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L’HYPNOSE

AU
CABINET
DENTAIRE

Diplôme universitaire d’hypnose médicale du


Docteur BENHAEM

Année 2006-2007

Mémoire présenté par le


Docteur Matthieu O’LANYER,
Chirurgien Dentiste
PLAN

• Introduction

• Hypnose au cabinet dentaire

A / Les outils utilisés en hypnose

B / Cas cliniques

1. Hypnose et douleur
A/ La douleur aigüe (exemple : la pulpite)
B/ La douleur chronique

2. Hypnose et anesthésie.

3. Hypnose et soins courants.

4. Hypnose et arrêt du pouce.

5. Hypnose et éruption dentaire.

6. Hypnose et réflexe nauséeux.

7. Hypnose et phobies dentaires.

8. Hypnose et prescription médicamenteuse.

9. Hypnose et chirurgie buccale.

10. Autohypnose du chirurgien dentiste.

• Conclusion
La liberté extérieure que nous atteindrons dépend du
degré de liberté intérieure que nous aurons acquis.
Si telle est la juste compréhension de la liberté, notre
effort principal doit être consacré à accomplir un
changement en nous même.
Mahatma Gandhi

Un être qui pense de façon autonome n’a pas besoin de


preuves pour les choses qu’il comprend.
S’il ne comprend pas, il ne croira pas aux preuves.
(« le secret défense » Edward Mielnik.)
Introduction :

C’est en 2004 que je me suis pour la première fois, en tous cas de


manière consciente, formé à l’hypnose et en particulier à l’hypnose
ericksonienne.
A l’époque (récente) j’éprouvais depuis un certain temps, le besoin,
l’envie, d’aborder les événements de la vie, différemment et ce au
niveau professionnel que privé à savoir qu’il n’existe aucune
séparation entre les différents compartiments de la vie d’une personne
que chacun d’entre eux (le professionnel, le relationnel, l’affectif, le
sport, les loisirs, l’argent, les centres d’intérêt et tout le cheminement
intérieur … etc) sont reliés. Tout est dans tout. Etant chirurgien
dentiste, âgé de 39 ans, je pense aujourd’hui témoigner de l’apport de
l’hypnose dans l’amélioration de la qualité de ma vie professionnelle
et privée. Bien sûr, le chemin est encore long, et il s’agit de rester
humble par rapport aux résultats obtenus, et aussi d’en être conscient.
L’HYPNOSE AU CABINET DENTAIRE

Pour cet exposé, je ferai dans un premier temps la liste des éléments nécessaires
et des outils utilisés de manière simplifiée, et dans un deuxième temps les
différentes situations cliniques dans lesquelles je les utilise.

A/ Les outils utilisés en hypnose

• 1/ l’écoute

Il s’agit là d’entendre ce que dit le patient c’est lui qui amène le problème et
aussi la solution.

• 2/ La confiance - l’intégrité

Le B.A.B.A de toute relation humaine fructueuse, et de surcroît thérapeutique,


est basée sur ces deux principes.

• 3 / L’éthique – le respect

Quoique le patient nous raconte, il s’agit de toujours respecter ce qu’il dit , sans
aucun jugement moral, savoir avoir cette neutralité bienveillante à son égard.

• 4 / La position basse, l’humilité

L’hypnothérapeute ne sait pas …. Cela demande au thérapeute de descendre de


son piédestal (son savoir) et de s’adapter à chaque situation sans a priori.

• 5 / La synchronisation

C’est le fait d’être en mimétisme intime avec la personne, c’est la base de


l’hypnose, sans synchronisation, l’hypnose n’est pas possible. En fait lorsqu’on
observe bien, la synchronisation est un réflexe naturel chez l’homme, c’est
l’effet miroir.
En hypnose, elle se fait en trois étapes :

• Mirroring : établir une symbiose avec le patient aux différents niveaux


de communication (verbal, paraverbal – non verbal)
• Pacing : c’est à dire garder le rythme de la personne
• Leading : c’est le thérapeute qui devient alors celui qui dirige la séance,
la « synchro » est alors bien en place et peut-être utilisé à des fins
thérapeutiques.

