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SUPER-ÉTAT
MAÇONNIQUE

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C\I El BEAUCHESNE ET s~s FILS
M '- S A PARIS, 117, RUE DE RENNES
MCMXXXVI
:_ :: .. . . ·_·.,· _: ::· ,{: ;_ . ·. : .· ,, ·, . . "

. . ..,· 1 :.. .
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• 1 • •

SOCIÉTÉ DES NATIONS


• 1 ,

-SUPER;-ETAT MACONNIQUE
,
..,
DC : I"l~E _\ - =:R

ACX ÉDlTIOKS BOS3ARD


Les Forces secrètes de la Révolution (F. ·.-:VI.· . et J ud aïsme)
1re édition, 1928 (épuis é) . ·
Lds Forces secrètes de la RévQlution. Nouvelle édition
1
evisée et augmentée de textes nouveaux (1929) (épuisé).
Traduction anglaise . . Édit. Bos,v~ll. Loncti·es (épuisé).
Traduction allemande. Édit. Schlieffen. Berlin. ·
Traduction espagnole. Édit. Fax. Madrid ..
Traduction portugaise. Livraria do Globo, Porto, Alegre
(Brésil). ·
Traduction hongroise (en préparation).
La Franc-Maçonnerie puissance occulte . (1932) (épuisé).
1

Le] s Juifs Maîtres du Monde (1932) (épuisé).

AUX ÉDITIONS DE LA REVUE FRANÇAISE


'
R fusé par la Pre~se (1931). 1 vol., 15 francs.
1

AUX ÉDITIONS B'EAUCHESNE


Tempête sur le Monde (1934). 1 vol. de 265 pages,
15 francs. ·
T r adu ction po:: Lugaisc (en préparation).
La Franc-Maçonnerie d'après . ses documents
secret s (10 34), 1 vol. de 320 pages, 15 francs
Le P or t u gal renaît (193G). 1 ·vol. de 280 pages.
15 fr a ncs.
En préparation :
L ' Homme en îace de la Iv.Iachine.
La ~/.Iystérieuse Internationale j uiv e.

Toutes les couvertures des .ouvrages ci-dessus ainsi que celle.


du présent volume on t été dessinées par l'auteur.

1
; . . . . ·'· . . . · ·, ··.· . . ;· ' .. : '

· ·_·. -·_ ~ON ·. D~--PONCINS


.. '
'
• --r,
. .; .r

SOC,IÉTÉ DES NATIONS


' ..

SUPER·~ ÉTAT 'M ACONNIQUE


,

•. . .

MCMXXXVI
l
.
. ,:.

- ... . ~ ----~ _......-:- ··-:.- . ·~

Congrès de~ ·Maçonneries


des . Nations alliées
. .
. et neutres '

les 28, 29 èt 30 Juin 1917

HISTORIQUE ET IMPORTANCE
1 •

DE ·CE CONGRÈS

. . t~
. .

I;

1
\

Rep1·odur:tion photogr(!phique cle la couverture clu com,pte 1·endu


clu .coriurès.
. ..,.

, .

HISTORIQUE -El~ IMPORTANCE


. :DE CE _CONGRÈS

Le but de cette bToch~re est de révéler_au pu-


blic un docüment 111-·açonnique secret concernant
l'origine et l'esprit de la Société des Nations.
Ce docu~ent est un texte historique dont
l'importanè~ ne f aît que croître avec les années
et auquel le · conflit de Genève conf ère une
actualité 'et une gravité _saisissante.
Notre signature au bas du Pacte de la Société des
Nations peut nous entraîner d'un jour à l'autre
dans une <~ nouvelle~grande et horrible-guerre ».
Or, la Société dë_ s ijati.ons n'est pas ce que
l'on· croit communément et il est nécessaire
d'éclairer le ·. public s-µ.r un certain nombre de
faits pratiquement inè6nnus, mais d'une impor-
tance vitale .pour notre avenir et celui de
l'Europe. \ ·
***
Les 28, 29 et 30 juin 1917, les con1muniqués
de guerre écrivaient · : -' cc Sur le front, rien à
signaler ».
l .
Or, dans le . il ·se aéroulait à
'· "
·a· t rester:· inconnu
.

Paris un événe
'

aux quarante F ancais · entrés en


guerre, mais ·6 - millîons de
Français aur ·en. , .".ô uhir les con-
séquences..
C'est al-0rs,-.-en· effet , que .s'ouvrit, le _Congrès
secret de I~ Franc-Maçonnerie irltet nationale
-~u cours duquel furent posées · les bases_ du
traité de paix et de la charte de la Société des
Nations. D·'Europe et d'Amérique arrivèrent
les hommes qui allaient siéger au Grand-Orient
de France, rue Cadet, pour ' y débattre ces
graves problèmes._
D•eux sujets étaient à l'ordre du jour. :·

1° Le Traité de paix ·;
2° La Société des Nations ..

La création de la · Société · des ·Nations fit


l'objet principal des déb.a ts'; · . _·
L'ordre de convocation,. lanéé à travers le
monde par la F.·.-M.·. fr'an.çais~, portait:
. .
« Ce Congrès aura pour mission de rechercher
les moyens d'arriver à . la constitution de la
Société des Nations.
«· La conférence a pensé que ce .programme ne
pouvait pas être discuté uniquemi~t . par .{a
Maçonnerie_ des pays . alliés et qu il -appàrtenâil
aùssi: q:ùx M.·. ·des nati~ns neutres d'apporter
leurs lùrrii~res: à ,. l'examen d'un problème aussi
grave .
. « ·C'est. le deuoU· de la Maçonnerie,
'
à l'issue
du . drame cruel qui' se poursuit actuellement, de
faire· entendre sa grande voix humanitaire et de
-d irigèt ,.ie·~- peuples ver~ ui:ie· _o rganisation
géïi~~~e qu~- devien_drŒ leur . sauvegarde.
' .

A 2 h. 30 de l'après-midi, dans le plus strict


.huis clos, les délibérations commencèrent sous
la prêsidence du F. ·. Corneau, président du
·G. ·._-0-.·. · de France, assisté du F. ·. général
Peigné,.··:.Grand-Maître de la Grande Loge de
· France.· ·
Le·· F. ··. Corneau ouvrait la séance par ces
mots ' :

- La-F.··.-M.·.· OU.Vfi'ère de la paix se propose


(l'étudier . ce nouvel organisme : la Société des
.Nations .. _ Elle sera · l'agent de propagande de
ce!te conception de paix et de bonheur universels.
« Voilà,•:..mes T.·. C.·. F.·;, notre travail,
mettons-nous à l' œuvre. >)

·-~Le F.·. Corneau donna la parole au F.·. André ·


Lebey; secrétaire du Conseil de l'Ordre du
Gra__nd-Oi:~ent de_ France, pour la lecture de son
- 1
--
rapport sur la o . .,.__.... . de Ja Société des
Nations.
Ce long rap .
·. ·publions
.. ·intégra-
lement et do _ es. principaux
passages~ exp a' p :n ip . ·directeurs qui
devaient pr ' ide à resprit de la S. ·n. ·N. et
définissait les conditions ·de paix revendiquées
par la F. ·.-M.· ..
Une commission, composéé _des F/. F. ·. André
Lebey ( G. ·.-0. ·. de France), Nicol ( G: .-L._·. de
France), Meoni (Italie), Simarro (Espagne),
Schwenter ( Suisse), Urbai~ (Belgique) et Milit-
chevitch ( Serbze), fut aussitôt nommée .par· le·
Congrès en vue de s'ocëuper de la charte de la
Société des Nations avec .mission de <c discuter
.

et de vofe.r les articles qui .constituent cette charte,


principal objet de la réunion du Congrès. «.
Puis, à cinq heures et. demie, la séance fut
levée.

***

1 Le lendemain, la séance fµ t reprise à


t t ois heures trente, sous la présidence du
F ·. général Peigné, G. ··-:-M.·. ·: de la ·:-Grande-
Loge de France, assisté du F. ·. Corneau, pré-
siµent du G. ·.-0. ·. de France~ ·
1 Le F. ·. Lebey rendit compte des trayaux de la
c mm1ss1on, qui s'était rê1inie .. I_a. veille au soir .
~ .
. . :..
.. : . ;· .

et le· matin. I l donna. lecture des treize articles


· qui con.st itrient dans ses lignes essent ielles la
charte :pr~li.minâire de· la Société des Nations
et sur lesq~els l~ co:r;nmission s'est mise d'ac-
cord.
Après _discussion, . les conclusions présentées
par le F~ ·. Lebey, au nom de la commission,
furent adoptées par le· Congrès.
. Le F. ·. p rbain proposa alors que ces conclu-
sions fuss~nt_ ~hvoyées à tous les go_u-:erne~ents
des pays ~lhes et neutres, propos1t1on qui fut
o ..a fi' op t ee.
aussi•tAt I r

Le F. ·. Meoni, chef de la délégation maçon-


nique italienne, ·donna ensuite lecture d'un très
• . 1

unportant rapport- dont nous analysons les


passages essentiels, i)UÎS différents chefs de
délégation_s.. étrangères discutèrent des points
de détail.
En conclusion, -le F. ~. général Peigné soumit
à l'approbation du Congrès les trois motions
suivantes :

· 1° Une motion de félicit ation à l'adresse du


.Président Wilson, dont « lès principes sont
entièrement ·..èo_nfo,rmes' . aux principes éternels de
la F. ·.-M.···; )>_ ;

·2° · Une motion .de fraternité et d'hommage


à l'adressè · du F.·. ministre Léon Bourgeois; ·
. ..
,

3° Une motion_,.._~~. .... à·. pel à tous les F. ·.-


M.·. pour récla .c .n o rs à la réalisa -
tion de la S. D.: ~ . · ~-
(1) Pour êti-e _,o pl . il · , o trer-ici l'accord
des conœpt~ons maç... . . . . . . . . . . . s e·: juives~ La place
nous manque pour le aire re soI1Jr comme. il c~nvient.
Contenton -nous de ctte.r le passage. sui ant d'une
bro.chure consaçrée à la gloire des Jll!fs : _. ·
« De tous les· peuples, le peuple juif es( cSans~doute
celui :qâi a:- éprouvé la plus grande joie, 1~ plus haute
satisfaction, lors de -la création de la Société des
Nations. Léon Bourgeois et Woodrow Wilson·devinrent,
l'un parmi les intellectuels·· juifs, l'aut.re dans les
grandes masses juives, des per&onnalités populaires,
voire même légendaires. . ..
La S. D. N. suscita l'enthousiasme des Juifs : elle
avait, dit-on, pour mi:ssion, non · seulement . de faire
cesser les guerres, de transformer · 1es canons et les
tanks en tracteurs (version moderne de la. prophétie
. biblique !), mais aussi de ,mettre fin à la
misère poli-
tique sociale et morale des. Juifs dans tous. lés pays ...
En dépit des épouvantables ·pogroms qui ._éclatèrent
d'abord en Pologne, puis ... en- Ukrai_n~ ... ,. le ..peuple
juif considérait l'après-guerre· comme _une ère· mes-
sianique.
Et Israël - en ces années 1919. . 1920 - clama son
allégresse en Europe orientale et méridionale; _e n
Afrique du nord et du. sud et plus intensém.ent . en
·Amérique. . ·
(Article de Léon Motzkine \~ans (< Les - Juifs ».
Ed. Lucien Vogel, septembre 19Â3.) · _
Cette dernière phrase suffit" à montrer que] es concep-
tions juives sont aux antipodes ·des nôtres car les
années 1919-1920 furent les années "de la grande
vague bolcheviste en Europe centrale ·. -:- .Finlande,
Pologne, Autriche-Hongrie, :Allemagne, .:.- Italie .-
avec son cortèg'e sanglant de dévast~~ion sociale.-
. ,

... ., •'
-· 15

lJn ~aîut frat.~. tout spécial fut adressé à la


· Grande-Loge. de l'Arkansas en reconnaissance
de s~~ prêcieu~~ -a·dhésion morale et à 7 heures
-la séance fut levée ..
Le samedi 30 · jùin, .à 10 heures du matin, la
Grande-Loge de France reçut, 8, rue Puteaux,
les délégués d~ Congrès.
_ A .midi, ·au · Palais d'Orsay, un déjeuner fra-
ternel, présidé par le~.F. ·. F.·. Corneau et Peigné,
était offert aux délégués des puissances Maç. ·.
reçus par le Congrès. Près de 200 F. ·.-M.·. y
assistaient.
Le samedi 30 ' juin, à 5 heures, au G. · .-0. ·.
de France, i6, ruè Cadet, une Tenue Sol.·. eut
lieu sous la présidence des FF. ·. Corneau et
Peigné. .

« Et les travaux furent clos avec l'espoir que de


semblables rencontres frat.·. permettront de res-
serrer ~avantage encore et d'étendre les liens qui
unissent les A-1 aç. ·. des Nations alliées et
neutres « (1 ).
***
No:us reproduisons intégralement, en fin de
· -~oh.ime, le compte rendu de ce Congrès, mais

_ _Compte rendu du Congrès, page 122 de cette


h ?'..''l<nfn~ , .
....

auparavant no __ résumer brièvement


les passages n résulte un cer-
tain non1br d 'une extrême
importance, s· -,éc a:ter ·l'opinion
publique in4-e ·n i _ a s- le -é itable esprit
.J

de la Société des ·ations.


Chaque pays pourra alors décider, en con-
naissance de cause, de l'attitude qu'il lui con-
vient de prendre à l'avenir. ·
Ces conclusions concernent :

I. - La guerr~~ ··
. ,

II. - La Société des ·Nations.


III. - Un certain nombre de sujets d'in-
térêt général.

.· ' · . .

LA GUERRE

1° LA GUERRE NATIONALE DE 1914-


1918 A ÉTÉ .TRANSFORMÉE PAR
LA FRANC--.~ AÇONNERIE EN
GUERRE SOCIALE.

Elle .est devenue la Guerre sainte de la Révo-


lution •en marche.
En regard de. chacune de nos affirmations
nous aHons, cite_r un .extrait du compte rendu
du Congrès 'Maç. ·. qui en apporte la justifica-
tion.
. . '

« Cette guerre, disait le F. ·. Corneau, déchaînée


par les autocraties militaires, s'est transformée
en_. une formidable querelle des démocraties
organisées contre le-s puissances militaires
et despotiques. · >>,
. , ".. Corneau. Compte rendu du Congrès .
..,.,g.,;;:.,-. - 1 de cette b~ochure.)

2
- ,g

« La grande guerre d 1914, imposée d'abord


à la France, à la B · ue e' à la Russie, puis à
l'Europe, ensuite .a onde pqr l'agression
german ique, n'a es é d . 'finir elle-même, pro-
gressiv,ement~ le c ac ·~re ·du w f lit engagé en · y
faisant s "'affront er deux principes : cehii
de la Démocratie et celui de, l'impéria-
lisme.... •:·. ·
De la violation de la neutralité be~ge à là levée
des Etats-Vnis d' Amérzque, . _en . passant par . la
Révolution russe, il n'est pas un fait qui n'ait
apporté sa preuve · à .': ce du~l ·. gigantesque
entre deux principes ennemis (1 ). »
(F. ·. A. Lebey. Compte rendu du Congrès.
Page 76.)

(1) De son côté l'écrivaip." commuruste H. Barbusse


écrivait, dès le 9 août 1914, au directeur de l' Huma-
nité: ·
« Cette guerre est une guerre sociale qui fera- faire
un grand pas, peut-être le pas définitif à noire cause.
Elle est dirigée contre nos vieux e.nnemis infâmes de
loujèurs : le 1nilitarisme et l'int:périàlisme, le sabre et la
botte et, j'ajouterai, la couron_n~t ,;·:(H. Barbusse, Paroles
d'un combattant, p. 9. PÀris~ Flammarion, 1920.)
De son côté, M. Coolidge, Président des États-Unis,
disait publiquement dans urt · discours prononcé à
I-Iammonde, en juin 1927 .: ·
« La principale question en jeu:dans ce con/1.it formi-
dable était de . décider quelle Îorme de . gouvernement
devait prévaloir parmi les grandes nations : ia vict9ire
s'est finalement rangée du côté dà. péupl_ .
~\
e·. .»
'
. . . , ...
. .
·...• ..
'...
~
. ',

2° LA GUERR~ A ÉTÉ UNE GUERRE


SAINTE, .CARlt Y A DES GUERRES
SAI.N TES , MAÇONNIQUES .
. •'

S'il y a·. una g~erre sainte, c'est celle-là et


<<

nous devons le· redire sahs nous lasser. »


(F. ·. A. _Lebey. Compte rendu du Congrès.
Page 89.) . ·.

« Bien que. la Maçonnerie universelle soit, en


principe, contre •ioules les guerres, elle doit
exalter les sublimes . sac~i/ices des peuples quand
ils sont décidés,.- comme·~·dans la guerre actuelle,
à repous~er une agression traîtresse ou à créer
les conditions indispensables à l'établissement
de la li~!e· el pacifique union des peuples civilisés
et déclare que l'action des Familles Maç.·. qui
ont accepté ··et soutenu la douloureuse nécessité
· de la guerre, est conforme aux principes de la
M.·. universelle. »
(Le Congrès M.·., page 115.)

3-0 LA F.·.-M.·. A POSÉ LES BASES DU


TRAITÉ DE VERSAILLES DEUX
. ANNÉES AVANT LEUR RÉALISA-
, "~· .--.~.-~. ~ T-ION EFFECTIVE.

·· I:è '. ·q µatre points revendiqués par la F. · .-


.- .,. ·-~. .. èours de ce·Congrès sont : - -__
-.... 20 -

1° Retour de l Al--a -.LJo ra ine à .la France,'


2° Reconstituti n~ a · réunion de ses
trois troncon , de a. P log e inçlépendante;
~ .

3° Indépe . dance de la Bo ê e; • .
40 La libération ·ou l'unification de toutes
les nationalités aujourd'hui opprimées par l'or-
ganisation politique el administrative de l' Em-
pire des Habsbourg en des· Etats que lesdites
nationalités exprimeront par un plébiscite.

L'on sait que ces quatre points ont


intégralement réalisés.

4° LE TRAITÉ DE P ~iX INSPIRÉ PAR


LA F.·.-M.·.,A ÉTÉ.DIRIGÉ BEAU-
COUP PLUS ·co.NTRE L'AU-
TRICHE-HONGRIE QUE CONTRE
L'ALLEMAGNE, au bénéfice des inté-
rêts révolutionnaires de· la F. ·.-M.·. et au
détriment des intérêts nationaux. français.
.

L'on voit, en effet~ dan~· l'énoncé des quatre


conditions de paix revenditruées par la F. ·.-M.·.
que, sauf en ce qui concerne l'Alsace-Lorraine,
l'Allemagne n'est pas mentionnée, alors que la
destruction de l'Empire des , Habsbourg est
revendiquée en toutes lettres. ··
. - . 21 ·.__._

D'autre part, dans les délibérations du Congrès


maçonniq~e, il n'est guère question de l' Alle-
magne. que sous l' arigle : abdication des Hohen-
zollern :
« Plus on étud1e la situation, plus on se rend
compte que· l'abdication des Hohenzollern
e st l e 1:11oyen d'aboutir à la Société des
ations~ )) '
(. A... ·Lebey; . Compte rendu du Congrès.
-Page ·95.)
«Une des co.riditio'ns de la paix de demain et
de la ·vie de. la
·Société
·. .des
. Nations sera de
m.ettre ce peuple da:~s l'impossibilité d'être
asservi ·par ses anciens maîtres. »
(Compte. tendu du Congrès. Page 89.)

5° LE « ·.PRINCIPE DES NATIONALI-


TÉS>> .ET LE « DROIT DES PEUPLES
A DISPOSER D'EUX-MÊMES >>
. ONT ÉTÉ DES FORMULES DE
GUERRE DESTINÉES A ABATTRE
. · LE RÉGIME .DES EMPIRES CEN-
.. TRAU.X ET PRINCIPALEMENT
L'AUTRICHE.

« Pcir ' q.uel moyen arrivera-t-on au résultat


souhaité? .
.
. •' ',..
,•

' . ~

.. .
- 22 - .f. .

Sans doute par t riomphe·.intégral du


principe des nationalités . . .
« La vie nationale -~...r ·t J ~seph Mazzini, ·
est le moyen, la vie internat ionale, le.:but.
« Tout e la dest inée de l 'Europe et de
l 'hum~ité nouvelle se ra~tache à la réso-
1ution de ce problème .des nationalités. »
(F. Meoni. Compte ·rendridu Congrès, page 112.)

' .

6° LA F. ·.-M.·. VEUT UTILISER LA VIC-


TOIRE POÙR ÉTABLIR LE MONDE
SUR DES BAsts NOUVELLES, QUI'
SERONT L'ABOUTISSEMENT DES
PRINCIPES RÉVOLUTIONNAIRES
DE 1789.

« C'est le devoir. de. la M.aç..·. à l'issue du drame


cruel qui se poursuit . act_uelletnerit, de . faire
entendre sa grande voix humanitaire et de diriger
les peuples vers ~ne organisation générale
qui deviendra leur saziu~garde. >> ·

(F. ·. Corneau. Compte rendu du Congrès,


page. 66.)

