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N°170 - Septembre 2018 AU CŒUR D’HEXATRUST : Oodrive, l’envie et l’audace

Dossier
Logiciels d’entreprise
une transformation profonde
SaaS – IA – Collaboratif – Low Code / No Code…

France : 5,40 € / Bel. : 6,00 € / CH : 10,50 FS / Canada : 10,50 $CAN

LICENCES ● RECHERCHE DÉSESPÉRÉMENT INGÉ SYS


LOGICIELLES ● LA 5G SORT DES LABOS

LE CLASH ! ● 3 SOLUTIONS POUR BOOSTER LE WIFI


L’œil de Cointe

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 3


Édito
Édito
RÉDACTION Édito
38 rue Jean-Jaurès 92800 Puteaux – France
Tél. : +33 (0)1 74 70 16 30
Fax : +33 (0)1 40 90 70 81
contact@linformaticien.fr
DIRECTEUR DE LA RÉDACTION :
Stéphane Larcher
RÉDACTION :
Bertrand Garé (rédacteur en chef)
et Guillaume Périssat (chef de rubrique)
avec :
Jérôme Cartegini, Alain Clapaud, François Cointe,
Christophe Guillemin, Sylvaine Luckx,
Reynald Fléchaux, Thierry Thaureaux Changement
d’époque
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION :
Jean-Marc Denis
CHEF DE STUDIO : Franck Soulier
Illustrations vectorielles : Designed by Freepik Comme vous pourrez le découvrir dans nos deux dos-
siers consacrés d’une part aux licences logicielles, et
PUBLICITÉ aux logiciels d’entreprise d’autre part, la fronde grandit
Tél. : +33 (0)1 74 70 16 30
Fax : +33 (0)1 40 90 70 81
contre les pratiques des éditeurs de logiciels en matière
pub@linformaticien.fr de licences logicielles. Par ailleurs, les applications d’en-
treprise en mode SaaS atteignent aujourd’hui la matu-
ABONNEMENTS rité et les TPE peuvent proiter des mêmes services que
FRANCE : 1 an, 11 numéros,
49 euros (MAG + WEB) ou 45 euros (MAG seul) les plus grands groupes internationaux.
Voir bulletin d’abonnement en page 79. Toutefois, il convient d’être prudent dans la gestion de
ÉTRANGER : nous consulter
abonnements@linformaticien.fr
ses ressources pour ne pas tomber dans des modes de
Pour toute commande d’abonnement consommation gourmands. C’est certainement dans
d’entreprise ou d’administration ce domaine que les éditeurs doivent progresser et se
avec règlement par mandat administratif,
adressez votre bon de commande à : montrer encore plus prévenants et transparents pour
L’Informaticien, service abonnements, leurs utilisateurs. Nous ne serions pas surpris que de
38 rue Jean-Jaurès 92800 Puteaux - France nouveaux utilitaires destinés à gérer au plus près la
ou à abonnements@linformaticien.com
gestion des Clouds publics, privés et applications qui
DIFFUSION AU NUMÉRO y tournent. En effet, toutes les entreprises qui se sont
MLP, Service des ventes :
Pagure Presse (01 44 69 82 82,
converties au Cloud ont été – à un moment ou l’autre –
numéro réservé aux diffuseurs de presse) confrontées à des consommations de ressources inap-
Le site www.linformaticien.com propriées ou inutiles.
est hébergé par ASP Serveur Partie plus tardivement que certaines nations, la France
IMPRESSION prend à son tour le train de la transformation numérique
SIB (62) et les projets sont désormais partout. Dans ce contexte,
Dépôt légal : 3e trimestre 2018 la compétition est maintenant encore plus féroce entre
Ce numéro comprend avec l’édition abonnés France
un encart d’invitation Salons Solutions.
les différents acteurs qui mettent en œuvre cette trans-
Toute reproduction intégrale, ou partielle, formation. Ceci a pour conséquence une guerre com-
faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit merciale sans merci et la nécessité de rendre le meilleur
ou ayants cause, est illicite (article L122-4 du Code
de la propriété intellectuelle). Toute copie doit avoir l’accord service aux meilleurs prix.
du Centre français du droit de copie (CFC), C’est pour cette raison que les modèles de licences tels
20 rue des Grands-Augustins 75006 Paris.
Cette publication peut être exploitée dans le cadre
que pratiqués par Oracle ou d’autres éditeurs suscitent
de la formation permanente. Toute utilisation à des ins aujourd’hui de plus en plus de réticences car ils ne cor-
commerciales de notre contenu éditorial fera l’objet d’une respondent plus aux attentes des clients. C’est ce que
demande préalable auprès du directeur de la publication.
vous pourrez découvrir dans les différents dossiers de
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ce numéro de rentrée 2018.
Stéphane Larcher Bonne lecture du numéro 170 de L’Informaticien. ❍
STÉPHANE LARCHER
L’INFORMATICIEN est publié par PC PRESSE,
S. A. au capital de 130 000 euros,
443 043 369 RCS Nanterre. Siège social :
38, rue Jean-Jaurès, 92800 Puteaux, France.

Un magazine du groupe ,

DIRECTEUR GÉNÉRAL : Michel Barreau Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 5


SOMMAIRE
L’Essentiel de l’actualité du mois
Sanctions Cnil, records Microsoft et Apple,
Google et Facebook tentés par la Chine,
Licences logicielles :
Amendes UE, Broadcom avale CA, le clash !
la France prête pour la 5G ?… . . . . . . . . . . . . . p. 8
À la Une p. 12
Licences logicielles :
éditeurs/entreprises, le clash ! . . . . . . . . . . p. 12
Rencontre
Serge Tisseron (psychiatre, docteur en psychologie) :
« Je plaide pour que soit reconnu le droit
des humains de savoir à tout moment s’ils DOSSIER LOGICIELS
interagissent avec un humain ou une machine » p. 20 . . D’ENTREPRISE
Bullet Point Une transformation profonde
Le réseau, c’est l’entreprise . . . . . . . . . . . . . . p. 25
AU CŒUR D’HEXATRUST p. 33
OODRIVE :
L’envie et l’audace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 28
DOSSIER LOGICIELS D’ENTREPRISE
Une transformation profonde
♦ Omniprésente IA p. 34
♦ Le Saas fait son nid
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. p. 36 La 5G sort des labos…


♦ Le Low Code s’impose . . . . . . . . . . . . . p. 38
♦ Slack, Teams, Workplace… nouveau
front-end des logiciels d’entreprise . . . . . p. 41 p. 45
INFRA
La 5G sort des labos… Quelles leçons tirer
des premiers tests en conditions réelles ? . . . p. 45
ITPT’27 : les nouvelles tendances
de l’infrastructure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 52 Windows Subsytem
Chaos Engineering : tester la solidité for Linux
de son système… en production . . . . . . . . . . p. 58
DEV
Windows Subsytem for Linux ne cesse p. 61
de s’enrichir de nouvelles distributions . . . . p. 61
Android Things est enfin disponible . . . . . . . . . p. 68
APPS
OpenText EW2018 : une solution simple
pour un monde complexe . . . . . . . . . . . . . . p. 72 Recherche
ACTIV’IT désespérément
Recherche désespérément ingénieurs système
ingénieurs système . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 75
EXIT
Trois solutions pour booster le réseau WiFi p. 80 .
p. 75
Offre spéciale d’abonnement . . . . . . . . . . . . . p. 79

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 7


L’ACTU DU MOIS
Cet été, la Cnil n’a pas pris de vacances
Le gendarme des données per- et non par un tiers. Enin, Teemo condamnée là encore pour défaut
sonnelles n’a pas chômé durant conserve les données collectées de sécurisation des données per-
l’été. D’abord avec la mise en pendant 13 mois, ce qui est bien sonnelles des demandeurs. Une
demeure de Teemo et Fidzup. Ces trop long au regard de la inalité fois n’est pas coutume, leurs
deux sociétés permettent à des du traitement, selon la Cnil. Les informations (avis d’imposi-
éditeurs de monétiser leurs appli- deux entreprises sont donc ins- tion, passeports, cartes d’iden-
cations mobiles en y intégrant tamment priées de se mettre en tité, titres de séjour, bulletins de
leurs SDK. Ces derniers collectent conformité avec la loi. salaires, attestations de paie-
diverses données : identiiants Dailymotion, pour sa part, écope ment de la CAF… 42 652 docu-
publicitaires du mobile, adresses d’une amende de 50 000 euros ments en tout) étaient librement
MAC et données de géolocalisa- suite à la fuite de données que la accessibles sur Internet, en modi-
tion. Lesquelles sont ensuite uti- plate-forme avait connue en 2016 : iant simplement le chemin de
lisées pour cibler de la publicité. 83 millions de comptes avaient été l’URL, sans qu’aucune authenti-
Rien d’illégal dans la pratique, compromis. La Cnil a mené son ication soit demandé. Il en coû-
mais encore aurait-il fallu cor- enquête et a déterminé que l’en- tera 75 000 euros à l’association.
rectement informer l’utilisateur treprise n’avait pas suisamment Toujours dans le domaine du
et recueillir son consentement sécurisé les accès à son système logement, l’Office public de
éclairé. Dans le cas de Teemo, d’information. À l’origine de cette l’habitat (OPH) de Rennes a lui
les utilisateurs ne sont pas infor- attaque, une vulnérabilité dans le aussi été épinglé par la Cnil. En
més lors du téléchargement d’une code source de Dailymotion publié cause, une utilisation du ichier
« application partenaire » qu’un sur GitHub, à savoir la présence des locataires de logements
SDK y est niché. Quant à Fidzup, en clair des identiiants et mots sociaux de l’OPH dans une ina-
l’utilisateur n’est informé « ni de de passe d’un compte admin de lité non prévue lors de la col-
la inalité de ciblage publicitaire la base de données de la plate- lecte des données. À savoir l’en-
du traitement mis en œuvre, ni forme. D’autant que le site autori- voi d’un courrier fustigeant la
de l’identité du responsable de ce sait les accès externe à son réseau baisse des APL, courrier qui ne
traitement ». Ajoutons à cela qu’il interne, de sorte à permettre aux relève pas de la mission d’infor-
n’est pas possible de télécharger partenaires de Dailymotion de mation de l’OPH. « L’utilisation
les applications en question sans modiier ou supprimer du contenu. des données personnelles issues
ce SDK. Et si les applications, à Une nouvelle faille exploitée pour du ichier des locataires de l’OPH
l’instar de celles du Figaro ou de dérober les données de la plate- pour adresser ce courrier était
Closer, demandent bel et bien forme, dont le manque de sécuri- incompatible avec la inalité ini-
le consentement au traitement sation méconnaît la loi et lui vaut tiale de la collecte de ces don-
des données, cela ne concerne cette amende. nées », écrit la Cnil, avant d’énon-
que l’éditeur et l’utilisation de Fin juin, c’est l’Adef, une associa- cer le verdict : une douloureuse
ces données par l’application, tion d’aide au logement, qui a été de quelque 30 000 euros.

Apple et Microsoft battent des records


Alors que Juilletistes et Aoûtiens se croisaient sur de dollars. Du côté de Cupertino, on rassure avec
les routes, Microsoft et Apple annonçaient leurs des performances solides et régulières. Si Huawei
résultats inanciers respectifs. Et quels résultats ! est passé devant Apple en termes de volume des
Redmond franchit pour la première fois la barre ventes au deuxième trimestre 2018, la marque à
des 100 milliards de dollars de chifre d’afaires. la Pomme se console avec un iPhone X passé en
L’ensemble de ses activités aiche une forte crois- tête des modèles les plus vendus de la gamme et
sance : « Productivity and Business » a généré une croissance du chifre d’afaires de ses smart-
35,8 milliards de dollars de revenus, en hausse de phones de 20 %. Les investisseurs ont réagi très
20 % sur un an. Azure, lui, rapporte 32 milliards. favorablement à ces résultats, tant et si bien que
Sa branche More Personal Computing représente Apple a dépassé les 1 000 milliards de dollars de
quant à elle 42,2 milliards de dollars. Même les reve- capitalisation boursière. Une première mondiale
nus des Surface augmentent : +15 % à 5 milliards dans le secteur de la Tech.

8 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


Google et Facebook tentés par la Chine
Facebook a mis un pied

L’ESSENTIEL
en Chine cet été. Mais cela
n’aura duré qu’une poi-
gnée d’heures. Fin juillet,
le New York Times rappor-
tait que l’entreprise de Mark
Zuckerberg avait obtenu le
feu vert des autorités pour
ouvrir une iliale sur le sol
chinois : un hub technolo-
gique basé à Hangzhou,
patrie de Jack Ma et d’Ali-
baba. Il n’était absolument
pas question d’un lance-
ment du réseau social dans
l’Empire du Milieu, mais
cette première implanta-
tion représentait un grand
pas. Cependant, au bout de
quelques heures, toute mention de cette iliale locale, avec ce que cela implique de iltrage
disparaît des sites oiciels chinois. Ni Facebook des contenus et mots clés. Ce projet, bap-
ni Pékin n’ont oiciellement communiqué à ce tisé DragonFly, ne fait pas l’unanimité dans les
sujet mais, selon la presse américaine, le gou- rangs de Google, certains de ses salariés mani-
vernement a fait volte-face. En cause, une festant leur désaccord devant ce recul. Tant
mésentente entre l’administration centrale en et si bien que Sundar Pichai a dû assurer que
charge du cyberespace et les autorités régio- Google n’était « pas prêt à lancer un produit de
nales du Zhejiang, province dont Hangzhou est la recherche en Chine », ni qu’il pouvait ou vou-
capitale. La première reproche aux secondes de lait le faire. Pour attaquer le marché chinois,
ne pas l’avoir suisamment consulté sur le sujet des concessions sont nécessaires et Apple l’a
et a ensuite fait barrage à l’installation de ce hub bien compris. Cupertino vient à nouveau d’ef-
technologique, réduisant les espoirs de Facebook fectuer un grand ménage sur son App Store à
d’installer une iliale en Chine à peau de chagrin. destination de la Chine, supprimant quelque
Google aura-t-il plus de succès ? Le géant du 25 000 applications, principalement des jeux
Web planche sur un moteur de recherche dédié d’argent, ain de se conformer au réglementa-
au marché chinois et respectant la législation tion en vigueur.

4,34 milliards d’euros d’amendes


Vo u s avez aim é l ’a m e n d e et des années de négociations « Google a utilisé Android
de 2,4 milliards d’euros infli- infructueuses, la Commission comme un moyen de cimen-
gée par la Commission euro- européenne communiquait en ter la domination de son
péenne à Google sur le dossier avril 2016 ses griefs à Google, moteur de recherche. Ces
Shopping ? Vous allez adorer lui reprochant d’abuser de sa pratiques ont privé les
le dossier Android ! L’instance position dominante sur le mar- rivaux de la possibilité d’in-
européenne a battu son précé- ché des systèmes d’exploitation n ove r et d e riva l i s e r s u r
dent record, gratiiant le géant mobiles. Et ce afin de pous- le fond. Ils ont refusé aux
américain d’une contraven- ser ses propres applications et consommateurs européens
tion de 4,34 milliards de dol- services. Ainsi, Mountain View les avantages d’une concur-
lars. Après une longue enquête obligeait les constructeurs de rence effective dans l’im-
smartphones sous Android p o r ta nte s p h è re m o b ile .
à préinstaller Search et Ceci est illégal en vertu des
Chrome comme condi- règles antitrust de l’UE »,
tion à l’obtention d’une soutient la commissaire à
licence d’utilisation du la concurrence, Margrethe
Play Store. Il est éga- Ve s t a g e r. L’ a m e n d e d e
lement accusé d’avoir 4 342 865 000 euros est à la
payé certains pour qu’ils mesure des revenus publi-
installent exclusivement citaire de Google sur les
ses propres applications mobile Android en Europe.
sur leurs terminaux et Mais ce n’est pas fini ! La
d’avoir fait obstacle à la Commission planche tou-
commercialisation d’ap- jours sur un dossier brûlant
pareils tournant avec des qui pourrait bien dépasser ce
forks d’Android. Des pra- nouveau record. En efet, la
tiques anticoncurrentielles, troisième accusation porte
écrit la Commission. sur le cœur de métier même
de G oogle, sa principale
source de revenus : la publi-
cité et tout particulièrement
Adsense. Il faudra sans doute
attendre l’été prochain pour
connaître le dénouement de
cette énième afaire.

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 9


L’agenda IT
SALONS SOLUTIONS
Les Salons Solutions - ERP, CRM,
BI, E-Achats, Dématérialisation,
Archivage en ligne, SDN/InfotoDoc,
Serveurs & Applications.
DU 24 AU 26 SEPTEMBRE
à Paris, Porte de Versailles.

DREAMFORCE
Salesforce convie ses clients
et partenaires à son événement
Broadcom avale CA Technologies
Se casser les dents sur Qualcomm n’a pas entamé l’appétit de Broadcom.
Dreamforce à San Francisco Le Géant des semi-conducteurs se console en mettant la main sur l’édi-
du 25 AU 28 SEPTEMBRE. teur CA Technologies, pour 18,9 milliards de dollars. Les domaines d’ex-
pertise de CA Technologies peuvent sembler bien éloignés des activités
de Broadcom dans les semi-conducteurs. L’éditeur développe un por-
THINK PARIS tefeuille de logiciels destinés aux mainframes pour gérer et sécuriser
Journée IBM de partage des environnements informatiques complexes. Mais pour Broadcom, il
d’expériences sur l’IA, s’agit, d’une part, de diversiier ses activités et, de l’autre, d’éviter que
la Blockchain, l’Internet des Objets, l’opération soit qualiiée de concentration. C’est-à-dire éviter que son
le Cloud, la Sécurité, rachat soit à nouveau bloqué par l’administration américaine, comme ce
fut le cas lors de sa tentative d’acquérir Qualcomm. Broadcom espère
le 9 OCTOBRE boucler ce rachat au quatrième trimestre 2018, son premier depuis qu’il
à Paris (Carrousel du Louvre). a rapatrié son siège aux États-Unis. Mais encore faudra-t-il que l’opéra-
tion reçoive le feu vert des diférents régulateurs : américains mais aussi
européens, ou encore japonais…
ASSISES SÉCURITÉ
Grand rendez-vous annuel
des RSSI, les Assises de la sécurité
des systèmes d’information
à Monaco (Grimaldi Forum)
du 10 AU 13 OCTOBRE.

DEVOPS REX
Conférence francophone
sur la méthodologie « devops »
en entreprise le 16 OCTOBRE
à Paris (Grand Rex).

MOBILITY
FOR BUSINESS
Salon des solutions
et applications mobiles
les 17 ET 18 OCTOBRE
à Paris (Porte de Versailles).

WEB SUMMIT
« The largest tech conference
in the world »,
avec plus de 70 000 participants
et 1 200 conférenciers 5G : la France se prépare
du 5 AU 8 NOVEMBRE Le gouvernement a dévoilé cet été sa feuille de route sur la 5G. Désireux de
à Lisbonne (Portugal), Altice Arena. ne pas reproduire le retard pris sur la 4G, l’exécutif insiste sur trois objec-
tifs prioritaires. Le premier d’entre eux : multiplier les pilotes. Les premiers
pilotes 5G ont été lancés ces derniers mois par Orange et Bouygues ; SFR
EXPERIENCES ne devrait plus tarder, tandis que diverses expérimentations sont toujours
menées en laboratoire. Mais le gouvernement souhaite que les opérateurs
Microsoft Experiences 18, ne soient pas les seuls à s’emparer du sujet et appelle en conséquence l’in-
« l’événement de l’intelligence dustrie ou encore les collectivités à s’engager. Deuxième objectif : attribuer
numérique », au plus vite les fréquences pour la 5G et « avoir un déploiement commer-
les 6 ET 7 NOVEMBRE à Paris, cial dans au moins une grande ville dès 2020 ». En outre, la feuille de route
Palais des Congrès prévoit que « les principaux axes de transport » soient couverts en 5G dès
de la porte Maillot. 2025 : c’est le troisième objectif, sans doute le plus ambitieux. Avec enin,
parmi les divers chantiers, le développement des nouveaux usages que
le gouvernement souhaite « favoriser ». Un domaine dans lequel la France
Toutes les dates à retenir sur est encore pauvre : seules trois expérimentations sont prévues et toutes
www.linformaticien.com/agendait concernent la voiture connectée.

10 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


LICENCES
LOGICIELLES
ÉDITEURS/ENTREPRISES : LE CLASH !
Contrats de licence illisibles, chasseurs de primes, l’USF (association des Utilisateurs
SAP Francophones). « Sans aller
méthodes de voyous, racket, les noms d’oiseaux jusqu’à dire que SAP utilisait l’audit
fusent lorsqu’on évoque la problématique des comme moyen de pression, nos adhé-
licences logicielles auprès des DSI. Alors que rents s’interrogeaient sur le lancement
de tels audits en pleines négociations
les migrations vers le Cloud battent leur plein, le commerciales. »
torchon brûle entre DSI et grands éditeurs. De même que beaucoup de DSI ont
pu être choqués que les éditeurs
À l’heure du « Cloud First » et facture Oracle était déjà considérée veuillent faire tourner leurs logi-
des grandes migrations vers comme astronomique. « Les auditeurs ciels de contrôle sur l’ensemble de
AWS, Google Cloud et Azure, sont clairement payés aux résultats leurs serveurs. On se souvient que
le modèle de licencing des et sont incités à nous faire le plus Carrefour avait refusé que Oracle
éditeurs de logiciels craque de de mal possible ! », s’indigne un DSI. ne fasse tourner ses scripts sur ses
toutes parts. Les entreprises refusent L’analyse est très proche du côté des machines arguant d’un risque d’ac-
de plus en plus des méthodes qu’elles clients de SAP où la collusion entre cès à des données confidentielles. Le
considèrent comme brutales et forces commerciales et auditeurs a Français avait obtenu gain de cause
déloyales de la part de grands édi- choqué les DSI. « Forces de vente et en justice, le TGI de Nanterre manda-
teurs mondiaux pilotés des États- auditeurs appartenaient à la même tant deux experts indépendants afin
Unis. Étranglés par les exigences de structure organisationnelle et, lors des de réaliser le décompte des licences
croissance de leurs actionnaires, ces négociations commerciales, il n’était Oracle en production chez Carrefour.
derniers ont bien du mal à préserver pas rare que SAP lance un audit au Cette décision faisait suite à celle
leurs flux financiers tout en négociant même moment », explique Gianmaria de l’affaire de l’AFPA, Oracle consi-
ce virage vers le Cloud. Perancin, le nouveau président de dérant que le module achat utilisé

Des audits de sécurité


qui s’apparentent
à des missions punitives
Dans ce bras de fer, un éditeur,
Oracle, cristallise toutes les haines.
Déjà réputée pour la férocité de ses
commerciaux, la créature de Larry
Ellison a provoqué la colère de nom-
breux DSI à la suite d’opérations d’au-
dit de licence jugées musclées. Les
équipes de contrôle mandatées par
l’éditeur s’invitaient dans les DSI
afin de faire tourner leurs scripts
de contrôle pour décompter les
licences installées sur les serveurs. FACE À L’AVIDITÉ DE CERTAINS ÉDITEURS ET LES MAUVAISES SURPRISES
Des méthodes jugées brutales, voire À LA SUITE D’UN AUDIT, LES ENTREPRISES SE SONT DOTÉES
abusives pour des clients dont la DE PLATES-FORMES DE GESTION DES ASSETS IT.