• 6 / Le respect de l’espace du patient :

On respecte là une certaine distance et position par rapport au patient afin qu’il
se sente en parfaite sécurité, c’est le respect de sa sphère. Au cabinet dentaire,
nous sommes obligatoirement invasifs, il s’agira d’avoir une approche subtile du
patient, plus progressive et donc moins traumatisante.

• 7/ Savoir reconnaître les signes de transe :

Ces signes sont parfaitement discrets dans les livres cités en bibliographies.

• 8/ La reformulation, les questionnements

Le thérapeute reformule « exactement ce que la personne vient de dire… » en un


sens c’est un forme de synchronisation. Elle permet le lien avec la personne, et
de comprendre son univers.
Pour le questionnement, en fonction des cas on utilisera des questions ouvertes
et fermées. Ces deux outils sont extrêmement puissants en ce qui concerne ce
qu’on appelle l’hypnose conversationnelle.

• 9/ Le langage hypnotique

C’est un langage simple. Milton Erickson aimait à dire qu’il est le langage de
l’enfance, simple, beau, imaginatif. On l’adapte aussi en fonction de la personne
qu’est avec nous c’est un principe de congruence.
Rappelons : « au commencement était la Parole (le verbe) et la Parole était
auprès de Dieu, et la Parole était Dieu « … « Tout vint à l’existence par elle, et
sans elle absolument rien de ce qui existe ne vint à l’existence « « En elle était
la vie, et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière brille dans les
ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas comprise » (Evangile selon Jean).
En hypnose, plus spécifiquement, on utilise un langage qui permet à la personne
« d’agir » sans lui dire comment ni sur quoi, en étant artistiquement vague.
Dans ce langage hypnotique plus spécifique, on peut citer :

• Les métaphores
• Les suggestions (directes, indirectes, camouflées)
• La confusion
• La multiplication des négations
• Les liaisons
• Les truismes
• Les paradoxes
• La reformulation
• Les jeux de mots, lapsus, coq à l’âne
• Le saupoudrage
• Toutes les techniques d’induction
• Le doute…. Etc…

• 10/ L’imprévisibilité, la créativité

La voie de l’imprévisibilité et de la créativité n’est pas chemin facile, mais


peut nous amener bien au delà de ce qu’on peut imaginer.

• 11/L’humour

Alphonse Allais écrivait : « Méfiez vous des gens qui ne rient pas, ceux ne sont
pas des gens sérieux «

• 12/ Le silence

Savoir écouter et se taire … est parfois la meilleure thérapie.

• 13/ La provocation

Je citerai la « thérapie provocatrice » de Farrely qui bien indiquée et bien utilisée


à des résultats étonnants.
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive, et quelle que soit la technique et l’outil
utilisé, l’attitude du thérapeute, sa cohérence, sa présence sont indispensables à
la réussite de la séance.
B/ Cas cliniques :

Au cabinet dentaire, il est un facteur quasi constamment présent, celui de


l’intrusion. En effet, les soins dentaires demandent une approche très intime
avec notre patient, qui n’est pas le cas en où l’on respecte une distance qui
convient à la personne. Il s’agira dès lors, dans tous nos actes, de préalablement
établir un contact avec le patient, avant de pouvoir s’en approcher. Cela avec
une grande variabilité.

Certaines personnes préfèrent aller droit au but, (« Bon allez docteur, qu’on en
finisse… ») alors que pour d’autres un dialogue et un échange plus long sont
indiqués.

Une fois de plus, on s’adaptera au cas par cas. L’hypnose sera dès lors associée
à la compétence professionnelle.

