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Explication des cérémonies

de la grand'messe de
paroisse selon l'usage romain
par M. Olier,...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Olier, Jean-Jacques (1608-1657). Explication des cérémonies de la
grand'messe de paroisse selon l'usage romain par M. Olier,....
1687.

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EXPLICATION
DES
CEREMONIES
D E L'A
GRAND' MESSE
DE PARIOISSE'
SELON L'USAGE ROMAIN.
Par Monsieur 0Li E R) Presire ancien Cure
de la Parole du Fauxbourg S. Germain
,
lisz-Paris Iiistitutetir, Fondateur, &
» pre-
mier Superieur du Séminaire de S. Sulpice.

A PARIS. ?
Chez J A c QJI ES LANGLOT
meur ordinaire ,
Impri-
du Roy, ruë S.Jacques,
S
àl'Image Saint Vincent.
, M. DC. L XXX-VII. "
•Avec tÂpprtlb¡¡,iflJls gr Primitif d^S.-. Irai Jli.
,
PREFACE
1E u est par tout le mef-
me) & la Sagesse se ma-
nifesle en tout ce qu'il
opere dans sa Religion. Ce n'est
pas sans sujet qu'il a ordonné les
Cerenionies (oit de sa propre
,
bouche en parlant à Moyse, soie
par rinstitution de ses Apôtres
en la diredion de son Esprit,
dans l'Eglise Catholique, Apoi-
tolique & Romaine : Car le
moyen qu'un Prestre appelle à
un Ministere si Augulte, n'ac-
compagne ses actions de reve-
rence & de réspe£t ? or il n'en
peut témoigner à l'exterieur que
par les Ceremonies. Le Prestre
a. beioin de Cérémonies
pour
luy & pour le peuple. Pour luy i
en deux façons : ou pour
Ce pre-1
parer aux a&ions myllerleuses j

&: divines, ausquelles il se va ap-


pliquer , pour exciter en soy la.
vive foy des chosesqui passent,
pour sè remplir de respeâ: en-
vers ce qu'elles contiennent,, 6c
pour exprimer à l'exterieur ce
qu'il voit &. ce qu'il sent des
choses saintes qu'il manie..
Par exemple , les adorations
&: les genuflexions qu'il fait les
bras ouverts sur l'Autel, ne sont-
elles pas pour exprimer l'admi-
ration qu'il a pour ces Mystères,
& le profond étonnement qui
l'oblige à s'abîmer & à s'anéan-
tir devant la Majellé Divine ?
Si l'on prepare tant de Ceremo-
nies pour le Couronnement &
le Sacre des Rois, que ne faut-il
pas pour consacrer le Fils de
Dieu, Roy des Rois & Seigneur
des Seigneurs ? Et si pourprepa-
rer le monde a la venue dejeius-
Christ en son estat de bafléllè &
d'infirmité Dieu a employé
,
quatre mil ans avec tant de ce-
remonies Se tant d'appareil que
>
ne faut-il pas faire pour la des-
cente de Jesus-Christ en terre
dans sa pompe 5c dans sa gloire ?
Si les Rois le préparent avec
tant de soin auæ fondions écla-
tantes de la Royauté , où ils
semblent sortir de l'estat ordi-
naire) pour paroiltre veritable-
ment les R ois de leurs peuples
dans toute la splendeurde leur
maj'èsté i que ne doivent faire
les Prestres, qui d'hommes com-
muns qui sont devant le Sacrifi-
ce , entrent par cette a&ion en la
qualité de Nostre Seigneur)
pour commencer à s'élever de'
dessus la terre, à prendre place
dans le Ciel parmy les Bien-
heureux ôc y offrir en Jesus-
,
Chrill tout le Ciel avec luy..
Quels repecs , quels prépara-,
tifs ne faut-il donc pas pour un
simple homme dans un employ
si divin.
Le Prestre offrant le Sacrifice).
efi:en}esus-Chrisi:) &l'offre en
l'unité de puissance & de l'Es-
prit de jesus-Christ , qui est le
mesme dans ce Sacrifice & dans
le Paradis où il offre le Sactifi-
,
ce de luy-mesme & de tous les
,
Saints avec luy. Jesus-Christ est
dans tous les Saints qu'il presen-
teàDieuConPere: & le Prestre
de la terre est aussi en Jesus-
Christ , avec qui il offre tous les
Saints de la gloire si bien que
>
le Prestre s'cieve en esprit dans
le Ciel, oüi Jesus-Christ est s'of-
frant soy-mesme comme il est
>
au sil sur la terre , y offrant ce
qu'il presente dans le Ciel. Il
faut donc pour une vocation si
fainte que celle du Prestre &c
,
pour un Mystere si auguste que
celuy du Sacrifice, des prépara-
tifs qui ne peuvent eUre assez
Saints & San&ifiants.
Lors qu'en certains Ordres de
l'Eglise comme en celuy des
,
Capucins, le Prell:re a les bras
ouverts, cela marque 1estenduë
de ce grand Esprit de Jesus-
Christ, répandu dans les Saints
& dans le Prestre offrant en
chaque Saint leD-Ïvin Sacrifi-
ce : & comme le saint Esprit tire
rame à son estenduë & à sa dila-
tation de là vient quelle s'é-
,
tend en se laissant aller à son
mouvement & à sa disposition.
0 que le Prestre- est eltendu
quand il est dans l'E(pric de
jesus-Christ : il est aussi estendu
que tous les Saints .dui Paradis >
iln'estpas moins eltendu que le
Saint Esprit mesme à cause
,
qu'il n'est fait qu'un avec luy- :
Qui adhere à Dieu, est fait un Qui
Eiprit avec Dieu j en sorte qu'il adhæret
Domino,
entre avec Dieu, en son an10ur.,
U"U»
Spiritus knmense
j & en là vertu toute--
ta.
1. A d
puissante
:
il entre en toutes ses
Cor. qualicez, quand il S'aneantit. £c
6. 17.
qu'il s'abisme en luy.
Le Preitre ne doit pas seule-
ment faire des Ceremoniespour
luy ; ravoirpour s'exciter à la
dévotion ou pour exprimer le
,
rcspeti qu'il a pour les Mysteres
maisencore il doit procurer j
les Ceremonies
par
cette mesme de-
votion & ce mesme respeft
peuples
aux
>
qui voyans ce grand
culte & cette grande reverence
dans les Prellres
, voyanscesor-
nemenssi magnifiques & si
gures, voyans que tourIe Cler- au-
gé s'abisme & [eperd devant la
Majesle de Dieu, disent
en eux-
nielmes i il faut que Dieu foit
grand & adorable puisqu'il
,
devant luy tant d'Esprits bien- a
heureux qui fléchiRent le
nouil en sa présence tels ge-
, que
sont les Saints & les Anges re-
presentez par les Prestres & les
Ecclesiastiques qui se proster-
nent devant luy Il faut que cet
>

Agneau soit admirable en sa


beauté & en sa puissance, puis-
que ces vingt-quatre Vieillards
se jettent à ses pieds,& y portent
leurs couronnes avec respect &
reverence.
Nous voyons par experience
leresped que ces choses impri-
nient dans l'espritdes plus pau-
vres & des plus ignorans , qui
n'efl:anspas capables de conce-
voir par la seule explication de
la parole les M y Itérés cachez
,
ni de porter reverence à ce qui
est de plus sacré se disposent
,
plus facilement à leur devoir, 6c
à la reverence qu'ils doivent à
Dieu , par le moyen de ces cho-
ses exterieures & sensibles.
L'instru&ion passée j le fou-
venir s'en perd- dans les esprits '
gressiers i mais les Ceremonies
d jrenc autant que lefervice, &
tiennent les peuples dans le res-
Eett & dans la reverence : Ce
font des predications par les.
yeux, comme la parole est une
exhortation par l'oreille : & elles
font d'autant plus efficaces, qu'-
elles sont plus sensibles & plus
fortables à leurs dispoiition&
grossieres.
Nostre Seign. jet'us-Christ
..
qui gouverne sonEglise &qui
,
l'anime en tout de son Esprit,
opere en ses Fideles par tout ce
qu'il ordonne pour la Religion
& pour le resped de Dieu son
Pere: d où vient que les Cere-
monies sont en l'E glise des orga-
nes & des inltrumens de resped:,
que l'Esprit de Jesus-Christ im-
prime dans le cœur des Fideles
:
ce sont les couvertures de lEf-
i,
prit tout ainsi que la parole j &
ceux qui aifiitcnt en foy &
rciped dans l'Eglise pendant
,
que les Ceremonies s'y prati-
quent sélon i'institution duSaint
Esprit, en reçoivent des effets
tres-sensibles & tres-notables
j
ils en reçoivent lumière&
mou-.
vement divin , à cause que le
Prettre qui yrepresente Nostre
Seigneur estant remply de sgn
,
Esprit, en fait rejaillir les ope-
rations par tout luy-meïme
usant des ceremonies comme r
,
d'autant d'instrumens & de
moyens pour appeller les peuple$-'
au resped & à l'amour. C'elt
pour cette raison que les orne-
mens qui servent aux Prestres.
font bénits & qàe l'on benit
,
mesmes les Cloches parce que
,
servant auS aintEsprit de moyeu
pour réveiller la pieté & la devo-
tion des peuples, & pour les ap'"
peller à leur devoir : elles doi-'
vent estre préparées à une
fbn&ioii si fainte par ici
bénédictions de l'Eglise.
Et c'csè pour cela qu'on senr
des effets h differens & siiàints,
durant le son des cloches : par-
ce qu'élans les inltrumens du
Saint Esprit, elles nous touchent
felon nos beloins&; selon les des-
feins de ce mesme esprit sur la
fainte Eglise. Elles nous exci-
tent par fois à gemir pour nos
freres défunts, & nous touchent
de compassion pour leur eilat
d'affliaion où pour l'ordinaire
ts
ils sont redui
,
dans les feux du
Purgatoire dont peu d'ames
,
font affranchies 5 à cause que
Dieu citant si saint & si julte, ne
se laisse point approcher que par
des ames saintes & sans tache;
ce qui esl rare en ce monde.
Par fois les Cloches nous ex-
citent à la joye des Myitcres
qu'on honore, & on ressènt dans
le fond de l'alne des effets que
les[CDS&les choses sensibles ne
sçauroient produire j comme
relpeé1:, jubilacion
, amour , ,
aneantissement & lumiere pour
tous ces S S. M y Itérés, qui sont
les effets feulement du S. Esprit,
operant sous des choies sensibles
& grossieres, de meime à propor-
tion qu'il opere nollre salut
fous de l'eau&de l'huyle dans les
Sacremens , &mesmessous des
paroles qui sont de la naturf du
fondes cloches, qui expliquent
plus distin&ement ce qu'elles
expriment, quoy qu'avec moins
de bruit. Cette ressemblance
fait que les cloches servent de
sùpplément au Prêtre, pour ex-
citer les peuples à leur devoir.
C'est pourquoy il y a un ordre
dans'l'EgliCe, qui donne la char-
ge aux Clercs de les sonner : Ce
sont les inltrumens de leur zele :
ils disent dans leur cœur en son-
nant : 0 si j'avois la voix aufll-
forte que ces cloches )'eçrlcrois
3
de toute ma force y & obligeroi$ j)

toute la terre à venir entendre la îl

parole de Dieu,& affilier à la ce-


lebration des Mylteres C'elfc

l'ordre de Portier qui exerce


,
son office dans cet esprit, d'au-
tant qu'il ne peut pas fè faire en-
tendre de toutes parcs.
C'eil aussi pour cette raison
>
qu'en l'Eglise on a des images
qui representent les Saints & les
Mylteres de Jesus-Christ, ôç
qu'on les bénit quand on les ex-
pose ; non seulement pour les ti-
rer de l'usage profane, les appli...
quant au service & miniltere de
Dieu 5 mais aussi pour en faire
par cette préparation un plus di--
gne sujet, sous lequel le Saint
Esprit veuille exprimer les Myfe
teres, exciter l'amour & la fer-
veur des peuples, & enfin operer
par ce mesme moyen sur les
cœurs, aussi-bien que parles Ce-
rémonies ôç par le sou des clo# '
çhes. C'eIt de là mesme que nous
voyons des Images mi raculeu ses
dans l'Eglise, qui ne sont autre
chose que des attraits exte-'
*

rieurs , dont Dieu se sert pour


atcirer les peuples, & pour ope-
rer sous ces écorces les effets de
i
sa bonté sur nous : comme autre-
fois il faisoit dans l'Arche, ou il
citoit present pour rendre ses
oracles, se ser vant d'un lieu sen-
sible où il pût eHreconsulté)&
qui fût comme un rendez-vous
aux peuples ressentir les
, pour
effets de sa bonté dans leur Re-!>
ligion. Il est de la grandeur de
Dieu de traiter de la sorte avec
les peuples Religieux, & de les
gratifier de ses dons 8c de ses fa-
veurs) pour témoigner l'agrée-
ment de leurs services, la verité
de leur Religion , & la presence
de sa Divinité. C'est aussi pour
cesujecque saint Basile remar-
que ) qu'il ya certains lieux dans
le Christïanisine,, où Dieu sc
rend sensiblen1ent present , &
recueille intérieurement les su-
jets qui s'en approchent tel,
disoit-il, qu'eit l'Eglise de vine
>

Pierre de Rome.
Ce qui nous apprend que Dieu
veuteitreservy & honoré dans
ces lieux j c'elt pourquoy on y
voit les affluences des peuples
& le concours des nations entiè-
res 3
qui possedées du meime es-
prit, sont puissamment attirées
à celuy qui les appelle interieu-
rement, sansprefque scavoir ni
connoiltre ce qui les attire. i il
n'ya que la persuasion intérieure
d'un Dieu qui veut estre adoré
>
qui ayant un domaine entier sur
leurs personnes les réunit en-
,
semble & les attire 5 te at ainsi
que noltre anle peut attirer &
joindre les deux mains ensemble
par son ieul mouvement & sa
feule raison, sans que les mains
lelâchent,le conseilen estanr
réserve à l'ame seule qui les
,
conduit & qui les pousse.
En ces lieux, la veneration de
Dieu s'imprime sans travail, la
devotion s'excite sans persua-
lion, & l'amour s'enflamme sans
effort d'esprit&sans meditation:
c'est un Dieu operant par luy-
mesme qui cause ces effets &
,
qui se fait honorer comme il luy
plaist, &où il veut : C'est ainsi
qu'il veut estre honoré par le
Minière des Saints dansleiqnels
il habite & par lesquels il se
,
rend sensible & palpable,. Il
pourroit faire par luy seul ce
qu'il fait par les Saints : de mef-
me que dans le monde sensible il
pourroit influer sur la terre par
son opération, sans se servir du
ministere des aH:res&des Cieux;
mais l'harmonie du monde de-
mande qu'il s'en serve Ôcsasa-
,
gesse l'ordonne de la sorce.
Ainsi dans la conduite de 1E-
glise, Dieu par luy-mesme pour-
roit sandifier les creatures 5 il se
sert neantmoins des Saints &
,
mesme des Sacremens, pour le
faire par eux & en eux : qu'y
peut-on trouver à redire ? Que
peut-on adjoÚterau conseil &à,
iaSageslede Dieu ? C'elt pour
cela qu'il veut qu'on se mette à
genouil devant euæ
, comme
estans des vaisseaux remplis de
laDivinité,
Dieu est adorable par tout où
il se trouve, & il doit eitreadoré
dans les Saints , comme en luy-
mesme. Pourquoy donc ver-
le
,
portrait & la figure
rons-nous
d'un Saint, devant laquelle nous
ne nous prosternions puis qu'-
elle nous rend sensible la pre-
sencedu Saint qui elt remply
,
de la Divinité Pourquoy ne
*

me prosierneray-je pas devant


ce Saint, pour demander à Dieu
en luy & par luy la portion de
sonEsprit que Dieum'aprepa-
rée & qu'il desire me verser 6c
,
m'influerenluy ? Je medois te-
nir aux pieds de cet Astre , sous
lequel Dieu verserasur moy sa
liberalité.
Il n'y a donc rien d'inutile en
rEgli(e,tout venant de l'Esprit
qui en a ordonné l'intcrieur &
l'exterieur pour la gloire de
Dieu. Et de mesme qu'autrefois
dans le Temple il n'y avoit rien
sans thyltere , tout y cHant or-
donné par la Sagesse de Dieu,
très-profond en ses conseils &
en ses desseins :
ainsi dans l'Egli-
se,il n'y a rien qui ne soit tres-
saintement étably, &. qui ne soie
la vérité de ce dont la Loy n'a-
voit que la figure. Et tout de mê-
me que les figures dans le T em-
pie estoient particulièrement ,

pour deux intentions :


l'une,
poux figurer Noltre Seigneur*
1 autre , pour imprimer rerpe&,
& reverence de la Divinité à-
,
laquelle on servoit : Ainsi dans
l'Eglise tout ce qui paroist,fait
ces mei'mes effets. L'un de re~
presenter Noitre Seigneur , ou
quelque chose de luy : L'autre,
d'imprimerie respect qui est deû.
à la Majesté de Dieu que l'on
sert dans l'Eglise. Tout y est
grand, tour y est saint, pourvetÎ,
que l'on l'entende, &; qu'on s'y
a
presente vecque foy.
Pour faire entendre le Myste-
N
-

re du. tres-.falnt-. Sacrifice de la1


Messe, & tirer tout d'un coup le
rideau qui nous le tient caché, il
faut sçavoir que ce Sacrifice, eft-
le Sacrifice du Ciel; & estre bien:
instruit, en quoy ce Sacrifice du-
Paradis consiste, & comment il
s'y fait. C'est une proposition
étrange à la pluspart du monde,
de dire que dans le Ciel il y ait
un Sacrifice , je parle pour 19
commun des peuples : car pour
les autres qui sçavent en quoy
consiste la Religion & son pre-
mier devoir, qui est le Sacrifice,
ils ne doutent pas qu'il ne soit Sacrifi-
dans le Ciel, puisque mesme sur cat qui
putat
la terre, celuy qui croit un Dieu, cac
Deura.
.offre des Sacri fices.
Onue peut point douter qu il
-n'y ait un Sacrifice au Ciel, qui
.csi le lieu de la parfaite Reli-
gion , .&du Souverain culte que
à
l'on peut rendre Dieu. C'elîlà
proprement que le Sacrifice se
doit offrir, & s'y offrir inceffam-
ment, à cause que la Religion
n'y sçauroit estre interrompue.
Et pour cela Nostre Seigneur
fait Prestre sélon l'ordre de
Melchisedech pour routel'eter-
nité, a eité étably de Dieu COll
Pere, pour luy offrir le Sacrifice
.
à jamais j si-bien que 'Noitre
Seigneur elt le Prestre de ce
saint Sacrifice, où il s'offre luy-
meline)& son Eglise, en halo..
causse à Dieu, en odeur de sua-
vité. Il est donc luy-mesme le
Prestre & la vittime. Dieu le
Pere elt celuy à qui il est prefen-
té : Teigitur,cleme»tiffime Pater,
tire. rogamus, &c. accepta babeas.
Il est offert à Dieu le Pere, com.
me à celuy que le Fils regarde
incessamment, & comme à celuy
qui termine tout resped & re-
gard de nostre Religion , n'y
ayant rien à rechercher au delà
'de la source de la Divinité qui
reside dans le Pere, comme en
sa premiere origine, remplie de
majelté, de laquelle il n'est ja-
mais descendu pour se rendre
priant & religieux , comme le
Fils en la nature humaine , &
comme le Saint Esprit rendant
& priant daus le coeur des Fide-
les. Nous pourrons ailleurs éten-
dre cette vérité 3 & la montrer
au jour.
Le Temple de 1 hoirie elt le
sein de Dieu mesme, Templum
non vidi in eaiDominus enim Deus
omnipotens Templum illius est.
L'Autel du Sacrifice est la subsi-
stance du Verbe qui soûtient
,
Jesus-Christ en sa sainte huma-
nité) &qui la voit toujours fu-
mante & consommée à la gloire
de Dieu sur sapersonne, comme
sur un Autel. L'Eglise fait men-
tion de cét Autel dans une des
Oraisons du Canon, Supplices te
rogamus , omnipotent Deus jube,
hdtc perserri per manus Jancti A11-
geli tut in fuhlime dure tuum ;
Faites porter ce Sacrifice, ô mon
Dieu, sur vostre Autel sublime,
dit l'Eglise en ce lieu, par la bou-
che de Nostre Seigneur repre-
fenté par le Prestre. Çe qui fait
voir qu'il y a un Sacrifice dans
le Paradis lequel en mesme
,
temprest offert en la terre, puis-
que l'hostiequi s'y presente est
portée sur l'Autel du Ciel : & il
elt different en cela feulement,
qu'il Ce;presenteky sous des voi-
les & des symboles ; & là il est
offert à découvert & sans voile..
Dans le Ciel nostre esprit sera
>
rendu capable par la lumière de
la gloire d'être appliqué en
,
mesme temps à toute l'étendue
des Mylteres, & il y verra dans
un insiant, & sans succession, ce
qu'il y a de plus grand 6c de plus
augulte en Dieu, & dans tous les
Mysteres de Jesus-Christ son
Fils : tout au contraire dans la
terre, à cause de la foiblessè de
noserprits bornez on a besoin
,
d'une multitude de choses sen-
sibles, qui nous fassent connoî-
tre à patt, & (ucceffi veillent, l'é-
tendue de ce que l'on ne peut
comprendre tout à la fois : ainsi
on void que Nostre Seigneur
parle tantôt comme Advocat,
representant les droits & les sen-
timens
tiniensdel'Eglise; cantolt com-
me partie, les representant com-
me liens tantost il parle comme
>
Mediateur de Ton Eglilc, & il
invoque son Pere par fov-mef-
me ,1e priant par ies propres nie-
rites pour elle ; Teigitury ô-c. Per
lesum c hriftum Dominum nofirum
supplices rogamus. De mesme
qu'en la personne de David il
conjure son Pere- par ses souf-
frances, & par le merite de ses
vertus,Mtmtnto Domine David , ,ht. '
6 omnù mAnJuetudinu ejas. Mon IJ. l'
Pere , souvenez-vous de voltre
Fils David persecuté souve-
5

nez-vous de la douceur avec la-


quelle il a souffert sur terre.
Ilen use ausside la sorte dans
toutes les Oraisons qu'il fait par
le Prestre pour toute son Eglise,
soit qu'il. repreiente les prieres
de l'ancienne Loy, laquelle de-
mandoit toutes choses en Foy de
lesus-Christ j soit qu'il exprime
les Oraisons de la nouvelle Loy,
où l'Eglise prie toûjours &. de-
mande par Jesus-Christ i soit
au ssi qu'on exprime les prier.es
de Noii:re Seigneur en son parti-
culier, telles que sont les Secret-
tes, où il prie en sa propre Per-
sonne il prie dans .la gloire par
5
les mérités de sa Mort & de sa
Faslion. Ainsi on voit Nostre Sei-
gneur changer de face & de re-
gards, selon qu'il represente à
Dieu diverses choses en son
Eglise &: en son Sacrifice.
Nostre Seigneur en son divin
Sacrifice x presente à Dieu son
Pere tout ce qu'il y a eu d'agrea-
à
ble ses yeux, soit devant, soit
après sa venuë Et selon qu il
5
presente diverses choses,il prend
aussi divers visages & divers sen-
timens.. Par exemple en l'Introït,
où il parle par les Prophetes, &
dans les sentimens qu'il leur don-
noit poursavenuç>où il expri^
meaussi par fois ceux de Dieu
son Pcre pendant ce temps : Il
use d'autres termes, 6c fait pa-
roistre d'autres dispositions quà
la fin de la Messe en la Pollcom-
munion , où les sentimens sont
tous de gratitude pour les Mys-
teres païlez, ou pour les graces
accordées aux Saines : tout au
contraire, les premieres paroles
qui sont tirées de l'ancienne
Loy & les Oraisons, sont des
,
sentimens de soupirs & d'atten-
te pour Jesus-Chrisi, & pour son
Eglise,qui est son accomplisTe-
ment pour la plenitude de la
gloire & de la louange de Dieu.
On voit mesme par fois nostre
Sauveur dans le Prestre prier
tantost basi tantost haut 5 tan-
tost chanter par notes , tantost
chanter d'un seul ton i tantost
chanter avec les orgues, &c tan-
tost sans les orgues, pour expri-
mer la diversité dçs louanges
qu il offre à Dieu son Perè dans^ |
le Ciel. Il offre là tout d'un coup I
&. dans un moment tous ses de- \
voirs & ceuæ de ion Eglise dans j
toute leur étendue : il offre tou- j

tes les prieres qui ont jamais elle


offertes sur terre dans l'ancien
& dans le nouveau Testament
parles Prophetes les Patriar-
,
ches 1--s Apostresj les Disciples,
,
& leur suite : Il offre aussi ses
prières particulieres qu'il a fai-
tes à Dieu dans le fond de son
coeur : Il offre à mesme temps
toutes les loiianges des Bien-
heureuæ & des Anges du Ciel
:
d'où vient que voulant exposer
tout cela à (on Eglise, & luy met-
tre devant les yeux ce qui se
passe dans ce Myslere, & la muI-
tiplicité des grands biens qu'il
presente à son Pere en unité
d eiprit dans le Sacrifice de là
5
vient, dis-je, qu'il exprime di-
versement toutes ces choses ; ce
quieit necessaire à l'Eglise , la-
quelle ne penetre pas tout d'un
coup au dedans des M y Itérés ,
à cause du voile qu'elle a sur les
yeux. Le peuple Juif en portoit
un qui estoitla figure de celuy-
cy, & qui nous montroit qu'un
jour nous aurions un bandeau
sur les yeux qui eit celuy de
,
nostre Foy au travers duquel
,
nous n'aurions pasle pouvoir de
penetrer, & devoir clairement
l'interieur des Mylteres' qui se
passent devant nous j 8c que pour

,
cela nous aurions besoin de Fi-.
gures , &de Cerell10nies pour
nous montrer au dehors, ce qui
se paslèau dedans, & pour nous:
faire voir dans des Images ce
que nous ne pouvons voir dans*
la vérité, julqu'à ce que le voile-
du temple de nostre cœur soie
caffé pour nous donner l'ou-
,
verture des Myitères du Ciel r
ee qui sera- quand le corps -..ttir-v
esté crucifié en terre , & que
<

la
par m 3rt il aura esté separé de
l'esprit, pourluy laisser la liber-
te d'entrer où la chair dans son
impureté n'a point d'accez > si
ellen'est renouvellée.
Les Figures, les Images, 8des
Ceremonies, nous servent pour
les choses paiTées, & mesme pour
lespresentes , qui sont rendues
absentes, & éloignées par leur
obscurité i de mesme que les Fi-
gures autresfois servoient au
peuple Juifpour les choses à ve-
nir par l'invention d'un Dieu
amoureux & [oûlageant son
peuple, autant qu'il s'en rendoit
digne par sa soûmission & sa fi-
delité. Et comme les Figures en
l'ancienne Loy & mesmes les
,
Paraboles en la bouche de Nôtre
Seigneur , aveugloient les uns
& éclairoient les autres j de mef-
me les Ceremonies dans l'Eglise
de Dieu font entre les mains de
?
l'Esprit pour exciter les uns au
relpeé\:& à l'amour de Dieu & 5

les autres comme les libertins


,
& les heretiques ) en devien-
nent plus impies & plus irreli-
gieux par le mépris qu'ils en
font. le
approbation de Monfeigntur
l'Eveféjue de Boullognc.

COmme il n'y a rien dans le Divin


Chef de la" sainte Eglise lesus-
Christ Nostre Seigneur qui ne soie
,
grandement grand & adorab!e;De sorte
qu'un scul de ses pas, & la moindre de
ses a&ions extérieures meritent des
,
il
adorations éternelles : Aussi n'y a rien
de petit dans son Corps Mystique qui.
est la mesme Eglise ; mais tout y cst
sublime & admirable ; tout y est digne,
de la Grandeur de son Chef 6c
de la Saintetéde l'Eiptit qui ta gouver-
ne. Ce qui est tellement veritable, que
les moindres Ceremonies qu'elle pra-
tique en diverses fondions ,& specia le-
ment en cet Augulle Sacrifice qu'elle
offre tous les jours à .Dieu sur sesAutels».
cachent fous leur petitessè apparente de
tres-hauts Mystères. C'est ce qui estf
dignement expriméen ce Livreintitulé,
Explication des Ceremonies de la grAnet
Mese de Paroisse Tarun Presire dit
,
Clergi, dont la dolhine est si solide, si
fainte & si pure, que non seulement la
Foy &les Mœurs Chrétiennes n'y cou -
rent aucun bazard, mais qu'elle cst très-
propre pour imprimer dans les erprits
&dans les cœurs des Fidelles une sin-
gulierepieté pour toutes les chosesqui.
appartiennent à nostie Sainte Religion.
C'est le sentiment que nous en avont
conçû,& dont nous avons crû ne devoir
pas dénier le témoignage au Public.
Fait à Parisceio. jour de Février mil
six censcinquanre-sepe.

FRANÇOIS EveCquc:deBoullongne:
,

Approbation de Monseigneur
1"Eveflue de soiffins.
LE Livre intitulé , Explication des
Cerem»nics de la grand' Adesse de
[
faroijse, part d'un espri si éclairé & Ci,
pieux, & traite d'une maticre si fainte
&sisublime, qu'il ne doit emprunter
son approbation & (on ctedic, que du
mérité de son Auteur, & de la dignité
de son sujet. Comme il n'est pas toÛ-
jours à propos de dévoiler les Mysteres,
aussi n'cst-il pas permis à un chacun
les expliquer. Il y a crainte qu'en ostant
le voile qui les cache aux yeux du Vul-
gaire, on ne les exposé au mépris qu'il,
conçoit ordinairement pour les choses-
qui tombent sous sa portée ; & qu'en
voulant ajuster les pensées de Dieu, à
la foiblesse des Hommes, on ne safre en-
tr,cr la foiblesse des Hommes dans les
pensées de Dieu. Mais l'Aureur de ce
Livre est bien éloigné de ces défauts ; Il
sçait que les choses Saintes veulent estre
rraitéesavec pureté & avec respeâ: ; ÔC
bien loin de rien diminuer de la Majesté
de cet Auguste Mysterc,,qont il explique
lesCérémonies , il en indnuela Véné-
ration à mesure qu'il donne l'intelli.
gence. Il développe avec une netteté si
rare toute l'Oeconomie de l'ancien Tes-
tament; Il approfondit les Mysteresdu
Nouveau avec tant de force ; M appli-
que la Figure à la Vérité avec tant de

'
l'une l
justesse, qu'il semble avoir renfermé
dans ion Ouvrage toutes les rarerez de
autre Loy, de mesme que
sujet en contient toute la perfection. Il
n'éclaire pas seulement, mais encore il
son

é'chauffe il instruit & il édifie tout en-


>
fcmble: il deie&e par la pureté du Dîf-
tours; il satisfait par la solldicédes pen-
sées j il convainc par la force du raison-
nement -,
& par tout il exprime la pieté
qu'il pratique. C'est le témoignage que
je me Cens obligé de rendre à la verité ,
& que Vay figné. A Paris ce 15. Fé-
vrier 1657.

CHARLES» Evcsquc de Soissons.

Extrait du Privilège dté Roy.


PAr grace & Privilege du Roy ; Il
est permis à J A C QUES LAN-
G LOIS, l'un de -nos Imprimeurs ordi-
naires de nostre bonne ville de Paris, de
réimprimer un Livre intitulé, Explica-
tion des Cermonies de la grand Messe de
Paroisse, composc1'are.JJ1- Olier Trefire%
fondateur & premier Supérieur du Se-
minaire de S. Sulpice le\jParts , pen-
dant le temps & espace de six années ;
Deffenses sont faires à toutes per-
sonnes d'imprimer , faire imprimer ,
vendre ou dcbircr ledit Livre pendant
ledit temps, sans le consentement dudit
Langlois , ou de ceux qui auront
droit deluy i aux peines portées par les-
dites Lettres , aioli qu'ilest plus au long
specifié par icelles. Donne a Paris
le cinquième jour d'Avril 16S1.
Signé Par le Roy en son Conseil.
,
LE N o RM AN T.
Registre sur le Livre d la Communauté
des Imprimeurs & / ibraires de Paris le >
suivant l'Arresi du

,
.
1 1
Avril 16 8 2..
Parlement dn 8. .,qvril 1 6 ? . &Cf luy de
>

du Conseil Privé du Roy du 7. Février


'&>65. C. ANGOT Syndic.

Achevé d'imprimer pour la premierc


fbis,su!vanr lepresent Privilège,le6.
Novembre 1687.
EXPLICATION
D ;E S
CEREMONIES
D'E
GRAND'MESSE
.D E PAROISSE.
LIVRE PREMIER.
"DE LA PREPARATION
du Prestre au saint Sacrifice
de la Messe.

CHAPITRE I.
Ce que representent le Prestre, le Diacre,
& leSondiacrc en ce Sacrifice.
,
Out entendre les Ceremonies
delatres-sainre Mc(Tc ilfaLJt
,
concevoir le fond du Mistere ,
oc comprendre ce que contient ce rres-
Auguste & ineffable Sacrifice parce
;
les Cérémonies servent a expliquer
que
au peuple cequi se pasTe dans le secret
du Sacrement ; & qui estant caché dans
la Loy , doit estre révélé sensiblement
peuple, afin qu 'il le re(pe.éle par la
au
des grandes choses qu 'on luy mon-
veue
& qui l'obligent à une extrême re-
tre , luy.
yerence ce de qui se paffe devant
Le tres-saint & trcs-venerable Sacri-^
sice de la Mésie, est -l,aâc qui comprend
tout acte de Religion & tout ce qui
»
estre offert à Dieu pour son hon-
peut
& sa
neur pour reverence.
Ce Sacrifice comprend tous les de-
voirs qui ont jamais esle offerts a Dieu »
soitpar les hommes ou par les Anges,
foit dans l'ancien, soit dans le nouveau
Testamenr. C'est l'abrecé des mérités &
des louanges de Jcsus Chrifc & de(es
membres: c'est l'abrégé des sentimeus
d'amour, d'honneur, de rcfpca" & de
tous les devoirs de la Religion.
C'est tout ce qu'il y a & qu'ilyaura
de Saint: car t'est l'offrande que fait
Nostre Seigneur de luy-mesme, & des
.mouvemens adorables & religieux de
son Esprit, qu'il a répandus par ad-
vancedans l'ancienne Loy, & aupara-
vant dans les Anges qu'il a continué de
>
répandre aptes sa venuë dans les coeurs
de Ces Apostres & de (es Disciples, &
qu'il côtinuëraderépandre dans le coeur
des Saints jusqu'à la fin du monde, qui
ne Cublifie que pour servir aux membres
de Jesus-Christ, dans lesquels le Saine
Esprit opere l'honneur & la louangede
Dieu le Pere avec la Vie de Nossre Sei-
gneur Iesus-Christ, .ju(qu'à ce que ce
Corps mystique toit formé, &quecét
homme parfait soitaecompy dans lame-
sure&l'achevemcnt de tous les membres.
Ce Sacrifice, qui est comme l'acheve-
mentdu Sacrifice dela Croix, cstEu-
<harinique) & sert a l'Eglised action de
grâce pour les bienfaits meritez par
festis-Christ.
Il est impetratoire de ses grâces ; &
comme Sacrement, il elt aussi -.Ipplicatif
de tous ses biens une fois meritez en la
Croix, & obtenus à l'Eglise par l'offran-
de que Iesus-ChriH a fait de luy-mesmc,
& de rous ses mérités.
Le Fils de Dieu en ce Sacrifice, offre
au Pere Eternel tout ce qu'il a jamais fait
& souffert à sa gloire : il offre ce qu'il a
fait parluy &parautruy, & ce qu'il a
souffert en luy & en autruy; en sorte
que tout ce que l'on voit exprimé dans
les Ceremonies)sert)comme nous avons
dit, pour expliquer au peuple &lufJ
,
mettre devant les yeux ce quisepafl^
dans le secret de l'ofFiande de Jesus-4
Christ.ofFrant avec soy cette Hostie ad-|
rnirable de l Eglise revenue de sts
, me«
rites & de ses louanges j Toit dans l'uni

,
& l'autre Testament, soit dans les An- \
ges & dans les hommes : en un mot il i
s'offre luy-mesme au Pere Eternel
en
toute son étendue, pour obtenir nvse- •

ricorde a son Eglise & achever son


,
Corps pour le glorifier.
NolheSeigneur
a eu deuxCorpsde
Religion,qui pourtant n'estoient qu'un
en Elprit)d oùi! a tiré & doit tirer tous
ses membres.
1
Le premier est le Corps de la Religion
des Juifs qui s appelle 'la synagogue
, j
& l 'autreeft le Corps de laReligion des
Chrestiens qui(enommel'Egljse. Ec
,
Jesus-Christ qui
, comme Chef est au
dessus des deux, offre incessamment à
s
Dieu dans la societé de tous les Saints
,del'une&del'autrecompagnie.Ce sont
ces deux Corps ; à {çavoir, del'ancien
& du nouveau Testament,
avec lesquels
NorreSeigneur marche devant (ouPeret
à
8(.sepre[ente luy dans son Temple du
i 1aradis. C est la vérité que nostre Sacri-
ficereprcfèntc j oùicPrêtre
accompa.
du
•*


gnédu Dhcre& Soûdiacrc vient
,
paroistredevant l'Autel, qui signific le
lein du Pere dans lequel Jesus-Christ
,
prcseorcCon Sacrifice.
Le Prêtre monte à l'Autel milieu
du Diacre & du Soûdiacre au
, comme
No itre Seigneur montera dans la gloire
au milieu des Dicti heureux tant de
l un que de 1 autre Testament.,
Le Diacre & le Soûdiacre servent
exprimer en leurs fondions & ministe-
l
res ,1 estat, ladifpofition, laconduitct
&le rapport du vicil&du
nouveau Tes-
tament envers Jesus-Christ de qui ils
sont l'cfi:enduë& 11 dilatation,
,demes-
meque le Diacre & le Soûdiacre sont
celle du Prestre,qui doit contenir soy
en
toure la pièce & la Religion de l'un&de
l'autre Testament expliquée
par les di-
vers minil1:eres & par les fondions dif-
férentes du Diacre,
&du Soûriiacre.
C est la principale & plus naïve
sensation qui paroisse dans l'exercicerepre-
,
des fondions de ces troisPersonnes,à la-
quelle nous nous arracherons particu-
lièrement quoy qu'on puisse donner
, en
d "autrcsxqui contiennent quelque chofc
dedifterent, telle qu est celle qui s en-
fuit laquelle nous proposons, pour en
>
donner seulement une veue assez confu-
se sans que nous prétendions de la
,
poursuivre dans la suite de ce Traité.
On peut donc concevoir que le Prestre
accompagné du Diacre & du Soûdia-
cretreprefente Nostre Seigneur entier civ
ses diverses qualitez & fonctions. Tous
les trois ne representent qu'un Jesus-
Christ. Le Prestre est l'Image de Nostre
Seigneur rcÍfuscité & glorieux, offrant
au Pere Eternel son Sacrifice dans le
Ciel. D'où vient que son élévation de
trois marches au dessus de la terre, mon-
trequenof1:re Seigneur s'est élevé au def-
sus des trois Hiérarchies des Anges pour
entrer dans lesein de Dieu , & luy offrir
le Sacrifice de louange comme il estoit
,
autresfois rep:--,-tenté par le grand Prestre
entrant dins le Saint des Saints,environ-
né de parfums & perdu dans les encens,
r
qui figuroien ee mesine Sacrifice. C'est
pour cela mesme que le Prestre entrant à
l'Autel y offre de l'encens , quilignifie
,
les louanges de Iesus-Christ & de Tes
Saints. Cet encens se donne presque toû-
jours par trois coups ; & chaque fois ,
pour honorer les trois personnes de la.
tres-sainte Trinité. Ce qui se fait par
fois en rond pour montrer que ces
, éternelles,
louanges seront & que ce Sa...
crifice fera offert à jamais. Mesmcs ces
cercles representent la mutuelle corrcs-
pondance & l'accord des Saints & des
Anges qui se répondent * qui chantent
comme à l'envy l'un de l'autre , & qui
font un accord eterncl par un saint cir-
cuit de leurs louanges, SanEtftS) SAna"!,
S an[IMS.
Qaoy que le Prd1:rc represente ainu
Nostrc Seigneur lesus-Christ dans l fi-
tat de sa gloire, il nelaict pas de porrer
leCroix sur ses habits, & la marque de
laPassion en ses ornemens ; pour faire
voir premièrement, que ce saint Sacrifi-
esté merité à l'Eglise par sa mort.1
ce a
Secondement, qu'il contient & renfer-
foy tous les merites de ses rouf.
me en
franccs, & desMyRcrcs de sa Passion.-
Troisiémement , il represente lesus-
Christ en sa gloire , portant sur foy les
de ses playes 8c les stigmates
marques , l'Eglise
de sa mort. Et pour cela, en re-
vestant les Prestres de leurs ornemens,
parle de la des soufFran-
ne leur mort Se
des semences & des ger-
ces,que comme
de la Resurreaion, comme il sc vero:
mes
ra très-clairement dans le Chapitre qui
suir.

;
Le Diacre represenrele(us.Chlill sous
iitiautreestatquelepresire il le repre-
fenre non dans l estat de la consomma-
,
tion, mais en celuy par lequel il esl<
y
parvenu. Le Prestre represente Jesus-
Christ, comme hostieconsommée, &le
Diacre represente Jesus-Christ
hollie immolée; & comme
pour cela il sert le
Prestre & met de sa
, propre main le via
dans le C1I:ce pour témoigner
,
Jdus-Chrill comme hostie verse (on que
Sang sur la Croix pour le service de
Dieu son Perc;&même le Diacre offre le
vin avec le Prestre, & prononce les mes-
mes paio!esque le Prestre ditenoffral1t
le Calice, pour
marquer que Jesus-
Christ sur la Croix offroit son Sang
Dieu le Pere, dans les mêmes intentions
à
qu'il le presente sur l'Autel: il
aune
111efme intention dans la fin & dans la
coiommation du Sacrifice, commedans
.
l'Oblation & l'Immolation dont l'une
;
sur faite dans le venrredela tres-(acréé
Vierge, où il s'offrit cii Sacrisice
roue
nous, &1'aurre dans les bras de la Croix.
C'est pour cela que le Diacre chante
l'Bvangile, & represente Icfuî-Cluift
^
1 annonçant lur la terre, pendant sa vie
fouffranre. C'est pourquoy le Prêtrele
tourne du costé de l'Evangile, quand le
Diacre le prononce, pour montrer
Jesus-Christ dans le Ciel les que
a yeux (ur
l'Evangile, &est toûjours
uny aux ve-
lirez qu'il a preschées. C'estencore
cela mesme que Ion pour
apporte au Prcltre:
l'Evangile à baiser ; ce qui
marque l'u-
nion qu'il a avec l'Eglise de la
terre
dans la verité qu'elle presche, qui est
sortiede sa bouche, & qu'il cherit
en-
core dans leCiel.
Cestauflï pour le mesmesujet
que le
Diacre va baiser la main du Prestre, de-
vant que de chanter le saint Evangile,
pour montrer que c'est le mesme JcCus.
Christ qui cst au Ciel, lequel presche
en la terre par la bouche des Prédica-
teurs. C'est par sa puissance, par son au-
torité & par sa miilïon qu'ils pres-
,
chenu Etc'estJ,,[us rciïuscité
,

sein de son Pere l' ,


qui
annonce EvangiJe;&ie
fait prescher dansTEelise.
du

J,,-sus-Chrifl sevireurdu Pere, e(to!c


venu apprendre aux hommes les verirez
& la dodrine de son Pere, Mea doElrina lian.
est 7. fi»
non mea>fedeju$ ejm mifitme. C'est
en
1 autorité du Pere qu'il vient prcschcr
les bommes ; c est en sa million qu il re-
çoit l'insluence & la verité de la sagesse
du Pere: & pour cela formant les hom-
mes sur luy-tnestne les envoyant com-
,
me il a esté envoyé. S veut misit me Pater,
Io 4". 20.
ai. & ego mitto vos'.ll donne son Esprit aux
hommes & en luy la lumiere, sa doc-
,
trine , sascience, son pouvoir , & son
authorité : &: ainsi le Prêchereçoit de
Jesus ce que Jcsus a receu de son Pere :
& comme Jesus-Christ servireurde son
Pere, & envoyé de luy , reçoit sa bene-
di&ionen venant sur la terre,pour com-
mencer sa Mi ssion ; le
ainG Diacre re-

,
çoit la benediaion du Prestre , qui par
fois represente le Pere & par fois aussi
le Fils ressuscité en gloire.
Nostre Seigneur Jesus-Christ a ces
trois qualitez : l'une de victime : l'au-.
»

tre > de serviteur de Dieu la troisiéme


: ,
deservireur de ton Eglise. Et ces trois
qualitez sont representées par le Soû-
diacre,1e Diacre & le Prestre ; qui tous
trois doivent marcher d'un pas égal, &
estre toûjours en ordre autant que la
Ceremonie le peut permettre , pour
montrer l'unité de la personne de jesus-
Christ & la multiplicité des exercices.
,
Le Soudiacre lignifie lefus-Christ ser.
viteur de l'Eglisc j & pour cela, il de-
meure au rang des hommes, &se tient à
rcrre,sans s'élever plus haut sur les
ches de l'Aucel : mar-
parce que Jesus-Christ
sestant fait homme comme les
vivoit en Esprit sous les hommes
autres ,
cam.
mcA leur serviteur : & à cause de cela, le
Soûdiacre verse dans le Calice l'eau,
qui lignifie les peuples, dont il est le
Ministre, qui sert à les unir Sacrifice,
au
& à les mesler avec le Sang de Jesus-
Christ fburestre offerts à Dieu
: ce que
le Diacre reçoit dans le Calice qu'il
tient, pour montrer.que Jesus-Christ
comme serviteur du Pere con(ent&
travaille luy- mcsmc à cette ,liaison.

CHAPITRE II.
Des Ornemens du Prepc.
Quandlc Prestre du Sur-
se reveil
plis il peut dire cette Orai(ol1, Du
, plis.
Indue me, Domine, nevitm hominemyoui
feeundum Deum creat us est in juflitia ff1e
fan&itate veritatis. Revesicz-moy,mon
Dieu de l'habit intérieur de vostre
, re-
furrelHon. & de vostre nouvelle vie,par
laquelle le nouvel homme & le Chié-
tien est inrerieurement remply des fert-
timens & des dispolirions de justice rap-
portant tout a Dieu, & luydeferant
tout honneur, sans reserver à soy.-mef-
me'Juele mépris & l'oubly; comme

,
aussi il cst mis dans une
vrave separa-
tion des créatures estant aneancy en
sespremieresaffeétions ,
& entierement.
porté à Dieu & appliqué à luy seul.
,
A l'Amie on dit, Importe, Domine
, >
De l'A- capiti meo galeam salutis, ad expugnAn-
mi &
do s Diabolicos incursus : Mon D$ u, re-
venez moy en terre, montant à vostre
Autel qui est l'Image du Paradis, delà
force & vigueur de la Foy, & del'dpe-
rance du silùr , pour me rendre fort
contre le démon, comme les Bien heu-
reux le sont par la lumière de gloirt-, afiti'
quejepuisse repousser vivement toutes
scs attaques, cu; rcftflite fortes infide. La
ï. 1'". Foy cil: une arme roure-puiflautecontre
S. 2.. leS malins;elle a sa reiidence dans ¡'e(prit
comme en la partie la plus importante
,
& qui estant gagnée, entraîi-ie'-qvec soy
toute la creature. L'ameéclaireeparia
F oy & bien établie en sa force&en sa lu-
m!cre,en: toute puiflantecomme!e Bien-
heureux qui joüÍr du saluq&esiant bien
épurée dans la seule joüHfancc: de l&Foy,
elleest déjà en possession d'une lumière
de gloire commcncee,comme Pcxperien-
ce
Te fair voir
en plusieurs qui voyent
,
comme sans tenebres & sans obscurité
les plus belles vérités de la Foy.
,
Oa parle en cét Esprit serevestant de
l'Aube. Dealbame Domine & munid Del'Au
, b:.
cor meum , ut in sanguins agnidcalbatus ,
f audits mere,arpersrui fempiternU. Pu ri-
ez mon coeur, & le san&ifiez dans la
charité, de mesme que mon esprit dans
la Foy ; afin qu'émane blanchy dans le
Sangdel' Agneau, & renouvelé en Lesus-
Christ, jecommence à jouir en esprit à
l'Autel, de la joye des Bien-heuveux ,
attendant la pat faite béatitude, dans la-
quelle j'offuray le Sacrifice avec vous
dans la gloire &dtis la parfaite félicité. Oela
Ceinture dit Ceinm-
En prenant la on : Pr<€-
re.
^
,
cinge me Domine cingulo puritatis , & ex*
tinçue in lumbis mets humorem l'bidinis,
utmaneatin mevirtus continents & car-
titatis. Le don que demande l'Eglisc par
cette priere, efi:aussi ,,,in don du Paradis;
elle pretend avoir droit de l'obtenir >
pUtsqG'il y va de faire dans la terre l'ac-
tion la plus haute qui se célébré dans le
Ciei C'est le don de continence qu'elle
demande à ccsujet,tïestaitt pas contente
d-avoir demande les Dons divins de la
Foy & de la Charité,qui
occupent &
remplirent l'entendement & la volon-
té. Elle souhaite pour le reste de l'ame,
pour la partie inférieure, une puissance
souveraine qui contienne modestie
en 3c
retenue (es (ens mutins & libertins qui
pourroients 'échaper pendant les saints
Myl1:cres: ce qui est un don parfait du
Paradis, où la grâce & la vie divineest
maistresse absolue sur tou
tes lespuiflàn-
cessuperieures & inferieures de lame.
Il faut que le Prestre pendant les saints',
Myn:eres, soit tout à sait divinisé
, com-
me estant dans le Ciel : il faut qu'il n'use
purement de ses sens, que pour la necef-
sité des saints Mysteres, sans
que jamais
il paroisse qu il les laisse égarer
par CU"
riofité sur lescreatures,& le (onfhaireà:
1 empire de l
'ame & au pouvoir de l'ef-
prit : il doit estre absorbé dans les choses
divines, & entièrement separé & élevé
audessus de ce monde sensible, dans l'e-
ternel Se l'insensible.
Abrter-
get Deus Ainsi le Prestre dit en prenant le Manl.
omnem pu le; Merear, Domine, port
lacryma. -ire
A pue. 7. nipulum jletus & doloris ut cum exulta
,
& tione recipiam mercedern laboris Que je
ly. 4- pui/Te, Seigneur, :
porter cette marque
de douleur & de larmes } avec ulle fide-
lité & tel courage , qu'un jour mes
pleurs Ment essuyées: que je puisse pos-
ièckrlajoyc que vous promettez pour
recompense du travail : & que des-à-
present que je monte en espric dans le
Ciel, en m'approchant de vallee Autel ,
j'entre en la joy e de l'esprit, & en la bea-
titude commencée dés la vie prcscnte ,
qui cst l'estatde resurre&ion & de nou-
velle vie, & quiest dll'estardes Prd1:rcs ,
qui doivent estre conformes à JcCus-
Christ re([Llscité , & fait Prestre en ce
jour dë la RcsurrcéHon,selon l'ordre de
Mclchisedecli.
En mettant l'Estole, on fait cette prie-. De «.'Z-z-
fiole.
t-c
Redde mihi, Domine golayn immor -
*,
,
talitœtis, quant perdidi in prtvaricatione
primi parentis ; & cjuamvis indignus accc-
do *d tmm sacrum myjter'mm, mercar ta-
.mengaudiamfsmpiternum. Mon Dieu,
rendez-moy le droit à l'immortalité que
j'ay perdu par le peché du premier hom-
mc;&quoyque je m'approche indigne-
de
ment vos A utels, faites que par mi-
fericorde je merite d'entrer dans la joye
devos Elus que vous donnez icy en la
à
terre ceux
voItreEspcit )
qui se laissent conÍommer
& anéantir en eux-mef-
à
mes.
consommées ,
c eu ce que demande l'estat des
Prêtres qui doivent estre des vi&imes
,
pour offrir ce Sacrifice de
l Eternité, estans obligez d'être
intimes en l'estat de la viorne qu'ils
eux-
presentent à cause que leur Religion le
demande : & la Communion qu'ils
ont à l'Hostie contommée, les doit
mettre dans la disposition où elle est
intelieurcmcnt ; & sur tout, le Curé,
qui est obligé de porter toûjours l'Esti..
le en l'administration des Sacremens;
pour marquer qu'émane tout consom-
mc en Nostre Seigneur, & revenude
luy, il agit en la puissance de Jesus-
Christ rfnuicité ; auquel le Pere Eter-
nel a donne enrerompenle desa
mort
la grace de vivifier son Eglise. Pour ,
une
mort cent mille vies.
L'EstoIe est étendue depuis la teste
juiquesaux pieds; pour témoigner la
gloire dont Jesus Christ est pleinement
revestu dans le Ciel. Elle cst
un diminu.
tifde la Chappe, qui represente plus
pleinement la grande gloire de Jesus-
Chiist rdTufcité. Et pircequela Chap-
pe feroit trop incommode,on se sert de
¡
l'Estole, laquelle ep(dentc
non seule-
ment la gloire de Jesus Christ icP.Ùfc-ité;
mais (ur tout, quiluya
sa puissance,
estédonnée au moment de (asainte Rc-
su rrc-ûion.
Si qutlquesfois l'on met l'Ecole avec
la Chappe, c'est pour exprimer la pui(.
tanceavec laquelle le Piestre doit faire
quelques fondions extraodinaires*
comme quand il doit porter le tres-
fiint Sacrement, qui cst une foné1iOB
excellente du Prestre, qui porte entre
ses bras celuy que le Pere contient eu
luy-nwsmc.
Enfin en prenantlaChasuble^'on dit, Oe la
Domine quidixilli, juottm mempn suave ble. Cliafo-
,
est & onus meum leve : sac ut i/tnd port are
fie valexrn , quod, cons»eluar tu4>n gra-
tiam. Faites, mon Dieu, que je porte
tellement vostre joug, que je puiflepar-
venu à vostre grâce. Le mor de grâce li-
gnifie gloire ; car premièrement celuy
qui approche de l'Autel est en grace; il
ne demande donc pas seulement lagrace,
puisqu'il l'a déja : mais deplus la gloi-
,
re cst une grace, s,IonSaint Paul, Irt A d Epbi
laudem glorid gratia /M<, la gloireest une1t. ç.
grâce que Dieu a préparée de toureeter-
nité. Elle est grâce, entant que c'est un
bien fait extrême que nous nepouvons
meriter par nous-mesme. Ec ç'cst cette
grâce que nous demandons à Dieu en
endroit, & que nous possedons en
espritSeen commencement à l'Autel
lequel nous devons 8e n'osons 9>
ne regar-
der qu'avec la sainteté & la pureté des-
Bien-heuretix ; à cause
que nous entrons -
dans le sein de Dieu mcsme
avec Jesus-
Christ )où rien ne doit estre souillé : au-
tivit. contraire, la (ainteté parfaite y estre re-
JI, 44. quise : San Eli estOlé qui* ego fan ailS fum ;
1. Pir. SoyezSaints
<

& separez de tout estre pro-


I. 16,
fane en esprit, à cause que je suis Saint:
car, je nepuislaisser approcher ni louf....
ssir prés de moy aucun estre profane ; je
ne puis pas m'unir à une creature, qui a'
encore en soy quelque chose d'impur,&'
qui n'est point entièrement consommée
en moy. C'est pourquoy lesPren:res qui
doivent s'approcher de Dieu, & s'unir à
luy doivent éloigner de leur esprit 8c
,
de leur coeur tout ce qui n*est point'
Dieu. Sacerdotes Domini incensum &'
r-anes cjfèmnt Deo,-, & ideo fanfti erunt-
JDeofnos Les Prestres qui offrent l'en-
cens des louanges , & le Corps sacré de
Jtsus-Christdansleseinde Dieu doi-
,
semblables
vent estre Saints,& se rendre
à Iesus-Christleur Maigre,qui pour
entrer en Dieu son Pere, & luy offrir cc,
Sacrifice a esté purifié de ion premier
, ,
ellat quoy qu'innocent ; il a esté con-
sommé en Dieu & rendu Saint de sa
,
sainteté mesmc, pour estre digne d'en-
trer en luy, & d'habiter comme sa victi-
me perpétuelle dans son sein
»
qui en
cstoit le Temple.
L'estat & la disposition du Prestre of-
frant le Sacrifice , en l'estat de lesus-
Christ reuutcite,fait grand Prestre sélon
l'ordre de Melchisedech en ce jour de
la RcsurrelHon, où il est tout consom-
mé en Dieu son Pere, lequel appelle
les Prestres à cet estar & les defi.
tous ,
rant tous consommer interieurement t.
& separer leur coeur de toutes les incli-
nations de la chair, pour les faire vivre.
uniquement en lesus-Christ son Fils
ressuscité pour sa gloire.
lesus-Christ reflusené n'est pns scu*
lement le Prestre, mais encore la vi&ime
de son Sacrifice, & se porte luy- mc:fme
entre ses mains en s'offrant tout entier a
son Pcre. Ce doit estre l'estat du Prestre
qui offre le Sacrifice : il doitestre victi-
coromméc en lefus-Christ s'offant
me
en luy à Dieu le Pere pour sa gloire;
avoir passé par les souffrances& les
apres
mortifications comme lesus - Chtist
,
INfoltre Seigneur devant que de parve"
,
nir la consnmmation.
à

CHAPITRE III.
De l 1".,4fembiée ds Officiers dans la SII-
criftic & de leur sortie.
,
P Our voir la conduite de Jesus Christ
avant sa venue, &en sa venue, du-'
rant sa vie, & apres sa mort, ilfautcon-
siderer tout ce que fait le Prestre
avec le
Diacre & le SoûJiacre.
Premièrement le Prêtre, revel1:u dans
la Sauistie ,avec le Diacre & le Soûdia-,
cre, lesChappiers, & autres Officiers,
met de l encens dans l'Encensoir , ce qui
exprime Jesus Christ danslefeindesolt
Pert vivant d'e roure éternité dans Cet
,
ddlèinsavec routel'Eglisè,qui leloiioic
eilesprit avec les divers Corps des Saints
formez avec luy dans le sein du Pere
;
qui tous ne font qu'un Corps & une
Société, a cause que l'Eglise est éleue
Citnû' avec Jesus Christ , HtttaatSol. Et il
6. f faut remarquer que le Prestre ne donne
.
point d'encens dans la Sacrifie mais
,
seulement il le prepare pour le donner à
Dieu, quand il scia dans l',E&Iisei com-
de en effet , ce n'estoient que des ioiiin-
Ses aucnduës1&desgloires en esperance
,q.u,rccllcb de Jc(us- Chiisl renfermé dans
le fonde ton Prie j de mcsme quecéc
értfcnlemenc préparé & disposé dans la
Sacriltie.
Il entre dans l'Eglise t'Encenibir su.
manc, acause que Jesus-Christe:ncrant
dans le monde, te presente à Dieu & sc
supposeà la place detoures les vi&imes
de i ancien Teftamenr., Ingrediens
,

mun-
dum dicit, Hoflia & oblationem nolui• A d Ht t.
m 10. f.
fti s
tune dixi, Eccevtnio. Lors que
Jesus-Christ paroilt la
en pej forme du
Prdhe: les Chappiers & lcrcstt des
,
Officiers qui marchent , luy,
avec repre-
sentent runivetiel de l'Eglise quiest
unie à Nostre Seigneur : le Soûd:acfc ,
leprefentant 1 ancien Testamcnt, mar-
ç,he devant le Prestre 6c vient dans le
mondepour cotumencer ,
de préparer les
voyes, comme S. Jean qui estoit en la
,
Loy"'Vivantc,&qui marquait enfcs fon-
tl,Qnîla disposition de l'ancien Testa-
nient, Ego vox clamantis in defert." Di- loa. i
rigiteviamDominifJe fuis la , 13.
voix qui
criç dans le deser t, P leparez les du
Seigneur,di(posez voyes
vous inreriruremetlt
a recevoir jesu-s-Chriil en vos cœurs.
Le Diacre marchant devant le Prêtre
avec le Soûdiacre, signifie que l'ancien
& le nouveau Testament n'estoient en-
eût
core qu'un, devant que Icsus- Christ
fait son Sacrifice qui a deû s'accomplir
pour meriter
,
l'espritdu nouveau dla-
ment ; qui est Teiprit en plenitude ,.1'cs..
prit d'enfant de Dieu, & le mesmees-
prit qui regnoit en Jesus..Chrisi, pour
le conduire & l'animer.
LePrestre sor t de la Sacristie, 8c mar-
che en ordre jusqu'à l'Autel avec ses
Minières, qui font exterieurementce
qu'il fait interieurcment.j foisant con-
noistre par les instrumens du Sacrifice
& par les luminaires & l'encensoir qu'-
ils portent, ce que.Nostre Seigneur est
en luy-mcsme, & ce qu'il fait en-sort
Coeur, donnant gloire à son Père, qui l'a
appellé à cela de toute éternité, & l'a
destiné pour luy rendre ses respe&s , &
une religion parfaite en luy en ses mem-
bres. Et cette Religion que Dieu attend
& porte dans son Cein toute l'eternité t
portant l'idée de son Verbe & de son
Christ entier, avec les devoirs de la Re-
ligion qu'il en prétend , nousestrepre-
sensée par tous ces Minières assemblez,
sous la conduite & par le foin du Sacri-,,
Main lequel doit citre un homme saint
,
& venerable : parce qu'il tient la place
du Pere Eternel, envoyant son Fils au
monde offrir le Sacrifice pour le salut
des peuples ; & pour cela il doit prepa-
rer toutes choses en l'Eglise, en l'hon-
neur dessoins que le Pcre Eternel a pris
de preparer la Synagogue pour rece-
,
voir sa0:Fils, & dedisposer toutes cho-
eles ncceiïaircs à son saint Sacrisice.
LeSacriftain se [ouviendraen parant
les Autels, & en ornant l'Eglise de ta-
bleaux & d'images, que le Pere Eternel
avoit préparé la terre par les figures 5c
p.tr les ceremonies delancienT eitamenr,
afin que son Fils ne vint pas dans un
monde nud & dépouillé de toute décen-
ce ; estant necessaire qu'à son advene-
ment le monde fut recueilly par quel-
.
que exercice de pieté, & retiré de l'es-
prit seculier & de l'citat profane, (jù il
festoit noyé.
à
Quand il envoyeraun Prd\rc l'Au-
.tel offrir le Sacrifice il le fera dans l'a-
mour mesmedu Pere Eternel, envoyant
,
son cher Fils pour sauver le monde, de-
lirant ardammcnt & priant en son cœur,
que les peuplesse convertirent par l'ef-
ficace & le mérité de ce saint Sacrifice.
Qinnd il verra tous les Officiers af-
iemoKZ avec le Prdhe,&preparez pour
aller officier, il se [éjoiiiiadel'honneur
&de la loiiinge qui se va rendre à Dieu.
Cette affimblée dans la Sacristiede-
vant qu'elle aille celebrer, represente
l' alfrmbléedes Saints avec Jv sus Christ
dans l'idée du Pere devant que de l'en-
,
voyer dans le monde. Le Pereregardait
Cette aŒ:mblée avec joye & grand res-
fenriment.attendanl d'elle un jour tou-
tes sortes d'honneurs & de rtlp,éh, tel.
.que maintenant elle les rend dans le Ciel
& sur la tsi e. L'at retire dr ces louages
i

l
le réiouflit, & doit demefmc éjoüir
JeSlcrillain.
Le Pere contient dans son sein toute
J'imagederEglise cachée aux hommes;
,
de toute éternité dans le <ecrec de son
cœur: c'en ce que la Sacristie représente;
à çavoii leSan&uairedu sein de Dieu
,
le Pere I! faut donc un homme venera-
blc& de sainu té très-parfaire en cesaint
MiniAeled. L S.1crHt:r,qui soitregarde
comrnc l'image de Dieu le Pere,envoyat
son Fils dans l'Eglise pour accom-
plir son Sacrifice. Et pour cela il faut
qu'il ait soin & prudence pour tenir
tour picftdans l'Egîise, comme Dieu
avoit
avoir prépare le monde à la venue de son
à
Fils,& son Sacrifice
par l'ancien Testa-
ment ; qui sans voir ce Mystere, y servoit
en esprit de Foy, & dans l'ob(curité des
choses à venir ausquelles il ajoûtoic
,
croyancesur la voix des Prophètes. Et
pour cela, devant qu'on soit sorti de h
Sacri{1;ie, on porte sur la credence les
in.
strumens du Sacrisice & les y tient
, on
cachez attendant que le
, nouveau Tc-
stiment en la peisonnc du Diacre les
développe comme on le dans la
, verra
Messe.
Cette préparation est faite
par le Sa-
cristain en honorant les preparatifs du
,
Pcre pour le Sacrifice & lesMysteres de
ion Fils qu il voit luy scul à décou-
,
vert, & qu 'il cache au reste des hommes,
qui n'en (ont pas instruits, & qui doi-
vent dans la Foy meriter de les voir face
a face , & d'enjoiiyr un jour, partici-
pant jcy cependant à l'espricde la Loy,
qui est l'esprit d'attente de desir, de Foy
,
& de penitence. C'estpourquoy le Curé
representant le Fils venu au monde d'a-
,
bord qu'il est sorti de la Sacristie,& qu'il
s est approché de l'Autel ayant à pre-
,
parer les peuples aux Mystercs de Jesus-
Christ, & au mesme Sacrifice qu'il sait
a
une fois se sert des mesmes dispou..
,
tions env ers le peuple, dont Jesus-Christ
usa dans le monde & par lesquelles
,
son Pere l' avolt preparé à sa venue.

