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le délit

delitfrancais.com
HMB
amadoue
la presse
Publié par la société des publications
du Daily, une association étudiante de
l’Université McGill. étudiante

HMB: Le sourire qui tue > 6


Le livre électronique sous la loupe > 8-9
RIDM: tour d’horizon > 11-12
Voyage volage avec Frédérick Gravel > 13

Le mardi 00 mois 2010 - Volume 100 Numéro 0, le seul journal francophone de l’Université McGill. Toute pas là depuis 1977
Éditorial
Volume 100 Numéro 10
rec@delitfrancais.com

le délit
Le seul journal francophone
de l’Université McGill
rédaction
3480 rue McTavish, bureau B•24
Montréal (Québec) H3A 1X9
Téléphone : +1 514 398-6784

C’est toujours
Télécopieur : +1 514 398-8318
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Mai Anh Tran-Ho
Nouvelles

la faute
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Annick Lavogiez
Société
societe@delitfrancais.com
Anabel Cossette-Civitella
Xavier Plamondon
Mai Anh Tran-Ho Le président de la Fédération des ou qu’ils travaillent comme des bêtes de
Coordonnatrice de la production
Le Délit comités de parents du Québec (FCPQ), somme– se sentent indubitablement plus production@delitfrancais.com
François Paquet, a voulu nuancer les concernés quant à l’avenir de leur enfant

L
Mai Anh Tran-Ho
a tendance se maintient: le dossier mots du premier ministre dans un com- (ou de leur argent, c’est selon chacun). Coordonnatrice visuel
de l’éducation est encore chaud. muniqué le lendemain: «les parents ont Permettez-moi une note d’humour visuel@delitfrancais.com
Cette fois-ci, ce n’est toutefois pas un rôle essentiel à jouer pour améliorer et de renchérir sur les mots d’Yves Élizabeth-Ann Michel-Boulanger
sur les frais de scolarité que je veux m’at- la réussite scolaire. […] Bien entendu, Boisvert: «C’est la faute de qui, alors? Coordonnateurs de la correction
tarder, mais sur le décrochage scolaire. certains parents sont absents, indifférents Les Anglais? La CSN? Le déséquilibre correction@delitfrancais.com
Parce qu’avant de parler du montant que […]. Rappelons-nous que l’éducation est fiscal? Le réchauffement climatique?» Anselme Le Texier
doivent débourser les étudiants pour cha- une responsabilité partagée.» Pour la De personne et de tout le monde, juste- Anthony Lecossois
cun des crédits qui leur permettra peut- FCPQ, il est indispensable de favoriser ment. L’éducation n’est pas non plus une Coordonnateur Web
être de regagner ces dollars et les intérêts la participation des parents, notamment entreprise. «Quand cessera-t-on de per- web@delitfrancais.com
un jour le mortier rangé, il faut d’abord en promouvant le dialogue entre les di- cevoir l’éducation comme une dépense? Hoang-Son Tran
s’assurer qu’ils termineront leurs études. rections, les enseignants et les parents. L’éducation, c’est le compte d’épargne Collaboration
Les propos de Jean Charest au Focus Encore faut-il que les parents se pointent d’une société», avait déclaré le président Paul Cernek, Florent Conti, Rosalie Dion-
stratégique Québec 2010 en regard au dé- à ces réunions. de la Fédération autonome de l’enseigne- Picard, Marie-Lise Drapeau-Bisson,
crochage scolaire a froissé quelques per- Je vois aussi déjà les associations ment, Pierre St-Germain. Et il a raison. Christophe Jasmin, Jimmy Lu, Luba
sonnes (toutefois, moins qu’à l’habitude). étudiantes courir aux tribunes pour crier Si le gazon semble toujours plus vert Markovskaia, Margaux Meurisse, Edith
Il a «osé, lui» pointer du doigt les parents: que la hausse des frais de scolarité n’in- chez le voisin (35% des anglophones du Rousseau, Laura Andrea Saavedra,
«on vise les commissions scolaires, on cite certes pas les jeunes à poursuivre les Québec ont un diplôme universitaire Raphael Thézé, Jean-François Trudelle,
vise les professeurs, on vise les politiciens, études. Ont-elles tort? Non. au Québec, c’est 37% chez les immi- Jade Weymuller
mais on oublie les acteurs les plus impor- Et si on ose ajouter à l’équation les grants, alors que chez les francophones, Couverture
tants: les parents. J’aimerais savoir pour- écoles privées, plusieurs se lèveront pour le taux est à 25%), si les problématiques Max Dannenberg
quoi on parle si peu du rôle des parents critiquer les subventions qu’elles obtien- sur l’éducation ne parviennent toujours
au sujet du décrochage scolaire, alors que nent. Toutefois, la question n’est pas là. pas à trouver une solution, c’est parce bureau publicitaire
c’est à eux qu’on doit s’adresser. Les pa- Les parents qui paient pour que leurs en- que malgré la bonne volonté de tous, les 3480 rue McTavish, bureau B•26
rents doivent s’intéresser à l’éducation de fants puissent étudier au privé –que ces discussions demeurent un dialogue de Montréal (Québec) H3A 1X9
leurs enfants». Avait-il tort? Non. premiers dorment dans des draps de soie sourds. x Téléphone : +1 514 398-6790
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tions du Daily (SPD)
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L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le


texte et ne se veut nullement discriminatoire.
Les opinions exprimées dans ces pages
ne reflètent pas nécessairement celles de
l’Université McGill.
Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la
Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la repro-
duction de ses articles originaux à condition d’en mentionner
la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les
droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de
la CUP). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les
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Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press
(CUP) et du Carrefour international de la presse universitaire
francophone (CIPUF).

2 Éditorial xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com


Nouvelles
nouvelles@delitfrancais.com

POLITIQUE PROVINCIALE
Sommet GEDI 2010
Trois jours de discussions et d’ateliers pour discuter des enjeux
du Québec
Xavier Plamondon suite partager leurs expériences des solutions en prenant compte
Le Délit et leurs connaissances, mais sans des opinions de chacun.
pour autant s’accaparer l’entiè- De plus, tous les thèmes dis-

D
u 26 au 28 novembre reté du débat. cutés sont proposés par les partici-
prochain, quelques 300 Les mentors invités pro- pants eux-mêmes. Ils soumettent
personnes âgées de 20 viennent de tous les milieux: ainsi des sujets qui les concernent.
à 35 ans seront attendues au corporatif, politique, artistique, En première position vient le cy-
Palais des Congrès de Montréal scientifique. Parmi eux se re- nisme et la perte de confiance en-
afin de partager leurs opinions trouvent Claude Castonguay, le vers la gouvernance publique, sui-
et débattre des nombreux enjeux «père de l’assurance-maladie», vi par le développement durable et
de société auxquels le Québec le directeur du journal Le Devoir, le choc démographique. Au total,
fera face au cours des prochaines Bernard Descôteaux, la sénatrice plus d’une vingtaine de thèmes de
années. Céline Hervieux-Payette, l’hom- toutes sortes seront discutés.
Alors que plusieurs événe- me politique Marc Lalonde, ainsi Un élément qui ne devrait pas
ments de cette nature prennent que l’animateur de radio et télé- décourager les intéressés est le prix
la forme de conférences où des vision, Jacques Languirand. d’inscription de cinquante dollars.
personnalités influentes s’adres- Un des objectifs principaux Ces frais comprennent deux repas,
sent à une salle remplie de jeu- du Sommet GEDI est de réunir la location du Palais des Congrès
nes silencieux, M. Paul St-Pierre une myriade de participants. «On et tout le support technique. «Si
Plamondon a voulu faire diffé- veut rassembler des étudiants quelqu’un ne peut pas se le per-
remment. «On ne voulait pas un et des jeunes professionnels de mettre, cette personne peut nous
public passif face à des baby-boo- toutes les régions du Québec, écrire et nous dire pourquoi elle
mers leur dictant quoi faire pour de toutes idéologies confon- désire participer et pourquoi elle
régler nos problèmes», explique dues, impliqués dans toutes les ne peut pas couvrir les frais de
le jeune professionnel à l’origine sphères de la société», renché- participation», assure Monsieur
du Sommet Génération d’idées rit M. St-Pierre Plamondon. «Si St-Pierre Plamondon. «On offre
(GEDI). «Au lieu d’une approche nous étions quatre personnes du aussi des prix spéciaux pour les
top-down, on a une approche bot- même parti politique, c’est sûr groupes de plus de vingt person-
tom-up.» Ainsi, les ateliers orga- qu’on aurait plus de fun! On se nes. On veut vraiment que tout le
nisés constituent des forums de dirait qu’on est bon parce qu’on monde puisse venir partager leurs
discussion où les jeunes peuvent a trouvé les même solutions.» Il idées.» Le Sommet Génération
faire valoir leurs points de vue explique cependant que le but d’idées 2010 s’avère un rendez-
auprès de personnalités publi- de l’exercice est de débattre des vous à ne pas manquer pour la
ques. Ces derniers peuvent par la idées divergentes et de trouver relève engagée.x

CAMPUS
Pour placer une annonce :
courriel : ads@dailypublications.org • téléphone : (514) 398-6790 • fax : (514) 398-8318
L’ASA se joint à l’EUS
Laura Andrea Saavedra permettre à l’ASA de pouvoir l’ASA ont voté «à l’unanimité en
en personne : 3480 rue McTavish, Suite B-26, Montréal QC H3A 1X9
Le Délit «redonner plus aux étudiants». faveur » de cette union. De plus,
Les frais : De plus, Daniel Keresteci, prési- il affirme que lors d’un référen-

L
Étudiants et employés de McGill : 6,70 $ / jour; 6,20 $ / jour pour 3 jours et plus. e mardi 9 novembre, l’En- dent de l’EUS, affirme que ceci dum présenté aux étudiants de
Grand public : 8,10 $ / jour; 6,95 $ / jour pour 3 jours et plus. Minimum 40,50 $ / 5 annonces. gineering Undergraduate ne va faire qu’ajouter une plus l’École d’Architecture, ils avaient
Society (EUS), dans un grande variété à la vie étudiante «eu un résultat de 90%» sur tous
les étudiants qui s’étaient présen-
Logement Offres d’emploi communiqué de presse, a déclaré
que finalement, «après presque
de la Faculté de Génie. Selon lui
«les étudiants d’architecture sont tés à voter.
ルームメイトを探しています。物静か、 き six mois de travail, l’Association un groupe diversifié», il estime La fermeture de l’Archi-
れい好きなカナディアン2人が3人目の ÉCOLE DES MAÎTRES des Étudiants d’Architecture que «c’est bien d’avoir ce côté-là tecture Café ne paraît pas avoir
シェアメイトを探しています。アパート Cours de service au bar et de service
(ASA) acceptait de se joindre» intégré» aux activités de toute la influencé cette décision. Selon
はお洒落なプラトー地区のローリエ駅( aux tables. Rabais étudiant, service
メトロオレンジライン)から1分で便利。 de référence à l’emploi. à eux. Jusqu’à cette date, l’ASA Faculté. Burrows, les deux événements
私たちは日本語を2年勉強していて、日 514-849-2828 n’était pas reconnue par McGill, Cependant, même si l’ASA «se sont développés indépen-
本語での会話を練習したいと思ってい www.EcoleDesMaitres.com parce qu’elle fonctionnait en tant passe sous l’aile de l’EUS, les damment l’un de l’autre». De
ます。英語・フランス語のバイリンガルな (inscription en ligne possible) qu’association indépendante, étudiants d’architecture auront plus, il affirme que le procès
ので語学勉強のお手伝いをします。家賃
même si les étudiants de l’École le droit de maintenir leur indé- d’unification n’a pas été accé-
は$495/月(暖房・電気・インターネッ
ト・電話代込み)詳細はご連絡ください。 Avez-vous d’Architecture faisaient aussi par- pendance. Selon Keresteci, do- léré «à cause de ce qui arrivait
kodamastore@gmail.com “un OEIL PARESSEUX” tie de la Faculté de Génie. Selon le rénavant, ils seront seulement avec le Café». Il déclare que, «les
depuis l’enfance? La recherche président de l’ASA, Kyle Burrows, soumis à la constitution et au deux ne sont pas nécessairement
Cours de vision de McGill recherche des ceci ne faisait que «toujours ré- Conseil Étudiant de l’EUS. Ils connectés». À présent, tout sem-
participants d’étude. Veuillez appeler duire l’étendue de ce qu’ils pou- vont pouvoir garder «un compte blerait être fini pour le Arch Café.
CANADA COLLEGE Dr. Simon Clavagnier au (514) 934- vaient accomplir». Selon lui, en bancaire séparé» et «s’organiser Burrows a même indiqué, que
1934, poste 35307 ou contacter
www.collegecanada.com tant qu’ «organisation non re- comme ils voudront». Il affirme, «l’espace [était] en cours d’être
mcgillvisionresearch@gmail.com
Tous les cours de langues : 7.00$/heure
pour de plus amples informations. connue», ils étaient limités non que cette décision n’a pas de dé- rénové par le professor Michael
Certification TESOL reconnue par seulement dans «les activités savantages, et que la seule raison Jemtrud comme un espace d’étu-
TESL Canada. qu’ils pouvaient entretenir sur le pour laquelle cette fusion se fait des.» Keresteci affirme que «si
Préparation pour TOEFL iBT, GMAT, MCAT, campus», mais aussi dans leurs maintenant est que les exécutifs l’ASA avait été impliqué avec
TEFaQ, TEF. ANNONCEZ DANS LE DÉLIT!
ads@dailypublications.org • 514-398-6790 ressources financières, puisqu’ils des deux associations étudiantes une organisation comme EUS
Visas étudiants, renouvellement de visas.
n’avaient pas le droit de «collec- actuelles étaient partants pour avant, le scénario du Café aurait
(514) 868-6262 Visitez-nous en ligne : ter des frais étudiants». Donc, se mettre d’accord à entrepren- pu finir autrement.» Cependant,
info@collegecanada.com www.delitfrancais.com
1118 rue Sainte-Catherine Ouest, #404, même si les étudiants d’architec- dre cette union. Les deux côtés il établit que maintenant «l’ASA
Montréal, QC Nouveaux tarifs publicitaires : ture devront payer une vingtaine paraissent avoir le même avis. a le potentiel de développer des
mcgilldaily.com/publicite de dollars de plus par semestre, En effet, selon Kyle Burrows, les nouveaux projets pour améliorer
d’après Burrows, ceci va surtout membres du conseil exécutif de la vie étudiante.»x

xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com Nouvelles 3


CAMPUS

HMB à cœur ouvert


Le Délit a rencontré la vice-chancelier et principale de l’université pour une une
rencontre semestrielle afin de discuter des frais de scolarité et de francophonie à
McGill. Celle-ci s’est fortement engagée à dialoguer avec la nouvelle ministre de
l’éducation, Line Beauchamp.
Francis L. Racine dans les locaux et dans les endroits publics de l’uni-
Le Délit versité comme c’est le cas aux HEC Montréal. Elle a
ainsi mentionné que la campagne de financement via la