«Il ex-iste une seule et. suprême. nécessité : h


nécessité que l'humanité future s' établissE
sur des bases absolument . nouvelles ...
,. .
_ · 23

«La reconstitution de r Europe et de l'Huma--


nit.é de demain donc, ne peut pas être abandonnée
au·..caprtce
.
et à l'intérêt des dynasties, des diplo-
. '

m(!.tes et des classes dirigeantes. «


(F. · . .. Meoni_. Compte rendu du Congrès,
page 111,)

- <<° Ne pas 'sai,sir l'occasion unique qui s'offre


' --
de rebâtir plus raisonnablement le monde serait
une véritable folie. Nous restons en le faisant
dans la tradition·.de notre pays. En 1789, il pro-
·clama les ·Droits de l'Homme. Plus tard ... il a
proclamé les.Droits des Peuples à disposer libre-
. ment d'eux'-mêmes. Il recommence avec une
·vigueur acci'.ue... ·
<< No~s · sommes _· ·conviés à réussir ce
qu'a compromis la Sainte Alliance par
suite de principes opposés aux nôtres et,
dans la réconciliation universelle, mais garantie,
..;i- ,:. des' ·hommes de faire la preuve de nos principes ...
-~'" --~_-·: -Nous couronnerons l'œuvre de la Révolu-
t1011 française. »
· (A. . Lebey.... Compte rendu du Congrès,
· page. :,85.) .
·•· .
.
- 2.!: -

7° DiS 1917, u.- ROLE MAÇONNIQUE


IMPORTANT ÉTAIT DÉ VOLU A LA
FUTU RE PRAGUE.

Personne, en 1917, ne songeait à la Bohême


mais les chefs actuels de ce pays,.· les FF. ·.
Masaryk et Benès s'étant . ,.enfuis d'Autriche
avaient été recueillis par _le Grand-Orient.__de
France et avec son appui avaient. · constitué
un Gouvernement provisoire secret. C'est ainsi.
que le F. ·. Benès put lance~ . sa fameuse bro-
'l ch ure : Il faut détruire l'Autriche.
Depuis Benès s'est.. révélé:comme l'agent le
plus fana tique, le plus intelH.g ent, le plus dan-
gereux de la F. ·.-M.·. en. ~urope.

« Prague sera, dans la nouvelle Europe, .


un centre de conciliation incomp~rable )) , .
disait le F. ·. Lebey au cours de ce fameux
Congrès. De conciliation maçonnique s'entend.
Le F.·. Benès n'a pas failli à sa tâche; c'est lui
qui est le cerveau dirigeant de l~ Petite Entente
et l'actuel Président de la Société des Nations.
C'est lui qui a préparé l'introduction des
Soviets à la S. D. N. et y a reçu . en grande
pompe leur représentant, le juif Litvi:qof (Wal-
lach-Finkelstein). ., . ·.
C'est lui qui, publiquement ·et officiellement,
:~ 25 - · .

s'est opposé au rétablissement de l'archiduc


Otto, désiré: ·par _les popu,lations danubiennes
(oii· est le drojt des peuples à disposer d'eux-
mêmes ?) · et qui à déclaré que l' Anschluss ·était
préférable à une ·\_p areille éventualité contre
laquelle la Petite , Entent1/ mobiliserait ses
fore
,. es militaires ..
·· Sans. doute obéissait-il en le fais a nt à ce pas-
sage du Congrès Maç~ ·. de juin 1917, où il est
dit, en parlant des Empires centraux:
. .·.
« Une des conditions de la paix de demain et
de la vie de la Société des Nations sera de mettre
ce peuple dans l'impossibilité d'être asservi par
ses anciens maitres. >>

C'est à Ben ès en fin que le G. ·.-0. ·. de France,


réuni en , C9nvent au -mois de septembre der-
nier, envoyait une adresse publique de félici--
. tation et d~4o~mage.

. 8° LE PRÉ~IDENT WILSON A ÉTÉ LE '


MEILLEUR AGENT DE LA F.·.-M.·. .,1
INTER;NATIONALE.

_Il e:st écrit page 117 du Compte rendu du


Congrès Maç. .-. :

· " Le Congrès des M aç. ·. des }.l ations alliées et


- 26 -·.,.

neutres, réuni à P a is., . ·dans le but d'étudier


l'organisation de la · c · 'té de N atiôns,
« Adresse à :.1. ., r Ïson p ésident des Etals-
V nis d'A mérique, rho. . age de son admiration
et le tri but de ...a recon ai sance pour la grandeur
des services rendus ptll._, lui à _l'Humanité, .
« Affirme que les .principes, éternels de
la Franc-Maç. ·. sont entièrement conformes
à ceux proclamés par _ ·M . le présidènt Wil-
son pour défendre la civilisation el la · liberté
des peuples. ... - . · ·
» Déclare qu'il est.heure~"': de collaborer
avec M. le préside11:t Wilson· à,Za réalisation
de cette œuvre de justice internationale et de fra-
ternité démocratique qui représente l'idéal même
de la Franc-Maç. ·. (1 ). ll
(Motion du F:. général Peign~·- soumise à
l'approbation du Congrès M.· . , .pa~e 11_7).

(1) Au seuil de l'année 1936, le Président Roosevelt


vient de ·lancer un message où il fait la leçon au
monde.
Il envisage l'année 1936 • comme pouvant être
dominée même aux États-Unis par la menace de
grands conflits extérieurs et il prend position sur le
même terrain que Woodrow Wilson. . ·
Le Président Roosevelt crée aujourd'hui aux
État s-Unis un état d'alerte analogue à celui des
années 1915-1917. Il admet·. implicitèment que s'il
éclate un grand conflit il y . aura des responsables,
des agresseurs. Il reprend presque mot ·pour mot le

. ' ' . ' -.· : . '


' '
... .
:
27

9° LES FORMULES LANCÉES PAR LE


·PRÉSIDENT WILSON, EN 1918,
-.. . . SONT D'ORIGINE MAÇONNIQUE.

·citons_ entrè autres le « Droit des peuples à


disposer d'eux-mêmes » et « La diplomatie sur
la pla.cë pub{ique ». :
·La · théorie · du Droit des Peuples revient
presq~e à chaque page du compte rendu du
Congrès M.·. de juîn 1917, il est donc inutile
d'en citer iqi u_n _passage plutôt qu'un autre.
Voici par con~re. _:u,n texte qui éclaire l'origine
de .. la
. formule ·: << · La diplomatie sur la place
_publique >> : ,
. «. Et
.•"
~
alors on voit mieux la grandeur des consé-
. :

.
langage du Président Wilson. Les démocraties sont
pacifiques, les auto_craties sont belliqueuses . .
Il stigmàtise comme il convient la vieille croyance
dan~ la loi de l'épée.
« Nous, dit-il, avons cherché à appuyer de notre
"-in/ luence · ·morale . contre la politique autocratique de
_ répression, de discrimination et d'intolérance et en
- faveur de la liberté de pensée, les principes de l'égalité
àev<int (a loi et du gouvernement populaire. >>
· Le côté puéril et primaire de pareille déclaration
· n Qu·s dispense · .de tout commentaire. Contentons-nous
de signaler l'analogie mac.·. de termes dans une situa-
tion analogue··' se · r~.{)roduisant à dix-sept années
d'intervalle. La :source d'inspiration reste identique
·,. t~:activement agts~~nte.
. • . 'i

.·...·,
, ·..
~\. :

~~·.
,.
'-
- 28

quences de la guerre prése ie. A près l'échec du


grand plan allemand : a Fédération des Etats-
Unis d'Europe par la L:be i~ t le Droit.
« Comment donc attei · clra-t-on ce bu't.?
Par la suppression de foui despotisme. Nous,
en fait, ne pouvons admettre que de graves
décisions engageant la politique étrangère
d'une nation _lui soient imposées par un
pouvoir exécutif. permanent et irrespon-
sable sur l'avis secret de diplomates de car-
rière qui se considfrent comme représentant
personnellement leurs souverains respectifs.
« En dehors de circonstances absolument excep-
tionnelles, qui doivent prouver la rè-gle, le secret
qui entoure les relations diplomatiques~ les accords
internationaux et les traités d'alliance est non
seulement inopportun. mais dangereux et
injustifiable. » '. . ,
(F. ·. Meoni.
'.
Compte rendu du Çongrès,
page 113.)
. . . .

' .
'

II

LA .S OCIÉTÉ DES NATIONS

1° LA F. ■ - .-M.·. A ÉTÉ LA CRÉATRICE DE


LA SOCIÉTÉ DES NATIONS, ET
' .-i. CELLE-CI EST DEVENUE DANS
.,SON ESPRIT LE BUT MÊME DE LA
GUERRE'.

Le principal objet de la réunion du Congrès


_., ·. alliées ét neutres fut de discuter et
des l\iac. ,

de voter.. les XIII art icles qui composent la


charte. de ·1a Société des Nations.
Les· · obédien·ces. Maç~ ~ ., disait le F. ·. Meoni
au co~rs
du.. Céing1~è~;;:
. ..
..
Envisagent le vaste problème d'une Société
· <c

des . Nations de tous côtés. Elles sont - pour


. ainsi dire - le résumé de la doctrine ma-
,çonnique et de l'esprit humanitaire en dehors
· de toute question d'ordre strictement politique. ))
,.-,- ., ( F . ·. Meolii. Compte rendu du Congrès,
· agè 110 ~
•• • • 1
',

- 30 -

« Celle-ci, dit ailleurs l ~. ·.Le bey en parlant de


la Société des Nations devient le but même
de la guerre, la préjac d- traité de paix. Tout
le monde sent qu' · e pa ·x qui ne serait qu'un
instrument diplomatique demeure ·dit incomplè(e .
et qu'elle doit être une première ·. mise en œuvre
de la Société des Nations. )) ·
« La Société des Nations réalisée par la
démocratie, bien entendu ))' . ajoute-t-il plus _
~ '
loin. :,.
(Compte rendu du Congi;ès; page 84).

2° LA SOCIÉTÉ DES NATIONS EST UN


SUPER-ÉTAT DESTINÉ A MAIN-
TENIR L'HÉGÉMONIE DES PRIN-
CIPES MAÇONNIQUES SANC-
TIONNÉS PAR LE -TRAITÉ DE
VERSAILLES.

« Il est indispensable, disait le F. ·. Corneau


à l'ouverture du Congrès, de créer une autorité
supernationale. » :.

Les articles un et deux . de la charte de la


S. D. N. élaborée par la F. <-lvL ·. et exnosée au
- i

Congrès, posaient le principe de la S. D. N.,


tribunal d'arbitrage superposé aux gouver-
nements nationaux .

. . . '· :.
31 - ·

L'article 3 précise : ·« Le fondement de l' exis-


ten.ce des nations est la souveraineté man if estée
par la volonté · librement exprimée des popu-
lations. )>
L'article 4 ajoutê : « L'unité, l'autonomie et
l'_indépendance de · chaque nationalité sont invio-
1fûJ-les. Un peµ.ple qu:i n'est pas libre, c'est-
à-dire qui ne .possède pas les institutions
~étnocratiques et libérales indispensables
à --son développement, ne peut pas consti-
tuer une nation. ))

. Ainsi, quand. on. veut bien peser mot à mot


es- textes ·:
r
- On y trouve affirmation de cette incroyable
héorie, que si . les .droits de chaque nation sont
,yïolables, un peuple qui possède un régime
-t ocratique, · comme actuellement l'Italie,
. '
~~einagne ou le Japon, ne ·constitue pas une
t ~ n! (La Russie naturellement est exceptée).
. -·La Franc-Maçonnerie protégera donc tous
:. ~~ . euples, à l'exception de ceux qüi se seront
· -és à sa propre loi démocratique et révo-
~['jOtJm~rre. ·
.. ~ , ·· ;uŒile il devient facile dès lors, à la lumière
'iti: ' ♦ '1 , .. -~