CHAPITRE IV.
De l'Eau BeniJle.
LE Dimanche , le Celebrant estant ar-
rivé à l'Autel avec toute sa suite,
commence à faire l'aspersion de l'Eau be-
niste. Cette ceremonie nous met devant
les yeux l'ancienne Loy, & doit servir
comme elle de disposition au peuple pour
recevoir Jesus-Christ, & pour se presen-
tcrau Mystere qui se va paffer devant ses
yeux , quel contient tout l'abrégé de la
vie de Jesus-Christ, & tout ce qui s'est
fair par luy & en luy seul devant &
sa la gloire
, de Dieu.
apres venue pour
L'Eau beniÍ1:e represente, ou plûtost
sert de voix pour marquer la penitence
des peuples, laquelle estoit sigurée par
tous ces lavemens inutiles de l'ancienne
';Ad Heb.
P. 101 Loy, dont parle saint Paul, après lExo-
de le Levitique & autres Livres de
, ,
J'Escriture., Et parce que ces lavemens
nettoientquedes elemens neceshtcux &
vuides de grâce, comme le dit S. Paul, •Aà G,¡l.
ne portans rien en eux, & figurans ce 6.
qu'ils ne donnoient pas & qu'ils
monstroicnt seulement de loin ,
pour un
autre temps , qui cst celuy de la grâce: Qui se
de là vient qu'on jette le scl dans l'eau Eiila'um rer

pour guérir cette stevilité, & luy I'rophc.


don- t.lm
ner l'Esprit de Dieu & saragdscqui la quim rv.ir. ut a-
rende fcconde. Car nostre Sauveur ti iullîr ut
re. fanarctur
presenté par le Plestre donne à l'Eglise fteril it.IS
,
ses mcrÍtcs & tous ceux de (es Saints, lquz..
pour en disposer à l'advantnge de Ces
peuples ; si bien qu'il verse en l'eau, ôc
y mesle l'esprit de la sagesse de JcÍus-
^iirist , habitant mesme en plusieurs
Saints pour rendre cette
, eau Feconde
par son attouchement, & par le lave-
ment des corps en presence de quoy
*,

Dieu répand verse & excite dans le


,
cceur l'espricde penitence : car Dieu à
l'aCpe&des merites de son Fils & de son
Eglise, verse mille bénédictions & mille
grâces dans les cœurs des Fidellcs ÔC
les conduit à Penitence. Cette fecondité,
de eau , qui est unechose sacrée & qui
quelque ,
a rapport avec les Sacremens de
l'Eglise de Dieu entr'autres avec le Ba-
,
ptefinc & la Penitence, don t les eaux sa-
lutaires, & les larmes, sont meslées & £
assaisonnées du sel de la sagesse de Jesus- s

Christ, fut autrefois représentée par le i


4' i. sel que le Prophete Elisée jetta dans i
& l'eau guerir sa l1:erilité
119.
,1I!
20.
pour , marquant 1

qu'un jour dans l'Eglise il y aurait des 1

eaux fécondés, & que lasterilitédeseaux :


de l'ancienne Loy seroit guerie par le !

mélange de l'Esprit de Jesus-Christ,


fecond jusqu'au point d'avoir fait des
Enfans par le Baptesme , qui rempliilènt
le Ciel & la terre.
Cette eau est répandue dans l'Eglise
par lePrestre qui en arrouseles Fideies;
à quoy ils aspirent & se presenten-.
avec ardeur , comme nous le voyons
par une experience journaliere qui nous
surprend ; ce qui ne continuerait pas,
si l'Esprit de Jesus-Christ n'yappelloit
les peuples ? Et si cela est si fervent,
qu'il y a foule à la recevoir , comme
il y en avoit au Baptesme de S. Jean ,
baptizant dans l'eau, & exhortant à la
Penirence reelle & veritable aux lar-
,
mes & aux soûpirs du cœur, les peu-
ples qui vouloient recevoir Jesus Christ,
& obtenir la grâce de croire en luy : Il
baptizoit en l'eau & promettoit le
,
Baptesme en l'Espric que Naitre Sei-
çneur venoit apporter sur la terre ; si
liiçn que.cette ceremonie de l'Eau be-
niste est une préparation à la de
venue
Jcsus -Chrilt, une disposition à son
Mystere, une disposition de penitence,
dont il est luy-mesme le Ministre,
COln-
me il 'cAoïc intérieurement en S. Jean:
car c'cstoic Je{us-Chrill en son E(prit,
qui habitoit en son Prophcre & Precur-
_sèur, de mesme qu'il habitoit
en Helic
par advance, quoy qu'il ne fut pas en.
core habitant en la chair : & c'dloic
-toujours luy-mesme comme devant
,
jour s 'incaracr qui habitait dans un
les Prophetes de l'ancienne Loy tous
: car
l'Esprit de Dieu qui estoit l'Espritde
Iesus-Chriit,ponoit,
les Prophetes à dis.
poser les peuples aux Mystens Il
: regar-
.doit en eux la descente future du Verbe,
dont il preparoit par eux les
voyes avec
-force & puissance à cause de la dureté
,
& de l'aveuglement oùesloit tout le mon-
de, qui avoir un voile sur les yeux oC
qui portoit un cœur de pierre. ,
C est donc Jesus-Christ dans le mef-
me Esptit qui habitoit en S. Iean & dans
les Propheres,) qui arrouse les peuples
avec force. & vehemence en la personne
du Prestre \ qui pour cela n'est pas te.
venu de aaube , mais feulement dd
la Chappe qui le couvre tout à fait,
,
qui est un habit estranger, qui marque la
demeure de Jesus-Chriâ dans les Pro-1
phetes. *
Cét habit large & magnifique repre-
sentela gloire& la magnificence de Dieu;
à
c'cst dire que Dieu n'avoit point enco-
re pris nostre habir d'infirmité , lors qu'il
iesidoit en ses Prophètes j il n'estoit point
encore couvert des vestemens de sa Pas-
sion dont la Chasuble porte les mar-
,
ques j il agilIoit mesme avec plus de for-
ce & de vehemence dans les Prophetes,
qu'il n'agissoit par soy-mesme il faisoit
>
des choses plus miraculeuses qu'il n'a
,
fait dans le temps de son infirmité & de
(on Incarnation sur la terre ; ce qu'on
voit en Moyse & enElie, & mesme en
,
saint Jean,qui est le portrait & le racour-
cy de la Loy , & qui avoir plus de créan-
cequeNostre Seigneur pendant sa vie, à
cause que Jesus-Christ enluy n'afiujet-
tifloit point son esprit à son estat d'infir-
mité & de vi&ime pour le péché dans
,
lequel estat il devoit estre patient con-
fus, infirme caché, & mesine privé ,
des
,
dons de Dieu & de leurs usages mais au
:
contraire Jesus.Chrin: en (oy-mesmc
,
usoit de sou Esprit à proportion de son
estar pour ne point faire de montre de
,
{on égalité avec Dieu son Pere estant &
>
paroHfant Fils de l'homme 5 il u(oitde
son Ësprit de Dieu sélon cette qualité de
Fils de l'homme ; mais depuis qu'une
fois il fut fait Fils de Dieu en sa Resur-
redHon, qu'il fut rendu semblable à Dieu
son Pere & rentré en sa clarté premic:re
, ,
alors il commença d'user de son Esprit en
qualité de Fils de Dieu ; il en uia avec
puissance & grande authorité ; il usa de
son Esprit comme del'Esprit d'un Dieu.
Ilen ufa apres en Ces Apoires, pour fai-
,
re des miracles, & bien plus grands , &
bien plus éclatans qu'en sa propre per-
sonne : il faisoit apres sa resurre&ion &
dans le temps de sa gloire & de sa retraite
en son Pere ce qu'il faisoit devant le
,
tempsdesen infirmité : il agissoit en là
personne des Apostres comme en celle
,
des Prophetes où il agisrait avec une
,
efficace avec la force & la vigueur d'un
,
Dieu : c'est pourquoy S. Jean Baptiste
entant que Prophete usoit de termes si
vehemens, & agissoit avec si grande vio-
lence contre les Juifs, & beaucoup plus
vehemente, que ne faisoit Jesus-Christ,
àcause qu'il agissoit en ce Saint. comma.
il faisoir en l ancienne Loy; & quoyqu*-
il agitenautruy avec tant de force il
ne
diminuoit en ,
rien sa qualité d'infirme &
devictime : de mesme qu'il témoignoit
aussi que sa vertu n estoit pas-diminuée,
pour estre revenue d'infirmité en luy
puis qu'il pouvoitaussi bien se servir de»
sa puissance en sapersonne il en
comme
usoit en ce temps-là mesme, la perron-
en
ne de son Precurseur , qui n'estoirpas
mesme digne de délier Ces souliers. Dieu
estoit la sourcedelà puiuance, & la puis-
sance mesme qui faisoit ses effets il
vouloit & dans qui il vouloit ou
, en sa
propre vertu. ,
L Oraison que le Pfestre dit avoir
donné l eau beniste est après
, encore une mar-
que ^.c ce que j'ay parle dans
,
1 esprit de la Loy & qu'il prie
, en la ma-
niere des Prophetes, qui s'adresïoient
à
Pere, lequel {emonstroit eux & leur
reveloit le Mystere caché dans , son fein
au

depuis le commencement des Geeles, Sa-


..Al Ep.
J,'& r
cramenti abfcondifii a fitculis in Deo ,qui
est le grand Mystere de l'Incarnation de
son Fils : ce qui les faisoit soûpirer incef-
samment saddresïansà celuy qui
, pou.
voit l envoyer * & qui seulavoir l'ordre
de 4 Mission sur luy ; à ravoir, le Perc
..tellld; car il n'y aqueluy qui puiflc en-
voyer le Fils-comme il n'y a que le F ils oc
le Perc qui puissent envoyer le Saint
Bspric, à cause que la Mission suppose la
production, avec laquelle elle est une mê-
me chose : & comme le Pere Eternel est Obsc-
cro Do-
l'unique qui engendre le Fils. il n'y que mine
a ,
luy seul qui le puisse envoyer. C'estpour- mitre
quem
quoyles Prophetes s'addrefloient au Pere niilî'uruc
Eternel disans ; Envoyez-nous ecl es.
» 11y Exod.
^ue vous devez envoyer dans le monde 4-
le besoin ,
pour que nous avons de luy.
G'estoit ce beau spectacle que Dieu le Pe-
re tenoit toujours present aux yeux des
Saints Prophetes ce qui faisoir qu'ils
,
mouroient d'amour & de desîr de le voir
sur la terre : ,'droit le sujec" de leurs
fbupirs, c esso:c l'unique objet de leurs
pensées c'estoit ce qu'ils aimoient Se
,
-desiroient uniquement. Quel bon-hcUt"-
de voir ce Verbe Incarné en toute son
cftenduë dans le demin de DiJu : de voir
ce Verbe en luy 8c en tous ses membres
dans le sein du Pire en sa beauté & en
si spléndeur ,
!
C)estÓir une chose admirable & magni-
fique de voir cet auguste dessein de Diew
represeritant le Verbe, comme il doit estre.
-tu.- joui 4e l'éternité en Diea quand
,
Ictus Christ & tous les Saints seront ren-
trezen luy. Alors ils voyoient tout le
Christ dans ledessein de Dieu , dans son
projet, qui est le Verbe mesme, 8c ainii.
Dieu estoit le Verbe, & le Verbe estoit en
Dieu dés le commencement ; & il estoit
la vie comme il sera de toute eternité, en
Dieu ; & ce Verbe qui estoit Dieu , & dé-
ja dans la clarté de Dieu , fair dire à Nô-
tre Seigneut sorty du sein de Dieu ; c'essà
dire, sorty de (es idées , & bien different
t
dubelestat qu'il poflèdoi dans le Ciel,
&en l'idée de son Pere , Clarifica me tu
Paterapud tcmetipfurn, clarittte quant ha..
'mi prius, quam mundus esset, apud te : Il
luy demande de retourner en la clarté
dont il joiiistbit devant que le monde fust
fait, & qu'il fust descendu dans cette mai'
son qui luy avoit esté preparée ; Clari-
fiez-moy de la clarté que vous m'avez
preparé d.tns vos desseins, c'estoit la gloire
de Dieu mesme dont il vouloir que sa
,
nature humaine fust faite participante ,
après avoir satisfiit à sa vocation.
C'est une estrange lecompenseque celle
dela créature qui va rentrer en Dieu,
»
rempliflfant toute l'idée que Dieu en a
formée detoute eternité pour se perdreen
elle & devenir par elle une chose avec
,
Dieu, où le Verbe cit retourne en ren-
trant dansson Pere & où avec luy tous
y
lesElcûs & tous les membres de Jcsus-
Christ retourneront se perdre & s'abî-
mer dansl'estenduë des desseins que Dieu
lePereavoir formez de tout son Christen
son EspÜr. C'est ce Verbe que les Pro-
phetes appelloient sur la terre. C'estoïc
pour l'obtenir qu'ils s'adrcsïbient au
,
Pere, afin queleur vacuité fust remplie
& qu'il fust suppleé à leur indigence ,,
dans laquelle ils estoient très-éloignez de
la sagesse & del'Esprit Divin dontleuts
,
Sacremens estoient vuides. C'estoit le but
de toutes leurs prieres & araisons. Mitte-
quern miflUms es. Envoyez-nous -Vosttc
Missionnaire vostre Apostce & vostre
,
Ange, (tous ces troismots ne sigoifLent
qu'une mesme choCe., c'ed à. dire, En-
voyez , donnez-nous celuy que vous nous
voulez envoyer qyi nous apporre Ils
,
nouvelles de la paix, & nous nourri (Te de

;
vostre grace : Envoycz.nous.vostre An--..
ge , qui nous dirige qui nous garder qui
nousdeffende qui nous fortifie & qui
, j
protege tous les Enfans de vostre chère:
Famille Exaudinof DominesanBe Fa*
,
ter omnipotent , eterne Deus & mtttert ?
digneres farfiam jingelum tuum , de cdis%.
qiiicvjtodht .fovezt, protegattvijîtet, at-
qut dejfendat ornnes habitantes in hoc habi-
t/leu'". PerCbriftum Dominum noforum.
Nostre Seigneur est là priant en fcsprit
de Prophete ; il priedans le mesme desir
que faisoit toute la Loy , il demande à
Dieu que le Ve be descendedans l'Eglise,
non seulement pour la conduire mais
aussî. pour ladeffendre, lanoui-rir & la
,
mettre à couvert sous sa protection : fai-
faut allusîon à l'ancienne Loy où l'Ange
paroilfoir sou vent comme le Conducteur
du Peuple. & pour cela Dieu a voulu
que dans la Loy , les Anges y parussent
comme ses Protecteurs & ses Deffense-uts:
parce qu'un jour le grand Ange de Dieu >
l'Ange du grand Conseil qui est nostre
,
Sauveur devoit estre envoyé dans l'E-
,
glise pour la conduire & la protéger.
,
Etpour cesujetlà, saint Iean qui est l'a-
bregé delà Loy & qui comprend en sojr
,
Man. tout son Esprit , est appellé l'Ange de
1. z. Dieu enquoy il represente NaRre Sei*
,
gnel1r , & figure celuy qu'il devoit mon»
trer au peuple luis.
CHAPITRE V.
De U Procejjion.

APresqneJdus-Christen ses Prophe-


tes , a prépare le monde par son di-
vin Esprit, & qu'il l'a porté à la peni-
tence, pour le disposerà sa venue, ce qui
cst figuré par l'Eau beniste j apres meime
avoir exprmé les souhaits de la Loy par
l'Oraison que l'on a expliquée , le Prestrc
avec le Diacre & le Soûdiacre , accom-
pagné encore des Chappiers & du chœur
desPrêtres, & laCroix estant porté au
devant de tous au milieu de deux Acboly-
thes qui portent leurs Cierges allumez ,
commencent à faire la Piocenlonaurouc
del'Eglise. Celaexprime la vièdejesus-
e
Christ & le de nein de sa descente al1
,
monde. Il marche nud teste devant son
Pere en témoignant sa reverence & ion
,
respect : Il va en rond autour de l'Eglise »
pour témoigner que de toute éternité il a
esté piedestiné par son Pere, pour le glo-
rifier dans les siecles des siecles LudenJ. Prov. I.
,
eoram eo omni tempore, de tout temps le
Verbe citgiccndieu ,se recréant dans les
louanges qu'il devoit rendre un jour à
Dieuenson Eglise accompagné de
, tous
le corps de ses fideles.
Les Chappiers & les Prestres qui
chantent tous ensemble, nous marquent ,
l'union des Bien heureux en leurs louan-
ges; tout ainsi que lors que dans le Choeur
ils chantent alternativement
sentent leslouanges des Eleûs la
ils répre-
en terre,
qui n'y continuent pas toujours leurs
actes de pièce comme au Ciel mais Ce
$
font féconder par leurs freres lesquels
Clama, chantent a leur tour : a rai soli, de
tant
les Prophetes nous ont décrit les chants
quoy
a ter
ad al- des Anges dans cette alternative
terum. pour
JJa. s accommoder à nostre ,
infirmité & à nos
6. }. façons de faire.
Le Prestre revestu du Pluvial, reprefen-
re Jesus Christ revestudegloire habitant
Du dans le Ciel de toute eternité & il ,
IIll - : ne
vial. doit quitter cet ornemenr qu'au pied de
1 Autel, où il doitestre revestu de laCha-
suble, chargée de la Croix & de la
lomne qui represente 1 estat d'infirmité, co-
,
que Nostre Seigneur a porté dans sa vic&
dans sa mort. Et comme cette vie du
Ciel & ce dessein formé
, en Dieu son
Perede toute eternité aesté efftétué sur
,
terre; delà vient qu'il doit exp rimer daos
son Eglise toute la vie temporelle, & ce
dessein accomply icy bas ; si bien que cet-
te Procession exprime la vie du Fils de
Dieu sur terre, conforme aux defleinsde-
Dieu dans le Ciel, pendant que le vieil
Testamentattendoit sa venue & qu'il s'y
preparait, tenant en soy les M y steres ca-
chez sous le voile des figures de la Loy.
C'cst pour cela que la Credence est tou-
jours prcste , & que l'Autel vuide est.
dans l'attente del'arrivée de Jesus-Christ.
Or nostre Sauveur pendant sa vie
au monde pendant le cours de tren-
,
te- trois annees y nous a voulu faire
connoistre certe conformité, Se le rap""
port de sa vie dans l'eternité, & dans
le temps : dautant que ce nombre my-
sterieux est compo(e de trois dixaines
& de trois unitez , qui signifient la;
vie parfaite & etemelle de la sainte
Trinité, qui doit estre la mesure de la,
vie de celuy qui porte en soy l'ecrrni-
fé sous des figures mortelles Se paflTa-
,
geres. En effet,la vie de Jesus-Christ-
est une vie eternelle en ton fond. Pre-
mierement, entant qu'il estDieu. Secon-
dement entant que son ame bienheu-
,
)
reuse est dans la vie d'eternité, loiiiiit,
benissant & glorifiant son Perc sans
relatche Se sans fin. De là vient que
Jetus-Cht'ist representé par le Prestre,,
marche en tond dans 1 Eglise à la Pro-
ccslïcwi : dautant que la figure ronde
estant la plus parfaite & n'ayant ni
,
commencement ni fin , est une figure
de sa vie eternelle ; tour ainsi que le
dedans de l'Eglisc represente sa vie in-
terieure ; & le Pluvial qui est l'ha-
,
bit de sa Majesté represente sa vie
,
divine par laquelle il benit le nom
,
de son Pere avec telle abondance &
,
plenitude qu'il en répand la devo.
,
tion 6e la religion sur tous les Apô-
tres & sur son Eglise.
Et partant, cette Proecffion repre-
sente premièrement la vie cachée du
Verbe en Dielt en ses Décrets eter-
,
nels, où le Verbe estoit une louange
perpétuelle de son Pere avec son Egli..
se qui estoit assemblée avec luy.
,
Secondement elle marque la vie
,
intérieure & divine de Jesus- ChriO:,
marchant sur terre avec ses Disciples
& ses Apostres, priant pour son Eglise
qu', avoit presente en son Esorit 6c
laquelle ,
pour il pretendoit souffrir la
morr.
Troinémctcent elle est aussi une
>
;
figure de sa vie extérieure de trente-
:
trois années qui est le temps qu'il a
,
employé sur la terre à marcher, à pei-
1

1 ner, à travailler, à veiller » à prier pour


le salut du monde. C'est pourquoy il
fait le tour de toute l'Eglise, marquant
que ses merites doivent (anctirier tout
le monde & que ses louanges & sa
,
Reli gion doivent se répandlepar tout,
par le moyen de ses Disciples & de ses
Apostres qui feront entendre leur voix
,
dans tous les coins de la terre.
f La Croix marche devant, pour mon-
trer que Jesus-Christ nostre Seigneur
avoit toujours son Sacrifice devant les
yeux , lors qu'il vivoit sur la terre ; il Dolor
avoit toûjours present le Sacrifice de la confpe&u
meus in
Croix ; & de plus il avoit toujours niro fem-
,
le (aint Sacrifice de l'Autel en l'Esprit, per.
Pf 37.18,
qui est representé par les deux Cierges,
qui sont portez à costé de la Croix,
lesquels (ont deux en nombre quoy
qu'il n'y ait qu'une Croix , à cause,
qu'il n'y a eu qu'un Sacrifice de la
Croix ; & pour celuy de l'Autel il
cst multiplié quoy qu'il ne soit que
,
,
le mesme dans son Hostie. Lors que
le Clergé sort du Chœur, lé Crucifix
doit cstrc tourné vers le peuple qui at-
tend dans la nef, pour témoigner que
Jesus-Christ doit mourir pour le salut,
du monde ; & le Prestre ne void que
la Croix toute nuë pour témoigner
,
n'envisageoit
Jesus Christ les

,
que - que
seuls tourmens de la mort & de la
Croix pour la fin de sa vie. Apres la
Procession,on reporte la Croix & le
, l'Au-
Prestre marche juCqu'au pied de
tel où il va faire le Sacrifice pour
, ,
témoigner qu'on n'a plus que faire de
figures là où la verité paroist.
Les deux Cierges qui accompagnent
la Croix ne difparoiiïent pas comme
,
elle à cause qu'ils reprefenteiat le Sa.
,
crifice qui subsiste toujours & qui ne
,
disparoist pas comme a fait celuy dela
Croix ; mais ils sont portez sur la
Credence avec les autres instrumens
du Sacrifice pour exprimer la lumie*
,
re que le vieil Testament avoit du My-
stere sacré du tres-(line Sacrement de
l'Autel. Il n'y a là que deux flambeaux,
& sur l'Autel il y en a six , pour té,
moigner la différence qu'il y a entre les
lumieres du. vieil. Testament & celles
du Nouveau , sur nos niyûercs,& pari.
ticulierement sur celuy de l'Autel»
Ces Cierges allumez 10nt les hgu-
i res de Jesus-Christ consommé dans la
\
gloire de Ton Pere en cet auguste Sa-
crifice, où il est un flambeau toujours
ardent 6L éclairant devant la Majesté
de Dieu Lucerna ardens & lucent. 1,,.11.5. if.
,
Lucerna ejus est Agnus : La lumière du
Paradis , disoit S. Jean qui l'avoit -41. H ^J#
, •

veuë c'est l'Agneau de Dieu, la cire


,
vierge de l'humanité de Jesus-Christ est
consommée en Dieu, & allumée par
le feu de la Divinité qui en fait un
,
flambeau toujours ardent & éclairant
devant la Majesté de Dieu. Et une des
figures que Dieu avoit donnée de ce
Mystere à l'ancienne Loy , c'estoit le
buisson ardent qui brufloit & ne se
, representant l'huma.
consommoit pas,
nité de Jesus-Christ au tres-saint Sa-
crement qui brusle toûjours sans estte
jamais consommé.
L'Eglise, qui employe les mesmes
moyens dont Dieu s'est servy autrefois
pour le soulagement des peuples & des
esprits grossiers met devant les yeux
,
de ses E^ifans des figures qui represen-
tent la vérité cachée dans les Mystc-
res. La Loy prcmiere avoit des figu-
res , qui montroient les vetitez futu'»
res & lesmysteres à venir, ne donnant
point cequ'elle monstioit & siguroit ;
mais nostre Loy a des figures significa-
tives des veritez qu'elle contient Se
,
nous découvre les Mysteres qu'elle
possede. Ainsi donc elle ordonne des
Cierges sur les Autels, pour monstrer
ce qui se pasTe dans le Mystere auguste
du Sacrement ; à sçavoir que Jesus-
,
Christ est un flambeau ardent en la
presence de son Pere.
On y chante des Oraisons pour
,
monstrer que Iesus-Christ est là dedans,
l'Oraison vivante de l'Eglise, & qu'il
presente incessamment au Pere des
Oraisons & des Prieres.
On y presente des encens & des par-
fums pour témoigner que Iesus-Christ
,
est une Oraison tres- suave & agreable
à Dieu le Pere pour témoigner enco.
,
re qu'il est offert à Dieu en odeur de
suavité.
On y fait des génuflexions non (en-
,
lement pour témoigner nos adorations
interieures & le cuire de i)ostrc esprit;
mais en cole pour témoigner queldus-
Christ est là adorant laM."jdté de Dieu
son Pere.
Si on chante à, haute voix, c'est pour
exprimer que la dedans le Fils de Dieu
est une Hostie de vociferation comme
,
die David Hoftiam vociferationis, qui P/4 t.
,
parle à haute voix devant (on Pere \ & Hg&.z.
Con Sang crie plus haut celuy 1.14.
que que
de l'innocent Abel. En un moc tour ce
qui est d'exter icu r, n'estqu'une expression
de ce qui se pasle dans l'intérieur du
Mystere qui ne peut pas s'exprimer
,
par une seule figure exterieure.
C'est ainsi qu'en l'ancienne Loy
,
Dieu avoit donné tant de figures d'une
mesme vérité. Par exemple dans le
,
temple de Hierusalem au lieu qu'on
,
appelloit le Saint des Prd1:res & mes-
,
mes dans le Saint des Saints , il y avoit
plusieurs figures, qui ne represeatoienr
autre chose. , que nostre auguste Sa-
criss ce.
Les pains de proportion repuesentoient
l'exterieur de nostre Sacrifice, quisefait
fous les Symboles du pain. Ils estoienc
douze en nombre, pour exprimer l'insti-
turion du Sacrifice au milieu des douze
Apostres ; ces douze pains , six d'un costé
& six de l'autre , montroient que les A-
postres seroient divisez dans le monde.
Ilse11:oient auprésde l'AuceIdu Thymia-
me, où il n'y avoit qu'un seul Sactifice
,
& un parfum très-délicat & treS-deli-
cieux ; ce qui figurait l'unité de Jesus-
Christconsommé en Ton Pere, & sacri-
fîé à sa gloire, sous la diversité des elpe-
du pain seule viélÏ111e au milieu
ces , une
de tout, quiest toute aneantie 8c con-
sommée en Oiaisons trcs-douces 8c
agreablesaux sentimetis de Dieu.
Le Chandelier à sept branches & à sept
Ad lumieres representoit encore Nostre
.H ch. 9. ,
Seigneur comme Prestreen son Sacrifice,
x,
à cause qu'il est au tres-auguste Sacre-
ment de l'Autel & l'Autel , 8c le
,
Sacrifice 8c l'Hostie 8c le Prestre.
, ,
Et dans l'Eglise de Dieu , le Prestre est
constitué Prestre par sept Ordres divers
,
quatre moindres 8c trois grands , qui
tous ne font qu'un Prestre. C'd1:oicnt
sept lumieres ordonnées ,pour faire une
pleine lumiere ; comme on dit que ces
sept caractères & ces sept Ordres ne
font qu'un seul caractere parfait 8c un
seul Sacrementaecomply.
,
Ces sept lumieres representoient Jesus-
Christ Prestre, remplissantde clarté tout
le monde, signifié par ce nombre de sept.
Parce que Nostre Seigneur estant dans
la personnedes Prestres les soutient 8c
,
vivifie par sa vertu 6c les éclaire par sa
,
lumière, Se tous ensemble nefontqu'un
Preltreen Jesus-Christ vivant en eux sé-
lon la dignité de Prestre. Il eltdoncre-
presenté comme Prestre en'ces sept bran-
ches & lumieres ; Comme tel, il est rem.
ply des donsdu Saint Esprit : Il répand
dansl'Egliseses graces par les[cprSacre-
mens ; il éclaire tour le monde de Dieu,
& tout luit par sa lumière. Ainsi pat
l'ordre de Dieu l'Eglise de l'ancien Tc- ihid. 4.
,
stament recevoir jour de taos Mystcres
,
Jk voyoitdans l'extericlIr de [cs signes,
ce qu'un jour nous devions posseder
dans la verité
C'estoit encore dans le Saint des Saints,
où on voyoit la Manne le Pain des An-
,
ges & duCiel ,qui represetitoit bien plus
nettement l'estarde Jesus-Christ dans le
Ciel que les Pains de proposition : car
,
les especes du pain sont les voiles de
Jesus-Christ sur terre,quiestoir represea-
tée par ce quel'on voyoit dans le Saint
des Prestres.
Il y avoitencore dans le Saint desSaints,
ibid.
les Tables de Moyse qui estoient tou- 4.1«

,
tes ouvertes , à cause que Jesus-Christ
nostre Loy sera tout découvert Se mani-
,
festédans le Ciel.
On y voyoit la verge d'Aaron fleurie ,
tlid. 4. qui expliquent l'estat du Sacerdoce de
Jesus-Christ dans le Ciel, qui est un Sa-
cerdoce eternel & une fleur de bonne
,
odeur qui ne flétrira jamais. Sacerdos in
aternum, fecundkm ordinern Melchisedech.
lesus-Chrisi s'offrira continuellement à
lf41. Dieu dans le Ciel, & tous les Saints avec
150. 4 luy dont il fera une Hostie immortelle,
,
& un Sacrifice perpetuel, different du Sa-
crifice d'Aaron quiapery & quiaestê
, ,
accomply sur l'arbre de la Croix » laquel-
le est cette verge d'Aaron : Verge morte
en effet mais de laquelle le Fils de Dieu
,
ressuscite, & où il refleurit , pour estre
fait Prestre sélon l'ordre de Melchisedech,
le
comme marque David : Et au jour de
il
son AscenlÍon, est déclaré grand Ponti-
fe avec serment pour s'estrefait raitv'crime
,
sélon ce mesme Ordre j à sçavoir pour
s'erre nonseulement immolé sur laCroix,
comme les Prestres d'Aaron immolaient
les animaux en les égorgeant mais aussi
, s'erre
pour s'estre jetté en son Pere , &
consomméen luy, afin d'y achever le Sa-
crifice qu'il avoir commencé [urlaCroix;
de mesme que ces Prestres laissoient au
feu à consommer les victimes qu'ils
avoient immolées. Si bien que comme il a
paru Pontife seion l'ordre d'Aaron sur la
Croix,
>roix , en rccompenfe de s'cstre offert
pour y estre vime a
la gloire de son Pe-
re, ainfiil déclaré Pontife seront l'or-
est
dredeMelchisedech pouravoit achevé
le Sacrifice & 'erre ,
, s consomme dans le
feu de ion Pere,
comme viCtime à sa gloi-
re. Et cette dignité luy est donnée apres
avoir détruit ses ennemis les Roys & les
Princes du monde il arriva à
, comme
Mclchisedcch, qui offrit Sacrifice
ce apres
la defFaite des Roys d'où
retournoit Gen. 14.
Abraham. <

C est du milieu de cette


mort & de celle
de Jesus-Christ
, que seleve le
Sacerdoce
selon Mclcliisedech qui offioitsous
, le
pain & le via de mcsme que Nostre
,
Seigneur commença son Sacrifice, l'in-
si:rua sous le pain & le vin où il fust
consommé en secret ,
par advanceen son
Pere sous les especes & d'où il tira
, des
forces pour endurer la
mort. D'où vient
qu'en cette action se recevant luy-mes-
nie immortel & glorieux, sous un corps
k
souffrant 8c mortel on voyoit la mort
jointe à la vie 8c ,cette d'Aaron
, verge
prendre vigueur & vie,
pour fleurir dans
le jour de (a Resurrc&ion & estre alo
, s
cette parfaite verge fleurie : à cause qu'il
estoit luy.mefmede la
race d'Aaron par
la Sainte Vierge , & qu'il devaiten ac-
complir le Sacerdoce , offrant la verité
qui répondoit à ses Sacrifices. llestoit
toutesfois descendu de lalribude luda,
à cause qu'il devoit encore offrir un Sa-
vfat; crifice en sa Royauté establie au jour
,
6. de sa Resurreftion ; ConstitutHifum Rex
abeosuper Sion montem & qu'il avoit
aestreassispour jamais surie Thtône de
>

Iuda, qui n'estoit point d'Aaron. Il y


devoir aussi ef\:reune viéHmeperpctuelle
presentée sur un Autel lequel seroit un
,
Thrône,&nonplus unecroix,àcauseque
son Pereest son Thrône Thronus tutu
Ad fieb• ,
it a. De tu & le lieu ou il presente son Sacri-
,
fice dans l'immortalité de la gloire,
fondée sur sa mort. Et c'est cette verge
d'Aaron fleurie qu'on void dans l'Ar-
,
che d'or du Paradis qui est Dieu
,
mesme.
Là enfin on voyoit les deux Cheru-
"Atl
Htbr. bins qui representoient le Pere&leS.
,
0. S' Esprit, recevans le grand Prestre Jesus-
Christ qui y entroit en ses parfums.
Le grand Prestre y entroit une fois l'an-
née environné d'encens perdu dans
, ,
la fumée des parfums ; & par là repre-
sentoit le Fils de Dieu entrant dans le
Cid ou au jour de son Ascension ac.
compagne de tous les Patriarches & les
Prophètes où au jour du Iugcment
,
qu entrera dans sa gloire avec tous
'il
les Bienheureux rempli (Tant tout le
,
sein de Dieu des parfums de leurs loüln-
ges. Ce qui est repreièntéen la sainte
Messe lois que le Prestre
, monte de la
terre a l'Autel , où entrant il dit
Aà SAnaa Sanftorum meretmur , ,
in-
troirc ; & mesme aussi-tost il commen-
ce de faire des enccnCemcns tout al1
tour de l'Autel , qui representent ces
grandes & universelles louanges
que
toute la compagnie des Bien-heureux
rendra à Dieu par Iesus-Christ
, en-
trant au Ciel , & pour cela le Diacre
qui represente toute l'Eglise 3c
,
particulier le nouveau Tcstament, du-
^
en
quel la grace doit care répandue dans
l'ancien afin qu'il soit aflT cié à l'E-
,
glise par qui proprement elle est for-
,
mée , en qui elle e,si; fondée qui rend
à Dieu les louanges ,
en esprit & veri-:
té & de qui seul Dieu
, en reçoit a-
greablement à cause qu'il est à
Jesus-Christ , l'unique & veritable uny
#
louange de Dieu : pour cela dis-je,
le Diacre representant l Eglise ,
& le
nouveau TeÍtame.nt tient la navette
,
où est l'encens
, pour marquer qu'il
donne à Jesus-Christ toutes les ames,
representées par les grains d'encens,
afin qu'il les consomme en luy à la
gloire de Dieu , & que par luy l'Eglise
le loue. Et c'est pour cela mesme que
le Diacre baise la main du Prestre, pour
témoigner qu'il adhere à ses louanges ,
& qu'il n'est qu'un avec luy en sts
offrandes.
II r RE
SECOND.
DU COMMENCEMENT,
DE LA
GR AND'MESSE
AU BAS DE L'AUTEL.
CHAPITRE I.
Vu rcvefiement de 14 Chasuble
4N Pied de l'Autel.

A Pres la Procession, le Prestre se re-


vest de la Chasuble au pied de
l'Autel, & non pas dans la Sacristie :
parce que jesus Christ Nostre Sei-
gneur s'eH: revestu de nostre infirmité
representéeparla Croix & la Colomne
de la Chasuble sur la terre & non
, , chair
pas dans le Ciel. Il n'a pas pris
humaine dans le sein de son Perc figifc
ré parle faine lieu de la Sacristie mais
,
,
il l'a prise surla terre Et pour cela le
*,

Prestre prend la Chasuble inplano ; Ce


n'est pas sur les marches de l'Autel, qui
j

sont my sterieuses, 6c qui sont des voyes


élevées de la terre ; mais c'est sur la terre
qu'il se revef1:e de nostre chair. EtVer-
in
bumCatofaElum est, & habitavit nobis.
Et cette ceremonie se pratique particu-
lierement les Dimanches à la Metre de
Paroiflc qui est la Mesle accompagnée
,
de toures les circonstances, qui peuvent
faireentendre le plus sensiblement qu'il
sc peut aux Fideles
nos Mysteres cachez »
& pour leur mettre devant lesyeux ce
qui s'est paue autrefois en Jcsus-Christ
Nol1:re Seigneur, pendant sa vie ; & ce
qui se passera jusques à la fin du monde
en la personne de ses membres & de sa fi-
delle Epouse qui est l'Eglise comme
, ,
on le verra dans la suite.
La Chasuble represente l'habit de
Jesus Christ en gloire & en infirmité.
Elle est un habit de cette vie& de l'autre.
Elle represente cette vie entant qu'elle
la*sfele.s mains libres ,
pour agir , ce que
n'a pas le Pluvial, qui tient les bras fer-
mez , & qui montre que dans le Ciel on
n'agit plus, on n'y merite plus, on y est
environné de la gloire de Dieu &abfor-
,
bé dans la contemplation de sa beauté ;
ce qui est figuré par ce grand tour de
vestement qui nous environne dans le
,
Pluvial & qui nous tient couverts,
,
perdus ôc absorbez entièrement sous
,
!uy. Que s'il reste dans le Ciel aux
Saints quelque liberté d'operer sur la
terre, c'est paraffection pour nous. Four
celaon laisse l'E stomach un peu ouvert,
afin de marquer que le cœur des Bicn-
heureux est ouvert pour les hommes, &
qu'ils peuvent encore étendre leur bras
sur nous, pour nous donner la benedic-
tion de Dieu , & nous faire pleuvoir la
toCéedesa grâce ; c'est pourquoy le Plu-
vial ne laiilè la liberté au Pierre que
pour le b'mr.
La Chasuble devroit care beaucoup
plus ample qu'elle n'est pas, àcause qu'-
elle represente J::sus...Christ revenu de
gloire ; toutesfois avec les marques de la
Croix & autres figures de sa mort : parce
que dans le Ciel il les portera toûjours,
& offrira sonSacrifice à Dieu, dans le-
quel il comprendra sa mort & Ces souf;
lances.
CHAPITRE II.
De la reverence ougenuflexian.
A Prés que le Prestre s'est revestu îi
,
vient au pied de l'Autel, & fléchit
le genoiiil avec le Diacre & le Soudiaere,
où s'inclinant profondément, pour pro-
tester la reverence & lerespe& avecquoy
lesus-Chr.ist s'est prosterné devant son
Père au moment de sa venue au monde,
sedédiant à luy, & offrant avec luy tous
les fidelles In (pla voluntate/anéificati
.Ad Htb. ,
IC. 105, fumus ; Nous conficrant & dédiant à
Dieu pour estre ses hosties vivantes %8c
pour souffr ir un jour la niort en son Es-
prit de Sacrifice, afin d'entrer aprés dans
le Ciel avec luy, comme vi&imes
con-
Ffal. somi-nées Introibo in domum tuam in ho-
,
6f. IJ. locmflis. Et pour cela ils selevent
tous
trois ensemble, pour dire Introibo ad
ait are Dei. ,
Par cette élevation ils expriment,
qu après avoir adoré Dieu en esprit d'a-
neantiflement & de mort ils csperent
,
d'entrer dans le Ciel, & de l'élever
Ad la par
1.
'rh-Is.
Resurre&ion en la gloire de Dieu,
4. Il. Rapientar obviam Christo in aéra Nous
f
serons élevez de la terre , pour entrer
avec luy dans le Ciel en esprit de louan-
& de bénédictions, & dans l'estat de
ges
consommation parfaite comme des ho-
locaustes pour estre mis avec lesus-
,
Christ sur l'Autel de Dieu , où nous
monterons tous ensemblc apres ce Saçri-
sice de la Croix. C'est pourquoy apres
avoir fait le fignede la Croix, ils com-
mencent Introibo & en suite ils mon-
,
tent enscmble les trois marches de l'Au-
tel ; ce qui signifie l'élévation des Saints
avec Je(us-Chnn: dans le Ciel apres
,
avoir exprimé la Croix & la mort de
Jesus-Christ, & aptes avoir imité sa pc-
nitence en terre comme l'expriment
, l'Introibo du
toutes les paroleg de 6c
,
Judtca qui le suit avec le ConjiteQr, com.
me nous verrons cy-aprés.

CHAPITRE III.
Du Signe de la Croix.
IL faut remarquer que l'on fait le sr-
gne de la Croix au commencement de
cet
raisons ,
auguste Sacrifice pour beaucoup de
& entr'autres pour celles-cy.
Premièrement on dit ; Au nom du
Père, du H's, & du Saint Esprit en
faisant ce ligne vénérable de la Croix, ,
pour marquer qu'on offre ce divin Sacri-
fice à l'honneur de la très. sainte Trinité,
par les mérités de la Mort & Passion de
Jesus-Christ, sans quoy nous n'aurions
mérité d'avoir entre les mains cette di-
vine Hostie pour appaiser Dieu : Et le
Prêtrequi representeJesus Christ,fait
ce figne sur soy, pour dire que c'est par
ses merites qu'on offre ce Sacrifice &à
;
mesme temps le Diacre & le Soûdiacre
le font aussï, pour témoigner que toute
l'Eghsefe sent obligée de ce saint Sacri-
fice aux merites de la mort de Jesus-
Chril1:, lequel a obtenu pour
nous,
tous les biens dont nous )oui(Ïons , Se
entre-autres le Saint Esprit de Jefus-
Christ, qui nous donne cetre vertu &
cette puiŒ1l1ce de presenter à Dieu ce di-
vin Sacrifice, ne pou vans pas l'offrir sans
estre oindfcs & appeliez de Dieu,
comme
Aaron, & comme NostreSeigneur mes-
a
me, qui par le choix de son Pere esté
fait Pontife selon l'ordre de Melchise-
\Aâ
à
dech : Qui vocatur Deo tamquàm AIt-
Htb. s. ren, quemadmodum & in alio loco dicit:
4. & 6. Tu e4 Sacerdos in aternamfecimdhm ordi*
tiem Afilchifedeeh.

*
De plus, le Diacre & le Soudiacre
font encore le Signe de la Croix, pour
dire qu'ils vont participer par ce saint
Sacrifice, aux dons, aux grâces & aux
,
meritesdeJe[us-Christ, qui en sa Com
, -
munion nous apportera tous les tresors
des graces & bénédictions qu'il nous a
acquises par sa Croix , & pour cela ils
font sur eux ce ngne comme disans : La
,
Croix de Iesus-Christ & sa mort seront
répandues en nos coeurs. Ce figne cst
utile à cela > & il cstbon de sc renouvel-
ler louvent en ce sentiment & en cette
devotion 5 pour ne point faire un ligne si
augul1:e & si utile à lame, sans reveren-
ce ,ou par coustume ; ce qui doit moins
arriver aux Prdhes,\c[quels sont exhor-
à
tez cette pratique pat l'excellence des
Mysteres qui y sont representez , ÔC
qu'ils voyent atlez clairement en esprir.
En (econd lieu , on fait le figne de la.
Croix à l'entrée du saint Sacrifice ,
disant Au nom du Pere, & du Fils, &
,
du Saint Esprit en mettant la main au
-,

sions, on prononce le nom du Pere & >

puis portant la main au ventre , on dir,,


au nom du Fils; & apres portant la main
de l'épaule gauche à la droite * o i invo-
le
que nom du Saine Esprit. Cela porte
de grands Mysteres & déclaré naïve-
,
ment toute nostte Religion en ce qu'el-
le a de plus important de plus magni-
fique, qui est cér adorable Sacrifice de
l'Autel.
Et pour l'entendre il faut concevoir
S. L où dit saint Leon >

si/- r. Il, ce que Agltmus gratias


:
<J -t . Deo Pati pu Filium ejns in Spiritu
'I/amwi. SartEio
: Nostre Religion connue à
rendre grâces à Dieu le Pere par san
Fils en (on Saint Espiit. C'est
pour-
quoyce Sacrificeesten partieinstituéen
action de graces ; Se pour cela nommé
Eucharistique, comme mesnie la Présace
ledit tous les iours hauremenr Grattai
:
agamus Domino Deo nofiro &c. Per
Christum Dominant nostrum , Rendons
-,

graces a Dieu le Pere nostre Souverain


Maistre par nostre Seigneur lesus-
,
Cbrist en l'Esprir duquel les hommes
,
& les A nges louent & glorifient la Ma-
jessé de Dieu; & disent d'une seule voix,
c est à dire , animez du mesme e[prit,
Saint Saint Saint,
, * ntiavocs dicentes,
SanElus Sa^Etas S Elus. Le mesme
j , an
Efpiit est répandu dans le Ciel & icy
bas rous lesFideles; à sçavoir ,l'Efinic
de Dieu donné à lesus-Christ ,
; car nous
avons en nous le mesine Esprit qu'il
avoit non pas en telle abondance Be
efFu/îon,
,
mais néanmoins le mesmc en sa
substance. C'est
pour cela que quand le
Prestre ou les autres font le figne de la
Croix disans ces paroles & du Saint
, ,
Hsprit ils tirent la main d'une
, extre-
mité du corps à l'autre c'est à dire, de
i
l'épaule gauche à la droite partant
, en
par la poitrine , pour dire que le Saint
Esprit est répandu dans les
coeurs de
toute l'Eglise , où il prie pour nous, Se
nouséleve à Dieu en sa vertu. Chantas A4
f
D(i diffusa est in cordibus nogris per 4'
Spiritum Sanftum qui datus ell nobis
, :
l'Elprit de Dieu est répandu dans
nos
coe ,,irs& nos poitrines , qui nous fait
soupirer & gemir avec des soûpirs iné- A 4
narrables : Ipse Spiritus poftulatpro nobis R.:.'"..
gemitibus inenarrabilibtts. t8. i~

Or cét Esprit est répanduen nous &


en toute l'Eglise, ( comme il paroist par
Taniondesdc ux .xcremirez du corps du
Prestre ,&pai celle des deux épaules &
de la poitrine qu'il joint en un dans le
lignede la Croix,) habite seimblable-
ment dans le œur de l'Eglise , à sçavoir
dai-s Iesus Christ au tres-saint Sacre-
ment ; c'etH là le vr y cœur & la vraye
souicedcyie dans l'Eglise : c'est lepre-
mier vivant : c'est celuy qui repose au
milieu de nous,pour nous vivifier d'une
vie ardente & abondante. Pt vitam ha-
loan.
le, 10. béant &- abundantius habeant. C'est
,
donc luy, c'est à dire Jesus-Christ en
,
ceSacrement animé du Saint Espric,. ,
,
qui osEe à Dieu des loüanges& des priè-
res, qui offre sa penitence , & qui de-
mande pardon pour nous ! c'est luy en
ce Saint Esprit , qui fait toutes sesprie-
tes) & rend tous ses devoirs , répandant:
en nous ce mesme esprit quien:en luy,&
qui fait prier & loue;: Dieu dans toute
l'Eg!ise,en union à luy. C'est pourquoy
à la findesOraifotis, on dit, In unitate
>
Spiritus Sanïti. C'est en l'unité de cét
Esprit qu'on a commencé la priere en
disant, Oren^ut ; c'est à'dire Prions,
,
ensemble & en joignant les mains qui
*,

marquent les deux extremirezdu Corps


dcjesus-Chrifc ; & les mains se joignent
sur la poitrine ou sur le coeur pour té-
,
moigner qu'en vertu du Saint Esprit
toutel'Egliseest unie à Jesus-Christ, , &
qu'elle enrreen unité de pricres par la
per[ol1Rc du Saint Esprir qui prie
) en
tous, & au flï bien dans les F ideles qu'en
Issus-Christ aussi réellement en nous
, luy,
tous comme en
t
Il faut donc conlidercr dans le Corps
del'EgliCeleSaint Esprit répandu dans
le cœur de rous priant le Pere Cla- Ad
,
soupirant, G</. 4,
mantcm Abb* Pater, & apres 6.
le Pere incertain ment. Et pour cefujet,
nous mettons la main au front , qui en:
un lieu de majesté en prononçant le
,
nom de Pere pour donner à connoistre
quec'cHau Perc à qui on s'adresse &
,
qu'on regarde en ce Sacrifice , comme
celuy dans lequel la Majesté divine re-
pose comme en Ton Thrône pour rece..
,
voir tous les devoirs de la Religion.
Cette auguste & adorable personne du
Pere, eltainliconsideréeen ce saint Sa-
,
à
crifice commecelle laquelleparticu-
lierement & nommémenronoffrela vie.
time , quoy que réellement on l'offre
aux trois Personnc:, de la tresHsaintc
Trinité, qui sont toutes également pof-
sedantes la Majesté de Dieu lequel re-.
,
çoit le Sacrifice en soy , & par conse-
quent en ses personnes où il habite
>
inséparablement ; mais parce que le Pere
n'est j ,ima*-Ls descendu du Thrône de
grandeur & de majesté où il habite,pour
tèvenir rendre parmy nons Religieux,
comme son Fils & son Saint it
E£pl ; de
là vient qu'on le regardeen sa Majesté,
& les autres personnes comme ayans
part au Sacrifice , & le rendans à Dieu
ellc.mcsmc, puisqu'elles se sont meslées
parmy nous, pour y presenter & offrir
au Pere le divin Sacrifice que nous n'o-
ferions pas, ni ne pourrions jamais luy
Offrir par nous-mesmes.
Le Pere estdonc personnellement ce-
luy auquel on offre le Sacrifice, comme
nous l'avons déjà remarqué dans l'avant-
propos, & comme mesme le témoignent
ces paroles > Te igitur clementi/fime
,
Pater Per lefum Christum : Nous
,
vous prions, Pere Eternel , par vostre
Fils Jesus -Clirift. Cela sedit apres avoir
levé les yeux & les mains au Ciel, com-
me y regardans le Pcre , danslelieude
sa gloire & dans le Throsne de sa Majes-
té où on doit le contempler en sa digni.
,
té pour luy rendre les souverains hom-
,
mages & les devoirs de la Religion. Et
pour cela mesme N. Seigneur instruit ôc
excite son peupleen la priere à leconfi-
,
dcrerencér estat lorsqu'il dit Pater
, ,
nofier, qui es in G œlû, Nostre Père, qui
fMart.
t. ?. cstesés Cieux. Ce n'est pas que Dieu
le Pere ne toit par tout ; mais il est dans
le Ciel, d'où il n'est jamais deseendu il
:
cst là dans (a Majestç & y paroistdans
,
l'éclat & la pompe de sa dignité divine,
pour y recevoir les hommages deûs à sa
;
grandeur. Etc'dl en ce lieu où il nous
»
le faut contempler, pour luy rendre avec
respect nos adorations, & pour offrir ce
:

;
Sacrifice comme
, le dernier devoir
tre Religion augusic dans la rcverencc
qu'on luy doit.
de nô-

On mer donc la main au ront , pour


represetirer la dignité du Pere habirant L-4Ç,.s.
dans les lieux haurs : Gloria in aîtijjimis 14.
Deo. Nous mettons la main au fronr,
pour montrer que c'est du haut du Ciel
que le Pcre Eternel a envoyé en terre son
F ils,qu'il avoit engendré de toute éterni-
té & qu'il portoit dans son sein.
,
Nous representons encore la voye de
génération du Verbe qui est l'intelli-
,
gence ; àcauseque le Pere se contem-
plant, exprime ce qu'il est , &produit
enluy-mesme sa vive image, qui senom-
me le Verbe; c'estàrlire, une parole qui
.
exprime & qui fait entendre ce qui est ca.
chéen Dieu mesme dans un profond se-
cret. LeFilsde Dieu est une expression
de ce que Dieu est en luy-mesme : il est
reposant dans le Pere la premiere person-
ne : c'est une figure & un cara£fcere naïf »
qui comprend & qui exprime en foy
tout ce qu il y a en Dieu ; le Verbe divin
est une personne qui contient l'original
& la copie : il comprend Dieu comme le
Pere & il est eocore sa figure.
»
C'est en cette representation
quecon-
siste la personne du Fils qui est ainsi la
,
parfaite expression & la gloire immense
de Dieu : c'est luy qui en un dit &
mot
raconte tout qui est Dieu : & c'est ce
Verbe qui cst venu en terre representer
aux hommes ce que Dieu est pour le
leur faire adorer ,
pour leur donner
,
l'amour de sa beauté & de sa splendeur
:
c'est ce Verbe fait chair quifaisoit pa-
,
roistre les rayons de sa Majesté Divine
en
sa nature humaine & faisoit voir
, au
travers des rideaux de sa chair, qu'elle
efloit la beauté cachée de son Pere:
J»AH, Philippe, qui viditme, videt & Pat
rem.
44. e.
Qui me void il void mon Pere : celuy
,
qui peut voir cemiroir ilvoicenmes-
.
me temps la petsonnne qu'il reprefente*
Ce que ie miroir contient est la per-
c
sonne comme reproduite , son
en exte-
rieur, qui est montrée & manifestée telle
qu elle est au dehors: où au contraire le
Verbe n'est pas miroir representant
l extérieur de Dieu qui n'en a point,
maisdiane le miroir de
tout l'EstreDi-
vin, & du plus Intime de sa substance, il
exprime tout l'Estre de Dieu ; 8c dans le
Verbe, Dieu est comme reproduit, c'est
luy-mesme se representant en cette Ce-
conde personne, Se cette seconde perron-
ne prend chair humaine, & nous vient
imprimer une idée & un caractère nou-
veau de Dieu son Pere : elle nous vient
remplir l'esprit de la lumiere de son Pere,
Illuminât omnem hominem venientem in 1J'''-
1. 9.
hune mundum, elle vient illuminer tout
homme qui vient au monde, pour luy
montrer la beauté de Dieu [onPcre:, lk
tenouvellce cette lumiere effacée dans
nostre premiere origine par la malice du
péché & par la souitraâioti de la grâce,
,
de laquelle nous avons esté privez ¡uflc..
ment , comme du plus grand bien qui
nous pûtestreosté.
Ce Verbe s'est fait chair, & s'est rc»
vestu de nostre infirmité j il a pris un
corps en renemblance du peché,
,
estoit la ressemblance de son Pere pour
s'anéantir davantage, & pour nous me-
luy qui

riter de jouir de cette ressemblance & de


la lumiere de son Pere : il se met au des-
fous de tous pour attirer sur tous sa
, le croix,
grâce: Et amd dans ligne de la
en portant la main du front au ventre j
on dit, Au nom du Fils, pour montrer
que le Fils S'est fait Homme » qu'il s'efë
aneanty , & qu'il est descendu dans le
ventre de la fres-sainceVierge où il a pris
le corps d 'un serviteur Servile in-
, corpus
duit, se mettant au dessous de tous les
hommes, Semetipfimexinanivit, &pre.
ki
Phil. 2 nant la forme d'un servireur,Formamfer-
7. vi acct*ptens ; pour rendre à Dieu tous les
devoirs que les hommes croient obligez
de luy fendreen qualité de serviceurs, &
qu ils ne luy avoient rendus non plus
que les Démons ; à quoy il venoit tatis-
faire, reparant ainli envers Dieu les
man-
quemens des uns 5c des autres ; toutes-
fois avec cette difference, qu'il rend les
hommes participans de ses merites, &
en
prive les Démons reparant néanmoins
,
également les torts de tous les deux 8c
satissaisant pleinement , les
pour tous
deux a ce que Dieu avoit deû recevoir
,
de leur part, dont il eustesté privé
pour
jamais si Jesus-Christ n'eût entrepris
,
leur tatisMion & s'il n'eût rendu à
,
Dieu ce qu'ils luy avoient dérobé à
cause que les Demons en toute l'eternité ,
ne sont point suffisans de satisfaire à
Dieu, &nefaifansque pâtir dans leur
géhenne, ils entrent tous les jours en des
debtes nouvelles , bien loin de pouvoir
p reparer en
leur petitesse, vileté & misere,
aucune injure niblasphême, qu'ils ayent
jamais vomy contre la Maiesté de Dieu.
1

N
Pour cela donc , Nostre Seigneur
j s'anéantit pour nous & pour eux envers
Dieu, il se met en esprit aux pieds &au

en s ,
dessous de tout ; il descend ainsi en terre
s'aneantiÍfant remetipirum txinânivit,
& c'est à ce suiet que l'on porte en bss la
Ad
phu.
7.
t,
main en descendant du chef, qui est ce
, Majesté, disant Au du
lieu de : nom
Fils ; c'est à dire, le Fils elt (ortydulem
du Pere, du lieu de sa grandeur &.desa.
Majesté, &s'est aneanty en de[cetidatit
sur terre, prenant la forme de serviteur,

,
& voulant mourir à la Croix. Il ne pa-
roist rien de sa Majd\:é de sa pompe,de
sa splendeur de son empire sur toutes
,
choses il s'anéantit en tout son estre
*,
à
Divin par lequel il est égal Dieu le
,
Pere, & ne luy fait point de tort quand
à il
il se dit égal luy ne luy dérobe rien
de sa splendeur, & se disant semblablc
à son Pere il ne fait pas comme le
,use de rapine,de larcin,&de
Demon,qui
sacrilege,se voulant faire egalaDicu,8C
disant qu'il sera [cmblableauTres.haut;
jnal-heureus qu'il cst > aveugle en sa
superbe, il dit, qu'il montera pour estre
égal à Dieu ; & ne voit-il pas qu'il se
contredit ? s'il doit monter, il est donc
moindre que son Dieu qui est au dèssus
,

,
où il veut s'élever : s'il
veut monter ,
il ne peut estre Dieu : car Dieu estant le
Tres-haut il ne sçauroit
monter , il ne
sçauroit aller au dessus de ce qu'il est
;
& s il le pouvoit il ne seroit plus le
Tres-haur.
Et Jesus-Christ Nostre Sei gneur,
ou plûtost le Verbe , lequel est sembla-
ble au Tres-haut a voulu descendre
,
pour reparer cette insolence du Démon
de vouloir entreprendre de ,
monrer au
Trône de Dieu ; & cette offense sacrile-
geluy est si odieuse qu'il veut luy-mes-
}
me s.-itisfaire à Dieu son Pere, & luy ren-
dre l'honneur que le Démon n'a pû
te-
parer mesme par sa condamnation ; car
quoy qu'il soit tombé dans les enfers, &
qu 'il ait este precipité dans*"le fondées
abismes par un trair delà colere & de
,
la vengeance de Dieu il
, ne luy a pas
néanmoins Ltisf;dt
pour l'insolence
énorme deson crime c'cst
: pourquoy le
Fils par un trait impetueux d'amour
, >
par unexcez ardent de charité deicend'
sur la terre, il se met au deilous ,
destin-
nistres de l'Enfer qui l'ont crucifié il
,
porre en sa personne le jugement deDieu
son Pere contre le péché du monde, &
contre celuy mesme des Démons ; Se
ainsiilluy satisfait pour tous les crimes
imaginaires.
A pres cela il ne faut pas s'estonnei* s'il
monte au Ciel, non seulement au dessus

des hommes, dont il s estoic fait le servi-
teur, pour leur administrer la grace & le
salut de l'Evangile: mais encore au des-
' sus des Anges apres s'estre fait viaime:
,
pour rendre à Dieu la gloire que le pe-
ché des Demons luy avoit ostée quoy
,
que pourtant il leur en ait laissé la peine
& la rage se chargeanr de l'honneur Se
,
du plaisir de satisfaire à Dieu son Pere
qui l'a élevé au dessus de tous les Esprits
,
celestes,pour la nature desquels il s'estoit
ane.irity : & c'est de quoy les Anges luy
sont si redevables qu'ils luy rendent
,
dans sa gloire de conrinuelles avions de
grâces , d'avoir fatisraic au peché que
leur nature avoit commis & qu'ils
,
estoient honteux de ne pouvoir reparer
en leur personne par leurs hommages 5c
soûmissions à Dieu parce que tout ce
,
qu'ils pou voient offrir ils le devoient à
,
Dieu pour eux mesmes ; & R'ayans
n'efloient pas en pouvoir de payer pour
autruy.
Le seul Fils de Dieu qui ne devoi
,
rien à afbn Pere,adû se charger des debtes
des hommes & des Anges & luy seu
>
qui avoit en soy infiniment de quo
payer, a pûestrela caution des hommes,
& le (upplé111entdes Anges satisfaisanÉ
" pour la superbe des Démons , par (011
aneantissement ; d'où apr es il s'est élevé]
en gloire au dessus de toutes cho[es\ & estî
entré dans l'Autel de Dieu Introiboad
,
altare Dei : montant par dessus tous les
Anges representez par les troisdegrez du
pied del'Autel,q ui sont figures des trois
Hierarchies,au dessous desquelles Jesus-
Christ s estoit aneanty : Nusquam
;A
gelos apprehendit fed semen
1

Heb* brah<t
,
2. 16. apprehendit : car il est non seulement
descendu au deflbus des Anges se faisant
homme & des hommes en sa Passion ;
,
mais encore il est descendu jusqu'aux
Enfers. Quod autem aftendit quid est
:Ad ,
Eph.
nist quia & defcenditprimum in infiriores
. 6. partes terra? Qtfestceluy qui est monté
aux Cieux", linon celuy qui est premie-
rement defeendu dans les parties plus
balles dela terre, où il est descendu reel-
lement après sa mort. Durant sa vie il a
toujours
toujours habité en esprit dan* le plus
bas lieu parce qu'il cstoir chargé des
,
crimes de tout le monde, & en la fainte
Cene il a voulu sc mettre mesme aux
pieds de Judas, la plus criminelle des
creatures; ce qu'il faHonp!us d'cfprit
quede corps, disaiit,,qu'il cfloit chargé
des pechez de ce milerable, aussi bien
que des autres, & de ceux de Antc-1

christ mesme & qu'il vovo.t sur soy


,
bien plus de crimes que sui J udas & sur
chacun des Démons portant sur ioy
,
ceux des Démons & des hommes qui
"onr jamais vescu, qui vivent, & qui vi:".
vront jusqu'à la fin du monde.