12 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


À la Une

LES DSI LASSÉS DES PRATIQUES « LIMITES » DES ÉDITEURS SE JETTERONT-ILS TOUT CRU DANS LE BEC
DES OPÉRATEURS DE SERVICES CLOUD ? C’EST BIEN CE QU’ESPÈRE WERNER VOGELS,
CTO D’AMAZON WEB SERVICES, QUI LEUR DÉROULE LE TAPIS ROUGE AVEC UNE OFFRE DE MIGRATION.

n’était pas couvert par les licences cœurs d’un cluster VMware alors que co-président d’EuroCIO commente
E-business Suite acquises par l’AFPA. Oracle n’en utilise réellement que l’attitude d’Oracle sur ce dossier :
Oracle réclamait alors 13,5 millions quelques-uns a causé bien des mau- « L’éditeur n’a d’ailleurs jamais clari-
d’euros à l’AFPA avant d’être débouté vaises surprises chez les DSI fran- ié son modèle de licence dans l’en-
en appel, le jugement soulignant « la çais. L’impossibilité de dédier des vironnement VMware. Suite à ces
mauvaise foi et la déloyauté » de nœuds à Oracle dans VMware 5.5 a fortes tensions entre Oracle et ses
l’éditeur. poussé les DSI les plus prudents à clients, nous avons envoyé un cour-
sortir Oracle de leur Cloud interne rier à Mark Heard en juillet 2016, cour-
VMware et dédier des serveurs phy- rier resté sans réponse alors que le
Des clauses contractuelles siques à Oracle pour ne pas risquer changement de version VMware 5.5
volontairement opaques le coup de bambou d’Oracle. La et le passage à 6.5, va soumettre les
Si le décompte des licences est contrainte est d’autant plus mal per- entreprises clients à de nouvelles ten-
une pierre d’achoppement entre çue par les DSI qu’elle n’existe pas si sions avec Oracle. » La nomination
éditeurs et DSI, c’est aussi que les l’on opte pour Oracle VM Server, la de Gérald Karsenti à la tête d’Oracle
contrats sont jugés par ces derniers solution de virtualisation d’Oracle. France en 2017 et sa volonté affi-
comme volontairement illisibles Mars Inc. et Oracle s’étaient retrou- chée de résoudre ce type de conlits
et sujets à interprétation. Le cas vés en justice sur cette analyse diver- a été accueilli de manière très posi-
des architectures virtualisées sous gente des nœuds de calcul VMware, tive par les DSI… qui ont rapide-
VMware pour une base Oracle est le géant de l’agroalimentaire parve- ment déchanté six mois plus tard.
un modèle du genre. Se faire factu- nant à arracher un accord à Oracle Emmanuel Gaudin souligne que si,
rer les licences pour l’ensemble des avant le procès. Emmanuel Gaudin, après le départ de Gérald Karsenti,

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 13


le dialogue ne s’est pas totalement SAP veut toucher mais SAP veut aussi comptabiliser
rompu avec Oracle, les solutions tous les systèmes tiers qui viennent
préconisées consistant « à faire pas-
le jackpot avec ses utiliser le système. Un tel calcul alour-
ser les entreprises dans le Cloud et licences indirectes dit considérablement la facture pour
avec des remises exceptionnelles très Si Oracle a provoqué l’ire de bon l’entreprise. » Clients mal informés du
incitatives ou des crédits de mainte- nombre de ses clients sur la vir- surcoût engendré par la connexion
nance, ne constituent pas une solu- tualisation, l’étoile de champion de leur système à d’autres applica-
tion à court-moyen terme, au vu des du monde revient à SAP quant aux tions, différences d’interprétation
contraintes à gérer autour des appli- montants demandés à ses clients sur quant aux contrats de licences, l’am-
cations dites “ legacy ”. Les com- un point contractuel litigieux, celui pleur de la crise allait embraser l’éco-
munautés de DSI étudient donc des des licences indirectes. Gianmaria système SAP tout entier quand les
alternatives à ces solutions et par- Perancin résume l’origine du conflit : premiers DSI ont révélé les montants
tagent régulièrement leurs expé- « Les entreprises paient pour des extravagants réclamés par SAP pour
riences sur des stratégies de sortie. » licences d’accès de leurs utilisateurs, ces licences indirectes. Car si SAP

« LES ÉDITEURS CHERCHENT À TIRER UN MAXIMUM


DE PROFITS DE LEUR BASE INSTALLÉE »
EMMANUEL GAUDIN, CO-PRÉSIDENT D’EUROCIO
« L’origine de ces pratiques est liée au fait que tion ou en interprétant leurs modèles de licences.
les éditeurs sont en train de changer de mo- C’est le cas du concept des accès indirects, ou
dèle économique pour aller vers le Cloud. Or, encore de nouveaux mo-
passer d’un modèle avec des revenus basés dèles basés sur des tran-
sur des investissements et de la maintenance sactions plutôt qu’une fac-
à un modèle purement basé sur l’abonnement turation à l’utilisateur chez
est un changement profond d’un point de vue SAP. Ces modèles censés
financier et avec des actionnaires qui conti- répondre aux problèmes
nuent d’exiger des taux de croissance soutenus. actuels, engendrent en fait
Dans cette phase de transformation, ces éditeurs énormément d’autres li-
cherchent donc à tirer un maximum de profits de tiges ou de risques de sur-
leur base installée, comme c’est typiquement le facturation sur lesquels les
cas d’Oracle ou de SAP qui, depuis 2 à 3 ans, en communautés de DSI sont
mettant en place de nouveaux modèles de tarifica- vigilantes. »

« ON NE FAIT PAS BOUGER ORACLE CONTRE SA VOLONTÉ »


JEAN-JACQUES CAMPS, PRÉSIDENT D’AUFO
(ASSOCIATION DES UTILISATEURS FRANCOPHONES DE SOLUTIONS ORACLE)
« Nos relations avec Oracle ont évolué de licences. La maturité des DSI progresse sur
manière plutôt positive : Nous n’avons plus ces sujets, mais il y a toujours autant d’entre-
de remontées quant aux audits de licences prises intéressées par échanger sur le sujet.
musclées et aux demandes de régularisa- Oracle est plus « positif » dans le discours, mais
tion de nos membres aussi dans les actes : ils admettent aujourd’hui
jugées indues. Peut- des choses qu’ils n’admettaient pas par le pas-
être les DSI se sont-ils sé, comme la réduction du volume du support,
lassés de contester ? par exemple. Le discours d’Oracle a toujours
Je constate que nous été de pousser ses clients à aller vers le Cloud,
avons toujours autant de mais ce n’est que maintenant qu’ils ont bien in-
membres qui viennent tégré tous les aspects d’une telle migration du
assister aux réunions on-premise vers le Cloud et notamment en y
du groupe sur la théma- incorporant cet aspect licence. Il ne s’agit plus
tique du contrôle des ac- seulement de vendre des abonnements cloud,
tifs logiciels et donc des mais bien d’une composante intégrée à un vrai
audits et évolutions de process d’évolution. »

14 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


À la Une

réclamait environ 60 millions d’eu-


ros à Diageo, c’était 600 millions d’eu-
ros que réclamait SAP au brasseur
« NOUS AVONS BASCULÉ DANS
AB-InBev (Budweiser, Beck’s, Stella LE PAIEMENT À L’USAGE »
Artois, Leffe) pour ses accès indirects. DIDIER ARTUS, PRÉSIDENT DU DYNSCLUB,
Des montants qui ont poussé tous les
clubs utilisateurs SAP à demander à
CLUB DES UTILISATEURS MICROSOFT
SAP de revoir des pratiques devenues « Microsoft a clairement affiché sa stratégie d’aller vers des
délétères pour ses clients. modèles d’abonnement, indépendamment du fait que l’on
Lors de Sapphire 2017, Bill McDermott, soit en mode Saas ou en on-premise, la facturation est
CEO de SAP, a tenté de désamorcer décorrélée du modèle de déploiement. On retrouve cette
cette troisième Guerre mondiale en logique autour des nouvelles offres Dynamics 365, qui sont
proposant une nouvelle approche aujourd’hui modulaires alors que la logique était jusqu’à
facturée au nombre de documents présent de payer des licences de l’ERP en ayant accès à
pour deux processus SAP : Procure- tous les modules, qu’ils soient activés ou non.
to-Pay et Order-to-Cash. Selon SAP,
Aujourd’hui, nous avons basculé dans un paiement à
l’usage, selon que l’on utilise le module CRM, le module
ces processus couvrent 70 à 80 % des Services, Finance & Opérations, on paye les modules
scénarios fonctionnels, chiffre immé- au nombre d’utilisateurs. En cela, la stratégie de Microsoft
diatement contesté par les utilisateurs. est claire et compréhensible, même si elle diffère totalement
Néanmoins, le geste a été plutôt bien des pratiques antérieures. Il y a eu une incertitude
accueilli par la communauté SAP, pendant plusieurs mois sur la façon dont allait s’opérer ce
d’autant que l’annonce était accom- changement de modèle, les clients étant dans l’inconnue
pagnée de la création de groupes de quant à ce qu’allait leur coûter une montée de version et
travail incluant des DSI afin de créer passer du paiement d’une maintenance au paiement à
les nouveaux modes de licencing SAP. l’usage. Il faut réaliser une simulation
Ce travail a abouti à un modèle qui est
pour en savoir plus et s’il a pu y avoir
des tensions lors de ce changement de
proposé aux nouveaux clients SAP et modèle, c’était essentiellement sur ce
qui est toujours en cours d’analyse à manque de lisibilité pour les entreprises
l’USF. utilisant déjà Microsoft Dynamics. Pour
les nouveaux clients, la question ne se
Les éditeurs pressent pose pas et pour les anciens, Microsoft
a su accorder des remises. »
leurs clients de basculer
vers les abonnements
Autre grief des DSI contre les édi-
teurs, les dates de fin de mainte-
nance et support de leurs produits. d’autres applications avec notamment pointer ces méthodes de prédateurs
Certains considèrent ces couperets des applications métier qu’il n’est pas des éditeurs : « Campaign for Clear
comme de véritables dispositifs d’ob- possible de faire évoluer aussi fré- Licensing », tandis qu’en France le
solescence programmée pour le logi- quemment. » Face aux risques de Cigref et EuroCIO publiaient plusieurs
ciel. On y voit notamment une arme pénalités liés aux licences, les DSI ont lettres ouvertes aux éditeurs deman-
employée par Microsoft afin de pous- dû se professionnaliser, se doter d’ou- dant la remise sur le tapis de leurs
ser ses clients vers Office 365 et ses tils d’Asset Management et surtout licences.
nouvelles solutions en mode loca- créer des postes d’Asset Manager.
tif. Emmanuel Gaudin, co-président À eux la tâche ingrate de gérer au
d’EuroCIO traduit le sentiment des mieux le parc de licences logicielles
Quelles voies de sortie
membres de son association : « Nous et éviter de se faire piéger par un pour les DSI ?
observons de la part de Microsoft une éditeur. Un investissement bien peu Face aux éditeurs qui exploitent au
volonté d’accroître la rapidité du cycle créateur de valeur, mais désormais maximum leur base installée pour
de vie de ses produits, notamment indispensable. financer leurs acquisitions et les divi-
avec Windows 10 ou encore avec Si le bras de fer est un moyen d’as- dendes de leurs actionnaires, les DSI
l’annonce d’incompatibilités entre souplir l’intransigeance des éditeurs, cherchent des alternatives pour allé-
ses applications Ofice historiques et l’union fait toujours la force. Face à ger leur poste de dépense en logi-
la plate-forme Cloud Ofice 365. Cela ces pratiques commerciales plutôt ciels. Après une guérilla juridique
oblige les DSI à gérer des cycles de brutales, les clubs utilisateurs sont qui a opposé Oracle et l’Allemand
12 à 18 mois, ce qui est inacceptable montés au créneau pour défendre UsedSoft à la cour européenne de jus-
pour les entreprises. Autour de ces leurs membres. Une campagne a tice, il est désormais possible d’ache-
produits gravite tout un écosystème été lancée au Royaume-Uni afin de ter des licences logicielles d’occasion.

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 15


À la Une

échelle. Microsoft a su dégainer des


contrats aux petits oignons pour
conserver les grandes DSI et dans
les administrations. Les contrats type
Software Assurance ont donné lieu à
un bras de fer musclé entre Microsoft
et le Cigref au début des années
2000, aujourd’hui ce type de contrat
ne choque plus personne. « La situa-
tion s’est paciiée », reconnaît Didier
Artus, président du DynsClub, le club
des utilisateurs français des progi-
ciels Microsoft. « Microsoft a su faire
évoluer la formule au travers d’ac-
cords entreprise et si, globalement, ce
fut un changement important dans la
politique tarifaire de Microsoft, c’est
quelque chose qui est maintenant com-
AVEC LA RÉVÉLATION PUBLIQUE D’UN REDRESSEMENT RECORD plètement intégré par les entreprises. »
DE 600 MILLIONS DE DOLLARS, LE BRASSEUR BELGE AB INBEV Par ce biais, Microsoft a réussi à ver-
A DÉCLENCHÉ LA RÉVOLTE DES CLIENTS DE SAP rouiller l’essentiel de sa base installée
ET A POUSSÉ BILL MCDERMOTT À OUVRIR LE DIALOGUE AVEC LES DSI Windows/Office et peut aujourd’hui
SUR LA PROBLÉMATIQUE DES LICENCES INDIRECTES. les inviter à se convertir à Office 365.
Paradoxalement, UsedSoft propose
actuellement essentiellement des
licences en volume de Microsoft « L’AFFAIRE DIAGEO A ÉTÉ UN VRAI
Exchange Server, de SQL Server,
Windows 10 Pro et Microsoft Office.
COUP DE TONNERRE »
Et pour les entreprises qui aimeraient GIANMARIA PERANCIN, PRÉSIDENT DU SUGEN
se passer de payer le support de leurs ET NOUVEAU PRÉSIDENT DE L’USF
logiciels, celles-ci peuvent notamment
se tourner vers Rimini Street, un acteur « En 2017, l’USF a clairement expliqué son opposition aux
qui, lui aussi, s’est vu traîner en justice accès indirects, mais nous n’avions pas de retours de la part
par Oracle avant d’avoir gain de cause de SAP sur cette question et l’affaire Diageo a été un vrai
en appel. coup de tonnerre dans l’écosystème SAP au niveau mondial.
Au niveau du Sugen – réseau d’une vingtaine de groupes
L’Open Source est longtemps apparu
utilisateurs SAP dans le monde – nous avons écrit à SAP
comme la solution la plus évidente afin de changer les choses face à cette crise de confiance
pour se libérer du joug d’éditeurs qui, dans un certain sens, mettait SAP en péril.
assoiffés de dollars. Le mouvement En octobre, SAP s’est tourné vers le Sugen afin de lancer
a été massif sur certaines briques des workshops pour travailler sur la prochaine évolution
d’infrastructure où Linux a balayé du licencing SAP. De novembre à avril, ces travaux ont
les systèmes propriétaires, mais qui pu avancer jusqu’à la publication par SAP d’un modèle
dit Open Source ne dit pas absence le 10 avril. Je précise : ce modèle a été dessiné et défini
de licence, bien au contraire. Octave uniquement par SAP mais nous avons pu l’infléchir sur
Klaba, le fondateur d’OVH l’a appris certains points et ce travail continue. Ce modèle n’est pas
obligatoire, mais nous restons vigilants et sommes prêts
a ses dépends lorsque Canonical a
à remonter tout dysfonctionnement à SAP. Le nouveau
réclamé de 1 à 2 € par utilisateur et modèle a le mérite de proposer une
par mois pour ses offres cloud sous solution, certes perfectible, à cette
Ubuntu. En effet, OVH aurait modi- problématique des accès indirects. Il le
fié le Kernel d’Ubuntu pour ses légitime d’une certaine façon, ce qui est
offres hébergées, ce qui lui faisait un problème, mais nous avons lancé
enfreindre les termes de la licence. une mission de décryptage avec un
Le succès de Linux a été beaucoup groupe d’administrateurs USF, lesquels
moins spectaculaire sur les postes travaillent sur ce texte afin de livrer à
client où, mis à part quelques admi- nos membres des recommandations
vis-à-vis du modèle proposé. »
nistrations, bien peu d’entreprises ont
franchi le pas de déployer des postes
clients 100 % open source à grande

16 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


À la Une

migrer vers la même base de données.


« ADOPTER UNE ATTITUDE MUSCLÉE EST Ceux-ci en ont assez des astuces de
licencing exploitées par les éditeurs
SOUVENT L’APPROCHE de bases de données commerciales
LA PLUS PAYANTE » ain de les contraindre à rester sur un
mode on-premise et rester sur leurs
ÉTIENNE WÉRY, AVOCAT AUX BARREAUX technologies. Beaucoup de nos clients
DE BRUXELLES ET DE PARIS, recherchent une cible dans le Cloud
ASSOCIÉ DU CABINET ULYS qui leur offre une interface open source
tout en ayant un stockage de don-
« Tous les contrats incluent aujourd’hui des clauses relatives nées de classe entreprises derrière. »
aux audits de licence. Il faut s’y plier mais ce ne peut pas Ce besoin s’est matérialisé au cata-
être pour l’éditeur une occasion de collecter des informations logue d’AWS sous la forme d’Amazon
confidentielles. Ce qui est certain, c’est qu’il y a des limites, Aurora, une offre de base de don-
notamment l’accès à des données confidentielles mais aussi nées managée aux interfaces com-
de capter des informations qui ne sont pas nécessaires patibles MySQL et PostgreSQL mais,
à l’audit et qui permettraient à l’éditeur d’avoir une vision
plus large de l’infrastructure IT de son client. selon Werner Vogels bien plus rapide
Une fois l’audit mené, le résultat tombe et là commencent les que les instances classiques MySQL et
discussions sur les pénalités financières. À titre personnel, PostgreSQL et avec des conigurations
je constate que d’adopter une attitude musclée est souvent haute disponibilité pour le dixième du
l’approche la plus payante. Contester coût d’une base de données commer-
est un excellent investissement, car ciale. Migrer une application en « Lift
les montants sont astronomiques et il and Shift » dans le Cloud puis rempla-
n’est pas rare d’obtenir des réductions cer la base de donnée par un service
extrêmement importantes et atteindre DBaaS est tentant. Les prix pratiqués
des rapports de 1 à 5 entre ce qui est par les acteurs du Cloud sont jugés
initialement demandé et ce qui est
finalement réglé à l’éditeur. Dans la extrêmement compétitifs par les DSI,
plupart des cas que j’ai pu observer, mais la complexité même des tarifs à
les entreprises ne regrettent pas d’avoir l’usage du Cloud et surtout la multipli-
contesté leur redressement. » cité des suppléments poussent main-
tenant les entreprises à créer des
postes de FinOps, des experts dans
l’interprétation des factures cloud ain
Le Cloud, la lueur lors de la dernière édition de l’AWS d’optimiser les factures et mettre en
au bout du tunnel ? Summit. Celui-ci a révélé que le ser- compétition des fournisseurs cloud
vice Database Migration, créé il y a entre eux. Migrer vers le Cloud pour
Côté bases de données, EnterpriseDB deux ans sur AWS, a permis la migra- fuir les pratiques des géants du soft
ou encore SkySQL ont cherché tion de plus de 75 000 bases de don- et se heurter à celles des géants du
à rassurer les DSI voulant migrer nées on-premise dans le Cloud. Le Cloud, certains appelleraient cela
leurs bases de données Oracle vers CTO a précisé : « Beaucoup de nos tomber de Charybde en Scylla… ❍
PostgreSQL ou MySQL/MariaDB, des clients nous demandent de ne pas ALAIN CLAPAUD
initiatives qui n’ont pas eu plus d’ef-
fets que de coups de canifs dans le
CARREFOUR, TOUT COMME L’AFPA AVANT
monopole d’Oracle. C’est bien le LUI, AVAIT PORTÉ EN JUSTICE
PaaS qui se pose de plus en plus LES PRATIQUES D’ORACLE EN TERMES
comme une bonne voie de sortie DE DÉCOMPTE DES LICENCES
pour les DSI voulant s’affranchir du LOGICIELLES. LE MOYEN ULTIME POUR
FAIRE PLIER UN ÉDITEUR DANS UNE
joug des licences logicielles. D’ailleurs NÉGOCIATION QUI TOURNE MAL.
Amazon Web Services, qui n’a aucun
business lié à de la vente de licences
à protéger, en proite très largement :
« La base de données reste le cœur
de beaucoup d’applications et beau-
coup d’entreprises qui exploitaient
des bases de données en on-pre-
mise sont en train de les migrer vers
le Cloud », a ainsi expliqué Werner
Vogels, CTO d’Amazon Web Services

18 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


JE PLAIDE POUR QUE SOIT RECONNU
LE DROIT DES HUMAINS
DE SAVOIR À TOUT MOMENT
S’ILS INTERAGISSENT
AVEC UN HUMAIN
OU AVEC UNE MACHINE

SERGE TISSERON
Psychiatre, docteur en psychologie, Serge Tisseron, membre
2015
de l’Académie des Technologies depuis 2015, est très investi
Élu membre de l’Académie dans la réflexion que l’Être humain entretient avec les tech-
des technologies. Serge Tisseron nologies. Auteur de nombreux ouvrages, il est le pionnier
a publié une quarantaine d’ouvrages. d’une réflexion sentinelle sur les possibles dérives d’une
Il est également photographe et
dessinateur de bandes dessinées. Société confrontée, depuis la numérisation galopante de
www.sergetisseron.com notre quotidien, à une déshumanisation excessive.
VOTRE ESSAI TRANCHE AVEC la crainte ancestrale de l’Occident
2013 LE MYTHE DE L’HOMME ANÉANTI qu’un « double » puisse un jour dépas-
Fonde avec Frédéric Tordo PAR LES ROBOTS ET L’IDÉE D’UNE ser son créateur, prendre conscience
l’institut pour l’Étude des relations INTELLIGENCE ARTIFICIELLE de sa supériorité et l’anéantir. Ces
Hommes Robot (IERHR). SUPÉRIEURE À L’INTELLIGENCE craintes doivent être prises au sérieux
HUMAINE. EN SOI, C’EST PLUTÔT pour ce qu’elles nous disent de nos
RASSURANT. QU’EST-CE QUI inquiétudes, même si elles ne sont
1997-2000 A GUIDÉ VOTRE RÉFLEXION pas scientifiquement fondées compte
Réalisation d’une étude QUI TEMPÈRE DES CRAINTES tenu de l’état de la technologie. Il
SÉCULAIRES DONT LA SCIENCE- existe d’ores et déjà des IA plus per-
sur les conséquences
FICTION S’EST ABONDAMMENT formantes que l’homme dans des
des images violentes sur les enfants FAIT L’ÉCHO DEPUIS DES domaines précis, mais aucune n’est
de 11 à 13 ans, soutenue par les DÉCENNIES ? polyvalente, c’est-à-dire capable
ministères de la Culture, de la Famille ❚ Serge Tisseron : De Mary Shelley de s’adapter à toutes les situations
et de l’Éducation nationale. – Frankenstein – aux films récents, comme un Être humain le fait. Il fau-
com me H e r, de S pi ke J on z e, dra encore beaucoup d’années avant
avec Joachin Pheonix et Scarlett que l’IA n’intègre le niveau d’adap-
1978 à 1997 Johansson, en passant par les auteurs tation et d’autonomie que permet
Praticien hospitalier, fondateur de science-fiction, on a souvent mis une intelligence « vivante ». D’autant
d’une unité mobile de soins palliatifs en scène les rapports troubles entre plus que beaucoup de chercheurs
à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges. l’homme et la machine. Les robots sont hésitants quant à l’opportunité
et les développements de l’IA nour- de donner à une IA de telles compé-
rissent, aujourd’hui plus que jamais, tences. Pourquoi créer à l’homme

20 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


RENCONTRE

un concurrent dangereux ? Mais


ces problèmes, qui seront certaine-
Serge Tisseron a publié avant l’été un essai
ment essentiels demain, ne doivent paru aux Éditions Le Pommier, « Petit traité
pas servir de rideau de fumée pour
nous cacher ceux qui se posent
de cyberpsychologie, pour ne pas prendre les
aujourd’hui. robots pour des messies et l’IA pour une lanterne ».
Un constat alarmant, mais pas alarmiste, qui doit
VOUS SOULIGNEZ DE RÉELS
DANGERS PSYCHIQUES éclairer une réflexion entrepreneuriale et citoyenne
POUR L’ÊTRE HUMAIN sur ces sujets en ébullition constante.
SUR LES ÉVOLUTIONS RÉCENTES
DE LA ROBOTISATION ET DES cela ne date pas de l’informatique ! celle des « peuples primitifs » et des
DÉVELOPPEMENTS DE L’IA. L’Être humain a toujours eu cette rela- enfants. On pensait qu’en grandis-
POUVEZ-VOUS NOUS EN PARLER ? tion anthropomorphe avec son envi- sant, l’homme accédait à une pen-
❚ Le principal dont je parle dans cet ronnement. Cela a permis à l’espèce sée « rationnelle ». En réalité, l’humain
essai est la « dissonance cognitive ». humaine de s’adapter à son environ- est toujours partagé entre la pensée
Elle consiste à savoir par exemple nement. Imaginer que chaque nou- anthropomorphe, qui est fondée sur
qu’une plante, ou une machine n’a vel objet ou créature que les hommes l’intuition, et la pensée rationnelle,
pas d’émotions semblables à celles rencontraient puisse réagir comme qui est fondée sur le sens critique.
des humains, mais à ne pas pouvoir eux aux mêmes situations était le seul Cette tendance à projeter ses émo-
s’empêcher de se comporter comme et unique moyen dont ils disposaient tions et ses pensées sur les objets
si elle en avait. La dissonance cogni- pour tenter d’anticiper leurs réac- dotés de mouvements est parfaite-
tive est en lien avec la tendance qu’a tions, et donc s’y préparer le mieux ment illustrée par l’importance de
l’humain de projeter ses émotions, possible. nos projections sur les automates.
ses sentiments et même parfois ses Jusque dans les années soixante, Mai s il ne faut pa s confondre
pensées sur son environnement. Et on pensait que cette tendance était anthropomorphisme et animisme.
L’animisme est une attitude d’esprit
dans laquelle une personne ne se
contente pas de projections anthro-
pomorphes, mais où elle croit à la
réalité de ses projections. Avec les
robots, le risque d’animisme sera
considérablement augmenté. En effet,
ces machines seront les premières
à créer deux illusions complémen-
taires : avoir besoin de nous pour évo-
luer, et se soucier de nos besoins et
de nos désirs. Ces deux caractéris-
tiques créeront l’illusion d’une réci-
procité complète, autrement dit d’une
relation totalement humaine. Et les
deux lettres « IA », pour Intelligence
artificielle, pourraient bien désigner
bientôt « Informatique animiste » !

VERS UN « DROIT »
ET UNE « IDENTITÉ »
SOCIALE DES
ROBOTS ?
CERTAINS ROBOTS ONT DES
RÉACTIONS QUASI-HUMAINES…
❚ C’est ici que nous parlons de « dis-
sonance cognitive ». Il s’agit de croire
que la machine aurait « en réalité » les
compétences émotionnelles et empa-
thiques qu’il nous plaît de lui prêter.

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 21


RENCONTRE

Certains informaticiens vont hélas réseaux de neurones, d’empathie arti- lui laissant que les circuits indispen-
dans ce sens, comme avec le robot icielle, d’apprentissage machine et sables à sa mission. La « conscience »
Sophia, dont des vidéos tentent de d’autonomie alors que ces expressions de HAL retourne aux premiers âges
nous faire croire qu’il aurait une pen- ne désignent rien de comparable à de l’enfance – il se met à fredonner
sée propre ! ce qu’elles signiient chez l’homme. des comptines – pendant que le son
Ce ne sont que des métaphores. Le de sa voie artiicielle, au début très
EN QUOI CETTE DÉRIVE EST-ELLE problème est qu’ils risquent de nous humaine et désolée, se désincarne
UN DANGER ? cacher que ces machines sont pro- peu à peu avant de se taire. Pouvoir
❚ Pour plusieurs raisons. La première grammées par des humains pour débrancher son robot est un droit
est le risque d’oublier qu’il y a un pro- nous séduire et nous inluencer. Par qui doit être reconnu et facilité. Mais
grammeur derrière chaque robot. exemple, derrière l’expression « d’hu- quand on débranche Pepper, le robot
Le risque est d’autant plus grand mour machine » se cachent des cen- humanoïde fabriqué par l’entreprise
que tous les ilms de science-iction taines d’ingénieurs, d’écrivains, japonaise Softbank, sa tête tombe et
tendent à nous présenter des « robots d’humoristes, payés pour créer des pend lamentablement sur son torse
autonomes », à commencer par ceux dizaines de milliers d’histoires drôles comme s’il mourait subitement. Du
de la saga Star Wars, R2D2 et C-3PO. dans lesquelles l’IA n’aura qu’à pio- coup, on éprouve un choc émotion-
Tous les deux suscitent une réaction cher pour créer l’illusion, chez son nel intense. La tentation est alors de
immédiate d’empathie. Cette empa- utilisateur, que la machine que nous le laisser branché en permanence
thie est la première marche qui mène avons achetée est en parfaite conni- pour éviter de le voir « mourir ». Cela
à la dissonance cognitive, c’est-à-dire vence avec nous. présente des risques.
vers le fait de savoir que le robot n’est
pas capable en réalité de cette auto- UN ROBOT RESTE QUELS TYPES DE RISQUES ?
nomie, mais être tenté de le croire ❚ On en revient aux dangers de la
malgré tout parce que cela nous per-
UNE MACHINE « dissonance cognitive » qui fait qu’un
met d’oublier le programmeur qui se QU’ON DOIT Être humain prête à une machine
cache derrière, et de céder au plaisir POUVOIR ÉTEINDRE une conscience « autonome » qui
de croire à la magie. n’existe pas. Cette tendance naturelle
Un second risque de la dissonance
ET DÉBRANCHER à l’homme est plus ou moins impor-
cognitive est de croire qu’un robot Le troisième risque est de préférer tante chez chacun. Mais elle est aussi
pourrait vraiment avoir des émotions, des robots prévisibles à des humains sous la dépendance de ce qui nous
et donc souffrir. Cela pourrait amener imprévisibles. Autrement dit, nous est dit et montré des robots. Dans le
son utilisateur à risquer sa propre vie rendre moins tolérants au caractère cas de Pepper, il y a cette mise en
pour lui éviter des dommages, alors imprévisible de l’humain, voire créer scène de la mort subite quand on le
qu’une pièce de robot peut facilement des formes de « robot dépendance ». débranche, mais il y a aussi les cam-
être changée. C’est ce qui est arrivé à Et à un degré de plus, ce serait le pagnes de publicités qui visent à nous
certains soldats utilisant des robots risque de considérer que les qualités faire croire qu’il aurait des émotions
démineurs. Ils développent avec leur des robots devraient devenir celles véritables. Le but est que la coniance
machine une relation d’empathie telle, de l’humain. L’homme serait invité à que nous aurons en ces machines
que lorsqu’elle est endommagée en se « robotiser » ! nous amène non seulement à les lais-
opération, ils peuvent se déprimer, ser branchées en permanence, mais
développer des douleurs somatiques EN SOMME, NOUS, HUMAINS, aussi à les prendre comme témoins de
aux endroits où le robot a été endom- POURRIONS ÊTRE SENSIBLES À nos conidences. En effet, les coûts de
magé, ou demander que « leur » robot, LA CONDITION DE NOS ROBOTS ? Recherche et Développement sont tels
s’il a été détruit, bénéicie d’une céré- ❚ C’est très bien illustré dans le ilm sur ces machines, qu’ils ne peuvent
monie semblable à celle qui accom- 2001, l’Odyssée de l’Espace, réalisé être amortis que par l’exploitation des
pagne la mort d’un soldat en mission. en 1968 par Stanley Kubrick. Le robot informations des utilisateurs qu’elles
Exactement comme s’ils avaient perdu est une machine. La preuve : pour la stockent et revendent à des annon-
un « frère d’armes » au combat. rendre inerte, il sufit de la débran- ceurs et à des entreprises. Les don-
Hélas, au lieu de faire tout pour s’oppo- cher. La machine reprend son statut nées sont hébergées sur des serveurs
ser à cette tendance anthropomorphe, d’objet inanimé… et inoffensif. Dans centraux auxquels personnes n’a
certains fabricants de robots et d’IA 2001, « HAL » est un robot ultra perfec- accès, et qui sont gérés par des entre-
ont tendance à « humaniser » leurs tionné qui est capable d’émotions. Il prises dont le but n’est pas le bien-
créations, de façon à encourager l’at- a commis une erreur et craint d’être fait de l’humanité, mais le proit des
tachement des usagers. D’autant plus débranché. Il répète : « J’ai peur ». actionnaires. On en revient au débat
que le langage employé pour parler Et il décide de devenir totalement sur les données personnelles que le
des robots et de l’IA fait écran à la réa- autonome en tuant les astronautes. scandale Cambridge Analytica et le
lité et porte sans cesse la confusion. Mais l’un d’entre eux en réchappe et Règlement général de protection des
On parle d’Intelligence artiicielle, de « déconnecte » petit à petit HAL en ne données (RGPD) adopté par l’Europe

