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Carlo
Michelstaedter
Traduit de l’italien par Marilène Raiola et Tatiana Cescutti.
L’éclat/poche, éditions de l’éclat, 2015, 471 p., 12 €
Claude Rabant
Dans Che Vuoi ? 2015/1 (HS1), pages 230 à 234
Éditions Le Cercle freudien
ISSN 0994-2424
DOI 10.3917/chev1.hs01.0230
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malhonnêteté – mais la rhétorique αναγκαζει με ταυτα δραν
βια2 – ou, en d’autres termes, si quelqu’un a mordu dans une
sorbe perfide, il faut bien qu’il la recrache3. » En ce sens, la
persuasion peut se définir comme un « combat implacable »
contre Aristote, prince de la rhétorique. Et la rhétorique, c’est
cette « sorbe perfide » qu’il faut recracher. En regard, ce que
Carlo Michelstaedter nomme « persuasion » désigne le fait de
« prendre possession du bien, de sa propre âme, être égal à soi-
même (être persuadé)4… » Dès lors, s’appropriant, comme le
fera Freud, la devise de la Ligue hanséatique, il peut s’écrier :
« [être persuadé] est nécessaire ; vivre n’est pas nécessaire5 ! »
Ainsi l’ouvrage entier peut-il être considéré comme une per-
suasion de soi-même, contre la nécessité de vivre : contre le
« il faut bien vivre – Dei eme zhn ». Car, il le répète, ce qui fait
obstacle à cette persuasion, et donc à notre vie même, à son
intensité, c’est la peur de la mort. Car la vie est comme sans
cesse insuffisante à elle-même, la vie est toujours en manque
d’elle-même. « Un poids pend à un crochet et parce qu’il pend
il souffre de ne pouvoir descendre (…) et en tant qu’il pend il
est dépendant. Nous voulons le satisfaire : nous le délivrons
de sa dépendance. […] Mais s’arrêter ne le contente en aucun
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La persuasion et la rhétorique
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– toujours les mêmes formes : la stabilité de l’instable : c’est la
porte ouverte à l’infinie rhétorique philosophique21. »
« Jeux de la rive avec l’onde », dira Lacan, répétition indéfinie
du malaise dans la civilisation (Freud), ou dérive de la société
du spectacle (Guy Debord)…
Claude Rabant
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