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Charlotte Siney-Lange
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* Archiviste-documentaliste.
(1) La formule est empruntée à A. CHOURAQUI, Les Juifs d’Afrique du Nord, entre Orient et Occi-
dent, Institut d’Études Politiques de Paris, 1965, p. 16. Cet article est issu d’un mémoire de maîtrise
soutenu à l’Université de Paris I : C. LANGE, Renouvellement de la communauté juive de la région
parisienne après l’arrivée des Israélites d’Afrique du Nord, 1999, 253 p.
(2) A.-G. SLAMA, « Le départ des pieds-noirs était-il inévitable ? », L’Histoire, octobre 1994, p. 48.
(3) De façon tragique dans Le Grand Pardon d’Alexandre Arcady, ou comique dans La Vérité si je
mens I et II : A. GOLDMANN, « Un rassurant miroir, les Juifs d’Afrique du Nord à l’écran », Les Archives
Juives, 1er semestre 1998, p. 66-71.
(4) Les villes méditerranéennes principalement concernées sont Marseille et Toulouse. Pour Toulouse,
cf. C. ZYTNICKI, Les Juifs à Toulouse de 1945 à 1970 : une communauté toujours recommencée,
Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1998. Pour Marseille, cf. J.-J. JORDI, 1962, l’arrivée des pieds-
noirs, Paris, Autrement, 1995, 139 p., De l’exode à l’exil : rapatriés et pieds-noirs en France : l’exem-
ple marseillais (1954-1992), Paris, L’Harmattan, 1993, 250 p.
(5) J.-J. JORDI, 1962, op. cit., p. 74.
Le Mouvement Social, no 197, octobre-décembre 2001, © Les Éditions de l’Atelier/Éditions Ouvrières
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(6) « Séfarade » s’oppose au terme « Ashkénaze » qui désigne les Juifs d’Europe centrale et orientale.
Il s’agit des Juifs méditerranéens. A l’origine, « séfar » (hispanique) représente les Juifs d’Espagne ayant
fui l’Inquisition.
(7) D. BENSIMON, L’intégration des Juifs d’Afrique du Nord en France, Paris-La Haye, Mouton,
1971 ; D. BENSIMON et S. DELLA-PERGOLLA, La population juive de France, socio-démographie et iden-
tité, Jérusalem, The Hebrew University of Jerusalem et C.N.R.S., 1984, 436 p.
(8) C. TAPIA, Les Juifs sépharades en France, Paris, L’Harmattan, 1986 et C. TAPIA et J.-C. LASRY
(dir.), Les Juifs du Maghreb, diasporas contemporaines, Montréal, Presses de l’université de Montréal,
1989.
(9) A. CHOURAQUI, Histoire des Juifs en Afrique du Nord, Paris, L’Harmattan, 1984 ; Les Juifs
d’Afrique du Nord..., op. cit.
(10) A l’exception des Juifs des Oasis des confins algéro-tunisiens qui sont annexés à partir de 1961.
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(11) De 1891 à 1945, plus de 7 000 Israélites sont naturalisés français. En 1923, une loi favorise
ceux d’entre eux qui ont servi dans l’armée française, eu le baccalauréat ou autres diplômes français,
épousé une Française ou rendu d’importants services à la France.
(12) D. BENSIMON et S. DELLA-PERGOLLA, « Structures socio-démographiques », in C. TAPIA et
J.-C. LASRY (dir.), Les Juifs du Maghreb, op. cit., p. 185.
(13) A. CHOURAQUI, Les Juifs en Afrique du Nord, Paris, Hachette, 1985, p. 433.
(14) D. BENSIMON, L’intégration, op. cit. Ces écarts de statistiques entre les auteurs tiennent à des
différences d’échantillonnage : alors qu’André Chouraqui se réfère à la population tunisienne prise avant
l’indépendance, Doris Bensimon s’intéresse aux réfugiés après leur arrivée en France.
(15) H. DUPRIEZ, « Un intersigne, l’exode des Juifs d’Afrique du Nord », Revue française d’outre-mer,
octobre 1955, p. 449.
(16) Archives du C.R.I.F., Centre de documentation juive contemporaine (C.D.J.C.).
(17) Archives du C.R.I.F., loi du 29 juin 1961. Ce texte les dispense de présenter une carte de séjour
et leur permet, dans certains cas, d’acquérir la naturalisation sur simple déclaration.