. ; ... -~ .;;· -~révélation, de comprendre l'esprit et


,.·u. e de la Société genevoise, qui tou-
~~~·~,.~.P~'•m~im
jours restera fid P a n influence maçonnique
créatrice, en d ·n~· ous droits aux nations
1
dont le régime :tiqu n est- pas considéré
comme suffisamm d'mocratique,.
La S. D. 1 .... , dan 1' · _rit ·de la Maçonnerie,
n'est dès lors qu'un super-Etat , organi~me de
contrôle et de coercition; .all: service des intérêts
de sa politique internationale.

Et, lorsque éclate le conflit · i-talo-éthiopien,


la Société de Genève se prorioncè, sans hésiter,
contre l'Italie. ·
Ce faisant, ne cherche-t-elle pas une revanche
à la décision qu'avait prise dix ans plus tôt
Mussplini, en interdi~ant la Franc-Maçonnerie
en Italie?
r
Commentant cette décision, à époque OÙ
elle fut prise, le F. · ~ Albert · Lantoine, 33e,
écrivain notable d'ailleurs, penseur, homme
de poids dans la · confrérie, écrivait :
.
« Obligée de se .replier sur :elle-même, la F. ·.-
M.·. va se consacrer à des travaux de pensée,.
évit<;r toute tentative d'extériorisation qui serait
fort mal accueillie et, le temps·venu de la pos-
sibilité des représailles, .. elle ·se vengera la
première de l'affront qui1ui a .é té infligé. >>
• 1.
. . '\
'
III

· .CONSTATATI ONS GÉNÉRALES

1°· LA .DEVISE : . (( LIBERTÉ, ÉGALITÉ,


FRATERNITÉ
. · :•11..
» EST D'ORIGINE
· MAÇONNIQUE.

. Tous ceux qui se sont un peu occupés de


F. ·.-M.·. le savent mais le public l'ignore. Il est
.bon de Je ·montrer par un texte Maç. ·. quasi
officiel comme. l'est ce compte rendu du Congrès
de juin 1917. . .\ ·

« Au nom des grg.nds et nobles principes dont


s'inspire l' Institutitin Maç:. Universelle et syn-
thétisés par la glorieuse devise « Liberté.,
Fraternité, Égalité » d'où chaque commu-
nion Mac~:. tire ses courants d'action et
de pensée. » · ·

(Compte rendu 9-u Congrès, page 114).


3
-34-

20 LES BRANCHES LATINES ET ANGLO-


SAXONNES DE LA F. ·.-M.·. INTER-
NATIONAl,E ONT DES POINTS ·nE
CONTACT.

Une scission s'est produite en 1877 entre


les loges anglo-saxonn_es et plus -spécialement
anglaises· et les loges latines au sujet de la for-
mule du grand Architecte de l'Univers. La
F.·.-M.·. anglaise se vante de .n'être pas anti-
. religieuse et de ne pas s'occup'er de politique.
C'est vrai actuellement pour . l'ensemble des
Loges Britanniques, mais il n'en .reste pas moins
que l'essence profonde .de la ·.F : .-M.·. est la
même partout. Son virus est partout en gern1e,
mais il se trouve à un &tade de développement
plus avancé dans les loges latin.es~
La présence de délégués des Loges Améri- ·
caines au Congrès Maçonnique de 1917 montre
que la liaison politique i:qte_r.nationale subsiste
. puisque les loges américaines représentées à ce
Congrès sont en liaison étroite et en parfaite
communion .de principes avec les Loges An-
glaises (1). · ··

(1) La question de la F. ~.-M.·, ..anglo-sàxonne est


traitée en détail dans : « La F. · .-lv1. <.'d'après -ses docu-
1nents secrets i>, de Léon de Ponèins. Éditions Beau-
chesnc, Paris. · ·
·•.i · .
~
.
.. l . .- . .35 ·-

. .
La· Grande Loge de l'Ohio.
La Grande Loge de l'Arkansas.
Celle-ci n'a pas pu en raison de son éloigne-
ment envoyer de dél~gués au Congrès. Elle
termiû~~t ainsi sa pl.'·. : Nous nous limitons
donc à . [' expression de nos meilleurs souhaits
pour le .succès de voire entreprise et à espérer que
le résultat inestimable que vous recherchez pourra
être garanti à l'Humanité, grâce à vos efforts. >>
_· (Compt~ rendu du Congrès, page 69).

3° LA F.·.-M.·. MENT.
-
7_: a) La F.·.-Th-L ·. d'après ses statuts ne doit pas
s'_occupër de poli tfqi1e.
- . .
=-· En fait la politique est le principal de ses
soucis.
Le Congrès Maç~-:~- de juin 1917 débute par
ces mots :

Il est bien entendu que le Cong1~ès Maç. ·.


- c<

:fëstera sur le terra(n purement humanitaire et


·conformément à no~ .constitutions maç. ·. n' abor-
dera aucune question d'ordre politique. »
- 36 -

Ceci dit le Con re ·..:Iaçonnique s'occupe


activement à ;

ccDresser _a charte e 1a . D . N. << Autorité


supernationa e » et nou el e Sainte Alliance
révolutionna· re. >>
« Poser les bases du· traité de paix, tel qu'il
fut réalisé deux années ·p.lus ta.rd. ·
« Abolir des régime~ .. · politiques, . tels que
ceux des Empires Centraùx.
« Créer des ·Etat s nou'veaux, tels··· que la
Bohême, baptisée en f~19 .. Tchéco-Slovaquie.
« Lancer des formules. qui devaient devenir
historiques en 1919, f ormµles telles que. « Droit
des Peuples à disposer d'eux-mêmes » et « Pas
de diplo1natie secrète )) . ..
« Etablir l'humanité ~ur dès ·bases nouvelles,
etc., et c.

Toutes choses qui sont ..qe la politique pure


et de la haute politique internationale.
/
b) La F. ·.-M.·. procl.ame en ..1917 .: Fin de l,a
diplomat ie secrète.
..
«Nous ne pouvons admettre ~que, de graves
décisions engageant la polillqlj.e }lrangère d'une
Nation l ui soient imposées par un pouvoir
exécutif p ermanent et irresp·o nsable .: sur
; .
. .. 1 ••

. _ . 37

l'avis,: secret de diplomates de carrière, qui se


.considèrent ·comme ..·représentant personnellement
leurs soùveràins· respectifs.
En qehors de ·circonstances absolu1nent excep-
tionnelles 'qui doivent prouver la règle, le secret
qui entoure les-relations diplomatiques, les accords
internationq.ux et les traités d'alliance est non
seulement inopportun mais dangereux et
injustifiable. »
(Compte rendu du Congrès, page 113).

Ceux qui procla.ma\ent cett e formule ét aient


les membres d'une ·a~sociation occulte interna-
· tionale :,anonyme et irresponsable, dont les
.décisions · secrètes .devaient peser lourdement
sur l'aveIJ.ir ·politique de l'Europe en général
~-t de notre pays· 'er1 particulier.
De P~lilS trois hommes dont deux au moins
.étatent iè~ -agent.~ quasi officiels de la F. ·.-M·. ·.,
· _les « trois grands >> Wilson, Lloyd George et '
.·Clemenceau, après avoir proclamé publique-
. ment 1~ même formule devaient se partager
l E u_rope à huis clos et sans en rendre compte
a ~personne .
. c) La F. ·.-M.·. au Congrès de 1917 affirme
nne opposition de principe à l'Etat tyranni-
. ep.t doctrinaire ·:
o ,..e, religion laïque à nous, en effet, se base
- 38 -

sur la relation _exacie, z·vre spontanée, dépourvue


de calculs, de l' homme aï..-ec l' Idéal de façon à ce
qu'il n'y ait pl~s d e place pour l'État dans
le sens absolu, péjoralJ et to Il de contrainte où
l'enten dent les polit ·q zes prussiens pour. l'État
tyrann.:quement doctrinaire._ n
(F~ ~. Lebey. Compte rendu du congrès, page 93).
: . '
• >

Or actuellen1ent la F. ·.-M.·. so_u tient le Front


Populaire et la polit ique-de Moscou, Etat tyran-
niquement doctrinaire s'il· en f~t jamais.

' •.
·; CONCLUSION

-
; La F. · _;..M;. •• fait de magnifiqul~s___proclama-
tions phil~nthropiques et humanitaires ~ -Tolé-.
·rance, Fr:aternité, Libération des peuples, Emàn-·
~ipationo'.:de l'Humanité.
· · Avec ·_hypocrisie et habileté ces. formules
-trompeuses ont été vôlontairement rédigées_en
:tei;mes vagues et imprécis de façon à masquer
;ttnê activité profondément destrüctrice.
~-: Je -l'ai montr~ ailleurs (1)° et ~e- contenterai
Jèi de rep~~duire ce p~ssage significatif d'un
-.a-rtlc-le que le F. ·. Hiram publiait en 1910 dans
-la revue maçonnique secrète, l' Acacia :
- 1,

« Il leur-(2) appartient d'assurer la direc-


. tion spirituelle · de la société moderne ...
· « La vie sociale repose en dernière analyse sur
des bases métaphysiques, sur des conceptions

(1) Voir sur ce sujet L. de Poncins, « La F. ·.-M.·.


d'après· ses documents secrets. Éditions Beauchesne,
"Paris, 1~34. .
-:. (2) Il_ s'agit . des Francs-Maçons.
- -10 -

que nous pouvons r.ec n aître comme illusoires au


point de vue abso , a~s qu' _il n'en faut pas
moins formuler a/· ~ jou.rnir . aux· · esprits
l'orientation qui leu e l indis; ensable.
« Il s' ag '.f, en d' a t es te mes, non plus de
réfuter bruyamment des systèmes religieux à juste
titre discrédités mais de mettre debout _soi-même
une religion viable adaptée aux progrès des
lumières et susceptible de satis/ aire les intelli-
gences les plus. émancipé1.s~ .
« Telle est la tâche inefluctable qui . n.ous est
imposée, car nous n'avons sapé, renversé,
abattu, démoli, avec _une fureur qui sem-
blait parfois aveugle . que pour rebâtir
dans de meilleures è9nditions de goût et de
solidité. ·
« Or, le sol étant désormais autour de
nous jonché de ruin~s qui sont notre
œuvre, il est grand temps que nous nous met-
tions sérieusement à apprendre notre métier de
constructeur et de véritable P.· .-1\J. ·. ».

Tout le Congrès Maç. ·. de juih 1917 est


pénétré de cette• idée : · détruire l'ancien monde
et bâtir un monde nouveau inspiré des prin-
cipes maçonniques. ,
La F. ·.-M.·. fait là sur le -p lan international
ce qu'elle a réussi à faire si longtemps sur ·1e
plan national, c'est-à-dire prépare1~ en secret
... '
-41-
les déqisions · qui, par uri habile mécanisme (1 ),
seront imposées ou suggérées aux parlements
et· aux conférences, puis ratifiées par eux sous
.forme de · Lois ou de Traités .
. Les ministres et, députés qui votent ces lois
ou signent ces -· tra_ités ne "représentent pas la
volont~: des· électeurs, leurs mandataires, mais
obéissent _consciemment ou non aux ordres,
directives · ou · sugg~stions maçonniques qui
priment. ainsi l'intérêt national.
Conformément. aux directives secrètes du
Congrès Maç. ·. de juii:i 1917, l'objet de la fameuse
et pito_yable Conférence de Paris fut de légaliser
et consolider par Ja paix judéo-maçonnique
les nouvelles conquêtes. Ces conquêtes n'étaient
. pas celles de la France, de l'Angleterre ou de
l'Italie, qui ne constituaient que l'accessoire,
mais celles du progrès révolutionnaire et démo-
cratique qui ·constituaient l'essentiel.
· . Clemenceau, Wilson et Lloyd George y
~étaient appelés à jouer un rôle dont le moins
.qu'on puisse dirè est qu'il était sans exemple
dans l'histoire.
Les parlements des trois grandes démocra-
ties qu'ils représentaient s'étaient soudain tus
comme si un mot d'ordre avait été donné et
(1). Mécani-s:m,e que nous avons exposé dans : « La
F. ·.-M.·. d'après ·ses documents secrets. » Op. cil.
Ed. Beauchesne, Paris, 1934.
--

- 42 -- .

à eux seuls sans .co · ulter personne, ils pou-


vaient partager l'Europe. •·:
Ces trois grands on tituaient donc là Cour
Suprême qui de\ ait j g r l m9nde, nations et .
individus. Elle de ait jug~r les nations selon la
justice démocratique, c'est~a::.dir~ selo~ un code
nouveau dont les canons n'étàient même pas
écrits et qui n'avait de · comptes à rendre à
aucune de ces choses .d.ésuètes et périmées
qu'étaient la Loi naturellé;; le Décalogue ou
le Droit romain.
Le code nouveau était' considéré co1nme
l'expression du « Progrès . humain >> sur tout ce
qui l'avait précédé da,ns l'histoi~e des civilisa-
tions. Cela signifie qu'il n'y avait pas _· de crité-
rium au-dessus de lui,· que son interprétation
appartenait aux trois grands justiciers, revêtus
eux-mêmes d'une responsabilité qui aurait
fait hurler au scandale les cinq parties du
monde si qui que ce soit_s',.é tait avisé seulement
de proposer qu'on l'attribuât, p'ar exemple, au
Pape. ···

De nombreux Congrès internationaux


s'étaient réunis dans ie:·.passé. Au x1xe siècle il
y eut celui de Vienne eri 1815, . celui de Paris en
1855, celui de Berlin en 1878, s~ns inention:nèr
les autres de moindre importance~ ni ceux des
autres siècles. Cependant il n_,y en a·v ait jama,is
' ).,,

eu de comparable à la Conférence de Paris


de 1919. -
:On n'en parlait pas comme d'une conférence
où .l'on confère, . où·•ron discute et négocie, mais
:eq!Jlme· d'une espèc'e:·.de cour d'assises de l'his-
)oire, .où, à la lueur de la Démocratie, le monde
:·~evai t être j_ugé. ·;
:._ Devant cette ·Cour et en quali~é de coupables
·-ou. d'accusés, régimes et conceptions· historiques
.allaient comparaître .
.
r~ - Les individus et _le~ Nations, les uns pleins
çr~nxiété, les autres pleines d'espérance, atten-
çlaient le résultat de· cette grande Conférence
·:G:.Qmine s'il s'était_agi d'une sorte de Jugement
1lêr:nier. . . ..
.;":Les -bons et les justes, les brebis. et les ~gneaux .·
-f¾ient -placés à gauche, tandis que les méchants,
ès «· bohcs- ?> seraient tous à droite et de là
~~cipit~s dans , la ge,henne des pleurs et des
··· 1n-cemen
-- .
. '\
ts de dents.
·A.J>artir de cette minute mémorable, puisqu'il
·-_~ _aùratt plus de . princes belliqueux ni de
· i:Rflès ambitieux · P9:1;1r opprimer les . humbles
c . · les déshérités, ·~a justice devait régner sur
· erre. Et dans ·e~tEden perfectionné où
t~.~. ·raient les « Immortels principes >> et où
· - - · _.: les fruits . de la. Révolution Française et
· •. · ·_· aniféste c~m111uniste » ne seraient pas
- 44 -

des fruits défend ,s, -n• nouvel âge d'or corn-



mencerait.
***
La Conférence de Paris eut recburs au lan-
gage des Logiciens catholiques mais elle en
intervertit les ter1nes. L'effet se trouve partout
qualifié de cause et invèrsement. L'accidentel
1

est toujours ·considéré cdmme le · permanent et


le permanent est tqujours négligé comme acci-
dentel. L'essentiel y est pris comme accessoire
et l'accessoire comme essentiel.
Pour démontrer que l'attention a été retenue
par ce qu'il y avait de plus accidentel et de plus
accessoire dans le problème nous n'aurons
recours qu'à un exemple : ·
L' Autriche-Hongriè . a ét~_traitée comme le
mal permanent et ·e ssentiet · et l'Empire des
Habsbourg, considéré comme la racine de tous
les maux, a été rayé' ·cte la carte _de l'Europe et
retranché de l'histoire.
L'Allemagne, qui e:ri tant que ·mal à éliminer,
était déjà moins accidentelle et accessoire, tout
en l'étant quelque peu· -a été estimée comme
moins importante que .l'.Autriche-Hongrie, mais
beaucoup plus que .l~ _Russie, laque_lle a été
tenue pour telleme~t n·égligeable qu'elle a béné-
ficié d'un non-lieu. · ·
La vérité se trouve cependant- .dans le sens
- 45 ---

diamétralement opposé. Le péril réel, le péril


mortel est le péril de Moscou, avec lequel
pactiser est folie.
Le péril allemand était réel et continue à
l'être plus encore qu'auparavant. Cependant
il n'e~t pas essentiel, il n'est pas dû, si on le
compare au péril du bolchevisme juif, à l'es...
sence · de la nation germanique. Le péril alle-
mand est uniquement dû à des circonstances
·accidentelles, la · c~ngestion économique en
étant la plusi; impqrtante, et cette congestion,
on . aurait pu la faire disparaître pour faire dis-
paraître tout péril. ,
-L~ ·menace autrichienne ou Habsbourgeoise
· · :existait _y rai~ent .pas. Pour contenter tout le
monde, sauf· ·nat~rellement quelques · rebelles
ambitieux, ~ype B~nès, il aurait suffi de recons-
. tuer l'aricien Empire sur des bases fédérales,
_omme ·-l'avait ' projeté_ l'archiduc François-
.. rdinand, après .en avoir détaché la Galicie en
• ·eur de ·Iâ Pologne ,- et :les provinces italiennes
· faveur de l'Italie. ·
t•

t exemple nous prouve une chose d'une


ortance capitale.
œuvre de la Conférence de Paris n'a pas ét é
·· rre de gens instinctifs et irréfléchis qui
., . aient les difficultés et se tiraient d'em-
.Jn:iporte comment. Ce n'étaient pas
omme se plaisent à le dire leurs
t .
1 l, .

- 46 -

détracteurs superfi c:e . , qui ignoraient la géo-


graphie et l'his+o· e~ .
r
Tout au contrai , œu v-re· de la Conférence
de Paris a été consciencieusement pesée jusque
dans ses moindres · détaÙs. Èlle . nous apparaît
toute imprégnée \ d'universalisme his~orique,
mais toutes les valeurs .' y ont été renv~rsées à
l'avantage du courant q.Ûi, dans .l'histoire, cons-
titue l'antithèse de la thèse catholique.
L'Empire des Habsbourg a été supprimé
parce qu'il était le plus conf orme à la thèse
catholique et partant le plus opposé à l'anti-
thèse juive et maçonnique.
Sur le compte de l'Autriche, la révolution ·ne
s'était jamais trompée. La haine comme l'amour
a l'instinct de ce qui lui est intrinsèquement
opposé.
C'était à elle qu'on .e n voulait le plus. Elle ·
représentait par excellence le catholicisme, Je
concept personnel de la propriété opposé au
concept impersonnel du socialisme, le vestige
du Saint Empire survivant au milieu d'une
époque empoisonnée par la Réf orme et la Révo-
lution avec leur nationalisme, leur capitalisme
et leur démocratisme · socialisant, elle repré-
sentait encore l'unité spirituelle dans la diver-
sité politique du moyen âge, bref, tout ce que
l'on considérait comme la barbarie.
En un mot, l'Empire des I-Iabsbourg était ce
47 -

qu'il y avait de plus haïssable et de moins ·


compatible avec les produits du judaïsme et de
la maçonnerie qui constituent les éléments de
l'histoire contemporaine.
L'Empire allemand, issu de la Réf orme et
parachevé par la libre-pensée de Frédéric le
Grand., erp.pire laïque et civique, et en consé'.'".
_quence étatique par excellence, était déjà_ beau-
coup moins haïssable. A partir du jour où il jeta
par-dessus bord ses princes et ses réminiscences
.féodales, qui perçaient encore en dépit du capi-
talisme et de l'étatisme, et où il ne reconnut
. d'autres ancêtres que Luther, Kant, Hegel et
1e juif Marx, il ne le fut plus du tout (1).
La Rus~ie tsariste était aussi haïssable que
~r~utriche impériale. Avec la même ingéniosité
on détruisit l'Autriche au moyen de ·_la Russie
~t ensuite la Russie au moyen de l'Allemagne
qui, elle, était prédestinée, dans la dispensation
nouvelle, à devenir désirable et utile.
Livrée pieds et poings liés au judaïsme
camouflé en communisme, la Russie détestée
devint la chose sacrée à laquelle il est interdit
· de toucher. Et lorsque c'est elle qui touche, il

(1) L'arrivée au pouvoir du régime Hitlérien et la


lutte entreprise par lui contre la F. ·.-M.·. et le Judaïsme
sont en train de tout changer. Affirmons donc notre
volonté de ne pas faire la guerre à l'Italie pour la
. S. D. N. ni à l'Alk1nugnc pour les Soviets.
- · 48 -

est défendu de lui répondre, car elle rend invio-


lable tout ce où elle porte les mains.
Pour bien juger l'œuvre de la Conférence de
Paris, il faut la contempler de la colline du
Vatican, de l'une quelconque des tours du
Kremlin ou d\1n gratte-ciel de Broadway. De
l'un de ces observatoires l' œuvre nous appa-
raît comme une construction à laquelle ne font
défaut ni le sens de l'universel .ni celui de l'his-
toire. Elle est l'œuvre· d'architectes qui savaient
parfaitement ce qu'ils construisaient et qui
travaillaient sous l'inspiration du Grand Archi-
tecte de l'Univers, le plus haut personnage des
Loges maçonniques.
La Société des Nations couronne cet immense
édifice.
Son but est la consécration des prétendus im-
mortels principes de 1789 sur le plan international.
Son rôle est d'être le corps mystique dans
lequel se perpétue l'esprit qui a dicté les actes
de Versailles, de Saint-Germain, de Trianon
et de Sèvres, actes définitifs qui constituent
selon une expression souvent employée, la
nouvelle grande charte de l'humanité.
Or, fidèle à ses origines, le cœur de la S. D. N.
est très nettement à gauche, et en conséquence
elle ne peut s'empêcher de considérer comme
sien tout ce qui se trouve à gauche.
L'ostracis1ne injustifié envers l'église catho-
..
- 49-

li que dans la personne de son chef, joint à la


con1plaisancc inqualifiable à l'égard de r A.nti-
Eglise dont ln figure sinistre se dessinait nette-
ment sur le fond des viols, des tortures et des
sacrilèges judéo-moscovit es, ont constitué les
bases du manifeste inaugural de la Société .des
Nations. Sans même proférer une parole, elle
proclamait d'une façon plus que suffisamment
intelligible à laquelle des deux grandes familles
spirituelles elle appartenait.
<c Le fondement el l'existence des N al ions est
la souveraineté manifestée par la volonté librement
exprimée des populations. ))
Dit le Congrès Maç.·. de 1917, qui ajoute par
ailleurs :
« Le principe du droit des peuples constitue
la force souver~ine qui imposera la paix aux plus
rebelles et l'établira. ))
cc Or, qu'est-ce exacle1nent que cette loi du plus
grand no1nbre qu'invoquent les gouvernements
modernes el dont ils prétendent tirer leur seule
iusti{icalion ? C'est tout simplement la loi de la
malière el de la force brutale... C'est le renver-
. ement complet de l'ordre normal, c'est la négation
même de l'idée de civilisation )) (1 ).
(1) René Guénon, cc La Cris~ du Monde n1oderne »,
_ age 161. -
. .. ~_:?:':.~~ ....~ ~ \ ..
. ' . .
• ...i r .

50 -

Le Nombre, non content d'être déjà la Force,


pousse désormais l'efîronterie jusqu'à se pro-
clamer le Droit.

« La Démocratie ign.ore la vérité, c'est pourquoi


·elle aôandonne ·la découverte de la vérité au suf-
