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Le Rite Écossais Rectifié, illustre et méconnu

Roger Dachez
Dans La chaîne d'union 2008/3 (N° 45),
45) pages 34 à 45
Éditions Grand Orient de France
ISSN 0292-8000
DOI 10.3917/cdu.045.0034
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Bref d'Écossais de Saint-André,


début du XXème siècle
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ROGER DACHEZ

PP
PAR

n Plus de 50 loges du Grand Orient de France et au moins 1500 frères


pratiquent le Rite Ecossais Rectifié. Il y en a 6 à la Grande Loge Féminine de
France, 10 à la Loge Nationale Française. Mais c'est à la G∴L∴N∴F∴(Grande
Loge Nationale Française), qui avait été créée pour l'accueillir, que le R∴E∴R∴
a le plus d'adeptes. Preuve que ce rite est actif et attire. Il s'agit d'un rite chrétien,
réaffirme Roger Dachez, ce qui, en France, suscite des incompréhensions que ● 35
justement son article s'attache à lever.
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AUX SOURCES DE LA MAÇONNERIE LYONNAISE

Le Rite Écossais Rectifié (R∴E∴R∴), malgré sa réputation d’in-


clination à la mystique – pour reprendre l’adjectif, au demeurant discutable,
qui lui fut appliqué par l’un de ses plus éminents historiens, René Le Fo-
restier1 – n’a pas échappé, tout au long de son histoire, aux drames et aux
déchirements d’une institution trop humaine.
Son origine est du reste à rechercher dans ce qui fut, dès la fin
des années 1740, l’une des terres d’élection – et de prédilection – de la
franc-maçonnerie : Lyon, carrefour du négoce, lieu de transit et d’échanges,
qui devint en quelques années l’un des centres maçonniques les plus actifs.
C’est ainsi que, dès 1760, se forme une Grande Loge des Maîtres Réguliers
de Lyon, laquelle accorde presque aussitôt des patentes à de nouvelles loges
lyonnaises qui se placent sous son autorité directe, sans omettre toutefois
une référence obligée, mais presque ironique, à celle qu’elle nomme alors
elle-même « La Grande Loge de Paris ditte [sic] de France » !...2
1. René Le Forestier, La franc-maçonnerie illuministe et mystique au XVIIIème et XIXème siècle (2 vol.), Paris, 1970.
L’étude de ce livre, qui requiert un peu de courage, est indispensable à quiconque veut connaître de façon
sérieuse l’histoire mouvementée du RER.
2. Sur cette question, on peut toujours consulter avec profit Albert Ladret, Le grand siècle de la franc-maçonnerie,
la franc-maçonnerie lyonnaise au XVIII ème siècle, Paris, 1976, et naturellement la mise au point récente et sûre
d’André Combes et Michel Chomarat, Histoire de la franc-maçonnerie à Lyon des origines à nos jours, Lyon, 2005.

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Dès cette époque, quelques personnalités émergent du milieu
maçonnique lyonnais et, pour certaines d’entre elles, vont le dominer jusqu’à
la Révolution. Parmi ces hommes d’exception, il convient évidemment de
citer en premier lieu Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) dont la vie
s’identifie pour une grande part à l’histoire même du R∴E∴R∴, dans ses
jours fastes comme dans ses moments plus difficiles. Le lieu n’est pas
ici d’en reprendre tous les détails, mais il faut cependant en rappeler les
quelques traits qui éclairent l’histoire du R∴E∴R∴.3 L’esprit de ce Rite
n’est en effet pas séparable de ses sources historiques.