(18) D. BENSIMON et S. DELLA PERGOLLA, « Structures... », art. cit., p. 130. On relève de grands écarts
dans les taux de mariages mixtes entre Algériens d’un côté et Marocains et Tunisiens de l’autre (13,8 %
contre 5,4 %). De même, au niveau démographique, les femmes juives d’Algérie ont un taux de fécondité
moins élevé que celles des deux autres pays. L’âge au mariage illustre aussi ces différences : les Marocains
et les Tunisiens reflètent encore les normes traditionnelles de la nuptialité, alors que l’âge au mariage des
Algériens est le même que celui des Juifs de France, à mi-chemin entre celui des Maghrébins et des
immigrés européens.
(19) C. TAPIA, « Ruptures et continuités culturelles, idéologiques chez les Juifs d’origine tunisienne en
France », in Relations judéo-musulmanes en Tunisie du Moyen-Age à nos jours, regards croisés, col-
loque du 25 mars 1999.
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Les Juifs d’Afrique du Nord ont été les plus occidentalisés d’entre les Juifs d’Orient,
comme ils sont les plus orientalisés des Juifs d’Occident (20).
Ils s’identifient également par leur attachement à la France, que les Algériens
ont révélé au XIXe siècle dans leur lutte pour la naturalisation française (21). De son
côté, la population marocaine et tunisienne immigrée représente la frange la plus
francisée du judaïsme nord-africain (22). En outre, sans même connaître le territoire
métropolitain, de nombreux réfugiés en ont hérité la culture, grâce aux écoles de
l’Alliance Israélite Universelle en Tunisie et au Maroc (23) et aux établissements
publics français en Algérie (24).
L’identité juive nord-africaine se définit enfin par une culture religieuse originale
constituée de rites particuliers distincts de ceux des Ashkénazes, résultat de plusieurs
siècles de cohabitation avec les peuples berbères et arabes (25).
(20) A. CHOURAQUI, « État actuel du judaïsme en Afrique du Nord, en France et en Israël », in Actas
del primer simposio de estudios sefardies, Madrid, Éditions A. Montano, 1970, p. 168.
(21) C. TAPIA, Les Juifs sépharades en France, op. cit., p. 67-82.
(22) 46 % des Juifs de Tunisie immigrés dans les années 1950 sont de nationalité française, contre
12 % du Maroc. D. BENSIMON et S. DELLA-PERGOLLA, « Structures... », art. cit., p. 185.
(23) Organisme créé en 1860 pour défendre les droits des Juifs et éduquer les communautés du monde
entier. Au Maroc, la première école est fondée en 1862 à Tétouan, en Tunisie en 1878 à Tunis.
(24) Ces propos sont toutefois à nuancer selon les pays d’origine et les classes sociales : au Maroc, de
nombreuses femmes ne parlent toujours pas le Français en 1956.
(25) A. et R. NEHER, « La pyramide du sacré repose sur les mêmes bases, bien entendu, mais en
Métropole et en Algérie, les pierres les plus dévotement chéries de l’édifice sont loin d’être identiques, et
inversement, les pierres branlantes, facilement arrachées par le vent de l’assimilation, ne sont pas les
mêmes... Pour l’Ashkénaze, Shabbat et cacherouth se tiennent. Chez les Séfardim, chaque observance
reste indépendante de l’autre », cités par C. ZYTNICKI, Les Juifs de Toulouse..., op. cit.
(26) A. de ROTHSCHILD, Journal des communautés, 26 janvier 1968, p. 1. Il s’agit cependant, au
XIXe siècle, de la frange la plus francisée et embourgeoisée de la communauté juive algérienne.
(27) « Le F.S.J.U. face au problème social des Juifs nord-africains », La revue du F.S.J.U., décembre
1953, p. 22-23. Si cette proportion reste faible, on remarque un intérêt croissant des revues et des
organismes communautaires pour l’immigration juive maghrébine.
(28) Ibid., p. 22.
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(29) Archives du C.R.I.F., « Situation des Juifs d’Afrique du Nord », Le Combat, 29 avril 1959.
(30) J.-J. JORDI, De l’exode à l’exil, op. cit. Il s’agit d’une base aéronavale que les Français refusent
de quitter. Au début du mois de juillet, une foule de Tunisiens manifeste devant la base. Le 19, ils ouvrent
le feu, entraînant la riposte des Français qui provoque la mort de 5 000 personnes du côté tunisien.
(31) A.-G. SLAMA, « Le départ... », art. cit., p. 48.
(32) Cf. J.-J. JORDI, De l’exode à l’exil, op. cit.
