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Bibliothèque de l'école des

chartes

L'explicit du « De animalibus » d'Avicenne traduit par Michel Scot


Marie-Thérèse d' Alverny

Citer ce document / Cite this document :

Alverny Marie-Thérèse d'. L'explicit du « De animalibus » d'Avicenne traduit par Michel Scot. In: Bibliothèque de l'école des
chartes. 1957, tome 115. pp. 32-42;

doi : https://doi.org/10.3406/bec.1957.449559

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1957_num_115_1_449559

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L'EXPLIGIT

DU « DE AJNIMALIBUS » D'AVICENNE

TRADUIT PAR MICHEL SCOT

Le projet de constituer un répertoire de manuscrits datés


pour l'étude méthodique de la paléographie se heurte à
quelques difficultés d'ordre historique 1. Nous devons signaler
l'un des pièges où risquent de trébucher des enquêteurs trop
confiants.
Un magnifique colophon se présente à la fin d'un texte.
Rien n'y manque : date, lieu, nom du scribe. Belle pièce à
signaler au tableau de chasse. Ne nous hâtons pas trop,
cependant, d'en enrichir notre fichier. Un an ou deux plus tard,
au cours de nos recherches, nous rencontrerons la même
formule dans un manuscrit d'aspect fort différent. Et nous
sommes obligés de constater, avec quelque désarroi, que le
scribe, plus consciencieux qu'intelligent, a reproduit
servilement son modèle, fait d'autant plus fâcheux que souvent la
tête de la série a disparu ou ne peut être facilement identifiée.
Les manuscrits du De Animalibus d'Avicénne, traduit par
Michel Scot, offrent plusieurs exemples de ce type de
colophons trompeurs. Cet ouvrage forme la huitième section de
la deuxième partie de la grande encyclopédie du médecin-
philosophe Ibn Sina, le Kitab-al-Shifa, Livre de la guérison
(de l'ignorance), titre rendu assez étrangement en latin par
« Sufficientia ». Des fragments de la Logique, le début de la
Physique, quelques chapitres de la Météorologie, le De Anima,

1. Le Catalogue des manuscrits datés des bibliothèques publiques françaises est


en cours d'exécution sous la direction de MM. Charles Samaran et Robert Mari-
chal. Le tome I, qui intéresse les bibliothèques publiques parisiennes autres que
la Bibliothèque nationale, sera probablement distribué avant que paraisse le
présent article.
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l'eXPLICIT DU « DE ANIMALIBUS » d'aVICENNE 33
la Métaphysique, avaient été traduits en Espagne au
xne siècle1. Michel Scot, qui avait traduit YHistoria ani-
malium d'Aristote pendant son séjour à Tolède, avant 1220,
entreprit, ou acheva, lorsqu'il était au service de Frédéric II,
la traduction du compendium de cet ouvrage rédigé au
xie siècle par Avicenne. C'est à son impérial patron qu'il
dédia l'œuvre, s'inspirant d'un verset des Proverbes pour
célébrer le « Maître du Monde » : « Frederice, Romanorum Impe-
rator, Domine mundi, suscipe devote hune laborem Michaelis
Scoti, ut sit gratia capiti tuo et torques collo tuo » (cf. Prov.,
I, 9 : « ut addatur gratia capiti tuo et torques collo tuo »).
Un manuscrit actuellement conservé dans l'un des fonds
de la Bibliothèque Vaticane, Vat. Chigi E. VIII. 251, doit
être un exemplaire préparé pour l'empereur2. De grandes
dimensions, soigneusement écrit, orné d'une initiale peinte
représentant un animal fantastique et de lettrines bleues et
rouges à filigranes et à antennes, il porte une première fois
en lettres rouges sur le feuillet de garde la dédicace que nous
venons de citer, suivie du titre : « In volumine isto sunt duo

1 . Nous nous permettons de renvoyer, pour les références de ces traductions»


