dossier

La coordination des soins

Le circuit du médicament en HAD

Catherine LEYRISSOUX*
Docteur en pharmacie
Éric FOSSIER
Directeur
Hôpital à domicile de l’Aven
à Étel, 6 rue Gabriel,
56100 Lorient, France
L’hospitalisation à domicile (HAD) permet d’éviter une hospitalisation avec hébergement
ou de raccourcir sa durée. Elle assure des soins médicaux et paramédicaux continus et
coordonnés au domicile du malade, qui se différencient de ceux habituellement dispensés
dans ce cadre par leur complexité, leur durée et leur fréquence. Le pharmacien d’officine
est à même de dispenser des médicaments aux patients pris en charge en HAD.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Mots clés - circuit du médicament ; conciliation ; convention ; coordination ; hospitalisation à domicile ; iatrogénie
The medication pathway in hospital at home care. Hospital at home care allows patients to
avoid hospitalisation or to shorten its duration. It provides continuous and coordinated
medical and paramedical care in the patient’s home, which differs from that usually delivered
in this environment due to its complexity, duration and frequency. The community pharmacist
needs to be able to dispense medicines to patients cared for under a hospital at home
programme.
© 2019 Elsevier Masson SAS. All rights reserved
Keywords - convention; coordination; hospital at home; iatrogenesis; medication pathway; reconciliation

L
es établissements d’hospitalisation à domicile (HAD)
sont des établissements de santé, soumis aux
mêmes obligations que ceux proposant un héberge-
ment (encadré 1) [1]. La technicité, la fréquence et la durée
des actes différencient les soins habituellement effectués
à domicile de ceux dispensés dans le cadre d’une prise en
charge en HAD. Ces soins peuvent succéder à un séjour
hospitalier ou être initiés directement au domicile sur
sollicitation du médecin traitant. Le pharmacien s’intègre
à la coordination des soins.
L’HAD, généralités
L’HAD assure des actes non réalisables en ville car trop
intenses ou trop techniques, auprès de personnes dont
l’état de santé nécessite une continuité des soins, donc
l’intervention d’une équipe de coordination pluridisci-
plinaire (infirmières, rééducateurs, assistante sociale,
psychologue, diététicienne…) et médicalisée (il y a tou-
jours un médecin coordonnateur en HAD). Sans l’HAD,
*Auteur correspondant. les personnes ainsi accueillies resteraient hospitalisées ;
Adresse e-mail :
catherineleyrissoux@gmail.com elle permet donc de raccourcir l’hospitalisation en éta-
(C. Leyrissoux). blissement, voire de l’éviter complètement.
Encadré 1. Définition [1]
L’hospitalisation à domicile (HAD) est une hospitalisation à temps complet au cours de laquelle les soins
sont effectués au domicile de la personne. L’HAD couvre aujourd’hui l’ensemble du territoire national
et constitue une des réponses à l’aspiration grandissante de la population à être soignée dans son
environnement familier quand la situation le permet.
Travail en équipe
F Chef d’orchestre de la coordination des soins
à domicile, l’HAD permet la mutualisation des expé-
riences et des outils, ainsi que le développement de
partenariats et de complémentarités. Assurant un rôle
de conseil, de soutien et de ressource auprès des pro-
fessionnels de santé, elle vise à construire avec eux
l’hôpital de demain.
F Les caractéristiques de l’HAD sont les suivantes :
• elle s’adresse aux patients, sans limite d’âge, atteints
de pathologies aiguës chroniques ou en situation
palliative qui nécessitent des soins complexes avec
une technicité spécifique ;
• elle assure, sur le lieu de vie de la personne, des
soins médicaux et paramédicaux continus et coor-
donnés sur le plan clinique et psychosocial (domicile,
établissement d’hébergement pour personnes âgées
dépendantes [Ehpad], résidence de services...) ;
• elle coordonne les interventions entre les différents
professionnels impliqués dans le processus de prise
en charge et mobilise les compétences internes de
ses équipes et des professionnels de santé libéraux
au bénéfice du patient ;
• elle respecte le choix du patient et prend en compte
l’ensemble de ses besoins sur le plan clinique et
psychosocial ;
• elle assure la continuité des soins avec un personnel
infirmier pouvant intervenir à tout moment, ainsi qu’une
astreinte médicale 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ;
• elle représente une alternative aux soins de suite et
de réadaptation.

© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés Actualités pharmaceutiques

24 http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2019.10.007 • n° 591 • décembre 2019 •

Diverses configurations
L’HAD prend différentes formes :
• HAD disposant de son propre personnel infirmier
pour réaliser les soins ;
• HAD ne disposant que de personnels de coordination,
les soins directs étant dispensés par les professionnels
libéraux du domicile en convention avec la structure ;
• HAD avec pharmacie à usage intérieur (PUI) qui,
à l’instar d’un établissement hospitalier, achète les
médicaments et en assure la dispensation (équipe
salariée) ;
• HAD sans PUI, qui travaille avec des pharma-
ciens libéraux assurant la dispensation, la structure
ne fournissant que les médicaments de la réserve
hospitalière.
Entre ces différentes configurations, toutes les formes
de mixité des modèles existent.
Principaux soins dispensés
F La compétence médicale et soignante d’un établis-
sement d’HAD est en principe généraliste. Dans les faits,
l’HAD réalise plus de 25 % de ses interventions en soins
palliatifs et plus de 20 % en pansements complexes.
Elle a également les compétences pour prendre en
charge des besoins en nursing lourd, nutrition, assistance
respiratoire, traitements intraveineux, etc. Des activités
spécialisées ont également été développées sur certains
territoires, par exemple en obstétrique, traitement du
cancer, rééducation neurologique…
F Le séjour en HAD est en principe à durée déter-
minée, mais celle-ci est révisable selon la nature des
soins requis et l’évolution de l’état de santé de la per-
sonne. Certains séjours peuvent donc être très courts
et d’autres très longs.
F Les soins dispensés par l’HAD regroupent :
• la prise en charge palliative, qui concerne le patient
atteint d’une maladie grave en phase avancée ou ter-
minale et vise à soulager la douleur physique et les
symptômes d’inconfort, mais aussi à apaiser la souf-
france psychique, en soutenant l’entourage ;
• la prise en charge de la douleur, qui comporte la mise
en place du traitement, l’évaluation et les réajuste-
ments des thérapeutiques spécifiques hospitalières ;
• la chimiothérapie ou la surveillance postchimiothérapie
anticancéreuse et/ou postradiothérapie (en cas d’aplasie
chez un patient à risque par exemple) ;
• le nursing lourd, qui correspond à une prise en charge
quotidienne nécessitant deux heures de soins par
24 heures, avec lever, coucher, habillage, prévention
des escarres… ;
• d’autres soins tels le pansement complexe, le trai-
tement postchirurgical ou intraveineux, la nutrition
entérale ou parentérale, la périnatalité ou l’assistance
respiratoire.
Actualités pharmaceutiques
• n° 591 • décembre 2019 •
dossier
La coordination des soins
F L’HAD présente de nombreux atouts pour les pro-
fessionnels du domicile :
• conserver le lien en assurant le suivi de son patient ;
• s’appuyer sur une équipe pluridisciplinaire (médicale,
paramédicale, psychosociale) ;
• disposer d’un interlocuteur unique spécialisé dans les
prises en charge complexes (pansements complexes,
soins palliatifs...) ;
• renforcer ses compétences et son expérience grâce
à la pratique de soins techniques et diversifiés (forma-
tion par l’équipe HAD).
Coût d’une HAD
F Une HAD est prise en charge dans les mêmes
conditions qu’une hospitalisation classique par les
organismes d’assurance maladie et les mutuelles ;
seul le forfait hospitalier n’est pas dû par la personne
puisqu’elle est soignée à son domicile.
F Les établissements d’HAD facturent leurs pres-
tations à l’Assurance maladie conformément à la tari-
fication à l’activité qui leur est appliquée depuis 2005,
les tarifs étant fixés chaque année par le ministère en
charge de la santé. Ces tarifs tiennent compte de la
nature des soins prodigués, de la complexité de la situa-
tion clinique, de l’état de dépendance de la personne