(33) En 1964, 10 % de la clientèle des organismes sociaux juifs sont marocains, contre 20 % en 1965.
« Un nouveau chapitre de l’immigration marocaine ? », L’Arche, janvier 1965, p. 33-35.
(34) 27 % d’entre eux ont moins de 25 ans, contre 21 % des Français. Voir P. BAILLET, Les Rapatriés
d’Algérie en France, Paris, La Documentation française, 1976, p. 48.
(35) 28 % des Juifs maghrébins sont ouvriers, 15 % commerçants ou artisans, et 29 % cadres et
employés moyens. C. TAPIA et J. TAÏEB, « Le judaïsme français après l’immigration des Juifs maghrébins »,
Yod, 1978, p. 88.
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Devant le phénomène juif-algérien, nous assistons à l’arrivée de gens qui couvrent une
gamme sociale infiniment plus riche et plus étendue que le judaïsme français, puisque
cela va du prolétariat, et même du sous-prolétariat, jusqu’à la grande bourgeoisie (36).
Par ailleurs s’opère une double évolution géographique. Malgré les tentatives
du gouvernement pour freiner le regroupement des réfugiés en région pari-
sienne (37), plus du tiers d’entre eux s’y retrouve, en particulier dans les quartiers
juifs traditionnels de Belleville et Montmartre dont la morphologie se transforme sous
le coup de ces influences méditerranéennes :
La capitale a un pouvoir quasi mythique : chaque rapatrié s’y sent proche des admi-
nistrations responsables, il peut y faire valoir ses droits et expliquer ses problèmes
devant le fonctionnaire compétent (38).
(36) M. SALOMON, « Deuxièmes journées d’études nord-africaines du F.S.J.U. : les journées d’Her-
beys », L’Arche, octobre 1962, p. 14.
(37) En 1962, une loi « interdit » certaines régions aux rapatriés, sous peine de leur supprimer leurs
subventions. Une prime géographique les incite à se disperser. Ces mesures s’avérant vaines, elles sont
supprimées le 3 mars 1963.
(38) P. BAILLET, Les rapatriés..., op. cit., p. 19.
(39) ALPHA, « Les Juifs des cités dortoirs », L’Arche, août-septembre 1968.
(40) J.-J. JORDI, De l’exode à l’exil, op. cit., p. 64. La souffrance des rapatriés est d’autant plus aiguë
que ces personnes ont quitté une terre adorée où ils vivaient heureux, fait presque inédit dans l’histoire
de l’immigration.
(41) Ibid., p. 185.
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« Là-bas » prend une allure mythique, terriblement lointaine, bien secouée en tout cas
par les nouvelles réalités d’une civilisation mécanicienne et oppressée (43).
Finalement, la mort dans l’âme, j’ai accepté de travailler le samedi matin pendant
quelque temps, parce que j’avais besoin d’argent pour faire vivre ma famille (48).
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n’ont d’autre recours que la communauté pour leur survie. Face aux lacunes des
pouvoirs publics, les institutions communautaires s’organisent :
Nous ne pouvons pas davantage fermer les yeux sur les besoins des réfugiés étrangers
que la France accueille sans leur conférer tous les droits à sa protection sociale (50).
Lorsqu’un premier bilan est possible, on s’aperçoit que le service privé a doublé le
potentiel prévu du service public ! (52)
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munautaires. Dans les ports, les gares et les aéroports, notamment à Paris et à
Marseille, des centres d’hébergement sont improvisés tandis que des dizaines de
volontaires se précipitent à leur secours (59). Pendant l’été 1962, les centres de
vacances sont réquisitionnés et des centres aérés organisés dans ce qui apparaît aux
témoins comme une « atmosphère d’urgence, et même de sauvetage » (60). La prise
en charge des réfugiés revient ensuite à trois œuvres dont le C.A.S.I.P. est le pivot
central. Son service d’assistance sociale délivre des secours sous forme d’argent ou
de colis alimentaires (61), sa cantine des repas gratuits, et son vestiaire des vête-
ments. Le service d’assistance par le travail publie des demandes d’emplois. Le pro-
blème du logement est pris en compte par un bureau spécialisé. Ses maisons d’étu-
diants, de retraite et son centre d’enfants à Belleville sont également mis à
contribution. En 1956, le Comité enregistre une augmentation de 115 % de ses
effectifs (à 18 % marocains, 40 % algériens et 42 % tunisiens), ce qui provoque un
endettement croissant malgré un apport du F.S.J.U., de la communauté américaine
et des pouvoirs publics.