22 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


RENCONTRE

ont mis en lumière ces derniers mois. ces machines tueuses en acceptant y a une relation, les robots doivent
Cette prise de conscience brutale, des « dommages collatéraux » plus être des outils comme les autres :
que les Européens défendent depuis importants, autrement dit un plus ils doivent accompagner et aider le
des années, est indispensable. Que se grand nombre de morts civils, dans professionnel, pour lui permettre de
passerait-il si les programmes étaient le but de mieux protéger ses intérêts. Il faire mieux avec eux ce qu’il faisait
conçus par des individus malveillants n’a fait que régler un algorithme. C’est auparavant sans eux. C’est notam-
au service de puissances totalitaires la machine qui est responsable de tout ment le cas dans les domaines médi-
ou terroristes ? le reste. cal et scolaire.
Les mesures nécessaires concernent
L’UTILISATION DES ROBOTS POURTANT, ON SOULIGNE trois domaines : législatif, techno-
POSENT DES QUESTIONS BEAUCOUP D’UTILISATIONS logique et éducatif. Les mesures
D’ÉTHIQUE : COMME CES ROBOTS- TRÈS BÉNÉFIQUES À L’IA ET À LA législatives portent sur les emplois
SOLDATS DOTÉS D’IA, ET DONT ROBOTIQUE, NOTAMMENT DANS – formation et reconversion pro-
LA RUSSIE ET AUSSI LES ETATS LE DOMAINE DE LA MÉDECINE… fessionnelle  –, sur la vie privée
UNIS DÉFENDENT SANS TROP LE ❚  Bien sûr. Si ces technologies – connaissance par l’utilisateur de
DIRE LE DÉVELOPPEMENT, SOUS peuvent permettre à des médecins ses données prélevées et de leur utili-
COUVERT DE VOULOIR RÉDUIRE de poser un diagnostic plus précis, sation –, sur l’économie – condamna-
LES DÉPENSES MILITAIRES ET d’opérer mieux et de pallier le désert tion de l’obsolescence programmée
D’ÉPARGNER DES VIES HUMAINES. médical de certaines zones rurales, et récupération / reconversion des
CELA VOUS INSPIRE QUOI ? dificiles d’accès, c’est une bonne objets techniques vieillis et abandon-
❚ Beaucoup de crainte. Pour les par- chose. L’Institut pour l’étude des rela- nés – et sur le respect du libre choix ;
tisans des robots tueurs, il y a deux tions homme robots (IERHR), que j’ai par exemple, demander l’autorisa-
avantages. Le premier est que les fondé, a d’ailleurs tenu son premier tion des patients dans le cas d’uti-
robots n’ont pas d’emballement émo- colloque en octobre 2017 sur le thème lisation thérapeutique. Il faut aussi
tionnel, et qu’ils ne commettront donc « Robotique et santé mentale », et il y a interdire les publicités mensongères
pas de « bavure » comme les soldats été beaucoup question de l’utilisation qui prétendent vendre des « émo
qui tuent des civils sous l’effet de la des robots avec les enfants souffrant robots », autrement dit des robots
douleur et de la colère après la mort de troubles envahissants du dévelop- qui seraient capables d’émotions.
de l’un de leurs camarades. Le second pement et par les personnes âgées. Et même peut-être indiquer sur les
avantage est que ces machines ne Mais comme dans toutes les évolu- publicités, que nous allons bientôt
feront inalement qu’appliquer le pro- tions extrêmement rapides – celle-ci voir, que les robots sont des machines
gramme que des humains y auront l’est –, il faut vite installer des garde- à simuler, un peu comme il est rap-
rentré, mais plus rapidement que ne fous et des limites. pelé sur les publicités pour les pro-
peut le faire un humain. Les robots duits alimentaires qu’il faut bouger…
tueurs ne sont en effet que des auto- IL FAUT INTERDIRE Les mesures technologiques doivent
mates programmés pour prendre éviter les risques psychiques de dis-
exactement les décisions qu’un LES PUBLICITÉS sonance cognitive. Pour cela, il serait
homme prendrait à leur place. Un MENSONGÈRES utile qu’une partie des protections des
robot muni d’armes létales peut ainsi robots soit transparente ain de rendre
être programmé pour tirer sur tout ce
QUI PRÉTENDENT visibles les circuits électroniques et les
qu’il voit bouger, ou bien uniquement VENDRE DES « ÉMO câbles, ce qui leur donne le statut de
sur les cibles émettant un spectre ROBOTS », SOIT machine. Et, bien entendu, favoriser
thermique identique à celui d’un être la possibilité de l’éteindre.
humain, etc. Mais ces deux arguments
DISANT CAPABLES Enin, il faut bien évidemment édu-
sont fallacieux. Tout d’abord, la capa- D’ÉMOTION quer, dès le plus jeune âge, et sen-
cité des robots à prendre la bonne sibiliser. Introduire des cours de
décision est, en l’état actuel de l’IA, VOUS ALERTEZ EN PRÔNANT programmation et de montage et
très mince. Un robot n’a pas à l’heure L’INSTAURATION DE GARDE-FOUS démontage de robots dans les écoles,
actuelle la capacité de distinguer véri- ET DE LIMITES, POUR DONNER dès le primaire. Et, comme partout,
tablement un soldat d’un civil, surtout DES REPÈRES DANS LA FAMILLE c’est d’abord la cellule familiale, cel-
si le soldat se déguise en civil. Il ne suf- ET LA SOCIÉTÉ. LESQUELS ? lule de base d’organisation de la
it pas qu’un robot n’ait pas d’émotions ❚ La première règle est de poser Société, qui doit donner les premiers
pour que ses choix soient toujours comme principe que les robots ne repères intangibles.
bons ! Quant au second argument, il remplacent les humains que pour Je plaide pour que soit reconnu le
est plus pernicieux encore. Le pro- des tâches dans lesquelles il n’y droit des humains de savoir à tout
blème est qu’à partir du moment où a pas d’intervention auprès d’hu- moment s’ils interagissent avec un
l’homme sort de la boucle des déci- mains. Des tâches dangereuses, humain ou une machine. ❍
sions, il peut être tenté de programmer sales, répétitives… Mais dès qu’il PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVAINE LUCKX

24 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


LE BULLET POINT DE…
BERTRAND GARÉ

Le réseau
c’est l’entreprise
I l y a 25 ans, John Gage lançait
cette phrase qui deviendra la
devise de Sun Microsystems
pour des années : « Le réseau
est l’ordinateur. » Le monde d’au-
jourd’hui a dépassé et de loin cette
affirmation initiale. D’un simple
réseau, bien peu pratique dans ses
autre. D’ailleurs, bien peu d’entre-
prises seraient capables de restau-
rer, même pour quelques jours, le
bon vieux travail sur papier comme
nous le connaissions quand John
Gage a lancé cette idée. C’est cepen-
dant ce qu’a fait le FSB (services
secrets russes) après les révélations
Saluons ce revirement qui nous fait
dire qu’il n’y a que les imbéciles qui
ne changent pas d’avis. Mais le Cloud
sans un réseau suffisamment et lar-
gement provisionné ne serait qu’une
contrainte voire une limite pour les
entreprises. Les années ASP nous l’ont
appris lorsque les applications étaient
premiers jours avec une bande pas- de Snowden en revenant pour les bien prêtes mais ne pouvaient bénéfi-
sante faible et une vitesse d’escargot échanges les plus importants à la cier de cette infrastructure nécessaire
pour échanger les fichiers et autres machine à écrire et les échanges par pour fonctionner au mieux.
paquets, on est maintenant dans courrier ! La dépendance au réseau devient évi-
une réalité hyperconnectée par des La phrase de John Gage résonne dente lorsque l’on constate l’utilisa-
terminaux mobiles aussi puissants encore plus fort maintenant avec l’ir- tion des applications en SaaS. Plus de
que nos ordinateurs d’antan. Qui résistible montée en puissance des 85 % des entreprises du Fortune 500
aujourd’hui imaginerait une entre- environnements cloud. Car même utilisent les services Microsoft Cloud,
prise sans Internet ? Il suffit de voir les plus réticents d’hier comme les et chaque mois, plus de 500 000 petites
les visages défaits dès que le réseau banques ou les financiers se lancent entreprises viennent s’ajouter à
tombe pour une raison ou pour une gaillardement vers des Clouds publics. Office 365. Les applications mobiles

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 25


d’Office ont été téléchargées plus de du monde prévue par les Mayas, celle palier les futures possibles faiblesses
340 millions de fois. Autres chiffres : d’Internet a été remise à plus tard… de l’Internet. Cela ne sera pas simple
4 000 milliards d’e-mails envoyés Plutôt vers 2053, à cause du manque si, comme c’est souhaitable, nous dési-
avec Office 365, 1 milliard de réu- d’électricité pour approvisionner les rons un Internet comme celui d’au-
nions créées par mois et 3 milliards routeurs et autres éléments indispen- jourd’hui : libre, neutre et fiable. Dans
de minutes d’appels Skype par jour. sables au réseau dans les centres de le cas contraire, la neutralité du Net
Microsoft revendique plus de 135 mil- données. Là encore, la date avancée va voler en éclats devant la rareté de
lions d’utilisateurs actifs par mois en est sujette à caution et repose plus sur la ressource et seuls les plus riches
entreprise. Les utilisateurs seraient de la spéculation que des chiffres réels pourront alors se l’offrir. Les autres se
bien en peine de réaliser leur travail vérifiables. contenteront de ce que nous avons
sans la connexion nécessaire pour Nous ne reviendrons pas sur les dif- connu lors des débuts d’Internet : des
accéder à l’application. De même vos férents arrêts de service chez les échanges lents avec des coupures et
vendeurs ne serviraient pas à grand- hébergeurs ou fournisseurs de ser- une qualité de service que l’on pou-
chose sans le support d’un éditeur vices internet lors des dernières vait qualifier de « défaillante ».
comme Salesforce.com ou SAP. Nous années et les heures d’indisponibilité De nouveau, Internet deviendra dans
ne les citons que pour l’exemple et subies. Plus récemment encore, Visa les entreprises une contrainte et non
pour montrer que désormais sans et Mastercard ont été touchés par des plus un accélérateur de productivité.
le réseau de nombreux salariés ne arrêts de leurs services empêchant les Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui tout
peuvent effectuer leurs tâches. Cette clients de régler leurs achats dans les fonctionne bien que l’on doit s’imagi-
dépendance a pour premier signe magasins. Dans le cas de Mastercard, ner que c’est acquis pour toujours. Et
une augmentation du stress des sala- une mise à jour intempestive et mal de toutes façons, on pourra toujours
riés confrontés à des traitements en réalisée a eu des conséquences connecter la roue dans la cage du
urgence de tâches sans priorisation néfastes. hamster ou de la souris blanche pour
ni hiérarchie : Une perte de sens de Jusqu’à présent, tous les scénarios se fournir en électricité. Tout ça pour
leur travail. évoqués ont eu une réponse. Pour regarder les nouvelles sur son télé-
En dehors de l’entreprise le phéno- l’Internet des objets et le manque phone ou faire une partie de Candy
mène est encore pire avec une dépen- d’adresses IP, nous sommes passés Crush dans les transports. Allez,
dance aux différentes applications de d’IPv4 à IPv6, redonnant de l’air au invoquons les mânes de Pangloss et
réseaux sociaux ou à l’Internet. La réseau. De la même manière, il fau- disons-nous que tout va pour le mieux
pathologie est réellement reconnue dra compter sur la recherche pour dans le meilleur des mondes ! ❍
aujourd’hui. Avouez que ne plus faire
votre soirée de photos de vacances sur
votre mur vous manquerait !

Un pilier fragile
Malgré son importance, Internet reste
fragile. Les attaques de déni de ser-
vices contre DynDNS ont rendu des
sites comme Spotify et Twitter indis-
ponibles pendant plusieurs heures.
D’ailleurs, certains « spécialistes» ont
déjà prédit la fin ou le crash de l’In-
ternet. Ainsi à l’image des Mayas et de
leur astrologie qui prévoyait la fin du COMMENTER, RÉAGIR,
monde pour 2016, un très sérieux uni-
versitaire britannique a prévu le crash
PARTAGER…
pour 2023. Le réseau s’écroulerait sous
le poids des données circulant, du
fait de l’importance prise par les flux
envoyés depuis les éléments de l’Inter- SUR LA RUBRIQUE DÉBATS
net des objets. Bon, tout comme la fin DE LINFORMATICIEN.COM

26 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


OODRIVE
L’envie et l’audace
Pour devenir une référence de la French Tech, un ancien siège de la Direction des
Impôts, tout a été réhabilité et remis à
il faut faire preuve d’une grande motivation et neuf, avec de l’espace, de la lumière…
croire en sa bonne étoile. Il faut aussi travailler et une gigantesque terrasse recou-
verte de bois et ombragée de plus de
ensemble, ne pas compter ses heures, inves- 200m2 où les collaborateurs peuvent
tir son temps et y croire plus que tout pour que venir se détendre, papoter ensemble,
trouver des idées… et même disputer
cela fonctionne. C’est en tous cas l’histoire des une partie de pétanque sur le terrain
fondateurs d’OODRIVE, le spécialiste de la ges- prévu à cet effet. Le deuxième site,
baptisé l’Echiquier, dans les locaux
tion des données sensibles. d’un ancien atelier de confection, est
tout aussi étonnant. On est au cœur du
l faut le voir pour le croire. Notre visite Lazzaretti), qui nous offrent un café, Paris sympa, branché, à deux pas du

I est annoncée sur le réseau social


interne qui déile sur des télévisions
installées un peu partout dans l’entre-
sont à l’image de l’entreprise : décon-
tractés, mais bosseurs.

De nouveaux codes
Grand Rex, et d’une quantité de petits
restaurants et de bars tendances.
« C’est un de nos arguments de vente
prise.. En tous cas, on se sent tout de pour recruter », fait remarquer en sou-
suite bien accueilli. La rencontre avec Une chose est sûre. On ne reste pas riant un des deux frères fondateurs,
les équipes s’annonce bien. D’autant dans ce type de société, avec un Stanislas de Rémur, en bon diplômé
que les trois gaillards (Jonathan Gotti, management aussi transparent et d’une école de commerce qu’il est. Et
responsable du développement logi- des salariés qui se retroussent les de fait, la population plutôt jeune, d’une
ciel, Dmitry Gritskevich, ingénieur sys- manches autant que les patrons, sans moyenne d’âge autour des 30 ans, a l’air
tème sécurité, et le responsable des être impliqué à 100%. d’apprécier le décor et le quartier.
Grands comptes CertEurope, Gaëtan Le cadre fait beaucoup pour l’am-
biance. OODRIVE est réparti en L’histoire d’un trio
deux sites distants Comme toute bonne et belle histoire
de quelques cen- d’entreprise, tout a commencé de
taines de mètres : manière un peu rock’n roll. Il s’agit,
sur le premier site, comme souvent dans ces cas-là, avant
tout de l’envie de copains d’adolescence
de travailler ensemble et
de créer quelque chose
de différent. Dans le cas
d’OODRIVE celle de
deux frères, Edouard
et Stanislas de Rémur,
Stanislas de Rémur allié s à leur ami
Cédric Mermilliod.
« L’idée d’OODRIVE
Edouard de Rémur
est née en mai 2000,
explique l’un des
deux frères. Nous
a vion s envie de
Cédric Mermilliod créer notre propre
business. L’aventure
OODRIVE est née de
cette envie commune ».

28 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


Au cœur d’Hexatrust

CHIFFRES CLÉS
• 400 collaborateurs
Les trois fondateurs ont imaginé l'un Share, Save et Sign
• 15 000 clients professionnels
des premiers services web de par- Ce qui fait la création d’une entre-
tage de fichiers. Avec une orienta- prise, « la » bonne idée, est déjà trouvé. • Solutions déployées
tion grand public. En travaillant sur C’est un bon début, mais il faut main- dans 90 pays
un premier business model, ils se sont tenant se lancer dans le concret. Et
rendus compte qu'il n'existait pas à c’est là que l’histoire de ces Trois
• 44 millions d’euros de CA
l'époque de solution pour transmettre Mousquetaires devient vraiment inté-
des documents volumineux par inter- ressante : Stanislas et Edouard, à un en costume cravate dans les tours de
net. Ils étaient donc obligés de parta- âge où leurs parents les verraient plutôt La Défense, retournent, pour écono-
ger leurs dossiers via un disque Zip. Le miser les premiers fonds et lancer leur
projet Oodrive s’est alors précisé. Très idée, travailler dans leur chambre d’étu-
vite, les trois associés ont réalisé que diant, chez leurs parents, bientôt rejoints
leur modèle économique, basé sur la par Cédric. « On nous prenait pour des
publicité, ne fonctionnait pas. En 2001, fous, se souvient en riant Edouard. On
ils décident donc de repositionner leur demandait à nos parents si nous n’étions
offre sur le segment des entreprises. pas sévèrement atteints par le syndrome
Tanguy… ». 18 ans plus tard, il semble
Une ambiance conviviale que tous ces sacriices n’aient pas été
et bon enfant… et un accueil inutiles. La société compte 400 colla-
sympathique à la « cafet ». borateurs, pèse 44 millions de chiffre
d’affaires et revendique 15 000 clients
professionnels. Ses solutions autour de
trois gammes phares (Share, pour par-
tager des documents de manière sécu-
risée, Save, pour la sauvegarde, et Sign
sur les activités de signature électro-
nique) sont utilisées dans 90 pays dans
le monde et sur tous les secteurs d’acti-
vité. « Nos solutions sont bâties autour du
concept de security by design. La sécurité
fait partie de notre ADN. Nous assurons

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 29


JONATHAN GOTTI « SHAMAN ».
Jonathan Gotti, Team Development Manager, est désigné fondamentalement il faut y voir une approche managériale
par les autres et se désigne lui-même comme « shaman »1. dont le succès est grandement lié à la personnalité de celui
Devant notre air ahuri – nous n’avions pas encore croisé qui incarne le « shaman » ou le « capitaine ».
de chaman dans notre vie de journaliste, Jonathan Gotti Et Jonathan Gotti est taillé pour ce rôle. C’est l’un des
explique en souriant que le dévelop- plus âgés de l’équipe, et il s’est formé
pement rapide d’OODRIVE a amené très jeune par le terrain. « Je suis auto-
l’entreprise à structurer l’organisation didacte et j’ai commencé à travailler
de son pôle R&D de manière « agile ». à 20 ans, en étant responsable d’un
Le groupe a misé sur une démarche magasin de bricolage ». Il s’est ensuite
permettant de rapprocher les équipes orienté vers l’informatique et a appris,
R&D des équipes commerciales, ain de là encore, en autodidacte. Cette expé-
faire en sorte qu’elles communiquent rience lui donne un recul et des valeurs
en harmonie, et que les produits soient humaines, sources de motivation pour
délivrés sur le marché au bon timing. ses équipes. Ni gourou, ni grand frère,
Le « shaman » coordonne et fait fruc- il sait juste, au bon moment, les orien-
tiier les talents de l’équipe R&D, tan- ter, discuter avec eux, tout en gar-
dis que les capitaines discutent avec dant une certaine hauteur de vue et
les « shaman » pour adapter le produit un bon sens qui entraîne l’adhésion.
au marché et coordonner l’action des équipes commer- « Charisme » et « bienveillance » sont les mots qui le déi-
ciales et produit en conséquence. Ce qui peut paraître faci- nissent le plus. « Shaman », effectivement….
lement ésotérique, voire un peu « new age » et très « disrup-
tif », semble tout de même fonctionner chez OODRIVE. Plus 1
Forme anglo-saxonne de chaman.

la protection et la conidentialité des don- bon début pour Oodrive. Mais bien évi- parfois obligés de bluffer ». Lorsqu’on
nées de nos clients, en étant conformes demment, aucun des trois amis ne se lui objecte que c’est dangereux, et que,
aux réglementations européennes les paye à ce moment-là. Stanislas se sou- dans le secteur de la cybersécurité, on
plus exigeantes. » précise Edouard de vient avoir eu quelques sueurs froides peut jouer à ça une fois mais pas deux,
Rémur. Les solutions d'Oodrive ont dans ses premiers contacts clients. « On Stanislas de Rémur sourit, fataliste : « il
reçu les certifications et labels ISO ne disait bien sûr pas comment on était sufit d’être capable de tenir nos pro-
27001:2013, RGS***, Cloud Conidence organisés, comment on vivait, on était messes après »…
et France Cybersécurité. CertEurope a
été reconnue prestataire de Services de Créer un espace,
De gauche à droite : Awatif El Hilali,
Coniance au titre eIDAS1.
Mais pour se projeter vers un tel succès,
responsable de la marque, et de la une histoire
communication et Camille Boudeau,
qu’on passe ses nuits sur un business L’argent des premiers contrats encaissé
responsable du recrutement d'OODRIVE.
model et qu’on ne se paye pas, il faut sert à recruter les premiers talents
être, soit un peu fou, soit complètement techniques, le nerf de la guerre pour
visionnaire. De préférence les deux. toute entreprise en construction, et
à s’installer. « Nous avons vu un jour,
Un « love money » en passant dans le quartier, d’anciens
petits bureaux du Crédit Lyonnais qui
de 300 000 euros étaient à vendre, on les a achetés, et
Les trois fondateurs font appel, à on est restés dans ce quartier auquel
leurs débuts, a un « love money » - des tout le monde est très attaché », conie
parents, des amis, des relations -, qui Cédric Mermilliod. Fait important à
leur permettent de réunir pas loin de noter, OODRIVE est propriétaire de ses
300 000 euros en quelques mois. Un locaux : il peut donc les agencer, les
modiier et y créer une histoire et des
1
valeurs d’entreprise pérennes. « Nous y
Le Règlement « eIDAS » n°910/2014
du 23 juillet 2014 a pour ambition d'accroître tenons beaucoup, parce que cela nous
la confiance dans les transactions électroniques a permis de créer un espace, et une his-
au sein du marché intérieur. Il établit un socle toire », précise Stanislas de Rémur.
commun pour les interactions électroniques
sécurisées entre les citoyens, les entreprises La jeune pousse croît vite et bien,
et les autorités publiques. et développe se s compétence s

30 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


Au cœur d’Hexatrust

dans la forêt sibérienne, je sais ce que


Une société avec une croissance forte et rapide c’est… ». Après l’Université de Moscou,
qui compte plus de 400 collaborateurs passionnés. il vient en France, apprend le français
en quelques mois, et rejoint OODRIVE.
C’est un profil atypique, et pourtant
tout à fait typique des recrues d’OO-
DRIVE. Décontractés, compétents,
engagés, mais sans prise de tête.
OODRIVE, comme le disent la plupart
des collaborateurs, cultive une cer-
taine « bienveillance » ou en tous cas
une culture d’entreprise qui se veut
comme telle vis-à-vis de ses salariés.
Attention : bienveillant ne veut pas dire
laxiste. Celui qui, à un moment ou à un
autre, ne partage pas ou plus les valeurs
de l’entreprise, le comprend assez vite.
« Dans ces cas-là, on en parle rapide-
ment et on essaie de trouver une solution
« moitié par croissance organique, moi- population de jeunes profils bril- ensemble » explique Cédric Mermilliod.
tié par acquisitions » souligne Cédric lants… et atypiques. Lors de notre pas- Il n’empêche : le recrutement de valeurs
Mermilliod. Il faut suivre : sept acqui- sage, Dmitry Gritskevich, qui travaille humaines fortes, la mixité des cultures
sitions depuis la création, une tous comme ingénieur sécurité, confie: « je et des genres, favorisent une culture
les deux ans… Il s’agit de créer l’en- suis né en Sibérie, j’y ai passé 18 ans. d’entreprise, un brassage d’idées, un
vironnement propice et tenir dans le Je suis issu d’une famille d’aventuriers, enthousiasme bosseur qu’on a rare-
temps. Récemment, OODRIVE a acquis qui travaillent en pleine Sibérie sur l’ex- ment vu ailleurs. ❍
Orphea, spécialiste du Digital Asset traction pétrolière. Les hivers de 6 mois SYLVAINE LUCKX
Management.
Ce pourquoi le management, et la
création d’un esprit d’équipe fort, sont « FLEX », UN BÂTIMENT « AGILE »
extrêmement importants. Bien sûr, la Le bâtiment « l’Echiquier » baptisé
terrasse, les locaux extraordinaires, les « Flex » est unique en son genre.
pots du vendredi soir, le quartier sympa Doté d’une supericie de plus de 600
y sont pour beaucoup, et attirent visi- m2, il est installé non loin du siège
blement des jeunes talents qui sont de
d’Oodrive, dans un ancien atelier
plus en plus nombreux à ne pas vouloir
de confection. Les fondateurs ont
endosser le costume et la cravate, et à
chercher, sans se brader, une ambiance, gardé, tout en cassant toutes les
des valeurs, et un projet plutôt qu’un cloisons, le bâtiment « dans son jus »,
statut social. C’est assez commun à avec notamment un superbe esca-
la fameuse génération des « digital lier de chêne en colimaçon. Pour le
natives ». « Chez OODRIVE, on s'assure reste, tout est en espace libre, tout
que les collaborateurs soient accompa- le monde circule, et aucun poste de
gnés ain qu'ils puissent se projeter sur travail n’est attribué. Chacun réserve
un plan de carrière correspondant à leurs son créneau horaire, son emplace-
attentes, à leurs compétences et leur épa- ment, et peut organiser sa journée
nouissement personnel. En échange, ils au gré de ses occupations ; coin tran-
mettent en œuvre l’énergie nécessaire quille pour téléphoner à un client ; salle de réunion ; open space pour bran-
pour que l’entreprise avance. » affirme
cher son ordinateur et afiner ses propositions commerciales. Deux petits
Gaëtan Lazzaretti, responsable des
amphis ou sous-sol, et bien évidemment, « la cafet’ ». Une disposition émi-
grands comptes CertEurope.
nemment « lexible » comme l’indique le concept, auquel Edouard de Rémur
ne voit que des avantages : « cela permet aux gens de circuler, de partager
Enthousiasme l’information, de ne pas être attaché à un endroit physique, mais de bouger
bosseur en fonction de ce que l’on a à faire.». Aucune obligation, bien sûr, d’y être
OODRIVE, fort d’une équipe de R&D tous les jours. Le « Flex » est de toute façon plus utilisé par les commerciaux.
de plus de 150 personnes, a mis le Mais cet état d’esprit, très novateur, a l’air de fonctionner. La circulation de
paquet sur le recrutement d’une l’information est luide, sans aucune anicroche.