à deux articles que nous avons publiés : Notes sur les traductions médiévales
ď'Avicenne, dans Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, XIX
(1952), p. 357-358 ; Les traductions ď Avicenne, dans Avicenna nella storia délia
cullura medievale [Accademia nazionale dei Lincei, 1957).
2. Cf. G. Mercati, Codici del Convento di S. Francesco in Assisi nella Biblioteca
Vaticana, dans Miscellanea F. Ehrle, V, p. 121. M. G. Battelli a bien voulu nous
donner son avis sur l'origine et les caractéristiques de ce beau manuscrit, que
nous avons nous-même eu entre les mains : « La scrittura è una gotica de!
sec. xiii, probabilmente italiana. La dedica a Federico II... è piû caratteriz-
zata, cioè italiana e prima meta del secolo... La / iniziale del fol. i è formata da
un animale con testa di volpe, zampa di cane, ali d'uccello e coda terminante á
voluta floreale, su fondo d'oro ; sono motivi ďuso tra il sec. хи e il xin forse
delPItalia settentrionale... Non trovo nessun elemento che mi faccia pensare
all' Italia méridionale. » — M. Battelli pense qu'il s'agit de l'exemplaire même de
dédicace. Mgr Mercati estimait que l'exemplaire avait été préparé pour
l'empereur, mais, la décoration n'étant pas entièrement terminée, n'affirme pas que ce
soit l'exemplaire définitif. En tout cas, il a dû faire partie de la bibliothèque
de Frédéric, et d'autres considérations, d'un ordre tout différent, montrent
que le codex est, sinon l'original, du moins l'un des types primitifs. M. G. Dros-
saart-Lulofs, qui a étudié attentivement la traduction du texte d'Aristote qui
précède celui d'Avicenne, nous a signalé que cette partie avait dû être copiée
sur un autographe de Michel Scot, car on y trouve des translittérations de
termes arabes, ou des copules omises conformément 'à l'original arabe,
particularités qui ont été corrigées ou complétées plus tard, et que Год ne retrouve pas
dans d'autres manuscrits. — Ce manuscrit est décrit dans Aristoteles latinus,
n. 1750.
BIBL. ÉC. CHARTES. 1957 3

34 м. -т. d'alverny
libri. Primus est liber Aristotelis de Animalibus ; seoundus
est Abreviatio Avicenne super eundem librum de Animalibus
Aristotelis. » Le texte de la traduction d'Aristote occupe les
ff. 1-108 ; celui d'Avicenne les ff. 109-184. Au début du second
ouvrage se trouve une rubrique dont le premier mot est une
translittération du terme arabe : « Fen (Fann = Partie)
octava de summa (Jumla) Naturarum (Tabi'yyàt) et est in
nátura animalium », suivie, de nouveau, de la dédicace à
Frédéric, et du titre : « Incipit Abreviatio -Avvicenne super
librum Animalium Aristotelis. » A la fin, après l'explicit du
texte, a été tracée une invocation polyglotte à la louange du
souverain, surmontée de la désignation des diverses langues :

latinum arabicum sclavicum teutonicum arabicum


Felix Elmelic Dober Friderich Salemelich
(al Malik) (Salam'alayka)
ce qui signifie : Heureux souverain excellent Frédéric la paix
sur toi (salut à toi)1. Ce volume a fait partie de la
bibliothèque du Sacro Gonvento d'Assise, où il portait le
numéro GLXIV dans l'inventaire de 1381. Sa présence en ce
lieu n'est peut-être pas un pur hasard, puisque le Frère Ëlie,
dont parle familièrement Michel Scot dans une de ses œuvres,
était partisan de l'empereur 2.
Est-ce cet exemplaire même, ou une réplique similaire, que
le « magnifique empereur » voulut bien confier à un savant
pour qu'il en prît copie, et pût ainsi diffuser le texte de la
traduction d'Avicenne parmi les médecins et les étudiants es
arts? Le colophon de nombreux manuscrits témoigne de ce
geste qui est à l'origine de « l'édition » de l'ouvrage :
« Gompletus est Liber Avicenne de Animalibus scriptus per
magistrům Henricum Coloniensem ad exemplar
magnifie! imperatoris Domini Frederici apud Meffîam [Melfi]