En 1962, l’O.R.T. (62) adapte ses structures aux demandes des réfugiés en
ouvrant des classes de préapprentissage et des cours de formation professionnelle
pour adultes (63). En 1967, il a accru ses effectifs de 74,5 % et créé des centres à
Villiers-le-Bel et à Montreuil (64).
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(59) R. SUSSAN, « Les grandes vacances des Juifs d’Algérie », L’Arche, juillet 1962, p. 16.
(60) M. MUSNIK, assemblée générale du F.S.J.U., 27 et 28 avril 1963, archives du F.S.J.U.
(61) Les allocations, de quatre francs par jour et par personne, concernent 2 892 familles (soit
874 148 francs en 1962), in assemblée générale du C.A.S.I.P., 10 mai 1964, Journal des communau-
tés, 24 juin 1964, p. 15.
(62) L’O.R.T. ou « Olschestvo Rasprotranenia Trouda » : œuvre de reconversion professionnelle créée
en 1880 en Russie afin de normaliser les structures socioéconomiques des populations juives et d’encou-
rager le travail agricole et industriel. Implanté en France à partir de 1921, l’O.R.T. délivre aux jeunes
Israélites un diplôme reconnu par l’État, qui le finance à 80 %, avec en plus une formation juive.
(63) « O.R.T., apprendre un métier en quelques mois », Journal des communautés, 10 juin 1966,
p. 6.
(64) « Les institutions juives en sept questions : l’O.R.T.-France », Information juive, mars 1968, p. 3.
(65) Le Consistoire de Paris est le conseil d’administration de l’Association consistoriale israélite de
Paris (A.C.I.P.), organe représentatif du judaïsme parisien, chargé de toutes les manifestations religieuses.
Il est composé de trente membres élus pour huit ans, renouvelables par moitié tous les quatre ans.
(66) R. MASSE, assemblée générale de l’A.C.I.P., 16 juin 1963, Journal des communautés, 28 juin
1963, p. 1-4.
(67) Source : Journal des communautés.
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Polonais, qui étaient séparés les uns des autres » (68), les dirigeants de la commu-
nauté souhaitent mettre fin au paternalisme dont leurs aïeuls ont fait preuve envers
les précédents immigrés. « Il s’agit aussi de maintenir les nouveaux arrivés au sein de
la communauté autrement que par des liens de l’assisté au bienfaiteur » (69). Ce
processus, qui remet en cause la notion de Tsedaka (charité), précepte essentiel du
judaïsme, est cependant difficile.
A la Libération, le soutien fourni aux rescapés de la Shoah a amorcé l’ère d’un
nouveau rapport à l’immigré. L’approfondissement des débats sur les techniques
sociales avait conduit à l’idée que « l’aide n’était pas liée au statut moral de la per-
sonne » (70). L’immigration nord-africaine coïncide donc avec une évolution des
mentalités entamée en 1945, symbolisée par le changement de nom du C.B.I.P. (71)
qui, en 1963, devient Comité d’action sociale israélite de Paris (C.A.S.I.P.). Les
témoins sentent alors que « le judaïsme français a peut-être renoncé à être le père
pour devenir le frère du judaïsme nord-africain » (72).
Après l’intégration des réfugiés d’Europe et d’Égypte et les efforts de réadap-
tation des survivants de la guerre, le F.S.J.U. avait mis sur pied un programme de
« centres communautaires » financé par les réparations allemandes (73). Les autorités
communautaires constatent que « l’arrivée des Juifs d’Afrique du Nord a faussé tous
les plans minutieusement préparés » (74). Se développe l’idée d’un choix à faire entre
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cinq millions de francs, n’est pas atteint. En 1963, la collecte entre dans une phase
de stagnation et en 1965, elle représente à peine la moitié des ressources du
F.S.J.U. (83). « Objet de scandale » pour Jacques Lazarus, cette passivité s’explique
selon Simon Schwarzfuchs par l’état de dépendance financière dans lequel le judaïsme
français se trouve depuis la Libération (84). Il est toutefois courant d’observer, dans les
mouvements de solidarité, la même courbe de l’effort de générosité : après un intense
élan, les efforts retombent du fait du retour aux problèmes quotidiens de chacun. La
multiplicité d’organes de propagande, tels le Comité d’action et de collecte du F.S.J.U.
ou la Commission de propagande du Consistoire, s’est efforcée de lutter contre cette
« passivité », tout comme l’utilisation de la télévision (85). L’émission « Source de Vie »,
créée en octobre 1962 par l’A.C.I.P., permet aux familles isolées de préserver des
liens avec la communauté (86). Cela n’empêche pas le maintien durable d’un sentiment
d’« apathie des familles juives » (87). L’indifférence dénoncée semble naturelle pendant
la première période d’acclimatation, au cours de laquelle les réfugiés doivent recons-
truire leur vie. Elle s’explique également par le mouvement de déjudaïsation qui touche
les Juifs d’Algérie depuis l’entre-deux-guerres et qui s’est accéléré après 1945.