CHAPlT1\ E IV.
Suite du mefine suist duStgne de
La Croix.
Cbe' st
E donccétabbaiflèment du Ver-
be que nous representons, quand
: nous portons la maindelatesteau bas

É de Testomach, en prononçant le nom du


1 Fils abbaissé, avily, & aneanty en sa
,
| propre personne. Et il faut remarquer
S que ce ligne de la Croix se fait au com-
menccment de la Mesle , & Couvent a
reste du Sacrifice, portant la main du
haut de la teste au bas de l'estomach, &
d'une extremité des épaules à l'autre : ;
pour marquer qu?c'est le Sacrifice de la 1

Croix que Nostre Sugneur Jesus Christ


va representer en route cette adion;dans
lequel Sacrifice nostre Sauveur a esté ab-
bieuvé par tour son corps, de fiel & d 'a-
l.b 10, mertume, & saoulé de misere & d'af.
if. flid:ion Saturatm afflitïune & miftria.
,
Il a porté sa Croi x sur tout luy-mesme,
& durant toute sa vie n'ayant aucun
>
endroit sur luy, exempt de mortifica-
tion & de douleur.
Et comme cette premiere partie de la
Mdre, qui sedit au bas de l'Autel est
,
la description de la mort & des souf-
frances du Fils de Dieu, & de (on Sacri-
fice en terre,qui a precedé le Sacrifice
qu'il offre dans le Paradis à (on Pere ; à
ravoir , luy-mesme consommé pour sa
gloire, & pour le salut du monde : de là
vient qu'auparavant que de monter, ii^
fait cette desèription de sa morr par lef
figne de Croix, qui est reïteré plnÍieur$\
fois dans le Sacrifice, pour nous donner
à connoistre que la vertu la grâce, & la
,
Jpenedidlion qu'on reçoit viennent des
;
merites de la Croi x. Ces lignes de Croi x
:
sont des memoriaux de la source & à
*
,
mesme temps l'expressîon de la mort, &
la vive prelentation de la Croix deJcsus-
Christ Et c'est la troisième raison du
figne de la Croix au commencement de
Mdfe.
,la
! C'est pour cdame(me que le Prestre a
:,'I'F-stolc
en Croix étenduë sur luyde-
puis la resteaux pieds,pour si-
gnifier cette grande Croix dont Iesus-
Christ fut couvert à sa mort, où il n'a-
voit partie en son corps & en son ame
qui ne sur affligée 3c pleinede douleurs.
Ainsi mesme il porte le Manipule de lar-
mes & de douleur, Manipulant fletHI & A'foe»
doloris qui lignifie le mouchoir dont 9. 13*
,
Dieu doit essuyer les larmes de san FiJs
dans la gloire. Et en revenant son Aube
il fait mention du Sang de l'Agneau im-
molé à la Croix Vtin Sanguine AgnUl
de-ilbatus : à cause que cét augull:e Sa-
crifice pénible & sanglantde la Croix
,
entant que Icius-Christ offre en celuy
de l'Autel, toutesses peines & ses fouf-
frances, & celles de tous. les hommes»
qu'il luy offre toutes ses peines & celles
de l'Eglise ; en un mot, qu'il presente à
Dieu son Pereront ce qui luy peut plai-
attirer sa misericorde sur nous.
rc, pour Fils
On represente la mort du de
Dieu & son estat de penitence , devant
de l'Autel & d y offrir 1Il
que montera »
Sacrifice du Paradis,pourenseigneraux
peuples & pour leur representer au1
,
naïf, la voye par laquelle il est parvenu
à la gloire de Dieu \ n'ayant consommés
son Sacrifice qu'après avoir souffcrt j
,luy,mcsme selon 1 "ordrl
& ne pouvant >
de la Religion & sélon lesloix du Sacri-^
sîce établies de Dieu dés l'ancienne Loy,
à
parvenir laconsbmmarion de Hoitie,
l'immolation car il falloit au^j
que par ;
trefois avoir égorgé& immot'él'Hostic;
il falloir en avoir lépandu le Sang , de-
de la mettre dans le feu ÔC
vant que ,
devant que Dieu descendit en cette for-
mede feu pour devorer cette viétime :
,
Ainsi Iesus-Christ n'est entré dans les
flammes de la gloire de son Pere en sa
Re(urreétioll, & en son A[cenfion, que
par les voyes de sa mort, & après avoir
répandu son Sangsur la terre, & l'avoir
arrousée toute entiere de(es mérités.
Apres que l'animal avoitesté immo-
lé & que son sang avoir csié réplndl1
, l'Autel qui figni-
tout au tour de : ce
boit les mérités de Iesus-Christ , qUi
A
i abbreuvent toute la terre & qui sont
,
i aussi exprimez par ces encenfemens qui
se font autour de l'Autel ,defliis,àcolté
1

& au devant : deux chcses se faisoient


j
dans la consommation de l'Hostie.
Premièrement, le feu descendu du Ciel,
consommoit cette Hostie portée & ar-
-rangée par picces sur l'Autel des holo-
causses ; ce qui nousfai(bit connoistre
que Dieu le Pcre,qui est ce feu devoranr,
Deus noflerigms confumens est descen- Dans.
,
droit dans le tombeau de son Fils, figuré 41.
par l'A utel des holocaultes, qui à ce fu-
jetefloitcicux, pour le devorer&con-
sommer enluy ; car le jour de la Resur-
rection le Pere le changea totalement,
,
&lecon(omma pleinement en sa gloire.
En second lieu, çette victime changée
dans le feu s'élevoit dansses flammes
,
vers le Ciel, pour figurer que Jefus-*
Christ une fois consommé dans son
Pere en sa Resurre&ion s'élevroifr
,
aptes à luy en son Ascension. Et c'est
pourqnoy le Piestre apres avoir d:'it au
pied de l'Autel les prieres qui lignifient
l'ECprit & les dispositions de Jesus-
Christ penitenr & sonffrant sur laterre-:
apres avoir exprim-ê les sentimensde sa
Coi,oix & de st
moir . comme nous
comme
l allons voir il dit a Dieu le Pere
,
fI>em tu converfm vivificabis
nos. Oflen-
de nobis Domine misericordiam tudm
Domine, exaudi orationem meam.
vàntu vobifeurn.
~
Tous cesfentimens & toutes ces prie.
sont les sentimens & dispolî-
,
tions de Jesus-Christ en sa mort,&
après
sa mort appellant ion Pere pour le
,
venir reflu (citer & consommer
en luy.
Le Prestre est au bas de l'Autel &
disanr, Deus tucDnver[Ul vivl:si cabis ,
fiost
il baiflela teste pour exprimer le senti-
,
nient du Fils de Dieu en terre, invo.
quant san Pere entoure humilité, &
luy disanc : Mon Pere, maintenant
que
j'ay satisfait à vostre colere par
ma mort,
maintenant que vous esses appaisé, &
que vous avez les yenx de vostre com-
plaisance ouverts sur
nous, & la face
de vostre misericorde tournée
vers nous,
vous defccndrcz à nous pour nous re-
donner la vie yvivisicabis nos. A
le Clerc répond : & plebs quoy
ma UtMturin
te. Mon Dieu, si vous venez retirer
vostre F ils de la mort,
vous donnerez la
joye à toute vostre Eglise.
Premièrement, vous la réjoüirez de
redonner la vie à celuy qu'elle aime
plus que sa propre vie.
Secondement vous la réjouirez ;
,
parce qu'elle se verra réconciliée avec
vous. Car l'Eglise est reconciliée à Dieu
avec Jesus-Christ, au jour de sa Resur-
re&ion après avoir souffert avec luy
, Ad
en elprir sur la Croix : Si unus pro omni- 1.
bus mortuus cst noiD omnes mortui funt :,Cor. 1 -

porté , la de
& 1+-
apres avoir penitence nos pe-
chez avec luy &. avoir condamné
,
nostre chair à une mort continuelle
avec luy , y estans obligez après luy :
aptes mesme avoir accepté la mort avec
iuy,comme un supplice du peché il *,

s'ensuit que Dieu nous reconcilie en


luy & avec luy par sa Resuneaion.
Autrefois le peuple Juif voyant de[-
cendre lefeu du Ciel pour consommer
l'Hodie CeciditignisrD<rmini, & vira,.
,
vitholocauftum, &c. g/joa cum vidisiet, 3 lt!g"
tmnisp ovulas, cecidiein faciem fitAm% &
n. 394

dit : il se réjo'ûilfnir &s'écrioit tout


,
haut, Dominas ipse est Dens , Dominul
ipfeefl Dau : Nostre Dieu a devoré le
Sacrifice, nostre Dieu agoutté de nostre
viande, il a communié à l'Hostie, ileft
venu à nostre table il esté de nostre
feltin ;e'dlun témoignage bienauten-
, a

tique:de son amour, & de nostre recon-


ciliation avec luy : aioli le peuple estois
content, il estoir satisfait. De mesmelc
peuple de l'Eglise sera en joye &en ju.
bilation Et plebs tua la;tbitur in
, te,
quand il verra que Dieu sera venu pour
manger nostre Hostie pour dévorer
J'holocauste, & prendre, part à cefdHn
admirable" & divin ; ce qu'il a fait
au
jour de la Resurre&ion en venant de-
,
vorer Jesus-Christ la mcilleurepartte de
1 'Eglite, unique Ht>stiede Dieu lePère.
La troifosme raison de la joye du peu-
pleen la sainre Relurreaion est qu'il
,
doit estre fait participant de cette Relur.
t. Ad retl-ion ; Si credirnus quod Iesus rnortuus
Thtfi.
4. 13.
ej?,& rtfurrexitita & Deus eos qui dor-
mierunt per tesurn aiducet cum eo Si
;
Jcfus-Christ nol1:re Chef est ressuscité,
nous reflufeiterons aussi j non seulement
en l'autre vie , mais mesme en celle- cy,
entant que nous serons faits participans
Ai par sa Resurrection , dela nouvelle vie
Hom, 6.
& de sa sainte grace : Duomodo Chriftw
4. sitrrexitk monms ita & nos in novitate
,
vita ambulemus. Jesus-Christ rdfu[cité
est fait Fils de Dieu, Predeflinatus Filins
Ai
Rent. Dei ex refurreftionc mortutrum : le Fils
I 4. de Dieu est fait & déclaré Fils de Dieu
au jour de sa ReJfiurc&ion ; il entre en
tout l'état du Verbe , & estvraycment
Dieu comme soi, Pere ; il devient tout
semblable à luy il est sa vraye image,
,
fécond en vie & en grace comme luy
, ,
Sicut Tatcr habet vitam infemitip/o ; sit Jean.
f. le.
dedit & Ftlio hubcre vitam in fètnetipft :
de mesmc que le Perc a la vieen luy,ainli
il a donné à son Verbe d'avoir la vie en
luy : ce qu'il a non seulement comme
Verbe en l'eternité, où il produit Je S.
;
Esprit &ainli il a receu du Pere une
nature feconde & capable de produire,
& a donne par là un indice aŒeuréde la
vie qu'il porteen luy : Mais de plus
dans le temps, comme Fils engendré ail ,
tombeau, il a fécondité, & a receu alors
abondance de vie pour lacommuniquer,
à cause que son Pere luy a donné les tre-
sors de benedi&ion & de grace qu'il a
,
meritez & acquis par sa mort. Le Pere
se démet de ses grâces & de ses dons en-
tre ses mains , afin qu'il les partage 8c
les verte en la terre,deditdona hominibtU: Ad
Et pour cela, il HIefait grand Hierarque ipb.
& grand Pontife en sa Resurrc:éHon.luy 4* V ,
donnant la distribution des grâces à faire
& à influer sur son Eglise. Et en quali-
té de Hierarque & de Souverain Ponti-
fc Nostre Seigneur represente son Pere
3
Distributeur des dons & grand Dis-)
,
pensaccur des liberalitez & des grâces:
qu'il veut faire à l'Eglise ) & qu'il tire
defon sein &de la Source 1 beralc de sa.
bonté & de la grande misericordc, qui a
eslé la premiere origine & sourcedela
million de Ton Verbe dans le monde $
'Ad Tit. Non ex optribus ; fed fecnndum,
4- 5. suam misericordiam. Ce premier don du!
Verbe ell un effet de la misericorde eu
,
suite de laquelle il nousdonne ses grâces
parsoii Fils qui lesamerirees , & qui
,
les distribue aux hommes.
Et pour cetrerai(on, , le Ponrifeou j|
Hierarque porte souvent une ample
Chappe , pour montrer que tous les l

dons des hommes se disttibuent par


Jcsus Christ &sont Sortis de luy. Il
,
contient en luy seul tout ce qui se ré-
pand sur la terre, & qui remplit l'Egli-
se. Et pour cela, les vestemens qui cou.
vroient lcsus-Chr;st cn Haye , estoient
décrits si grmds si amples » & si vastcs
,
é qu'ils remplilfoient le Temple , Stea
J. - sub ipso erant , rcplebant Templurn;
qut
C'est la description de JeCus.Cht ist glo.
rieux & reflufeité , qui remplit route
l'Eglisede sesdotis & de sesgraces, qui
Jiuy donnent la joyc & la consolation de
trouver. n luy quelque part à sa vie Et
>
plebs tua latabitur in te.
O/tend. n bis, Domine, mirericordiam
tn<*m , <£ falutaretuarnda nobis. Mon-
trez-moy voifcre milericorde, & me don.
nez le salut & la gloire que j'cspere.
à
NostrtScigneur dit ton Pere Mon-
,
trez -moy vostre face , faites moy con-
noistre vostre miséricorde sur moy 6c
,
la compagnon que vous avez de ma mi-
sere dans l'estat ou je suis dans mon
tombeau: N on dabis fanElum tuum vi-
py«'. M.
dere corruptionem. Vous ne souffrirez 10.
pas que que vostre Fils entre dans. la '\d. 1-
31.
corruption. 11 a fait allusion en DcLvid.
Ja deffenseque Dieu faisoit dans l'an-
cienne Loy de souflffir que jamais
,
aucune chair du Sacrifice tomb ill dans
la corruption. Et pour cela il com-
mandaitau Prestre de manger prompte-
,

ment les chairs de la victime qu'il der


voit consommer qui avoit esté sanai-
,
siée 8c cotisacrée à sa Majesté : & qui
comme telle devoit estre conservée
,
tres-precieusement.
Cela estoit la figure de Nostre Sei-
gneur , vidime sainte & consacrée à
Dieu, qui ne devoit paffer par la cor-
ruption. Etencét Esprit Nostre Sei-
gncur appelle ion Pere du milieu dul
tomb.au & luydit: : Mon Souverain
,
Prestre & Pontise,hastez- vcusde man-
LeT/i, ger vostie Hc-,stie ; voicy le croinéme:
7- J7'& jour que je fuis en attente. Autrefois,
o mon Seigneur & Maistre, vous aviez
18.

ddfcndu à vos Prestres qu'on


long-temps à manger vos Hoflies. Ila.
tardait si

fallu passer trois jours, pour témoignée


que je n'estois point sujet à la corru-
ption, où elles tomboient en moins de
temps , à cause de la vie eternelle qui
m'est unie : car, ô mon Pere j'ay pour
,
Protecteur de mon corps, vostre Verbe,
qui a la v ie en soy , & qui est de mesmc
que vous un principe de vie : il me gar-
de & me deffend de la corruption ;
mais, mon Pere, pour cela je ne suis pas
en vie. Vous vous reservez à me la ren-
dre vous-mcsme à cause que je l'ay
,
perdue pour vostre service : revenez
donc mon Pere & nous découvrez'
, ,
-jostreface, vous donnerez la vie à tou-
vostre EgLise aussi bien comme à.
x y
moy.
Domine exAudi orationem mcam%
Cela exprime encore les instances de
Jesus-C-hrist auprés du Pere joignant
les sollicitations de sonEliserepresea-
,
tée par le Clerc, ou par le Diacre ou le
Soûdiacre, qui répondent, Et clamor
ad te veniat. Le mot de métis, qui
mem
Lignifie une priere d'un particulier
l'Eglisc ,
montre que toute n'est qu'ua
Christ 8c qu'elle ne prie que par uti
,
seul Esprit.
Il adjoûte, Dominas vobi[cum , lots
qu'il veut monter à l'Autel il dit, le
-,

Seigneur est avec vous ; c'cst à dire , en


ce litu maintenant que ma priere est
,
exaucée 8c que le Pere m'a écouté,
,
n'ayant point laissé son Saint plus long-
la
temps en mort, d'où il cst venu me ti-
rer, en me donnant une vie pure, sainfc,
& glorieuse: Mon Pere m'ayanr accor-
dé cette grâce de me donner la vie, 8c
une vie immortelle, qui ne m'empes-
che point d'estre avec vous &. d-ans le
Ciel : Afleurcz-vous que je seray avec
vous jusques à la fin du monde: Et ecce
ego vobiscum sism omnibus diebus upjuc
,
adconfhmmationcmfaculi, Je suis 8c se-
ray avec vous jusquesà la consomma- Ilfatt.
tion des siecles. 3 S. ao

Voila Nostre Seigneur lesus-Christ


rdru[cité, le voila en cnat de monter
dans les Cieux ; & alors il dit, O,tmUl,.
,
ouvrant les mains Se montant les de*
grez : sigiiifiant par là
,
qu'il appelle
glise à le suivre en dprit & à s'unir à
luy : il l'invite à le suivre à l'Autel, &
l'E- 1

à l'entrée du Paradis. C'est pourquoy


ouvrant les mains en montant, il ap-
pelle les peuples à la socieré & à l'union
des louanges qu'il va tendre à son pere
de tout son coeur, ainsi qu'il le professe
en David ;
Confitebortibi 'Domine in toto
TfrJ.
110. I. carde rneo, in confilin juf/orum & Congre-
,gatione ; Jecontefleray dans le Ciel en la
plénitude de mon cœur, en la Société
de tous les Justes & les SainLs quelle
est la misericorde de Dieu le Pere sur
,
moy. Et pour cela le Prestre apres
,
avoir dit, Oremm, adjoûte, Oramus, te
Domine, &c. Nous paons Pere Eter-
,
nel moy & mes Saints, vostre Souve-
,
raine Malesté , tous vous louent avec
Tsal. moy : Confitrmini Domino , cfu niam bo-
117. 1. nus : quoniarn iu fécalnm misericordia
ejus : Vous tous, mes freres)qui montez
avec moy dans la. gloire confessez la
,
bonté démon Pere sur-i-noy, adorez sa
misericorde sur vous ; car elle est inri-
nie '& sera eternelle. C'est le Cantique
,
de Jesus Christ montant aux Cieux
,
avec les Patriarches, & qu'il répétera au
jour du ] ugemest avcc tous ses Saints »
montans avec luyen triomphe dans la
gloire de Dieu san Pere, se dilatant dans
les Sa'nts, pour rendre sa louange plus
magnifi que 3c plus augusteà la gloire
du Pete Eternel.
En suite,le Prestrebaise l'Autel,pour
témoigner l'amour & l'union du Fils
au Pere entrant dans le Ciel ; & aussi
l'union deJcsus-Christ aux Saints,qu'il
atrire & qu'il consomme en iuy , pour
les donner tous à son Pere, & les faire
t. Atl
entrer avec l uy dans la Societé du boiter Cor-[S.
eternel. Curn tradiderit Regnum Deo & 14.
Patri. C'est le lieu t1nc'(ol1haité par
Jesus-Christ toute sa vie,où il devoit
rendre à (on Pere tous les si uits de sa le.
gation , & tous les devoirs de sa Reli-
g!on,enrtanc dans le Ciel en estat d'Ho -
stie consommée, qui est le dernier poinéfc
où Ce puisse porter la Religion. C'est
pourquoy il souhaitroit si passionné-

ment toute sa vie le jour auquel le Pere


,
Eternel le clarifieroit : il souhiitoic en-
core dans le mesme Esprit,de manger la
Pasque avec ses Disciples ; c est à dire,de
passer de cette vie mortelle à la vie de
gloire : car la Paf que signifie passage. Er
U fit cette Pasque une fois en secrec-, ÔC
ous des Mystercs à Ravoir,dans la
,
C.ene,ou il commença d eitre en ce mo.
ment ressuscité & glorieux , pour pou.
voir se cacher, se distribuer & mesmes
»
s'insinuer au plus intime de nostre ame,
par la Communion, passant par la gloi-
re 3c sa resurrcâion en un estat d'eiprit
agile, subtil, & penetrant au plus pro-
fond & delicat de nos substances.
Ildeliroic beaucoup d'estre délivré de
l'fA1.

ryw.
J.
.
ce corps de chair & morrel , pour glori-
fier Dieu par tout luy mesme, &dire:
Cor meum, & caro me"- exultaverunt in
3* JO. Deum vivum. Omnia ossa mea dteent; Do-
mine quis similis tibi ? Mon Dieu mon
,
Pere, je vous louëray dans mon cœur &
dans ma chair. Et tous mes os en ce jour
de ma gloire, de meime que mon Esprit,
chanteront vos louanges : à caule qu'en
ce temps l'Esprit glorieux & puissant
tirera la chair dans sa nature , & la ren-
dra spirituelle; en sorte qu'elle louëra
Dieu & le glorifiera comme -.I"ame. Ce
,
sera en ce jour,qu'elle sera parfaitement
consommée en Dieu & qu'elle aura
,
aneanty tout son estreàsa gloire, estanc
la vraye Hostie de Dieu,dans lequel elle
entrera corne dans un Autel, pourestre
la louange perpetuelle de sa grandcur:-
CHAPITRE V.
De ltAnliellne Introibo.
A.'Presla que le Press:reafaitle1igne de p(.l.
la Croix, il dit ces paroles,Introibo 4.
1
ad aitare Dei, J'entreray à l'Aurel de
t Dieu : c'estoit à cet Autel, qui est Dieu
mdme.que Jesus-Christ afpiroit du-
rant toute sa vie : Je suis, disoit -il,com-
me ces Hoflies nourries dans leTemplc,
qui n'attendaient que l'heure du Sacri.
fice. IleÍ1:oit impatient pendant sa vie,
que l'heure de roti Sacrifice parfait fut
atiiv-ée qui estoit l'heure de son entrée
,
au Ciel où il devoir estre offert en holo-
causte^'estant pas encore en cet estatfur
la Croix,où il n'estoit qu'une HoCHe
immolée, & non pas consommée. Il re-
doutoit au contraire l'heure de son juge-
ment & de sa mort, Se vivoit toujours
en crainte & en tristesse en cette veuc ,
7"riftis est anima mea usque ad mortem,
à
mon ameest tril1:eju(ques la mort. Et &Cat.3S.
2.,.
pour cela mesme dans cludica,
-l il dit :
Qwtre tristis es anima mea, & quare con-
P f*t.
turbil me Mon amc, qui dois un jour 4%. f.
2"

entrer dans la gloire & dans -la loüange


immortel le de Dieu sur cét aute, pour-
quoy t'affliges tu?pourquoy t'attriftes*
tu devant le temps ? & pourquoy gar- j
des-tu toujours ta douleur en toy mes- 1

PM. 17.
me ? Dolor meus in confpeflit rneo femfer. I

il. Le (ujer de son afïli&ion estoit le Juge-


ment que Dieu le Pere devoir porter sur
luy, comme sur le criminel univedeL&
sur le pecheur public, qui avoit sur foy
les crimes de tout le monde.
Et comme il prévoyoit que tous ces
crimes ensemble devoient allumer la co-
lere du Pere jusqu'à la fureur i de là
vient que sou vent il luy disoit : Domi-
ne, ne infurere tuo arguas me, neque in ira
PlAi. t.
tua eorripias me. MonSeigneur & mon
Dieu , je vous conjure, ne me reprenez
pas dans le temps de vostre colère,nt me
corrigez pas dans le temps de vostre
fureur.
Apres ces sentimens de douleur & de
peine qu'il a eus au temps de fessouf-
frances, & qu'il exprime clans le Psalme
IHdica, il adjoûte & repete, In trot bo ad
altare Dei ; apres avoir souffert tant de
peines en la Croix , j'entreray à l'Autel
de benedidHon8c de joye, apres lequel
j'ay tant de fois (oûpiré : lePrêtre dit,
lntroibo. ad altare Dei, J'enircray à
*
Autel de Dieu. Ec l'Eglise répond par
la houche du Diacre & du Soûdiacie
;
*d D idtificat juventittcrn meam.
J'entretayen Dieu,qui renouvelle ma
jeunesse. Il faut concevoir Jesus-
Christ & l'Eglise comme Hosties
,
consacréesau service de Dieu dans ses
desseins, qui dans ces paroles, Introibo>
&c.& ad Deum,&c. font tout en(emb!e
professîon de l'attente où ils sont d'aller
un jour dans le Ciel accomplir leurs Sa-
crifices,& devenir des parfaicc¡viaimes
a la gloire de Dieu. Introibo in domum p¡;.r. 6j;
dit Nostre Seigneur: IJ.

,
l'entreray en vol1:re maison en esprit
d'holocaul1:e accompagné de tous mes
Saints,qui entrans dans le mesme Esprit
ne feront qu'une victime parfaite avec
moi pour raconter vos louanges:/rara*-
lavi in tabernaculo eins hoftUm vociserd- p14/.
1 6t 6.
tionis. Et cet estat d'hostie unique dans
le Ciel, est figuré dans l'Eglis.' par le
saint Sacrement où Nostre Seigneur
,
Hostie entre en tous les Fideles, & re-
pofanr en eux & les changeant en luy,
il n'en fait de tous qu'uneHoO:ie en 1uy.
Comme à un iour de Pasques, figure de
la Resutreâion generale Jcsus Christ
,
entre par la Communion en tous les si;l
deles, & il tâche d'en faire une seule;
Hostie les convertissant en luy , &.i
,
leur donnant un mesme esprit d'hosiie;
avec luy, comme ils l'auront au jour de'
la Pasque parfaite,quiefi: le jour de sa
RefurrelHon universellc,auquel tous
lesFidèles seront convertis, & changez
parfaitement en Nostre Seigneur reflus-
cité, qui est en cet estat, Hostie parfairc
& consommée enD eu.
Cét estat d'Hostie ne sera qu'au jour
de l'eternité, Jors que nous entrerons
en Dieu, & serons dans (on sein, qui est
A pte-. le rcmple parfait, Templum nonvidiiît
21. 11;
ea: Dominasenim Deus,omn.,.tenl T em..
plum illius est. le n'ay point veu deTcm-
ple en la maison & demeure de Dieu :
Dieu en estoit leTemple:il cst cét Autel
d'or figuré dans la Loy.donc Nosire
Seigneur dit l'entreray à l'Autel de
,
Dieu. Et l'Eglise répond ;Ce fera chez
Dien mesme qui renouvellera & réjoui-
ra ma jeunesse
,
Introtbo ad ait are ,.
Dei
ad tldDeumqui Unficat juventuter» meam :
l'entreray chez Dieu qui me réjouira ,
en me dépouillant démon vieil homme,
decér h.tbit de rnsti fle, d'amertume, ôc
cl'affl;âioii Et comme on ne sçauroir
entrer en cet estat qu'apres lelugemenc,
auquel Noitrc Seigneur a esté fournis,
aussi bien que les homnaes, il dit en f ui-
te , Indien me Deus, &c.

CHAPITRE VI.
Vu rfalme Judica.
JV rdic,a mt Tiens, & difterne cansam Pf,«I. 6
41..
mearn de gente non fanflA t ab homine
inique & dolofê erue me. Mon Pere, por-
tez donc maintenant vostre Sentence &C
vostre Iugement contre moy 5c contre
vostre Eglise, qui Ce soûmet icy à vostre
puissance & à vostre justice. Mais, mon
Seigneur comme vostre Iugement sc
O faire , O
doit avec diseernement ; saites, ô
mon Dieu différence entre les peuples
>
qui ne vous sont point cfédiez ni consa-
erez ; & nous, qui nousTommes offerts
pourestre vos victimes : Et diseerne eau..
jfam de gente non fan Ha.
Ab homine iniquo & dolofo ente me :
Retirez moy du milieu des peche:tdes
hommes, dont jemesuis couvert,& dé-
livrez moy des meschans. Il faut regar-
der le Prdhe avec le Diacre & le Soû-
diacre au pied de lautel, comme des
Hosties san&ifiées à Dicu)clui dans l'at.,
tente de leur égorgement oc de leur \

mort, vivent en binrcré,difputans con- i

tre le monde & contre le Demon, pour (

ne vivre qu'à Dieu en Jefus- Christ à


Jki Viventes D£o in thrifto lefu; & pour
M. ne point violer ni profaner le vœu qu'-
u. 6. ils en ont fût quoy qu'ils soient envi-
*,

ronnez de milles aitiaits & de milles


amorces qui les tentent pour les tirer de
son ser vice.
Et pour cela, Nostre Seigneur mesme
sens dit de luy & de (on Eglise ;
en ce
Mon Dieu, en attendant que nous al-
lions au Ciel, 5c que nous montions à
vostre Autel, ayez pitié de nous. Voyez
& jugez de Testas où noussommes re-
duits : Discerne causam mtllm; c'est à
dire, regardez mon estat en moy & en
mes membres.
Nostre Seigneur estoit tente pendant
sa vie par le malin Esprit, qu'on doit
entendre par ce mot aoloso. C'est un
cauteleux & un rusé, qui en ses tenta-
tions n'agit que par findfes & trompe-
P faU ries, Draco isto ejnemformaftiad illuden-
103. 26. d,,,m
et : c'est ce Dragon que vous avez
formé mais qui n'a point de force ;
,
,
il n'a que des tromperies pour aimes.
L'homme mcschatit c'est le monde : Se
:n particulier pour Jcsus.ChrUt Nostre
,
Seigneur, c'estoient les luifs ab ht mine
inis/MO : Et quant à ses autres ennemis
c'estoient les Payens, les Gentils, les ,
Romains qui sont Gens non fanfta.
,

nous environne ,
Nostrc Seigneur avoit les 1uifs autour
de luy au lieu de l'amour propre qui
, A4
quiest fimesehant. H*!>r.
Il a esté tenté en tout &. par tout, Ten- 4. If
tuas per omnia , pour nous meriter la
victoire de la tentation. Et Ci on ne voir
dans l'Ecriture que peu de tentations
que le Diable luy ait livrées, c'est parce
qu'il souffroit les autres tentations en
particulier ,enfaisant penitence secrete
pour les hommes. Et parce que dans le
desert, il est exposé comme pecheur 5e Diabolut
rece.Ijt
comme pénitent public apres son Bap- ab illo
tesme, & apres la déclaration des fautes urque ad.
rempus.
de tout le monde, dont il s'estoit char- L ic. 4.
gé il faicconnoistre publiquement ses If.
,
' tentarions)qui sont les peines des pc-
cheursque Dieu livre & abandonne
entre les mains de ses bourreaux pour
leur faire endurer quelque échantillon
des rourmens qn'ils devroient souffrit,
& les faire (ouvenir qu'ils meriteroient
d'd1:re à jamais abismez dans l'Enrer,ru-
jets à la cruauté & à la furie des De-
mons, qui par fois noustyranniscnt si
cruellement sur la terre, & qui nous
trompent si malicieusement durant la
vie.
Nostre Seigneur en ces paroles, ludi-
ca me D eus t& di[cerne , &c. expose à
son Pere l'état de penirence, dans lequel
il vit sur la terre en luy & en son Eglise.
Ildit, regardez-moy, jugez de l'estat où
,
je suis reduit parvostrc sainreJuitice,
qui exerce déja son jugement sur moy
par les affligions, les peines & les ten-
tations où je me voids plongé: toute
ma vie n'est autre chose non plus que
celle de l'Eglise, qui porte sur foy l'ar-
rest de mort & de condamnation, qu
'- >

elle a encouruë par le peché. In nobts


Ad metipsîs responsum mortis habnimus, di-
C.r. . soisS.
• Paul. Au milieu de mes peines &
de mes affligions, au milieu de mes re-
nebres & de mes centations,je n'ay renty
dans mon ame autre réponse de mon
Dieu si ce n'est que je merirois la mort
pour mes pechez, que je merirois pour
jamais l'Enfer,dont cespeines n'efloient
que des figures & des ombres.
C'est le jugement qu'il faut porter
toure sa vie, pour vivre en penitent ; le
penitentdoit porter sur soy sonarrest,
&
& se mettant du costé de Dieu le punir
<by' meime,entier en l'Esprit de Dieu

,
- comme luge & vengeur du peché, &:
adhérant à Dieu devenir un espritde
r vengeance avec Dieu contre tour le pe-
ché possible, & sur tout contre le fien.
Mais en cet estat de peine, il a besoin de
force & de vertu Divine il doit estre
:
1 comme un enfant en tre les mains de sou

; pere qui lechastie ; qui d une main l'en-


1-eve en l'air,& le soûtienc & de l'autre,
;
n le punit & l'afflige. Dieu est nostre force
& nostre vertu en cet eflat. Et pour cela,
rapres que le Prestre adit ; Au Nom de
Nostre Seigneur, jugez-moy, &
< regar-
dez mon estat & toute l\iffli<ftion de
mon Eglise ; luy qui est Dieu comme
.
soll Pere, & soûtenu de luy, il ne dit
pas
à Dieu ,donnez-moy force. Mais l'E-
.
glise foible 8c debile,répond :

' tues Deus fortittido mta, quart me repu-


liflif Mon Dieu, qui elles ma force &
ma vertu dans ces traverses de la vie.
-
Hé, mon Dieu & mon Pere, qui esses
imon refuge, comment repoussèz-vous
monâme ! Ces rebuts intérieurs, donc
sparle icy llEglife, sont les expre11ions
:de l'estat pcniteiit, où ess reduire
une
lame dans l'exercice interieur de penîteAr
ce, où Dieu la rebute intericurement,&
luy fait ressentir par une certaincappli--
cation de luy-mesme,& une demoiistra-.
tion qu'on ne peut exprimer, qu'il ne
point d'uneame impure,qu il n a
veut l'a-
d'elle nidetex &
que faire oeuvres ;
cstat est si confuse & si mala-
me en cet sçakà
de, elle est si abbatue, qu'elle ne
qui dire son mal ;
elle ne peut avoir d'ai-
de elle ne peut estre consolée par aucu-
>
le monde ensem-
ne creature î car tout
ble ne peut pas luy donner ce qu elle
perd 5 elle ne peut estre retirée de cét
cstat de tristefïè&d'afïii&ion, ni de la
de son rebut ; a cause qu elle
croyance
sent en soy cette vcrité si vive, si intime,
& si efficace, rien ne le peut estre
que
d'avantage : elle bannit la joye , 8c n'en
peut souffrir les discours, ils n'appro-
chent aucunement de là. C'est un vent
quisoufïle tout à l'entour dela maison,
mais qui n'y entre pas. 1

C'est un mal caché & sans remede, le-


quel pour l'ordinaire est si honreux,que
l'on ne l'oseroit découvrir ; & urtour, f
quand Dieu permet, & qu'il dispose in-
terieutement les personnes du monde, à
nous traiter comme luy-mesme nous
traite: car sou vent en nous rebutant) il
raie pour la plus grande purgation ôc
penirencede i'âme, que tout le monde
nous rebute ainsi ; personne ne nous
peut souffrir ; le monde nous regarde
comme des reprouvez, & nous traite
d excommuniez» nous fuyant, nous ab*
horrant, ayant frayeur de nous ; & ainsi
Dieu en tout nous rejette & nous affli-
ge ; il nous oblige à demeurer seuls ,&
à vivre dans la pure dépendance de sa
misericorde,voyans nostre condamna-
tion par tour,(bit en la bouche de Dieu,
soit en celle de sa creature. Cest ce que
merite le pecheur : car il doit estre le but
,
de la colere de l'indignation & de la
vengeance de Dieu, non seulement en
luy-mcsme ,mais encore en toutes ses
creatures ; parce qu'habitant en elles, il
sçait s'y faire sentir, & y paroistre van-
geur & punisseur des crimes, aussi bien
qu'en luy-mcsme, Etfugnabit tomillo a 1.
orbis terrarum contra infenfatêt, & tout
l'Univers sc lèvera pour Dieu & enDieu
contre les insensez qui ont osé s'élever
contre luy, refuser d'obeïr à ses Com-
mandemens, & qui n'ont voulu rece-
voir son Fils,*Accipiet armaturam Zelus it'id»
illius , & drmabit creatnram ad nltionem
immicomm isou zele prendra les armes
,
&>il armera toutes les creatures contre i
ses ennemis ; c'efl: à dire Dieu habi- !
>
paroistra sous el-
tant en Ces creatures,
1

les en sa colere Se fera comme le Lion,


;
dont la furie paroist par tous les mem-
bresde son ainsi Dieu en colere
corps;
animant toute sa creature Se vivant
, fera
exprimera elle &
en elle , par ,
voir exterieurement sous des marques
sensibles sa vengeance sur les pe-
,
cheurs.
La colete dans le Lion fait changer
, ani-
de face & de constitution à tout cet
mal qui de beau qu'il estoit aupara-
,
devient hideux Se horrible par ce
vant , sera-t-il
reirentiment de colere ;
ainsi en
du monde, Se de toutes ses creatures,
estoient belles & agreables aux
' qui
à cause
de
yeux tous les hommes ,
que
Dieu y habi toit en sa beauté, laquelle
il exposoit, afin de se rendre aimable ex-
portraits Se par ses
térieurement par ses
figures -,
où au contraire, au jour du J u-
gcmenr,auquel Dieu fera voir toute co.
lere, Se se voudra manifester en rigueur,
Se non plus en sa beauté : ce
grand Juge
habitant en creatures,
ses changera d é-
dedisposition envers les pécheurs;
tat Se
dedouXjdebcau,&debeninquil estoit,
& qu'il paroissoit en luy & en sa crea-
ture,il paroistra en tout,colere, vengeur,
& furieux ;en forte que le Soleil, les
Astres,& la Lune, seront des yeuxar- Aff. za^
.Apo,. f.
dens en çéc animal du monde ils seront t.
;
tous ensanglantez ,commc le marque
l'Ecriture: l'Océan fera ce poulmon &

,
cette poitrine du monde;oufi l'on veut,
sa gueule 8c son gosier qui sc fera
tendre par ses rugifïèmens ses mu-
en-
glemens & hurlemens épouvantables,,
Elevavcrunt flumina vocem fnam les P[./. gr,
fleuves ont élevé leur voix, & ils , ont;9.
répondu à ces mugillemens des ondes
de la Mer, qui remplifToient le monde
de frayeur & d'horreur Elevave- rbiJ,
,
rHHt flumina flattas su os à vocibns tiqua-
i

rJ4m multarum : ces grandes eaux sont


celles de la Mer ausquelles de
,
frayeur les eaux des fleuves ont r'C'-
pondu.
Ces prodiges parurent paradvance à
la morr de Nostre Seigneur, qui sur le
jour auquel Dieu le Pere exerça son ju-
gement sur le peché de tout le monde en
la personne de son Fils ; jugemenr que
lemefmcFi1s exercera sur le monde, en
recolnpenÍe de l'avoir voulu souffrir en
sa personne Omne judicium deàit Filie, Jûdn'.ji
> zz.
ihd. Z7 Pater potestatem dédit Filio judicium sa.
cere , quia Viliw hominis lsi. Le Perc
Eternel a donné à tonFils la dignité de
Juge sur tout le monde & l'honneur de
,
porter jugement sur tout péché, en re.
compense d'avoir sotiffc,> t luy-mesmele
jugement de tout le monde en qualité
de F ils de l'homme Quia FWrn homink
,
est. Et c'est en cet estat où il dit à (on
,
Père , Ih dica me Deta & difrerne eau-
fam meam degente non faniïa ':ab homine
iniquo & dolofo erme me. Mon Pere, ju-
gez-moy ; mais separez ma cause & ma
personnedes pechez des hommes & des
Anges, dont je me suischargé.
Vous cstes toute ma force aussi bien
que de mon Eglise, mais vous me de-
laissez Quare me dereliquiftiï &
s vous
P¡. 21.2, me repoussez, Quare merepulifli ? mais
j'en vois bien la cause, c'est mon estat de
pecheur public & de viéHme universelle
pour le peche du monde, qui fait que je
porte sur mov !e traitement qui luy est
Pf. 31.z
deû t orgea jafotare mea verba delino..
,
rum rneorum, Ce sont les pechez des
hommes. que je fais miens qui me font
trairer de sa forte, &q i me tiennent
éloigné de vous ,mon Dieu, C'cst lape-
nitence que je fais pour toute mon
Eglise,qui participant à mon Esprir,
doit aufTt participer à cet estat de peni-
tence & de rigueur. Mais dans cet estar,
il n'y a pas su jer de peine & d'afïliction,
Quare triftú es anima me4 a, & quare con-
turba me î car c'est le jugement de Dieu
mon Pere, sur les pechez & non sur la
personne : & tout de mesme qu'après
1
avoir por té ma penitence, & apres avoir
esté Hostie pour le péché, je seray victi-
me de louange éternellement dans le
il
Ciel ; ainsi en sera-t- des pcnitenssur
qui Dieu exerce en terre son Jugement.
Il Ce vange icy de leurs pechez, mais
apres ils seront avec moy des Hosties de
louange & pour cela il n'y a point lieu
»
de rri sieCfe, Quare tristis es anima mea, Ô4
Imaretonturbai me * pourquoy t'affliges»
tu,mon ame ? pourquoy te troubles-
tu? Il en est de chaque Chrestien dans
la pénitence; comme de Nostre Seigneur
souffunt en la Croix les rebuts de Ton
Pere : car tout ainsî que Nostre Sei-
gneur estoit une petionne saince dans
Ion fOIId , & bien aimée de Dieu pen. >
dant qu'il estoit environné de la res-
semblal1ce d'une chair pecheresse, que
Dieu condamnoit en luy » qu'il de-
tçstoit & uliiirgit rigoureusement ;
de mesme, les ames que Dieu met en
exercice de penirence sont punies de
leurspechez &de leurs crimes, en mes.
»

me temps qu'il aime en elles la creature


nouvelle ,qui est formée en l'E(pritde
J'esus,-Chrill; de forte qu'il ne se faut
point attrister dans sa voye dePeRicen"
ce, Quare tristis ci, &c.

CHAPITRE VII.
Continuation du mesme Vfaime
Judica.

3-
E
P/4/.42.
Mitt e lucem tuam & veritatem
tuam ipsa me deduxerunt, & ad-
>
duxerllnt in montem fanïïum tuum & in
tahsrnacuU tua.
Nostre Seigneur continue par ces pa-
roles à décrire son estac penitent &
,
celuy de son Eglise, soit en l'Ancien,
soit au Nouveau Testament jestant au
milieu de l'un & de l'autre, au pied du
saint Autel,
Il ditdoncdelapartdel'Ancien Tes-
tanicïit» qui comprend une partie de
l'Eglise i Envoyez-nous,mon DieUjVÔ-
tre lumière & yotëre verité j nous som-.
j mes dans une Loy;& dans an citat plein
de tcncbres & de figures ; envoyez vôtre
|
?.
Fils,qui est cette lumière & cette verité.

,
Il dit aussi de la parc du Nouveau
t Tcsiament mis par Ces pechez dans
un
t'flat de tenebres : Je vous conjure de
m'assister & de me donner encore
, par
vaChemiCericorde,une partie des lumie.
i les dont vous m'avez éclairé dans le Ba-
ptesme,pour me tirer de cesobfcuritez
& de l'ombre de la mort : In regione
umbra mertis, j'estois dans une région Loge. ».*
27.
de mort, & mes pechez m'avoient plon- .%Catt. 41
gé de nouveau dans ce mesme estat d'er- 16.
reur, je vous conjure par vous-meime
de m'en vouloir tirer.'
Ipsa me deduxernnt & adduxerunt
,
montentfimélum tuum , & in tabernacnld
tua. C'est par la clarté du Baptesme,que
j'ay esté introduicdansl'Eglise, la
vraye
montagne de:Sion,& vos vrais Taber-
nacles : c'eit par cette clarté que j'ai esté
rendu participant des plus divins Myste*
res de la Foy : vos lumieres & vostrc vc-
rité m'ont fait penetrer dans ce qu'il y a
J
de plus caché en vos My sieres lors que
j'ai approché du Tabernacle de vos Atl-
tels qui n'est que l'image & la figure
,
du Paradis où l'on verra à découvert
ce que l'on voidicy a peine lous les voi-
sAi les du Sacrement,faciegloriam
Car. s.
M- Domini fpecul4ntes » nous verrons en
plein jour ce que nous ne voyons que
dans la nuit.
Les Sperain Deo,quoniam adhuc Confitebor
dtux &
Z/erfts illi salutare vultus mei 'Deus meus :
fricedtns Confie-toy moname,
font ,
dit l'Eglise, en
suffifam- répondant à la priere de Jesus-Christ
ment
txpli- pour elle ; Espere en ton Seigneur, qui
qutx. te découvrira un jour la beauté de sa fa-
ce, & qui t'ouvrira ses secrets aptes
un 1. ,
fal* t'avoir laissée languir dans la peine &
14L & dans les tenebres de la mort. Je sçay que
Ils. j'ay besoin de toute la confiance poffi-
ble en la bonté de Dieu, & en la Chad-,
té de Jesus- Cbrist mon Salutaire, Salu.
tarevultHsmei, & Deus meus : le sçay
que j'aybesoin de la misericorde de mon
Dieu , & de laredemption de son Fils f
sur tout, apres avoir méprisé les dons
de la lumière abusé les gouRs de
,
l'Esprit & foulé aux pieds avec tant
r.
d'insolence la grâce de ma vocation..
*[al. P,.uia apud Daminum misericordia , &
«. copiosa apudemn redemptio. |
Si nous voyons que les Iuifs , poud
avoir foulé aux pieds le Sang de Jesus*'
Cbrist > n'ont point trouvé lieu de pe-
aux pieds ce Sang
,
mtcncc; queiera-ce de ceux qui 1 ont
crucifié en eux-mesmes qui ont foulé
du Testamcnt
, & .41
Htb.
qui l'ont mis dans les mains du Demon 4. & 66. «

pour en faire sa proye le son jouet dans


nos coeur's ? car le Demon nous pofle-
dant par le peehé,semble entrer en quel-
qne sorte de domination sur Jesus-
Christ, qui estant en nous par h Com-
iminion Sacramentelle devient pour
»
ainsi dire avec nous l'esclave du De-,
, z. F
mon vainqueur ; que quit feparatus z. l'y*
efl ejus tF serouî cil on devient le
, ,
serviteur de celuy qui surmonte : Ci bien
qu'après un crime si énorme , j'aybc-
loin d'un secoursexcessifde la bonté de
Jesus-Çhrist nostre salutaire & de la
,
mi[c:ricordede Dieu qui me pardonne
,
8c mcfalfc esperer d'avoir entrée en son
Eglise pour commencer avec les Bien-
heureux à glorifier Dieu en leur socicté,
& à chanter avec eux le Cantique de
de gloire GloriaPatri, & Filio (J-
, ,
SpirittdSétifto, que le Prestre prononce
aussitost apres ces paroles.
Nostre Seigneur dit pour soy ; aussi-
bien que pour l'Eglise comprise dans
l'un & l'autre Testamcnt, ces paroles,
Ermttç Imam tthtm & veritatem m un,
Envoytz-mov v$stie lumiere & vostre
b
verité dms l'dtatoù penirence m'a re.
duirpaimyles pécheurs penitens. C'est
où Noftie Seigneur s'rft vu rcduir,suc
tout au temps de sa Passion & de sa
Mort, portant la peine des Pecheurs qui
doivent estre privez des plus purs biens
de Dieu tels que sont les tresors de ses
,
lum'eres. Car quoy qu'en (onEsprir il
n\rit jamais souffert les moindres tene-
bres, ayant toujours en soy tous les tre-
sors delasagclIè 8c de lasciencedeDieu;
neantmoins cét estat de la Croix & du
Tombeau, peut estre appelle un estat de
tenebres dont il souffroit extérieurement
la peine, & il demandoit sa Re(urrec-
tion qui est un estat de clarté & de lu-
,
mières Emitte lucem tuam & veritatem
,
tuam, Envoyez vostre lumiere 8c vostre
verité qui me retire de ces renebres qui
m'environnent,& de l'ombre de la mort.
Jpftt me deduxeruut, & adduxerunt in"
montem fanElum tuum & in tabernacula
tua. C'est en cette lumiere que j-'ayeslé
conduit depuis ma sortie du Ciel jus-
ques à mon retour dans la montagne de
la sainre Sion ,où i'aspire, & où ieme
{i}is déja vu
par advance en la saintc
montagne duTabor ,où vostre Apostre
me [
vouÏoÍ faire des Tabernacles In
,
montent fantlnm tuum , & in ttbernacula
t!14 ; qui estoient des preparatifs de l'é-
tat où vous m'appeliez apres ma Rc-
{urretliol1.
Etc'efloit la raison pour laquelle je
deffendis à mes Apoftrcs de parler de
monesiat de gloire, lusqu'au temps où
jeseroisdans la parfaite Joüiffal1ce de ce
que vous me préparez, & où je pourrois
en paix entrer dans les Tabernacles du
repos que mon A pou:re me preparoit en
sonesprit, & qu'il voulait me faire ac-
ceprer, plûtost que mon exccz & ma
douleur, qui devoir encore suivre, ne
le pouvoir permettre.
Saint Pierre voyoit Nostre Seigneur
dans une beatitude commencée avec
Moyse & Elie, qui n'estoient pas eux-
mesmcs dans la gloire parfaire où (t
,
chanteront à jamais les louanges de
Dieu.Et comme l'Eglise du Paradis for-
mée sur la societé des rrois Personnc*
adorables, 5c representée par ces trois
aussi bien que l'Eglise de la terre for-
mée sur les mesmes personnes,& re-
presentée par les trois Apostres ne
,
conspirent ensemble qu'à la gloire de
la tres-sainte Trinité ; de là vient
que saine Pierre quiestoit appelle à
,
Pcstablistemeut'de l'Eglise, & qui com.
mençoit en esprit à sa te ses fondions,
vouloit establir ces Tabernacles pour
s'unir avec les Saints , 5c commencer le
Cantiquede gloiic de la t res-sainte Tri.
liité Gl,ri" Patri, & Filio & Spiri-
, t
tui SanSio ; c'esUa gloire du Pere, d".
Fils ,& du Saint hlpric qui a estê la
,
fin dela penitencedeIesus-Ghûst &
,
le commencement aussi de sa gloire;
lesus-Christ ne veut pas que sa peniten*
ctffiniffe plûtost quefon Pere ne L'or-
donne -v Sfril remet sa gloire à ses mo-
mens & à ses ordres* Et parce que le
commencement de sa gloire & la fin de
sa penitence, n'ont pour but que l'hon-
neur & la gloire de Dieu y le Gloria
tptttri, est mis au milieu des sentimens
de Penitence de lesusChrKc & au
,
commencement de sa sainte espérance.
Etitttroibo 4détltare HeL -Enfin, après
ma pemtence & ma douleur, je monte-

,
ray au Ciel pour y glorifier mon Pere,
qui me renouvellera & me tirera de
l'estat d'infirmité &decaducité où )e,
me vois reduic. jld Deum , qui Utificat
fféventutem meAm il me rendra la joye
,
pour la douleur que i,'cndurc, & que je
souffre maintenant , estant charge de
tout le faix des crimes de la terre sous
,
lequel je gemis.

CHAPITRE VIII.
Du Confiteor.
LE Prestre s'incline profondément
Confiteor afin d'ex-
pour dire le
,
primer le poids & le fardeau de nos pé-
chez dont MoUre Seigneur ::O:oit char-
,
gé. Et mesme auparavant que de le
comvnmencer, il dit ces paroles :
j utorium noftrttm in nomine Domini :
Mon Dieu.aydez-moy je vous prie , à
faire ma penitence » & à porter faix le
que vous me mettez sur la teste. C'cst à
vousseu! ô Pere Eternel quipoitez
, ,
le Ciel 6c la terre » à me soûtenir en
l'estatoù je suis chargé des crimes de
,
tout le monde chargé des pechez du
,
Ciel & de la Terre , des Anges & des
hommes, vousseul qui me devez juger
par vostre toute-puiuance, me pouvez
aussi soûtenir sous vostre infinieIuR:ice.
,
C'est devant elle que je confeffeles
pechez dont je me trouve chargé, & de-
yant toute c[$auare ea qui elle rc&k »
foit dans la fainte Vierge , soie dans les
Anges & les Saints qui servent à expri-
111er vostre grandeur &: à manifester la
,
Majesté de vostre Essence ; jelesconfer.
se devant vous habitant dans tous
les Saints de l'Ancien Testament re-
,
presentez en la personne de saint Jean
Baptistele plus grand des Prophetes ; je
les confessè à vous habitant en saint
,
Pierre & saint Paul, representans tous
les Saints du Nouveau Testament ti-
,
rez des Juifs & des Gentils ; je les(ta..
fesse enfin à vous, residantdans tous les
Saints du Paradis, Confiteor Deo emni-
,
fotenti, Beaid. sJfrl aria sernper Firgini
7ieato MiehAëli Archangelo &c. Et
la Confession qu'il ,
par fait à Dieu
en saint Michel , il confesse tous les
pechez des Anges dont il se voit
,
chargé aussi-bièn que de ceux des
,
hommes.
Voilà l'explication du Confiteor
,
& la maniere en laquelle Jesus-
Christ en nous confesse nos pechez
à Dieu le Pere & à tous ses Saints
,
qui sont ses vrais ,Tabernacles vivans,
dans lesquels Dieu reside. C"est
Iesus-Christ qui habite en nous par
son Esprit, qui soûpire en nous avec
des gemiUemîtis inénarrables postulat
nobis gemiùbus , Ai
inenarrab'Uibus. Nom.
pro ,
iCcst lny qui réellement sur la terre 9. Z6.
, soûpiré.
la gemy & C'cst luy qui
,
Je premier a consessé tons nos pechez i
)

a
Dieu son Pere , & qui commencé à
è
faire la Confession général le aujour-
idain s engageant à la penitence com-
%

:me le reste des penitens qui venoient


jà Saint Jean confeflans lcur6 pe-
,
ichez cinfitentes peccAtA fut. Nohre Marr.
, I
iseignetir confeflbit tous les nostres
(qu'il disoit estre Tiens & en faisoit
,
h satisfa&ion comme s'il les eût com<
jmis en (a propre personne.
Il dit Mtll culpa par trois
, ,
ifois accu sant par là trois sortes de
,
.péchez d'iiifirmité d'ignorance &
, ,
de malice ; de pcnsée de paroles,
,
& d'oeuvres, commis contre les trois
iPeçfonnes de la très-Sainte Trinité.
Et la derniere sois il dit , ewea m4.
IximA culpa ; à cause que les pechez
icommis contre la Personne du Saint
jEsprlt se remettent difficilement Mut.
, 'x. 3z.
:en cette vie 8c en l'autre. Les pe-
tchczd'innLmité & de pensée regardent
la Personne du Pcre;ceux d ignorance&
de parole regardent la Personne 4u F
a,
quiert lafparoledl1Perc
*
; !cspechezde !

malice & d'œuvrerrgardelît la Person* |


du Saint tlprir, qui estla bonté mesme,
& l'operateur continuel des bonnes œn.
Trèsennous; ; lequel nous étouffons &
molestons par nostre pure malice, essel"
gnans sa lumiere, esiout£\nsfon amour,1
&luy faisans l'injure d'adherer plûtost
au n alin Esprit , qui nous suggere &
qui nou*» tuë, qu'à lllY, qui nous infpi-
se & qui nous anime- par sa prelence&
par la sainteté&la pureté de sanamour.
Nostre Seigneur en nous se soûmet j
aux Ministresdu jugement de Dieu Ton
Pere, qui vivent en la terre. Et pour
cela pendant qu'il est courbé & incliné S

en la personne du Prestre , récitant le


Çtifiteor%\c Diacre &lC'Soudiacresonr
clebotir;îcoutans cerre Cotifeflion corn-
&
me uges , après
I ils disenr, Mi!erI4-
$nr inclinez; pour dice qu*i!s-&'Anean<-
tiss,-n'r eux-mefines, quand il (-ss ques-
tio d faite mise, de , que t'rft à

,
Dieu a la faire à l'Eglise AsiseiçatHY
,
fui âm ipotftîs ileus cVst à Dîi u le Pere
Tour-puilfaor- à faire mi'cricorde à
,
fonJFils habitant en fis rrÍrmbres, que le
Prestre repr(senre,coi-ni-nc citant Thoni*
IBedu peuplc & (on Pleureur, chargé
de les pechez &. de ses debtes occu-
• ,
pant le lieu de Icsus-Christ premier
pleige & caution des hommes pecheurs
& criminels.
; Apres le Diacre & le Soûdiacredisent
1 le:C't/fluor
1
au nom de toute l'Eglise ,
qui est la criminelle en la pei sorme de
ses enfans & qui s'unit avec Nostre
,
Seigneur pour faire penitence. C'est
pourquoy disans, EttibiTarer , ilsse
tournent un peu vers le Prestre; demer.
meque le Prestre s'estoit tourné aupa-
ravant vers eux , en dilant , & vobirt
f.-Igtres ; pour apprendre que les hom-
mes ne peuvent faire penitence > qu'eri
union à Nostre Seigneur & qu'avec
,
ragréement du Pere dont le Prestre
,
alors debout tient aussi la place, à cauCc.
que Nostre Seigneur lesus- Chnst por-
teen lay Dieu le l'ere : car le Pere est
T>vJ$
dans le Fils, comme il est dit si ion vent era-
til
dans l'Evangile i Dieu le Pere en sou Chrut®
essence est entré dans son Fils & en ce dun< min-
,
F ils il void lesfatisfaéfcions qui luy sont coitci-
lians
faites ; il les reçoit il les aggree, & il fibi.
,
se reconcilie ainsi le monde en son Fils, a. Ad
Cor, 1.
le répondant & le {atisfaél:eur univer- 19.
sel que le Prestre prut representcr quel-
quesfois la personne du Pere,qui est pir
identité dans ion Essence & avec son >

Essence en la personne de son Fils : \

car c'en: par l'EÍsenceque le Pere habite


en son Fils. Lors donc que le Diacre &
le Soûdiacre parlent au Prefhe qui
,
ticnt la place de Jesus-Christ , ils
s'adrefTcnt à luy comme au Pere par-
ce que le Pere habitant en son Fils,
reçoit en luy ses [.dhfaéHons & lesne.
tres, que nous y unissons de tout nostre
cœur,aioli queluy.me[mc par advan-
ce nous a témoigné en s'inclinant vers
nQUS) qu'il ver,oit répandre abondam-
ment en' nous ses fatisfaâions , & les
offrir à Dieu le Pere avec les nostres.
Cette inclination du Picstre se fait
devant que de dire tJWea culpa ;
,
qui est proprement l'expression de sa
penitence. Et aprés sur la fin , quand
il dit Et vos Fratres orare prt
, , ,
me , il invite ses freres à prier Dieu
pour luy. C'en: à dire qu'après avoir
gemy pour ses pechez , qui sont ceux
de l'Eglise ; aprés s'estre affligé il leur
,
dit {¡nifsez vous à moy & priez
, - ,
pour moy ,c'esl à dire , pour l'Eglise,
que je represente , & en union de la-
quelle vous obtiendlez avec moy mise«
rieorde. 11 est bon de ne pas plcurec
pour soy tout seul, de ne pas faire peni-
tenceen soy tout seul, mais encore de
pleurer pour tous ses freres, de pleurer
pour tout le monde.
Premièrement, à cause que nous pou-
vons consiierer les pechez de nos Freres
comme les nostres, & que nous pouvons
nous croire participans de leurs fautes &
foiblesses, pour ne les avoir pas fortifiez
par nos paroles & par nos exemples, Se
par nos prieres.
Secondemenr, à cause que tous les p5-
chez off7cnsent Dieu ; & par confequenr

tous nous affligent si nous l'aymons.
Que si nous ne sommes affligez que des
nôtres,&que ceux quenousvoyonsdans
nos Freres, nenous touchent poinr.c'eu:
un signe que nous ne pleurons que pour
nostre inrerest, & negemilfons que pour
| nôtre pertc,&non
pour 1 intcrestdeDieu,
j
quiestoffcuséatiflibienpar lesautres que
par nous. L'amour gémit, de voir celuy
qu'il ayme ofFensé en luy-mesme par
,
J qui que ce soit qu'il puisse estre offensé.
Il faut de plus prier en l'union de
" l'Eglise, & faire penitence en elle & avec
elle,afin d'estre exauce.Il nefaut qu'une
i œillade de l'Eglise universelle
, une
larme amoureuse de la colombe pour
,
gagner le coeur de Dieu VHlnertjti cor
,
Cant. meurn in uno oculorum tHornm. Et pour
4. 1. cela il faut s'unir à elle , pour faire pe-
nitenceen{a vertu &en ione(prn, qui
estceluy mesme de Jesus-Chriâ pleu-
,
rant & gem'issant en elle.
C'est pourquoy il y a correspondance
& union du Prestre avec le Diacre & le
Soûdiacre, & mutuellement du Diacre
& du Soûdiacre avec le Prestre , qui
confcflènt ne pouvoir obtenir misericor*
de Dieu qu'en union à Jesus-Christ, &
à sa penitence, seule digne de Dieu. ER
ligne de quoy le Diacre & le Soudiacre
demeurent toûjours courbez , jusqu'à
ce que le Prestre a dit, Miftreatur'lIeflr;
cmtiifotctis Deus \ pour di/e, qu'il n'y a
pas lieu de l'esperer ju[qu'à ce que
,
Nostre Seigneur ait prié pour nous, &
qu'il l'ait demandée à Dieuson Pere,
comme estant nostre pleige & comme
client, qui assiste debout en sa presence
Ui pour nous » Vt apptreat nunc vultai Df*
Htb. 9. pro nabis.
a4. Apres il nous obtient du Perc indul-
gence & remission de nos pechez, InânU
gemîam^bsolhtionem & remiftonem pec.
,c,atorum noflrorum tribu at nobis çmnipo»
ttfis & mifericfrs Dominas* Ille ligne
«cla bénédiction de Ion Perc avec ces
paroles, Indnlgentitm &6. pour dire
,
que Nostre Seigneur en sa personne,
luai-bienque l'Eglise a este remply
,
desbeoediétions de Dieu & qu'il
, re-
connoist avoir eu besoin de la misericor-
de de son Pere pour le soûcenir & le
,
vivisier en luy pendant le temps de ses
,
éloignemens, & des témoignages de sa
coletc.
Cela fair, il dit, Dent, m converti
d'c. Ayant fair penitence ayant souf- %

,
fert sur la terre i'eioignemcntde vostre
face ; enfin je
vous conjure de revenir ÔC
retourner i moy, Ostende faciem tuam
&salvi erimus ; Montrez nous vostre ,
t
face & nous serons
contens de tous les
mau x que nous avons soufferts ; rien ne
nous peinera non plus que la femme
,
accouchée ne se peut sou venir de sa dou-
leur, quand elle voit son frtric
veniv
au monde.
Mon Pcre comment pourrois-je
,
m'àffligcr de tous les mauxdema M#rt
& Paifioli Ci jj vois des enfans qui
roienr nez de,
mes playes, & Ci je vois la
playe du cœur féconde produire l'E-
a
glise qui m? doit environner de set
,
louanges pour vustre gloire Ftmin"
,
Jtrem.
circundabitvirum, & qui 1er a une ayde
31. zz. semblable à moy pour vous glorifier ,
Adiutorium simile sibi : dans ma mort
G<". Z. j'auray mérité la mort de san peché ; &
se. Resurre&ion j'auray receu le don
en ma
de la vivifier & de luy donner un prin-
, Es-
cipe de vie nouvelle qui sera mon
,
prit » pour l'animer & la san(ftifier :
Deus tu conversus vivifteabis nos.

