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et déconsignations
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS)
© INRS, 2011. Illustrations de couverture et intérieures : Jean-André Deledda. Mise en pages : Marievdm.
Consignations
et déconsignations
ED 6109
novembre 2011
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Nous remercions aussi les personnes et entreprises suivantes qui ont apporté leur concours
à l’élaboration de ce document :
• ADP ;
• APAVE Sud-Europe (Gérard Ruquilla) ;
• BRADY ;
• CONSULTANT (Christian Atlani) ;
• CPCU (Centrale de Saint-Ouen, 93) ;
• MASTER LOCK ;
• RHODIA (Usine de Saint-Fons Chimie, 69).
Sommaire
Introduction ..................................................................................................................................................................... 4
2. Définitions ................................................................................................................................................................... 6
6. Formation du personnel............................................................................................................................. 22
6.1. Objectifs de la formation ......................................................................................................................... 22
6.2. Déroulement ...................................................................................................................................................... 22
6.3. Formation spécifique électrique ........................................................................................................ 22
Bibliographie.................................................................................................................................................................. 28
Introduction
Des équipements de travail1 mis à l’arrêt En priorité à l’usage des exploitants, ce guide
pour des opérations2 sont à l’origine d’acci- peut être également utilisé avec profit par les
dents du travail aux conséquences souvent concepteurs afin de prévoir, dès la concep-
graves. Ces accidents sont dus au contact tion, les moyens nécessaires aux opérations
d’un ou plusieurs salarié(s) avec : de consignation.
• des pièces nues sous tension électrique ; Ce guide explicite simplement la démarche à
• des fluides sous pression (hydraulique, va- appliquer pour réaliser une procédure correcte
peur, produits chimiques dangereux…) ; quel que soit le type de risque (électrique, flui-
• des pièces mécaniques effectuant un dique, mécanique) et donne quelques exemples
mouvement imprévu. de réalisations.
Dans la majeure partie des cas, la victime se Il ne prétend pas détailler toutes les solu-
croit en sécurité par le seul fait que l’équipe- tions techniques pouvant être mises en œuvre
ment de travail sur lequel est réalisée l’opé- pour une consignation.
ration n’est pas en fonctionnement.
Il s’inscrit dans le cadre de la directive
Une situation dangereuse est créée par la 2009/104/CE concernant les prescriptions
confusion entre l’arrêt et le niveau de sécu- minimales de sécurité et de santé pour l’utili-
rité. Ce guide est réalisé pour aider à éta- sation des équipements de travail.
blir une procédure de consignation adaptée
à une situation considérée, en rappelant tou-
4 tefois qu’il existe d’autres méthodes de mise
en sécurité.
Les opérations de consignation et de décon-
signation, afin d’être efficaces et suffisantes,
doivent s’intégrer dans une démarche géné-
rale et structurée. L’analyse des risques est
un préalable indispensable à la réalisation de
ces opérations. L’implication de la hiérarchie
à tous les niveaux ainsi que les compétences
techniques des différents acteurs sont essen-
tielles à la réussite de la démarche.
1. Dans ce document, on désignera par « équipements de travail » les machines, appareils et installations.
2. Dans ce document, on désignera par « opérations » l’ensemble des travaux et interventions susceptibles d’être effectués sur un
équipement de travail.
1 Démarche générale à appliquer
lors d’opérations sur des équipements
de travail
Avant d’effectuer ou de faire effectuer une Nota :
opération sur des équipements de travail, il Avant la phase de redémarrage normal, une
y a lieu de : phase transitoire est souvent nécessaire :
1. définir le type d’opération à réaliser ; c’est la phase d’essai, pour laquelle les sé-
2. analyser les risques associés à cette opé- curités mises en place pour l’exploitation
ration : l’analyse des risques devra prendre doivent être parfois partiellement neutrali-
en compte tous les aspects de la sécurité sées ; des mesures compensatoires adaptées
des personnes et des matériels, y compris doivent alors être mises en place.
ceux qui ne sont pas directement liés à
l’opération considérée (présence d’autres
chantiers à proximité, autre partie d’ate-
lier restant en fonctionnement, etc.) ;
3. prendre les mesures les plus ap-
propriées pour intervenir en sécurité ;
se référer notamment aux préconisations
de la brochure publiée par l’INRS réf.