accueillie, de la durée de sa prise en charge et de l’évolu-
tion de son état de santé au cours du séjour. Ils peuvent
varier de 86 euros à plus de 500 euros par jour (le tarif
moyen facturé en 2011 s’est élevé à 198 euros) [1].
Réponses à quelques questions pratiques [1]
F Qui peut être hospitalisé à domicile ?
• Toute personne dont la situation clinique le justifie et dont les conditions du domicile le permet-
tent est susceptible de se voir proposer une hospitalisation à domicile (HAD).
• La notion de domicile recouvre le domicile personnel mais également les établissements
d’hébergement collectif pour toutes populations de tous âges : personnes âgées, handicapées ou
en situation de précarité sociale, mineurs protégés, demandeurs d’asile…
• Lorsque l’HAD intervient dans un établissement d’hébergement, elle met en place les conditions
d’une bonne coopération avec l’équipe de la structure d’accueil.
F Qui décide d’une HAD ?
• Seul un médecin hospitalier ou un médecin traitant peuvent orienter une personne en HAD.
• L’accord du médecin traitant est nécessaire et doit donc toujours être sollicité car il endosse,
pendant le séjour en HAD, la responsabilité médicale des soins, conjointement, le cas échéant,
avec des confrères spécialistes.
F Est-il possible de choisir son établissement d’HAD ?
• Les établissements d’HAD sont autorisés sur un territoire déterminé par l’Agence régionale
de santé.
• La quasi-totalité du territoire national dispose désormais d’un établissement autorisé en HAD.
• À de rares exceptions près en zone urbaine, et en raison des impératifs de proximité qu’implique
l’HAD, il n’est pas possible de choisir son établissement, car chaque commune relève en général
d’un seul établissement autorisé.
25
dossier
La coordination des soins
Note
L’HAD à travers un exemple
1 L’HAD de l’Aven à Étel est un hôpital à domicile, asso-
Quelques chiffres
concernant l’hospitalisation ciation loi 1901 autonome créée en 2006 sur le territoire
à domicile de l’Aven à Étel sanitaire n° 3 de Lorient-Quimperlé1. Dès 1998, les pro-
en 2017 : 49 173 journées,
fessionnels de ce secteur avaient œuvré pour la coordina-
1 025 patients,
92 % de satisfaction, tion des soins au sein du réseau Onc’oriant, développant
1 617 conventions, une coopération interprofessionnelle libérale et publique
480 formations dispensées,
fructueuse, socle solide et point d’appui pour créer l’HAD
47 salariés (équipe
de coordination). en associant toutes les composantes du territoire à l’ini-
tiative du directeur de l’hôpital de Lorient.
Activités de l’HAD
F Dès sa création, l’HAD a choisi de s’adresser exclusi-
vement aux libéraux, sauf en cas de déficience des profes-
sionnels (manque d’effectifs). C’est donc tout naturellement
que l’HAD et les représentants des libéraux ont négocié
des conventions, puis assuré la diffusion des procédures
exigées par l’organisation particulière de l’établissement.
F Les principales activités de l’HAD sont : les soins
palliatifs et de nursing lourd, les pansements complexes,
la prise en charge de la douleur, la nutrition entérale ou
parentérale et la périnatalité. Un tiers des patients sont
suivis au domicile et 10 % résident en Ehpad.
Le médicament,
au centre de la certification
F L’HAD est un établissement soumis aux mêmes
obligations que les hôpitaux : il doit être certifié par
la Haute Autorité de santé (HAS) tous les quatre ans.
La certification représente un événement marquant pour
ce type de structure.
F Le circuit du médicament et la prise en charge
médicamenteuse du patient en HAD constituent des
thématiques sensibles, systématiquement analysées
par les experts visiteurs de la HAS. Deux journées sur
les quatre prévues y ont été consacrées lors de la der-
nière certification de l’HAD de l’Aven à Étel, en juin 2018.
À cette occasion, le pharmacien d’officine a été intégré
au groupe de travail “prise en charge médicamenteuse
du patient” aux côtés du pharmacien salarié.