. frage ·de la majorité... C'est en cela .que réside
le mensongé primitif de l'idée .démocratique ...
Elle a fo.i en ce .que l'expression dè _la volonté de
la majorité, le compte mécanique des voi.x, ·doit ·
-- :toujours aboutir à de bons résultats. A la base · ·
.de la démocratie se trouve l'avant-thèse optimiste
··. · : · 'de Ja, bqptf, naturelle et de la mansuitud~ .propre
· - - · · · à la 11atÜre, humaine. La démocratie_ne ·veut °jJas
" -connaître le- mal radical de· la natlj.re humaine.
Elle semble ne pas prévoir que la volonté du peuple
. peut se diriger vers le mal; que la majorité .peul
_,itre pour l'erreur et pour le mensonge, et que la
vérité et le vrai ·peuvent demeurer le propre d'une
faible minorité. Il n'y a aucune garantie dans là
.démocratie que la volonté du peuple sera orientée
vers _le 'b:ien, qu'elle voudra la liberté et non pas
la destruction radicale de toute liberté. A l'époque
<!,e l~ Révolution française, la démocratie_· révo-
. ·1utionnaire ayant-commencé par la proclÇI.f!Zalion
·des droits et de la liberté de l'homme, n'a laissé
aucune liberté subsister; sous la Terreur elle a
détruit toute liberté jusqu'au bout.
La vol[!nlé hurn.aine, _la volonté populaire,. est
sujette au mal, et, lorsque cette volonté dans la
pure affirmation de soi-même, insoumise à
aucune essence supérieure et non éclairée, prétend
déterminer ar bitrairemenl les destinées des sociétés
humaines, elle se tourne aisément à persécuter
la vérité, nier le vrai el éteindre toute liberté spi-
rituelle (1 ).

.
Triomphante en 1918, la F.·.-M.·. s'est crue
pendant un temps maîtresse de l'Occident et
elle a voulu mettre ses théories en action; mais
partout, sans exception, l'épreuve du pouvoir
lui a été néfaste. Suprêmement efficace pour
détruire, la F.·.-M:. s'avère incapable de nous
sortir du chaos où ses principes nous ont menés.
Les F:. clairvoyants sont inquiets de l'ave-
nir et certains d'entre eux n'hésitent plus à
l'avouer. Prenons-en un exemple au hasard :
Au Couvent de 1932, le F. ·. Chaligny, alors
grand-secrétaire de la Grande-Loge de France,
et qui, par conséquent, s'exprime avec autorité,
a fait de redoutables aveux :

. « On en est arrivé, dit-il, à la période des abus,


celle où la plupart des membres de la collectivité,

(1) Nicolas · Berdiaef, « Un Nouveau Moyen Age ».


ou tout au moins les plus in,f luents, négligent les
devoirs auxquels ils étaient astreints... Il appa-
raît alors que le ~ _ ythe a ait son temps ...
« Pendant. cen cinquante ans nous avons
vécu sous _e my.!.-he ré vo - tionnaire. A-t-il
su réaliser les espoirs in/ inis que les horrimes
avaient placé dans la formule splendide, Liberté,
E galilé, Fraternité ?. .. Nous avons constaté
la faillite de toutes les institutions ·qui pré-
tendaient s'inspirer des trois mots fati-
diques. »

Le F:. Jammy-Schniidt peut dire à la


Chambre : « La F. · .-1\11:. se rit des m.esures que
vous voulez prendre contre elle, elle est humaine et
éternelle. ))

C'est là un langage que la F. ·.-M.·. emploie


quand elle s'adresse à ia galerie, dans le huis
clos des Loges elle s'exprime différemment.
Hier encore triomphante, la F: .-M.·. voit son
idéologie s'effondrer au contact des réalités et
par contre-coup sa puissance politique est
partout menacée.
Le danger est qu'elle déclanche une nouvelle
guerre mondiale pour · briser le cercle qui se
resserre.
Car le cercle se resserre.
Un à un 1es p.ay~ relèvent la tête et, sans vou-
- 53

loir juger les régin1.es nouveaux qui s'installent,


il est un fait : leur premier soin est de se débar-
rasser de l'étreinte obscure des puissances
occultes.
En quelques années, la F: .-1\1. ·. a été inter-
dite successivement en Hongrie, en Italie, en
Allemagne, au Portugal et en Turquie.
En Espagne, elle est interdite dans l'armée et
elle est en train de perdre successivement toutes
les positions qu'elle avait gagnées par la révolu-
tion de 1931, qui fut son œuvre.
En Suisse, un grand ref erendum populaire,
lancé par le colonel Fonjallaz, va prochaine-
ment décider de son sort. La Chaîne d'union
d'août 1935, revue maçonnique secrète, écri-
vait à ce sujet :

« Silas Moeri, 1naçon (Suisse) sincère, s'est


particulièrement attaché... à attirer l'attention
de tous les F.·. sur le danger du régime
fasciste pour la Maçonnerie ...
« Ce livre, malgré son ton plaisant 1 dé-
cèle une profonde angoisse. La F:.-M.·.
suisse est en péril ; Fonjallaz, chef du fascisme
suisse, a juré sa n1ort. Mais Silas Moeri es-
père ... >>

Il n'est pas jusqu'au Brésil et au Japon où la


question ne soit à l'ordre du jour.
- 5-1 -
<

Concernant ce de · r pa-:·s, la Chaîne d'union


de décembre 1934 é ri -ait :

« Un f antô1ne pa,~se 1 1 e partie de la presse


nationaliste japo. aise. Toù.s les maux qui ont
atteint le J apon dans ces dix dernières années
sont causés par les juifs et par les F. ·.-M.· ..
« Notamment la sortie du Japon de la S. D. N.
donna lieu à la légende que le secrétariat de la
S. D. N. de Genève est une institution
« Judéo-maçonnique ». Surtout lorsqu'à la
suite d'une interpellation le ministre natio;..
11aliste, comte Uchida, au . Parlement impé-
rial, s'exprima sur ce sujet d'une /açon peu claire.
- Il déclara que l'activité des F. ·.-M.·. à la
S. D. N. était attentivement surveillée.
Cela donna libre cours à l'agitation.»

Au Brésil un grand mouvement de rénova-


tion nationale et chrétienne qui fait mine de
s'étendre à toute · l' i\mérique du Sud groupe
500.000 chemises vertes sous la direction de
Plinio Salgado. En tête du programme est
inscrite la lutte contre la F. ·.-M.·. et le judaïsme.

Devant cette menace grandissante la F. ·.-M.·.


réagit avec violence.

«Chaque jour, écrivait réce1nment R. Vallery-


Radot, nous pouvons même dire chaque h€ure,
..

nous apporte l' éviden·c-e que derrière -le conflit
italo-abyssin, l'animant, le transformant, l'uni-
versalisant, on découvre les premiers symptômes
du grand duel international, plus social
encore que .p olitique, qui se précipite iné-
luctablement.
<( Sous i.e nom de fascisme et d' anti-f ascisme,
la réalité du pouvoir personnel responsable qui
s'efforce dans toutes les nations de s'affranchir
des tyrannies occultes se heurte sur tout le front
international au niythe du Pouvoir anonyme el
irresponsable, au mythe de la Volonté générale
manœuvré dans les coulisses par des puis-
sances masquées 1 au service d'intérêts ou
d'idéologies qui tendent à l'hégémonie universelle
el y ont réussi neuf fois sur dix )> (1 ).

(1) Dans la nuit du samedi 28 décembre 1935 . au


dimanche 29, - le député de Paris R. Dommange~
montait à la tribune de la Chambre pour soumettre
au vote de l'assemblée un amendement à la loi contre
les ligues proposant la dissolution d'une ligue secrète,
la Franc-Maçonnerie.
Les .députés X. Vallat et docteur Cousin soutinrent
publiquement l'amendement Dommange, que les
députés F.·~ Gaston Martin et Jammy Schmidt
combattirent au nom de la F. ·. M.·.
461 députés prirent part au vote.
370 députés votèrent contre l'amendement Dom-
mange c'est-à-dire en faveur de la F.·.-M.·.
91 députés votèrent pour l'amendement Dommange
c'est-à-dire contre la F.·.-M.·.
112 députési' dits de droite, n'ayant pas le courage
·-, 56
-.
· Nous n'avons pas à prendre parti pour ou
contre le fascisme, pour ou · contre l'Angleterre,
mais nous avons à prendre parti pour ou contre
la Franc-:Maçonnerie.. .
. Quelle . que soit la valeur du priµcipe de
l'universalisme, nous ne pouvons accepter une
S~ 'D. N. basée sur. l'universalisme d~s principes
maçonniques et inspirée politiquement par les
Loges (1).
Nous ne pouvons accepter que notre· poli-
tique - nationale ou · internationale_ -- soit.
dirigée par une association secrète anonyme
et irresp~rsable qui se cache et qui ment dans
· la poursuite .d'intérêts révolutionnaires _géné-
ralement contraires à ceux du pàys. • .
~- L.~. ~-· :-M.·. se c~che puisqu'elle consitlère
.le secr.et· comme la condition indispensable de
sa puissance et de son action.
'· L~ F.·.-M.·. ment; elle ment aux profanes
quand elle dit qu'elle ne s'occupe pas de poli-

d'affirmer · publiquement leur opinion, · s'abstinrent


de v@ter.
_A la publication du scrutin, un député F;• ...M.·.
s'écria ironiquement : je ne savais pas que nous
étions _aussi nombreux à la Chambre.
/{ (Voir le compte rendu de cette séance dans le
f Journal officiel du dimanche 29 décembre 1935, ·
pp. 2872 et suivantes.) ·
(1) Il existe un universalisme du mal comme il
e-~ iste un universalisme du bien.
_· 57

tique et de religion, mais de plus e e ment à


ses propres adhérents. Nous nous contenterons
ici d'en citer un seul exemple : dans un ouvrage
destiné aux I-Iauts Grades le célèbre maçon
Albert Pike, celui qu'on a appelé le Pape de
., M ,, .
1a F .·.- .·., a ose ecr1re :

« Les Degrés Bleus (les degrés bleus sont les


trois premiers grades de la F: .-M: .) ne sont
que le parvis ou l' antichambre du Temple. Une
partie des symboles est divulguée à l' Initié~ mais
ce dernier est intentionnellement induit
en erreur. On ne veut pas qu'il les com-
prenne. Leur vraie explication est réservée aux
adeptes, aux Princes de la F: .-M:. » (1).

Une association qui proclame de pareils


principes n'est pas qualifiée pour diriger le
monde.
Notre attitude est donc claire. Si nous n'avons
pas à prendre la défense du fascisme, nous ne
voulons pas nous laisser entraîner par le tru-
chement de la S. D. N. dans une guerre mon-
diale destinée à l'abattre.
Il a fallu quatre années et demie de _guerre

(1) Albert Pike, 33°. « Morals and dogmas >>, page 819,
.réimpression de 1927. L. H. Jenkins-Richmond Va,
U. S. A.
- 58-

pour aboutir à la S. D. ~- Nous ne voulons pas


d'une « nouvelle grande et horrible guerre « pour
imposer son autorité et défendre les intérêts
.
maçonniques.
Pendant des années les puissances occultes
ont réussi à nous faire battre entre nous pour
la plus grande gloire du triangle maçonnique
et de l'étoile d'Israël.
De plus en plus nombreux sont ceux qui
considèrent que ces luttes ~tériles et meurtrières
doivent faire place à l'union internationale
des Nationaux contre l'ennemi commun retran-
ché à Moscou, à Wall Street et à Genève sous
l'Egide de la F. · .-lvL ·. internationale.
Il

Congrès des Maçonneries


des Nations alliées et neutres
· -~ - ~-.._~:-,. - - les 28, 29 et 30 Juin 1917
' '• "'

- "" .- .
. . .,..,
. .

"' - .... REPRODUCTION INTÉGRALE


DU COMPTE RENDU SECRET IMPRIMÉ
PAR LA F.·.-M.·. DU G.·.-O.·. ET DE LA G.·.-L.·.
.. , · ;.

NOTE PRÉLIMINAIRE

Le 23 décembre 1935, je publiais dans l'article


de tête du journal Le Jour quelques brefs extraits
du compte rendu du Congrès Maç. ·. qui fait l'objet
du présent volume.
Sur ce, le F. ·. André Lebey, 3.30 -- Souverain
Grand Inspecteur général _,... m'écrivait une lettre
personnelle m'accusant avec violence de :

1. - Malhonnêteté.
II. - Anti-Patriotisme.
Malhonnêteté pour déformer le sens des textes
en ne les publiant pas _complets_.
Anti-Patriotisme, sans explication.
Je suis heureux de pouvoir donner aujourd'hui
tous apaisements à mon T:. III:. adversaire sur
le premier point, en publiant intégralement le docu-
ment en cause.
A mon grand regret, je ne puis en dire autant sur
le second point.
Dans sa communication du Conseil de !'Ordre
- 62 - . .

du 9 décembre 1917, le F. ·. A. Lebey disait en


effet : ·

« Il s' agil de savoiï' q. â a raison, de la bonne foi


ou du mensonge, du Bien ou du è.,! al, de la Liberté
ou de l' Autocratie. La lutte actuelle est la continua-
tion de celle qui s'est ouverte en 1789 : il faut
que l'un des deux principes triomphe ou périsse.
La vie même du Monde est en train de se jouer. L' FI uma-
nité peut-elle vivre libre, en est-elle dzgne, ou, au
contraire, sa destinée la condamne-t-elle à la servitude?
Voilà le _dilemme que la catastrophe a posé et auquel
tous les démocrates ont répondu.
« Il n'y a moyen ici ni de reculer ni de tran-
siger. Pendant une guerre si nette, si claire,
si formelle, nul ne saurait hésiter sur son devoir.
Ne pas défendre la Patrie serait livrer la Répu-
blique. Patrie, République, esprit révolution-
naire et socialisme sont indissolublement liés. n

Je regrette de ne pouvoir donner là aussi


satisfaction à notre adversaire, 1nais je ·me vois
contraint de déclarer nettement, catégoriquement
que ce patriotis1ne-là n'est pas le mien.

Sauf la note de la page 69,. qui est de l'auteur, toutes les


notes reproduites dans le compte rendu du Congrès font
partie du texte original.
, ' ,
LIBERTE-EGALIT E-FRA E TÉ

GRAND ORIENT DE FRANCE Jg GRANDE LOGE E·rs_ANUE:


16, rue Cadet, Pari·s f 8, rue Puteaux, Paris

-~ .
.....~;-~~
~

~l ' ·: .
)i(·.• -:'.>~,,·

,
:::

-•

DES

MRÇORMEBIES DES NRIIOHS DLlIEES ET NEUTRES


les 28,. 29 et 30 Juin 1917
CONGRÈS
·des Maçonneries des N·a tions alliées
•·

et neutres, les 28, 29 et 30 juin 1917

La. Can férence des 1!1aç:. des Nations alliées, qu.i


s"est réunie à P aris les 14 el 15 janvier 1917, décidait
de convoquer, à Paris, les 28, 29 et 30 juin, an Congrès
tl.es Jvl aç. ·. des Nations alliées et neutres.
A cet effet, la pl.·. suivante a été adressée aux Puis-
sances mar.. . ·. intéressées :

LIBERTÉ - ÉGALITÉ - FRATERNITÉ


G. · .-0:. de France G. ·. L. ·. de France
~- 16, rue Cadet 8, rue de Püteaux
PARIS (9 8 ) PARIS. (17 8 )

0:. de PŒ•is, le 25 m.ars 191.7 (E:. V.·.).

TT:. CC:. et Ill:. FF: .,

En vous transmettant le compte rendu sommaire


de la Conférence des Maç. ·. des Nations alliées, qui
s·' est tenue à Paris, les 14-15 janvier 1917, ainsi que
les résolutions et le manifeste qu'eHe a adoptés,
5
- Gç0
nous avons la faveur de vous fair'..; connaître que
cette Conférence a décidé de tenir, à Paris, au G.·.-
O. ·. de France, le~ 28, 2D et 30 juin proehain, un
Congrès niaç:.

C ""'o r,,-y;"\<)"1"'.ès
-..... ~--.::.:::_,- '-"' au.,~a
es. .~0,
.!,;;'
1 ·.i."" 1î,1·c::.cio·r•. e'io ·r 0 ch<P;"'.Ch~,,.
v-.. ---- ,._..._.,.~ .... U.-'-' ,.., '-'
.ï.• .. ,.
. . . ....,...,.....,._
~

1
les moyens d a:r:r·h7 B1"' à la constitution de la .
· ~ · , Cl.es
S oc1e-r.e :i ~ 7 t ·
1:,ia..,1ons (1.1 J,
\
8.Llnri u.·evner
'. , . · 1c re l·our d' une
catastron hc smnhlable à celle aui rnet en deuil le
~ J.

inonde civilü:é.
L.a Conférence a pen~é que cc progra1n1ne ne pou-
vait p~ls être discuté uniquement par les Maç.·.
des :Nat:ions alliées et qu'il appartenait aussi
aux Maç.·. des Nations neutres d'apporter
leurs lumières à l'exar.nen d~un problème aussi
grave.

Il vous apparaîtra égalen1ent que la question


~oulcvée dépasse le cadre de quèlques nations el
intéresse toutes celles qui ont le désir de voir l'I-Iu111a-
11üé s'afiranchir, daw~ l'avenir, des désaslres qui
pan:.lysenL la 1narche de la civilisation.
C'est le devoir de la rvfa.ç,: ., à l'issue du dran12 cruel
qui se poursuit actuclle111ent, de faire entendre sa
g,:ande voix humanitaire et de diriger les peuples
vers une organisation générale qui deviendra
leur suu:.vegarde. Elle n1anquerait à ce devoir, elle
ferait faillite à ses grands principes, ~.i dl2 se renfer-
n1ait dans le t;ilence.

(1) Tous les passages soulignés le sont par nous.


La pagination est ici différente de celle du document ori-
ginal, le format de ce cfornicr (155 x 240) étant difîérrnt de
celui <lu présent volume.
- 67 -

Aussi, est-ce ep. tout e confiance que nous vous


demandons l'adhésion de vot re Ill. ♦• Ob&L ·. à c.e·
Congrès.
Conformément à la décision prise par la Corné- ~
rence des 14-15 janvier dernier, vous auriez à dési-
gner trois délégués. Dans le cas où vous n'enverriez
- qu'un seul délégué, celui-ci disposerait de trois
: ;· . n1àndats.
Il est bien entendu -q ue le · · congrès maç.·.
: -restera sur le terrain purement. liumaii4t~_ire
·et, · conformément à nos constitutions maç.·.,
n'abordera aucune question d'ordre politique.
Tous vous serions très obligés de nous faire par-
venir votre adhésion dans le délai le plus court
possible.
Convaincus que vous accueillerez notre invitation
\ 4ans le même esprit de frat. ·. que celui qui nous le
~ dicte, nous vous adressons, .T T:. CC:. et III.·. F.·.,
l'assurance de nos sentiments bien fra,t:. et bien
dévoués.
Le Président du Conseil de l' Ordre
du Grand-Orient de France,
G. CORNEAU, 33e.
Le Grand-Maître de la Grande-Loge de France
Général PEIGNÉ.

A ce Congrès, qui s'est tenu au Grand-Orient


de France, aux dates ci-dessus indiquées,
étaient représentées les Puissances maç.·.
suivantes :
Le Grand-Orient de France, par les FF.·. Cor-
neau, André Lebey et Mille.
Le Grand Collège des Rites (Suprê111e Conseil
du Grand-Orient de France), par le F:. Tinière.
La Grande Loge de France, par les FF:. géné-
ral Peigné, Tviesureur e i: ~-;i 2ol. -
Le Suprê:;_,ne Co:.1sail de ::rance, par les FF. ·.
Cou taud et ibert.
Le Grand-Orient d'Italie et le Suprême
Conseil d'Itali~, par les FF:. Nathan,. Ettore
Ferrari et Berlenda.
La Grande Loge Symboliql,ï.e d'Italie 1 par le
F. ·. lVIeoni.
Le Grand-Orient Espagnol, par les FF. ·.
Simarro et Salmeron.
La Grande Loge Régionale Catalano Balear,
par le F. ·. Vinaixa.
La Grande Loge Suisse Alpina, par les F:.
Schwenter et Aubert.
Le Suprême Conseil de Suisse, par le F. ·.
Aubert.
Le Grand Prieuré Indépendant et '·H elvétie,
par le F. ·. Barrois.
Le Grand-Orient Lusitanien uni, par le
F. ·. Nicol, qui rernplaçait le F. ·. !v'Iagalhaës Lüna,
ernpêcl1é au dernier 1noment de se rendre à Paris.
Le Grand-Orient de Belgique, par les FF. ·.
Dcswarte, Soudan et Duchâteau.
Le Suprême Conseil de Belgique, par les
FF. ·. P.... nspach-Puissant et Urbain.
Le Sup1·ême Conseil de Serbie, par le F:. 1\1:ilit-
chevitch.
Nos FF · c1e uvl
..:.i..
,.:f:) -- 1 ,i :., 0 ;-~i · c,1· · Pa~lemen·
• • ~ l .J.::.v '--'t:,~'-
(:; ... ......_ ... ..i.., . ,,~ __ ·e's
t renre'cen
:....
1 l,

par les FF. ·. Yovanovit ch et Ilitch. ,.

' .
Le Suprême Conseil du. Rite Écossais de la
République Argentine, par le F. ·. Cout au .
Le Suprême Conseil et Grand-Orient du Rite
Écossais Ancien et Accepté 1 de Buenos-Aires,
par le F:. Walewyk.
Le Grand-Orient et Suprême Conseil de
l'État de Rio Grande du Sud avait délégué le
F:. Magalhaës Lima, qui n'a pu assister au Congrès.
Cette Puissance maç:. écrivait que, étant en
plein accord avec ·es résolutions de la Conférence
de Maç.·. de ~ -ahôns alliées, de janvier dernier, elle
donnait forn1ellement s-0n adhésion au Congrès
des Maç:. des Nations alliées et neutres. (1)
La Grande Loge de r Arkansas n'a pu, en rai-
son de son éloignement, envoyer de délég~és au
Congrès. Elle terminait ainsi sa pl.·. : « Nous nous
limitons donc à l'expression de nos meilleurs sou-
haits pour le succès de votre entreprise et à espérer
que le résultat inestimable ·q ue vous recherchez
pourra -être · garan\i à l'Hun1anité, g.râce à vos
efforts. »
Depuis la clôture des travaux du Congrès sont
parvenues les adhésions suivantes :
La Grancle Loge de Costa-Rica, ·q ui avait
délégué les FF:. Stéphen Pichon, Paul Schmitt et
Jollois.
La Grande Loge de l'Ohio, qui avait délégué
les FF:. Corneau, Peigné et Vadecard.

(1) Le F. ·. Magalhaës Lima avait pris une part active au


Congrès préparatoiré des Maçonneries des Nations alliées,
tenu à la Grande Loge de France les 14-15 janvier 1917.
PREMIÈRE SÉANCE

La séance est ouverte, au G.·.-0:., 16, rue Cadet,


le 28 juin 1917, à deux heures et den1ie, sous la pré-
sidence du F.·. Corneau, président du Grand-Orient
de France, assisté du F. ·. général Peigné, Grand-
Maître de la Grande Loge de France.
Le F:. Corneau fait l'appel des délégués, leur
souhaite une fraternelle et cordiale bienvenue, et
prononce l'allocution suivante :
« Après trois ans d'une longue et pénible ·guerre,
après avoir vécu ces effroyables épreuves, après
avoir fait l'appel de tous nos disparus, et contem-
plant tristement nos veuves, nos orphelins, n_os
mutilés, enfin toutes nos familles dans le deuil, '.-là
Franc-Maç:. universelle entend que jamais l'huma-
nité ne soit le témoin d'un pareil spectacle.
« Ce Congrès des Maç. ·. des Nations alliées et
neutres vient à son heure.
« Vous connaissez les désastres d'hier, il convient
de construire la cité heureuse de demain.
« C'est à cette œuvre vraiment maç:. que nous
vous avons conviés.
<< La Franc-Maç. ·. a, depuis toujours, rêvé de la
fraternité des peuples.
<< Nos adversaires souriaient de notre idéal.
...
'•

71

cc Pour avoir souri, l'humanité entière e t en ·g rand


deuil.
« Aujourd'hui, la tristesse est générale. La leçon
des événements ne peut nous trouver indifférents .
. <c L'heure a donc sonné pour inviter les bonnes
_volontés à se mettre à l'œuvre.
cc Nos anciens se sont préoccupés d'une entente
