Que voit-on lorsqu’on regarde un tableau ? c’est peut-être le titre du livre du livre de D.

Arasse qui
donne un élément de réponse à la question : « on y voit rien » .Ce que l’on voit lorsque l’on regarde
un tableau n’est pas uniquement de l’ordre de la perception mais de l’ordre de la lecture , on y voit
rien si on ne parvient pas à déchiffrer les signes qui y sont disposés dans un certain ordre qui n’est
pas celui de la succession temporelle du récit . « Le tableau précède la lecture qui le constitue » écrit
notre auteur à propos de la formule énigmatique employée par Poussin dans sa lettre à Chanteloup :
« lisez l’histoire et le tableau ».Cette formule exprime le fait qu’il n’y a pas de récit pictural à
proprement parlé , la temporalité picturale est d’un autre ordre que celui du récit et de l’histoire qui
y sont transposéés. Que fait notre œil lorsqu’il pose son regard sur un tableau ou qu’il le
« considère » comme l’écrit Poussin. Il y a en effet une sidération du regard qui balaie d’abord
indistinctement toute la surface du tableau dont l’unité nous empêche dans un premier temps de
nous attarder précisément sur une des parties qui les composent car l’unité de sa représentation est
aussi temporelle : elle saisit et condense en un instant tous les événements qui en constitue le récit,
lire l’histoire ce n’est pas lire le tableau