Vous êtes sur la page 1sur 19

Etude BVA auprès de la population marocaine résidant en Europe

Sommaire

SOMMAIRE...................................................................................................................1
RAPPEL MÉTHODOLOGIQUE....................................................................................2
SYNTHÈSE GÉNÉRALE..............................................................................................3
I. Une nette volonté d’ouverture sur l’extérieur et d’insertion durable dans les pays
d’accueil…..............................................................................................................................3
II. …tout en maintenant un solide attachement aux liens socioculturels avec le Maroc...........4
III. Une perception globalement positive du Maroc et une expression très prudente et
pondérée de critiques et d’attentes prioritaires envers lui........................................................8
IV. Une perception mitigée de la pleine acceptation des Marocains en Europe, avec un
sentiment de discrimination très inégal selon le domaine de vie sociale...............................10
ZOOM SUR LES PAYS..............................................................................................14
Focus sur l’Espagne : Un espoir de retour au pays assez fort.......................................................14

Focus sur l’Italie : Les conditions de vie les plus difficiles d’Europe pour les MRE ? ....................15

Focus sur la France : Des 2ème générations à la fois ancrées en France et attirées par le Maroc
......................................................................................................................................................16

Focus sur les Pays-Bas : Des signes de tension, une 2ème génération en situation difficile ........17

Focus sur l’Allemagne : Des MRE plus lointains ?.........................................................................18

Focus sur la Belgique : Une situation médiane en Europe ...........................................................19

1
Rappel méthodologique

Une étude inédite auprès des Marocains et de leurs enfants vivant dans les 6 principaux pays
d’immigration en Europe

A la demande du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME), BVA a réalisé une


enquête inédite auprès de la population marocaine immigrée de première et de deuxième
génération vivant dans les 6 principaux pays européens d’immigration (France, Espagne, Italie,
Belgique, Pays-Bas et Allemagne)1.

Cette enquête a porté sur un échantillon important de 2819 personnes âgées de 18 à 65 ans,
interrogées simultanément dans les 6 pays du 16 mars au 18 avril 2009 dont :
• 503 en France
• 413 en Espagne
• 401 en Italie
• 502 en Belgique
• 500 aux Pays-Bas
• 500 en Allemagne

Les interviews ont été conduites par téléphone en France, Belgique, Pays-Bas et Allemagne. En
Espagne et Italie, où l’immigration est plus récente, les interviews ont été réalisées en face à face.

La représentativité de ces échantillons a été assurée selon la méthode des quotas au sein de
chaque pays en termes de lieu de naissance (Maroc ou pays d’accueil), sexe, âge et répartition
géographique selon les données statistiques officielles disponibles dans chaque pays2.

Afin de ne pas introduire de biais lié à la maîtrise de la langue du pays de résidence, la possibilité a
été offerte aux interviewés de répondre également en arabe ainsi qu’en berbère : 68% des
interviews ont ainsi été réalisées dans la langue du pays de résidence et 32% en arabe ou en berbère.

La note ci-dessous présente les principaux enseignements de cette étude.

Nota bene : Par simplicité nous parlerons de MRE (Marocains Résidant à l’Etranger) pour évoquer la
cible de notre étude (personnes marocaines de 1ère et 2ème génération) même si le terme « à
l’étranger » est peu adapté aux personnes naturalisées ou de 2ème génération.

1
Cf. Note méthodologique détaillée.
2
Cf. Note méthodologique détaillée.
2
Synthèse générale

I. Une nette volonté d’ouverture sur l’extérieur et d’insertion durable dans les pays
d’accueil…

Un processus d’enracinement en cours

Divers éléments tendent à montrer un certain ancrage des MRE dans les pays de résidence : plus
précisément, 78% des MRE se déclarent naturalisés (50%) ou en voie de l’être (28%) dans le pays
d’accueil.

Par ailleurs, s’ils fréquentent davantage de personnes marocaines, 87% des MRE fréquentent
souvent (46%) ou quelque peu (41%) des personnes de la nationalité du pays d’accueil.

De plus, 64% des marocains parlent la langue du pays de résidence à la maison (et 73% pour les 2 ème
générations). D’ailleurs, une majorité écrasante des parents jugent important (95% et même 80%
très important) le fait que leurs enfants parlent la langue du pays de résidence. Celle-ci est
relativement utilisée selon les dires des interviewés dans les foyers tant arabophones que
berbérophone.

D’autre part, 69% des parents ont inscrit leurs enfants à au moins une activité extra-scolaire. Ces
activités sont d’ailleurs le plus souvent séculières (50% les ont inscrit à des activités organisées par
les mairies ou par l’école) que religieuses (24% organisées par la mosquée). C’est en France que les
enfants participent le plus aux activités extra-scolaires (74%) et en Allemagne et Espagne où ils y
participent le moins (respectivement 52% et 59%). Si l’inscription des enfants à des activités
extrascolaires dépend certainement de l’offre en la matière, la situation sociale des parents influe
également : les parents de professions intermédiaires et les employés sont plus nombreux à inscrire
leurs enfants à ce type d’activité (respectivement 76% et 73%). Il semble également que les
inscriptions soient plus nombreuses dans les foyers berbérophones (73% au lieu de 68% parmi les
arabophones).

