a permis
d’analyser l’activité cérébrale des nouveaux nés.
Et que croyez-vous qu’il s’est passé ? Les
sportives ont gagné ! Plus précisément, les
neurologues ont pu constater que leurs nourrissons
réagissaient avec plus d’intensité cérébrale quand
on stimulait leur ouïe, que les sons produits leur
soient familiers ou qu’ils soient nouveaux.
Conclusion : quand Maman fait du sport, Bébé a
une meilleure mémoire auditive.

Les échecs vont vous réussir…

Il y a sport et sport… En voici un, cérébral,


excellent pour qui se préoccupe de sa santé
mentale. Oui, le jeu d’échecs fait fonctionner le
cerveau. On peut y jouer contre un adversaire ou
seul, à condition de disposer d’un jeu
électronique. Pour quelques dizaines d’euros, la
version électronique présente l’avantage de
s’adapter à votre niveau et de vous faire
progresser de manière spectaculaire. Elle vous
permet aussi de suspendre une partie pour la
reprendre quand bon vous semble. Voici 10
bonnes raisons d’apprendre que le fou se déplace
en diagonale et que la reine est plus balèze que le
roi, ce qui fera plaisir aux féministes et calmera
les machos :
1. De 7 à 77 ans et même plus !
Il n’y a pas d’âge pour apprendre à jouer aux
échecs et y prendre plaisir. L’essentiel est de
trouver un adversaire qui soit sensiblement du
même niveau. Et qu’importe son âge : la jeunesse
peut jouer avec le troisième âge et inversement.
Qu’importe également sa langue natale : un
Français peut jouer avec un Serbe (avec
cependant une bonne chance de prendre une
raclée, ce jeu étant très en vogue au confluent de
la Sava et du Danube ; du côté de Belgrade,
quoi…).
2. Plus facile qu’on l’imagine.
Contrairement à une idée répandue, apprendre
à jouer aux échecs n’est pas compliqué. Il suffit
d’être informé de la manière dont les différentes
pièces se déplacent ; c’est comme le vélo, ça ne
s’oublie pas. Ensuite, il ne reste qu’à jouer pour
que s’installent certains réflexes. Et vous serez
surpris par votre progression.
3. Bon pour la mémoire.
Avec l’expérience, le joueur apprend à
mémoriser les différentes ouvertures. Cela se fait
sans effort, naturellement. Il a aussi l’impression,
souvent, d’être confronté à des situations qu’il a
déjà connues, qu’il apprend à gérer, soit pour
échapper au piège tendu par l’adversaire, soit
pour en tirer avantage.
4. Bon pour la concentration.
On ne fait pas une partie d’échecs en regardant
la télévision ! Ce sport cérébral exige des joueurs
qu’ils soient un minimum concentrés sur ce qu’ils
font, leur objectif étant de mettre l’adversaire
échec et mat. Il faut à la fois identifier les
intentions de l’adversaire et construire sa propre
stratégie. Prenant !
5. Bon pour la pensée logique.
L’idée première, aux échecs, c’est de ne pas
se faire bouffer le roi ! Sinon, on perd. Cette pièce
maîtresse doit donc être protégée. Quitte à en
sacrifier d’autres, moins importantes. Ces
exigences imposent que vous raisonniez de
manière logique.
6. Bon pour la créativité.
Avec ses 32 pièces et ses 64 cases, le jeu
d’échecs offre un nombre incalculable de
combinaisons. Vous voulez des chiffres ?
Accrochez-vous : un joueur qui entame une partie
a 20 possibilités de déplacer une pièce. Son
adversaire en a autant. À l’issue du premier coup,
on atteint déjà les 400 possibilités… À l’issue du
second, 20 000… Bref, tout cela nous mène au
nombre de Shannon, du nom de ce mathématicien
qui, au bout du bout du bout d’innombrables
calculs, a annoncé à l’humanité stupéfaite que le
nombre de parties différentes possibles s’élevait à
10 puissance 120 ! Essayez d’imaginer, à défaut
de vérifier : le chiffre 1 suivi de 120 zéros ! Des
échecs, vous n’épuiserez jamais l’apprentissage :
rien de plus indiqué pour garder votre esprit en
éveil et inventer de nouvelles combinaisons.
7. Bon pour la réflexion.
Vous apprendrez vite que le joueur d’échecs
se doit de réfléchir à deux fois avant de déplacer
une pièce. En cas d’erreur, la sanction peut être
immédiate.
8. Vive l’indépendance !
Le joueur d’échec est seul face à son
adversaire. Il ne peut compter que sur lui-même,
sa mémoire, sa créativité. Seul son propre
jugement le conduit à déplacer telle ou telle pièce.
De quoi lui donner le sens de l’indépendance et
de la responsabilité.
9. L’auto-motivation magnifiée.
Tout joueur d’échecs, même novice, ne pense
qu’à une chose : gagner ! Je connais peu
d’activités où l’on ait autant la sensation de partir
à égalité de chances avec l’adversaire. Aucun dé
ne vient perturber le jeu. Aucune pénalité ne vous
menace. Chaque joueur dispose du même nombre
de pièces, la configuration est la même de part et
d’autre de l’échiquier et vous devez échafauder le
meilleur plan possible pour coincer l’adversaire.
Motivant.
10. Psy-show.
Échecs et psychologie font bon ménage.
Devant un échiquier, vous apprendrez la patience,
la volonté et le contrôle des nerfs. Vous vous
débarrasserez de votre impulsivité. Et vos
réussites nourriront votre propre estime.
Champion du monde d’échecs de 2000 à 2007,
seul joueur (avec Anatoli Karpov) à avoir battu
Garry Kasparov, le Russe Vladimir Kramnik plaide
pour que le jeu d’échecs s’installe définitivement
dans toutes les écoles primaires de la planète.
C’est d’ailleurs déjà le cas de nombreux
établissements scolaires, au Venezuela, en Islande,
en Russie… Kramnik y voit une opportunité
pédagogique utile pour les enfants qui, entre 6 et
10 ans, développent leur logique et leur cerveau,
ce muscle dont les échecs, dit-il, sont « le fitness
». Le fait est que pléthore d’expériences menées
au sein d’établissements scolaires lui donnent
raison. L’une, menée par l’université de Hong-
Kong, a conclu que les élèves joueurs d’échecs
amélioraient de 15 % leurs notes en
mathématiques et en sciences. L’autre, à New
York, a démontré que la pratique de ce sport
cérébral améliorait le rendement en lecture. Une
troisième, que l’on doit à l’université allemande
de Trèves, a permis de constater moult
progressions des enfants dans les domaines de la
perception, de la concentration, de la motivation.
En revanche, aucune influence sur le niveau en
orthographe…

Le yoga : pas si mou…

Pratiqué en Inde depuis des temps


immémoriaux, le yoga a généré une littérature
tellement abondante qu’il serait vain, illusoire et
réducteur de tenter de la résumer en un chapitre.
Si je lui consacre ces lignes, c’est parce que sa
pratique bourgeonne un peu partout dans le
monde, en en faisant un sport de plus en plus
tendance. Oui, un sport ! Bien sûr, au yoga, on ne
marque pas de but et on ne franchit pas la ligne
d’arrivée en levant les bras, on ne soulève pas de
coupe. Les amateurs d’adrénaline et de hurlements
en seront pour leurs frais ! En revanche, ceux qui
veulent bien admettre que la souplesse,
l’endurance et l’effort musculaire sont tout aussi
constitutifs de la pratique sportive seront servis :
le yoga et ses 7 000 positions (le Kamasutra peut
aller se rhabiller !) peuvent être, à l’aune de ces
critères, d’une exigence telle qu’elle demande un
esprit compétiteur, même si la victoire n’est
jamais acquise que sur soi-même. Mais parler de
victoire est abusif. Le yogi ne gagne pas. Le yogi
s’épanouit, médite, apprivoise sa respiration,
travaille sa souplesse et combat sa raideur au
moyen de gestes et de mouvements plus ou moins
difficiles mais qui l’obligent à travailler sur la
conscience de ce qu’il fait. Voilà donc une activité
qui occupe l’esprit et lui fait un bien fou. Du côté
de Boston, il se trouve une neuroscientifique de la
Harvard Medical School qui s’est penchée sur les
bienfaits du yoga, et plus précisément de la
méditation (qui y occupe une place essentielle),
sur le cerveau. Elle en a pondu une thèse
rapportant que la réduction du cortex cérébral,
inéluctable au fil des années, pouvait être ralentie
quand on pratique quotidiennement. Elle assure en
outre que la méditation permet d’améliorer la
mémoire, la concentration, l’aptitude à prendre
des décisions autant qu’elle favorise la réduction
du stress, de l’anxiété et des insomnies, excusez
du peu ! En rugby, on appellerait ça le Grand
Chelem ! L’affaire est d’autant plus intéressante
que la neuroscientifique a elle-même expérimenté
la chose, après avoir découvert le yoga par
hasard, à l’issue d’une banale consultation chez
son médecin. Elle était allée le voir car elle
s’entraînait pour participer à un marathon et
ressentait des douleurs persistantes au genou.
C’est vous dire si elle était loin de se préoccuper
de son cerveau. « Arrêtez de courir et étirez-vous
», lui a conseillé le docteur, sans imaginer une
demi-seconde qu’il allait révolutionner la vie de
sa patiente : elle s’est mise au yoga et en a
ressenti un tel plaisir que, étudiante en biologie
moléculaire, elle a laissé tomber le sujet de thèse
sur lequel elle trimait pour consacrer ses
recherches à la méditation. L’histoire de Sara
Lazar (c’est le nom de la neuroscientifique dont il
est ici question) corrobore les conclusions d’une
flopée d’études sur les bienfaits de la méditation
pour la santé cérébrale. L’une d’entre elles a
consisté à faire défiler une série de lettres dans
laquelle avaient été rajoutés 2 nombres. But de la
manœuvre : identifier les nombres en question
sachant que moins d’un tiers de seconde les
séparait. À l’arrivée, constat sans appel : les
adeptes de la méditation se sont montrés plus
vigilants que le groupe témoin dont les membres
avaient tendance à rester focalisés sur le premier
nombre et à rater le second.
Si les effets positifs de la pratique du yoga sur
la qualité de vie en général sont avérés par de
nombreuses études, ils peuvent aussi combler
celles et ceux qui souffrent d’asthme ou sont
sujets aux palpitations. C’est ce qu’a permis de
conclure une expérience menée, en Inde, sur un
millier de femmes et d’hommes asthmatiques.
Certains étaient concernés depuis quelques mois,
d’autres depuis plus de deux décennies. Mais au
terme des essais menés pendant quelques
semaines ou plusieurs années selon les profils,
tous ont enregistré, grâce au yoga, une
amélioration de leur fonction pulmonaire.

Tai-chi : éloge de la lenteur

Il vous est peut-être arrivé, au détour d’une


promenade dans un parc, d’apercevoir une
silhouette qui effectuait des mouvements d’une
spécifique lenteur, vous donnant l’impression de
vous être égaré sur la scène d’un film de Bruce
Lee tourné au ralenti. Pas de panique : vous étiez
en présence d’un adepte du tai-chi. Cette
discipline millénaire, que nous ont léguée les
Chinois, constitue une alternative au yoga. Elle
consiste en la répétition d’une succession de
déplacements et de mouvements amples et
synchronisés. Elle impose notamment que le dos
reste droit, que le sommet du crâne soit plutôt
orienté vers le haut et elle joue sur le
fléchissement des genoux, le tai-chi se pratiquant
exclusivement debout, les pieds toujours au sol,
contrairement au yoga. À l’origine, cette forme de
gymnastique prisée des guerriers taoïstes pouvait
s’embarrasser d’armes un peu piquantes du style
épée, sabre ou lance. Ce type de pratique peut
perdurer, mais on a généralement remisé toute
cette quincaillerie pour privilégier la «
chorégraphie » à mains nues pour le plus grand
bénéfice d’adeptes qui, ainsi, gagnent en
souplesse et apprennent patience et self-control
tout en améliorant la qualité de leur sommeil,
notamment pour les personnes âgées. Parce qu’il
n’y a pas d’âge pour débuter, pas plus qu’il n’est
nécessaire d’être un athlète accompli pour décider
de concilier le corps et l’esprit.
Le cerveau et la culture

Votre cerveau est mélomane

Vous avez sans doute déjà vu, sur des images


d’archives, Jimi Hendrix, sur scène, tenir à deux
mains sa guitare électrique par le manche et la
fracasser sur le sol. Vous vous êtes alors demandé
ce que la pop star pouvait avoir dans la caboche à
cet instant précis… La réponse va vous étonner :
un cerveau augmenté ! Présentées comme cela, les
choses peuvent surprendre, mais j’aime bien les
surprises. Plus sérieusement, il s’avère que le
cerveau aime la musique. On n’a jamais su
pourquoi, c’est comme ça. Et il aime tellement ça,
le cerveau, qu’il récompense les musiciens en
favorisant leur développement cognitif.
Suivez la démonstration… Des chercheurs
canadiens ont eu l’idée d’utiliser l’imagerie
cérébrale pour passer au scanner les cerveaux de
trois groupes d’adultes. Le premier était constitué
de musiciens en activité ayant commencé à
pratiquer avant l’âge de 7 ans. Le deuxième
réunissait le même type de profils, à la différence
près qu’ils avaient commencé leur apprentissage à
un âge plus avancé. Tous les individus constituant
ces deux groupes avaient en commun de pratiquer
depuis au moins 7 années et d’avoir la même
expérience. Quant au troisième groupe, il était
constitué de personnes ne jouant pas d’un
instrument et ayant peu ou pas de pratique
musicale. Au total, 36 personnes, toutes
droitières, ne souffrant d’aucun problème
neurologique et ne suivant aucun traitement, ont
participé au test. Les chercheurs se sont focalisés
sur ce qu’on appelle « la substance blanche », qui
relie les régions motrices du cerveau droit et du
cerveau gauche. Deux évidences leur ont sauté aux
yeux :
– La connectivité, dans cette partie du
cerveau, était plus dense chez les musiciens que
chez ceux qui ne savent pas faire la différence
entre une clé de sol et une clé à molette.
– Plus l’apprentissage d’un instrument de
musique commence précocement, plus on optimise
la structure du cerveau et la structuration du
comportement.
Cette étude n’a fait que valider les intuitions
datant d’une précédente étude, également
canadienne qui, en 2006, avait montré que les
cours de musique accélèrent le développement
cérébral et la capacité de mémorisation chez
l’enfant, ce bénéfice pouvant se traduire par un QI
plus élevé. Bien sûr, tout cela ne signifie pas qu’il
faille se contenter d’ouvrir La Méthode Rose pour
exploser tous les records d’intelligence. Les
chercheurs reconnaissent d’ailleurs dans leurs
conclusions que des facteurs préexistants, liés au
patrimoine génétique ou à l’environnement,
peuvent avoir influé sur le résultat de leur travail.
Mais tout semble indiquer que la musique favorise
le développement cérébral en plus, comme chacun
sait, d’adoucir les mœurs. Sauf pour la guitare de
Jimi Hendrix.

La musique déstresse

Bonne pour la plasticité du cerveau, la


musique est aussi utile pour faire barrage à une
montée de stress. Une fois encore, ce sont des
chercheurs canadiens qui s’y sont collés. Ils ont
convoqué 24 étudiants sommés de préparer un
entretien d’embauche en 10 minutes. Pour être
certain de les faire flipper au maximum, ils leur
retiraient leurs notes pendant l’entretien au cours
duquel l’examinateur était chargé de les
bombarder de questions. Une fois les entretiens
effectués, le groupe était scindé en deux : 12
étudiants allaient se reposer, les 12 autres en
faisaient autant mais en écoutant du Mozart. Après
un quart d’heure, les scientifiques ont mesuré le
cortisol salivaire de chacun des étudiants pour
constater que chez ceux qui avaient été privés de
musique, il continuait à monter, témoignant ainsi
d’un stress qui se prolongeait. En revanche, chez
ceux qui s’étaient reposés avec Wolfgang
Amadeus, le stress retombait. Même quand ils
n’en pinçaient pas pour la musique classique.
L’expérience n’a pas été menée avec les subtiles
dissonances de Chopin, encore moins avec ACDC
ou David Guetta. On pourra donc objecter que le
génie mozartien, plutôt que la musique en général,
est seul en cause. Cependant, en cas de montée de
stress, on sera quand même bien inspiré de
découvrir ou de redécouvrir le Concerto pour
piano n° 20 du natif de Salzbourg. Il se pourrait
qu’il sache parler à notre amygdale. Surtout le
deuxième mouvement. Sinon, essayez Bach,
Schubert, Haendel et toute la clique…
Le récit qui précède ne doit pas être confondu
avec ce que l’on a abusivement appelé « l’effet
Mozart ». L’affaire remonte à 1993. À l’époque, la
pourtant sérieuse revue Nature publie une étude
californienne selon laquelle les ados raisonnent
avec plus de pertinence après avoir écouté du
Mozart plutôt qu’autre chose. Dans la foulée, une
flopée d’études (y compris à Vienne, tu penses !)
est lancée et contredit ces travaux. En fait, c’était
du pipeau. « L’effet Mozart », cette année-là, a
surtout fait décoller les ventes de coffrets CD
auprès de parents inquiets pour l’avenir de leur
progéniture. Ils peuvent maintenant les écouter en
boucle, ça déstresse…

Votre cerveau aime la lecture

Non seulement il aime ça, mais il en a besoin !