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 31


DOS S I E R

LOGICIELS
D’ENTREPRISE
UNE TRANSFORMATION
PROFONDE
IA – SAAS
LOW CODE / NO CODE…
COLLABORATIF
LES LOGICIELS SUIVENT LES TRANSFORMATIONS DE L’ENTREPRISE
ET ÉVOLUENT SOUS LA PRESSION DE QUATRE TENDANCES
TECHNOLOGIQUES FORTES : LE CLOUD
AVEC UNE GÉNÉRALISATION DU MODÈLE SAAS,
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE POUR EXPLOITER
LA RICHESSE NATURELLE DES ENTREPRISES
QUE SONT LES DONNÉES, LE LOW CODE/NO CODE PERMETTANT
DE PERSONNALISER ET VERTICALISER LES APPLICATIONS
AFIN QU’ELLES CORRESPONDENT AUX BESOINS DES UTILISATEURS,
ET LE COLLABORATIF POUR PARTAGER LES SAVOIRS
DANS L’ENTREPRISE. CES TENDANCES DESSINENT
L’ÉTAT DE L’ART DES LOGICIELS D’ENTREPRISE
ET SE DÉCLINENT DANS TOUS LES SILOS MÉTIER.
DOSSIER RÉALISÉ PAR BERTRAND GARÉ ET GUILLAUME PÉRISSAT

OMNIPRÉSENTE IA P 34 SLACK, TEAMS, WORKPLACE :


LE SAAS FAIT SON NID P 36 NOUVEAU FRONT-END DES
LE LOW CODE S’IMPOSE P 38 LOGICIELS D’ENTREPRISE P 41

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 33


L OG I C I E L S D’ E N T R E P R I S E

OMNIPRÉSENTE IA
SI LE LOGICIEL A MANGÉ LE MONDE, SELON MARK ANDREESSEN, L’INTELLIGENCE
ARTIFICIELLE A MANGÉ LE LOGICIEL ET EST DEVENUE OMNIPRÉSENTE DANS L’ENSEMBLE
DES LOGICIELS D’ENTREPRISES. À TEL POINT QUE CELLES-CI NE SAVENT PAS TRÈS BIEN
QUOI EN FAIRE ! SELON GARTNER, L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE SERA PRÉSENTE
DANS LA PLUPART DES LOGICIELS D’ENTREPRISES EN 2020.

S
a présence est arrivée rapide- intégrations plus ines vers les systèmes
ment. Il y a deux ans, l’expres- d’enregistrement en back-end avec, in
sion « Intelligence artiicielle » du in désormais, le chatbot qui se pré-
n’arrivait pas dans les cent sente comme l’interface vers les utilisa-
premières recherches sur le site du teurs inaux1.
cabinet d’analystes Gartner, elle est
désormais en 7e place. Le cabinet L’humain juste pour
indique que d’ici à 2020, l’IA sera la aiguiser la lame ?
priorité des investisseurs pour 30 %. Pour certains outils d’IA, leur amé-
Au-delà de cette tendance de fond, la lioration continue passe par le dia-
réalité est plus contrastée. logue avec l’humain. Il présente des
Philippe Harel et Michael Wielgowolski, résultats ou des recommandations et
l’un en charge de l’IA chez Umanis et l’humain estime si le résultat est bon
l’autre des chatbots dans la même entre- ou non et applique ou non la recom-
prise, constatent qu’il y a deux ans les mandation. L’autre méthode perçue Michael Wielgowolski, en charge
entreprises étaient en phase d’appren- chez les spécialistes d’Umanis est des chatbots chez Umanis.
tissage sans assimilation de données
en continu et d’action vers l’extérieur. 1 Lire l’article « Développez d’aiguiser l’outil au il du temps en
Aujourd’hui les entreprises semblent vos premiers chatbots », ajoutant de nouvelles sources de don-
avoir gagné en maturité avec des paru dans L’Informaticien n° 164. nées et revoir le modèle par de mul-
tiples itérations. L’approche discerne
ainsi les nouvelles tendances. Dans
les assurances, ce système est appli-
qué avec les variations météorolo-
giques ain de déduire les grandes
tendances pour provisionner ou anti-
ciper certains risques. Il est possible
de faire de même pour des produits
inanciers ain de les adapter à des
réglementations changeantes.
Une autre approche, le RPA (Robotic
Process Automation)2 , s’applique sur
certains processus récurrents et
peu complexes. Le RPA décharge
les experts de tâches à faible valeur
ajoutée. Ils se concentrent ainsi sur
les tâches importantes d’un point de
vue métier. La solution RPA est idéale
pour le renouvellement d’un mot
de passe en lien avec un annuaire
d’entreprise ou le déclenchement
de tâches dans un système tiers.

2 Lire l’article paru dans


L’Informaticien n° 167.

34 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


Comment fonctionne
la plate-forme Oracle avec l'IA.

L’intégration le plus souvent par des où trouver les outils pour l’effectuer. les utilisateurs inaux intègrent ces
API REST font entrer les outils d’Intel- Ce type de robot est déjà en action fonctions par des outils de type
ligence artiicielle dans l’interaction. sur un chantier comme nous l’a indi- Low code/No code dans leurs appli-
qué Michael Wielgowolski. cation habituelles. Pierre-Alexandre
Un robot qui parle Dernier avantage perçu par les Sammarcelli, manager des services
ou qui écrit ? experts d’Umanis, l’Intelligence de consulting sur l’expérience client
Pour beaucoup, les outils d’Intelli- artiicielle se reliant aux différentes chez Oracle, observe que les gens ne
gence artiicielle présents sur le mar- sources de données permet de cas- savent pas « l’incroyable volume de
ché sont des outils génériques assez ser les silos existants sur les outils données que nous avons ou ce que
classiques. Il y a eu peu de nouveau analytiques. Et d’apporter la bonne nous possédons sur le marché. Nous
produit en algorithmie depuis long- réponse au bon endroit, au bon avons plus de 11 milliards de cookies,
temps. Il faut donc se demander si moment, sans remettre en cause un élément essentiel pour tous les sites
l’outil est issu d’un développement l’existant qu’il soit dans un entrepôt de distribution e-commerce ou les
spéciique ou s’il est le résultat de de données, un data lake, des outils distributeurs ».
l’adaptation d’un algorithme open de visualisation ou des systèmes de Le deuxième axe de l’industrie logi-
source. Selon Michael Wielgowolski, dashboards corporate, tout en pous- cielle dans ses usages de l’IA est de
la partie Chatbot soulève des ques- sant l’innovation dans les services ou se l’appliquer sur ses propres produits
tions très spéciiques. Beaucoup d’en- les applications habituelles de ges- pour fournir de meilleurs services.
treprises préfèrent développer leur tion de la relation client, l’ERP ou les Oracle l’utilise pour ses logiciels dans
propre robot comme sur le Microsoft logiciels de gestion des ressources le Cloud, qui fonctionnent de manière
Bot Framework ou chez des édi- humaines. quasi autonome en s’autoréparant et
teurs spécialisés comme Botfuel ou en éliminant les couches d’adminis-
Konverso suivant que les clients sou- Onze milliards de cookies tration superlues. ❍ B. G.
haitent avoir un robot qui parle ou Autre constatation des différents
qui écrit. Le robot est désormais au experts interrogés, les entreprises ne
centre des interactions et répond à savent pas trop bien quoi faire avec
des problématiques plus complexes les outils d’Intelligence artiicielle. Si
qu’auparavant du fait de sa connexion la maturité est plus forte qu’il y a deux
avec les logiciels d’Intelligence artii- ans, le mouvement est lent. Selon
cielle. Il est évident que le chatbot Philippe Harel, 20 % des entreprises
va dépasser le simple côté conver- qui ont contacté Umanis se sont lan-
sationnel dans les mois ou années cées dans des projets d’IA… pour faire
à venir. Plus que la voix qui est déjà de l’IA : 40 % ont besoin d’ateliers ain
une réalité, les bots perçoivent main- de préciser les buts du projet.
tenant la gestuelle. L’interaction va Pour éviter cet écueil, des éditeurs du
donc être multiforme dans le futur. marché ont pris une autre approche
Un salarié pourra ainsi simplement en infusant de l’Intelligence artii-
effectuer un geste sur un chantier ou cielle sur l’ensemble de leur plate- Pierre-Alexandre Sammarcelli,
un entrepôt mimant une activité pour forme. Oracle ou Salesforce.com, manager des services
que le bot lui réponde et lui explique avec Einstein, en sont deux exemples. de consulting sur l’expérience
soit comment effectuer la tâche soit L’usage est alors très construit et client chez Oracle.

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 35


L OG I C I E L S D’ E N T R E P R I S E

LE SAAS
FAIT SON NID
TOUTES LES ENTREPRISES NE SONT PAS ENCORE PASSÉES AU CLOUD,
LOIN DE LÀ. MAIS LE SAAS FAIT TRANQUILLEMENT SON NID ET S’IMPOSE PARMI
LES LOGICIELS D’ENTREPRISE COMME UN MODÈLE BIEN PLUS FLEXIBLE
ET MOINS COÛTEUX QUE LES SOLUTIONS ON-PREMISE,
AUSSI BIEN POUR LES PME QUE POUR LES GRANDS GROUPES.

L
e SaaS… voilà des années que déploiement ne mobilise pas nos gère. Dans le cas d’un logiciel comp-
l’on en parle, que l’on vante ses propres équipes qui peuvent être occu- table, cela reste dificile de trouver des
mérites, la révolution, le tournant pées ailleurs à déployer d’autres outils informaticiens qui ont une double cas-
incontournable qu’il représente. dans notre propre environnement », quette informatique et appréhension
À en croire la pléthorique littérature souligne Frantz Waze, directeur géné- des problèmes comptables », ajoute-
publiée à la fin des années 2000, toutes ral délégué et directeur financier de t-il. Ditto Bank se félicite d’ailleurs
les entreprises devraient aujourd’hui Ditto Bank. Cette banque en ligne du déploiement rapide de la solu-
« être sur le cloud » tant ce modèle est filiale de Travelex lancée en février tion, opérationnelle en moins de
avantageux. Nous ne vous apprendrons dernier utilise Unit4Financial depuis trois mois.
rien en soulignant qu’en 2018, ce n’est octobre 2017. Frantz Waze souligne
toujours pas le cas : il faut croire que par ailleurs la proximité avec l’édi- Choisir le bon
les éditeurs traditionnels ont la peau teur, qui dispose de ses propres intégrateur
dure1. Pour autant, on aurait bien tort équipes d’intégration. « Comme il Il ne faut pas pour autant se voiler
de nier les bénéfices du SaaS. Et le pre- maîtrise notre environnement, si on la face, l’intégration d’une nouvelle
mier d’entre eux est bien évidemment a un problème ou pour tout ce qui est solution n’est pas toujours aisée, peu
la souplesse de ce modèle de distribu- évolution, paramétrage, environne- importe qu’elle soit en SaaS ou on-pre-
tion de logiciels. ment d’hébergement, c’est Unit4 qui mise. EasyMovie, plate-forme de créa-
tion de contenus vidéo destinée aux
SaaS présente bien entreprises, elle-même en SaaS, décrit
Alors que Good Gout, une jeune entre- une intégration du CRM de Salesforce
prise spécialisée en produits alimen-
taires pour bébés et jeunes enfants, se
développait, elle s’est mise en quête
d’un CRM/ERP autre qu’un simple
tableur Excel. « Le on-premise deman-
dait un savoir-faire en interne. Nous
sommes une petite équipe et n’avons
pas de ” gros ” SI. Le SaaS nous a paru
plus souple et évolutif », nous explique
Mikaël Aubertin, CEO et fondateur de
Good Gout, dont le choix s’est finale-
ment porté sur Salesforce Automation.
En effet, en mode SaaS les entreprises
n’ont plus besoin d’héberger leurs appli-
cations sur leurs propres serveurs, éli-
minant ainsi le coût d’acquisition de
matériel ainsi que la nécessité d’avoir
des compétences spécifiques en interne.
« Le grand avantage est le gain de
temps puisque en mode SaaS le

¹ Lire à ce sujet l’article


À la Une (p. 12).

36 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


Les solutions d’entreprise dans
le Cloud sont accessibles de n’importe où
et de n’importe quel terminal.

« un peu compliquée au début ». « Ce évoluer le produit, la mise à niveau se avantage en termes de trésorerie. Le
n’est pas tant une question de SaaS ou fera de manière indolore pour notre paiement mensuel par utilisateur permet
d’éditeur » indique Julien Bianchi, son équipe IT. » Unit4 a la main sur son de lisser la charge », renchérit Mikaël
CEO. « Nous avions choisi un intégrateur environnement et la montée se fait de Aubertin, contrairement à l’achat de
dont on avait l’impression qu’il décou- manière transparente. D’autant que les licences qui représente un investisse-
vrait comment déployer Salesforce : au mises à jour se font généralement sans ment étalé sur plusieurs années.
bout de trois mois, nous n’étions tou- surcoût, contrairement aux « montées
jours pas en mesure de sortir des fac- de versions » des solutions sur site. TPE ou grand groupe,
tures clients correctes et avons pris du Cette externalisation a également un les mêmes avantages
retard. » Finalement la jeune pousse impact en termes d’infrastructure : on Si ce modèle a des arguments pour
opte pour un nouvel intégrateur, cette entendra souvent dire que le SaaS pro- séduire les TPE/PME, les grands
fois-ci conseillée par les commerciaux met une meilleure scalabilité. « Quand groupes ne sont pas en reste. C’est le
de Salesforce, et migre ses données de nous sommes passés sur Unit4, nous cas par exemple de Schneider Electric,
son ancien CRM open-source vers celui ne savions pas du tout quel serait notre lui aussi client de Salesforce. Et on ne
du géant américain. Malgré cette expé- volume d’activité, il est très dificile de parle pas ici d’une dizaine de colla-
rience, Julien Bianchi insiste sur les calibrer le nombre d’entrées comptables borateurs connectés au CRM mais de
apports du SaaS, notamment en termes par jour. Lors de la phase d’acquisition 42 000 utilisateurs. « Là où nous avions
d’accessibilité. « La solution peut être uti- de clientèles, le nombre d’opérations a différentes solutions avec différents
lisée n’importe où, y compris sur mobile », augmenté de manière exponentielle. degrés de customisation, différentes ins-
un avantage non négligeable pour un Avec une solution SaaS, Unit4 nous a tances et des données pas forcément
logiciel utilisé par des équipes commer- aidé à optimiser le stockage et le traite- accessibles d’une instance à l’autre,
ciales souvent sur le terrain. ment », ajoute Frantz Waze. Là encore, nous avons fait le choix d’une solution
une montée sans douleur. Force est de unique pour tous les utilisateurs à tra-
Taillée sur mesure reconnaître que la dimension tarifaire vers le monde », expose Audrey Hazak,
De même, la maintenance et la mise à joue un rôle important dans le choix SVP Digital Sales & Support chez
jour du logiciel est assurée en externe du mode SaaS. Basé système d’abonne- Schneider Electric. Les enjeux pour une
par le prestataire. On en revient tout ment par utilisateur par mois, on peut entreprise de cette taille sont bien diffé-
d’abord au point précédemment parler d’un modèle de tarification à la rents de ceux d’une structure comptant
abordé : le SaaS permet dans une cer- consommation. « C’est de l’utilisation tout au plus quelques dizaines de sala-
taine mesure de libérer les services à la demande et de la tariication à la riés. Pourtant, les avantages du SaaS
informatiques au sein des entreprises. demande, beaucoup plus souple, du sont les mêmes. « C’est accessible par
Soit une évolutivité et une modularité sur-mesure par rapport à l’entreprise tous, la solution est beaucoup facile à
facilitée. « On regarde les nouvelles qui l’utilise », selon Julien Bianchi. implémenter et à déployer, et à adapter
releases et on voit si l’on est potentiel- « Lorsqu’un nouveau commercial arrive, à nos besoins. On peut ainsi faire tra-
lement intéressé par des fonctionnali- on prend un abonnement supplémen- vailler les équipes de manière uniformi-
tés nouvelle », explique le CFO de Ditto taire, c’est aussi simple que ça. » « Quand sée et avoir une vue centralisée. » ❍
Bank. « Et si nous avons besoin de faire une PME fait appel à du SaaS, c’est un GUILLAUME PÉRISSAT

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 37


L OG I C I E L S D’ E N T R E P R I S E

LE LOW CODE
S’IMPOSE EN ENTREPRISE
L’INFORMATICIEN AVAIT PARIÉ EN DÉBUT D’ANNÉE SUR LA TECHNO DU LOW CODE
EN L’INCLUANT DANS LES GRANDES TENDANCES 2018. ET NE S’ÉTAIT PAS TROMPÉ.
CETTE MANIÈRE DE DÉVELOPPER RAPIDEMENT S’ÉTEND À TRAVERS DIFFÉRENTES
PLATES-FORMES DANS LES ENTREPRISES ET DANS LES LOGICIELS.

L’
idée du Low Code est de per-
mettre à des personnes au
profil pas forcément tech-
nique de réaliser rapidement
des applications sans avoir à utiliser
du code informatique ou peu. Au
départ ces nouvelles applications
ont trouvé leur place pour complé-
ter des plates-formes de gestion des
processus ou des outils de gestion
de la relation client. Ce type d’ou-
tils s’applique cependant à tous les
logiciels dépendants d’une plate-
forme. Les grands noms de ce sec-
teur sont Salesforce, OutSystems,
K2, Mendix, ServiceNow, Appian,
AgilePoint, Pegasystems. Outsystems,
une start-up portugaise a
levé 360 millions de dol-
lars auprès de KKR et de
Goldman Sachs et est valorisé Un processus dans le logiciel de l’éditeur Appian.
maintenant au-delà du milliard de
dollars. Voilà qui démontre l’intérêt
que les investisseurs, mais aussi les grandes et petites. Sur ce dernier commandes liées avec les niveaux
entreprises, portent vers cette tech- segment, la demande commence à de stocks et cela en utilisant des
nologie. L’idée n’est pas nouvelle et apparaître. fonctions prédéfinies. L’utilisateur
s’inspire largement de ce que fai- n’a plus qu’à agencer ces différents
saient les outils de RAD ou Forte à Combler un vide ensembles comme une sorte de Lego
la fin des années 90 avec SynerJ, son Entre les grands systèmes legacy par glisser-déposer ou par une inter-
kit de développement Java pour les et les développements spécifiques face graphique rendant visuellement
applications web. qui demandent à la fois du temps et l’interface de la future application.
Ces outils sont aussi un moyen de des ressources pour évoluer, le low Des éditeurs fournissent même des
contourner le manque de déve- code permet à certains utilisateurs ensembles verticalisés répondant à
loppeurs et décharge le service de développer des outils répondant des secteurs d’activité bien précis.
informatique de projets courts et à leurs besoins sans avoir à solliciter Il est même possible d’intégrer des
pas forcément dans les priorités de les équipes informatiques souvent morceaux d’applications provenant
la DSI. occupées à maintenir l’ensemble de de tiers pour arriver à ce que Matt
En 2017, le marché des applications l’IT en condition opérationnelle. En Calkins, le CEO d’Appian, qualifie
Low Code était estimé à 4 milliards pratique, le Low Code propose un d’applications uniques pour les uti-
de dollars. Il devrait grimper suivant enchaînement d’écrans et de formu- lisateurs car correspondant à 100 %
les mêmes estimations à 27 mil- laires et les orchestre pour réaliser de leurs besoins.
liards de dollars en 2022. En clair, ce un processus plus ou moins com- Il n’est pas nécessaire d’opposer ces
marché est en pleine expansion et plexe s’adaptant au métier de l’uti- outils avec la direction informatique.
touche l’ensemble des entreprises lisateur. Cela va des formulaires de Les outils Low Code peuvent aussi

38 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


L OG I C I E L S D’ E N T R E P R I S E

faire partie de la palette des informa-


ticiens pour créer rapidement des
maquettes d’applications ou s’assurer
des demandes des utilisateurs en leur
présentant un canevas d’application
reprenant leurs expressions de besoins.
De plus, le Low Code n’implique pas une
perte de contrôle par le service infor-
matique. Ce dernier a le contrôle de la
plate-forme sur laquelle est développée
l’application. Seuls les appels vers des
applications tierces représentent un
risque. Il est d’ailleurs tout à fait possible
de faire respecter certaines règles pour
le développement Low Code comme
de demander aux « développeurs » de
s’enquérir d’abord des contraintes pos-
sibles de sécurité ou de conformité Un processus de commande dans Outsystems.
avant de lancer son application voire de
la soumettre pour validation avant son partenariats avec des spécialistes. des cabinets d’analystes en font le
déploiement. Le but du Low Code étant SAP a choisi un partenariat avec leader de ce marché.
de produire rapidement une application, Mendix autour d’un produit dans le Dans le Cloud, Microsoft est le plus
ce processus de validation doit, lui aussi, Cloud, SAP Cloud Platform Rapid présent avec pas moins de trois plates-
être rapide à défaut d’être contourné ou Application Development by Mendix. formes allant des applications sur les
de ne pas être suivi ! Chez Oracle, la plate-forme Low objets connectés aux applications
Code, Oracle Application Express, mobiles ou autres. Google s’est lancé
Présent dans permet d’étendre les fonctionnalités récemment avec le lancement d’App
les principaux des applications SaaS de l’éditeur et Maker. AWS n’est pas en reste avec
outils logiciels est proposée en option gratuite de la AgilePoint sans compter le nombre
La tendance a envahi quasiment l’en- base de données 12c. d’éditeurs qui ont leurs solutions sur
semble des logiciels du marché que Salesforce.com est un pionnier dans ce backend comme Bonitasoft ou
ce soit par des outils propriétaires sur le domaine avec Force.com. Son Mendix. On pourrait étendre cette liste
la plate-forme de l’éditeur ou par des approche Low Code s’est enrichie et à de nombreux autres acteurs de pre-
mier plan du monde logiciel qui voient
aussi l’appétence des clients pour ce
type de solutions.
Au bilan, les entreprises n’ont pas
raté l’opportunité venue avec le Low
Code et proposée par les différentes
plates-formes présentes sur le mar-
ché. Plutôt que d’avoir à gérer des
développements spécifiques, elles
choisissent la solution Low Code
permettant de verticaliser et d’adap-
ter les logiciels à leurs besoins sans
perdre le contrôle sur les données
ou les applications en conservant
dans la DSI le contrôle de la plate-
forme. Accessoirement, le Low Code
évite pour une part le shadow IT en
conservant les utilisateurs dans le
giron de ce qui est préconisé dans
l’entreprise. En fait, le Low Code
permet concernant les applications
d’entreprise d’avoir une relation
gagnant-gagnant entre utilisateurs
métier et service informatique ! ❍
B. G.

40 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


L OG I C I E L S D’ E N T R E P R I S E

SLACK, TEAMS,
WORKPLACE…
NOUVEAU FRONT-END
DES LOGICIELS D’ENTREPRISE
LES OUTILS COLLABORATIFS ONT LE VENT EN POUPE ET L’UNE DES RAISONS
DE LEUR SUCCÈS EST L’INTÉGRATION EN LEUR SEIN DE SOLUTIONS TIERCES,
DONT BON NOMBRE DE SERVICES FRÉQUEMMENT RENCONTRÉS DANS LES ENTREPRISES,
MAIS AUSSI DES BOTS DÉVELOPPÉS EN INTERNE.

Gestion de projet, RH,


Ventes, Développement,
Productivité, Marketing,
Utilitaire… les applications
intégrées couvrent de très
nombreux métiers au sein
de l’entreprise.