Economiquement, il faut souligner qu’il y a aujourd’hui autant de MRE propriétaires ou accédant à


la propriété d’un bien immobilier en Europe qu’au Maroc (37% environ). De plus, 13% déclarent
posséder un commerce ou des intérêts dans une activité économique dans le pays d’accueil (contre
seulement 6% qui en possèdent au Maroc).

Enfin, les MRE montrent un intérêt non négligeable pour l’actualité politique du pays de résidence
(55% disent s’y intéresser). Cet intérêt augmente de façon exponentielle auprès des 2ème
générations avec 70% qui disent s’y intéresser ce qui en fait le sujet où les 2ème générations se
distinguent le plus de leurs parents (+ 15 points). Par ailleurs, 40% sont déjà inscrits sur les listes
électorales du pays de résidence (76% pour la 2ème génération).

3
II. …tout en maintenant un solide attachement aux liens socioculturels avec le Maroc

Une grande fréquentation de personnes de même origine sans être exclusives qui perdure au niveau
des 2ème générations

Les Marocains et leurs enfants vivant en Europe ont –d’après leurs déclarations- des
fréquentations avant tout centrées sur des personnes de même origine sans être exclusives des
autres : Ils fréquentent en premier lieu des Marocains (94% dont 62% disent les fréquenter
« beaucoup ») ainsi que des autochtones (87% dont 46% disent les fréquenter « beaucoup »). Les
MRE (Marocains Résidant à l’Etranger) fréquentent aussi d’autres étrangers (72% dont 29%
« beaucoup ») mais le seul pays où cette mixité avec d’autres populations étrangères est
relativement forte est la France (39% « beaucoup ») certainement en raison de la présence d’une
forte immigration maghrébine.

Les 2ème générations ont ceci de particulier qu’elles s’ouvrent davantage aux personnes du pays de
résidence3 tout en maintenant –toujours en déclaratif bien entendu- un lien tout aussi étroit que
leurs parents avec la « communauté » d’origine -voire plus étroit encore-: Ainsi, elles sont 62% à
dire fréquenter beaucoup les personnes du pays de résidence au lieu de 40% seulement pour la
génération de leurs parents. Elles sont par ailleurs 65% à déclarer fréquenter « beaucoup » des amis
ou connaissances marocaines ou d’origine marocaine pour 61% des 1ère générations.

Cette fréquentation assidue de la « communauté » marocaine est commune à l’ensemble des pays
mis à part l’Espagne où les Marocains semblent légèrement moins en contact avec les autochtones
(ils fréquentent plus que la moyenne des Marocains (75% « beaucoup ») et moins de personnes du
pays de résidence (28% « beaucoup »)). A l’inverse, les Marocains vivant en Allemagne sont ceux qui
se disent relativement moins en lien avec la communauté (47% la fréquentent « beaucoup »).

Une population majoritairement endogame

Par ailleurs, les mariages se font avant tout au sein de la communauté (88%). Les 2 ème générations
sont significativement plus nombreuses (16%, + 4 points) à se marier avec des personnes non
originaires du Maroc mais ce type de mariage reste l’exception plutôt que la règle. Cette faible
exogamie est à rapprocher de l’importance relative accordée par les parents à ce que leurs enfants
« se marient avec une personnes marocaine ou d’origine marocaine » (67% jugent cela « important »
dont 48% « très important »). Certes, l’importance accordée à « l’ethnicité » est moindre que celle
accordée à la maîtrise de la langue de résidence (95%), au maintien des liens familiaux (95%) ou
encore à un mariage au sein de la communauté musulmane (78%) mais elle reste majoritaire. Par
ailleurs, à la deuxième génération, 60% des parents continuent de juger important que leurs enfants
se marient avec une personne marocaine ou d’origine marocaine même si l’intensité de la réponse
faiblit énormément : le pourcentage de « très important » diminue de 55% à 33% (!).

Malgré une transmission partielle de la langue

3
Le libellé exacte de la question mentionne des « personnes de nationalité du pays de résidence (qui ne sont
pas d’origine marocaine) ».
4
Globalement, dans les foyers des Marocains résidant en Europe, la langue du pays de résidence,
l’arabe dialectal et le berbère cohabitent. Parmi les parents arabophones, 87% déclarent que leurs
enfants parlent la langue même si 34% seulement la parlent couramment. Parmi les parents
berbérophones, 66% déclarent que leurs enfants parlent la langue même si 24% seulement la parlent
couramment. D’ailleurs, les berbérophones semblent davantage utiliser la langue du pays de
résidence comme langue de communication dans le foyer. Notons que 34% des parents ont inscrit au
moins une partie de leurs enfants à des cours de langue.

5
Un Maroc très présent

Il est surprenant tout au long de ce sondage de constater combien les 2 ème générations ont des
réponses proches de leurs parents et combien il leur importe de maintenir un lien fort avec le Maroc
et les personnes d’origine marocaine dans leur pays de résidence. Le seul pays où un léger
décrochage est constaté est l’Allemagne.

D’importants liens familiaux, de voyage et financiers

Ainsi, le maintien des liens familiaux est quelque chose d’encensé de manière très consensuelle par
les parents qu’ils soient de 1ère ou de 2èmegénération (jugé très important respectivement à 80% et
75%).
Plus étonnant, la fréquence –déclarée- de voyage au Maroc est non seulement importante -7 MRE
sur 10 disent s’y rendre au moins une fois par an- mais elle ne semble pas en baisse auprès des 2 ème
générations sauf peut-être en Allemagne où le décrochage est assez net (-19 points de fréquentation
annuelle du Maroc).
Pourtant le voyage au Maroc n’est pas toujours de tout repos. Interrogés sur les éventuelles
difficultés rencontrées, peu de Marocains osent s’exprimer mais ceux qui le font (35%) soulèvent des
problèmes de taille. Les difficultés rencontrées lors des voyages sont en effet principalement dues au
temps d’attente (28% de citations spontanées), aux difficultés administratives (24% de citations) mais
celles-ci cachent aussi des problèmes de corruption tant de la gendarmerie (21%) que de la douane
(17%).

