Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
DOI : 10.4000/books.editionscnrs.21153
Éditeur : CNRS Éditions
Année d'édition : 2017
Date de mise en ligne : 30 octobre 2019
Collection : Les essentiels d'Hermès
ISBN électronique : 9782271122186
http://books.openedition.org
Édition imprimée
ISBN : 9782271115058
Nombre de pages : 274
Référence électronique
MERCIER, Arnaud (dir.). La communication politique : (Nouvelle édition revue et corrigée). Nouvelle édition
[en ligne]. Paris : CNRS Éditions, 2017 (généré le 12 novembre 2019). Disponible sur Internet : <http://
books.openedition.org/editionscnrs/21153>. ISBN : 9782271122186. DOI : 10.4000/
books.editionscnrs.21153.
Directeur de la publication
Dominique Wolton
Responsable de la collection
Éric Letonturier
Secrétariat de rédaction
Émilie Silvoz
Sous la direction
d’Arnaud Mercier
Dominique Wolton
Directeur de la publication
www.cairn.info/revue-hermes-la-revue.htm
http://irevues.inist.fr/hermes
www.hermes.hypotheses.org
11
12
15
La communication politique
comme nécessité sociohistorique
La mise en scène des pouvoirs
à travers l’histoire : une nécessité
anthropologique
Les détenteurs du pouvoir politique s’exposent
et se mettent en scène depuis toujours, afin d’attes‑
ter leur existence et celle de la collectivité qu’ils
incarnent. L’anthropologue Georges Balandier (1992)
décrit cette « théâtralisation du pouvoir » comme
un exercice de « transfiguration mystique », mobili‑
sant mythes, symboles, rites, et dont aucun pouvoir
ne « peut faire l’économie ». Claude Rivière (1988)
parle de « liturgies politiques ». Les démonstrations
d’existence et d’autorité des pouvoirs en place contri‑
buent à alimenter une véritable « mise en spectacle
du pouvoir », qui atteste selon l’anthropologue Marc
16
La communication : un substrat
de l’idéal démocratique
Si la théâtrocratie correspond à une forme d’uni‑
versel des pouvoirs, il n’en reste pas moins que l’avè‑
nement des idéaux démocratiques à l’ère moderne,
17
18
19
L’instrumentalisation
de la communication politique :
de la propagande au marketing
Idéalement conçue comme une publicité, un
art de rendre accessible à tous ce qui se passe dans les
rouages de décision, la communication politique s’est
muée rapidement en vecteur d’influence politique,
surtout au moment du passage au suffrage universel
comme mode suprême de légitimation. D’idéal de
transparence, elle s’est transformée en un instrument
politique pour obtenir l’assentiment du peuple, avec
20
21
22
23
Le marketing gouvernemental :
une des clés de la gouvernance moderne
Les gouvernants doivent surmonter plusieurs
défis altérant la « gouvernabilité » de nos sociétés :
– complexification des problèmes posés,
– mondialisation et libéralisation des économies,
qui ont ôté aux gouvernements beaucoup de
leur pouvoir réel d’intervention sur le fonction‑
nement de nos sociétés,
– opacité du circuit politico- administratif de la
décision.
24
25
Crises de la communication
politique contemporaine
Un nombre croissant de citoyens en France et
dans bien d’autres démocraties éprouvent la sensation
que la politique tourne à vide, qu’à force de vouloir
montrer une belle façade au détriment du contenu,
d’étaler la vie privée et la psychologie des dirigeants
au détriment des programmes, de cacher les défauts
sous des artifices cosmétiques et des rhétoriques d’en‑
fumage, la communication politique a fait perdre son
âme à la politique.
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
Hommes politiques
Médias
Medias Publics
38
39
40
Références bibliographiques
41
42
43
Éléments de définition
Autant la démocratie de masse, le suffrage uni‑
versel, les sondages et même la télévision ont finale‑
ment réussi à acquérir leurs lettres de noblesse, autant
la communication politique continue de susciter des
1. Ce texte a été publié pour la première fois dans son intégralité
dans Hermès no 4, « Le nouvel espace public », 1989, p. 27-42. Il a
été réactualisé par l’auteur en mars 2017 et réédité. La version ori‑
ginale est disponible sur : < https://www.cairn.info/revue-hermes-
la-revue-1989-1.htm>.