Car le cerveau, comme les piles Duracell ou la
liberté de la presse, ne s’use que si l’on ne s’en
sert pas. Ou disons qu’il s’use moins vite si l’on
s’en sert. Dès lors, quoi de plus indiqué qu’un bon
roman pour le maintenir en alerte ? Lire demande
un minimum d’attention et de concentration, ce
qui, immanquablement, conduit le cerveau à
augmenter son activité. Ce faisant, il s’entretient.
La démonstration en a été faite par des chercheurs
de l’université américaine Emory. Au départ,
alertés par le fait qu’on puisse être bouleversé par
la lecture d’un livre, ils souhaitaient savoir en
quoi et dans quelles proportions une histoire qui
pénètre dans notre cerveau y met la pagaille. Ils
ont donc trouvé 21 cobayes sachant lire (des êtres
humains, donc) auxquels ils ont offert le même
livre : Pompéi, de Robert Harris. Tous ceux qui
sont allés au pied du Vésuve savent que l’histoire
se termine sous un tapis de cendres, donc mal : la
question a son intérêt, le chercheur en chef ayant
souhaité que le livre ait « une trame narrative
forte », ce qui est le cas de Pompéi, qui raconte
de vrais événements d’une façon fictionnelle et
dramatique. L’expérience a duré 19 jours, répartis
en 3 périodes :
– 5 jours pendant lesquels les cobayes-
lecteurs sont mis au repos. Ils se la coulent douce.
– 9 jours pendant lesquels il leur faut lire,
chaque jour, 30 pages du livre. Pour s’assurer
qu’ils faisaient correctement leur part du boulot,
on leur posait des questions sur le récit.
– De nouveau, 5 jours sans lecture, payés à ne
rien faire, une honte quand on y pense.
Pendant 19 jours, les cerveaux des cobayes-
lecteurs sont quotidiennement passés au scanner.
Les 5 premiers jours (période 1), rien à signaler ;
normal, ils ne lisent pas. Les 9 jours suivants
(période 2), l’imagerie médicale livre ses secrets
: après la séance de lecture, le nombre de
connexions neuronales augmente dans deux
régions du cerveau, celle du cortex temporal
gauche (c’est là que s’opère la réceptivité de la
langue) et celle associée aux représentations
sensorielles venant du corps. La surprise, c’est
que cette connectivité accrue des neurones se
prolonge après la lecture et persiste 5 jours après
que les bouquins ont été refermés (période 3) !
Cette expérience prouve que la lecture est un
bon moyen d’entretenir son « muscle cérébral »,
d’autant que ses effets s’inscrivent dans la durée :
pendant que vous vous reposez, le cerveau
continue à bosser sur sa lancée. Une bonne affaire,
non ?
Je vous vois venir : « Mais je lis ! Je ne lis
peut-être pas de livres, mais je lis ! La preuve, je
passe ma vie sur internet ! » Eh bien vous noterez
qu’il y a lire et lire, lire une page web et lire une
page imprimée. La lecture d’une page web fait
travailler les régions du cerveau liées à la prise de
décision et à la résolution des problèmes. En
revanche, la lecture d’une page imprimée sollicite
les aires du langage, de la mémoire et du
traitement visuel. Ce phénomène a été mis en
évidence par des neuroscientifiques, grâce à
l’imagerie par résonance magnétique (IRM), une
technique qui permet de détecter les zones du
cerveau activées quand on accomplit une tâche ou
que l’on ressent une émotion particulière. Aussi,
comme il n’est pas question de laisser certaines
zones du cerveau en jachère, ne boudez pas la
lecture du bon vieux bouquin qu’on peut toucher,
palper, tordre. Et aimer. Comme celui que vous
avez entre les mains !

Votre cerveau aime les musées


Si vous voulez que votre cerveau aille bien,
faites-lui plaisir en allant au musée. Je sais que ce
genre de sortie en rebute certains, mais je rends
grâce aux amateurs d’art qui permettent aux
musées français (le Louvre en tête) d’enregistrer,
chaque année, plus de 60 millions d’entrées : ce
sont (presque, certaines personnes multipliant les
visites quand d’autres préfèrent la télé) autant de
cerveaux qui sont choyés. Que se passe-t-il dans
notre tête quand nous sommes devant une œuvre
d’art ? La technique d’imagerie par résonnance
magnétique a permis de percer le mystère. On y
perçoit une activation des zones cérébrales
impliquées dans le décryptage des informations
visuelles. Nous sécrétons l’hormone du plaisir.
On peut trouver ça beau, moche, gai, triste, y
mettre tous les qualificatifs que l’on veut, une
chose est sûre : l’art déclenche quelque chose en
nous. Notre cerveau réagit, rectifie la luminosité,
ajuste le contraste, évalue les couleurs de manière
à mieux profiter de ce qui lui est présenté. Bref, il
s’y passe un truc, ce qui est une bonne nouvelle
car un cerveau qui tourne est un cerveau qui ne
rouille pas. Cela vaut pour tous, a fortiori pour
les séniors et la jeunesse, pour laquelle les
neurologues ont prouvé, toujours grâce à l’IRM,
que confrontée à l’art, elle optimise son
développement cérébral. Chez les enfants, l’art
fait en effet travailler l’attention, la mémoire et la
capacité à différencier les choses. Il les
familiarise aussi avec la représentation
géographique, les initie à la complexité des
choses et, accessoirement, leur ouvre l’esprit
autant qu’il les rend tolérants.
Selon un neurologue californien, le cubisme
serait de nature à réjouir notre cerveau que les
Dora Maar de Picasso mettraient en ébullition :
on peut en effet y admirer la muse du maître de
profil et de face.
Le cerveau et les addictions

Une bonne fois pour toutes, non au cannabis !

Régulièrement, la dépénalisation du cannabis


revient dans le débat public. Et ceux qui s’en
servent à des fins politiques ou électoralistes ne
mesurent pas le mal qu’ils font à la santé publique
qu’ils sont par ailleurs prompts à défendre. À
croire qu’eux aussi fument la moquette… Alors,
que les choses soient dites une bonne fois pour
toutes : oui, le cannabis fusille les neurones au
point d’en perturber le fonctionnement et augmente
le risque d’être atteint de troubles mentaux !
L’espèce de flou dans lequel s’enlisent volontiers
les débats sur le sujet a pourtant été clarifié de
longue date par de nombreuses études, dont trois
méritent qu’on s’y attarde.
La première date de 2014. On la doit à
l’université de Dallas, dont les chercheurs se sont
employés à comparer les cerveaux de fumeurs de
cannabis et ceux d’un groupe de personnes qui
n’ont jamais tiré sur un joint de leur vie…
L’imagerie cérébrale a fait des miracles,
l’évidence leur a sauté aux yeux : le volume de
matière grise des fumeurs de cannabis diminuait
dans une région du cerveau impliquée dans la
motivation et la prise de décision. Dès lors, toute
conclusion qui nierait le caractère nuisible du
cannabis pour le fonctionnement du cerveau, fût-
ce temporairement, relèverait de l’enfumage. Et ce
d’autant plus que les fumeurs les plus anciens
étaient plus touchés que les autres. Au cours de la
même étude, l’équipe de Dallas a constaté que la
matière blanche du cerveau des fumeurs de
cannabis subissait une modification. Traduction
rapide : le câblage des neurones semblait plus
solide ! A priori, une « bonne » nouvelle, non ? A
priori seulement… Car en poursuivant leurs tests,
les scientifiques se sont aperçus qu’en fait, quand
la consommation de cannabis devient régulière, le
câblage soi-disant renforcé du cerveau du fumeur
finit par se relâcher. Les chercheurs en ont conclu
que le cerveau du fumeur de cannabis, dans un
premier temps, s’adapte à ce qu’on lui fait subir,
comme s’il mettait en branle un mécanisme
d’autoprotection, avant, dans un second temps,
d’abandonner le combat.

La seconde étude est à mettre au crédit du


Centre national de la recherche scientifique
(CNRS). Ses spécialistes se sont intéressés au
tétrahydrocannabinol, nom savant du principe actif
contenu dans le cannabis. Le THC (appelons-le
comme ça, on gagnera du temps) a le chic pour
aller se fixer sur certains récepteurs des neurones.
Ce faisant, il agit sur leur forme et leur
croissance. En utilisant des substances qui
agissent de la même manière que le THC et en les
testant sur des neurones, ils ont constaté que ces
derniers n’appréciaient pas trop la manip : ils
avaient tendance à se rétracter et donc à affaiblir
leur connectivité. La bonne nouvelle, c’est que
l’expérience n’a pas été réalisée sur un cerveau
humain mais sur des cellules nerveuses mises en
culture. On pourra toujours objecter que les
résultats auraient été différents in vivo, mais les
chercheurs du CNRS n’ont pas eu cette
coquetterie. Pour eux, l’affaire est entendue : le
cannabis détériore le câblage des neurones, ce qui
n’est jamais une bonne nouvelle pour la vivacité
d’esprit…

La troisième étude est particulièrement


intéressante, car elle offre un recul dont tous les
scientifiques aimeraient disposer lorsqu’ils se
penchent sur les réactions de l’organisme à long
terme. Cette étude a en effet duré 25 ans ! Elle a
consisté à observer l’évolution du quotient
intellectuel de quelque 1 000 Néo-Zélandais
cueillis dès leur 13e anniversaire et libérés des
obligations de l’étude à l’âge de 38 ans.
Obligations toutes relatives : leur rôle a consisté,
durant 25 ans, à se mettre à la disposition de la
recherche à cinq reprises pour dire s’ils avaient
fumé du cannabis ou pas. Et si oui, combien de
joints. Leur QI a été évalué à 2 reprises : au début
(lorsqu’ils avaient 13 ans) et à la fin de l’étude (à
38 ans). Les résultats se passent de commentaires
: le QI des fumeurs réguliers (a fortiori quand ils
avaient commencé à l’adolescence) a décliné,
parfois de manière spectaculaire (jusqu’à 8
points, mentionne l’étude), cependant que celui
des non-fumeurs a légèrement augmenté.
Prenez un rat. Proposez-lui un joint, il
refusera. En revanche, vous pouvez toujours lui
faire absorber une substance imitant les effets du
cannabis. Il sera d’accord, à l’insu de son plein
gré… Patientez 5 minutes. Lâchez le rat dans un
labyrinthe : il sera incapable d’en sortir. Alors
qu’en temps normal, il retrouve son chemin
comme un grand. Ce scénario ne doit rien à mon
imagination fertile, c’est simplement le récit d’un
test effectué par des chercheurs.

Cannabis : les ados d’abord

Les dommages causés par le cannabis, qu’ils


concernent la mémoire, le potentiel de
concentration ou la capacité à prendre une bonne
décision, si possible rapidement, affecteraient
plus les jeunes que les adultes. C’est la conviction
de nombre de chercheurs qui ont travaillé sur la
question et soulignent que l’adolescence est tout
sauf une période anodine pour le développement
du cerveau. Ce dernier ne devient pleinement
mature qu’entre 20 et 25 ans. Auparavant, il est en
construction et a besoin de toutes ses capacités
pour permettre à l’adolescent d’optimiser son
apprentissage et de densifier son parcours
scolaire. Mais aller à l’école avec une mémoire
altérée, c’est comme courir le 100 mètres avec un
sac à dos rempli de cailloux : ça ralentit. Les
dégâts ne sont pas que médicaux. Ils sont aussi
financiers. Car le cannabis agit comme un
révélateur de troubles psychiques qui, au cours de
l’adolescence, ne demandent qu’à émerger, pour
ensuite parfois se traduire par la dépression ou la
schizophrénie. Ces maladies demandent une prise
en charge complexe et onéreuse qui, dans tous les
sens du terme, peut coûter cher à la société. Aussi,
quand l’Observatoire français des drogues et des
toxicomanies note qu’en 2014, 47,8 % des jeunes
de 17 ans déclaraient avoir fumé du cannabis au
cours de leur vie (contre 41,5 % en 2011, jolie
progression…) il y a de quoi se mettre en pétard,
non ?

Le médecin traitant, l’allié des parents

Un adolescent qui a sombré dans la


dépendance au cannabis a moins besoin de
reproches et de sermons que d’empathie. Et les
parents, qu’ils aient été alertés par la
désocialisation de leur enfant, la dégradation de
ses résultats scolaires ou son désintérêt pour le
sport, à moins qu’ils l’aient tout bêtement pris en
flagrant délit de fumette, sont rarement les mieux
placés pour prendre les choses en main. Vous
devez savoir, si vous êtes confrontés à cette
situation, que vous disposez d’un allié de poids :
votre médecin traitant. C’est la personne la plus
adaptée pour entamer le dialogue avec l’ado
concerné, pour qui il est impératif qu’il prenne
conscience des difficultés dans lesquelles il est
empêtré et décide de lui-même de s’en extraire.
Le médecin traitant saura, au terme d’un premier
diagnostic, vous orienter vers des spécialistes qui
savent la difficulté de travailler avec les ados et
sont rompus à l’art de dialoguer avec eux. Car il y
a des impairs à ne pas commettre. Comme par
exemple parler de faiblesse ou de dépendance,
des notions auxquelles l’adolescent, par nature
épris de liberté et ivre de sa toute-puissance, peut
rester durablement imperméable. Aux
remontrances et aux leçons de morale, mieux vaut
substituer des questions ouvertes qui conduiront
l’adolescent à formuler son mal-être et à prendre
conscience de ses choix. Dans ce type d’affaire,
quoi qu’il en coûte émotionnellement, les parents
doivent accepter de rester plutôt hors-jeu, les
médecins, serment d’Hippocrate oblige, se devant
de respecter le secret médical.
Si votre enfant consulte votre médecin traitant
pour cause de fumette, il sera sans doute soumis
au questionnaire CAST. Le Cannabis Abuse
Screening Test est un outil mis à la disposition
des médecins pour évaluer le niveau d’addiction au
cannabis et déterminer le discours et le niveau de
prise en charge dont a besoin l’adolescent. Ce test
comporte 6 questions :
– Avez-vous déjà fumé du cannabis avant midi
?
– Avez-vous déjà fumé du cannabis lorsque
vous étiez seul(e) ?
– Avez-vous déjà eu des problèmes de
mémoire quand vous fumez du cannabis ?
– Des amis ou des membres de votre famille
vous ont-ils déjà dit que vous devriez réduire votre
consommation de cannabis ?
– Avez-vous déjà essayé de réduire ou
d’arrêter votre consommation de cannabis sans y
parvenir ?
– Avez-vous déjà eu des problèmes à cause de
votre consommation de cannabis (dispute, bagarre,
accident, mauvais résultat à l’école, etc.) ?
Selon la Haute Autorité de Santé, 2 réponses
positives à ce test doivent amener à s’interroger
sérieusement sur les conséquences de la
consommation. À partir de 3 réponses positives,
le patient est en danger et doit demander de l’aide.
Une chose, pour finir : ce questionnaire
fonctionne aussi avec les adultes…

L’alcool, ennemi juré du cerveau

De campagnes institutionnelles d’information


en mises en garde médiatisées, vous n’en pouvez
plus d’entendre que l’alcool est néfaste pour la
santé. Désolé, mais je vais devoir charger la
barque en vous expliquant les dégâts qu’il est
capable de commettre dans votre cerveau, et votre
cerveau seul. On peut trouver agréable qu’un ou
deux verres d’alcool nous fassent tourner la tête.
Cela se passe en général dans un contexte festif ou
la désinhibition prolonge le plaisir… Cependant,
il ne faut jamais perdre de vue que l’alcool est
une substance psychoactive : il agit sur le système
nerveux central en se fixant sur des récepteurs
spécifiques du cerveau, lequel a vite fait d’en être
affecté. N’oubliez pas que passé un taux
d’alcoolémie de 0,5 g/l, le temps moyen de
réaction est de l’ordre d’une seconde, soit trois
fois plus qu’en temps normal. Par ailleurs, les
hommes qui boivent 3,5 verres d’alcool par jour
doivent savoir qu’ils accélèrent le déclin de leur
mémoire. La suite coule de source, comme le bon
vin d’une carafe : diminution des capacités
d’attention, de raisonnement, de prise de
décision… Écrire tout cela, c’est enfoncer une
porte ouverte. L’expliquer, c’est convenir que la
porte pourrait rester fermée ou, mettons,
entrouverte… Car il n’est pas question de se
priver de l’agrément que procure un bon verre, de
temps à autre. En dépit de ce qui suit…
Aussitôt ingurgité, l’alcool prend la direction
du cerveau, dont il engourdit les cellules. La
communication entre les neurones étant ralentie,
vous êtes plus lent à réagir, à comprendre ce qu’il
se passe. Si vous forcez la dose, certaines cellules
ne résistent pas : elles meurent. Et s’il y a moins
de monde là-haut, que se passe-t-il ? Le volume
du cerveau diminue, ce qui n’est pas à proprement
parler la meilleure nouvelle de la journée pour
l’avenir de votre intelligence globale… Ce
phénomène de la diminution du volume du cerveau
ne survient évidemment pas du jour au lendemain.
C’est une longue maturation, le fruit d’une lente
dégradation : elle demande des années et concerne
les gros buveurs. Mais qu’ils se rassurent, les
petits buveurs occasionnels ne sont pas à l’abri…
Car l’alcool ne déteste pas, non plus, aller fureter
du côté du cortex frontal, très utile quand on a
besoin de raisonner ou de résoudre un problème.
Si, par l’action répétée de l’alcool dans le temps,
ces capacités cognitives peuvent perdre de leur
vigueur, il arrive que le résultat soit immédiat :
c’est en effet aussi dans le cortex frontal que se
joue votre capacité à vous maîtriser et à respecter
les codes de la bienséance. À présent, vous
comprenez mieux le sens de la campagne de
prévention dont le slogan était « Tu t’es vu quand
t’as bu ? » Mais si, rappelez-vous : on y voyait un
jeune cadre dynamique et imbibé péter
littéralement les plombs devant son PDG, sans
doute pour la première et dernière fois… Le
saviez-vous ? À l’arrière du crâne, est caché le
cervelet. Mais l’alcool est malin, il l’a repéré, il
sait où le trouver pour l’empêcher de faire son
boulot qui, grossièrement, consiste à veiller à vos
capacités motrices, votre coordination et votre
sens de l’équilibre. Vous vous rappelez cette
soirée arrosée où vous vous êtes étalé dans le
caniveau après vous être emmêlé les pinceaux ?
Bonne nouvelle : sachez qu’on a retrouvé le
coupable ! Il s’appelle Monsieur cervelet.
L’alcool, lui, n’est jamais responsable de rien.
Pas plus que vous d’ailleurs. Et le voilà qui
continue son bonhomme de chemin… Direction
l’hippocampe. Encore un coupable qui s’ignore.
Si vous ne vous rappelez plus rien après une
bonne cuite, voyez avec lui : il était censé gérer la
mémoire. L’alcool, pendant ce temps-là, poursuit
sa tournée. Parce que vous savez quoi ? Il a
repéré la moelle ! « Bonjour, moi c’est l’alcool. –
Ah, salut ! Moi c’est la moelle ! – Et c’est quoi,
ton taf ? – Oh, trois fois rien, je commande
quelques petites fonctions autonomes sans
importance comme la respiration ou les pulsations
cardiaques… – Ah, sympa ! Tu sais quoi ? J’ai
envie de déclencher un petit coma éthylique ! –
Eh, déconne pas ! – Trop tard ma belle ! » C’est
comme ça que la moelle peut se retrouver elle
aussi dans la mouise et son proprio à l’hosto.
Reste l’hypophyse, pôvrette petite glande reliée à
la partie antérieure du cerveau et préposée à la
sécrétion d’hormones. L’alcool est vicieux. Il les
aime jeunes, les hypophyses. Comme ça, quand il
attaque, cela peut perturber la croissance de
l’ado. Nous voilà arrivés. L’alcool a fait son petit
tour. Il peut repartir. Il a encore du boulot : la
gorge, le foie, l’intestin, les reins…