ED 6038 relative à la sécurité des arrêts ; 5
4. identifier les moyens nécessaires au
bon accomplissement de l’opération et
veiller à ce que ces moyens soient correc-
tement utilisés ;
5. confier l’opération à du personnel spé-
cifiquement formé3 possédant les apti-
tudes requises. Celui-ci doit recevoir une
formation théorique et pratique notam-
ment sur les risques et leur analyse, l’or-
ganisation et les dispositions techniques
mises en œuvre pour la réalisation des
opérations en toute sécurité.
3. En électricité, en plus de la formation, l’habilitation du personnel par le chef d’établissement est obligatoire.
2 Définitions
Chargé de consignation Consignation
Personne, désignée par son employeur, char- Procédure de mise en sécurité destinée à as-
gée de consigner et de déconsigner un équi- surer la protection des personnes et des équi-
pement et de délivrer les attestations corres- pements contre les conséquences de tout
pondantes. maintien accidentel ou de toute apparition
Elle peut éventuellement faire exécuter les ou réapparition intempestive d’énergie ou de
opérations de consignation ou de déconsi- fluide dangereux sur ces équipements.
gnation par le personnel placé sous sa res- Cette consignation peut être partielle ou totale.
ponsabilité.
Consignation partielle
Chargé d’opérations Elle ne concerne qu’une partie des énergies
Personne, désignée par son employeur, char- et fluides ou qu’une partie de l’équipement.
gée de diriger effectivement les opérations. Remarque : Les opérations prévues se réa-
À ce titre, elle doit veiller à la bonne appli- lisent en prenant en compte les risques pré-
cation des mesures intéressant la sécurité. sents du fait de l’absence de consignation sur
C’est à elle que le(s) chargé(s) de consigna- certaines énergies ou fluides.
tion rende(nt) compte de l’état de la consi-
gnation ou de la déconsignation. C’est elle
Consignation totale
qui donne l’autorisation aux exécutants de
commencer les opérations. C’est également Toutes les énergies sur l’ensemble de l’équi-
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elle qui donne l’autorisation de lancer la (ou pement de travail sont consignées.
les) déconsignation(s). Remarque : Dans ce cas, des opérations peuvent
se réaliser sur tout l’équipement.
Condamnation
Opération qui consiste à garantir le main- Déconsignation
tien de la séparation (généralement obtenu Ensemble des dispositions permettant de re-
par verrouillage grâce à un dispositif maté- mettre en état de fonctionnement un équi-
riel difficilement neutralisable), de façon à ce pement de travail préalablement consigné,
que sa suppression soit impossible sans l’ac- en assurant la sécurité des personnes et des
tion volontaire d’une personne autorisée. équipements.
Dissipation Signalisation (de la condamnation)
Opération qui consiste à éliminer les énergies Opération qui consiste à informer physique-
potentielles et résiduelles ou à évacuer les ment de l’état de l’équipement (ou de la par-
fluides. Elle inclut l’assainissement, la décon- tie d’équipement) qui est condamné et per-
tamination, la neutralisation, etc. (en parti- mettant l’identification de la personne qui a
culier des produits chimiques). Dans le cas consigné.
où l’élimination n’est pas possible, on peut
recourir à la rétention ou au confinement des
Vérification
énergies.
Opération qui consiste à s’assurer de l’ab-
sence effective d’énergie ou de fluide, y com-
Exécutant pris l’énergie résiduelle dangereuse.
Personne qui réalise effectivement les opéra-
tions en respectant les contraintes imposées
par le chargé d’opérations.
Séparation
Opération consistant à agir sur un (ou plu-
sieurs) dispositif(s) qui permet(tent) de sé-
parer l’équipement de sa (ou ses) source(s)
d’énergie ou de fluide sous pression.