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
Rôles et fonctions
Le rôle essentiel de la communication politique
est d’éviter le renfermement du débat politique sur
lui-même. En intégrant les thèmes de toute nature
qui deviennent un enjeu politique et en facilitant ce
processus permanent de sélection, hiérarchisation,
élimination, elle apporte la souplesse nécessaire au
système politique. Ce va-et-vient entre les thèmes qui
entrent et ceux qui sortent se fait sans rationalité et
de manière inévitablement arbitraire, dépendant en
réalité des rapports de force.
La communication politique assure trois fonctions.
D’abord, elle contribue à identifier les problèmes
nouveaux qui surgissent, les hommes politiques et
56
57
58
La communication,
le « moteur » de l’espace public
L’existence de la communication politique, à la
fois réalité empirique et concept fondamental d’ana‑
lyse pour les démocraties dans les sociétés de masse
présente cinq intérêts du point de vue de la théorie
politique.
Elle est d’abord la preuve qu’il n’y a pas d’anta‑
gonisme structurel insurmontable entre les groupes
sociaux. La communication politique implique
l’échange, donc la reconnaissance de l’autre, c’est-
à-dire de l’adversaire. La conception de la commu‑
nication politique que je défends montre que non
seulement l’espace public n’est pas détruit, mais
que son fonctionnement, à l’échelle de la démo‑
cratie de masse, est inséparable de la valorisation
de ce concept. Quant aux médias et aux sondages,
ils n’ont pas non plus dénaturé l’espace public, tel
qu’il fut pensé au xviiie siècle, ils permettent sim‑
plement son adaptation à cette nouvelle échelle de
la « démocratie de masse ». La communication poli‑
tique, sans être la seule, est probablement une des
conditions les plus importantes du fonctionnement
de l’espace public élargi. Mais cette conception n’est
pas fréquente tant domine, au contraire, l’analyse
critique qui voit dans la communication politique
59
60
61
1. Ce texte a été publié pour la première fois dans son intégralité
dans Hermès, no 17-18, « Communication et politique », 1995,
p. 107-124. Il a réactualisé par l’auteur en mars 2017 et réédité.
La version originale est disponible sur : < https://www.cairn.info/
revue-hermes-la-revue-1995-3.htm>.
63
64
65
66
3 – L’égalitarisme, la fin
de la responsabilité sociale des élites
L’égalité devant le vote est le symbole de la
démocratisation. Chacun est au niveau de « tous »
pour penser et analyser les problèmes en tout genre,
et voter. Pourtant cette égalité politique symbolisée
par le suffrage universel n’existe pas pour le reste du
fonctionnement de la société. Avec la médiatisation
et la transparence, l’égalité semble se généraliser à
tous les aspects de la société. Et là intervient le glisse‑
ment douteux. À côté de l’égalité politique subsistent
les différences et les hiérarchies. Celles- ci peuvent
être critiquées, mais il n’y a pas de société sans hié‑
rarchie. La critique des élites et de tous les intermé‑
diaires est possible, mais pas la négation de leur rôle.
Bien que leur arrogance, trop visible aujourd’hui
avec les médias, rende cet élitisme insupportable.
L’égalitarisme est aussi dangereux que son symétrique,
l’immuabilité des hiérarchies. En d’autres termes, la
communication politique, comme enjeu de l’affron‑
tement des discours pour la conquête et la maîtrise
du pouvoir politique, joue ici un rôle central. Soit elle
renforce l’idéologie de l’égalité, peu compatible avec
la réalité, soit elle contribue à préserver le rôle essen‑
tiel des différences.