1. Dans le préambule des Constitutiones Melphitanae, de 1231, donc presque


contemporaines de la copie exécutée par maître Henri de Cologne, Frédéric
s'intitule : « Imperator Fridericus secundus Romanorum semper Augustus Italicus
Siculus Hierosolymitanus Arelatensis Felix Victor ac Triumphator » (Huillard-
Bréholles, IV, 1, p. 2).
2. Sur les relations du Frère Blie et de Frédéric, cf. E. Kantorovicz, Kaiser
Friedrich der Zweite, Erganzungsband, 1931, p. 201 ; Haskins, Studies in the
History of Mediaeval science, p. 260, 281, sur les relations — hypothétiques — de
Michel Scot et de Frère Élie.
l'eXPLICIT DU « DE ANIMALIBUS » d'aVICENNE 35
civitatem Apulie ubi Dominus imperator eidem magistro
Henrico librum premissum commodavit, anno Domini
M CC XXXII invigilia beati Laurentii [9 août] in domo
magistři Volmari medici imperialis. »
Le médecin impérial, maître Wolmar, n'est pas mentionné
ailleurs dans les Diplomata de Frédéric, et nous ne sommes
pas mieux renseignés sur la personnalité de maître Henri de
Cologne. M. J.-C. Russell a émis l'hypothèse qu'il s'agissait
peut-être du poète Henri d'Avranches. Sa présence est
signalée à la cour pontificale en 1232, et il a été en relations avec
Frédéric, qu'il a célébré dans ses vers1. Il a, en particulier,
souligné la valeur symbolique que l'entourage de l'empereur
donnait à son nom, et que l'inscription quadrilingue du
manuscrit Chigi cité plus haut évoque aussi :

Sit pro teste michi nomen Frethericus amicum :


Est adhibenda fides rationi nominis huius
Compositi : Fretherich ; duo componentia, cuius
Sunt Frithe-rich. Frithe, quid nisi pax -rich quid nisi regnum?
Ergo per endiadin Frethericus quid nisi vel rex
Pacificus vel regia pax? Pax, pacificus que
Est idem ; pax emphatice, sed regia tantum
Pacificus proprie, sed rex, et gloria regum 2.

Ajoutons qu'Henri d'Avranches avait bien connu Michel


Scot à la cour impériale, et que dans un poème rédigé sans
doute au début de 1236 il rappelle sa mémoire « astrorum
scrutator... augur,... ariolus... alter Apollo... veridicus
vates3 ». Il l'avait entendu prédire à son auguste protecteur
la résurrection du grand Empire. Mais le nom d'Henri est
assez répandu, et il n'est pas probable que le poète ait eu
fantaisie de prendre comme surnom un lieu de séjour
occasionnel. Nous croirions plus volontiers que le scribe qui a
transcrit le De Animalibus était un maître es arts versé en sciences
naturelles, et peut-être un médecin comme maître Wolmar.

1. Cf. J. C. Russell, dans Speculum, III (1928), p. 45.


2. Éd. Winkelmann, Drei Gedichte Heinrichs von Avranches an Kaiser
Friedrich II, dans Forschungen zur deutschen Geschichte, XVIII (1878), p. 482-492,
d'après le ms. Cambrige, Univ. Dd. XI 78.
3. Ibid.
36 м. -т. d'alverny
Ce colophon montre que Frédéric était disposé à diffuser
les trésors de science de sa bibliothèque, et ce témoignage
s'ajoute à celui de la fameuse lettre adressée aux « viri do cti »
en leur envoyant les traductions exécutées par ses ordres.
L'on sait qu'il existe deux versions de ce texte grandiloquent,
l'une attribuée à Frédéric1, conservée dans Г Epistolarium de
Pierre de la Vigne (1. III, 67), et la seconde à Manfred2. Nous
devons aussi faire remarquer que le bon Salimbene a, une
fois de plus, calomnié le souverain si vite devenu légendaire.
Frédéric aurait fait couper le pouce d'un de ses « notaires »,
pour avoir écrit son nom « aliter quam volebat », c'est-à-dire
■« Fredericus » et non « Fridericus »3. On peut constater que le
despote a toléré la première forme dans la dédicace latine du
manuscrit Chigi, et nous croirons difficilement que le pouce
de maître Henri de Cologne ait été séparé de sa dextre comme
récompense de son labeur.
Le colophon a été reproduit dans un certain nombre de
copies disséminées dans toutes les bibliothèques d'Europe, avec
des variantes dues à l'impéritie des scribes. Le fait a été
signalé depuis longtemps ; Huillard-Bréholles a publié ce
texte d'après deux manuscrits4; Mgr Grabmann en a noté
d'autres5, et Г Aristoteles latinus a donné une indication
générale et relevé quelques types dans les listes de manuscrits6.
Aucun des manuscrits que nous avons examinés ne présente
les caractéristiques que l'on attendrait d'après les termes du
colophon : écriture allemande du second quart du xnie siècle,
et peut-être un rubricateur local. Ils ont été transcrits
apparemment entre 1250 et 1320 ; la plupart dans des régions
méridionales, les autres à Paris et dans le nord de l'Europe. Si