3 Conception
des équipements de travail
Le code du travail impose que les équipe- Une attention particulière devra être appor-
ments de travail soient « conçus et construits tée pour adapter les dispositifs permettant la
de sorte que leur mise en place, leur utili- mise en sécurité des équipements à la com-
sation, leur réglage, leur maintenance, dans plexité des équipements de travail et à la fré-
des conditions conformes à leur destination, quence des opérations. À ce titre, l’entreprise
n’exposent pas les personnes à un risque utilisatrice précisera utilement ses besoins
d’atteinte à leur santé ou leur sécurité » (art. spécifiques dans le cahier des charges.
L. 4311-1 du code du travail). Dans le cadre de leur mission d’analyse des
Les responsables de la mise sur le marché risques, les membres de CHSCT ont la possi-
(fabricants, importateurs, bureaux d’ingénie- bilité d’examiner les nouveaux projets et les
rie, etc.) d’équipements de travail assujettis à modifications d’équipements de travail, en
la directive 2006/42/CE doivent installer les s’appuyant sur les préconisations de ce guide.
dispositifs matériels – sectionneur cadenas-
sable, vanne de purge cadenassable, etc. – et
fournir les instructions adaptées pour satis-
faire les obligations réglementaires de cette
directive. Les recommandations de ce guide
sont une aide pour atteindre cet objectif.
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4 Procédures de consignations
et de déconsignations
La consignation d’un équipement de travail tels que carrés, triangles, cadenas standards
doit prendre en compte les différentes éner- pour verrouiller une boîte à outils ou un ca-
gies en présence (électrique, fluidique ou mé- sier ne doivent pas être utilisés, ou alors leur
canique) afin de mettre et de maintenir une utilisation, fortement déconseillée, doit être
situation en sécurité. encadrée par des mesures d’organisation
Leur consignation nécessite des procédures strictes.
particulières qui peuvent être imbriquées et La signalisation est généralement réalisée
dont l’ordre est fonction de l’analyse des par une étiquette, une pancarte ou le cade-
risques liés à l’opération sur l’équipement nas lui-même.
(exemple : la consignation mécanique des La dissipation consiste à éliminer toutes les
pales d’un ventilateur nécessite au préalable énergies potentielles et résiduelles ou à éva-
la consignation électrique de son moteur). cuer les produits dangereux : décharge d’un
Pour une énergie donnée, la procédure de condensateur, élimination d’une pression, vi-
consignation comprend généralement les dange d’une canalisation contenant un li-
phases décrites ci-après dont l’ordre et la quide corrosif, mise au point mort bas d’une
réalisation pourront être modifiés, après une presse…
analyse des risques, en fonction de la spéci- Dans le cas où l’élimination n’est pas pos-
ficité du cas considéré (par exemple, en élec- sible, on peut recourir à la rétention ou au
tricité, la mise à la terre – dissipation de confinement des énergies : calage mécanique 9
l’énergie accumulée – doit intervenir après la d’une masse suspendue par exemple.
vérification d’absence de tension) : La vérification de l’absence de tension, de
a) séparation ; pression, etc. doit être considérée comme
b) condamnation et signalisation ; une opération sur une installation sous ten-
c) dissipation ou rétention/confinement ; sion, en pression, etc. et implique donc la
d) vérification et identification. mise en place des mesures de sécurité né-
La séparation et la dissipation doivent se cessaires.
faire au plus près de la zone d’opération afin La déconsignation nécessite la même atten-
de faciliter les vérifications. tion dans la composition et l’ordre des étapes
La condamnation nécessite un verrouillage en fonction d’une analyse des risques et de
par un dispositif matériel difficilement neu- la nécessité de tester les modifications mises
tralisable et facilement identifiable. en œuvre. Elle ne consiste pas systématique-
Les moyens de condamnation doivent être spé- ment à effectuer les opérations inverses de la
cifiques (dédiés). Par exemple, des dispositifs consignation.
Consignation partielle : Séparation
La consignation partielle d’un équipement L’équipement de travail doit être séparé de
de travail ne peut être mise en œuvre que si façon certaine de toutes les sources possibles
elle ne présente pas de risques pour les per- de tension, amont et aval.
sonnes. La séparation peut être obtenue de diffé-
Les précautions suivantes doivent être prises rentes manières :
lors d’une consignation partielle : • par vue directe des contacts séparés ;
• bien identifier les parties d’équipement • par enlèvement de pièces de contacts
qui restent sous énergie ; pour certains matériels spéciaux (dépose
• s’assurer de l’absence d’interaction entre de pont, etc.) ;
les différentes parties de l’équipement • par interposition d’un écran entre les
(parties consignées, parties non consi- contacts ;
gnées). • localement, par asservissement (élec-
trique, mécanique, etc.) assurant en toute
circonstance l’adéquation entre la posi-
4.1. Consignation tion des contacts et celle du dispositif ex-
et déconsignation électrique térieur reflétant cette position.