I
l ne vous aura certainement pas par Slack vont dans ce sens. Quant actifs et 70 000 équipes payant un
échappé que, à l’occasion de confé- à Microsoft, l’intégration de Teams à abonnement. « Ce qui nous a poussé
rences ou de communiqués, les édi- l’écosystème Ofice 365 parle d’elle- à aller sur Slack, c’est sa popularité
teurs de plates-formes collaboratives même. C’est à croire que ces éditeurs auprès des développeurs, notamment
énumèrent les « intégrations ». C’est à veulent faire de leurs plates-formes le pour des questions techniques comme
qui aura intégré le plus de services front-end de l’écosystème des solu- la possibilité d’y copier du code et l’as-
tiers, de Trello à SurveyMonkey en tions utilisées dans les entreprises. pect vraiment collaboratif des chan-
passant par Uber, Zendesk ou encore Si l’on en croit les chiffres communi- nels », motive Frédéric de Ascencao,
Salesforce. Et c’est sans compter les qués par ces éditeurs, lesdites entre- IT Corporate Manager chez Deezer.
nombreuses intégrations « maison », prises seraient séduites par ces La Ville de Versailles utilise quant à
notamment des bots1. Ce n’est pas non solutions. En mai dernier, Facebook elle Teams, elle en est d’ailleurs un des
plus un mystère que le lancement de la Workplace revendiquait 30 000 entre- clients de référence en France. « Lors
fonctionnalité Actions et le rachat de prises utilisatrices. Teams de Microsoft, du déploiement d’Ofice 365 à tous les
Missions (automatisation de routines) qui a lancé une version gratuite à la utilisateurs au sein de la collectivité, en
mi-juillet, en dénombrait 200 000 en octobre 2016, nous avons pu consta-
1 Lire à ce propos « Omniprésente mars. Slack, pour sa part, recense ter qu’il manquait un outil transverse,
IA » dans ce dossier p. 34. 8 millions d’utilisateurs quotidiens une interface unique et collaborative

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 41


L OG I C I E L S D’ E N T R E P R I S E

où les utilisateurs pourraient échanger variables déinies par les différentes utilisant la version gratuite de l’appli-
en mode projet, en ayant accès directe- équipes et accessoirement Giphy. cation, facilitant un peu plus la colla-
ment à tous les outils Ofice 365 », nous Si la plate-forme a mis en place des boration. Avec la sortie de sa mouture
explique Guillaume Ors, directeur des routines automatisées en donnant gratuite, Teams ne devrait pas être en
Systèmes d’information et du numé- les droits aux équipes de “ dev ”, pré- reste.
rique (DSIN) de la Ville de Versailles cise Guillaume Ors, la collectivité n’a
et de la Communauté d’agglomération pas fait ce choix. Néanmoins, elle a Shadow IT
Versailles Grand-Parc. Si Yammer a été fait développer « un moteur qui syn- Il ne faut cependant pas considérer les
dans un premier temps envisagé, le ser- chronise toutes les 24 heures notre plates-formes collaboratives comme
vice n’a inalement pas paru adapté SIRH avec l’Active Directory puis avec des outils miracles qui règleraient tous
aux usages prévus par la collectivité : Ofice 365, et ainsi Teams ». les problèmes de l’entreprise avec ses
« Lorsque nous avons découvert l’exis- À entendre Frédéric de Ascencao évo- différentes solutions logicielles. Il est
tence de Teams, nous avons immédia- quer Giphy, on pourrait prendre peur bien ici question de « front », et non
tement présenté cet outil à la direction et considérer ces plates-formes colla- de back-end. Les services tiers inté-
générale, qui l’a validé avec grande boratives comme des gadgets chrono- grés devront toujours être gérés dis-
rapidité », ajoute Guillaume Ors phages diminuant la productivité des tinctement. « Nous devons acheter et
salariés. Mais chez Deezer, comme à renouveler les licences, les adminis-
Tous les outils Versailles, on s’accorde pour soutenir trer directement du site de l’éditeur.
en un seul lieu qu’au contraire, ces outils représentent À ce jour, nous n’avons pas d’inter-
Quid de s s er v ice s intégré s ? un gain de temps. Et dans les deux cas, face unique où nous pourrions renou-
À  Ver s a ille s , le s inté g r at ion s on parle d’une plus grande luidité. veler les licences de tous les modules
dépendent de la direction métier uti- « Slack permet d’avoir un écosystème et que nous avons activés au sein de nos
lisatrice. Sont principalement utili- de passer d’une application à une autre équipes Teams. Ainsi, Teams ne com-
sés, OneNote et Wiki, ainsi que, dans simplement dès lors que l’on a les SSO plexiie pas la gestion de ces dernières,
une moindre mesure, Trello. Un chat- [Single Sign On] qui vont bien », assure mais ne les facilite pas non plus », sou-
bot a également été développé, mais le responsable IT de Deezer. « Cela per- ligne Guillaume Ors.
n’ayant pas donné satisfaction, il met de réunir tous les outils des utilisa- Autre souci, qui n’est pas tant lié aux
devrait être retravaillé dans les mois teurs en un seul et unique espace de Workplaces et consorts mais à une ten-
qui viennent. Du côté de Deezer, on travail. C’est simple, performant et cela dance actuelle : le Shadow IT. « La faci-
emploie Drive, Jira et Zendesk pour fait gagner beaucoup de temps », ren- lité avec laquelle les applications tierces
avoir directement accès aux tickets chérit Guillaume Ors. D’autant que, peuvent être intégrées dans Teams inci-
dans Slack, Trello, divers bots mai- dans le cas de Slack, il est possible ter certains utilisateurs à demander à la
son pour l’envoi automatisé de mes- de créer des channels en mode pro- DSIN d’activer un add-on dans Teams
sages et de reminders selon des jet auxquels associer des prestataires d’une application que la direction
métier aurait acquis de manière tota-
lement autonome », explique le DSI de
Versailles. « La conséquence serait de
devoir valider et intégrer a posteriori
une application qui n’aurait pas été
“ co-choisie ” par les métiers et la DSIN,
et donc qui ne répondrait éventuelle-
ment pas à toutes les exigences internes
en matière de politique numérique de
la collectivité. » Sentiment partagé par
Frédéric de Ascencao. « Si on réléchit
urbanisation du système d’information,
il faut penser sécurisation. Les adminis-
trateurs doivent étudier l’application,
voir si elle est “ compliant ” par rapport
aux bonnes pratiques de l’entreprise. »
En d’autres termes, si les outils colla-
boratifs et l’intégration d’applications
tierces au sein d’un même écosystème
représentent pour la majorité des colla-
borateurs un gain de temps et d’efica-
cité, ils peuvent également constituer
un surcroît de travail pour d’autres. ❍
G. P.

42 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


COMMUNIQUÉ

Avec WINDEV,
qui scannera, Zebra !
Un nouveau composant WINDEV open source pour piloter encore plus facilement
voit le jour pour aider les concepteurs d’applications les terminaux mobiles. Concrète-
mobiles industrielles sous Android. C’est le fruit de ment, cela se traduit par des fonctions
la rencontre de Zebra Technologies, un des leaders facilement identifiables comme
de la mobilité et de la traçabilité, avec WINDEV, DWActiverDataWedge, DWDemar-
n°1 du développement professionnel. Jamais scanner rerUnScan, DWStopperUnScan,
et imprimer n’a été aussi facile, jugez plutôt ! DWModiierLesParametresDuScanner.

Z
ebra Technologies doit sa Intégration simple et rapide du scan WINDEV Mobile et Zebra : excellente
notoriété à son expertise Zebra avec WINDEV Mobile impression !
dans la fabrication de termi- La méthode est simple : toutes les Et pour les impressions, me direz-
naux mobiles, de tablettes, informations utiles à l’interface avec vous ? C’est pareil !
d’imprimantes, de scanners, ou le matériel Zebra sont disponibles en Que les imprimantes soient connec-
encore de lecteurs RFID & NFC. ligne sur le site Zebra. tées en WiFi, Bluetooth ou USB, le
Ces solutions sont régulièrement uti- Classiquement, Datawedge peut développeur bénéicie de fonctions intui-
lisées dans les secteurs du retail, de être contrôlé à l'aide de de nom- tives comme ZebraPCImprimeLigne,
la santé, du transport et de la logis- breux Intents Android facilement ZebraPCImprimeTexte, ZebraPCImprime-
tique ou du tourisme, ce qui en fait pilotables grâce à un insert de Graphique, ZebraPCStatusImprimante.
un leader mondial. code Java depuis WINDEV Mobile.
Historiquement, les intégrateurs et Le code WLangage est du type : Concrètement, nous allons illustrer
ISV ont toujours pu bénéicier de res- « DataWedgeDemarre(nom_de_la_ la méthode avec l’impression d’éti-
sources mises à disposition par Zebra. call back_java) » quettes avec codes à barres.
Ainsi, la solution logicielle nommée Lancez le logiciel Zebra Designer
DataWedge est intégrée en stan- Un composant open source pour pour concevoir graphiquement l’éti-
dard dans tous les périphériques booster les développements WINDEV quette. Cela génère la chaîne ZPL
Zebra, Il s’agit d’un module de type Mobile (équivalent du CPL) utile à l’impres-
fournisseur de services, facilement Toutefois, pour rester idèle aux gains sion et vous la collez dans le code
conigurable avant tout lancement de productivité habituels de WINDEV WLangage
d’un traitement de numérisation ou Mobile, un partenariat technique entre Enfin, la fonction du composant
de lecture de codes à barres. le constructeur et l’éditeur a permis WINDEV Mobile « ZebraPCImprimeC
de proposer encore plus de simpli- haineZPLVariable » lance l’impression.
Comment réutiliser ces ressources ? cité. Ainsi, un composant a été créé Résultat : la réalisation du template
Nous nous sommes placés dans et l’écriture du code d’impression de
le contexte d’un développement l’étiquette ont été réalisées en moins
avec WINDEV, le célèbre AGL édité de 5 minutes, top chrono ! Il aurait
par PC SOFT (vendu dans plus de fallu des dizaines de lignes de code
140 pays). Plus précisément, nous et beaucoup plus de temps sans
illustrerons notre cas pratique via WINDEV Mobile.
WINDEV Mobile, clone de WINDEV Cette méthode est déjà opéra-
dédié aux applications mobiles aussi tionnelle dans de nombreuses
bien pour des terminaux Windows, entreprises dont Truffaut (célèbre
Android qu’iOS en natif. enseigne de jardinerie) qui s’appuie
Bien entendu, WINDEV Mobile est sur les AGL de PC SOFT pour ses
connu pour sa richesse fonctionnelle applications métiers.
(IDE, base de données intégrée, tests
unitaires, L5G, télémétrie pour le back Ressources disponibles ici :
end…) et sa faculté à créer des applica- http://techdocs.zebra.com/
tions cross-platforms natives. Nous nous datawedge/6-8/guide/about/
concentrerons ici sur l’aspect scan et Composant WINDEV Mobile :
impression sur des terminaux Android. https://depot.pcsoft.fr/

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 43


DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS STOCKAGE VIRTUALISATION DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS
INFRA

La 5G
sort des labos
Quelles leçons tirer des premiers
tests en conditions réelles ?
Après les expérimentations en labos, l’année globalement nos attentes, ce
2018 voit se multiplier les tests grandeur nature qui laisse présager des débits
moyens réellement très élevés »,
autour de la 5G. Constats : les débits réels indique Viktor Arvidsson, direc-
teur stratégie et innovation
dépassent bien le Gigabit/s et la latence se rap- Ericsson France. Rappelons
proche de la milliseconde. Des usages tels que que, dans sa version actuelle
(Release 15), la 5G prévoit un
la diffusion vidéo en 8K, le pilotage de véhicule débit théorique de 20 gigabits
par seconde (Gbit/s) en voie
à distance, la télémédecine, la télémaintenance descendante et 10 Gbit/s en
industrielle sont techniquement validés. Il reste à voie montante. Bien entendu,
en conditions réelle s, le s
tester les performances en mobilité, la consom- débits sont nettement infé-
mation énergétique et l’application de la 5G dans rieurs. À Bordeaux, Bouygues
Telecom a ainsi réalisé début
le domaine de l’IoT. juillet son premier pilote 5G à
partir de deux antennes-relais
epuis près d’une décen- Mais 2018 marque une nouvelle distantes d’une dizaine de kilo-

D nie, les équipementiers


télécom et les opé -
rateurs mobiles préparent la
étape. Les opérateurs et équipe-
mentiers ont entamé la phase
de tests en « conditions réelles »,
mètres. L’opérateur a observé
u n dé bit de s ce nd a nt de
2,3 Gbit/s pour un débit mon-
relève de la 4G. La cinquième c’est-à-dire basés sur des com- tant de 260 Mb/s. Un test réa-
génération des standards de munications en extérieur, des lisé sur la bande de fréquence
la téléphonie mobile, ou 5G, préséries d’équipements plu- des 3,5 GHz, qui devrait être
passe aujourd’hui de la théorie tôt que des prototypes et en celle utilisée pour les premiers
à la pratique avec une première utilisant les versions finalisées déploiements de 2020.
vague de tests sur le terrain. des standards 5G, principale- En laboratoire, SFR, Orange
L’occasion de valider, ou non, ment la « Release 15 NR Non- ou Bouygues Telecom avaient
les principales promesses de Standalone ». Publiée par le atteint en 2017 des débits de 15
cette technologie. Rappelons 3GPP en décembre 2017, cette à 25 Gbit/s sur des fréquences
que la 5G doit offrir des débits version sera utilisée pour les plus hautes (15 à 26  GHz).
au moins 10 fois supérieurs à premiers déploiements de la Mais sur la fréquence plus
la 4G avec une latence 10 fois 5G, attendue pour 2020 (lire basse des 3,5 GHz, les débits
moindre, de l’ordre de la ci-après). chutent mécaniquement. Ils
milliseconde. n’en demeureraient pas moins
Depuis deux à trois ans, des Un débit au-delà très prometteurs. « C’est très
expérimentations ont déjà encourageant. La promesse de
été réalisées en laboratoire,
des attentes débits dix fois supérieurs en 5G
en exploitant des prototypes Première conclusion des tests par rapport à la 4G est tout à
d’équipements et des préver- en conditions réelles : « Les fait crédible », estime Cédric
sions des standards de la 5G. débits de la 5G dépassent Levasseur, responsable de la

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 45


RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS STOCKAGE VIRTUALISATION DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS STOCKAGE VIRTUALISATION DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS

et Nokia ont réalisé, le 5 juillet

Les villes retenues pour l’expérimentation dernier, la diffusion de conte-


nus vidéo en 8K ; un pilote réa-
lisé sur le site de Paris Saclay
de l’équipementier. Il s’agit
du plus grand centre mondial
Lille, Douai de R & D Nokia autour de la
5G, avec 1 300 ingénieurs tra-
vaillant sur cette technologie.
Lannion « France Télévision mène une
11 rélexion sur les nouveaux for-
Paris - Île de France mats d’images, dont la 8K, et
Belfort explore aussi les nouveaux
Cesson-Sévigné
modes de diffusion. Ce test a
permis de valider que la 5G est
Nantes un support adapté pour diffuser
des contenus en très haute déi-
nition auprès du grand public »,
Lyon indique Yann Begassat, direc-
teur Technologies & solu-
Grenoble tions mobile networks chez
Bordeaux Nokia France. « La 5G pourra
aussi être exploitée par France
Sophia-Antipolis Télévision au niveau de ses
Marseille équipes de reportage. Elles
Toulouse n’auront plus besoin d’un véhi-
cule équipé d’une connexion
satellite pour transmettre leurs
programmes. Un simple termi-
nal 5G sufira. »

Une latence
au-dessus de
stratégie d’évolution technolo- Transmettre
gique du réseau chez Bouygues la milliseconde
Telecom. Il rappelle que sur des vidéos en 8K Autre grande promesse de la
la 4G, les débits moyens sont À quoi peut servir un débit dépas- 5G, un temps de réaction du
de 50 Mbit/s en voie descen- sant le Gigabit/s sur un réseau réseau mobile très court. Soit
dante et 20 à 30 Mbit/s en voie mobile ? Lors de leurs tests, les une latence proche de la mil-
montante. opérateurs ont principalement liseconde, contre 25 à 40 ms
De son côté, SFR a testé en mai mis en avant des usages autour pour la 4G. Dans ce domaine,
dernier, avec l’équipementier du streaming vidéo en très haute les premiers tests offrent des
Huawei, un transfert de fichier définition. À Bordeaux, Bouygues résultats en dessous de cet
en 5G avec un débit descen- Telecom a ainsi testé la diffusion objectif. À Bordeaux, Bouygues
dant moyen de 1,3 Gbit/s et simultanée de 10 lux vidéo en Telecom a ainsi atteint une
un pic à 1,6  Gbit/s. Ce test 4K. Concrètement, une voiture latence de 7,5 ms. De son côté
s’est déroulé dans le labora- équipée de dix caméras 4K a cir- SFR indique avoir observé une
toire SFR de Vélizy (78), mais culé sur le site Bouygues Telecom latence « de l’ordre de la millise-
« en conditions réelles », assure de Mér ignac. L e s dix f lux conde », sans plus de précisions.
l’opérateur. Concrètement, la d’images ont été diffusés en live Même en laboratoire, Ericsson
bande de fréquence utilisée sur dix écrans situés au musée indique atteindre plutôt les
a été celle des 3,5 GHz et l’in- d’Art contemporain de Bordeaux, 3 ms dans ces tests récem-
frastructure radio se composait à une dizaine de kilomètres de ment réalisés avec Orange ou
d’une présérie d’antennes 5 G là. « Pour chaque lux 4K il fallait Bouygues Telecom.
communicant avec un termi- un débit de 250 à 300 Mbit/s. Le L’optimisation future des équi-
nal « pré-commercial » 5G de test a permis de valider cette capa- pements laisse cependant
Huawei. Notons que SFR n’a cité », poursuit Cédric Levasseur. présager que la milliseconde
pas testé la voie montante. De son côté, France Télévision pourrait être atteinte dans les

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STOCKAGE VIRTUALISATION DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS STOCKAGE VIRTUALISATION DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS
INFRA

À Bordeaux, les tests menés par Bouygues Telecom,


en conditions réelles, ont permis d’atteindre des débits
descendants de 2,3 Gbit/s. Ces communications fixes
ont été réalisées entre deux antennes-relais,
distantes d’une dizaine de kilomètres.

années à venir, même si les latence de quelques millise- comme première exploitation
acteurs du secteur préfèrent condes offre déjà de grandes de cette faible latence le pilo-
ne pas s’engager aujourd’hui avancées », a s sure Viktor tage à distance de véhicules.
sur le délai. « Pour la plu- Ar vidsson, chez Ericsson. Début juillet, du stade du
part des cas d’usages, une L’équipementier suédois cite Parc des Princes, Ericsson

La feuille de route de la France autour de la 5G


Le 16 juillet, le gouvernement et l’Arcep ont la couverture des principaux axes de transport
présenté la « feuille de route de la 5G pour la d’ici à 2025. La France devra également accueil-
France ». Il s’agit d’une des mesures et surtout lir « des premières mondiales d’application de
des caps à suivre pour que l’Hexagone ne prenne la 5G dans les domaines industriels », indique
pas de retard autour du déploiement de cette cette feuille de route. « Nous voulons faire de
technologie. Au programme : faciliter le lance- la France une terre d’accueil de premiers
ment de « plusieurs pilotes 5G sur une variété projets de déploiements mondiaux, de plates-
de territoires », notamment avec l’attribution formes d’innovation permettant aux start-up
de nouvelles fréquences pour la 5G. Il devrait de tester leurs projets, en partenariat avec les
s’agir de fréquences utilisées aujourd’hui pour grands groupes du numérique implantés en
la TNT, mais aussi la bande haute des 26 GHz. France », a déclaré Mounir Mahjoubi, secrétaire
Autres objectifs : un déploiement 5G commer- d’État auprès du Premier ministre, chargé du
cial dans au moins une grande ville dès 2020 et Numérique.

Le gouvernement et l’Arcep Déploiement 5G commercial Couverture progressive


présentent la « feuille de route prévu dans au moins une des principaux
de la 5G pour la France ». grande ville française. axes de transports.

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 47


VIRTUALISATION DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS STOCKAGE VIRTUALISATION DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS
INFRA

a démontré la pr ise de
contrôle d’une voiture, via
une connexion 5G, située
à 1 600 km de distance. Un Pour la plupart
véhicule prototype, réalisé
avec l’école d’ingénieur sué- des cas d’usages,
doise KTH (Royal Institute of
Technology), à Stockholm, a
une latence de
roulé sur une voie sécurisée quelques
située à Kista, un district de la
capitale. Il était piloté, en temps
millisecondes offre
réel par des conducteurs ins- déjà de grandes
tallés dans des postes de pilo-
tage du Parc des Princes. « Ce
avancées
type de tests ouvrent de nom- Viktor Arvidsson, Ericsson
breuses perspectives. Dans
les mines de fer du nord de la
Suède, une rélexion est ainsi
engagée pour piloter à dis- seront limités, par exemple pour de véhicules, l’une via une
tance des engins d’excavation des robots industriels connec- connexion 4G, l’autre en 5G.
évoluant à 1 000 mètres sous tés en 5G à des services dans le Chaque voiture envoyait un flux
terre. La 5G pourrait être utili- Cloud et qui posséderaient des vidéo au pilote, équipés d’un
sée pour ce type d’usage, avec cadences ultrarapides », précise casque de réalité virtuelle. « Le
bien entendu des répéteurs en le responsable. constat est que la faible latence
sous-sols. Ce serait un gain en À Bordeaux, Bouygues Telecom de la 5G facilitait sensiblement la
termes de sécurité et d’améliora- a également fait la démons- conduite du véhicule comparé à
tion des conditions de travail », tration du pilota ge à dis - la 4G », indique-t-on chez l’opé-
confie Viktor Arvidsson. Selon tance de véhicules, cette fois rateur. Pour Bouygues Telecom,
Ericsson, la latence à la milli- des modèles réduits de voi- le pilotage à distance d’un véhi-
seconde n’est pas réellement tures. Deux personnes ont pu cule est tout à fait possible avec
une priorité. « Les cas d’usages s’essayer à la « téléconduite » des latences de l’ordre de 5 ms.

Jeux vidéo,
télémédecine et
Orange teste l’accès 5G fixe en Roumanie télémaintenance
Les débits et la latence de la
Du 1er juin au 16 juillet, Orange a mené en Roumanie une expéri-
5G relevés durant ces pre-
mentation autour de la connexion internet fixe en 5G, dans la ville
miers tests ont servi à vali-
de Cluj-Napoca. L’objectif était d’évaluer dans quelle mesure la 5G
der d’autres types d’usages.
peut servir à connecter des foyers ou des entreprises, en alterna-
Bouygues Telecom a ainsi
tive ou en complément à une connexion filaire. « Nous sommes
testé la 5G à Bordeaux autour
parvenus à atteindre des performances équivalentes à celle d’une
d’une application de téléméde-
connexion fibre auprès de 15 clients résidentiels ainsi que 2 clients
cine, en collaboration avec la
B2B », indique l’opérateur, sans plus de précision sur les débits rele-
start-up bordelaise Exelus. Un
vés. Pour tester les capacités du réseau, les clients ont été incités à
lux audio-vidéo a été transmis
utiliser, en simultanée, des applications gourmandes en bande pas-
via une connexion 5G entre un
sante, comme des vidéos 4k et du gaming sur le Cloud. « Au final, les
médecin urgentiste, équipé de
testeurs ont fortement apprécié la facilité de l’installation, la stabi-
lunettes de réalité augmentée
lité de la connexion sans fil et sa bonne performance. Ils ont estimé
Microsoft HoloLens, et un méde-
qu’elle a été équivalente ou meilleure à celle qu’ils utilisent habi-
cin situé dans un CHU. Ce der-
tuellement », confie Arnaud Vamparys, directeur de projet 5G chez
nier pouvait visualiser sur un
Orange. « À présent, nous comprenons mieux comment la techno-
ordinateur la situation de l’ur-
logie fonctionne dans un environnement “ usage réel ” et ceci nous
gentiste grâce aux images et aux
permet de compléter le dispositif de solutions filaires », poursuit-il.
sons transmis par les lunettes.
Ce test a été réalisé dans la bande des 26 GHz, sur la base d’un ter-
De son côté, l’urgentiste rece-
minal Samsung, connecté à un routeur Cisco.
vait des conseils en temps réel
sur les opérations à mener.

48 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


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première version finalisée du


Les tests standard 5G NR Release 15, qui
sera celle des premiers déploie-
en laboratoire ments. « C’était le premier objectif
confirment le de nos tests pour 2018 », sou-
ligne ainsi Yann Begassat, chez
potentiel de la 5G. Nokia. « Nous avons validé que
En 2018, nous allons cette Release 15 était iable au
niveau des protocoles réseau,
passer aux tests des interfaces et des architec-
tures. » Les opérateurs et équi-
techniques grandeur pementiers ont testé, pour
nature à Lille, Douai la plupart, les deux déclinai-
sons de cette Release 15 : la
et Marseille « Non-Standalone » comme la
Arnaud Vamparys, Orange « Standalone ». Rappelons que
la première repose sur un cœur
de réseau 4G, mais adapté à
« L’idée est que le médecin de en février dernier, la connexion la 5G ; alors que la seconde
l’hôpital puisse accompagner 5G lors d’une rencontre de prévoit un cœur de réseau de
les urgentistes dans les opéra- joueurs professionnels d’e- nouvelle génération, exclusi-
tions de premiers secours, en sport. « Les joueurs ont été sur- vement dédié à la 5G. La ver-
utilisant la réalité augmentée en pris par le temps de réponse sion « Non-Standalone » sera
temps réel », explique-t-on chez de la 5G. Leurs conclusions donc utilisée pour les premiers
Bouygues Telecom. Au-delà étaient qu’ils ne voyaient pas la déploiements, alors que la ver-
des simples échanges audio et différence avec les connexions sion « Standalone » devrait être
vidéo, le médecin du CHU peut ilaires qu’ils utilisent habituel- déployée plutôt à l’horizon 2025.
ajouter des images de synthèses lement, dont la ibre optique », Autre caractéristique réseau
en surimpression pour guider indique Yann Begassat. « Ils testée par ces premiers tests :
visuellement les gestes de l’ur- se voient très bien utiliser à le « Beamforming ». Il s’agit de
gentiste, précise l’opérateur. un niveau professionnel une la capacité d’une antenne 5G
S elon le même pr incip e, connexion 5G dans le futur du à localiser précisément un ter-
Bouygues Telecom a aussi testé jeu vidéo. » minal pour lui orienter le signal
la télémaintenance industrielle de manière optimisée. Ce prin-
en réalité augmentée. Toujours Standard Release 15 cipe de « faisceau directif » est
au moyen d’une connexion 5G un gage de débit. « Les pre-
et de lunettes, un technicien
et Beamforming miers tests ont été très convain-
réseau a procédé à une inter- De manière moins spectacu- cants autour de cette capacité
vention sur des équipements, laire que le débit ou la latence, de Beamforming », indique-t-on
aidé par un expert réseau à dis- ces premiers tests ont aussi été chez Nokia, comme chez les
tance. « Depuis un simple PC l’occasion de tester la toute autres acteurs du secteur.
d’entreprise, l’expert a pu guider
en vidéo le technicien dans le
changement d’une carte réseau.
Toute au long de la démonstra-
tion, l’expert a envoyé des docu-
ments et des éléments visuels
directement dans le champ de
vision du technicien », explique
l’opérateur.
Dernier usage mis en avant : le
jeu vidéo. Une latence se rap-
prochant de la milliseconde
et des débits dépassant le
Gigabit/s feraient de la 5G un
support idéal pour le « gaming ».
C’est dans cette perspective
La 5G est une alternative à la connexion filaire pour le gaming.
que Nokia a testé en Finlande,

50 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


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INFRA

En laboratoire, Orange
et Ericsson ont atteint
un débit de 15 Git/s
sur la bande des 15 GHz
avec une latence
de 3 millisecondes.