-internationale ; nous, nous nous somn1es souvent
- entretenus <;les Etats-Unis d'Europe;
cc. Vceux platoniques, disaient les uns ; utopie,
"clamaient les autres.
« Que constatons-nous ? Cette guerre, dé-
-chaînée par les autocraties militaires, s'est
transformée en une formidable querelle des
démocraties organisées contre les puissances
militaires et despotiques.
« Dans cette tempêt~, le pouvoir séculaire des
tzars, en la grande Russie, a déjà sombré.
« La Grèce, par la force des événements, a dû
revenir à l'exécution de sa constitution libérale.
<< D'autres gouvernements seront emporté~ par
le souffle de la liberté.
« 11 est donc · indispensable de créer une
autorité supernatiQnale qui aura pour but, non
de supprimer les causes des conflits, mais de résoudre
pacifiquement les différends entre les nations.
« La Franc-Maç.·., ouvrière de la paix, se
propose d'étudier ce nouvel organisme : la
Société des Nations.
cc Elle sera l'agent de propagande de cette
conception de paix et de bonheur universels.
« Voilà, mes TT.· . Ill.· . - F. · . , notre travail.
<< Mettons-nous à l' œuvre. »
Le F:. Corneau .donne la parole au F:. André
Lebey, secrétaire du Conseil de l'Ordre du Grand ...
Orient de France, po r la lecture de son rapport
sur la const it ution de la Société des Nations.

Le F. ·. André Lebey :

A la gloire de la Franc-Maçonnerie Univer-


selle.

« Est quidem vera lex, recto ratio naturre congruens,


diffusa in omnes, constans, sempiterna, quœ vocet ad
officium jubendo, vetando à fraude dèterreat, q.uœ
tamen neque probos frustra jubet aut vetal; nec im-
probos jubendo aut vetando movet. Huic legi nec abro-
gari jas est, neque derogari -ex hac aliquid licet, neque
iota q.brogari potest. Nec vero aut per senatum, aut
per populum solvi hac lege possumus. Neque est
quœrendus explanator, aut interpus ejus alius; nec
erit alia lex Romœ, alia A.thenis, alîa nunc, alia
posthac ; sed et omne gentes et omni tempore una lex,
et sempiterna, et immorlalis continebit. Unusque trit
communis quasi magister- et imperator omnium Deus
ille, legis hujus inventor, disceptator, lator; cui qui
non parebit ipse se fugi.et, ac naturam hominis asper-
nabitur, atque hoc ipso luet maximas peonas, etiamsi,
cœtera supplicia quœ putantur effugerit. >>

Ciceron. - Epigraphe mise par Mably à son


cc Traité des Droits el Devoirs du Citoyen )>, réim-
primé en 1793.

« Ainsi des chances favorables et nombreuses


çtaient constamment attachées ~ l'observation de~

. J
principes essentiel~ de raison, de just ice et d:huma-
nité qui, fondent et maintiennent les sociétés. Il y
a un grand nombre d'avantages à se conformer à
ces principes et de grands inconvénients à s'en
écarter. Que l'on consulte les histoires de sa propre
expérience, on y verra tous les faits venir à l'appui
de ce résultat du calcul. Considérez les heureux effets
des institutions fondées sur la raison et sur les droits
naturels .de l'homme, chez les peuples qui ont su les
établir et les conserver. Considérez encore les avan-
tages que la bonne f-0i a pro.curés aux gouvernements
qui en -o nt fait la ba.se de leur conduite .e t comme
ils -0nt été déd-0mrnagés des sacrifices qu'une scru-
puleuse exactitude à tenir ses engagements leur a
coûtés i Quel immense crédit au dedans ! Quelle
prépondérance au dehors ! Voyez, au contraire, dans
.quel abîme de malheur les peuples ont été souvent
précipités par l'ambition et par la perfidie de leurs
chefs. Toutes les fois qu'une grande puissance,
enivrée de l'amour des conquêtes, aspire à la domi-
nation universelle, le sentiment de l'indépendance
produit entre les nations menacées ·une coalition
dont elle devient presque toujours la victime. Pareil-
lement, au milieu des causes variables qui étendent
ou qui resserrent les divers états, les limites natu-
relles, en agissant comme causes constantes, doivent
finir par prévaloir. Il Ïlnporte donc à la stabilité
comme au bonheur des empires de ne pas les étendre
· au delà des limites dans lesquelles ils sont ramenés
sans cesse par l'action des causes, -ainsi que les eaux
des mers soulevées par de violentes tempêtes
retombent dans leur bassin par la pesanteur. C'est
encore un résultat du calcul des probabilités con-
firmé par de nombreuses et funestes expériences~ »
- 7-t -

Laplace. - << Essai phi'osophique sur les proba-


bilités. >>

« Ce n'est point ce qu :un honune a ou n'a point


extérieurement qui constitue son bonheur ou sa
misère. La nudité, la faim, la détresse sous toutes
les formes, la mort elle-même, ont été souffertes
avec courage quand le cœur 'é tait drQ~t, c'est le sen-
timent de l'injustice qui est insupportable à tous
les hommes. Une loi plus profonde que la loi écrite
sur le parchemin, une loi directement écrite par la
main de Dieu dans l'être le plus intime de l'homme,
proteste sans cesse contre cela. L'âme et l'univers
en de continuels signes silencieux disent : cela ne
se peut.
« La douleur réelle est la souffrance et la flétrissure
de l'âme, le mnl infligé au moral lui-même. >>

Carlyle.

'.

***
« l\ies TT.·. CC.·. PF:·.,
<<La guerre a dén1ontré a ux ho1111nes les plus pré-
venus contre nos idées qu'il est dangereux de douter
à l'excès, sans action suffisante, devant les solutions
humaines qui s'imposent à l'attention des peuples
civilisés. Elle a achevé de prouver, d'une part, qu'au
milieu du monde décidé dans sa majorité, dans sa
totalité même, à 1naint enir coûte que coûte cette
paix salutaire à son développement, - et nul pays,
75 -

peut-être, plus que la France, n'y a fait autant de


concessions successives, quelquefois difficiles, dou-
loureuses, - deux empires, groupant des nations
par la force, par des procédés artificiels, -1' Autriche-
Hongrie le 'laisse voir, notamment, à l'heure même
o.ù nous nous réunis$ons (1), - se refusaient déli-
bérement, volontairement, à cette _ coneeption,
décidés, plutôt que d'y souscrire, à tout mettre en -
œuvre, par n'in1porte quels moyens-, pour impo er
au monde, de jour en jour plùs st upéfait, leur olonté
d'hégémonie par les arn1es. Elle a permis de cons .ater
d'autre part, que les t entat ives les plus rationnelles
en même temps que les plus légitimes, ent amées à
La Haye dès 1899, sur l'initiative de notre F:.
Léon Bourgeois, demeuraient inefficaces, faute de
garanties et de sanctions suffisantes. La situation
est donc nette : d'un côté, l'universalité des peuples
voulant l'organisation des nations dans la paix par
la Liberté, de l'autre les empires centraux ne con-
cevant cet équilibre que sous leur domination
propre et par elle, avec l'aide -de la force, par la
guerre. La grande guerre de 1914, imposée d'abord
à la France, à la Belgique et à la Russie, puis à
l'Europe, ensuite au monde, par l'agression germa-
nique, n'a cessé de définir elle-même, progres-
sivement, le caractère du conflit engagé en y
faisant s'affronter deux principes : celui de la

(1) Notons ici, pour mémoire, les paroles du président du


Conseil autrichien, von Seidler, . le 28 juin, à la Chambre de
Vienne : « L'Autriche ne pense pas qu'une paix durable puisse
se fonder sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. >>
Rien de surprenant à cela. Aucun État n'a fait table rase,
autant que l'Empire danubien, des prérogatives et des aspi-
rations des nationalités. La po]itique de Metternich n'a cessé
d'y prévaloir.
76

Démocratie et celui de l'Impérialisme, celui


dB la Liberté et celui <le r Aut orité, celui de la Vérité
prouvant sa bonne foi, celui du J\iensonge, s'enfon-
çant de plus en plu dans les intrigues louches, uni-
verselles, pour se tirer d affaires, notammènt en con-
tinuant rle chercher à faire discréditer dans leur
propre parti, dans chaque pays, ceux qui avaient
le mieux le sens de l'intérêt national. De la violation
de la neutralité belge à· la levée des Etats-Unis
-d'Arnérique, en passant par la Révolution russe,
il n'est pas un fait qui n'ait apporté sa preuve à ce
duel gigantes,q ue entre deux principes ennemis.
Il s'agit de savoir, désormais, si l'Humanité va
atteindre son salut ou marcher à sa perte, si elle
touche à l' Avenir ou retourne au Passé, - si, demain,
grâce à une paix victorieuse inscrivant la Justice
au fond des faits par la permanence défendue du
Droit, elle assurera, enfin, contre le retour de pareils
crimes son. existence durable. Il le faut pour qu'elle
""Vive. Il n'est personne qui ne puisse être d'accord
avec nous sur ce point. La guerre elle-même a été
si bien déshonorée par l'excès de ceux qui l'ont
élevée à la hauteur d'une institut ion normale qu'il
n'est pas interdit d'espérer qu'elle ait re·çu une
atteinte mortelle. Il n'est aucun de ceux qui y ont
pris part pour se défendre qui n'apporte une adhé-
sion spéciale, enthousiast e· et réfl échie, à la Sociét é
des Nations.

«Les liens de droit entre les nat ions que les assem-
blées de La Haye avaient cherché à . multiplier et à
resserrer doivent être étendus. Les procédés diplo-
matiques qu'elles ont voulu définir, les institutions
juridiques qu'elles se sont efforcées de créer devront
dçsormais exister d'une maniè;re solide. La justice
..
1
71
collective (1) qu'elles ont voulu r ,d po""sible . en
faisant dominer la justice indi, idue :, égoïste,
d'état à état - cette justice collect h e, j' t ement,
que la lutte a fait ria-îfre et n'a cessé d'accroître
contre l'Allemagne· au fur et à mesure qu:e- celle-ci
révélait davantage la profondeur et l'universalité
de sa corruption, sombre et secrète toile d'araignée
tendue sur le globe - devra édifier solidement les
assises de sa construction bienfaisante. Ainsi la force
suprême de- l~t communauté de·s N-ations, matériel-le
et morale à la fois·, saura venir à bout· de Ja volonté
meurtrière d'une d'elles ou: de plusieurs. Il n'y aura
plus alors de nations· neutres, car· aucune, dans- une
organisation de cet ordre, ne po·urra. s'isoler sans se
soustraire à son devoir consenti. L'inj'ustice faite
à .l'une d'elles les atteindra co11ectivement et indi-
viduellement puisque la neutralité violée de Fune
d'elles mettrait ]a nation attaquée, fidèle à ses enga-
gements, et se refusant à envahir une nation voisine,
même par réprocité, dont le territoire favoris·e rait
une opération mHitaire identique à cel1'e qu;'elle
· subit, dans une situation diminuée, désavantageuse·,
du: fait de sa bonne foi.
cc Nous l'avons mesuré au début de la guerre· :
tandis que l' Allem·agne envahissait la Belgtque, elle
félicitait la Suisse de sa neutralité ; or-, la neutralité
de la Suisse, sacrée pour les Alliés, couvrait l' Alle-
Irw.gne contre . un danger redoutable d'invasion en
lui permettant de mieux envahir la France. De même
la neutralité hollandaise empêchait l'Angleterre de

(1) Si imparfaite qu'ait été et que soit demeurée la justice


collective, elle a été . cependant partollt et de tout temps
supérieure à la justice . individuelle. Molinari, Esquisse
politi'que _ et économique de la Société future.
- 78 -

venir au secours d'Anvers par les bouches de l'Escaut.


L'Allemagne, sans que la Suisse, ni la Hollande
l'aient voulu, se trouvait, de la sorte, avantagée
et protégée. Les neutral ·tés devront donc être unies
entre elles de manière à ce qu'elles soient amenées
à se prêter toujours main forte ; elles seront d'ail-
leurs amenées, par rexemple de la Belgique, à se
garantir par la garantie collective du plus grand
nombre de puissances possible. De toutes parts nous
sommes ainsi conduits, au fur et à mesure que nous
serrons de plus près le problème, à l'association
universelle des peuples. De .Ja sorte, le recours aux
solutions juridiques des conflits internationaux
deviendra presque obligatoire. Là où réside la leçon
profonde de la guerre, là doit être aussi son résultat,
c'est-à-dire la pratique facilitée, no_rmale, légale,
obligatoire, d'un droit international ..(1), complet,
matérialisé, efficace.
<< La tâche qui s'impose à notre génération et plus
spécialement à vous, mes FF. · ., consiste à faire faire
un progrès décisif à ce droit international. Il a été
outragé cyniquement. Il doit renaître plus fort et
les Alliés qui ont lutté pour lui, dont il est la cause,
l'enracineront à jamais dans le champ de leur vic-
toire, qui sera la sienne. Ce droit international est
le droit de la paix. Il vivra si nous sommes parvenus
à le cuirasser de sanctions, et pour y parvenir,
apprenons, même contre notre tempérament, à nous
défier de l'instinct trop généreux, quelquefois, qui .
nous porte à investir vite autrui de notre propre
honnêteté.

(1) Au bas d'une gravure de 1790 sur la .fête de la Fédéra-


tion au Champ de Mars, dans la légende, « la Loi .universelle r}
est invo·quéc. ElleSavait été déjà par nos encyclopédistes.

..


- 79 -

« Il y a des leçons dont il faut e ouve~, dans


l'intérêt même des hautes idées a nitaires que
l'on défend. Le droit international doit e re armé
de sanctions telles qu'elles décourageront a ra ance
ceux qui seraient tentés de manquer à leur parole.
Réunies entre elles, les nations qui veulent vivre
en paix dans le respect de leurs droits réciproques,
créeront une force souveraine irrésistible d'action
éconon1ique et d'action militaire qui empêchera
d'entraîner les masses aveuglées dans des conflits
impérialistes. Cette union des différentes forces
nationales sera elle-1nême, afin de réaliser sa tâche
àéfensive propre, aménagée et outillée en vue de
son plus haut rendement. Le droit possèdera de la
sorte des garanties de durée. Il sera devenu la ,force
par l'adhésion du plus grand nor.nbre des Etats.
Cette force, par une véritable police des nations,
1naintiendra la paix universelle en mettant toutes
les puissances civilisées du côté de toute nation dont
le droit, sans provocation, aura été violé par une
autre. Le jour, sans doute enCQre éloigné,-m~is qu'il
ne tiendrait qu'à l'Humanité de faire plus proche (1),
où nous aurions su réussir une œuvre pareille, nous

(1) La solution du prqblème de l'établissement d'un état


de paix permanent entre les nations civilisées réside dans la
substitution d'une assurance collective de leur sécurité exté-
rieure au régime de l'assurance isolée. Si l'on considère la
charge énorme et toujours croissante dont les accable ce
régime suranné en même temps que son insuffisance à protéger
les faibles contre l'abus de pouvoir des forts, on se convaincra
que le moment ne peut être éloigné où la nécessité de ce progrès
s'imposera au monde civilisé. C'est la même nécessité qui a
déterminé la formation des sociétés primitives d'assurance
collective de la sécurité individuelle, troupeaux, clans ou
tribus. Molina:ri, idem.
- 80-
aurions répondu, mieux que par des projets, hélas !
à l'affirmation brutale de l'ennemi parlant par la
bouche de Maximilien Harden et de plusieurs- de
ses écrivains : « La force crée pour nous le droit, un
plus fort seul pourraiJ_ nous contraindre. )) Alors
nous aurons vraiment ~ se~on . . e mot de M. Briand,
reconst ruit sur la J usLce une Europe régénérée.
C'est le désir, c'est la volonté de la France, « Cham-
pion du Monde ». EHe a toujours tenu, en effet, à
incorporer à la Force un Droit qui la transforme et
l'annoblit de manière à mettre la Force au service
du Droit. Elle a sans cesse rêvé que ce soit le Droit
qui crée la Force, !'Esprit qui domine et utilise la
Matière. Aujourd'hui, saisie à la gcirge par un adver-
saire implacable, tandis mê1ne qu'il foule encore son
territoire et que la bataille continue, elle entend
réaliser- et réalise ce programme· d'union que Lamar-
tine, expression de la volonté révolutionnaire de
18'48, avait indiqué à l'Europe comme la voie de son
salut. Elle reprend la proclamation du droit des
peuples que le vieux démocrate Charles Lemonnier
proposait en 1873 à l' Assen1blée de la Ligue pour la
paix (1 ). Elle proclame, dépassant l'e souci de son

(1) « I. - Les· peupies sont égaux entre, eux, sans· égard


à la superficie des territoires, non plus qu'à la densité des
populations. .
II. - Les peuples s'appartiennent à eux-mêmes ; ils• sont
responsables · les uns envers les autres tant de· leuTs propres
actes que des· actes- des sujets ou citoyens qui les composent,
ainsi que des actes· de leurs gouvernements·.
III. - Nul individ'u, nuf gouvernement, nul peuple, ne
peut légitimement, ni sous· aucun préte::&:.fe', di-sp-oser d'un
autre peuple par· annexion-, par conquête ou- d'e quelque façon
que ce soit.
IV. - Est nul, comme contraire à l'ordre public et aux
81

intérêt personnel et toujours tournee ve plus


hautes cîmes de l'Histoire, que le droi d es · ations
doit être et sera la Charte de l'Hu m anité de
demain.

·* **
« Les conférences de la paix de 1899 et de 1907
devaient se compléter par celle de 1914. La guerre,
en l'empêchant, a fait voir, par une effroyable leçon
de chose, à quel point elle était urgente ainsi que la

bonnes mœurs toute clause, convention ou traité ayant pour


objet : .
Toute atteinte à l'autonomie d'un ou de plusieurs peuples
ou individus ;
Toute guerre qui n'est point strictement défensive;
Toute conquête, invasion, occupation, partage, démembre-
ment, cession, annexion, ou acquisition à quelque titre ou
de quelque façon que ce soit, de tout ou partie de territoire
occupé par un peuple ou par une population quelconque qui
n'a pas au préalable été consentie par les habitants sans
distinction aucune.
V. - Tout peuple envahi a le droit, pour repousser l'in-
vasion, d'user de toutes les ressources de son territoire et de
toutes les forces collectives et individuelles de ses habitants ;
ce droit n'est subordonné dans son exercice à aucune condition
soit de ligue extérieure, soit d'organisation militaire. i>
Voici aussi la belle déclaration des droits et des devoirs
des nations de l'Institut américain du Droit international :
« I. - Toute nation a le droit d'exister, de protéger et
de conserver son existence, mais ce droit n'implique pas le
pouvoir d'être justifié par le fait, par un État, de commettre,
pour le protéger lui-même et conserver son existence, des actes
injustes contre des États innocents qui ne l ui font aucun mal.
II. - Toute nation a le droit d'indépendance en ce sens
qu'elle a le droit à la prospérité du bonheur et qu'elle est libre
de se développer sans immixtion, ni s"J prématie d'autres Étals,
6
- 82 -

réalité qu'elle devait prendre. C'est toute la con-


science de l'Humanit,é qui s'élève pour réclamer,
quand la paix sera possible, les conditions de vie
qui lui pennettront de ne plus se perdre. Ce sont les
peuples qui n'entendent pas que le sang versé le soit
en vain, car c~est bien à la fois pour sauver son pays
et préparer l'aube libératrice que le poilu souffre
avec tant de patient courage dans la tranchée. Ce
qui paraissait, hier encore, un songe entre irrésisti-
blement dans la réalité de la vie même, et ce n'est
plus seulement une masse révolutionnaire, conduite
par une élite avancée, qui marche vers la délivrance,
c'est bien l'Humanité, toutes classes mêlées, de
nombreuses nations unies, qui, engageant toute sa

pourvu qu'en agissant ainsi elle ne commette ni intervention,


ni violation des justes droit s des autres États.
III. - Toute nation est en droit, : et devant le Droit,
l'égale de tout a:itre État qui compose la Société des Nations,
et tous les États ont le droit de réclamer, et conformément
à la Déclaration d'indépendance des États-Unis de prendre
parmi les puissances du globe la situation séparée et égale
à laquelle les lois naturelles leur donnent droit.
IV. - Toute nation a le droit de posséder son territoire
dans des limites déterminées .et d'exercer une juridiction
exclusive sur ce territoire en même temps que sur tous les
hommes étrangers qui s'y trouvent.
V. - Toute nation a le droit, en vertu de la loi des Nations
de voir chacun de ces droits essentiels, respecté et protégé
par t outes les autres nations, car le droit et le devoir sont
corrélatifs, et où il y a droit pour l'un il y a devoir pour tous.
VI. - Le Droit international est , t out à la fois, national
et international : national en ce sens qu'il est la loi du pays
et s'applique comme tel à la'décision des questions qui mettent
en jeu ses principes, international en ce sens qu'il est la loi
de la Société des Nations et qu'il s'applique à toutes ces
q'.:es~ions ent re les membres de la Société des Nations qui
l!lC-l ~cnt en jc:1 s~s p:-ind pes. >>
.: . , ...

conscience, vivant éperdu111ent d'une viè nQuveUe, .·


fait entendre sa volonté.
« Cette volont~, qui est la nôtre depuis longtemp~~-:~- _:··:: -~.-
ne peut que nous trouver prêts. C'est pQ1:J.r l'offrir '· · ~ _:_