Résister à l’alcoolisme mondain


Le hasard de la vie a peut-être fait de vous une
proie de l’alcoolisme mondain : vous dépassez
tranquillement la limite des 3 verres quotidiens
sans pour autant être pompette et en ignorant ce
qui se trame dans votre organisme et votre
cerveau. Mais comme vos capacités cérébrales
sont encore intactes, il est encore temps pour moi
d’y faire appel pour attirer votre attention sur ceci
: dans « alcoolisme mondain », il y a deux mots ;
et celui qu’il faut retenir, c’est le premier.
L’alcoolisme, on a vite fait d’y sombrer. Sauf si
on observe certaines règles. Voici les 10
commandements du buveur prudent :
1. À jeun jamais je ne boirai.
Si vous buvez, mangez ! C’est le meilleur
moyen de ralentir le passage de l’alcool dans le
sang, préambule à l’ivresse et à ses conséquences.
2. Au maximum l’heure du premier verre je
repousserai.
L’alcool est addictif ; un verre en entraîne
toujours un autre. En retardant le premier de la
journée, on réduit le nombre de ceux qui suivent.
3. Sous traitement anxiolytique jamais je ne
boirai.
Certains médicaments font mauvais ménage
avec l’alcool, qui peut en renforcer les effets
indésirables : somnolence, troubles de la
mémoire. Sous traitement ? Restez sobre.
4. Aux alcools que j’aime je me limiterai.
Rien ne vous oblige à tout essayer, à enchaîner
champagne, vin blanc, vin rouge et digestif. Il
existe forcément un alcool qui a vos faveurs. Au
cours d’une même soirée, tenez-vous-y.
5. Le temps de savourer chaque gorgée je
prendrai.
Oublieux du plaisir aromatique que recèle
l’alcool, et notamment le vin, on a tendance à
boire trop vite. Laissez-vous le temps d’apprécier
chaque saveur.
6. Mon verre entre deux gorgées je poserai.
C’est une autre manière de ralentir la
consommation. Quand on boit, on ne fait pas que
boire : on parle, on danse, on rit, on bouge. Et
franchement, c’est mieux de faire tout cela sans
son verre à la main, qu’on risque de porter à ses
lèvres par simple réflexe.
7. Une limite en chaque occasion je me fixerai.
Vous sortez ? Vous savez que l’alcool va
couler à flot ? Décidez, avant les agapes, de vous
fixer une limite. Même si beaucoup de choses
dépendent de l’âge, de la corpulence ou du
patrimoine génétique, 4 verres devraient suffire
pour vous dérider sans vous esquinter. Mais pas
tous les soirs… Et ne prenez pas le volant après !
8. Refuser un verre je saurai.
Avant d’accepter un verre, demandez-vous si
vous en avez vraiment envie. On accepte souvent
de trinquer sans enthousiasme, par convenance
sociale. Et l’on échoue parfois à refuser le petit
dernier, celui dont on dit qu’il est « pour la route
»…
9. De l’eau entre deux verres d’alcool je boirai.
Cela ne fera pas diminuer votre taux
d’alcoolémie mais aidera à vous requinquer. Car
la consommation d’alcool favorise la
déshydratation, ce dont le cerveau a horreur.
10. Le tabac si je picole un peu j’éviterai.
Amis fumeurs, bon courage ! Retenez
cependant que dans l’effervescence et la gaieté
d’une soirée, le buveur a d’autant plus envie de
boire qu’il fume et inversement. Enchaînement
mortel !

Pour conclure, je filerai volontiers la


métaphore footballistique : « L’alcoolisme
mondain est un sport qui se joue à 1 contre 1 et à
la fin, c’est l’alcool qui gagne. » Oui, j’ai connu
un cerveau qui parlait comme ça… Mais il avait
tort. Les malédictions sont faites pour être
vaincues. Le cerveau peut ne pas perdre contre
l’alcool. Il peut faire match nul. Et gagner aux tirs
au but. À condition d’être préparé. Et de le
vouloir.
Une migraine ? Et si vous arrêtiez le vin blanc
? Les sulfites qu’il contient sont des facteurs
déclenchant des maux de tête qui peuvent être
intenses. Et encore, il n’est pas rare qu’ils
s’accompagnent de nausées, de vomissements et
d’une hypersensibilité au bruit et à la lumière.
L’idéal pour être durablement en rogne…

Quand les ados n’ont pas de cerveau

Une mode se fait jour dans les cercles


adolescents, qui consiste à absorber un maximum
d’alcool en un minimum de temps. Résumons la
philosophie du dispositif en une formule,
politiquement incorrecte : « Plus vite je me bourre
la gueule, plus vite je m’éclate. » Magnifique. Et
j’ajouterai : plus vite mon cerveau constatera les
dégâts. Cette mode du « binge drinking » qui nous
vient d’Angleterre (merci les amis) a été
rebaptisée « ivresse express » en France, même si
elle produit les mêmes effets de part et d’autre de
la Manche. Anglais ou français, c’est avant tout le
cerveau qu’elle affecte car l’alcool cible
volontiers, on l’a vu, une zone impliquée dans les
processus d’apprentissage et de mémorisation,
celle de l’hippocampe. En en diminuant le
volume, il pénalise des ados censés suivre une
scolarité. C’est sûr qu’avec une mémoire en
lambeaux, c’est plus compliqué pour les verbes
anglais irréguliers… To drink, I drank, drunk,
répétez après moi… En outre, ce flot d’alcool
complique la formation des neurones, ce qui est
d’autant plus consternant qu’à l’adolescence, le
cerveau n’est pas encore parvenu à maturité. To
forget, I forgot, forgotten, allez, répétez après
moi… Pour couronner cette splendide
démonstration de vulnérabilité cérébrale, j’ajoute
que l’abus d’alcool en général, et l’ivresse
express en particulier, ont la capacité, ô joie, de
plonger l’adolescent dans un abîme d’anxiété qui
ne saurait présager quoi que ce soit de bon. To
die, I died, died, celui-là est régulier, ça repose…
Les modes étant faites pour se succéder, il ne
faut pas désespérer de la prise de conscience des
ados. Dans la capitale suédoise, Stockholm, un
entrepreneur audacieux a inventé un drôle de
concept : la boîte 100 % sans alcool. Dès leur
arrivée, les clients passent à l’alcootest. S’ils sont
positifs, on leur prie de rebrousser chemin. Bonne
nouvelle : ça marche ! Il faut espérer que ce
concept fera des petits et qu’à la mode du « binge
drinking », succèdera celle du « straight edge »
(qu’on pourrait traduire par « filer droit » ou « se
tenir à carreau »), qui s’articule autour de trois
principes fondamentaux : pas d’alcool, pas de
drogue, pas de sexe sans sentiments. Qui a dit
qu’on était là à la limite d’une autre forme de
comportement extrême ?
3

Le cerveau,
centre de la mémoire
La mémoire, comment ça marche ?

Disque dur ? Non. Muscle ? Non plus. Petite


boîte à souvenirs planquée quelque part dans
notre cerveau ? Que nenni ! La mémoire
s’apparente plutôt à un système qui mobilise
toutes les composantes et toutes les régions du
cerveau, les faisant communiquer entre elles. On
n’est pas à la fac de médecine mais je vous les
donne quand même : le cervelet, l’hippocampe, le
cortex, le néocortex et le cortex préfrontal. Ces
régions communiquent entre elles par
l’intermédiaire de milliards de neurones
impliqués dans le fonctionnement de la mémoire
qui, elle, se met en branle dès que l’un de nos 5
sens (vue, odorat, goût, ouïe, toucher) est
sollicité. Elle procède alors par étapes. 3 étapes :
d’abord elle capte l’information, ensuite elle
décide de la conserver ou de la jeter, enfin elle
enregistre ce qu’elle juge utile de l’être. Les deux
premières étapes s’inscrivent dans le cadre de la
mémoire à court terme. La troisième étape
concerne la mémoire à long terme.
Mémoire à court terme

C’est une mémoire où il y a du passage et pas


mal de déchets… On y trouve la mémoire
sensorielle et la mémoire de travail : la première
capte les informations, la seconde les analyse.
La mémoire sensorielle est connectée à nos 5
sens qui lui transmettent en permanence un flot de
sensations. Ces sensations, la mémoire sensorielle
les capte avant de refiler le bébé à la mémoire de
travail, dont le job consiste à faire le tri, et je
peux vous dire que ça va vite puisqu’il faut un
quart de seconde au cerveau pour se décider :
toutes les données jugées inutiles sont éliminées,
toutes celles qui présentent un intérêt sont
conservées… La durée de conservation est
variable. Parfois, elle est courte, de l’ordre de 30
à 40 secondes : on en fait une utilisation
immédiate. L’exemple le plus classique, c’est
celui du code d’interphone que l’on vous donne
par téléphone, alors que vous faites le pied de
grue devant l’immeuble de ces amis qui vous ont
invité à dîner !
– Je suis en bas, c’est quoi le code ?
– 23 B 56.
– OK j’arrive !
Vous faites immédiatement le code qu’on vient
de vous communiquer et vous arrivez à l’heure
pour l’apéro. Le code ? Vous l’aurez oublié dans
la minute qui suit. Parce que vous serez passé à
autre chose. Votre mémoire ne l’aura retenu que le
temps de le faire. Et je parie que vous le
demanderez de nouveau lors de votre prochaine
visite ! Cette mémoire temporaire, où une
information chasse l’autre, vous permet de noter
un numéro de téléphone juste après qu’il vous a
été donné (le temps de trouver un stylo et du
papier) ou de noter la liste des courses
immédiatement après qu’elle vous a été
communiquée. Elle a cependant ses limites : pas
plus de 9 « unités d’informations » à la fois.
Certains d’entre nous sont même limités à 5, la
moyenne s’établissant à 7, baptisé « chiffre
magique » par les psychologues.
La mémoire à long terme

Lorsque la mémoire de travail opère son tri,


elle peut décider de stocker certaines informations
plus durablement : on entre là dans le domaine de
la mémoire à long terme, qui regroupe différents
types de mémoire : la procédurale, l’épisodique,
la sémantique et la perceptive.
La mémoire procédurale, c’est celle qui vous
permet d’agir sans vraiment réfléchir. Exemple :
lorsque, le soir, vous pénétrez dans votre
chambre, vous appuyez sur l’interrupteur pour que
la lumière soit… Ce geste se fait naturellement. Il
n’est pas le fruit d’une intense réflexion au cours
de laquelle vous vous seriez dit intérieurement : «
Voyons voyons, cet endroit est bien sombre, que
pourrais-je faire pour y voir plus clair, essayons
d’enclencher l’interrupteur qui, si mes souvenirs
sont bons, est placé juste à droite en entrant, à
environ 1,20 m du plancher, afin d’obtenir un peu
de lumière. »… Non : vous allumez et basta !
Grâce à votre mémoire procédurale qui résiste à
l’oubli. Elle résulte d’un geste acquis, mille fois
effectué : c’est elle qui vous fait pédaler lorsque
vous grimpez sur un vélo, c’est elle qui, à la
maison, vous fait tirer du premier coup le bon
tiroir, celui des couverts, au moment de mettre la
table, c’est elle qui vous fait trouver la pédale de
frein ou le levier de vitesse de votre voiture sans
regarder préalablement où vous mettez le pied ou
la main…
La mémoire épisodique est sans doute la plus
sophistiquée de toutes : s’y ancrent tout un tas
d’événements qui forgent notre identité. C’est elle
qui nous permet de nous rappeler ce que nous
faisions tel jour à tel endroit. Elle doit beaucoup à
la charge émotionnelle du moment vécu. C’est
ainsi qu’une mère de famille oublie rarement les
conditions de son accouchement ou que chacun
d’entre nous est capable de dire où il était et ce
qu’il faisait le 11 septembre 2001, lorsqu’il a
appris l’attaque terroriste d’Al-Qaeda contre les
États-Unis. La mémoire épisodique est remplie de
moments autobiographiques. Elle ne relève pas
d’un choix délibéré de notre part : le souvenir se
crée tout seul, comme un grand, parce que nous
avons été marqués par quelque chose.
La mémoire sémantique est fortement
sollicitée à l’école. C’est en elle qu’est stocké
l’ensemble de nos connaissances relevant de notre
culture générale. Une fois qu’une information s’y
trouve, elle est facilement accessible. C’est grâce
à la mémoire sémantique que vous pouvez
affirmer que « 6 fois 7 font 42 » ou que mardi
succède à lundi, grâce à elle que vous savez que
Rome est la capitale de l’Italie ou que vous êtes
capable de réciter quelques vers d’une récitation
apprise avec plaisir dans votre enfance. On dit
d’elle que c’est la mémoire des connaissances
définitives. Gorgée de mots, de concepts et de
connaissances générales, elle doit beaucoup à la
répétition des choses et des situations.
La mémoire perceptive collectionne les
informations relatives aux visages, aux sons, aux
mots, aux odeurs, aux objets (que cela concerne
leur forme ou leur texture)… En prise avec nos 5
sens, elle se charge, en fouillant dans sa base de
données, d’attribuer une signification à un
événement. Pour ce faire, elle fonctionne en duo.
Prenons l’exemple d’une personne dont le visage
vous est familier. Quand vous la croisez, votre
mémoire perceptive vous dit que vous la
connaissez mais vous devez faire appel à votre
mémoire sémantique pour mettre un nom sur le
visage en question. De même, si vous entendez le
Requiem de Mozart, il vous faudra puiser dans
votre culture générale pour, après quelques
mesures seulement (et pour peu que vous aimiez
cette musique), nommer le génie de Salzbourg. La
mémoire perceptive, c’est celle de
l’interprétation.
Je résume…

Prenez cette phrase : « Paris est la capitale de


la France et c’est l’une des plus belles villes du
monde. » Vous êtes parvenus à en comprendre le
sens, après l’avoir lue sans peine, sans
décortiquer chaque mot, sans vous attarder sur la
composition des syllabes. Bravo : vous venez de
faire appel à votre mémoire procédurale !
Pourriez-vous me dire ce que vous avez fait
dimanche dernier ? Allez, un effort, cherchez…
Vous voyez, ça commence à venir… Et ça prouve
que votre mémoire épisodique peut fonctionner !
Êtes-vous en mesure de me donner le nom de
10 de vos amis ? Je n’en doute pas une seconde.
Et vous félicite : votre mémoire sémantique vient
de faire merveille.
Refermez ce livre et regardez-en la
couverture. Il y a un gus qui fait le mariole en
portant un plateau façon garçon de café. Son
visage vous dit-il quelque chose ? Sans doute.
Saurez-vous me donner son nom ? Cymes ? Gagné
! Votre mémoire perceptive me scotche et,
accessoirement, me flatte !
Avec la mémoire, l’alternative est toujours la
même : je garde ou je jette. Ce type de choix,
répété à l’envi, s’opère souvent à notre insu, quand
nous dormons et que le contrôle que nous
exerçons sur nous-mêmes se relâche. C’est en
effet pendant le sommeil que les souvenirs se
réactivent et se consolident, ainsi que l’a montré
une étude parue dans la revue Nature
Neuroscience. Le test a consisté à faire apprendre
deux morceaux de musique à des étudiants puis à
les expédier au lit pour une bonne sieste. Pendant
qu’ils ronflaient, les chercheurs leur ont fait
écouter l’un des deux morceaux préalablement
appris. À leur réveil, les étudiants ont été invités à
rejouer les mélodies. Les chercheurs ont constaté
qu’ils faisaient moins d’erreurs lorsqu’ils jouaient
celle qui leur avait été diffusée pendant leur
sieste. Conclusion : le sommeil renforce les
connaissances acquises. Raison de plus pour
veiller à ce qu’il soit de qualité…
La mémoire, une affaire de mollets

Pédalez, il en restera toujours quelque


chose… dans le crâne ! C’est en ces termes que
l’on peut résumer les conclusions d’une
expérience menée par une équipe de chercheurs
de l’université néerlandaise de Nimègue. Modus
operandi… 72 personnes sont invitées à se livrer
à un exercice de mémorisation. Elles disposent de
trois quarts d’heure pour retenir 90 associations
d’images et de lieux. Sitôt l’exercice réalisé, on
passe à la deuxième étape. Les 72 participants
sont répartis en trois groupes de 24 :
– Ceux du groupe 1 pédalent sur un vélo
d’appartement.
– Ceux du groupe 2 pédalent aussi, mais après
avoir attendu 4 heures.
– Ceux du groupe 3 se reposent.
Deux jours plus tard, les 72 participants sont
de nouveau réunis pour la troisième étape de
l’étude. Les chercheurs leur demandent de
restituer ce qu’ils ont retenu de l’exercice
d’association d’images et de lieux. Et qui gagne ?
Le groupe 2. Hasard ? Pas franchement : les
chercheurs constatent, grâce à l’IRM, que
l’activité cérébrale dans la région de
l’hippocampe, dont l’implication est essentielle à
la mémoire, est plus importante chez les membres
du groupe 2 que chez les autres.
Il n’en faut pas plus pour en conclure ce que
l’on vous serine à longueur de temps : l’exercice
physique est bon pour la mémoire à long terme. Il
est vrai que quand on bouge, on libère de la
dopamine et de la noradrénaline, deux hormones
qui aident à mémoriser les choses. Mais cette
étude en appelle une autre, qui expliquerait
pourquoi les performances réalisées quand on
pédale 4 heures après une activité cérébrale
intense sont meilleures que quand on pédale
immédiatement après…
Vous n’aimez pas pédaler ? Qu’à cela ne
tienne, marchez ! Une étude australienne, menée
auprès d’un groupe de quinquagénaires ayant des
problèmes de mémoire, a prouvé que le rituel
d’une bonne balade limite les dégâts. Pendant 6
mois, les chercheurs leur ont imposé trois
séances de 50 minutes de marche par semaine.
Résultat : les tests de mémoire ont donné de
meilleurs résultats sur eux que sur leurs petits
camarades restés à la maison…
13 manières de ne pas oublier sa
mémoire…