H
eather Munroe-Blum a qualifié la rencontre du philanthropie et les dons a pour but de récolter 750 mil-
10 novembre de «great opportunity». D’entrée de lions de dollars et que pour l’instant les dons provenant
jeu, elle s’est félicitée de la présence des trois des entreprises ont été beaucoup moins importants en
journaux de l’université et a vanté la position de McGill proportion, étant donnée le solide socle des anciens. La
lors du dernier classement du Maclean’s. En effet, McGill principale a mis l’accent sur la nécessité de travailler
est toujours l’université numéro 1 au Canada en terme avec le public et le privé: «We need to work with the private
du prix étudiant pour la douzième année consécutive, sector. In Canada, we have a huge geography and small popu-
de remises de bourse en pourcentage du budget total lation; the only way to provide social and economic goods to
et de la réputation de l’université. Mme Monroe-Blum regions across the country is with a real collaboration between
a d’ailleurs rappelé le travail effectué du côté philanth- governments, universities, research enterprises and the private
ropique pour le financement de l’université en insistant sector. Let’s not forget the societal mission of the universities
sur l’effort effectué par l’administration mcgilloise pour and the outcome is to make a difference in society».
que les dons philanthropiques ne proviennent pas de Heather Munroe-Blum a ajouté que le régime
personnes accusées ou ayant été reconnues coupable gouvernemental de la gestion des universités était trop
pour des méfaits, au Canada ou à l’étranger. contraignant avec toutes les régulations et les directions
Lors du sommet de l’éducation convoqué par Line provenant du ministère de l’éducation  «To govern our-
Beauchamp le 6 décembre prochain, Heather Munroe- self with appropriate senate is feasable». Elle a d’ailleurs
Blum explique qu’elle présentera la position des rec- commenté l’idée de moduler les différents programmes
teurs et des principaux des universités du Québec. Elle universitaires: «I don’t think it is black or white». Elle s’est
a rappelé que ceux-ci sont parvenus, pour la première permise une parenthèse sur le sujet controversé du
fois de leur histoire, à s’entendre pour coordonner leurs MBA,  ce programme prestigieux où «no one has a God-
efforts et arriver à une positon commune: «le gouver- given right to a free MBA, it is dead-wrong to give people
nement du Québec doit jouer un rôle important dans free MBA from the money of the undergraduate students. The
l’accessibilité des étudiants aux études supérieures via discussions between McGill and the Government of Québec are
les prêts et bourses», car «toutes les institutions vivent still on track».
une crise financière et il nous faut plus de marge de Le Délit a demandé à la principale quel était son plan
manœuvre». Par contre, Mme Munroe-Blum a prévu pour attirer plus de francophones à McGill compte-tenu
que l’entente n’était pas contraignante et que peut- de l’excellence de l’université au classement canadien:
être certains membres de la Conférence des recteurs «Il y a plus à faire sur ce dossier […] but we have worked very
et principaux pourraient changer de camp. Elle a aussi hard in a bilingual way, we have made substantial partnership
contesté farouchement le fait que les étudiants ne re- with francophone institutions as the CEGEP de Jonquière, the
çoivent pas chaque dollar qu’ils investissent dans leur Université du Québec à Chicoutimi and the HEC, these par-
éducation, c’est-à-dire à l’université: «Let the student get tnerships are an expression of commitment of McGill to attract
their dollars. International students are not the cash-cow of the more francophones.» Il faut savoir qu’il y a environ 6000
government of Québec where they pay $17,000 per year. The étudiants francophones sur les 35 000 étudiants de pre-
university receives 1,700$ plus a grant of $5,000 for each mier cycle. Néanmoins, Mme Monroe-Blum a réaffirmé
international student, but there is still 10,300$ missing. This son engagement a attiré plus de francophones à McGill.
money, kept by the government, is reinvested into the whole Ainsi, Heather Munroe-Blum sera le porte-éten-
education system in order to lower, at the actual level, the fees of dard d’une hausse des frais de scolarités et d’un plus
Quebeckers». Critiquant par le fait même les régulations grand engagement du gouvernement dans la distribu-
du gouvernement du Québec quant à la gouvernance tion de bourses aux études. À la session d’hiver, la dis-
des universités. cussion portera sur l’avancement des dossiers discutés
La principale a toutefois réfuté la proposition de et elle a rappelé, en définitive, qu’elle désire restaurer
Heather Munroe-Blum prête à confronter le Gouvernement certains groupes de permettre aux entreprises de finan- le rôle des universités comme des forums de débat aux
Max Dannenberg cer directement l’université en apposant des publicités
enjeux de société. x

Le parrain de la mafia, Nicolo Rizzuto, abattu le 10 novembre et enterré le 15 novembre Le clan Rizzuto réunit lors des funérailles sous une très haute surveillance
Max Dannenberg Max Dannenberg

4 Nouvelles xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com


CAMPUS
Carousel des partenaires universitaires
Les petits chevaux se rendront-ils au Hilton à Québec pour dcapiter le projet de la ministre.
Emma Ailinn Hautecoeur la hausse des frais et les mesures tangentes des étudiants et étudiantes de l’Université consacrées au problèmes auquel font face les
Le Délit affectera l’accessibilité à l’éducation post-se- Laval), dont «la proposition que la CADÉUL universités, le lieu d’un vrai débat de société,
condaire, dont, on entend dire, la fréquenta- prenne position en faveur d’une manifesta- le moment de tout faire ressortir les revendi-

L
a ministre de l’éducation, Line tion était déjà plus faible au Québec que dans tion orientée pour appuyer les positions qui cations du mouvement syndical, du mouve-
Beauchamp, a fait appel aux recteurs et les autres provinces malgré son coût com- seront mises de l’avant par nos représen- ment étudiant et ensuite de pouvoir faire des
rectrices d’université, au secteur privé parativement moindre. L’inquiétude  : «  les tants’ n’a pas trouvé écho auprès des deux décisions avisées», explique Joël Pedneault.
et aux regroupements étudiants nationaux, prêts et bourses sont de toute façon toujours tiers des associations présentes, nécessaire Cependant, les «États Généraux» risquent de
pour participer à une «rencontre sur l’ave- insuffisants », note Joël Pedneault. L’AUEM pour adopter une proposition. » Cependant faire face au même sort que le contre-som-
nir des universités et leur contribution au a d’ailleurs été mandaté par la TaCEQ pour hier soir, le Conseil d’administration a décidé met organisé par la FEUQ et la FECQ avec
développement du Québec. Les «questions étudier ce dossier afin d’articuler une posi- de soutenir la manifestation. Tous ces fac- les organisations syndicales qui a eu lieu il y
soumises à la réflexion des participants» ont tion pour le 6 décembre. teurs rendent difficile la synchronisation des a une semaine, alors que le contre-sommet
confirmé aux regroupements étudiants que le efforts. Comme le laisse entendre Myriam appelé par la Table des partenaires universi-
dégel de 2012 est bel et bien fait accompli et Contribution fiscale obligatoire Zaidi, VP externe de l’AÉUM qui représente taires ne doit que se tenir le 25 novembre.
qu’il n’est plus question de revenir sur aucun Une des questions qui semblent faire McGill à la TaCEQ, «les désaccords se reflè-
des débats sous-jacents. En premier lieu, la consensus est celle de la contribution des tent au «top level» mais pas dans les relations Décisions prises
formulation des questions fâche les étudiants: entreprises. La TaCEQ se joint aux autres que les éxecs comme moi ont avec d’autres Samedi dernier, les membres de la
«Quels principes devraient guider la hausse fédérations étudiantes nationales pour dé- membres des autres associations. Et j’espère TaCEQ se sont néanmoins mis d’accord
des droits de scolarité?». Et comme le sug- fendre la proposition de contribution fis- que ça ne se reflètera pas au niveau des étu- pour adopter la proposition que «la TaCEQ
gère l’Association Facultaire des Étudiantes cale obligatoire de la part des entreprises, au diants.» appelle et participe, en collaboration avec les
et Étudiant en Sciences Politique et Droit de financement de l’éducation post-secondaire, autres associations nationales, à la manifesta-
l’UQÀM (AFESPED), «Les partenaires en compte tenu des «  bénéfices que les entre- États Généraux tion dénonçant l’illégitimité du sommet des
question n’étant pas nécessairement directe- prises retirent de l’éducation », comme établi Ces inquiétudes ne sont néanmoins pas partenaires et les hausses de frais». Myriam
ment liés à l’éducation, nous pouvons d’ores dans un document explicatif rédigé et adopté futiles quand on pense que la TaCEQ comp- Zaidi n’a pas de doute quant à la volonté des
et déjà supposer que le consensus ira dans par la TaCEQ. te se concerter avec les autres regroupements étudiants de McGill d’exprimer leur frustra-
le sens d’une augmentation substantielle des pour organiser la tenu d’États Généraux. «De tion lors de cette manifestation, le 6 décem-
frais de scolarité». Mais le moment choisi Coordination difficile façon concrète ça serait plusieurs journées, bre. x
pour tenir la rencontre - durant la période Certains groupes ont fait valoir leur po-
d’examen -et le temps restreint alloué à la sition très tôt. C’est le cas de plusieurs des
préparation d’une stratégie commune sont associations étudiantes comme l’AFESPED,
autant de raisons qui font que les étudiants qui depuis le 23 septembre a résolu «que
doutent d’une réelle volonté de les «consul- l’AFESPED participe aux manifestations
ter» de la part de la ministre de l’éducation, organisées par l’ASSÉ et la TACEQ dans
du loisir et du sport. Comme le laisse enten- le but de faire annuler le sommet». L’ASSÉ
dre le vice-secrétaire général de la TaCEQ, quant à elle a pour l’instant montré le plus
dont l’AÉUM est membre, Joël Pedneault, d’antagonisme face au ministère en refusant
le 6 décembre il s’agira d’un «dialogue peut- l’invitation de participer en tant que repré-
être mais pas d’un débat, alors que c’est jus- sentant étudiant à la rencontre des parte-
tement un débat de société qui s’impose! naires universitaires, mais comme le rappel
Ceci rappelle un peu les «séances d’écoute» Myriam Zaidi, VP externe et représentante
comme dit Heather Monroe-Blum.» de l’AÉUM à la Table, rien de surprenant
La ministre veut aussi se repencher sur dans cette prise de position: «l’ASSÉ n’a pas
la question d’accessibilité et réitérer le remè- la même mission». Certaines associations
de proposé par le biais de bonification du font même l’objet de disputes à l’interne
programme de prêts et bourses. Le doute en- qui les empêchent de participer à l’effort
core une fois plane au sein des étudiants, car du regroupement auquel ils appartiennent. Jimmy Lu

les arguments qui courent nient le fait que C’était le cas de la CADÉUL (Confédération