4.1.1. Consignation électrique En basse tension, la certitude de la sépara-
La consignation électrique d’un équipement tion peut également être obtenue par l’uti-
de travail comprend les opérations suivantes : lisation des dispositions prescrites pour les
• séparation de l’équipement de travail dispositifs de sectionnement dans la norme
concerné, préalablement identifié, de NF C15-100, article 536.2.
toute source d’énergie électrique (opéra- Pour toutes les tensions, la dépose de ponts,
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tion 1) ; l’enlèvement de fusibles, le retrait d’une fiche
• condamnation en position d’ouverture des de prise de courant constituent une sépara-
organes de séparation (opération 2) ; tion certaine.
• identification sur le lieu de travail de Attention au risque de confusion des circuits :
l’équipement concerné, pour être certain • le verrouillage par transfert de clefs est
que les opérations seront bien exécutées actuellement le seul système qui, par
sur l’équipement de travail prévu (opé- conception, rend matériellement obliga-
ration 3) ; toire la réalisation de la consignation dans
• vérification d’absence de tension (VAT) l’ordre prévu et empêche toute confusion
(opération 4) ;
de circuit ;
• mise à la terre et en court-circuit4
• l’appareil de séparation permettant d’iso-
immédiatement après la VAT (opération 5).
ler un équipement de travail ou une partie
Les cinq prescriptions essentielles ci-dessus de cet équipement doit être parfaitement
doivent être appliquées dans l’ordre spécifié. et durablement identifié (par étiquetage,
La consignation électrique fait l’objet de pres- etc.) ;
criptions spécifiques données au chapitre 5 • dans tous les cas, l’installation du dispo-
« Opérations hors tension » de la norme sitif de séparation au plus près de la zone
NF C18-510. à isoler est vivement conseillée.
4. Cette mise à la terre et en court-circuit n’est pas toujours requise en basse tension. Se référer à la norme NF C18-510.
Condamnation des énergies accumulées telle que celle
La condamnation en position d’ouverture a contenue dans les condensateurs est réali-
pour but d’interdire la manœuvre de l’organe sée lors de la mise à la terre et en court-
de séparation. circuit préalablement aux travaux ou aux
interventions.
Elle consiste en une immobilisation de cet
organe. Celle-ci est réalisée par blocage mé- Cette mise à la terre et en court-circuit per-
canique (serrure, cadenas, etc.). met de se prémunir contre les réalimenta-
tions éventuelles de tension amont ou aval
Des dispositifs de signalisation (pancartes,
ou produite par des sources autonomes. Elle
etc.) doivent être très visibles et porter une
participe aussi à la protection contre les ef-
inscription telle que :
fets de l’induction électromagnétique et du
couplage capacitif. Pour les modalités pra-
CONDAMNÉ tiques de mise en œuvre, se référer à la
DÉFENSE DE MANŒUVRER norme NF C18-510.
SANS AUTORISATION Elle doit concerner tous les conducteurs ac-
.................................... tifs, y compris le neutre, et être réalisée au
(Nom, date, heure, repère, etc.) plus près possible de la zone de travail pour
les équipements considérés.
Vérification Il faut utiliser des équipements de mise à la
La vérification d’absence de tension (VAT) terre et en court-circuit conçus à cet effet.
Ces équipements doivent être conformes aux
doit être effectuée sur chacun des conduc-
normes les concernant.
teurs actifs, y compris le neutre, à l’aide d’un
dispositif vérificateur d’absence de tension Dans tous les cas, la mise à la terre doit être
raccordée côté terre avant d’être raccordée 11
spécialement conçu à cet effet. Elle doit être
réalisée au lieu de travail. côté conducteur.