La communication politique est la possibilité de
pouvoir reconnaître tous les discours, mais aussi celle
67
68
69
6 – La simplification
de l’argumentation politique
L’avantage de la politique démocratique est
d’obliger à une simplification du discours politique :
la politique faite aux « balcons du peuple » doit être
compréhensible. La télévision, après la radio, facilite
ce phénomène. Internet et les réseaux sociaux, où cha‑
cun s’exprime librement, l’accentuent. L’inconvénient
est évidemment d’aller trop loin dans cette simplifi‑
cation au point de réduire l’argumentation politique
à un jeu de stéréotypes. Jusqu’où cette simplification
70
71
72
73
74
9 – Une communication
hors de l’échelle humaine
La communication politique n’est possible que
si les citoyens s’identifient, d’une manière ou d’une
autre, aux discours et enjeux qui y circulent. Or,
le drame de la « société individualiste de masse »
actuelle est la distance entre l’échelle de l’expérience
individuelle et l’échelle où sont organisées la poli‑
tique et l’économie. La mondialisation est d’ailleurs
la caricature de cette distance croissante. L’individu
est au centre du système politique, mais il est perdu
dans le nombre et la taille des problèmes. Souverain
et libre, il est en réalité seul et sans pouvoir. Sans
capacité d’action sur les grandes décisions. Comme je
l’ai souvent dit, « un géant en matière d’information,
un nain en matière d’action ».
75
76
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
100
*
* *
101
102
103
À lire
105
106
107
108
109
Tableau No 1 :
Deux approches opposées
de la communication politique
110
111
112
113
Références bibliographiques
114
1. Ce texte a été publié pour la première fois dans Hermès, no 4,
« Le nouvel espace public », 1989, p. 103-112. La version origi‑
nale est en ligne sur : <https://www.cairn.info/revue-hermes-la-
revue-1989-1.htm>.
117
Le modèle dialogique
C’est le premier qui s’impose à nous comme
étant à la fois le plus ancien et celui qui est doté de la
légitimité la mieux assurée. Il se constitue autour du
mouvement des Lumières aux xviie et xviiie siècles.
Le dialogue, au double sens d’échange de paroles et
de rationalité à plusieurs, y est présenté comme la
forme légitime de la communication politique.
118
119
L’espace public
L’espace public, dans le modèle dialogique est
d’abord défini par son contenu ; plus exactement par
un principe de sélection du contenu des énoncés qui
y sont mis en circulation : l’intérêt général (ou aussi
le bien commun). Pour le modèle dialogique, l’idée
120
121
Les médias
Enfin le modèle dialogique opère une sélection
parmi les médias qui conviennent le mieux à la circu‑
lation des énoncés. D’une manière générale, il préfère
le discours à l’image, et par suite les médias discur‑
sifs. Pour la tradition rationaliste dont le modèle
dialogique est l’expression, l’image est toujours sus‑
pecte : elle a moins de sens que de puissance. Une
image n’est pas dialogique. Et elle demande plus à
être éprouvée qu’à être comprise. Elle s’adresse à
notre sensibilité, c’est-à-dire à cette dimension psy‑
chologique qui précisément ne relève pas de l’espace
public.
Le modèle propagandiste
Avec la propagande, nous sommes dans le
théologico-politique, ou plus exactement dans une
forme théologique du politique. En premier lieu,
le terme même de propagande tient son origine de
l’Église avec la création en 1597, de la Congregado
de Propaganda Fide par le Vatican. Le terme gardera
cette connotation directement religieuse jusqu’au
début du xxe siècle. Mais après que la propagande
s’est laïcisée quand à son contenu avec l’apparition
des partis de masse, elle gardera sa forme théologique.
122
Les acteurs
Le modèle propagandiste distingue les acteurs
selon des rôles qui ne sont ni réversibles ni inter‑
changeables. Certains parlent, d’autres écoutent. Il
y a une hiérarchie et un déséquilibre des rôles. C’est
ce déséquilibre et cette hiérarchisation des rôles que
relève Arendt (1958) quand elle voit la propagande
123
124
L’espace public
En tant qu’espace de la communication, l’es‑
pace public du modèle propagandiste est continu et
homogène. Mais il l’est à la manière d’une compa‑
cification, d’une fusion des individus qui écoutent le
leader. C’est pourquoi l’unité de la foule/auditoire est
obtenue entre autres par l’exclusion de tout ce qui se
refuse à cette compacification, de tout ce qui ne par‑
tage pas l’affect commun, l’identité du sentiment.