En plus de maintenir des liens familiaux et des visites fréquentes au Maroc, les MRE maintiennent
également –toujours en déclaratif- des liens financiers avec le Maroc. Ce lien passe avant tout par
un soutien direct et individuel à sa famille pour 6 MRE sur 10. Par ailleurs 37% des MRE déclarent
posséder un bien immobilier et 24% des terres au Maroc. Le soutien à des associations est moins
répandu (11%) ainsi que l’investissement dans un commerce ou une activité économique non lié à la
famille proche (6%).

Le Maroc, un pays pour s’installer durablement ?

Comparé à ce qu’il aurait pu être si la question avait été posée il y a une dizaine ou une vingtaine
d’années, le pourcentage de MRE de première génération déclarant envisager vivre au Maroc pour
leurs vieux jours n’est peut-être pas si élevé mais représente tout de même une majorité de 52%
d’entre eux contre 30% qui se projettent en Europe et 16% qui ne préfèrent pas se prononcer sur
cette question d’avenir.

6
Ce souhait de retour concerne avant tout l’Espagne où l’immigration est en effet plus récente et
peut-être plus court-termiste (69% envisagent de vivre au Maroc pour leurs vieux jours) mais aussi la
France (50%) et les Pays Bas (48%). A l’inverse, en Allemagne et surtout en Belgique, le souhait de
retour est plus limité (respectivement 42% et 38%).

Pour les 2ème générations, le Maroc est avant tout un pays où aller pour des visites ou des vacances
(73%). Toutefois 40 % des enfants de Marocains vivant en Europe envisageraient une installation
durable au Maroc soit de manière provisoire (23%) voire même définitive (23%) (!). Il s’agit
principalement d’un phénomène observable en France et aux Pays-Bas.

7
III. Une perception globalement positive du Maroc et une expression très prudente et
pondérée de critiques et d’attentes prioritaires envers lui

Une image positive de la situation au Maroc

Les Marocains vivant en Europe et leurs enfants sont plutôt positifs sur la situation au Maroc et se
disent globalement satisfaits tant au niveau des relations entre le Maroc et les MRE (66% sont
satisfaits), des droits des femmes (58%), de l’économie (58%) ainsi qu’une courte majorité en ce qui
concerne les droits de l’homme (54%). Cette adhésion majoritaire en niveau est toutefois faible en
intensité avec des interviewés qui se disent « plutôt » satisfaits que « très satisfaits».

Sur l’ensemble des ces questions, les MRE vivant en Italie sont, pour leur part, plus critiques
d’environ 20 points de plus. Les 2ème générations sont plus critiques sur les conditions économiques
(39% les jugent insatisfaisantes, + 10 pts par rapport à la 1 ère génération) et sur le traitement des MRE
par le Maroc (31% d’insatisfaits, + 5 pts). Les 2 ème générations sont par ailleurs plus divisées sur la
question des droits de l’homme à propos de laquelle ils osent d’ailleurs davantage s’exprimer (6% ne
se prononcent pas contre 13% pour les 1ère générations) : ainsi ils sont à la fois plus nombreux que
les 1ère générations à les juger satisfaisants (56%, + 4pts) qu’insatisfaisants (38%, + 4 pts).

Par ailleurs, sur la majorité de ces éléments, les personnes exerçant des professions dites supérieures
et les étudiants sont plus critiques que la moyenne (5 à 10 points d’insatisfaction en plus de la
moyenne) ainsi que les habitants originaires de l’Atlas (+ 12 pts d’insatisfaction par rapport à la
moyenne s’agissant des relations avec les MRE, +12pts pour le droit des femmes et + 6pts
concernant les droits de l’homme).

8
Dans le détail on notera également que sur la situation économique au Maroc, ce sont les personnes
originaires des régions de Sous et des provinces du Sud qui sont les plus critiques (respectivement 37
et 44%).
Les femmes, elles, sont plus sceptiques que la moyenne sur le droits de leurs consœurs au Maroc ;
36% les jugeant insatisfaisant (+ 4 points par rapport aux hommes). A la deuxième génération, elles
s’expriment d’ailleurs plus facilement (5% ne se prononcent pas contre 10% à la première génération
de marocaines) et de manière plus négative (40% d’avis négatifs).

Les attentes vis-à-vis du Maroc : facilitation des allers et venues « physiques » et « culturelles »

Malgré l’aspect assez positif des opinions sur la situation au Maroc, la question ouverte permet de
déceler certains points problématiques dans la relation des MRE et surtout de leurs enfants avec le
Maroc. Ces derniers se plaignent d’un manque de reconnaissance de la part des autorités comme de
la population (1ère citation spontanée à 31 % et 54% ( !) auprès des 2ème générations et ce notamment
en France et aux Pays-Bas).

