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AU
CABINET
DENTAIRE
Année 2006-2007
• Introduction
B / Cas cliniques
1. Hypnose et douleur
A/ La douleur aigüe (exemple : la pulpite)
B/ La douleur chronique
2. Hypnose et anesthésie.
• Conclusion
La liberté extérieure que nous atteindrons dépend du
degré de liberté intérieure que nous aurons acquis.
Si telle est la juste compréhension de la liberté, notre
effort principal doit être consacré à accomplir un
changement en nous même.
Mahatma Gandhi
Pour cet exposé, je ferai dans un premier temps la liste des éléments nécessaires
et des outils utilisés de manière simplifiée, et dans un deuxième temps les
différentes situations cliniques dans lesquelles je les utilise.
• 1/ l’écoute
Il s’agit là d’entendre ce que dit le patient c’est lui qui amène le problème et
aussi la solution.
• 2/ La confiance - l’intégrité
• 3 / L’éthique – le respect
Quoique le patient nous raconte, il s’agit de toujours respecter ce qu’il dit , sans
aucun jugement moral, savoir avoir cette neutralité bienveillante à son égard.
• 5 / La synchronisation
On respecte là une certaine distance et position par rapport au patient afin qu’il
se sente en parfaite sécurité, c’est le respect de sa sphère. Au cabinet dentaire,
nous sommes obligatoirement invasifs, il s’agira d’avoir une approche subtile du
patient, plus progressive et donc moins traumatisante.
Ces signes sont parfaitement discrets dans les livres cités en bibliographies.
• 9/ Le langage hypnotique
C’est un langage simple. Milton Erickson aimait à dire qu’il est le langage de
l’enfance, simple, beau, imaginatif. On l’adapte aussi en fonction de la personne
qu’est avec nous c’est un principe de congruence.
Rappelons : « au commencement était la Parole (le verbe) et la Parole était
auprès de Dieu, et la Parole était Dieu « … « Tout vint à l’existence par elle, et
sans elle absolument rien de ce qui existe ne vint à l’existence « « En elle était
la vie, et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière brille dans les
ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas comprise » (Evangile selon Jean).
En hypnose, plus spécifiquement, on utilise un langage qui permet à la personne
« d’agir » sans lui dire comment ni sur quoi, en étant artistiquement vague.
Dans ce langage hypnotique plus spécifique, on peut citer :
• Les métaphores
• Les suggestions (directes, indirectes, camouflées)
• La confusion
• La multiplication des négations
• Les liaisons
• Les truismes
• Les paradoxes
• La reformulation
• Les jeux de mots, lapsus, coq à l’âne
• Le saupoudrage
• Toutes les techniques d’induction
• Le doute…. Etc…
• 11/L’humour
Alphonse Allais écrivait : « Méfiez vous des gens qui ne rient pas, ceux ne sont
pas des gens sérieux «
• 12/ Le silence
• 13/ La provocation
Certaines personnes préfèrent aller droit au but, (« Bon allez docteur, qu’on en
finisse… ») alors que pour d’autres un dialogue et un échange plus long sont
indiqués.
Une fois de plus, on s’adaptera au cas par cas. L’hypnose sera dès lors associée
à la compétence professionnelle.
1 / Hypnose et douleur
La première question qui vient à l’esprit d’un patient, concernant son dentiste
est : « Est-ce que cela va faire mal ? », ou plus encore « est-ce qu’il fait mal ? »
L’enjeu concernant la douleur au cabinet dentaire est donc considérable. Il en va
du bien être des patients et aussi de la vitalité du cabinet. Le patient pourra nous
excuser beaucoup de choses, mais pas celui de souffrir au fauteuil et après la
séance. Dans ce cadre, l’hypnose se place en excellent médicament, pour
prévenir le mal et le guérir.
Aussi l’hypnose s’intègre parfaitement aux soins de tous les jours, de façon plus
ou moins consciente. Une partie de ce que j’ai intégré, n’étant plus consciente
totalement, et donc pas facile à expliquer.
- D’amplifier l'endormissement
- de préparer la séance
- de suggérer que tout va bien se passer pour la suite
- de continuer à avoir la confiance du patient, de rester en synchro, en lien avec
lui
- de réintégrer la dent (sortie de l'état de santé) à l'ensemble
- de travailler aussi de manière symbolique.
2/ Hypnose et anesthésie :
Dans la plupart des cas, pour un acte chirurgical ou un soin profond, j’utilise
l’anesthésie? J’ai eu une expérience, grâce à une patiente, qui me prouve qu’il
est possible de créer une anesthésie ou du moins une dissociation par rapport à la
douleur de l’intervention, sans injection.