CHRONIQUE
Les gens normaux
la torture, sous prétexte que les Canadiens idées de la masse? D’ailleurs, ils vont, plus leur ferait découvrir que ce qu’ils disent n’est
Attention, chronique de droite
«normaux» ne s’en soucient pas. Édifiant. souvent qu’autrement, faire la promotion des qu’un tissu de mensonge et de préjugés. Non
Jean-François Trudelle
En fait, les gens ordinaires semblent seu- préjugés largement répandus dans l’opinion seulement découvriraient-ils que le peuple
lement exister dans la tête de ceux qui veulent publique. En effet, il est tellement plus aisé de sait lire, mais qu’il aime lire. Ils découvriraient
bien qu’ils existent. Ils sont un mythe créé surfer sur la vague plutôt que de la confron- aussi que non seulement les gens écoutent
dans l’esprit de gens avides de votes, qui, à ter. Qu’une idée soit répandue massivement de la musique, mais qu’ils l’apprécient. Être
défaut d’avoir des preuves crédibles pour ap- ne veut pas dire qu’elle est bonne. Une opi- cultivé ne signifie pas se déconnecter des réa-
puyer leurs opinions, utilisent cet argument nion minoritaire n’est pas méprisante du lités du monde. C’est uniquement apprécié
simpliste et facile pour avoir de bonnes lignes peuple. Elle est uniquement différente. Avoir ce que l’Humanité a de mieux à offrir.
dans les journaux du coin. Il se drape ainsi le courage de s’exprimer lorsque nous allons Parler au nom du vrai peuple, ce n’est
dans la vertu du citoyen ordinaire, aussi fac- au contraire du consensus est une preuve pas le glorifier. C’est le considérer comme
tice soit-elle, et ils s’en félicitent. que nous ne prenons pas les gens pour des trop stupide pour se cultiver et réfléchir.
Pourtant, de tels discours ne font aucu- imbéciles. Nous les considérons capables de C’est installer une culture de la médiocrité,
nement l’éloge du peuple. Ils ne font que faire un examen critique de leurs opinions une valorisation de l’imbécillité et un dédain
l’éloge de la médiocrité. La plupart du temps, face à de nouveaux arguments. Donc, au de l’éducation uniquement pour satisfaire
leurs cibles sont les gens diplômés, ceux qui contraire de ce que les populistes représen- son désir de pouvoir. Ceux qui prétendent
Combien de politiciens se tar- ont le malheur d’avoir fait des études supé- tant le «vrai monde» disent, ce sont parfois parler en son nom ne font que le rabaisser,
guent de parler au nom des «gens normaux»? rieures à Harvard, et qui émettent une opi- les «élites» qui sont les plus respectueuses de le traiter en ignare et dire que l’ignorance
Nous entendons souvent ce titre octroyé au nion contraires à ce que veut le «vrai» peuple. monsieur et madame tout-le-monde. Ne pas est quelque chose de bien. On nage ici en
peuple. Combien se vantent de se soucier du Désormais, ils ne sont que des élitistes qui prendre les gens pour des cons est une mar- plein monde orwellien où l’ignorance, c’est
«vrai monde» et de les défendre contre les pensent tout savoir mieux que tout le monde, que de respect. la force. Une telle culture est malheureuse-
«élites», ces méchants gens qui veulent leur alors qu’ils ne font que dire ce qu’ils croient Souvent, les attaques des porte-voix du ment en train de s’installer et laisse présager
dire quoi faire et quoi penser? être mieux pour tous. Pourtant, ils sont des vrai peuple vont aussi être dirigées vers ceux un triste avenir. Comment espérer que nos
Un peu trop quant à moi. Les élections éléments du débat démocratique. Ils font par- qui font la promotion de la culture générale. enfants veuillent aller à l’université si tout
de mi-mandat aux États-Unis nous ont tie du peuple. Lire Hugo et écouter Mozart serait le hobby ce qui porte un diplôme est pointé avec un
donné notre lot de populisme et la politique Il faut énormément de prétention pour d’une gauche caviar complètement décon- doigt accusateur?
canadienne semble suivre la même tangente. se faire le porte-parole du peuple. C’est à se nectée du monde réel. Encore une fois, ils se Alors, la citation de Churchill, à l’effet
Il suffit d’écouter les discours de certains demander qui est réellement l’élitiste. Celui montrent plus irrespectueux que n’importe que le meilleur moyen d’être découragé de
députés à la Chambre des Communes. Par qui a une expertise dans un certain milieu quel «élitiste» envers ceux dont ils croient la démocratie est d’avoir une discussion de
exemple, certains ont déjà cru bon d’esqui- et qui partage son avis dans ce domaine ou porter l’opinion. Un petit tour dans la biblio- 5 minutes avec un électeur, prendra tout son
ver des questions cruciales, notamment sur quelqu’un qui prétend être l’agrégation des thèque personnelle d’un citoyen ordinaire sens. x

xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com Nouvelles 5


OPINION
Le sourire qui tue
Citation du jour: «Je recèle sur le campus des réactions largement positives!»
- Heather Munroe-Blum
Emma Ailinn Hautecoeur d’impact décisionnel, le Town Hall était n’avait pu être «mandatée» à adhérer à la
Le Délit néanmoins un bon effort de relation pu- décision du gouvernement.
blique. Si vous aussi vous souhaitez orga- Un autre fidèle de la cohorte

U
ne salle pleine en haut de la niser votre Town Hall, dans votre faculté, Mobilization McGill, Jeremy Bunyaner,
montagne. Tout pour plaire à votre patelin, en famille ou entre amis, a ramené la discussion autour de la
la principale de l’Université ne manquez pas le site internet «Dix mission des services de restauration de
McGill. L’effort publicitaire n’ayant pas conseils pour une assemblée générale McGill qui, pour lui était en contradic-
été négligé, on aurait pu s’attendre à une fructueuse». Premier petit truc: «racon- tion avec la fermeture des points de ravi-
version soft qui selon les dires, caractéri- tez une anecdote personnelle». Ainsi, sur taillement étudiants. Sur ce, la réponse de
sait le Town Hall des années précédentes. la question de la mobilité de vélos aux Mendelson dans le rôle du parfait sidekick,
À son arrivée, Heather Munroe Blum heures passantes, HMB relate: «Chacun que la gente étudiante nomme désormais
s’est efforcée de reproduire au détail près vit sa propre expérience, moi, j’ai failli me «Voldemort», réitérant le parcours histo-
la photographie corporative qui accom- faire frapper!». Et le très classique «bien rique des Food and Dining depuis les an-
pagnait son invitation à  «une occasion sûr, quand j’étais étudiante, je n’étais nées 1990, présenté dans son mémo sur
spéciale pour discuter de questions d’in- pas en faveur des hausses de frais!». la fermeture du Arch.
térêt pour la communauté de McGill»: Forcément… Tout compte fait, le bilan est positif,
une poignée de main et son plus beau Ne souhaitant pas laisser la for- et un coup d’œil à une des photos pri-
sourire. me prendre le précédent sur le fond, il se, il faut le dire, «clandestinement» –le
Il ne serait pas magnanime de dire convient à présent de rendre justice aux caméraman officiel ayant reçu l’exclusi-
qu’effectivement, toutes les questions revendications étudiantes. Une des pre- vité pour la couverture visuelle de l’évé-
d’intérêt et d’actualité ont été à l’ordre mières revendications claires et concises nement– en témoigne: la salle paraissait
du jour. S’il n’était pas friand de logis- était d’ouvrir le Conseil d’Administration à moitié vide, parce que tous ses occu-
tique ni d’informatique, l’auditeur aura à plus que trois représentants du corps pants étaient en ligne derrière le micro.
pu apprécier un débat plutôt complet sur étudiant. À retenir: HMB affirme que le Les points faibles? Sur vingt questions
le manque de ressources qui commence processus est en cours et une promesse posées, la principale a avoué (ou feint)
à se faire ressentir auprès des étudiants de faire un effort en ce sens. Et, à la même à trois reprises ne pas savoir de quoi il
de deuxième cycle, sur la hausse des intervention de Guy Mark Lipschitz, une s’agissait. Et surtout le commentaire ci-
frais de scolarité ou encore sur la posi- réaction plutôt douteuse: «Nous [l’admi- blé à la presse étudiante, qu’elle a cepen-
tion controversée de la rectrice quant à nistration] avons été plutôt surpris de sa- dant chaleureusement reçu le lendemain Publicité pour le Town Hall
ses relations avec le gouvernement qué- voir que le point de vue général était que matin (voir article en p. 4): les médias
Gracieuseté de l’université McGill
bécois. Enfin, on ne saurait omettre les la gestion du dossier de l’Architecture essaieraient de créer «l’humeur exécra-
réactions à l’interdiction des vélos sur le Café avait été prise sous le secret.» Quant ble» qu’elle, perçoit comme «largement
campus ainsi qu’une critique qui tombait à  la position que HMB a présentée au positive».x
à point, soit la façon dont l’administra- nom de l’université à la dernière rencon-
tion «consulte» les étudiants. tre des partenaires universitaires, Adrian
Pour ceux qui l’on manqué, cet évé- Katz à employé en bonne et due forme la Commentaires sur la principale
nement mémorable est disponible en méthode socratique pour démontrer que,
baladodiffusion sur BcoolTV. Ne préten-
dant pas être une sphère d’échange ni
faute d’endossement de la part des asso-
ciations étudiantes, l’instance suprême
Visitez notre site internet
CHRONIQUE
Point d’ouverture ou de rupture?
Le Franc-parleur certains qualifient cette période à date et des Québécois. Par extension, si une du Parti Québécois avaient attiré l’atten-
Francis L. Racine indéterminée comme un chapitre difficile société est en santé, éduquée, en sécurité tion. Eh bien, comble de l’ironie, Jacques
dans la vie d’un gouvernement. De cette et économiquement viable, eh bien chers Parizeau a encore frappé pour rappeler à
manière, le gouvernement du Premier lecteurs, cette société deviendra meilleure, l’actuelle cheffe du PQ, Pauline Marois
ministre Jean Charest a justement conclu tolérante et surtout ouverte. Cette situa- qu’avant tout et par-dessus tout, la sou-
de nouvelles ententes de conventions tion est actuellement celle de la société veraineté du Québec est primordiale et
collectives sans manifestation (ou pres- québécoise. Nous sommes témoins grâce devrait être la seule priorité des péquis-
que) et, fort heureusement, sans loi spé- au Gouvernement du Québec en place tes; pourrait-on parler d’une tyrannie de
ciale. Cet effort de conciliation entre les depuis 2003 d’une croissance sociétale l’article 1.
parties qui mérite un grand bravo et une autant au plan économique qu’au niveau Chers lecteurs, cela fait quarante ans
tape dans le dos au gouvernement! intellectuel ou culturel. que les péquistes essayent de trouver une
Ce dénouement heureux avec les Du côté du Parti Québécois, le repli méthode d’accéder à la souveraineté tan-
syndicats de la fonction publique démon- est synonyme de l’article 1. On ferme dis que cela fait quarante ans que les libé-
Le blues de novembre est tre non seulement que le gouvernement des hôpitaux. On met à la retraite forcée raux font avancer le Québec.
un phénomène psychologique connu et respecte les citoyens qui travaillent pour des milliers d’infirmières, de médecins et Est-ce normal que, à la sortie
ressenti. En d’autres mots, un événement l’État, mais aussi que ce gouvernement d’enseignants. Tout ça pour arriver à un d’une crise économique, il y ait plus de
annuel où même le rouge des coqueli- respecte et est préoccupé par le bien- équilibre budgétaire du moment sans se Québécois au travail sous un gouverne-
cots du Jour du Souvenir ne permet pas être de toute la population québécoise. soucier de l’impact des mesures prises sur ment libéral et idéologiquement ouvert
de mettre de la couleur dans notre pers- C’est ce qu’on appelle une priorité. Par les générations futures. En plus de mettre sur le monde que sous un gouvernement
pective maussade et grisâtre passagère. contre, la préoccupation du bien-être en péril l’équité intergénérationnelle, ces péquiste et idéologiquement ethnocen-
Pourtant, aurait-on pensé que le gouver- des Québécois ne fut pas une priorité mesures sont dans le but et surtout dans triste lors d’une période de croissance
nement du Québec ferait fi de la moro- pour tous les gouvernements qui se sont le seul intérêt de l’article 1 du programme économique? La croissance sociétale
sité «novembriale» et qu’il conclurait une succédés au Québec. En effet, le Parti du Parti Québécois: leur souveraineté ou répond oui, car les libéraux auront, dans
entente de principe avec les infirmières Québécois semble être attaché à son la séparation. Donc, suivant la logique n’importe quelle situation économique,
du réseau de la santé? vieux démon (article 1) et s’entête à trou- du PQ, si une société est plus ignorante, comme priorité le bien être des Québécois
La présidente du Conseil du Trésor, ver un moyen de faire leur souveraineté craintive et victime de différentes crises, et non le radicalisme pour justifier la sé-
Michelle Courchesne, a peut-être réservé Du côté du Parti libéral du Québec, cette société décroisera et deviendra radi- paration. Préférez-vous l’ouverture ou la
cette surprise aux militants libéraux qui on négocie avec la fonction publique et cale dans ces positions. La souveraineté rupture? x
étaient réunis en Conseil général à Lévis on arrive avec des ententes jumelant res- justifie-t-elle les moyens pour y arriver?
en fin de semaine dernière, mais cette pect du fonctionnaire et développement Dans cette optique, les Québécois
belle annonce vient mettre un terme aux économique. On remplit les hôpitaux doivent choisir entre le développement
négociations entre le gouvernement du d’infirmières et de médecins. On remplit économique pour la redistribution de la Morose?
Québec et les fonctionnaires du la bu- les bancs des écoles et des universités par richesse du Parti libéral du Québec et la
reaucratie québécoise. Il faut savoir que le les enfants nés des politiques natalistes. justification des moyens pour satisfaire Écrivez pour Le Délit
renouvellement des conventions collecti- Toutes ces initiatives pour la croissance l’article 1 du Parti Québécois: la souve-
ves n’est pas un moment de tout repos; des intérêts supérieurs des Québécoises raineté. À la fin octobre, les belles-mères

6 Nouvelles xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com


POLITIQUE PROVINCIALE

Une Révolution dîtes-vous?