Nota :
– Les appareils de mesurage et les détecteurs 4.1.2. Déconsignation électrique
de type voltmètre, tournevis testeur, etc. ne Les opérations de déconsignation sont géné-
sont pas des VAT. ralement conduites dans l’ordre inverse des
– Les détecteurs de tension conformes aux opérations de consignation.
normes en vigueur ne détectent pas les ten- Elles consistent à :
sions induites, ils indiquent sans ambiguïté la • retirer les éventuels écrans, protecteurs,
présence ou l’absence de tension de service. balisages, etc. ;
• déposer les mises en court-circuit, puis
Mise à la terre et en court-circuit
les mises à la terre en commençant par
Ces termes propres aux électriciens corres- l’extrémité côté conducteur actif ;
pondent à la phase de dissipation pour les • ouvrir les sectionneurs ou interrupteurs
autres énergies ou les fluides. de mises à la terre et en court-circuit,
La mise à la terre et en court-circuit des conduc- s’ils sont utilisés ;
teurs est réalisée immédiatement après la vé- • retirer la condamnation de l’organe de
rification d’absence de tension. La dissipation séparation.
4.2. Consignation et de purge devra tenir compte des caracté-
et déconsignation fluidique ristiques physico-chimiques du fluide consi-
déré. Par exemple, pour les liquides, les gaz et
Un équipement de travail met généralement vapeurs plus lourds que l’air (argon, butane,
en œuvre un ou différents fluide(s), corps propane, vapeur d’iode ou d’alcool, etc.), les
liquide(s) ou gazeux. Ils sont utilisés comme purges devront se situer en partie basse. Par
sources d’énergie (hydraulique, pneumatique, contre, pour les gaz et vapeurs plus légers
vapeur, eau surchauffée, etc.) ou comme des que l’air (hydrogène, méthane, vapeur d’eau,
fluides chimiques distribués (azote, hydro- etc.), le système de purge devra s’effectuer
gène, acide chlorhydrique, etc.). en partie haute.
Les risques liés aux fluides sont de deux types :
• les risques liés à leurs propriétés physico-
4.2.1. Consignation fluidique
chimiques : toxique, corrosif, inflammable,
explosif, produit se substituant à l’oxygène La consignation fluidique d’un équipement
de l’air (azote, argon…), incompatibi- de travail comprend les opérations suivantes :
lité entre les produits (par exemple eau/ • séparation de l’équipement de travail
sodium), etc. ; concerné, préalablement identifié, de
• les risques liés à leur mise en œuvre : toute arrivée de fluide (opération 1) ;
pression et température. Par exemple, un • dissipation (ou purge) de tout fluide res-
litre d’eau surchauffée à 180 °C générera tant dans l’équipement (opération 2) ;
lors d’une fuite un volume de 233 l de • condamnation en position de fermeture
vapeur à la pression atmosphérique, ce des organes de séparation et en position
qui rend impossible d’éviter des brûlures d’ouverture des organes de purge (opé-
graves (généralement mortelles dans le ration 3) ;
12 • vérification d’absence de risque résiduel
cas de l’eau surchauffée).
(opération 4).
Ces fluides nécessitent une consignation pour
les opérations sur les canalisations, capacités Séparation
ou équipements dans lesquels ils sont véhicu- La séparation consiste à stopper l’arrivée du
lés (sous pression ou par gravité). fluide : fermeture des vannes.
Par analogie, les matières pulvérulentes (fa- Il ne faut pas oublier de prendre en compte
rine, ciment, etc.) ou granuleuses (blé, etc.), les circuits auxiliaires.
dans la mesure où les modes de consignation Afin d’assurer la pérennité de la séparation,
sont similaires, sont considérées dans cette il est impératif que soit stoppée l’énergie ini-
brochure comme étant des « fluides ». tiant le mouvement (pompe, compresseur,
L’efficacité de la consignation dépendra ventilateur, etc.). Ainsi, généralement, lors
avant tout des moyens intégrés dès la phase d’une consignation fluidique, des consigna-
de conception de l’équipement. Le position- tions électrique et/ou mécanique seront préa-
nement des éléments de coupure, de vidange lablement nécessaires.
