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A l’approche des élections générales, annoncées pour le 7 novembre prochain, nous, les
membres du Conseil de Religions, voudrions adresser aux Mauriciennes et Mauriciens un
message commun où nous proposons quelques repères qui peuvent nous aider à mieux vivre
ces élections, que nous soyons électeurs ou candidats.
Nous proposons qu’aucune religion ne doive se mêler de politique de partis. Elle doit laisser
l’entière liberté à chacun d’exercer sa responsabilité en son « âme et conscience », sans lui donner
des consignes de vote. C’est pourquoi nous, les membres du Conseil des Religions, nous nous
engageons à rejeter tout discours partisan en faveur d’une formation politique ou d’une autre.
Nous réaffirmons notre conviction pour un État séculier. Cela consiste à distinguer la sphère
politique et la sphère de la religion. Ce qui n’empêche pas un partenariat car religion et politique
peuvent grandement collaborer pour le service de l’Homme et de la Nation toute entière.
En effet, les religions véhiculent des valeurs qui sont enracinées dans leurs Écritures sacrées et
qui peuvent éclairer l’organisation politique de toute société. C’est pourquoi nous faisons un
appel à toutes les Mauriciennes et tous les Mauriciens pour qu’ils exercent leur droit de vote de
manière réfléchie et sérieuse. Plus qu’un droit, voter est un devoir ; voter est une action civique
qui incombe à tout citoyen, car l’avenir politique, économique et social de notre pays en dépend.
Ce devoir concerne également les politiciens, les candidats et les élus. Une grande responsabilité
repose en effet sur eux : celle de réaliser le bien commun, c'est-à-dire d’organiser dans les
meilleures conditions le « vivre ensemble » de personnes et de groupes qui sont différents les
uns des autres par la culture et la religion.
● Nous avons le devoir d’exercer sérieusement notre droit de vote. Avant de voter, nous
devons réfléchir et prendre en considération le mérite du candidat et sa capacité de
proposer un projet viable pour l’intérêt de tous. Nous condamnons tout vote «
communal » ;
● Un citoyen qui se respecte ne vend pas son vote en échange d’un quelconque avantage.
Échanger ou vendre son vote est un acte indigne qui va à l’encontre de toute action
civique ;
● Il est antipatriotique de voter pour quelqu’un qui défendra uniquement ses intérêts ou
ceux de son groupe. On ne vote pas « pou rod so bout ». Le droit de voter nous est donné
pour élire des hommes et des femmes qui œuvreront pour le bien commun de toute la
Nation.
Alors que nous sommes entrés en plein campagne électorale, nous voudrions lancer un appel
aux politiciens et aux candidats en particulier.
● La religion et les lieux de cultes ne doivent pas être utilisés comme une plate-forme
électorale pour les candidats. Nous ne pensons pas qu’il soit opportun qu’un candidat
utilise son appartenance religieuse pour parvenir à des fins politiques ;
Et après… ?
Nous voudrions saisir cette occasion pour exprimer aussi d’autres préoccupations, par rapport
à la société mauricienne, à ceux et celles qui seront élus aux prochaines élections :
● Le communalisme menace toujours de resurgir dans les moments de tension. Il est urgent
de consolider notre identité patriotique et de donner aux Mauriciens un sens
d’appartenance à la Nation. Un effort spécial d’éducation à la citoyenneté doit être mis
en place dès l’école primaire. L’éducation au dialogue interreligieux doit aussi trouver sa
place dans le cursus scolaire.
Conclusion
Nous prions afin qu’à l’approche des élections générales, des Mauriciennes et Mauriciens de
différentes religions puissent se rencontrer pour approfondir ensemble les quelques repères
proposés ici. Nous pourrions ainsi nous entraîner à travailler pour le bien commun de notre
pays. Nous pourrions aussi rencontrer ensemble les candidats pour discuter des moyens à
trouver pour faire progresser davantage la justice et la paix.
Nous faisons un vibrant appel aux responsables religieux afin qu’ils puissent relayer ce message
dans leurs différentes institutions et qu’ensemble nous continuons à bâtir une nation de paix et
de fraternité.