Les différents acteurs de la Révolution tranquille se sont retrouvés mercredi
dernier au musée McCord, 50 ans après.
Marie-Lise D.-Bisson aussi réitérÉ les principaux thè- que. Cinquante ans plus tard, nées Lesage est une conception Comment nous, jeunes uni-
Florent Conti mes derrière l’engagement de les Québécois et les acteurs de la mythique de l’époque des grands versitaires, nous plaçons-nous
Le Délit l’État dans la société: la décolo- Révolution tranquille sont capa- changements. Il s’agit peut-être là dans ce modèle? D’abord de-
nisation au niveau économique bles d’un peu plus de modération d’un des legs les plus importants mandons-nous ce qu’il se pas-

L
a discussion, organisée par et linguistique, l’éducation, ainsi dans leur analyse. et immobilisant à la fois. Autant sera lorsque cette génération
l’Institut des études cana- que la laïcisation. M. Bernard Landry a remis la fierté du peuple québécois face partira: Que nous lèguent ces
diennes et le Programme M. Gregory Baum, théolo- en question la présence d’une à cette Révolution est bénéfique penseurs, anciens acteurs cru-
d’études sur le Québec, a dé- gien et sociologue d’origine alle- véritable révolution dans les do- pour la nation, puisqu’elle per- ciaux du changement?
buté avec Louis Bernard, alors mande ayant vécu ici et étudié le maines économique, politique et met de solidifier sa conscience La génération post-Révo-
conseiller au gouvernement Québec, a renchérit sur le point social. Est-ce que le domaine du collective, mais elle peut aussi lution tranquille a la tâche de
Lesage, qui a présenté le contexte de la laïcisation, particulièrement développement des ressources se transformer en une nostalgie matérialiser les problèmes sou-
de 1964 +à 1970 en mettant l’ac- sur le rythme auquel s’est fait la naturelles a été bouleversé avec, malsaine, bloquant toute action. levés dans les années 1960. Que
cent sur l’évolution des relations séparation entre l’État et l’église par exemple, en 1906, l’idée de Puisque toute société est en ce soit la place du Québec dans
entre le Québec et le Canada. pendant la Révolution. Il a évo- la nationalisation de l’hydroé- perpétuelle évolution, comme le Canada, l’économie de la belle
Puis, Claude Castonguay a qué le paradoxe entre les actions lectricité? Est-ce que l’arrivée de nous le disait Gregory Baum, il province, ou encore la question
relaté son implication dans l’éta- symboliques païennes et la pré- l’Équipe du tonnerre marquait est logique que nous estimions de la souveraineté, toutes ces
blissement du régime de retraites tendue laïcité des Québécois. un chavirement? Mise en pers- que les réformes de la Révolution questions font maintenant face à
et de la Caisse de dépôt et pla- Finalement, Mme Françoise pective, la Révolution tranquille tranquille n’aient pas tout réglé. des enjeux plus globaux tels que
cement du Québec. Il a d’ailleurs Sullivan, danseuse et sculpteuse a peut-être finalement été plus Toutefois, pour ce sortir de ce mondialisation, ou immigration.
incité sur l’impact de ces deux influente au Québec et signa- tranquille que révolutionnaire. «blues postrévolutionnaire», il fau- Comment allons-nous
institutions sur l’amélioration taire du manifeste Refus Global, En dépit de ce questionne- drait attendre une aussi grande poursuivre ou révolutionner les
de la qualité de vie des ainés au a décortiqué le grand mouve- ment terminologique, peu im- effervescence que celle vécue à acquis établis au cours des cin-
Québec et la possibilité pour ment d’avant-garde artistique porte le nom que nous donnons l’époque. quante dernières années? La
l’état québécois de financer des des années 1940 et 1950. C’est aux années 1960 aujourd’hui, En effet, les multiples élé- société actuelle jouit des bases
projets d’envergure. Montréal, et non New York ou l’effervescence de l’époque sem- ments présents en 1959 –le dé- de la Révolution tranquille, mais
Le sociologue Guy Rocher, Paris, qui a vu naître cette mani- ble indescriptible –ou du moins clin du clergé, la mort de Maurice doit à son tour y contribuer.
membre de la commission Parent festation de modernisme, alors étrangère au cynisme politique Duplessis, ainsi que le baby-boom Tout semble être fait, et tout
de 1964, a mis de l’avant le rôle que la province était toujours d’aujourd’hui– et son impact sur et l’industrialisation croissante– reste à faire.
de l’intelligentsia de l’époque, plongée dans la Grande Noirceur. la société québécoise incontesta- sont des éléments uniques qui La Révolution tranquille ne
constituée de jeunes intellectuels Les considérations de M. ble. «C’était une époque où tout n’ont pas d’équivalence à notre doit donc pas demeurer un my-
qui, par exemple, agissaient à Landry et de Mme Sullivan sont était à faire!», ont lancé Louis époque. C’est sûrement d’ailleurs the intouchable. D’ailleurs ceci
travers Radio-Canada et l’Office particulièrement intéressan- Bernard et Claude Castonguay. la raison pour laquelle cet événe- serait contraire à l’idéologie ini-
national du film. Leur contri- tes puisqu’elles apportent des Au-delà des réformes, ce ment continue de fasciner, et ce, tiatrice de toutes ces admirables
bution a bouleversé plus que nuances à cet épisode histori- qu’il reste aujourd’hui des an- cinquante ans plus tard. voix de la Révolution. x
jamais la balance des pouvoirs
au sein de la société québécoise.
Guy Rocher a pris part à la com-
mission Parent en 1964, ce qui
a marqué un tournant dans la
réforme du système éducatif.
La discussion est devenue
particulièrement intéressante
lorsque le médiateur Kenneth
McRoberts a questionné les
panélistes sur les succès et les
échecs de la Révolution tran-
quille. Pour M. Rocher, l’éduca-
tion représente à la fois un suc-
cès et un échec. La réforme de
l’éducation, dont il est l’un des
instigateurs, a facilité l’accès des
Canadiens français à l’éduca-
tion, particulièrement au niveau
postsecondaire. Cependant, pour
le sociologue, la grande place
qu’occupe encore le privé dans
notre système d’éducation mon-
tre que la démocratisation de
celui-ci, but premier de la réfor-
me en éducation, est loin d’être
accomplie.
La Révolution tranquille
semble donc être le point de rup-
ture dans l’évolution de la société
québécoise, mais peut également
paraître comme un poids pour
les générations actuelles, devant
trouver des solutions aux nou-
veaux enjeux qui ont été engen-
drés par cette dite «révolution».
Pour le second panel,
c’est l’ancien premier minis-
tre Bernard Landry qui a ouvert
la marche. Son argumentation
tenait sur la remise en question
de l’utilisation du terme «révo-
lution» pour désigner les années
Lesage et a soutenu que les an-
Bernard Landry lors du panel sur la Révolution tranquille
nées 1960 au Québec ont plutôt Owen Egan
favorisé une «mise à jour». Il a

xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com Nouvelles 7


Société
societe@delitfrancais.com

Comme toute nouvelle technologie, le livre électro-


nique suscite craintes et interrogations, surtout
en ce qui concerne la diffusion non autorisée des
livres. Il est d’autant plus voué à remplacer un ob-
jet auquel les gens sont attachés: le livre papier.
Edith Drouin Rousseau de rentabiliser un livre électronique pour té. D’un côté, il permet une économie no- Droits au but
Le Délit une maison d’édition québécoise. table de papier. De l’autre, les matériaux Pour faire le tour de la question du
À l’opposé, André Racette, adjoint à servant à la production de ces appareils livre électronique, il est essentiel d’aborder

À
la suite du lancement du iPad en la direction générale de l’Union des écri- sont nuisibles pour l’environnement. De la question de la gestion des droits numé-
mai dernier, le site web TorrentFreak vaines et des écrivains québécois, rétorque plus, ceux-ci nécessitent une source sup- riques (GDN). Ceux-ci sont des protoco-
a lancé sa petite enquête sur le télé- que les livres électroniques sont beaucoup plémentaire de dépense d’énergie. les limitant le partage des livres électroni-
chargement des livres électroniques: les moins coûteux à produire que les livres Marie-Hélène Vaugeois soulève un ques afin qu’ils ne soient pas distribués
téléchargements ont augmenté en moyen- papiers. Ils sont l’occasion pour les auteurs autre problème qu’est cette omnipré- illégalement. Cette mesure a, entre autre,
ne de 78%. Cette hausse a été observée de réviser leur pourcentage de redevance à sence de la technologie dans nos vies: été utilisée par Sony dans le domaine de
auprès des livres qui faisaient partie du la hausse. «Les éditeurs qui vendent des «Lire, c’est un peu le moment où on peut la musique.
palmarès des dix livres les plus vendus livres numériques ont souvent moins d’in- éviter la technologie.» La première fonc- La GDN apporte son lot de problè-
aux États-Unis (les trois premiers étant termédiaires dans la chaîne de distribu- tion d’un livre de littérature est celle de mes. Certes, ils permettent la protection
respectivement The Blind Side, The Tipping tion, explique-t-il, ils distribuent souvent
Point et Freakonomics). Les ventes de livres les livres numériques directement sur leur
électroniques comptent désormais pour site Internet. Ils n’ont pas de frais d’entre-
10% du marché aux États-Unis, alors que posage et, bien entendu, d’impression.»
la proportion s’élevait à 1% il y a à peine Monsieur Racette se méfie d’ailleurs des
deux ans. Comment évoluera le livre élec- compagnies comme Amazon qui contrô-
tronique au Québec? L’adoption de la lent aujourd’hui le marché américain.
gestion des droits numériques (GDN) et la «C’est présentement un couteau à double
dominance marquée de certaines entrepri- tranchant: on voudrait que les pourcenta-
ses suscitent la discussion. ges soient plus importants, mais, en même
temps, les prix de vente qu’on constate aux
Anatomie d’un livre électronique États-Unis sont souvent beaucoup plus
La lecture d’un livre électronique peut bas que le livre papier. Il faut se méfier de
se faire sur des appareils dédiés exclusi- ce phénomène parce que ça ne se traduira
vement à la lecture de ceux-ci comme le pas par des plus grands revenus pour les
Kindle d’Amazon, mais aussi sur des appa- auteurs» déplore-t-il.
reils à usages variés comme les baladeurs Dans une autre perspective, le livre
numériques, les téléphones intelligents, électronique permet de regrouper l’inté-
les tablettes électroniques et les ordina- gralité d’une bibliothèque dans un seul
teurs personnels. Les livres électroniques appareil. Cela trouve son pesant d’or
sont disponibles dans plusieurs formats; auprès des étudiants et des professeurs,
certains sont universels et d’autres ne per- mais ceux pour qui la lecture est un loi-
mettent la lecture qu’à partir d’appareils sir, le livre électronique paraît moins utile.
particuliers, parfois protégés par des droits Transporter un objet tel qu’une tablette
numériques. électronique peut être plus encombrant et
Une des premières considérations des plus lourd qu’un livre en format de poche.
consommateurs par rapport au livre élec- En outre, la caractéristique la plus impor-
tronique est son prix. Moins onéreux que tante du livre électronique reste son inte-
le livre traditionnel, la différence entre le ractivité. Il permet de faire des recherches

«
prix du livre numérique et du livre papier
n’est toutefois pas la même partout. En
effet, elle est beaucoup plus marquée sur
Dans l’industrie du livre
le marché anglophone. «Amazon.ca vend québécois...l’offre est présente
des livres électroniques à perte depuis alors que la demande ne l’est
quelques années», explique Marie-Hélène pas encore.»
Vaugeois, présidente de l’Association des
librairies du Québec (ALQ). Cela force ses et de retrouver des citations en un clin
compétiteurs à diminuer leurs prix afin de d’œil, de copier et coller des extraits, de
pouvoir se tailler une place sur le marché. prendre des notes, de marquer des pages
Néanmoins, pour ce qui est des éditeurs faciles d’accès avec une table des matières.
québécois, c’est une toute autre histoire. La police, la couleur et la taille des carac-
La différence de prix est beaucoup moins tères peuvent être modifiées au goût du
grande. Il y a toutefois des coût supplé- lecteur. Les images et les textes en cou-
mentaires telle la ePub mentionne Marie- leurs et tout contenu audio et vidéo ne
Hélène Vaugeois. La ePub est le format sont pas des frais supplémentaires pour l’évasion, mais l’écran rend difficile cette des livres, mais ils rendent compliqué le
électronique dans lequel certains livres les éditeurs. L’instantanéité caractérise distanciation avec notre monde actuel. transfert d’un livre électronique d’un ap-
électroniques sont publiés. Tel que pour bien notre ère, car les livres électroniques Certains dispositifs de lecture à l’encre pareil à un autre et nécessitent que les édi-
les livres papiers, il doit y avoir un travail peuvent être achetés de n’importe quel en- tentent de reproduire l’effet du livre, car le teurs fournissent le support informatique
de correction de texte et une somme ver- droit ayant accès à Internet et à n’importe toucher du livre apporterait un sentiment nécessaire à leur utilisation. En outre, les
sée à l’auteur, mais il y a également une quelle heure. de détente. Madame Vaugeois affirme ce- droits numériques sont gérés par des com-
nouvelle mise en page. Madame Vaugeois L’idée que le livre électronique est pendant que ceux-ci ne sont pas encore pagnies extérieures aux maisons d’éditions.
explique qu’il faudra encore attendre avant meilleur pour l’environnement est contes- au point. Si ces premières font faillite, les lecteurs ne