1. Méditer.
Chaque jour, prenez quelques instants pour
faire le vide dans votre esprit : installez-vous
confortablement, fermez les yeux, concentrez-vous
sur votre respiration, détendez vos muscles,
inspirez et expirez profondément. Cet exercice
quotidien ne coûte rien et fortifie vos capacités de
mémorisation.
2. Écrire.
Les écrans et les enregistreurs vocaux
transforment l’hippocampe en passoire. Oubliez-
les, le temps de prendre un stylo et de vous saisir
d’un bloc-notes. Écrire à la main stimule les zones
du cerveau relatives à la mémoire (ainsi qu’à la
réflexion et au langage). Ceci vaut pour l’univers
personnel comme pour l’univers professionnel.
Une réunion ? Une conférence ? Prenez des notes,
puis relisez-les peu de temps après, surlignez les
informations importantes… Vous retiendrez mieux
les choses. Au besoin, ajoutez des schémas et des
éléments visuels : les images aident à ancrer les
connaissances dans votre mémoire, surtout si la
vôtre est visuelle.
3. Rire.
Rire améliore la mémoire. Certifié véridique
par les chercheurs de la Johns-Hopkins
University School of Medicine de Baltimore
(Maryland) ! Quand on rit, le cerveau libère des
endorphines, hormones qui favorisent la
concentration. Personne n’est apte à vous amuser
dans votre entourage ? Forcez-vous à aller au
spectacle !
4. Déstresser.
Savez-vous que la mémoire à court terme est
moins réceptive aux informations sous l’effet du
stress ? La faute au cortisol, qu’on sécrète
volontiers dans ces moments-là. Cette hormone a
un effet destructeur sur les facultés
d’apprentissage. Se protéger du stress, c’est
protéger sa mémoire.
5. Répéter.
La répétition est la meilleure amie de votre
mémoire. Dire, redire et re-redire les
informations que vous voulez retenir permet de les
ancrer dans la mémoire à long terme ! Pourquoi
croyez-vous que vous connaissez les paroles de
votre chanson préférée ? Parce que vous les avez
fredonnées mille fois.
6. Vivre.
J’entends par vivre ne jamais cesser
d’accumuler des connaissances, ne jamais céder à
la paresse intellectuelle, entretenir ses relations
sociales. Lorsque nous sommes stimulés
socialement et intellectuellement, notre cortex
s’épaissit, nos neurones renforcent leurs zones de
contact, créent de nouveaux circuits de
transmission. Tout cela bénéficie à notre mémoire.
7. Débattre.
Échanger des arguments, développer des
idées, s’impliquer dans des controverses : tout
cela contribue à entretenir nos circuits neuronaux.
Et vous verrez que plus on se prête à ce type de
gymnastique mentale, plus on aime ça !
8. Parler.
À haute voix ! Même si vous êtes seul ! Je
m’explique… Il vous arrive sans doute de rentrer
chez vous et de poser vos clés ou votre téléphone
quelque part. Puis de ne plus vous rappeler où…
Dans ce cas, prenez l’habitude, au moment où
vous les faites, de dire les choses à haute voix : «
Je pose les clés de la voiture sur la table de la
cuisine. » ; ou encore : « Mon téléphone portable
est sur le rebord de la cheminée. » Soyez sonore !
Ainsi, vous solliciterez votre mémoire auditive.
Et vous verrez qu’il vous sera plus facile de
retrouver vos affaires ! De même, vous vous
rappellerez où vous avez garé votre voiture en
usant du même stratagème : « Je suis devant le 21
de la rue du Montparnasse. » Vous allez
surprendre plus d’un passant. Mais vous
retrouverez votre bagnole !
9. Associer.
Faites comme le Président américain Franklin
Roosevelt, dont il est de notoriété publique qu’il
jouissait d’une mémoire exceptionnelle. Il n’avait
pas besoin qu’un obscur conseiller lui chuchote à
l’oreille le nom de la personne qu’il avait en face
de lui : s’il l’avait déjà rencontrée une seule fois,
il pouvait se le rappeler. Sa méthode ? Il prenait
le temps de visualiser, en toutes lettres, sur le
front de la personne qui lui était présentée, son
nom. Son cerveau se chargeait ensuite d’associer
le patronyme et le visage. Essayez !
10. Jouer.
Sudoku, bridge, Scrabble, tarot, mots croisés :
tous ces jeux stimulent la mémoire. Et je reviens
rapidement sur le jeu d’échecs (dont il est
question dans le chapitre précédent) pour vous
dire un mot des parties à l’aveugle. On nomme
ainsi les rencontres dont les 2 joueurs ne voient
pas l’échiquier et annoncent les coups oralement.
Spectaculaire ! On considère qu’un grand maître
possède environ 100 000 figures de jeu en
mémoire. Plus on pratique, plus l’information
circule rapidement sur les voies neuronales.
11. Agir.
Une mémoire fonctionne d’autant mieux
qu’elle est désengorgée. Aussi, ne remettez jamais
au lendemain ce que vous pouvez faire le jour
même. Agissez, autant que faire se peut, dès que le
problème apparaît. Une fois réglé, il n’encombre
plus l’esprit.
12. Apprendre.
Devenez polyglotte ! Apprendre une langue
étrangère entretient et fortifie la mémoire.
Plusieurs études l’ont mis en évidence. Pour le
coup, reconnaissez que c’est doublement utile !
13. Ruser.
Tout le monde connaît la formule : « Mais où
est donc Ornicar ? » C’est celle qui permet de
retenir les conjonctions de coordination qui font
tant suer les écoliers. L’astuce est ici phonétique
(mais, ou, et, donc, or, ni, car). Il n’y a pas d’âge
pour en user. Ainsi, lorsque j’étais étudiant en
médecine, j’avais un mal fou à retenir le nom des
12 paires de nerfs crâniens. Jusqu’au jour où
j’appris par cœur la phrase suivante : « Oh Oscar
Ma Petite Thérèse Me Fait A Grand Peine Six
Gosses »… L’initiale de chaque mot suffit alors à
me mettre sur la piste de chaque nerf dont le nom
me revenait facilement : O pour Olfactif, O pour
Optique, M pour Moteur oculaire commun, P pour
Pathétique, T pour Trijumeau, M pour Moteur
oculaire externe, F pour Facial, A pour Auditif, G
pour Glosso-pharyngien, P pour Pneumogastrique,
S pour Spinal et G pour Grand hypoglosse. Mais
ce que je vous raconte là n’est rien comparé à ce
qui va suivre…
La méthode d’un cador

L’histoire que je m’apprête à vous raconter se


déroule à Tolède, vieille ville espagnole à
laquelle sont associés les noms du Greco, de
Buñuel, de García Lorca et désormais, pour moi,
de Martinez… Sébastien Martinez. Un champion
de la mémoire. Parce que oui, cette discipline
existe !
J’ai fait la connaissance de Sébastien durant le
tournage de l’émission télévisée Les Pouvoirs
extraordinaires du corps humain. C’est un adulte
aux allures de jeune homme. À moins de 30 ans,
cet ingénieur des Mines a été sacré champion de
France de la mémoire et, si je le retrouve à
Tolède, c’est parce qu’il y participe à un tournoi
international qui réunit le gratin de la discipline.
Le plus jeune des compétiteurs a 11 ans, le plus
âgé 61, ce qui achève de me convaincre qu’en
matière de mémoire, il n’y a pas d’âge pour
exceller à partir du moment où l’on se donne la
peine de s’exercer un minimum… Pendant le
tournage, je constate que Sébastien est capable de
retenir une série d’une centaine de chiffres, à la
seule condition qu’on lui ait laissé un quart
d’heure pour en prendre préalablement
connaissance. De même, il mémorise les cartes
avec une célérité à faire démissionner tous les
croupiers de Las Vegas : 90 secondes lui suffisent
pour mémoriser l’ordre d’un paquet de 52 cartes.
Bluffant. Mais je suis d’autant moins au bout de
mes surprises que Sébastien m’annonce tout de go
qu’il a « horreur d’apprendre par cœur ».
– Mais alors comment fais-tu ?
– Il suffit d’apprendre les stratégies, me dit-il.
Avec elles, on peut tous devenir des champions de
la mémoire…
Je demande à voir. Qu’à cela ne tienne : avec
l’assurance nonchalante de celui qui maîtrise
parfaitement son affaire, Sébastien me propose
d’aller faire un tour en ville. Adriana Karembeu,
qui coprésente l’émission avec moi, nous
accompagne. L’expérience s’est faite avec elle.
Nous voici sur une place piétonne… Sébastien
se propose de nous faire retenir les noms des 10
premiers présidents de la République française…
C’est sans rapport avec le lieu où nous nous
trouvons, sans rapport avec nos préoccupations du
moment et, visiblement, cela amuse Sébastien. Les
10 premiers présidents de la République française
? En voilà une drôle d’idée ! Objection immédiate
d’Adriana : « Mais je ne les connais pas ! » Je
renchéris : « Moi non plus ! » Sébastien ne se
départit pas de son sourire : « Ce n’est pas une
question de culture. Croyez-moi, dans quelques
minutes, vous serez capable de donner les 10
noms ! »
Sébastien nous explique qu’il va appliquer
une technique qui fonctionne depuis 2 500 ans. Il
appelle ça « la méthode des lieux ». Elle consiste
à associer notre environnement au processus de
mémorisation en respectant deux règles d’or :
1. Faire appel à notre âme d’enfant.
2. Utiliser nos cinq sens.
Je ne vois toujours pas où il veut en venir. Je
brûle de passer aux travaux pratiques.
Sébastien : « Le premier président de la
République française, c’est Louis-Napoléon
Bonaparte. À quoi vous fait penser ce nom ? »
Adriana, du tac au tac : « À un petit
bonhomme. »
Sébastien se retourne et nous montre du doigt
une porte cochère située à quelques dizaines de
mètres de nous : « Très bien. On va partir de cette
porte. Regardez-la et essayez d’imaginer un tout
petit bonhomme qui franchit cette porte. Et
derrière la porte, imaginez qu’il y a un bel
appartement. »
Moi : « Un bon appart ? »
Sébastien : « Oui, Bonaparte ! »
Adriana et moi visualisons un petit bonhomme
qui quitte son bel appartement et franchit le
porche qui nous fait face…
Sébastien : « Le deuxième président, c’est
Thiers. Adolphe Thiers. À quoi ce nom vous fait-
il penser ? »
Adriana, toujours aussi rapide : « À une part
de gâteau. Un tiers de gâteau. »
Sébastien nous montre du doigt un petit
monument où se trouve une plaque
commémorative posée horizontalement : «
Maintenant, je vous demande d’imaginer le tiers
d’un gâteau qui serait servi sur cette plaque… »
Mi-ahuris, mi-amusés, Adriana et moi
essayons de suivre… Sébastien enchaîne : « Le
troisième président, c’est Patrice de Mac Mahon.
À quoi ça vous fait penser ? »
Adriana : « À un McDo ! Un hamburger ! »
Sébastien, imperturbable : « Vous voyez cet
arbre ? Imaginez qu’il y a un hamburger qui pend
au bout d’une ficelle. Et imaginez que, sous
l’arbre, il y a un chat, et que le chat saute pour
essayer d’attraper le hamburger. Il fait Maouw…
Mac Maouw… »
Adriana : « Houlà, tu vas loin, là… »
Loin ? Sébastien nous demande de nous
lâcher, de réveiller l’enfant qui sommeille en
chacun d’entre nous, d’associer les idées, sans
nous préoccuper de leur loufoquerie supposée ou
réelle (et plutôt réelle en l’occurrence). À ce
stade, nous reprenons depuis le début. Je visualise
un petit bonhomme qui sort de son appart, se
dirige vers la part de gâteau pendant qu’un chat
essaye d’attraper le hamburger qui pend… On est
en plein délire. On est surtout en plein processus
de mémorisation. Miracle : sans effort, je me
rappelle les noms des trois premiers présidents !
Et ce n’est qu’un début…
Sébastien : « Le quatrième président, c’est
Jules Grévy. Ça vous fait penser à quoi ? »
Adriana et moi, de concert : « Un gréviste. »
Sébastien : « Imaginez un type avec une
pancarte. Il est gréviste, il proteste. »
On visualise, on enregistre, on imprime, on
mémorise, on reprend l’histoire depuis le début.
Viendront ensuite Sadi Carnot (avec Adriana, on
imagine un sadique avec son fouet, on est chauds
bouillants…) puis Jean Casimir-Perier (pour
lequel on pense à une bouteille d’eau gazeuse du
même nom posée sur le toit du bâtiment d’en
face), Félix Faure, Émile Loubet, Armand
Fallières et Raymond Poincaré, le dixième
président… Avec Adriana, nous sommes
estomaqués : en une quinzaine de minutes,
Sébastien est parvenu à nous faire apprendre, en
inventant une histoire aussi improbable que
rocambolesque, les noms des 10 premiers
présidents de la République française. Va-t-on les
oublier aussi vite ? Le risque existe. Pour le
contourner, Sébastien nous conseille, lorsqu’on
applique la technique de l’histoire, de se la
raconter régulièrement au début du processus de
mémorisation : « Cela permet d’ancrer les choses
et, au bout d’un moment, plus besoin d’y
revenir… » Deux années se sont écoulées entre le
jour où Sébastien Martinez nous a dévoilé sa
recette et le moment où j’écris ces lignes. Deux
années pendant lesquelles je n’ai pas répété une
seule fois cette histoire. Pourtant, je suis capable
de citer la quasi-totalité des noms qu’Adriana et
moi avons appris ce jour-là !
L’éblouissante et inoubliable démonstration de
Tolède s’est déroulée dans un endroit qui nous
était inconnu, à Adriana et à moi. Lorsque vous
tenterez de mémoriser une liste de noms, de mots
ou de lieux et que vous inventerez votre petite
histoire, faites-le dans un endroit qui vous est
familier : votre maison, votre bureau, un parcours
que vous empruntez régulièrement… Ces lieux,
parce que vous les connaissez parfaitement, vous
simplifieront la tâche.
N’enviez pas les prodiges !

Comme Sébastien Martinez (dont les


prouesses reposent exclusivement sur
l’entraînement et le travail), certaines personnes
ont la faculté de stocker dans leur mémoire une
quantité extraordinaire d’informations parce
qu’elles souffrent du syndrome d’Asperger, une
forme particulière de l’autisme théorisée en 1943
par le pédiatre autrichien Hans Asperger.
L’exemple le plus connu (et romancé) de ce type
de mémoire hors-norme est celui de Ray,
interprété par Dustin Hoffman dans le film Rain
Man : il est capable de réciter la liste des noms
de plusieurs pages de l’annuaire après les avoir
lues une seule fois ! Les enfants touchés par ce
syndrome (en majorité les garçons) s’expriment
principalement dans les domaines de l’art et/ou de
la science. Ainsi, la chanteuse écossaise Susan
Boyle a-t-elle confié qu’elle était concernée et
nombre de spécialistes estiment-ils que c’est
également le cas du pianiste virtuose Glenn
Gould. Dans la série des mémoires
photographiques exceptionnelles, vous avez peut-
être entendu parler de l’artiste anglais Stephen
Wiltshire. Lui aussi est autiste : après avoir
survolé la ville de Rome pendant vingt minutes en
hélicoptère, il a reproduit, de mémoire et au détail
près, la capitale italienne sur un support papier de
5 mètres de long ! Parce que le bougre, en plus,
dessine avec talent…
Ces mémoires qui « impriment » tout sans rien
« effacer » sont certes géniales, mais souvent
affectées. Il en est une qui a beaucoup fait parler :
celle d’Albert Einstein. En géométrie et en
physique, il en bouchait systématiquement un coin
à ses interlocuteurs stupéfaits par la clarté de son
raisonnement. En revanche, dès qu’il s’agissait de
s’exprimer en public, il se signalait par une
élocution brouillonne, voire incompréhensible.
Lorsque Einstein, en 1955, a passé l’arme à
gauche, ses cendres ont été dispersées comme il
l’avait souhaité. Mais l’homme qui l’a autopsié a
préalablement extrait, du corps encore chaud du
génie, son cerveau. Ceux qui se sont ensuite
penchés sur ce trésor ont relevé une malformation
dans la région impliquée dans le processus du
langage : elle était réduite, au profit de la zone du
raisonnement abstrait.
C’est quoi, déjà, ton numéro de
téléphone ?