1. Éd. Huillard-Bréholles, Historia diplomaiica Frederici secundi, IV, 1,


p. 383-385.
2. Éd. Cart. Univ. Paris., I, p. 433-436. Sur l'interprétation de ces deux
textes, cf. R. de Vaux, La première entrée ď Averroes chez les Latins, dans Reçue
des sciences philosophiques et théologiques, XXII (1933), p. 193-245 ; M.
Grabmann, Kaiser Friedrich II. und sein Verhaltniss zur Aristotelischen und Arabis-
chen Philosophie, dans Mitielalterlisches Geistesleben, II (1936), p. 108-111.
3. Éd. Holder-Ëgger, Mon. Germ, hist., Scriptores, in-4°, XXXII, p. 350.
4. Éd. Huillard-Bréholles, op. cit., IV, 1, p. 381-383, d'après un manuscrit de
Bruges et un manuscrit de Pommersfelden, le second signalé par Pertz.
5. Cf. M. Grabmann, Mittelalterliche Lateinische Aristoteles Ubersetzungen...
in Handschriften Spanischer Bibliotheken, Munich, 1928, p. 38-40.
6. Aristoteles Latinus ..., éd. G. Lacombe, A. Birkenmajer, M. Dulong,
A. Franceschini, I, Rome, 1939 ; II, éd. L. Minio-Paluello, Cambridge, 1955.
,
L'eXPLICIT DU « DE ANIMALIBUS » d'aVICENNE 37
l'un de ces faux témoins subsistait seul, il risquerait d'induire
en erreur un paléographe inexpérimenté. Par contre, la série
actuellement connue, avec ses variantes et ses fautes typiques,
est intéressante à examiner dans son ensemble ; il est rare de
pouvoir suivre les étapes d'une « édition » médiévale, et, en
ce cas, le point de départ et les circonstances initiales sont
nettement déterminés. Les bévues des copistes affectent
particulièrement le nom de lieu, écrit : « apud Messiam, Meciam »,
transformé en « apud Messinam » par des individus plus
savants, mais pour lesquels la topographie de l'Italie du Sud
est imprécise. Une faute grammaticale doit remonter à l'une
des premières copies, car elle est pieusement reproduite : « in
domo magistři Volmari medico imperialis1 ».
Quelques exemplaires reproduisent simplement tout ou
partie du colophon :

Pommersfelden 253 (Nachtrag 4), f. 1-58.


« Gompletus est liber Avicenne de animalibus scriptus per
magistrům Henricum Coloniensem ad exemplar magnifici imperato-
ris domini Fred,erici apud Mefîam cmitatem Ampulie ubi dominus
imperator eidem magistro home librum premissum commendauit
A.D.M.CC.XXXII. in vigilia Laurentii in domo magistři Vole-
mari medici imperialis » (Aristoteles latinus n° 1099 et notes
envoyées par le P. J. Leclercq et S. H. Thomson ; d'après les
indications de ce dernier, écriture peut-être italienne ; fin xine siècle).

Bruges, Bibl. du Séminaire, 99/112, f. 122-190.