Les médias
Pour ce qui est des modes de communica‑
tion privilégiés, le modèle propagandiste se présente
comme le symétrique inverse du modèle dialogique.
L’image trouve en effet ici la place qu’on lui refusait
tout à l’heure et précisément pour les mêmes raisons
qui la faisaient tenir en suspicion. C’est pourquoi à
la différence de l’image républicaine, l’allégorie est un
genre peu couru par la propagande. Elle lui préfère
le sigle, c’est-à-dire une image qu’il s’agit moins de
125
Le modèle marketing
Le marketing politique présente un paradoxe2.
Il est aujourd’hui le modèle dominant de la commu‑
nication politique, et cependant, il a lui-même une
assez mauvaise image. Sa légitimité reste encore à
constituer. On continue de penser qu’il y a quelque
chose d’insatisfaisant sur le plan éthique à « vendre
un candidat comme une savonnette », pour reprendre
le reproche traditionnel. On demandera donc com‑
ment un mode de communication peut ainsi se déve‑
lopper avec une légitimité si faible, précisément dans
un domaine, la politique, où la question de la légi‑
126
127
128
129
Le récepteur
On sait que la publicité est d’autant plus effi‑
cace pour un produit, que l’achat de celui-ci implique
peu celui qui l’effectue. Moins un acteur s’inves‑
tit dans son achat et moins il aura tendance à tester
les informations que lui communique la publicité, à
l’évaluer de manière rationnelle, et plus il se laissera
séduire par elle. Tout le monde sait en effet que la
publicité, ce n’est pas « sérieux ». On ne consent à la
regarder et à se laisser influencer par elle qu’à partir
du moment où il est admis que tout cela, au fond,
n’est qu’un jeu. C’est une des raisons qui font que
l’humour est un des ressorts les plus constants de la
publicité. Une publicité qui prendrait son auditoire
complètement au sérieux, et lui parlerait comme on
parle dans les livres, raterait très sûrement son effet.
Par suite, l’individu que vise la communication
politique selon le marketing est d’une part identifié
et visé à travers un segment social, et d’autre part
n’est investi, « impliqué », dans la politique que par‑
tiellement. Pour le marketing politique, l’existence
politique d’un individu ne résume ni n’engage son
existence en général. Elle n’est qu’une dimension,
parmi d’autres, qui se compose sans s’y opposer avec
les autres dimensions de son existence.
130
L’émetteur
Le marketing politique, du fait qu’il se situe
dans un espace concurrentiel, ne peut supposer a
priori aucune légitimité à partir de laquelle un acteur
serait autorisé à parler. La légitimité selon le marke‑
ting ne tient pas à l’aptitude de l’homme politique à
incarner les forces qui meuvent l’histoire, ni à sa com‑
mune nature avec n’importe qui d’autre. Les légiti‑
mités pour le marketing peuvent être d’autres choses
encore. Aucune n’a un caractère obligatoire et exclu‑
sif par rapport aux autres. En fait sa légitimité est à
construire. Les conditions n’en sont pas définies par
avance. Cette construction s’opère par l’accumula‑
tion de traits qui, mis bout à bout, constituent ce que
l’on appelle une image, ou plus psychologiquement,
une personnalité. Il s’agit pour celui qui veut inter‑
venir dans le champ de la communication politique,
de composer sur lui-même le plus grand nombre de
traits possibles, afin qu’à son association se compose
dans le corps social le plus grand nombre de seg‑
ments. Ainsi n’est-il pas utile de chercher à les com‑
poser tous puisqu’il suffit d’en réunir sur soi 51 %.
131
Références bibliographiques :
1. Ce texte a été publié pour la première fois dans Hermès, no 42,
« Peuple, populaire, populisme », 2005, p. 172-180. La version
originale est en ligne sur : < https://www.cairn.info/revue-hermes-
la-revue-2005-2.htm>.
133
Populisme ou popularisme ?