À l’inverse, lors d’une consignation, il peut – interruption franche de la tuyaute-
être nécessaire de conserver la circulation rie par suppression d’un élément de
de certains fluides qui ne présentent aucun conduite avec montage d’une bride sur
risque pour le personnel afin de sauvegarder la partie amont à la partie consignée,
le matériel (fluide de refroidissement, etc.). ou par démontage d’un seul joint et
La séparation d’un équipement de toute ar- écartement suffisant des deux parties
rivée possible de fluide est réalisée soit par de la conduite avec désaxement ou in-
simple isolement, soit par isolement renforcé terposition d’une tôle mince ou d’une
suivant les risques liés aux caractéristiques chicane, associée à la condamnation
physico-chimiques et aux conditions de mises en position fermée de la vanne placée
en œuvre : directement en amont ;
– maintien en position fermée de deux
• le simple isolement est réalisé par la
appareils de coupure successifs placés
condamnation en position fermée d’un
en série, avec mise et maintien à l’air
seul appareil ou élément de coupure ;
libre efficace de la portion de conduite
l’efficacité de cet isolement doit toujours
située entre eux (position ouverte de
être contrôlée par vérification de l’ab-
la purge).
sence de fluide à l’endroit de l’opéra-
tion (par exemple, évent et purge ouverts
en permanence, dont on peut s’assurer du k Un joint plein est l’association d’une
bon fonctionnement) ; bride pleine et de joints assurant l’étan-
• l’isolement renforcé est réalisé sur toutes chéité.
les arrivées possibles de fluide par un des k Un joint plein matérialisé est l’asso-
moyens suivants : ciation de deux brides, d’une queue de
– interposition sur la conduite d’un joint poêle et de joints assurant l’étanchéité. 13
plein dont la présence est matérialisée
(queue de poêle par exemple), asso- La pose d’un joint plein ou la dépose d’un
cié à la condamnation en position fer- élément de tuyauterie est une opération
mée de la vanne placée directement en qui peut être dangereuse et donc impliquer
amont. Toutefois, pour que cette suc- préalablement une procédure de consigna-
cession de deux barrages ait une ef- tion en amont ou de mise à l’arrêt de l’équi-
ficacité certaine, il est indispensable pement.
que l’intervalle compris entre eux ne Le degré d’efficacité de la séparation du
puisse être le siège d’une accumula- fluide devra être apprécié en fonction des
tion de fluide. Un robinet de purge cor- risques engendrés (mouvements mécaniques,
rectement dimensionné pour la canali- brûlures thermiques ou chimiques, intoxica-
sation et condamné en position ouvert tion, inflammation, explosion, atteintes ocu-
permettra de conserver cette zone à la laires ou cutanées, réactions violentes, ense-
pression atmosphérique ; velissement, etc.).
Les procédés d’isolement renforcé « R1, R2,
R3 » seront utilisés selon l’analyse du risque, kUn nouveau système de classification
notamment pour : et d’étiquetage des produits chimiques,
• les produits classés comme dangereux le système général harmonisé (SGH),
au sens de l’article R. 4411-6 du code a été élaboré au niveau international.
du travail (toxiques, corrosifs, inflam- Il est progressivement appliqué en Eu-
mables, etc.) (voir encadré ci-contre) ; rope, dans les secteurs du travail et de la
• les produits incompatibles susceptibles consommation, grâce au règlement CLP
de se rencontrer (par exemple eau/so- du 16 décembre 2008, qui entraîne no-
dium) ; tamment l’adoption de nouvelles classes
• les produits susceptibles de provoquer de danger ainsi qu’une modification des
un phénomène explosif (fluide sous pres- critères de classification. Il engendre
sion, etc.) ; également de nouvelles étiquettes sur
• les produits susceptibles de rendre l’at- tous les produits dangereux. Le règle-
mosphère asphyxiante (azote, gaz carbo- ment CLP remplace progressivement
nique, argon, etc.) ; le système européen de classification et
• les produits susceptibles de provoquer d’étiquetage préexistant : il s’applique
des brûlures (vapeur, etc.). de façon obligatoire aux substances de-
puis le 1er décembre 2010, et s’appli-
quera aux mélanges au 1er juin 2015.