LE RÔLE DÉTERMINANT DE JEAN-BAPTISTE WILLERMOZ

Né dans la petite bourgeoise marchande de Lyon, au sein d’une


famille d’artisans merciers venue de Franche-Comté, le jeune Jean-Baptiste,
après avoir reçu une solide éduca-
tion chez les Jésuites du Collège de
la Trinité, fut mis en apprentissage
vers l’âge de douze ans. Il put gravir,
à force de talent et de travail, mais
aussi grâce à son intelligence et à son
sens du négoce, tous les échelons
36 ●
de la profession pour s’établir enfin
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comme « maître-fabriquant », ce qui
lui conférait une position enviable
dans le monde prospère mais âpre
des soyeux lyonnais. Il put ainsi se
consacrer, sa vie durant, à ce que l’un
de ses compagnons dans la « carrière
spirituelle », Louis-Claude de Saint-
Martin (1750-1803)4, appellera lui-
même la « Grande Affaire ».
L’engagement maçonnique a
en effet dominé la vie de Willermoz. Il
confiera en 1781 qu’il avait été « per-
suadé dès son entrée dans l’Ordre que la Maçonnerie voilait des vérités rares Jean-Baptiste Willermoz
et importantes et cette opinion devint [sa] boussole ». En 1750, il est fait
franc-maçon et, trois ans plus tard, il fonde une loge dont il sera le Vénérable
pendant huit ans. En avril 1760, il est l’un des principaux fondateurs de la
Grande Loge des Maîtres Réguliers de Lyon : président de cette Grande Loge
3. Malgré un agaçant parti-pris de l’auteur, qui traite volontiers son sujet sur le ton du sarcasme ou de l’ironie
mordante, rappelons que la seule référence disponible à ce jour sur la vie de Willermoz reste l’ouvrage extrêmement
riche, soigneux et documenté d’Alice Joly, Un mystique lyonnais et les secrets de la franc-maçonnerie, Mâcon,
1938, reprint Paris, 1986.
4 La meilleure synthèse sur ce personnage, dans la littérature récente, est sans contexte l'ouvrage de Nicole
Jacques-Lefèvre, Louis-Claude de Saint-Martin, le Philosophe Inconnu, Paris, 2003.

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régionale en 1762, il en deviendra Garde des Sceaux et Archives en 1763
et exercera officiellement cette fonction jusqu’à la fin de 1774. Au cours de
toutes ces années, rien ou presque ne se fit sans lui. Secrétaire impeccable,
archiviste soigneux et organisateur hors pair, il cumulera d’emblée les fonc-
tions les plus stratégiques
Willermoz fut avant tout un praticien passionné de la maçonnerie.
Ses archives, dont seule un partie nous est parvenue, abonde en rituels de
toutes sortes et ne donnent cependant qu’une faible idée des connaissances
maçonniques qu’il avait pu acquérir : dans une correspondance qu’il échange
avec Meunier de Précourt en 1761, il se montre ainsi capable de disserter
avec son savant collègue de Metz à propos des vingt-deux hauts grades qu’il
possède et dont plus de six sont inconnus de son correspondant ! Au milieu
de la décennie 1760, Willermoz était sans doute revêtu de tous les grades
et de toutes les dignités que la maçonnerie de son temps pouvait conférer.
Cependant, en 1784, il confiera devant l’assemblée de ses
frères : « Ma propre expérience m’a appris qu’on peut être ancien Maçon
sans connoître beaucoup la Maçonnerie, puisque j’avais été Maçon pendant
18 ans [i.e. de c.1750 à c.1768], j’avais présidé un Loge nombreuse et
très-régulière dans ses travaux, et j’avais accumulé au moins 60 grades
maçonniques, même assez rares et précieux dans différens système, avant
de connoître le premier mot de la Maçonnerie essentielle [...] ».
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Non content de collectionner les grades et les dignités, Willermoz
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avait passé de longues années à réfléchir sur leur contenu. Au terme de
presque vingt années de cette recherche intense, il avait, selon ses propres
termes, abouti à une sorte d’impasse. C’est de cette déception qu’allait
naître, par des voies imprévues, le R∴E∴R∴.

LA VOIE THÉURGIQUE

Il semble que, vers la fin des années 1760, un certain désarroi te-
naillait Willermoz : du reste, il s’éloigne alors de la Grande Loge des Maîtres
Réguliers et considère, sans doute avec amertume quoique sans surprise, les
déconvenues de la Grande de Loge de Paris, alors ravagée par les conflits
de personnes et de clans, et dont les travaux seront finalement interrompus
en janvier 1767, « par ordres du Gouvernement ». Il est également probable
que ce catholique fervent et fidèle – quoique d’une orthodoxie très librement
interprétée – ait finalement peu goûté une maçonnerie française trop super-
ficielle à son gré, exagérément festive, en un mot : éloignée de l’essentiel.
L’année 1767 fut ainsi, pour lui, l’année sans pareille où quelque
chose se produisit et donna à sa quête un cours entièrement nouveau. Cet
événement refondateur fut une rencontre : celle de Martinès de Pasqually ( ?-
1774). Personnage énigmatique et insaisissable, mystérieux et déconcertant,
venu d’on ne sait où et qui devait mourir dans des circonstances en partie

