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MIROIRS

1. LA REFLEXION DE LA LUMIERE
Les lois de la réflexion de la lumière sont connues depuis l' Antiquité. Héron d'Alexandrie les justifie par le principe du chemin minimum auquel
Fermat (17ème siècle) fera appel pour l'étude de la réfraction. L'ouvrage de Brunet et Miel Histoire des Sciences dans l'Antiquité (1935) reproduit
une traduction de la démonstration de Héron.

La formulation qu'en donne Isaac Newton dans l'édition du 1730 de son Opticks est déja une formulation moderne.
Voici un extrait du Premier Livre (basé sur des définitions et des axiomes ) :

DEFIN[ITION] IV .

The Angle of Incidence is that Angle, which the Line described by the incident Ray contains with the Perpendicular to the reflecting or refracting
Surface at the point of Incidence.

DEFIN[ITION] V .

The Angle of Reflexion or Refraction, is the Angle which the line described by the reflected or refracted Ray containeth with the Perpendicular to
the reflecting or refracting Surface at the Point of Incidence.

AX[IOM] I .

The Angles of Reflexion and Refraction, lie in one and the same Plane with the Angle of Incidence.

AX[IOM] II .

The Angle of Reflexion is equal to the Angle of Incidence.

Les Postes Britanniques (Royal Mail) ont émis (1987 ?) le timbre reproduit ci-dessous.
Il y est fait allusion au titre complet de l'Opticks de Newton : OPTICKS OR A TREATISE OF THE REFLEXIONS, REFRACTIONS, INFLEXIONS
& COLOURS OF LIGHT .

cliquer sur l'image pour l'agrandir

2. ANAMORPHOSES CONIQUES
Imaginons qu'un cône réfléchissant soit posé sur le plan
horizontal de projection et qu'un point d'oeil O soit situé
verticalement au-dessus du sommet du cône. Soit P un
point dans le plan horizontal. On demande de trouver le
point P' du plan horizontal tel que par réflexion - vu de O
- il paraisse être P.

En d'autres termes, nous voulons qu'un rayon lumineux


issu de P' soit réfléchi suivant la droite PO.

Une solution analytique est donnée dans l'article de Hunt


mentionné dans la bibliographie. Nous allons traiter la
question de manière graphique en utilisant des méthodes
de la géométrie descriptive.

Notons p le plan parallèle au plan vertical de projection et


passant par l'axe de symétrie du cône.
Les lois de la réflexion fournissent une solution immédiate
pour les points P situés dans p. Nous allons ramener le cas
général à ce cas particulier.
Imposons à l'espace une rotation autour de l'axe de
symétrie du cône qui amène le point P sur un point Q
situé dans p. Notons U le point de percée de QO dans le
cône. Le rayon réfléchi UO provient d'un rayon incident
RU émanant d'un point R dans le plan horizontal. La
rotation inverse de celle utilisée précédemment amène R
en le point P' recherché.
La construction précédente a été employée par un logiciel
graphique pour construire une anamorphose conique de
l'image d'un chien (point d'oeil à l'infini).

3. ANAMORPHOSES CYLINDRIQUES
Considérons un cylindre réfléchissant posé sur le plan horizontal de projection et un oeil placé en O. Rappelons que le plan polaire de O (par
rapport au cylindre) est le plan passant par les deux génératrices de contact des deux plans tangents issus de O. Il est commode de supposer que les
rayons réfléchis arrivant en O proviennent de son plan polaire (un oeil ponctuel ne pouvant distinguer l'origine d'un rayon lumineux, ce choix est
dicté par la simplicité des constructions). Soit P un point situé dans le plan polaire de O. Nous devons déterminer le point P' du plan horizontal tel
qu'un rayon lumineux issu de P' soit réfléchi suivant la droite PO.
La solution fournie par Kirsti Andersen (voir son article repris dans la bibliographie) s'inscrit naturellement dans le cadre d'un traitement par la
géométrie descriptive.

Soit Q le point de percée de OP dans le plan horizontal de projection. La droite OP rencontre la surface cylindrique en deux points. Notons C celui
situé entre O et P. On peut montrer que les distances ChP'h et ChQh sont égales et que OhCh et P'hCh forment des angles égaux avec la tangente
en Ch au cercle de base. (cliquer ici pour une démonstration) . P' est ainsi complètement déterminé.

Proposons-nous maintenant de tracer dans le plan


horizontal une courbe dont l'image dans le miroir
cylindrique soit un segment de droite parallèle à la ligne
de terre. Contrairement à ce qu'avaient pensé certains
auteurs du 17ème siècle, il ne suffit pas de rechercher
un arc de cercle (ni même un arc de conique).

Nous citons Kirsti Andersen :

The resulting curve is part of an oval that is symmetric around the line ... [il s'agit de la droite qui joint les projections horizontales de l'oeil et de la
base du cylindre] ...
Vaulezard did not identify this curve, which is no wonder because it is not one of the then known curves, and, writing his tract before the emergence
of analytic geometry he did not search for its equation. To find this equation, which is quite a calculation, I have had help from Eisso Atzema, who
used the computer program Maple. Thanks to Atzema and Henk Bos, I can tell that the equation of the curve is a polynomial of degree 6 with
coefficients that contain many terms.
Les artistes ont souvent utilisé des cercles qui fournissent des approximations acceptables.