au monde dévasté par la haine que nos ancêtres ont ··
fondé notre Ordre et l'ont maintenu au long des
·. âges. C'est pour vaincre les innombrables résistances
d'une barbarie multiple et stup_idei;-n.~nt féroce q~'ils
ont toüjours combattu. Ainsi, mes ,F F·.· .-, les ;événe~:·
· inents n'ont cessé de nous donri~r.. ràisQ~ et, -chaqüe.
-fois, d'une . façon plu~ _ftj_rpùd~Q}e, '..pl~~:. ~~dente_,
,f ~nt ifsemble, quand mêm.ê, lllalw.:-é):ant de-dément-is,
'a t ravers 1outes les horreurs de la démencè et du
mal, que rien ne se perde dans l'effort de l'Humanité
·vers le meilleur .d'elle-même. De Waterloo à Sedan,
: de Sedan à la Marne, de La Fayette et de Washing-
.t 9_n (1) au président Wilson et. au maréchal Joffre,
~~"QJJ:e logique obscure paraît mener, le monde vers son
· b,_iit inconnu. La F~ance, envahie\ "pour la · seconde
;~~its·· contre tout droit, après tant '- de preuves ·paci-
1iques et de volonté_d'entente, lutte pour sa défense,
:SUPP.<>~te,__en ~quelque sort~ à ·b out de bras, l'effort
- d~ . ,·!~ :plus::-·,pui~~ante ·.maçhiµe d~ guerre qu'une
· iinmerisè agglo~-ération d~-hprilmes, . vouée au mili-
tê::lrisme, ait jamais ,forgée .. -~Ile brise, elle arrête au
dernier moment la tetrihlë ·II}.aëhine d'horlogerie
meurtrière, si savamment p:répa._i:ée corit:re elle, puis,
voici que, peu à peu, cette lutte ·pour la vie en même
ten1ps que pour la Liberté - elles sont inséparables,
(1) Le tablier maç.·. de La Fayette est conservé par la
Grande Loge · de Massachusetts. Un journal d'Amérique
publiait récemment le très intéressant compte··-rendu d'une
grande cérémonie maç. ·., célébrée aux États-Unis, en 18~5,
en l'honneur du F.·. La Fayette, héros de l'indépendance,
sur un des champs de bataille de la guerre cle libération.
- 84 -

- entraîne le mo de. ~ a France en armes pour


l'abolition du mili aris::.ne va plus loin. Elle ne
saurait s'arrêter dans so_1 apostolat. Elle reven-
dique la Société des at ·· n s; et celle-ci devient
le but 1nême de la guer=e , la préface du traité
de paix. To t e mon -e sent qu'une paix qui
ne serait qu'un instrument diplomatique
demeurerait incomplète et qu'elle doit être
une première mise en œuvre de la Société des
Nations. C'est répondre à l'esprit du front, c'est
le soutenir que préparer cette pafx, la plus légitime,
la plus durable de toutes, et ne pas saisir l'occa-
sion unique qui s'offre de rebâtir plus raison-
nablement le monde serait une véritable folie.
Nous restons, en le faisant, dans la tradition de notre
pays. En 1789, il proclama les Droits de
l'HorLme. Plus tard - rappelons-nous toutes· les
luttes n1enées pour la théJrie des Nationalités, que
des politiciens à courte vue déclaraient mort-née, -
il a proclamé les droits des peuples à disposer
lihre~ent d'eux-mêmes~ Il recommence avec une
vigueur accrue, avec une chance de succès crois-
sante. Telle est sa réponse et il la saura maintenir en
face de l'agresseur gennanique qui, Je 4 août, par la
bouche maudite du chef de son gouvernement, avec
la complicité du Reichstag unanime, a revendiqué
bien haut pour l'Empire d'Allemagne comme pour
l'Empire d'Autriche-Hongrie, le droit de déchirer
les contrats, vains et misérables cc chifîons de papier))'
le droit de forfaire à !'Honneur, le droit d'écraser
le Droit. Jamais, peut-être,· le monde ne s'est assi-
gné une tâche plus noble, et, - je le répète exprès, -
si l'Humanité ne se saisissait point de l'occasion
solennelle qu'un tragique destin lui impose, elle se
manquerait à elle-mên1c. Nous ·sommes conviés
· - ,85

à réussir ce qu'a compromis la Sainte-Alliance,


par suite de principes opposés aux nôtres, et,
dans la réconciliation universelle, mais garan-
tie, des hommes, de faire la preuve de nos prin-
cipes. Il convient d'apporter à cette œuvre, elle
aussi sans précédent comme cette guerre, un grand
enthousiasme à côté d'une sai;ne · raison, un vaste
sentiment de la solidarité des êtres en même temps
qu'une défiance renseignée, plus avisée, plus péné-
trante que . par le passé. Nous couronnerons
l'œuvre de la Révolution française (1) .
c< Les relations des individus libres ans une répu-
blique libre se complètent naturelle1nent logique-
ment, par les relations identiques des peuples entre
eux. Les peuples vivent à côté des peuples comme
les individus à côté des individus et les relations des
peuples entre eux entraînent celles des individus qui
appartiennent· à des nationalités différentes. De
même que les -rapports entre citoyens sont régis
par les Droits de l'Homme, les rapports entre
nations seront régis par les Droits ·des Peuples (2).
Les uns et les autres se complètent, se garant issent.
Rien ne s'y oppose, sinon les deux en1pires dont les
aigles féodales étouffent dans leurs serres cruelles
le cœur même de l'Europe. La politique de l'Autriche-
Hongrie n'a cessé d'être un ferment de discorde;

(1) Mirabeau disait à la Constituante, le 28 septembre 1789 :


« Ne nous défions pas de l'empire de la Raison et de la Vérité;
elles finiront par dompter ou, ce qui vaut mieux, par modérer
l'espèce humai:r:ie et par gouverner tous les gouvernements
de la terre. >>
(2) Lazare Carnot écrivait dans ses célèbres instructions :
« Les nations sont entre elles dans l'ordre politique ce que sont
les individus dans l'ordre social. Elles ont comme eux leurs
droits resp'ectifs. Tout peuple est égal en droits an plus grand. >>
- 86 -

celle de l'Allemagne s~est dévoilée une cr c- ·tration


perpétuelle, occulte ou éclatant e, tour à tolir, contre
la liberté, non seulement de l'Europe, mais de toute
la terre. Écoutez, entre tern s, mes TT:. CC.·. FF. · .,
ces paroles propl éf :Lu s de R enan : « La résolution
fixe de l'aristocratie prussienne de vaincre la révolu-
tion fra nçaise a eu deux phases dist inctes, l'une de
1792 à 1815, l'autre de 1848 à 1871, t outes deux vic-
torieuses, et il en sera probablement ainsi dans.
l'avenir, à moins que la révolution ne s'empare de
son ennemi lui-même, ce à quoi l'annexion de l'Alle-
magne à la Prusse fournira de grandes facilités, mais
non encore dans un avenir immédiat (1). » Nous
savons, en effet,, comment le piétisme · prussien,
stigmatisé par Ja11rès, l'aristocratiè·. impériale et
l'empereur, aidés par le servilisme de leurs peuples,
ont dévoyé l'idée socialiste et révolutionnaire au
point d'en faire un instrument de domination uni-
verselle et de domestication intérieure.
« La structure politique des deux empires, comme
leur structure nationale; maintiennent la négation
(1) Fustel de Coulanges disait aussi en 1872, dans son
petit livre si perspicace, De la Manière d,écrire l' Histoire :
<< Cette guerre changera le caractère, les habitudes, jusqu'au

tour d'esprit et la manière de penser de cette nation; le peuple


allemand ne sera plus après cette guerre ce qu'il était avant
elle. On ne l'aura pas entraîné d'ans une telle entreprise sans
altérer profondément son âme. On aura ôté de son intelligence
les idées saines, tout ce qui fait le but et l'honneur de la vie,
et l'on aura mis à sa place une fausse conception de la gloire ...
La Prusse n'a peut-être plus d'alliés dans le monde. Personne,
désormais, ne se réjouira sincèrement de sès succès et, vienne
le moment des revers, personne ne compatiraà ses souffrances. »
Les historiens loyaux, qui n'utilisent pas l'histoire et ne l'étu-
dient que pour en extraire la Vérité qu'elle contient, ont
quelquefois raison, en dépit des hommes politiques qui les
oublient ou ne veulent pas s'en préoccuper.
~ 87

constante des Droits de l'Homme et des Droits des


. Peuples~·· Sans leur défaite irrémédiable, ni les Droits
de i'Homme, ni les Droits des Peuples n'existei:ont.
Une V'i:ctoire sérieuse, certaine et complète,
aha~tra seule le dernier obstacle qui s'oppose
à la So.c iété des Nations.
« Le princ:Îpe du Droit des Peuples constitue
la force souveraine qui imposera la paix aux
plus rebelles et l'étal:)J.i~â .. Il ne saur~i~ _~xister
de droit <l'Empire en face· de celui-là . .L'Huinariité
- qui est · une, disaient tous nos histonens, de
Quinet à Michelet, de Lavü:se à Henri Martin, - se
cherche éperdument à travers le sang . de la guerre.
Les peuples veulent venir à bout de ce qui les sépare
pour s'efforcer de mettre en commun. ce qui les
réunit. Dans l'ordre des individus comme dans
celui des peuples, la Liberté fait ainsi progressive-
ment sa preuve. Les nations deviennent de plus en
plus des personnes morales, une âme, un principe
spirituel, selon le mot de Renan (1). Elles ont un

(1) « Deux choses qui, à vrai dire, ne font qu'une, cons-


tituent cette.âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé,
l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun
d'un riche legs de souvenirs, l'autre est le sentiment actuel,
le désir de vivre ensemble, la volonté à continuer à faire
valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. L'homme ne s'improvise
pas. La nation comme l'individu est l'aboutissant d'un long
passé d'efforts, de sacrifices, de dévouement. Le culte des
ancêtres est le plus légitime de tous : les ancêtres nous ont fait
ce que nous sommes. Un passé héroïqu,e, de grands hommes,
de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social
sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires
communes dans le passé, une volonté commune dans le présent,
avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore,
voilà les conditions essentielles pour être nn peuple. On aime
en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux
qu'on a soufferts ... Une nation est donc une grande solidarité.>>
droit naturel analogue à celui de l'individu, le droit
à la liberté, sans aut re l' ni+e que la liberté des autres
nations. Ainsi les ·n é e dances nationales seront
équilibrées, renforcées .e ~ u es par les autres, dans
les conditions garanf de _a nouvelle vie interna-
tionale. Cela sera défi ·t ·ve _ent et sûrement le jour
où les diplomates, co~we tous ceux qui ont mission
de conduire les pe1 1
auront fai t e leur, inscrite à
• ,

jamais au fond de leur conscience, l'affirmation de


Montesquieu : « Si je savais quelque chose ut ile à
ma patrie et qui fût préjudiciable à l'Europe ainsi
qu'au genre humain, je le regarderais comme un
crime (1). » La nationalité tient à la vie de l'âme
humaine. Elle est une chose vivante. En défendant
notre Patrie, du moment que nous la comprenons
comme Montesquieu, nous répondrons · au but du
monde : « Plus l'homme entre dans le génie de sa
patrie, disait Michelet, plus il concourt à l'harmonie
du globe (2). » Nous défendons notre âme, notre
sensibilité collective, notre personnalité historique,
le legs des aïeux, notre génie pr~pre, car le génie

(1) Montesquieu, qui a su voir tant de choses vraies, dans


le passé comme dans l'avenir, écrivait aussi dans les Lettres
Persanes : « Les hommes sont nés pour être vertueux : la
Justice est une qualité qui leur est aussi propre que l'existence.
La Justice pour autrui est une charité pour nous. Elle est
un rapport de convenance qui se · trouve réellement entre
deux choses. >>
(2) Et Proudhon, dans son livre. De la Justice dans la
Rl.volution et dans l'Église . a t rès bien remarqué : « Toute
offense à la dignité personnelle est une violation de la justice;
de même, toute inj ure ['-t la dignité nationale est une subversion
de la justice. La plèbe grossière, la bourgeoisfe affairée et
égoïstes ressentent faiblement de pareils outrages ; cette
insensibilité est une des causes de la prolongation du des-
potisme. »
89 -

d'un peuple c'est sa façon de sentir. La conscience


sociale nationale est la forme active du principe des
nationalités. Elle permet à -la volonté collective de
se ma nifester dans des formes légales et de faire de
l'État l'outil adapté, légitime, libéral de ses aspira-
tions.
cc Puisque la victoire seule inclinera les peuples
asservis sur le sentiment de justice qui ·leur demeure
encore étranger, nous avons le devoi~, les uns et les
autres, mes FF.·., de réveiller partout où nous pas-
sons les cœurs gu'une longue attent e a rendus incer-
tains quelquefois, les corps qu'une bataille si dure
a épuisés, les âmes qu'une angoisse cont inue a déses-
pérées. S'il y a une guerre sainte, c 'est celle-là,
et nous devons le redire sans nous lasser.
Rappelons que l'ennemi, après nous avoir contraints
à la guerre, nous force de la continuer en n'ayant
pas le sursaut de réveil que nous avions voulu espé-
rer. L'appel lui a été jeté en vain de partout, des
tribunes parlement aires· comme des t ribunes gou-
.vernementales ; et celui de la Révolution russe,
émouvant, reste, comme les autres, sans réponse. La
leçon est nette. Tout en maintenant ce qui a tou-
jours -ét é notre ligne de .conduite, tout en ne nous
interdisant même point d'une façon absolue une der-
nière espéranc~, nous ne . devons compter que sur
nous-mêmes, sur not re énergie, sur notre patience
et poursuivre avec une intensité accrue, plus réflé-
chie, plus raisonnée, ·en y associant plus étroitement
toutes les nations, t ous les peuples, l'effort de la
guerre qui libérera non seulement les Alliés, mais le
peuple allemand lui-même. Étant donnée la résis-
tance de celui-ci, une des conditions de la paix
de demain et de la vie de la Soci/ · ~ des Nations
sera de mettre ce peuple dan,:--~ ..._ impossibilité
- 90-

d'être asservi par ses anciens maîtres 1 en un


mot d'être défendu con _e ceux de ses gouvernements
qui l'ont conduit à sa pe te, co1nme contre certains
de ses propres pencha_ t~, mais, pour cela même,
sous les garanties i dispe sables, l'expérience du
passé nous aura communiqué la prudence, - il
conviendra de lui laisser les libertés nécessaires à
son développement dans les cadres d'une vie nor-
male. Nous le pourrons, - car nous le devons, -
du moment que nous aurons préparé tous les moyens
rapides de nous trouver unis dès la première heure
contre lui dans le cas où, malgré toutes les avances
faites et sa rentrée dans la Société· des Nations, il
recommencerait, car il n'est malheureusement pas
impossible qu'au bout d'un certain temps, conduit
autrement sous une autre forme, mais vers le même
but, il ne retourne à sa conception d'hégémonie
contre l'Humanité. C'est même un des dangers
durables de Jtavenir. Il faut, au contraire, faire
servir à l'organisation rationnelle et libre du monde
les qualités incontestables d'organisation dont il est
·pourvu et, en même temps, lui faire pratiquer peu
à peu, si possible, les vertus des hommes libres et
francs, qui lui font défaut. Concilier le sens de ·) 'in-
dividu et le sens de la collectivité en aidant l 'indi-·
vidu par la collectivité sans le faire s'y perdre et
abdiquer sa personnalité, faire servir l'individu à la
collectivité sans qu'il s'y désagrège; voilà aussi un
des aspects du problème. Et l'organisation alle-
mande, conçue au-dessus de la Liberté, l'a posé. Là
réside un des désaccords de la gµerre, dans cette
organisation germanique unie au Iv1al et à la con-
quête injuste, en face de notre Liberté indispen-
sable et de notre bonne foi, mais, elles, insuffisam-
ment ordonnées. Or, c'est par la pénétration, l'union
·.• .

- 91

de ces qualités différentes que l'Europe se délivrera,


que l'Humanité se perfectionnera, 1nontera un éche-
lon de plus, atteindra un nouveau stade libérat eur. .
Régénérés,' épurés, sauvés, les peuples de l'Europe
centrale nous feront . connaître l'organisation qui,
dans et par la ~ibert:é', est acceptable, bienfaisante,
salutaire, et nous leur c;Ionnerons la bonne conscience
_qu'ils ont p_erdue, à 1'hnagç_d'up. de leurs héros litté-
raires, Peter Schlemyl, qui avait- vendu son ombre
au diable pour une mauvaise volonté ·de mauvaise
puissance. L'expérience a montré, en effet,. que, pour
résister aux principes qui s'y opposaient déjà en
eux-mêmes et qui mettaient à leur service, non seu-
lement les nombreux et séculaires obstacles qui les
servent, mais encore une organisation de premier
ordre créée e~près afin de les renforcer encore, éta-
: blir la preuve de leur excellence, vaincre le désordre
matériel et. moral, la véritable anarchie de pensée
ou d'action qui, trop souvent, a marqué, : retardé
_ou perdu nos efforts, la Lib~e rté avait besoin, davan-
---tage que ses ennemis, d'une armature · invincible,
.d '~µe organisation parfaite où ce qui était obtenu
G~ntfe ëUe par une autorité totale devait l'être pour
· elle par une discipline stricte, exacte et parfaite,
venue de l'adhésion profonde de tous ses fils.
« Nous aurons détruit par notre esprit_de générosité
et de justice le derniei: obstacle qui s'opposait à
l'entente européenne, démoli l'autel guerrier du
grand divorce, du grand malentendu qu'il a laissé
se développer les ferments guerriers sur le vieux
~ontinent. Oui, il me semble bien qu'alors le mur
·contre lequel se sont ruées, têtes baissées, si souvent,
si tragiquement, les nations de l'Europe, sera pour
toujours abattu.
Il dure depuis longtemps ce duel fratricide, et ici,
- 92 -

sur le terrain philos tjque où mieux qu'ailleurs, -


ailleurs, dans les d · . é.,. entes unités combattantes
du front ou de l' a.:Tiè e, nous n'en aurions pas le
droit, - nous po ro . nous élever au-dessus de
faits immédiats, o ·e ons- ous de toutes les ten-
tatives prolongée par lesquelles, nous autres Fran-
çais, malgré la mauvaise foi de l'adversaire, nous
n'avons cessé de vouloir déjà solutionner le conflit.
Nous atteindrons ainsi au centre des faits la vérité
elle-même, cette vérité dont la plupart ont le pressen-
timent ou ! 'instinct, mais que presque personne
n'ose révéler. Or, cette vérité, c'est à nous de la dire,
en tout, et c'est la gloire discrète de notre Ordre de
n'y avoir jamais manqué, avant la guerre, notam-
ment, où une pl:. du Conseil de l'Ordre, dont vous
devez vous souvenir, avait examiné· la 1nenace de
conflit afin de t enter l'ünpossible pour l'apaiser;
per , _,\ t, hier, où une aut re circulaire montrait
l'ir._ ..✓ itable nécessité de continuer la lutte ; aujour-
d'hui où, à travers la continuation de cette lutte
plus que jamais utile, puisque c'est le sel.11 n1oyen
de la mener vers sa fin, nous examinons les len-
demains de la paix. ·
« L'Allemagne a toujours travaillé, au long de son
histoire, à une œuvre d'un patriotisme si particulier
que l'élément universel lui a constamment fait
défaut. La France n'a cessé d'agir en sens contraire,
et ses querelles intestines . sont venues du principe
de Liberté qu'une générosit é foncière lui a fait main-
tenir coûte que coûte, souvent même contre son
propre intérêt, au dét riment de ses plus élémentaires
sauvegardes. Réunir · pour la Libert é, afin de la
rendre plus forte, le principe d'autorité au principe
de liberté, est donc aussi réaliser sa propre donnée
hist orique en même temps que celle du monde et

' ~- ... ..
~ ' .
. ' t
·:,
. ·• : .·. • •,
empêcher le . ret our des bata]les ac ·· . D la
sorte, les principes fondame ntaux de a - ciét é
iraient toujours se consolidant du fait , que la amille,
l'éducation, les goùverriements, les lois civiles et
les rapports internationaux seraient conçus d'une
manière. plus épurée .. La tâche de la France (1) est
d'aider tous les peuples à se rendre compte davan-
tage que la Société· moderne, calomniée par des
jugements sommaires ou intéressés, n'est ni enchaînée
dans l'in1mobilité, ni en:traînée trop vite vers des
solutions · destructrices, qu'elle contient bien en elle
les germes et les marques de tout progrès, enfin que
le progrès véritable n'est possible que par la paix.
Les nations civilisées seront de plus en plus
amenées à constater que leur intérêt commun
leur ordonne de •régler leurs différends d'une
manière équitable, selon la conscience, "l\rotre
religion laïque à nous, en effet, se bm.'b ur la .J

relation exacte, libre, spontanée, dépour~ue de


calculs, de l'homme avec l'idéal, de façon à ce qu'il
n'y ait plus de place pour l'État dans le sens
absolu, péjoratif et tout de contrainte, où l'en-
tendent les politiques prussiens, pour l'État
tyranniquement doctrinaire. L' Idéal dont nous
parlons existe avant tout dans la conscience de
chacun. La Patrie la plus aimée est celle qui per-
suade, non pas celle qui oblige. C'est dans cet esprit,
pour empêcher la guerre, que depuis longtemps la
France avait vo uiu l'entent e avec l'Allemagne, et
le monde sait con11nent elle y a répondu. cc J'avais
fait, écrivait Renan au lende1nain de 1871, le rêve
de ma vie de t ravailler dans la faible mesure de mes
(1) Bernardin de Saint-Pierre écrivait avant la Révolution :
ccOccupons-nous, nous autres Français, du bonheur des
Nations. >>
-94 -

forces à l'alliance intellectuelle, morale et politique