La deuxième attente forte des MRE est la facilitation des démarches administratives (27% de
citations spontanées et 1er élément cité en assisté à 57%), revendication qui cache certainement un
souci plus large de rationalisation et de lutte contre la corruption (citée explicitement à 15% en
spontané).

Enfin, une des attentes fortes qui émerge en spontané (en 3ème à 17%) et en assisté (3ème à 42%)
concerne les actions en faveur de la 2ème génération notamment pour leur faciliter l’accès à la culture
or le chantier est de taille si l’on en croit les données concernant la difficulté de transmission de la
langue.

9
IV. Une perception mitigée de la pleine acceptation des Marocains en Europe, avec un
sentiment de discrimination très inégal selon le domaine de vie sociale

Des conditions sociales difficiles

La population des MRE apparaît sociologiquement assez défavorisée : 40% d’entre elle déclarent
avoir connu une période de chômage au cours des 3 dernières années. Pour comparaison, « seuls »
18% de l’ensemble des personnes entre 18 à 65 ans résidant en France répondent par l’affirmative à
cette question4 contre 33% parmi les MRE (+ 15 points !). Les pays où les MRE sont les plus touchés
par le chômage semblent être l’Espagne (61%), l’Italie (41%) et les Pays- Bas (38%). Ce taux de
chômage est inférieur à la 2ème génération (il passe de 42% à 32%) à l’exception notable de la France
et de la Belgique (même taux de 33% environ aux deux générations).

Au niveau des catégories professionnelles, les MRE occupent majoritairement des emplois
d’ouvriers (28%) notamment en Espagne et en Italie (plus de 40%) ou d’employés et personnels de
service (18%) notamment dans les pays d’immigration plus ancienne (Belgique, France, Allemagne
et Pays-Bas). Les proportions de cadres ou professions intermédiaires sont très faibles
(respectivement 4% et 11%). A la 2ème génération, la proportion d’ouvriers baisse de moitié au profit
avant tout des employés (21%). C’est à la 2 ème génération que l’on doit la majorité des cadres et
professions intermédiaires (respectivement 5 et 11% au lieu de 3 et 6% à la 1ère génération).

Le type d’habitat nous renseigne également sur les conditions de vie des MRE. Plus d’un quart
d’entre eux déclarent vivre « dans un loger social ou à loyer modéré ». Pour comparaison, cette
proportion qui est également celle déclarée par les MRE vivant en France est 5 fois supérieure à la
proportion de Français de 18 à 65 ans déclarant vivre en logement social5. C’est aux Pays-Bas que les
personnes marocaines et leurs enfants vivent le plus dans des logements sociaux. Cette politique
volontariste au niveau du logement permet semble-t-il d’ailleurs d’évacuer cette question des
préoccupations des MRE (cf. plus avant la question des discriminations). La proportion de MRE
résidant en logement social passe de 27% à la 1ère génération à 22% à la 2ème.

4
Sondage réalisé par BVA du 15 au 16 mai par téléphone auprès d’un échantillon national représentatif de
1000 Français.
5
Sondage réalisé par BVA du 15 au 16 mai par téléphone auprès d’un échantillon national représentatif de
1000 Français.
10
Image des MRE dans les pays de résidence : Un sentiment de rejet assez fort

L’image des Marocains résidant dans chacun des pays européens apparaît bien moins flatteuse que
celle du Maroc lui-même : ainsi, si 78% des MRE pensent que le Maroc bénéficie d’une bonne image
dans leur pays de résidence, ils ne sont plus qu’un sur deux à penser la même chose des Marocains
résidant dans chacun des pays européens. De plus les 2ème générations partagent ce sentiment de
rejet avec un écart de perception encore plus fort entre l’image du Maroc (84%) et celle des MRE
(51%). Dans certains pays comme les Pays-Bas, l’Italie et l’Espagne, le sentiment de rejet est même
majoritaire (respectivement 64%, 61% et 53%). A l’inverse, la situation semble plus apaisée en
Allemagne et en France (respectivement 66% et 64% de bonne image). Ce sont les personnes
originaires du Nord du Maroc et de l’Atlas qui ont le plus le sentiment que les MRE ont une mauvaise
image dans le pays de résidence (respectivement 50% et 58% de mauvaise image perçue). Plus les
interviewés sont arrivés récemment en Europe, plus cette perception pessimiste est forte (de 27%
seulement pour ceux arrivés dans les années 70 à 48% de ceux arrivés dans les années 2000). C’est
également le cas de ceux qui ont connu une période de chômage (44% « mauvaise image »).

Un sentiment de discrimination pour l’accès au travail et au logement

Plus concrètement, les personnes marocaines ou d’origine marocaine ont le sentiment d’être
confrontées à une discrimination importante pour l’accès au travail et au logement : 72% des MRE
considèrent qu’il leur est plus difficile de trouver un travail par rapport à la plupart des habitants
de leurs pays de résidence et 61% de trouver un logement. A l’inverse, l’accès aux soins (17% de
difficulté seulement) et à la scolarité (26%) sont plutôt facilités pour les MRE.