14
Principes de séparation de circuits
Code couleurs intérieur de conduite:
• Rouge : présence du fluide sous pression
• Vert : zone en isolement renforcé
• Jaune et orange : présence du fluide possible en cas de fuite
Attention !
• La purge d’une portion de ligne par desserrage progressif des boulons de brides doit être
systématiquement interdite.
• Il faut tenir compte du risque éventuel de retour par la canalisation aval.
17
Réseau Zone
en pression d’opération
F3 F1
O4 O2
Purge Purge
Dissipation Vérification
La dissipation est l’annulation des énergies L’absence de risques liés aux mouvements de
mécaniques accumulées. mécanismes s’effectue généralement par un
contrôle visuel de la dissipation et de l’im-
Elle consistera par exemple à détendre un
mobilisation.
ressort ou un câble métallique, mettre en po-
sition basse une masse suspendue ou le ba-
lourd d’un volant, attendre l’arrêt complet 4.3.2. Déconsignation mécanique
d’un extracteur. La déconsignation nécessite une analyse des
Lorsque la dissipation n’est pas possible ou risques afin de déterminer l’ordre et le conte-
que celle-ci n’est pas suffisante pour assurer nu des opérations pour une remise en marche
la sécurité des intervenants, une immobilisa- en toute sécurité de l’équipement de travail.
tion sûre des éléments mécaniques suscep- Il est généralement nécessaire de le remettre
tibles d’entrer en mouvement accidentel- en énergie pour retirer les éléments méca-
lement doit être réalisée. Elle s’effectue à niques d’immobilisation (broches, chandelles
l’aide de broches, de chandelles ou d’autres ou autres dispositifs de bridage). Cette phase
20 dispositifs de bridage adaptés. sensible impose la mise en œuvre de mesures
Ces dispositifs doivent, dans la mesure du compensatoires (procédure, moyen de com-
possible, être conçus de sorte à : munication, formation spécifique des interve-
• être condamnables en position d’immo- nants, etc.).
bilisation, le déverrouillage nécessitant L’oubli du retrait des éléments mécaniques
l’emploi d’une clé ou d’un outil5 ; d’immobilisation peut être à l’origine de
• interdire la remise en service tant qu’ils casses ou de ruines des équipements, elles-
sont condamnés. mêmes génératrices d’accidents graves. Pour
cette raison, des asservissements doivent être
Condamnation mis en œuvre à la conception. De tels asser-
Sur les équipements munis d’un dispositif de vissements sont très vivement recomman-
séparation (système de débrayage, crabots ou dés sur les équipements existants qui n’en se-
autres systèmes permettant de désaccoupler) raient pas munis.
5. Sur certains équipements, il n’est pas nécessaire de mettre en œuvre des moyens de condamnation dans la mesure où le dispo-
sitif de bridage ne peut être retiré sans redémarrer l’équipement.
6. L’immobilisation correspond à la rétention de l’énergie mécanique liée à la pesanteur, au vent, etc.
5 Organisation pour la consignation
La diversité des situations rend impossible la • la prise en compte, lors de la consigna-
proposition d’un modèle de procédure standard. tion, de l’environnement de l’installation
Pour chaque opération nécessitant une consi- (par exemple, tuyauterie de vapeur tra-
gnation, la procédure est définie par l’em- versant une installation consignée).
ployeur : Dans le cas d’intervention d’une entreprise
• en collaboration notamment avec les extérieure, le chargé de consignation est gé-
membres du CHSCT (ou à défaut les dé- néralement désigné au sein de l’entreprise
légués du personnel) ; utilisatrice. Dans le cas exceptionnel où les
• après analyse des risques encourus lors compétences ne sont pas présentes dans l’en-
de la réalisation de l’opération ; treprise utilisatrice, son responsable devra
• en accord avec les instructions définies s’assurer que le chargé de consignation de
par le constructeur dans sa notice. l’entreprise intervenante a la qualification
Cette procédure nécessite d’être validée par sa nécessaire et connaît les installations (habi-
mise en pratique si possible par des personnes litations électriques par exemple).
qualifiées qui n’ont pas participé à sa rédaction.