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obscures, il a suscité toutes sortes de jugements.5 Toujours est-il qu’en
l’espace de peu d’années, il devint le maître spirituel d’un groupe de
disciples fervents – qu’il nommait ses « Émules » – auxquels il distillait un
enseignement ésotérique de type midrashique, glosant à partir d’une trame
biblique sur l’origine et la destination de l’homme et de l’univers, mais surtout
à qui il proposait une voie directe d’accès à Dieu et à ses envoyés : la théurgie.
De ce monde étrange et quelque peu déroutant devaient émerger
deux corpus : l’un est constitué par l’ensemble touffu et souvent peu com-
préhensible des cahiers de grades, catéchismes et « rituels d’opérations »
qui tissaient la vie intérieure de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns
de l’Univers, dont la base et l’apparence étaient maçonniques mais qui
s’épanouissait en fait dans la magie cérémonielle : Willermoz en appliquera
consciencieusement les consignes mais, bien qu’ayant atteint à la plus haute
marche de l’Ordre, celle du Réau-Croix, il échouera durablement à percevoir
les signes sensibles, visuels et auditifs qui devaient témoigner de la présence
des envoyés divins ; l’autre corpus est représenté par un livre, au demeurant
jamais terminé, que Louis-Claude de Saint-Martin, devenu le secrétaire par-
ticulier de Martinès, aidera son maître à composer dans les toutes dernières
années de sa présence en France : le Traité de la Réintégration des Etres.6
Las ! En 1774, le maître fantasque, appelé par la nécessité de
toucher un héritage au-delà des mers, s’embarque pour Saint-Domingue. Il y
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mourra deux ans plus tard, laissant un Ordre moribond, des disciples aban-
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donnés et une œuvre contradictoire, incohérente et d’ailleurs inachevée...
Cet apparent échec fut en réalité le premier pas vers la réalisation
finale du grand dessein de Willermoz : au lieu de s’enliser dans la voie sans
issue des rituels magiques où les aurait maintenus Martinès, les Émules
retinrent de leur maître la fascinante doctrine théosophique du Traité et la
conservèrent en attendant des jours meilleurs.

UNE AVENTURE TEMPLIÈRE

À peu près à la même époque, Willermoz et ses amis, au terme d’un


intermède de presque cinq années, avaient repris leur quête maçonnique. Ils
entrèrent en contact, grâce à leurs relations strasbourgeoises – qui étaient
aussi des intermédiaires commerciaux avec l’Allemagne –, avec les émissaires
d’un système maçonnique nouveau, répandu dans les pays germaniques
depuis alors quelques années : la Stricte Observance Templière (SOT).
Le thème templier n’était pas nouveau en maçonnerie : depuis au
moins 1750 environ, plusieurs grades lui avaient été consacrés. En 1760, on

5. On peut s'en former quelque idée en consultant notamment les longs passages que lui consacrent aussi bien Le
Forestier, op. cit., que Joly, op. cit., mais aussi en relisant le toujours intéressant ouvrage de Gerard van Rijnberk,
Un thaumaturge au XVIIIe, Martinès de Pasqually, Lyon, 1935-1938 (reprint, Plan-de-la-Tour, 1980).
6. La plus récente version disponible, intitulée Traité sur la Réintégration des Êtres et pourvue d'un exceptionnel
appareil critique de Robert Amadou, a été publiée par la Diffusion rosicrucienne, Le Tremblay, 1995.

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sait que Willermoz lui-même connaissait déjà le « Chevalier Grand Inspecteur
Grand Elû » que l’on peut simplement décrire comme une forme ancienne
du grade de Kadosh. Mais cette fois, il s’agissait de tout autre chose. Ce
que proposaient les hobereaux allemands qui peuplaient et gouvernaient
la SOT, c’était tout un système chevaleresque, une organisation rigoureuse
en Commanderies, Préfectures et Prieurés, une discipline et un cérémonial
de haute tenue, emprunté aux plus anciennes traditions chevaleresques de
l’Europe. Tout laisse à penser que les Strasbourgeois luthériens autant que
les Lyonnais, catholiques mais également épris d’ordre et de rigueur, furent
séduits par ce système qui tranchait tellement sur le joyeux chaos de la
maçonnerie française de l’époque.7