11
Les 2ème générations partagent ce sentiment de discrimination (travail, logement) avec par ailleurs
des préoccupations plus marquées que les première générations quant à la reconnaissance au sein
du milieu professionnel, à la pratique religieuse et à la scolarité (54% considèrent qu’il est plus
difficile d’être reconnu dans son travail au lieu de 42% pour les 1ère générations, 45% au lieu de 30%
pour ce qui est de la religion et 29% au lieu de 26% pour ce qui est de la scolarité).
Les situations sont très diverses selon les pays mais les deux pays où les discriminations sont
ressenties le plus fortement sont l’Italie et, dans une moindre mesure, les Pays-Bas. Elles
concernent non seulement des questions d’ordre social (accès au travail et au logement (Italie) ou
aux soins (Pays-Bas)) mais aussi de tensions dans les relations avec les habitants (sentiment fort de
discrimination religieuse (en Italie 50% et aux Pays-Bas 39%)) et de reconnaissance dans le travail
(58% de difficultés en Italie et 55% aux Pays-Bas).

Une moindre focalisation sur la question religieuse

Comparée à la question du travail et du logement, celle de la pratique religieuse semble beaucoup


moins problématique : 34% seulement des MRE ont le sentiment qu’il leur est plus difficile de
pratiquer leur religion en comparaison à la plupart des habitants des pays de résidence contre 63%
qui estiment au contraire soit qu’ils n’ont ni plus ni moins de difficultés que les autres habitants
(30%) soit que cela leur est même plus facile (33%). Les 2ème générations semblent toutefois plus
critiques que leurs parents dans l’ensemble des pays (45% de difficultés) excepté en Allemagne.

En pratique, 47 % des MRE déclarent fréquenter régulièrement une mosquée. Cette fréquentation
oscille entre 55% des MRE en Espagne (dont 23% déclarent une fréquentation quotidienne) à
seulement 40% en France. Ce sont avant tout les hommes qui fréquentent la mosquée (62% ont une
fréquentation régulière au lieu de 29% des femmes). La fréquentation déclarée est également très
clivée selon la profession exercée : 64% des commerçants et professions libérales, 62% des ouvriers
pour 33% des employés et 32% des cadres et professions intellectuelles supérieures.

12
A la 2ème génération, la tendance –toujours en déclaratif- est à la baisse (40% de pratique régulière
déclarée, -7 pts) sauf aux Pays-Bas où la pratique déclarée est plus élevée (50%, + 4 pts / 1ère
génération) et en France où elle est très proche (39%, - 2 pts / 1ère génération).

Interrogés sur la qualité des prêches qui leur sont proposés et des locaux mis à leur disposition, les
personnes pratiquantes se révèlent peu revendicatives -l’Italie exceptée- : 73% jugent les prêches
adaptés à leur vie dans le pays de résidence ; 68% jugent les mosquées qu’ils fréquentent bien
placées et 65% donnant une bonne image de l’islam. Les 2 ème générations qui fréquentent la
mosquée sont d’ailleurs plus positives que leurs parents.
Bien que majoritairement satisfaits, les interviewés sont toutefois moins unanimes quant au nombre
suffisant des mosquées et à leur taille : 58% les jugent suffisamment nombreuses contre 39% d’avis
inverse et 54% suffisamment grandes contre 43%. La question de l’étroitesse des locaux et de leur
nombre insuffisant est un problème davantage évoqué en Italie, en Espagne et, dans une moindre
mesure, en France.

***

Département Opinion

13
Zoom sur les pays
Les Marocains Résidant en Europe ont des profils ainsi que des préoccupations assez différenciées
selon les pays de résidence. La présente synthèse résume les traits les plus marquants par pays.

Focus sur l’Espagne : Un espoir de retour au pays assez fort

Les MRE6 résidant en Espagne, partagent avec les résidants en Italie une arrivée récente, un profil
plus masculin et le fait d’être dans des situations de grande précarité (respectivement 9% et 24% de
personnes naturalisées contre 70% en moyenne dans les autres pays, ils travaillent à 40% comme
ouvriers contre 20% dans les autres pays, 61% de ceux d’Espagne ont connu une période de
chômage, etc).

Les Marocains vivant en Espagne présentent un profil particulier en cela qu’ils viennent davantage de
milieux ruraux au Maroc (ce sont les plus gros propriétaires de terres au Maroc parmi les MRE - 31%),
vivent davantage en vase clos (75% fréquentent « beaucoup » de Marocains contre 62% en moyenne
et, à l’inverse, peu d’Espagnols ; 28% contre 46% en moyenne), vont assidument à la mosquée (23%
de fréquentation quotidienne au lieu de 12% en moyenne) et sont les plus nombreux à envisager le
retour dans leur pays d’origine (70% contre 52% en moyenne).

Si, sans surprise suite aux différents incidents diplomatiques, l’Espagne est le pays où le Maroc a
relativement la moins bonne image (64% de bonnes opinions), ce n’est pas le pays où les
Marocains se sentent le plus rejetés ! : la situation est en effet plus tendue en Espagne qu’en
Allemagne ou en France (51% des Marocains jugent qu’ils y ont une mauvaise image) mais elle l’est
finalement moins qu’en Italie et aux Pays-Bas où le sentiment de rejet est nettement majoritaire
(respectivement 61% et 64%). Si les Marocains d’Espagne éprouvent vraiment de grandes difficultés
à trouver du travail par rapport à la population autochtone (80%, +8pts / moyenne) ainsi que pour
trouver un logement (67%, + 6 pts), ils éprouvent encore moins de difficultés que dans la majorité
des autres pays pour pratiquer leur religion (17% au lieu de 34% en moyenne) et semblent bénéficier
de dispositifs publics performants en matière de scolarité et de soins médicaux.