« Gompletus est iste liber Avicenne de animalibus scriptus per
magistrům Henricum Goloniensem ad exemplar magnifici impe-
ratoris domini Frederici apud, Mefïiam ciuitatem Apulie ubi dic-
tus imperator eídem magistro H. predictum librum comodauit
anno Domini M.GG. XXXII in vigilia beati Laurentii »
(Aristoteles latinus n° 161 et notes de M. van Houtryve ; — écriture
française, fin xine siècle ; — provenance : abbaye des Dunes).

1. Nous avons examiné nous-même une grande partie des manuscrits que
nous citons. Nous tenons à. remercier le P. J. Leclercq et S. H. Thomson des
indications qu'ils nous ont données sur le manuscrit de Pommersfelden ; M. van
Houtryve, qui nous a rendu le même service pour les manuscrits de Bruges ;
M. J. Porcher, qui a vérifié nos notes sur les manuscrits du Vatican et nous en a
procuré des photographies ; M. H. Buchthal, qui nous a procuré la photographie
du manuscrit de Madrid.
38 м. -т. d'alverny
Yatican. Barber, lat. 305, f. 1-49 v°.
Le colophon présente des variantes analogues à celles du
précédent :
«... apud Meffiam ciuitatem Apulie ubi dictus imperator eidem
magistro H. librum premissum comodauit (corr. acomodauit)
anno Domini M°.CC°.XXXII° in vigilia beati Laurentii, etc. »
(Aristoteles latinus n° 1718 ; — écriture française, seconde moitié
xine siècle).

Quelques manuscrits contiennent, en outre, une invocation


pieuse :
Yatican, lat. 7096, f. 1-86.
La fin du colophon est ainsi conçue : « ... apud Meciam
ciuitatem Apulie ubi dominus imperator eidem magistro H. librum
premissum comodauit anno Domini M0 CC° XXXII° in vigilia beati
Laurencii in domo magistři Volmari medico imper[i]alis. Liber
iste inceptus est et expletus cum adiutorio Ihesu Ghristi qui
viuit, etc. » (Aristoteles latinus n° 1895 ; — écriture française, xine-
xive siècle).
Madrid, Bibl. Nacionál 3340, f . 1-48.
Le colophon porte : « apud Meffiam », et : « in domo magistři
Volemarii medici imperialis ». Un ex-libris, f. 48 v°, indique un
possesseur du xve siècle : « Istum librum emi ego Jacobus Limi-
nyana in artibus et medicine magister Valencie 27. mensis Dscem-
bris anno 1441 de libris magistři Dominici Ros. Gonstitit 3 flor. »
(Aristoteles latinus n° 1198 ; — fin хше siècle).

Plusieurs manuscrits comportent le colophon de 1232,


l'invocation pieuse et deux vers qui évoquent de nouveau le
patronage de l'empereur1.

Paris, Arsenal 703, f. 1-30.


Après le colophon, qui porte : « apud Messiam » et : « medico
imperialis ».

1. Il est assez difficile de déterminer si les copistes ont opéré par addition ou
par suppression. Nous aurions penché vers la seconde hypothèse, si les
exemplaires contenant la série complète : colophon, formule pieuse et vers, n'avaient
pas présenté une forme incorrecte du nom de lieu. En tout cas, cette série
remonte à un exemplaire contemporain de Frédéric ou de ses successeurs
immédiats.
l'eXPLICIT DE « DE ANIMALIBUS » d'aVICENNE 39
« Liber iste inceptus est et expletus cum adiutorio Ihesu Christi
qui viuit, etc.
Frenata penna finito nunc Avicenna
Libro Cesareo ; Gloria summo Deo »,
Le scribe a ajouté encore : « Amen Amen Amen » (Aristoteles
latinus n° 507 ; — deuxième moitié xine siècle ; écriture méridio-^
nale, encre très pâle ; — provenance : collège de
Navarre-Champagne).

Bruges, Bibliothèque de la ville 464, f. 1-76.