CHAPITRE IX.
De la montée du Prestre à F A Ht /.
'Apresquebieu le
bieu
Prêtre a reconnu de-
vant & devant toute l'Egli-
se, qu'il estoit pécheur , & qu'il estoit
chargé des pechez de tout le monde ;
aprés qu'il en a reçeu le pardon, & qu'-
il a esté reconcilié à Dieu dans une joye
si excessive & Ci sensible, qu elle luy fait
ouvrir les mains, & le fait relever de sa
baflefïe & de son humiliât ion ; il mon-
te avec confiance à l'Autel , Se meine
avec luy son Diacre & son Soûdiacreà
ses costez. D'abord il baise l'Autel ; Se
lors qu'il le baise, le Diacre & le Soû-
diacre apres avoir quitté sa Chasuble Se
son Aube qu'ils levoiclu en montant les
degrez,
dcgrez mettent le genouil en
,
terre , pour témoigner le grand res-
pe6t qu'ils portent à Dieu en
, appro-
chant de luy.
Cette entrée à l'Autel., ot'l le Prestre
est accompagné d'un Diacre 8< d'un
Soûdiacre, qui tiennent 8c élèvent son
Aube & sa Chasuble est extremémenc
,
-illytterieuse. Ellc represente Jesu$-
Chrifl; entrant dans la gloire, accom-
pagné de tous ses Saints ; qni l'élcvent
en louange , ôc qui servent à l'honorer
& à dilater sa gloire.
Il baise l'Autel pour exprimer
,
ce baiscr de paix , qu'il donna â sba
Pere, en entrant dans le Ciel où son
Pere le receut & communÏJ. à sa ,
,
snbllance & à sa nature humaine
, Pfti.
qu 'il enferma dans son sein pour tout 10), :.
jamais lors qu'il luy dit ; Soyez assis & 1.
,
à ma droite jusques à ce que le
,
temps soit venu , que vous foulerez
aux pieds vos ennemis , & briserez
lacère des superbes. La droite, donc
il est parlé en ce lieu, exprime la dignité
de Roy par laquelle il doit dominer
,
sur les Diables. Et ce fut en ce jour
que le Pc e le reçût en son sein a -,nou-
reux , pour le tenir prcuc sur sa poitri-
& se nourrir de luy par san amour,
ne ,
"dent il estoit l'objet & la pagure.
Saint Jean sur la poitrine de note 1

Seigneur en sa Communion , est une


Image cede qui Le paneen la Commu- i

nion du Fils, lors qu'entrant dans le


Ciel il communie à son Pere , car
alors Jesus Christ repos-c sur la poi- :

trinedeson Pcre & sommeille en sou


,
sein d'un sommeil bien heureux &1
,
cternel où il gouste les suavitez des
,
influences de son père , qui se com-'
niunique à luy & se verse en luy dans
toute la plenitude que merite l'ame de
Jesus-Christ Four s'citre privé de
,
tout pour son Pere , & avoir tout
souffert pour luy ju(qu'à donner
,
sa vie: En revanche de quoy Dieu luy
donnela (ienne & répand en luy toute
,
sa substance, sa joye, ses delices & ses
,
tresors. C'cit là maintenant la vie &
la recompensc de Jesus-Christ dans le
sein de ion Pere.
Les autres Apostres ne reposent pas
sur la poitrine de Jesus-Christ, & ne le
baisent pas; pour monstrcr, première-
ment, la différence de ce quiie paÍseen
eux, & de ce qui se fait en saint Jean.
Jesus-Christ entre dans la personne
cs autres Apofir{'s , les vivifiant &
nourri{s.lnt intérieurement félon lcur
citat & leur condition : où saint Jean
reposant sur IeCus-Chrilè,
entre dans la
pedonne de Iesus-Christ, à cause qu'il
ledoic representer tel qu'il repose dans
le: scin du Perc dans la gloire
& dans
l'crc rnité.
Secondement, c'est pour figurer quel-
les fonc les privautez d'un fils
, par
ddIll5 celles des serviteurs. Saint lean
rcprc(cnce le Fils ; il tient la place
d-w Iesus-Chrifl:
comme Filsde Dieu en
la Rc:[urr{'él-iol1 : & les
autres re-
p:csciirent Jesus-Christ
comme ser.
vircur 5e esclavc du Pere.
Ainsi donc le Prestre entrant à l'A urcl,
le baise amoureusement sen-
, repre
ta'ït les privilèges du Fils i & le
Diacre & le Soûdiacre adorent reli.
giel1fcment le Pcre & lors que le
,
Diacre fera plus avance en la lumiere,
Se qu'il sera converty
en Nostre Sei-
gneur ; c'est à dire apres que Jesus-
Christ aura éclairé le nouveau Testa-
ment , & l'aura changé en luy,
alors il aura droit de bniser l'Autel.
C cst pourquoy lors que le Prêtre
devant la laintc Communion veut
donner la paix au Diacre & qu'il
,
le veut baiser en figne delà Commu-
n*l on où il entre par luy ; alors le
, la:
Diacre baise l'Autel, disant par Je

commence de jouyr de la paix & du


baiscr de Dieu par la Communion.
Il exprime par ce baiser, qu'il doit estre
à Dieu interieurement en 11 Com-
uny Fils à son
munion , comme le est uny
Pere dans ion baiser eternel & sa com.
munion essentielle , oùle Fils est com-
munié de son Pere , qui luy donne son
essence par le baiser de paix eternel.
Ainsi le nouveau Testament Se le fi-
dele communie avec Iesus-Christ a
,
Dieu le Pere recevant en luy-meime
l'essence & la perConnedu Pere , par la- ;
1

quelle il sefait un baiser si intime entre


l'&me & le Pere, ou cntre l'ame & Iclus-

nent également en nous :


Christ ; ( car le Pere & le Fils vien-
)
Sciancur me l'a pu exprimer autrement,
que NoUre

sinon que la Communion rendoit


l'homme uny avec Dieu comme l'es-
,
sence rendoit/iai* & le Pere & le Fils.
~ Je
suis en vous , Se vous en moy par
elle de mesme que par la Commu-
, d'essence je suis Pere
' pion en mon ,
& mon Pere est en moy. Et propre-
ment cette communion le palscradans
,.m Ciel par la consommation les
, où
ifideles feront tous appliquez & unis
; intimement à Dieu par lesus-Chritt.-'
!Et pour cela mesme le Prestre baise le
prc.nier l'Autel, puis le Diacre j pour
:dire que l'union à Dieu a précédé en
.Icsus-Christ. Et cette grâce du Diacre
est bien éloignée de (on estat de foy,
où il ne voyoit goutte aux Mysteres;
(bien loin d'y communier comme l'on
fait dans le Ciel : car l'ame qui com-
munie dans le Ciel a tous les Mys-
,
'ceresdc lesus-Christ en luy ; en jouit
à découvert où auparavant elle ne
,
les voyoit que dans l'obscuricé Se dans
les tenebres.
Il faut remarquer que le Prestre ne
dit point Dominul vobifeum ÔC
, >
Oremus
,
qu'il ne baise l'Autel i &C

avant mesme que de dire , Orate, fratres,


il le baifc encore ; pour témoignée
qu'il tire du sein de Dieu l'esprit d'O-
raison qu'il veut donner au peuple,'
y
& qu'il dit habiter parmy eux. Le
mesme en cft.il des benedictions qu'il
donne au peuple ou à l'Hostie,
,
ou à soy - mesme : elles sonc
sou vent précédées d'un baiser de
l'Autel ; pour tefmoigncr qu il va
puiscrenDieu la bcnedi&ion des peu-
ples & de soy mesme , n'y ayant de be-

nediftion ni de gracc originairement
qu'en Dieu & de Dieu; qui, comme
dit S. Paul, nous a beny de toute be-
Ad Fr.
nediâioil en Ton Fils , Benedixit nos in
t.}' omni benediftione spiritHAli in cœl,stibru
in Chriflo.
Assisi le Prestre avant que de [cbenir,
& de dire ces paroles, Omni benediElion e
coelefliùgratiareplea;,nur , baise l'Au-
tel & répand cette large benedi&ion
,
sur soy en f isant un signe de Croix
,
sur sa personne. Et c'est ce quel'F.gUfc
observe, de lignifier par plu cicur s signes
cxtetieuts une mesme chosc. Comme
quand le Prestre aprés avoir bailé l'Au-
tel , dit Domitius vobifcnm , il ouvre
,
les mains pour apprendre qu'il sou-
,
haine au peuple le Saint Esprit , &
qu'il le luy répand en abondance & en
plenitude, comme nous remarquerons
plus bas.
LIVRE TROISIESME.
DU COMMENCEMENT
DE LA
GRAND' MESSE
A L/ATEL,
JUSQU'AUX ORAISONS.

CHAPITRE I.
Des Encenfemens.

AUSSÏ-TOST apres que le


Prestre est monté de la terre à
l'Autel,il commence à faire les
Encensemens,qui comprennent detrès-
grands Mysteres & dont l'explication
,
surprendra peut-estre, I'esprit de ceux
,
qui ne s'appliquent pas facilement à la
consideration des choses qui leur parois-
sentde peu de consequencedans nostrc
Religion. Maison nesedoit pas dion."
ner, si des grandes choses sont comprises
sous des figures si petites & si legeres en
apparence: car l'Eglisen'a rien de petit
dans les idées de Dieu & de son saint
Esprit qui la dirige en tout, & qui
,
ne fait pas moins pour elle que pour la
Synagogue > où il ne laissoit rien sans
M y ster es Omniainfigura contingebant
,
illis. Tout. y estoit figure des choses
fainres & magnifiques qui devoient
arriver. Et cela mesme se pasle parmy
nous , n'y ayant rien maintenant dans
l'Eg!iic qui ne soit figure de quelque
chose caché soit dans nos mysteres
,
preCcnt,soit dans ceux qui se (ont passez
sous Jesus-Christ, dont l'Eglise ne te
lasse jamais de parler, & dont elle ne
croit jamais exprimer suffisamment
la verité & la beauté.
.Et ce qui est admirable c'cfl: que
,
les moindres choses n'estoient point
autrefois sans mystere comme le
,
marque Nostre Seigneur en palant de
la Loy Iota unum aut unus apex non
,
prdteribita lege, donec omniafiant les
plus petires choses de la Loy ne se ,
passèront pas sans se voir accomplies
dans leurs veritez. Et ainsi on void)
que dans la Loy Se dans ses figures s
les moindres traits estoient figuratifs.
des myf1:eres & des veiitez promises,.
De mesine dans l'Eglise de Dieu,
les moindres Ceremonies sont figu-
ratives des Mysteres cachez & ces
Mystères sont dautant plus grands ;
,
que les choses qui les representent ,
font petites en elles rpesmes sélon
la coûtume de Nostrç Seigneur, qui
toûjours ,
caché ses plus grands & plus
a
saints Mysteres sous les moindres
choses comme son grand mystere.
»
dei E u char istie sous les voiles du pain
& du vin ses grâces imrncn[,s,:& pro-
,
digieuses sous le vai11èau de.rhum..
,
ble & petite se;va;ncc de Dict& ia
sainte V ierge..
Î
Ainsi les EncenCemcns quise fotvt «

,
a entrée du Prestre à l'Autel Repre-
l
sentent les louanges que Jesus-Christ
& l'Eglise rendent à Dieu.
Le feu qui est. dans J'encensoir est
figure ,
du Saint Esprit repaant
une ,
dans le cœur de Jesus-Christ. ' ;
Les divers grains d'encens qui
se mettent dans le feu de l'encensoir,
marquent les diverses prieres des peu-
ples de l'Eglise qui se consommeat
>
en louange à la gloire de Dieu, par la
vertu d'un seul Eiprit reÍidant en 'eCus.
Christ &enl'Eglise. Et si quelquesfois
l'Encens qu'on brûle est composé de
plusieurs drogues , comme Tcstoir le
Tnymiame de l'ancienne Loy , c est
connoistre où la nature de
pour faire
l'homme tres-composée , qui se- -
r

somme en Dieu, & qui cmmeine avec


foy toute la creature qu'il renferme en
soy pour avoir la gloire & la confola-
,
tion de consommer en Dieu par advan-
ce,tout ce qu'un jour sa sainteté doit
consommer parfaitement, ou la diverfi-
té de l'un ou de l'autre TeH:ament, des
Juifs & des Gentils qui doivent se join.
dre & s'unir en Jesus-Christ , pour
donner à. Dieu d'un mesme cceur la
louange eternelle qu'il merite.
L'Encensoir est une figuredu tres-saint
Sacrement, qui comprend en soy tous
les Saints qui sont cachez & consom-
, gloire
rtiez en luy, pour la louange & la
de Dieu , les élevant incessamment vers
luy, comme des fumées & des vapeurs
de bonne odeur.
Cet Encens s'y met à trois fois. Pre-
mièrement pour signifier que la bene-
, Jesus-Christ doit donner
diction que
par le Preitre,le donne au nom de la.
tres-sainte Trinité qui luy donne tout
,
bien pour le répandre en nous: Bettcdi-
xit nos in ornni benediftione in Chri/h ;
Dieu residant en trois Personnes, nous
benit en Jesus-Christ & par Jcsus-
Christ.
.
Secondement, parce que c'en: à l'hon-
neur de la tres-sainte Trinité que sc
,
répandent les louanges des Saints de-
vant Dieu & que c'est. pour elle qu'ils
,
sc consommcnt en amour & bénédic-
tion.
Troisiémement c'en: pour montrer
,
comme l'Eglise est cette multitude as-
semblée de la gloire de Dieu Ceparéc
,
du commun des Gentils, & ti ée de la
masse de perdition du monde par le B&-
presme & en vertu de la nes-Cainee
,
Trinité à laquelle elle est dédiée &.
,
consacrée, foir en ses particuliers sait
,
en général & de laquelle elle est une
, representation
image & une tres-claire.
& tres-naïve : car comme Dieu est un
subsi(latlcen trois Personnes ainsi l'E-
glise & le peuple Chrestien est un cl'
>

Dieu & en Jesus-Christ son Fils. De'


mesme qu'un Dieu habite eu trois >

Personnes de toute cternit'é sans s


,
changer leur dii1:inétion & leur mul-
titude par son unité -, ainsi Dieu ha-
bite dans les Fideles au fond de leur
coeur , & est le mcsme en tous ;
les consomme en luy ; il les abisme
en luy sans changer l'exterieur de
,
leur personne , ni leur diversité. Et
tout de mesme que les trois Person-
nes sont dilHnél:es en leurs caractères,
demeurantes les mesmes dans leurs
opérations ; car toutes agissent par un
mesme principe qui est Dieu , 6c
pour cela elles sont inséparables en
leurs opérations au dehors; ainsi tou-
l'Eglise les Fideles agissent
te , tous ,
en la vertu de Dieu , & tous ope-
rent par un mesme principe : Si qui*
J: Vitr. * loquitur quasi sermones Dei : Si quis
4î JI. m;n;jqratt virtute quam
, tamejuam ex
admimftrat Deus : Qui parle > il par-
le la parole de Dieu : qui agit &
il
opere, opere par la vertu de Dieu :
c'est en Dieu que le Fidele doit agir
& operer.
Et de plus de mesme que les
., ,
Personnes éternelles conviennent en
leurs moeurs > & sont toutes sembla-
bles en bonté douceur , justice , Se
»
mi(cricordc i ainsi les Fideles qui
font pofedez de Dieu sont tèmbla-
,
bles en leurs mœurs : Qui habitare
P[A. 68.
facit unius moris in mo , do ils sont
7.
jous bons , patiens , justes , doux,
pieux & iniseticord,.*cux , à cause
,
qu'ils sont tous remplis d'un mesmc
principe & d'une mesme [ubfbnce,
d'un mesme esprit , de mcsmcs incli-
nations & de mdmcs sentimens.
,
C'cst un mesme baûme qui répand
,
mesme odeur & mcfmcs qualiccz.
C'dl: un mesme Soleil en tous qui
donne mesme lumiere. C'est un mes-
me Agent qui répand mesme force.
C'est un mesme Tout qui opère une
,
mesme chosc en tous & qui fait que
,
tous les Chrcsticns & tous les vrais
,
anéantis sont les mesmes en Dieu.
,
Et comme le Pcre est bon , le Fils cfb
bon & le Saine Esprit cst bon à
, ,
causc du mesme Dieu qui est bon Se
,
qui habite dans les trois Personnes ;
ainli tous les Fideles anéantis en Dieu,
sont tous bons comme Dieu, ayans tous
en eux un mesme Dieu, qui les occupe,
les remplie & les convertit en luy-
,
mesme par Jc[us-Christ son Fils, qui
possede ses mœurs, & qui les vient con-
vertir & consommer citsoy.. '
Les grains d encens , jetiez par trois r.
fois dans le feu signifient donc les Fi- i
,
dclesde l'Eglise jettez dans la fournaiCe j
ardente du sein de Dieu , qui se répan-
dent en louanges & se consomment en
,
luy par Jesus Christ > en qui Dieu ha- f
bicecorpore!lement ; de me sme que le
feu habite dans le charbon : Ignem veni 3
ItUC. Xz. rnittere in
terram , & quid volo nijî ut ac-
94. >

cendatur.
Dieu est l'élément pur qui habite dans '
le Ciel, comme le feu dans la région su. ;
préme ; Se lors qu'il se vent manifester, s

& habirer en terre pour consommer les :


hommes, il entre en lesLis-Ci-irist , il
la
prend sanarureinfirme, il consomme, '
Ad & habire corporellement en luy , Inha-
r"l. z. bitat plenitudo Div'tnitatis corporaliter : :
9. le
demesmt'que feu élémentaire s'incor- -
pore dans le bois, Dieu comme feu s'in - -
corpore en cette narure qui habite en
nous, & qui repose sur nos Autels ; &
en ce charbon ardent qui est fait d'un
bois aromatique, il reçoit nos parfums,
& les incorpore aux siens , pour n'en
faire qu'un Sacrifice & un holocauste ,
qui monte en odeur de suavité ; il ne fait
de nos oraisons & des tiennes, qu'une
feule & simple priere à la gloire deDieu.
Et pour cela après avoir laide chair
,
le délias de l'Encenioir, & y avoir ren-
fermé tous les parfums ; ce qui marque
que Jesus-Cluiil: qui avoit ouvert ion
cœur & son intérieur , pour recevoir
nosoraicons Se nos parfums les avoir
,
comme compriscsôi renfermées en luy :
le Prest rc. qui represente Jcsus-Christ
,
donne d'abord trois coups d'encens au
milieu de l'Autel ; ce qui nous fait en-
tendre que nostre Seigneur caché dans
lcCiel & retireau tres-s.-tint Sacrement,
comme au sein de son Pere , offre
ses 10li:\Ilges & celles de l'Eglise a la
tres-sainte Trinité rcsidcnte en l'unité
de Dieu Se les jette luy mesme en
,
Dieu qu'il nous a rendu Cenúble en
,
soy-mesme, & nous a donné de quoy
l'appercevoir & le moyen de luy faire
, r. 1oan,
nos offrandes : Filius Dei dedit nobis S. 10.
sensum ut cognosèamuJ verum Deum.
,
Certe dévotion represente celle de
Jesus Christ & pour cela on offre
,
à Dieu l'encens mesme en presencedu
très saint Sacrement , pour exprimer
extérieurement ce qui se passe inrerieu-
rement au tabernacle en lesLis-clit -ist.
Et aprés on va expliquant par les au-
oeuf de chaque codé
tres coups , ce
qui s'en: fait en abbregé exprimant
parla la devotion de l'Eglise,qui n'cst
qu'une dilatation & une explication
de la pieté & devotion de Jesus-Christ
Nostre Seigneur.
Et pour cette raison, lors que l'on
donne de l'encens, pour honorer sim.
plemcnrNostre Seigneur, & que l'en. :

cens ne signifie point autre chose,


( comme lors que l'on encense seule-

ment le tres-laint Sacrement ) le•,

Prestre ne donne point la bénédiction


sur l'encens : où au contraire, quand <

l'encens est donné pour autre sujet


que pour le seul rerpcét à la pilon-
ne de Nostre Seigneur. ; à sçavoir ,
pour exprimer les oraisons des Saints,
& celles du Fils de Dieu le Prestre
,
donne la bénédiction sur l'encens avec
cette Qraison , b illo benedicaris,
in cuim4 honore cremaberis ; Soyez bc-
ny par celuy , en l'honneur de qui
vous serez consommé ; ce qui mar-
que que Iesus-Christ répand ses orai-.
sons & celles de son Eglise Triom-<
phante & Militante sur nos Autels,
pour nous unir aux siennes, & mènera
nos prieres & nostre cœur avec Ie&
louanges de tout le monde, csta»sper^
dus et anéantis comme i encens dans le
feu, qui se consommeen l'honneur & à
la louange de Dieu-.
Les oeuf coups qui se donnent à
chaque costé de l'Autel representent
,
les devoirs de l'un & de l'autre Testa-
ment envers la tres-sainte Trinité , à
laquelle ils sont offerts par Iesus-
Christ qui les comprend en soy , 6c
,
les répand dans l'un & l'autre Tqita-
ment.
Les deux costezde l'Autel, represen-
tent l'ancien & le nouveau Testament,
de mesme qu'autrefois ilsestoient ligni-
fiez par les deux Anges qui estoient sur Optt ;
l'Arche qui estoient tous deux scm- e.acinl'num
,
klables & unis, & qui representoient duobus'
les louanges que l'un & l'autre Tel1:a-;Cheru.
bim.
ment. rendent à Dieu ; & par la liaison 3.
qu'ils ensemble 6. 10. J
te le rapport avoient
,
ils reprecentoient l'uniformité des deux
Testamens dans l'adoration d'un Dieu
en unité d'Esprit & de Religion. D'où
vient qu'on fait sur les deux coÍ1:ez de
l'Autel les mesmes ceremonies , & l'on
donne les mesmes coups d'encens.
Les 'trois premiers coups qui se don-
nent frir' chaque costé de l'Autel vis-
à-vis les trois chandeliers, & en égale
distance, & non pas coup sur coup un 1

sur l'autre comme ceux qui se donnent t


, les
au milieu de l'Autel ,
expriment
louanges & les honneurs des Anges &
des Saints, qui ne font qu étendue
des lo*ùaur-es tres-precicuses, que lesus-
Christaune fois offertes ail Père Eter-
nel. Ces trois coups se doivent jetter sur
l'Autel, parce qu'ils se donnent au Pere
Eternel, qui cst figuré par 1 Autel, &
quiest toûj,otlrsCil repos sur [onTîône,
où il habite en sa Majeste, & d ,où il

le Saint Efprir, qui


,
n'est jamais descendu comme le Fils &
sont devenus fup-
plians pour nous car l'un est residant
sur nos Auttls toujours priant pour
Nostre Seigneur le Fils
nous ; sçavoir,
un que du Pere; & l'autre repose dans

,
le cœur des Fidèles, qui prie
le Pere dit S. Paul , il prie pour les
'lAtlKow. Saints selon Dieu
,
toujours

Secundùrn Deum
9. *7- •postulat pro Sœntlis.
Apres ces trois premiers coups , on
deux coups d'encens au coin de
porte
l'Autel, l'un en bas & 1 aune en haut,
pour montrer que tout le sein de Dieu
est remply des louanges de Ictus Chrin,
& des Saints. Et pour cela on ne lattis
,
place qui ne soit parfumée.
aucune
C'ellaufiï pour montrer que le Fils de
,
Dieu est deseendu en terre, puis il est
remonte , pour parfumer l'Autel de
Dieu d'ctcrnelles louanges. D'où vient
qu'après ces deux coups on revient à
parfumer l'Autel de trois coups d'en-
cens : ce qui marque les louanges qui sc
rendent en l'honneur du Veibe, la se-
conde personne. Ils se font en rond,
parce que le Veibe Divin est sa propre
louange, & qu'il louë Dieu par soy-
rncCme, Il trouve en Dieu toutes ses
louanges cxpi!manc comme Veibe &
,
comme Image de Dieu, tout cc qui est
de ses beautez & de ses grandeurs De
plus,mesme comme homme,& com-
me empruntant nostre chair, il se rend à
soy-mesme ses louanges : il se louë en
foy & n'a que faire d'emprunter ail-
,
leurs des louanges : Et si on n'acheve
pas le rond c'est que ces louanges com-
,
mencées en Iesus-Chril1:,doivent estre
continuées dans toute l'Eternité , &
cette Eternité commencée est signifiée
par le demy rond.
Ces trois coups se jettent aussi sur
l'Autel, & non pas au dessous, à cause
que Iesus-Christ l'Hostie de louange
repose sur l'Autel. Il n'eu est pas de
meime des trois derniers coups d'en- -

cens : ils se donnent pl us bas au devant


de l'Autel pour marquer que c'est.
,
à l'honneur du Saint Esprit reposant
dans le cœur des Fideles qui habitent
sur terre au dessous des Autels &
, ,
non pas au dessus , comme Jesus-
Christ Nostre Seigneur.
C'est encore avec cette difference
,
que les coups ne se donnent pas en
rond comme à l'honneur du Fils, à
,
cause que le Saint Esprit ne reposera
pas eternellement sur terre dans le
cœur des Fideles » qui n'y seront que
pour un temps durant le cours de
cette vie , qui sera court : où aucon-
traire les louanges que l'Humanité
,
fainte rend au Verbe dans soy seront
,
pour une éternité qui ne finira ja-
mais ; ce sera un cercle qui com-
,
mencera 8c finira en soy toute l'eter-
nité : car Jesus-Christ loue le Verbe
par la vertu du Verbe ; & assisi le
Verbe se loue il commence par soy
& aboutit à soy., ,
Ce qu'on a fait à la main gauche on
,
lesait aprés à la droite pour faire en-
,
tendre que les louanges du vieil & du
nouveauT estament sont comprises dans
4c saint Sacrifice de la Mcfle, & elles
qu
font offertes en union de celles de Jesus-
J

Chrisi, sans lesquelles elles


ne (croient
pas reccuës. Cest pourquoy aprés
qu on a représente les louanges & les
honneurs qu'on doit
i au Fils de Dieu ,
j par ces trois coups d'encens àdemy rond
du costé gauche on patre aussï-tost
)
)
,
costé droit ; representant ,
par là que ces
louanges & prieres de l'ancien Tcsta-
au

lTIent, sont premièrement émanées du


Verbe & méritées par Iesus-Christ
,
qui devoit venir j en veuëduquel, Dieu,
a voulu faire grâce & misericordeà. ceux
de l ancienne Loy qui n'ont rien de
,
faist & de pur en eux que Iesus- eu
, ce
Christ leur a merité par advance
mesmeque rien n'est accepté de Dieu , veu
que par fétus Christ. D'où vient que ,
tous les Saints de cette Loy ne sont
entrez au Ciel qu'avec Iesus-Christ
& n'ont pû. avoir accez au Pere ,
que
par luy.
C'elt pour cette raison
que ces
prières de l'ancien Testament ront of-
fertes sur l'Autel
avec celles de Iesus-
Christ ; pour monrrer que c'est
avec luy
& par luy que Dieu les admet. Outre
que ce Sacrement citant la continuation
du Sacrifice de lesus-Christ entrant au
Ciel avec ses Saints, il faut qu'il repre- ;

sente les louanges de tous les Saints.


Le saint Sacrifice de la Mésie est la ;
,
continuation du Sacrifice de lefus-
Christ consommé en ion Pere au jour i
,
de la Resurie&ion & communiant
, Ascension
son Pere au jour de son ,
en-
tranedans (on sein avec ses Patriarches
& ses Prophc:cs; mais c'est un Sacrifice
prévenant le Sacrifice universel de tou-
l'Eglise consomméc enIcsus- Christ »
te
& montant dans le Ciel au jour dulu-
gement, & du Sacrifice universel : car
alors non seulement l'ancien Testament,
mais encore lenouveau,sera consommé
en le[ us-Chrif1:; toute l'Eglise ne sera
qn'une Hostie de louange avec lesus-
Christ ; toute la Loy Ecrire & laLayde
G' ace ne sera qu'un Iesus Christ.
Joint encore ,que figurant ce dernier
Sacrifice du jour du lugement, où nous
serons tous consommez en un ; où l'an-
le
cien & nouveau Testament ne seront
qu'une Bergerie gouvernée par un Paf-
teur, & consommée en un Agneau,oti
doit exprimer les louanges de l'un &
de l'autre. Ce qui paroist par les Cix

qui se donnent pour honorer le


coups

/
Saint Esprits trois de la part du nou-
veau Teltamenr, & trois de la part de
l'ancien.
Ils se font consecutivement, pour
montrer qu'un mesme Efpdt lie les
deux Testamens, qu'un mesme Esprit
regne sur les deux , qu'un mesme Esprit
les consoinme totis deux en un & fait
,
qu'ils ne fontqu\ineHostiede louan-
ge en luy,en son amour ,& en sonfeu:
car c'en: un meime Esprit qui éleve les
Saints à la louange & à la gloire de
Dieu: un mcsme Esprit nous Fait prier
en l'un & en l'autre Testament :& ce-
luy qui aura plus eu de cét Esprit, sera
le plus sainr. Un seul Esprit fera donc
un seul tout de tous les particuliersdc
l'Eglisc, tant d'une Loy quede l'autre.

CHAPITRE II.
De f office
du Thuriféraire du
,
Diacre, & du Prestre quant
,
aux Encenfernens%
T Es Encensemens ne sont pas seule-
ment mysterieux dans leur matière
de dans leur a&ion mais encore dans
>
les personnes qui y contnbuent»cC dans
qui les regarde. Le Thuriferaire, v
tout ce
il aen:c déjà remarque, est ce- ,
commme
luy dans l'EgliCe de Dieu , cilli reprefen. .-
la fainte Vierge. Il porte d'une main
te
laNavette, & de l'autre ,
1 Encenloir.

La Navette represente l'Eghte, quien: ^


comparée à un navire. Et parce que la i

toujours 1 'Eglire com"


sainte Vierge a !

ses mains pour la preienter a


me en ,
Thuriferai.
Dieu Î c'est pour cela que le j

la Navette en main. [
re a toûjours lcs Enccnfe.
Quand il [e prc[eDee pour j,

il la tient de la main droite , & |


mens , qui
de la cauche il tient l'Encensoir e- 1

presente Iesus-Christ, pour dire que


Iesus-Christ est plus proche de Ton cœu
qu'il
r
est venu
que l'Egl'.[e. Et parce
foi-i Eglise, 8c pour lacou-
pour sauver l'encens de-
sommer en luy tire de
, on le jette dans 1 en-
dans la Navette, on &
cen{ûir pour exprimer que rEglite
, perdue & consommée en
Iesus-Chrifl:..
doit estre

Les grains d'encens renfermez dans la


Navettre, represententles peuples ren-
fermez dans l'Eglise.
Le pied de la Navette est bas pour
marquer son humilité.
Le
Ledcflus de la Navette n'dfcpas élcvc,
pour témoigner qu'il n'y a point de
vanité enelle. Et en cela la Navette
ne
rcflcmble pas aux navires, dont la
par-
tie superieure cst élevée en l'air, pleine
de voiles & de cordages, qui les élevenc
& les exposent auvent, au gré duquel
ils marchent ; ce qui ngninc la vanité
& l'embarras du siccle qui n'a rien de
,
solide & de stable: A quoy l'Esprit de
l'Eglise n'a point de parc ; car elle cst
coûjoursbaff*c, humiliée, &[cparéedCI
vanirez du monde.
La Navette a deux moitiées sa lon-
en
gueur , dont l'une demeure toujours
couverte, & l'autre s ouvre dans le be-
soin. Cela fair voir
comme l'Egli(c con-
serveen mille([t[orscachez, qu'ellene
produit pas toûjours, & qu'elle nedé-
couvre que par necessïté & poui la
,
charité du prochain. La bça,.iré de l'E-
glise est cachée
en son fond & ne peuc
estre découverte ,
que par les yeux de
Dieu Omnisgloriafili4. Regis ab intttt. vr*i ;
,
Le Thuriféraire
met la Navet,-centre 44- >4
les mains du Diacre, afin le
que Prestrc
en tire l 'ciiccns, le mette dani le feu,
&lebenissè. Cela represente, qliec.dl
par le moyeu dela fainte Vierge que
,
les peuples sont attirez à 1 Eglile , & <

mis entre les mains de ses Ministres ,


estre consommez en Jesus-Christ
pour
felon les Decretsde Dieu ,dans lesquels
ils estoient cachez comme les grains
dins la Navette ; dont la bouche qui
s'ouvre, signifie que les defleinsdeDieu
sur les peuples se découvrent a l 'Eglise,
quand il les veur san&ifier.
Cc sein profond de Dieu, est bien aussi

,
represente par cette Navette , d 'où les
peuples sortent pour estre faits Hosties
à la gloire de Dieu, consommées en son
feu. Et pour cela ; il faut d'abord qu -
ils soient mis dans l'Eglisedu nouveau
Testament , qui est representé par le
Diacre, lcquelaprrstire la cueillerede
la Navette, & la prc(entantaU Prestre,
il HIabaise, & la main metrnedu Prestre,
pour fier que l'Eglise ne peut tirer
les ptupt s de l'estat où ils sont , lors
qu'ils viennent en terre enfans d "ire &
decolere que par Jesus Christ , qui
,
doit leur donner sa bénédiction parle
du Baptême.
moyen
à
LaCueillere est attachée laNavette,
Se y demeure toujours cachée pour té-4
moigner que l'Eglise renferme en soy le
Jacremcnc du Baptesme , comme le
moyen de retirer les peuples de la mafle
déperdition, où ils sont engigez
par le
pèche. Cette Cueillctc retire du pcche
relève de la terre recueille ^
Jtsus«.
, en
Christ les peuples dispei sez & les jette
dans cet abysme & fournaise ,
dé feu
pour y citre devorez & consommez ,
Dieu par Ictus Chrifi,quiestle,premicr en
consommé dans ses flammes.
Le Thuriféraire pendant
ce temps »
apres avoir ouvert l'encensoir tout ar-
dent & enflammé te tient haut
, par en
de la main gauche sur sà poirrine ayant
le poulce dans la bouche qui est chaî-
au
non du milieu qui ouvre l'Encensoir; &
de la droite il tient les trois chaînons
,
prenez,allez prochedufeu, qu'ilpre-
fente auprefire en la posture d'une demie
génuflexion, avec une modestie &
reve-
rence extraordinaire. Ce qui represente
les dispositions & sentimens delatres.
sainte Vierge en l'œuvre de l'Incarna-
tion, & dusalut des peuples qu'elle
,
recherchoit avec une sollicitude,unsoit-
hait& une vigilance extrême.
L encensoir Lignifie lesus-Christ
,
tout entier ; tant en Ion Humanité, qu'-
en sa Divinité, avec les trois Personnes
habitantes enluy, Le corps de l'Entea-
oir, qui contient les charbons ardcns ,
représentent 1 Humanité dont le fond
>
est en gloire & consommé dans le feu
Divin. Les trois chaisnons representent
les trois Personnes de la tres-sainte Tri.
nité. Celuy du milieu represente la
Divinité environnée des trois Person-
Ce chaisnon esi celuy qui ouvre &
nes.
ferme l'Encensoir , à cause que la Di-
vinité est celle qui dans les trois Per-
sonnes cst la cause de tous les mou-
qemens de J,fus. Christ & de toutes
,
.chases.
Les œuvres que la tres-sainte Tri-
nité produit au dehors, sont inCepa-
rables à cause que la puissance, lalu-
>
le
miere, & mouvement, par lesquels
les trois personnes agiifenr , c 'cft Dicti
mesme, qui est unique dans les trois;
qui par consequent opere luy [cul, &
en qui scul toutes les trois Personnes
opèrent au dehors. Et au dedans,unePer-
.lonne opere ce qu'une autre n opère
point , si le Pere engendre scul son
Verbe & si le Pere & le Fils produi-
, Esprit, lequel
sent seuls le Saint ne pro-
duit rien au dedans,c tst,ou a cause que
dans ce premier instant d origine, le
Jpils & le Saint Esprit ne sont point
encore ; ou que dans
la production de
-
. ces deux Divines Pet Tonnes,'la fccon.
>
dicéde l'Essence Di vine estant épuise,
ii ne rcite plus rien à produire
au
dedans. C'est donc Dieu qui opere
tout au dedans, comme au dehors , & il
cst seul principe de l'opérer. Dieu
dans le Pere engendre son Verbe par
son entendement en fuite de
1
, quoy
Dieu se trouvant ttanfmis dans le Fils
par la generation , un mesme Dieu qui
cala volonté fccondc dans le Pere 8c
dans le fils produit le Saint Esprit
, :
Tous deux comme disent les Theolo-
,
giens en unité de principe c'cft à
, ,
dire, en tant qu'i's sont un Dieu fécond
en volonté, produisent une mesme Per-
sonne nommée le Saint Esprit; à caufc
. que la volonté soûpire comme l 'enrcn-
,
dement exprime ; & pour cela la secon.
dePersonne produire par l'entendement,
s'appelleVeibc&est l'expression de Dieu
qui represente ses peife&ions telles
qu'elles sont en luy. De sorte, qu'en
un mot le Verbe lotie le Pere infini-
ment, il louë Dieu dans le Pere &
dit tout cfqu'ileG: d'un éloge infiny, &
admirable ; ainsi en luy seus Dieu trou-
ve toute sa louange j & pour cela, luy
ieul, peut donner paix à l'ame
,
&
sur tout à celle de Iesus-Christ , qui
ne sçiuroit se contenter en elle ny en
toutel'Eglise, pour le peu de louange
qu'elle rend à son Pere. C'est pour-
quoy Dieu à deiïein nous a donné son
Ve be, afin qu'en luy nous puissions
trouver des louanges , qui fussent i
dignes de Dieu.
Dieu doncest le principe de toute ope-
ration , soit au dedans, soit au dehors. t
Il cst aulîi en Jesus-Christ le principe de ;
Deus toutes Ces opérations. C'est luy qui se >

(rat in reconcilie le monde , & qui ouvre le î


CheHlo
coeur cede cher Fils pour nous. C'est
miln-
dum luy qui luy donne l'amour qu il a
re:on-
cilians
fibi.
21. A4
pour les hommes, & qui luy
brasser nos iiiterests avec tant d'ardeur.
fait cm-
,
Cor. Et si cela se fait en Dieu originairement
J. ï. par son amour, comme premier princi-
pe de tout le bien des hommes
,
il est
encore meû à cela par les prieres assiduës
& vigilantes de la très-sûinte Vierge ; il.
y est sollicité continuellement par ses
foins 5c par ses demandes , qui obtien-
mï(er :carde aux hommes par Jesus-
nent
Christ. Ce qui est representé par leThu,,,,
liferaire lors que portant 1 Encensoir
,
dela main gauche il éleve avec tant
,
de soin la bouche du chaînon cij1 milieu,
pour tenir ouvert l'Encensoir rout ar-
denr. Cela exprime la sainte Vierge di-
sant au Pere ; Je vous conjure par les
mcrites&les amours ardens de vostriFils
je
que vous offre,[lices misericordeaux
hommes que je mets dans les mains de
I'Eglise, & que je luy confie sur les.
,
quels j'ay toujours les yeuxouveits
,
regardant tous ceux qui ont le bien
d'estre mis datisl'Fncensoir de mon Fils,
& qui y foit enfermez pour y estre à
jamais consommez à vostre gloire. C'cst
pour cela qu'il faut que le Thuriféraire
ait toûjours les yeux ouverts sur le
Prestre & sur le Diacre , quand ils niet -
tent l'Encens & il doit reprendre la
, faut
Navette quand il ; pour montrer
que l'Eglise donne à la sainte Vierge
les ames à garder la tenant comme la
, celles
protectrice de tourcs qui (csient
sUI la terre , en attendant le temps
de les mettre en Dieu pour les con-
,
sommer à sa gloire.
Le Thuriféraire qui tient les trois
chaînons pressez de la main gauche, re-
presente l'amour avec lequel la sainte
Vierge preffela sainte Trinité de rece-
voir les ames del'Eelise en Jesus-Christ,
& de les conlommer en luy ? Elle pressi j
ces trois Personnes de contempler «

l'amour ardent de Jc[us-Chdst qui 1

,
mérité bien d'estre exaucé, eXAudituJefJ
Ad
Utir. profita reverenûajX vaut tant de sa per",
J- 7' sonne, qu'il merite que son Pere l'écou-
te , & qu'il écoure aussi tous ceux
qui invoqueront la Majesté de Dieu
par luy.
Apres que l'encens a eslé mis par le
Prestre dans le feu, ( ce qui represente les
Saints entrez en Jesus Christ ) le
,
Thuriféraire referme l'Encensoir, ugm-
fiant par cette aétion ce que la Sainte
Vierge dit apres leur consommation \
Je fuis contente pour ceux-là , je n'en
(uisplusen soucy cesames sont con-
,
sommées en Dieu > & le louent à toute
eteuiné.
Apres le Thuriferaire donne l'En-
,
censoir au Diacre, qui reprerente1'Egli-
se; afin que le Diacre le donne au Pre-
stre qui encense l'Autel & aupara-
, signifie
vant le Sainr des Saints, cela
que la sainte Vierge donne son Fils à
l'Eglise pour remercier Dieu par luy
,
de la grace d'avoir receu des Enfans , &
de les avoir daigné consommer en luy.
Et de plus , elle donne cét Encensoir
au Diacre, pour dire à l'Eglise qu'elle
s'uni&'à jesus-Chrifl & aies loüanges,
& auili à toutes les louanges de sese-
rcs, qui vont loüer Dieu, de se consom-
mer en louange à toute eternité.
En suite dequoy le Diacre prend en
main l'Encensoir pour le donner au Pre-
stre ; la sainte Eglise témoignant par là
qu'elle ne se Cent pas digne de presenter à
D ieu sesenfans,ny les prières de l.Jus-
Christ ; nuis elle les donne au P relire
c'ell à dire à Nostre Seigneur pour ,
, ,
lotier Dieu luy-mesme. Et le Prefhc
qui exprime là le Verbe, prend l'Encen-
f*oir pour presenter à Dieu les prieres
,
& les louanges de l'Humanité sainte de
Jesus-Chrft.
Le Pi'eflte d'abord qu'il a l'Encen-
,
soir en main fait la genuflexion Se
, ,
s'humilie devant Dieu ; parce que le
Verbe ne peut s'humilier devint son Pe-
re, s'il n)csi:f.1it Homme. Et comme il
ne peut louer son Pere par des louanges
de Religion que par l'Hmnaniré,de là
5
vient que le Prêtre représentant le Ver-
be, prend en main l'Encensoir, qui re-
presente l'Humanité remplie du par....
,
fumdes louanges de tous les Saints du
Çiçl, pour en honorer Dieu.
Et parce que 1 Eglue doit s unir a
Chri- Chefen ses loiian- i
flus Jesus-Christ, comme
Caput est & les autres devoirs qu'il
Ecclefix. ges en tous
rend à Dieu (on Pere ; pour cela le
.Ad
Efh. 5. Diacre baise le Chapiteau de Encen- 1

*!•
soir ,en s'unissant par alà Jesus-Christ, 1

Chef. Et comme il faut aussi 1

comme qui of-


s'unir aux louanges du Verbe j
freles prieres de 1 Humanité sainte, la-
quelle ne peutse offrir elle-mesme sans
juy non plus que l'Encensoir sans le
, le Diacre baire
Prestre 5 de là vient que
la main du Prestre, apres avoir baisé le il

chapiteau de l'Encensoir ; disant par la


l'Eglise s'unit elle-mesme aux prie-
que qu'il rend
res du verbc, & aux louanges
à Dieu en Jesus-Chrilt. ^

Le Chapiteau de l'Encensoir en la ^

du Prestre, exprime la Divinité qui est


le Chef de Iesus Chiist : Caput Chrifii
fDeus le Chefde Je[us.Chri!1: est Dieu
9. Jlà ,
Car. U. fubsisttant en trois Personnes, & toutes
'le 3- trois inseparables, qui s accompagnent
C'estpourquoy les
en tout par tout.
& ,
trois chaiinons qui representent les si
>
trois Personnes loutiennent le corps
, mesme les trois Per- |
de l'Encensoir : de
Tonnes soûtiennent en leur manière , &
çnviwnnent l'Humanitc' de lesus-Cbr-
Le Prestre qui donne le sie'
bran & le
mouvement à l'Encensoir >rcprc(cnte le
Veibe donnant la vie, la subullance &
,
le mouvement à l'humanité. Ec l'En-
censoir aussi qui donne de l'encens à
Dieu,rend le Prêtre enccnfant&prian t j
car sans luy le Prestre n'amoit pas de
quoy encenser. Cela represente le Ver-
be qui est rendu priant par l'Humanité
,
fainte lequel n'auroic point de prierez
,
& de devoirs à presenter à Dieu tans ce-
la. Et tousdcux nefont qu'un Encen-
foir Î comme l'Humanité de Iesus-
Christ & sa divine Personne ne font
qu'un priant & un louant.
La fiinre Vierge est celle qui donne au
Verbe scs louanges & (es prières,en 1uy
donnant l'humanité , dans laquelle il
trouve le moyen de prier 8c de glorifier
Dieu : Et le Verbe fc sent tellement
obligé à Marie de ce digne present qu'-
elle luy a fait de sa nature & de son sang,
qu'il a bien voulu se les unir & faire
,
que le sang de Marie avec IcVerbe , de-
vint le Christ , & fit partie du Verbe in.
carné. De là vient que toute l'Eglisc
avec le Verbe se sent obligée à la tres-
sainte Vierge, de la Religion qui se red
à la divine Makfté. Cc&doncpour ccV
la que le Thuriféraire qui represelltcla
sainte Vierge, est celuy qui doit donner
l'encens & l'Encensoirau Diacre afin
,
que par luy le Prestre qui signifie le
,
Veibe, reçoive le moyen de glorifier
Dieu.

CHAPITRE III.
De i 'lntroik.
APreslesEncensemens, qui expli-
quent à leur façon les louanges
de Dieu on commence l'Introït &
,
les prieres de l'ancienne Loy : car 1'1n.
troïtest presque toûjours tiré de l'an-
cien Testament ; & l'on exprime par pa-
roles ce que l'on avoit exprimé aupara-.
vant par les Encensemens , parlesquels
on avoir attiré à Dieu les yeux & le
flairer de l'ame, comme on y attire main.
tenant les oreilles , récitant ses louanges
à haute voix. Et pour cela tout le peu-
ple chante en la personne duClergé »
qui exprime toute l'Eglise ramassée en
luy.
En commençant l"lntroïr le Prestre
,
fait le signe de la Croix sans dire In
,
nomine Pttris st Fiïiï
>

?
& Spiritut
Sana;, :upour marquer^ que tour^ ce qui'
s'est fait en l'ancienne Loy ,a esté la gloi-
re de la tres-Sainte Trinité en vcrtu d:
lesus-Ch.-ist, qu'elle ne connoissoit pas.
clairement &: distindlcment, maisfeule-
ment avecconfulio:l &:obfcuncé. C'est:
pourquoyelle fait seulement par geste
le signe de la Croix saus exprimer par
,
paroles les trois pertonnes adorables.
On entonne des paroles tirées de l'an-
cienne Loy, qui signifient quelquesfois
les di(positioiis de Dieu pendant ce
,
temps là. Par exemple en cét Introït
Ego cogjto cogitationes pacis & non ,
,
tffliftionis ; L'Eglise est ravie de ces dis- '
portions de Dieu, qui souhaitte la paix
aux hommes , & qui medire le moyen
denolrre reconcililrion en (on Fils. Et
partant le Chœur entonne hautement
& d'une allegresse publique ce beau
motet , Ego cogtto , &c. je pense des
pensées de paix.
Apres avoir exprimé les sentimens de
Dieu on exprime ceux de la Synago-
,
gue , qui suivent immediatement ; com-
me sont les sentimens de confiance que
l'Eglise exprime, ensuitedes témoigna-
ges d'amour que Dieu luy a rendus:
mais avec cettc différence» que ne se con-
tentant pas de chanter ceux-cy une fois,
elle les repete une seconde ; ce qu'elle
ne fait pas des prieres de la Synagogue
tirées dcDavid àcauseque sentimens
& dispositions de Dieuse doivent peser
avec plus derespe£t, que les sentimens
de tous les hommes ensemble, pour pui s
qu'ils puissent estre ayans roûjours
,
diminué dela pureté & dela {aintctéde
l'cTprit en leur meslange.
De plus,on chante la premiere par-
tie de l'Introït par deux fois . dont la
premieredeclaie les penséesde Dieu &
Cespromesses 1 & la seconde témoigne
qu'elles sont accomplies & qu'on luy
,
en rend a&îon de grâces.
Et pour les louanges ou prieres tirées
de David qui expriment les devoirs &
,
la Religion des hommes envers Dieu
,
elles ne se recirent qu'une fois à cause
,
que ses prieres se doivenrcontinuer dans
l'EgHse & ne doivent jamais cstre in-
,
terrompuës. Et la nouvelle Loy , aussi
bien que l'ancienne, se doit servir de ces
prieres autrefois inspirées par resprit
,
de Jcsus-Christ qui anime l'Eglise; par-
ce que !'Esprit de Dieu en ce temps-là
,
qui devoit estre un jour l'Esprit de
I,sus.Christ, quand il seroit conceu ft&r
la trrre se repandoit par advance en
,
David, & luy taifoir dire ce qui devoir
cstre continué dans tout le monde. Et
il
comme efi:oir figuredelcsus-Christ.Sc7
mesme un Icsus O Christ vivant sur la ter-
re en la vertu de san Esprir, il exprimoit
déja les Ceotimens du Fils de Dieu en
son Eglis(:,& NoC1:reScigncur commcn-
soit par advance à exprimer en luy ce
i
qu'il continuë en nous.
Et afin que toute l'Eglise fût pleine
de Jestis-Christ & que tout ensemble
,
elle ne fût qu'un Idus-ChriH: il met-
,
toit dans la bouche de ce Prophète ce
qu'il devoir dire un jour luy-metmc sur
la terre comme on l'a veu à sa mort,
,
oùil a prononcé lesPseaumcs quedavid
prononçoit en son assi¡<.:lion, récitant *s«i- 30.
, , 6.
lnmanu! tuas cornmendo spiritum meum. Lté.
Et, Deus meus, 'Deus meus ut quid dere- 46. 14.
Hquiflime? Comme encore le Dixit Do- *f*l 11.
t,
minus Domino meo , qu'il exprimoit de !\Carr.
bouche sur la terre comme un jour son 7. 4*.
, M xr. 15.
Père devoit le reciter dans le Ciel; où 34.
l'on entend sensiblement les paroles de l 'J,l.
10'.
congratulation conjoiiiflance, reflen-
,
timent, & gratification , dont le Perc
Eternel devoir user à l'entrée de son Fils
dans le Ciel, au jour de son Asccnsion»
Si bien qu'en l'une & l'autre Loy on ne
voir que Jesus-Christ,on n'entend par-
ler que lusus-Christ & on n'est redeva*
»
b!e qu'à Iesus-Christ de toutes les
,
louanges, de tout l'honneur & de tous
les hommages qu'on rend maintenant à
Dieu , qu'on luy a rendus & qn'on luy
rendra à jamais sur la terre & dans
le Ciel.
Et pour exprimer cela , & marquer
l'union de l'un & de l'autre Testamenc
en Jesus-Christ immédiatement apres
»
cePseaumeon vechcGloria Patri&Fili&P-'
&c. pour joindre la prieredu nouveau
Test iment à celle de l'ancien , & pour
adjoûrer aussi à l'ancien le bon-heuc
,
qu'il ne connoîssoit pas, scavoir, l'ex-
pression du Mystere de la tres Sainte
Trinité, qui luy manquoit : car il n'en
connoissoit rien que confusément 8c en
la Foy de Iesus-Christ , qui devoit
un jour reveler ce qui estoit alors
couvert.
C'est pourquoy quantlol1 dit,
ria Patri, & Filio & Spiritui SanElo ,

le Prestre se tourne vers laCroix ou
vers le ries saint Sacrement, lorsqu'il
est sur l'Autel, poir dire ; C'en: à vous,
mon Seigneur lesus-Christ caché
»
tous nostre Sacrement dans ce Taberna-
cle; ou bien à vous, qui stes representé
sur cetteCroix ( il faut qu'il y air
-
, car
toujours un Crucifix sur l'Autel )
que
inous fomines redevables de la connois-
sance de ce divin&adorable Mysterede
i
la tres-sainte Trinité à laquelle
, nous
rendons ces hommages &
>
ces louanges
expresses, dont toute l'ancienne Loy
estoit privée qui rendoit

, ne aucun
devoir qu'en vostrc Esprit caché plus
au
profond du coeur de
vos Prophetes,
iaufquels vous reveliez
cette sublime
.veriré. Et l'Eglisedans l'Osfice Divin
pour le mesme deirein recite le Glopia
,
>Patri à la findetousles Pseaumesde
,
\David.& de tous les Cantiques, excepté
VàHcmdicite, àcausequ'on a adjoûté en
la methode du Cantique qui n'est
'qu'une image des louanges que l'Eglisc ,
rend a Dieu Benedicamus Patrern &
>
Filiurn cum Sanfto Spiritu louons
,
le Pere le Fils & le Saint , Esprit,
, ,
repre(ènrez par les trois Enfans daus la
fournaise en unité de l'Esprit qui
tpatût au milieu d'eux comme images ,
¡de: l'Eglise.
Lors qu'on dit le Gloria, on s'incline
¡prosondement à l'exterieur, & ons'hu-
milie de cœur devant la Majesté de
Dieu , protestant par cette action d'a-
neantiflement, que toute creature doit !

rendre hommage à cette grandeur su-


bliine, & se reputer indigne de paroistre
devant elle. Parceverset de nostre Of-
fice, qui est Officedu nouveau Testa-
ment, nous tirons des mains de la Sy-
nagogue , & nous nous approprions
ce qu'elle possedoit uniquement depuis
la venue deNostre Seigneur, par le mau-
vais usage qu'elle en faisoit. Car par cet.
te sainte conclusion , Gloria Tatri,

me tous les le
,
Gloire soit à Dieu en luy.mostne com-
pseaumes marquent, mais
subsistant en trois Personnes t com-

Pseaumes de nôtre
;
me nous l'adjoûrons nous marquons
seau & les ren.
ces ,
dons nostres y adjoûtant tout ce
,
qui y manquoit , que Jesus-Christ
n'avoir point encore décou vert , & qu'il
à
atcendoit reveler à la fin de la Loy.
C'est pourquoy nous disons Gloria
Tatri à la fin des Pseaumes & non >

pas au commencement.
Si aux Laudes on ne dit point Gloria.
à la fin de deux Pseaumees ; c'est parce
que l'on en fait un de trois , lesquels
,c,asemblc expriment une IneCmecho[e J
8c rapporrcnt les louanges & diLpoh-
jtionsdes Saints, quine foie poinr in-
.

renompuës, & ne (ont qu'une louange


-
à Dieu & à la très-Sainte Trinité. Ce
qui ne se fait pas sans raison en cette
partie qui s'appelle Laudes : c'est à dire,
louanges à Dieu ; où l'Eglise parti-
,
culièrement au jour du Dimanche, ho-
nore laresurreàion de nostre Sauveur,
' & la Societé qu'il avec les Bien-
a
heureux,pour louer Dieu éternellement.
Si bien qu'elle y melle les Cantiques
des louanges des Saints, Laudate Do 1V.
minum in SAnnis eins , Laudate in II.. Z.
eum
firmament0 virtutis ejus. Hymnus omni- P¡'l,
bus San Bis eju fliis Israèl populo appro 141. &+.
-
finquanti fibi. L'on voit en tous ces
Pscaumesla description des Saints, &
leurs dispofitionsdanslijgloire , EM/- Pfl. 6.
tationes Deiinguttnre covum, les loüan-
:
gesde Dieu dans leur bouche. Et par-
' ce qu'il faut s'unir en terreaux louanges
des Bien-heureux on dit tous les jours
1
,
à Laudes ces Cantiques du Diman-
1 che dediez à la louange de Dieu en
,
Jesus-Christ refluseité. D'où vient que
Vf*!.
ce jour là se recite le Dominus regnavit
,pz.
decorem indutuseft indutuseji Dominus
,
fortitudinem & pracinxit se. Le Sci-
,
<meur a regné il s'estrevestudebeau.f
,
.4d té, accompagné de force & de vertu en
Cor. Ij. sa Refuric&ion, c/ucifixus est in wfir*
4- mitate fedvivit ex virtute Dei.
, Pseaume, IHbi[ltu:
Apres ,on dit le
Plal. 99. qui exprime les sentimens de joye des
Chrestiens en ce jour.
On adjoûte, Deus Deus mens,, "ri te
Pi't 1. Z. de
lute vigile. Suivit in te anima mea,,
multipliciter tibi ctt<o me a : Ou| on
quam
voit les souhaits de Jesus- Christ tbûpi<
sa Resurrcâicn & la cleli-
rant après ,
son
plus pour son corps que pour
ame,
rant
qui estoit en parue bien. heurcule,
& son corps estoit affligé de toutesparts,
& plein d'amertume & de confusion.
Le Benedicite , est le Cantique des
Bien-heureux consommez dans la
,
gloire & dans le feu divin , qui chantent
les louanges de Dieu rout d une voix 5c
d'un meime esprit, representé par céc
Ange qui se trouva au milieu des
[texte_manquant]

,
Enfans: uno ore benedicant Deum.
Lors que nous chantons le G Ion* y
en l'Office ,on s'incline devant la S1inte
Triniré en union à lesus-Christ Nol1:re
Seigneur qui s'est donné à nous & que >

nous ne regardions point de loin, com-


me le Pierre fait au coin de l'Autel
>
-quand il setourne vers le Crucifix;
parcequ'alorsil represente l'ancien Tcs-
itament , qui regardoit de loin Nostic
Seigneur & ne le pouvoir voir qu 'en
,
^figure & caché sous les voiles du
,
rjTabcrnacIe.

CHAPlTR E IV.
Du KJrit.
EN ruite , on chanrcpar neuf fois, à
l'honneur des neuf Choeurs Angeli-
Kyrie clcifon cequi exprime les
$
Lentimcns des Anges & des Prophctes,
au temps de l'ancienne Loy.
LeKyrie, aussi bien que le Trai&,
,
qui est cette partie des prières qui se lie
,
(immédiatement devant l'Evangile
signifie les soupirs& les larmes
,
dcs Pro.
phctes gemiffans & faisans penitence
pour les pechez des homtnes, soûpirans
apres le Meflie»& demandons un repa-
rateur de la chair toute absorbée dans
le peché :ou au moins unEsprit puiiïjnc
& vertueux, qui élevant l'ame au dessus
de la chair la tiat dégagée de sa masse
,
pesance pourl attacher à Dieu, & s'oc-
,
cuper en luy par louange & par amour.
Les Anges aussi bien que les hommes,
avoient intstcil à la venue du Mciîîe,
& le demandoient avec dautant plus
d'ardeur & de zele , qu'ils voyoient
clairement en Dieu ce Mystere &sans
incertitude & que d'autre patt ils
,
voyoient perir les amessous le poids de
la chair par la malignité du Diable2&
parla foiblcfle de la Loy , à qui ils prc.'

109!.
,
voyoient devoir succeder la force de.
l'Espritde esus.C[1riC\; sélon les pro.
z. mettes de l'advenir : Effundam de spiritu
n. super & provhct*~\
Z7. meo omnem camern ,
7. bunt silii vcflri, & si li'tt vistr£ (j
,
res vesiri vifiones zidebunt, & jromn,-T
fomniabunt. le répanderay mon Esprit
sur toute la chair & je le donneray
,
avec telle abondance, que remplis des.
lumièresde ma presence, i!s verront en
moy toutes les choscs les plus [ecreecl:
de l'advenir, 5c verront en veillant, &i
mesme endormant les chosrs lespiusi
,
pures & les plus Maintesde la foy. Céstl
l'estat d(s ames bien unies à Dieu quil
>
voyent toujours en Dieu les choses
mesmesen dormant j à cause que Dici
leurestuny independémment de l'opo.
ration de leurs sens, 5c qu'il s'appliqua
par fois à l'ame la nuit d'une nunicrl
à
allez remarquable , afin qu'elle puiue
•faire reflexion sur ce qu'elle a veu &
,
? avoir le Convenir de l'opération Divine.
Dieu n'a point besoin de nos phantosmes
1

< pour agir en nous, non plus que dans les


ames separées ; il opere dans les temps
,q?c les ficulrez sont liècs qu'elles
,
'n'onc aucune fon&ion 6c qu'elles
sont assoupies ,
mortes & endormies.
,
Cela se fait par la presence de l'Esprit de
Dieu, intimement present à nous par
son essence qui est plus en nous que
i
.
nous'mesmes qui est le fond cflentiel
1
,
dcnostre sut:nuance & denostre estre,
& par consequent present ctTènticlle-
ment à nous dans l'intime & dans le
fond de nostre ame où le phantosme
,
n'a point d'accès où l'opération pro-
,
pre n'a point de nec. l[té de s'approcher,
oÍ1 Dieu seul peut faire, & fait tout, où
il est le maistre & le sera roûjours, com-
me il l'estoit quand il tira cet estre du
néant pour luy donner la (ubút1aI1c(".
C'est ainsi que Dieu operoit en la
tres-sainte Vierge comme dit saint
,
Ambroise,& comme nous l'expriment Cant. f •
ces paroles Ego dormio & cor meumvi- z.
,
giUt : le dors en mon corps & entes
PQiÍfanccs i mais mon C(priscsttoûjour5
1
veillant , il elt toujours autant auprès v
de Dieu & sans aucune dissipation.
,
G'est la maniere dont Nostre Seigneur
lesus-Christ,dornioir, quiefloit pour-
tant alors bien-heureux, & voyoit
Dieuen son e(prir ,luy rendant mesme
tous les devoirs de Religion de loüan-
j
ge,d'adoration, , & d'amour, qu 'il luy
rend dans les Cieux. Et cela se faisoit
s.,nscesinterrupcions qui viennent dela -
part de la chair,sans dissipation d'esprit,
&sans aucune attention des facultez du Î

corps. Ce qui sefaiÍoiF enluy enémi- »

nence, sepafïbiten sa fainte Mere dins i

toute la pelfeâion qui sepeut commu- i

niquer à .une pure creature , laquelle r


pouvant estre occupée en Dieu le !
,
Qtyoitdhe pendant ces temps pour ne '
,
passer aucuns momens de sa vie, sans
rendre à son Dieu ses devoirs ôc les
nostres ; recevant aussi les liberalitez
continuelles de Dieu qui ne vouloit
>
point laisser un moment une ame 6
agreable, sans se la tenir unie : 6e répan-
dre en elle Ces dons & ses grâces.
Nostre Seigneur fait encore ressentir
quelquefois les mesmes faveurs à cer-
taines ames qui vivent sur la terre, qui
4; voyent occupées presque toujours en
Dieu,
I Dieu, autant la nuiccO'dormanr ,com-
en veillant.Ce que l'on voie
j me le jour
I par les efFets & par le compte qu'elles
I rendent des choscs qu'elles
I qui surpassent
ont reccaes,
la capacité humaine &la.
j portée de 1.Esprit. Ce sont là les dons
j de 1 Esprit du
nouveau Teltamenc .
ijque les Anges prevoyent
en Dieu, &
jqui leur faisoient demander milcri-
i corde pour les hommes parla vertu de
j Ic:lus-Chrill, qui devoir leur donner
icét Esprit, & à mesme temps Impie
réparer les b r
bruines de leur societé qui cstoit décheuc, ruia.u..
q& donc le nombre par leur malheur & P141. si
j la malice de leurs freres levoltez & su-
iperbes^ avoit ellé diminué & rendu
iimparfait. Leurs demandes & leurs
^piieres ont esté de Ci grand poids devant
jDieu que pour cela Nostre Seigneur
,
Jfait mention l Autel de
a tous les senti-
,
jmensd'amour, de penitence & d'une
,Iinfinitéd'autres devoirs qu'ils luy
rendus. Il fait exprimer hautement ont
,1a bouche des Prestres & de l'Egfife.
par
'ce qui luy tient au cœur, & ce qui este
"de si grand prix
a
aux yeux de Dieu ;
ravoir les cris des Anges, & les gemif-
remens des Propres, qui
ont haute..
illent prié , & demande sl venue avec
d instance du haut du Ciel, &du J
tant
fond de la terre. Ces gemissemens des 5.