1 / Hypnose et douleur

La première question qui vient à l’esprit d’un patient, concernant son dentiste
est : « Est-ce que cela va faire mal ? », ou plus encore « est-ce qu’il fait mal ? »
L’enjeu concernant la douleur au cabinet dentaire est donc considérable. Il en va
du bien être des patients et aussi de la vitalité du cabinet. Le patient pourra nous
excuser beaucoup de choses, mais pas celui de souffrir au fauteuil et après la
séance. Dans ce cadre, l’hypnose se place en excellent médicament, pour
prévenir le mal et le guérir.
Aussi l’hypnose s’intègre parfaitement aux soins de tous les jours, de façon plus
ou moins consciente. Une partie de ce que j’ai intégré, n’étant plus consciente
totalement, et donc pas facile à expliquer.

A/ Le pulpite – douleur aigüe


Le cas le plus courant au cabinet dentaire est la pulpite, à savoir inflammation de
la pulpe de la dent, généralement associée à une carie profonde.
Pour ce cas, un acte en bouche est indiqué de façon à soulager le patient.
L’acte dentaire en lui-même et un acte courant pour le praticien, il va soigner la
dent en une ou plusieurs séances.

On touche là à une partie extrêmement innervée et sensible de la personne. Pour


ma part, je pratique la plupart du temps une anesthésie.
L’hypnose va s’intégrer dans la préparation de l’anesthésie, dans l’amélioration
de sa prise et par conséquent de l’acte opératoire et des suites qui en découlent.
Il faudra donc consacrer un minimum de temps à cette préparation et ce dans le
contexte d’un cabinet d’omnipratique.

Au cours de l’anamnèse, tous les outils de l’hypnose peuvent être utilisés. On


peut déjà diminuer la douleur. Un facteur important, est que la plupart du temps,
le patient cesse d’avoir mal quand il arrive au cabinet et parfois même lorsqu’il
sait qu’il a son rendez vous, intéressant non ? Primordial. Il s’agit d’utiliser tous
les éléments présents.

Exemple d’échange conversationnel :

Thérapeute : « Et je me demande … quand est-ce que vous avez « cessez d’avoir


mal »
Patient : Ce matin quand j’ai pris le rendez-vous.
Th : Donc vous avez « cessez d’avoir mal ce matin ? »
P : Oui c’est ça.
Th : Si je comprends bien, la douleur a totalement disparue ce matin lors de la
prise de rendez-vous avec mon assistante.
P : Oui c’est ça ;
Th : Ok c’est très bien. Je vais pouvoir ainsi vous soigner plus facilement
puisque la douleur a cessé. Je vous propose de bien vouloir passer maintenant au
fauteuil de façon à soigner la dent.
P : D’accord, mais vous savez je n’aime pas trop ça.
Th : Vous n’aimez pas trop ça ? je comprends, qu’est-ce qu’on fait alors ?
P : Bah on y va quand même ?
Th : D’accord, On y va quand même. Allez-y, asseyez-vous (le patient s’assied,
pas très rassuré, regarde tout autour de lui, d’où l’importance de la préparation
de la pièce, et de la zone opératoire de manière la plus favorable possible.)
Le contexte peut créer l’hypnose.
Le dentiste se prépare, tout en se préparant il continue à utiliser tous les outils
hypnotiques.

Th : Bien, eh bien nous y voilà. Vous êtes là ?