La notion de populisme, au contenu flou, vise
en fait à disqualifier a priori le personnage politique
et à invalider sa démarche, tout en limitant le travail
d’interprétation.
134
135
136
137
138
139
La réponse médiatique
à la crise de la politique
Après la chute du Mur de Berlin et avec l’en‑
quête Mani Pulite (« mains propres ») des juges ita‑
liens, se produisit au début des années 1990 en Italie
un vide politique qu’aucun autre pays européen n’a
connu, entraînant la disparition de plusieurs par‑
tis politiques, notamment la Démocratie chrétienne
(DC) et le Parti socialiste italien (PSI) qui gouver‑
naient ensemble depuis les années 1960. De ce fait,
les deux grandes forces culturelles, idéologiques et
politiques du pays, à savoir les courants démocrate-
chrétien et communiste dont les positions opposées
se confortaient réciproquement depuis l’après-guerre,
éclatent. Anti-communisme et anti- catholicisme se
renvoyaient l’un à l’autre depuis plus de quarante
ans : Berlusconi vient occuper l’immense vide créé
au « centre » de l’échiquier politique, en se position‑
nant « anti-partis » et « anti-État », récupérant l’espace
140
141
142
143
144
145
La néo-politique prolongement
du management
En combinant le management par le rêve et la
programmation télévisuelle, Berlusconi réunit ratio‑
nalité et symbolique d’entreprise pour l’imposer
dans l’espace public. Pour saisir ce phénomène, nous
avons proposé le néologisme de « commanagement »,
notion qui met l’accent sur la puissance idéologique
du management, de la communication et de leur
combinaison. Ce néologisme identifie la confusion
entre le management de l’entreprise de spectacles et
l’hégémonie symbolique du discours communica‑
tionnel, en particulier du langage télévisuel. Lucien
Sfez a souligné que la « nouvelle religion mondiale
de la Communication évacue, entre autres, le ou la
politique » (Sfez, 1988, p. 15), et Pierre Legendre
insiste sur le dogme du management entendu comme
la « version technologique du Politique » (Legendre,
1993, p. 40). Le commanagement désigne ainsi le
règne simultané et universel de la symbolique de
la communication et du dogmatisme du manage‑
ment. Avec l’imposition générale à la société du
dogme managérial de l’efficiency et des formes de
la théâtralisation télévisuelle, la politique est refor‑
mulée en termes d’efficacité et de communication.
En période de dérégulation et de crise du politique,
146
147
Références bibliographiques
149
La double stratégie
de communication de Donald Trump
La première est de montrer à ses électeurs, au
peuple américain tout entier, mais aussi aux entre‑
prises, lobbies, associations militantes et décideurs
étrangers qu’il est déterminé, qu’il ne craint rien et
qu’il n’a rien à perdre. La seconde stratégie est de lais‑
ser penser qu’il instaure une démocratie directe aux
États-
Unis. Sa casquette rouge de base- ball, ornée
du slogan « Make America Great Again », incarnait
pendant la campagne le symbole d’un populisme
150
151
152
Un usage inédit
des réseaux socionumériques
Le coup de force de Trump, c’est aussi d’avoir
renouvelé radicalement l’usage politique des réseaux
socionumériques. Il a fait de Twitter son arme incon‑
testable, sans doute la plus redoutable. Le candidat,
puis le président Trump, n’a cessé de laisser courir le
bruit qu’il twittait seul, à n’importe quelle heure du
jour et de la nuit, à destination de ses abonnés qui
étaient au nombre de 26,6 millions en mars 2017.
C’est pour lui une manière de faire savoir qu’il est
sans cesse en prise avec les tourments de son pays et
en lien direct et permanent avec le peuple américain.