La politique d’accueil touche finalement un nombre réduit de personnes. En
1965, seul un quart des rapatriés a profité des 2,5 milliards de francs investis par le
F.S.J.U. (88) Néanmoins la réussite du processus d’intégration des Juifs maghrébins,
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(83) « Rapport moral de 1965, état et perspectives du F.S.J.U. 15 ans après », archives du F.S.J.U.
(84) J. LAZARUS, « Solidarité juive en action », Information juive, octobre 1966, p. 1 ; S. SCHWARZ-
FUCHS, « Naissance du F.S.J.U., renaissance d’une communauté », art. cit.
(85) ROTTEMBERG, assemblée générale de l’A.C.I.P., 15 mai 1966, Journal des communautés, 27 mai
1966, p. 1.
(86) En banlieue, 50 % des Israélites suivent l’émission, cf. « Source de vie », L’Arche, février 1965.
(87) ROTTEMBERG, assemblée générale de l’A.C.I.P., 21 mai 1967, Journal des communautés, 9 juin
1967, p. 3.
(88) C. TAPIA, Les Juifs sépharades en France, op. cit., p. 407.
(89) H. CHEMOUILLI, « Les rapatriés dix ans après », L’Arche, mai 1972, p. 71.
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GRANDES ET PETITES MISÈRES DU GRAND EXODE
Notre rôle se bornait seulement à recenser des noms et à les envoyer au rabbin Roit-
mann. Nous ne devions pas du tout les aider moralement ou psychologiquement. Mais
le fait de venir les voir, de leur rendre visite leur a peut-être fait du bien effectivement.
Nous l’espérions en tout cas (91).
(90) En 1965, une centaine de jeunes militants ont repéré 65 000 personnes, in « Jeunesse à l’avant-
garde de l’action religieuse », Journal des communautés, 8 octobre 1965, p. 6.
(91) Entretien téléphonique avec Madame R., membre de Thora Vetsion.
(92) Groupe de dix hommes nécessaire pour la prière publique.
(93) A. de ROTHSCHILD, assemblée générale de l’A.C.I.P., 14 juin 1959, Journal des communautés,
26 juin 1959, p. 8.
(94) A. de ROTHSCHILD, « Le Consistoire de Paris prépare de nouveaux chantiers », Journal des com-
munautés, 26 février 1965, p. 1-3.
(95) A. de ROTHSCHILD, assemblée générale de l’A.C.I.P., 17 juin 1962, Journal des communautés,
p. 8.
(96) Ces investissements sont partiellement financés par la Jewish Trust Corporation et le F.S.J.U.,
in Assemblée générale de l’A.C.I.P., 24 mai 1964, Journal des communautés, 12 juin 1964, p. 1. La
Jewish Trust Corporation est un organisme établi dans la zone britannique d’Allemagne en 1950 pour
restituer les biens des Juifs. Sa branche française est instituée en 1952.
(97) L’A.C.I.P. doit même contracter des emprunts auprès de la Caisse des dépôts et consignations,
in Journal des communautés, 8 septembre 1961, p. 10. L’A.C.I.P. cumule un endettement de trois
millions de francs.
(98) Ces deux localités concentrent à elles seules 4 000 Israélites.
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Notre déception, c’est le judaïsme nord-africain [...]. Partout, on a créé des temples et
des centres culturels pour ne pas les laisser à l’abandon [...]. Mais ils n’y mettent pas
les pieds (102).
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GRANDES ET PETITES MISÈRES DU GRAND EXODE
Les décennies 1950 et 1960 se caractérisent par une redéfinition du fait juif,
qui se cristallise autour d’intérêts plus larges que la religion. Le développement des
centres est une manière de se rapprocher des Juifs périphériques et de faire renaître
la notion maghrébine de Kahila.