Le Code Général
Willermoz tenta l'impossible : faire admettre en France
des Règlements de l'Ordre une Franc-maçonnerie d'essence templière alors que l'Ordre
des Chevaliers Bienfaisants de
la Cité Sainte adopté
avait été abattu par le Pape et le roi de France
au Convent de Lyon
en novembre 1778.
(Achives de Bourgogne La province de Bourgogne ayant été rétablie en 1773 à Strasbourg,
à Zurich) celle d’Auvergne fut « réveillée » à Lyon en 1774 et Willermoz en devint
aussitôt l’un des dignitaires les plus actifs.
Pendant quelques années, du Convent national
des Gaules tenu à Lyon en 1778 au Convent général
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convoqué à Wilhelmsbad en 1782, Willermoz va
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tenter de réaliser l’impossible : faire admettre
en France un système maçonnique d’essence
templière, alors que l’Ordre du Temple avait été
abattu par le Pape et le Roi de France – en gommant
cette dernière caractéristique au profit d’une vision
plus large de la chevalerie : assurer l’ancrage dudit
système dans le paysage maçonnique français – en
concluant dès 1776 un accord avec le Grand Orient
de France ; préserver enfin l’essentiel que nul d’entre
ses amis n’avait oublié, à savoir l’enseignement
secret tiré du Traité de la réintégration, finalement
élevé au rang de doctrine suprême de l’initiation
maçonnique – en créant vers 1778 les deux classes
secrètes de la Profession et de la Grande Profession,
essentiellement destinées à cette transmission.
Lorsque s’acheva, à l’été 1782, le Convent
de Wilhelmsbad, Willermoz pouvait considérer,
à l’automne de sa vie8, que son but était atteint :
7. Les francs-maçons français en sortaient à peine avec la formation du Grand Orient de France, définitivement
établi en 1773.
8. Il ne soupçonnait pas, à cinquante ans passés, âge déjà respectable pour son temps, qu'il lui restait encore
quarante années à vivre !

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une organisation maçonnique théoriquement étendue à l’Europe entière
avait, pour l’essentiel, admis ses thèses, ses rituels, sa doctrine. Cependant,
il n’en fut rien. En quelques années, les spécificités nationales reprirent
leurs droits et, à l’approche de la Révolution qui devait bouleverser l’Europe
elle-même, le R∴E∴R∴s’étiola.
Sous l’Empire, Willermoz vieillissant était devenu le vénérable
patriarche d’un empire désert. Une fragile renaissance eut lieu à partir de
1808, mais elle ne produisit rien de durable.
Au milieu du XIXème siècle, reclus en Suisse par les hasards de
l’histoire, le R∴E∴R∴ avait disparu de France9. Le nom même de Willermoz
fut peu à peu oublié et ses archives perdues : on ne devait les retrouver,
et leur créateur avec elles, qu’à la fin du siècle et dans le premier tiers du
suivant.10

PERIT UT VIVAT : LA RENAISSANCE DU PHÉNIX

On a maintes fois raconté comment, entre 1910 et 1913, des frères


du Grand Orient de France, soucieux de créer « un foyer maçonnique qu’ils
entendaient soustraire à toute influence politique »11, imaginèrent de le faire
en réveillant le Régime Rectifié, qualifié par eux de « Rite templier », dont
ils avaient eu connaissance par leurs contacts suisses. On sait aussi dans
40 ●
quelles circonstances, malgré les coupes sombres opérées dans les rituels
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et les remaniements du texte qui en amoindrissaient considérablement le
caractère « spiritualiste », ces frères, confrontés à des obstacles persistants,
ne virent finalement d’autre issue pour eux que de quitter l’Obédience
et d’en fonder une nouvelle, aussitôt reconnue par la Grande Loge Unie
d’Angleterre : la Grande Loge nationale indépendante et régulière pour la
France et les Colonies françaises, ancêtre de la GLNF.
Autour de la loge Le Centre des Amis n°1, eut donc lieu « le réveil
du Phénix » – un symbole majeur du R∴E∴R∴. Le lieu n’est pas ici de
raconter l’histoire des scissions et des retrouvailles plus ou moins durables
qui émaillèrent, au cours du XXème siècle, l’histoire obédientielle du R∴E∴
R∴ en France.12 Il paraît en revanche plus important d’insister sur un aspect
particulier de cette renaissance moderne du Rite.
Lorsque le R∴E∴R∴ fut réveillé en France, ce fut moins pour lui-
même que pour des motifs de circonstance, liés à l’état du paysage maçonnique