de l'Allemagne et de a France, alliance entraînant
celle de l'Angleterre et constituant _une force capable
de gouverner le mon "e, c'est-à-dire de le diriger
dans la voie de la ciY·i~sat·on rbérale ... l\1a chimère,
je l'avoue, e t détruite pour jamais. Un abî1ne est
creusé entre la France et 1~ A.llen1agne ; des siècles
ne le combleront pas. La violence. faite à l'Alsace-
Lorraine, restera longtemps une plaie béante ; la
prétendue garantie de paix rêvée par les journalistes
et les hommes d'état de l'Allemagne sera une garan-
tie de ~uerre sans fin... S'il n'y a rien au monde
de meilieur que l 'Allemand moral, il n'y a rien de
plus méchant que l'Allemand démoralisé. » Il pré-
voyait que la France expiait la Révolution, inais
qu'elle en recueillerait un jour les fruits dans· le
souvenir reconnaissant des peuples é~ancipés. Et
il s'écriait : << Puisse-t-il se form.e r · enfin une ligne
des hommes de bonne volonté cie toute tribu, · de
toute langue et de tout peuple qui sachent créer et
maintenir au-dessus de ces luttes ardentes un empy-
r1e df ,5~ées où il n'y ait ni Grec, . ni Barbàre, ni
Gerrr. >.1, ni Latin!>> Ce sera la Société des Nations
réalisée par la démocratie · 'bien entendue.
Resserrons donc et rendons durable, contre le pou-
voir impérialiste qui arrête le monde sur• la route
du Progr,ès, le faisceau de nos alliances. Il n'y a
qu'à lire)a revue Mitteleuropa, de Naumann (1),

(1) Naumann s'y plaint sans cesse que ·ses compatriotes


P.erdent leur temps à des questions secondaires ; il presse
pour que, le l\fitteleuropa existant en. fait, on lui donne vite
une forme politique et diplomatique ; Il exige, s11rtout, qu'on
règle de suite le problème de l'organisation nlilitaire commune.
« Pourquoi avons-nous des hommes d'État, s'écrie-t-il, sinon
pour réaliser cette œuvre historique? ·>>

. . ..
' .
> .,
. ._ .
• t l"I •.

pour saisir à quel point·la constitution d'une Europe


centrale sous un seul pouvoir de plus en plus despo-
tique, rendrait tous les sacrifices accomplis superflus. ·
•..Non seulement ce ne serait pas la victoire, mais
:.. }'Allemagne in1périalisée par la Prusse, sortirait
grandie de la guerre et la défaite serait en même
' ,·t emps celle de toutes ·les conquêtes humaines qui
v~lent la peine de vivre .(l). Plus on étudie la situa-

(1) Si l'on retombait dans l'erreur qui a été celle de top' '
l'Europe après 1830, -ce serait, cette fois, la fin absolue, ·t.:'=>
.., nitive .. de la ,:.Liberté. Presque seul alors~ en 1831, Quiilêt
. - avàit".;v ti'justê :.·« C'est en Prusse~ êcrivait-H à cette d-ate; que ·
"l'ane·enne impartiar té et le cosmopolitism e politique ont
fait place à une nationalité irritable et colèr e. C'est là que le
parti populaire· a d'abord fait sa paix avec le pouvoir ... Le ·
·. ""'.de~potisme prus'sien est intelligent, remuant, entreprenant :
, il_-ne lui manque qu'un homme qui regarde et connaisse son
·· étoile en plein jour ; il vit de science autant qu'un autre
·~ d.'igÏ1orance. Entre le peunle et lui, il y a une intelligence
: secrè.t e pour ajourner la liberté et accrQître en commun la
·· fqrtune <le Frédéric. » Il indiquait que l'Allemagne se rangeait
· v olontairement sous la dictature « d'un peuple, non pas plus
éclairé qu'elle, mais plus avide, plus ardent, plus exigeant,
plus dressé aux affaires. Elle le charge de son ambition, de
ses rancunes, de ses rapines, de ses ruses, de sa diplomatie,
de ses violences, de sa gloire, de sa force ». Si on laissait la
Prusse, elle pousserait lentement l'Allemagne cc au meurtre
du vieux royaume de France>>. Il recommençait, d'une manière
plus pressantê, à jeter-le cri d'alarme en 1867 dans sa brochure ·:
France et Allemagne. c< L'affaiblissement -des consciences,
s'écriait-il, semblait n'être un souci que pour le philosophe;
dans la réalité, ce vide moral, agrandi de jour en jour, était
fait pour donner carrière aux grandes ambitions. Le gou-
vernement prussien a eu le mérite et la sagacité de comprendre
que cette déroute -des esprits en Europe avait entraîné une
diminution de l'intelligence, que c'était là un moment précieux,
qu'il s'agissait d'en profiter, que les esprits étaient au premier
occupant, qu'un jour le succès déciderait de tout, que les plus
fertiles deviendraient _les plus complaisants dès qu'ils auraient
senti le fer. Il a marché, il a vaincu. Les âmes se sont aussitôt
- 96 -
tion, plus on se rend co1npte que l'abdication
des Hohenzollern est. le moyen d'aboutir à la
Société des Nations.
cc Il n'y aura aucu __ e possibilité de paix pour le
monde tant que le militarisme gern1anique demeu-
rera debout, intact sur son rocher dans la citadelle de
Postdam. Tel est le terme logique de la guerre. Tel

courbées. » Nous sommes au lendemain de Sadowa, en etîct.


Et écoutez co1nme Quinet continue d'être clairvoyant : cc Du
reste, les Allemands sacrifient en ce moment la liberté,
non pas seulement au bien-être, au luxe, mais à l'idée de la
grandeur nationale ; cela seul pourrait leur donner avec le
temps une supériorité décidée sur ceux qui feraient le contraire.
Convaincus, d'ailleurs, qu'ils ont conquis le gouvernement
des esprits en Europe, ils tiennent pour certain depuis long-
temps que tout émane d'eux, science, poésie, art, philosophie ;
que le monde est devenu leur disciple. A cette souveraineté
intellectuelle qu'ils s'imagiI1:ent posséder, que manquait-il
encore? La force. Ils viennent de s'en emparer. A leurs yeux,
ce n'est pas seulement un empire de plus dans le monde, c'est
la substitution de l'ère germanique à l'ère des peuples latins
et catholiques relégués désormais sur un plan inférieur. >>
Il indiquait que « le despotisme prussien inique, violent >>,
ajoutait à ses moyens « l'arme empoisonnée du mensonge
qui corrompt l'avenir >>; et si l'Allemagne accepte, « dites
pour toujours adieu à ce que vous avez connu de la vie alle-
mande. Tout disparaîtra, tout se versera dans la confusion
du bien et du mal. » Il nous assurait qu'il pressait de nous
réveiller de notre léthargie. Il en adjurait surtout le démocrate
français : cc En même temps que la population cesse de s'ac-
croître, si la France laissait échapper la vie morale, que
voudrait-elle attendre? On verrait les esprits violents pris
d'un engourdissement inexpliquable, déclarer que les patries
ne sont qu'un mot et que le genre humain a seul le droit de
les interroger. La démocratie française se ferait cosmopollte,
mais comme elle serait la seule qui se détacherait du sol natal,
elle serait immanquablement dupe de toutes les autres et
principalement de la démocratie allemande qui, restée toute
neuve, a conservé toutes les passions et toutes les ambitions,
à la fois celles de classe et celles de :race. >>
, ·." . 9·7
' ' '

est le but qu'elle vise. L'Alle1nagne; dévoyée de sa


route véritable, sans aucun rapport avec l'Allemagne
idéaliste de jadis, ne peut rentrer que régénérée·
dans la Société des Nations. Il faut qu'elle redevienne
une Nation, car seuls les peuples libres forment une
Nation . .

Nous n'avons pas, mes FF.·., à définir, ni à


délimiter les conditions de la paix. Au surplus,
anticiper sur l'œuvre des diplomat es serait vain ;
une grande partie de cette œuvre dépend en out re
des événements qu'il est, dans leurs lignes exactes
-et même vagues, toujours difficile de prévoir. Nous
otivons, du moins, sans préjuger de toutes les
~utres mesures susceptibles d'être prise~- 'Ils l'in-
. "'. rêt de la sécurité de l'Europe et du mo1n:t~, indi-
quer les quatre points principaux qui nous
apparaissent nécessaires :

°
« 1 Retour de l'Alsace-Lorraine à la France ;
.« 2° Reconst itution par la réunion de ses trois
tronçons, de la Pologne indépendante ;
« 3° Indépendance de la Bohême ;
« 4° En principe, la libération ou l'unification
de toutes les nationalités aujourd'hui opprimées
par l'organisation politique et administrative
de l'empire des Habsbourg en des Étais que
lesdites nationalités exprimeront par un plé-
biscite (1).

(1) Comme i' Alsace-Lorraine à la France, le Trentin et


Trieste reviennent de droit à l'Italie.
7
- 98 -

cc Le simple énoncé de ces quatre points suffit à en


n1ontrer à la fois la légithnité ainsi que l'évidente
nécessité. En laissant revenir l'Alsace-Lorraine à
la n1ère-patrie, nous ne faisons que répondre au vote
qu'elle a émis elle-mên1e au moment de la Révolu-
tion, à la protestation de Liebknecht comme de Bebel
contre l'annexion en 1871. _;_ ·ous continuerons notre
effort de garanties internationales en mettant le .
Luxembourg en mesure d'être neutre, en prenant
toutes les dispositions pour que sa neutralité ne soit
point violée, con11ne en le laissant libre, aussi, s'il
préfère adhérer à une autre nation, de se déclarer
pour elle. C'est défendre ses populations intéres-
santes, méritantes et pacifiques contre les ambitions
guerrières, d'où qu'elles viennent, de telle sorte qu'il
y aura là une garantie évidente aussi bien pour la
France et les Alliés que pour l'Allemagne de demain.
Les diplomates qui achèveront le traité de paix
auront à les définir, répétons-le, ce·. n'est pas notre
tâche. - La reconstitution d'un État polonais indé-
pendant n'a cessé d'être à l'ordre du jour du
x1xe siècle et tous lès- événements successifs, toutes
les guerres ont montré à ce sujet d'une façon crois-
sante qu'une œuvre injuste est toujours une œuvre
néfaste et qu'en sacrifiant à une alliance européenne
fictive, d'où les peuples étaient exclus, la nation qui
s'était, quant à elle, à tant d,e reprises, sacrifiée ·
pour l'Europe, on n'aboutissait :qu'à alimenter une
protestation éternelle en même temps qu'à créer
de nouvelles causes de conflits. La reconstitution
de la Pologne indépendante dans l'intégralité réunie
de tous ses territoires est donc indispensable ; c'est
une des pierres fondamentales sui~ làquelle s'élèvera
une des plus solides colonnes de la .paix.
« Il en est de même pour la Bohênie, 'o_ü rien n'a pu
.r
: ,,
. ·~;

·. - 99 :~_ .

entamer la· profondeur du senthnent na · onaI. L'his-


toire de ce noble petit pays, coffret précieux de sofur
venirs héroïques et qui a su réunir dans une même
âme nationale des aspirations morales différentes,
mais toutes frappées au relief d'une même vigueur
saine et forte, à la fois très ancienne et très neuve,
traditionnaliste et révolutionnaire, indique à l'Eu-
rope que c'est un devoir pour elle, devoir fécond en
récompenses dans l'avenir, que de lui ouvrir les
· portes de l 'indépe~dance. Prague sera dans la
nouvelle E~rope un cèntre de conciliation incom-
parable.. ' :
« Quant à ia Belgique, mes FF. · ., si je n'en ai pas
_parlé, vous avez déjà deviné pourquoi. Pour nous,
ell~ n'a jamais cessé d'être libre. De rnême que sa
pensée, l'admiration que nous lui avons vouée n'a
· jamais ·quitté un instant nos cœurs ; associés à elle
dans le martyr et dans la lutte, nous n'avons jamais
dissocié sa cause de la nôtre, son territoire de celui
de nos provinces envahies ; de même que nos pro-
vinces seront lihérées, de même la Belgique plv
forte, plus unie encore, sacrée par la beauté de sa •.
résistance, balayera du fait de la guerre la souillure
de !'Étranger qui n:a pas voulu seulement l'envahir,
mais qui entendait encore, en même te1nps, la désho-
norer. Elle a subt .u n dur calvaire, elle a vu la destruc-
tion systématiqu,~ la plus sauvage s'acharner sur
ses 1nerveilles ; elle n'en ressortira que plus radieuse,
plus grande, et je suis heureux, quant à moi, reçu
plusieurs fois par nos FF. ·. à Bruxelles, avec tant de
sympathie, d'être la modeste expression momentanée
de la Franc-Maç. ·. française pour les assurer de toute
son affection la plus frat. · ., de tout son dévouement.
« Il faut que la Belgique cesse d'être piétinée par la
lutt e des autres pays ; il ne faut plus qu'elle en soit le
- 100 -

champ de bataille ensanglanté ; elle aussi doit deve•


nir un terrain de rapport s internationaux pacifiques
où l'on ira méditer sur les champs de bataille du
passé aux moyens d'é it er les guerres de l'avenir.
Ce que nous disons au sujet de la Belgique, nous
l'exprimons également , du fond de notre âme, à
l'héroïque Sé.·bie qui a montré au monde à quel
degré de grandeur savait att eindre dans la résistance
et la foi le patriotisme courageux. La distance n'a
jamais séparé nos cœurs. Nous sommes unis dans les
mêmes luttes, dans les mêmes épreuves.
Nous nous réjouissons tout particulièrement aussi
de nous retrouver une fois de plus la· main dans la
main avec nos excellents FF. ·. d'Italie. Comme eux,
nous comptons sur la victoire et la paix pour le
retour de droit des terres irrédîmées, le Trentin et
-rrieste, à leur m ère patrie.

« En dernier lieu, toujours d_ans les mêmes senti-


ments, avec les mêmes réserves, en n'o'ubliant pas
qu'au cours d'une esquisse de cet ordre, nécessaire-
n1ent incomplèt e, destinée à être revisée, remaniée,
perfectionnée et augmentée selon les circonstances,
rien ne saurait êt re définitif et qu'elle est une brève
indication génér9-le, nous pouvons, mes FF. ·.,
vous présenter un résumé succinct, à · l'aide
même des travaux précédemment entrepris,
de ce que pourrait être, dans ses lignes essen-
tielles, la charte p,réliminaire de la Société des
Nations. En indiquant la mesure réciproque des
Devoirs et des Droits des Nations - car, s'il faut
avoir les Droits pour prat iquer les Devoirs, les
Droits sans les Devoirs _mèn~nt au désordre et à la
101

· dissociation, - nous avons le sentiment de servir les


intérêts de l'Humanité. »

Le F. ·. Le bey donne alors lecture des conclusions


de son rapport et il termine ainsi :

« Mes FF.· .,
« Nous ne nous dissimulons point les nombreuses
difficultés de notre tâche. Nous mesurons l'audace
de notre entreprise en face de ·tant de siècles où les
fautes se sont accumulées ainsi que les erreurs, où
tant d'efforts, pareils aux nôtres, - rappelons le
grand rêve de Henri !V et de Sully, celui de l'abbé de
Saint-Pierre, - . ont échoué contre la passivité des
hommes et l'inexorable fatalité des événements.
Mais vaincre lq guerre, c'est vaincre le Mal, ou, du
. moins, un des plus effroyables instruments dt, , .··
celui-ci ; . c'est sauver l'Humanité que deux Empires
de proie ont menée au suicide; c'est répondre à la
nécessité la plus impérieuse, au vœu de tous les
hommes et de toutes les femmes dignes de ces deux
noms, c'est sauver le Monde. C'est être dans la réalité
profonde de la Vi~. - Les provinces de la France
luttaient entre elles, autrefois. Elles se soutiennent
aujourd'hui, indissolublement unies dans la Répu-
blique une et indivisible. Les Nations d'Europe,
comme nos provinces, combattent à cette heure ;
un jour toutes s'uniront, car la plupart, les meil-
leures, celles qui sont libres, se sont fédérées déjà
entre elles pour vaincre la cause de leur discorde.
« Nous échangeons donc entre nous le serment
frat. ·. de ne jamais manquer à ce devoir dont la
grande guerre nous a permis de connaître à la fois
l'urgence et l'étendue. Il consiste à réunir les Nations
102

entre elles, tout en n1aintenant et en défendant


chacun notre nationali~é, car l'Internationale sans
nationalités serait un cosmopolitisme vain, désa-
grégé, voué à des impérialismes futurs du fait de sa
poussière mên1e. - c~ La vie nationale est le
« moyen ; la vie internation ale est le but >> , a
dit l\1azzini. En dépit de tou t ce que l'on pourra
nous opposer, nous avons · foi dans la sainteté de
notre cause.
« Certes, le Goliath germanique, seul obstacle à
la paix, demeure formidable. En face de cette puis-
sante machine de guerre, comme de toutes ses forces
d'intrigue, nous ne contemplons pas, quelquefois,
sans angoisse, la fragilité de nos constructions
idéales qui reposent, avant tout, sur la loyauté de
tous, c'est-à-dire sur la conscience du cœur humain.
Nous avons confiance, cependant. Nous sommes
sûrs, un jour ou l'aut re, t ôt ou t ard, de triompher,
parce que la Vérit é, la Justice, le Droit sont avec
nous, parce que la Liberté nous entoure, nous
fouette de ses grandes ailes, parce qu'enfin il a suffi
d'une balle bien placée par la fronde du jeune David
au front fracassé du géant funeste pour le coucher à
jamais sur la mesure de son t o1nbeau. » (Applaudis-
sements.)

***
Le F.·. Corneau propose la nomination d'une
Commission pour l'examen des conclusions du rap-
port du F.·. André Lebey.
- Le Congrès désigne les FF.·. André Lebey,
Nicol, Meoni, Simarro, Schwenter, Urbain et Milit-
chevitch.
Le F. ·. Corneau ouvre la discussion pour permettre

.·.·
103

un . é_change •. de vues entre les délégués, duquel


pourra: s\nspirer la Commission.
Le F. ·. Na~han, en applaudissant au brillant rap-
port du F.·. Lebey, ne croit pas qu'il doive être
soumis à la · délibération du Congrès. Dans le cas
contraire, il aurait des observations à présenter sur
les divers points de politique et de la constitution
des nationalités soulevés par le rapporteur. La Com-
mission, à son a vis, doit seulement s'occuper de la
charte de la Société des Nations . On doit dis-
cuter et voter les articles qui constituent cette
charte, principal objet de la réunion du Congrès.
Le F.·. Corneau dit qu'il s'agit bien, en effet, du
renvoi des conclusions du rapport à la Commission.
Prennent également part à la discussion les
FF. ·. Tinière, Ferrari, Simarro, · Soudan, André
. Lebey, Duchâteau, Mesureur, Schwenter~ etc .
. ·. Le F:. Corneau donne lecture de motions ou
propositions qui lui sont parvenues.
- Renvoyées à la Commission.
. ·. La sé~nce est levée à cinq heures et demie .

• 1
DEUXIÈME SÉANCE

La séance est ouverte, au G: .-0. · ., 16, rue Cadet,


le 29 juin 1917, à trois heures et demie, sous la prési-
dence du F:. général Peigné, G: .-M:. de la Grande
Loge de France, assisté du F. ·. Corneau, président
du Grand-Orient de France.
Le F.·. général Peigné dit que l'ordre du jour
appelle la discussion des conclusions du rapport du
F:. Lebey, qui ont été renvoyées à l'étude d'une
Commission spéciale.
Le F:. Lebey rend compte des travaux de la
Commission, qui s'est réunie hier soir et ce matin.
Il donne lecture des treize articles qui cons-
tituent, dans ses lignes essentielles, la charte
préliminaire de la Société des Nations, et sur
lesquels la Commission s'est mise d'accord.
Une discussion s'engage sur la représentation des
Nations.
Le F:. Corneau demande que les 1 ,.ations soient
représentées proportionnellement au no_m bre de
leurs habitants.
Le F. ·. i\1:ilitchevitch combat les idées émises par
le F.·. Corneau et se rallie au texte proposé par la
Commission.
105 _.·

Le F. ·. Nathan se prononce dans le n1ême sens que


le F. ·. Corneau et dépose une proposition tendant à
la représentation proportionnelle.
Le F. ·. Schwenter est pour une représentation
proportionnelle tempérée.
Les FF. ·. Mesureur, Soudan, Militchevitch, Duchâ-
teau, Lebey et Urbain combattent la représentation
proportionnelle.
Les FF:. Corneau, Nathan et Berlenda la
défendent.
- La proposition du F. ·. Nathan est rejet ée et
celle de la Commission est adoptée.
Le F.·. Nathan demande que le procès-verbal
relate le dépôt de ~on amendement, afin de mettre
à couvert la responsabilité de ceux qui se sont
opposés aux idées de la majorité.
- Les conclusions, présentées par le F. ·.
Lebey, au nom de la Commission, sont adop-
tées par le Congrès. Elles sont ainsi conçues

« Les pays soussignés, afin d'empêcher le plus pos-


sible aux différents peuples les fatalités de la guerre,
décident de conclure un traité général _destiné à
fixer dans l'avenir leurs relations mutuelles et à
présenter devant un organisme international d'ar-
bitrage les contestations qui s'élèveraient entre eux.
« Les peuples civilisés sont tous solidaires. Ils par-
ticipent les uns et les autres, chacun sur son ·terrain
propre, à l'œuvre commune de l'humanité, qui
comporte une somme égale de devoirs et de droits . .
Ils veulent désormais étendre la notion du Droit
- 106 -

et du Devoir international et, pour y parvenir, se


décident de conclure entre eux une unioh politique,
économique et intellectuelle sous le nom de
Société des Nat ions.

II

« Considérant que l'humanité est une grande


famille dont ne s'excluent que ceux qui en violent
les lois, les hommes comme les Nations doivent
obéissance aux lois nationales et internationales qui
émanent des pouvoirs constitutionnellement orga-
nisés.
III

« Le fondement de l'existence des Nations est


la souveraineté manifestée par la volonté libre-
ment exprimée des pop-µ.lations·. .

IV

« L'unité, l'autonomie et l'indépendance de


chaque nationalité sont inviolables. Un peuple