L’influence américaine est plus flagrante dans le domaine social. Le Joint repré-
sente en effet pour les responsables « [...] la première voie de pénétration en France
et en Europe des concepts d’unité de travail social et de son caractère profession-
nel » (107). Dans les années 1950, il installe des centres de formation d’assistantes
sociales en région parisienne (108). Mais en 1963, l’effectif du C.A.S.I.P. doit encore
tripler (109). La qualité des techniques sociales connaît elle aussi une évolution. En
quelques années, les organismes communautaires passent du stade de « bonnes
œuvres » à l’état d’institutions professionnelles « munies d’un personnel qualifié » (110).
En 1966, la création de la commission sociale du F.S.J.U. témoigne de la nécessité
de procéder à « l’application d’un programme de travail psychologique intense » (111).
Grâce au bouleversement de ses structures, il semble que le Consistoire « sort
de sa tour d’ivoire » (112). L’augmentation de ses frais est induite par le développe-
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vellement des formes de regroupement des communautés religieuses après-guerre. Il regroupe à la fois
des activités religieuses et culturelles.
(106) KLEIN, assemblée générale du F.S.J.U., 25 et 26 avril 1964, art. cit.
(107) Assemblée générale du F.S.J.U., 25 et 26 avril 1964, art. cit.
(108) MAZOUR et RATNER, « L’Union O.S.E. en France », In fight for the health of Jewish people,
50 years of O.S.E., New York, Wulman, 1968.
(109) M. GREISALMMER, assemblée générale du F.S.J.U., 25 et 26 avril 1964, art. cit.
(110) E. ABRAVANEL, « Actualités et perspectives de l’action sociale juive », L’Arche, mai 1964, p. 37.
(111) A. de ROTHSCHILD, assemblée générale du C.A.S.I.P., 2 mai 1965, archives du C.A.S.I.P.
(112) G. LEVITTE, « Problèmes de l’intégration des Juifs nord-africains en France », in Actas del primer
simposio..., op. cit., p. 156-160.
(113) Assemblée générale de l’A.C.I.P., 16 juin 1963, art. cit., p. 1-14.
(114) « Entretien avec Alain de Rothschild », Journal des communautés, 26 novembre 1965, p. 1.
(115) A. de ROTHSCHILD, assemblée générale de l’A.C.I.P., 21 mai 1967, art. cit., p. 13.
(116) H. CHERQUI, « Banlieues et communautés », Information juive, décembre-janvier 1965, p. 1.
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C. SINEY-LANGE
Ainsi, sans budget propre, prises en charge, « entretenues », les communautés de ban-
lieue dépendent pour la grande majorité d’entre elles, institutionnellement, d’un orga-
nisme où elles ne sont en fait pas représentées (117).
(117) Ibid.
(118) Le Beth Din est le tribunal rabbinique, chargé du contrôle des activités religieuses et commer-
ciales.
(119) Cérémonie d’initiation marquant la majorité religieuse.
(120) Il s’agit d’Antony, Athis-Mons, Champigny-sur-Marne, La Courneuve, Épinay-sur-Seine, Les
Lilas, Montreuil-sous-Bois, Montrouge et Sarcelles-Lochères.
(121) E. GUEDJ, assemblée générale du F.S.J.U. de 1966, L’Arche, juillet 1996, p. 50-55.
(122) Ancien dirigeant de la communauté marocaine et fondateur du D.E.J.J.
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sabre magique capable de trancher tous les nœuds gordiens » (123), le D.E.J.J. reste
néanmoins l’apanage d’une minorité, dès lors que, jusqu’en 1967, 89 % des enfants
juifs se tiennent à l’écart de tout mouvement confessionnel.
Une véritable « politique de jeunesse » doit s’intéresser aux écoles. A l’arrivée
des réfugiés, Paris ne compte que trois structures scolaires : les écoles Yabné, dans
le 5e arrondissement, Maïmonide, porte de Saint-Cloud, et Lucien-de-Hirsch (124)
dans le 19e. Pourtant l’option d’une construction massive n’est pas retenue. Une
seule école secondaire est créée à Pavillon-sous-Bois par l’Alliance Israélite Univer-
selle en 1962 (125). La communauté choisit de moderniser des infrastructures exis-
tantes. En 1958, les établissements Lucien-de-Hirsch et Maïmonide développent
respectivement leurs capacités d’accueil de 45 à 320 et de 170 à 300 élèves. En
1965, l’inauguration de la « nouvelle école Yabné » est considérée comme « un évé-
nement rare dans les annales de la communauté parisienne » (126). Les responsables
organisent aussi des cours d’instruction religieuse. En 1958, les effectifs des cours
de Talmud Thora des synagogues des rues de Nazareth et Vauquelin doublent. En
1963, quatre nouvelles classes sont installées dans la synagogue de la rue de la
Victoire, six rue des Tournelles et douze en banlieue (127) (document 4, p. 55).