Même formule et même vers, avec les formes : « per magistrům
Heinricum... domini Frederici apud Messiam... magistro H.
librum premissum comodauit anno Domini 1000.200.32... »
(Aristoteles latinus n° 154 ; A. De Poorter, Catalogue des
manuscrits de la Bibliothèque publique de Bruges, 1924, p. 521, et notes
de M. van Houtryve ; — xine-xive siècle ; - — provenance :
abbaye des Dunes).

Bruges, Bibliothèque de la viUe 516, f. 131-167.


Colophon identique, avec les variantes : « per magistrům Hen-
rycum... domini Federici apud Messiam... eidem magistro H.
librum premissum commodauit anno Domini M CC XXXII... »
(Aristoteles latinus n° 159 ; A. De Poorter, Catalogue..., p. 605, et
notes de M. van Houtryve ; — fin xine siècle ; — provenance :
abbaye des Dunes).

Yatiean, lat. 4428, f. 116-158.


Ce manuscrit contient la série des traductions de l'œuvre
philosophique d'Avicenne, y compris la préface du traducteur et
l'introduction du Shifa. Il a probablement été exécuté à Paris dans
le dernier quart du xine siècle.
Après le colophon, qui porte : « apud Messiam », et : « medico
(corr. en medici) imper[i]alis », le copiste a ajouté la formule
pieuse et les vers, ainsi modifiés et augmentés :
« Frenata penna finito nunc Avicenna
Libro Cesareo gloria summa Deo
Dextera scriptoris careat grauitate doloris. »
(Aristoteles latinus n° 1887).
40 м. -т. d'alverky
Les deux premiers vers se retrouvent dans un manuscrit de
la Bibliothèque Laurentienne. Après le colophon de 1232, le
copiste a ajouté la date réelle ; il faut du moins l'espérer :
Florence, Laur. Med., Plut. ХШ, sin. 9, f. 57-88 v°.
« Expletus est liber Avicenne de Animalibus scriptus per
magistrům Henrigum Colloniensem ad exemplar magnifîci impera-
toris Domini Frederigi apud Messinam ciuitatem Apulée ubi
Dominus imperator eidem magistro librum premissum commen-
dauit anno Domini M CC XXXII in vigilia Beati Laurentii in
domo magistři Vollmari medici imperialis. —- Iste vero liber
completus est sub anno Domini 1266 die Sabbati quarti decimo
Nouembris
Frenata pena (sic) finito nunc Avicena
Libro Cesareo ; Gloria summo Deo »
(Aristoteles latinus n° 1370 ; — écriture italienne ; —
provenance : olim S. Crucis n° 545).

Nous devons citer encore deux manuscrits qui apportent


quelque lumière sur les chemins parcourus par l'édition de
l'empereur.
Paris, Bibl. nat. 2474, f. 24-91.
Le copiste du De Animalibus reproduit au début la dédicace,
comme presque tous les exemplaires, même ceux qui ne
comportent pas de colophon. Il a orthographié le nom de l'empereur :
Federice, ce qui correspond à la prononciation provençale de ce
nom.
Le colophon montre qu'il avait sous les yeux un modèle
contenant les indications citées ci-dessus ; mais si cet exemplar
comportait l'invocation pieuse, le scribe a jugé bon de la modifier, et
dans un sens assez curieux, puisqu'il a emprunté une eulogie
musulmane tout en affirmant sans équivoque sa foi catholique :
« Completus est liber Avicenne de animalibus ad exemplar
magnifici imperatoris domini Frederici apud Montem Pessulanum.
Laudes infinite sint Deo nostro cuius misericordie super omnes
exist unt prophetas et intemerate eius genitrici gloriose Marie.
Terminata est scriptura consummatumque opus istud ví. idus
Maii anno Dommice Incarnationis M0 CG° L. VI0. » — La date
a été surchargée sur la ligne supérieure à l'encre bleue : « iiii non.
l'eXPLICIT DU (■'• DE AKIMALIBUS » d'aVICEK NE 41
Iulii », et il semble que l'on ait aussi essayé de transformer par le
même procédé le millésime en « M CC XL I ».
L'écriture est méridionale ; l'encre très pâle (ms. non compris
dans Г Aristoteles latinus ; Catalogue des manuscrits latins de la
Bibliothèque nationale, II ; — provenance : ex-libris de l'abbaye
Saint-Martin de Tournai, CXIII).
Montpellier est aussi mentionné dans un manuscrit qui se
trouve actuellement à la Bibliothèque d'Erfurt, et qui a été copié
vers la même époque par un clerc, sans doute étudiant en
médecine, qui venait de fort loin :
Erfurt, Bibl. Amplon., Qu. 296, f. 85-144 v°.
« Explicit Liber de naturalibus animalium Avicenne scriptus a
Iohanne de Suesione nepote prespiteri S. Vedasti de Basacîa
[= Archicourt, anciennement : S. Vedastus de Baseia ou Basacla,
près d'Arras] iuxta Atrebatum ad exemplar magistři Bernardi
Golumbi in Monte Pessulano A. D. M0 GC° LVIII0 feria tercia
post festům beati Nichoiai completus fuit » (Aristoteles latinus
n° 904 ; Schum, Beschreibendes Verzeichniss der Amplonianischen
Handschriften-Sammlung).