C’est par ailleurs le pays où les 1ère générations imaginent le plus rentrer au pays pour leurs vieux
jours (69%, + 17 pts) plutôt que de rester en Espagne (18%). Est-ce le fait de la proximité des deux
pays qui facilite les allers-retours ou est-ce un signe d’une résidence perçue comme nécessairement
provisoire ?

6
(Marocains Résidant à l’Etranger)
14
Focus sur l’Italie : Les conditions de vie les plus difficiles d’Europe pour les MRE ?

L’Italie semble être le pays où les MRE ont les conditions de vie les plus difficiles. Les Marocains
vivant en Italie partagent avec ceux d’Espagne un profil sociologique assez défavorisé, mais que l’on
devine davantage urbain que rural. Ils déclarent venir du Grand Casablanca (32%) et comptent
comme souligné précédemment beaucoup d’ouvriers ainsi qu’un nombre relativement important de
commerçants (18% au lieu de 8 % en moyenne).

Les Marocains résidant en Italie semblent vivre un peu moins en autarcie que ceux d’Espagne (11%
d’exogamie au lieu de 5% en Espagne, fréquentent un peu moins la communauté marocaine (60%
« beaucoup », proportion proche de la moyenne européenne). Ils n’en souffrent pas moins, comme
souligné précédemment d’une image extrêmement détériorée auprès des Italiens (61% pensent
que les Italiens ont une mauvaise image d’eux). Il s’agit par ailleurs de la population immigrée qui a
le sentiment le plus élevé de discriminations à son égard tous domaines confondus qu’il s’agisse de
l’accès au logement (79%, + 18 pts), de l’accès au travail (78%, + 6 pts / moyenne), d’être reconnu
dans celui-ci (58%, + 13 pts), de pratiquer sa religion (50%, + 16 points), de poursuivre sa scolarité
(39%, + 13 pts) ou même d’être soigné correctement (31%, + 14 pts). Sur les trois derniers éléments
cités (scolarité, soins et surtout religion) ce sentiment fort de discrimination est d’autant plus
marquant qu’il est très limité dans le reste des pays européens.

La question religieuse est d’autant plus préoccupante qu’elle semble non seulement liée à un
sentiment de discrimination mais aussi à un manque de moyens finalement peu décrié partout
ailleurs en Europe. L’Italie est le deuxième pays où la population MRE fréquente le plus assidument
les mosquées après l’Espagne (41% y vont plus d’une fois par semaine contre 48% pour l’Espagne). Il
s’agit du pays où le plus de parents inscrivent leurs enfants à des activités organisées par des
mosquées (40% contre 24% en moyenne). Or c’est le seul pays où les critiques au sujet des lieux de
cultes sont très vives : selon les personnes qui les fréquentent les lieux de cultes sont mal placés,
donnent une image peu valorisante de l’islam, sont en nombre insuffisant et de taille trop réduite
(respectivement 49%, 56%, 57%, 55% des MRE d’Italie partagent ces opinions).

Enfin, peut-être du fait de leur arrivée récente et de ces conditions de vie particulièrement lourdes,
les MRE d’Italie semblent moins en lien immédiat avec le Maroc : Un sur deux (52%) y va au moins
une fois par an ce qui est la plus faible proportion observée parmi l’ensemble des pays européens
étudiés et seulement un sur deux (52%) dit soutenir financièrement de la famille (ce qui est
également parmi les plus faibles proportions par rapport à La France (68%), la Belgique (60%) ou les
Pays-Bas ( 59%)). Ils sont également plus divisés sur la question du retour au Maroc : 46% y songent
contre 38% envisagent plutôt de vivre dans le pays de résidence. L’investissement immobilier des
MRE d’Italie reflète cette situation puisqu’ils sont parmi les plus actifs dans l’achat et la construction
de logement dans leur pays de résidence (58%) comme au Maroc (39%). Ce fort investissement dans
l’immobilier et dans le commerce (21% soit la plus forte proportion parmi les 6 pays) croisé avec un
faible intérêt pour l’actualité politique du pays par rapport aux autres pays (42%, -13 pts /
moyenne) semble dresser le portait – portrait qui mériterait bien entendu d’être approfondi – d’une
population qui entretient pour l’instant avec le pays de résidence un rapport avant tout
économique.

15
Focus sur la France : Des 2ème générations à la fois ancrées en France et attirées par le Maroc

Les MRE vivant en France sont ceux qui déclarent à la fois un grand attachement au maintien des
liens avec des personnes de même origine et la plus grande mixité avec la population locale : ainsi
ils fréquentent beaucoup des personnes d’origine marocaine (60% « beaucoup ») tout en
fréquentant le plus d’autochtones (60%, + 14pts/ moyenne) ainsi que d’autres populations
étrangères (39%, + 10 pts). Il s’agit de la population le plus exogame après l’Allemagne (16%). Il s’agit
par ailleurs du pays où les MRE se disent le plus s’intéresser à l’actualité politique (67%, + 12 pts /
moyenne) notamment au sein des 2ème générations (78%, + 8 pts / moyenne des 2ème générations).