8 xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com


e-book à livre ouvert
peuvent plus avoir accès aux livres électro- veau, disponible à tous. L’avantage de cet- pour se procurer un livre devient l’achat pas que le public soit emprisonné par des
niques qu’ils ont achetés. C’est d’ailleurs te pratique, c’est qu’elle tend à reproduire et non le téléchargement. D’ailleurs, mesures qui soient contre-productives
ce qui est arrivé à Fictionwise, un détaillant le mécanisme typique lié à l’emprunt d’un beaucoup de livres électroniques en vente pour la libre circulation des œuvres, mais
de livres électroniques. Bien que l’entrepri- livre papier. «La beauté de la technologie, sur Internet ne sont pas disponibles sur on veut que les auteurs soient compensés
se ait garanti aux utilisateurs qu’ils retrou- c’est les autres possibilités. La liberté et les sites de téléchargement. L’étude men- pour l’utilisation de leurs œuvres, qu’elles
veraient leurs livres, toutes les annotations la flexibilité», avance Ernesto, créateur tionnée au tout début de l’article en est soient protégées ou non» nuance-t-il. Le
et les modifications faites sur ceux-ci ont du site web TorrentFreak. Il exprime son une preuve: le palmarès des dix livres les livre numérique au Québec en est encore
été perdues. Un consommateur possède-t- point de vue en comparant le cas du li- plus vendus, toutes catégories confon- à ses balbutiements; les mesures à adop-
il alors vraiment un livre électronique lors- vre électronique avec celui d’une caméra dues, n’a pas été utilisé puisque les livres ter n’ont pas encore été décidées. C’est
que celui-ci est protégé par la GDN? numérique. Le but de la technologie est n’étaient pas tous disponibles sur les si- donc l’occasion de garder l’esprit ouvert
Les livres électroniques protégés par l’amélioration, et non la reproduction de tes de téléchargement. Ernesto s’oppose et d’observer les autres marchés qui sont
des droits numériques ne peuvent pas, ou ce qui existe déjà. De plus, empêcher une toutefois à cette perception de la GDN. déjà en branle pour en tirer des leçons.
«Ils n’empêchent pas le partage illégal Le marché du livre électronique évo-
des livres, les droits numériques peuvent luera-t-il dans le même sens que celui de
être facilement piratés» explique le web- la musique en ligne? Tous les individus
mestre. Qu’il y ait des droits numériques interviewés s’entendent pour dire que
ou non, les copies d’un livre électronique non. Monsieur Racette relate l’histoire de
seront, un jour ou l’autre, disponibles sur l’industrie musicale pour expliquer la dif-
la toile. «La GDN ne fait que punir les férence: «La demande des gens a vraiment
consommateurs honnêtes» s’indigne-t-il. devancé l’industrie, les gens se sont mis à
Ceux-ci ne peuvent pas disposer de leur vouloir avoir facilement accès à la musi-
bien comme bon leur semble. «Je pense que en format numérique et l’industrie de
que la GDN n’est pas la solution», parta- la musique a été très lente à réagir», éla-
ge Madame Vaugeois, appuyant l’opinion bore-t-il. Aucun site ne permettait l’achat
d’Ernesto. «Je pense que pour que la vente de musique en ligne, le téléchargement
des livres électroniques augmente, il faut illégal devenant la plus simple alternative.
que ce soit simple. Et les droits numéri- Dans l’industrie du livre québécois, c’est
ques ne sont pas simples» ajoute-t-elle. le contraire qui se produit: l’offre est pré-
En débloquant des options comme le par- sente alors que la demande ne l’est pas
encore.

« Le but de la technologie est


l’amélioration, et non la repro-
Pour le moment, le milieu semble
témoigner d’une pointe de progrès et de
compromis dont leurs confrères amé-
duction de ce qui existe déjà.» ricains et français ne font pas preuve.
L’impact que le livre électronique aura
sur le marché québécois est, pour sa part,
tage du livre et l’utilisation sur plusieurs contesté. «Le e-book ira chercher un nou-
appareils, le livre électronique deviendrait veau lectorat, des gens qui n’aiment pas
plus pratique que le livre papier et plus lire ou qui n’avaient pas le temps de lire.
simple d’utilisation pour les utilisateurs Il y a dès lors une nouvelle manière de
qui ne sont pas des mordus d’informati- lire» s’enthousiasme Madame Vaugeois.
que. En ce sens, c’est peut-être l’industrie Monsieur Racette exprime toutefois un
québécoise qui est en mesure de donner point de vue contraire. «Il faut voir quels
une leçon à ses confrères sur la protection sont les principaux facteurs qui incitent
du livre électronique. Comme l’a indiqué les gens à lire. C’est le niveau d’éducation
Marie-Hélène Vaugeois, la plupart des li- qui est un des principaux facteurs. Je ne
vres électroniques québécois ne sont pas pense pas que parce que les Kindle et les
protégés par la GDN, mais sont marqués livres électroniques de ce monde appa-
d’un filigrane incluant le nom de l’ache- raissent que le niveau d’éducation et les
teur et le droit d’auteur. Cette pratique motivations de lecture changeront pour
n’empêche pas le consommateur d’utili- le mieux.» En somme, un enthousiasme
ser son livre sur plusieurs appareils, ni de pour le livre numérique est très certai-
le prêter à son entourage, mais l’empêche nement présent au Québec. La manière
Quel livre pèse le plus lourd dans la balance du savoir? de le diffuser à grande échelle au risque dont l’industrie se développera est, néan-
Raphaël Thézé d’être contacté par l’éditeur. moins, encore à déterminer. x

de façon très limitée, être prêtés. Cette bibliothèque de prêter plusieurs exem- Technologie en voie de développement
caractéristique semble pratique pour une plaires d’un même livre prouve que la Les auteurs, bien qu’étant enthou- Si vous êtes plutôt du type livre en papier,
bibliothèque. Lorsqu’un livre électroni- GDN n’est pas, tout d’abord, une mesure siasmés par ce nouveau marché, craignent le Salon du Livre de Montréal est un
que est emprunté, il n’est automatique- pour empêcher le piratage. Ils sont plutôt la diffusion illégale et gratuite de leurs li- rendez-vous à ne pas manquer.
ment plus disponible pour les autres utili- destinés à assurer un profit monétaire. vres sur la toile. André Racette, de l’Union Où: Place Bonaventure
sateurs. Après un nombre de jours donné, Les supporteurs de la GDN expli- des écrivaines et des écrivains québécois, Quand: Du 17 au 22 novembre 2010
il disparait automatiquement de l’appareil quent que lorsque les livres sont protégés ne prône pas de solution particulière Combien: 8$ (6$ pour étudiants)
sur lequel il était utilisé et est, de nou- de manière efficace, l’option la plus simple pour apaiser cette crainte. «On ne veut

Société 9
CHRONIQUE
Montréal gastronomique
et les bons restos. En effet, chaque soir, des dizaines et Le Souhait
Les pieds dans les plats
des dizaines de bonnes tables montréalaises célèbrent Nous avons la chance (la malchance diront certains?)
Christophe Jasmin
cette frénésie pour la bonne bouffe. C’est pourquoi le au Québec de ne pas avoir un lourd bagage gastronomi-
gourmet montréalais de 2010 n’a que l’embarras du que à l’image de pays comme la France, l’Italie ou le Japon.
choix quand il s’agit d’élire un lieu pour satisfaire sa Il ne faudrait pas la gâcher en se complaisant dans un
fringale. De là à dire si ce choix grandissant se traduit certain type de cuisine après si peu d’années de pratique
par une diversité grandissante, il y a un (grand) pas à et un départ dans le monde de la gastronomie si réussi.
franchir. L’innovation, pas le comfort food, devrait être le mot d’ordre
Prenons notre gourmet montréalais: un soir, il dé- généralisé. x
cide de se rendre dans un des bons restos de la ville. Il
peut ainsi choisir entre Le Quartier Général, La Salle Les Recommandations
à Manger, Le Local, Le Comptoir, La Montée de Lait,
Le Garde-Manger, La Cantine, Le Saint-Urbain… où Pour finir, quelques recommandations parce que
Le Serveur qui arbore avec désinvolture La Chemise tout n’est pas si gris dans le ciel de la restauration
Carottée et/ou La Barbe de trois jours lui explique que, montréalaise (au contraire):
bien sûr, dans tous les plats affichés sur L’Ardoise de • Deux restos pas comme les autres avec
l’endroit on met de l’avant Le Produit local et on pri- des chefs qui se soucient sûrement peu
vilégie Le Plaisir avant Le Régime (définitivement plus des dernières tendances gastronomi-
à La Mode) et tout ça dans une ambiance bruyante ques: Juni (156 Laurier Ouest) et Toroli
qui évoque les concepts drôlement branchés que sont (421 Marie-Anne Est).
La Décontraction, La Convivialité et La Familiarité. • Deux classiques qui ne changeront ja-
Original, non? mais (on l’espère): Leméac (24$ la table
d’hôte après 22h; 1045 Laurier Ouest) et
La Business L’Express (3927 Saint-Denis).
Même si peu d’entre eux le diront, les restaurateurs • Des restos ethniques, pour voyager pas
Certains sont nés avec une CUILLÈRE sont avant tout des gens d’affaires. Si la seule passion cher cet hiver: Cuisine Szechuan (où
d’argent dans la bouche; d’autres, moins chanceux, avec qui les animait vraiment, leur seule raison d’être était la on sert des tripes de boeuf au szechuan
une cuillère de plastique. Moi, c’est plutôt avec une nourriture, la moitié serait peut-être sur une ferme en que vous avez toujours rêvé de manger;
cuillère pleine de foie gras. Moitié français, moitié qué- train de produire ces fameux produits locaux et l’autre 2350 Guy), Qing Hua (meilleurs dum-
bécois, j’ai grandi dans une famille où le fromage, le vin moitié ne serait pas sur le plancher du resto à s’assurer plings en ville; 1676 Lincoln) et Eche Pa
et la poutine ont remplacé depuis longtemps la sainte du coin de l’oeil que tout se passe bien, mais plutôt dans Echarle (sûrement le meilleur Péruvien à
trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Je travaille les cuisines de ce même resto en train de suer autant Montréal; 7216 St-Hubert).
aussi dans le monde de la restauration montréalaise de- que Mick Jagger durant un show de trois heures pour
puis plus de trois ans. Sinon, petit détail de moindre im- un salaire de misère. Bref, les restos et la gastronomie
portance, j’en suis à ma dernière session ici. Ce qui veut en général, c’est un business et comme dans tout bon
dire que, dès janvier, je quitterai non seulement McGill business, l’important est de savoir tirer profit d’un bon
mais aussi Montréal. L’intérêt pour vous là-dedans filon. Et la tendance actuelle de la bouffe conviviale et
étant que cette chronique vous emmènera dès la ses- réconfortante, cette fameuse comfort food, en est assuré-
sion prochaine à Bangkok, Hanoi, Phnom Penh, Kuala ment une. Résultat: à tous exploiter le même concept,
Lumpur, Jakarta… en passant par Paris et Prague, tout en les restaurants montréalais finissent par perdre leur
restant ancré dans un esprit montréalais. Puisqu’il faut identité distincte.
commencer par le commencement, cette première chro- Il faut probablement remonter au tout début des
nique aura pour thème notre métropole et son paysage années 2000 et à l’ouverture du fameux Pied de Cochon
gastronomique. de Martin Picard pour trouver le «responsable» de l’ac-
tuelle complaisance du paysage gastronomique mon-
Le Restaurant tréalais. La petite révolution causée par le concept nova-
Du point de vue gastronomique, le chemin parcou- teur du lieu et sa panoplie tout aussi novatrice de plats
ru à Montréal ces vingt dernières années est sûrement traditionnels québécois «réinventés» a mené, mainte-
sans précédent. La métropole est maintenant une desti- nant presque dix ans plus tard, à tout (y compris la très
La poutine au foie gras du Pied de Cochon
nation pour les foodies de ce monde. Et les Montréalais discutable poutine aux gnocchis) sauf… à une autre révo-
Blogue A Taste of Montreal
n’ont jamais eu autant d’appétit pour la bonne cuisine lution, ou même une remise en question.

Vous prenez des photos d’actualité?


Ça va cliquer avec nous.
société@delitfrancais.com

BILLET
Supporter les mères de Montréal: dire oui à la vie!
D
ans le débat entre les groupes pro-vie et pro-choix, d’argent et d’objets utiles pour les mères et leurs bébés. Les grossesse comme une option et qui l’obligent à renier sa ca-
s’il y a une chose sur laquelle tout le monde est d’ac- dons seront redistribués à des centres de ressources pour pacité en tant que porteuse de vie. C’est précisément contre
cord, c’est qu’une femme ne devrait jamais croire grossesses à Montréal. Cette collecte sera suivie d’une vente cette situation que nous devons lutter si nous voulons affir-
que l’avortement est l’unique solution face à une grossesse de pâtisseries le vendredi 26 novembre dans le Pavillon de mer la dignité de la femme.
inattendue. Deux faits sont donc incontestables: qu’une so- génie McConnell. Nous pouvons poursuivre cet objectif en soutenant les
ciété qui se soucie du bien-être des femmes reconnaît l’im- Le principe derrière ces efforts reprend la devise du quelques centres de ressources pour grossesses dans la com-
portance de fournir les ressources nécessaires aux femmes en groupe Féministes pour la Vie: «Les femmes méritent mieux munauté de Montréal. Une grande partie de ces centres fonc-
difficulté qui veulent garder leur enfant-à-naître, et qu’une que l’avortement». C’est un principe affirmatif qui cherche tionne grâce aux dons et au bénévolat, donc chaque contri-
femme en situation de crise et d’incertitude ne devrait jamais à valoriser la femme et sa capacité unique de porter la vie bution est importante. De plus, une telle collecte située sur
se sentir stigmatisée pour avoir choisi de porter à terme sa humaine pendant ses moments les plus délicats, un but qui un campus universitaire donne accès à l’information sur ces
grossesse. peut être partagé par des gens de convictions différentes. Si centres de ressources à un groupe de femmes qui pourraient
C’est à partir de ces prémisses partagées par tous, des le taux d’avortement demeure si élevé dans notre société, surtout en avoir besoin, dans un milieu où la discussion sur
adversaires les plus résolus de l’avortement à ses défenseurs surtout dans un milieu universitaire (96 815 avortements au la maternité se fait rare. Finalement, en affirmant la possibilité
les plus ardents, que le club pro-vie de McGill, Choose Life Canada en 2005, dont 42% ont été faits sur des femmes entre de toute femme de porter à terme sa grossesse, nous tentons
McGill, a décidé d’organiser une collection de couches et 18 et 24 ans selon Statistiques Canada en 2005), c’est d’une d’éliminer la stigmatisation de l’étudiante enceinte.
d’autres articles pour bébés, afin de rappeler cet aspect de la part dû au fait que les femmes sentent que la grossesse et la Nous espérons que vous nous joindrez dans cette bon-
vie humaine aux étudiants universitaires, ainsi que d’offrir du poursuite de la vie normale (les études, le travail, etc.) sont ne cause en y contribuant de n’importe quelle manière que
support matériel et financier aux mères en difficulté. Jusqu’au incompatibles. L’avortement est présenté comme un dernier vous puissiez le faire!
19 novembre, le club occupera une table à l’intersection «Y» recours à court terme, mais il n’adresse pas les problèmes Paul Cernek
du campus en centre-ville où il sera possible d’offrir des dons sociaux qui font en sorte que la femme ne considère pas la Secrétaire, Choose Life McGill

10 Société xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com


Arts&Culture
artsculture@delitfrancais.com

CINÉMA: RIDM 2010


Montréal est une plate-forme majeure dans la production et la diffusion du cinéma documentaire. Retour sur quatre
films projetés cette fin de semaine dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire.