Patient : Euh, oui,
Th : OK,
Bon, On vous a déjà soigné ? (s’assurer au préalable que oui )
Patient : oui, oui.
Th ; Vous avez déjà eu une radio dentaire ? (même chose)
Patient : oui,
Th : OK. On va en refaire une tout de suite si vous le « voulez bien » ? C’est en
bas à droite vous m’avez dit ? (Double question)
Patient : Oui c’est ça,
Th : Ouvrez (le patient ouvre la bouche, on réalise le cliché)
Th : Bien, c’est bien ce que vous m’avez dit ;
Patient : Qu’est-ce que j’ai alors !
Th : C’est une dent qu’il faut soigner dès maintenant de façon à vous soulager.
Une fois soulagé, je vous expliquerai ce que j’ai fait. Est-ce que ça vous
convient ?
Patient : Oui (si il dit non, il faut alors changer de tactique, pour obtenir son
oui.) Ou alors préférez vous que je vous explique tout de suite? Certains patients
aimant être informé avant)
(Durant l’explication, on en profite pour utiliser les outils hypnotiques)
Th : Alors on y va? Comme vous le savez il va falloir endormir la dent,
Patient : Ah bon?
Th : Vous avez déjà eu des soins dentaires!!!
Patient : Oui
Th : La dent est endormie ? (suggestion directe prononcée rapidement)
Patient : Oui,
Th : Ok on va faire pareil, d'accord?
Patient : D'accord,
Th : Vous préférez les yeux ouverts ou fermés? Parce que la bouche il va falloir
l'ouvrir.
Patient : Fermés
Th : OK. (On est toujours d'accord, s'il dit ouvert aussi, c'est son choix, sa
liberté) alors les yeux fermés et la bouche ouverte.
Patient : (il ouvre la bouche) Ah.
Th : Ah?
Patient : Ah.
Th : On y va. Laissez la respiration aller tranquillement, le mieux c'est par le
nez, si vous pouvez, (on continue ou non à lui parlant en faisant l'anesthésie,
utilisation des outils ou silence.)
Une fois l'anesthésie réalisée, en principe, le patient est déjà rassuré. On peut
alors utiliser tous les signes de l'anesthésie (engourdissements, picotements... ce
que le patient décrit) pour ratifier, voire continuer à mettre en transe.
On explique alors, ou non ce qu'on va faire, et continuer à œuvrer pour que le
patient entre en transe (absorbation)
Le temps de prise, de l'anesthésie de quelques minutes nous permet par
suggestions :

- D’amplifier l'endormissement
- de préparer la séance
- de suggérer que tout va bien se passer pour la suite
- de continuer à avoir la confiance du patient, de rester en synchro, en lien avec
lui
- de réintégrer la dent (sortie de l'état de santé) à l'ensemble
- de travailler aussi de manière symbolique.

En réintégrant la dent, en le soignant, on peut aussi traiter la globalité.


On réalise alors l'acte clinique et tout au long de la séance, on garde bien le
contact avec le patient. On peut parler ou non, ce qui est important est de
bien garder le lien avec la personne.

Le patient nous demande alors, d'être présents. C'est l'engagement total de


praticien, sa compétence, l'utilisation de tout ce qui est présent pour soulager
qui va permettre d'obtenir le résultat escompté :

un patient soulagé, pouvant retrouver une activité normale, satisfait du


praticien aussi.

Une fois l'acte réalisé, on raccompagne le patient.

Th : Alors, ça s'est bien passé?


Patient : Ah oui, mieux que je croie.
TH : Bien bon alors, c'est bon. Ça va aller. Vous avez été courageux. C'est
bien. Tout comme la douleur a disparu, l'anesthésie elle, disparaîtra d'ici une
à deux heures. OK je vous laisse avec mon assistante. Elle va vous donner un
rendez-vous. D'ici là, portez vous bien et rétablissez vous bien.

Il m'arrive de prescrire un antalgique en accompagnement. J'utilise les outils


aussi pour cette prescription, de façon à ce que le patient guérisse, avec le
minimum de médicaments. L'assistante quant à elle, peut continuer le travail
tout en donnant le rendez-vous.
B/ Cas d'une douleur d'origine inconnue chronique

Dans le cas précédent, un acte en bouche est accompagné de l'hypnose. Il existe


un autre type de douleur, ou après examen, rien n'est anormal au niveau
dentaire. Pourtant la douleur est là, et souvent elle est chronique. Cette douleur
chronique va isoler le patient du reste du monde, elle prend le pouvoir. Le travail
sera alors plus un travail d'hypnose, sans acte en bouche la plupart du temps.
A ce moment là, le patient est déjà souvent sous antalgiques, parfois très
puissant et la douleur temporairement soulagée, reprend de plus belle.
Une séance d’hypnose est alors proposée pour amener le patient à guérir.
Dans un premier temps on peut rappeler que la douleur est du 1/3 au passé, 1/3
au présent et1/3 à l’avenir.