D’un autre côté, les MRE de France sont parmi les plus en lien avec le Maroc : Tout d’abord c’est le
pays où le maintien des liens familiaux est le plus encensé (86% de « très important » et quasiment
autant auprès des 2ème générations au lieu de 73% en Belgique et 57% au Pays Bas). De plus, 73%
déclarent y voyager au moins une fois par an soit quasiment autant que ceux d’Espagne. Ils sont ceux
qui déclarent le plus aider financièrement de la famille au Maroc (68%, + 9 pts/ moyenne) et le plus
investir dans la construction ou l’achat de biens immobiliers au Maroc (45%, 8 pts/ moyenne). Ils
possèdent également un peu de terres (28%, + 4 pts/ moyenne) et sont les plus actifs dans le soutien
aux associations locales (14%). Mais la France est surtout avec le Pays-Bas un des pays où les MRE
de première génération s’imaginent le plus retourner pour leurs vieux jours (1 sur 2 contre
seulement 30% qui s’imaginent vieillir en France ou aux Pays-Bas) tandis que ceux de la 2 ème
génération n’excluent pas de s’y installer durablement (respectivement 42% et 52% contre
seulement 14% en moyenne pour les quatre autres pays). Ils sont d’ailleurs tout aussi peu critiques
que leurs parents quant à la situation au Maroc et beaucoup moins que les 2ème générations
d’Allemagne par exemple concernant les relations avec les MRE (68% de satisfaits,-3 pts/ 1 ère
générations) les droits des femmes (57%, - 3 pts), les droits de l’homme (61%, + 8pts) excepté
toutefois concernant la situation économique (51%, - 10 pts).

Au global, par rapport à l’Italie, l’Espagne et aux Pays-Bas, la société française semble plus paisible
pour les MRE : c’est le pays où le Maroc est le mieux vu selon les MRE (92% des MRE pensent qu’il
a une bonne image, + 14 pts / moyenne) et un des pays où les MRE pensent avoir la moins
mauvaise presse après l’Allemagne (64% pensent que les Français ont une bonne opinion d’eux, 14
pts/ moyenne). De même, le sentiment de discrimination pour l’accès et la reconnaissance au travail,
(respectivement 68% et 45% des MRE estiment avoir plus de difficultés que la moyenne de la
population dans ces domaines) ainsi qu’au logement (60% « plus de difficulté ») est très élevé mais
plutôt dans la moyenne basse de l’ensemble des pays étudiés. Il est toutefois inquiétant de constater
que la 2ème génération est plus pessimiste que la 1ère génération sur ces éléments.

Enfin, pour ce qui est de la question religieuse, la France est le pays où la fréquentation des lieux de
cultes est la plus faible – en déclaratif toujours - (40% mais notons qu’elle est, comme aux Pays-Bas
et en Belgique quasiment identique entre la 1ère et la 2ème génération). Le sentiment de discrimination
quant à la pratique religieuse est dans la moyenne européenne (moyen 37%), même si la 2 ème
génération est, une fois de plus, plus sceptique (48%, + 18 pts/ 1ère et +3 pts / moyenne). En France
seules les questions du nombre et de la taille des lieux de cultes semblent problématiques
(respectivement 37% et 42% d’insatisfaits). Parmi les pays d’installation ancienne pour les MRE, la
France est celui où ces deux aspects sont les plus mal notés.

16
Focus sur les Pays-Bas : Des signes de tension, une 2ème génération en situation difficile

Les Pays-Bas partagent avec la France la particularité d’avoir une population marocaine de 2 ème
génération très attachée au Maroc et plus généralement aux traditions de leurs parents. La
situation est toutefois beaucoup plus tendue qu’en France.

En réalité, c’est le pays où les MRE se sentent le plus mal vus (64% pensent que les Hollandais ont
une mauvaise image d’eux, + 14 pts /la moyenne). Mis à part la question du logement pour laquelle
une politique publique efficace semble mise en place (40% des MRE vivent dans des logements
sociaux contre 26% en moyenne), les MRE se sentent discriminés pour trouver un travail (73%) mais
aussi pour être reconnu dans celui-ci (55%, + 10 pts / moyenne). Par ailleurs c’est le seul pays où
l’accès aux soins est problématique pour plus d’un MRE sur deux (54%). Enfin, sur l’ensemble de
ces éléments il est inquiétant de constater que les 2ème générations sont plus alarmistes que leurs
aînés.

Sans atteindre les proportions alarmantes de la situation en Italie, la question religieuse semble
également poser problème : 39% des MRE ressentent une discrimination (+ 9pts/ moyenne) et ce
notamment parmi les 2ème générations (45%). Si la fréquentation des lieux de cultes n’est pas plus
élevée qu’ailleurs (48% toujours en déclaratif), il est toutefois surprenant de constater qu’elle l’est
quasiment plus parmi la 2ème génération que parmi la 1ère (50% au lieu de 46%). Les pratiquants sont
toutefois assez peu revendicatifs sur la qualité des lieux de culte mis à leur disposition laissant
supposer que la difficulté de pratique est moins liée à des considérations matérielles qu’à une
question d’image de l’islam aux Pays-Bas.

Pour revenir à la question de la 2ème génération, elle apparaît, comme en France très attachée au
Maroc où elle retourne très souvent (66% y vont au moins une fois par an soit quasiment plus que
leurs aînés). C’est le pays où la 2ème génération est la plus encline à vivre provisoirement ou même
définitivement au Maroc (52% !). Ce sont par ailleurs les deux pays où les 2ème générations se
montrent les plus en attente de reconnaissance et de considération de la part des autorités comme
des Marocains eux-mêmes.