Prophetes nous font bien exprimez par i

Pfat. le Pseaume De profundis clamavi Ad te


i. z. Domine : Domine, exattii vocem meam \
Pseaumeque l'on chante au jour de la
Septuagesime, où l'on commence à faire
pénitence des premiers pèches , qui
font les pechez commis contre la ena-
tion,dontl'Egli(e recite toute l 'histoire,
& faitlad^sciiption delacheutedupre- u
mier homme de sa mort > & de celle de
, luy. Elle
les
tous autres hommes, en
emporte, & pleure leur perte avec dou-
leur voyant qu'ils ont perdu un Dieu ;
,
qui demeure offense sans ressource, si le
mesme Dieu ne vient sur la terre se
satisfaire parluy-mesmeen une nature»
mortelle capable de porter sur soy la;
peine deue au pécheur ,& comme sécond
Adam, satisfaire à ce que le premier ne,
pouvoit pas payer, & cstre pUny en sa.
propre personne comme s'il eût fait:
,
luy -meîraci,e le peché. Le sécond Adaui,
fcrevest de l'habit du premier & capital:
pécheur qui a commis tous les pèches
,
de sa famille & tous cét exterieut it
, (atisfaire
porte une dignité capable de i
& de donner plus à Dieu en mourant »
qu il ne hiy avoit isté dérobé,
Erparcani, le Kyrie lcrr pourtrpri.
nier une des intentions du Sacrifice;
sçavoir cst, dedemander publ iq
uemenc
pardon à Dieu pour les pt chez detoure
1 'Egée; tout airfiquele Cjloria qui
suit immédiate ment le Kyrie exprime,
,
une au :rc intention du Sacrifice, qui cil
4c louer, b.nir, & adorcr Dieu.

v CHAPITRE V.
Du Gloria inexcelfis.
A et/filPrès le Kyrie, suit le Gloria in
cv-
I)eo ; pour exprimer quela
pénitence des Anges n"aIrerc point leur
beatitude & ne diminue point les
,
louanges qu ils rendent
au Trcs.hauc;
en ce point difFerens des hommes, donc
! esput borné fait
qur" seplongeans dang
les larmes & les afflictions des péni-
tences, ils ne peuvent chanter les IOÜ,10"
ges,ny s apl)liquer ,au'( (airus Canti-
ques d 'aHegrefIe & de joye. Maîsi "esprit
de beatitude dans les Anges les remplit
en mesme rcrrps de tout l'Efprir de
Dieu aurhrul de pénitence & de Joye, si \pC.
, ne
qui tst le scul & unique principe asif- 4 .i
C ut ,
17 2.
Fxpliclltion des Curemonies k
idem
autcin sant dans 1 Eglise en toute la diveditt
fpiiicus desfentimens desSaints,qu'il s'applique
&c.
ïlxc distinctement à Dieu , sélon qu'il le'
autem desire& qu'il le connoist utile & glo.
omnia
rieux à sa grandeur. Cela se fait parla
operatur
unus , fccondité & par la multiplicité de son
atque son principe & en
idem operation unique en
spirj>U$, sa source.
dividens
singulis Le Prestre leve les mains au Ciel,
prout quand il commence leGloria & le Credoy
vult.
I A4 &en pluficurs autres rencontres.
Cor. f, Premièrement, pour exprimer que
* & n Nostre Seigneur chercher son Pere-
va en
laplénitude dela grâce, des louanges,
des bericdiâions & des remercimens
,
qu'il veut répandre dans l'Eglise ; de.
tnc(me que comme Verbe, il puisedans,.
ionPerela plenitude de son Eiïence. .
Secondement le Prestre éleve parti-1
,
culieremenr les mains au Gloria & au;
Credo, & les rejoint cnsemblcen incli-î
nant la telle , pour apprendre par ces
élévations, qu'il appelle l'Eglise, pom J
se venir unir àluy. D'où vient qu'auflM
tost qu'il a fait ce ligne d'amour, le Dia'

cre&leSoûdiacrc disposent à mon-;
ter pour s'en aller à luy ,se mettant aus-l:
si-tost à genoux en a^ion de graces &!r
,
çn reflèntimeut du bien que JesusChristr
leur fait de les appel lcr à luy & de les
,
mettre en commcrccdcion Esprit & de
si grâce.
Les mains jointes du Prestre pendant
leGloria& le Credo , signifient l'unité
dela Religion dans le Ciel exprimée
,
par le Gloria , & celle de la Foy en ter-
re » exprimée par le Credo.
L'inclination de teste que fait le Pre-
stre marque premièrement le rcspeft
,
que Jesus Christ porte à son Pcre , au
nom duquel il incline la reste : car c'est à
ces mots, ( Deo 5c Deum ) que l'on bais.
se la teste.
Secondement, elle marque qu'à cause
del'unité de l'Eglise & de Jcsus-Christ,
Dieu le Père agrée nostrc Eoy 3c nostre
Religion.
Il y a cette différence entre la Préfacé;
& le Gloria in excclfîs, & le Credo que
,
dansceux-cy on a les mains jointes SC
,
en la Preface on les a ouvertes : &de
plus pendant la Preface, le Diacre & le
Soûdiacce sont en bas à leur place : où
au contraire , au Gloria in excelsis, & ail
Credo .ils sont auxcostez du Prestre, 6C
les recitent avec luy la Pré-
, parce que
face est la pure oraison desCieux & des
Bienheureux où les hommes n'oiy
>
point de pan. c- est pourquoy ils n'oat
pour elle que du refpeft , & un saint
éloignement. Mais comme le Credo est
la profession de la Foy, qui est une vertu
propredela terre & non pas du Ciel;
,
il arrive que les deux Tcstamcns y pren- ?

Dentpart, & sc joignent au Prestre, qui


les unit ensemble ; pour marquer quci
la Foy de l'un & de l'autre eH: toutela
meime. Et encore que le gloria con-
tienne les loiianges des Esprits celestes,
qui sont bien-heureux dans la gloire;
néanmoins, comme ces mesmes Esprits
en ont rendu par ticipans les Pasteursde
la ludée, qui estoient nais dans la Syna."
gogue, & qui ont paGe dans l'Eglise ;
de là vient que laSynagogue& l'Eg!ise;
representées par le Diacre & par le Sou'
diacre js'assèmblent en uniré de louant
ge avec les Anges, & participans à leurs
chants d'allegresse. N

' Le Prêtre ayant achevé dedire à bifre


voix le Gloria ou le Credo avec le
Diacre ,
le Soûdiacre se ,
& va afleoic
,
avec eux.
Cela se fait Gloria, lignifier la]
- au pour
paix & le repos du Ciel. Ils sont mesm^
ouverts,entémoignage de leur Royau-
té sur. toute la teire : dautant que la?
iuiliancedes Bien-heureux dans le Ciel
lui participent à 1.1 Royauté de Jcsus-
:hrist .s'estendent sur
tour le monde.
*• on It melme pendant le Credo
»
: estpour donner à c,)nnoistre la fermeté
x la consiance de la Foy, qui nous rend
' lum certains de" nos Mystetes
, comme
l3t beatitude rend les Saints aflïurei de
ces mesmes Mysteres, &J'eÍperance
aussi nous met déjà
en poMon de
I estat du Paradis & donne
, nous un
' repos inébranlable.
LIVRE ..(1'RlESNE
DES
I
^
ORAISONS:
CHAPITRE I. I

Des paroles & Cérémonies, qui


frecedentloraijon. j

COmme le Divin Sacrifice de la

,
Messe contient toute Religion en
éminence & en perfection soit celle des
1 uifs en esprit, soit celle des Chrestiens

en vérité ; aussi cette aéHon tres sainte


& tres-auguste renferme en soy tous
,
Jes senrimens les dispositions êc les
,
devoirs de cette mesme vertu de Re-,
1igion.
Apres donc qu'on a offert à Dieu les
louanges des Saints par les parfums des
encens on luy présente les prieres de
,
bouche tant de l'un que de l'autre TeC.
tament. Et pour cela le Prdl:re dit trois
fois des Oraisons*, les unes, qui repre-
sentent les prier es de l'ancien T estam cc ;

,
les autres celles du nouveau & les
, ,
troilidines les prieres secretes & inte-
rieures de Jesus-Christ.
Le Prestre qui se tourne vers Ic peu-
ple représente lesus-Christ, appliqué
,
a son Pere, qui ne laifll pas de se <ouve-
airde l'EgliLe & se tourne vers elle
, t
pour la faire participante des Oraisons
des Saints de l'ancien Tcstament & là&
,
faire entrer en parr de leurs priercs, pour
s'unir avec luy & offrir avec luy des
,
Oraisons si ferventes & efficaces com-
,
me celle de ces anciens Patriarches âC
Prophètes qui sui -paniciit la ferveur
,
& le meure de pluiicurs Saintsdu nou-
veau Testament. Et comme nostreSei-
gneur qui aime so.1 Ealite , la veut
mettre en part de tous f' s biens , ÔC la.
veut aifcoiravec luy à son Sacrifice ,qui
comprend tous les devoirs de Religion i
delà vient qu'en se tournant verselle.
il luy dit : Le Seignetird1: avec Vous
jVorninus vebiftHm la vertu de son Es- ,
,
pritestenvous pour vous faire priée
à , z~10el
arec aousj quoy VEglilc repa.ct.
sommes unis d'aff..c1ioo & de dtsiràvô-1
ireEfpiic : EtcumSpiritutuo. ( Etl'E. \
glise repart en cette rencontre , comme
quand le Prestre par ces paroles, Sttrjum
tarda, l'invite d'élever t'on (œur à Dieu:
aussi-tost par disposition, elle respond,
Nous l'avons élevé à Dieu, Ilabemusad
Dominum. ) Ou bien l'Eglise repart au
Prestre, &luy rend le réciproque , par
lesouhait qu'elle luy fair , le Seigneur
foir avec vous & dans vostre cœur,pour
Vous faire prier comme nous.
Le Prêtre ouvre les mains, lorsqu'il
dit, Dominus volnfcum , parce qu'il de-
fire que le Saint Esprit qu'il luy sou-
hairte, soit dilaté & répandu sur tous
en plénitude. VoUa la lignification de
ces mains ouvertes au peuple. Maisau-
paravant cela il taur & qu'il les joigne,
• ,
posant sur l'Autel, il baise
& qu'en les
le milieu du mesme Autel pour nous
donner à connoistre, que cette étendue
>

d'on&ion & cette dilatation de grâce


dans la pluralité des peuples , procede
de l'unité de Dieu &de Jesus-Christ son
Fils. Dieu qui est un , cst le Principe
qui répand toute forte de grace &debe-
ncdidion ; &son Fils Jesus Chiistest
*ulli unique principe mer.toire de la
grace , que le Père nous communique
parluy. C'est pourquoy on joint deux
fois les mains devant le Dominus f),bis-
cam; une fois devant que de baiser l'A a-
tel; pour exprimer que Dieu cst l'uni-
que principede toute communication .•
ce qui est encore marqué par le baiser de
l'Autel ; parce que toute la grâce que
Dieu veut communiquer aux créatures,
il la répand en Jesus-Chrill. son canal &
sa seconde lource. En second lieu le

mains devant son estom-ich ,


Prestre se tournant joint encore les
,
& après il
les ouvre ; pour témoigner que Nostre
Seigneurcontienten1uy toute benedic-
tion , & qu'il nous a merité luy scul la
communication des grâces quisortent
,
de son sein sur la face déroute son Hgli-
sc
, & qu'il répand largement avec
amour & consolation sur1 aflembléede
ses Ejûs. C'eGpourquoy isse dilate lac
témoigne par cette ouverture des mains
la dilatation deson cœur amoureux vers

;
l'Espouse, qui boit avec joyedela fon- Haut
taine deson Sauveur. Et cVft,,comnje aqaat riccii

j'ay déjà dit, après av'Oël'% baise l'Autel; in gau.


dio do
comme si le Prcftredisoit : C'eu-laque font ibus.
nous allons puiser J'Esprit de Dieu , Storii. al va-

pour, ;Dku auc t bb


-
Christ & toute l'Eglise puise l'a \
grâce.

CHAPITRE. II.
Du mût y Orenius.
L'Eglise ayant répondu
,
Et cu", *

fpirim m-M Prestre repart, Oremus; i

s'il disoit Prions donc tous *


comme :
ensemble dans 1 unité de cet Esprit.
nostre Seigneur dans le Ciel, aussi
car priefon
bien que le Prestre sur la terre,
l'Esprit, il offre ses merites en la
Pere en
du Saint Esprit: P er [piritumsi"'.
vertu
Jki Elnm {ërnetip[um obtulit immaculatm
H<& 9.
J4- Veo .
Lors que le Prêtre apres s'd1:rc
tourné vers le peuple , chante ce mot,
Cremus; il exprime les devoirs & la
Rel;gion sensible de leglise & témoi-
,
qu'elle peut dire exaucée sans
gne ne
l'union à Jesus-Christ sans queluy-
mesme presente les oraisons & les meri-
de Ces Elûs à là grandeur de Die«
tes
son Pere. C'est pourquoy il se presente,
& il les peuples, dont il
Ce tourne vers
veut offrir les prieres ; & les invire a
l'unir avcc luys pour CRIC offert*» Di;.
tvec leurs prières par la Collecte qu il
ra dire, où il doit rassembler toutes les
Drailons des Prophètes , des luges ,
iesRays,des Patriarches ;en un mot,
le toute l'ancienne Loy, & mesme celles
lu nouveau Testament ; pour estre of-
fertes par luy à la lo'ûinge & à l'hon-
neur de Dieu parce qu'elles ne se-
*
roient point exaucées si elles n'tstoienc
,
unies au Sacrifice de Jesus-Christ : d'où
vient que le Prêtre dit aux peuples,
Oremus Prions ensemble ; apres leur
avoir dit, que le Seigneur Dieucst en
>

eux ; & qu'ils ont répondu qu'il cst


,
ausiïenluy :dautantque c'estle mcsme
Esprit qui les fait prier, & qui offrant
les prières des peuples avec celles de
Jefus- us-Christfait aussi que le Perdes
écoute &. les exauce par sa bonté.
Lors donc que le Prestre chante touc
haut & qu'il se tourne vers les peu-
,
ples, cela exprime Jesus-Christ prianc
avec eux , & s'unissant à eux. Et cela
se fait par deux fois, au commencement
& à la fin de la Messe , où Nostre Sei-
gneur nous apprend les prières de l'an-
cien & du nouveau Testament les
,
prieres qui se sont faites devant & aptes
sa venue dan* le monde. Et au contre
-
re , quand le Prestre fait scs prières bul
Scensecret, il ne se tourne point aupi.
ravanr vers le peuple , car ce sont les
prieres qu'on appelle secreccs,que jesus'
Christ se retirant dans le sein de son
Pere luy offre dans le sectes de son
,
coeur , ce sont seulement les prieresde
sa sainte personne ; à quoy le peuple
n'a point de part que pour en recevoir
l'effet.
[texte_manquant]
CHAPITRE III.
Vu corps des Oraisons.
LEs prieres ,ou oraisons, se disentà
la Mcfse par trois fois tour haut, &
unefoisensecret & tout bas.
Celles qui se dirent tout haut, &
quise chantentpar deux divétses fois,
Lignifient les prieres de l'ancien & du
nouveau Testament , que le Fils de
Dieu offre à son Pere, & qui font con-
tenues dans ce Sacrifice du Ciel ,.Où
.le(us-Christ presente. incesFammenr à
Dieu tourel'cn:enduë des prieres quise
sont jamais faîtes & seferontà sa gloire,
& qu'il renouvelle, represente & con-
tinue cous les jours,, comme un effet. 4o
loti Espritagiflant ôc répandu dans 1 un
& l'autre Testament.
-
Nostre Seigneur veut rendre ces prie-
res publiques & sensibles , les chantant
tout haut ; à caule de la part que les
hommes y ont eu & y auront parce
,
qu'ils sont freres, qui ont prié & prie-
ront ULI mesme Pere dans un mesraç
Esprit.
Pour la Secrete ; c'cst à dire, pour
l'Oraison quisc dit en secret, c'est une
Oraison que Jesus-Christ en sapcrsonne
offreau Pcre Eternel dans le fond de sou
cœur.& dans le Cein de Dieu où les
,
hommes n'ont point d'accéi-C'est pour-
quoy lePrerire ne se tourne point vers le
peuple pour l'inviter à prier avec luy, &
ne dit point Oremus au commencement
de cette Oraison, comme il le fait dans
toutes les autres ? mais il la recire après
avoir dit aux peuples , Orate, fratres :
Priez, mes freres, en vostre particulier
,
priez à part, pour moy maintenant je
ne me tourne plus vers vous. En effet, il
ne s'y tourne plus juCqu'àlafin de la
Messe & jusqu'au temps où apresla
,
Communion il invite le peuple d'offrir
les prières, que le nouveau Testament a
offertes à Dieu depuis l'inlUtuciondii
tres-saint Sacrement, qui sont corn^
prises en ce saine Sacrifice & offertes ail,:!
Pere Eternel par Jesus-Christ en com.<
munion de l'Eglise. Etccsprieres com.'
prennent toutes les Oraisons qui seront
à jamais presentées par l'Eglise, que
nostre Seigneur Iesus-Christ a. faites
une fois dans son cœur, qu'il continue
encore à tout moment , & qui seront
expliquées & dilatées dans l'Eglise
juCqu.à la fin du monde.

CHAPITRE IV. %
De laConcluJion des oraiio \ *

LE Prestre conclud & finit ordioai.


rement ses Oraisons par ces paroles,
,Per 'Dominum nostrum lefurn Christ mr
&c. In nnitate Spiritus Sanfti, &c. Et
pour lors il joint les mains, pour té.
moigner que c'est par Kas mérités de'
t
nostre Seigneur lesus-Christ que nous
v
esperons tout : Commeauslî à enusede
i
l'unité de l'Esprit
» en la vertu duquel
nous offrons à Dieu nos prières. Et
.
" cette unité cst plus pure que celle de la
Société à lesus-Christ ; ce qui sera ex-
prime dans leCanon par ces paroles.
i?eripsuint cu", ipso^&tntpfo ,tst tifft D(tI
'ipatri omnipotent* , in unitate Spiritur
' SanStitomnishontr & glori4:Cene unité
i est la plus intime & la plus ncccflairc;
il
car ne se fait rien dant l'Eglise sans la
1 vertu de l'ETprit de Jesus-Christ.
!
Ce n'est pas ass,-z de prier avec Iesus-
iChrist, & en sa compagnie: on peut
sassement dire,qu'on est joint de desirà
Jesus-Christ, sur tout par le besoin
qu'on a de sa personne, délirant de trou-
ver roû jours de l'appuy au prés de Dieu,
quand ce ne seroit que par amour pro-
pre. Ainsi ce n'est pas afirez d'estre en
cette societé il font rstre en l'unité
,
mesme delesus-Christ, & agir auprès
de Dieu en la vertu & en la grace de son
Esprit, qui n'est point en nous sans son
amour. Il faut. comme dit Nostre Sei-
gneur , que nous soyons en lu y, com-
me il est en son Pere. Or il est en son
Pere & par sa societé, & encore par »

unité. Il y est par societé , en tant qu'il


est auprès de luy par concomitance :
&quoy que le Pere soit un avec le Fils
par son eflscnce il ne laisse pas d'estre
,
distinft de luy par sa Personne : car la
Personne du Pere, n'est point celle du
Elis ny celle du F i ls n'est point celle du
>
Pere ; ai-nu ils demeurent cnsembleeni
societé inséparable. j

Les Chrestiens doivent vivre dans une


pareille socieré avec lesus-Christ ; en
forte qu'ils se voyent toûjours auprés de
luy dans leurs oeuvres le voyant agir
,
devant leurs yeux , pour agir avecluy
en conformité & ressemblance offrant
,
toutes leurs actions à Dieu avec celles
de Iesus-Christ , s'offrans aussi eux-
mcsmes avec luy à la gloire de Dieu.
Mais ce n'est pas assez pour satis-
faire à noslre vocation & à l'obliga-
,
tionque Dieu & son Fils nousimpo-
sent : car il ne faut pas feulement of-
frir à Dieu Ces oeuvres en l'union Se
societé de lesus-Chr;l.(t mais mesme
l'unité ,
en de Iesus-Christ, laissans agir
en nous son Esprit & luy pbe'luans
,
parfaitement, adherans à luy, agiflans
en sa force &. vertu , operansen sa lu-
mière mesme lSl. en son mouvement:
car comme ce Divin Esprit est en nous
à
pouragir la gloire de Dieu & pour
,
nous élever à Dieu par sa lumiere ,
par son mouvement, & par sa force,
& que c'est tout le mesme Esprit qui
estoit en Iesus Christ & par lequel
,
Iesus-Christ vivoit sur la'terrc agif-
que

que
c'esten

nous devons agir.

Spiritus poflulAtpTD nobit i


soit peut la gloire du Pere ; de la vient
1 unité d'Esprir avec lesus-

Chiist que nousagi(fons en l'Eglise, &


C'est

narrabilibi« : Nous ne (çavons com-


ment prier :
c'estlE sprit
ce que veut
dire saine Paul : JQuki oremus nefeimus ; A4

qui
& qui soûpire avec des cris & des ge-
misTemens inenarrables •. Il demande
'pour les Saints sclon Dieu. Et
ine. eam.

demande
t. 11.

comme cet Esprit agit en [csus com-


me en nous , il se trouve quenous agis-
sons & prions en unité d'Esprir &
,
qu'en cela nous sommcs conformes aux
Personnes Divines, quiag'flcnt toutes
trois en unité de Puissance & d'Fss,-nce :
Elles agissent en unité d'Esprit, puis-
que c'efl: un mesme Esprit, un mesme
Dieu, qui est dans les trois. Ainsi elles
font, elles vivent, elles agissent toutes
trois en unité d'Essi:nce & de pouvoir ,
en unité de vouloir & de lumiere. On
dit pour cela que les œuvres des Pcr-
,
sonnes Divines au dehors sont par in-
divis , & elles ne peuvent estre autre-
ment , à cause que les trois Person-
nes n'ont qu'une mesme puissance,
un mesme œil un mcsmç cœUf,
,
un mesme bras , qui agit en tout. >

Aind donc il fiur toujours agir en unité «

avec Ictus 'Chrilt mesrne dans les ac-


,
tions communes & ordinaires , & sur
tout dans les oeuvres spirituelles que
,
Dieu desire estre faites avec une attenr
lion particuliere à la gloire , & qui ne
le peuvent estre qu'en lesus-Chlist , Se
en son Esprit,quiestleseul principe de
toute pureté, (ainteté & pcrfcd:ion.
,
C'est ce que l'Eglise veut dire dans le
Canon, quand elle dit, Teripfnm, eur" î

ipso & in ipso. Ter ipsum , par luy ;


,i
c'en. dire, par Iesus-Christ tout hon-
neur & gloire à Dieu : Tour l'honneur r

que l'on rend à Dieu doit estre rendu i


»
Iesus-Christ ; car
il nous a mérité la
par
d'honorer Dieu. En sccond lieu
grace ,
Cum ipso avec luy ; c'est à dire > en
,
sa compagnie c'est en union de ses
,
louanges, & de la gloire qu'il rend à
Dieu. Et in ipso , en luy ; c'est à dire,
en esprit mesmede lesus- Christ en sa
,
vertu répandue en nous par sa grace ©C
Ai diffusa est in
Hfm. 1. sa charité : Chantas Dei
J. cordibns nostris per Spiriturn fanSium.
Tout ce qui est saint & bon , cst de
Dieu > tout cstpui(è en luy ; le bien
que le Veibe poilède il le tient& le
,
,reçoit de Dieu i Et pour ccU, nous
Nostre Seigneur dit de soy : 10.", 7.
|
voyons que SI.
Aie* âohrina est mes. Ma doc-
i
, non elle
trine n'est pas de moy , ny moy à ;
,
:ril deDieu &:L Dieu. Etfîleshom-
mes ont quelque chose ils le reçoivent
,
de Dieu ; s'ils agissent faintè*mcnt >
c'esten Dieu aussi bien que le Verbe.

LIVRE
DE LtEPISTRE
DE
ClNgJlESME.

L'EVANGILE
t
ET AUTRES CHOSES, i

jusqucs
A L'OFFERTOIRE.
Chapitre I.
,
De [Efijlre.
SUr. la fin del'Oraison le Soûdii-
,
crequi represente vifiblcment l'an-
cien Testament . comme il a csté déjà
remarqué,& comme il paroleence qu'-
il lit les Prophéties & qu'il marche de.
,
vant le Diacre & le Prdlre) pour prepa. ''
rer les voyes du Seigneur , comme saint
Iean qui estoit la Lov vivante, &qui' '
,
marquoit en ses fondions la disposition
leau r0
10
de la Synagogue : Ego vox clarnantù in
21. deserta : Dirigite viam Domini : le suis la
111.40 i
voix qui crie dans le desert; Préparez
les voyes du Seigneur, disposez vous in-
térieurement à recevoir lesus-Christ
dans vos coeurs : Le Soûdiacre, dis-je,
après avoir receu le Livre des Epifircs
du Maistredes Ctremonies, (ur la fin de
l'Oraison fait une génuflexion au mi-
,
lieu de l'Autel sur la derniere marche;
r
pour émoigncr qu'il est encore éloigné
de Nostre Seigneur, & qu'il va parler en
son Nom,advouanr qu'il a receu par ses
merires & par sa vertu I'Etprir de Pro-
,
phetie & de Force, par lequel il dispose
les coeurs à recevoir Nostre Seigneur. «r
Il lit les Propheties, ou les Epistres,
sans auparavant recevoir la beneditl:ion
du Prcstrc, qui représente lesus-Chiist,
6c il ne la reçoit qu'aprcs les avoir
leuës ; pour,exprimer que les Prophètes
n'ont receu la bénédiction de Jc/sus-
Christ qu'après leur mort, & aprés le

*
itravail de leur million.
Il baise premièrement la miin du
Prd1:re, & puis il reçoit la bdlcdiébon :
au contraire le Diacre la reçoir, 3C
,
puis il baisela main. Cela ÍÏJnific que
les Prophetes ont csté unis intimement
à la. puitralice de lesus-Christ en leur
employ,quoy que pourtant ils n'ayent
esté reconciliés à luy que long temps
après: où au contraire , les Apoltrcsrc-
presenrez par le Diacre, ont receu la
benediéHon& reconciliation avec Dieu
en vertu de la mort de Jesus-Christ,
devant que de recevoir la puiflancedc
prcscher& d'annoncer l'Evangile.
LcSoûdiacrc reçoit le Livre des Pro-
phéties & des Epistres ,du Maistre des
Ceremonies ou d'un Clerc vestu de
: ,
blanc d'aurant que la Loy esté donnée
a
par les Anges : acceptais legem in difPtJft- Àff./. il.
tione tAngelorum : Les Iu!rs ont receu
la Loy par le
moyen des Anges, qui en
avoient la dispens!tioli. r
Après que IeSoûd:acre chanté l'E-
a
pistre, il se va mettre à genoiiil
aux pieds
du Prestre sans le voir face le
, en }
Prestre nese détournant de l'Autel
pas
oùileu: appliqué,
ayant le dos, entie-
tcmcnt tourné au peuple. Cequisigni*
fie que pendant que l'ancienne Loy Te

publioit , & que l'ancien Testament&


les Propheres travailloient dans le mon-
de le Verbe estoit tour appliqué à
,
Dieu, & n'estoit point encorc revelé à
la terre,ni descendu pour se montrer
aux hommes.
En suite leSoûdiacre porte le Livre
de l'autre costé où il entend lire au
,
Prestre l*Evangile, qu'il portoit sansle
voir : ce qui marque que l'ancien Testa-
ment contenoit des choses de Jesus-
Christ & de rEvangilc:) qu'il ne com-
prenoit point ; & que mcsme quand il
les entendoit prescher à Jesus-Christ
tout bas, il ne les concevoir qu'à demy.
Le Diacre qui est proche du Livre au
costé de l'Epistre pendant que le
,
Prestre la lie, lignifie que le nouveau
Tcstament n'est encore qu'une mesme
chose avec l'ancien pendant que Jesus-
,
Christ est caché en son Pere,& qu'il nest
poine encore venu prescher son Evan-
gile ny donner aux Apostres son
,
Esprit qui cst l'Esprit du nouveau
,
.Testament, pour le publier. Ainsi le
Diacre est joint au Prestiequilit l'Epif-
rre,en témoignage qu'il n'est qu'un
avec l'ancien Tcftament,5 jCpmme en
cirer.
;:ffct, les Apostres estoient de l'al1cie::ra,
ITcstament, avant que d'estre renou-
: velezenE(pritau jour dela Pcntcco!1:e.
•Cela marque aussi que ce qui cst couche
idans les Prophetes & dans la Loy, c'est
lia croyance du nouveau Testamenr,&
que c'ell le fondement sur lequel la L01
Chrestienne est appuyée : enfin, cela té-
moigne queleDiacre ale pouvoir dc:1irc
l'Epitre, que le Soudiacre n'a point à.
l'égard de l'Evangile ; parce que l'an-
cien Testament estoit bien éloigne de
l'honneur de le pouvoir publier. Carli,
selon Saint Paul le ministere de l'an-
»
cienne Loy estoit un ministerede morr
,
comme pouvoit-ileftrc un ministere de
vie? Et si c'c!1:oit un minstere d'aveu-
glement, comment pouvoir il éclairer -
les peuples comme le doit faire
,
l'Evangile.
On dit Dtogratias a la fin de I'F,P'%
tre , an lieu qu'on dit Laus tib¡,Christe.
à la fin de l'Evangile : la raison de cette
différence est, que Jesus-Christ n'eftoic
point descendu sur la terre d..ns le temps
des Prophetes ; & le Verbe estant encore
dans le sein de Dieu n'estoit point ma-
nifesté :n'y ayant donc que Dieu de con.
,
nu, en ce temps-U, on dit DcogrAtim ï
'la fin des Prophéties ,en action de gra- ;
de
ces ce qui s'est voulu montrer à nous.
Et en disant à la fin de l'Evangile, LAU4
tibi christe,on louë Jerus-Christ d'a.
voir donne luy-mesme sa lumiere la à
terre.
Le Soûdiacre n'a pas plustost laisse le
Livre des Epistres & des Evangiles,
qu'il est mis enrre les mains du Diacre,
afin de nous déclarer que l'ancien Tesla.
ment regardoit le nouveau , & n'estoit
fait que pour cela ; il n'estoit que pour
luy servir de fondement : d'où vient que
le Soûdiacre soûtient luy.mesme l'E-
vangile quand le Diacre le chante, &
s'ellime heureux d'en porter le Livre,
parce qu'il n'a entrée dans le Ciel que
par le nouveau Testament. C'est pour-
quoy quand le Soûdiacre monte à l'Au-
à
tel pour donner baiser l'Evangile au
Prestre, il est receu de luy, à cause qu'il
Je porte dans ses mains, & n'est admis
que par là. Si il
mesme y monte quel-
qu'autre sois, c'est pour porter les ins-
trumens du Sacrifice , mais couverts
sous les voiles ; c'est à dire que l'ancien
,
Testament offrait les figures du Sacrin-
ce de Jesus-Christ dans la Foy & con-
banccciiNostreSeigneur : &sanscccrc
:;'oy en Jelus Chiilt, il n'eust point este
auve.- & ses œuvres n'croient admises
je Dicu,qu'c:nrant qu'il servoit à Jesus.
Christ, quoy que ce sur de loin.
En cffet,IcSOÛJi-icre ne s'approche du
Prcfhe, qui representeNostre Seigneur,
que par le Diacre , qui cst le nouveau
: Tdhmen[. Et ce qui est admirable,c'est
qu'il ne touche aux inlhumcnsque:
jquand il ne les voit pas } & quand ils
sont découverts & que le voile cft
,
osté il n'y touche pl us en
5 c est le Diacre
!
,
qui y touche à découvert ; ce qui
mon-
tre que le seul nouveau Testament void
clairement les Mysteres qu'il offre récl-
lement avec Jesus-Christ ; n'el1:antqu.:-
un avec luy : c'est pourquoy le Diacre
j soûtient le bras du Prestre
quand il offre
le Calice, & prononce les paroles
luy & mesme pour cela il baise avec
, tous les
instrumens du Sacrifice & la main du
Prestre, pour montrer qu'il ,
est un avec
Jesus-Christ & qu'il est uni
, en tout à.
luy ; ce qui n'est pas de l'ancien Testa-
ment qui s'en tient toujours éloigné, à
causequ'il n'a pas d'union qV-
avec luy
apres sa mort : il ne reçoit poinr
baiser de }esus-Ghrist pendant les
de sa Tic i il ne voit
em-
P pas meftnc
Jesus-Christ ni ses Mysteres. C'cA :
pourquoy le Soûdiacre qui le represen-M

te, a toujours le voile & la pateincdc.


vant les yeux pendant les Mysteres\il :

jTest pas comme le Diacre qui void tout


clairement, & qui découvre le Ca!ice,
qui est appelle le My stere de la Foy, où
le Corps , le Sang, & l'Eau , y sont
unis & meslez par ensemble. Et c'cst
le grand Mystere de lesus-Christ avec
son Eglise, unis Se consommez en un,
que le Prestre reçoit en soy. C'est le
Mystere de Mort & celuy de Fesurrec.
tion meslez ensemble ; c'est le Chef &
les Membres unis, Se unis en Commu.
nion pour nous.

CHAPITRE II.
De l'EV411gi/t que le Prestre lit M
cojlc droit de l' Autel.

ÎEgile, s'incline
avant que lire
Prestre de
milieu l'Autel,
de
TEvatv
au
- exprimer l'estat & la disposition
pour
de Jesus-Christ, recevant les ordres de
Dieu son Pere, pour venir publier le
îylyftere de réconciliation,5cTadvcnc-

" <£
tient de ion oyatim,-. Il te dKposc par
là àsatisfairC' à sa million; & avant que
I
le la commencer, il puise dans le lein de
on Pere la force & l'amour rrrcefTiirc
>our accomplir pa faitemét sa volonté.
LePrestrefaitlefignedelaCroix sur
'Evangi!c,sur son front, sur sa bou-
che & sur son coeur, pour témoigner
!]ue c 'ctl en Dieu (cul que l'Humanité
île Nostre Seigneur a puisé la lumiere
ilu'il répand sur la terre la force de
j:onfeflcr son ,
nom & sa parole, & l'a-
mour de la Croix qui est le terme ÔC
,
. abrégé de l'Evangiic.
j Quand lePiestrecommencea lire l'E-
vangile, il n'y a que le Soûdiacre au-
près de luy ;pour signifier que quand
ffe(us-ChrH1: preschoit luy*mesme son
évangile en Jerusalem & en Judée:, il
i?ftoit au milieu de l'ancien Testament,
?5c n'avoit pas encore institué le
nou-
veau , ni donné son Esprit. C est pour-
:Iuoy le Diacreen demeure éloigné pen-
dant quelque temps, & il ne àeti appro-
|:hequesur la fin parce queNou-re Sei-
>

gneur Jesus-Christ n'a donné son Es-


jprit,& n'a formé son nouveau Testa-
iment, qu'à la fin de la prédication de
Ison Evangile, & à la fin de sa vie ,dtt?
rant laquelle ses Apostres n'ayant pas
,
encore receu le Saint Esprit , estoicnt
comme éloignez de luy par leur estat
grossier. Ils ne pouvoient avant sa mort
concevoir ce Mysterc : & melme aprcs
sa Re[urrc8ion) il les reprend de leur
incredulité. Auffi ne pouvoient-ils le
suivre dans les veritez Evangeliques
qu'il leur presehoit , parce qu'ils ne
pouvoient en recevoir la grace & la lu-
mière qu'après avoir passé quelque-
,
temps en retraite & en oraison, & apres
avoir esté revenus en plénitude de1 sa
force & de sa vertu. *

,
LePrestre (lui avoit la face tout à fait
tournée vers l'Autel & le dos vers le
peuple quand il lisoit l'Epistre , sc
,
tournedc costélorsqu'il recitel'Evian-
gile; parce que Nostre Seigneur ne coin-i
à se découvrir lors qu'il
mènera , que
publia luy-mesme son Evangile: mais
lors qu'il est chanté par le Diacre , ce
qui t-eprcseiite le temps de la pvedica-'
tion des Apoftics , il se tourne davanta-
ge vers le peuple & paioist plus à dé-
,
couvert j parce que quand les Apostres
presche:renr l'Evangile Jesus-Christ
,
fut connu plus clairement & fut ma-
nifestéplus ouvçrtemétaumonde,qu'il
,
-
n'avoit cite auparavant. Pour cette mef-
me raison lors que le Prestre lit l'E-
,
vangile, le Soûdiacre est proche de luy
pour l'écouter, témoignant par là que
Jcsus-Christ a presché son Evangile
qu'il ,
comme à balle voix, & a fait son
oeuvre à petit bruit & avec peu d'éclat ;
au contraire, le Diacre se fait entendre
facilement de tout le peuple, parce que
sa voix represente celle des Apofcres.qui
s'est faire entendre par tout l'Univers,
In jmnéfaerram exivit fontts eorum.
Jcfus Cnriftamieux fait entendre son Pral. 18;
4.
Evangile, & l'a publié plus loin par scs
Apostres que par luy-mesme. Car lors
qu'il l'a presché luy-mcsme , il cRoit
victime pour nos pechez ; il elloit revê.
tu d'infirmit'é ; il n agissoit point enco-
re en la vertu du Fils de Dieu, mais
plustost en la foiblcg'c du Fils de l'hom-
me; de forte que pour agir sortablemcnc
à son estat & à sa condition, il n'uroie
de son Esprit que foiblement : mais lors
il
qu'il l'a presché en ses Apôtres, eftoic
entré par sa Re(urred:ion en la puissance
de sa nouvelle vie il agissoit en eux
,
par la vertu de l'Esprit qu'il leur avoit
envoyé J & cet Esprit estoit l'Esprit
mesme de sa Resurreâion Esprit de
,
force 8c d'efficace. Il se Cervoit d'eux :

comme d'instrumens souslefquels ilca-


choir sa puissance & sa vertu > & il en
usoir,commeil use encore tous les jours
de ses Minores, propoItionnérnent à
Qui cre-
dicin me Ton estat, & plustost sélon ce qu'il est,
opera que selon ce qu'ils sont. A usfi aime-t-il
quae ego choses
fscio & mieux faire de grandes par au-
ipre fa-
truy,quc par luy-mesme ; Premicte-
cicc &
majora nient , pour encourager les hommes, &
,
horum
pour leur montrer ce qu'ils peuvent en
sacier.
Joan. | ï luy. Secondement, pour faire voir que
#
&Z.
ce ne sont pas les hommes , mais que
c'est luy qui fait son ceuvre & enfin ,
>

c'est pour leur enseigner l'amour de


l'humilité & de la petirtfle, qu'il le tire
ainsi de l'éclat & de la grandeur > &
qu'il demeure cache fous un vil &ablet
extérieur.
Le Prestre lit l'Evangile , que le Dia-
cre chante par apres à haute voix pour
,
lignifier que ce commandement de N â-
tre Seigneur a eslé accomply dans l'E.
glise par les Apostres& par les autres
:\-far.,IO. Minières de la parole de Dieu. Quod
' 7' dico vobis in tenebris dicite in lumine, &
quodin aure auditts pradicata super te fia.
C'est aussi pour témoigner que Jesus-
Christ a publié son Evangile dans la
foibledc de ion Esprit, & qu'au cott-
traire il l'a presché dans la personnedes
Apoltrcs, en la force & en la venu du
mesme Esprir.
[texte_manquant]
CHAPITRE III.
Des Ceremonies que le D iacrefuit}
rAutel,fourfepréparera chanter
l'Evangile*
QUand le Prestre litl'Evangile,
le Diacre va porter sur l'A atel
»
qui represente Dieu , le Livre dcs Evan-
giles qu'il a receu du Maistre des Ccre.
monics, qu'il doit apres reprendre tout
fermé, pour montrer que la doûrine de
Jesus-Christ est puisée en Dieu Se
,
qu'elle est en Dieu "cn mesme temps
qu'elle est prononcée par !uy-mc(me,
selon ces paroles Me* dobirina non est
,
mea^sed cjuscjni misit me. Mado&rinc si 7. *

D'eu pas mado&rine> mais c\.*st la doc-


trine de mon Pere qui est cachée en luy,
& révélée en moy : c'est pourquoy ce
Livre fermé est posé sur le milieu de
l'Autel, comme dans le sein de Dieu ;
pendant que Noilrc Seigneur rcvclt
cequi cst dedans , & qu'il le lit a Livre
ouvert, ne le découvrant néantmoins
cncore que foiblement à son Eglise en
la ludéc-
Le Livre demeure fermé sur l'Autel ,
jusques à ce que nostre Seigneur dans le
Preltre ait achevé de publierson Evan-
gile à sçavoir jusqu'au temps de son
.

, cela enseigne
retour en Dieu : nous que
l'Evangile n'a point esté pleinement re-
vélé aux Disciples, qu'après que Nôtre
Seigneur est monté dans le Ciel ; après
lequel tempslesapoftres attendansleur
million, prioient beaucoup : ce qui nous
cst repreiènté par la priere que le Diacre
fait avant que de reprendre le Livre,
Et crút qu'il prend
en suite sur l'Autel parce
omnes ,
docibiles que les Disciples ont receu les instruc-
Dei. tions deDieu mesme par le Saint Esprit,
//«'• 54- puisée
t!. &t. & que cette doctrine leur a esté
la*. 6. dansson sein par les mérités de Jesus-
4- Christ, apres qu'il s'est approché d u fein
du Pere. C'est pourquoy le Prestie est à
cossé du Livre,pour représenter queccla
arriva après que le Fils de Dieu sur de
retour de son travail & que [on Pere
luy eût dit,Sedeàdextrismeis , Soyez
>
pn,r.
809. Il aflisàma droite qui est le temps où
, paroles
font accomplies ces J)ominm à
,
dextris tuis Le Seigneur est à vostre ihid.
, si
droite : Le Pere Eternel est à la droite
desoisFils,& le F ils est à la droite de
son Pere pour marquer l'égalité de
-
puissance & de perfe&iondanslesdeux;
car Nôtre Seigneurauflî bien que sou
Pere, pcutdhefiguré par le Prestre Se
par le Livre , dont l'un est à la droite de
l'autre.
Le Prestre qui est à coste du Livre ne
,
se tourne qu'après avoir OU*y pronort*.
cer au D acre ces paroles lube domnt
,
benedicere ; ce qui signifie que Nostre
Seigneur à la droite du Pere, ne se tour-

t
ne vers ses Apôtres qu'après leurs cris
& leurs fortesprieres parlcsquelles ils
demandoient instamment le Saint Es-
prit qu'il leur donna sélon leurs de-*
,
mandes exprimées par les paroles de
l'Oraison que fait alors le Diacre : Il
dit ^çJMnndaC8rmeum& labiami-t om-
nipotent Deus,qui labia Issy* Propbtta
calcnlo mundaflisgnito ; ita me tu4gratta
miferatione dignare mundare, ntsanftum
Evançelium tuum digne valeam nanti4-
re. Per Christum Dominum tioflrum.
Amen. Mon Dieu, purifiez mon coeur,
dit le Diacre au nom du nouveau Tcf-
tament & de tous les A postres, qui s'ad.
drefloient à Dieu le Perepar l'inrerces-
fion de (on Fils pour luy demander
,
le Saint Esprir qui les rendit capables
de publier le saine Evangile qu'il leur |
-
avoir commis, & à quoy il leur f.u(oic \
l'honneur de les appeller : Il demande "

ur Esprit purifiant & échauff.tnt à la


}

maniere du charbon ardent , qui suc •

Jeporté par le Séraphin pour échauffer


c cœur & pour purifier les lèvres
du Prophète ICaye , qui cstoit une
figure des Apostres appeliez pour estre
Prophetes & qui en luy , disoienc
,
qu'ils estoient pollus dans leurs lé-
vres , & qu'ils avoient besoindestre
purgez par la divine ardeur du Saine
JEspiit qui leur donnast vigueur &
, ptirifiast mesme leurs
force & qui
s
langues pour pouvoir prononcer
,
hautement le divin Evangile. C'cft
pourquoy le Saint Esprit dcscendit en
forme de langue de feu , pour leur
donner l'ardeur au cœur & le feu en
la bouche, qui pût échauffer les coeurs
des plus refroidis. Ce Seraphin signifie
le Saint Esprir, & le charbon ardent qui
purifie les lévres signifie les Dons du
, parler
S. Esprit,qui fait les SS.Apôtres,
& en fait des Sejraphins par l'ardent
qu'il leur donne : Et côir.c nous voyons
que dans les Hiérarchies des Anges , le
dernier du premier ordre touche immé-
d!arcmenc le premier du suivant, le ren.
dant tout participant de ses saintesqua-
lirez ce qui Ce fait m,-Cmc à l'égard des
y
Séraphins par le S. Esprit qui estant le
dernier en ordre delà Hiérarchie increc;
transforme en (on citât le premier de Ii
Hiérarchie créé, à sçavoir les Seraphins,
qui sont les plus proches de luy , & qui
(ont des Esprits tousardens & des flam-
mes de seu ; ainsice i-ncsme Esprit en fait
autant dans les Apoilres , il les fait des
feux ardens&des charbons de teu semet-
x
tanteneu , &lcsrendant, , commedit
S. Paul aptes le Psalmiste des Minis- Hebr. Ai
,
tresde feu &C de flammes Qui sAcil r. 7.
, #/</.
Ministros suos flémmam ignis.
ioj. 4.
Le Diacre par (es prieres la demande à
jesus-Christ (ous le Prestre, il le prie
de luy donner (on Esprit & sa bene-
diction ; il le conjure de luy donner
force & lumiere, pour prononcer avec
fidelité son Evangile, & pour le soûte-
nir avec amour i & le Preltre les luy
donne par ces paroles ; Dominus fit in
corde tuo & in labiistuis ut digne &
,
sjmp(tenter annumics EvAfigcliHmfMm,
&c. Ce mesme amour & cette puiflancc
de prescher l'Evangile que le Diacre
reçoit, foit encore exprimez lors qu'il
baisela main du Prestre : car ces deux
ceremonies ne servent qu'à découvrir
& reveler le mesme secret qui se passè en
ce Mystere.
Le Prestre après avoir donné la bene-
diction au Diacre , luy presente la maiil
à baiser, pour témoigner que nÓstre Sei-
gneur unit Ces Apostres à st puHfancc&
a sa vertu , leur donnant les Dons de
l'Esprit qui émanent de luy & en par-
,
ticulier le don des langues, le don dela
parole & de la voix ; ce qui est exprimé
par l'attouchementde la bouche, puri-
fiée & rendue efficace par ces dons. Le
Prêtre, qui pour lors touche de sa main
les lèvres du Diacre represenre le
»
Saint Espiit qui les purifie par (csDons,
comme ce charbon ardent purifia celles
du Prophete Isaye , & qui sané\:ifie le
nouveau Testament, qui autrement ne
feroit pas digne ny capable de parler des
Mysteres de Dieu: En effet , comment
feroit-il digne & capable d'en parler J
puisque c'est cét Esprir, dit le Sage qui
a la sciencede la voix, Et hocejuodcon-
tinet omnia feientiam habet vocis. C'est
luy (cul qui donne l'intelligence des
MyL1:eres; c'ellluy ieul qui découvre
ce qu'ils ont ont de plus caché ; c'estluy
fcul qui donc lagrace d'en patlcr,&mct
n1e quelquesfois avec tant de force que3,
les Prestres qui les expliquent en sa ver-
tu , font entendre beaucoup plus qu'ils
ne dHent. Le Saint Lsprit , qui cil le
principe dans lequel ils parlent opere
,
alors sélon h puilîance,- & sa puiss'ancc
a bien plus d'énergie & d'estendue , que
les piroles,aitici ildécouvre par fois plus
de lumiere à ceux qui reçoivent la grâce,
qu'à ceux qui la diitribuent ; les Audi-
teurs reçoivent pl us de jour que les ca-
naux n'en portent en eu1.mdmes. On
pourroit dire qu'il en est de ces instru-
mensde grâces comme des mousquets
,
ou arquebuses qui renferment le feu
qu'ils poussent au dehors ; mais ce feu
a
pourtant à la [ortie bien plus d'éclat,
de lumière & de l'étendue que lors
,
qu'il demeuroit encore rcssètré' dans le
canon. De mesme les Saints qu'on
,
pourroit appeller des armes à feu, por-
tent souvent sur des sujets estrangers
plus de lumiere & plus d'amour , qu'il
n'en paroîten eux-mesmes. Leur. ver-
tu cachée n'éclate quç par lçs coups
qu ils portent sur autruy, & ces coups
par fois tont une telle impressïon r que
ceux meime qui en font blessez , en re-
tirent aussi la force d'en blcfler d'autres.
Il faut encore queMfe Prestre mette la
main sur le Livre pour montrer que
,
,'cO: en cette vertu qu'on ouvrira ce Li-
vre , & que c'est en la vertu de ces Dons
del'Esprit que les sept Seaux seront
,
Apte.
levez, ainsi qu'il est dit en l'Apocalypse,
4. 5. Vicit Léo de tribu Inda m dix David ape.
rire Librum & solvere septem signac IIIA
ejus. C'est l'Agneau qui est digne de le-
ver les sept Seaux , d'ouvrir ce Livre ,
& dedonnerla puissance de l'ouvrir &
de le lire. Le Soûdiacre baise aussi la
main du Prestre apres avoir chanté les
Prophéties ou l'Epistre ; ce qui marque
que les Prophetes estoient aussi unis à
Jesus Christqui les (uivoir.
Il semble à propos de remarquer icy
que cette ceremonie de baiser la main d u
Prestie se fait par fois en signe de rcs.
,
pedqu'on rend à Jesus-ChriH enluy,&
par fois en signe de la puissance qu'on
reçoit. Qnand c'est en ce dernier sens 4
on baile la main du. Prestre en la presen-
ccmesme du saint Sacrement exposé :
ou au contraire quand c'cst seule*
J
4nenz une marque de respcft , on ne
la baifc pas.
;

CHAPITRE IV.
De V Evangile chanté Par le Diacre.
LE Diacre ayant ouvert le Livredcl
Evangiles fait sursoy trois signes
,
de Croix apres en avoir fait un sut
,
le Livre pour lignifier qu'il desire expri-
mer en son esprit, en sa bouche , & en
son coeur qui cst imprime dans
, ce
ce Livre.
Le premier que l'on fait sur le front,
st
f pour prier le Perepar la Croix & par
la mort de son Fils de vouloir nous
,
éclairer l'entendement des veritez de
l'Evangile*
Le second qu'on fait sur la bouche,
est pour priet le Verbe par ses fouffran-
de
ces, nous vouloir donner la force de
professer publiquement , & de confef-
ser jurqu'à la mort & la mort dela
,l'Evangile
Croix, les veritez de , com-
me il l'a fait luy-mesmc ; car il n'a ja-
mais cdfé,comme Verbe qu'il estoit ,
de prescher & de publier ces veritez ,
&il l'afait sur tout en la Croix & en
sa mort, & continue de les manifester
parIefaint Sacrement qu'il veut cure
,
un signe & un mémorial de sa niort &
de tousces Mysteres ; ainsi tout mort
il presche & publie son Evangile par sa,
mort, & par tout ce qu'it est : parce
qu'il est Verbe il parle des veritez
du Pere. ,
Le troisiéme figne de Croix se fait sur
la poitrine, pour exprimer la demande
que nous faisons au Saint Esprit p ir les
souffrances &
par la mort de Jcsus-
Christ,de l'amour des veritez de l'E-
Tangile,de l'amour de la pauvreté, la
souffrance, & du mépris, qui en sont
comme l'abrégé.
En suite le Diacre fait une profonde
inclinarion à l'Evangile, devant que dc'
Fencenser & une autre après l'avoir
,
encensé. Il luy donne trois coups d'en..
cens ; l'un au milieu, & les autres aux
deux costez du Livre, pour exprimer,
premièrement, les louanges que toute
l'Eglise porte au saint Evangile qui
,
merke d'être honoré universellement
d'un bout du monde à l'autre ; & mes-
mc depuis son commencement jusqu'i
la fin, puisqu'il est également Saint par
tout. C'est pourquoy on l'encense par
milieu qui est le de 1 E-
tout ; au corps
vangile ; au collé droit ,c'est a dire au
commencement ; & au costé gauche,
c'est à dire à la fin : car le Livre finit de
ce collé.
Secondement, ces trois coups ligni-
fient la fin & les effets de l'Evangile,
qui sont de faire honorer la tres-saintc
Ttinite, Euntes docete omnes Gentes hd^ xarr;
f>tiï(antcs eoSiirt nomine Patris, & Filii, il. 1*
CT Spiritus Sanfti. Et en effet, l'Evangi--
le répandu par les Apostres dans tous
les endroits du monde, est encore repre-
[enté par cet encens répandu deçà &
delà,d'un bout du Livre à l"autre,&
au milieu, à cause que l'Evangile a citi
publié par tous les coins du monde.
De plus , ce coup que l'on donne le
premier, represente le Pere Eternel, la
premiere personne de la tres-sainte Tri-
nité, de qui le Fils & le Saint Esprit
procèdent ; qui comme éguix à luy,
font après honorez parles deux autres
coups. Ces honneurs & ces louanges
sont delcendus du Ciel , c'est Nostre
Seigneur Jesus- Christ qui a revelé la
grandeur la maiesté, & la distinction.
,
des Personnes Eternelles, & qui a mé-
rité à l'Eglise l'honneur de leur eftsc
contactée pour les loiier & pour Ifs
,
honorer éternellement. C'en:
pour cela
que devant que l'on aille chanrer l'E-
le
vangile, Prestre au haut de l'Autel,,
comme Nostre Seigneur du haut du'
Ciel, donne sa benedidtion sur l'encens.
& sur les parfums,que le Diacre va ré-'
pandre dans l'Eglise, à la louange d'uni,
Dieu en trois Personnes. C'en: labene-'
diction qu'il a donné à sesApoftres alti
jour de son Ascension, & la vertu du.:
Saint Esprit qu'il leuraenvoyé le jou-c
de la Pentecoste, qui ont fair honorer -

les trois Personnc.sadorables de la tres-


sainte Trinité. C'est donc après
que lc'
Saint Esprit aesté envoyé dans l'Eglise,
que la sainte Trinité acsié honorée par
le Ministere des Apostres, qui ont este
les premiers du nouveau Testamenr,
represente par le Diacre qui jette cet
encens. C'est aussi à cette mesme inten-
tion qu'aux deux grands Encensemens
,
de tour l'Autel après avoir donné
,
trois coups d'encens au Pere comme
,
nous l'avons expliqué ailleurs, on laissè
choir l'Encensoir au costé de l'Autel,
pour donner un coupd'encers au bas,
puis on le releve pour en donner un au-
tre au haut ; & apres on revient encen-
1er en rond tur 1 Autel, pour montrer
que le Veibelncarnéa répandu les sain-
tes louanges de COI1 Pere dans l'Eglise,
& que luy-mesme ne luy rend les de-
voirs de Religion de déference, & de
,
respe&,& qu'.! le les luy rendra eter-
nellement dans son sein, qu'après estre
descendu dans le monde, où il
a appor-
té la vraye Religion qu'il a consommée
en suite montant dans leCiel,où il con-
tinuera éternellement à le louer ; ce que
figurent ces encen[emens en rond. Cet-;
te Religion du Ciel est bien autre que la
briéve Religion qu'il luy a procurée
sur la terre, qui ne dure pour chaque
particulier, que pendant letempsde sa
vie, & qui pour tous ensemble ne doit
klbGtler qu'autant que le monde dure-
ra ; c'en: ce que signifient ces encense-
mensqui se font au costé de l'Autel.
Pendant qu'on chante l'Evangile
»
tout le monde se lève , pour si^nificr
deuxchoses ; premièrement, qu on est
mis par l'Evangile dans lesperancede la
Resurreétion. Secondemtfnt,que l'on est
prestà mourir pour ensoûtenir la vérité.
Avant l'Evangile, le Diacre Ccmerà
genoux , & quelquesfois mesme le
peuple, afin de témoigner qu'on est en
pieres ôc en gemiliemens pour obtenir
recevoir les promesses de reconcilia-
tion predittes par les Prophetes, &
accomplies par Jesus-Christ dela parc
de ion Pere, dont il (çait le secret & le
desir de sauver tous les hommes. Mais
pendant l'Evangileon se tient debout,
jour faire voir qu'on est prest à marcher
jar les voyes qui y sont proposées félon
a vertu & le mouvement du Saint Es-
prit , à la grace duquel on ne veut
point estre infidelle.
L'amour de Dieu est tout ce que
l'Evangile nous enseigtiej & si nous en
sommes bien pofTeJez, nous ne pou vons
que nous ne soyons receus de Jesus-
Christ dans le Ciel tels que nous puis-
,
lions estre : Pourveu que nous ayons
l'amour de l'Evangile & ion Esprit sans
beaucoup le connoistre, nous sommes
admis au Ciel comme le témoigne le
s
Soûdiacre qui monte les trois marchesde
l'Autel jusqu'à Jesus Christ.signifié par
le Prestre,sans voir l'Evangile qu'il por-
te en ses mains'; ce qui signifie les bonnes
œuvres des Patriarches qui vivoient
conformément à l'Evangile, sans toute-
fois le fç'lVoiroy le connoistre. En effet,
plusicaisd'entr'cux avoient plus Tesprit
de l'Evangile que nous. Témoin un

,
Moyse qui aime le mépris des Enfant
d'I fraël qui signifient les Chrestiens,&-
quiprefere la pauvreté de Jesus-Christ
& de Ces membres, aux richesses des
Egyptiens , Majores divitUt d/limans Htbtm d'
ihcfturâALgyptiorumimpropcrinmi hrifti. Il. z.
Témoin David quia tant d'amour pour
la souffrance & pour la persecution, 6c
meime pour ses ennemis. Témoin un
Ifayequ'ona veu comme une fournaise
ardente, embraie de l'amour de Jesus-
Christ, desire sa venue. En un mot, tous
ces Saints font parvenus sans voir, à
cette éminente [aintecé , en operanc
sélon l'Esprit de Iesus-Christ, qui leur
t
estoit donné par advance quiles incli-
noit à Ces mesmes sentimens, & qui dés-
lors formoit son corps & remplissoit ses
membres de sa vie ; ils ont esté dignes
d'être admis dans le Ciel comme nous.
Apres donc que le Diacre a chanté
l'Evangile, le Soûdiacre qui représente
l'ancien Testament monte à l'Autel
,
portant le Livre : il s'approche du Pre-
sire sans le voir, & ne le regarde point
qu'après qu'il luy a donné l'Evangile à
baiser; ce qui signifie que l'ancien Testa-»
ment n'a point veu Nostrc Seigneur a
découvert , qu'aptes que lapublication
de l'Evangile a cité faite par lesApôtres,
& qu'aptes qu'il a ciû que l'Evangile
cstoit l'Evangile de Dieu qui habite
dans le Ciel; & qui cst représenté par le
Prestre qui est au haut l'Aulcl, qui r
baile Livre pour
le témoigner qu'il ap-
qui en a elle publié sur laterre.
prouve ce
LePrestrequi repretente aussi là Nô- :

tre Seigneur Jesus-Christ, baise encore


le Livre pour deux autres raisons. La
premiere, parce que ce font les mesmes <

veritez que Noitre Seigneur a puisées


dans le (ein de son Père de toute éternité, ''
qui sont maintenant publiées , & qu 'il i

témoigne de p-rofclser encore bailant l'


l'Evangile auquel il s'unit enEsprir,
,conforme ;

le trouvant au* mesmes veri-


tez qu'il voit maintenant dans le Ciel.

11 le baise aussi pour témoigner qu'il re- -


.

çoit tous ceux qui s'apposent delu30


avec le saint Evangile dansl'£sprit,à la s
bouche, 6: dans le cœur.
On-doiticy remarquer que le Prestre
b1i[ele saine Evangile aprés qu'ilaesté
publié par le Diacre , & qu 'il ne le baise
aprés l'avoir leu luy-mesme. La rai-
pas
son clique le Prestre qui le lit exprime
Jcfus-Chtist vivant en terre > & pu-
bliant
^ blianc en Pcisonne son Evangile
en
l Jcrufalem &. en Judée; ainsi il n'a
que1
i faire de témoigner qu'il cil
y uny,puis'
) qu 'il Je public iujr mesme
- ; mais au
j contraire , il le baile aprcs que le Dia-
çrc 1 a chance , pour témoigner du
«•

haut du Ciel où il habite, qu'il de..


. y
: meure uny.

En suite le Soudiacre pour témoi-


,
gner qu 'il croit a tout, que l'Ecriture
te ses sept Seaux luy ont esté ouverts
par l'Agneau , qu'il adore & revere par
toutes fortes d 'hominages & de devoirs
,
ferme le Livre & fait aussi-rost
profonde inclination au Preste, auquelune
il n'a pû la faire auparavant
par rcspcGt
a 1 Evangile qu'il portoit ouvert en ses
mains ; luy citant mesme deffcndu de
faire pour lors des génuflexions
au tres-
saint Sacrement, quoy qu'il foit
expo-
fé. Apres il descend aubas del'Autel
Ac s associe au Diacre qui encense le,
Prêtre, pour témoigner qu'il consent
à tous les honneurs & à toutes les
louanges que 1rs Apostres & les MU'
nistres du nouveau Testament rendent
a Jesus-Christ. Il est déja bien avancé
en la lumiere 3c en la connoisf:tnce de
Jesus-Christ, depuis la publication de
l'Evangile ; mais il n a pas encore la c
veuë de ses Mysteres , & il ne peut y <

tstre admis qu'après avoir esté parfaite-


réconcilié avec luy ; car comme il
ment ^

n'en: venu en connoissance de Iesus-


Christ que peu à peu,aussi ne peut-il
venir tout à coup en connoissànce de ses
Mysteres.
Pour faire connoistre, avant que de
finir ce Chapitre, le refpcdfc qui est deû
à l'Evangile, il faut remarquer que le
Soûdiacre n'ose le toucher. Car quand
il en faut montrer au Prêtre le com-
mencement qu'il doit baiser le Diacre
, de loin;
fcul le touche & le luy montre
& lors mesme que le Soûdiacre porte le
Livre. il n'en doit toucher que la cou-
&
verture, non pas les feuillets. C'est
pourquoy en plusieurs lieux, les Livres
de l'Evangile sont tous cachez & en-
chassez dans de l'argent, tant c'est une
,à a
chose Caillee: & qui plus forte raison
doit estre mile couvert de l'attouche-
ment des seculiers & desprophanes.
De plus i le Soûdiacre ne touche point
a l'Evangile à cause qu'il
, Testament il n'a
n'est pas un
avec le nouveau , pas
encore l'intelligence parfaite de ce qui
sc lit il ne void mcsme Iesus-Christ
,
qua demy. Car les Iuifs qu'il repre-
f.ntt'» ne le croyciu qu'un grand Pro-
phète né parmy eux, &
ne l'one point
cru estre vray Dieu, jusqu à ce qu'il
so.t monte au Ciel. Alors ils
ont eu la
Foy de sa Divinité, ils
ont connu ïcsu!.
Chrill piaillement, & 1
ont adoré C0111-
me Fils de Dieu assis dans le Ciel à la
droite de son Perc.
En suite de l'Evangile
on chante le
Credo & puis offre le pain & on
, on
verre le vin dans le Calice,
pour mar-
quer que Ictus Christ s'cst offert Se
qu'il a verse son Sang pour soustenir ,
la
verité qu 'il a preCchée:, &
pour establir
la croyance de l'Eglise, exprimée
par le
Symbole des Apostrcs.

CHAPITRE V.
.Div Credo.
LA profession de Foy qui se fait par
k Credo suit immédiatement la
»
publication de l evangile
; pour mon-
trer le respeCt que l'Eglise porte aux pa-
roles du Fils de Dieu & la parfaite
soumission qu'elle rend, à sa do£krilic
Car le sus. - Chriû D'a pas pluitolfc•
achevé de prescher (on Evangile, d an-j
sa parole» & de publier sa doéhi-
noncci
l'Eglise sa chere Epoufc obeis^
ne, que
fante à sa voix , & parfaitement [oûmi
se à son instru&ion, s écrie a haute voix.
Credo, Je crois. Or pour témoigner qu(
c'est principalement pour 1 Eglise qu )
le Prestrc proteste de sa Foy , il ouvr
& rejoint aussi tost les mains & fai
,
inclination de teste appelle
une , pour Soia.foâ
.& s'unir à soy le Diacre & le
qui representent l'Eglise dans soifl
cre ,
rendue ; ltfquels ayans fait une genu-
flexion se joignent incontinent au Pre-
stre ; non seulcment pour obeyr à sa
yoix, & se montrer fidelles à leur voca-
"tion mais encore pour faire .conn.oi£hc
l'unité de la Foy de l'un & de l autre
Testamét qui sont unis en Jesus-Christ.
Aptes que le Prestic a recité en par-
ticulier le Credo , il va s'avoir , & fc
tient en repos pendant que le Choeur le
chante à haute voix : Mais le Diacre
est obligé de sortir de sa place & d'agir:
& mesme pour lors le Soûdiacre se tient
debout ; pour témoigner que l'on n'est
pas dans un parfait repos en cette vie.
Car quoy que l'on trouve le repos &
1* trapcjuvllité dans la Foy i ce a'cii
pas néanmoins comme dans le lit d
gloire où ftpc,s ntlC's Saints & où
, ,
leur joye est accomplie. C'est pour-
quoy pendant le Ç/orM, qui cst IcCan-
tiqucduCiel le Diacre & le Soûdia-
,
cre demeurent toujours assis aussi-bien
que le Prestre , & ne sortent point de
leur place ; mais comme le Prestre rc-
presente Nostre Seigneur le Prêtre
seul demeure ,
en repos au Credo, , de
mesme qu'au Gloria,
, pour marquer
la beatitude de Jesus-Christ & la
veuë parfaitc dont il connoist ,
clai-
rement & sans F oy tous les Mysteres.
Pendanr qu'on chante le Credo le
Prestre se découvre & s'incline ,
fois & mesme se
pat
, met quelquefois à
genoux a ces paroles Et incarnatmi,
est &c. ,
témoigner
* pour l'hommage
qu'il rend à la grandeur de Dieu, & le
respeét. qu'il
porte à son Pere en,
l'eltat de sa gloire ; cemmc: chef il
donne exemple ,
a tous de s incliner
de s'aneanjir devant Dieu.
Apres cela le Prêtre s'estant
» cou-
vert, le Diacre reçoit la boursedu Mair-
tredes Cérémonies, qu'il tirée
a de des..:
fous le voile de la Credence
: il J'a,
tient un peu ouverte devant lu
y, &la.
porte aÍnli devant scsyeux avec reveren—
témoigner que le nouveau
ce , pour
Testament reçoit avec un peu plus de »

clarté les Mysteres qui estoient aupara-


vant entiercment cachez »
lors qu'ils
cstoient annoncez & predits par les Pro-v_
phetes ; car pour lors ils estoient encore
enveloppez dans les obscuritez de la
Loy. 11 porte cette bourse avec
reveren4
le rcspeet qu'il porte!
ce ; pour montrer
auxsaints Mysteres quoy qu 'il ne les
,
voyequ'à demy. Etmcsmeildoitmar-|
cher gravement ; pour donner exemple'1
de la veneration deuë à nos Mysteres,'
qu'inconnus. En cette mcsme
quoy parvient,
posture il monte les degrez &
,
l'Autcl ,où il tire le corporal de la]
a
bourse le déploye & l'estend sur 1 'Au
,
tel pour montrer , que parce refpeét
qu'il rend aux Mysteres, il parvient au
>

Ciel, où ils luy sont clairement rcvclez


entièrement développez.
Ensuite il met la bourse en évidence
l'appuyant contre le gradin & ne U
,
couche point à plat sur 1 l'Autel ; & cet,
te bourse doit avoir une Croix, pou
la revelation des Mystcre
montrer que
dans le Ciel , ne nous est méritée qu
par la Croix de Jesus-Christ qui y se
,
ra toujours exposé en évidence n'y
,
ayant point de Bien heureux qui ne
connoisse que c'cst la mort de Jcsu>
Christ sur la Croix , qui nous a revelé
ces Mysteres. Cequi fut figure autre-
fois en la mort de NoftreSeigneur, lori
que le voiledu Temple d'lant déchire 2
onvid clairement jusqius dans le Saint
des Saints qui estoit une figure du sein
,
de Dieu Car dans le rein de Dieu les
:
Bien-heureux voyent à nud & à décou.
vert tout cequi s'est pane de plus ca-
che, de plus mysterieux , & de plus au-
guste dans le Saint scculier ; c'est i dire, Saaûuin
mesmeque fecu-
dans l'Eglise. Et de quand lare.
Je voile fut déchiré, on eut veu dans le Ad Utl.
Saint des Saints la manne,les tables de 9. 1.
la Loy, & la verge d'Aaron, qui de-
voient y estre renfermez avec l'Arche,
si par une disposition de la divine Pro - z. Méthi
vidence, tout cela n'en eut esiéon: au-'z. 7.
paravant,' pour n'erre découvert qu'à
la fin du monde, afindeservir à la con-
version des Juifs : ainsi dans le sein de
Dieu, on y voit en Jesus-Christ nour-
riture des ames, on y voit Jesus-Christ
nostrc Loy vivant en nous par loti
,
Esprit on y voit enfin Jesus-Christ
*,

Prestre, qui ayant aboly cp fy


comme
moi ta la Croix le Sacerdoce d'Aaron,
representé par la verge morte a fait J
,
fleurir le Sacerdoce felon l'ordre de
Melchisedech pour durer à jamais;
.
fis
u 4. TH es Sacerdos in
d'mcm Mtlchisèdech.
aternum fecundhm OT

LIVRE SIXIESME.
DU PAIN BENY
ET DE CE QUI SUIT
1

ju[qu'au
C A N 0 N-.