A l’arrivée des Nord-Africains, les activités universitaires sont quasiment inexis-
tantes. La création de l’école Gilbert-Bloch à Orsay en 1946 (128) est la première
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Qu’avons-nous récolté dans les milieux universitaires que nous avons aidés depuis vingt
ans ? Zéro, zéro, non seulement d’un point de vue spirituel et de l’adhésion des élites
universitaires à la communauté, mais aussi sur un point bassement matériel [...] (129).
[...] Nous constatons qu’il existe au Quartier Latin cinq centres catholiques, deux ou
trois centres protestants, un centre d’étudiants musulmans. Quant aux étudiants juifs,
ils ont un local, oui bien sûr, mais situé à deux ou trois kilomètres du Quartier
Latin (130).
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Les Juifs tunisiens de Belleville ne comprirent pas tout d’abord cette fuite : n’avaient-ils
pas avec les Ashkénazes ce lien commun : être juif, qui devait les rapprocher, les unir !
[...] Les Ashkénazes, visiblement, ne voulaient pas d’un tel voisinage. Si bien que la
communauté de Belleville devint entièrement tunisienne en 1965 (134).
L’ascension sociale des Ashkénazes, qui leur permet d’investir des quartiers plus
luxueux, entre également en ligne de compte. Mais ceux qui décident de rester s’obs-
tinent dans l’opposition à la cohabitation :
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(136) La hara est le ghetto juif tunisien. Cf. P. SEBAG, L’évolution d’un ghetto nord-africain. La
Hara de Tunis, Paris, P.U.F., 1959.
(137) C. JERUSHALMI, « Les Juifs tunisiens à Paris », art. cit., p. 82.
(138) S. SCHWARZFUCHS, assemblée générale du F.S.J.U., 6 mai 1962, art. cit.
(139) S. SCHWARZFUCHS, assemblée générale du F.S.J.U., 6 mai 1962, art. cit. Selon certains témoi-
gnages, ce projet provoque même des scènes de violence : ainsi, M. X. témoigne : « A Belleville, au début,
ils en venaient aux poings ! ».
(140) M. JAÏS, assises du judaïsme français, 15 juin 1964, art. cit.
(141) « Le F.J.S.U. et les rapatriés », Journal des communautés, 28 décembre 1962, p. 7.
(142) « XVIIe assemblée générale du F.S.J.U. », L’Arche, juillet 1966, p. 50.
(143) C. TAPIA, Les Juifs sépharades en France, op. cit., p. 131.
(144) C’est surtout le cas de l’élite juive intellectuelle qui n’éprouve pas les problèmes de déracinement
et de reconstruction des classes plus modestes.
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Nous devons adopter les règles en pratique au sein de la communauté juive organique,
et verser à la cultuelle notre cotisation annuelle [...] (147).
Le conflit d’autorité tourne à une lutte ouverte avec les bouchers nord-africains.
Au Maghreb, la cachérisation des aliments consistait en des règles d’hygiène élémen-
taires, alors qu’en France, l’A.C.I.P. authentifie le caractère cacher, règle à laquelle
les bouchers maghrébins refusent de se soumettre (148) :
Transplantés en France avec leurs chohets et leurs chomers, ils poursuivent en métro-
pole les habitudes d’Afrique du Nord avec souvent la même clientèle (149).
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Comment, nous dira-t-on, vous avez engagé des dépenses pour faire un immeuble
(145) D. NADJARI, Juifs en terre coloniale. Le culte israélite à Oran au début du XXe siècle, Nice,
Éditions Jacques Gandini, 2000, p. 101.
(146) M. LEGRIS, « L’exode des Israélites d’Algérie », Le Monde, 10 novembre 1962, p. 8.
(147) J. LAZARUS, « Des inscriptions aux Consistoires », Information juive, mars 1965, p. 1.
(148) Les relations entre le Consistoire et les bouchers maghrébins étaient déjà conflictuelles en Afrique
du Nord. Ainsi, « l’affrontement avec ceux-ci avait déjà connu dans la deuxième moitié du XIXe siècle deux
points culminants : en 1875 et en 1892-1895 [...]. En janvier 1909, la « querelle de la boucherie » n’est
pas encore éteinte et le Consistoire doit une nouvelle fois lutter contre la menace d’ouverture de boucheries
concurrentes », D. NADJARI, Juifs en terre coloniale..., op. cit., p. 59.