« Mince, Michel et sa maman, ô terrible


vision ! » Drôle de phrase, non ? Attendez, je n’ai
pas fini, j’ai aussi celle-ci en stock : « Sache
manger un ou trois, ô divinité câline ! » Ça ne veut
strictement rien dire, je suis bien d’accord avec
vous. Et pourtant… Aussi bizarre que cela puisse
paraître, ces deux phrases mènent… au même
numéro de téléphone ! Là, vous vous dites que le
toubib, il a pris un coup sur la cafetière… Eh bien
non ! Je vais bien. Je peux même vous dire que
ces 2 phrases mènent au 01 56 22 50 86 (c’est le
numéro de téléphone professionnel d’un ami,
n’appelez pas, sa boîte vocale est déjà pleine, il
ne répond jamais).
Bienvenue dans les méandres de mon cerveau,
je vais vous expliquer la méthode. D’abord, on
laisse tomber le 01 : il relève de l’évidence pour
tous les numéros de téléphone fixe de la région
parisienne. Ensuite, c’est le nombre de lettres de
chaque mot qui vous donne le chiffre
correspondant. « Mince » fait cinq lettres et
correspond donc au chiffre 5. « Michel » fait six
lettres et correspond donc au chiffre 6, et ainsi de
suite… Mais, objecterez-vous, comment trouver
un équivalent à 0 ? Il n’existe pas de mot faisant
zéro lettre ! Vrai. Par convention, je décide donc
que l’interjection « ô » correspond au chiffre 0.
Vérifiez, ça marche ! Vous pouvez aussi, dans les
petites phrases que vous inventez, conserver un
numéro, surtout quand il est facile à retenir. Ainsi,
« Tenez, faites-le et 50 Français crient » mène
aussi au 01 56 22 50 86… Ne vous affolez jamais
de l’incongruité ou de l’absence de sens apparent
des formules que vous inventerez. Vous les
retiendrez d’autant mieux qu’elles vous étonneront
et vous feront marrer.
Si je vous dis « pi », vous me répondez « 3,14
». Bien vu. Mais après ? Quid des autres décimales
? L’astuce des mots dont le nombre de lettres
donne le chiffre a permis d’accoucher de cette
jolie formule : « Que j’aime à faire apprendre un
nombre utile aux sages. » Lui correspond un
nombre « pi » un peu plus élaboré :
3,1415926535. Les mathématiciens étant
toujours en mal de précision, ils ont écrit un
poème de vingt alexandrins permettant de
retrouver 126 décimales ! Si vous tombez dessus,
ne paniquez pas si vous voyez un mot de dix lettres
: ça correspond à 0…
J’ai un problème avec les chiffres…

Vous n’ignorez pas qu’à chaque département


français, correspond un numéro. Eh bien je
soupçonne mon co-auteur de les connaître tous par
cœur… En tout cas, il n’a pas son pareil pour
retenir les codes à 4 chiffres. Mettez-le au défi
d’en retenir un, il le fera. Comment ? En puisant
dans sa mémoire sémantique. Il vous pondra
instantanément une phrase qui, pour lui, a du sens
et lui permettra de se le rappeler.
01 75 : « Hein, pourquoi irai-je à Paris ? »
« Hein » pour le département de l’Ain (01) et
« Paris » pour 75…
25 33 : « Qu’il est doux de vivre à Bordeaux !
»
« Doux » pour le département du Doubs (25)
et « Bordeaux » préfecture de la Gironde (33)
59 62 : « Sur l’île, il n’y a pas de galet ! »
« L’île » pour Lille, préfecture du Nord (59) et
« pas de galet » pour sa proximité phonétique
avec le Pas-de-Calais (62).
50 02 : « Mange la laine ! »
« Mange » fait penser à la Manche (50) et «
laine » au département de l’Aisne (02).
Vous aussi, faites des phrases ! Jouez avec les
mots, combinez-les, intégrez-les dans vos
représentations. Jouez avec le 07, le 12, le 13, le
38, ou le 84 ! Je vous le promets, avec mon co-
auteur, nous écrivons ces numéros au hasard et
nous nous demandons à quoi tout cela nous fait
penser. Et, constatez par vous-même, les mots et
les références fusent !
Le 07 ? Ardèche, grotte Chauvet, James Bond,
les nains, secte ou spectre (proximité phonétique)

Le 12 ? Aveyron, viaduc (de Millau), apôtres,
salopards (référence au film Les 12 salopards),
arbitre (le 12e homme pour les footeux), midi (12
heures), bouse (de vache), la loose (si vous avez
l’habitude d’employer ce terme pour nommer
votre malchance)…
Le 13 ? Bouches-du-Rhône, Marseille, Aix-
en-Provence, Cène (ils étaient 13 à table), la
Bonne-Mère, Mucem, Vieux-Port, superstition…
Le 38 ? Isère, Grenoble, usine (les trois huit),
Munich (pour les Accords du même nom),
Anschluss, Daladier (les historiens comprendront)

Le 84 ? Orwell, Fabius (il entre à Matignon
cette année-là), Vaucluse, Avignon, pont
d’Avignon, Festival, Euro, Platini, Hidalgo (les
amateurs de foot s’y retrouveront).
Et vous ? À quoi vous font penser tous ces
numéros ? Nous avons tous, enfouis en nous, des
références qui nous sont propres, un vécu auquel
sont associées des émotions. Sachons y puiser de
quoi inventer des moyens mnémotechniques. Ils
pourront paraître farfelus aux non-initiés mais ce
qui importe, c’est qu’ils soient efficaces. À
chacun son univers mental, ses représentations,
ses fantaisies, ses folies, ses raccourcis… Les
associations que vous pourrez faire
n’appartiennent qu’à vous et tant mieux : elles sont
censées ne servir qu’à vous.
Sommé de retenir un code de carte bancaire
comme 76 98, l’amateur de ballon rond inventera
peut-être une phrase du style « À Glasgow, il y
aura Zidane » ! Ça n’a a priori aucun sens, sauf
pour le fou de foot qui associe immédiatement «
Glasgow » à 76, année de la finale européenne
disputée dans cette ville écossaise par le grand
club de Saint-Étienne et « Zidane » à 98 parce
qu’il fut le héros d’une finale de Coupe du monde
inoubliable car remportée par la France. Mais le
passionné d’histoire asiatique, qui connaît la vie
des dictateurs par cœur, imaginera peut-être une
phrase du style « Mao est une sorte de Pol Pot »,
parce qu’il sait que le grand timonier est mort en
76 et le petit génocidaire en 98. Vous êtes plutôt
showbizz, spectacle, culture ? Qu’à cela ne tienne
! Il se pourrait que vous décrétiez que « Gabin est
le Sinatra français ». C’est certes grotesque que
d’affirmer cela, mais quand vous savez que le
premier est mort en 76 et le second en 98, ça peut
aider ! Tout cela n’est que suggestions. Puisez
dans votre monde, il le vaut bien. Votre sœur
Alexandra est née en 76 et votre fille Nathalie en
98 ? Vous le savez et ne l’oublierez jamais ?
Associez les deux visages, décrétez qu’«
Alexandra sera toujours devant Nathalie » et,
croyez-moi, vous n’êtes pas prêt d’oublier votre
code, le 76 98.
76 98, la suite… Lisez cette formule : «
Étonnez, mangez, embrassez, apprenez ! » La
particularité ? Le premier mot comprend 7 lettres,
le deuxième 6, le troisième 9, le quatrième 8. 7,
6, 9, 8 : c’est votre code… Visualiser le même
visage, celui d’une personne qui vous est proche,
au moment où elle est étonnée, ou elle mange ou
elle embrasse, ou elle apprend…
Nos amis les animaux

Les scientifiques souhaitant parfois se


distraire des hommes, ils s’intéressent volontiers
à la mémoire des animaux… Celle de l’éléphant
est légendaire. Habitué depuis des millénaires à
traverser de grands territoires, capable de
parcourir des centaines de kilomètres chaque
année, il se souvient précisément des points d’eau
et des périodes propices à la cueillette de certains
fruits et végétaux, à tel ou tel endroit. En outre, le
pachyderme n’oublie jamais un congénère, au
point de pouvoir reconnaître le squelette de l’un
des siens, même des années après qu’il a trépassé.
Si, au cours d’une visite dans un zoo, vous
cherchez des noises à un éléphant, considérez
qu’il saura se le rappeler si d’aventure vous
croisez sa route de nouveau… L’expression «
Avoir une mémoire d’éléphant » n’est donc pas
usurpée. En revanche, c’est faire injustice au
poisson rouge que de moquer sa – supposée –
mémoire de trois secondes. Des recherches
menées en Angleterre ont démontré qu’il sait
reconnaître un son associé aux repas (un peu
comme le chien de Pavlov), et ce, plus d’un an
après avoir retrouvé sa liberté. Il est également
capable de mémoriser l’endroit d’une cachette
déjà visitée, ce qui témoigne d’une mémoire à
long terme qui fonctionne. Certes, Nemo ne saurait
concurrencer Babar. Mais il faut arrêter de le
ridiculiser !
Mémoire et âge

Il n’y a pas d’âge pour faire fonctionner sa


mémoire. Cependant, les spécialistes estiment
qu’elle est plus performante à certaines périodes
de la vie qu’à d’autres. C’est entre 15 et 30 ans
qu’elle tournerait à plein régime. Vous noterez que
c’est également dans cette fourchette temporelle
que l’on cumule les expériences originelles.
C’est, pour beaucoup d’entre nous, la période des
« premières fois » et des découvertes, celle des
études, celle de l’entrée dans la vie active, celle
de l’autonomie sociale, celle des démarches
administratives, celle de la sexualité… Une
période exigeante, donc stimulante. Sur ce constat,
n’allez pas imaginer que la mémoire se dégrade
au lendemain de votre 30e anniversaire !
Considérez juste que vous entamez une autre
période de votre vie au cours de laquelle
apprendre et retenir demandent un peu plus de
temps ou de concentration. Avec l’âge, on est
moins indifférent à tout ce qui peut perturber, le
bruit par exemple. Après 50 ans, débute le
vieillissement de la mémoire qui, fatalement,
s’accélère après 75 ans. Mais une mémoire qui
vieillit n’est pas une mémoire inopérante. Et elle
résiste d’autant mieux à l’assaut du temps qu’elle
s’entraîne au quotidien. Des chercheurs suédois
ont prouvé que les neurones d’un cerveau stimulé
se renouvellent au rythme de 2 % par an, c’est-à-
dire plus que lorsque le cerveau se la coule
douce.
À l’autre extrémité du parcours de vie, la
mémoire du fœtus est, elle aussi, capable de
prouesses. On sait que dès la douzième semaine
de gestation, le fœtus est capable d’entendre, de
sentir, de goûter, de toucher. Des chercheurs de
l’université néerlandaise de Maastricht sont
parvenus à prouver que le cerveau du fœtus à
terme est capable d’enregistrer les sons. Pour ce
faire, ils ont réquisitionné deux douzaines de
fœtus auxquels ils ont envoyé des stimulations
acoustiques. Au début, les fœtus réagissaient.
Puis, plus rien. On appelle ça l’habituation : la
répétition de la stimulation ne provoque plus de
réaction. Or qui dit habituation dit apprentissage,
donc mémoire. En l’occurrence, elle peut être à
court terme, de l’ordre de 10 minutes, ou à long
terme, jusqu’à 24 heures. Faut pas non plus trop
en demander à un fœtus…
Bébé aussi a de la mémoire. Même si parfois,
elle l’abandonne. Prenez le cas d’un enfant qui
tape sur un tambour. Il affiche un large sourire.
Visiblement, ça le réjouit. Laissez passer un peu
de temps. Remettez l’enfant en présence du
tambour. À la seule vue de l’objet, il sourit ! Non
pas que l’objet l’amuse ; un tambour, ça n’est pas
drôle en soi. C’est le jeu, le son, la scène
précédemment vécue que se rappelle l’enfant. Ce
souvenir le met en joie. Bon, deux jours après,
faites discrètement disparaître le tambour, Bébé
aura oublié… Et ça vous reposera les oreilles…
Peut-on aider nos enfants à conserver leurs
souvenirs ? Oui… et non ! Car ce qui est marquant
pour un parent ne le sera pas nécessairement pour
l’enfant. De ses premières et super vacances à la
mer, votre enfant ne se souviendra peut-être que
du cri des mouettes et pas des longues heures
passées dans l’eau en votre compagnie. Rien ne
sert de forcer les choses. Mais on peut le tenter…
Comment ? En proposant à l’enfant de lui raconter
son après-midi ; vous lui permettrez ainsi de
revivre ce moment et donc de l’imprimer un peu
plus dans sa mémoire. Un enfant à qui l’on raconte
ses propres souvenirs, en s’exprimant clairement,
avec des mots simples, se rappelle mieux les
siens. Comme quoi, vous avez quand même un
rôle à jouer dans sa fabrique de souvenirs.
Transmettez !
Mémoire et genre

Une chercheuse américaine affirme que les


femmes possèdent des capacités de mémorisation
plus élevées que les hommes. À l’appui de cette
thèse, une étude qui a consisté à envoyer à
soixante étudiants d’origines diverses trois textos
surprises : il leur était demandé de relater
immédiatement, par écrit, ce qu’ils avaient fait et
vécu dans les trente minutes précédentes. Un autre
test de mémoire surprise à la fin de la semaine
d’études est venu s’ajouter aux précédents.
Résultat : les femmes sont capables de mémoriser
de façon plus détaillée et plus précise que les
hommes. Elles auraient une meilleure mémoire
épisodique. « Ces résultats renforcent l’idée que
les hommes et les femmes voient le monde
différemment », souligne la chercheuse. Mais ça,
vous le savez depuis longtemps…
Une affaire de plaisir

Plus vous êtes compétent dans un domaine,


plus votre mémoire dans ce domaine est
performante. Votre mémoire fera d’autant plus de
miracles que vous l’exercerez par plaisir. Il serait
contre-productif, pour vous entraîner, de vous
forcer à apprendre des poèmes de Verlaine si les
sanglots longs des violons de l’automne ne
blessent pas votre cœur d’une langueur
monotone… Bref, si un sujet ne vous parle pas,
n’insistez pas. Concentrez-vous ce qui vous
intéresse, répond à un désir, vous procure des
émotions.
Aussi, pour entraîner votre mémoire, je vous
propose de choisir un article de journal traitant
d’un sujet qui vous passionne. Choisissez-le bien :
il faut qu’il contienne des informations précises.
Concentrez-vous, lisez-le au calme, puis refermez
le journal et notez tous les éléments dont vous
vous souvenez. Ensuite, relisez l’article en notant
tout ce que vous avez oublié après la première
lecture. Si vous le faites régulièrement, cet
exercice fortifiera la mémoire la plus utile dans la
vie courante, celle qui permet de sélectionner des
informations et de les conserver.
Contre la douleur, l’oubli

Confrontée à des tensions intérieures jugées


insupportables, une personne peut, consciemment
ou inconsciemment, refouler des souvenirs afin de
préserver son intégrité psychique et parfois
physique. De cela, Sigmund Freud fut le premier à
exposer les mécanismes. Le refoulement constitue
une forme d’amnésie, dite psychogène. Au-delà
d’un certain seuil de stress ou de douleur, variable
selon les individus, la mémoire peut faire le choix
d’occulter un événement traumatique. Dans son
livre Le Voile noir, l’actrice Anny Duperey fait le
récit de la découverte de ses parents morts
accidentellement dans leur salle de bains alors
qu’elle avait 8 ans. Si elle garde très précisément
à l’esprit cette scène tragique, tous ses souvenirs
antérieurs ont disparu. Sa mémoire s’est protégée
en se construisant une carapace : « Ce refoulement
a été comme un anticorps à la douleur », dit Anny
Duperey.
Des psychologues ont montré que pour bien
retenir une information, l’utilisation de polices de
caractères moins communes est plus efficace que
les polices habituelles ! Alors qu’attendez-vous
pour utiliser une nouvelle police ?
4

Votre cerveau peut


flancher
Voir venir la maladie d’Alzheimer

Alzheimer, c’est d’abord un nom de famille,


celui du médecin allemand qui mit en évidence
cette maladie dégénérative du cerveau. Alois
Alzheimer (1864-1915) ne se doutait pas qu’il
passerait à la postérité en donnant son nom à cette
maladie qui menace tout un chacun au-delà de 65
ans, s’attaque en priorité aux femmes (pas
seulement du simple fait qu’elles vivent plus
longtemps que les hommes mais probablement
pour des raisons hormonales) et ne cesse de faire
des victimes : au dernier pointage, en France,
quelque 900 000 personnes sont concernées. Ce
nombre pourrait doubler d’ici 2050. À moins que
la recherche, entre-temps, n’accomplisse un
miracle…
Car à l’heure où s’impriment ces lignes, la
maladie d’Alzheimer est incurable. Et l’on en
ignore l’origine exacte. Si des médicaments
existent, leur efficacité est discutée. Ils permettent
néanmoins de rassurer le malade en lui montrant
qu’on « tente » quelque chose… Avec cette
maladie, plus on s’y prend tôt, mieux c’est. Voilà
pourquoi il est indispensable de savoir repérer les
signes avant-coureurs de la maladie d’Alzheimer,
qui évolue lentement vers la perte d’autonomie
des personnes qu’elle frappe et qui a la
particularité de s’installer insidieusement dans
l’organisme, 10, parfois 20 ans avant
qu’apparaissent les premiers symptômes.
1. Les troubles de la mémoire.
C’est le symptôme le plus fréquent. Ne vous
affolez pas parce que vous ne savez plus où vous
avez posé vos lunettes ou parce que vous avez
oublié un rendez-vous chez le dentiste : ça, ça
prouve juste que vous êtes débordé ou dans la
lune. La personne atteinte de la maladie
d’Alzheimer, elle, se signale par des oublis
répétés qui concernent des événements récents.
Cela peut la conduire à poser la même question à
plusieurs reprises. Elle va par exemple vous
demander qui vient dîner le soir même. Vous
répondrez, mais la question vous sera quand
même reposée… En revanche, les événements les
plus anciens restent ancrés dans la mémoire. En
tout cas au début de la maladie. L’entourage doit
être particulièrement attentif aux trous de mémoire
qui relèvent de l’univers affectif. Imaginons que
vous rendiez visite à votre vieille maman à
l’heure du goûter. Si, le soir même, vous lui
téléphonez et qu’elle n’a pas l’air de se souvenir
que vous vous êtes vus dans la journée, je vous
conseille de vous en inquiéter, surtout si ce type
de scénario a tendance à se répéter.
2. Les troubles du langage.
Ce symptôme doit vous alerter car il se
manifeste souvent au début de la maladie. Il
consiste en l’oubli de certains mots simples et
d’usage courant au cours d’un échange verbal.
Quand une personne qui a l’habitude de cuisiner
ne parvient plus à nommer une casserole, quand
un lecteur de toujours n’arrive pas à prononcer le
mot « livre », quand un grand-père échoue à
appeler ses petits-enfants par leur prénom alors
qu’il n’a jamais cessé de les voir, il n’est pas
inutile de se poser des questions… Si le langage
devient « abracadabrantesque », que la personne
invente des mots et tient des propos incohérents,
que son orthographe se détériore, que son écriture
se dégrade au point de devenir incompréhensible,
vous êtes en présence de signes supplémentaires
qui doivent vous inciter à convaincre la personne
qui vous est chère de consulter. On met parfois
plus de temps qu’on ne l’imagine à percuter… Car
les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer
compensent les effets d’un handicap naissant en
mobilisant d’autres sens. C’est ainsi qu’elles vont
reconnaître un objet à sa texture, nommer les
choses en usant de mots passe-partout (« bidule »,
« truc », « machin », « chose ») ou identifier un
proche à son odeur ou au son de sa voix… Ce
phénomène peut durer des mois, voire des années,
avant que l’entourage réalise qu’il a manqué de
perspicacité et de réactivité. Pendant ce temps, la
maladie, elle, ne perd pas de temps : elle
progresse.
3. L’altération du jugement.
Ce symptôme s’accompagne souvent de
dénégation de la part de la personne atteinte par la
maladie d’Alzheimer : elle peine à reconnaître
qu’elle fait n’importe quoi et se contrefiche des
remarques, fussent-elles élégamment et gentiment
énoncées, que peuvent lui faire ses proches. Les
exemples abondent d’actes farfelus ou d’erreurs
spectaculaires que sont capables de faire les
malades : telle personne rangera le beurre dans
l’armoire à vêtements, telle autre mettra un livre
au réfrigérateur cependant qu’une troisième
sortira avec trois pull-overs sur le dos alors que
le mercure indique 30 degrés à l’ombre… Quand
se répètent de telles erreurs de jugement, il urge
de consulter.
4. Les problèmes spatio-temporels.
Avez-vous entendu parler des « promeneurs
d’Alzheimer » ? Ce sont des septuagénaires ou
des octogénaires qui, par un beau matin, désertent
leur domicile ou leur maison de retraite et
marchent, marchent, marchent… Jusqu’à
l’épuisement. Certains le font dans le but de
retrouver un endroit qui leur est familier, souvent
lié à leur enfance. Chez d’autres, cette errance se
fait sans but précis : ils sont mus par la seule
volonté inconsciente d’user du dernier pan
d’autonomie dont ils disposent et qui consiste à se
déplacer, à marcher, fût-ce sans raison. Les uns et
les autres mettent évidemment leur vie en danger :
la gazette se fait régulièrement l’écho de «
promenades » tragiques, les malades pouvant se
perdre dans la nature. Moins graves mais tout
aussi préoccupants, d’autres problèmes de
désorientation spatio-temporelle aboutissent à ce
que la personne atteinte de la maladie
d’Alzheimer ne sache plus quel jour on est, quelle
heure il est ou se trompe régulièrement
d’appartement lorsqu’elle tente de rentrer chez
elle, alors qu’elle est censée connaître son
immeuble par cœur…
5. La paperasse : un bon indice…
Je connais peu de gens friands de paperasse
administrative et j’en connais plus d’un qui se
passeraient volontiers d’avoir à remplir la feuille
d’impôt, à compléter un formulaire de la Sécu ou
à classer leurs relevés bancaires. Néanmoins,
toute personne de votre entourage qui se
signalerait par une forme « d’empêchement » à
remplir ces corvées (alors que par le passé, elles
ne posaient pas de difficultés) doit faire l’objet
d’une attention décuplée de votre part. Les
formalités administratives témoignent de notions
abstraites dont les personnes atteintes par la
maladie d’Alzheimer peinent à s’accommoder.
Autre notion abstraite susceptible de vous alerter :
l’anniversaire. Quand une personne ne comprend
plus ce que « fêter un anniversaire » veut dire,
c’est sans doute qu’elle est malade.
6. Quand la personne change…
Les changements d’humeur d’autrui sont un
bon indicateur de l’installation de la maladie
d’Alzheimer. Ils surviennent en général de
manière inopinée, sans cause identifiable. La
personne va faire montre d’excitation,
d’irritabilité, voire d’agressivité, avant de
sombrer dans l’indifférence, comme imperméable
à quelque émotion que ce soit. Certains patients
désarçonnent leur entourage : une nature gaie,
ouverte, confiante, enjouée, active, peut
soudainement devenir méfiante, peureuse,
anxieuse, timorée. Quand la personnalité d’un être
cher change ainsi de manière spectaculaire, il
n’est pas à exclure que la maladie l’ait rattrapé…
Préférer les escaliers à l’ascenseur n’est pas
seulement bénéfique pour la circonférence de vos
mollets : c’est également bon pour votre cerveau.
C’est ce que nous enseigne une étude canadienne
menée par les chercheurs de l’université
Concordia. Il y est précisé que monter ses
escaliers tous les jours retarde le vieillissement
du cerveau de sept mois. Pour en arriver à cette
conclusion, les chercheurs ont planché sur le
volume de matière grise de 331 personnes âgées
de 19 à 79 ans. Précision : ça ne fonctionne pas
avec l’escalator. Ou alors, il faut qu’il soit en
panne.
Prévenir Alzheimer