Exercice du pharmacien en HAD
F Les éléments d’investigation obligatoires lors d’une
certification sont révélateurs de l’exercice particulier du
pharmacien dans une structure d’HAD. Les actions régu-
lières de sensibilisation et de formation aux risques d’erreur
médicamenteuse sont tournées vers les équipes salariées,
qui assurent la coordination, la formation et la continuité des
soins 24 heures sur 24. Les libéraux missionnés par l’HAD,
assurant les soins directs par délégation, sont astreints,
quant à eux, à une mise à niveau de leurs connaissances
via le dispositif de développement professionnel continu ;
ils sont soumis aux inspections de l’Agence régionale de
santé (ARS) et responsables de leurs pratiques.
26
F Dès l’entrée en HAD, les ordonnances sont collec-
tées auprès de l’hôpital, des spécialistes, des médecins
généralistes et des pharmaciens de ville [2,3]. Les méde-
cins et les infirmiers de l’HAD s’en servent pour mener
à bien la conciliation médicamenteuse (l’HAD de l’Aven
à Étel a pour projet de demander aux pharmaciens libéraux
d’y participer). L’infirmière coordinatrice dispose ainsi d’un
plan de posologie qui reflète exactement le traitement
d’entrée du patient. Ce dernier est présenté aux infirmières
libérales lors de la coordination initiale à domicile.
F La connaissance par l’HAD de l’exhaustivité du traite-
ment à domicile, le respect des règles de dispensation et
la surveillance de l’administration sont des exercices diffi-
ciles “à distance”. Les erreurs relevées doivent être tracées
pour faire l’objet de revues des événements indésirables et
de plans d’action partagés avec les officinaux. Un support
unique fourni par l’HAD, inséré dans le dossier papier du
domicile, sert ainsi à assurer le suivi de l’administration des
médicaments. Tout l’enjeu est de connaître la prescription
initiale dans son ensemble et de l’actualiser à chaque modifi-
cation, au fil du séjour, aussi bien dans le dossier informatisé
de l’HAD que dans le dossier papier conservé à domicile.
Tous les professionnels libéraux doivent avoir à l’esprit
qu’il est nécessaire que chacun soit au courant de son
évolution. Quand les complications surviennent, souvent
la nuit, les soignants de garde de l’HAD (une infirmière et
un médecin sont d’astreinte la nuit et le week-end) doivent
pouvoir disposer d’un plan de traitement informatisé à
jour pour pouvoir prendre les bonnes décisions.
F À la suite de la conciliation médicamenteuse, une
prescription unique de synthèse est envoyée au phar-
macien d’officine, qui effectue une analyse réglementaire
et, grâce à sa connaissance du patient, peut pratiquer une
intervention pharmaceutique, en cas de problème d’obser-
vance par exemple. Il est par ailleurs invité par l’HAD à par-
ticiper à la visite de coordination initiale au retour du patient
à domicile. La structure dispose, outre des médicaments
de la réserve hospitalière, d’une dotation pour besoins
urgents, régulièrement vérifiée avant chaque astreinte
et déclarée auprès de l’ARS. Quant aux pharmacies de
garde, elles ont toutes signé une convention avec l’HAD.
Cependant, certains médicaments à risque ne sont pas
délivrés par les officinaux ; ils sont fournis par l’HAD sous
forme de kits de prescription anticipée : fin de vie, douleur,
chaîne du froid, valisettes cadenassées pour les stupé-
fiants (opioïdes format hôpital).
F Que les pharmaciens d’officine connaissent le trai-
tement de sortie du patient de l’HAD est également
très important. C’est ce qui est ressorti de l’enquête de
la Fédération ville hôpital des pharmaciens de Bretagne
(FVHPB) : les officinaux ont pointé du doigt le manque
de coordination et d’échanges concernant les pres-
criptions en sortie d’établissement [4]. Cela est d’autant
plus vrai qu’ils pratiquent l’analyse pharmaceutique de
Actualités pharmaceutiques
• n° 591 • décembre 2019 •
 dossier
La coordination des soins

