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La grande histoire

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nés de Lestrade et illustrée

Il était une fois un roi qui avait un grand château,


une baignoire à bulles, une pièce remplie de bonbons
BIBLIOTHEQUE DE MARVEJOLS
des serviteurs pour lui couper les ongles des pieds,
P-007241 8092 pour le moucher ou lui dire qu'il était beau...
mais il n'avait pas d'ami.
Un matin, le roi hurla :
« Je veux un ami ! Tout de suite ! Maintenant ! »
Aussitôt, ses serviteurs coururent
dans toutes les directions pour lui trouver un ami.
L'un revint plus vite que les autres
avec un enfant, et il dit au roi :
« Majesté, voici votre ami. »
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« Qui es-tu, demanda le roi, »

et comment t'appelles-tu ? »
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« Je suis berger et je m'appelle Vasco. »
« Et... tu veux bien être mon ami ? »
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interrogea le roi. 7
« Oui, Votre Majesté, mais pas longtemps,
car je dois retourner garder mes moutons. »
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Comme Vasco était très maigre,
le roi, pour plaire à son nouvel ami,
lui fit apporter un sanglier rôti
et trois éclairs au chocolat. __
Après avoir englouti ce festin,
Vasco ferma les yeux et s'endormit. m
Le roi le fit porter dans la plus grande chambre
au lit moelleux comme
_ une plume d'oie.
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Le lendemain matin, le roi convoqua Vasco.
« Puisque tu es mon ami, dit-il, tu dois m'aimer
Alors, dis-moi pourquoi tu m'aimes ! »
Vasco répondit : « Je t'aime, Majesté,
parce que tu m'as bien nourri
et que j'ai bien dormi. »
« Et c'est tout ? » demanda le roi.
« Oui, c'est tout », répondit Vasco.

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Pour plaire à son nouvel ami,


e roi ordonna qu'on donne à Vasco
un poney, deux toboggans, sept balançoires '
et un bassin avec des grenouilles.
Il fit livrer une tonne de bonbons au pied de son
Il lui offrit même un petit chien. V
Le lendemain, le roi vint voir Vasco.
« Puisque tu es mon ami, dit-il,
dis-moi pourquoi tu m'aimes ! »
Vasco répondit : « Je t'aime, Majesté,
parce que tu m'as offert des toboggans,
un poney et même un petit chien ! »
« Et c'est tout ? » demanda le roi, décu.
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« Oui, c'est tout », dit Vasco.


Alors, le roi dit tristement : « Je t'ai tout donné
et j'ai quand même l'impression
que tu n'es pas mon ami pour autant.
Si c'est comme ça, tu peux rentrer chez toi ! »
«Justement, répondit Vasco,
mes moutons m'attendent et je dois les retrouver
Tu veux bien me ramener sur ma colline ? »
Aussitôt, le roi fit atteler son carrosse
et ils commencèrent à grimper la colline.
En haut, il y avait du brouillard,
et comme le roi ne voyait pas les moutons,
il les appela : « Moutons ! Moutons !
Où êtes-vous ? Le roi vous ordonne
de vous montrer sur le champ ! »
L'enfant éclata de rire :
« Un mouton, ça n'obéit pas ! Même au roi !
« Ca oar exemple ! » s'étonna le roi.
Enfin, ils finirent par fabriquer une cabane
de bric et de broc et ils s'y cachèrent.
Pendant trois jours, Vasco et le roi attendirent
« Pour retrouver les moutons,
que les moutons se montrent. Le roi avait froid, il avait faim
il faut attendre, reprit Vasco, Vasco lui montra comment faire du feu,
et se cacher dans une cabane
cuire des orties et manger des baies acides :
pour ne pas les effrayer. » « Mmmm, ch'est prechke auchi délichieux qu'au château »
Vasco commença à ramasser dit le roi la bouche remplie d'orties. Et Vasco éclata de rire
des branches et des feuillages.

En l'aidant,
s'égratigna, se piqua
et dit tout un tas
très vilains gros mots.
Le quatrième jour,
ils entendirent enfin des bêlements.
Les moutons étaient là.
Vasco alla vers eux et les rassembla.
Puis il se jeta au cou du roi : U
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«Oh mon roi, dit-il, je t'aime ! »
Alors, le roi demanda timidement :
« Pourquoi m'aimes-tu ? »
« Je t'aime, répondit l'enfant,
euh... je ne sais pas, moi ! y
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Je t'aime parce que je suis bien avec toi
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Le roi serra Vasco dans ses bras, puis il déclara :
« Maintenant, on rentre au château. »
« Non, dit Vasco, je dois garder mes moutons. »
« Mais... dit le roi, je paierai quelqu'un
qui les surveillera à ta place. »
« Non, Majesté ! protesta Vasco.
Je suis berger et j'aime mes moutons. »
Une larme coula sur la joue du roi
que Vasco essuya.
« Tu viendras me voir, proposa l'enfant.
On mangera des orties,
je t'apprendrai à faire du fromage... »
« Du fromage ?! s'exclama le roi.
N'exagérons pas, je suis le roi quand même ! »

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20
Et le rire de Vasco retentit sur la colline.
Le roi l'embrassa encore une fois,
puis il dégringola la pente
IS le cœur léger comme une plume d'oie.
\
Fin

& BP

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