D Sur la pointe des pieds


ans La danse, le documentariste Frederick Wiseman s’introduit discrè-
Frederick Wiseman ouvre les por- tement dans le monde plus que jamais oni-
tes du ballet de l’Opéra de Paris. rique du ballet, qui se construit lentement,
Toutes les facettes de cet univers sont ex- à chaque mot, chaque image, chaque pas.
plorées: la caméra s’immisce dans les salles Méticuleusement, le cinéaste permet aux
de répétition et le soir des représentations, néophytes de comprendre les mécanismes
bien sûr, mais aussi dans les coulisses, les et relations qui régissent cet univers. Tout
couloirs vides, la cafétéria et sur le toit de l’envers, le caché, l’invisible préalable aux
l’immense institution (où l’on fait de l’api- spectacles de ballet est soigneusement ré-
culture). La confection des costumes et des vélé. Aucun ajout de texte après montage,
accessoires, les discussions pour détermi- le documentaire La danse ne présente que
ner la prochaine programmation, les galas le ballet tel qu’il est. Les mots de Cocteau,
et les rencontres bureaucratiques avec les cités par un professeur à une ballerine pour
ballerines et les donateurs, ainsi que la rela- qu’elle évite d’intellectualiser son person-
tion hiérarchique et sévère entre les dan- nage, tout en communiquant néanmoins
seurs et leurs professeurs sont exposés. De ses émotions au public, ont une réson-
même, tous les visages sont éclairés, ceux nance pour ce documentaire de Wiseman:
des ballerines, des chorégraphes, du per- «C’est au public d’expliquer quelque fois».
sonnel administratif, des accessoiristes, La danse, une œuvre d’art à voir abso-
jusqu’au concierge et autres membres du lument. x
personnel d’entretien. En salle dès le 26 novembre. Gracieuseté des RIDM

Gracieuseté des RIDM Gracieuseté des RIDM il Giornale.it

La télévision italienne: boîte de pandore


S
ilvio Berlusconi, président du Conseil, que comme un membre de l’auditoire, c’est de Berlusconi s’est fondée autour de l’ima- Videocracy donne la parole à tous ces
est également propriétaire de la majo- parce que le plateau est réservé aux filles, ge qu'il projette: un homme authentique, acteurs de la télévision italienne. Cette per-
rité des chaînes de télévision et tabloï- les velina, affirme-t-il. Des milliers de filles le sourire aux lèvres, pour qui l’avenir de fection à laquelle tend Berlusconi, ce reflet
des en Italie. Que signifie concrètement aspirent à ce statut de poupée muette qui l’Italie est primordial. chimérique, crée une tension à la fois dans
cette situation? Le documentaire Videocracy reste aux côtés de l’animateur et qui distrait Un seul homme, Fabrizio Corona, le pays et au sein des rencontres avec les
d’Erik Gandini explore toutes les facettes de le public pendant les pauses publicitaires. parviendra à ébranler cette structure avant autres gouvernements du monde. Le ton
cet univers télévisé. Il y est d’abord expli- La télévision constitue un aller direct vers d’être, lui aussi, aveuglé par la lumière des est plutôt neutre et ce sont davantage Silvio
qué que la révolution culturelle italienne la haute société. En effet, la ministre de la projecteurs. Il dirigeait, avant d’être accusé Berlusconi, Lele Mora et Fabrizio Corona
est survenue avec une émission jouée sur parité en Italie, Mara Carfagna, était une d’extorsion, de nombreux paparazzi et re- qui font du documentaire une satire. Les
les ondes aux heures tardives dans laquelle velina. vendait aux célébrités (plutôt qu’aux tabloï- divers entretiens sont structurés de sorte
le public devait répondre à des questions. Le paradoxe s’accentue lorsqu’on ren- des) des photos qui compromettaient leur à créer un rythme impeccable qui ne fati-
À chaque bonne réponse, une femme s’ef- contre Lele Mora, le plus prolifique agent image parfaite, cette image d’une vie de gue ni n’ennuie le spectateur. On est as-
feuillait, vêtement par vêtement. d’artistes. Tout est blanc chez lui:…c’est la rayons de soleils et d’arcs-en-ciel. Il a passé surément intrigué par cet univers. Enfin,
Puis, on fait la rencontre d’un jeune «maison blanche». Mora, qui porte allé- quelques mois en prison avant de deve- l’exergue qui rappelle que 80% de la popu-
homme qui rêve de passer à la télévision. geance au défunt Mussolini, est également nir une icône, non parce qu'il avait parlé lation italienne utilise la télévision comme
Pour lui, le pouvoir de la télévision se si- un très bon ami du président Berlusconi. fort et levé un doute sur le gouvernement, source d’information fait résonner les mots
tue dans son ancrage dans les mémoires. En Italie, les cercles de la politique et du mais plutôt car il était le sujet d’un nou- de Corona: être timide, humble ou réser-
Toutefois, ce n’est pas l’innovation ni la divertissement s’entremêlent et finissent veau divertissement. Corona fera l’objet vé ne convient pas à l’écran italien. Ceux
persévérance qui manquent à cet Italien qui par ne faire plus qu’un. D’ailleurs, les fê- d’autres enquêtes couvertes par les chaînes qui parlent fort, ceux dont Videocracy fait
chante du Ricky Martin et maîtrise les arts tes organisées par le président sont popu- du président. Lele Mora dit même, sourire un portrait, sont des exemples, des héros
martiaux comme Jean-Claude Van Damme. laires auprès de Paris Hilton, Mike Tyson aux lèvres: «This investigation has become a free nationaux. Un documentaire qui fait rire et
S’il ne parvient à s’immiscer sur les plateaux Vladimir Poutine et Tony Blair. Le succès advertising campaign.» frissonner. x

L
Gracieuseté des RIDM
a Notte quando è morto Pasolini est un court que portaient Pasolini, Pelosi et d’autres ob- il compare sa relation éphémère à la Cène, le
documentaire sur la nuit du 2 novem- jets récupérés sur la scène de crime sont soi- dernier repas que Jésus-Christ prit avec les
bre 1975 lorsque le grand cinéaste Pier gneusement étalés sur une table. Les propos douze apôtres. Il explique également n’avoir
Paolo Pasolini est sauvagement assassiné. de Pino Pelosi perturbent parce qu’ils remet- jamais désiré faire la lumière sur cette nuit,
Pino Pelosi, qui avait été condamné le 6 avril tent en question cet épisode et la sécurité en suite à des menaces sur sa vie ainsi que celle
1976 pour ce meurtre et était alors âgé de dix- Italie, du moins à l’époque. Pelosi, qui avait des membres de sa famille. On lui avait même
sept ans, décide aujourd’hui de revenir sur ses une relation avec le cinéaste, répond qu’il ne assuré que s’il agissait dans les règles, il sorti-

La nuit est
aveux et d’éclaircir les faits de ce sombre épi- sait pas si Pasolini a été assassiné pour ses rait plus rapidement de prison. Ses paroles et
sode dans l’histoire de l’Italie et du cinéma. Il convictions politiques ou son homosexualité. ses émotions semblent sincères si ce n’était
raconte que le meurtre de Pasolini aurait été Aucun froufrou esthétique, Pelosi est pour cette image qui fond au noir: le visage de

encore
exécuté par des partisans fascistes, les frères simplement assis dans un couloir. C’est Pelosi orné d’un grand sourire. Est-ce le sou-
Borsellino, et prétend être une victime dans sur ses paroles que Roberta Torre veut atti- rire du diable ou celui d’un homme dont le
cet événement. rer l’attention. Et avec raison, puisqu’elles poids d’un lourd secret est maintenant enlevé

sombre
Les vingt minutes du documentaire sont contiennent une certaine poésie. Ainsi, après de ses épaules? x
divisées entre des extraits de l’entretien entre avoir regardé quelques photos du cadavre de
la réalisatrice Roberta Torre et Pino Pelosi et Pasolini, les larmes aux yeux, Pelosi raconte Par Mai Anh Tran-Ho
des séquences dans lesquelles les vêtements que le cinéaste ressemble au Christ. Plus tard, Le Délit

xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com Arts & Culture 11


CINÉMA: RIDM 2010
Yves Saint-Laurent raconté par Pierre Bergé
Luba Markovskaia nements sont d’abord présentés en noir et à son insu, une prédilection évidente de
Le Délit blanc, puis les couleurs s’ajoutent. S’ensuit Thoretton pour l’esthétique architecturale.
dans un rythme juste une entrevue avec Ceci est même apparent dans la scène finale,

D
ans L’Amour fou, Pierre Thoretton Pierre Bergé entrecoupée de scènes d’ar- celle de la vente aux enchères, où, malgré la
propose un portrait du grand cou- chives et de photos (notamment d’Annie tension de l’événement, la caméra s’évade à
turier français Yves Saint-Laurent Leibowitz et d’Helmut Newton). La trame travers les murs et le plafond vitrés du Petit
à travers les yeux de son compagnon de du documentaire illustre bien les tourments Palais pour filmer les environs.
vie, Pierre Bergé. Ce premier documentaire liés à la gloire de ce créateur propulsé dans La maison où il s’entretient avec Pierre
est centré autour de la vente et la mise aux le monde de la haute couture à 21 ans, ainsi Bergé est progressivement dépouillée de ses
enchères de la monumentale collection d’art que son génie artistique. œuvres sous le regard désabusé de Bergé,
du couple, constituée d’œuvres amassées au Artiste, Yves Saint-Laurent l’était. En qui dit n’avoir aucune nostalgie et ne pas
cours de vingt ans de vie commune. Pierre témoigne sa sensibilité pour l’art qu’il a croire en l’âme de ces objets. La collection
Bergé est interviewé dans leur maison, qui collectionné tout au long de sa vie. Il aimait sera donc dispersée chez des collectionneurs
est presque un musée chargé de tableaux les poètes, nourrissait une obsession pour privés, mais chacun des objets est filmé avec
(Mondrian, Picasso, Chirico, pour n’en Proust et avait un tempérament nerveux et minutie et presque dévotion, ce qui fait de
nommer que quelques uns), de sculptures et difficile. On revoit les nombreuses demeures la caméra une sorte d’élément rassembleur
de meubles de collectionneur. occupées par le couple à Paris, à Marrakech, des œuvres d’art, comme des souvenirs du
Le film s’ouvre sur le discours d’adieu, en Normandie… et c’est sans doute dans ces compagnon de vie de Yves Saint-Laurent,
puis les funérailles nationales du successeur scènes que le talent du réalisateur se révèle qui tourne tout de même son regard sur le
de Christian Dior, ce qui n’est pas sans rap- le plus. Les longues séquences d’une len- passé en se prêtant à l’exercice du docu-
peler la place capitale qu’occupe la haute teur méditative servent à donner l’ambiance mentaire. x
couture dans l’identité française. Ces évé- et le décor des lieux et dévoilent, comme En salle dès le 17 décembre. Gracieuseté des RIDM

CINÉMA
Tombé sept fois, huit fois debout
Le film de Xavier Molia dresse un portrait léger et lucide de la précarité en France.