17
Focus sur l’Allemagne : Des MRE plus lointains ?

Les MRE vivant en Allemagne présentent un profil atypique par rapport à leurs confrères des
autres pays européens. En nombre plus faible dans un pays plus éloigné du Maroc, ils semblent
avoir davantage coupé les liens avec le pays d’origine et vivre un peu moins entre eux.

L’Allemagne est, à ce titre, le pays à la plus forte exogamie (1 personne sur 5 est mariée hors de la
« communauté » marocaine), le seul où des les parents interrogés affirment majoritairement qu’il
n’est pas important que leurs enfants se marient avec une personne marocaine ou d’origine
marocaine (50%, + 20 pts/ moyenne) et où les MRE fréquentent le moins les personnes de même
origine (47% « beaucoup », - 15 pts/ moyenne). Garder des liens avec la famille au Maroc est bien sûr
considéré comme important (93%) mais il n’est pas anodin que seuls 62% choisissent la réponse
« très important » au lieu de 79% en moyenne. Les MRE d’Allemagne se rendent moins souvent au
Maroc que ceux des autres pays (56% au moins une fois par an, - 13 pts/ moyenne) et déclarent le
moins subvenir au besoin de leur famille là-bas (41%, - 18 pts). Avec la Belgique, l’Allemagne est le
pays où les 1ère générations envisagent le moins de retourner au Maroc pour leur vieux jours (42%,
- 10 pts/ moyenne).

Les MRE semblent vivre dans une ambiance apaisée : l’Allemagne est le pays où les MRE ont le
moins le sentiment d’être stigmatisés (66% des MRE d’Allemagne pensent que les Allemands ont
une bonne image d’eux, + 16 pts/ moyenne). Même si le fait de trouver un travail, d’être reconnu
dans celui-ci et de trouver un logement restent des domaines dans lesquels une certaine
discrimination est perçue de la part des Marocains (respectivement à 53%, 41% et 39%) ce ressenti
est bien moins fort que dans l’ensemble des pays étudiés. Notons également qu’il s’agit du pays où
les pratiquants sont les plus satisfaits des lieux de cultes et où le sentiment de discrimination
religieuse est le plus faible (27% jugent qu’il leur est plus difficile que la moyenne de la population
de pratiquer leur religion). Il existe toutefois un domaine où l’Allemagne est moins bien jugée que les
autres pays, c’est sur le fait de pouvoir poursuivre sa scolarité ou une formation (38% estiment qu’ils
ont plus de difficulté, + 12 pts/ moyenne).

Par rapport aux 2ème générations vivant en France et aux Pays-Bas, celle d’Allemagne semble à la
fois dans une situation plus apaisée au sein de son pays de résidence et moins en demande vis-à-
vis du pays d’origine : Il n’ y a en effet qu’en Allemagne que les 2ème générations sont plus optimistes
que les 1ère générations sur l’image des MRE (69%, + 4 pts) et où ils ont un sentiment de
discriminations moins grand pour l’accès au travail (40, -15 pts), au logement (36%, - 4pts), etc . Par
ailleurs les 2ème générations d’Allemagne sont celles qui vont le moins au Maroc (40% au moins une
fois par an, -19pts/ 1ère génération) et ont l’image la moins idyllique de la situation au Maroc qu’il
s’agisse de la relation avec les MRE 48% d’adhésion, -15 pts / moyenne des 2ème générations), du
droits des femmes (48%, 9pts), des droits de l’homme (45%, -11 pts) ou de la situation économique
(31%, -21pts).

18
Focus sur la Belgique : Une situation médiane en Europe

Pays d’immigration assez ancienne, la Belgique offre aux MRE un environnement de vie plutôt
proche de celui de la France que des situations de précarité espagnole et italienne ou même de la
tension observable aux-Pays-Bas. Les phénomènes observés y sont toutefois moins marqués : la
mixité avec la population locale existe mais est moins forte (47% fréquentent beaucoup de locaux
contre 60% en France), l’intérêt pour l’actualité politique est également palpable (58%, + 3 pts /
moyenne juste derrière la France, -9 pts). Les MRE gardent cependant des liens avec le Maroc (60%
aident leur famille soit le deuxième pays après la France) et s’y rendent souvent (65% au moins une
fois par an).

Ils semblent avoir plus de mal que l’ensemble de leurs confrères européens pour se prononcer sur la
question de leur image en Belgique : 40% la jugent bonne contre 43% mauvaise avec un taux de non
réponse très important (17% ).
Pour ce qui est du sentiment de discrimination, ils ont une fois de plus une position assez médiane
avec toutefois des 2ème générations plus pessimistes que leurs aînés comme ce qui est observé en
France et aux Pays-Bas.

La question religieuse semble peu problématique : la pratique observée est dans la moyenne basse
(47% ont une pratique régulière déclarée avec une décroissance faible au niveau de la 2ème
génération ( -7 pts)). Il n’y a pas de souci particulier concernant les lieux de cultes qui satisfont les
personnes qui les fréquentent.

Tout se passe comme si les MRE de Belgique envisageaient assez sereinement leur installation
durable en Belgique. Il s’agit en effet du pays où les 1ère générations envisagent le plus de vivre
pour leurs vieux jours (39% contre 38% pour le Maroc) et où les 2ème générations sont moins
enclines à aller s’installer durablement au Maroc (29%). D’ailleurs un grand nombre de MRE belges
sont propriétaires ou accédant à la propriété en Belgique (55%) soit davantage qu’au Maroc (28%).

***

19

Vous aimerez peut-être aussi