9. A l'exception toute relative d'une loge de Besançon qui put maintenir, plus symboliquement que réellement, une
fragile lumière rectifiée.
10. Voir sur cette question l'article de Henry Joly, « Les archives maçonniques de Jean-Baptiste Willermoz à la
Bibliothèque municipale de Lyon », BBF 1956 - Paris, t. 1, n° 06, et aussi la remarquable préface de Robert
Amadou à Steel-Maret, Archives secrètes de la franc-maçonnerie, Lyon, 1893, reprint Paris, 1985.
11. Camille Savoire, Regards sur les temples de la franc-maçonnerie, Paris, 1935.
12. On pourra lire une synthèse objective et documentée sur ce sujet dans l'article de l'Eques a Voluntate Cordeque
[Bernard Dat], « Naissance et développement des Directoires indépendants du 4e grade du R. E. R. », Renaissance
Traditionnelle, n°115-116 (1998), 163-200.

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français de l’époque et aux enjeux des positionnements obédientiels. L’une
des conséquences de cette situation fut que les « refondateurs », en dépit de
la sincérité vraisemblable de leur démarche, ne connaissaient à peu près rien
des sources historiques et surtout doctrinales de ce rite. D’où les contresens
et les équivoques graves qui n’ont cessé d’en marquer le développement au
fil des années qui suivirent13 : quant à la réalité de son origine templière
présumée, par exemple, mais aussi quant à la nature de ses relations avec le
christianisme – sujet sensible parmi tous – et sans parler encore de la place
du martinésisme, une question à peu près incompréhensible pour la plupart
des acteurs du rite jusqu’à il y a une quarantaine d’années environ.
Les rituels même étaient naturellement empruntés aux Suisses et
avaient subi, sous l’influence du protestantisme libéral helvétique et de la
culture suisse du compromis pacifique, des amendements notables au cours
du XIXème siècle, ce qu’ignoraient les pionniers modernes du R∴E∴R∴ et
dont ils ne se seraient sans doute guère souciés.

Une renaissance inattendue au XXème siècle, due


à des passionnés comme René Guilly et Jean Baylot

Le tournant majeur fut opéré à partir des années soixante. On peut


notamment citer la redécouverte, en 1966, séparément mais presque en
● 41
même temps, du manuscrit original du rituel de Maître Écossais de Saint
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André, par René Guilly et Jean Feuillet. En 1970, l’ouvrage fondamental de
Le Forestier, demeuré inédit, était enfin publié avec une importante préface
d’Antoine Faivre14, mettant à la disposition de tous une vaste documentation
sur les sources du R∴E∴R∴. Au cours des années 70, des chercheurs,
au premier rang desquels René Guilly encore, mais aussi Jean Baylot, vont
découvrir dans le fonds Willermoz de Lyon et dans quelques autres fonds
publics, puis inventorier et publier, des rituels rectifiés du XVIIIème siècle.
Les pièces de ce puzzle se sont ainsi mises en place peu à peu, autorisant
en 1989 la publication d’un important travail sur la généalogie des rituels du
R∴E∴R∴ pour les grades symboliques entre 1775 et 1809.15
Parallèlement, Robert Amadou, grâce à ses nombreuses études sur
Saint Martin et sur Martinès, allait contribuer puissamment à rendre cet autre
aspect de la tradition rectifiée, sinon plus simple d’accès, du moins plus
aisément compréhensible par quiconque veut s’en donner la peine. Signalons
seulement, dans une bibliographie surabondante, la publication en 1974 du
Traité de la Réintégration (édition dite « du Bicentenaire ») avec un appareil
critique de tout premier ordre, et en 1999 encore, Les Leçons de Lyon aux
Elus Coëns, un cours de martinisme au XVIIIe siècle, par Louis-Claude de
13. Et qui expliquent en grande partie son émiettement permanent tout au long de cette période.
14 Une introduction plus discutable du regrettable Alec Mellor.
15. René Désaguliers et Roger Dachez, « Essai sur la chronologie des rituels du Régime Ecossais Rectifié pour les
grades symboliques jusqu’en 1809 », Renaissance traditionnelle, n° 80, 1989, 286-316 et n° 81, 1990, 1-56;