Donc 2/3 peuvent déjà être éliminés.


On peut prendre l’échelle de 1 à 10, en début de séance, demandant au patient de
situer sur cette échelle l’intensité de la douleur et ainsi la diminuer de plus en
plus jusqu’à l’annuler si possible (plusieurs séances peuvent être envisagées.)
La douleur étant l’expression d’un mal plus profond on travaille sur la globalité
en demandant à l’inconscient d’aller régler le problème.
La prescription des séances d’autohypnose en travaillant sur les sens est aussi
très efficace.
Je pense à une jeune femme qui souffrant au niveau de la dent de sagesse
inférieure, celle-ci n’étant jamais apparue. En deux séances d’hypnose, et la
prescription d’autohypnose, la douleur a totalement régressé.

2/ Hypnose et anesthésie :

Dans la plupart des cas, pour un acte chirurgical ou un soin profond, j’utilise
l’anesthésie? J’ai eu une expérience, grâce à une patiente, qui me prouve qu’il
est possible de créer une anesthésie ou du moins une dissociation par rapport à la
douleur de l’intervention, sans injection.
Cette petite dame, âgée de 60 ans, magnétiseuse de son métier est venue me
trouver après mon premier stage d’hypnose, curieux hasard, m’expliquant
qu’elle ne tolérait absolument pas les anesthésies dentaires et qu’elle souhaitait
que je la soigne sans anesthésie.
Je l’ai crue, et nous programmâmes quelques séances au cours desquelles, nous
avons extrait huit racines dentaires, fortement ankylosées, l’acte chirurgical
nécessitant pour certaines de fraiser l’os. Cette dame s’est mise spontanément en
autohypnose et ce en quelques secondes. J’en étais assez surpris et à la fois très
heureux de voir que le pouvoir de l’esprit est illimité. Je remercie cette dame
d’être venue me voir. On peut se passer d’anesthésie pour les extractions
dentaires, là aussi l’indication et la motivation du patient sont importantes.
3/ Hypnose et soins courants

Pour les soins courants, souvent sans même parler, je remarque que dès que le
patient est sur le fauteuil dentaire il se met en autohypnose. En utilisant le
potentiel de chacun, en observant le patient, beaucoup de soins courants sont
beaucoup plus aisés à réaliser, de manière très simple, la capacité du patient à
élever son seuil de résistance à la douleur est augmentée.

4/ Hypnose et arrêt de pouce

Avec de jeunes enfants qui sucent encore leur pouce, au-delà de 5 ans, j’ai des
résultats étonnants.
Par l’hypnose conversationnelle en parfaite synchro, avec l’enfant, en utilisant
un langage simple, avec suggestions directes, indirectes, camouflées, beaucoup
d’enfants arrêtent le pouce le jour même. En le revoyant toujours quelques jours
plus tard.
La suggestion est par exemple : et lorsque tu auras totalement arrêté, viens me le
dire, ça me permettra de le savoir, tu comprends. D’ailleurs, depuis quand as-tu
arrêter? Depuis ce matin ? Ah génial, alors continue c’est simple tu vois, c’est
facile « t’arrêtes maintenant ». Certains n’arrêtent pas, et dans ces cas, les
parents semblent moins motivés que pour ceux qui réussissent, et vice-versa
mais pas toujours…

5/ Hypnose et éruption dentaire :

Je travaille avec des enfants, pour rétablir ou plutôt préparer l’agencement de


leurs dents en bouche. Pour ce, j’utilise certains appareils dits fonctionnels,
destinés à stimuler les maxillaires et les fonctions neuro-végétatives et par ce
travail, ou plutôt cet accompagnement, il s’agit de mettre les dents en place sur
l’arcade de manière équilibrée (rapport entre le maxillaire et la mandibule).

Il se trouve que pour ces patients parfois l’accompagnement humain et l’appareil


ne sont pas suffisants à favoriser l’éruption de certaines dents qui peuvent rester
bloquées dans la mâchoire.