Ceux qui sont de son côté ou qu’il consi‑
dère comme ses alliés, qu’il s’agisse de journalistes,
d’hommes d’affaires ou de leaders étrangers comme
Vladimir Poutine, par exemple, sont choyés, glori‑
fiés en 140 caractères. Quant à ceux qui le critiquent
ou se moquent de lui – politiciens, acteurs, humo‑
ristes, médias, etc. –, il ne manque pas a contrario de
les prendre pour cible. Trump est habité par l’esprit
153
154
155
156
157
Références bibliographiques
159
160
161
162
163
164
165
166
167
Références bibliographiques
169
2. La loi du 15-1-1990 interdit, dans les six mois qui précèdent un
scrutin, toute « campagne de promotion publicitaire des réalisations
ou de la gestion d’une collectivité ». La jurisprudence n’interdit
pas la parution des bulletins municipaux pendant cette période,
mais elle sanctionne les numéros spéciaux qui se présenteraient par
exemple sous la forme d’un bilan de la municipalité sortante.
170
171
172
173
Référence bibliographique
175
176
177
178
179
180
181
182
183
184
185
186
187
188
En période électorale
Les périodes électorales sont toujours des
moments forts d’utilisation de ces dispositifs et cer‑
tains comptes ne sont réactivés que pour les cam‑
pagnes électorales. Il s’agit alors de documenter la
campagne et les déplacements (agenda, vidéos et
photos, messages de remerciements, de mise en avant
du travail des militants, retweets d’autocongratula‑
tion…), de relayer les informations des candidats à la
tête du parti ou sur le programme, parfois d’attaquer
l’opposition ou de participer à des polémiques.
Le site internet grand public lancé par Marine
Le Pen en vue de l’élection présidentielle de 2017
(www.marine2017.fr) reproduit les informations
publiées sur ses différents comptes de médias socio‑
numériques. Portail unique, il donne un accès direct
pour ses supporters à tous les contenus postés depuis
ces comptes. Ce site vient couronner une stratégie
globale de contrôle et de fléchage des informations
opérée par la candidate. Ses messages renvoient très
souvent à des contenus médias plus longs, produits
par son parti, et son utilisation des médias socionu‑
mériques contribue à promouvoir ces mêmes conte‑
nus via différents canaux.
En plus des médias socionumériques et des sites
grand public, les grands partis ou même les candidats
189
190
191
192
193
194
Communication politique
bruyante et virale
Dans un contexte social de désenchantement
démocratique (Perrineau, 2003) dans lequel la com‑
munication politique via les médias traditionnels
semble avoir de plus en plus de mal à passionner les
foules, les médias socionumériques avec leur effer‑
vescence et leur « logique connective » constituent-
ils une solution pour réenchanter la communication
politique ? Pour ce faire, il faudrait nécessairement
adapter cette communication aux spécificités socio‑
techniques des dispositifs. Ana Deumert met en avant
195
Bourdes, dérapages
ou communication stratégique ?
L’utilisation stratégique des médias socionumé‑
riques qui se rapproche le plus de ces logiques est celle
de l’auto-médiatisation. Pour des personnages poli‑
tiques qui ont peu d’accès aux médias traditionnels,
il peut sembler opportun de produire ses propres
196
197
198
Références bibliographiques
199
200
201
203
204
205
206
207
208
209
210
2. Les produits exportés dans les régimes autoritaires par ces entre‑
prises « mercenaires de l’ère digitale » (sic) sont destinés à l’écoute
à grande échelle, à la surveillance du réseau dans son ensemble,
à l’espionnage via des logiciels (spyware) et à des dispositifs de
surveillance ciblée. Cf. Reporters sans Frontières / Les ennemis
d’Internet, « Rapport spécial : Surveillance », 2013. Disponible
sur : <http://surveillance.rsf.org/wp-content/uploads/2013/03/
Ennemis-dinternet-20131.pdf>.
3. Laissant sans le vouloir à la chaîne satellitaire Al-Jazeera le soin
d’être le porte-voix et le canal de diffusion des vidéos des manifes‑
tants égyptiens. Par ailleurs, des internautes solidaires du monde
entier, des groupes décentralisés tels que les Anonymous ou les
Telecomix, apportèrent leur soutien à leurs homologues Égyptiens
pour les « reconnecter ».
211
212
213
214
215
216
217
218
219
Références bibliographiques
220
221
223
224
225
226
227
228
229
230
3. <https://euvsdisinfo.eu/>.