Chapitre I.
Vu PAin Beny.

NOscontentéTRE Seigneur ne s'en pas


contente des figures de l'ancienne
faire connoiare la verité
Loy , pour
elles reprcsentoient, & pour accora-
<ju
Perc avoir promis par cr-
plirccqucfonmais
cs> mais aussi il fait pendant sa vie des •
oeuvres, qui cstans tres-saintes en cllcs-
mesmes figuroient encore quelque
,
choredeplus sublime à quoy il pre-
,
paroit les peuples, & dont ils n'estoienev
point encore capables. De là vient quel
dans le desert il a multiplié les pains,1
pour figurer la Communion à son
Corps » qu'il leur devoit donner sousî
l'apparence du pain ; &avec telle plcni- f
tude largesse & benediction , quei
, , à
quoy qu'il se donnast tout entier
chacun, il devoit se laisser encore tourt
entier entre les mains de Ton Eglise : en
sorte qu'elle a bien plus après avoir con-
sacré les Hosties ,& y avoir communie,
les peuples qu'elle n'avoit auparavant'
,
laconsecration. En effet ,clle demeure'
en ses ministres heiitievede douze cor-'
beilles figure de douze Apostres&de*
de Jesus-Chriit ,
Eglises > qui ont esté nourries du Corps
apres qu'il en a infli*
tué le Sacrement, & qu'il l'a multiplia
sous les espèces du pain. Cela a estet
aussiautrcsfois represente par les douze
pains de proposition , ( comme je l'ay re-
marqué ailleurs ) quicroient unis att
,
Sacrifice que l'on offtoit pecpctuclle^
ment sur l'Autel duThimiame &qui
,
cstoient toujours exposez dans le Tem-
ple ainsi que Nostre Seigneur est in-
,
<:enammcnt sur l'Autel & dans les Ta-
bernacles exhalant des vapeurs de sua-
,
vité & des louanges de bonne odeur
,
fous les especes du pain qui couvrent
,
sa Religion 5c quila multiplient toute
,
entière , & en tous les endroits où il se
trouve des Hosties , & en auranr de su-
jets qu'il y en a qui s'approchent de la
fainte Table. !

Et comme le tres-saint Sacrement est


;
maintenant inconnu ,& sa valeur peu
calmée & que les Chrestiens s'en éloi-
gnent par froideur, ou s'en approchent
couvent avec irreverence: l'Eglise pour
faire ressouvenir Ces enfans qu'ils doi-
vent estre en Communion avec lesus-
Christ ,& qu'ils devroient communier
au saint & sacre Pain de l'Autel, leur
donne le Painbeny; ; pour les avertir d'y
communier au moins spirituellement,
& d'entier en l'Esprit de Iesus-Christ
Hostie. CJesi pourquoy dans l'Oraison,
Vndc & me rnorei, &c. qu'on dit au Ca-
non , après avoir parlé de la Passîon, de
la Resurre&ion, & de l'Ascension de
lcsus-Chlzist, qui font lesmystcrcs
par
i
où il a passe pour estre nostre Hoflie &
,
pour continuer sous cette qualité de
s'offrir pour nous dans le Ciel à Dieu
son Pere, st apparent nunc vultai Dei A i
pro nobü; l'Eglise qui a une intelligence Hebr.
24.
parfaite du Mystere de ce Sacrifice,ajoû.-
te ; Hoftitm purdmtHjftiam fanftam,
Hofliam immdCHlatAm: parce que ccrrc
Hostie est devenue Hostic pure , Hoftic
sainte, Hostie immaculée, par la Morr,
la Resurreaion & par l'Ascension
par , immediatemen;
de Iesus-Christ. Et
apres on dit, Pa/tem jÃlIslNm vit* sterrd,
cela est
pour montrer que tout nous
donné en Communion par ce pain vi.
vant, dont le Polin benyest un supplcr
ment & une figure; & que nou$ spm-
mes rendus participant de tous ces
Mysteres,en recevant le tres saint Sa-
crement , qui est un mémorial, un abre-
gé un suc, & un prédis de ces lucfme,
,
Mystcrcs.
Jesus-Christen ce Sacrement renfer-
soy toutes les disposîtions inter
me en My(-
rieure:$ qu'il a eues dans ses autres
& fait communier à la ple-
teres, nous
nitude d'c son Esprit , pour nous rendre
en esprit des Hosties vivantes *
(aigtes,
& agréables à Dieu. Il nou*cft unr'
nourriture de vie eternelle & divine, &i
nous rend déja participans du mesme
Esprit & de la mesme nourriture dont
nous serons repûs dans le Ciel, & donc
les Bien-heureux se rassasient avec le
Pere Eternel , qui le, premier commu-
nie si amoureusement à son Hostie son
cher Fils qui est retourné en luy par
,
son Ascensioii'
Ces veritez sublimes &C divines ont J
este long-temps figurées avant que
<Teftic accomplies. Dieu le Perc a em-
lesployé quatre mille ans pour preparer
es hommes à ces œuvres admirables,
avant que son Fils vint les operer sur la
terre. Et Nostre Seigneur voulant dif-
poser leurs coeurs à la tres-sainte Com-
mun ion, & en mesme temps à tous les
autres Mysteres qu'elle renferme , a
multiplié les pains dans ledeserten la
presence des peuples ; pour figurer,
( comme nous avons dit au commence-
ment de ce Cbapitre,) la multiplica-
tion du très-saine Sacrement, qu'il de-
voit faire un jour dans l'Eglise. C'est
pourquoy dans le inerme Chapitre de
S. Jean apres avoir fait ce miracle, il
, leur donner son Corps
promet de en
-nou mure fous 1"attrait du pain qu'il
leur a donne : iL leur parle encore du
Pain des Anges & de la Manne dcCcen-
due du Ciel, comme d'une figure de la.
Communion a laquelle il vouloir les
i disposcr & tout cela ne pouvoir les
,•

toucher ni leur ouvrir l'esprit : Ce qui


témoigne que les Myilcres de la sainte
Communion sont si grands, si saints, si
hauts & si (ublimes. qu'ii faut plu-
,
sieurs figures pour
y préparer I'cspiit
des peuples.
L'Egttsequi marche toujours sur h
s
voyes de noitre Seigneur, donne le Pain
$
benyaux Fidellcs aulieuJeCc. figu-
,
res, pour préparation à ce divin Myste-
re. Car les figures sont des préparations
pour les Myfliercs , à ceux qui ne sont
point capables d'adorer ce qui s'y paslè.

CHAPITRE. II.
F olertoire.
NOstre Seigneur venant au monde
s'est une fois offert à Dieu son Pere
en qualitéd'Hostiedans le tein dela tres.
saintc Vierge, comme sur un Autels
four estre un jour immolé & consommé
A la gloire de sa -.Divi= Majeflé. Eç '
cette offrande a esté l'offrande & la tan- i

Itification de toute l'Eglise » qu'il a à.

M voulu sacrifier avec luy, Inqu* volun-


Hebr. tatejanttificatifumusper oblationemcor-
90. 10.
ports Iefu-Christi semel C'esten cette
volonté qu'il dit à son Pere qu'il vou-
>

loit s'immoler un jour à sagloire sur la l

Croix ; & en suite s'abîmer, se perdre i

& se consommer en luy , pour achever -

son Sacrifice & cependant il se


; que
voiioit à 1uy Seluy consacroitavec[oy ;

tous ses membres pour l'honorer & le


servir, dans l'attente qu'un jour il les
consommeroit en un , pour n'en faire :
qu'une seule Hostie qui le glorifiroit 1

eternellement dans le Ciel, & qui luy


seroit mille fois plus agréable que ces
Hosticserosîieres » & que tous ces ani-
maux qu'on offroit dans le Temple:
Ad noltiifli,&c. Tune
Htkr. HoftUm&obUtiortem
10. 5. dm dixi: Eccevenis,&c. Vtfiteiam, Deust
i. voluntAtemtuam. Deusmeus volui. Ce
Ps...
sera cette Hostie de tous les Saints en
mov , donr la voix plus charmante que"
celle des vi&imes vous louera à jamais,
& fera avec moy un feuler y de louange
Tf*'. pour toute l'éternité. Hofiiam vocifert-
26. €. tionii. Si bien qu'en ce jour saint de l'In-
carnation > Jeûxs-Christ dans.Ie rein de.
î Marie s'offrit à son Pere pourleservir
s
dans le temps avec tous ses peuples, en
: attendant ce Sacrifice de l'Erernité,qu'il
luyoffcoic par avance dans le secret du
:
fein de sa Mere, comme dans un Tem-
«
pie. Et ce Temple animé luy estoitl'i-
i mage du Ciel, & la figure du sein de
Dieu où il luy devoit offrir sur céc
,
J Autel d'or dont parle l'Ecriture la APOP.
, ,
louange de son coeur & de tous sesFidel. 8. 1.
*

les consommez en luy. C'est donc dans tr IJ.


le secret du coeur de la tres-sainte Vierge,
que la Religion [aiute de Jesus Christa
pris son commencement. Mais com-
,
me cette Religion estoit secrece & in-
connue aux hommes, & que le Fils de
Dieu estoit venu pour la rendre publi-
que , comme il devoit accomplir & per-
fedionner en sa personne la Religion
exrcrieure des Juifs pour la faire
,
pafser jusqu'à nous comme il devoir
,
eftrc la fin de l'ancienne Loy & le prin-
,
cipe de la nouvelle & qu'il devoit Ce
,
rendre luy.mesme le fondateur de la
Religion des Chrestiens, & du culte ex-
térieur de TEglise ; il va dans le Temple
peu de temps aprés sanaiflTance ; & il se
presente publiquement a Dieu le Pere
fzz les mains de sa Mère, & par celles
de Saint Joseph. Ce fut pour lors qu'il
exprima par l'extérieur de l'un & de
l'autre la Religion qu'il portoiren soa
,
coeur & qu'il répandoit dans leur in--
tetieur pour faire un Sacrifice auguste
,
& digne d'une Majesté adorable. Il
renferma enceMystere l'ancienne & la
nouvelle Loy ; il y renferma les deux
Testamens & appella la Religion de
,
l'un & de l'autre pour affilier comme
,
témoins à l'offrande publique de ce Sa-
crifice qu'il faisoit pour. lors & qui
,
dloit le commencement duSacrifice qui.
devoit s'accomplir sensiblement au jour
de ses souffrances où il devoit csire vi-
,
siblement immolé sur la Croix , & au
jour de satres-fainte Refurre&ion , où
il devoit estre consommé en Dieu exte-
rieur ement ôc en son Corps , cmme il,
cstoit auparavant en son Ame.
Ces deux Myacresde la Mort & de
laResurre&ion de Jesus-Christ ; estoiéc
les termes de ce Sacrifice offert exterieu»
rement dans le Temple au jour de
la Purification. Ils estoienc repre-
sentez par ces deux pigeons , ou ces
deux Tourterelles, qui sélon l'Escri-
devaient estre presentez à Dieu,
turc
pour tenir la place & l'enfanr
,
pour lignifier le Sacrifice auquel il cfloit
dessiné Sumet duos turtures) vtl duos LtMU.
, holocAuf- là. 8.
pnllos cotumbarum anum in
, de
iHm, & alterum pro peccat». L'un
ces Pigeons ou de ces Tourterelles
estoie offert en Sacrifice pour le pe..
ché : C'est pourquoy on l'appelloit
Hofti* pro peccato. Et dans ce Sacrifice
l'animal estoit égorgé , & Con fang C-
andu autour de l'Autel, pour repre-
sentcrlamort & l'immolation de Jesus-
Christ en la. Croix. L'autre estoit jette
feu &. y cstoit tout consomme, ÔC
au
cela l'appelloit holocauste ÔC
pour on >

il represeutoit la Resurreaion de Jesus-


Christ abismé en Dieu , & consommé
en ce jour par le feu de sa Divinité.
Ain si la Mort & la Re(urrcttion de
JeCus-Chrit1: estoient representees pat
ces deux fortes de Sacrifices. Cest
Simeon par esprit de Pro*
pourquoy
phetie, parle d'abord de ces deux Myf-
à latres fainte Vierge, 'Poj'itusesl
teres
hic in min dm & in refiorrellioner» mul-
torum : Il scra en sa Mort & en sa Re-
surrc&ioii la cause de la mort 5c de la
1'csurrc:é:tion de plusieurs.
Ce fut en ce mesme Temple &. par le
mesme csprit de Prophetie, que Simeon
annonça à la tres-sainre Vierge, qu'une
jour son ame seroir penctrée du glaive
de don leur Tuamiçsîw Arimam doloris
£km.3! gladim fertrattfîvit.
s
Ce jour fut celuy
de la mort de son Fils, où elle en fut en-
tierement percée sur le Calvaire : mais
pourtant elle commença d'en ressentir
la douleur dans le Temple au jour de la
Présentation de son Fils, où il sur desti-
nealamort. Car alors elle l'offrit par
avance en qualité d'Hostie, comme un
jour elle devoit l'offrir à Dieu sur le
Calvaire. Jesus-Christ estoit à elle: Ec
comme Dieu avoir deffendu qu'on luy
presentast des Hosties dérobées &
,
qu'il vouloir qu'elles flirtent offertes
par les mains de ceux à qui elles appar-
tenoient, Jesus-Christ Hostie ne pou.
voit estre presenté qu'avec l'agréement
&par les mains desa tres.sainteMer(.
C'est pourquoy la sainte Vierge dévoie
venir au Temple, non seulement pour
y assister de la part de l'Eglise & de tout
le nouveau Testament réiiny en sa
,
personne, pour estre en elle le témoin
de cet auguste Sacrifice qui se dévoie
,
offrir pour luy; de mesmequeSimeon
y vint pour tenir la place de la Loy,
dont il portoit l'Esprir) Spirittu Sanftus
erdt in eo : Mais encore clic y devoit ve-
nir pour presenter à Dieu cetteHoCHe,
qui estoit à elle , & que la nature & la
grâce luy avoient données. En effet,
elle la mit entre les mains deSimcon
,
qui reprcscnrant aussi le Pere Eternel,
receut ladémilIion du droit de la tres-
fainte Vierge. Elle disoit pour lors à
son Dieu Je me démets de mon Tresor
entre vos mains, & vous presente de la
part de l'Eglisc ce que j'ay de plus cher
en ce monde :
Je vous offre ce qui cst de
plus grand au Ciel & en la Terre : je ne
l'a y pas plustost possedé que je vous
,
transporte & vous cede tout le droit
que vous m'y avez donné par sa Nais-
sance : Je le livre entre vos bras, polir
estre sacrifié. Pere Eternel, vous vous
representez à moy & me paroisTcx
,
comme Prêtre ; c'est pour immoler cet-
te sainte Victime. Il n'cfioit pas encore
né qu'il sc livroit à la mort i-l n'a ja-
;
,
mais esté à luy. Déjà il s'est offert à vous
dans mon sein, &, vous a remis tout le
droit qu'il avoit sur fov-mesme : mais
parce qu'il estoit à moy , & que vous
me l'aviez
le
donne,il
presente, &
veut
je
aussi que
démette
je
vous que me
de tout le droit que j'ay sur luy .; a fin
que par ce voeu solennel,& cette offran-
de de Religion publique il soit
,
lement. a vous. C'est ainsi quelasain«|
tota-
te Vierge exprimoit les scntimens de:
Noslre Seigneur qui cét aéte de
, par
Religion publique le relioit à son Pe—
reen tout ce en quoy il sembloit en eslrc,,
délié. Car par cette offrande il se
rcU-@,
nisloic a luy, & [edégageoit de
tout ce*
qui en ap par en ce pourroi t l'arrester,
le retirer d'entre les mains lors oui
, que le::
temps viendrait de se livrer & de s'a-
bandonner entièrement à luy soit
Calvaire, oui!dévoie mourir & dh.: : au,
immolé ; foit au tombeau où il devoit,,
,
ressusciter & estre consommépar lefca-
de la gloire de Dieu Ton Pere.
Cesdeux Myfieresde la Mort&de:
la Rcsurre&ion de Jesus-Christ
qui:
estoient deux Sacrifices ( ,
plutôt.
, ou
lemesme Sacrifice continué ) estoient
figurez par divers Sacrifices de ,
la Loy,
qui ne pouvoir par un seul repre-
senter la diversité des choses si
cellentes qu'elle figuroit. C'est ex-
pour-
quoy sainr Simeon represéntant la.
Loy qui soûpiroit incessamment
»
Jesus-Christ ; & voyant pour
en ce Divin
Sauveur la vérité des. Mystcrcs qu'elle
figuroit 5c, pour lesquels Dieu l'avoit
,.instituce>difoit en l'Esprit dont il cstoit
L uc.it
remply Nunc dimittis servum tuum 1'.
,
Domine, ftcundù!IJ verbum tuum inpace, ,
C'est maintenant que je suis content ; le
vois devant mes yeux, & tiens dans mes
mains la vcrité de mes figures : le jouis
des Mysteres pour \esquels je soûpirois:
I'ay entre mes bras cr-luy quiappaise la
colère de Dieu &qui[cul vaut plus
,
que toute la Loy en tous ses Sacrifices,
qui maintenant seroient abolis , s'il ne
vouloir avec honneur ensevelir sa Mere
la Synagogue qu'il revere & honore
, ,
comme estant instituée Se' formée des
mains de Dieu son Pere. Je vous presen-
tedonc,Pere Eternel, celuy qui vaut
mieux que le monde,& qui vous rendra
plus d'honneur que toute la creature en.
semble quand mcfmeelleseroir anéan-
,
tie à vostre gloire. C'est luy , ô mon
Dieu , que vous avez prépare depuis
quatre mille ans que le monde est for-
mé, ,uodparafliantefaciem omn'mmpopH- Lui. L.
lorum. Afin de retirer les peuples du pe- il.
ché & de l'aveuglement ow ils estoient
,
précipitez par leur faute. Lumen ad Loir.
revelationem gentinm & gl,ri4mpl(bis J. e3.
, doit
tue , Ifréul ; C'est la lumière qui
éclairer les Gentils abismez dans l'er- J
reur du peché, & qui doit estre la gloi. i
re de tout son peuple ez de sa patrie ,|
l'
quoy qu 'il en doive paroistre oppro.',
bre sur la Croix. Car il sera sa Resur-
en
.9.
région le Roy de tout le monde, Rtget
eos in virgaferrea : il sera non seulement
le Roy pacifique de
toute la Judée,
comme un Salomon ; mais un Roy qui
subjuguera toute la creature, & qui fera
P/1/.M. reyeré de tout l'Univers ; Domine Do-
minus nofier3 quàm admirabile est
nomen
tuum in univerfa terra ! E t dans ce mesme
Tf*!.Z.4. Esprit Nostre Seigneur disoit
; Confti-
tHtta sism Rex ab eo super Sion monter»
(anEtum ejus : mon Pere m'a fait Roy du
Ciel au jour de ma Rcsurred-lon il
le
estably
;
vray Roy pacifique, assis sur
ma

un Trône de paix , & sur le Royaume


des Bien- heureux où je la e:loire
, porte
de la sainte Maison d'israël plus haut
qu'elle ne i'esperoïc & que tous les
,
Prophètes ensemble ne l'avoient
pu ex-
primer.
Or c'est ce mesme Roy, qui estant
Prestre & Hostie tour ensemble se
, pre-
sente à Dieu son Pere dans le Ciel, &
change sbnTroène en un Autel,pour
obtenir par le Sacrifice qu'il offre"
y
lalut de tout le monde \SMfcipe,fanttc
iC
Pater, ommpitens aterne Deus, banc im•
machlattm Hoftiam &c. Recevez
, ,
Pere saint Dieu Tout puissant &
, -
Eternel, cette Hostie immaculée, &c.
Il s'offre comme l'Hostie sans tache, Se
comme la Vi&ime innocente qui estoit
figurée dans la Loy par les Hontes, qui
seson le commandement de Dieu au Le..
Levir. té
vitique devoient cstre sans macule. LO. # 9.
,
C'est pourquoy le Prêtre consideroit /.
attentivement à l'entrée du Tabernacle
l'Hostie prefentc"c & regardoit, soi-
,
gueusement si elle avoit toutes les mar-
ques denrées par la Loy, & ordonnées
de Dieu. Apres que celuy qui la presen- L>vit. t.
toit avoit mis les mains sur l'Hostie, 4.
pour marquer qu'il Ce démettoit de

tout le droit que Dieu luy avoit donne


sur elle, le Prcstre ayant examine cette
victime, & l'ayant contemplée à loisir,
la recevoit des mains de celuy qui l'of- r

froit, comme s'il eût dit ; Je reprends de
la part de Dieu tout le droit que vous
' me retrocedez ; & je prends cette Hostie

pour ne la quitter plus & pour ne


,
m'en démettre jamais ; C'est pour l'é-
ternité que ie reçois ce Sacrifice.
Cette offrande publique qui se fatr
foie à l'entrée du Tabernacle , estoit ia|,
première partie du Sacrifice. Et commdt
fois çL
nostre Seigneur l'a faite une dans 1

Temple, ainsi que nous avons dit, 5,


qu'elle estoit une portion considerable
de son sacrifice, elle doiteftee represen"t
tée dans la sainte Metre, dont les cere
maniesexpriment l'intérieur de Jesus-
Christ qui s'orfe en ce Mystcrescloa,-
, regarde.
tout ce qu'il est& tour ce qui le
Il commence à l'Offertoire a exprimer
les dispositions saintes qu'il avoir eues
Temple ,lots qu'on l'offroit à Dieu
-au
sous la figure de deux animaux. Car en
mesme temps il se presentoit Uiterieure-
met pour estresur leCalvaire unchoflie
pour le péché & pour estre consommé
un jour dans
>
le Temple du Ciel enho-
locauste à Dieu san Pere. Et cestce
qu'on exprimeinterieurement à la sainte
MelTe par les deux especes qu'on offre
diftinâtinenr , qui figurent tres-bien ce
qui se paire Intérieurement dansl'Espr:t
Jesus-Christ.
Nous sommes semblables à la Loy
dans nos Ceremonies : Nous expri-
elle par diverses figures
mons comme
ce qui est un & sim pie dans le cœur de
Jesus Christ : Et dans l'impuissance qui
nous
3 louseft commune de l'exprimer par
une
eule Cérémonie, nous différons seulc-
rnent en ce que la Loy figurc--.'c les choses
j» venir ; 8c nous represencon! lcschases
'palTérs, & souvcntmcsmelcsprescnrcs.
!Il cilbizii vray
que les Ceremonies qui
ie passerent dans le Temple au jour de la
'Presentation figuroienc aussi qui,
, ce
estoit prcscar; mais fut
ce par une ren-
contre particulière, puisque par leur
institution elles n'avaient este destinees
qu'à significt l'avenir ; & les noL1:res
au
contraires (ont infatuées pour expri-
,
mer les veritez secretes & cachées
mais presentes ; & mesmes ,
par fois quel-
que chose d'exterieur & de visiblc,mais
absent & pasle. Ainsi
cette Cérémonie
de Offerte represente 1 Offrande exte-
rieure de Jesus-Christ
au Temple, qui
est passée; & signifie
en mesme temps
ion offrande inrerieure & ses dispofi-
tions qui sont encore presentes
Mystère.Car lesayant en ce
eues dés le com-
mencement de sa vie en son Esprit,il
es y retient toujours ; elles n'ont point
pâlie, &dcmcurcncencoredans lefond
de son ame. Parce qu'elle est bien-heu-
reule , elle ne change point ses senti-
Mens : clic n'a lien co un temps ,qui.
soit contraire à ce qu'elle a dans un au. 1

ni qui foit incompatible avec au-


tre, qu'il de
i

cun de les cstats : Ce est vray


dire, sur tout de l'Offrande dont nous
parlons, qui ayant csté une fois com-
mencée sur la terre, a continué dans le 3

Ciel, & y continuëra toute l'Eternité ;


seule différence, que dans le
avec cette
Nostre Seigneur s'est offert sous
temps
divers exterieu'rs , ôc sous des circon-
siances qui ont changé sélon ladiversite
de ses Mysteres:mais dans l'Eternité y
son offrande est sans diverûté,sans fuc-
cession & sans changement. C'estpour*
dans l'Offerte, qui signifie l of-
quoy
frande du temps, on offre le pain& le
vin (eparément & successivement ;
mais dans le Canon, on les offre tout
ensemble, parce qu'on y exprime l'Of-
frande que Jcsus - Christ fait de luy-
niefmc dans le Ciel. HAcdona hdC mu.
nera, hue fantta Sacrifie;" illibata &c.
*
efferimut.
C'est encore pour ce sujet que les
Chartreux,qui representent dans l'E-
glise la vie des Bien-heureux, offrent le
pain & le vin tout ensemble, mesme au
temps de l'Offerte; Ils n'offrent point
separément les deux cspeces, parcequ'-
>Is offrent ce Sacrifice dans l'esprit du
ÊCiel, & qu'ils expriment ltcsiat' & les
dispositions dans lesqucllcs les Saints
l'offrent dans l'Eternité. Et mcsmc
par-
ce que ces saintsPerfonnagcirepresen-
tent la Religion du Ciel, & les senti-
mens des Anges & des Bien-heureux,
ils se prosternent par terre dans le'
Chœur, rendant qu à l'Autel on éleve
la (ainte Hostie. Cette Ceremonie, qu'-
eux seuls pratiquent dans l'Eglise, eæ-
prime bien la pollure& la disposition
des Bien heureux qui se prosternent de-
vant Agneau , Ctcidtrunt coram Agn,. Af*.
1

Et l'Esprit qui a efiably cette Religion' q


dans l'Eglise , nous montre assez par


cette pratique,avec combien de senti-
ment &de respe£fc on doit s'approcher
de ces Divins & augustes Mysteres. Ils
en contemplent la beauté plus à décou-
vert que le commun des peuples ; 8c
tout surpris de ce qu'ils voyent, ils s'ab'
baissent & Ce cachent, comme n'en pou.
vans supporter l'éclat , qui ne venant
point jusqu'aux yeux du peuple le
laide dans l'insensibilité d'une foy ,
morte &languiflante. Ce sont donc les
Chartreux qui representent l'estat du
Ciel & qui offrent pour ce Cuite le
>
Sacrifice d une manière différente du o
commun del'Eglise. Ils laissent aux au.
tres à l'offrir fous le pain & sous levia *

disiinélement ; ce qui exprime la diver-


iîtédes Mysteres, qui parmy nous sont i
ieparez : mais pour eux, ils offrent les )i

deux especes conjointement , parce que i


dans le Ciel, où l'exterieur est effacé , i
& où l'intericur paroist en son entier :
Tans figure ni symbole distinft tout est t
,
réduit à l'unité.
L'Offrande du pain que le Prestre fait î
en la prcmicrc partie de l'Offerte par
cette Oraison SNfcipe, fan£1e Tater »
,
omnt*p#ttns aterna Dcus, banc immacu-
14tam HoftUm, represente la première!
intention de jcsus-Cillist > & l'Espric
avec lequel il s'offrit dans le Temple
pour cstre un jour holocaustedeDicu,
ce qui devoir arriver en sa Resurre&ion,
par laquelle il est entré dans la splen.-
deur des Saints, rcpre[cntéc dans l'E-
vangile par la blancheur de la neige,
comme elle l'eu: par celle du pain en ce
.Sacrisice.
L'Offrandedu vin qui se fait en la sé-
conde , represente l'autre intention de
Jeftis- Christ , qui s'offrir pour estre
immole en l'Arbre de la Croix ,&
ptelenrca Dieu comme Hostie pour le
péché sur le Calvaire, où son Sang ré.
rpanduest figure par le vin du Calice of-
Fert à parc & separément du pain,qul
re-
'prcscl1ccsÓ Corps innoccc & sans tache.
Or comme ce Sacrifice Ce presente
pour les pechez du monde, dont Nostre
Seigneur s eftoic chargé en sa propre
personne ,1:1 fin de l'Oraison
par la-
quelle on offre le pain exprime cet-
ité intention Qua>n ego, indignus fit-
,
\tnitlus tuus efet tibi Deo meo vivo C5*
ivero , pro iKtinmerabilibus ptecatil & ,rf-
"fenfiombm & negligentiis mets, ffr pro
omnibus circnnjlantibus, &c. Nostre Sei-
gneur en cette Oraison prie premiere-
ment pour soy , & demande pardon des-
fautes de ses membres, comme si elles
luy eftoicr propres,pour témoigner qu".
il s'en est chargé. Et secondement,il prie
pour ses mesmes membres qui composée
Ich'rgz ise il demande pardon de leurs
j pe-
chez parce qu'ils les ont commis ; pour
,
témoigner les soins qu'il a desbn Epou-
se & les regards continuels qu'il sur
, a
olle. Ce terme Inàignulf411Z141111 tuus,
,
exprime l'estat de Jesus-Christ péni-
tent & gemissant au monde dans l'in-
firmité de la, chair. C'cst un termt
dont il ne se tert point en tout lereste
de la sainte Mcfse, ni principalement au i
<

Canon ,où l'on exprime les sentimens


& les dispositions de Jesus Christ sc
,
présentant au Pcre dans le Ciel dans la
vertu &la beauté de son estat parfair,
OÙ il n'a rien des sentimens, ausquels le
portoitl'étatdeson infirmité premiere.
Car portant l'habit la forme & la
, ,
ressemblance de peché il estoit indigne
de s'offrir & de se presenrer au Pere qui
,
rebute & éloigne de soy les pecheurs.
Et il en estoit d'autant plus indigne,
qu'il eilaic mcfme charge des malédic-
à
hi Gtl. tions deuës leurs pochez,?*#*# pr,
I. IJ. nobis malediilum.
L'Oraison qu'on récité élevant le
Calice pour offrir le vin Ojf.nmw tibi
,
Domine, &c. exprime bien que l'offran.
de que Nostre Seigneur fait à Dieu par
Jes mains du Piestre,cst une prépara-
tion Se une offrande qui fait partie du
Sacrifice, & qui sert à son acçompliflc*
ment; de meime que toutes les offran-
des des vidimes qui estoient presentées
à Dieu devant qu'on les mit à mort, ou
qu'on les jettât au feu faisant partie
,
des Sacrifices anciens, Si bien que cette
Oraison se dit quelque temps avant que
le Saciitke de la mort de Jcsus Christ
& de sa consommation en Dieu, foie
CXptirné par ces paroles, Vt nobisCtr-
pus & StngHÛ fiat dilefliffimi Filii tut
Dtmini no si ri Jesu Christi ; & par deux
ïîgnes de Croix l'un sur le pain, l'au-
,
tre sur le Calice, qui montrent que le
Picstre par la vertu de ses paroles , com-
me par un glaive tranchant, va réparer
le Corps de Jcsus Christ de son Sang,
'& icnouveller le Sacrifice de la Croix,
où ils furent separez l'un de l'autre.
Apres que le Pcritrc a offert le Calicr,
il dit estant incliné & ayant les maint
jointes sur l'Autel Infpiritu kumilitAtis,
-,

& in animo contrite sufcividmHr * te ,


Domine. Ce qui exprime ,cstlt humilié
&douloureux de lesus-Clirist. Il ajou-
te , Et fie fiat facrificinm tioflrum in
confpcÏÏH tut ho dte, HtplAceilt tibi, T)p-
,
rnint Dem. Il conjure le Pere de le fc-
courir de son Efprit& de sa grâce ; en
sorte qu'il puisse luy offrir un Sacrifice
agreable. Ce qui fait bien voir que cette
offrande du pain & du vin qu'on vient
faire n'esl qu'une preparation à l'ac-
complisTement du Sacrifice. Et celaest
*

encore mieux exprimé par l'Oraifoo


suivante » Veni , fanftificator omni#r.
iens -dtern£ Deus, & benedic hoc facrrjî-
A

cium tut fané7 o nomini praparatum. Le


Preste disant ces paroles éleve les
,
mains & les yenx au Ciel ; il invoque
le Saint Esprit pour l'attirer sur[oy; ; &
comme un autre Elie, il appelle le feu
du Ciel pour consommer ce Sacrifice,
qui n'est encore que préparé, Tuofanft*
mrnini praparatum.

CHAPITRE III.
De 14 V aie ne que le Sou"didcre tient
si tu le voile, pendant me grande
partie de la Mejft.
APres r que je
Autel
Soudmcre a porté sur
les instrumens du Sacrifi.
ce, cachez & couverts d'un grand voile;
& apres qu'il les a laisTc découvrir au
,.-Diacre qui les met en suite entre les
mains du Prêtre il reçoit du mesme
Diacre la Patène sous le voile; & def-
cendanr au bas,de l'Autel, il la tient de-
vant tesyeux pendant une grande partie
de la Méfie. Or cette Ceremonie est fort
considérable & contient de grands
,
Myacres.
Le Soudiacre tenant ainsi la Patène
pendant le Divin Sacrifice, & l'accom-
plissèment des ?vIyaeres, témoigne
que
l'Eglifc & les peuples dont il est servi-
teur. & principalement l'ancienne Loy
qu il rrprc(entepins particulièrement,
ne font pas dignes de contempler ICI
^/fystercs cachez.
Cette Ceremonieestoit figurécaurre-
fois dans le Temple de IeruCalem lort
le ,
ique grand Prcstre ne pouvoit entrée
idansle Saint des Saints, que dans une
i
nuée de parfums qui le cachoit à la-
,
veuë des hommes : Ce qui nous repre-
sente que Jcfus.CluiCt
entrant dans le
Ciel, revcstu d une gloire que les yeux
des hommes ne pouvoient supporter,
suc caché par une nuée, EtnHbes/Ùfcepit.
tum ab oculis torum : pour donner i en-
tendre,combien l'cstat de sa gloire d1:oic.
au dcffus de la portée des hommes r
caché par le lidealt'de cette nuée ;
AussI estoit il justeque ce Mysteie suc

que Jesus-Christ entrât en liberté dans


Be,

sa gloire, sans estonner t'esprit de se$i


Difciplc5. Et comme le Divin Sacrifice1
de l'Autel est le mesme Sacrifice d..,
Ciel où Jcsus.Chrifi: est dans la gloi-
,
re ; l'EsU/c ça f cjraoignagç de sa Foy»>
ôc de la croyance qu'elle a de ce Mystere r:
si auguste prordte hautement par la i
, Minière,
personne du Soudiacre Ion j
n'estpasd'gnede contempler ces hauts
Mysteres, & cette auguste Majesté de J
Jesus-Christ caché dans sa gloire , & 5
retiré dans le sein de Dieu (on Pere.
Le grand Prestre entrant couvert t
,G'une nuée dans le Saintdes Saints, te- 1

presentoit encore que Nostre Seigneur j


entrant dans le sein de son Pere estoit i
,
P/.t. dans un lieu de tenrbres pour nous,
17. IZ. Posuit tenebrts latibulum suum. Nubes 1

Vfcl.
0 Z. 6.
ct caligo incircuitu ejus. Car non seule- :
l'essence de Dieu est une nuée ôc
ment , >

des tenebres à l'égard de l'homme ; mais


sur tout, le lieu intime où Nostre Sei-
Jesus Christ a penetié est encore
gneur , 1

véritablement renebres > a cause que la


creature n'y a eu aucun accès & que
,
lesyeuxdes Anges ny des Saints ne l'y
jamais pu (uivre- Si bien que l'E-
ont
glise du Ciel & celle de la terre , ont
voile sur la face à l'égard de Jesus-
un
Christ monté dans les Cieux , & pé-
ju(qu'au plus profonddel'abiC.
nétrant
de Dieu dont saint Paul a voulu
me , qu'il
parler lors a dit de Nostre Sei-
, FcnctrAvit ctlos, il le
gneur , a
plus profond des Cieux. CleLloùliÉ..
Çlifc ne peut aller & qu'elle
, ce ne
,Içauroit comprendre. C'esilafin& la
con(ommacion des Mysteres : C'est ce
qL'Jsonrdéplus caché,à sçavoir lcfus-
Christ retiré dans son Pere, où il est con-
sommé par son amour; & où il luy rend
aufll mille devoirs de feCpet}&de gloire,
tout a fait inconnus : Ce que le Soû l'a-
cre proteste mettant le voile. devant ses
yeux , comme animé des sentimens &
des procdtationsde l'Eglifc» qu'il scit
& qu'il represente.. " ?.
11 tient fous le voile la Patène, qui cst
l'expression de la Foy. ' Car comme
la Paréne sert aux Mysteres pour por-
ter & [oûrcnir le Corps de Iesus Chtistj
au)U la Foy sert pour eu toûteiiir ic
Corps Mystique.
Sur la fin du Tater, leSoûdiacre mon-
tant à l'Autel avec le Diacre, luy don-
ne la Patène, & le Diacre la purifie»
& la presente au Prestre qui la baile :
,
ce qui nous montre que Dotl:1e Foy pour
ferme qu'elle soit & pour fidelles
, elle
<quenousayons esté à la garder si
,
n'eH: purifiée par lefus Christ reprefên-
té par le Diacre jamais elle ne (erabai-
,
Icc parJç Ptcpxc C'Cst it dire » qu~e
.
Pieu le' l'agréera jamais : Et au
contraire, si Jesus-Christ l'offre, la pu-
tine & la p,,'Cscntc , son Pere l'agréera
&. la baisera ; & mesme peu de temps
rendra la paix à son Fils pour la
après ,
donner à son F-glise , & luy donnera un
baiser non pas avec un instrumcnt
,est la Patène, mais de sa
comme propre
bouche ; &son Fils le portera en suite à

lémoigne t
son Eglise. C,cstcc que le Prestre nous:
quand il donne lebaiser au
Diacre , le Diacre au Soûdiacre , & le
Soûdiacre àl'EgliCe. Et encepointen-
core Nostre Seigneur paroist dans le
Soûdiacreferviteur de l'Eglise, entant
qu'il est en luy Ministre de la paix pour
le peuple.
Lasainte EgUse, comme Espoufeder
Jesus-Christ, suivant ses traces & mar-
chant sur ses vestiges, se comporte delà
mesme façon envers ses enfans , que
Jesus-Christ se comporte envers elle,
pour leur donner avec progrez la con-
noiflance & la veuë de ses Mysteres,
Car elle ne découvre pas tout d'un coup
ce qu'elle a de plus caché à ceux qui se
convertissent à la Foy ; mais elle les fon-
de & les affermit premièrement en la
<crpy&nce de Jcsuî-Çhlilt Jiofpjivç*
Dieu ; aptes elle leur revele petit à pcric
ses Mysteres avec ordre ayant égard à
,
leur estat & à leur capacité. C'est pour
cela que les Catechumenes sortoientde
l'EgliCcdevant qu'on commençât l'ope-
ration des Saints Mysteres ; & ils
n'estoient admis à les voir > qu'aprcs
avoir esté unis à Jesus-Christ par le Ba-

les Penitens,
ptefme. Ce qui s'observoit encore pour
qui estoient remis dans--
l'Eglise, premièrement par la commu-
nion des prières & en suite par celle du
*,

saint Sacrement.
Le Soûdiacre ne quitte le vo».!e » qu -
après que le Prestre a chanté Din itte no-
bis debita nojlr<t, POUL reprefenrer que
l'ancien Testament n'a esté admis aux
Mysteres ny reconcilié à Dieu , qu'â-
pres la prière que nostre Seigneur
Jesus-Christ a faite pour luy , en de-
mandant pardon à Dieudeses pcchcz.
Alors il acHé appelle a la communion *

des Mysteres : Alors Jesus-Christ a


aggregée ses services , & l'a mis en part
du Sacrifice. Et cest pour cela que le
Prestrebaise la Patène & ensuiteil la
, soûtenir-,
fous l'Hostie pour la
met
témoignant par que là
>
l'ancien Testa-
jpçot reprçfçmé par >
^*1
donné la Patène, avoit en soy le fonde-
ment du Sacrifice, quoy que par son in-
dignité il en sut fort éloigné & qu'il
,
n'air pû en approcher sans les prieres &
sans la grace du nouveau Testament
:
D où vient que le Diacrefair passerle
Purificatoire sur la Paréne; afin qu'en
elle l'ancien Testament soirpuririé, 8c
rendu digned'entrer en communion du
Sacrifice, & de servir à ce Divin Myfte-
re. Ilestdonc vrayque la Paténe qui
soûtient le Corps de Jeftls- Christ, don-
ne au Soûdiacreaccez à l'Autel & au-
prés du Prestre par l'entremiCedu Dia-
cre , & que cela nous fait connoistre
que i'ancienTcAamcnc n'aaccez à àjesus-
Christ que parles services qu'il luy
,
a.rendusen Foy ; & qui estans prophe-
tiques de nos Mysteres, servent à soû-
tenir so» Corps Mystique & ses myfte-
i. Vtt. rieuses Cérémonies Habemusfirmiorera
1. 19. ,
propheticumJermonem.
Le Soûdiacre est debout lors qu'il
,
tient la Paténe voilée devant ses yeux
pendant le Divin Sacrifice ; ce qui
mar-
que sou esperance & sa patience en Foy,
aptes que No£l:reSeigneur Jesus-Christ
reçoit ses services.
Le Picstrcbaifc laPaténc que le Dia-"
crea purifiée, parce que tout cit rendu
parfait par la nouvelle Loy, & non par
l'ancienne Nihilad ptrfiélum ddducit M
, \
Lcx. Er quoyque l'ancien Testament 7. 19.
ait porté d'une façon trèsiamte , mais
obseure, lamatiere qui devoit servir à
former le Corps de Icfus-Christ en sa
tres-sainte Mere ; il a fallu neantmoins
quecette matière ait esté purifiée avant
que d'y servir à consacrer le Corps de
lesus-ChriCl, àsçavoir , le pain que le
Soûdiacre porte caché sous le voile.doic
estre purifié avant quedeCervir auSacri-
sice. C'cst ce qui est exprimé clairement
en la Messe que l'Evêquecélébré ponti-
ficalement avec grand appareil ôc
,
magnificence : car on y met deux pains
l'un sur l'autre sur la Patène, dont l'un
ne sert qu'a purifier l'autre ; ce qui ex.
prime que la semence d "Abr.,.ham n'est
pasassez pure, & n'cn: pas propre pour
estre offert à Dieu en Sacrifice , si la grâ-
ce du nouveau Testament ne le sanâifit;
comme il paroist en ce que le Corps de
la tres-sainte Vierge, & celuy de lesus-
Christ son Fils , qui n'est qu'un avec
celuy de sa Mere pendant qu'il demeure
en ses entrailles, font sanéHfiez par l ek
prit du nouveau Testaïucnç .Spiritut
,
Sanflus Jupervemetin te & virtusaltijjt-
mi obumbrabit tibi, ideoque & quodnafic*
tur ex te fariftnm , &c.

C H A P I T R. E I V.
-
Des Encenflmens que l'onfait stri
choses offertes.

COmme les Ceremonies sont infir-


mées dans l'Eglise, pour exprimer
extérieurement au peuple ce qui Ce pane
intérieurement datislesecret des Sacre-
mens & des Mysteres ; celle de la sainte
Méfie, & toutes les oraisons & actions
decérauguste Sacrifice sont ordonnées
pour expliquer au peuple ce qui se pasFc
en Jesus-Christ & en son divin mystere.
O r comme le Prestre à l'entrée du Sa-
crifice a fait un encensetnent, qui ex pri-
me comme nous avons dit, les oraisons
des Saints de l'un & de l'autre Tcstamcc;
il fnadjoûte un sécond, pour represen-
ter lesmerites de Jesus-Christ , & ceux
de l'Eglise, qui sont compris & offerts
àDieu dans ce saint Sacrifice pour le
salut du inonde. Les oraisons de Jesus-
Christ, çommç ayfli les oraisons de k$
merites des Saints, font le pretrisdecc
Myilere. Ecc'cst ccqucl'Eglisccxprimc
au peuple, le plus purement & sainte-
ment qu'il se peut.
L'Encensement sur le pain & sur le vîst
scf.iit d'une autre maniéré que celuy du-
commencement de la MelTe : Car on y
fait trois Croix surie Calice & surie
Pain ; pour exprimer que Ja Croix dtf
Jcfus Christ : que ses louffrances & se
nioit, qui fondes sources capitales de'
ses mérités ont esté portées & offertes
par J cf us- ,
à
Christ l'honneur delà tres-
saime Trinité.
En faisant ces trois lignes de Croix,
en dit ces paroles, Incel1sÏ1m iflud ktt
htnediaHm, afeendat ad te Domine : pour
dire que nous envoyons & presentons
à Dieu les mérités de jcsus-Cliï ist cruci.
fié dont le Pain & le Calice entend
,
rendus participans par l'offrande qu'on
en a faite , & par les lignes de Cloue
qu'on forme dessus.
On tourne en fuite par trois foi*
l'Encensoir à l'entour du Calice &du
pain , endifant, Et defcendnt fnper nos
mtfericordia tua, poirr montrer que cette
Hostie & ce Sacrifice que nous presen-
tons à Dieu pour obtenir, misericorde,
sont environnez des merires de lesus-
Christ. C'est pourquoy on fait les deux
premiers cercles de ladtoirc à la gauche,
& le dernier, dela gauche à la droire.
Par les deux premiers , nous témoi-
gnons la confiance que nous avons que
sa misericorde descendra sur nous, &:
la
nous tireradc gauche où nos pechez:
nous avoient mis , pour placer à sa
droite ; & par le dernier , nous deman-
dons d't'sirc tirez de la gauche > & d'etlre
mis à la droite de Dieu avec lusus-
Christ.
Ce mouvement de la gauche à la,
droite qui se sa if en rond > signi fie encore
que nous envoyons nostre offrande à.
Dieu du meilleur de na11re cœur, & que
nous desirons delà luy offrir pour ja-
mais efperans.par là , sa miscïicoide
,
etcrnelle.
En suite on cncense l'Autel de mesme
façon qu'au commencement de la Messè,
pour exprimer que ce Sacrifice contient
& offre à Dieu tous les mérités delesus-
Christ & des Saints de son Eglise ,dont
leseindeDieu estres-iiply ce qui fait l,,i
,
grande valeur de ce Sacrifice.
Le Diacre, qui representetoute l'E-
glise, comme nous avons dit , baise la
r main du Prêtre, & lescho[cs qu'il luy
presente pour témoigner que l'Eglise
»
conscnt à tous les effets & à toutes
les opérations necessaires pour la def.
trué't:ion l'immolation & la confom-
,
marion de ses Saints. Et apres en repre-
nant la Cueillcre, il baise une scconde
fois la main du Prestre, qui en là per-
sonne deNostre Seigneur va louer Dieu,
& jetrer l'encens devant sa Majesté.
Ei*fin,le Diacre baise l'Encensoir, pour
fibnifia qu'il adhcre & qu'il s'unit à
toutes les louanges qui feront rendues
à Dieu par le Verbe Divin en l'Huma-
nité[ainrede lesus-Christ , figurée par
cet instrument desenccnsemcns: àcause
que l'Humanité de Jesus-Christ sert au
Verbe pour glorifier Dieu le Pere autant
qu'il merite & qu'il peut recevoir de
loiïingeshorsdeluy. 0 Mystereadmi-
rable ! L'humanité ne prut honorée
Dieu ny le louer autant qu'il le merite:
Elle cst trop petite en soy c'en: une
, Elle
goutte d'eauauprès delà mer : ne
peut honorer & louer Dieu que parle
Verbe qui est la louange infinie de
,
Dieu en laquelle l'Homme-Dieu se
,
perd pour glorifier son Pere & pour
, qu'il
satisfaire au defir& à l'ardeur a
de l'honorer autant qu'il peut efh'p.
Le Verbe-Dieu estant égal au Pire,
nepeut pas le louer du cultede respel\:&
de Religion, qui demande inégalité Se
dépendance: c'est pourquoy il a recours
à son Humanité &sesert d'elle pour
,
luy rendre frshommages & [cs devoirs.
Etdemesmeque Dieu ne pouvant pas
satisfaire par luymesmepouc lespechez
du monde 5 emprunte une nature dans
laquelle il se contente , il Cepaye, & se
2-* réconcilié la nature de l'homme , Deus
l Or. y. 1% erlltin Chriflo rnundum réconcilionsJïbi.
Gmiiis
creaturs Ne pouvant adorer Dieu ny luy rendre
,
nonu ne les devoirsd'inferieur il en cherche 10
fignatur ,
homo ; moyen & il le trouve en son Humanité.
omnis C'cst en elle qui loue Dieu : c'est aulu
autem
ereacurac en elle que toute creature l'adore, à eau-
aliquid seque la
toute creature est renfermée en
habet
homo : l'homme : Ce qui n'eust pas este s il eue
habet emprunté lanature Angélique , qui ne
namquc: celle de
commu- comprend pas en soy comme
,
ne cfle l'homme toute la diversité des estres
eu lapi- ,
dibus Or de mesme que l homme se
, creez.
vivere servant du monde & des creatures pout
cú arbo. use de quelque chose de
nbL's offenser Dieu
, ,
soy-meime pour,le des-honorer, à caule
i ntellige.
re cutn le supplémét de l'hom-
Angelis.que le monde est
s. artg. me & que les creatures en sont coin*
,
ïmc les membres qui le font subsifler ; &iM&*I.
;
aind Iesus Christ se servant de fonHu- 19. im
ZTI"'l.
manitepour fc soûmette à Dieu & en Super
,
elle consommant le monde & toutes ses illa ver.
ba Prz.
icreitures, il consomme ce qui luy ap- dicate
par tient, & ce qui est comme son étcn- Eyange,
lium
duë & son achevemcnt. Et en ce qu'il om ni
repare par là les desordres des creatures, cieacii-.
rendant Dieu
à l'honneur l'hom- rz.
que
me luy avoit ravy par elles , il s'acquit^
de ses devoirs envers son Pere.
Le Thuriferaire qui est une figure
,
de la sainte Vierge comme nous avont
déjà expliqué , l'Eglise d'une
porte
, ,
main & lesus-Christ de l'autre ; figu-
rez par la Navette & par rEnce:n(oirJ&
demande lesaîui de l'une , & la venue
de l'aucre<ce qui faisoit les deux emplois-
de la tres-fainte Vierge l'espace de quin.
ze ans qu'elle passa en prieres ppur les
necessitezde l'Eglise & en la contem-
,
plation des Myltcresde son Fils auC-
,
quels alors elle nepensoit avoir aucune
part, qu'en qualité de servante : Elle
prioit pour les hommes avac que Jcsus-
ChriÍ1: vint au mondc:elle le [ouhaittoit,
incessamment, & l'attiioic sur nous par
des attraits & des charmes plus puissans
^ucceux de cousIesProphetcscnscoablc.
Cant. Durn esset Rex in accubltti sito , nardus s
1 I t. dedit ptum.
mell odorem Mes prieres & ),
mes charmes ont cité si puissans
,
qu'ils 'f

,ont excité Dieu à quitter son repos, &- *


à sortir du lit de la paix & de sa beati- -
tude, pour venir reposerdans mon sein.
Le Thuriferaire est tout parfumé de' j
l'encens comme la sainte Vierge l'cft- f
,
de son Fils; & S"il n*y a point d'Ordre i
en l'Eglise institué pour leThuriferaire,
,
& qui porte ce tître c'ell à cause que le i
Thuriferaire représente la personnede
latres-sa.inteViergc quinedoit jamais 1.

paroistre de son chef, maii seulement en |


Jesus-Christ & sous Jesus-Chdt
,
1

D'où vient que le Thuriféraire est com-


pris fort à propos sous l'Acolyte, qui
represente Nostre Seigneur comme lu-
lod%Pf.
t. u. miere du monde
,
Ego fum lux mundu
Les moindres Ordres ne sont que
comme des cIrais, pour éprouver les
& la capacité des élûs
mœurs , avant
que de les élever au divin Mysteredela
Prestrise dont la tres-sainte Vierge
,
estoit plus digne que tout le monde en-
semble ; son sexe seul la privoit de l'u-
fage& de la dignité de ceMyflcre,qui
estoit reservé pour les hommes & pour
le sexc de Icsus.Chrill:. E lie a bien pû
avoir la grace de Sacerdoce, & en avoir
mesme quelque sorte d'usage; comme
quand elle offre Nostre Seigneur entes
le
entrailles, dans Temple, (ur la Croix
&dans le Ciel; mais ce n'a jamais este
par offre ny par aucun a&c de Religion
solennelle, propre à la dignité de Pref-
tre. Elle a eu la qualité sur-éminente
de:Mere de Dieu qui larelevé en di-
,
gnité au-defliis de touc ; & en son sexe
feulement par l'institution de Dieu
>
la privoit de la Prestrise félon l'ordre de
'Melchisedech. C'est pourquoy ellen est
pas comprime sous les Ordres de Sou-
diacre ny de Diacre, qui commencent
à faire la fonction de Prestre, 5c qui ne
sont qu'une estenduïdccefaint Ordre;
l'un representant la Prestrise &la Reli-
gion de l'ancienne Loy ; & l'autre ,1a
Prestiife & la Religion de la nouvelle,
quise réunifient en Jcsus-Christ, & ne
fonten luy qu'un Prdlre& unemesme
Religion en sorte néanmoins que la
,
nouvelle luy est plus unie immédiate-
ment que l'ancienne; D'où vient que
le Diacre ne s'éloigne jamais du Prestre
(ansraifon particuliere& sans Mysteic
exprés ; ilcst prcsque toujours à ses
costés ou1uy soûtcnant, les bras, ou
, -
luy prelentant les inltrumens du acr- *
ficc-, ou luy decouvranc le Calice; en
un mot, faisant de fois à autre quelque
chosrqui estdu Ministere du Prêtre,
& que le Prestre fait luy seul quand il
n'a point fait de Diacre: Maislaiainte
Vierge cst comprise sous l'Ordre d'Aco-
lyte, qui le plus haut entre les moin-
dres j qui ne font point l'étendue du
Prestre, & qui ne representent point
Nostre Seigneur en cette dignité.
La dignité de Thuriféraire cst com-
.-.
prise en l'Ordre d"Acolyte qui comme
nous avons
gneur fous
dit,
les
represente
plus hautes
Nostre
perfeéHons
qui se rendoient la lumière & la splen-
,
Sei-

deurdu monde «clairant toute TE-


,
glise, par ses vertus. Et la sainreVierge
cst bien representée par le Thuriferaire-
caché sous l'Acolyte puis qu'elle est
,
cette femme 1'cvesiuë de lumiere ;
c'est x
due,couverte des splendeurs dejesus-
Christ & de ses divins exemples : mulier
h amiBa Sole : C'est une femme environ-
née de son Fils , pénétrée comme uti
crystal des brillans du Soleil > enfin,
c'cst elle qui répand par tour la bonne
0" n'en-
ce*se du odeur de Jcsus-Christ , & qui comme
cemmt* - uaTemple secré a este embaumée des
(tmlot de pàssum.
Y
rruu" uc
Ion Pcrc
iNOluc seigneur, s offrant U Mtjfë
a comme un encenscres. suave, tf arde

f quelle répand apres dans l'EgHsc , l'A ",Il


f*?°nc elle parfume panier:, & & 1.
tous les Vuftre -
lelonicar dignité & selon les font..', ,, "il it7
,
qu'ils'doivent >* *nctt~
lions ep, I'F-slife e.,r, ra.es
: fai-rè
do!?nans à un chacun des
[Jclus-Chiift & deson Saint Eipritgrâces
de! Ossi'
*n .
It
Cb**r
> au- & le .
ranr qu'il cnestbcfcin. C'cstpourquoy Peuple.
le Thuriféraire perce
en main l'Enccn-
foir, qu3 cst figure de Jdus-ChriR: Se
les paifumsqui sont consommez,
y re-
prcicnrenc les Saints, qui luy &
en avec
luy sont consommez en Dieu. Et c'en:
cette consommation dont la l&inte Vier-
gerend les Prestres participansdans l'E
glise, pour joindre leurs louanges à cel-
,
les des Bien-heureux; & ainsi offrir
Pcre Eternel les louanges des 1ùstes au
des Saints tout ensemble
en l'unité de
Iesus Christ, qui est le vericablePanc-
gyriste, & i'unique Religieux du Pere,
& qui est donné aux hommes & répan-
du en nous par le saint Ministc.rede la
très-pure Vierge.
CHAPITRE V.
Du Lavabo, de l'Oratc, fratres,
dr des Sécrétés.
TOurcetteceque nous avonsdit juCqu'à
cette heure des Ceremonies de la
sainte Messe nous represente Iesus-
,
Christ vivant encore en terre. La Cere-
monie suivante finit la Communion de
Nostre Seigneur avec les hommes : &le
Prestre qui lave ses doigts, & qui recite
le Pseaume Lavabo témoigne qu'il se
,
lave&Ce nettoyé des plus legeressoüil..
leures qu'il avoit contractées dans la
chair & dans le commerce avec les
hommes.
C'est pourquoy estant retourné au
milieu de l'Autel, il dit coutbé, & les
mains appuyées dclîus, Suftipe sanÏÏA
Trinitas banc oblationem quam tibi offtri-
mHS, ob memoriam PaJJionist Refitrrec-
iïonis t& Afcenjîonisy &c. pour témoin
gner l'estat de l'Eglise presente
,
qui
n'est pas maintenant capable de fup-
porter la grandeur & la sublimité des
Mysteres & qui ne peut se confier
,
411 en uleu , ni s appuyer que sur luy
seul pour lespouvoir comprendre,
comme elle fera dans le Ciel où elle
verra a découvert tout l'Esprit ,
des
My itères ; où elle
verra Iesus-Chrifl
face a face & où die contemplera
,
jaintes dispositions sans ces
nuage & sans
baisser la veuë comme il est represente
la poilurcdu
,

,
par Prestre, recitant apres
la consecration l'Oraison Pnde
,
& me-
M? *1 se&c. tem ^catA Pa§ionù
nec non
& ab mferis
• Refitrrtftioms ,ftd & i„ cœloi
glonoft Afcenjiomt : Il dit priere
cette
tout debout les bras ouverts, le
Corps de lcfus-Christ present; ayant
& par
la il témoigné qu'il a devant les
tous les M-ylteres, qu'il les contempleyeux
& les regarde à découvert
; ce qu'il ne
railoit & n'osoit faire auparavant.
presavoir achevé la prière, Sufcipe.
r l%?ltaÀ ' ^ Ce tourne vers le
peu-
ple, & fait le tour entier pour signifier
1

il ,
qu quitte l'inhrmiré de nostrenature *
vile & corruptible,pour dans le
entrer
fein de Dieu son Pere. Il dit à
tous les
assistans Orate ,fratres s'il
comme
disoit : Maintenant mon,
>

commerce
n"
a mun va ccffer avec vous:
iriez parc mon Ptre en la
v
vertu de
mon Esprit que je vous donneray apres
d1:rc rentré en luy. C'en: pourquoy
cela le Prestre ne se tourne plus
après
le peuple mais tout appliqué a
vers ;
Dieu, il dit lesprieres kcretes ; ce qui
represente Nostre Seigneur tout caché
(ein de Dieu son Pere,»|
& abîme dans le
où il continue à faire des ptieres & a
luy rendre des devoûs , dont le com-
de l'Eglise du Ciel n'a point del
mun
connoissance & qui sont cachez a
, Anges & des
la plus grande partie des
Saines , non plus que ses Apostres
n'estoient pas toûjoutstémoins des prie-
qu'il faisoit lors qu'il vivoit sur la
res
Car fois il pi ioit en public,ÔC
terre. par
leur montroit la maniéré de prier, com-
lors qu'il leur enseigna l'Oraison.
me
Dominicale, & par fois il prioit touz
seul en la montagne , j4fctndit in mon-
I-tatr.
Joins De mesme dans le Ciel.
«4 »3-. tem orare :
eMare. où paioist à découvert la verité de la
vie divine, que Jesus Chrifi: a ^ca-
4 46-
& 47- chée & h&uréc sur la terre, Nôtre
Seigneur y tait des prieres secretes & pu-
bliques ; dont les unes sora representées
les Oraisons qu'on appelle secretes,
par
& les autres sont figurées par la sui-
yante^qui est la Preface ; ou répandu
dans les Saines, il les eleve, les
- encoura-
ge & les cxcire a loücr Dieu avec luy.
ill excire les Anges, aussî bien
>

les
hommes, à le glorifier & rails faire que
»
:
d £cho( comme lcsSernph:ns d'Isaye,
iquidisent l'un apres l'autre SanUm

iSatiftw, pour témoigner leur joye 3c.


,
leur corrcspondance cii l'amour & en h
ireligion ) tous ensemble d'un
id'une voix d'une bouche dirent cceur
, , en
Jesus-Christ tour ce qu'ils ont à dirr,
Uk luy seul répandu en tous glorifie son
'Pèrepar tout autant d'organes,
fil y a de bouches de langues
comme
& de
rœurs dans les
,
Saints. ,
Le Prestre donc recire les Secretes,
niii font les prières intérieures & ca-
ichées de Nostre Seigneur Jesus-Christ
il
!& les recite tour bas, & du costé de :
TEvangile, pour exprimer qu'il offre
en ce Sacrifice, qui est l abrégé de toutes
Jes prières de Jesus-Christ celles qu'il
,
afaites sur la terre en son particulier.
CHAPITRE VI.
De h Préfacé.
,

LEs secrcts qui se recitent tout bas ,


ont pour conclusion ces paroles,
Ii
feromma eulaftculorum : pour mon-
les oraisons interieures &. se-
trer que
cretes de Jesus-Christ, estoient prieres
cternelles à cause qu'il estoit Bien-
,
heureux en son interieur : Et la Preface
qui suit immediatement apres , com-
mence par ces mesmes paroles que l'on
chante tout haut , pour signifier que
Jesus-Christ commence une priere c^er" I
nelle, où l'on n'invite pas les peuples à 1
s'éveiller de leur paresse & de leurs dis- -
tractions ; maison entre en disposition 1

d'excez & d'amour perpetuel, & l'on.


joüit de l'estat souhaité par toutes les
prieres, qui Ceterminent par le delir que
l'Eglilè a de louer Dieu & dele prier à
jamais dans les (îecles. C 'estlàoù il ap-
pelle son Eglise à vivre Se regner avec
luy & à gloLificr incessamment sori
,
Pere ; ce qu'elle ne fait pas sur la terre ,
n'ayant que des prieres courtes, interrÕ-
puës, & impuissantes dcllcs-mcsrncs
III clic na loin
de les unir à celles de
| Jesus-Christ qui sont éternelles,
!m<
muables & toutes puissantes
I
, aupres
de Dieu.
Et c'cst pour cela mesme que les Orai-
la
fonsde Mesle, qui representent celles
des peuples & qui sont offertes à Dieu
,
par Jesus ChristsouslePrestre,scdiscnt
tout d 'un ton : où au contraire les
Oraisons qui representent celles , des
Saints dans le Ciel, comme la Preface
sedisent avec notes différentes pour,
;
marquer l'ordre & la distin&ion Se
mesme l'harmonie & l'aggréement avec , .

quoy les Saints prient dans le Ciel.