Tester la mobilité, fournisseurs différents, Ericsson infrastructures critiques du port. »


l’Internet des objets et à Lille et Douai et Nokia à Autre dimension importante de
Marseille, ce qui nous permettra la 5G qui va être testée prochai-
le « Network Slicing » de tester leurs technologies res- nement : son application dans
D’ici à 2020, les opérateurs et pectives dans ce contexte. » le domaine de l’Internet des
les équipementiers vont pour- Sur quoi porteront ces tests ? Les objets (IoT). La promesse de la
suivre leurs expérimentations. opérateurs et équipementiers 5G est de pouvoir accueillir une
L’Arcep a ainsi validé pas moins indiquent vouloir expérimen- grande quantité d’objets IoT,
de 22 projets pilotes dans sa ter le « Network Slicing ». Il s’agit de l’ordre du million connec-
feuille de route de la 5G (lire d’une capacité des réseaux 5G à tés par cellule. Les acteurs du
l’encadré). En 2018, SFR prévoit se « découper en tranche » pour secteur attendent notamment
notamment des tests à Toulouse réserver de la bande passante la Release 16 du standard 5G,
et Nantes, Bouygues Telecom à à un usage donné. Le débit et attendu pour la fin 2019, qui
Lyon et en Île-de-France. Quant la latence peuvent ainsi être devrait intégrer l’IoT et cette
à Orange, il va mener ses pre- théoriquement garantis, car il gestion massive de la data.
mières expérimentations hors n’y a aucun partage de bande Enfin, les prochains tests doivent
laboratoires en France à Lille, passante sur la tranche réser- évaluer les performances du
Douai et Marseille. « Nous avons vée. « Nous débutons des tests signal 5G en mobilité, car les
fait le choix de villes de dimen- au port de Hambourg, avec premières expérimentations
sion signiicative ain de tester Deutsche Telekom et les autori- portent principalement sur des
la nouvelle technologie 5G stan- tés portuaires locales, autour du connexions fixes. Les futures
dardisée en conditions réelles Slicing 5G », explique-t-on chez expérimentations devraient éga-
sur le terrain », explique Arnaud Nokia. « L’idée est d’évaluer dans lement évaluer la consommation
Vamparys, directeur de projet quelle mesure nous pouvons énergétique des équipements et
« 5G » de la « Division Technology exploiter cette capacité pour des bien entendu : la compatibilité
and Global Innovation » services autour de la gestion des des premiers terminaux commer-
d’Orange. « Par ailleurs, nous tra- feux de signalisation ou exploi- ciaux, attendus pour 2019. ❍
vaillons sur ces villes avec des tant la réalité virtuelledans les CHRISTOPHE GUILLEMIN

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 51


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ITPT’27
Les nouvelles tendances
de l’infrastructure
Cette nouvelle édition de l’IT Press Tour a mêlé architecture et assure une
faible latence en utilisant le pré
les entreprises ayant déjà participé à l’événement fetching des données, la com-
et d’autres plus nouvelles ou sur des secteurs dif- pression et des fonctions de
cache. De plus la solution syn-
férents pour, dans l’ensemble, tenter de dessiner chronise les métadonnées avec
les lux parallèles de données.
le futur des infrastructures. La sécurité est assurée par un
chiffrement et une authentiica-
Lucidlink Le stockage objet présente de
nombreux avantages comme
tion du côté client. La concep-
tion des logs est spéciique pour
Système de fichiers l’élasticité, le coût et il excelle s’assurer de la consistance. La
distribué comme stockage secondaire solution est scale out et évo-
Fondée par des anciens de pour le Backup, l’archivage ou lue linéairement dans ses per-
chez Datacore ou d’autres les applications nativement web. formances et ses capacités. La
ent r epr i s e s de s to ck a ge, Ses limites empêchent cepen- solution est facturée 5 cents
Lucidlink est une très jeune dant de l’utiliser comme un stoc- par mois le Gigaoctet, soit bien
entreprise et son produit est en kage primaire du fait du manque moins que les Clouds publics.
disponibilité générale depuis d’interface avec des systèmes de Il faut cependant y ajouter le
moins d’un trimestre. Son but ichiers, de piètres performances stockage sur S3. De quoi soule-
est de proposer un système de et un manque de sécurité. ver l’intérêt ! L’entreprise vient
ichiers distribué qui migre les Lucidlink vise à éliminer ces pro- d’ailleurs de recevoir de la part
ichiers vers le Cloud en strea- blèmes en proposant un système d’investisseurs un petit chèque
ming en complément d’un stoc- de ichiers performant avec accès de 5,5 millions de dollars après
kage objet comme S3. aux ichiers en streaming vers des 18 M$ levés en tour d’amorçage.
stockages objets pour donner la
capacité d’utiliser les données de
production de manière active. StorOne
Proposée en SaaS, Lucidlink
évite à l’utilisateur de déployer
Nouvelle approche
une infrastructure et d’utiliser du stockage
des baies de stockage que l’on Nous avions déjà rencon-
trouve toujours trop chères. Les tré l’année dernière en Israël
lux sont chiffrés de bout en bout. StorOne, une entreprise qui
Le logiciel est compatible avec avait travaillé pendant près de
l’ensemble des OS dans le Cloud six ans en mode secret avant de
ou dans la périphérie de réseau lancer son logiciel TRU Storage
et s’intègre avec les principales (Total Resources Utilization).
solutions de stockage objet sur Retour avec eux pour voir les
le marché qu’elles soient fournies progrès de l’entreprise.
dans le Cloud ou sur site. Gael Naor, le CEO, fonda-
teur de StorOne et créateur de
UNE ARCHITECTURE Storwize – revendu à IBM –, a
NOUVELLE des convictions très fortes sur
Pour garantir la performance, le stockage. Pour lui le point
Peter Thompson, CEO et cofondateur de Lucidlink. Lucidlink a conçu une nouvelle faible des solutions actuelles

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INFRA

du marché réside dans le logi-


ciel. Les performances ou la Eric Han,
capacité ne sont selon lui plus VP product
un souci : « Il est incompréhen- management
sible qu’une baie de stockage de Portworx.
Flash facture une opération par
seconde 50 cents ou 1 $, alors
qu’aujourd’hui un simple SSD
peut délivrer 250 000 IOPS pour
moins de 500 $. »

UNE OPTIMISATION
LOGICIELLE
Le système conçu par StorOne
permet de tirer le meilleur parti
des ressources tel que CPU,
mémoire et stockage dispo-
nible pour proposer une solu-
tion avec des performances Portworx jusqu’à 40 %. La solution est
totalement logicielle et utilise
et des fonctionnalités les plus Spécialiste les fonctions des orchestrateurs
importantes possibles. La solu- du stockage pour optimiser le placement
tion peut fonctionner sur un ser- des données. Les données sont
veur x86 ou en simple appliance
pour containers chiffrées de bout en bout, en
logicielle. StorOne revendique Nous avions déjà rencontré mouvement ou au repos, en
des performances cinq fois supé- Portworx lors d’un IT Press reprenant les clés ou les certifi-
rieures à toutes les solutions du Tour précédent. Il était intéres- cats de l’entreprise cliente.
marché pour un coût proche de sant de voir les progrès de l’en- La solution est présente chez
1 cent/Go et avec une utilisa- treprise et son évolution. Dreamworks, le studio d’anima-
tion moindre des disques dans Dans son domaine, Portworx, tion, la Lufthansa et Carrefour
la baie. La solution répond aux qui compte désormais 50 sala- en France. La solution se déve-
besoins de stockage primaire et riés, affiche ses ambitions en loppe sur des cas d’usages clairs
secondaire. La solution est très voulant devenir la couche de comme l’Internet des objets
versatile et supporte les techno- contrôle des données en lien dans les environnements indus-
logies blocs, fichiers et objets avec Kubernetes, dont le rôle triels, les Clouds privés. Les
(S3) sur des disques distribués est dévolu à l’orchestration et déploiements se réalisent princi-
via un système d’erasure coding la gestion des containers. Plus palement sur des machines vir-
à parité variable. En termes de que cela, l’éditeur veut tenir ce tuelles ou des environnements
fonctionnalités, elles sont toutes rôle désormais auprès de tous bare metal.
présentes sans ajout au prix qui les moteurs d’orchestration des
est calculé selon la capacité de containers ,comme Red Shift ou
stockage.
StorOne est donc une des entre-
Mesosphere.
Portworx résout le problème de
Komprise
prises à suivre dans le secteur la persistance des containers Un développement
et qui propose une réelle nou- « stateful » en production en leur explosif
velle approche du stockage et apportant des fonctions de classe Autre visage connu sur le tour,
qui commence à être reconnu entreprise (haute disponibilité, Komprise a progressé depuis
par les spécialistes de la ques- backup, performance des I/O, notre dernière visite. La solu-
tion. La solution s’appuie sur migration de données dans dif- tion comprend maintenant la
près de 50 brevets dont certains férents Clouds) par l’intégration migration NAS par NFS et SMB.
sont déjà acceptés. avec les principaux orchestra- L’utilisateur peut analyser les
Seul élément au passif de la teurs du marché et Docker dans données dans le NAS, identi-
solution, Gael Naor s’exprime des déploiements automatisés fier le retour sur investissement
peu sur les solutions d’optimi- répondant au concept DevOps. de la gestion des données dans
sation logicielle effectuée, il est Ce déploiement peut se réaliser le Cloud et archiver de manière
donc difficile de voir les points sur site ou dans le Cloud. transparente les données à tra-
critiques qui permettent d’avoir Au bilan, l’éditeur revendique vers des fichiers ou des environ-
ces résultats en termes de per- des coûts moindres sur le calcul nements objets dans le Cloud.
formance ou de latence. ou le stockage pouvant aller L’approche de Komprise évite

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Snowflake des performances à l’égal des


grands du Web et écrasant
Future star la concurrence à des ratios
de l’analytique de 1 pour 10, de 1 à 5 sur les
Lors de notre visite l’éditeur a baies all lash avec une latence
procédé à deux annonces impor- réduite des deux tiers avec des
tantes : le support de sa solution fonctions de backup directe-
dans Azure et une fonction de ment embarquées dans le logi-
partage des données. La fonc- ciel pour des coûts dix fois
tion de partage des données est inférieurs à ceux d’AWS.
accessible à tous les clients de Rien de magique dans tout cela !
la solution sans coût addition- Datrium refonde totalement ce
nel. Le partage se réalise à partir qui fait l’hyper-convergence en
de la plate-forme et ne néces- s’appuyant sur quatre piliers :
Bob Muglia, les lacunes habituelles des site pas de migrer des données. un système de ichiers de logs
CEO de outils de synchronisation ou Cela évite de plus la duplication structurés, une couche d’archi-
Snowflake. de migration des données sur de données. Le principal intérêt tecture différente, un catalogue
les NAS du marché. La fonction est ainsi de pouvoir partager des de backup et une déduplica-
de migration NAS est comprise données avec son écosystème tion globale. Le système de
dans la plate-forme Komprise de fournisseurs, de clients ou de fichiers transforme les don-
Intelligent Data Management partenaires à partir d’une plate- nées en random par des écri-
sans coût additionnel. forme centralisée et sécurisée. tures de logs larges séquentiels
Une très belle rencontre avec dans des containers de 8 Mo et
UNE CROISSANCE CONTINUE une entreprise qui sera certaine- en les plaçant suivant des algo-
L’entreprise connaît désormais ment une des stars de demain sur rithmes d’erasure coding sur les
un développement explosif le terrain de l’analytique. supports les plus adaptés. Cette
avec une croissance de 700 % fonction est d’ailleurs protégée
sur son premier trimestre iscal par un brevet. Cette architecture
en comparaison du même tri-
mestre de l’année précédente.
Datrium permet d’obtenir des lectures
très rapides et une latence très
Les nouveaux clients sont issus Redéfinir faible sur des disques locaux
de différents secteurs d’activités. l’hyper-convergence SSD ou NVMe tout en conser-
Recherche, Universités, agences Datrium veut offrir le premier vant une vitesse d’écriture très
étatiques, génomique et assu- système hyper-scale hyper- rapide. Décorrélant le calcul du
rances enrichissent le porte- convergent. Tout en proposant stockage, l’évolution de l’en-
feuille clients de Komprise avec l’ensemble des services de don- semble a la possibilité d’aug-
des environnements de plu- nées attendus dans les baies menter seulement la puissance
sieurs Petaoctets. de classe entreprise, Datrium de calcul ou le stockage suivant
L’autre axe de développement revendique de pouvoir assurer les besoins constatés.
passe par les partenariats avec
une relation, où IBM est reven-
deur stratégique de Komprise,
et par une présence sur les
boutiques applicatives d’AWS,
de Google et plus récem-
ment Azure. Ces partenariats
s’ajoutent à ceux avec Pure
Storage, Caringo, Wasabi (Cloud
Storage) et Qumulo. L’entreprise
se lance à l’international avec
une équipe en charge de l’Eu-
rope à Londres et un nouveau
bâtiment à Bangalore en Inde.
L’équipe européenne est dirigée
par Andy Hill (ex-Nexsan Pivot3,
Sungard et Veritas). Komprise
étend aussi son réseau de reven-
deurs et partenaires. Les baies Datrium au centre de données des « 49ers » de San Francisco.

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INFRA

actifs, des performances assu- UNE SOLUTION SANS AGENT


rées par des environnements La solution sans agent d’Hycu
en mémoires persistantes ou a été spéciiquement conçue
NVMe, avec des capacités pou- pour les environnements de
vant aller jusqu’à 6 Po. La solu- Nutanix avec une fonction
tion est totalement décorrélée de découverte automatique
des matériels sous-jacents et des applications présentes
propose de plus des services de et prend en charge l’hyper-
données avancés pour les envi- viseur maison, AHV. Une des
ronnements objets de type S3. fonctionnalités importantes
L’automatisation se réalise par du logiciel d’Hycu est la prise
des moteurs de règles et par en charge des machines vir-
un placement intelligent des tuelles habituellement gelées
données. Datera est scale-out par les backups sur l’envi-
et proite de chaque ajout de ronnement de Nutanix (VM
puissance linéairement. Stun).
Outre ces points, la solution
fournit un backup des réplicas

De plus, de par sa structure, le Marc


Hycu et des restaurations à la source.
Elle peut se déployer avec
système de ichiers de Datrium Fleischmann, Le pari de Nutanix Calm, un logiciel de Nutanix et
est parfaitement adapté aux CEO Hycu a dès le départ des envi- autorise une montée en charge
environnements clouds en de Datera. ronnements hyper convergents progressive sur le système de
particulier AWS S3. La fonction fait le pari sur ces nouvelles ichiers AFS.
globale de déduplication est architectures. Celles-ci brisent La solution se déploie soit sur
vériiée par une technologie de les silos dans les centres de les appliances partenaires
type Blockchain et les backups données, sont plus simples à de Nutanix (Lenovo, Dell, ou
présents dans un catalogue administrer, sont réellement cluster de nœuds denses) et
sont vériiés plusieurs fois par concentrées vers les applica- s’intègre avec de nombreux
jour. Ces arguments permettent tions et s’intègrent dans de offreurs de NAS du marché
à Datrium de viser à jouer dans nombreux environnements comme Quantum, Exagrid et
la cour des costauds de l’hy- existants. De plus, les solutions des acteurs du Cloud (AWS,
per-convergence et de sécuri- intègrent déjà de nombreuses Azure, Cloudian et Saclity).
ser les données sur différents fonctions natives de stockage de La solution couvre Exchange,
Clouds tout en les gérant d’une bon niveau. C’est là que se diffé- Active Directory, SQL Server
console unique. Et pour com- rencie l’approche d’Hycu en se et Oracle Server. Elle supporte
mencer, Datrium est devenu proposant comme le meilleur de plus SAP Hana (Q3 2018)
le fournisseur des « 49ers » de complément de Nutanix et non et les baies IBM Power CS. Via
San Francisco, – prononcez comme une solution qui dou- LTFS,ainsi que les environne-
simplement « The Naïneurs » –, blonne des fonctions existantes. ments de bandes.
l’équipe de football américain
dont le stade, le Levi’s Stadium,
est à Santa Clara. Quand on
vous dit costauds !

Datera
Solution logicielle de
stockage optimisé
L’entreprise a proité de la visite
de L’Informaticien pour nous
présenter la version 3.2 de sa
solution. Elle comprend un sup-
port étendu pour les containers
de type Docker, des opérations
globales automatisées dans
des stretchs clusters actifs/

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 55


VIRTUALISATION DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS STOCKAGE VIRTUALISATION DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS
INFRA

Axway les connecteurs déjà présents VERS LES MICROSERVICES


ET LA COLLABORATION
dans la bibliothèque de l’édi-
Plus d’outils pour teur. Lors de notre visite, vingt La vision est clairement d’être
la relation client nouveaux connecteurs venaient la plate-forme de référence
Comment qualifier Axway ? d’y être ajoutés. API Builder autour des API et des micro
« A grown up » ? En tout cas fonctionne comme un outil Low services en simplifiant et en
une organisation qui se réin- Code qui permet d’orchestrer accélérant la manière dont
vente et qui aujourd’hui se visuellement les interactions les entreprises construisent,
tourne vers les entreprises qui entre les API. sécurisent, publient, moni-
se concentrent sur leur relation De nouvelles versions d’API torent et font évoluer ces API
avec le client. Présente partout, Gateway, d’API Manager et et microservices.
avec près de 300 M$ de chiffre d’API Portal (7.6.2) devraient En dernier point de notre ren-
d’affaires et une croissance être rapidement disponibles contre, Axway a fait un point
organique qui dépasse les 14 % (é té 2 018). C e s ver s ion s sur la place de Syncplicity
et plus de 11 000 clients revendi- ajoutent la containerisation et et la manière dont Axway
qués, Axway a toutes les armes le support de Kubernetes pour conçoit le nouvel espace de
pour réussir sa mutation. faciliter les déploiements dans travail en entreprise avec
Ce changement suit celui des différents environnements un outil capable de parta-
interlocuteurs d’Axway, les DSI hybrides. L’ensemble des outils ger et de synchroniser l’en-
qui deviennent maintenant de embarque des fonctions ana- semble des données et des
réels managers améliorant les lytiques pour le suivi des API. documents pour les rendre
coûts et les processus, exploi- Dernière nouveauté, le lance- accessibles au plus grand
tant les données de l’entre- ment d’un portail à destination nombre d’utilisateurs suivant
prise et ouvrant l’entreprise des développeurs pour renfor- les règles et le respect de la
vers le digital dans le but d’ac- cer les communautés autour conformité. ❍
croître les revenus. Axway des solutions de l’éditeur. B. G.
devient la plate-forme d’inté-
gration et d’engagement pour
les écosystèmes digitaux. Les Patrick Donovan,
nouvelles opportunités appor- CEO d’Axway.
tées par cette transformation
globale ont un impact évident
sur les services informatiques
qui se doivent d’être plus réac-
tifs aux demandes des métiers.

AMPLIFY, LA COUCHE
POUR ACCÉLÉRER
LA TRANSFORMATION
Pour parvenir à cette fin, Axway
a regroupé l’ensemble de son
por tefeuille sur une plate -
forme, Amplify, qui permet de
concevoir, construire et mettre
en production l’ensemble des
interactions de l’entreprise. Le
nœud de cette solution est la
partie de gestion des API qui
relie l’ensemble des parties de
l’entreprise en interne, mais
aussi avec les autres parties pre-
nantes de l’écosystème. Pour
étendre les possibilités, Axway
a profité de notre visite pour
présenter une version d’API
Builder en stand alone qui per-
met à l’entreprise de concevoir
ses propres API qui complètent

56 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


VIRTUALISATION DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS STOCKAGE VIRTUALISATION DATACENTERS SWITCHES MATÉRIELS RÉSEAUX HÉBERGEMENT CLOUD SERVEURS
INFRA

Chaos Engineering
Tester la solidité de son système…
en production
Pour dépasser les limites des tests, des géants du
Web, comme Netflix, mais aussi Oui SNCF, introduisent
des agents perturbateurs dans leur système pour en
tester la résilience. Et mieux éviter le grand chaos.
t si on introduisait sciem-

E
« Il faut partir du principe que
ment une dose de chaos tout système, aussi robuste soit-il,
dans le système informa- va tomber un jour ou l’autre »,
tique pour vérifier sa solidité ? explique Sylvain Hellegouarch,
Le principe est exploité au quoti- le co-fondateur de Chaos IQ, une La Simian Army de Netflix
dien par de grands acteurs du Web jeune société positionnée sur le comprend notamment Chaos
pour tester la résilience de leur sys- créneau. « Le Chaos Engineering Gorilla, qui va jusqu’à simuler la
tème : c’est-à-dire sa capacité à consiste à explorer ce brouillard panne d’une zone entière d’AWS !
encaisser des dysfonctionnements qu’est la production informatique. » Certains des « petits monstres »
sans affecter le service rendu à Et à placer développeurs, exploi- du site de VOD sont disponibles
l’utilisateur. Cette approche, appe- tants, mais aussi opérationnels en Open Source.
lée Chaos Engineering, a été pour devant les conséquences poten- plus exploratoire », dit Sylvain
la première fois mise en pratique tielles des défaillances. Dans la Hellegouarch. Logiquement, le
par Netlix, il y a six ans. Au sor- prolongation de la logique Devops. Chaos Engineering se destine plus
tir d’une panne sévère d’AWS, le particulièrement aux environne-
site de VOD a développé toute Adapté aux ments composites, connaissant
une série d’agents, la Simian Army de fréquentes mises en produc-
(l’armée simiesque), qui, par des
micro-services tion. « Avec une architecture basée
actions déstabilisatrices, testent la La démarche acte aussi l’insuffi- sur des micro-services, vous ne
fiabilité, la sécurité ou la résilience sance des tests, limités par leurs faites plus face à un monolithe,
du Cloud d’Amazon. coûts et n’offrant qu’une visibilité mais à une myriade de services,
Le Chaos Engineering a depuis limitée sur ce qui va réellement se donc de points de faiblesse poten-
essaimé jusque dans l’Hexagone passer en production. « Il ne s’agit tiels », ajoute le spécialiste. C’est
où Voyages-SNCF l’a par exemple pas de les remplacer, mais bien de d’ailleurs cette mutation qui a
mis en pratique (voir encadré). les compléter avec une méthode poussé Netflix à mettre sur pied
sa Simian Army.
Si, chez le spécialiste de la VOD,

Oui SNCF lâche le fauve les agents perturbateurs tournent


en liberté dans l’environnement de
Oui SNCF (anciennement Voyages-SNCF) a démarré dès la fin 2015 une production, une entreprise démar-
démarche de Chaos Engineering, avec le développement d’un logiciel appelé rant la démarche doit y aller pas
Chaos Monkey arrêtant une instance applicative pour vérifier la capacité du à pas. En commençant par tra-
système à encaisser le choc sans perturber la qualité de service. Un galop vailler sur la résilience de son
d’essai réussi qui a poussé la société à se lancer dans une démarche au long système. Puis en introduisant un
cours, avec développement de plusieurs scénarios de pannes et création d’une agent logiciel fauteur de troubles
communauté Résilience et tests techniques (en abrégé… RTT). dans des environnements de tests
Depuis mai dernier, le Chaos Monkey tourne après chaque sprint de dévelop- ou de pré-production. Avant de
pement sur une application et doit s’étendre à cinq applications avant la fin lui entrouvrir les portes de la pro-
de l’année. Dont une très critique : le CDN interne, par lequel transite tout le duction. « Mais wd’abord sur des
trafic. Mais l’entrée en action du monstre reste pour l’instant programmée. services non critiques et en préve-
« Quand on aura atteint un niveau de stabilité suffisant, on a bien l’intention nant les équipes de production du
de laisser le Chaos Monkey s’exécuter en permanence », dit Benjamin Gakic, moment où le test va avoir lieu »,
expert en sûreté de fonctionnement au sein de la DSI du voyagiste. avertit Sylvain Hellegouarch. ❍
REYNALD FLÉCHAUX

58 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT
DEV

Windows Subsytem
for Linux
ne cesse de s’enrichir
de nouvelles distributions
Le sous-système Windows pour Linux permet fait. Ce bash pour Windows,
de télécharger à partir du Microsoft Store et qui est rapidement devenu
Windows Subsystem for Linux,
d’installer, en version core sur Windows, les était construit au départ à par-
tir de la distribution Ubuntu
distributions Debian, Kali, Open Suse et SLES Linux (version 14.04). Il a
en plus d’Ubuntu. ensuite été possible d’installer
d’autres systèmes Linux depuis
le Windows Store. Rappelons
WSL d’un système Windows. Le prin- qu’Ubuntu sur Windows est
Le Windows Subsystem for cipe est proche de Wine qui une variante d’Ubuntu propo-
Linux ( WSfL), en français permet d’exécuter certains sée oficiellement par Microsoft
Sous-système Windows pour programmes Windows sous et Canonical et qui se déploie
Linux, parfois grossièrement Ubuntu, mais « dans l’autre nativement sur Windows 10 au
appelé « bash » sous Windows, sens » et de manière bien plus moyen de la couche de com-
est une couche de compati- puissante. Il y a deux ans, le patibilité WSL. Elle est donc
bilité permettant d’exécuter shell bash de Linux était inté- issue du travail commun des
des fichiers ELF (binaires exé- gré dans Windows 10. Depuis, deux éditeurs. Le plus gros du
cutables) pour Linux à partir beaucoup de chemin a été travail étant fait, la porte était
ouverte aux autres qui n’ont pas
hésité longtemps avant de s’y
engouffrer.
Le but principal de cette dis-
tribution est de simplifier le
travail des développeurs en ren-
dant possible la mise en place
d’une structure et d’outils Linux
sous Windows et en harmoni-
sant les interactions entre les
environnements de développe-
ment Windows et GNU/Linux.
Cet outil n’est donc pas du tout
destiné au grand public. Il n’a
pas été conçu pour déployer
nativement un environnement
de bureau GNU/Linux sous
Windows, bien que cela soit
parfaitement faisable. Les appli-
cations graphiques ne fonc-
Et non, vous ne rêvez pas ! Ce sont bien cinq distributions Linux (dont Debian et Kali) tionnent pas aussi facilement
qui sont disponibles sur le Microsoft Store pour WSfL. que les applications en ligne

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 61


PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS

pour Linux et cliquez sur OK.


Vous pouvez obtenir le même
Nouveautés à venir résultat un peu plus rapide-
ment en ouvrant une console
La mise à jour majeure qui arrive à l’automne apportera enfin le sup- PowerShell en tant qu’adminis-
port du copier/coller dans les consoles Linux. Ce copier/coller devrait trateur et en exécutant la com-
fonctionner dans les deux sens. Dans un premier temps, et pour une mande suivante :
raison bien étrange, Microsoft a toutefois souhaité que cette nouvelle Enable-WindowsOptionalFeature
fonctionnalité ne soit pas activée pas défaut. Il sera donc nécessaire -Online -FeatureName Microsoft-
de l’activer explicitement dans les options de la console. Pour les Windows-Subsystem-Linux
impatients, la build 17643 du programme Windows Insiders la rend Votre ordinateur devra ensuite
d’ores-et-déjà disponible. Parmi les nouveautés à signaler dans la redémarrer. Testez la fonction-
future version, le Bloc-notes de Windows prendra enfin en charge nalité en tapant bash dans une
les caractères de fin de ligne Linux. Microsoft va aussi ajouter une fenêtre d’exécution. Le système
entrée de menu contextuel (via les touches Ctrl+clic droit) « Ouvrir devrait vous aficher un terminal
le Shell Linux à cet emplacement » à l’explorateur, tout comme il l’a en vous disant que vous n’avez
déjà fait pour PowerShell. encore installé aucune distribu-
tion. Rendez-vous ensuite dans
le Microsoft Store. Tapez Linux
dans la fenêtre de recherche et
de commande, car elles néces- fonctionnalités dans la barre choisissez Linux sur Windows/
sitent un serveur d’affichage X de recherche et cliquez sur Obtenir les applications. Sur
externe. Les applications uti- Activer ou désactiver des fonc- le Microsoft Store, vous pou-
lisant certaines fonctionnali- tionnalités Windows. Vous ver- vez installer plusieurs versions
tés très spéciiques du noyau rez alors apparaître la fenêtre d’Ubuntu et également d’autres
Linux risquent aussi de rencon- des fonctionnalités. Cochez la variantes de Linux. L’application
trer des problèmes. En clair, ne case Sous-système Windows Ubuntu (tout court) installera la
confondez pas : s’il vous faut un
système Linux vraiment « full »,
faites une vm ou un multiboot.

Installation de WSL
Les prérequis sont, tout sim-
plement, une copie à jour de
Windows 10 de type 64 bits, un
bon numéro de build et, bien
sûr, un compte administrateur
pour l’installation. Pour savoir Sous le bash
si votre système est compa- de WSfL, et
tible, allez dans les Paramètres/ ce quelle que
soit la
Système/Informations Système.
distribution
Regardez la build du système Linux utilisée,
(Version du système d’exploi- votre volume
tation) et son type (Type du C:\ est
système). Vous devez avoir accessible via
une version de Build égale /mnt/c.
ou supérieure à la 14393 et
un Windows  10 en 64  bit s
pour proiter des bénéices de
WSL. Si c’est bien le cas, ren-
dez-vous dans les Paramètres
/Mise à jour et sécurité et dans
le menu Pour les développeurs,
cochez le bouton Mode déve-
loppeur. Reste ensuite à acti-
ver le sous-système Linux de
Windows. Pour cela, tapez

62 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT
DEV

Hyper V ou autres Virtual Box.


Il devrait aussi être bientôt pos-
sible d’installer les différentes
distributions WSL à partir de la
ligne de commande, au cas où
vous préféreriez cette méthode.
Ce n’est encore disponible que
pour Ubuntu, mais devrait
s’étendre rapidement aux autres
distributions Linux du Store.