231
232
233
234
235
Références bibliographiques
236
for-giving-russia-too-much-credita-true-achievement-under-
threat/2014/10/17/5b3a6f2a-5617-11e4-809b-8cc0a295c773_
story.html>.
Benyumov, Konstantin, « How Russia’s Independant Media
was Dismantled Piece by Piece », The Guardian, 25 mai 2016,
<https://www.theguardian.com/world/2016/may/25/how-russia-
independent-media-was-dismantled-piece-by-piece>.
Foxall, Andrew, « In Putin’s Russia, History Is Subversive »,
The Americain Interest, 6 juin 2016, <http://www.the-american-
interest.com/2016/06/06/in-putins-russia-history-is-subversive/>.
Haddad, Benjamin, Hénin, Nicolas, Schmitt, Olivier, Tenzer,
Nicolas et Tertrais, Bruno, « Répondre à l’attaque russe contre
notre démocratie et nos valeurs », Le Huffington Post, 15 février
2017, <http://www.huffingtonpost.fr/nicolas-tenzer/vladimir-
poutine-repondre-a-attaque-russe-contre-notre-democratie-et-
nos-valeurs/>.
Irisova, Olga « A Lie is the Truth », Intersection Project, 3 juin
2015, <http://intersectionproject.eu/article/society/lie-truth>.
Nadeau, James, « Putin’s Strategy is Divide and Conquer »,
Foreign Policy, 20 juillet 2015, <http://foreignpolicyblogs.
com/2015/07/20/right-and-left-make-no-difference-putins-
strategy-is-divide-and-conquer/>.
Parfitt, Tom, « My Life as a pro-Putin Propagandist in Russia’s
Secret Troll Factory », The Telegraph, 24 juin 2015, <http://www.
telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/russia/11656043/My-
life-as-a-pro-Putin-propagandist-in-Russias-secret-troll-factory.
html>.
Shevtsova, Lilia, « How the West Misjudged Russia. Part 2 The
Pragmatists », The American Interest, 20 janvier 2016, <http://
www.the-american-interest.com/2016/01/20/how-the-west-
misjudged-russia-part-2-the-pragmatists/>.
237
239
240
241
242
243
244
245
Référence bibliographique
247
248
251
252
253
Sommaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Présentation générale
La communication politique
entre nécessité, instrumentalisation et crises. . . . . . . . 15
Arnaud Mercier
La communication politique
comme nécessité sociohistorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
L’instrumentalisation de la communication politique :
de la propagande au marketing. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Crises de la communication politique
contemporaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Enjeux de la communication politique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
La communication politique :
construction d’un modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Dominique Wolton
Éléments de définition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Cette définition présente cinq avantages . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
255
Rôles et fonctions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
La communication, le « moteur » de l’espace public . . . . 59
Communication délibérative
et démocratie participative… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Éric Dacheux
Encadré
Le phénomène Berlusconi :
ni populisme ni vidéocratie, mais néo-politique. . . . 133
Pierre Musso
Populisme ou popularisme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
L’art de la néo-télévision commerciale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
256
257
258
Point de vue
L’appui des médias à la destitution
de Dilma Rousseff. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
Juremir Machado da Silva
Encadré
Francophonie et mondialisation
coordonné par Anne-Marie Laulan et Didier Oillo 2008
La communication politique
coordonné par Arnaud Mercier 2008
L’espace public
coordonné par Éric Dacheux 2008
Les identités collectives à l’heure de la mondialisation
coordonné par Bruno Ollivier 2009
Le journalisme
coordonné par Arnaud Mercier 2009
L’opinion publique
coordonné par Nicole D’Almeida 2009
La télévision
coordonné par Guy Lochard 2009
L’audience
coordonné par Régine Chaniac 2009
La réception
coordonné par Cécile Méadel 2009
Les sciences de l’information et de la communication
coordonné par Éric Dacheux 2009
Populaire et populisme
coordonné par Marc Lits 2009
Sociétés de la connaissance, fractures et évolutions
coordonné par Michel Durampart 2009
Imprimé en France