Par ailleurs, lors d’une intervention d’une
Les points fondamentaux à prendre en consi- entreprise extérieure, une coordination doit
dération sont les suivants : être mise en place pour prévenir les risques
• la délimitation de zones d’intervention,
liés à l’interférence des activités. Cette coor-
supervisées par une personne unique
dination est à la charge de l’entreprise uti-
chargée de la coordination des opéra-
lisatrice. Parmi les actions de coordination,
tions en cours ; 21
les zones d’intervention de chaque interve-
• l’information systématique des exploi-
nant doivent être définies.
tants sur les opérations prévues ;
• la désignation du chargé de consignation Lors de la rédaction des modèles de permis
et des intervenants internes ou externes à de travail, il ne faut pas oublier que la pré-
l’entreprise ; vention des risques, dans certains cas, ne se
• la coordination des suivis de consigna- limite pas à la seule procédure de consigna-
tion et de déconsignation en cas de chan- tion. Des procédures complémentaires (per-
gement de poste (par exemple, travail en mis de feu, de fouilles, de pénétrer, balisages,
équipes successives ou travaux sur plu- etc.) doivent être éventuellement mises en
sieurs jours) ; œuvre.
6 Formation du personnel
Les différents intervenants doivent avoir reçu Les travaux pratiques en salle permettent de
la formation et l’information adéquates aux vérifier les acquis théoriques :
opérations à effectuer. • vérifier la fonction et le rôle des organes
mis en œuvre pour assurer la sécurité des
opérations, les essayer et manœuvrer ;
6.1. Objectifs de la formation • connaître et mettre en œuvre les équi-
L’objectif de la formation est d’être capable pements de protection collective et indi-
d’exécuter en sécurité des opérations sur les viduelle.
équipements de travail et plus particulière- Les travaux pratiques sur site doivent per-
ment : mettre :
• savoir évaluer les risques et prendre les • d’analyser le comportement de l’appre-
mesures qui s’imposent ; nant dans le cadre du domaine d’acti-
• avoir, en fonction de la nature de l’opéra- vité attribué ;
tion, la maîtrise des équipements de tra- • de vérifier sa bonne connaissance des
vail concernés ; équipements sur lesquels il est amené à
• savoir utiliser correctement les protec- intervenir ;
tions en fonction du risque encouru et • de valider la connaissance et l’applica-
des consignes ; tion des prescriptions de sécurité de l’en-
• savoir apprécier les limites des opéra- treprise.
tions à réaliser.
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6.3. Formation spécifique
6.2. Déroulement électrique
La formation doit intégrer des parties théo- Les principes de la formation relative à la
riques illustrées de cas pratiques pour facili- maîtrise du risque électrique sont détaillés
ter l’acquisition des compétences. dans la norme NF C18-510.
Les parties pratiques sont réalisées au cours
de la formation et complétées chaque fois
que cela est possible, au sein même de l’éta-
blissement de l’apprenant.
7 Exemples de moyens de condamnation
Les exemples de réalisations présentés ci-après correspondent à des situations industrielles
réelles.
Ils sont destinés à expliciter différentes possibilités de réalisation pratique de dispositifs concou-
rant à la consignation.
Selon le cas, ils présentent une consignation complète ou seulement l’une de ses quatre phases.
À ce titre :
• les solutions présentées ne sont pas toujours exemplaires, certaines sont même inacceptables ;
• ces solutions ne constituent pas une liste exhaustive de toutes les réalisations possibles.
k armoire ouverte ;
k pièces nues sous tension ;
k fusibles laissés à disposition ;
k pas de signalisation ;
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k conducteur neutre pas coupé.
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Condamnation d’une vanne sur circuit vapeur
k la séparation et la condamnation
d’un interrupteur sectionneur
sur circuit électrique (non visible
sur le dessin) permettent
de récupérer la clef-mère ;
k cette clef-mère introduite dans
la partie supérieure du tableau
permet de libérer les dix-huit
clefs-filles ;
k la clef-mère est de ce fait à son tour prisonnière ;
k les clefs-filles permettent d’accéder aux différentes trappes de visite. Elles libèrent
les pattes métalliques reliées aux couvercles de ces trappes derrière lesquels
des éléments mobiles doivent être maintenus hors énergie de façon sûre ;