Si la génétique n’est pas complètement


étrangère à la maladie d’Alzheimer,
l’environnement et le mode de vie ne le sont pas
non plus. Telle est la conviction des chercheurs, à
commencer par ceux de l’université anglaise de
Cambridge, qui ont identifié sept facteurs de
risque ayant un lien avéré avec la maladie : – Le
faible niveau d’éducation.
– Le tabagisme.
– La dépression.
– L’inactivité physique.
– Le diabète.
– L’hypertension.
– L’obésité (pour les trois derniers facteurs,
quand ils apparaissent en milieu de vie).
Il est abondamment question de ces sujets dans
les deux premiers chapitres de ce livre, auxquels
je vous renvoie car, encore une fois, il est
possible d’atténuer le risque en agissant sur ces
facteurs et en s’imposant une bonne hygiène de
vie. N’oubliez pas qu’ils sont parfois
interdépendants et qu’en agissant sur l’un, vous
agissez sur l’autre : faire du sport, par exemple,
peut vous mettre à l’abri de l’obésité… Et ayez en
permanence à l’esprit que nombre d’études
récentes démontrent que les personnes qui
s’imposent avec régularité des activités mentales
stimulantes, qu’elles soient exigeantes (la lecture,
l’apprentissage…) ou ludiques (le jeu), réduisent
le risque de sombrer dans la démence. Quel que
soit l’âge de la personne concernée, si l’esprit
demeure actif, la croissance des connexions entre
les neurones, gage de bon fonctionnement
cérébral, est favorisée.
Apprendre. S’instruire. Réfléchir. Bref, faire
travailler son ciboulot pour densifier ses idées.
Tel est sans doute le meilleur moyen de feinter
Alzheimer. C’est ce que nous enseigne la Nun
Study qui, comme le suggère son appellation, a
été réalisée aux États-Unis dans des couvents de
bonnes sœurs. 678 d’entre elles se sont prêtées au
jeu. L’avantage des nonnes, c’est qu’elles vivent
dans un environnement similaire : même
alimentation (saine, en général), même type
d’occupation, même non-exposition au stress,
même rythme, même niveau de revenu ou d’accès
aux soins, on appelle ça une population homogène,
c’est beau comme un fantasme de chercheur…
Les auteurs de l’étude se sont d’abord penchés sur
les autobiographies des postulantes à l’entrée dans
les ordres, écrites alors qu’elles avaient une
vingtaine d’années. Ils les ont classées en fonction
de leur densité linguistique, de la complexité des
idées exprimées, bref, de l’intelligence du propos.
Ils ont ensuite évalué les capacités cognitives de
ces mêmes nonnes, devenues septuagénaires,
octogénaires ou nonagénaires. Verdict : plus les
écrits de jeunesse étaient profonds, meilleur était
le fonctionnement du cerveau.
Quotient intellectuel : la régression est
actée

Le quotient intellectuel, plus connu sous son


appellation simplifiée QI, se calcule sur la base
de tests psychométriques. Parmi les fonctions
cognitives évaluées, on trouve, par exemple, la
représentation des formes, l’arithmétique ou le
raisonnement verbal. Depuis toujours (en tout cas
depuis qu’on est en mesure de le calculer), cet
indice d’intelligence individuelle, par ailleurs très
critiqué par de nombreux experts, n’a cessé
d’augmenter. Pour dire les choses simplement, les
compétences de notre cerveau s’amélioraient
chaque jour un peu plus… Enfin… Ça, c’était
avant… Avant l’inversion de cette tendance. Car
depuis une vingtaine d’années, les choses se
dégradent. C’est ce que deux chercheurs, l’un
finlandais, l’autre britannique, ont mis en
évidence dans une étude publiée en 2015 dans la
bien nommée revue Intelligence. Verdict : en
France, le QI moyen est passé de 102 à 98 au
cours de la première décennie du XXIe siècle.
Quatre points perdus entre 1999 et 2009 ! Une
première…
On pourrait certes ergoter sur les conditions
dans lesquelles l’étude a été réalisée : elle portait
sur 79 personnes âgées de 30 à 63 ans. Vous me
direz que 79 personnes, c’est peu. Je vous
répondrai que c’est mieux que rien, d’autant que
cette baisse de QI n’épargne pas d’autres pays
développés : la Norvège, le Danemark, le
Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Australie, la Suède
et la Finlande sont dans la même panade de
déliquescence intellectuelle. Le cas de la Finlande
mérite une attention particulière. En effet, dans ce
pays où le service militaire est obligatoire, les QI
de quelque 25 000 conscrits sont
systématiquement testés chaque année depuis
1988. La Finlande dispose donc de suffisamment
de recul pour que les conclusions des chercheurs
y soient prises au sérieux. Et du côté d’Helsinki,
on constate hélas ! la même chose qu’en France :
une baisse du QI (2 points de perdus, entre 1997
et 2009, alors que la progression avait été de 4
points entre 1988 et 1997).
Les causes du ramollissement de notre
cerveau (par définition néfaste à notre bien-être et
notre santé) sont sans doute multiples. Mais il en
est une que les spécialistes pointent avec
insistance. Elle tient en deux mots : perturbateurs
endocriniens.
Derrière cette expression, se cache une
ribambelle de substances chimiques étrangères à
l’organisme humain. On les croise au quotidien
parce qu’elles font partie de notre alimentation
(truffée de pesticides et d’additifs) ou de notre
environnement (c’est le cas des solvants, des
plastiques ou des produits anti-incendie que l’on
retrouve dans le mobilier, certains canapés par
exemple). Leur truc : s’attaquer à la thyroïde, dont
les hormones influencent la formation de
l’hippocampe ou du cortex cérébelleux, qui sont
déterminants pour nos capacités intellectuelles.
Pour couronner le tout, les perturbateurs
endocriniens n’épargnent pas les fœtus, ce qui est
d’autant plus consternant que nos tissus se forment
et se développent lors de la vie intra-utérine, si
déterminante pour l’avenir de notre santé.
Bien sûr, on ne peut agir sur tous les facteurs,
la réglementation étant souvent laxiste lorsqu’il
s’agit de dénoncer les contaminants chimiques qui
pullulent dans telle ou telle industrie. Business
first… Mais il vous revient d’agir, dans la mesure
du possible et de vos moyens, sur votre
environnement en évitant les endroits pollués, sur
votre mode de vie en vous méfiant de certains
conservateurs contenus dans les produits de
beauté et surtout sur votre alimentation, pour
laquelle je vous recommande, une fois de plus, de
privilégier les produits bio.
S’il constitue un indice intéressant, le QI n’est
pas non plus la panacée. Il n’est pas forcément
révélateur de certains aspects (la créativité,
l’ouverture d’esprit…) de la personnalité. Le QI
s’évalue sur une échelle de 0 à 200. Il progresse
généralement jusqu’à l’âge de 7 ans pour ensuite,
peu ou prou, se stabiliser. La moitié de la
population française est regroupée dans une
fourchette allant de 90 à 110. En deçà de 80, on
souffre d’un léger retard qui se traduit par des
difficultés d’ordre spatio-temporel et
d’apprentissage, du calcul et de l’écriture
notamment. Au-delà de 140, on est considéré
comme surdoué, ce qui ne met pas forcément à
l’abri de l’échec…
AVC : les symptômes

Chaque année dans le monde, quelque 15


millions de personnes sont victimes d’un accident
vasculaire cérébral. Un tiers en meurent, un tiers
en conservent un handicap permanent, car l’arrêt
brutal de la circulation sanguine (et donc de
l’oxygénation) dans certaines parties du cerveau
(tel est le principe de l’AVC) en détruit les
neurones, à la cadence ahurissante de 2 millions
par minute ! Ceci explique qu’il faille agir le plus
rapidement possible en cas d’alerte. C’est
déterminant : le taux de guérison dépasse les 90 %
si l’artère cérébrale est débouchée dans les 3
heures qui suivent son occlusion. Au-delà, les
choses se gâtent : toute demi-heure perdue
amenuise les chances de s’en tirer indemne. Voici
donc les symptômes les plus répandus. S’ils
surviennent, foncez au service de soins neuro-
vasculaires de l’hôpital le plus proche.
– La paralysie.
Soudain, une moitié de votre corps ne répond
plus : vous êtes hémiplégique. Vous ne parvenez
plus à lever, voire à bouger, votre bras ou votre
jambe.
– L’engourdissement du visage.
Cela va souvent de pair avec la paralysie. La
bouche se fait asymétrique, articuler devient quasi
impossible, on mélange les mots, on ne comprend
plus ce que dit l’entourage.
– Les vertiges.
Ils provoquent une perte d’équilibre et font
voler en éclat la coordination des mouvements,
comme en cas d’ivresse.
– Les maux de tête.
Ils sont inhabituels, intenses, surviennent
brutalement.
– La vision perturbée.
Elle peut être dédoublée. Parfois, c’est le
champ visuel qui se réduit. Ou un œil qui ne voit
plus.
– L’aphasie.
Il vous est impossible de prononcer le
moindre mot.
Il arrive qu’une artère se bouche… et se
débouche dans la foulée. Comme une grande. On
s’en tire avec un malaise auquel on ne prête pas
attention. Mais on a tort. Ce type de mésaventure
porte un nom : accident ischémique transitoire
(AIT). Il annonce parfois, pour les jours qui
suivent, un AVC. D’où la nécessité de consulter
quand survient ce type d’alerte. Il existe en effet
des traitements préventifs qui permettent d’éviter
le pire.
La pollution, facteur de risque des AVC

Une étude de l’université de technologie


d’Auckland suffisamment documentée (elle a duré
23 ans et concerné 188 pays) pour être publiée
par la très sérieuse revue spécialisée The Lancet
Neurology pointe un nouveau facteur de risque : la
pollution atmosphérique. Elle fait de plus en plus
de dégâts, en particulier dans certains pays d’Asie
du Sud et d’Afrique sub-saharienne. Là, c’est l’air
intérieur des maisons qui est en cause : sa qualité
est dégradée par l’utilisation de combustibles
solides pour faire la cuisine, voire pour se
chauffer.
La pollution atmosphérique vient donc
compléter la liste des principaux facteurs de
risque connus que sont l’hypertension, l’obésité,
la sédentarité, le tabagisme et l’alimentation
(parce que pauvre en fruits et légumes ou trop
riche en sucre ou en sel). Tous ont un point
commun qui devrait faire réfléchir : ils sont liés à
notre comportement, ce qui sous-entend que
chacun d’entre nous, individuellement, peut agir
pour réduire le risque d’être terrassé par un AVC.
Le traquenard est omniprésent dans la nourriture
industrielle, à laquelle nous accordons trop de
crédit. Et il est d’autant mieux tapi dans les plats
préparés que le sel et le sucre dont ils regorgent
en rehaussent le goût. Fuyez-les, surtout si vous
avez entre 21 et 34 ans. C’est en effet dans cette
tranche de vie que l’on a le plus tendance à
s’alimenter de manière déséquilibrée, avec
d’autant plus de désinvolture que l’on se sent fort
physiquement. Mais le corps et le cerveau (c’est
d’ailleurs une partie de son job) ont de la
mémoire…
Le pire n’est jamais sûr

Ce qui est pratique avec les neurones, c’est


qu’ils sont solidaires. Et que leur solidarité
s’exprime d’autant mieux qu’ils sont nombreux :
100 milliards par cerveau… En cas d’AVC, tout
le monde se mobilise. Les neurones indemnes (car
situés dans une région du cerveau non affectée par
l’accident) s’impliquent dans des tâches qui leur
étaient auparavant étrangères. Cette capacité du
cerveau à redéployer de nouvelles connexions
porte un nom : la plasticité. Elle permet aux
malades de récupérer certaines de leurs facultés,
parfois de manière spectaculaire, parfois
partiellement.
Ce phénomène de substitution d’une zone du
cerveau qui pète la forme à une autre zone qui,
elle, est en difficulté, n’est admis que depuis une
vingtaine d’années. Il a été mis en évidence par
moult expériences rendues possibles par le
progrès technique. C’est ainsi que les chercheurs
ont pu observer, dans le cerveau de personnes
rétablies d’un AVC et auxquelles on avait
demandé de serrer une main, l’activation de zones
cérébrales dont ce n’est habituellement pas le
boulot ! Ces découvertes redonnent beaucoup
d’espoir à la médecine et aux malades. Car ce
phénomène de plasticité peut être amplifié grâce à
des médicaments ou des stimulations magnétiques
qui favorisent la reconfiguration du cerveau. En
attendant la greffe de cellules neuronales qui, pour
l’heure, n’en est qu’à la phase expérimentale…
Il faut n’avoir jamais écouté de musique pour
contester qu’elle détend, redonne le moral, émeut.
Mais les neuroscientifiques n’ont pas fini d’en
apprendre sur ses bienfaits. La musique peut en
effet être d’un grand secours dans la rééducation
des personnes souffrant d’aphasie, c’est-à-dire
d’un trouble de la parole, suite à un AVC. Il n’est
pas rare que les patients, quand ils entendent une
mélodie connue, parviennent à la fredonner. Et sur
le chemin du retour à la vie d’avant, qui passe par
la répétition de mots et de phrases, on peut
progresser en chantant car on peut chanter
correctement des mots ou des portions de phrases
que l’on prononce difficilement. Voilà pourquoi,
aujourd’hui, nombre de thérapeutes se servent de
la musique, ce qui est somme toute assez logique
car l’apparition sur terre de la musique a précédé
celle du langage. C’est en tout cas ce que suggère
la découverte d’une flûte taillée dans un os vieux
de 40 000 ans alors que le langage ne serait apparu
qu’il y a 35 000 ans.
10 comportements à adopter pour
prévenir l’AVC