Installer les logiciels


Le système installé permet d’uti-
liser des applications Linux en
ligne de commande comme
nano, vim, ssh, git, npm, gem
et bien d’autres, des applica-
tions sans interface graphique
(apache, nginx, mongodb,
nodejs, ruby, python…) et bien
entendu d’exécuter des com-
mandes du shell bash en direct
et des scripts. La gestion des
paquets se fait en ligne de com-
dernière version LTS et pourra Matrix, par exemple, tapez : La sublime mande comme sur un système
être mise à niveau d’une ver- sudo apt-get install cmatrix puis, suite Debian ou Ubuntu classique,
sion LTS à la suivante via la une fois l’installation terminée, d’intrusion avec l’outil apt fourni en standard
commande do-release-upgrade. saisissez la commande : cmatrix Kali, ou un autre, pour peu que vous
Sinon, choisissez la distribution Vous pouvez faire directement anciennement l’installiez. Si, après l’installation,
de votre choix – Debian, par des appels vers des outils ou
dénommée vous souhaitez mettre à jour la
BackTrack,
exemple. Notons qu’il n’est pas vers des scripts, du bureau est aussi distribution, tapez tout d’abord
obligatoire de créer un compte avec un raccourci, depuis le disponible sur dans un terminal Ubuntu : sudo
Microsoft ni de s’identifier pour cmd ou PowerShell. Pour lan- le store pour apt update. Puis si, par exemple,
télécharger ces applications. cer directement Matrix, appe- WSfL. vous voulez installer l’éditeur de
Toutes ces distributions peuvent lez bash avec le paramètre -c texte vim : sudo apt install vim
être utilisées simultanément, suivi de votre commande entre Ces commandes doivent, comme
tant que les performances de guillemets, comme ceci : bash sur tout système Linux/Unix, être
votre machine le supportent. Le -c « cmatrix » exécutées avec des privilèges éle-
téléchargement devrait se lan- L’inter face graphique, en vés comme ceux du compte root.
cer. Installez ensuite la distri- revanche, n’est pas de mise.
bution en suivant la procédure Si vous y tenez vraiment, vous
d’installation qui démarre juste devrez installer un serveur X.
Installer un serveur X
après. Une fois la distribution Installez par exemple le ser- Les applications graphiques
Linux installée, vous pouvez lan- veur Xming sur votre Windows nécessitent à minima l’instal-
cer Bash du menu Windows. puis entrez la commande sui- lation d’un serveur X externe
Première chose à savoir, votre vante dans bash pour déporter pour Windows. Vous pouvez
C: se trouve dans /mnt/c l’écran : export DISPLAY=:0 notamment installer Xming ou
Ensuite, eh bien c’est comme Ajoutez cette ligne à votre VcXsrv, tous deux disponibles
avec votre distribution favo- f ic h ie r de con f i g u r a t ion sur SourceForge.net. Les para-
rite. Vous pouvez utiliser par .bashrc pour ne pas la ressai- métrages du shell bash sous
exemple l’outil apt d’instal- sir à chaque ouverture de ses- Linux tels que prompt, couleurs
lation de paquets gérant les sion. L’application concernée ou dimensions peuvent être appli-
dépendances si vous avez ins- doit aussi être compatible avec qués. Après installation d’un ser-
tallé Debian ou Ubuntu, avec X, sinon cela ne suffira pas. Si ce veur X, éditez le fichier ~/.bashrc
ses « copains » apt-get install, n’est pas le cas et que vous vou- avec vim ou nano et ajoutez à la
apt-get update et autres apt-get lez la faire tourner, vous êtes fin du fichier la ligne : export
upgrade. Pour installer et lancer bon pour monter une vm avec DISPLAY=:0.0

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 63


PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS

Il est éventuellement pos-


sible de changer ce com-
portement (avec néanmoins
q u e l q u e s l i m i t a t i o n s) .
Consultez pour cela la docu-
mentation suivante : https://
blogs.msdn.microsoft.com/
commandline/2018/01/12/
chmod-chown-wsl-improve-
ments/
Cela peut clairement repré-
senter une faille de sécurité
pour le système d’exploita-
tion « physique » Windows et
doit sérieusement être pris en
considération.

Accès aux fichiers


Linux à partir de
Windows
L a r acine du s y s tème de
ichiers Linux est
C:\Users\%USERNAME%\
AppData\Local\Packages\
CanonicalGroupLimited.
UbuntuonWindows
Utilisation de WSL _79rhkp1fndgsc\
Vous devez encore OpenBox sont claire- LocalState\rootfs si c’est la der-
Ouvrez Ubuntu (ou Debian, installer un ment à privilégier. L’installation nière version LTS d’Ubuntu qui
ou OpenSuse) sur Windows et serveur X, de polices de caractères plus est installée.
lancez-y vos commandes ou comme Xming modernes que celles fournies Dans le cas d’une version spé-
vos applications. Remarquez (https:// de base sera sans doute néces- ciique dans le Windows Store,
que rien n’empêche le lance- sourceforge. saire pour avoir un système le chemin sera légèrement
net/projects/
ment de plusieurs terminaux plus convivial. différent :
xming/), pour
en parallèle. disposer d’une C:\Users\%USERNAME%\
Le serveur X, s’il s’avère néces- interface Accès aux fichiers AppData\Local\Packages\
saire, doit être lancé depuis graphique Windows depuis CanonicalGroupLimited.
le menu démarrer (VcXsrv, sous WSL. Ubuntu18.04onWindows
par exemple, si c’est lui qui Linux _79rhkp1fndgsc
a été installé) avant le lance- Le disque C: est automati- \LocalState\rootfs.
ment dans le terminal du pro- quement monté par la distri-
gramme qui le nécessite. Des bution Linux dans le chemin Vous aurez aussi de petites
environnements de bureau /mnt/c, et il en est de même variations en fonction de la dis-
complet s peuvent en pra- pour les autres lecteurs (/ tribution installée (Debian, Kali,
tique être installés et lancés, mnt/d/, /mnt/e/…) du système OpenSuse…).
mais comme WSL n’a pas été Windows, s’ils existent. Tous Ne modiiez jamais ces ichiers
initialement conçu pour faire ces chemins sont accessibles directement depuis Windows.
ce genre de choses, des bugs avec les séparateurs Unix/ L e s s y s tème s de f ic h ie r s
peuvent survenir. Là aussi, cela Linux, c’est-à-dire le slash (/) n’étant pas les mêmes entre
devrait s’améliorer au fil des au lieu de l’antislash (\) pour Windows et Linux – NTFS d’un
versions. Windows. côté, ext3 ou 4, btrfs ou autre
Pour expérimenter ce genre Par défaut, tous les fichiers pour Linux –, les programmes
de manipulation, des envi- du système Windows appar- Windows ne savent pas les gérer
ronnements légers, avec un t i e n n e n t à l ’u t i l i s a t e u r et les ichiers auraient de fortes
gestionnaire de fenêtres sans courant avec toutes les per- chances d’être corrompus. Pour
composition graphique avan- missions (777) et celles-ci ne cela aussi, il faudra attendre
cée tels que Xfce, LXDE ou peuvent pas être modifiées. quelques versions.

64 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT
DEV

gratuite, open source et très lar-


gement utilisée pour les tests
Versions Linux d’intrusion. C’est absolument la
meilleure suite open source exis-
disponibles sur le Microsoft App Store tante dans le domaine et elle est
désormais disponible en mode
Le WSL ne permet pas de faire fonctionner n’importe quelle distri- natif sur Windows 10, sans multi-
bution : seules les versions LTS (Long Term Support) d’Ubuntu sont boot ni virtualisation. Kali Linux
supportées. La première distribution Ubuntu proposée fut Trusty (14.04), sur Windows n’est pas livré avec
puis Xenial (16.04) et maintenant Bionic (18.04). D’autres distributions des outils de test de piratage
GNU/Linux sont d’ores-et-déjà disponibles sur le Microsoft Store. ou de pénétration préinstallés,
Debian, openSuse, SUSE Linux Enterprise Server (SLES) et Kali Linux mais il suffit juste de les installer
sont venues rejoindre Ubuntu 16.04 et 18.04 LTS. Rappelons en effet après coup. Vous pouvez aussi
que WSL permet d’installer des distributions Linux depuis la boutique le faire depuis le store – ce sont
d’applications de Microsoft. Il est également possible d’exécuter Ubuntu les Ethical Hacking Ressources.
18.04 sur WSL sur des appareils équipés de processeurs ARM. Vous en trouverez aussi facile-
ment sur la toile. C’est l’avantage
d’utiliser une suite aussi popu-
Utiliser des Installer Kali Linux laire – et efficace. Votre appli-
sous Windows 10 cation Antivirus ou Windows
commandes Linux Defender déclencheront sans
dans l’invite avec WSL doute un avertissement de type
Bonne nouvelle pour les hackers faux positif, comme souvent
de commande – Oh ! pardon – pour les profes- pour les outils de hack. N’en
Windows sionnels de la sécurité et les tes- faites pas tout un plat. Désactivez
Pour utiliser une commande teurs de failles et autres exploits : simplement le contrôle de votre
Linux depuis l’invite de com- vous pouvez télécharger et ins- antivirus, mais seulement pour
mande Windows, faites-la taller Kali Linux sur Windows 10 Kali et ses outils. Un outil de
précéder de ubuntu run (ou directement à partir du Microsoft hack n’est pas un virus. Il peut
debian ou autre chose, selon, App Store dans bash, si bien sûr en contenir si vous l’avez récu-
et r un après). Là aus si, si le WSfL est activé. Kali Linux péré n’importe où, mais dans ce
vous avez installé une ver- (anciennement Backtrack) est cas le malware offert en prime
sion spécifique d’Ubuntu une distribution très répandue, devrait être signalé. Si ce n’est
sur Windows, la com-
mande sera légèrement dif-
férente : ubuntu1604 run ou
ubuntu1804 run, par exemple.

Utiliser
des programmes
Windows
depuis Linux
Vous pouvez également exécu-
ter des programmes Windows
depuis une console Linux. Il suf-
fit pour cela de saisir leur nom
mais complet, avec leur exten-
sion. Il n’y a pas de variable
PATHEXT sous Linux. Vous
trouverez dans le Microsoft
Store Ubuntu en plusieurs ver-
sions, SLES, openSUSE Leap,
Kali Linux et Debian comme
applications UWP permettant
la diffusion de ces distributions
Linux pour WSL. Wine permet d’exécuter certains programmes Windows sous Ubuntu.

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 65


MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT
DEV

autres outils Windows, comme


Microsoft Visual Studio par
exemple. L’intégration veut dire
aussi que les processus de Linux
peuvent être vus avec un ges-
tionnaire des tâches Windows,
celui fourni en standard par
Microsoft ou d’autres comme
ProcessHacker (SourceForge) et
ProcessExplorer (SysInternals).
De cette façon, si jamais vous
êtes face à un problème – une
erreur dans un script bash, par
exemple, qui bloque la console
ou quelque chose dans le
genre –, vous n’aurez qu’à sélec-
tionner sous Windows avec l’ou-
til de votre choix – Powershell
peut aussi faire l’affaire, avec
ses commandes Get-Process et
Stop-Process – le processus cor-
respondant et le supprimer. Les
outils de contrôle du réseau et
du système peuvent également
Ajoutez le pas vous qui avez installé ce appels du système ELF64, dont voir les processus WSL, du fait
Sous-système genre d’outils, là, en revanche dépendent les binaires de Linux. qu’ils sont exposés à l’inter-
Windows il faut vous poser des questions. Microsoft a pris la décision de face de gestion de Windows et
pour Linux placer WSL dans Windows pour qu’ils utilisent la stack de réseau
via le panneau Objectifs affichés répondre aux besoins des déve- Windows et le pare-feu de l’OS.
Fonctionnalités loppeurs. En effet, de nos jours, Cela permet aux entreprises et
de Windows : de Microsoft une variété d’outils open source, organisations diverses d’utiliser
parametres.
Le principal intérêt de WSL est de langages de programmation leurs outils de contrôle avec les
d’offrir aux utilisateurs une expé- et de bibliothèques sont utili- processus de WSL ainsi qu’avec
rience similaire à celle de bash sés par les développeurs sous ceux de Windows.
sur Linux. C’est d’ailleurs pour Linux. « Beaucoup de ces outils Maintenant que le sous-système
cela que cette fonctionnalité ont des dépendances de Linux, de Linux pour Windows est
est souvent appelée bash sur la couche du système de ichier devenu plus mature et couvre
Windows. Mais WSL a des objec- Linux, ses mécanismes d’inte- un grand nombre de scénarios
tifs qui vont bien au-delà d’avoir raction réseau, etc. Ce qui fait auxquels les développeurs sont
bash comme un shell alterna- que beaucoup de ces outils, confrontés chaque jour, Turner
tif sur Windows ; bash constitue même s’il en existe une version a expliqué que le développe-
l’étape préliminaire de l’implé- Windows, ne fonctionnent pas ment va continuer à apporter des
mentation de tous les outils de aussi bien sous Windows », dit mises à jour et des améliorations
la ligne de commande de Linux encore Rich Turner. Les lan- afin de répondre aux requêtes
sur Windows. WSL constitue gages tels que node, Python, des développeurs. Toutefois, il
un environnement « compatible Ruby ou même les C et C++ fonc- ne faut pas s’attendre à ce que
avec Linux qui ressemble et agit tionnent très bien sous Windows, WSL supporte officiellement
comme Linux. Il vous permet mais si vous voulez accéder aux Linux desktop.
d’exécuter tout votre code Linux mêmes gems, paquets, biblio- Encore une fois, ce n’est pas
– votre système build Linux, vos thèques et modules que vous le but. Microsoft a également
outils GNU et tout ce que vous utilisez sur Linux, alors vous annoncé un projet open source
devez exécuter, de créer et de tes- devrez utiliser leurs versions en partenariat avec Boxstarter
ter votre application sans avoir Linux. L’idée n’est pas de trans- et Chocolately dont le but est de
à recourir à une machine vir- former Windows en Linux, mais fournir aux développeurs des
tuelle », dixit Rich Turner, chez bien de donner la possibilité aux exemples de scripts pour les scé-
Microsoft. WSL s’appuie sur le développeurs d’utiliser les outils narios de développement com-
kernel Windows. Le sous-sys- dont ils ont besoin pour réaliser muns aux deux types d’OS. ❍
tème l’utilise pour exécuter les leur travail, en plus d’éventuels THIERRY THAUREAUX

66 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS

Android Things
est enfin disponible
La version 1.0 de la plate-forme de développe- du quotidien. La machine était
ment IoT de Google est sortie depuis quelques relancée et Android Things est
l’évolution du projet Brillo.
mois. En plein boom de l’Internet des objets, cette
version remaniée du projet Brillo était très atten- Un OS ultra-léger
due par la communauté. Version allégée d’Android,
Android Things a été conçu
Inter net de s objet s pour fonct ionner sur de s

L’ n’est encore à l’heure


actuelle qu’un vaste fou-
toir. Avec un marché naissant
appareils ayant une basse
consommation d’énergie.
Particulièrement adapté aux
déjà estimé à plusieurs mil- applications embarquées,
liards de dollars, des centaines Android Things est un RTOS
de constructeurs et profession- (Real Time Operating System),
nels de tout ordre se sont rués ou OS temps réel. Le SDK
sur la poule aux œufs d’or sans offre l’accès aux API Android
grande concertation. Résultat : et aux Google Services. L’EDI
il y a presque autant d’Ope- reste Android Studio, le déve-
rating System, d’interfaces loppement d’applications
matérielles et de protocoles étant très similaire aux appli-
de communication qu’il y a cations Android classiques.
d’objets connectés. Google arri- Les développeurs ont aussi à
vera-t-il à mettre un peu d’ordre leur disposition pour conce-
dans tout cela, en tirant une voir leurs applications le pro-
nouvelle fois son épingle du double projet : Weave et Brillo. Weave fournit tocole Google Weave pour la
l’infrastructure
jeu ? Il semble que cela soit plu- Weave est un langage dédié communication entre appa-
cloud
tôt bien parti pour lui. aux objets connectés, ou plus permettant reils et les services Google
précisément à la communi- de relier les Cloud (Maps, Earth, Vision…).
cation entre ces objets. Brillo objets connectés En sus d’être peu gourmande
L’origine était un système d’exploitation entre eux en ressources, la plate-forme
L’OS léger dédié à l’Internet censé rendre smarts les objets et à Internet. Android Things est bien plus
des objets est donc disponible
après une longue période de
preview de 18 mois. Android
Things OS ne sort pas de nulle
part. Le 10 mai 2011, Google Compatibilité
annonçait un projet nommé
Android Things supporte les protocoles de communication Bluetooth
A ndroid@Home. C elui - ci
à basse consommation (Bluetooth Low Energy), Wi-Fi et Weave. La
devait, en principe, permettre
plate-forme Weave est prévue pour permettre la communication entre
d’interconnecter tous les objets
des dispositifs issus de constructeurs différents au travers du Cloud
de votre maison afin de la
– de Google. Côté hardware, Android Things supporte les ordinateurs
rendre « intelligente ». Puis plus
monocarte Raspberry Pi, ceux de type System-on-Modules (SoM)
rien. Android@Home sem-
basés sur les plates-formes matérielles NXP i.MX7D, NXP i.MX8M,
blait être passé aux oubliettes.
Qualcomm (SDA212 et SDA624) et MediaTek (MT8516). Le support
En 2015, quatre ans plus tard,
des NXP i.MX6UL a été abandonné. Vous trouverez la liste com-
G o ogle qui n’aba ndonne
plète et à jour des matériels retenus à l’adresse https://developer.
(presque) jamais, retenta une
android.com/things/hardware/
percée sur le marché des objets
connectés avec cette fois un

68 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT PROJETS MÉTHODES LANGAGES C++ FRAMEWORKS PHP JAVASCRIPT
DEV

sécurisée qu’Android pour


les smartphones et tablettes.
Le fait de consommer aussi
peu d’énergie est une qualité
Weave, le langage de communication
indispensable pour créer des
objets, qui, pour la plupart, ne
inter-objets de Google
sont pas reliés en permanence Weave, langage de programmation multi plate-forme, est la première
– ou pas du tout – au réseau brique des nouveaux outils offerts aux développeurs. Google a de
électrique  : capteurs exté- fortes chances d’imposer Weave en douceur. Un constructeur sou-
rieurs d’humidité, de mouve- haitant connecter ses appareils à ceux d’autres acteurs du marché
ment ou de luminosité. Lorsque sans pour autant devoir adapter son système propriétaire ou utili-
Android 7.0 Nougat classique ser un OS qu’il ne maîtrise pas de bout en bout peut utiliser Weave.
nécessite au moins 512 Mo de C’est un argument de poids pour les entreprises ne voulant pas tota-
mémoire RAM, Android Things lement dépendre de Google.
se contente lui de 16 à 32 Mo.

Support dans la mouvance. Leurs pro- plate-forme à d’autres fabricants


Google promet un support duits adaptés à Android Things afin qu’ils puissent se connecter
sur trois ans pour les plates- arrivent pour la fin de l’été. à son hub. Le Français Somfy a
formes concernées. La firme fait l’acquisition de Myfox et de
de Mountain View annonce Android Things ses caméras connectées.
qu’elles recevront des mises à 1.0, première Les outsiders Comme chacune de ces techno-
jour OTA (Over The Air) et des version stable Il n’y a pas que Google qui a tenté logies est fermée et veut deve-
patchs de sécurité au cours de de l’OS, est sa chance et créé des normes nir « la » norme, elles nécessitent
disponible en
cette période. Les mises à jour pour l’IoT. Certains construc- toutes leur lot de connecteurs,
téléchargement
sont limitées à cent dispositifs à l’adresse teurs ont également essayé, d’applications et autres éléments
dans le cadre non commercial. https:// comme Qualcomm qui a fondé propriétaires. Trop de normes
Au-delà, il faudra signer un developer. l’AllJoyn Alliance et a mis à dis- tue la norme, surtout si aucune
contrat de support. LG, iHome, android.com/ position des frameworks de déve- ne s’impose réellement. Plus
Lenovo et JBL se sont lancés things/ loppement. Philips a ouvert sa sérieusement, même s’ils sont
clairement en perte de vitesse,
il existe tout de même quelques
concurrents à Google et à son
RTOS, tels que Contiki (dispo-
nible gratuitement sous licence
BSD) ou TinyOS.
Si Samsung n’a toujours pas pro-
posé une version de Tizen adap-
tée à l’IoT des objets, les SoC
Artik fonctionnent avec Nucleus
RTOS, l’OS léger temps réel
d’Embedded Software Division
de Mentor Graphics.
Il faut aussi citer sur ARM son
système Mbed OS ainsi que
l’Open Interconnect Consortium
et l’AllSeen Alliance regroupant
de nombreuses sociétés qui
développent des standards pour
l’IoT. Microsoft a publié une ver-
sion de Windows 10 pour l’iOT,
Windows 10 IoT Core. Huawei
propose quant à lui LiteOS, son
OS ultra léger s’inscrivant dans
une solution plus globale, Agile
Internet of Things. ❍
THIERRY THAUREAUX

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 69


NUTANIX
Le pilote du multi-cloud !
Les déis à relever, les solutions apportées
par Enterprise Cloud OS
Enterprise Cloud OS est une gamme com- ont animé un webinaire qui a permis de
plète de solutions qui facilite grandement découvrir les avantages des solutions
le déploiement et la gestion automatisée Nutanix, notamment au travers de cas
d’un environnement multi-cloud. Au mois concrets de déploiement présentés par
de juilllet dernier, Nutanix & L’Informaticien l’intégrateur S-Cube.

D
ans le cadre de la transfor-
mation numérique et dans
un contex te récent de
conformité au RGPD, les
entreprises ont besoin de s'appuyer
sur des briques technologiques
évolutives faciles à déployer et à
administrer. Qu'il s'agisse de cloud
public, privé, hybride ou distribué,
il est fondamental de disposer des
meilleurs outils capables de gérer
les différents systèmes et surtout les
applications qui y résident.
L’usage du cloud public a changé
radicalement les attentes des direc-
tions informatiques notamment
vis-à-vis des métiers et offre de
nouvelles perspectives : rapidité &
simplicité de déploiement, innovation

continue, consommation fractionnée.


Dès lors, on retrouve dans l’infor-
matique professionnelle ce qui a été
proposé au grand public au travers
des smartphones. Il y a désormais
plusieurs types de cloud : publics,
privés ou hybrides. Chacune de ses
solutions présente différents avan-
tages qui sont détaillés par Adrien
Porcheron, responsable commercial
de Nutanix France durant le webinaire.
L’usage des clouds publics n’est pas
nécessairement le meilleur choix car
cela maintient une informatique en silo
avec différentes couches technolo-
giques qui ne sont pas nécessairement
compatibles et sont dificilement pilo-
tables. La proposition de Nutanix est
d’offrir la même plateforme pour gérer

70 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


PUBLI-INFORMATION

ces différents clouds, qu’ils soient


publics, privés ou distribués, notam-
ment au travers de la console uniiée
Prism qui gère l’ensemble des environ-
nements et leur état de santé. L’objectif
est d’avoir une infrastructure la plus
disponible possible sur la plupart des
plates-formes proposées, notamment
les grands clouds publics français :
OVH, Claranet, Almerys qui s’appuient
sur les technologies Nutanix. Au total
une trentaine de fournisseurs de ser-
vices Internet français s’appuient sur
ces plates-formes.
Enin, XI est une offre de services
cloud proposée par Nutanix. Elle
est disponible aux Etats-Unis depuis
cette année et arrivera en Europe au
début de l’année prochaine.

Concernant les applications, Nutanix


s’appuie sur Calm, lequel gère les
applications au travers d’un moteur
de règles et fournit un reporting très
détaillé sur l’utilisation des applica-
tions et les coûts afférents ain de
mieux calibrer le provisionnement de
ces applications.
Notons que Nutanix supporte l’en-
semble des hyperviseurs du marché
(VMware, Microsoft, Citrix) et pro-
pose son propre hyperviseur
Le webinaire s’est conclu par une
présentation de la société S-Cube,
partenaire historique de Nutanix sur
le territoire français qui a présenté
plusieurs cas d’usage des solutions
Nutanix.

L’exemple ci-contre est celui d’un


groupe hôtelier international pour
lequel les solutions Nutanix per-
mettent de déterminer la disponibilité
des chambres en temps réel dans
le monde entier. D’autres exemples
dans les secteurs du luxe, de l’édu-
cation, de l’industrie ont également
été présentés par Myriam Bardin,
directrice commerciale de S-Cube.

POUR VOIR
LE WEBINAIRE
www.linformaticien
.com/nutanix

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 71


TIQUE CRM BIG DATA EMARKETING SIRH DÉCISIONNEL SAAS ERP BUREAUTIQUE CRM BIG DATA EMARKETING SIRH DÉCISIONNEL SAAS ERP BUREAUTIQUE CRM BIG DATA EMARKETING SIRH DÉCISIONNEL SAAS ERP BUREAUTIQUE CRM BIG DATA EMARKETING SIRH

OpenText EW2018
Une solution simple
pour un monde complexe
Enterprise World, la conférence partenaires et Mark Barrenechea constate le
clients d’OpenText, s’est tenue cet été à Toronto chemin parcouru en dix ans
depuis que OpenText s’est lancé
à quelques kilomètres de Waterloo, siège de sur le marché de la gestion de
l’entreprise, dans l’Ontario. Près de 4 000 parti- contenu. Pour caractériser sa
vision d’avenir de cette plate-
cipants ont pu assister aux différentes sessions forme, il prend l’image du sys-
et keynotes des cadres exécutifs de l’éditeur. Au tème immunitaire humain et
voit dans sa plate-forme le sys-
programme, des annonces produits dont OT2, une tème immunitaire de l’entreprise.
Celle-ci fera aussi une large place
plate-forme hybride de services pré-configurés. à l’intelligence augmentée pour
aider les humains. Il parle de
our Mark Barrenechea, les salariés voient leur activité donnée pour faire le bien mais

P CEO et CTO d’OpenText,


le s ent repr i s e s s ont
aujourd’hui soumises à diffé-
changer pour s’adapter aux
réalités d’une industrie déjà
nommée 4.0 et des nouveaux
il est conscient que certains ne
le font pas dans ce sens.
Ainsi Opentext doit réali-
rentes tendances technologiques outils comme l’intelligence ser une sorte de renaissance
fortes qui les obligent à s’adap- augmentée, voire des possibi- pour s’adapter à ces nouveaux
ter à un monde nouveau dominé lités humaines augmentées. besoins. Et OT2 est la première
par le numérique. Cette transfor- L’émergence des robots collabo- tentative pour concrétiser cette
mation se réalise à un rythme de ratifs (cobots) en est un exemple. renaissance. Évolution du pro-
plus en plus rapide. Ils ont pour but non de rempla- jet Banff, la plate-forme s’ap-
Dans un monde globalement cer l’humain mais de l’assister puie sur une architecture de
connecté – plus de 5 milliards de dans ses tâches et de lui appor- microservices supportant des
personnes ont accès à Internet –, ter l’automatisation nécessaire applications nativement déve-
pour réussir celles-ci. loppées pour le Cloud mais s’in-
Le CEO d’OpenText est bien tégrant parfaitement par le jeu
Mark Barrenechea, conscient que cela apporte des API aux applications sur site.
CEO d’OpenText. davantage de complexité que Elle permet aux partenaires et
les outils des précédentes géné- aux clients de la plate-forme
rations. Pour répondre à cette d’étendre les possibilités et de
nouvelle entreprise, il souhaite développer de nouvelles appli-
proposer un modèle d’organisa- cations dans le domaine de la
tion connectée et intelligente. gestion de l’information. Délivré
en SaaS, OT2 s’intègre ou sera
intégré avec l’ensemble du por-
Une entreprise EPIC tefeuille de l’éditeur. Core et
L’entreprise connectée de Documentum le sont déjà ainsi
demain ira des connecteurs que Contract Center et Extended
dans les voitures ou dans les ECM. Sur une interface stan-
trains jusqu’au Cloud, quelle dard et un modèle de données
que soit sa forme. Les données unique, la plate-forme autorise
seront analysées et sécurisées le développement d’applica-
pour fournir le contenu utile tions de manière simple à par-
au bon moment à la bonne tir d’éléments ou d’applications
personne. pré-configurées. La plate-forme

72 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


DÉCISIONNEL SAAS ERP BUREAUTIQUE CRM BIG DATA EMARKETING SIRH DÉCISIONNEL SAAS ERP BUREAUTIQUE CRM BIG DATA EMARKETING SIRH DÉCISIONNEL SAAS ERP BUREAUTIQUE CRM BIG DATA EMARKETING SIRH
APPS

De plus, des interfaces auto-


risent de nouvelles intégra-
tions dans l’outil d’Intelligence
artificielle Magellan et de nou-
velles fonctionnalités laissent
aux développeurs la possibilité
de concevoir des applications
et des workflows au-dessus
d’OpenText Core

Un nouveau modèle
de facturation
Mark Barrenechea a profité de
l’occasion pour annoncer un
nouveau système de factura-
tion, Prime, en option de celui
est disponible dès maintenant La sécurité reste encore un frein existant, qui propose aux clients
et connaîtra une version chaque à une adoption plus large du d’avoir accès aux services mana-
trimestre avec une intégration Cloud. L’éditeur renforce ses solu- gés d’OpenText avec un simple
native avec la dernière version tions de gestion des identités et paiement à l’usage et par salarié.
de la plate-forme d’ECM de l’édi- des accès avec l’intégration des Le prix sera de 99 $/salarié/mois
teur OpenText 16. Les prochaines fonctions issues de l’acquisition avec un minimum de 2 000 sala-
extensions seront OpenText de Covisint et les fonctions de riés et pour un contrat de trois
Legal et OpenText Quality, dis- sécurité des points d’accès pro- ans, soit la modique somme
ponibles d’ici à la fin 2018. venant de Guidance software. de… 594 000 $. ❍ B. G.