Gracieuseté de UFO Distribution

Jade Weymuller comédie et drame. Il dépeint, entre autres, Plutôt qu’un film politique, 8 fois en France, un pays qui reste marqué par
Le Délit l’hypocrisie des procédures d’embauche debout est une fiction sur ces personna- la hiérarchie des classes. Sans être expli-
et la dure réalité du marché du travail qui ges bancals qui refusent de résumer leur citement politique, le film réussit à valser

C
V, entretiens d’embauche, lettres se veut de plus en plus exigeant. Les dia- identité à celle de leur travail. Xavier entre une implicite critique sociale et une
de candidature: preuves de moti- logues entre Elsa et Mathieu sur la façon Molia élude toutes sortes de clichés sur la histoire d’amour, tout en abordant les
vation ou objets de décourage- de valoriser son CV sont hilarants. «Le tir misère en montrant qu’il existe des situa- difficultés de la monoparentalité. Le film
ment? 8 Fois debout dresse le portrait d’El- à l’arc, c’est bien ça, ça fait sportif et intel- tions de désarroi, même pour des person- prend fin sur l’importance de la solidarité
sa, jeune trentenaire plongée dans une ligent», s’exclame Elsa en commentant le nes cultivées. L’impact des difficultés fi- et des relations humaines dans une socié-
grande précarité. Elsa vit de petits boulots CV de Mathieu. nancières sur les relations avec autrui est té de plus en plus égoïste.
au noir, et sa seule famille est son fils de On y voit aussi une satire de la pres- mis en valeur. Elsa et Mathieu remettront Le bémol du film est un problème ré-
10 ans dont elle a perdu la garde et qui sion sociétale qui nous pousse à faire des constamment leur histoire amoureuse à current dans le cinéma français: l’absence de
vit chez son père. Elsa cherche désespé- choix de carrière raisonnables et à pour- plus tard puisqu’ils n’ont «pas la tête à minorités visibles à l’écran. Le seul «étran-
rément un travail convenable et déclaré suivre ses études jusqu’au bout sans lais- ça». Elsa a honte de sa situation vis-à-vis ger» est un américain. De plus, Elsa, jolie
pour récupérer la garde de son fils mais ser de place au doute, signe d’instabilité. de son fils, ce qui l’empêche de s’occu- blonde, n’a pas les marques physiques de
enchaîne les entretiens ratées. Elle fait un On dispose de très peu d’informations sur per de lui durant les fins de semaine. Le sa condition sociale. Le film manque donc
jour la rencontre de Mathieu, son voisin Elsa, mais sa personnalité, tout comme cercle vicieux de la précarité (pauvreté, de réalisme. Cependant, dans les entretiens,
de palier, lui aussi au chômage. Comme le celle de Mathieu, devient vite attachante. dépression, manque d’estime de soi, chô- Xavier Molia explique que son objectif était
proverbe le dit, tombé sept fois, huit fois Elsa ne se plaint jamais et ne cherche pas mage, pauvreté) est particulièrement bien de présenter une forme de marginalité dans
debout. à mentir sur sa situation, malgré la pitié dépeint. laquelle beaucoup de personnes pourraient
Le premier long métrage de Xavier de son ex-mari et le regard critique des Loin d’être un film social, 8 fois debout se reconnaitre. Dans ce sens, le film tient
Molia est un joli exercice d’équilibre entre employeurs. montre certains fléaux toujours présents remarquablement bien. x

12 Arts & Culture xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com


Nicolas Minn

DANSE
La danse dans tous ses états
La danse est un art mystérieux, peu de gens osent s’y initier. Le nouveau spectacle de danse contemporaine
de Frédérick Gravel, Gravel Works, est l’introduction parfaite pour se jeter dans la gueule du loup.

Elizabeth-Ann tre le spectacle de danse, le show rock et le stand Le grand maître de cérémonie, le créa- David Kilburn, remise à un finissant en créa-
Michel Boulanger up comique. Les membres du groupe portent teur lui-même, fait la transition entre les tion et a complété une maîtrise sur le rôle de
Le Délit plus d’un chapeau tout au long du spectacle; tableaux avec humour et une certaine ma- l’Artiste dans la société démocratique à l’Uni-
les musiciens rejoignent ponctuellement les ladresse sympathique. Fervent pédagogue, versité du Québec à Montréal .

P
our commenter un spectacle de danse danseurs et le maître de cérémonie devient Frédérick Gravel explique les tableaux et la Plusieurs aspects de la danse marque-
contemporain, Frédérick Gravel consi- le chanteur. Ceci rend le tout très volage et musique. Il faut dire que l’homme n’en est ront donc le public dans cette pièce: la qua-
dère qu’il n’est pas indispensable de surprenant. pas à son premier spectacle. C’est la troisième lité des performances des différents artistes
connaître le vocabulaire technique et d’être Anormalement long pour un spectacle série de représentation de Gravel Works. De qui osent et se surpassent physiquement,
un gourou de la danse. Trois gestes suffisent: de danse contemporain, Gravel Works contient plus, il avait présenté il y a quelques mois Tout la simplicité et la maladresse des propos de
la main à la tête, la main au cœur et la main un entracte qui marque une scission dans la se poète la gueule, chérie [lire la critique dans la Frédérick Gravel qui jase plus qu’il n’expli-
au sexe. forme. La première partie, plutôt lente, est chronique de Francis Lehoux dans l’édition que les tableaux et les choix musicaux qui les
Le coup d’envoi est lancé: cinq dan- constituée de courts tableaux pendant les- du 14 septembre 2010]. Adoptant le chapeau illustrent.
seurs et deux musiciens forment la troupe quels la musique est omniprésente. Dans la de chorégraphe, interprète, éclairagiste, cher- Ce voyage contemporain touche à diffé-
Grouped’ArtGarvelArtGroup (GAG), mise en deuxième partie, les danses sont rythmées par cheur, metteur en scène et musicien à tour de rentes sphères de la création artistique, prou-
place temporairement le temps des dix repré- une musique plus techno. La composition est rôle, Frédérick Gravel est un artiste complet. vant que, parfois, nous n’avons pas assez de
sentations. Gravel Works est en fait une série plus collective et les tableaux beaucoup plus Son parcours universitaire l’annonçait déjà, mains pour les mettre sur «notre tête, notre
de tableaux qui forment un tout oscillant en- longs. puisqu’il a été le premier a obtenir la bourse cœur et notre sexe». x
Valérie Ouellet

THÉÂTRE

Sauvés par Tremblay


La mise en scène de Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges déçoit, mais la pièce réussit surtout grâce à la
langue de Michel Tremblay. Valérie Ouellet

Mai Anh Tran-Ho savoir qu’on a une roue de secours. Plus le pouvoir, qui brulaient d’envie de défoncer des Chroniques du Plateau-Mont-Royal crée un
Le Délit précisément, le roman raconte l’épisode des les clôtures sans trop savoir comment.» rythme fulgurant qui assomme le spectateur
préparatifs de la Fête Dieu, de la relation hié- Ce que propose Serge Denoncourt, qui n’a pas le temps de reprendre son souf-

L
’œuvre de Tremblay n’est pas in- rarchique entre les fillettes et les religieuses, c’est de nous raconter une histoire. Il sou- fle. De surcroît, les extraits du texte, même
connue du metteur en scène Serge de l’autorité et de l’influence de la religion ligne son désir de garder intact autant que ceux déclamés par les comédiens, sont pro-
Denoncourt, qui avait déjà mis en (nous sommes en 1942, quelques années possible l’impression romanesque, notam- jetés sur le fond de la scène et étourdissent
scène plusieurs pièces de l’auteur. Toutefois, avant la Grande Noirceur), de l’ignorance ment par la narration –les comédiens font le spectateur, la scène devenant ainsi trop
l’enjeu était différent cette fois-ci: Thérèse et des femmes face à la sexualité et du refoule- des apartés pour préciser le passé d’un lourde. Enfin, les personnages sont généra-
Pierrette à l’école des Saints-Anges est un roman. ment de leurs désirs et de leurs colères. personnage ou pour commenter une scè- lement interprétés avec justesse, mais le jeu
Il est indéniable qu’un travail considérable L’œuvre de Tremblay est une vaste épo- ne, par exemple–, et de rappeler qu’ici, on est par moments inégal. Dans ces instants,
de réflexion et d’adaptation a été effectué, pée et les personnages sont multiples. Pour raconte, on incarne des personnages, mais les personnages deviennent manichéens et
pourtant, il y a quelque chose de factice, de cette adaptation du roman au théâtre, Serge on n’est pas. Il était important pour le met- leur intériorité se perd, ces émotions et ces
forcé dans cette pièce présentée au théâtre Denoncourt a réduit le nombre de vingt-six teur en scène que son adaptation de Thérèse pensées comprises dans la narration et non
Denise-Pelletier. personnages à dix-huit. Choix tout à fait et Pierrette à l’école des Saints-Anges soit un dans le dialogue romanesque.
Thérèse et Pierrette à l’école des Saints- approprié, car l’action est alors moins écla- témoignage de l’époque, un rappel de ce En somme, l’adaptation de Thérèse et
Anges est le deuxième roman de la série des tée et la pièce, plus simple à suivre. Les per- qu’ont vécu nos mères et nos grands-mères, Pierrette à l’école des Saints-Anges de Serge
Chroniques du Plateau-Mont-Royal de Michel sonnages sont claquemurés par les hautes un «album de famille». Jusqu’ici, la réflexion Denoncourt est honorable, mais la trans-
Tremblay. L’action centrale de ce roman clôtures de métal qui circonscrivent l’école, est incontestablement logique. Seulement, position de l’univers romanesque n’est pas
est construite autour du cercle amical de et ne manquent pas d’évoquer l’atmosphère le roman semble ternir l’éclat qu’aurait pu complète.
Thérèse, Pierrette et leur amie Simone, une d’une prison. En effet, on peut lire dans le avoir la pièce. On rit et on s’y plaît, surtout grâce au
espèce de troisième roue que les deux pre- programme ces mots du metteur en scène: La structure en courtes scènes calquées texte de Tremblay, et parce qu’enfin, c’est
mières aiment bien, comme on aime bien «Une histoire de femmes à qui on refusait sur les courts épisodes propre à l’écriture une belle histoire. x

xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com Arts & Culture 13


L’ÉDITO CULTUREL COUP DE COEUR
Les Lions de Cannes
Éthique 2.0
Emilie Bombardier l’activité humaine devienne plus règle, aucune contrainte journa-
Le Délit complète. Les citoyens mettent listique, aucun rédacteur en chef,
souvent en lumière des secteurs aucun… support technique. Nous

N
ombreux sont ceux qui peu couverts par les plateformes savions dès le départ que nous
ont fait l’éloge de la dé- médiatiques traditionnelles. Et étions uniques.
mocratisation des médias réciproquement, les médias tra- Nous étions une petite armée Gracieuseté de l’APCM

à l’ère numérique. Et avec raison. ditionnels peuvent contribuer à (...) prête à relever le défi, à pallier à
Ayant à sa portée des outils de plus la popularisation de ces tribunes la piètre couverture des arts visuels Annick Lavogiez autres, Arctic Sun, qui promeut
en plus abordables, le lecteur et alternatives sur leur site. à San Diego, au désastre engen- Le Délit Tropicana Orange Juice en alliant
le spectateur peuvent non seule- Or, ce nouveau partenariat dré par le Union Tribune lorsqu’il le style documentaire à la promo-

L
ment s’informer plus facilement, aurait tout intérêt à être mieux a licencié son seul critique d’art, a pause publicitaire est sou- tion commerciale (Lion d’or de la
mais aussi informer autrui. On ne encadré. Un récent règlement Robert Pincus, en juin dernier. vent le moment du film, de catégorie film), ainsi que Subtitles
compte plus le nombre de blogues de comptes au sein du San Diego On nous a assuré que nous la série télévisée ou encore et Sexuality, deux spots présentant
et de tribunes nouveau genre qui Union Tribune, le plus grand quo- ne prendrions pas la place de de l’émission culturelle que l’on le Festival International du Film de
ont fait leur apparition dans le tidien de la ville californienne, Pincus. Il avait été remplacé par choisit pour se lever et vaquer à Vancouver (Lions de bronze de la
cyberespace, certains ont même prouve que la frontière entre jour- James Chute, critique de musique diverses occupations telles que le catégorie film) de façon originale et
changé le visage de l’information naliste professionnel et blogueur et directeur des cahiers spéciaux. réchauffage de popcorn, l’utilisa- humoristique.
traditionnelle. C’est notamment bénévole se brouille parfois, au Chute n’avait jamais écrit quoi tion discrète de la salle de bain, la Le film permet ainsi aux adep-
le cas du site américain Huffington détriment des deux. Le Los Angeles que ce soit à propos de l’art, mais consultation rapide de courriels et tes du cinéma et du divertisse-
Post, un quotidien d’information Times rapportait le 10 novembre il était diplômé en musique. Il était autres réseaux sociaux. Pourtant, ment, aux amateurs et profession-
virtuel fondé par Jonah Peretti, dernier que l’une des collabora- donc tout à fait qualifié pour cou- à y regarder de plus près, certaines nels du marketing, ainsi qu’aux
Kenneth Lerer et la très mondaine trices de leur blogue d’arts visuels, vrir les arts visuels. Nous avons publicités mériteraient une réelle inconditionnels zappeurs de la
Ariana Huffington. Lancé il y a Katherine Sweetman, avait appelé tout de même décidé de l’aider. attention, puisqu’elles font preuve publicité traditionnelle de réflé-
cinq ans, le site comptait d’abord au boycott du journal, dénonçant Et puis ça nous a frappé. d’une esthétique de qualité, d’un chir sur les rouages et la significa-
sur quelques employés et surtout à la fois le licenciement de Robert «Nous détestons le Union Tribune.» scénario original ou encore d’une tion de la publicité dans la société
sur ses blogueurs invités pour gé- L. Pincus, critique d’art et critique Le «nous» utilisé par la blo- grande créativité. d’aujourd’hui. Si les mécanismes
nérer son contenu. Ceux-ci étaient littéraire de longue date, ainsi que gueuse a été contesté par quelques C’est d’ailleurs ce dernier de la promotion, qui reposent
souvent dénichés par Huffington les conditions peu avantageuses uns de ses collègues. Son billet aspect que le Festival des Lions principalement sur des gags ou une
elle-même, qui peut compter sur dans lesquelles les blogueurs du soulève néanmoins d’importantes de Cannes, considéré par l’Asso- esthétique originale, demeurent
un carnet d’adresse bien fourni. Union Tribune étaient amenés à tra- interrogations. Pourquoi des blo- ciation des Professionnels de la d’un pays à l’autre sensiblement
Le nouveau média est désor- vailler. gueurs spécialisés, sollicités par un Communication et du Marketing proches, chaque spot publicitaire
mais rentable, influent et en pleine Cette critique virulente des média, ne seraient-ils pas rémuné- (APCM) comme le «plus presti- prend en compte la sociologie et la
expansion, de quoi déconcerter pratiques du quotidien a été pu- rés tandis qu’un journaliste qui ne gieux concours annuel de publicité psychologie du public auquel il se
les plus sceptiques du domaine. bliée sur son propre site web, quel- connaît apparemment rien du do- à l’échelle mondiale et le plus large destine. La créativité dont ils font
Il n’est évidemment pas donné à ques heures avant d’être retirée maine se voit offrir un poste rému- rassemblement international de preuve permet donc de les consi-
tous de dénicher les John Cusack, par l’équipe éditoriale. Dans un néré à temps plein? Pourquoi ne publicitaires intéressés par la créati- dérer comme d’excellents moyens
John Kerry et Deepak Chopra de billet intitulé «An Introduction/ pas avoir engagé un blogueur, ou vité en communication», choisit de d’appréhender la culture d’un pays.
ce monde pour légitimer sa nou- Resignation (A Small Gesture)», fait en sorte que le Union-Tribune’s récompenser depuis 1954. 28  000 Les Lions de Cannes 2010: Les
velle plateforme. Le succès du Sweetman expliquait: visual arts blog devienne la référence pièces, divisées en douze catégories meilleures publicités du monde semble
Huffington Post prouve néan- «Avec l’intention de mani- de la publication en matière d’arts et venant de quatre-vingt-quatorze donc bel et bien être une projec-
moins qu’il est possible pour un fester son appui (factice) aux arts visuels? La sortie de Katheirne pays, se voyaient jugées sur leur tion à ne pas manquer, sa sélection
média d’assurer sa viabilité en ex- visuels, le Union Tribune a gracieu- Sweetman souligne une importan- créativité en juin dernier lors de cet variée constituant un excellent et
ploitant l’aspect participatif. sement offert à quelques artistes, te lacune des médias de l’ère 2.0. événement. Constitué entre autres fidèle reflet de la production de
En constatant l’importance spécialistes et professionnels du Le cas du Union Tribune prou- de six jurés canadiens sur un total l’année 2010, partagée entre un
grandissante du «journalisme ci- milieu des arts la chance d’écrire ve qu’une redéfinition du journa- de 206, le festival a récompensé humour certain et divers messages
toyen» (le terme ne fait pas l’una- pour lui, n’exigeant de ceux-ci lisme professionnel s’impose, que huit agences du Canada, dont deux à portée sociétale plus sérieux et
nimité), certains médias ont perçu qu’un billet par semaine (52 par la réalité de la profession n’est pas agences québécoises. souvent poignants. x
une occasion d’établir un véritable année). Et pour quel salaire? complètement adaptée au virage L’APCM organise au Cinéma
partenariat avec le lecteur. Le quo- Aucun. numérique dans lequel elle s’est du Parc plusieurs projections du Les Lions de Cannes
tidien Le Monde, par exemple, laisse Les arts sont très importants entrainée. Du moins, avant que film Les Lions de Cannes 2010: Les Où: Cinéma du Parc
place à des tribunes alternatives et pour le Union Tribune, mais… l’ar- l’aspect participatif des médias ne meilleures publicités du monde, qui 3575 Parc
spécialisées, les blogues de ses lec- gent l’est également. soit qu’un prétexte pour écono- réunit différents spots publici- Quand: dès le 19 novembre
teurs, qui font en sorte que sa cou- J’ai accepté l’un de ces postes. miser, le débat a certainement lieu taire issus de cette 57e édition du Combien: 8$
verture de tous les domaines de C’était excitant. Il n’y avait aucune d’être. x Festival. Le film présente, entre