Le travail en hypnose va consister à visualiser la sortie dentaire et à imaginer la


bouche équilibrée. Une sorte de futilisation de l’éruption à venir.

Etant donné, la jeunesse de mon enseignement en hypnose, je suis actuellement


en expérimentation et commence à en voir des résultats. Je préfère encore rester
modeste par rapport à ceux là.
6/ Hypnose et réflexe nauséeux :

Certains patients, souffrent d’un réflexe nauséeux très important, dès qu’on leur
introduit ne serait ce que le miroir dentaire en bouche. Dans ces conditions les
soigner devient difficile. S’ils nécessitent, des soins importants, comme c’est le
cas pour ce monsieur de 50 ans, que j’ai soigné il y a quelques semaines,
pouvoir assumer une continuité de soins dans la séance n’est pas aisée. Aussi
lorsque nous avons commencé, je venais d’apprendre l’induction paradoxale de
Gaston Brosseur. « Ne rien faire » (bien décrite dans le livre « Hypnose
aujourd’hui » du Docteur Behaim).

En effet, ce patient assez anxieux, avait en plus besoin de tout contrôler et plus
il essayait de combattre son réflexe nauséeux, plus celui-ci s’aggravait.

« Le principe sous jacent de cette technique, est qu’il et peine perdue de


montrer à quelqu’un à se relaxer lorsqu’il est stressé – pas plus qu’il est indiqué
de montrer à nager à un baigneur qui est en train de se noyer – on le sort de
l’eau » point.
Finalement, on demande au patient de se débarrasser physiquement du vouloir et
de ne rien faire.

Cela m’a permis de lui réaliser des soins et des prothèses, ou des empreintes
globales en bouche étaient demandées – on a réussi.

Ce monsieur fût satisfait, moi aussi, et la dernière phrase qu’il m’a dite est :
« Oh, mais vous savez, Docteur, ce reflexe je l’aurai toujours…. » Que voulez-
vous que je fasse, moi, son dentiste ? Rien…peut-être….

7/ Hypnoses et phobies dentaires :

Comme je l’ai exposé au préalable, la plupart du temps, l’hypnose s’intègre à


l’omni pratique dentaire de manière simple et je crois que chaque chirurgien-
dentiste la pratique tous les jours, sans forcément le savoir, et c’est dans une
omni pratique assez simple que j’aime exercer, simple dans son rapport à l’autre.
Mais il faut admettre que parfois, certains patients souffrent de véritables
phobies quand ils arrivent au cabinet dentaire. Cela se manifeste par des
symptômes variés, visibles, allant de la peur tétanisant à l’agressivité, passant
par divers états émotionnels disons-le pathologiques, ou du moins invalidants
pour la personne. La relation est alors plus compliquée J’ai un cas d’une dame,
qui était venue, me voir l’année dernière, et qui était littéralement terrorisée. Elle
n’avait pas dormi depuis deux jours à l’idée de venir et son état dentaire n’était
pas bon.
Je l’ai écoutée, durant la première séance environ ½ heure, calibrant ses divers
états lorsqu’elle me racontait son histoire par rapport aux dents et aux dentistes,
reformulant, étant présent. Cela ne paraissait pas simple, je lui ai alors proposé
une séance d’hypnose, qu’elle accepta.

La séance suivante, je lui ai fais une technique hypnotique, que j’avais bien
révisée, mise au point par Olivier Lockyer et bien décrite dans son livre
« Hypnose » (la technique des phobies). La séance dura plus d’une heure, je lui
suggérais de rentrer chez elle, et lorsqu’elle serait prête à se faire soigner, elle
me rappelle. Ce qu’elle fit et au cours des séances suivantes j’ai pu réaliser les
soins.