toutes les ordonnances et ont l’avantage de connaître

les traitements antérieurs à l’hospitalisation, les médi-
caments pris hors prescription et d’avoir gagné la
confiance des patients et des aidants pour mener leurs
investigations.

Bon usage du médicament

F Afin d’améliorer leur information sur le bon
usage des médicaments, l’HAD a créé une plaquette
remise aux patients, abordant différentes thématiques :
la gestion des médicaments thermosensibles à domi-
cile, la sécurisation des opioïdes avec des valises
© Hôpital à domicile de l’Aven à Etel.

adaptées, les règles de bonne gestion du traitement

à la maison, etc. (figures 1, 2 et 3) [5]. Grâce à cet outil,
les pharmaciens d’officine peuvent participer à l’édu-
cation thérapeutique du patient.
F La sécurité de la gestion du stock est assurée par
le pharmacien en collaboration avec les autres profes-
sionnels de santé : délivrance à la semaine, vérifica-
Figure 1. Extrait de la plaquette “Les clés d’un parcours réussi en HAD” à destination
tion des stocks de départ et de fin de semaine, suivi de
des patients : le stockage des médicaments à domicile [5].
l’observance et signalement des anomalies.
F Les médicaments non utilisés sont stockés chez
le patient et repris par le pharmacien d’officine. L’HAD
a également organisé la collecte et l’enlèvement des
déchets d’activités de soins à risques infectieux.

L’HAD, le pharmacien d’officine

et le patient
L’implication du pharmacien d’officine représente un
avantage pour la structure d’HAD et pour le patient.
Il effectue une délivrance nominative et une analyse
systématique, ce qui n’est pas le cas dans toutes
les PUI hospitalières. L’HAD lui délègue les médica-
ments, mais aussi les dispositifs médicaux et les aides
© Hôpital à domicile de l’Aven à Etel.

techniques dont il reste responsable en cas d’inci-

dent, même s’il utilise les services d’un prestataire.
C’est donc au pharmacien que doit être adressée toute
réclamation et déclaration d’incident afin qu’il puisse
remédier aux problématiques dans l’urgence, puis faire
un signalement auprès des services de pharmaco-
vigilance et de matériovigilance. Figure 2. Extrait de la plaquette “Les clés d’un parcours réussi en HAD” à destination
des patients : le rôle du patient dans l’administration et l’observance [5].

Atouts
F L’HAD peut se reposer sur la connaissance qu’a le réactivité et d’efficience : l’officinal faxe toute ordonnance
pharmacien de la pathologie du patient, de ses trai- comportant une modification à l’HAD. Références
tements antérieurs et du contexte social dans lequel F De son côté, l’équipe officinale peut avoir recours [1] Ministère des Solidarités et
de la Santé. L’hospitalisation
il évolue (familial, amical, voisinage). L’officinal fait aussi à l’HAD pour faire face à toute difficulté liée au médi- à domicile. https://solidarites-
le lien avec les professionnels de santé entre les visites cament dès lors que le prescripteur n’est pas disponible. sante.gouv.fr/soins-et-maladies/
hebdomadaires de l’infirmier coordinateur. Professionnel Elle suit son patient, participe à un travail coordonné et prises-en-charge-specialisees/
had-10951/had
expert du médicament, il est joignable en continu. Il repré- crée du lien avec l’équipe pluridisciplinaire. La gestion
sente également une barrière contre les risques iatrogènes de cas complexes augmente son expertise et améliore
et, même si les médecins et les infirmiers savent qu’ils l’organisation de l’équipe. De plus, les outils utilisés lors
doivent prévenir de toute modification de traitement médi- d’une entrée et d’un suivi en HAD sont parfois déclinés
camenteux, la délivrance pharmaceutique est un gage de pour l’accompagnement des patients de l’officine.