CHRONIQUE
La chronique dont vous n’êtes pas la cause
Tant qu’il y aura des livres tergiversations dont je vous épar- des répliques. Puéril, je ne dis pas tent pas la culpabilité de produire Une autre réponse, aussi fré-
Rosalie Dion-Picard gne les détails, l’essentiel étant: le contraire. une niaiserie parmi tant d’autres, quente que grossière: on écrit (de
pourquoi écrire si personne ne lit? Un lectorat qui ne se manifeste écrire est un jeu. Peu importe la rai- la fiction s’entend) avant tout pour
Heureusement, je peux tenir quel- pas entraîne chez le chroniqueur son et l’effort investi, tous écrivent. être compris en passant un message.
ques personnes pour lecteurs assu- étudiant deux réactions. Soit il s’oc- La question demeure: pourquoi Or, une conception bien établie veut
rés. troie une certaine liberté, calculant diable se donner tout ce mal, si ce que la littérature, ce soit de dire les
Vous vous doutiez bien que que l’impact qu’aurait une publi- n’est pour être lu? choses sans vraiment les dire. Par la
j’étais corrigée par aux moins trois cation d’une pertinence douteuse Que ce soit pour partager, bande. Par l’ironie. Par une foule de
personnes, qui vous épargnent mes serait nécessairement limité par la pour présenter une opinion, une jeux linguistiques. Commencer un
premières versions –chanceux vous, taille du lectorat. D’où la tentation vision du monde ou, plus élégam- roman en expliquant, par exemple,
comme on dit, mais qui d’autre?– d’un laisser-aller… Soit il s’impose, ment, une sensibilité particulière, que les jeunes ont du mal à trouver
car enfin, on ne sait jamais tout à au contraire, une rigueur parfaite: c’est tout de même une tentative leur place dans la société, que c’est
fait (ni même à peu près) combien s’il y a peu de lecteurs, ce qui n’est de communication, ne serait-ce pour cette raison qu’ils minent
C’est avec mon habi- d’exemplaires des journaux gra- en soi pas particulièrement flatteur, qu’avec soi-même. Parce qu’enfin, sciemment leur réussite sociale,
tuelle angoisse bimensuelle que tuits sont lus, et encore moins ce les pousser à la désertion tient du sinon on ferait autre chose, ou personnelle et professionnelle rend
je vous propose cette chronique. qui en est lu. Mon courrier des suicide éditorial. plus probablement rien. Je soup- caduque la suite, que l’on conçoit
Comme bien d’autres artisans de lecteurs, qu’on ne pourrait quali- Pour certains, disposer d’un çonne que la chose puisse aussi être une démonstration argumen-
la presse universitaire, je vis dans fier d’abondant, n’est pas davan- espace d’expression commande un avoir valeur d’exercice, ce qui me tative. La littérature est surtout, il
l’ignorance la plus totale: qui lira tage une référence. Si ce n’était du travail sérieux. Pour d’autres, écrire paraît noble: vous aurez remar- me semble, un portrait le plus exact
mes modestes écrits? Ce doute, rigoureux processus de correction, ne peut être pris à la légère. Tous les qué comme moi qu’il ne manque et nuancé possible. Si l’on croit déjà
qui a une petite teinte pathologi- j’écrirais sans craintes les pires insa- textes doivent tendre à être irrépro- pas d’«auteurs» qui n’écrivent rien comprendre le monde, nul besoin
que, donne lieu à de nombreuses nités, juste pour voir qui et s’il y a chables. Pour ceux qui ne ressen- d’autre que des textos. de creuser le réel. x

14 Arts & Culture xle délit · le mardi 16 novembre 2010 · delitfrancais.com


CINÉMA
16 Juillet 1942 LE DÉLIT AIME...
La Rafle est un film qui rappelle l’histoire
des Juifs ayant péri durant la Rafle du
Vélodrome d’Hiver.
La CinéRobothèque Gracieuseté de l’ONF

Elizabeth-Anne des films. Les plus indécis pourront ner des documentaires provenant
Michel Boulanger parcourir l’index où il est possible d’une trentaine de pays. En outre, le
Le Délit de sélectionner les films par catégo- 23 novembre sera présenté Antonine

L
es années 1990 sont em- ries (agriculture, arts visuels, droit Maillet – Les possibles sont infinis; la
preintes de plusieurs évé- et criminalité, politique et gouver- projection sera suivie d’un échange
nements marquants cha- nement, etc.), genre (films d’ani- avec des représentants de l’Union
cun à sa manière; l’effondrement mation, expérimental, etc.), séries des écrivaines et des écrivains qué-
du bloc soviétique, la création des comme «100 Québécois qui ont bécois. De belles activités pour les
Spice Girls, la signature du proto- fait le XXe siècle» ou encore par la mordus de culture!
cole de Kyoto... et l’ouverture de filmographie des réalisateurs, des Il est difficile de considérer
la CinéRobothèque à Montréal. interprètes, des années de produc- la CinéRobothèque comme un
La CinéRobothèque, qui a pi- tion, etc. concept désuet. L’ONF a seule-
gnon sur la rue St-Denis, demeure Cet endroit offre toutefois plus ment numérisé 1 000 films de sa
pourtant un établissement margi- que le visionnement gratuit sur pla- collection sur son site Internet, mais
nalisé. On la connaît peu. Certains ce. Il y est possible de faire l’achat l’accès web n’est pas pour autant
vont même jusqu’à se demander ou l’emprunt de films, de participer en reste. Des extraits et des ban-
en quoi, en 2010, à l’ère de la nu- aux activités de groupe ou de louer des-annonces de près 1500 films
mérisation, cette vitrine de l’Office des salles pour des projections per- sont accessibles gratuitement... sur
national du film (ONF) du Canada sonnelles. Tous les dimanches, le le iPhone, le iPad ou sur des pages
est encore indispensables à nos public a la possibilité de participer personnalisées comme iGoogle ou
quotidiens. aux ateliers d’initiation au cinéma Netvibe.
Tout d’abord, l’abondance des d’animation. Activité qui plaira sans Le déplacement en vaut la
œuvres offertes ne peut qu’impres- aucun doute aux tout-petits et aussi peine, car l’endroit nous séduit
sionner. Plus de 10 000 films sont aux plus grands! dès la première visite par sa simpli-
disponibles pour le visionnement L’établissement offre aussi cité, l’accueil et le service courtois.
Gracieuseté de Séville Pictures
immédiat aux stations d’écoute la possibilité de participer aux Les employés, prêts à conseiller
individuelle. À son arrivée, le spec- Rencontres Internationales du et à répondre aux questions du
Margaux Meurisse réussissent à passer à travers les tateur est libre de prendre place Documentaire de Montréal (RIDM) public, contribuent à donner à la
Le Délit mailles du filet grâce à l’appui à un poste d’écoute et, à l’aide de qui ont lieu jusqu’au 21 novembre. CinéRobothèque une place bien
du réseau de résistance, mais la l’ordinateur, de parcourir la liste C’est l’occasion unique de vision- spéciale dans nos cœurs. x

«T
ous les événements, majorité sont transportés vers le
même les plus extrê-
mes, ont eu lieu cet
été 1942.» Voilà les premiers mots
camp de Beaune-la-Rolande où
ils souffriront de violences, de
malnutrition et d’humiliation.
Le dessin de la semaine
que voit apparaître le spectateur, Femmes, hommes et enfants sont par Raphaël Thézé
au tout début de la projection du séparés et déportés dans des trains
film La Rafle réalisé par Roselyne de marchandises vers les camps
Bosch. Ce film retrace l’épisode d’Auschwitz-Birkenau où ils sont
poignant de la déportation de presque tous exterminés. Vingt
milliers de juifs orchestrée par cinq adultes seulement en sorti-
la police française pendant de ront vivants.
la Deuxième Guerre mondiale. Ce drame historique est
Cet événement s’inscrit dans le savamment mis en scène par
long processus de la Solution Roselyne Bosch qui excèle à re-
Finale, politique entreprise par les créer l’état d’esprit des officiers
Allemands sous la direction d’Hit- de la police française, des pom-
ler et appliquée par le maréchal piers et des témoins de ces arres-
Pétain sur le territoire français. tations infondées. Elle présente
La réalisatrice choisit de sui- une France collaboratrice et une
vre le quotidien de deux familles France résistante, parvenant avec
juives à la veille de leur déporta- adresse à reconstituer l’atmos-
tion, alors que l’armée alleman- phère insoutenable de l’époque.
de contrôle la moitié nord de la Les enfants, par leur innocen-
France. Les parents de l’une des ce et leur ingéniosité, endossent
deux familles (Gad Elmaleh et un rôle particulier. Dénonciateurs
Raphaelle Gaugué) tentent en involontaires de leurs proches lors
vain de cacher la menace immi- de la rafle et héros occasionels, ils
nente à leurs enfants. D’abord, portent en eux espoir et incom-
le port de l’étoile jaune, puis l’or- préhension. Les dialogues, vifs et
donnance interdisant aux Juifs percutants, sont souvent teintés
l’accès aux places publiques. Dans d’un humour raffiné qui fera sou-
cette descente aux enfers, trois rire avec précaution le public mal-
jeunes bambins continuent mal- gré la gravité des scènes projetées.
gré tout à gambader et à rire aux La critique n’a apparemment
éclats dans les rues de Paris sous pas été convaincue par le film et
les regards tantôt inquiets, tantôt un journaliste des Inrockuptibles
méprisants des passants. Au matin souligne la difficulté de la réa-
du 16 juillet 1942, la police cogne lisatrice à faire un choix dans sa
aux portes, frappe les femmes, synthèse: «Construit selon trois
agresse les enfants. Des dizaines échelles (Hitler dans les cocktails,
de camions sont en route pour le le gouvernement de Vichy, les
Vélodrome d’Hiver. Au milieu de victimes de la rafle), La Rafle em-
cette agitation, une infirmière dé- brasse tous les points de vue sans
vouée (Mélanie Laurent) soutenue laisser d’autre épaisseur d’âme à
par un médecin juif (Jean Reno) quiconque que celle provoquée
font partie des résistants et se par les violons.» Malgré tout, La
démènent pour apporter de l’aide Rafle possède des qualités certai-
aux 13 000 juifs entassés comme nes et sensibilisera ses spectateurs
des bêtes et vivant dans des condi- à l’un des épisodes les plus trau-
tions exécrables. Quelques-uns matisants de l’Histoire. x

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