Né en Belgique en 1936, Raymond Van Bockstal n'abandonnera jamais son rêve d'enfance, la peinture, à laquelle il consacrera la majeure partie
de ses loisirs, parallèlement à la pratique de la médecine. Au cours des années '80, il dessinera une vingtaine de perspectives cylindriques.
Nous remercions cordialement Diane Van Bockstal de nous permettre de reproduire deux très belles anamorphoses cylindriques dues à son père.
4. ANAMORPHOSES SPHERIQUES

Nous nous intéressons maintenant à une sphère réfléchissante de centre C observée à partir d'un point d'oeil O. Nous supposons (pour des raisons
de commodité qui n'entraînent aucune perte de généralité) que la droite qui joint O et C soit contenue dans le plan horizontal de projection et
perpendiculaire au plan vertical de projection.

Le plan polaire p de O (par rapport à la sphère) est le plan qui


contient les points de contact des tangentes issues de O. Selon nos
hypothèses, p est un plan parallèle au plan vertical de projection
dont la partie interne à la sphère a été représentée en couleur rouge
dans la figure 1 ci-contre. En projection horizontale, cette partie est
la corde de contact des tangentes issues de Oh à la projection
horizontale de la sphère, ce qui permet de déterminer
immédiatement le cercle qui la limite en projection verticale.

Soit P un point dans p. Supposons qu'un rayon lumineux soit


réfléchi en suivant la droite déterminée par P et O. Nous voulons
déterminer le rayon incident lui correspondant.

Nous devons d'abord trouver le point de percée I de PO dans la


sphère afin de pouvoir appliquer les lois de la réflexion. Soit q le
plan vertical dont la projection horizontale est la droite passant par
fig.1 Ph et Oh. Rabattons q sur le plan horizontal de projection par une fig.2
rotation autour de cette droite. Ceci laisse Oh invariant. Le cercle
intersection de q avec la sphère est rabattu suivant le cercle
(dessiné en vert dans la figure 2) dont le centre est sur OhPh et qui
passe par les points d'intersection de la charnière de rabattement
avec la projection horizontale de la sphère.

Le point P est rabattu en Q qui se situe sur une droite perpendiculaire à la charnière, à une distance de Ph égale à la hauteur de P par rapport au plan
horizontal de projection. PO étant ainsi rabattu suivant QhOh, on obtient immédiatement le point Jh qui correspond au rabattement de I. La
projection orthogonale de Jh sur PhOh est la projection horizontale de I.

La suite de la construction est illustrée par la figure 3 ci-


contre.
Soit r le plan perpendiculaire au plan vertical de projection et
contenant les points P et O (et donc aussi I). Effectuons une
rotation de l'espace autour de la droite OC afin d'amener r
dans le plan horizontal de projection. Cette transformation
laisse O fixe et envoie I sur K (K s'obtient immédiatement en
notant qu'il doit se trouver sur la projection horizontale de la
sphère et sur l'horizontale passant par I parallèle au plan
vertical). KO est la transformée du rayon réfléchi.
Il est alors facile de trouver la transformée du rayon incident.
Soient A un point de la droite KO et B son symétrique par
rapport à CK (le choix - peut-être étonnant - de A dans la
figure est dicté par un souci de lisibilité). B doit se trouver
sur la droite porteuse de la transformée du rayon incident.
L'inverse de la rotation décrite précédemment envoie B sur
D. Dans notre cas de figure, le rayon incident se propage
donc suivant EI.
Il n'y a pas lieu de se soucier longuement de la projection
verticale du rayon incident. Nos hypothèses entraînent qu'il
se trouve dans le plan r.

fig.3

5. ANAMORPHOSES PYRAMIDALES
Bien qu'elles soient rarement utilisées par les artistes, les anamorphoses pyramidales ne posent aucune difficulté géométrique.
Nous supposons qu'une pyramide réfléchissante soit posée sur le plan horizontal de projection. L'oeil est placé sur la verticale passant par le
sommet de la pyramide. Soit P un point de la base de la pyramide. Nous devons déterminer le point P' du plan horizontal tel qu'un rayon issu de P'
se réfléchisse suivant PO.

Il suffit évidemment de traiter le problème pour une face f de la pyramide, face que nous supposerons (sans perte de généralité) perpendiculaire au
plan vertical projection, coupant celui-ci suivant ST.
Notons Q le point de percée de OP dans f et N le symétrique de O par rapport à f.
Une propriété élémentaire des miroirs plans montre que la droite P'Q doit passer par N.
Le problème est ainsi résolu.
6. ANAMORPHOSES AU TEMPS JADIS

Avant l'apparition de ordinateurs, les anamorphoses étaient


réalisées par la technique de la grille. La figure à transformer est
partagée en cellules par une première grille. On détermine ensuite
(avec une approximation acceptable) une deuxième grille,
transformée de la première par l'anamorphose. On reporte alors le
contenu de chaque cellule originale vers son homologue en
respectant autant que possible ses proportions internes.

Nous reproduisons quelques pages des Récréations


Mathématiques et Physiques du mathématicien français Jacques
OZANAM (1640 - 1717) disponibles sur le site de la Bibliothèque
Nationale de France (http://gallica.bnf.fr). L'édition a été refondue
et augmentée par Jean Etienne MONTUCLA (1725-1799) dont
le nom est masqué sous les initiales C.G.F. (voir ci-contre) du
pseudonyme Chanla Géomètre Forézien.

A. Miroirs coniques
B. Miroirs cylindriques
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