La longueur de cette Oraison dit leur
assiduité à prier sans interruption &
signific que ces prières du Paradis ,qui
sont contenues en ce Sacrifice & qui y
sont presentées à Dieu le Pcre, par Nô-
treSeigneur Iesus-Christ, sont de lon-
gue durée : Et pour cela mesme cette
Oraison finit par Sanftus qui est la
,
prieredes Anges & des Saints qui ne
finit jamais. Dans le Ciel jamais silence;
toujours louanges & prieres ; toujours
invocation divine par tous les Bien-
heureux.
La Preface qui fert de conclusion à la
priere secrcte de Nostre Seigneur ,,cst
donc la pure Oraison des Cieux & des
J3ien-heureux pour laquelle les hom-
, saint
mes n'ont que du respcct 6c un j
cloignement : C'est pourquoy cette'
Oraison commence , Peromnia [ACHU
ficulorum: Paroles qui semblent n avoir
point de sens ; mais qui expriment bien
l'estat des Bien-heureux , lesquels sor-.
dela où estticde" pesant,
tans terre, on
& ixiconftanten la Religion & en l 'a-
mour : d'abord qu'ils entrent au Ciel,
ils se transportcnt en Dieu & avec des
>
nompaIeils ils crient ils écla-
excez ,
ils chantent à haute voix les ma"
tent »
gnificences de Dieu & cela pour 1E-
,
ternite , 8c les siecles des siecles ; Per
omnia [dcula f,fculoru;,n ; Qu'à tout ja-
mais disent-ils , tous transportez &
, la beauté divine soyez
épris de , vous
adoré & aymé, beny & glorifié , &c..
Pendant toute cette prière, le Diacre
& Soûdiacre sont en bas derriere le Pre-
stre pour dire qu'ils ne sont point
,
encoredans I'estat de[ainteté& & dansles
dispositions des Bien-heureux , dont
Jesus-Christ exprime les louanges.
Si le Pierre après avoir dit , Per om-
via &c. adjoûie, Dominus vobifinm i
>
ce n'cst pas qu"il s'arldrcssc aux Bien-
lheureux 1 pour leur souhaiter le Saint
:Esprit. Car ils sont tour abîmez luy,
en
:& consommez en Dieu : Or on ne de-.
-fire point à
une personne ce qu'elle a, Se
on ne uy donne point ce qu'ci le posièdc:
1

la
C'est à l'Eglifedc terre qui il parle;
a
le
Iliuy (ouhaitte Saint Esprit t Il l'in-
vite à s'élever au Ciel ; Il luy dit qu:
Dieu cfl avec elle
* pour l'obligerà
joindre son coeur à celuy des Bien-
heureux.
Quand le Preflrcdir,D om;nuivobif-:'
tu m, il ne joint point les mains; mais
il les tient toujours estenduës sur l'Au.
tel disanc par là aux peuples, qu'ilssç
. •

tiennent en humilité en rcspcet & reve-


,
rcnce pour les choses cclcstcs & eter-
nelles ',k qu'ils s'unifTenc feulement
v
aux Bien-heureux, en la Société def-
qucls il va prier.
Au commencement des autres Orai-
sons en disanc, Dominus vobifeum

&. Orernut le Prestre joint les
,
mains enles élevantun peu pour mon*
trer qu'il invite les assistans à élever
leur coeur de laterre, & à prier avec luy-
Mais icy il tient les mains fermes 6C.
arrêtées sur rAmel, Jors qu'ilait t.
Vominut vobifeum , sans les joindre, &
sansappeller & convoquer les peuplesif
à prier avec luy ; parce que ce n'estl
point icy la priere des peuples, mais**
celles des Bien-heureux , qui dans l'E-
ternité ont le cœur continuellement J
élevé, nansporté & appliqué à Dieu.,,
Il n'est pas necessaire de retirer de la!:
le
terre cœur des Saints en la Société
>
desquels il prie ny de le rappellcrau
,
Ciel : car dés le premier moment qu'ils
y font entrez, comme apres mille an-
nées ils font dans la disposition & dans
>

,
l'estat que nostre Seigneur desire.
En cette belle prierc le Prestre ne dit
point Oremus ; il ne dit point, Prions:
ils n'ont que faire d'estre invitez à
car
la priere, puis qu'ils sont en prieres per-
pétuelles : Mais il dit Sursum corda,
élevez vos coeurs ; parce qu'entrant
avec eux en
Communauté d'Oraisons
& de Religion, n,veut mettre l'Eglise
de la terre en societé & commerce avec
eux.
Entre les autresdispositiôsoù lesSainrs
sont occupez pour toute l'Eternité,
le remerciment & l'action de graces
envers Dieu pour les bien-faits qu'il a
,
yersez sur nous, & sut [on Eglise, çst
une des principales. Apres que les
Saints ont adoré Dieu en luy-mesmc,
ils s'occupent en action de grâces pour
{onFils, contemplans l'amour qu'il a
eu le donnant pour le monde. Etrne(-
me NoCl:rc Seigneur, comme plus parti-
culierement obligé à la bonté de Dieu
son Pere d'avoir voulu choisir son
,

,
Humanité sainte entre toutes les crea-
turcs pour dhe:le: Receptacle de Ces
faveurs, l'Organe de sa clarification ;
pour estreunie intimement à la pcrson-q
ne du Verbe, &. pour devenir une per-
sonneavec luyjson occupation capitale,
ssi bien de l'Eglise, est de
au
à que toute
s'appliquer l'avion de graces perpe""
tuelle envers Dieu ; Et pour celaaprcs,
Sursum corda : Le Prestre dit Çrat'utt
,
agamus 'Domino Deo nostro , rendons
grâces au Seigneur Dieu pour ses bien-
faits. Ce que l'Egée entière reconnoiCt.,
cfi:resusi:epu ces paroles Dignum
,
Îustumest. En suite nostrç Seigneur en
e
la personne du Prestre redouble haute-.
ment, & dit ; Que ce n'est pas seule-
ment une chose digne de Dieu & june:.
,
pour lacréature, mais qu'elle est enco-
re raisonnable & (alutaire, VerèdigmtrQ
ct justum tsi , dvuftrn & fitluttrc. Cz
qu'il dir commefst.wt mieux instruit Se
informécîcs bonrez de Dieu (on Pere,
que toute la creature etlfemble.
Et pour cela Nostre Seigneur veut
rendre éternellement cette louange &
action de graces Peromnia ftcnla facu-
,
lûwm: Il entre dans une louange cter-
nelle ; dans une loüange agréable Se
bien reglée ; dans la louange des Bien-
heureux où il appelle l'Eglise de la
,
terre, & desire qu'elle s'éleve pour en-
J.
trer dans ce concert adtnÍrabtë... C'est
pourquoy en cette priere on fait toû-
jours mention des Anges & de la Cour
Celcae, à laquelle le Prestre pric Dieu
de souffrir qu'il 'S'unisse, Vt admitti ;u..
beasdeprecamur fupplici confessione dieen.
tes : Souffrez , mon Sauveur, que l'E-
glisede la terre sc joigne à I'Fglise du
Ciel,& souffrez que tous enscmbfenous
Soyons unis à vous, pour glorifier Dieu,
&. pour chanter ce cantique Eternel de
tous les Bien-heureux,SanftuSySanftm,
SanElus.
Pendant tout le temps de la Préfacé,
Je Prestre a les bras ouverts, pour figni-
fier que ce qui Ce chante là est une
O raison du Paradis , où les Saints sont
tous dilatez en la contemplât ion de h
beauté de Dieu. Il a encore les mains
ouvertes , pour montrer que les Saints
font des demandes à Dieu dans le Ciel,
comme nous en faisons sur la terre.
C'cst pourquoy pendant les Oraisons
soit au commencement ou à la fin de,
la sainte Méfie & mesmeaux Secre-
,
tés , on a toujours les mains ouver-
tes , pour reconnoistre que nous men-
dions les graces & les liberalirez de
Dieu que nous attendons en con-
,
fiance & ouverture de coeur comme
,
ces mains ouvertes l'expriment.
Les Anges & les Saints ont besoin
que Jesus-Christ se joigne à eux , 8c
qu'il se mesle dans leurs prières & orai-
sons pour l'accomplissement de la Re-
ligion de Dieu & de la parfaire louan-
ge qu'ils desirent luy rendre & qui
,
neluy sera jamais rendue que par Nô-
tre Seigneur. C'est pourquoy on die
mesme au milieu de cette prière Pcr
Christum Dominum noprllm per ejne.n ,
,
majeftatem tuam laudant Angeli cfrc.
,
C'estpar le Verbe que les Anges&Ar"
châges,les Cherubins & Seraphins louée
la Majesté de Dieu & qu'ils disentfi
,
hautement, Saniïus, Sanftut, Santttts.
Il n'y a que Nostre Seigneur qui
puisse dire combien Dieu est Saint en !
uy-mesme, puisque luy seul a esté re- -
tiré dans l'intime de la substance de la s
Divinité & a pénétré dans l'intime
,
d u secret & le fond de l'abisme de Dieu,
qui est une gloire inscrutable & im'pe-
lietrable à tout autre qu'à Dieu 5c à
son Fils Jesus-Christ,quiyaesté reti-
ré par son Pere. C'est là où il peut dire,
quelle est la sainteté de Dieu, combien
il est retiré en luy-mesme , épuré, 8c
separé de toute creature & mesme
,
éloigné des Sainrs qui l'environnent
& se perdent en luy : Et pour cela le
Prestre febaineprononçant ces paroles,
Santtus &c. Confessant par là que
,
dans les Cieux, aussi bien que sur la
terre , il n'y a qu'à adorer ce qui se
pasle en Dieu. Entre le Pere& le Fils
les secrets font impénétrables, & la
sainteté n'en est découverte qu'à Dieu
seul : Il faut s'anéantir >& que toute
la Cour Celeste se courbe & Ce ptostec-
ne dans le Ciel, comme nous faisons sur
la terre.
La sainteté de Dieu est un abisme
imperscrutableaux Bien-heureux com-
me aux hommes, & la gloire ne peuc
non plus leur en découvrir le fond Four
les comprendre, que la Foy pour le
montrer aux hommes. Et pour cette rai-
son l'Eglise dans la personne du Diacre
& Soûdiacre, se baille avec le Prestre,
disans: Nous qui sommes dans la Foy
comme vous estes dans la veuë & clarté
de Dieu,nous confessons que Dieu cst
adorable ; qu'il ne sçauroit estre com-
pris qu'il faut fermer les yeux à sa lu-
-,

miere,& dire qu'il habite une lumiere


inaccessible. Dieu fera toujours plus
adoré par tout ce que l'on ne voit pas,
que par cela meime qu'on en peut voir :
& il faut toujours adorer Dieu par des-
sus toute veuë de la Foy : il faut l'ado-
rer tel qu'il est dans luy mesme, & qui
ne peut estre compris. Dieu est plus
loué par ce qu'on confessè de nele pou-
voir louer ,que par toute autre chose :
il faut le louer en silence & en estonne-
ment. Et pour cela le Prestre apres ce
grand Sanélus se tait \ il dit quelques
,
prieres en silence, & il invoque la Ma-
jessé de Dieu, de le vouloir assister en
son Fils Nostre Seigneur, prenant ainsi
viedans le Verbe pour louer Dieu & le
glorifier.
CHAPITRE V..

Du Sanctus.
LE Prestre pour suit par le Sanftus la
priere du Ciel , comme s'il disoit;
Mon Dieu, apres avoir cf1:éélevé dans
Jts deux, & rendu participant des
prieres de vos Saints, je reconnois main-
tenant avec eux & en leur compagnie
)
où je suis, que vous habitez dans une
telle sainteté que ie ne la puis com-
prendre. Le Diacre & le Soûdiacre
montent à l'A titel, & s'incliner comme
le Prestre, & disent avecluy que Dieu
,
dtsi saint en luy-mesme , qu'ils font
obligez de s'incliner & de prosterner
,
hautement qu'il faut s'anéantir en sa
presence & qu'aussi bien dans le temps
,
de la Foy comme dans la gloire, il faut
confesser fortement que la sainteté de
D,ieu cst iticompreliciisible. Ils expri-
ment encore la figure & la posture des
Anges ; qui ainsi qu'il est décrit en
1[.. <f. Z -
Jfaye ont les yeux cachez sous leurs
,
aisles, &ne peuvenrcontempler)agrâ-
deur^lafublimitcdelasplcdcurdcPicu.
De prus , le Diacre Se le Soûdiacrc
monrent auprès du Piestre pour dire le
Sanilus, en témoignant que l'Eglise de
la terre le nouveau &. l'ancien TcHa.
, s'unisient à Jcsas-
ment » se joignent &
Christ, pour glorifier Dieu en luy Se
avec iuy,&pour avoir part par luy à la
louange des Bien-heureux. Et pour ce-
la meit-ne l'Orgue qui lignifielamuli..
qucdu Ciel Se les louanges des Bien-
heureux joue au SAnalU : 11 chante
,
par deux fois, Sanftfu, pour represen-
terque cette loüinge est la louange du
Ciel, & que l'Eglise ( ou les Chap-
piers qui la representent ) chante une
fois au milieu pour dire qu'elle se
,
niesle: Se qu'elle tasche de prendre part,
& de se perdre dans les louanges da
Paradis.
Le Diacre & le Soûdiacrefe joignent
tout demesmeaveclePrêtre au Çlorid
intxcelfls; pour témoigner que l'Eglise
de1a terre ,_compoCée de l'un & de l'au-
tre testament ne veut estre qu'une seu-
le choseavec i'Eglisedu Paradis , qui
chante au Gloria in excelsis : Car ce
Cantique est proprement la louange
des Anges > qui loiient adorenr
,
,
benisseiit 6e glorifient incessàmment
laMajesté deDieu, eAddramns te. TSe-
nedicimm te. Glonficamttê te. Gratias,
agimustibi. Et partant non:re Seigneur
Jesus-Christ en la sainte Messe offre à
,
Dieu son Pere un Sacrifice & un present
qui comprend en soy tout ce qu'il y a
de saint au Ciel & en la terre. Il veut
tout unir ensemble ; Il unit la priere des
juifs 5c des Gentils ; il unit l'Eglise La-
tine , la Grecque & l'Hebraïque : Ce
qu'il exprime par le langage Latin,
Grec & Hebraïque dont la Melfe cst
composée. Encore que le corps de la
Messe soit en Latin; àcause que la meil-
leure partie de l'Eglise parle en cette
langue, & sur tout son Chef visible, (on
cher Père.aravoirlePape qui tient
,
le saintSiege dans Rome quia, estéla.
,
Ville où le Latin a fleury en sa pureté ;
neantmoins on ne laisse pas d'y mesler
quelques paroles Grecques & Hebraï-
ques ; ce qui signifie que route langue
& tout peuple est offert à Dieu & est
,
compris en ce saint Sacrifice ; Que les
Chrestiens sont composez de toutes lan-
gues , & qu'ils ne sont tous qu'un en
Jesus Christ Nostre Seigneur. Il n'y
-
a plus de Grec, de suis, ny de Gentil,
mais unseul Jcsus-Christ j qui est tout
en tous,&quincfait de tous ses Fidclles
qu'un seul corps , une fainte Hostie, un
(acrifice &. une louange à Dieu « Pbi Ado/7.
Ce
non est Gentilis, & Infant circumcisio Il,
, S
.
& praputium, Barbants, Ô" Scytd , fer-
& liber sed omnia, & in omnibus
*VHS *.
,
Çhristus.
Le Grec & l'Hebreu y sont méfiez
plûtofl que les autres langues \ a caule
qu'elles sont des langues capitiles 3c
matrices. Et de plus , à caule que les
Grecs & les Hcbreux sont les princi-
paux pruplcs, oùl'Eglise a este répan-
duë: Elle a commencé dans les Hebreux
& parmy les luifs : elle a fleury dans
l'Orient parmy les Grecs : & apresson
esprit s'est répandu en abondance dans
l'Occidcnc où elle est maintenant.
,
Le Kyrie est en Grec ; VOfanna en He-
breu ; & le Corps de la Mdscen Latin.
LIVRE SEP711ES ME.
DU
C A N 0 N-
DE LA
SAINTE MESSE,
jufcjua
L'OR AIS O N
DOMINICALE.

CHAPITRE 1.
Des Ora'tfom & Ceremonies du Canon,
qui precedent la Consecration.

LE saint Canon de la Messe est la


partie essentielle qui exprime
,
proprement le Sacrifice de Jesus;Christ
dans le Ciel qui cil le mesmc Sacrifice
que Nostre Seigneur offre à Dieu
sur la terre en ses Prestres habitant en
,
eux par son Et'prit, & y faisant les mcs-
mes fonctions de I)rcstic , qu'il fait en
Paradis, où il cst Prestre Eternel sélon
l'ordre de Melchisedech, & où il conti-
nuëra d'oftiir à son Perc dans toute i'c-
ternité sa personne & ses membres par
un Sacrifice Eternel.
Dans les autres parties de la Mette,
comme devant & aprcs le Canon, Nô-
tre Seigneur presente à son Pere les
louanges &lcs servicesqui l'ont prece-
dé sur la terre dans l'ancienne Loy ou
qui luy ont succede dans l'Egiise pre-
sente. 11 offre mesme en ces parties à CoLi
Pcre, ce qu'il a fait au monde pendant
facon ver Cation. Car le très-augure Sa-
crifice comprend tous les devoirs que
Jesus-Christ & tous les Saints ont ren-
dus à son Père ; & Nostre Seigneur de-
sil e les y exprimer aux peuples & veut
,
qu'on y voye en détail niais toutesfois
>

en racourcy , ce que conrient son Sacri-


fice & ce qu'il peur valoir aux yeux
,
de Dieu son Pere. Et pour cela mesme
Nostre Seigneur y p;esente à Dieu si
vie ÔC en particulier l'offrande qu'il
,
luy fit autrefois de luy-melme en ve- î
Ingre. dans le monde des
diens nant , comme une
roundum avions des plus considérables & im-
<licit,&c'
de sa vie en laquelle toute
Ad.
H,d,:
portantes
à,
l'Eglise a esté consacrée Dieu, & qui
fo. 5- a remply ce beau Livre de Vie où le
,
Nom de Jesus-Christ Nostre Seigneur
est écrit en teste, In Capite Libri, &c.
Ibid.
v. 7.
à
LePrestre cedeffein fait l'Offertoire,
pour exprimer cette premiere offrande
de la vie voyagere de Jesus-Christ, bien
differente de celle qu'il fait à present
dans les Cieux, comme les circonsian-
ces & dispositions le marquent : Car
dans cette premiere offrande Nostre
,
Seigneur est en estat de contrition &
d'humiliation In Spiritu humilitatis
,
&in animo contrito ; Mon Pere, rece-
vez mon offrande, que je vous présente
en esprit d'humiliation de contrition
, ,
& de penitence, que je desire continuer
toute ma vie, & que je veux achever
sur la Croix. En cette offrande il pré-
pare à Dieu un Sacrifice , Benedic hoc
facriftcium tuo fan Elo nomini prapara-
tumi Iîeniffez ce Sacrifice qui vous est
préparé & cette Hostie que je medif-
,
pote d'immoler à vostre gloire. Mais
dar s le Ciel, Nostre Seigneur y est s of-
funtdans un estat glorieux : il ne se
- mort pas a\ Dieu comme prépare/và
sarefente
a mort ,
qui est le premier estat de
l'Hostie ; mais comme une Hostie une
fois immolée & déjà consommée en
[ Dieu. Iesus-Christ dans le Ciel ne s'of-

fre pas dans l'estac que representent le


.r
pain & le vin ; mais dans celuy où il fc
metparlaconsecration fous les especes
du pain &. du vin; à sçavoir dans un
citat consommé en Dieu; dans un estat
immortel, impassible, spirituel & di-
vin » qui est l'état dont il jouit dans le
Ciel avec tous les Bien heureux con-
sommez dans la mesme gloire & dans
un mesme feu que luy lesquels il offre
, Et c'est
en Sacrifice avec luyàsonPere.
ce Sacrifice de Nostre Seigneur à
assis la
droire de Dieu son Père,qui cst repre-
sentéen cette partie de lafalnte Mesle >
qu'on appelle le Canon;
Au commencement du Canon , le
Prestre levé les mains & les yeux vers le
Ciel » pour demander & attirer une
grande bénédiction sur l'Eglise, qui est
enesprit sur Aute!,comme une Hostic
bien representée par le pain &: le via
composcz de plusicursgrains,qui mar-
L'unité des.Fiddles assemblez C11
quent
csprit avec l'Hostie, pour s"offfir ~
contacter & s'imomlcr à Dieu.
, *i
Le Prestre s'addiesTant au Pere dir]
,
, (I-S
Te igilur, clementiffime Tater, pour
gnificr qu'il n'a point droit de benir
quoy que ce soit qu'en la. vertu de
Dieu qu'il implore comme la sourcog
,
unique de toute Bénédiction; il ajousteJ
Ter Iefum C h rifin m Dominum noflrum ;
dauraDe que nous n'avons accez au Perc
Ad P,,M. que par le Fils, PerDominum tioftmm.
1.1.& *•
fefnm çhristum : Fer quern& habemutt
accrjJum, &c. Nous n'csperons de grâce
que par le Fils, en qui & par qui nou,s:
prétendons nous prelentcr au Pere.
En fuite il baite l'Autel, pour m1r-
quer le desir qnc Nostre Seigneur a de
joindre tous les membres dans une
union parfaire en luy &c en Ton Pere,
afin qu'ils reçoivent cette benedittion
qu'il va répandre sur eux & sur les sym-
bolesqui tiennent leur place. l'entends
non seulement le pain & le vin miis
encore les prenons que les peuples ont
fait à Dieu à l'Offrande, qu'on feroit
bien mcttreslir l'Autel, afin que tenans
le lieu de ceux qui les ont offert, qui
ne s'y peuvent pas mettre cux-mesmes
avec bien léance ils reçoivent pour
• ,
eux
!eux la bénédiction du Pere par son Fils ;
& queftans ainsi bénis, ils Ce pref-en-
tcnc de bon coeur au Perc avec lesus.
jChrist.
| Lorsque le Prestredonne la bentdic.
î non il doit benir premièrement lcpain:
CSecondement,les offrandes & les dons
,

; qu'on a
fairs a Dieu i en troisiéme lieu,
Ile vin : car toutes ces choses doivent
cstre benites par Jesus Chiift
, pour
iestre lignes d'être présence à Dieu.
Ali pic¡niere bcnedi&ion le Pierre
dit ,Hdc dm ,
a : A la seconde, H c mu.
'nera : A troisiéme Hitc fana., sacri-
lOi
,
ficia. Par le mot munera, on entend les
presens qui doivent estre au milieu des
offrandes» faclées qu'on doit preseater à
D eu.
C'cst pour cette consideration qu'on
met ce mor Munera an milieu de ceux.
.
cy , 'D,nA & Sacrificia. Car le mot
DORa, si?,iiifiele pain & C'hrift iigilifie
,
le vin, qui exprime le Sacrifice de lefus.
Christ,o.Ù san Smg a esté répmdu & Ce-
paré de son Corps : D'où s'ensuit que
dernicre benfdu:bon se doit donner sur
le vin. Et neantmoins toutes les trois
bénédictions sc donnent également
sur le pain & le vin & en esprit
,
sUi les piesens & sur les peuples , a cau- 1

ie que les peuples les prcsens, le pain


,
& le vinJDe font qu'un Sacrifice, Se
une Hostie totale ossel te à Dieu le Perc
en Jesus.Chti£t. Où l'on doit remar-
quer , que Nostre Seigneur ne donne
ces benedi&ions qu'après avoir prié f011
Pere & levé les mains au Ciel , ainsi
qu'il fit au desert sur les pains qu'il
vouloit multiplier pour enrassa(iet les
peuples pour témoigner qu'il ne don-
,
ne aucune bénédiction & ne fait aucu-
nes graces que comme procedantes de
son Perc, qui en est la source, laquelle
il invoque & mendie par prieres entant
qu'Homme , & qu'il reçoit par com-
munication & génération entant que
Dieu. Ainsi tout ce qui vient du Fils
sur nous est procedant de son Pere
, de son
comme de sa vraye source &
principe.
Et c'est encore ce que représente dans
le fond du Mysterece premier baiser de
l'Aurel, qu'on fait au commencement
,
du Canon apres ces paroles Te igitur,
démentiffime, Pater On exprime
par là le baiser cternddu Fils avec sois
Pete , qui est uny, colé 8c identifié
,
avec luy en son dlènce) duquel il cire
tour qu'il a a faire de grâce, & à rc-
ce
pendre de bencdidion sur l'Humanité
fainte. En sorte que
rout ce que la per-
sonnedu Verbe a répandu sur la
nature
humaine au commencement de sa vie,
il 'a fait aptes l'avoir receu, &
1
comme
le recevant de son Pere
en la communi-
cation qu'il luy a faite de son énonce &
de son estre qui est la fourcc de tout
,
bien & de toute grâce. Le Verbe puise
dans le Père comme en sa tout ce, ce qu'il
donne à son Humanité.
Voila donc la raison, pour laquelle le
Prd1:re baise l'Autel. Il exprime Jefus-
Chi ist, dont il tient la place baisant som
Pere, en qui il puile comme Fils ses be-
nedidionsavec plenitude & abondance.
C est pourquoy on doit faire les bene-
d'&ions bien amples, pour exprimer la
plenitude de Jesus Chiif} & les Jar..
geflP-s & liberalitez de Dieu ,
le Pere,
envers ton Fils, auquel se communi-
quant , il le met en communauté de
biens & de richeflesavec luy, & fait
son Humanité mesme contient que
tous les
tresors du Verbe.
Or certe bénédiction n'est pas feule-
ment répandue (ur Jesus-Christ, mais
aussi sur toute fonEglife. Etc'estpour
cela qu'on fait la Croix sur la Pâlie.,
qui reprelente l'étendue de la terre. Et
<ette Croix en quart é sign"fie les qua-
tre coins du monde où s'estend la bene-
,
di£tion du Fils de Dieu.
Le Prestre donc qui tient la place de
Icsus Christ, & qui exprime les prières
&. l'intention du Sacrifice , demande
& bénédict ion à Dieu pour l'E.
grace
glise, & il dit iCf nwHS pro Ecclrjil4
taa far.ft<e Catholica ; cfuam pacificare,
custodire adunare & regere dîgnerps
, unâ, famulo
loto orbe terrarnrn , Cl1m tuo,
<H?c. On voit par là que Jcitis-Chiist
offre à son Pere ce Sactifice pour toute
la fainte Eglise, & qu'il desire qu'elle
foit une en luy , & qu'elle conserve
cette unité par l'adherence de toute la
terreau saint Siege. C'est là la premiere
prière & la premiere intention du Sacri-
fice qui nous est exprimée dans le Ca-
non. le vous conjure d avoir pour
agréable l'offrande que je vous fais de
tour ce que nous sommes, pour le bien
de I"Elisè que je vous prie de vouloir
,
unir au Saint Pere , qui me repreiente
On nom- visiblement sur la terie; de mesme que
vie 117 It les Saints sont unis avçc moy, Adunare
'Joilvi-
r* ii% Pon- digneris cum famulo tuo. N. le vou* cou-
'if'..
> jure de la tenir dans l'union de vostré
}fcrviteur. Quant pacificare &
regere
i&c. le vous prie aulfide la vouloir pa-
:cificr& régir comme celle duCiel. Et
: pour cet effet
,
Nostie Seigncur s'offre à
son Pere avec tous ses dons, toutes Ces'
grâces, & celles de ses membres.
Or comme les Ceremonies qui pre-
cedent le Canon ,exprimcnc l'dl:enduë
des membres de Jdùs- Christ & de
leurs oraisons, & merites ( comme ,
je
!'ay remarque plus particulièrement
dans l'explication des Encenscmens,^
qui lefont au commencement & au mi-
lieu de la Messe ) ce qui se parte dans le
Canon, exprime t'en-cnduë des grâces &
de l'Esprit de Iesus-Christ, & les occu-
pations intérieures dans le Ciel, tant en
luy que dans les Bien.heureux consom-
mez en 1 jy. Et céte expression des choses
qui Ce paienten Jesus.Chr.d} distin&e-
des choses qui Ce partent dans les mem-'
bres visibles du Fils de Dieu sur la terre,
qui font icy offertes à Dieu : Car ce
faîne Sacrifice côtenant tous les devoirs
visibles & invisibles de Jesus-Christ 5c
des Saints j contenant la Religion des
Saints du Ciel & de la terre, de Jesus-
Christ visible dans le monde & cachÓ'
dans le Ciel ; de là vient qu'il se fait di*
verses expressions de ces merveilles.
le vous conjure (dit Nostre Seigneur
dans cette premiere Oiaison du Canon,
s'adressant à son Pere) de recevoir non
feulement les presens que je fais de ma
personne & de celles de mes freres dans
ma gloire; mais encore de vouloir ag-
gréer les presens de mes freres vivans sur
la terre » qui se donnent à vous par moy >
& qui unissent leurs presens & leurs
personnes a mon Sacrifice, pout naître
qu'un en espric avec moy » & v our se
perdre au milieu de tout ce que j'y offre
pour vôtre gloire. le vous conjure donc
d'avoir pitié de tous ceux qui m'envi-
ronnent , qui font icy presens en Foy,
& unis avec moy en Esprit , pour qui
nous vous offrons ce Sacrifice de louan-
,& nous vous presentons encore les
ge
autres Sacrifices qui s'offrent dans le
monde, qui tous ne sont qu'un Sacrifice
multiplié àcause du mesme Prestie veri-
table qui esten tous !esPreares, & dela
mestn,, Hostie qui est sous toutes les es-
peces ; & de la mesme intention ,
qui est
celle de Jesus Christ offrant à Dieu son
Pere le Sacrifice ; & du mett-ne Esprit
Jesus Christ répand dans tous les
que
presires;& ainsiil ne sc sait de toutes
les Hotlies,de tous les Prestres & de tou-
tes leurs intentions, qu'un seul & uni-
que Sacrifice. quoy qu'à l'extérieur,
ils soient divers, puisqu'ils sont offerts
en divers lieux, en divers temps, sous
diverses matiercslpar divers Plêtres.qui
devroiet tous s'abuner en Jesus-Ch. N.
Seigneur, & s'y unir d intimement que
leur esprit ne fût qu'un avec le lien; qui
les dirigeât en leurs dispositions, com-
me il est l'unique qui leur donne la ver-
tu de le presenrer. Nous vous presen-
tons, mon ô Pere, Sacrifices fc cet

,
ces
prdcns tous Saints &. tous remplisde
ben.-diction pour la personne des of-
frans,&pour tout ce qui les touche l,
Pro se fuifcjue omnibus; Nous vous of..
frons ce Sacrifice, non feulement dans
l'intention d'impetret les biens qu'ils
pourronr desirer mais particulière-
,
ment pour vous demander la remilUot1
de leurs offenses, leur delivrance de
l'fiufer, & l'elperance de leur salut,
pro redemptione animArumJUllrum,pr,fpe
salutis & incelumitatis fut, & enfin pour
vous rendre, o mon vray Dieu vivant
& Eternel, tous les devoirs que la crea-
turc fefent obligée de vous rendre d'a-
dorat ion d'amour & de louange;
, v
'Tibi^vc reddunt vota sua aterno Deo
vivo & vero.
Incontinent après, le FicAre dit au
nomdcrourel'Ea'\i[e,Cornmunicantu &
'Ille7/'.O-rÍIlU4 venerantu, Û -J c. Non
contens
de vous offrir tous nos dehors nous
,
vous offions encoie elljcsus-chriil rous
ceux des bien-heureux : Nous vous of-
frons la Religion de la sainte Vierge &
de tous lcsSaints & ce grand Sacrifice
»
d'eux tous, qui sont tous une Hostie
avec Jcfus-Christ , &r qui veulent bien
t'en faire qu'une avec nous par le moyen
de Jesus-Chr ist, en qui ils deÍÏrent que
nous ne soyons tous qu'un » Quorum
mentisprecibufatie concédas ut in omnihuJ,
Ge. Par les mérités & la vertu def-
quds nous vous demandons toujours la
grice de vivre sous vostre azyle & pro.
tcû-jon.
H arc igitur obîationem, &c. 0 mon
Père,envous rendartdes devoirs si Je-
gitimes ; je vous offre une Hostie si
1àinre & si agreable que vous l'avez
,
appropriée pour jamais à vostre gloire.
C'cst pourquoy le Prestre estend les,
deux mains (ur les Hosties en rémoi-
,
gnage de la protection celefle doc jouif-
seist les Bienheureux
en Ditu,& de l'ap.
propriation qu'il en a faite à sa personne
pour une eternité ; en forte que les
Bien-heureux ne feront jamais separez
de luy. De là vient que
nous prions 8c
demandons instammenc de jouir de la
proteaion de Dieu en cette vie, comme
les Saints dans le Ciel, & d'eûre telle-
ment appropriez à sa divine Majcft'c'
sur la terre, que nous n'en foyous ja-
mais fcparez 3c que nous ne souffrions
,
jamais cette disgrace, qu'il nous feparc
de soy a 1 "eternité par une damnation
mal-heureuse ; Mais
au contraire, que
nous puissions prendre l'espcrance en
dans le -Ciel,d
Dieu d estre joints aux Bien. heureux
estre unis intimement
a Jesus Chr-ift,- comme ses membres &
ses elûs.
-

CHAPITRE II..
D"e la C'lljètrati01l.

D 1
Epuisces paroles,
~

Teigitur, &c.
iusqu a celles-cy Qnarn oklath* -
,
nlm, &c. la premiere partit du Sac.!ifKc
efr bien exprimée, à fç^voir TOblaiiioa
3ciub Cmist fait a Ion Pète de ion
que n'cst
Sacrifice ,dont la Victime
propre
autre que luy-mesme & tous ses Saints
conlommtz eu luy il offre conti-
, qu
nuellement à Dieu pour le salut de Ion
Egttsc. En suite des intentions du Sa-
crifice qui y sont exprimées en particu-
lier les unes apres les autres , il est bon
d'avoir auni en son esprit celle qui n est
exprimée qu'après la Consecration &
,
qui est comprisedans l'Oraison,
fdr memores nos servi tni où Jesus -
, eglise
Christ exprime la gratitude de l
du Ciel les grands Mysteres
pour tous
qu'il a opérez » comme sa Paillon , sa
Refurteûion > & son ACcenÍÏon , qui
font representées dans la MtlTe, com-
estans les Mysteres qui font toute
me
l'dlcnduë du Sacrifice dans sa plénitu-
de & sa perfection. C'est pour cela mes.
Sacrifice est appellé EuchA-
me que ce donné al Eglise
riftiqHC) parce qu'il est
de rendre achon de
comme un moyen bien-faits de
grâces à Dieu pour les
Jesus * Christ. Car ne pouvant trou-
dequoy satisfaire au de-
ver autre part
sir qu'elle a de rendre qu elle
ailleurs
doit
un
à
Dieu i ne pouvant trouver
don # une offrande qui égale le bien
>
qu'elle a receu ; elle le trouve en ce Sa-
)
crince ,où elle 0ffre cela mesme qu'elle
: a receu, à sçavoir Icfus-Christ avec tous
[ les Mysteres dont elle cst obligée à la
bonté de Dieu.
Apres la premiere partie du Sacrifice
de Jcfus-Christ qui cst l'Oblation,
,
vous voyez aussi-tost l'immolation re-
presentée la consommation & la
, ,
Communion, qui font les autres par-
ties du Sacrifice. On voit la Pafsionex-
primée par ces signes de Croix qu'on
fait separcmcnt sur le pain & sur le vin,
en disant ces paroles, Pt Corpus & S an-
guis fiat. En fuite dequoy le Prestre,
après avoir prononcé les mesmes paro-
les que Nostre Seigneur prononça in-
stituant cet adorable Mystere.it met
par la vertu des paroles Sacramentales
le Corps à part, & le Sang à part fous
les diverses espèces du pain & du vin
qui represenrent le Corps & le Sang de ,
lerus.Chrifl separez ; & qui ainsi li-
gnifient la Mort de Nostre Seigneur, &
expriment la sécondé partiedu Sacrifia
ce,â sçavoir l'immolation de laVitH-
me où le Sang estoit répandu, & les *
>
parties du Corps divisées. Mais encore
que Nostre Seigneur spit. mis sons- .kfc*
especes extérieurement figuratives de la
mort, y il est touresfois, dans sa gloire
&conComtl1é dans le feu de Dieu com-
,
me il le fut aux Mysteres de sa Refur-
rection & de son Ascension , ainsi qu'il
est marqué dans l'Oraison qui se die
incontinent après : Vnde & memores,
&c. tarn bcatt Tajfionis , nec non ab
,
inferis Reftirrtftionis {cd& in cœlosglo-
riofa. Afcenfionis ;qui sont des Mysteres
de gloire.
Par là le Prestre acheve le Sacrifice,&
met l'Hostie dans l'essa!: où le Pere Eter-
nel la mit au jour de la Resurre&ion ;
auquel trouvant son Fils immolé dans
le tombeau, il vint dans sa lumiere & sa
clarté divine le consommer en luy,ne
luy laissant aucun ressede[on infirmité
& de son estat premier, de son estat de
chair grossiere, passible & mortelle : En
forte que le consommant entièrement,
il le fit pnflTer en son estat divin, comme
le fer pasTedans l'estat du feu.
Le Prestre prononçant les paroles de
la Consecration, representele Pere Eter-
nel ,qui engendre son Fils au jour de sa
Resurrel\:ion dans le tombeau, & qui
l'engendre encore tous les jours dans le
fepos de sa gloire & le consommc en
>
luy avec béatitude. Et ce que le Pere
Eternel a fait en son Fils le saint jour de
Pasques, (çlvoir est de le consommée
en luy, c'est proprement l'acte du Sa-
crifice que le Prestre concinuë de fai-
les jours à l'Autel Car il
re tous
engendre & il produit ksus Chrilt -
:

consommé en son Perç : Et pour con-


tinuer de le produire tous les jours >
ce ne lai fie pas d'estre un vray Sacri-
fice ; comme le Pere pour continuer
la génération de son Verbe , ne laisse
de l'engendrer encore à tout moment.
Ainsi le Pere Eternel par le Ministere
des Prcstres, sacrifie loti Fils autant de
fois qu'ils le produisent, à cause qu'ils
le produisent consommé par le Pere; De
mesme qu'il continue dc.l'cngendrc:r par
eux,dauianc que par leur Ministere il
l'engendre tous les jours sur les Autels \
de sorte qu'il est engendré & sacrisie
tous les jours, Ego hodiegeniit te; a cau- pf*l. 1.
se que lefus.ChriH: Verbe & Vi&ime est
produir par les Prestres > dont lagenera-
tion & consbmmation continuë,com-
dés le premier moment que le Pere
me
Eternel l'a operée.
En suite de la production du Corps
& du Sang de Nostre Seigneur Jefus-
Christ comme la continuation du
,
Mystere de la Re[urre¿èion on leve la
,
fainte Hostie & en suite le Calice
, ,
le
pour exprimer grand Mystere de la
fainte A fcenuon, lors que Iclus-Chrifl:
fut élevé dans les Cieux apres sa Re-
surrection. Or cette élevation du Corps
& du Sang de Nostre Seigneur, est en-
core un achevement du Sacrifice , à
cause qu'anciennement l'Hostie s'en-
levoitau Ciel dans la flamme ; ce qui
marquoit encore un Mystere, sçavoir cst
que l'Hostieretournoit vers le Ciel d'où
elle estoit sortie, pour rentrer &pour
se réünir à son divin principe-o Et c'estoic
une figure de la tres-sainte A seension
exprimée dans les Sacrifices anciens,
C'en: pour ce mesme fujcr qu'il y
a
pendant ce temps-là deux quatre,ou
,
six Acolytes, ou Clercs vestus de blanc,
les flambeaux allumez à la main ,qui
sont aux deux coins de l'Aut(,I : Car ils
representent non seulement les Anges,
qui par le commandement de Dieu
sortirent du Ciel, comme ces Clercs de
la Sacristie, pour venir adorer Nostre
'/,.96.'. Seigneur en qualité de Fils de Dieu , Et
AdHebr. adorent eum
omnes Angeli eim : Mais
2. 6. ils figurent
visî.i.io. encore ces Anges vestus de
blanc qui parurent aux Apoltres au
,
de 1 Ascension de Nostic Sei-
moment
les advcrfi(Tins du Mystere &:
gneur, ,
leur découvrans la volonté de Dieu sur
lesus-Christ son Fils ; En forte qu'ils
furent ' ' lumière des Aposires ; & les
Apoitrcs du Pcre ,aux Apoltres du F ils.
Ces Anges qui paroiffcni aux Apô-
tres pendant quelesus-Chtist s 'cn éloi-
sont la marque de la communica-
gne » qui
tion que Nostre Seigneur prétend
foit entre l'Eglise Militante & la
.
Triomphanre,depuis roll sejour au Ciel,
d'où il envoyera Ces Esprits comme Mi-
nières à ses enfans pour leur conCola-
tion • sélon la Prophetie qu'il avoit fai-
son Eglile& de l'estat où elle de-
te de P idebitis An-
[texte_manquant]

voit estre pat son départ.


geles Il(èenatnres & defcendentes [uprA
Filium hominis, Vous verrez apres mon
départ, les Anges monter de la terreau
Ciel, & descendre du Ciel en terre sur
le Fils de l'Homme.
Ces Clercs Acolytes vertus de
, ou
blanc avec leurs flambeaux , nous re'
memoire ces Anges vertus de
mettent en
blanc, qui donnent aux hommes cette
esperance ; qu'après avoir consommé
leur vie innocente dans la lumière de la
roy de dans le feu de l'amour ils joui-
ront de leur estat de gloire, de fplen-
>

deur, & d immortalité.

C H A P I T R E III.
,De- Orai/on qui commence, Unde
& memores.
APres l'élévation on dit cette Orai-
son Vnde &
, memores Domine, nos
fèrvituiyôcc. Et dautant que Nofhe Sei.
gneur n'offre pas seulement à son Perc
dans le Ciel tous ses My steres mais
; en-
core ce qu'il a merité par ses Mysteres
aux hommes c'efi. à dire ses graces &
ses dons ; delà vient qu'après les Myfte-
rcs i il adjoûre, De tuisdonis aeda'tis de
dons ,
vos ; qui sont les graces qu'il
données aux hommes apres sa fainte a
A scension, rnedit dona hominibus, N ô
rreSeigneur par sa Mort a merire -
hommes son Esprit j par sa fainte Resur.aux
région, où il cst declaré le Souverain
Pontife de l Egli(e, il reçoit le pouvoir
de distribuer les dons &
; par le saint
Mystere de son Ascension il
en tre en pos-
session & il commence à faire ulagçdc'
|la puiss.ince de donner cet E(pt ir.
f L Efpt ic de Dieu unique en luy- mef..
ime, cst divers en les dons. Aux uns il di-
fsti ¡buëune chose, aux autres il en don-
ne une autre : & toutefois c'tst le mesme
qui distribuë à un chacun comme il luy
plaist. Il communique aux uns des grâ-
ces (uncHnantes ; & aux autres,des dons
-giatuits que l'Eglisc explique par ces
,
mors, De tois donis ac datù ; a causeque
l'Elpiit a toû jours soin de donner aux
ames non seulement des dons de santti-
fication ; mais il en choisit queiques-
unes, ausquelles il donne aussi des gra-
ces qu'on appelle Gratuites, pour aidera
la (aintetédes autres : & le Saint Efprit
est dans quelques âmes les sanâifiant
feulement, & dans d'autres san&ifianr
aussi le monde par leur moyen. Telles
furent les graces que l'Esprit Saint don-
naaux Apostres apres i'Ascension d<*N.
Seigneur, qui par des lumieres extraor-
dinaires éclaii oient les csprirs ; & ce
mesme Saint Esprit se rendoit present
à mesme temps à l'esprit des Audi-
teurs , pour leur faire comprendre ce
qu'il faitoit dire sous des lingues estran-
il
etes mais touresfois intelligibles par
la presence de l'Esprit Car il s'insinuoit
:
interieurement , & découvroit a leurjU
intérieur les mesmes choscs qu il expli4i
quoit fous des personnes , quin'estoient:
que les manteaux & les couvertures
dont il se set voit, pour operer alorS'pa.
Ía puissance sur les ames ; Le temps-
estant venu deles changer & convertir à
Dieu , qui leur vouloir faire mifericor-
de, vaincu par les prieres &. (ollicita^
tiOliSde Jesus- Christ monté aux Cieux,
quiavoit mérité céte grace en mourant,
& qui estoit entré par sa divine Resur-
ie6tion en droit d'engendrer des enfans à
la vie divine : Car cstant declaré Fils de'
Dieu Prsdiftinatut Filivs Dfi c&
, »

çstant rendu tout fembl*ble à Dieu sba


Pere par cette qualitéde Fils & d'Ima-
ge,il fal loir qu'il fut fécond comme luy.
Jclus-Chiist Homme & Fils de l'Hô.
me devenant Fils de Dieu en sa ReÍur-
reftion & tout semblableen sa nature
humaine au Verbe , qui estoit engendré
.

de toute eternité devoit estre fécond


,
comme le Verbe ; & il le devoit estre
de la mesme maniere que leVeroe 1 estoit
detouteeternité. Or leVerbe Divin est
fécond en produisant
,
le Saint Esprit;
Aidi Jesus-Christ le Fils de l'Homme ,
estant tiré dans la nature de Fils de Dieu
:n sa Rcsurrcûion cst fécond en cn..
,
voyant 8c nous donnant ce mesmc Er..
prit; quiestant dans les coeurs diltri-
buë aux Fidèles Tes grâces & ses dons;
& fait en eux des merveilles pour la
gloire de Dieu. Les dons en Dieu font
saims, & dans les hommcs ils font uti-
les à sa gloire. Comme donc Jcfus-
Christ veut offrir au l'etc Eternel tout
ce qu'il ya de saint au monde pour luy
gagner le coeur il luy offre les dons de
,
son Esprit qui ont tait tant d'effets si
,
exccllcns & si admirables par les Disci-
ples & mcsmePar tous leurs Succcs-
, l'Eglis,.de
feurs en Dieu. Il s'offre donc
luy-mesme & rous les Saints : il offre
tous leurs dons & toutes leurs grâces:
il orf.c une divine Hostie, quia csté pu-
rifiée fan&ifiée tirée du peché &
» , ,
rendue immaculée devant les yeux de
Dieu par scs dons admirables, Hofti4rlJ
puram, Hoftiam fAtittam, Hofliam im-
maculatam. En sorte que Jcsus-Christ
& tous les Saints compris dans l'Orai-
son Communicantes tous (es M>A:eres
,
tous fcs dons ne sont rien qu'une
Hostieofferte & presentée à Dieu, qui
est pure » sainte, & sans tache dans le
Ciel. Car là l'Espric de Dieu a tcllcmét
purifie le cœur des Saints dans la gl011
le, qu'ils font tout purs, tour saints*'
& sans tache , Offerimue prdrfa i,d ma..
jeftati tu&de tRis donisAC datis Hc(liant
furam Hofliam fanEtam Hoftiam ¡m-
,
macu!atam. 4
Cette Hoaieainli composéede Jcrus-.
Christ des Saints, & de ses dons,est
,
offerte incessamment par Nostre Sei-
à son Pere dans le Ciel
gneur , com-
me il est signifié dans le Canon lors-
, d'o£«.:
que l'on y fait û sou vent mention
Ifande.
Cela estoit autrefois representé par-
le grand Prestre entrant dans le Saint
des Saints, où il estoit une figure bien
txprefle de Jesus- Christ Hostie & Sa-
-
,
crificateur de lu y me[me de scsSuinrs,
& de leurs dons dans le Paradis. Il por-
toit en teste écrit sur une lame d'or,
l!AIÇ,2..2.1
Sanélum Domino. Ce qui representoit
Nostre Seigneur comme Chef de l'Egli-
se, lequel cstsaini à Dieu SanElum Do--
,
minavocabitHr. Ce Chef portera le nom
de Saint à Dieu, qui est proprement le
nom du Verbe en Dieu: Car le Verbe
par necessité de personne est appliqua
à- son Pere & le regarde incefTam-
, qu'il
ment ; La relation du Fils veut
rgatde incessamment & nccefluire-
ment son Pere. Le Verbe de sa nature
est l'Expression & l'Image de ce dont
il est le Verbe-: il regarde donc le Pere
par neceflîtc & propriété pet fonndle;
& c'est luy par consequent , qui se
doit nommer proprement Saint à Dieu,
SIInElum Domino.
Cette lame d'or où ces paroles cstoîent
écrites signifie encore le Verbe qui
,
est Dieu Car l'or est le symbole de la
-,

Divinité. Le grand Prestrc la portoit


sur !e front parce que , ssion ttint
;
Paul Dieu cst le Chef de J Tus<:hM(t,
CaputChrifti Dtut. N(')(ln' Hoitirpotte 1.
,
c««i

ce titre sur son front ySanfînm Domino, Il S.

san&ifiée à Dieu \ Hostietm sanEtam,


Jesus Christ & ses membres tout sancti-
fiez à Dieu ; & tou> font à Dieu d'une
façon magnifique , puis qu ils sont
faines à Dieu par le Vctbl' & dans le
Velbe,qui est tout (aint à Dieu en sa
Personne immense, appliquant a Dieu
tout ce qui luy est uny ; comme font
les Fidèles qui sonc unis au Verbe, &
font perdus en luy , & ne sont qu'un
en luy Confummatiin anom : Ils sont /•<•».!
, Jesus Christ,
17.

tous consÓmcz au Ciel en ;J.


qui estant Saint à Dieu les fanétifie
,
tous , & les applique tous à Dieu en k,
simplicité & unité de sa Personne.
Cette consomrnation des Saints en
lesus Christ qui sont tous une Hostie
,
avec luy , estoit encore representé par le
Exod. Rational, qui étroit une piece d'étoffe
u. il. quarrée,
que grand Prestre portoit sur
le
sa poitrine & qui contenoit douze
,
pierres prec!eu(es, ,où citaient écrits les
noms des douze Tributs d'Israël , qui
representoient tous les Saints renfermez
dans la poitrine de Jesus-Christ & con-
sommez en luy. Du Rational sortoient
des feux & deslumieres, qui figuraient
le fond de Jcsus-Christ consommanc
tous les Saints non seulement en soy-
mesme, mais aussi en Dieu ritavefira
Ad Co'. ,
abfcondita est cum Chriflo in Deo, Jclus-
J. 3.
Christ est caché & perdu en Dieu ; &
tous les Saints estans perdus en Jesus-
Chtist, ils se perdent par lelus-ChriR:
en Di, u ,oùils sont consommez ; ils
font tout embrasez de son feu & péné-
,
trez de sa lumiere; & sont tous avec luy
dans la splcndelir dont parle le Psal-
Tfa'î mille, In rplendoribusfar/ftorum : C'est
109. 4*
enquoy consille la consomrnation des
Sainrs.
Deplus, ces pierres estoient rangées
trois à trois ; & il y en avoit quatre
rangs , d'aut ant qu'il y en avoit douze
selon le nombre des Tributs ; pour ex-
primer l'Eglise qui e(l une image de la
, répandue
tres sainte Trinité & parta-
,
gée aux quatre coins du monde » qui sera
réunie & rassemblée en Iesus Chr!(t,
estre Hostie de Dieu dans le sein du
pour
Grand Piestre.
Ces feux & ces lumières qui s'appel-
loienr, Vrim & T bammim , estoient en-
repret'entat ion du Saint Esprit
core une
dans les Fidèles , qui a esté principe de
leur consommation en terre,, quand ils
estoient encore separez , & qu'ils n c-
tolent point en l'unité parfaite de lesus.
Christ : Car ç'a esté le Saint Esprit don.
né à l'Eglitepar Iesus Chrin:,quiactie
le principe de vie en eux, & la voyede
leur fan&ification. C'est le Saint Ef-
prit rendant dans les cœurs par Foy 0(
par Charité par lumiere & par amour,
,
quifair tous les S.lintsen la terre. Aïoli
ces lumieres & ces feux qui estoient
dans le Rational , figu!nicnt la vie des
Fideles rempli-s du Saint Esprit, & con-
duits par sa lumiere & par soil amour ;
& Hgninoient aussi cemesme Esprit re-
fidant en plenitude dans les Prestrcs,
pour conduire l'Eglise à l'amour & à la
connoissance de Dieu.
D'où vient qLi'cii-trc.a-utres rencontres
ces feux & ces lueurs paroissoient dans
le Rational quand on consulroÍt le
,
Grand Prestre pour des choses impor-
tantes a l Eltat & a 1 Eglue. Ce qui
estoit un témoignage que les Prestres i
doivenr donner conseil par la lumière )
& laconduitedu Saint Etprit ,& qu'ils a
doivent trouver en luy seul leur mouve- :
ment& leur lumiere. Et ç'a estéeeque :
Jesus Chiist a laide aux Apostres moti- -
tant dans le Ciel, en les substituant à sa \

place, pour échauffer le Monde à l'a- «

mour de (on Père & pour enseigner


,
au x hommes la verité : C'est ce feu qu'il
nous a laissé pour nous consnmmet
tous ; Car que veut il , sition qu'il
L ut. 11. b'û!e & qu'il consomme tout? 1>rn*m
4*- veni mittere in tprrA1'1J ; & qui À volo nisi
ut dccendatur & ardeat ?
Les Vertus interieure-s,& les Donsex-
terieurs .du Saint Esprit , estoient en-
coretepfsfenréspar lcsClochettes& par
les Gienades du grand Prestre. Les Gre-
nides dont les grains font renferme»,
refierrez & entassez les uns sur les au-
,ucs) figutoienc la multiplicité des ver-
tu$
1rus intérieures qui a"Ùifictit l'Ame.
Et les Clochettes nous monrroient les
grâces qu'on appelle Gratuites Se les,
.Dons extérieurs qui servent à la , sanai...
ification du prochain & qui font
,
tentir avec éclat le Nom de Dieu sur lai
le.:
terre , comme le firent les Apostres par
idjpiedication de l Evangile ; In êmnem *[.L
if.
terram exivit sonus eorurn. Le bruic des 0.
Clochettes du grand Prêtre
montant
dans le Saint des Saints» faisoit connoî-
tre le bruit des Dons du Saint Esoric, A feen-
quand Jcsus.Christ monta au Ciel. Ce mltum dens in
sont ces graccs Se ces grands Dons qui dedit do-
font offerts à Dieu par JesusChrifh & 'na honu-
ni bus.
qui estans des effets du Saint Esprit, luy il Efkm
"A

font tres-agreables. Et 4*.


ces Dons avec, i'fal.
tous les Saints en Jcfus-Clirist,&Jcsus» 67. ipè
Christ luy-mesme ne font rien qu'une
Hostie ; de meime que le grand Prestre

a
n estoit qu 'un en tous Les ornement
& en lumefirc montant au Saint des
Saints.
Ce bel Encensoir que le grand Pierre
portoit à la main tout remply de
Donnes odeurs, nous fait connoistteles
Saints en leurs louanges que Jesui-
,
Christ offre inccffammcnt à son Pere,
comme la fîu& consomrnatiotidetou
tes les Hoities de louange , qui eit01C:nt
represeruées dans l'ancienne Loy , &
qui n'estoient que figure de Je(us'Chrin:
& de ses Saints, lcsquels ne devoient
rien cstre qu'une Hostie consommée à
la gloire de Dieu Hostie pure en
HcflUm , qui n'aime
Amour , fhram ,
lien que Dieu tout pur : Hostie sainte
à Dieu Ho,#iamfanliam, qui n'est ap.
,
pliquée à rien qu'à Dieu tout seul en
cius-Christ Verbe de Dieu : Hostie
sans rache & coz;tCommée en Dieu ,
Rofliarn immaculatam, qui est la con-
sommât ion de 1 Eglise laquelle ne
,qu'elle sur
peut dire sans tachetant vit
la terre, & jusqu'à ce qu'elle soit puri-
fiée par le feu du Ciel > & consommée
en Dieu.

CHAPITRE IV.
Pf JII}» de cette mesme orai,(ov dc'!
,
fuis ces Paroles Panem ,
fanaum,
CEttecnléeHofiie pure, fainte & imma-
culée devient nostre pain & nostre
,
foiftbn> elle devient nostre aliment 8c

f
Ho!tre reuvi&e, Panem fltnEium vité
dternty& Cal,ç(m(.luris î.,rpetmt Cho-
*,
se admirable ! que cette Hostie qui est
le bien de Dieu qui est sa nourriture,
,
devient aussi nostrc bien 3c nostrc
riture ! Car Icsus-Christ Nestre Sci-1nour-
gneur cst la nourriture de (on Pere ; le
l'erc en se donnant au Verbe, est la
rie tirede son Verbe, qui vit & se
nour-
rit de la Substance de (on Pere Se
nour-
lors mesme que le Pere nourrit le Fils ;
de sa Divinité & de sa Vie, il se nourrie
encore luy.meCmC'de sa propre Substan-
ce, en vivant & se nourriflantde la Vie
qu 'il a une fois donnée & pleinement
communiquée à son Fils, & aprés.
;
comme rclpiranril attire encore 1 luy
akifi que par des poulmons immenses.,
la nourriture de Ton Elprit qu'il fait
a
encore vivreen luy donnant la Substan- •

ce , mais dont il jouyt pourtant pat un


regorgement ÔC un reflux de son amour
qui respire vers luy. Ainsi il se nourrit
avec le Fils de la me(me Substance & de
là me(me Vie, qu'avec le Fils il avoit
communiquée au Saint Esprit.
Or cette Hostie immaculée qui est
nostre nourriture & qui le fera ,
, pouc
toute 1 Eternité, nous mer en Conunu*
nion de la mesme nourriture dont les
trois Divines Perionnes se nourrirent
dens le Ciel. C'est une chose miraculeu-
fé ; C'est une magnificence admirable
-
.te Je(us Christ & de Dieu sur nous,
qui nous veulent bien donner cette
Hostie immensedu Paradis pour nostre
viande. Quel don ! & quelle grâce!
Un Dieu dans son Fils, un Fils dans (cs
membres, Jesus Christen tous ses Elus
remplis de tous ses Dons, nous servent
dans le Ciel & dans la terre de nourri-,
éternelle Quoy ce remplira
turc !