Cette petite dame, âgée de 60 ans, magnétiseuse de son métier est venue me
trouver après mon premier stage d’hypnose, curieux hasard, m’expliquant
qu’elle ne tolérait absolument pas les anesthésies dentaires et qu’elle souhaitait
que je la soigne sans anesthésie.
Je l’ai crue, et nous programmâmes quelques séances au cours desquelles, nous
avons extrait huit racines dentaires, fortement ankylosées, l’acte chirurgical
nécessitant pour certaines de fraiser l’os. Cette dame s’est mise spontanément en
autohypnose et ce en quelques secondes. J’en étais assez surpris et à la fois très
heureux de voir que le pouvoir de l’esprit est illimité. Je remercie cette dame
d’être venue me voir. On peut se passer d’anesthésie pour les extractions
dentaires, là aussi l’indication et la motivation du patient sont importantes.
3/ Hypnose et soins courants
Pour les soins courants, souvent sans même parler, je remarque que dès que le
patient est sur le fauteuil dentaire il se met en autohypnose. En utilisant le
potentiel de chacun, en observant le patient, beaucoup de soins courants sont
beaucoup plus aisés à réaliser, de manière très simple, la capacité du patient à
élever son seuil de résistance à la douleur est augmentée.
Avec de jeunes enfants qui sucent encore leur pouce, au-delà de 5 ans, j’ai des
résultats étonnants.
Par l’hypnose conversationnelle en parfaite synchro, avec l’enfant, en utilisant
un langage simple, avec suggestions directes, indirectes, camouflées, beaucoup
d’enfants arrêtent le pouce le jour même. En le revoyant toujours quelques jours
plus tard.
La suggestion est par exemple : et lorsque tu auras totalement arrêté, viens me le
dire, ça me permettra de le savoir, tu comprends. D’ailleurs, depuis quand as-tu
arrêter? Depuis ce matin ? Ah génial, alors continue c’est simple tu vois, c’est
facile « t’arrêtes maintenant ». Certains n’arrêtent pas, et dans ces cas, les
parents semblent moins motivés que pour ceux qui réussissent, et vice-versa
mais pas toujours…
Certains patients, souffrent d’un réflexe nauséeux très important, dès qu’on leur
introduit ne serait ce que le miroir dentaire en bouche. Dans ces conditions les
soigner devient difficile. S’ils nécessitent, des soins importants, comme c’est le
cas pour ce monsieur de 50 ans, que j’ai soigné il y a quelques semaines,
pouvoir assumer une continuité de soins dans la séance n’est pas aisée. Aussi
lorsque nous avons commencé, je venais d’apprendre l’induction paradoxale de
Gaston Brosseur. « Ne rien faire » (bien décrite dans le livre « Hypnose
aujourd’hui » du Docteur Behaim).
En effet, ce patient assez anxieux, avait en plus besoin de tout contrôler et plus
il essayait de combattre son réflexe nauséeux, plus celui-ci s’aggravait.
Cela m’a permis de lui réaliser des soins et des prothèses, ou des empreintes
globales en bouche étaient demandées – on a réussi.
Ce monsieur fût satisfait, moi aussi, et la dernière phrase qu’il m’a dite est :
« Oh, mais vous savez, Docteur, ce reflexe je l’aurai toujours…. » Que voulez-
vous que je fasse, moi, son dentiste ? Rien…peut-être….
La séance suivante, je lui ai fais une technique hypnotique, que j’avais bien
révisée, mise au point par Olivier Lockyer et bien décrite dans son livre
« Hypnose » (la technique des phobies). La séance dura plus d’une heure, je lui
suggérais de rentrer chez elle, et lorsqu’elle serait prête à se faire soigner, elle
me rappelle. Ce qu’elle fit et au cours des séances suivantes j’ai pu réaliser les
soins.
Comme dans tous les métiers, les chirurgiens dentistes ont des journées qui
peuvent être éprouvantes par les différents aléas qu’ils rencontrent et par la
concentration que cela exige. Dans ce contexte, savoir s’accorder quelques
moments de récupération dans la journée est indispensable. C’est du moins ce
que j’éprouve.
Dans tous les cas de figure, ces moments là sont véritablement énergisants.
Conclusion :
François Roustang nous dit que l’homme souffre de deux maux principaux :
l’étroitesse et la rigidité. J’en rajouterai un troisième : l’ennui.
Au cabinet dentaire comme dans la vie, chaque jour est désormais unique.
Elargir sa conscience, assouplir son attitude, aimer ce que l’on fait doivent être
le moteur du cabinet.
Je remercie les personnes qui m’ont enseigné l’hypnose, celles qui me font
confiance chaque jour et celles qui ont bien voulu me lire.
Hypnoses
Olivier LOCKERT
IFHE éditions
Coré Gem2
Olivier Lochât
IFHE Edition
Influence
François Roustang
Les Editions de Minuit