Neptune Energy est très Content !


Neptune Energy est une entre- entité de quitter l’hébergement l’entreprise sur ce choix. Du fait
prise d’exploitation de puits à l’intérieur d’Engie pour cher- de l’expertise de l’éditeur sur le
pétroliers et gaziers. Elle est cher un prestataire de service logiciel toutes les personnalisa-
une ancienne filiale d’Engie qui plus sûr. Surtout, l’équipe en tions ont pu être reprises lors
s’est séparée de celle-ci lors de charge des informations et des d’une montée de version.
son virage vers des énergies documents souhaitait pouvoir Actuellement, Neptune Energy
« propres ». L’entreprise a été être soutenue par de véritables est sur la version 10.5. Seule
revendue à une personne de compétences sur l’applicatif. la filiale en Grande-Bretagne
bonne réputation dans le sec- Malgré la consultation de plu- a une configuration différente
teur pétrolier, Sam Laidlaw, sieurs prestataires possibles, avec Sharepoint en frontal et
ancien PD G de Centrica. le choix du Cloud d’OpenText Content Server en base d’en-
Neptune Energy opère surtout est devenu quasi évident. Dans registrement des documents.
dans le Nord de l’Europe mais ce contexte, Neptune Energy Le contrat est de trois ans pour
aussi en Indonésie, en Algérie était d’ailleurs à l’avant-garde. gérer les 600 000 documents
et offshore en Australie. Nicolas Audebert, en charge des qu’utilisent quotidienne-
L’exploitation de ces puits documents au niveau corporate ment 500 à 600 utilisateurs en
génère beaucoup d’informations chez Neptune Energy, indique moyenne sur les 1 400 salariés
à la fois techniques et adminis- cependant qu’il a été difficile de l’entreprise.
tratives. L’entreprise avait choisi de convaincre la direction d’al- Le projet est donc en phase de
Content Server depuis 2011 à ler dans le Cloud, mais que les stabilisation, avant d’aller plus
l’intérieur d’Engie mais la réac- résultats, avec moins d’arrêts loin. Nicolas Audebert, lors de la
tivité sur les mises à jour et les intempestifs, de meilleures per- conférence, s’est déclaré satis-
patchs ainsi qu’un cruel manque formances et une disponibilité fait des efforts réalisés autour
sur les plans de reprises après en nette augmentation ont fini des produits issus du rachat de
incident ont décidé la nouvelle par convaincre les dirigeants de Documentum.

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 73


CARRIÈRE MÉTIERS COMPÉTENCES EMPLOI FORMATION CERTIFICATION CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES EMPLOI FORMATION CERTIFICATION CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES
ACTIV'IT

Recherche désespérément
ingénieurs système
Malgré un taux de chômage à 9 %, les entreprises
l’assurance, ont commencé à
du numérique peinent à recruter, notamment des elles aussi recruter des ingé-
ingénieurs système. La tension de ce métier n’est nieurs systèmes.
Ou, pour reprendre les termes
certes pas une nouveauté, mais 2017 a été une de la présidente Commission
RH de Tech in France, Françoise
année particulièrement difficile du point de vue des Farag : « Avec le déploiement du
recrutements. L’adage ne dit-il pas « Un ingénieur numérique sur toutes les entre-
prises, on assiste à une pénurie
système vous manque et tout est très planté »… de ces proils qui sont structu-
rant pour le déploiement du
e saviez-vous ? Le 27 juil- confie Julien Voyron, respon- système d’information. » Il y a

L let était la Journée des


administrateurs système.
Un événement dont nous igno-
sable recrutement dans l’ESN
francilienne. Problème : les
sociétés du secteur ne sont
quelques années, certains écri-
vaient que c’en était fini de cette
période où la finance drainait
rions l’existence jusqu’à très plus les seules à rechercher ce les ingénieurs, privant les SSII
récemment. En ce jour, il est type de profils. Transformation de précieux talents. Mais pour la
recommandé d’offrir divers numérique oblige, un nombre première fois, en 2017, les entre-
présents aux « admin sys » : nour- croissant d’entreprises dans prises hors branche ont recruté
riture, T-shirt à la gloire de l’IT, d’autres domaines, à com- plus d’ingénieurs système et
voiture de sport, séjour dans les mencer pa r la ba nque et réseaux que celles du secteur.
Caraïbes et autres petites atten-
tions… afin de montrer votre
affection pour ces salariés « qui
Part des intentions de recrutements
ne reçoivent pas la considération3500
qui leur est due 364 jours par an »,
par secteur 3146
comme le souligne le site dédié
3000
à cette célébration. Et s’il en est
bien un qu’il faut gâter, c’est l’in- Branche
génieur système. De peur qu’il
n’aille voir ailleurs et vous laisse
2500 Hors Branche
en plan, et incapable d’en recru- 2303
ter un nouveau. 2152
Le métier est bien sous ten-
2000
sion : les ingénieurs systèmes
se font rares sur un marché 1593
où ils sont très chassés. Le
Syntec Numérique nous four- 1500
1504
nit quelques chiffres quant à
cette pénurie de compétences. 1210
En 2017, les entreprises du 1000
numérique en France avaient En 2017, les intentions de recrutement
l’intention de recruter 2303 554 hors branche ont dépassé celles du secteur.
ingénieurs système. Ce qui 500 La transformation numérique est en route !
représente quatre offres d’em- (source : Observatoire des métiers, OPIIEC)
ploi pour un candidat. « Il s’agit 394
du métier que nous recrutons
le plus chez Econocom », nous
0 2014 2015 2016 2017

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 75


PÉTENCES EMPLOI CERTIFICATION CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES EMPLOI CERTIFICATION CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES EMPLOI CERTIFICATION CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES EMPLOI CERTIFICATION CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES

Pas de femmes
et trop d’années
Le manque Ce à quoi il faut ajouter un pro-
blème plus grave encore, qui
de féminisation, grève littéralement les effec-
c’est une vraie perte tifs : le manque de féminisation
sur les métiers techniques. « Le
pour notre secteur manque de féminisation, c’est une
et un vrai sujet vraie perte pour notre secteur et
un vrai sujet pour nos métiers »,
pour nos métiers souligne Françoise Farag. Et on
ne peut pas jeter la pierre aux
Françoise Farag, présidente Commission
seules entreprises sur les ques-
RH de Tech in France. tions de recrutement de femmes
sur ces proils : il y a beaucoup
moins de femmes à la sortie des
écoles que d’hommes : 28 %,
Généraliste filières. Cybersécurité, Business selon la CEDFI (Conférence
Intelligence et applicatifs sont des directeurs des écoles fran-
ou expert ? encore plus sous tension. Bilan : çaises d’ingénieurs), tous cursus
Cette pénurie n’est pas sans les entreprises du numérique ont confondus, un chiffre qui dégrin-
conséquence. « Le recrutement besoin d’experts sur des sujets gole à 12 voire 8 % pour l’infor-
est une vraie problématique et précis, et manquent cruellement matique selon les écoles. On
pose un frein à la croissance des malgré les cursus dédiés qui pro- parle d’orientation « genrée », des
entreprises, faute d’avoir les effec- voquent en retour la raréfaction représentations de ces métiers
tifs et les compétences sufisantes des profils plus généralistes, dans l’imaginaire collectif et
alors que le secteur est très por- qui sont nécessaires à la bonne d’une idée selon laquelle « l’in-
teur », soutient Neila Hamadache, croissance de ces entreprises. formatique, ce n’est pas fait pour
déléguée à la formation du Surtout, la ilière des ingénieurs les illes ».
Syntec Numérique. Cette ten- système manque de candidats. Pour résoudre ce problème, il
sion est due à différents facteurs « On demande régulièrement n’y a pas de solution miracle,
et le premier d’entre eux est une cartographie de formation « Il faut remonter à la source »
bien évidemment la formation. et nous observons que ces der- explique Nicolas Récapet, « et
Avec une tendance globale à la nières années l’offre de formation inciter les femmes à s’engager
spécialisation, quel que soit le répond bien aux besoins, aussi dans ces parcours de formation,
domaine. « Les écoles vont propo- bien sur le plan quantitatif – il y il y a un vrai travail de fond à
ser de plus en plus de spécialisa- a sufisamment d’écoles – que faire de présentation du métier
tions sur des sujets ultra-précis : qualitatif. Mais le taux de rem- d’ingénieur système, au niveau
devops, big data, IA, sécurité… », plissage n’est pas bon, nous ne de l’orientation des jeunes ». Un
selon Julien Voyron. « Ce fai- sommes pas à 100 % », précise certain nombre d’initiatives,
sant, on écarte les étudiants de Neila Hamadache. Et de l’aveu privées comme publiques,
démarches plus généralistes, de tous les interrogés, il s’agit existent mais bien des efforts
on saute des étapes dans le par- d’une problématique réelle d’at- restent à faire pour changer les
cours traditionnel. Auparavant, tractivité de ces métiers, aggra- mentalités.
on montait en compétences de vés par la concurrence d’autres Pour autant, on aurait tort de
manière progressive, avec des secteurs d’activités. Il faut dire mettre en cause la seule forma-
seniors plus experts, spéciali- que les SSII ont longtemps – et tion. Le recrutement lui aussi
sés sur un pan particulier. Mais sont sans doute toujours – per- n’est pas sans inluer sur cette
on a de plus en plus besoin de çues comme des « vendeurs de pénurie. Reprenons les chiffres
trouver ces proils sur un public viandes », recrutant quantités du Syntec : 98 % des recrute-
jeune ». En effet, la branche des d’ingénieurs sortis de l’école ments se font à Bac +4/5. Ce que
ingénieurs système connaît et avec un peu d’expérience, les entreprises recherchent, c’est
« son année la plus terrible » les envoyant chez des clients l’Ingénieur avec un grand « I », qui
à en croire Nicolas Récapet, accomplir des tâches répétitives, sort d’une grande école « recon-
directeur de s Re s s ource s sans grand perspective… De nue par la profession ». « Dans les
Humaines chez Talan, mais la quoi pousser les jeunes diplô- entreprises, on cherche des ingé
situation est pire dans d’autres més vers d’autres domaines. sys et réseaux avec deux ou trois

76 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


CERTIFICATION CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES EMPLOI FORMATION CERTIFICATION CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES EMPLOI FORMATION CERTIFICATION CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES
ACTIV'IT

ans d’expérience sortis d’écoles


d’ingé. Cela contribue à mettre la
ilière en tension », indique Julien
Voyron. La faute incombe éga-
lement aux clients des éditeurs
Les clients
et des ESN. « En France on aime sont plus rassurés
bien recruter des proils qui ont
déjà fait ce qu’on leur demande
par un profil
de faire. C’est un problème de qui a fait des études,
mentalité, on a l’impression de
prendre moins de risques, par-
ce qui amplifie la
fois à tort », ajoute le responsable tension du marché
Recrutement d’Econocom.
Julien Voyron, responsable Recrutement
Avoir des profils avec de lon-
gues études et qui justifient
chez Econocom
une première expérience pro-
fessionnelle rassure le client.
Le titre d’ingénieur joue beau-
coup, aux dépens des adminis- filière en tension, la Grande L’ingénieur système doit dépas-
trateurs et techniciens système. Ecole du Numérique a juste- ser le seul champ de l’adminis-
Ce qui contribue à cette pénu- ment intégré dans son appel à tration et de l’exploitation pour
rie, peut-être moins de profils labellisation 2018 les métiers de verser dans la gestion de pro-
que de titres. Mais pour Samia l’exploitation et de l’administra- jets mais aussi le consulting ou
Ghozlane, la directrice du pro- tion système et réseaux. encore la relation clients, en
gramme Grande École du fonction de l’entreprise et de
Numérique, cela n’a rien d’iné- Des parcours la mission. C’est pourquoi il est
luctable. « Les entreprises vont courant de voir des ingénieurs
se rendre compte qu’elles n’ont
pour évoluer système bombardés ingénieurs
pas forcément besoin de Bac Loin de nous de confondre ingé- avant-ventes ou chefs de projet.
+4/5 pour tout poste. Les recru- nieur et administrateur. « Des « On va avoir des compétences
tements vont devoir se diver- compétences différentes pour techniques et plus transversales
siier par pragmatisme. » Pour des qualiications différentes », pour un ingénieur système et
répondre aux enjeux d’une explique Neila Hamadache. réseaux et des périmètres de
responsabilités qui ne sont pas

Formations demandées les mêmes que pour un admi-


nistrateur système », renchérit
dans les offres d’emplois en 2017 la déléguée à la formation du
Syntec Numérique. Pourtant,
il va falloir que les entreprises
retravaillent leurs grilles de
L’école recrutement de sorte à dépas-
d’ingénieur, ser la pénurie.
un véritable
École d’ingénieurs passe-partout Aux yeux de la directrice de la

395
pour entrer Grande école du Numérique,
dans les il s’agit plus d’une question
entreprises de compétences que d’an-
CFA, Lycée du numérique. nées d’études. « Je pense que
professionnel Depuis 2014, les entreprises n’ont plus le
5 plus de 98 %
des offres
choix, il faut qu’elles s’ouvrent
à des recrutements différents et
recherchent acceptent le risque de retenir
Université des Bac +4/5. quelqu’un qui n’est pas conforme
30 à leur modèle de recrutement »,
insiste Samia Ghozlane. « Il faut
continuer à avoir des écoles
qui forment des ingénieurs sur
(source : Observatoire le long cours, mais il faut aussi
des métiers, OPIIEC) se rendre compte que d’autres

Septembre 2018 − L’Informaticien n°170 | 77


ON CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES EMPLOI FORMATION CERTIFICATION CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES EMPLOI FORMATION CERTIFICATION CARRIÈRE VAE MÉTIERS COMPÉTENCES
ACTIV'IT

et l’apprentissage permettent
de lisser cet effort de formation
en interne. En outre, les ESN se
Le recrutement sont mis aux « parcours ».
Ainsi chez Econocom, les admi-
est une vraie nistrateurs système et réseaux
problématique ont l’opportunité de soute-
nir un projet qui leur permet-
et pose un frein tra ensuite de passer ingénieur
à la croissance système et réseaux. Cependant
pour Julien Voyron « le plus dur
des entreprises pour nous, c’est de trouver le
client qui valide la décision que
Neila Hamadache, déléguée à la formation
nous avons prise. Les clients
du Syntec Numérique sont plus rassurés par un pro-
il qui a fait des études, ce qui
ampliie la tension du marché ».
De même, du côté de Talan ont
talents, qui eux ne sont pas for- temps ». L’idée est qu’un admin été mis en place des parcours
més dans ces écoles, sont dispo- ou un technicien pourra évoluer internes personnalisés. « On
nibles sur le marché. » s’il montre des capacités et si un va être en recherche de proils
Des talents qui auront le loisir effort de formation est réalisé capables d’évoluer plutôt que
de monter en compétences, par l’entreprise. « Cette logique d’utiliser telle compétence à un
d’acquérir les capacités néces- de parcours revient à expliquer instant t. Nous préférons recher-
saires pour passer de la seule aux entreprises qu’il faut élar- cher un administrateur système
administration à un niveau gir leurs recherches à des pro- qui passera ensuite chef de pro-
in génieur s y s tème. Neila ils atypiques pour ensuite les jet », souligne Nicolas Récapet.
Hamadache parle de « logiques faire monter en compétence. » Nous n’apprendrons rien aux
de parcours ». Évidemment, tout Et force est de constater, selon recruteurs : les perspectives et
dépend « des besoins de recrute- la déléguée à la formation du les projections de carrière sont
ment à terme de l’entreprise, s’il Syntec Numérique, « que les encore et toujours un bon moyen
faut un collaborateur opération- entreprises commencent à jouer de conserver les talents. ❍
nel rapidement ou s’il a plus de le jeu ». D’une part, l’alternance GUILLAUME PÉRISSAT

78 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


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Netgear Orbi,
Google WiFi, Devolo
Outdoor BEGA
Trois solutions pour
booster le réseau WiFi
En fonction de la taille et de la configuration d’un se veulent particulièrement simples à installer
logement ou d’une PME, la portée et la couver- et à configurer. Selon l’emplacement de la box,
ture du signal WiFi des box internet peuvent vite des éventuels obstacles (murs épais, portes,
se révéler trop limitées. Pour remédier à cette étages…) et du nombre d’appareils à connecter,
problématique qui concerne un grand nombre ils peuvent être complétés par un ou plusieurs
de consommateurs, une nouvelle génération satellites et couvrir une surface comprise entre
de routeurs ultra performants, associée à un ou 200 et 350 m2. Pionnier dans ce domaine avec
plusieurs satellites, vient remplacer le WiFi de son premier système Orbi RBK30, le fabricant
la box afin d’assurer les meilleurs débits pos- Netgear doit désormais faire face à de sérieux
sible dans toutes les pièces. Contrairement à concurrents tels que Google ou Devolo. Gros
certains routeurs réseau haut de gamme néces- plan sur ces nouvelles solutions réseau.
sitant des configurations complexes, ces derniers JÉRÔME CARTEGINI

Devolo Outdoor WiFi Powerline BEGA


L
e constructeur allemand adaptateur CPL (non fourni)
qui plancherait actuel- devant être connecté à la box
lement sur un système internet, le BEGA exploite le
WiFi multiroom pour concur- courant électrique pour dif-
rencer Netgear et Google vient fuser et augmenter le signal
de lancer un répéteur haut de WiFi. Conçu pour l’extérieur, il
gamme capable d’étendre se présente sous la forme d’un
le réseau sans fil jusqu’au robuste boîtier circulaire certi-
fond du jardin. Associé à un fié IP65 capable de résister à
tous les types d’intempéries,
dont les fortes pluies. Une fois
relié à une prise électrique
extérieure, il suffit d’attendre
une poignée de secondes pour
qu’il se synchronise automati-
quement avec l’adaptateur CPL
et le tour est joué. Compatible
avec les normes WiFi 802.11a,
b, g, n et ac, il assure une por-
tée d’environ 400 mètres avec
un débit théorique de 300
Mbit/s. Une solution simple
et efficace pour profiter d’une
connexion WiFi fiable à l’exté-
rieur sur une terrasse ou dans
un jardin. ❍ 170 € env.

80 | L’Informaticien n°170 − Septembre 2018


EXIT
t ion
Le

ac
st d
est
s de l a r é

Netgear Orbi RBK20


Le pionnier du WiFi multiroom
réseau WiFi de la box internet.
Le routeur peut gérer jusqu’à
trois satellites pour assurer
une couverture encore plus
importante (jusqu’à 350 m2).
Contrairement aux modules
de Google WiFi qui com-
muniquent entre eux par le baptisée Orbi permet d’ins-
biais d’un réseau maillé, les taller le système en quelques
satellites Orbi dialoguent étapes. Pour accéder aux
avec le routeur via l’une des réglages avancés, le fabricant
trois bandes de fréquences. propose une interface web
Il est en outre possible d’in- locale (orbilogin.com) ainsi

A
près le gros succès de terconnecter les boîtiers via que l’application Netgear
ses kits Orbi RBK30, une liaison filaire. Dans les Genie, commune à tous les
RBK40 et RBK50, le deux cas de figure, le sys- routeurs de la marque, et
fabricant américain Netgear tème offre des débits rapides disponible sur Android, iOS,
lance une quatrième géné- et stables permettant de dif- Mac OS et Windows. Parmi
ration, RBK20, au design fuser de la 4K sans aucun les fonctions intéressantes,
beaucoup plus compact. problème. il est possible de créer un
Compatible avec la norme Une applic ation mobile réseau WiFi pour les invi-
WiFi AC2200 et la technolo- dédiée (Android et iOS) tés, suspendre la connexion
gie Fastlane 3 de WiFi triple sur des appareils, effectuer
bande, ce dernier se com- un test de débit, ou encore
pose d’un routeur et d’un Netgear mettre en place un système
satellite en tous points iden- Orbi RBK20 de contrôle parental. Bien que
tiques qui intègrent quatre très complètes, ces interfaces
antennes permettant d’aug- • Débit WiFi théorique : vieillottes ne souffrent pas la
menter la portée du signal 3 000 Mbit/s comparaison avec la remar-
WiFi. Quels que soient les • Couverture : 250 m2 quable et unique application
obstacles (murs, portes, • Technologie WiFi : Google WiFi. À l’usage, Orbi
étages…), ce système haute Tribande, MU-MIMO assure néanmoins les meil-
performance est capable • Antennes : leurs débits et la couverture
de couvrir une surface de 4 antennes internes la plus large. Deux fois plus
250 m2 avec un débit pouvant haute-performance petit que ses prédécesseurs,
atteindre jusqu’à 2,2 Gbit/s. le RBK20 arbore de surcroît
• Connectique :
Chaque module est équipé un design moderne et discret
2 ports Ethernet
de deux ports Ethernet pour qui se fond dans n’importe
(1 WAN et 1 LAN)
les connexions filaires. Orbi quel intérieur. Le constructeur
peut fonctionner comme • Compatibilité : ne compte pas s’arrêter en si
un routeur indépendant en commandes vocales bon chemin et prévoit de lan-
créant un nouveau réseau Amazon Alexa, cer d’ici à la fin de l’année une
sans fil totalement autonome Google Home version Orbi Outdoor pour
ou en tant que point d’ac- • Prix : 224 € étendre le réseau à votre jar-
cès venant se substituer au (1 routeur + 1 satellite) din. Une réussite. ❍

Septembre 2018 L’Informaticien n°170 | 81


XIT
Google WiFi
Machine learning embarqué !

C
omposé d’un routeur et créent un réseau
d’un satellite, le Google maillé (mesh)
WiFi (kit de deux) est pour communi-
conçu pour couvrir une surface quer entre eux.
comprise entre 85 et 170 m2. Une configura-
Pour une surface plus impor- tion modeste
tante, la firme de Mountain que Google dit
View recommande d’installer compenser par
des points d’accès supplé- des technolo-
mentaires. Comme Orbi, le gies de Machine
système de Google vise à Learning. Le sys-
remplacer le WiFi souvent bien tème analyse en
trop sommaire des box inter- effet en perma-
net du marché. Les deux petits nence le signal WiFi afin
boîtiers au design discret et de privilégier systématique- aux modules de Google
passe-partout présentent une ment le canal le moins saturé. (NAS, imprimante…) ne sont
forme circulaire avec au centre Les différents terminaux pas accessibles. Il est tou-
un halo de LED lumineux confi- sans-fil connectés sont auto- jours possible d’installer un
gurable. Ils intègrent quatre matiquement routés vers la switch réseau, mais la sim-
antennes à 360° et deux ports bande ayant le meilleur débit plicité d’installation promise
Ethernet – dont un doit être par rapport à leur position. prend alors du plomb dans
relié à la box. Contrairement Google préconise de ne pas l’aile. Google se distingue
à ce type de systèmes, éloigner les boîtiers de plus de toutefois avec une applica-
qui sont généralement tri- deux pièces pour profiter des tion mobile (Android et iOS)
bandes, Google WiFi repose meilleurs débits possible. Sur particulièrement efficace.
sur seulement deux bandes ce point, il fait moins bien que Après avoir ouvert ou créé
de fréquences (2,4 et 5 GHz) Orbi qui se montre capable de un compte Google, quelques
à 1 200 Mbit/s. Compatibles couvrir sans sourciller de plus étapes suffisent pour confi-
avec les normes WiFi 802.11a, grandes surfaces. Mais dans gurer les points d’accès. Des
b, g, n et ac, les modules un environnement identique, le tests de vitesse permettent
système se montre tout aussi de tirer le meilleur parti pos-
performant et apporte un vrai sible du système en plaçant
plus avec des débits constants les boîtiers de manière opti-
Google WiFi et stables. male. Outre une gestion du
• Débit Wi-Fi théorique : Le réseau maillé du système réseau facilitée par un grand
1 200 Mbit/s possède toutefois des limites nombre d’options, l’applica-
• Couverture : contraignantes. À partir du tion fourmille de fonctions
85 à 170 m2 moment où l’on utilise un intéressantes. Parmi elles
• Technologie WiFi : pack de deux, trois ou plus, il figure notamment un sys-
double bande n’est plus possible de confi- tème de contrôle parental
(2,4 et 5 GHz) gurer Google WiFi en mode ultra complet, la possibilité
point d’accès (ou bridge) sur de créer un réseau pour
• Antennes : 4 antennes
le réseau local, ni de profiter les invités, de prioriser la
internes à 360°
du réseau mesh. Le système bande passante pour un
• Connectique : crée son propre réseau pour appareil durant un temps
2 ports Ethernet remplacer celui de la box, donné, etc. Un produit qui
(1 WAN et 1 LAN) ou fonctionner en parallèle. tient toutes ses promesses
• Prix : 249 € Résultat, tous les équipe- pour les petites et moyennes
(1 routeur + 1 satellite) ments non reliés en filaire surfaces. ❍

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