Actualités pharmaceutiques
• n° 591 • décembre 2019 • 27
dossier
La coordination des soins
© Hôpital à domicile de l’Aven à Etel.
Figure 3. Extrait de la plaquette “ Les clés d’un parcours réussi en HAD” à destination des
patients : le partenariat patient-soignant et la prise en charge de la douleur [5].
Références
[2] Société française
de pharmacie clinique.
Préconisations pour la
pratique de conciliation des
traitements médicamenteux en
hospitalisation à domicile (HAD).
http://sfpc.eu/fr/item1/finish/34-
documents-sfpc-public/1890-
sfpc-conciliation-had/0.html
[3] Haute Autorité de santé.
Outils de sécurisation
et d’autoévaluation de
l’administration des
médicaments en hospitalisation
incluant le secteur en HAD.
www.has-sante.fr/
jcms/c_1718493/fr/outils-de-
securisation-et-d-autoevaluation-
de-l-administration-des-
medicaments-en-hospitalisation-
incluant-le-secteur-en-had
[4] Fédération ville hôpital des
pharmaciens de Bretagne.
www.fvhpb.fr/pages/enquetes/
enquete-ville.html
[5] Hôpital à domicile de l’Aven
à Etel. Livret patient. Les clés
d’un parcours réussi en HAD.
www.had-lorient.fr/wp-content/
uploads/2018/11/Clefs-parcours-
en-HAD-reussi_Patient.pdf
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas
avoir de liens d’intérêts.
28
F Le patient qui rentre chez lui dans le cadre de
l’HAD se sent en sécurité : tout est prêt. Il a pu choisir
les professionnels de santé qui s’occuperont de lui, ce
qui le rassure. Le pharmacien connaît les intervenants :
l’infirmière, le médecin et l’infirmière de coordination.
Le patient comprend ainsi, qu’en cas de problème, cha-
cun sait où trouver la solution. Il peut envoyer quelqu’un
chercher ses médicaments ou se les faire livrer par le
pharmacien (indemnisation prévue conventionnelle-
ment). L’aidant qui se rend à l’officine y recevra des
explications sur le traitement ou l’organisation de la
prise en charge. De plus, l’HAD met en place les services
d’aide à domicile nécessaires ; le passage d’un profes-
sionnel durant la nuit peut ainsi être prévu.
Limites
F Le nombre élevé des interlocuteurs constitue un
risque de dysfonctionnement par rupture de l’infor-
mation. Toutefois, les professionnels de santé qui gra-
vitent autour du patient sont autant de sentinelles prêtes
à actionner un signal d’urgence ou de non-conformité.
F Les nombreux passages peuvent également être
mal vécus par le patient ou l’aidant qui, par exemple,
peut craindre que l’HAD représente une charge de
travail importante (intendance). Il faut que la motivation
des bénéficiaires de cette organisation soit réelle.
F Pour le pharmacien d’officine, l’entrée en HAD est
un processus lourd : le temps de création du dossier
est long, les dispensations à domicile sont chrono-
phages, bien qu’indemnisées, et la facturation à la
semaine génère des frais de gestion administrative
supplémentaires. Il arrive aussi que les patients entrent
en HAD dans la précipitation, le pharmacien doit alors
se procurer les produits manquants en urgence, des
produits dont la délivrance est souvent strictement
encadrée (contraintes réglementaires et administra-
tives). Par ailleurs, il n’est pas toujours facile pour lui de
se libérer pour participer aux réunions de concertation.
F Enfin, les professionnels de santé ne sont pas pro-
tégés par la convention nationale entre syndicats et
Caisse nationale d’assurance maladie. À Lorient, l’HAD
a demandé un effort financier conséquent dans la dis-
pensation du matériel médical avant de décider de retirer
tout le petit matériel de soins et les pansements du champ
des relations avec les pharmaciens. Les officinaux ne
peuvent plus répondre aux urgences concernant ce type
de matériel sur tout le secteur sanitaire 3 car ils n’ont plus
de stock, alors que deux préparatrices et un logisticien
ont été embauchés par l’HAD pour le gérer.
Conclusion
Le circuit du médicament est un sujet crucial en HAD,
rendu complexe par la diversité des lieux et des inter-
venants. Pourtant, l’HAD de l’Aven à Étel a obtenu, grâce
à l’implication des salariés et des professionnels de
santé libéraux, le plus haut niveau de certification (A).
Ce territoire breton s’inscrit dans la coordination des
soins depuis 1998. Cette habitude de travailler ensemble
constitue un atout pour affronter les challenges qui
attendent les professionnels pour fluidifier encore le
parcours patient : collaboration avec la nouvelle plate-
forme territoriale d’appui ou participation au futur projet
de communauté professionnelle territoriale de santé,
par exemple. w
Points à retenir
• L’hospitalisation à domicile (HAD) assure
des soins non réalisables en ville car trop
complexes, trop intenses ou sur des durées trop
longues, destinés à des personnes dont l’état
requiert une continuité des soins et l’intervention
d’une équipe de coordination pluridisciplinaire et
médicalisée.
• Le pharmacien joue un rôle clé au sein
de l’HAD : il suit son patient, participe au travail
coordonné et crée du lien avec l’équipe
pluridisciplinaire.
• Le circuit du médicament est au centre
de l’HAD, où la traçabilité des actes est
impérative.
• La certification est un travail intense et
intéressant. L’établissement visité revoit toute
son organisation et met à jour ses protocoles.
Actualités pharmaceutiques
• n° 591 • décembre 2019 •