(149) J. LAZARUS, « Des inscriptions aux Consistoires », art. cit., p. 1.
(150) C. TAPIA, Les Juifs sépharades en France, op. cit., p. 131.
(151) D. GERSON, « La guerre de la cacherouth », L’Arche, août-septembre 1964, p. 83-84.
(152) J.-P. ELKANN, « Commission consultative des communautés de banlieue », Journal des commu-
nautés, 24 mai 1968, p. 1.
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magnifique, pour répondre à tous les besoins d’une certaine population, d’une certaine
bourgeoisie [...] d’ailleurs bien désaffectée hélas, et vous nous refusez à nous rapatriés
de créer des centres qui sont indispensables, des centres de Talmud Thora, dans la
banlieue de Paris ? (153).
Sans doute existe-t-il un autre discours qui vise à minimiser le conflit entre les
communautés. A partir de 1965, l’augmentation des mariages mixtes entre Juifs de
France et réfugiés apparaît comme un « signe concret de la fusion en train de se
réaliser » (154). Pourtant l’opposition des parents aux unions perdure, en particulier
du côté ashkénaze. Selon certains, l’antagonisme n’aurait jamais eu lieu :
L’afflux des Juifs d’Afrique du Nord, même si on les considérait parfois comme des
sous-développés, enrichissait les communautés françaises [...]. On n’avait pas tout à
fait les mêmes rites qu’eux, mais on était toujours chaleureusement accueillis (155).
[...] Les rapatriés jouent du lien communautaire et de l’identité reconstruite plus que
« retrouvée » (160).
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L’A.J.O.A. apparaît comme un lobby efficace auprès des autorités juives et du gou-
vernement. Le 20 décembre 1964, est mise au point une « charte des rapatriés » qui
exige « la réalisation d’une commission exécutive permanente chargée de l’étude et
de la réalisation des équipements indispensables [...] » (161) et la création d’une
« commission régulière chargée des affaires culturelles et éducatives » pour les pro-
blèmes spécifiques aux banlieues. Leur représentation « conforme à leur importance
numérique » et leur « participation directe » au Consistoire sont également abordées.
Quelques mois plus tard, l’A.C.I.P. modifie ses statuts afin d’intégrer les représen-
tants du judaïsme maghrébin. De même, en 1965, elle redouble d’efforts en vue de
l’animation culturelle des nouvelles communautés.
L’A.J.O.A. se bat par ailleurs pour obtenir l’indemnisation des biens des rapa-
triés perdus en Algérie en adhérant au Groupement national pour l’indemnisation
des biens spoliés outre-mer (162). Au niveau social, elle instaure un « fonds de soli-
darité pour les rapatriés » (163) et une « commission sociale », composée de béné-
voles eux-mêmes rapatriés. Dans le domaine juridique, les juristes du B.I.O. sont
recrutés au sein de l’A.J.O.A. Son principal instrument de lutte, Information juive,
paraît en France à partir de septembre 1963 (164) :
Information juive sera le lien et la tribune pour tous ceux que leur fidélité à la France
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Conclusion
Par le simple effet démographique, [...] par l’attachement farouche des Juifs maghré-
bins à leur identité, par l’aspiration profonde à la participation politique et leur volonté
bruyante d’affirmation collective [...] c’est une vieille tradition de neutralité et de dis-
crétion attachée au judaïsme français qui s’écroule (173).
(168) D. BENSIMON, Intégration des Juifs d’Afrique du Nord en France, op. cit., p. 208.
(169) H. CHERQUI, « Participation des originaires d’Afrique du Nord aux responsabilités communautai-
res », Information juive, no 196, novembre 1969, p. 7.
(170) « Un comité de liaison des originaires d’Afrique du Nord », Information juive, novembre 1967,
p. 3.
(171) H. CHEMOUILLI, « Les rapatriés 10 ans après », L’Arche, mai 1972, p. 49.
(172) A. NEHER, « Dans le feu de l’épreuve », L’Arche, mars 1963, p. 27.
(173) C. TAPIA, Les Juifs sépharades en France, op. cit., p. 292.
(174) C. TAPIA et P. SIMON, Le Belleville des Juifs tunisiens, Paris, Autrement, 1998, p. 93.
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Source : enquêtes du groupe « Communauté », Guide des Communautés juives de France, 1966.
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