qui n'est pas libre, c'est-à-dire qui ne possède
pas les institutions démocratiques et libérales
indispensables à son développement, ne peut
pas constituer une Nation. ·

<<La représentation internationale qui formera


le Tribunal suprême de la Société des Nations pour-
- 107 - ·

rait être issue de la repr-ésentati9n nationale de


chaque Nation.
« Tous les sept ans, chaque . . ation choisirait elle-
même, par le suffrage direct, parmi ceux qu'elle au~a
envoyés la représenter dans ses Parlements, et qui
a uro nt fait leurs preuves, ses délégués au Parlement
international.

VI

« Le pouvoir législatif international s'exerce


en effet par un Parlement. Chaque État, quelle
que soit l'étendue de son territoire, y envoie sept
représentants. Les décisions sont prises à la majorité
des voix. Le Parlement international se réunit de
· plein droit chaque année, le 1er mai, prolonge sa
· session autant qu'il l'entend et renouvelle ses réu-
nions chaque fois qu'il l'estime nécessaire.
« Son premier soin sera de rédiger, de même
que la Constituante. de 1789 a rédigé la Table
des Droits de l'Homme, la Table des Droits des
Nations~ la charte de garantie de leurs droits et de
leurs devoirs.

VII

ccLe Parlement international s'adjoint, dans des


Commissions appropriées, pour toutes les grandes
questions qui facilitent les rapports internationaux,
des collaborateurs choisis par lui, ratifiés par les
Chambres nationales des différents États de manière
à régler collectivement, internationalement, les ques-
tions universelles de législation qui resserreront
encore les liens des peuples.
VIII

« Dans le Parlement international, le pouvoir


exécutü est exercé par un !'dinistère ou Conseil
des Nations , composé sùr la base de la représenta-
tion à raison d'un men1bre par nation.
« Ces membres sont choisis par le Parlement inter-
national dans son propre sein. Le Président du
Conseil des Nations est élu par les membres du
Parlement. ·
« Ces élus forment, en quelque sorte, le Ministère
international qui se répartit les différentes branches
de l'administration universelle. Les ministres ainsi
nommés sont responsables devant le Parlement
international et ne peuvent promulguer des lois ou
des décrets sans son approbation.

IX

<< Le Parlement international tire également


de son sein, à raison aussi d'un membre par
Nation, un pouvoir judiciaire, créant de la sorte
une Cour internationale de justice, devant
laquelle seront portés tousJes conflits d'ordre national
entre les Nations. ·:
« Ces élus, nommés poùr trois ans, sont, comme
les précédents, responsal:1les devant le Parlement
international et ne peuvent promulguer une sentence
sans qu'elle soit ratifiée par lui.

« Aucune Nation n'a le droit de déclarer la guerre


à une autre parce que la guerre est un crime contre

..... .
.
109
le genre ·hu1nah1.- Tout difiérent entre États doit
donc être déféré au Parlement international. La
Nation .qui ne le ferait pas se mettrait par cela mên1e
hors de la Société des Nations qui aurait le droit et
le devoir, après avoir épuisé tous les autres moyens
de la convaincre, notamment par le boycottage
économique, la rupture de toutes relations, le blocus
complet, .terrestre et maritime et l'isolement absolu,
de la contraindre par la force à reconnaître la loi
universelle.:;

XI

« Le Parlement international définira les mesures


diplomatiques, économiques et 1nilitaires qu'il y
aura lieu d'établir pour assurer l'exercice de ses ·pou-
voirs. Son but proprement dit est, sous les garanties
suffisantes à l'autonomie de chaque Nation, la limi-
tation des armements, de manière à parvenir un
jour au désarmement universel. Le Parlement
international ne devra maintenir les armements de
chacun des pays qui constituent la Société des
Nations que dans la mesure où ils seront nécessaires
pour contrebalancer efficacement les armements
de ceux qui resteraient en dehors de la Société des
Nations . .

XII

« Le. Parlement international choisira lui-


même le lieu de ses réunions, la ville qui devien-
dra la capitale du Monde et dont le territoire sera
internationalisé. »
110

(( Il adoptera comme emblè-me un pavillon où le


soleil orange rayonnera sur fond blanc au milieu
d'étoiles jaunes, aussi nombreuses que les Nations
qui auront adhéré aux conventions ci-dessus. »

Le F.·. Urbain propose que ces conclt"!.Sions


soient envoyées à tous les Gouvernements des
Pays alliés et neutres.
- Adopté.
Le F.·. Yovanovitch demande au Congrès de voter
des remerciements et des félicitations au F. ·. André
Lebey pour son ren1arquable travail..
- Adopté .
. ·. Comme suite au dépôt de la · résolution de la
délégation italienne, le ·F.~. lVIeoni donne connais-
sance du rapport suivant : ,

« rr,·r ·
l. . . Ill . · . fi~-l17.·.

(<Les résolutions que la représentation des Obé-


diences maçonniques italiennes a l'honneur de sou-
1nettre à l'examen de la Conférence n'ont pas besoin
de longs commentaîres.
« Elles envisagent le vaste problèn1.e d'une
Société des Nations de tous côtés. Elles sont -
pour ainsi dire - le résumé de la doctrine
maçonnique et de l'esprit humanitaire en
dehors de toute question d ordre · strictement 1

politique.
..,.
. ; .-. 111

« L;époque ènsanglantée où nous vivons ne t olère


point · d'académismes. Nous pourrions aisément
refaire le cours·. de l'histoire de la ci rilisat ion et
rechercher les diverses conceptions ùu droit nat urel
et du droit positif; le · laborieux développement du
droit international ; l'œuvre réactionnaire des
tyrans et de leurs ministres ; les magnifiques batailles
livréès par les précu1~seurs et les a pâtres de la liberté ;
- depuis les philosophes de l'antiquité grecque jus-
qu'aux écrivains de nos jours ; de Platon à Montes-
quieu, d'Aristote à Spinosa, des juristes romains à
Leibrûz et Kant; de Grotius à Rousseau, à Jean-
_Ba.ptist e Vico', ·. à Joseph Mazzini.
<< Mais à .quoi bon ?
« Bien plus que des constructions théorétiques,
c'est la réalité qu'il nous faut rechercher et pénétrer
aujourd'hui.
<< Et la réalité - dans laquelle et pour laquelle
·notre esprit de citoyens et de travailleurs de l'avenir
vit et se meut, - cette réalité, que trois ans de
guerre ont illustrée dans toute son éloquence, nous
montre qu'il existe une seule et suprême néces-
sité : la nécessité que l'humanité future s'éta-
blisse sur des bases absolument nouvelles et
soit assurée par la conclusion de traités solennels qui
devraient. comprendre la création d'une Cour de
droit international, efficacement appuyée par une
force internationale.
« La reconstitution de l'Europe et de l'huma-
nité de demain, donc, ne peut pas être aban-
donnée au caprice et à l'intérêt des dynasties,
des diplomates et des classes dirigeantes.
Elle ne peut consacrer aucune violence, aucune ser-
vitude, aucune humiliation. Elle doit être l'œuvre
des peuples et ·de la liberté.
112 ~

« Évidemment, nous nous trouvons en face


de deux conceptions diverses et an!ithétiques
de la. nature et des fonctions de l'Etat. C'est,
d'une part, r id 'e impérialiste, qui méprise les droits
des peuples, aujourd'hui pe"'sonnifiée par les empires
de proie qui déc 1aînèrent l'agression criminelle; et,
d'autre part, l'idée démocratique qui affirme ces
mêmes droits.
« D'où la nécessité que, pour la paix du
monde, la conception du r.ailitarisme hégémo-
nique et agressif soit abattue.
« Or, par quel moyen arrivera-t-on au résul-
tat souhaité ? ~
« Sans doute, par le triomphe intégral du prin-
cipe des nationalités.
« La vie nationale - . a écrit •Joseph Mazzini
- est le moyen : la vie internationale est le but.
« Toute la destinée de l'Europe et de l'huma-
nité nouvelle se rattache à la résolution de ce pro-
blème des nationalités.
« Les Nations - quelque ilnparfaites qu'elles
soient instituées aujourd'hui - apparaissent aux
peuples la condition indispensable de la liberté.
Nous les voyons les défendre . avec furie. Et avec
raison, parce que ce qu'ils. défendent ainsi ce sont des
communautés de façon de sentir, de vivre et de
penser, fonnées soit par la race, soit par la langue,
soit par la religion, soit par les souvenirs d'un passé
commun.
« Voilà donc, au premier plan de la discussion, les
problèmes de l'Alsace-Lorraine, du Trentin, de
l' Istrie et de l'Adriatique·· orientale, ·de la Bohême,
de la Pologne, du Sleswig-Holstein, de l' Armé-
nie, etc. ·
« Et alors on voit mieux la grandeur des consé-

' . .• . i'
_,, .:
. ..
~
quences de la guerre. présente. Après l'échec du grand
plan allemand : la Fédération des États-Unis d'Eu-
rope par la liberté et le droit.
« Comme:Q.t~ donc~ atteindra-t-on ce but ?
<< 1° Par la suppression de tout despotisme.
· « Nous, en fait; ne pouvons admettre que de
graves décisions,· eng_àgeant la politique étran-
gère d'une nation, h~.i soient imposées par un
pouvoir exécutif ·per:manent et irresponsable,
sur l'avis secret de diplomates de carrière qui
se considèrent comme représentant personnellement
leurs souverains respectifs.
En dehors de circonstances absolument excep-
tîonnelles, qui doivent prouver la règle, le secret
qui entoure les relations diplomatiques, les
accords internationaux et les traités d'alliance
est non seulement inopportun, mais dange-
reux et injustifiable.
« 2° Par le règlement des contestations inter-
nationales par voie d'arbitrage.
« Nous sommes fermement persuadés que le pro--
grè.s de la civilisation dépendra à l'avenir du respect
universel de la saintetê des contrats ou. pactes solen-
nels entre les nations et du développement par com-
mun accord du droit international.
cc . Les traités de neutralisation et d'arbitrage, les
conférences de-La·Haye, et quelques-unes des tenta..
tives sérieuses de médiation, malgré leur imperfec-
tion et leur insuffisance, malgré les violations bru-
tales qu'il a fallu enregistrer en trop d'occasions,
sont le témoignage éclatant d'une tendance irrésis-
\tible du monde civilisé à prévenir les guerres entre
Nations par le moyen d'accords délibérés et conclus
en temps de paix.
8
- 114 -

Ces diverses questions, que nous n'indiquons que


con1me des souhaits, des directions, ·manquent
d'études détaillées. C'est l'œuvre que doit achever
la Conférence, et dont les résolutions que nous pro-
posons ébauchent le dessein.
cc Ce sera un titre de gloire _é ternelle pour la
Maç.·. d'avoir pr~paré les bases de l'Humanité
noùv~lle par la Liberté et le Droit~ »
Le F. ·. Meoni donne ensuite lecture de· la résolu-
tion de la Délégation italienne, qui est ainsi conçue :
« Au nom des grands et nobles principes dont s'ins-
pire l'Institution maç. ·. Universelle et synthé-
tisés par la glorieuse devise. « Liberté, Frater-
nité, Égalité n, d'où chaque Communion maç. ·.
tire ses courants d'action et de pensée;
« Pour le but suprême vers le~el t~nd -t'.1.-epuis
des siècles l' œuvre des Fra~cs-Maç. · . : l' éman-
cipation humaine ·de toute ·oppression morale,
religieuse, politique,. économique;
« Pour la fraternelle union de tous .les pe-uples,
qui exige un esprit universel de soHdarité, afin qu'à
chaque peuple soient assurées les conditio-ns néces-
saires au libre développement de ses . ap~itudes
spéciales, au bénéfice de chaque collectivité et de la
grande famille humaine ; . ·
« Pour sauvegarder le bien suprême de_l'homme,
la liberté, qui ne peut être garantie que par le respect
du droit;
« Le Congrès maç:. international constate :

« Que la guerre qui ensanglante le monde depuis


trois ans a été provoquée :
« Par le despotisme,
-- 115 --.

Par le désfr d'assujettir peuples et nations,


<c
« Par la subordination çlu droit à la force,
« Par la conception autocratique d'un gouverne-
ment, qui jnculque des sentimeri.ts de haine et d'as-
pirations hégé:m.o_niques d'un peuple sur les autres.
~. << Pourtant, le Congrès maç. ·. international croit
J'fermement que de la guerre actuelle doit jaillir le
1ispect du droit, de la liberté, du progrès pacifique
·- <l~ toute collectivité.
· ~- « D'où le Congrès reconnaît que, bien que la
Maç. ·. universelle soit, en principe, contre
toutes les guerres, elle doit exalter les sublimes
:. sacrifices des peuples quand ils sont dirigés,
-comme dans la guerre actuelle, à repousser une
· agression traîtresse ou à ~réer les conditions indispcn-
.sables à l'établissement de la libre et pacifique
union des peuples civilisés et déclare que l'action
des Familles maç. ·., qui ont accepté et soutenu
·1a douloureuse nécessité de la guerre, est con-
·forme aux principes de la Maç. ·. universelle :
« Af firn1e :
« L'inébranlable volonté de toutes les Puis-
sances maç.·. représentées au Congrès d'agir
avec-- la- force pr_o venant de la noblesse du but corn-
1nun, afin que le sacrifice d'innombrables vies à
l'idéal altruiste apporte aux peuples le droit de
reconstituer sur la base des caractéristiques natu-
relles, ethniques, morales, historiques, artistiques,
les nationalités brisées , ou n1.ême effacées par
de longs siècles de despotisme et de milita-
.
r1srn.n.
A + ' " ,• 1• • , • • ,
<c ,'-l.ssuranL a c11aque nanona.Œce, a.:.ns1 rccomposcc

[lVec homogénéité de principës et de régin1e 1ioli-


116

tique de liberté, les garanties de défense nat urelle


et de développerne:r;.-t . pacifique et réalisant une
Confédération en.,r les· . nationalit és libres, dans le
but d'obtenir le respect au droit par des sanctions
int ernationale , ~omme les exigent les principes de
solidarit é qui doivent unir tous les peuples contre
quiconque porte a teinte aux conditions d'existence
de la Société humaine. ,>

Le F. ·. Militchevitch propose que les nationalités


opprimées soient consultées par voie plébiscitaire
et adhèrent à tels États qu'îl leu.r conviendra ou
demeurent libres. .
Les FF. ·. Berlenda et' Nathan co~battent cette
thèse.
Le F.·. Yovanovitch développe ~t soutient le
principe des nationalités.
Le F. ·. Schwenter dit que les Délégués qui repré-
sentent les trois Maç. ·. suisses, tout en approuvant
le rapport sur la Sociét é des Nations et les articles
tendant à sa constitution, iiennent à déclarer qu'en
tant que représentants d 'un Etat neutre ils n'ont
pas à prendre position sur les points particuliers
visant la déiimitation des territoires.
- Après une discussioB à laquelle prennent part
les FF. ·. Meoni, Lebey, Soudan, Sin1arro, Nicol et
Berlenda, le Congrès adopte la résolution de la Délé-
gation italienne, avec une 1nodification portant sur
les deux derniers paragraphes qui n'en font plus
qu'un seul ainsi conçu : · '.

« Le Congrès maç. ·. internation~l. ..~


117.--

«· Affirme :
. '

« L'inébranlable volonté de toutes les Puissances


maç:. représentées au Congrès d'agir avec la force
provenant de la noble~ise du but commun, afin que
le sacrifice d'inno1nbrabks vies à l'idéal altruiste
apporte aux peuples le droit de reconstituer toutes
les nationalités brisées ou . opprimées, en tenant
compte de tous les éléments qui composent une
conscience nationale. n

.·. Le F. ·. général Peigné soumet à l'approbation


du Congrès les motions suivantes qui avaient été
renvoyées à la Co1nmission :
cc Le Cor:igr:ès des Maç. ·. des Nations alliées et
neutres, réuni , à Paris ,les 28 et 29 juin 1917, dans
le but d'étudier l' orgànisation de la Société des
Nations,
,
« Adresse à ri!. V-ililson 1 président des Etats-
Unis d'Amérique, .Fhommage de son admi-
ration et le trihµ.t de sa reconnaissance pour la
grandeur d _~s services rendus par lui à l'Hu-
1na.nité, ··
« Déclare cru 7 il est heureux de collabo er
;JI.
, . d ent' "\\"-,..
avec M . 1e prrem. ' l
iJl'J 1!.Son a
11 , .. . t.10. _ 1.e
a reansa. ~

cette œuvre de justice internationale et ~e fra-


ternité démocratique qt1..i représente l'idéal
mê1ne de la Franc-I-Haç. · = 1
« Affirme que les ~_,:;."':Ln.c:pes ét er-11.,~ls de la
,:,.,~a•At,"'-M
.!- .a. J.~'-' ' aç
• , • ■ so·n·} c·n-'- i0remi:::.-,r.,•f
--l.l -v
'G-- ~
.-. .. conf•'Y"ffiC-.S
v.:l..Lv -'4..J.IL 'v• a'
ce11x proclamés .. a-i:· !vï. le pX'éside:nt 1fJilso11.
:'li , ,. d - . ,.. . , .
pour a.ere:n rv !.a C i'\.7 :d.1;;a1~10 n
.. 7l .,, · ,
e·:ri .i.a HfJJGJr e ttes
t, ~

peuples ,
1d8

«
.
Envoie son salut affectueux et l'expression de
'
ses sentiments d'entière solidarité au Peuple des
Etats-Unis. >>
- Adopté.
« Le Congrès des ~Iaç. ·. des Nations alliées et
neutres, réuni à Paris les 28 et 29 juin 1917,
« Adresse à son ~éminent -F. ·. le ministre Léon
Bourgeois, l'expression de ses sentiinents les plus
fraternels et l'hommage de sa reconnaissance pour
son incessant apostolat de Paix et de. Justice entre
les Nations et est heurelL"I( de l'associer·à cette œuvre
à laquelle il a consacré, depuis de .•:longues années,
tant de travail et tant de dévouement. >)
- Adopté.
cc Le Congrès des Maç. ·. des Nations -alliées_ et
neutres, réuni à Paris les 20 et 29 juin 1917,
« Se félicite. de la coïncidence de sa réunion
avec l'anniversaire du deuxième centenaire
de l'organisation de la Franc-Maç.·. dans sa
forme moderne,
« Déclare que, fidèles à leurs traditions et comme
leurs glorieux prédécesseurs, les Francs-Maç. ·.
d'aujourd'hui demeurent les ouvriers dévoués
de l'émancipation du genre humain.
« Fait un appel chaleureux .à tous les FF. ·.
pour réclamer leur concours à la réalisation
d~ la « Société des Nations » qui seule peut
garantir, à l'avenir, la 1,iherté des peuples, le
droit et la justice internationale,
« Adresse à toutes les· Obédiences alliées et neutres
son salut de fraternit é. n
- Adopté.

. ..•
"'
119

· Le F:. Nathan propose qu'un salut frat. ■• tout


spécial soit adressé à la Grande Loge de l'Arkansas
(Amérique du Nord), qui, par ses souhaits pour le
•s uccès de· .l' œuvre entreprise, nous a donné une
adhésion moral_e de~ plus précieuses.
-- Adopté .
. ·. La séance .est levée à 7 heures.
RÉCEPTION A LA GRANDE LOGE
DE FRANCE

Le samedi 30 juin, à 10 heures du matin, la


Grande Loge de France reçut, 2, rue Puteaux, les
délégués au Congrès.
Un apéritif fut offert aux non1breux FF. ·. qui
répondirent à l'invitation.

DÉJEUNER FRATERNEL

Le samedi 30 juin, à midi, au Palais d'Orsay, un


déjeuner fraternel, présidé par les FF. ·. Corneau et
Peigné, était offert aux délégués des Puissances
maç. ·. représentées au Congrès.
Près de 200 Francs-lVIaç. ·. y assistaient.
Des discours, fréquemment applaudis, ont été
prononcés par les FF. ·. Corneau et Peigné (France),
Berlenda (Italie), Aubert (Suisse), Tinière (France),
Simarro et Vinaixa (Espagne), Militchevitch (Ser-
bie), Urbain (Belgique), Durre et Anclré Lebey
(France).
La plus grande cordialité ne cessa de régner au
cours de cette agape,
121

TENUE SOL.·.

Le samedi 30 juin, à 5 heures, au Grand-Orient


de France, 16, rue Cadet, une Tenue sol.·. eut lieu
sous la présidence des FF. ·. Corneau et Peigné.
Les FF:. Nicol (G:. L:.) et Mognier (G.·.-0:.)
occupaient respectivem.ent les plat.·. de 1er · et de
2e Surv:.
Le banc de l'Orat:. était occupé par le F:. André
Lebey (G. ·.-0 ~ · .) .
.
. .
Les fonctioµ~ de Secrét. ·. étaient remplies par les
FF:. Massonneau (G:. L.·.) et Vadecard (G:. O.·.).
Les délégués furent reçus sous la voûte d'acier et
mail:. batt: ..
Le F. ·. Corneau sou_haita la bienvenue à nos chers
hôtes, les présentant à l'assemblée et ayant un · mot
aimable pour chacun d'eux .
.,
Le F. ·. Peigné se félicita de l'union des deux Obé-
diences maç. ·. françaises et de l'œuvre accomplie.
Puis il donna lecture de trois motions votées par le
Congrès et qui sont reproduites ci-dessus.
Ont pris ensuite la parole les FF. ·. Ferrari (Italie),
Sünarro (Espagne), Schwenter (Suisse), Barrois
(Suisse), Anspach-Puissant (Belgique), 1VIilitchevitch
(Serbie), Vinaixa (Espagne).
Le F. ·. André Lebey, dans un re1narquable exposé,
rendit compte des travaux du Congrès. Il fit con-
naître, en les analysant et en les co1nmentant, les
résolutions prises au sujet de la constitution de la
Société des Nattons,
- 122 ,1

'··
·}\''
L'éminent conférencier fuèf<.chaleureusement
applaudi, à différentes reprises,' :par les nombreux
Francs-Maç. ·. présents à la Tenue.
Le F:. Peigné remercia l'assistance et insîsta de
nouveau sur le rôle que la Franc-Maç:. et les Francs-
1faç. ·. peuvent et doivent jouer pour la préparation
d'un avenir meilleur.
Et les travaux furent clos, avec l'espoir que de
semblables rencontres frat. ·. permettront de res-
serrer davantage encore et d'étendre les liens qui
unissent les l\1aç. ·. des Nations alliées et neutres.

Les Secrétaires- du Congrès :


N . .VADECARD, 33e,
Secrétaire général
du Gr_and-Orienl de France.

A. l\tIASSONNEAU,
Grand Secrétaire général
de la Grande Loge de France.

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