1. Surveiller son alimentation.


Dirai-je jamais assez combien une
alimentation variée, saine, qui n’interdit rien mais
se garde de tout excès, réduit les risques de faire
un AVC ? Le beurre, la charcuterie, les sucreries,
le sel et nombre de céréales pour petit déjeuner
dont les emballages colorent les rayons des
supermarchés sont d’attrayants ennemis. Vous avez
le droit d’y succomber. Mais épisodiquement. À
l’inverse, repaissez-vous de fruits et de légumes.
2. En finir avec la cigarette.
Plus vous fumerez, plus le risque de faire un
AVC augmentera. Voilà, c’est dit, c’est aussi
simple que cela, à vous de voir.
3. Réduire sa consommation d’alcool.
Comme le tabac, l’alcool accroît le risque.
Évidemment, le verre de vin quotidien n’est pas
ici remis en cause. Surtout si c’est du rouge. Mais
une consommation déraisonnable, l’abus
d’alcools forts, voire la pratique du « binge
drinking », augmentent le danger.
4. Surveiller sa tension.
La pression artérielle est l’un des facteurs de
risque de l’AVC. La faites-vous contrôler
régulièrement ? Si oui, je vous en félicite. Sinon,
sachez que vous vous privez d’une occasion de
prévenir la catastrophe, au cas où elle vous
guetterait. Se faire prendre la tension par son
médecin n’a jamais tué personne. Mieux : ça en a
sauvé quelques-uns. L’hypertension artérielle peut
ne présenter aucun symptôme avant l’accident et
fait des dégâts depuis des années. Anticiper est
donc primordial, d’autant qu’il existe aujourd’hui
des médicaments efficaces pour lutter contre elle.
5. Faire du sport.
L’inactivité peut coûter très cher… Bouger un
minimum est non seulement bon pour le cœur,
mais aussi efficace pour se prémunir d’un AVC. Si
vous n’avez pas la foulée d’Usain Bolt, contentez-
vous de marcher au moins une trentaine de minutes
par jour, cela suffira à réduire les risques
d’accident.
6. Se faire piquer.
Imposez-vous une analyse de sang annuelle.
Cela vous donnera une idée de l’état de votre
système cardio-vasculaire qui, s’il est mauvais,
peut conduire à l’AVC. Ce type d’examen incite
souvent à changer les choses…
7. S’informer sur les médicaments.
Les médicaments, a priori faits pour soulager
ou soigner, peuvent être dangereux dans certains
contextes. Mais il en existe qui peuvent mener à la
cata. Ainsi, certains médicaments prescrits dans le
cadre d’un traitement hormonal de la ménopause
chez les patientes atteintes d’insuffisance
cardiaque ou ayant des antécédents familiaux
d’infarctus ou d’AVC. En parler avec votre
médecin traitant.
8. Éviter le stress.
Le stress, largement abordé dans la deuxième
partie du livre, est un facteur de risque. Tout ce
qui peut aider à le réduire est bon pour votre
cerveau. En cas de poussée, il est possible de se
calmer avec un peu de sucre : chocolat, bonbon,
soda. Mais il faut que cela reste exceptionnel, sauf
à vouloir troquer son stress contre un bon diabète,
autre facteur de risque d’AVC…
9. Cultiver l’optimisme.
À trop noircir les choses, on s’expose.
Considérez toujours qu’une bouteille est d’abord
à moitié pleine avant d’être à moitié vide. Et, si
un rien vous mine ou vous affole, considérez que
la peur ne réduit en rien le danger. Conseil simple
: fuyez les personnes nocives et les oiseaux de
mauvais augure.
10. Surveiller ses maux de tête.
Parmi les maux de tête, il y a les migraines et
parmi les migraines, il en est une, ophtalmique
(également connue sous l’appellation « migraine
avec aura »), qui doit vous alerter et vous
conduire à consulter. Car la migraine est un
facteur de risque d’AVC. Si elle s’accompagne
d’engourdissements ou de symptômes visuels
comme, par exemple, le scintillement, méfiez-
vous. Cela dit, une migraine ophtalmique est
souvent anodine.
« Le travail, c’est la santé », chantait Henri
Salvador, qui s’empressait d’ajouter : « Ne rien
faire, c’est la conserver. » Bon, soyons francs,
entre buller complètement et se tuer au travail, il y
a une ribambelle d’attitudes intermédiaires sur
lesquelles ont planché des scientifiques
britanniques. Leurs travaux ont permis de conclure
que le risque d’AVC augmentait avec la durée du
temps de travail : +10 % chez ceux qui bossent
entre 41 et 48 heures, +27 % chez ceux qui
triment entre 49 et 54 heures par semaine. Si la
CGT savait ça… L’enquête est d’autant plus
intéressante qu’elle a duré huit ans et a été menée
sur quelque 600 000 personnes originaires
d’Europe, d’Australie et des États-Unis. Vous
savez ce qu’il vous reste à faire : travailler, bien
sûr, car c’est épanouissant et intellectuellement
stimulant, mais savoir aussi lever le pied de temps
en temps…
Le suçon qui tue…

L’AVC, maladie d’amour ? Dans un cas au


moins, oui ! En tout cas, il a coûté la vie à un
Mexicain de 17 ans qui s’était fait faire un suçon
par sa petite amie. Le suçon, vous connaissez ?
C’est un de ces bisous ventouses dont raffolent les
jeunes : ils plaquent leurs lèvres dans le cou de
l’être aimé et aspirent, aspirent, aspirent, jusqu’à
lui laisser une vilaine tâche rouge violacé. La
signature de la passion ado, à même la peau…
Après, on n’a plus qu’à se mettre un foulard…
Julio Mecias Gonzales, héros malheureux de
l’histoire, dînait tranquillement en compagnie de
ses parents lorsqu’il s’est mis à convulser. La
famille a immédiatement appelé les secours…
Quand ils sont arrivés, c’était trop tard… Les
regards se sont alors tournés vers la petite amie
éplorée. Oui, ils avaient bien passé l’après-midi
ensemble. Oui, elle était bien l’auteure du suçon
dans le cou.
Les médecins ont dû expliquer aux parents de
la victime que la jeune femme avait exercé, sur la
peau de son fiancé, une aspiration si forte que la
paroi de l’artère en a été traumatisée… S’est
ensuivie la formation d’un caillot qui s’est sans
doute détaché de l’endroit où il se trouvait avant,
et qui, emporté par le courant sanguin, a pris la
direction du cerveau et a bouché une artère dont le
diamètre était trop petit pour le laisser passer.
Moralité : sus au suçon !
Parkinson : les symptômes

C’est à la base du cerveau que ça se passe. Il


y existe une structure de quelques millimètres dont
la fonction est de fabriquer et de libérer la
dopamine qui nous est indispensable pour
contrôler les mouvements de notre corps. Je
simplifie… Quand cette structure est touchée, la
maladie peut s’installer. Et elle a ceci de commun
avec Alzheimer qu’elle ne délivre ses symptômes
que des années plus tard… Trois symptômes : la
lenteur du mouvement, la raideur, le tremblement
au repos. L’existence de deux d’entre eux suffit à
diagnostiquer la maladie, qui affecte généralement
les personnes ayant passé la soixantaine (en
France, quelque 100 000 personnes) et se
manifeste par une lente évolution vers la
dégénérescence.
1. La lenteur.
Le malade éprouve des difficultés à initier des
mouvements considérés comme complexes, c’est-
à-dire nécessitant la coordination de plusieurs
membres. C’est le cas de l’écriture. C’est
également le cas de la marche, partant du principe
que mettre un pied devant l’autre induit souvent un
balancement du bras. La personne atteinte vous
dira qu’elle se sent fatiguée ou qu’elle ressent une
forme de blocage.
2. La raideur.
Souvent trahie par une posture crispée, voûtée
en avant avec la tête baissée, elle témoigne d’une
tension musculaire excessive. En général, ce sont
la colonne vertébrale et les articulations de la
nuque et des membres qui payent le plus lourd
tribut à la maladie.
3. Le tremblement.
Il est perceptible au repos, sans raison
apparente. Il peut d’ailleurs cesser quand le
malade tente un mouvement. Contrairement à une
idée communément répandue, ce n’est pas le
symptôme dominant de la maladie de Parkinson.
On ne sait pas guérir la maladie de Parkinson,
mais on peut réduire l’intensité et la gravité de ses
symptômes. Le traitement porte un nom : la
dopathérapie. Il impose que le malade accepte sa
maladie, préalable indispensable à son changement
de mode de vie et d’organisation quotidienne.
Cette étape demande une certaine force de
caractère, car les causes de la maladie demeurent
inconnues, même si certains scientifiques
supposent que le stress, un choc psychologique,
un traumatisme physique, l’environnement, voire,
dans de rares cas, l’hérédité, puissent être des
éléments déclencheurs. Mais la recherche est
comme Scotland Yard : elle ne renonce jamais, ce
qui laisse toujours entrevoir un espoir de ralentir
ou d’empêcher, un jour, la progression de la
maladie.
Le cas Ali, et les autres…

La disparition de Mohamed Ali, l’an dernier,


a fait ressurgir dans le débat public le serpent de
mer des excès du sport de haut niveau et de leur
lien éventuel avec la maladie de Parkinson.
Concernant celui qui se revendiquait à juste titre
comme le plus grand boxeur de tous les temps, il
faut se garder des discours péremptoires, même si
nombre de neurologues s’accordent sur le fait
qu’il y a de fortes suspicions entre la survenue de
sa maladie (diagnostiquée particulièrement tôt,
alors qu’Ali n’avait que 42 ans) et les 61 combats
professionnels qui ont rythmé sa carrière. Parce
qu’il en a quand même pris, des bourre-pifs dans
la gueule ! Et encore, je vous épargne les détails
de l’entraînement où The Greatest prenait un
plaisir particulier à baisser la garde tout en
exigeant de son sparring-partner qu’il lui mette
des coups dans la tête ; ainsi estimait-il prouver
qu’il était vraiment le plus fort, le plus grand, le
plus costaud, mais pas forcément le plus
intelligent…
À sa décharge, il ne pouvait deviner ce que
l’épidémiologie des sports allait nous apprendre
par la suite. Neurologue de réputation
internationale, le docteur Jean-François Chermann
s’est penché sur le sujet. Selon lui, 30 % des
boxeurs développent des troubles neurologiques
après leur carrière. Cette statistique ne concerne
pas seulement le haut du panier : les risques
augmentent avec le nombre de K.-O. chez les
amateurs aussi, et ce d’autant plus logiquement
qu’ils ne bénéficient pas du suivi médical réservé
aux pros et que, par définition moins aguerris, ils
travaillent moins leur défense.
À quoi est due ce que d’aucuns appellent « la
démence pugilistique » ?
Tout ce que l’on sait, c’est que les chocs
répétés altèrent suffisamment les cellules
nerveuses du cerveau pour les empêcher de
fonctionner normalement. D’où une commotion
(ou un traumatisme) cérébrale qui peut se solder
par la mort. Chaque année, plusieurs dizaines de
sportifs sont ainsi victimes de ce que l’on appelle
le « syndrome du second impact ».
Si le cas de Mohamed Ali a longtemps
mobilisé l’attention, il ne faut pas éluder que
d’autres sports sont touchés par ce phénomène : le
football, le football américain, le rugby, le hockey
sur glace, le ski, la gymnastique, le judo,
l’équitation et même le handball. Bien sûr, les
choses y sont moins spectaculaires et évidentes
que sur un ring, mais elles peuvent y être
particulièrement musclées. Par surcroît, dans ces
disciplines, l’arbitre n’intervient généralement
qu’a posteriori, quand le choc a eu lieu et que le
traumatisme est déjà là.
Le risque est pris très au sérieux aux États-
Unis par les instances dirigeantes du hockey sur
glace et du football américain, et plus près de
chez nous par les instances rugbystiques, qui
reconnaissent que les preuves s’accumulent sur
l’augmentation du risque de développer une
maladie de Parkinson (mais aussi une démence ou
une encéphalopathie) à la suite de chocs répétés.
C’est ainsi qu’en Angleterre, la fédération de
rugby a lancé une enquête sur les conséquences à
long terme des commotions cérébrales sur quelque
200 anciens joueurs ayant dépassé la cinquantaine
et qu’en France, depuis 2013, les joueurs
professionnels font l’objet d’un suivi
neurologique.
Vive le rugby ? Oui, mais… La fédération
française a publié une étude portant sur 239
rugbymen retraités, âgés de 45 à 63 ans. L’étude
consistait en une comparaison de ce groupe avec
138 autres sportifs de haut niveau, eux aussi
retraités. Résultat sans appel : on a décelé plus de
troubles dépressifs majeurs et plus de
commotions chez les artistes du ballon ovale que
chez leurs petits camarades issus d’autres sports
où les contacts sont réduits.
Études supérieures et tumeur

De la même manière que ce qui précède ne


doit pas vous dissuader de faire du sport, ce qui
suit ne doit pas vous conduire à mettre un terme à
vos études supérieures… L’information nous vient
de Suède, où plus de 4 millions de personnes
ayant allègrement dépassé la cinquantaine ont été
suivies pendant deux décennies. But de la
manœuvre : voir si elles développaient des
tumeurs cérébrales, bénignes ou malignes. Au
grand étonnement des chercheurs, l’étude a montré
qu’un haut niveau d’études pourrait être associé à
un risque accru de tumeurs du cerveau ! L’usage
du conditionnel s’impose, car l’étude ne fournit
aucune preuve d’une relation de causalité entre le
fait de poursuivre de longues études et la survenue
d’une tumeur cérébrale. Mais il y avait quand
même là de quoi aiguiser l’appétit des chercheurs
: ils ont émis l’hypothèse que les personnes les
plus éduquées étaient dépistées et traitées plus tôt
que les autres, mais sans trop y croire car, en
Suède, l’accès aux soins est universel. Alors ?
Alors, mystère… L’étude mériterait d’être
prolongée, bien qu’elle ait déjà été publiée dans
la revue britannique Journal of epidemiology and
community health. En attendant qu’elle le soit,
misez quand même sur les études, d’autant que la
différence du risque relevée par les chercheurs
entre les plus éduqués et les moins éduqués n’était
pas si spectaculaire que ça…
En matière de tumeur, le symptôme roi est le
mal de tête. Persistant. Qui résiste aux
médicaments d’usage comme l’aspirine ou le
paracétamol. Même en position allongée. Il
provient d’une hypertension dans la boîte
crânienne due au développement de la tumeur et
de l’œdème. Forcément, tout ça prend un peu de
place et les os du crâne ne sont pas extensibles…
Évidemment, il ne faut pas vous affoler à la
moindre migraine. En revanche, si elle
s’accompagne de nausées, de vomissements, d’une
douleur chaque jour plus intense, voire de
vertiges, de perte de mémoire ou de difficultés
motrices, réagissez !
La dépression : tous concernés

La dépression est un trouble de l’humeur.


C’est la première cause de suicide en France, et
elle mériterait d’être mieux surveillée car 70 %
de celles et ceux qui passent à l’acte ne sont pas
dépistés. Ses 9 symptômes sont la tristesse, la
perte d’intérêt et de plaisir, la dévalorisation,
l’émergence d’idées de mort, le ralentissement
psychomoteur, la fatigue, la perte d’appétit, les
troubles du sommeil, les difficultés à se
concentrer et à être attentif. La dépression légère
n’est diagnostiquée qu’à partir du moment où le
patient cumule au moins 5 de ces symptômes,
chaque jour, pendant au moins 2 semaines. À
partir de 8 symptômes, il est question de
dépression majeure.
Nul ne peut se vanter d’en être à l’abri. Car si
la dépression peut fondre sur les plus précaires,
elle n’épargne pas des célébrités dont on pourrait
penser, selon la formule éculée, qu’elles ont « tout
pour être heureuses »… Ce sont d’ailleurs ces
personnes qui parlent le mieux de cette maladie
qui témoigne d’une vulnérabilité psychique
particulièrement aiguë, au point d’avoir emporté
la chanteuse Dalida, le poète Gérard de Nerval ou
le plongeur Jacques Mayol, liste malheureusement
non close… Ainsi, l’actrice Charlotte Rampling
évoque un vide auquel il faut faire face, « un
monde abstrait, inconnu », qui génère une « terreur
archaïque, comme si on portait toutes les peurs de
nos ancêtres ». Et si, à propos de la dépression
qu’ils ont connue, Michel Delpech parlait d’une «
lame de fond » déstructurante et paniquante,
Renaud confessait s’être senti devenir
mentalement « une épave » et l’ex-rugbyman
international Christophe Dominici témoignait de
24 nuits consécutives d’insomnie, nous devons
l’un des écrits les plus évocateurs de ce trouble
de l’humeur à feu le philosophe Clément Rosset
qui endura, lui, 9 années de dépression : « L’état
dépressif tient du supplice de Sisyphe (puisqu’il
faut chaque matin recommencer tout le travail) et
de celui de Tantale (puisque la seule envie qu’on
a est de se coucher, mais que, lorsqu’on se
couche, c’est pire). » Quant à la palme de la
description la plus macabre, il se pourrait qu’elle
revienne à l’auteur du Choix de Sophie, William
Styron. Voilà ce qu’écrit l’immense écrivain
américain qui tomba dans la dépression alors que,
sexagénaire, buveur compulsif devenu sobre et ne
l’ayant pas supporté, il était au faîte de sa carrière
littéraire : « Les poutres du grenier (et dehors un
ou deux érables) deviennent un moyen de me
pendre ; le garage, un lieu idéal pour respirer
l’oxyde de carbone ; la baignoire, un récipient
pour recueillir le flot de sang de mes artères
ouvertes. Les couteaux de cuisine rangés dans leur
tiroir n’ont plus pour moi qu’une seule raison
d’être… »
Vigilance accrue dans certains cas

Si aucune tranche d’âge ne peut se targuer


d’être à l’abri de la dépression, il faut admettre
qu’il existe, au cours d’une existence, des zones et
des périodes à risque. Le savoir, c’est s’y
préparer, pour soi comme pour ses proches, en
gardant à l’esprit ceci : sur le circuit de la vie, il
est des chicanes plus délicates à négocier que
d’autres. Voici les 4 plus sportives…
– Durant l’adolescence.
Que les parents qui n’ont jamais été confrontés
à l’agressivité ou à l’irritabilité de leurs ados
lèvent le doigt ! Je vois qu’il n’y a pas foule… Et
pour cause : à partir de la puberté et jusqu’à sa
majorité, l’adolescent est confronté à une forme
de fragilité qui peut le rendre un tantinet grognon,
j’use là d’un doux euphémisme… On parle alors
de crise d’adolescence. Mais quand les
symptômes s’accumulent, qu’à l’irritabilité
s’ajoutent des troubles du sommeil et de la
pensée, en préambule à une scolarité qui part en
cacahuète, voire à des idées suicidaires, ce peut
être que la dépression s’est installée. Et elle le
fait avec d’autant plus de facilité que les parents,
pourtant aux premières loges, ne s’aperçoivent de
rien, vu que le dialogue est en général chaotique,
voire rompu depuis un moment. Il importe donc
d’être ultra attentif aux signes avant-coureurs de la
dépression chez l’adolescent et, même en cas de
doute, de ne pas hésiter à l’inciter à consulter.