LA CHAÎNE D’UNION n°45 ● Juillet 2008


Saint-Martin, Jean-Jacques Du Roy d’Hauterive et Jean-Baptiste Willermoz.16
Jamais les maçons du R∴E∴R∴ n’ont disposé à ce point de
sources dignes de foi et d’un accès facile sur les fondements de leur rite.
Jamais non plus ce rite, souvent si mal connu par ses adeptes mêmes, n’en
a comptés de si nombreux au cours de son histoire.

LE R∴E∴R∴ EN 2008 : ÉTAT DES LIEUX

En 2008, le R∴E∴R∴ est toujours pratiqué dans l’obédience qui


a été créée pour l’accueillir en 1913 : la Grande Loge nationale française
(GLNF). Cette obédience compte environ 180 loges rectifiées et à peu près
4000 maçons y pratiquent ce rite.
Il l’est aussi au Grand Orient de France d’où il n’a jamais disparu,
bien au contraire : le G∴O∴D∴F∴ a plus de 50 loges et au moins 1500
Frères pratiquant le R∴E∴R∴.
La Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra (G∴L∴T∴S∴
O∴), créée en 1958 à partir de la G∴L∴N∴F∴, justement par des Frères
désireux de préserver l’héritage rectifié selon eux mis en péril par l’Obédience
régulière, comprend un peu plus de 130 loges rectifiées au sein desquelles
on peut compter environ 3000 Frères.
La Loge nationale française (L∴N∴F∴), fondée en 1968 par trois
42 ●
loges issues de la G∴L∴T∴S∴O∴, affiche à ce jour 10 loges rectifiées sur
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son tableau.
La Grande Loge féminine de France (G∴L∴F∴F∴) pratique le
R∴E∴R∴ dans ses grades bleus depuis déjà une trentaine d’années. On y
trouve 6 loges se rattachant à ce rite.
Il faut aussi mentionner l’existence à la Grande Loge de France
de 6 loges rectifiées. Héritage lointain de la Grande Loge Rectifiée de
France, qui vint en 1938 fusionner avec la Grande Loge de France, ces loges
rectifiées, par décision de la G∴L∴D∴F∴, seront les seules et les dernières
de leur sorte dans l’Obédience, la création et l’essaimage de nouvelles loges
rectifiées n’y étant plus autorisés.
Une filière rectifiée a été récemment créée au sein de la Grande
Loge mixte de France (G∴L∴M∴F∴). Elle y demeure encore pour l’instant
d’importance très restreinte.
Toutes ces obédiences symboliques sont en relation avec des
organismes gérant les hauts grades et l’Ordre Intérieur du Régime : Maître
Écossais de Saint André, puis les deux classes d’Écuyer Novice et de
Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte.
A la G∴L∴N∴F∴, il s’agit du Grand Prieuré Rectifié de France.
Au Grand Orient, ce rôle est dévolu au Directoire Écossais ou Grand Prieuré

16. Dont une première édition avait été procurée vingt-cinq ans plus tôt par Antoine Faivre, sous le titre Les
Conférences des Elus Cohens de Lyon, Braine-le-Comte, 1975.

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Indépendant de France. A la G∴L∴T∴S∴O∴, une Province d’Auvergne
comprend plusieurs Grands Prieurés. La L∴N∴F∴ travaille en relation
avec les Grands Prieurés Unis des Trois Provinces. La G∴L∴F∴F∴ vient de
constituer son Grand Prieuré Féminin de France.
Il faut enfin signaler deux structures particulières. Elles reproduisent
et maintiennent un schéma emprunté aux origines du Régime qui, à son
époque fondatrice, ne séparait pas complètement les loges bleues et les
hauts grades. Ainsi, le Grand Prieuré des Gaules – qui ne pratique pas que le
R∴E∴R∴ – régit à la fois des loges bleues et un Ordre Intérieur. Il en va de
même pour le Grand Prieuré Écossais Réformé et Rectifié d’Occitanie. Ces
deux organismes rassemblent chacun quelques centaines de Frères.