8/ Hypnose et prescription médicamenteuse

Chaque fois que je réalise une prescription, qu’elle soit allopathique ou


homéopathique, j’en profite pour y intégrer des suggestions et des prescriptions
verbales, c’est l’accompagnement hypnotique de la prescription. Il permet de
diminuer les doses, et souvent lorsqu’il s’agit d’antalgiques, les patients ne les
prennent même pas.
Exemple : « Uniquement si la douleur n’avait pas cessé avant que ça se réveille
(la douleur a déjà cessé) vous pourrez envisager de prendre le médicament.
Dans le cas contraire, ne le prenez pas. Vous savez moins on en prend, mieux
on se porte (ce qui est le cas).
Ceci se fait bien sûr toujours en synchro avec la personne et prend au grand
maximum 5 minutes.

9/ Hypnose et chirurgie buccale :

Lors des interventions chirurgicales (extractions, implants..) entraînant des


suites opératoires, l’hypnose est aussi indiquée fortement :

• On l’utilise en préopératoire pour diminuer l’anxiété d’anticipation de la


personne, pour la rassurer
• Pendant l’intervention, un sujet en état de transe, salive moins, saigne
moins, s’endort plus facilement,
• Après l’intervention, le travail hypnotique diminue la réaction
inflammatoire et donc la douleur.
C’est une belle indication d’utilisation de l’inconscient à des fins de guérison.
10 / Autohypnose de chirurgien dentiste et de son entourage

Comme dans tous les métiers, les chirurgiens dentistes ont des journées qui
peuvent être éprouvantes par les différents aléas qu’ils rencontrent et par la
concentration que cela exige. Dans ce contexte, savoir s’accorder quelques
moments de récupération dans la journée est indispensable. C’est du moins ce
que j’éprouve.

Ces moments là sont très précieux. Ils permettent de se recentrer à nouveau et


d’être disponible pour les autres personnes que l’on va soigner dans la journée.
Par l’apprentissage de l’autohypnose, je m’accorde ces quelques moments de
récupération dans la journée et réalise ô combien ils me sont profitables. Ils
diminuent la fatigue, l’énervement que je peux avoir (contre qui ? allez savoir,)
améliore mon relationnel. Ceci n’est jamais acquis définitivement, c’est un
travail de chaque instant.

Durant ces moments de détente, je travaille soit en auto hypnose classique, en


me recentrant, avec une auto induction dit classique (exemple : souvenir
agréable, je revois une belle journée) ou alors j’expérimente un état de
disposition où je me sens relié au reste du monde à une sorte de grande
conscience universelle.

Dans tous les cas de figure, ces moments là sont véritablement énergisants.
Conclusion :

François Roustang nous dit que l’homme souffre de deux maux principaux :
l’étroitesse et la rigidité. J’en rajouterai un troisième : l’ennui.

Au cabinet dentaire comme dans la vie, chaque jour est désormais unique.

C’est une envie de tous les jours, d’expérimenter, d’élargir ma perception, ma


« perceptuel », ma compréhension, mon écoute, d’établir avec les patients une
véritable alliance thérapeutique.

Elargir sa conscience, assouplir son attitude, aimer ce que l’on fait doivent être
le moteur du cabinet.

Je remercie les personnes qui m’ont enseigné l’hypnose, celles qui me font
confiance chaque jour et celles qui ont bien voulu me lire.

Je terminerai par la citation de Nelson Mandela lors de son discours à


l’investiture présidentielle :
« Au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous
donnons inconsciemment aux autres la permission d’en faire de même ».
Bibliographie
L’hypnose aujourd’hui
Jean-Marc BENHAÏEM
Edition in Press

Hypnoses
Olivier LOCKERT
IFHE éditions

Evangile selon St Jean

La Recherche du message des Dauphins ou l’hypothèse Cétacés


Claude Trak
Edition Communiquerai

Métaphores et suggestions hypnotiques


D. Corydon Hammond
Edition Le Germe

Coré Gem2
Olivier Lochât
IFHE Edition

Qu’est-ce que l’hypnose ?


François Roustang
Les éditions de Minuit

Influence
François Roustang
Les Editions de Minuit

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