– À la maternité.
On connaît le baby blues, cet épisode
dépressif passager qui peut survenir après un
accouchement, mais on connaît moins la
dépression prénatale, autrement plus sérieuse.
Elle n’attend pas l’apparition du nouveau-né pour
étreindre la future mère, qui doute de pouvoir être
à la hauteur de son changement imminent de statut
: tout se passe en général lors des 3 derniers mois
de grossesse, marqués par l’irritabilité,
l’angoisse, l’appréhension et cette sensation
étrange d’être débordée avant même d’avoir
commencé son boulot de mère et la jonglerie des
biberons et des couches… Ce type de dépression
touche 1 femme enceinte sur 7 et impose une prise
en charge thérapeutique (médicaments, groupe de
parole…) au profit de la future maman, c’est une
évidence, mais aussi au profit du futur bébé. Car
naître d’une mère engluée dans la dépression n’est
pas le meilleur moyen d’embarquer pour la grande
et belle aventure de la vie.

– Quand surgit la maladie.


Les problèmes de santé ont ceci de particulier
et de cruel qu’il leur arrive de voyager en
escadrille. Prenons le cas d’une maladie grave
comme le cancer : elle se traduit inévitablement
par une souffrance physique. Mais quid de la
souffrance morale ? Elle existe, mais elle passe au
second plan. Elle s’exprime sous la forme d’une
dépression plus ou moins profonde dont on fait –
hélas ! – trop peu cas. Peut-être parce qu’on
imagine qu’elle fait partie du package de la
maladie, peut-être parce qu’on la confond avec
une simple fatigue due aux effets secondaires des
traitements, peut-être parce qu’il faut sacrifier à
l’obligation d’avoir le moral pour espérer une
rémission. Pourtant, la dépression est bel et bien
là, et il est indispensable qu’elle soit traitée. Ne
serait-ce que parce qu’un moral en berne peut
conduire le malade à ne plus suivre ses
traitements.

– À la retraite.
Si certains se battent pour partir à la retraite le
plus tôt possible, d’autres appréhendent cette
période de la vie qui peut générer une sensation
d’inutilité, se traduire par une forme de solitude
ou la multiplication de soucis de santé qui,
souvent, vont de pair avec le constat d’une lente
dégénérescence physique… Au rayon bien fourni
des causes susceptibles de déclencher une
dépression, le troisième âge fait parfois son
marché dans le déni : il n’est pas rare de se faire
envoyer sur les roses par un sénior qui certifie
qu’il va bien et souhaite juste qu’on le laisse
tranquille. Mais c’est une autre histoire que nous
racontent les statistiques : en France, près d’1
suicide sur 3 concerne une personne du troisième
âge. Et plus l’âge est élevé, plus le taux
augmente… Voilà pourquoi il importe, là encore,
d’être attentif à tout ce qui pourrait trahir
l’installation d’une dépression : l’anxiété, la
fatigue chronique, la tristesse, la persistance de la
douleur, l’impossibilité de se concentrer… Tout
cela peut se traiter, soit par la parole, soit par
l’action d’antidépresseurs.
Combien de temps consacrez-vous chaque
jour à vous inquiéter ? Vous n’en savez rien ? Pas
de problème, l’institut de sondage britannique
Rescue Remedy a mené cette drôle d’enquête
pour vous. Et la réponse est : 1 heure 50 ! Oui,
nous passons, chaque jour, en moyenne, 110
minutes à nous prendre la tête pour un oui ou pour
un non. L’enquête ne précise pas si cette attitude
est justifiée, mais elle permet de conclure qu’une
vie humaine, c’est 5 années de flip ! Moralité : ne
vous inquiétez que si ça en vaut la peine.
Épilepsie : il y a de l’électricité dans le
cerveau

Notre cerveau est une usine électrique. Ses


neurones en sont les petites mains : ils reçoivent
des informations sous forme de signaux
électriques et, à leur tour, produisent d’autres
informations qu’ils transmettent également sous
forme de signaux électriques. Mais parfois, la
machine s’emballe. L’excitabilité du neurone
franchit un seuil, conduisant à une hyper
synchronisation avec les centaines de milliers de
neurones auxquels il est relié. Il y a suractivité
électrique. Pagaille dans l’usine : c’est la crise
d’épilepsie. À chacun son seuil de tolérance. Tout
varie en fonction de l’individu, sans doute de son
patrimoine génétique et assurément de mille autres
facteurs que la science, à ce jour, peine à nommer
avec précision. Quand ce dérèglement soudain et
transitoire de l’activité électrique du cerveau
survient à répétition, on ne parle plus de simple
crise, mais de maladie.
Il faut avoir assisté à une crise d’épilepsie
pour en évaluer les spectaculaires manifestations :
le corps tremble, ou se raidit, ou les deux.
L’audition se trouble, surgissent des
hallucinations, surviennent des peurs, parfois
jusqu’à la perte de conscience. Il arrive que
l’hallucination soit gustative (le patient a un
mauvais goût dans la bouche) ou olfactive (il sent
de mauvaises odeurs). À chaque région cérébrale
son tourment. Selon que la surchauffe sera
localisée dans le cortex moteur ou le cortex
visuel, il y aura raidissements ou hallucinations
visuelles…
Sur le front de l’épilepsie, la recherche
avance à petits pas. D’une poignée de
médicaments dont la prise entraînait nombre
d’effets secondaires, on est passé à une vingtaine
de produits mieux tolérés par l’organisme. C’est
mieux que si c’était moins bien, mais ça n’est pas
encore ça… Parce qu’il y a urgence : en France,
quelque 500 000 personnes sont concernées par
l’épilepsie. Parmi elles, 50 % sont des enfants
pour lesquels la surmortalité est 3 à 5 fois plus
élevée que pour les personnes épargnées par ce
phénomène.
Ne pas tenter le diable…

Les causes de l’épilepsie sont multiples : elles


vont de la génétique à la malformation cérébrale
en passant par l’AVC, le traumatisme crânien, la
tumeur cérébrale, la méningite, voire les effets
secondaires de certains médicaments,
anticoagulants notamment… Ce n’est peut-être pas
la peine d’en rajouter, non ? Aussi, vous devez
savoir qu’il existe des comportements à risque qui
peuvent favoriser l’apparition de crises. À bon
entendeur…
– La prise de cocaïne… Sans blague ? Faut-il
ici que j’épilogue sur les dangers de la cocaïne ?
La drogue, c’est mal. C’est caca. Et si la cocaïne
se contentait de n’avoir que des répercussions
épileptiques, la vie serait belle…
– Le manque de sommeil : dormez
suffisamment, dormez bien ! J’ai comme la vague
impression de me répéter, mais un sommeil de
qualité sauve de mille maux…
– Le stress et les émotions violentes : sachez
vous y soustraire, d’autant que le premier comme
les secondes peuvent avoir d’autres répercussions
négatives sur votre santé.
– La consommation excessive d’alcool…
Décidément, la bibine est dans tous les mauvais
coups ! Par ailleurs, si vous êtes sous traitement
afin de vous sevrer, respectez scrupuleusement les
recommandations de votre médecin. Un sevrage
mené de façon inappropriée peut favoriser la
survenue d’une crise.
– L’abus de jeux vidéo, de lumières
clignotantes, voire de la télévision (sauf quand j’y
passe !). Les lumières émises par ces appareils
peuvent provoquer une stimulation sensorielle
excessive. 5 % des épileptiques sont concernés
par ce phénomène.
– Le non-respect de vos ordonnances, surtout
si vous êtes déjà sujet aux crises. Avoir un
mauvais suivi d’un traitement antiépileptique
prescrit, c’est chercher des ennuis…
Il y a épilepsie et épilepsie…

Les crises d’épilepsie peuvent être de deux


natures : partielle ou généralisée. La première est
évidemment moins grave que la seconde. Lors
d’une crise partielle, le malade ne perd pas
connaissance : il est parcouru de secousses
musculaires incontrôlées et localisées (le bras ou
une moitié du corps), il peut avoir des
hallucinations, il ressent des fourmillements dans
les membres et gesticule. Quand la crise est
généralisée, le malade passe généralement par
trois phases :
– La phase tonique : elle dure une à deux
minutes pendant lesquelles les muscles se
contractent. Il arrive que le malade se morde la
langue.
– La phase clonique : pendant une vingtaine de
secondes qui peuvent conduire à un blocage de la
respiration, les contractions musculaires se
généralisent et s’intensifient.
– La phase résolutive : l’ouragan semble
passé… On observe un relâchement musculaire, il
arrive que la malade ait uriné sur lui-même, il
s’endort, ronfle, puis se réveille. Et quand vous
lui racontez ce qui est arrivé, il vous dit : « Quoi ?
Moi ? Quand ? T’es fou ? Tu rigoles ou quoi ? »
Bref, il ne se souvient de rien.
Que la crise soit partielle ou généralisée,
l’entourage se doit de réagir. Et là, il y a les
choses à faire et les choses à ne pas faire…
À faire :
– Allonger la personne sur le côté, en position
latérale de sécurité.
– Veiller à ce qu’elle dispose de suffisamment
d’espace autour d’elle.
– Protégez sa tête avec un objet confortable
(coussin, vêtement plié) de manière à éviter que le
malade se blesse.
– Desserrez ses vêtements, notamment au
niveau du col et de la taille (ceinture).
– Appeler les secours si la crise dure plus de
5 minutes ou que l’état d’inconscience se prolonge
au-delà de 10 minutes. Le Samu, je le rappelle,
c’est le 15…
À ne pas faire :
– Déplacer la personne (sauf en cas de danger
immédiat : pièce exiguë, proximité d’un mur ou
d’objets contondants ou potentiellement
blessants).
– Tenter de contenir les mouvements
convulsifs.
– Donner à boire au malade et a fortiori lui
mettre quoi que ce soit dans la bouche.
On l’appelle le régime cétogène. Il est bourré
de lipides : du gras, encore du gras et pour finir, un
peu de gras ! Ce régime, où les calories
proviennent à 90 % des lipides, ferait se retourner
dans leurs tombes vingt générations de
nutritionnistes. Pourtant, il arrive que les
médecins le prescrivent à des épileptiques sur
lesquels les médicaments disponibles sur le
marché n’ont aucun effet. Et de s’en féliciter, car
cet improbable régime est efficace : il permet une
réduction spectaculaire des crises. Bien sûr, il ne
peut être suivi que sur prescription et avec
l’accompagnement d’un médecin. Pour la petite
histoire, il n’a rien de nouveau : il date de 1921, a
été mis de côté quand sont apparus les
antiépileptiques, avant de revenir en grâce. Sa
mise au point a été faite aux États-Unis dans une
clinique dont il me plaît de vous donner le nom :
la clinique Mayo ! Ça ne s’invente pas, c’est de
l’humour gras…
Épilogue

Au terme de ces pages, j’emprunterais


volontiers à la philosophie chinoise et à l’un de
ses totems, Confucius, auteur de cette formule
d’une paradoxale splendeur : « On a deux vies. Et
la seconde commence quand on réalise qu’on n’en
a qu’une… » Poétique, non ? Et si vrai.
Je souhaite qu’en refermant ce livre (que vous
aurez cependant tout loisir de rouvrir de temps à
autre, il a été écrit dans cette optique), celles et
ceux qui ne l’ont pas encore fait entament leur
seconde vie. Une vie où vous aurez pris
conscience que vous disposez d’un trésor, la
santé, et d’un organe capable de le faire fructifier,
le cerveau… Parce que le cerveau, on n’y pense
pas… Peut-être parce que c’est la seule partie du
corps qui soit insensible. On peut avoir mal au
pied, à la main, au bras, au foie, au dos, au coude,
à l’estomac, au coccyx, à tout ce que vous
voudrez, mais on n’a pas mal au cerveau. N’y
figure aucun récepteur de la douleur : touchez le
cerveau d’un patient, il ne se passera rien. C’est
ainsi, le cerveau vit sa vie. Mais n’oubliez pas
qu’il dirige la vôtre…
J’y ai fait allusion dans l’introduction, il m’est
arrivé, plus jeune, d’effectuer des dissections.
Récemment encore, à la faveur de tournages de
documentaires pour la télévision, j’ai assisté à
des autopsies. Et l’effet que me produit la vue
d’un cerveau est immuable. Je regarde ce morceau
de viande et je me dis que c’est là que tout se
passe, que j’ai sous les yeux tout ce qui meuble la
vie d’un être humain, un concentré d’images,
d’odeurs, de sons, de souvenirs, d’émotions… Je
compare l’organisme à une carte du monde et
j’imagine que le cerveau se situe du côté de
Rome, tant tous les chemins de l’existence, des
plus douloureux aux plus exaltants, semblent
mener à cet organe capital, essentiel. À vous, dès
lors, de décider de ce à quoi ressemblera votre
cerveau, donc votre vie. Votre seconde vie ! Il ne
tient qu’à vous, sans bouleverser votre existence,
de tenir compte des multiples conseils qui figurent
dans ce livre. Cette prise de conscience peut
s’opérer dès maintenant, quels que soient votre
âge et votre état de santé. Pas de révolution, juste
de petits aménagements. Agissez sur votre
alimentation, revoyez certaines de vos habitudes,
prenez le temps de faire travailler votre mémoire.
Ainsi, vous vous constituerez des réserves
cognitives où l’organisme saura puiser, sans que
vous le sachiez, lorsqu’il en aura besoin. Ainsi,
vous chouchouterez votre cerveau, cet organe dont
Jules Renard – encore un esprit futé – disait que
s’il est bien soigné, il ne se fatigue jamais.
L’enjeu ? Que votre vie soit belle, tout
simplement.
Sources

ÉTUDES

Effect of the long-term feeding of dietary


lipids on the learning ability, fatty acid
composition of brain stem phospholipids and
synaptic membrane fluidity in adult mice : a
comparison of sardine oil diet with palm oil
diet, H. Suzuki, SJ. Park, M. Tamura, S. Ando,
mars 1998.
L’influence de la musique d’ambiance sur
le comportement des consommateurs sur le
lieu de vente, Thèse de doctorat en gestion,
Sophie Rieunier, Sophie Rieunier, 2000.
Dietary folate and the risk of depression in
Finnish middle-aged men, étude du
département de psychiatrie de l’université de
Kuopio (Finlande), réalisée sous la direction
de Tommi Tolmunen, 2004.
Low folate status is associated with
impaired cognitive function and dementia in
the Sacramento area latino study on aging,
université de Berkeley (Californie), décembre
2005.
Eating fish may prevent memory loss and
stroke in old age, press release, neurology,
The Medical Journal of the American
Academy of Neurology, étude de l’université de
Kuopio (Finlande), dirigée par Jyrki Virtanen,
août 2008.
A negative Flynn effect in Finland, 1997-
2009, étude de l’université d’Oulu (Finlande) et
de l’université d’Ulster (Royaume-Uni),
réalisée sous la direction d’Edward Dutton et
Richard Lynn.
A negative Flynn effect in France, 1999-
2009, étude de l’université d’Oulu (Finlande) et
de l’université d’Ulster (Royaume-Uni),
réalisée sous la direction d’Edward Dutton et
Richard Lynn.
Early musical training and white-matter
plasticity in the corpus callosum : Evidence
for a sensitive period, Christopher J. Steele,
Jennifer A. Bailey, Robert J. Zatorre, Virginia
B. Penhune, université Concordia de Montréal
(Canada), The Journal of Neuroscience,
janvier 2013.
Short and long-term effects of a novel on
connectivity in the brain, Berns Gregory S.,
Blaine Kristina, Prietula Michael J. and Pye
Brandon E., Brain Connectivity, décembre
2013.
Neurobiology of aging, février 2016.
Physical exercise increases adult
hippocampal neurogenesis in male rats
provided it is aerobic and sustained, étude
finlandaise parue dans The Journal of
Physiology, février 2016.
Psychological language on Twitter
predicts county-level heart disease mortality,
étude du département de psychologie de
l’université de Pennsylvanie (États-Unis),
réalisée sous la direction de J.C. Eichstaedt.
Physical exercise performed four hours
after learning improves memory retention and
increases hippocampal pattern similarity
during retrieval, étude de l’université Radboud
de Nimègue (Pays-Bas) réalisée par E.V. Van
Dongen, I.H. Kersten, I.C. Wagner, R.G. Morris
et G. Fernandez, juin 2016.

SITES

www.ameli-santé.fr
www.betterise.me
www.franceparkinson.fr
www.lemonde.fr (Le cerveau assiégé par
les perturbateurs endocriniens, Stéphane
Foucart, 20 juin 2016)
www.medecine-des-arts.com
www.psychologie-positive.blogspot.fr
www.sante.gouv.fr (site officiel du
ministère français de la Santé)

REVUES

Le Point, 18 janvier 2007.


Science et Vie, décembre 2013.
Le Nouvel Observateur, du 17 au 23 avril
2014.
Sciences et Avenir, mars 2015.
Le Figaro Santé, avril-mai-juin 2015.
Science et Santé, Le magazine de l’Institut
national de la santé et de la recherche médicale,
septembre-octobre 2015.
The Lancet Neurology, juin 2016.

LIVRES

Face aux ténèbres : chronique d’une folie,


William Styron, Gallimard, octobre 1990.
La Force de l’optimisme, Martin Seligman,
Inter Éditions, 1991.
Why Humans Like Junk Food, Steven A.
Witherly, iUniverse Inc. Publishing, 2007.
K-O, le dossier qui dérange, Jean-François
Chermann, Stock, 2010.
Apprendre à être heureux, Tal Ben-Shahar,
sous la direction de Fabrice Midal, Pocket,
2012.
J’arrête d’être hyper connecté, Catherine
Lejealle, Eyrolles, 2015.
La Chrono-alimentation du cerveau, Jean-
Marie Bourre, Odile Jacob, 2016.
Le Cerveau endommagé, Barbara
Demeneix, Odile Jacob, 2016.
Ces aliments qui rendent heureux, Bernard
Fontanille et Marie-Laurence Grézaud, Michel
Lafon, 2016.
Une Mémoire infaillible, Sébastien
Martinez, Premier Parallèle, 2016.

ÉM ISSION

Les Pouvoirs extraordinaires du corps


humain, émission consacrée au cerveau,
diffusée sur France 2 – Production Éléphant et
Compagnie, Pulsations – Septembre 2014.
Remerciements

Sylvie Delassus, Capucine Ruat, Amélie


Bastide, Nathalie de la Serna, Patricia Hervé,
Alexandra Hollande-Romedenne, Paul-Louis
Belletante, Christophe Brun. Et mon cerveau.
« Je vous remercie d’avoir lu ce livre
jusqu’au bout. J’en suis ému.
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accompagner jour après jour de manière
personnalisée et pour vous aider à prendre soin de
votre santé, et à vivre mieux.
Je vous remercie une nouvelle fois et faites-
moi plaisir, prenez soin de vous, Michel »
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