SYMBOLISME, ÉTHIQUE ET SPIRITUALITÉ RECTIFIÉE

Le R∴E∴R∴, aujourd’hui si vivant en France – mais également


si divers, du fait même de cette histoire – a-t-il trouvé, sinon son unité
institutionnelle du moins sa cohérence morale et spirituelle ? Pour le dire
autrement, qu’est-ce qui peut, de nos jours, tout à la fois rapprocher les
maçons rectifiés et les singulariser par rapport aux frères et au sœurs des
autres rites ?
Il n’est d’autre voie, semble-t-il, pour tenter de répondre à cette
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ultime question, que de revenir à l’inventaire de ses sources historiques…
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Plongeant ses racines dans la profondeur même de la plus ancienne
tradition maçonnique française, le R∴E∴R∴ est d’abord, au sens plein du
terme, une démarche maçonnique. Il peut semble curieux d’avoir à le dire,
mais il n’est pourtant pas inutile de le répéter. Son compagnonnage historique
avec la théurgie martinésiste, le manque d’information ou l’incompréhension
de certains de ses membres – ou de ses détracteurs – et plus encore, disons-
le sans ambages, la mauvaise foi de ceux qui, ne supportant pas une
maçonnerie qui proclame l’initiation et le travail sur soi comme le premier
objectif maçonnique – mais sans doute pas le seul –, toutes ces équivoques
et parfois ces malveillances ont nui à l’image du R∴E∴R∴. La réponse n’est
point dans la polémique, qui ne sied ni à la maçonnerie en général ni au
R∴E∴R∴ en particulier, mais dans l’invitation au voyage…
En parcourant ses rituels ou en assistant aux tenues de ses loges,
on réalise assez vite l’exigence éthique et spirituelle du R∴E∴R∴ : dès son
premier grade, qui fait de chaque candidat un « Cherchant, un Persévérant
et un Souffrant », ou encore au deuxième, qui l’invite par un impérieux rituel
« à se voir tel qu’il est », pour ne s’en tenir qu’à ces préliminaires. À la
fin du XVIIIème siècle, il représentait déjà un courant maçonnique hostile
à la dérive purement conviviale et festive d’une maçonnerie qui oubliait
de travailler en profondeur ; au début du XXème, on l’a rappelé, il fut le
premier à revendiquer cette orientation, sans pour autant dénier à d’autres

LA CHAÎNE D’UNION n°45 ● Juillet 2008


le droit de vivre une maçonnerie différente. Le R∴E∴R∴ a, de la sorte, bien
gagné sa place dans le concert maçonnique : concert polyphonique et de
préférence non monocorde, harmonique, et si possible pas trop dissonant…

ON NE FAIT PAS TOURNER LES TABLES


DANS LES LOGES DU R∴E∴R∴

En deuxième lieu, la question du martinésisme revient sans


désemparer : héritage ou fardeau ? Héritage, à n’en pas douter : à préserver,
à défendre, à cultiver, mais avant tout à situer et à comprendre. D’abord
parce que le R∴E∴R∴, riche de symboles et de rites qu’on ne voit pas
ailleurs, a placé la clé de toutes ces métaphores dans la doctrine du Traité
et dans des textes qui s’en inspirent, dans la mystique – c’est-à-dire dans
la méditation profonde – de la Réintégration, c’est-à-dire encore dans l’idée
centrale, exprimée également dès le premier grade, « qu’un faible rayon de
lumière est inné dans l’homme ». Qu’on se rassure à nouveau et qu’on le
proclame aussi haut que nécessaire : on ne fait pas tourner les tables dans
les loges du R∴E∴R∴, et si l’on a pu opérer, ici ou là, quelque chose
d’approchant, c’est le fait d’ignorants et d’irresponsables qui ont pris la proie
pour l’ombre et sont passés à côté du but.
Le mot « doctrine » fait parfois peur, ou du moins il irrite. Sot-
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tement, le plus souvent, il faut bien le dire. Le mot en lui-même dési-
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gne un corpus constitué et cohérent d’idées et de notions articulées en-
semble pour tenter de répondre à des questions qu’on juge essentielles,
pour s’efforcer de résoudre une problématique éternelle. La philoso-
phie, depuis vingt-cinq siècles, abonde en doctrines : elles ne sont que
des incitations à réfléchir, des provocations à penser, des épreuves pour
nos certitudes ordinaires. Le R∴E∴R∴ fait de même : il prend le ris-
que du doute et de la remise en cause de soi-même. Maïeutique maçon-
nique par excellence. Mieux vaut la doctrine que le slogan.
Reste la question du christianisme. La plus brûlante, semble-t-il,
mais en fait la plus simple. La réponse tient en un mot : le R∴E∴R∴ est
chrétien ! Évitons, de grâce, les euphémismes pudibonds : « christique »,
« d’origine chrétienne », etc. Les textes du Régime le disent nettement
depuis deux siècles, surtout dans l’Ordre intérieur où s’épanouit une
chevalerie spirituelle : « L’Ordre est chrétien » et tout est dit…
Mais alors, tout reste à faire. Et sur ce sujet, dans un pays comme le
nôtre, ce n’est pas une mince affaire. Nous vivons, en dépit de nous-mêmes,
de notre éducation, des origines de nos familles, de nos convictions actuelles,
dans un univers culturel qui a été « informé » par le catholicisme romain. Il
s’expose dans la structure des villages, dans l’architecture des villes, dans
les collections des musées nationaux et jusque dans les recoins les plus
obscurs de notre droit. C’est un fait. Or, de ce fait résulte un autre fait :