Copiée dans la demeure d'un des médecins de l'empereur,


la traduction exécutée par son astrologue, curieux de toutes
les sciences de la nature, fut très probablement emportée
dans les centres d'enseignement des arts et de la médecine
par d'autres médecins et naturalistes, et reproduite par leurs
soins. Les remarques faites par A. Birkenmajer au sujet du
rôle de ces intermédiaires sont confirmées une fois de plus 1.
La servilité des copistes, reproduisant un explicit dont les
termes ne correspondaient pas à la réalité effective, s'explique
fort bien. Les clercs souhaitaient authentifier l'ouvrage qu'ils
avaient transcrit ou fait transcrire et qu'ils s'apprêtaient à
emporter dans leurs bagages. Ils ont donc tenu à spécifier que
leur précieux livre était la réplique fidèle de celui que le
mécène impérial avait consenti à sortir de ses « armaria » pour le
publier. Générosité volontaire, correspondant à un dessein
déterminé, car, comme l'a si bien dit M. Ch. H. Haskins, Fré-

1. A. Birkenmajer, Le rôle joué par les médecins et les naturalistes dans la


réception ď Aristote aux XIIe et XIIIe siècles, Varsovie, 1930. (Communication
au VIe Congrès international des Sciences historiques, Oslo, 1928).
42 M. -T. d'aLVERNY. — l'eXPLICIT DU '-<■ DE ANIMALIBUS »
déric n'est pas un mécène ordinaire : homme d'une culture
et d'une intelligence supérieures, il employait son pouvoir à
réaliser ses initiatives1. La rapide diffusion du traité d'Avi-
celle, accompagné des louanges que son entourage prodiguait
au maître du Monde2 en est la preuve. Décevante pour les
paléographes, la série des premières copies du De Animalibus
qui subsiste encore est pleine d'enseignements pour les
historiens, car c'est un type d'édition authentifiée.
M. -T. d'Alverny.

Addendum
Bruges 464. Écriture anguleuse, du même type que celle du
premier possesseur : « Iste liber est Johanais de Hoesdine clerici »
(f. 76) ; décoration de type italien début xive siècle.
Bruges 516. A la suite du distique qui termine l'explicit se
trouve un court « lexique » arabo-latin de noms d'animaux,
précédé de la mention : « ex libro animalium domini Imperatoris, in
margine ».

1. Ch. H. Haskins, Latin Literatur under Frederick II., dans Speculum, III
(1928), p. 129-151, et dans Studies in Mediaeval culture, 1929, p. 124-147. Sur
l'attitude de Frédéric et l'influence de ses goûts intellectuels sur son orientation
politique, cf. les remarques de A. Marongiii, Concezione délia sovranità e assolu-
tismo di Giustiniano e di Federico II, daAS Convegno internazionale di studi Fede-
riciani, Palerme, 1952, p. 43.
2. Cf. E. Kantorovicz, op. cit., p. 178, et p. 204 et suiv.

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