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s’agissant du christianisme, même si nous sommes athées, ou simplement
agnostiques, ou protestants convaincus, ou quoi que ce soit d’autre, nous le
pensons spontanément à la manière du catholicisme !
Pour beaucoup d’hommes et de femmes de nos générations, le christia-
nisme évoque ainsi toute une histoire où le pouvoir, avec toutes ses dérives, s’est
longtemps identifié à une seule et même Église. On ne regarde pas plus loin.
Alors, les formules à l’emporte-pièce, qui donnent une contenance à défaut de
nous permettre de réfléchir, commencent à fuser : cléricalisme, dogme, etc.

N'IMPUTONS PAS AU R∴E∴R∴ UN DOGMATISME


DONT IL EST EXEMPT POUR L'ESSENTIEL

Revenons aux fondamentaux. Camille Savoire, l’un des acteurs du


réveil du R∴E∴R∴ en 1910, lui qui resta au G∴O∴D∴F∴ alors que son
confrère de Ribaucourt allait devenir le premier Grand Maître de la Grande
Loge régulière, Camille Savoire, qui devint plus tard et fut pendant de longues
années Grand Commandeur du Grand Collège des Rites, s’est expliqué
« vingt ans après » sur les circonstances dans lesquelles il fut reçu à Genève
au grade le plus élevé du Régime. Voici ce qu’il en disait en 1935 :
« Personnellement, j’avoue que le libre-penseur et le libre croyant
que j’ai toujours été n’a manifesté, en entrant au Rite rectifié, aucune
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hésitation ni éprouvé aucun scrupule lorsqu’on lui a demandé de déclarer
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qu’il professait l’esprit du christianisme, surtout lorsque le Grand Prieur a
ajouté : « Il s’agit ici de l’esprit du christianisme primitif, résumé dans la
maxime : aime ton prochain comme toi-même ».17
Certains maçons rectifiés vont beaucoup plus loin dans leur
conception du christianisme, c’est vrai, mais cette anecdote nous rappelle
simplement que le pluralisme extrême et l’infinie variété des interprétations
ont été, tout au long de son histoire, la marque du christianisme. Ne jetons
donc pas dans le débat maçonnique un dogmatisme à rebours dont le R∴E∴
R∴ lui-même est exempt.
En 1744, à Paris, quand on initiait un candidat, on lui répétait à
trois reprises, au cours de la cérémonie, cette mise en garde : « Monsieur,
prenez garde, la maçonnerie est une chose plus sérieuse que nous pensez. »
En écho, et pour finir sur une note plaisante, on pourrait dire aujourd’hui :
« Prenez garde, le christianisme du R∴E∴R∴ est une chose plus complexe
que vous ne croyez. »
Finalement, le mot « complexité » serait peut-être le dénominateur
commun de tout le système rectifié : histoire complexe, doctrine complexe,
démarche complexe. Complexe : comme l’univers, comme la vie. Et pourtant
si simple : « il suffit de trois petits pas, c’est tout de suite l’aventure »…

▲ ROGER DACHEZ
17 Camille Savoire, op. cit.

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