Jesus-Christ
tout le Ciel à sçavoir
,
cn.luy-merme & dans les Bien heu-,
Hostie immense & infinie,
reux, cette
se viendra renfermer dans la poitrine
d'un de ces Bien-heureu x & dans cÇi C
d'un Chrestien pourestre>
sa nourritu-
, d'un Bien-heu-
rc3 Hé ! qnoy ? le sun
fera Paradis entier & tous les
reux un ,
Bien.hcureux habiteront tous dans un
seul î Quelle musique ?
Quelle harmo-
nie que celle du d
coeur un Bie hcu!cux,
puifqu'il comprend en luy & renfeimc
»
sein les Saints ensemble !
en Ton tous
C'est là le repas & lefestm d'unSiintï
C'cst il sa viande & sabo:uon : C cst ce
devolupté qui le doit enyvrer
torrent
à 'jamais. Ki Cflljççm f*ÎHt" mxn€*
Quelle boisson delicieule , que celle de
recevoir en soy toute la béatitude & la
loiimge des Saints ;dc recevoir en soy
par participation & par communion
tous les Dons de l'E(pric dont ils jouif-
fent au Ciel ! Quelle viande & quel
vin! Quelle bonté-de Dieu ! Qiieceluy
qui n'aura pas mérité une bénédiction
si ample pour jouir des grands Dons
,
d'amour & des grâces plus excellentes
du Saint Esprit sur la terre , comme
l'ont fait les plus grands Saints, en soie
fait nçanrmoins participant par la bca-
titude , où tous les Saints répandent
dans le fcin de chacun, tour ce qd'ils
ont de Dieu de plus saint, & de plus
grand » & ils entrent en communion (5
parfaite qu'ils en sont nourris & le
,
changent en leur propre 1
Cela ainsi posé , voicy comment on
entend ces paroles du Canon , Offert-
mus prdclard mdjeflati tud de tuil donis
de datis, HofiUm purarn, Hofti." fan-
Eldm Hoftiam immaculatam Tariern
, ,
fitnnum vitd dternd & Cdlicem fA/lltil
perpetHd : Cette Hostie composée de
Jelus.Chrin: & de ses Saints; compo-
sée de leurs Dons & de leurs Grâces
cst la nourriture des Chrestiens sur la
,
terre aufli- bien que dans le Ciel : &
Ictus Christ la vraye Hostie, qui con-
tient en soy tout le Ciel, sc donne déja
en nourriture aux ames, en attendant
que dans l'Eternité il continue ce bien-
fait en toute son étendue. Cardans le
Ciel comme Epoux il cst uny inti-
,
mement à son Epoute , & d'elle avec.
luy il ne se fait qu'un Corps par cet-,
te Communion, qui (cion le Conçue
de Trente, se doit faire là sans voile
P,ff. '1. ni couverture jfbscjue ullo lamine
, ve
CAP.%• manducaturi ; Là nous le mangerons
de SS.
Ettch S*- Caus cspeces & sans voile.
tran.tro. C'est ce que Iesus Christ promet
-
]""4 J+. luy mesme en saint lean In illo die,
Íe. - ,
vos cognofectis , quia ego stim in Patre
itt'o, & vos in me , & ego in vobis:
En ce jour vous connoistrez que je suis
<n mon Pere, & vous en moy , & moy
en vous. De mesme que le Pere est,
dans le Fils, &le Fils dans le Pere par-
communion d'Essence en forte qu'ils
»
ne sont qu'un en l'unité de leur nature,
demcurans ncanrmoins multipliez en
leurs personnes : Ainsi Iesus-Christ
,
cil unique & tout le mesme en sts
,
membres ; il est un seul en tous : &
quoy qu'ils Soient tous ensemble coo.'
sommez dans luy Pt sint cofifurnmatt [texte_manquant]
,
in unum, ils demeurent pourtant entre-
eux multipliez.
C'est une chose admirable , d. voir
le Pere communie son Fils de
comme
son eflfence, & le nourrit de luy ; & que
nourrissant sons ils,il ne laide pas pour-
tant de se nourrir encore luy-mc(mcdc
sa propre substance : A in Ci, Nostre Sei-
qui dans le Ciel nourrit tous les
gneur
Saints de luy mc(me,en répandant en
sa Stibstance & ses Dons ,se nour-
eux
rir encore d'eux les cmbra(Tint en sort
fein pour les consommer en foy: & U
)

devient ainsi luy-nicsiiie sa noutrinu'e ;


ainsi il se mange en eux, comme il le
prophetizeen l'£vangilc,disanr, QuM Non bi-
plus de vin ,jusqu'à qu'il bam a-
ne boira ce ce modo de
se boive nouveau dans le Royaume de hoc gr,
est-ce Nostre niminc
son Pere. Et comment que vitis uf-
Seigneur boira là de ce saint^ Vin qui diemquein
diem il-
est luy-mesme si ce n'cst qu il a rtm- lum cil
, ses ,
ply les Saints du Vin delicieux de illud bi-
bam vo-
Dons & defes Grâces, du Vin nouveau bifeum
de ses Delices & de sa Béatitude : & que novam
les recevant en luy il se reçoit luy- in regu.
, Patris
mesme, il boit du Vin qu'il a versé en me!.
luy mesme, OWdt. zl.
eux, & se boit ainsi parce Z7.
ou'ii cst luy.mesme le Vin qui s'y
O iiij
épanche ; Ainh il boit d'un vin nouveau
dans le Royaume de son Pert. C'cfl là
ce
Calice de filut cternel, Caliccrn salutis
perpétua, dont nous devons goûter &
boire à toute eternité qui est le vin
. ;
delicieux de Jésus Christ, dont il don.
^
liera à boire à tous ses Saints, & dont il
boira luy mcfme par un reflux d
. amour
& de beatirude.
.
Cette viande eternelle est admirable
dans la liaison qu'elle
nous donne, à
DieulePetc; Car nous sommes nourris
d un mesme pain queluy. Et de mesme
que le Fils dans l'Eternité est nourry
d un mesme pain que le Pere ils sont
deux ,
.
tous nourris d'un seul & d'un
mesme morceau qui lesfustanteen abo-
dance qui fait que ie Pere est dans le
,
Fils, & le Fils dans le Pcre : Ainsi
par
ce Pain de la vie eternelle, par le Cot ps,
& le Sang, & l'Ame de Jesus-Christ &
mwsme pir sa Divinité tres-saintc , &
,
p ir tout ce qui compose le Christ, donc
le Pbrecst nourry le recevant en son sein
avec tous ses membres leshornmesJe
,
trouvent suitantez d une mcfme viande
avec luy. Le Pere lai ne manger aux
hommes ce morceau délicat qui les
,
^nourrit & les systante en luy-mçf-
;me CJC nous allons jutqu'a 1 liti-
,
me des entrailles du Pere pour nous
nourrir du mefmc Pain que luy.
QjjLand lame vient à entrer dans le
sein de Dieu pour partager avec luy
sa viande fins toutesfois rien divil
,
fer il ne luy arrive pas comme à
,
saine Paul Hermite & à saint An-
,
toine ausquels Dieu doubla !a pi-
,
tance , & partagea le pain en deux:
Car Dieu le Pere Lune aux hommes tou-
te la viande dont il se nourrir » & il ne
foutreepoint dédommage en luy pour
les ratisier tous. ;
i
Ce qui est à remarquer en cecy, est .

que le pain dont Dieu se nourrit, à


sçavoir Jcf'us-Christ ne sort pas du
,
kin du Pere & ne s'en separe pas
,
pour descendre en nous ; truis il y at-
tire tous les Hommes, & les y porte
avechiy. En sorte que l'ame bien unic à
Jesus-Christ, se trouve en mesmc temps
unie au scin de Dieu 8c portée adiui-
,
lablcmentau plus intimçdcfaSubstan-
te. Sans eftrc ravie , .,coninir saint
1

Paul j-usqu'au troisiéme Ciel cllt


,
entre dans cette fournaise ardente de
l'EfTcnce de Dieu & fc voir participan-
,
te comme les Anges j!nc(me$ * doia
Divinité ; Elleen jouit en froy comme
ils en joiiilTcnt dans la gloire : Elle luy
cst unie par Jesus-Christ & portée ,
dans son coeur, comme tous les Saints,
à la faveur du mesmejesus. Glorieuse
nourriture Se heureuse boisson , qui
nousenyvre[¡.doucement en Dieu, qui
nous
en
transporte
Dieu ! le ne
de la terre
m'étonnepas
&
a nous
la
éleve
faim
des ames bien préparées est si grande ;
puis qu'il y va de jouyr de Dieutnesmç,
& 'd'estre cnfevely en luy. Helas !
cst.il possible aprés ces unions Divi-
nes ; aprés s'estre perdu & absorbe
en Dieu ;
aprés s estre eoglouty en
l'Essènce Divine , de supporter cette
de vivre au Monde, de voir les
terre ,
creatures, d'envisager encore ce qui fc
'paire parmy nous 1 0 Dieu ! faites-
vous voir ; Se puis, que tout le Monde
false ce qu'il pourra ; qu'il tire (es pour-
traits , qu'il ses rideaux qu'il
ouvre
caale ses charmes; tout est à charge
,
i
l'ame, tout luy est à dégoût, à dédain,
& à horreur; tour luy est insupporta-
ble, après vous avoir veu & possedé.
Enfin, Nostre Seigneur a voulu estre
mis en estat d'Hostie en son Eglise,
fumquAm AgnHl oscifns\ Afin de fcO"
fermer dans cet estat tous ses Mysteres
à
& defaire scrvir au bien Be l'advanragc ,
de l'Eglise, tout ce qu'il a Jamais fait de
plus grand & de plus saint. Il a vou 1u
rendre rous ses Mysteres demandans Se
l'
prians pour Egli[e,àcanse que l'cst.it
d "Hoflie demande inceflammenr &
puiflTammcnt. C'cst un moyen tout*
puilïant qu'il a voulu mettre dans les
mains de l'Eglise, pour obtenir d e Dieu
le Pere tour ce qu'elle voudra. Il a vou-

Il
.versalitéde ses merires:
s
lu mettre dans les mains de tou l'uni-
a voulu leut
rendrecommuns les services les plus iï-
gnalez qu'il ait rendus à Dieu. Sous
une nue de merires Ci grands, & de ser-
vices Ci signalcz que peut-on ne pas
,
esperes & obtenir de Dieu ? Nostre Sei-
gneur a voulu mcsme que ce Mystcre
fût un memorial de scs Souffrances &
de sa Mort,comme du Mytt're qui a
acquis & obtenu de Dieu, que les mcii-
tesdesaVie& de tous ses M.acres noua
fussent appliquez, & pafTaflfcnt à nous
par la Communion : & en rinÍ1iruant)
il nous a donné csperancede jouir des-
biens de sa Mort & de sa Vie, ÔC nous a
fait csperer dans une confiance parfaite
f
que nous obtiendrons par ce divin Sacke
nceoccet actorable oacremenc toUt cq
que peuvent & laVie&la More d'u}\
Fils sur l'esprit d'un Pere. CeMyster.e]
fait mention du Sacrifice & du Mystetci
qui a merité tout à l'Hotninz ; en (oi te
qu'il est luy mesme la consommation
& la perfc&ion des Mylteres. & à mt(-
me temps il est 3c Mysserc oc Sacrifice
de Communion Se d'application ; l'un
pour meriter; & l'autre, pour donner,:
est merité &
t
i'un pour nous faire Couvcni deccqui
l'autre,
nous : pour nous
communiquer ses Dons & ses Mérités,
pour nous découvrir & nous donner le
fond & l'Esprit des Mysteres, & pour
nous rendre participans de toutes les
avions de la Vie de Jesus Chiist , de
mesmedesaMorr.

CHAPITRE V. .

De VQuifon , Supra quz propi-


tio) 0 c.
IL est fait icy mention de trois Sacri-
fices de celuy d'Abel, de celuy d'A-
,
braham & de celuy de Mclchifedech $
,
parce que le Sacrifice de la fainte MçfiT?
renferme en soy tous les Sacrifices, Se
de la Loy de Nature, & de l'ancienne
Loy & m.si-ne de la Loy de Grâce. Cer
,
Juy d'Abcl est le Sacrifice de la Loy de
.Nature, & tient lieu de tous ceux qui
.y ont cstê offcits : Ccluy dAL,,raliatu
^ious represente ceux de l'ancienne Loy
& des Juifs donc il a este le Perc &
,
pour lelquels il a rcceu le commande-
ment de la Circoncition Ceremonie
,
qui lesa depuis engagez au reste de la
Loy de \,Ioyse, quand elle leur eut esté
donnée, comme le dit faintPaul JTefti*
ficor ornni homini circumeidenti se, quor il G tL
A

/. 1.
niam debitor est universi legis facundt*
Le Sacrifice de Melcfrifedech est la fi-
gure exprcfic& la vive imagedu Sacri-
fice de la Loy de Grace, & du Sacrifice
Jnc(mcque lesus-Cliriit offic à son Pere
dans le Ciel, & qu'il luy offrira à tou-
te eternité , comme Pierre salon l'or.
dre de MclchiCedcch, qui nous donne
icybas tous les jours fouslesespeccsdu
la
Pain & du Vin, figuredecequ'il fait
là haut dans le Paradis. Et il ne s'en fuit
pas eslonner : Car tout ainsi que Nostre
Seigneur en sa Circoncision estoit figu-
re de luy-mesme mort &
Mort, quant A sa prcjpjc# genextfion,
j
rdTufcilé
qu'il dépoiiilloit 5c retranchoit en ver-
fant une partie de son Sang ; Reflufcitc,
quant à la vie nouvelle qu'il portoicca'
chée en sa chair sous l'image du vieil
Adam : de mesme Nostre Seigneur sous
lès especes du Pain & du Vin est figure
,
de luy-mesme , l'offrant à découvert
dans le Ciel. Il est icy la figure & la ve-
rité tout ensemble ; & là il est la verité
toute nuë.
Le Sacrifice d'Abel represente le Sa-
crificede Nostre Seigneur Jesus Christ,
mis à mort par Ces freres les1uifs nais
,
d'unt mesme Mere & d'un mesmePere,
qui sont Dieu & la Synagogne figurez
par Adam 6c Eve : L&Sacrince d'Abra-
ham represente le Fils de Dieu sacrifié
parla volonté de son Pere ; & leSacri-
ficede Melchisedech represente le Sacri-
fice de Jesus-Christ consommé par san
Pere; qui est proprement le Sacrifice du
Paradis , où le Pere se nourrit de son
Fils,en nourrissant aussi son Filsdefoy-
mesme & de sa propre Substance après
,
qu'il a répandu son Sang sur la Croix
>
& donné sa vie pour son amour. Mel-
chisedech nourrit de son pain & de son
vin Abraham, aprés qu'il fut retourné
de la défaite de ces Roy s qui emrac*
,
noient Loth capritavec sesCOlIciloyens:
Ainsi aprés quc lesus-Chtist eut dtrfaic
,
les troupes de l'Enfer ; aptés qu il eut
mis en déroute les Démons reprzsentcz
(hodorlahornor & par les autres
par
Roys ennemis , Dieu (on Pcrc le bénit ,
Benedixit ei & le receut à bras ouverts Gr. 14.
,
congratulations magnifiques
avec des , ,.
le nourrissant de la propre Sublt-ince»
l'embrassant dans [011 sein pour le
.& ,
nourrir à jamais du laict de ses mam-
melles
foy-mesme
Le
t
delicieuses

Sacrifice
& substantielles
8c de sa propre béatitude.
d'Abel represente
,
seule-
Croix,
de

ment ]et-us-Chtist mourant en


& répand.int l'on Sang pir la jalousie de
ses fieres , envieux du bonheur qu 'il
avoit destre de son Pere pirdcflus
amy
& d'avoir des Sacrifices plus agréa-
eux,
bles que testeursaufcndmencde Dieu.
Les Sacrifices de Cain furent rebutez ,
estans composez seulement des
comme suc où
fruits de la terre maigres & sans :
de son frere Abd composez de' ce
ceux
qu'il avoir de meilleur en Ces .trou- Sacrificiâ
furent tres-agreablcs à Dieu, & medullaca
peaux , la offeram
bien t'eceus de luy. Ainsi depuis ve- tibi eu m
de lefus-Christ, qui s'offroit luy- incenfo
nue pleine, de arie:um
-inesi-a,c comme uuc Hostie
r/nt. graille Se de mouelle »
les SacrHîces .i

61. li. des Iuifs comme vuides & sans suc,:


Infirma n'estoient ,
& egena
plus acceptez. C'cstoientdes
Zlemen Houlesdes-agreables Se offertes par des
-
ta. personnes sans Foy & sans Religion
Ad quieÍloient sourdes ,
Galar. ,
& qui n'avoient
4 9. pas l'oreille percée pour ohcyr:à Dieu,
Hoftiam Jesus-Chrlst,
& ob!a- comme qui cRoit parfai-
tionem tement Íoûmi£
noluifti sactifioir
à loti Pere & qui luy
,
Corpus en esprit & en vérité : Car il
aucem ne se contentoit pas d'un vain exterieur
aptafli
mihi. & d'une fausse & hypocrite Religion
t A d comme celledes Iuifs, qui n'ossi oient ,
Rebr.
que par contrainte des choses exrcrieu-
10. f.
Vu , res & inutiles , sans s'immoler cux-
rem ml mcsmcs verité les HosiiC"s
dit le en , comme
Pjtaume le prcschoient qui en dloient la
mrfmt figure. »

19* rf't«
(P :ul C'estoit en cet esprit queCaïn presen*
l'. ,irÍ. toit les Sacrifices.
/ires Premièrement, con-
ai'té per- tre son gré & par hypocrilîe ne vou:"
fecisti ,
mihi.
lant pas qu'il fut dit qu'il n'eust point
Ou bien presenté de Sacrifices, puisque la Lof
lt'",,,,,
lort,
dénature ledemandoir, & qu ,il
i'avoit
J'Hd, tu, ainsi appris de son Pere Adam nouvel le*
.Aurcs fo-
dissi' mi- ment instruir de la bouche de Dieu
hi : tune ïsiêsme en l'exercice de la Religion
dixi : i,
laquelle feulement il l'avoit
Ecce- pour
.
vtnjo.' imis au »=dc#
-
Secondement
,
il -
H
.-n,oif,oir que des fiuits &. des créatu-
res inanimées , sans s'offrir soy-meC-
me , quoy que le Sacrifice dcû à Dieu
nedtûtpas feulement cstrc des créatu-
res inanimées & sans raison ; mais que
celuy qui offÍoit le Sacrifice endeûc
,
,dire la principale Hostie. Adam se sa-
crifioit ainsi à Dieu dans le Paradis
terrestre ; lors que mangeant des fruits
qui luy estoient permis ,il les détru.isoit
.& immoloit à la gloire de Dieu. Car
consbmmanr en luy-raesmela chofc qu'-
il
il mangeoir, larapportoit & la faitoit
retourner à Dieu par !'exra(e & par I< s
transports côtinucls qu'il faisoit de soy,.
mesme en luy. Et c'cil l'obligation es-
la
senciellede Religion, de faire retour-
ner en Dieu tout ce qui en est sorty.
:AinG, l'homme en ce temps-là estoit le
Prestre & l'Autel du Sacrifice qu'il fai-

,
soit à son Dieu : Il enestoitaulli la Vic-
time, se donnant à Dieu 1uy-meCme
,
&. soufft-ant amoureusement que sott
estre s'affoiblir 6c cûr besoin d'citre re-
paré dans le déchet de la nature pour la
gloiieds Dieu lequel veut que la créa-
, »
ture soir dans un eslar perpétuel d'hom-
.^Immortel.. ,;'
mage & d'adoratic>n à. (oof-sttc Eternel
#
Il ne suffisoit la
pas que creature
pri-|
vée de raison & m(ennb!e sur prcsen:eo!
,
il
ti Dieu ; mais falloit encore pour la *
gloire du Souverain Un!vote! des crea-
turcs , que depuis le pcché l'Homme»
mcsme fut aneanty par l'immolation 8G1
la Abel qui connoifloir bien
par morr.
que cela estoit de û à son Dieu se pre-
,
fente à luy volontiers dans l'occasîon ,
luy dit en son cœur, qu'il se sert avec
joye de la mauvaise disposition de son
Frere pour souffiir la mort qui luy est
,
deuë non seulement par hommage rc-
,
ligieux mais encore par justice , &
, presens méchans
pour fat!sfact!on des
&insolensde son Frere ; comme au sri
pour la faute de son propre Pere pour
,
laquelle il cstoit condamné à ce f uppli-
61.. Morte morieris Car il n'estoie pas
ce, :
2. iy. juste de differer pius long-temps à fatis-
faire'à lacolcrede Dieu irrité contre son
Pere, contre son Frere, & me(mecon-
tre sa Mere.
Or lesus-Christ dont Abel esso',t la
,
figure, a voulu satisfaire pour la Syna-
sa Mere, & pour (es F rercs les
gogue
lu ifs contre qui Dieu avoir une bien
,
plus grande colere ; parce que leur pé-
ché estoit plus énorme , en ce qu'lis
estoient bieninstruirs & informez de la
Volonté Divine. Nostre Seigneur se
sert de leur haine & de leur niauvaife
volonté en son endroit, afin de satisfairc
à Dieu pour eux, & de les guérir de leur
pcché par les mesmes playes qu'ils luy
faisoienr. Jesus-Chrill eut voulu que
son Sang crucllement&inhumainemcric
répandu par leur rage & par leur jar
loulîc, tÛt lavé Icuis pechez & attiré
surcuJelabenedittionde Dieu : & cela,
tcutesté ainsi s'ils eussent voulu con-
,
noistre & advoücr leur faute : Mais
parce qu'ils ont fait comme Caïn , qui
-dit à Dieu qu'il n'estoit pas gardien de
,
son Frere & qu'il ne sçavoit rien de la
, il
faute dont l'accusoit ; & comme
,Adam qui s*enFuïc de devant sa face, au
lieu de le rechercher comme son Pere
,
de confesser son peché 6c de s'accuser
>
loy-mesme : De là vient que le mal est
.sans remède ; & leSangde Jesus-Christ
au lieu d'estre un moyen de guéridon
pour eux , & de réconciliation à Dieu,
.il sert de sujet de vengeance criant in-
ccn''mmcnccontre les1uifs demesme
»

,
qus le Sang d'Abel crie vengeance con-
tre son Frere.
Si les Iuifs sc furent unis au Sang de
3, sus Christ, & Caïn à celuy de Ton fre
ic , ils euffcnt trouvé en cc Sang Ieut
réconciliation ; à cause qu'ils eussent
trouvé la fatisfàûion de leur peché , &
eussent entendu dans ce Sang , une voix
fecietequi eût dit ; Pardonnez-leur, ô
mon Dieu / car je fuis répandu pour
fatisfaircà leurs offenses, & je trouve en
moy un prix égal à leur péché :
Ils ont
latisfait comme moy, voulans porter la
mort en union de ma Mort ,
qui n'cft
rien qu'une autre mort d'eux-mcHnes
s'unifïàns avec moy ! Car je donne ma
Vie à la place de la leur qu'ils donne-
,
roient volontiers,si vous la leur deman-
diez ; & pour cela ils s'unisient à moy.
C'est là le Sacrifice d'AbcL
Et pour celuy d'Abraham, offrant
son fils lsaac, il ne represente pas seule-
ment le Sacrifice de la Mort de Jcsus-
Christ, qui n'est qu'une pattie du Sacri-
fices mais il represente le Sacrifice de
Ictus Christ mort & rdfu(cité touten-
semble ; à cause qu'lsaaccst ressuscitéde
son bûcher & asurvécuà sa mort, &
,
au coup que son Pere déchargeait sut
luy. C'est ce qui represente la Resur-
ftllion,en qnoy consîste la partie capi-
talc du Sacrifice parfait de la Religion

%
le lestis-Ch. Car,comme dit S. Paul; Si
[etus-Ch. n'cst point rcnufc!tc en vain,
:11: nôtre Foy ,en vain devons- nousespe-
Quod.si
Cntifltis
rcr : Car nous n'avonsaucunne marque non .c.
de reconcili.ltion ; nous n'avonspoinr de (urrcxit .
vau rft
témoignage que Dieu ait aggre<i 1( Sacn' si des va.
fice de son F ils : Nous voyons bien en sa ara 1
adhuc
Moit des marques asseurées de la colere enitn
& de la vengeance de Dieu sur son Fils ellis irt
pcccatif
pour nos pcchez : Nous voyons toute la vc.lrif.
nature témoigner des rcslentimcs de la t. -4d
dlc;&nous Cet. If.
fureur deDieu habitat en ne 7.
voyons rien qui nous témoigne que sa
colere soit appaifee, & que sa justice soit
satisfaite. IJ() scul Fils remiseite déclaré'
que san Pere dl: content ,& qu'il a donné
le vray témoignage de sa rccÓciliatiÕ,en.
luy donnât sa propre vie, & en l'cmbras-
sant dans son (dn;& qu'en mcfmeremp.
en luy côme Chef, tout legenrchumain
testé réconcilié à son Pere: Comme au
contraire, tout l'Homme avoir porté
les effet s de la colere du Pere en laper-
sonne du Fils mis à mott sur h Croix.
Le feu duCicl,qui desee ndoit autrefois
sur rHostie»témoi£noit que Dicu estoit
content , ôc le peuple s écrioit avecre(<
fentimentjDicu cst content,il a dcvorc le
Sacrifice, il a témoigné sa ,omplaifallCC
envers nous & envers nostre Hollic,
Cestoit la figure de la joyede rEglife,
qui chante C^lleluya au jour dela Re..
surrection ; Dieu est content de nous:
Dieu est avec nous ; Dieu t'rnbraŒe le
Sacrifice & son E,,,,Isset> qui l'a offert
en
la Personne de Jcsus-Chrifi: : Car la
très sainte Vierge , qui representoit
l'Eglise & qui -le (enroitaussi chargée
,
despechez de les enfans & percée de
,
ladouleur de leurs fautes offroit son
Fils sur la Croix pour eux, comme
,
une Mcrepour ses ciifaiis. 1

C'estoit un Sacrifice d'expiation dans


la Croix le de réconciliation au tom-
,
beau. LeFilsensa Paflîonesto'ir rebu-
prllll. té de son Pere : Qaareme repulïstt ? Et
4t. z. ejuaretriftis irteedo ? Mais dans le tom-
beau le Pere Erernel vient l'embraser,
,
Pji.I. Dominus fifeepit me ; Il le porte dans
3* 6. son sdn:eA dimplebis me latitia cum vul-
pial.
If. Il. tu tno : Le Pere m'embrass ànt avec un
œildejoye, & une face riante après "5

m avoir tour déchiré la peau sur la


Croix m'a tout consolé & m'a rem-
, ,
ply de jubilation ; Conàdtfti faccum
P.
meum circundedifti me ltttitiâ : Apres
a,.le. ,
m'avoir traité de Valec en ma confusion,
U m'a traité de Roy co tcmoigmgc
,
Ides aggrécmens de mon lervice , me
irevestant de la Pourpre Royale de st
gloire Uominus regrtdvit di corem indu- ~.
est, ,indutuseft Dominns firtitudinew, .z. b
tois
& prtcinxitfe. C'cst là le Sacrifice d'A-
braham retirant son Filb isaacdeddïiis
,
le bûcher & l'Autel ou -il l avoit mis
,
pour le Werther
Ce Sacrifice que Dieu le Pere a exer-
cé sur son Fils & la conduite qu il a
$
tenuë sur luy en la Croix au jour de
,
sa gloire & en Con Ascension > où ila
»
consommé son Hostie en son feu , & l 4
élevée en sa flamme avec luy, est la con-
duite qu'il tiendra sur l'Eglise , après le
jugement où l ayant écrasée SCanean*
tic, comme son Fils sur la Croix , ap.é<
>

Ics témoignages universels de sa colère


répandue dans les Creatures » il lacô-
sommeraen luy , non seulement exte-
rieutement par le feu du Ciel, mais en.
il l'enlèvera en luy en la Refurrec-
core
tion 5c l'A(cen(ion universelle de tous
les Bien-heureux qui s'en iront en
,
l'air , Se s'élèveront dans la gloire du.
Ciel entrans dans le Paradis avec
,
lesus Christ. Il achèvera en elle le Sa-
.crifice qui s'estoit passe en Nostre Sei-
& fera ainsi de luy Se d'elle une
gneur i
Hostie totale & accomplie pour TE*
K tniré de sa gloire, & pour la plenitu*
de de sa louange. Et c'est le Sacrifice
de Melchiledechce Prestre Eternel qui
,
est lefus-Christassis à la droite de Dieu
£on PL'rc.

CHAP TR J E VI.
De VorâiÇon, Supplices te roga-
nuis , 6..
-PAr cetteles Oraison que le Prestre dit,
ayant mains jointes (url'Autd,
& estant incliné profondément, l'Eglise
fait amende honorable devant Dieu &
piotcste qu'elle cil indigne de luy pre- ,
senter ce Sacrifice. Elle advouë que
son Ange seul qui cst son Fils Ion
, ,
Envoyé (on saint Millionnaire cst
, ,
capable de porter au Ciel ce divin Sa-
crifice & cette sainte Hostie sur soli
sublime Autel ; Quec"est luy seul qui
l'offre & qui est digne de le presenrer;
Que lacreature n'citant rien , & estant
indigne de paroistre devant la Majesté
de Dieu , ce n'est pas à elle d'offrir ces
4iyins M y (1er es & cette Hostie si ma-
gnifique
igninquc & de si grande importance,
)Comme est la (ainteté univeiscllc de
l'Eglisè: : Et comme un atome, ou un
moucheron ne peut porter un monde,
bien moins la crearure en son neanc
peut-elle offrir à Dieu, & luy porter
tous les Bien-heureux & IcCus-Chriit
tnesmc, qui composent cette Hostic.
iC'est à lesus-Christ en nous, a qui il
appartient de presenter ce Sacrifice : Il M
cilPce1lrcen nouscommeil l'etten luy- H b,.
-

mesme : Il est establyde Dieu pour of-


fLic les sacrifices & les Dons, Ptifferat
doua & fitcrijicia ; & ayant toujours
,
les mains chargées de ses Hosiics, il les
presenteauHi bien sur la terre comme il
,
le fait dans le Ciel : 11 ne peut cessèr
destre Prdhe & d'en faire les fondions
»
estant fait Prêtrepour jamais tclon l'or.
dre de MclchiCedcch. 11 faut donc qu'il
offre incciïamment par tout où il se
trouve , sur tout dans les Prcsties , sOlls
il
lcsquels veut paroistre en cette qlU.-
lité: Il cst present en eux par (on Ef-
prit, & y veut saire réellement ce qu'il
Fait comme Prestre dans le Paradis,ou
Curle sublime Autel, qui cst le fein de
Dieu j il s'offre ssOS celle avec les Bien-
heureux, dcsquds il fait en luy ';~;
avec luy une Hostie agréable que Dieu
,
reçoit en odeur desuavité.
Cela estoit representé en l'ancienne
Loy parce Sacrifice de parfums, ofsurt
sur un Aureld'or, qui estoit laFigure:
de Dieulevray & sublime Autel, qu'il
soustient le Divin Sacrifice offert dans
sonsein par son Fils. On nerépandoit
point desangaux pieds de cet Autel;
par ce que dans le Ciel où sc doit offrir
le Divin Sacrifice > il n'y devoir point
avoir de son iang répandu : ny d'autres
Vi&imes immolées que des parfums
tres.suaves & tres-agreables àDieu. Et
2-,c O mdil1e de trèsgrands Personnages ont
|3. 9. clû quecét Autel d'or
ou bruloitin-
ceflammentee saint parfum estoit placé
S. A vf. ,
MJ. dansleSaint des Saints, representant si
ffi Exed. naïvement le Sacrifice du Paradis. Mais

Cet Autel sans sang qui estoit dans le


Saint des Prdtres) signifioit seulement
que le Sacrifice, qui se devoir offrir
tous les jours sur la terre seroit non
fJnglant,& lemesme Sacrifice qui s'of-
frirait au Ciel ; Sacrisice de bonne
odeur, quieft Nostie Seigneur consom-
ipcenfon- Pere dont les louanges s'é.
,
levent incdEmm::nt vers sa divine
Majesté.
rt ejuot quot ex hac altaris partieip"-
tione Sacrojanélum Filii tui Corpus &
Sanguinem fumpferimus, omni btncdic-
tione e4I,pi&gr"ti" replcamar. "Per
emm-
dem C h risiHm^Dominhm nolî,-urn. Amen.
En suite de cette offrande si
agre ble,
composéedes louanges de Jesus-Christ,
& de celles des Bienheureux ,contîde-
rans que cette Hostie Ce doit donner à
nous en Communion , nous soupirons
après , & desirons qu'à mesme temps
que nous la recevrons nous soyons
faits participans de toute ,
bencdiétion
celeste, & de toute
grace , puisqu'clIc
cst toute comprise
en cette Hostie. Car
si elle est ainsi composée de
tous les
,
Bien-heureux consommez
Christ rendant Dieu sou Pere
à
benedi&ion toute gtoire &
,
en Jesus-
toure
toute
a&ion de graces nous pouvons bien,
,
nous a fleurer, que nous recevrons avec
elle en nous toute labénédiction cdcfi:e;
& que nostrecœur aussi bien que celuy-
d'un Bien heureux comprendra luy
en
toute louange , toure bénédiction 8c
?

toureaétion de grâces. Celuy qui reçoit ,


cette Hostie de suavité , reçoit en son
ame roue ce qu'!l y a de (ainteté & de
Religion au Ciel : Il a en soy le Paradis
:
Il a tout ce que Jeius-Chiist rend.à. J

Dieu d'amour, d'hommage, & de res* j


pect en luy & en ses Saines. A infi l'ame
d'un Fidele Jouit, quoy que sans senti-
,ment& avec obtcumé.de tout ce qui
fst compris dans le Ciel d'harmonie
à
& de musique Cpirituelle: la gloire de
Dieu.
Il a plû à Dieu que nous puissions
connoistre ces vêtirez , & adorer en Foy
&c avec resped les occupations de Jesus-
Christ envers son Pere, & les devoirs
cu'il luy rend en nous pour supplécr à
c:euXdesSainrsdu Ciel &dela tcrre. Il
vient en nous pour glorifier son Pere,
& pour multiplier sa lainte Religion i
& c'est de ses louanges & de ses hon-
peurs dont nous devrions nous rendre
(pcctateurs & adorateurs, pendant qu'-
il est present en nos ames. Quelle bene-
di&ion d'l'si:rc participant de cette gra-
ce , &
»
d'entrer ciés la terre en Commu-
nion de la gloire du Ciel & de l'abon-
dance du Paradis l Que peut vouloir
de là que d'avoir en foy
line ame au
de quoyoffiir à Dieu , & setépandre
envers luy dans des louanges immortel-
les & immcn(es ? Le cœur huimiri
cst trop petit pour satisfaire àcequ il
veut , & a ce qu'il vaut ; Les Saines
entrez en Jesus Christ la parfaite louiii*
ge , peuvent en luy Cuppléer à lamen*
d'ici té de nostre coeur & son indigence.
a
Allans donc à Jesus Christ, &notis
-
perdans en luy selon tout ce qu'il cst en
nous , rendons en luy & en tous ses
Saints, tout ce qui (epeut prcscnterà
Dieu d'amour 6c de louanges. En-
trons ainsi en Societé & en Commu-
nion des Anges & des Saints par la
Communion à l'Esprit de , Jesus-
Christ, qui loue soil Pere en tous les
Anges Se en tous les Saints ; Cat le
seul & unique Esprit de Jesus benir
& glorifie Dieu dignement en lcsus.
Christ & en toute creature par luy :
En luy route grâce & bénédiction, puis
qu'il a receu toute grâce du Pere,ÔC qu'-
il la vienr apporter aux hommes 6c 1.
donner en Communion. C'est une cho- ,
se étrange que Don. Tout qu'il
ce ce a
plû à Dieu de donner à son Fils, tout ce
qu il a plû au Fils de nous acquerir par
sa Mort, & par tous ses autres My flcrcs,
tout ce qu'il y adegrace en Jcsus-Chr.
&tout ce qui est de répandude luy dans
les Anges Se dans les Saints tout cela
;
est compris en la très- sainte Cômunion»
tout cela cst donné aux Hommes pour
y participer. Et t'est cela que l'Eglise
souhaite lors que le Prestre dit en son
,
nom, Vt quotquoe ex hac altaris partiel-
patione facrofanftum Filiitni Corpus &
Sanguinem ssir,opferimus omni benedic-
,
tione cœlefti & gratia repleamur. Per
,
eundem Chrifturn Dominum nostrum.
Q.,t£y a-t-il à de Hier en terre & au
Ciel davantage que d'estre assis à la ta-
»
ble de Dieu,d'csire affiliant à son Autel
sublime & de manger sur cet Autel
,
d'une mesme viande avec luy > d'un
mcfme Pain d'un mesmc Vin ; en un
,
mot , d'estre fait participant de tout le
a
don que Jesus Chrifi: fait à Dieu,&
qu'il a mis sur son Autel sublime ? En
quelle separation du monde en quelle
,
élcvation d'esprit au dessus de foy-mes-
me devroit-on vivre , se voyant ainsi
emporté dans le sein de Dieu dans ce
,
Louvre Atiguste dans ce Temple Di-
,
viii ) pour y manger l'Hon-ic de Dieu
toute entiere avec luy ? Nous n'imitons
pas les Prestres de l'ancienne loy , ny
ceux qui offroient pour lors à Dieu des
Vidimes, qui ne mangeaient que des
portions très-legeresdeiHoftie : Nous
la consommons touce ; nous nous en
nourrissons ; &
, clic vient ellc-mdm-e
nouscon[ommcr & nous faire sa vian-
de &r son aliment comme le feu qui
,
consume du bois : Elle vient toute ar-
dente en nous nous flire une Hoftic
,
avec elle, communiant nostrc Ame, &
la pénétrant de son Esprit & de fesdis-
positions d'Hostie vivante sainte Se
agréable à Dieu. , ,
Nostre Seigneur jaloux de la gloire
de son Pere & desireux que tous les
,
membres soient des Houlescomme luy,
& qu'ils commencent dés la terre à
prendre t'Esprit du Ciel, & à mener une
vie d'Hoslic qui attend sa consomma-
tion nous communie à l'Hostie &
,consommer ,
vient petit à petit nostrc in.
térieur infecte de la malice d'Adam ; en
attendant qu'au jour de la Resurre&ion
il consommc le corps entièrement. Il
commence la consommation de i'ame
en Esprit sur la terre ; il l'achève entière-
ment dins le Ciel au jour de son entrée
dans la Gloire: & le corps comme l'amc
le sera au jour de la Rcsurrt&ion, qui
seralejour dcl'accompliflcment du Sa-
crifice universel des creatures ; lequel
consommera tous les Hommes en un,
&cn fera une feulcVi&ime avec laquelle
Nostre Seigneur entrera dans le Ciel j 1
ïY«'.Ï. Introito in domitm in holoclluftis: Tibil
t
M.
.d. filcrificabo hoftiarn laudis ; En ce beau ]
IS. 7- jour de vostre Gloire )e seray Sacrifi-
,
cateur de vostre Hostie de louange, la
consommant en moy pour vostre gloire,
& j'entreray dans vostre fainte Maison
avec autant d'Hosties que j'y introduis
ray de Saints avec moy.

CHAPITRE VII.
Du Memento qui efl après la
Ccnfccration.
MEmtnto etiam, Domine famulo-
,
rumfllmrdarHmque tu arum, N. &
N. qui nos prltccfftrzmt curn jrigno fidei
& dormiunt in somno pacis. Ce n'estoit
pas assez d'avoir recommandé à Dieu en
gênerai & en passant tous lesVivansSe
les DcfFun&s comme l'on fait dans la
,
première offrande qui est devant le Ca-
rjon , Sed & pro omnibus fidelibus Chris.
tianisvivis arque dtfutiïïis , pour tous
les Chresticns vivans & défunts ; mais
il le falloit encore faire à part &C à
loilir : C'est pourquoy comme on a
prie pour les vivans au premier Me-
menta , qui precede laConsecration, oit
prie en celujr-cy pour les défuné1,. Oc
comme le Canon represente precisémcnc
le Sacrifice du Paradis & l devoirs
, es
que le Fils de Dieu rend au Ciel
son Pere on y voit les inrentions du
»
Sacrifice exprimées, & les sujets
pour
qui il le presente, qui sont les vivans 6c
les morts ; cequ'il continuera jusqu'au
jour du Jugrment*
On fait unepaufe à chaque Memento-y
non seulement pour prendre le loisir de
particulariser les personnespour qui
Offre le Sacrifice mais
on
; encore pour ex-
primer la d:f£.*rcnce qu'il y entre l'of-
a
frande que Nostre Seigneur fait datis le
Ciel & celle qu il faisot sur la
, terre.
L'offrande du Fils de Dieu sur la
ter-
re , fc fit comme en pafïanr,& feulement
autant que le coursde sa vie eut dedurée
en ce monde ,est exprimée par l'offrande
qui précédé le Canon où l'on represente
lcschoses saintes quiont précédé leSa-
crificedu Paradis. La saintetéde la Vie
&des Oeuvres de Jerus Christ estex-
primée par le commencement de lv
sainte Meslè, par l'Epistre &
par le
pradttek Au : MHnda. car menm
il reçoit les ordres de Ion Perepour ve-
nir prescher l'Evangile mcsmc & tout
ce qui suit , n'est rien que l'expressïon
des choses capiralcs de ta vie voyagerc.
Les Secretes & le Pcromnia nous re-
,
presenrent la priere de son ame bien-
heureuse en la terre qui mesloit tous
,
les devoirs avec les louanges & les prie-
res des Anges , au milieu dcsquclS il
prioit icy bas, aussï-bien qu'il sait main-
tenant dans le Ciel. Si bien que tout ce
qui precede le Canon n'cst rien que ce
,
qu'a fait le Fils de Dieu en terre, & qui
est compris dans le Sacrifice, où il of-
fre tour ce qu'il a jamais fait & tout.
,
Ce qu'il fert par luy & par tous Ces
membres à la gloire de Dieu : Ce que
l'Eglise a grand soin d'exprimer pour
en faire paroistre la valeur : & je le
repete Peuvent , pour faire compren-
dre en quelle tstime on doit avoir cet
auguRe Sacrifice.
Or comme l'offrande du Fils de
Dieu en terre a esté de peu de durée
& qu'elle a esté pour tout le genre ,
Atl humain tout ensemble In qua volun-
»
,R,br. tate fànl1iftcAti fumus per cblationem
le. 10. Corporis Iefu Chrifiisemei j nous avons
esté tous dédiez, offerts & ,onsa,rca i
Dieu en cette offrande & volonté i De
là vient que la première offrande que
fait lePrêtre, sefait sans pause & com-
me en pavane i & il la fait mcsme pour
tous les Fideles ensemblejTV* $mm!ut
Cbriftiams vivis at^u: dcfunfth ; C'cft
pour tous les Chrestiens vivant & de-
tunds.
Au contraire l'offrande du Canon
Ce fait
,
avec paufe ; pour montrer la du-
rée du Sacrifice & de l'Offrande du Pa-
radis : & tlle sc fait mesme en particule
tisant les sujetspour lesquels on l'offre ;
pour montrer l'avantage de ce Sacri-
fice par dessus l'autre & pour fiire
.
connoistre qu'il s'offre tout entier pour
chique particulier pour qui on desire
l'off ir & que chacun a pour soy roue
)
entier le mcsme Sacrifice cffert à Dieu
pour tout le monde ensemblc. J'ay pour
moy maintenant Jesus-Christ tout en-
tier priant & tous les Saints ensem-
,
ble s'offrans avec luy pour moy tout
scul comme autrefois toute l'Eglisc
,
ensemble l'a eu pour soy.
Quel avantage quelle grace &
,
quellebénédiction pour nous ! Quela
,
liberalité de Dieu cst grande en nostre
«ndioit 1 Nous avons un Ciel enitcx
qui répand sur nos telles les influances
& (es grâces. Ce n'dl: pas unastretout
ieul qui influe sur nous, ei qui regarde
nostre naissance d'un aspcct favorable ;
c'est tout le Ciel enscmb!c ; ce font les
AChes & Ic Soleil unis, qui conspirent à.
nostre saiut. Et qui n'aura confiance
parfaite en sesdemandesauprésde Dieu,
ayant de tels interceiïeurs ? C'est pour-
quoy à la fin de chaque tJMcmtmo ,on
fait memoire des Saints, pour dire que
nous invoquons Dieu sur nous par
Jesus-Christ & tous les Saints, & que
nostre priei c cft unie à 1.E(prir deJefus-
Christ répandu dans ksSaints, qui prie
en soy & dans tous les Saints du Ciel,
comme nous le voulons, & comme
*Ai Dieu le delire : Carl'Espiit ne prie point
0(«m. 1. pour les Saints que sélon Dieu Spiritus
27e ,
flcundum DCllm postulat pro Sanélil.
Qnt nos pr&cejjerunt curn fignofidei;
l'Eglise prie pour ceux qui nous ont
précède avec le signe dela Foy; C'est
a dire, pour ceux qui ont vécu sélon
la Foy, dont les œuvres ont donné
r Qiia- des marques 8c des lignes de leur Foy
prnprer pendant leur vie. Voyez dit saint
fritreî »
magis Pierre que vous fassiez des œuvres
facagicc ,
quisaLIèns voir que vous avçjt en VOijl
,
le don de vostre vocation & de vollre
fainteélettion & ayez foin de la rendre
ferme, fiable & apurée, en vous y opéra
ut per
bjim

ccrr.im
rendant fidèles. Ce don cst le Saint vellum
Esprit , qui nous conduit intérieure- vocario-
ôC
ment par la lumieredela Foy, Reparle 11cm
clecHo-
mouvement de la charité, & qui nous. n''m fa-
cial.
donne dans le cœur des affrétions dou- 1. L)tt-.
ces, &des inclinations pui(santes pOUt 1. 10.

toutes les choses de la E oy.


C'eftainsi que le Saint Esprit donne
inclination, attrait & mouvement au
cœur pour l'Oraison ;
où l'on va prier
ce que l'on ne voit pas. goûter ce que
l'on ne sent pas, eseouter ce que l'on
n'entend pas, recevoir ce que l'on ne
connoist pas ; en un mot, oti, va faire 5c
chercher tout ce que la feule Foy nous
di&e , & à quoy elle nous porte avec
poids Se efficace, sans que la chair, ny
les sens, ny mesme l'ETpric humain
nous y puiflTent conduire. Et quoyquc
par la raison humaine on peut appré-
hender quelque legere chosc de Dieu ;
quand on laconsulteroit} on ne trou ve-
roit jamais par son moyen le goust & la
joveducœur necessaire pour estrefidele&
Tfîîdu à son service, & pour pcrtéverer
son la force & la vertu
gi amour j ny
de surmonrer lesobstacles & les difficul-
tez que l'amour propre & tous les sens
nous y presentent. Ainsi il fautappeller
1'(:)raiioti un ligne de Foy vive
, en
nous ; c'cst à dire , Foy animée de la
Charité ; d'une Foy & d'une lumière
accompagnée d'inclination & de mou-
vement efficace, qui sur mon te les diffi-
cuIrezque les sens apportent au chemin
dela vertu & toutes les
, repugnances
de l'amour propre & de la raison hu-
maine.
La mesme chose sedoir dire de tous les
Sacremens que l'on a Frequentez
avec
repugnancedes sens, avec contradiaion
de la raison & avec assujettissement
,
d esprit ; Car cela est un signe d'une
Foy vive & animée du Saint Esprit
qui nous porte mal-gré nous aux de-,
s
voi, du Christianisme ; comme à la
Confdlion mal-gré la repugnance &
,
la confusion de la superbe. Ilfiur avoir
11 Foy pourse vaincre de la forre
: &
un signe qu'on l'a lors qu'on
ï. Ael s 'assùjettit à (es devoirs Incaptivita-
(Ir. 10. ttmredigrntu ,
5. omnem irttel/rElum tn obsc-
lJuiu", Christi, AfTujcttiiïant la raison
revoltée à l'empire & au commande-
ment de noilrc Foy quifait <juc noue
,
nous attachons tellement a ce que
conseille nostre Advocat & nôtre
nous qu'il
Maître , que nous faisons ce
nous dit & ce qa'il nous montre ,
quelque raison qui contredite & s'op-
pose à cela ; nous avons telle croyan-
luy, que tout ce qu'il nous dit ,
ce en
nous le croyons.
S'il nous dit que ce qui nous lemblc
blanc, est noir, nous le croyons que •>

ce qui paroist bon, cst mauvais, nous


le croyons que la raison cst folie , nous
le croyons; que la pauvreté cst lari-
>

chérie de tout le monde, & que le dé-


pouillement en Dieu cst la pofl/flionde
l'Univers; que la privation du
tout
plaisir est la iouyssince des delices im-
menses de Dieu ; que la confusion &. le
mépris cst tout ce qu'il y ad'honneutu T. Perr.'

nous
, .
de gloire en Dieu, Quod est honoris, +.
gloria virtutis &c. ¡itpe':T)fJs nejuiefeit,
n'en doutons point. C est par
14.

soûmifllon l'on rend sa pa-


cette que a
role que l'on croit que bicn-hcureuï
,
font les pauvres d'esprit » & qu'ils font
delivrez des amertumes &. picqueures
qu'il faut souffrir en maniant les épines
des richesses : bien-heureux sont
feux qui plculcat & qui s'affligent j
*<ue bien-heureux font ceux quisouf-^
frent" les calomnies & les persecurions.
'
C est pour ceux-là qui
croyent touci
ce qui est enseigné dans l'Evangile, que
Ion prie, parce qu'ils ont donné des
marques dzleurfoy en Jesus-Christ ,8c
de l estime qu ils faisoient de sa
sonne. Neméprise t-on per-
pas un Advocat
que l'on consulte sur une affaire, & qui
en donne Ton advis quand on n- le suit
,
pas ; Et aucontraire, ne témoigne-t-osi'J
pas l 'eflitner, quand on fait ce qu'il
dit. C'est estimer un Maistre, de
que
croire à des maximes & des proposi-
rions que l 'on ne comprend
pas ^esou'*
mettant universellement à ce qu'il en-
seigne. Ainsi juge
t-on dans l'EgI.te,
de ceux qui estiment Nostre Seigneur
qui font cas de ses maximes & de ses>
conseils; qui (oûmct[cnr parfaicement
leurc(p(rà(adoél:rine, &qui
accom-
pl-iffent sidel!cmcnt
ce qu'il a ordonne
& prcscrit en la conduite dela grande
affaire du salur. Ceux qui vécu de
la foi-te, meritent qu'on prie
ont
pour eux ,
& qu 'oii travaille d'avancer leur bon.
ur.que leur infirmité retarde, & la
condition humaine dans laquelle ils
,
ont voeu : Et comme nous y vivons
maintenant, nostre propre cxpcricnce
nous fait
invite
juger
à
de leur
secourir Car les
,
nccefsité lk
nous les : gran-
des cheutes que nous faisons tous les
jours par nos infirmitez 5c resistances à
la Foy, nousfont cément croire qu'-
ils ont grand besoin qu'on les aide a ex-
pier les fautes qu'ilsont comrnises.
Et dormiunt in somno pactf. Le (om-
meil de la paix s'entend sur tout du
corps qui repose dans le tombeau. Il
n'elt pas mort, mais il attend que le
bruit de la trompette le réveille. En ce
jour il sortira de son fepulcbrc comme
un homme qui scleve du lit quand on
rappelle : Il le lever a lors que son ame se
rendra presente àluy comme eUel'cft
, réveille.
en la personne qui se L'ame
d'un mort s'est retirée, & a laine le
corps tout asloupy & comme en lethar-
gie, d'où il est retiré par la presencc
après
de Tesprit qui revient à luy, & le ré-
veille de son sommeil parles ordres &
par la vertu toute-pu!(Tintede Dieu.
Dormiunt in somno pacis: Cela s'en-
tend encore de l'ame qui rc\,ose dans le
Purgatoire ,où elle vit en paix sous les
ordres de Dieu 8c sous son bon plaifir»
Ce lieu s'appelle lieu de sommeil à
caule qu il est dans les tenebres , &
non encore dans le plein jour du Pa-
radis, où l'Eglise demande qu'elle aille:
Loeum refrigerii lucis& pdeis, utindnl-
geai, deprecamur : Nous prions, mon
Dieu que vous donniez entrée dans
,
le Lieu de vostre Gloire, à l'ame qui
vit dans le Purgatoire soûmise en paix
en vostre Loy. Ce sera un lieu de
rafraîchissement à cette ame qui brûle
dans les flammes : Là elle trouvera la
lumièredont elle est privée en ce lieu;
& elle y jouyra de la paix substantiel-
le dont Dieu la remplira par luy-
,
mesrac.
LIVRE erITIESME.
DE
L'ORAISON
DOMINICALE,
E T
DES AUTRES CHOSES,
jusqu après
LA COMMUNION.

CHAPITRE I.
De l'Or4iftn Dominicale.

LE PattrcA: une Oraison en partie


du Ciel & en partie de la Terre.
,
Pendant que l'on chante la partie selon
laquelle elle est du Ciel » & où on en
fait mention , le Diacre & le Soûdiacrc
,
font en bas derriere le Prestr-- protef-
tans par leur abaissement & humilia- -
-

Panem
tion qu'ils ne sont pas en l'crat donc :
,
nostrum la priere fait mention. Pater nofier, qni \
super •
es in cœlis : fan 51 ificetur nomen tuum.
fubstan-
tialem 4dveniat regnum tuum. Fiat volunt'a
da nobis & der-
hodie. tua, si eut in coelo intert*. Ces
"%fatt, nieres paroles qui font comparaifoudll
< Il. Ciel la Terre, se doivent estendre
avec
aur trois premières demandes.
Le Prcstre ajouste Donnr'{;"6111
,
aujourd'hny le Painsurfubjîantiel. C cst
encore une priere que nostre Seigneur
fait au Ciel pour nous : Il demande an
Pere qu'il nous donne le Pain de ses en-
sans qui cst surnaturel : Aprés quoy il
demande pai don de nos pcchcz : Et t'E-
glisequise voit avoir paît à cette priere
& en estre la cause, s'cleve en la per-
sonne du Diacre & du Soudiacre t & se
vient joindre au Prestre.
Le P'restreavant quede commencer
l'Oraison Dominicale se prepare &
,
fait commeunePreface ou Avant-pro-
pos l & nostre Seigneur au nom de l'E-
glise, semble faire civilité & un saint
compliment à (on Pere avant quede
le nommer Nofin Terc : il témoigne
parlà l'calme qu'il sait de cet honneur
pour les hommes, d'estre les erifansde
D eu & de pouvoir appeller Dieu leur toane
Pere ; Videte ejualrm charititem dedit 5. 1.

no bis Pater, Ht filii Dei no minetnr


& si mus. Quelle grace Dieu nous a
faite, de nous donner la liberté de l'ap-
peller nostre Pere !
Prieeptis fulutaribus moniti, fi- divin Jt
ififtitutioneformtti, ,a"dtmus dicert. Ce
n'cft que pour obeyr aux Saints Côman-
demens qui nous ont elle faits, & à l'in-
stitutiou de Dieu mesme vivant avec
nous sur la terre, que nous prenons la
JurdidIed'appeller Dieu nostre Pere.
Pendant ces sentimens de modestie &
de rcspc& que le Prestre expiime ail
nom de l'Eglise Militante, qui vit en-
core dans l'impureté de la chair, & dans
l'éloignement extrême de la faintetc
que doivent avoir les enfans de Dieu
pour approcher de luy en qualité de
Pere le Diacte qui rrpresente l'E-
,
glise, est auprés du Prestre ; pour té-
moigner que le Prestre pule pour elle ;
quelle est dans les mesmes fciitimensde
respe& qu'il exprime ; &. qu'elle ne
prendroit jamais cette liberté d-dlc-
m sme.
•Quand le Prestre commence à dire,
¡¡"ur, le Diacre descend : comme si l'E-
glise disoit par là : Cela est bon à Jesus
mon Maistre, qui est dans la gloire Se
dans la parfaire ressemblance de Dieu,
de le nommer son Pere:C'efl: à Jesus
ressuscité & à tous ses Elus consommés
enluy, de nommer Dieu leur Pere;
Qui cnm Car alors ils sont sainteté parfaite
fie fp*.c en ;
dor glc- ils sont dans l'éclat & la splendeur de
riælX fi- Jesus-Christ qui est la splendeur du
gura ,
îubitâtix Père ; Ils sont des parfaites images de
eiue. Dieu le Pere estans tous transformez &
Ad
Heir. consommez en Jesus-Christ sa vraye
t I. Image & son Cara&ere Ils sont tous
>
abism{'z& perdus dans le Verbe, qui est
la figure de sa Sub(bnce.
à
C'cfi:donc eux proprement à qui il
appartient de l'appellec leur Pere. C'est
au milieu de la Gloire où nostre Sei-
gneur habite en parfait repos où il cst
,
dans le fein de son Pere habitant dans
les Cieux, &où il void la magnificen-
ce de la [anékification du Nom de son
Pere qu'il dit Sanélificetur nomen
, ,
Mon Pere je souhaite de
tuum , , que
voir que sur la Terre on lancine le
Nom angusie de vostre Majesté de
,
mesme que je le vois sanâifi'é dans le
Ciel, Sicut in ,œ!o & in terra ! Si la
iaintete cstoit parmy les Hommes ÔC
parmy les Ministres de vostic Aurel,de
mesme qu'elle est parmy vos Anges &
vos Saints qui sont au pied de vostrc
Trône que je serois content ! Faites-
,
,
le je vous en prie Faites aussi
j mon
Perc , que vous soyez absolu dans le
,
Royaume de vostre Egliseen la Terre
»
comme vousl'eues dans le Royaume du
Paradis. Faites que vous y loyezaulli
craint, aussi aime & aussi respc&é,
>
comme vous l'eÍ1:es dans le Ciel ; Fai-
tes qu'on vous y estime qu'on vous y
loue, qu'on vous y honoie ,
& qu'on
,
vous y adore » comme on le fait là
haut En un mot faites qu'on
; , vous
rende icy tout l'hommage qu'on
vous
rend dans les Cieux en qualité de Roy:
dveniat regnurn tuurn &c. Sicut in
,Cela & in tara Ensin si ,vostre volon-
:
té cst accomplie par les Hommes
commeelle l'est par les Anges, je seray
«
satisfait : Fiat voluntas t;ia, fient in coelo,
& in terra. Maisafî;i qu'ils en puilfenc
venir a bout je vous demande pour
,
eux, o mon Pcre, le Pain quotidien, le
pain saperfubst,-tncicl qui doit dire la
,
vie continuelle de leur ame.
Pendant que le Prestre dit ces paroles.,
le Diacre & le Soudiacre lont retirez
bas & rendent témoignage par leur
en ,
éloignement , qu ils ne sont point en
l'estat de la entêté , ny
consommez
dans toutes les dispositions que Jesus..
Christ demande pour eux. Ils écoutend c
Prestre avec eÍtonncn1,ot ; ils admirent
deloin l'estat des Bien-heureux; & ils
gerailsent se voyans si mal-heureux &
si opposez a sts dispositions : Ils n o*
fent s'approcher de nostre Seigneur, a
causede leurs pechez , & ils ne préten-
dent point se me sser avec les Bien-heu-
socicté du refpedfc, de
reux ny entrer en s-
l'amour des louanges, & de la sourni
sion parsaite qu'ils rendent aux volon-
tezde Dieu,que Nostre Seigneur n'ait
demandé pour eux le pardon de leurs
pechez: Et jusques à ce qu ils l'ayent
ils prendront jamais la har-
reccu , ne
die fie de monter a l 'A urel, & d entrer en
comparaison avec les Bien-heureux.
Nostre Seigneur pendant cette Oral-
son fait la deseriprion de la vie des
il nostre Eglisey
Saints, & veut que la
aspirc pour s'y consommer dés vie
présente. C'cA ponrquoy il l'invite,
disant Oremus, à s'unir à luy )
à
& en-
locicic d'esprit avec luy régnant
tier eu dans
dans les Cieux. Mais 1 Eglise bien in*
struite des dispositions où elle doit cstre,

,
n'oze s'en approcher dans la veuc de ses

,
miseres : Voyez dit-elle en esprit, o
Pere Eternel si nous pouvons satisfaire
.isément aux Saints desirs de vostre
Fils. Nous femmes tour remplis des
pechez ; nous sommes environnez des
tentations; nous sommes assiegezde la
malignité du sicelé & du Démon le
;
moyen qus nous puiffiqns y (atisfairc ?
Quel moyen de (and:ner vostrc saine
Nom i Comment vostrc Royaume s'e-
tabliroit-il en nous? Quelle rccittance
ne trouvez-vous point en nous en vos
saintes volontez.
C cst en cette veue qu'elle se tient
toute confuse au bas du saint Autel ;
mais aussi-tost qu'elle entend le Prêtre,
qui demande pour elle ladélivrance de
ses miseres, elle sc levé& se
va joindre
à luy par l'entremise du Diacre
& du
Soûdiacre, qui s'approchent du Prestrr,
disans ; No£1:re Pere
oubliez nos pechez comme
en I:Cuâ-Christ ,
, nous ou-
blions les offensesdes
autres. Car, mon
Dieu, vous (çJdlansirrité contrenouç,
nous ne pouvons pas vous servir en 'i-
kene &dansla paix des Bien heureux,
réconciliez parfaitement avec TOUS Î
Eloignez , ô mon Dieu , les tentations,
& nous fortifiez contre leur malice : Ne
suspendez point , je vous prie, vostre
secoursdans le peril où nous sommes;
Car aussi-tost nous nous verrions pre- *
cipitez dans le péché: Délivrez-nous ?

aussides embûches du Diable & nous


, servir, a

nous verrons dans Testas de vous <

& de vous glorifier dans la paix & le re-


pos des Bien-heureux ; nous pourrons :

faire de la Terre un Paradis, & de l'E-


glise un Royaume du Ciel.

CHAPITRE II.
Vu Baiser de Paix.
LESoûdiacre estoit monté à l'Autel
pendant l'Offrande du Pain & du
Vin ; parce que Nostre Seigneur s'cst
offert juy-mcsme publiquement dans le
Temple de Jcrusalcm entre les mains
de Simeon, dont tout le peuple pou-
voir estre spcé1:atcur ne IçachantjpaS.
,
pafloic. Le mesme
pourtant ce qui sc
$oûd!tcre estoie sortyde l'Autel auffi-
tost apres l'Offrande duPain & du Vin.
cftoir defeeudu en bas ,5c fc tenoit ca-
che sous le voile Jurant l'avion du
Sa..
crifice j afin de témoigner
que lesJuif,.
& leur Synagogue, clloient bien éloi,
?"r2. NollreSeigneur au remps qu'il
faisoit son Sacrifice & qu'il l'otFroit
,
pour eux. Il a voir bien ollé le Voile 6c
la Patene dedeflusses
yeux, lors qu'on
avoir levé le Corps & le Sang de Nosjrc .

Se.gncur mais c'clloic seulement


figurer que Jcsus-Christ fut élevépour
,
la Croix & répandit son Sang
en
sur
.-prescnce de toute la ville de Jerusalem,
la
qui aMoIt a ce spc&acle.
Mais si-tost que l'ancien Tournent
eu ce bien a
que Jcsus-Christ ait prié
pour luy, & l'ait mesme associé san à
saint Sacrifice pour estre aggreédu Pcre
avec son offrande & cette sain te Hosties
la première disposition du Soûdiacre.
qui represente l'ancien Testament

,
qui NostreSeigneur a demandé pardon,
c est de quitter son Voile de bisser sa
1 atene, & de
monter au saint Autel
pour

pour demander pardon à Dieu par-


Jesus-Chrill en disant avec le Prêtre
,
Diacre,AgnHl Dei, &c. Agneau
de Dieu, Viâimrdu Pere Eternel
, qui
portez les péchez du Monde, Exaucez-
moy, Pardonncz-moy, Ayez compas-
fion de ma misere oC de mon eitar.
Apres cette prière, le Prestre luy don-
la Paix par le Diacre ; pour témoi- -
ne la prière
la Penitence de
gner qu'apres la
:
de Jesus- Chiist, Dieu luy donne Paix :

par son Fils, qui se répand.enBaiser de :

Paix sur le nouveau Tdlament, qui est :

îepresenté par le Diacre, lequel admet .


Sacrifice & à la Communion de son
au le baiser
Esprit l'ancien Testament, par
qu'il donne au Soudiacre & signifie ,
qu'il faut que l'ancien Testament ne
devienne qu'un avec le Nouveau $ il
,
veut entrer en alliance avec Dieu &
Jesus-Christ son Fils.
En suite le Soûdiacre porte la Pais
Chœur, & tous les Ecclesiastiques
au
s'embrancnc, & se donnent le saint Bai.
ser de Paix, pour témoigner à l'Eglise
& au Peuple par cette union, que lesus-
Christ maintenant n'est qu'un avec eux
qualité de Pasteur, titts de
1..,.. en luy &
lie. ti. qu'ils ne sont tous qu un en ,
Fmm ovile, & aussi pour leur donner
aiTcurance, qu'afin de les maintenir en
union, il sera 1 unique nourriture
Cette
êcs brebis de san F
»
qui est sa Be ge-
ric. En effet, apres avoir ([té reconciliez
esprit paï ce Sai^er de Pâix»Sc apres
en
Ivoir receu cette disposition necc (Taire i
la saintc Communion il communie
,
réellement à Jcsus-Chr. par san Corpi
& par ton Sing.
Or il faut remarquer que Icfus-Christ
Nostre Seigneur ne nous donne la Paix,
qu'après l'avoir puisée
en Dieu son
Pcre. LePereenson Fils nous bénit,
nous console, nous sanélifie ; & toute
benedid:ion& f:anâification
nous vient
de luy en Jesus-Christ
,non feulement
comme Homme , mais aussi comme
Dieu, & comme Verbe. Car le Fils de
Dieu dansleCdn de Dieu son Pert
re-
soit tout deluy ; & l'Humanité s.lilHe
est toute remplie de bénédiction
par
l'union au verbe,qui découle toutenelle.
C'est le premier baffin qui reçoit la
plenitude de l'Esprit & de la
grâce,
queverseau dehors cette source infinie.
L'infinité de la substance du Verbe
fait de deux natures composé si ,
un par-
fait qu'il ne peur avoir Commu-
, y une
nion plus parfaite que celle qui est entr'-
clles de leurs biens & de leur estre.
Ainsi la nature Humaine reçoit
de la Divine, par ce baiser admira-
tout
ble .& par cette union qui est entre-elle
& la personne Divine du Verbe : C'css
pourquoy le Prêtre basses'Autel, de-
vant que de donner la Paix au Diacre;
Car le Prestre figure jesus-Clirist, l'Au-
tel represente la Divinité >& le Prestre
baisant l'Autel signifie que Jefus-
,
Christ va puiser en la Divinité, la Grace
& la benedi&ion qu'il doit répandre
)
sur l'Eglise lignifiéepar le Diacre.
Et parce que Jcsus-Christ en mon*
tant dans le Ciel, se donnant en Com-
munion à son Pere, & luy baillant le
Baiser du grand & eternel Amour
, a
donné en suite son Esprit à ses Apô-
tres , qui estoient le Nouveau & l'An-
çien Testament tout ensemble. Ils
estoient l'Ancien à cause qu'ils en
,
estoient tirez ; ils estoient aussi le Nou-
veau en esprit, à cause qu'ils recevoient
les premices de l'Esprit du Nouveau
;
De là vient que le Prestre qui doit don-
ner la Paix au Nouveau & à l'Ancien
Testament tout ensemble doit baiscr
,
l'Autel, qui cst l'Image du scin du Pere,
qui porte en luy son Hostie& soVerbe.
C'cst pour cela mesme que le Prestre
baise l'Autel, & qu'il tieve les mains &
les yeux au Ciel,devant que de donner
la Bénédiction au Peuple pour expri-
j
mer que Nostre Seigneur ne donne la

1
benediction aux Hommes qu'en la vertLI
de son Pere,& de la Communion qu'il a
à son Essence : Car le Perebaise son Fils
lors qu'il luy donne son E(Tence,& qu'il
la répand en luy. C'est leBai(crde Paix
le plus intime qui sepuisfe donner, qui
les tient liez & unis entemb!c, en soi Ce
qu'ils ne peuvent Tertre davantage.
Le Pere influant son Essence en son
Fils,'& le communiant de son Esirc,!uy
donne ce qu'il a de tresors, de grâces, Se
de benedi&ions : & ce cher Fils pour le
resped: qu'il porte à son Pere, veut té-
moigner aux hommes, que tout ce qu'il
leur donnent le tient de luy ; que quand
il leur parle,qu'il agit, & qu'il opere en
eux, c'cst par la vertuqu'ilareccuë de
luy, & que sa dolhine, sa lumière, &
,
tout le bien qu'il versesur eux procede
de luyseul. C'dl:cequ'il fair entendre
par ces paroles, Ne-a doftrina nonest ml. /M.
fedejm qui mifitme. Et par cç&autres 2.7.
, ,
Quid mihi & tibi est mulier ? Nandum f.«.i. 6.
venithora mea : Mon heure n'est pas ve-
nu c;
c'est à mon Père,de qui je tire la
puissànce de faire des miracles,à me mar-
quer le moment auquel il veut que je
commence. C'est pourquoy le Prestrc
élcvcsou,cnt les yeux &les mains vers
le Ciel, témoignant que tout Don parz
fait procede du Pere, aupres duquel il
mendie la bénédiction qu'il doit donner
aux hommes.
Pour cela mesme Nostre Seigneur sous
la personne du Prestre,beni(Tant l'Eau
&. le Vin qu'on verse dans le Calice
avant l'offerre, s'addrdlè à son Pere,
DtU4 qui humant fthftantil- dignitatem,
&c. pour témoigner que c'cst en la ver-
tu de Dieu son Pere que Je(us-ChrH1:
iépandra son Sang. Et non seulement
cette bénédiction du Prestre sert pour
furifier ces élemens, pour les tirer de
usage profane, & pour les
mettre en
l'estat de sainteté que le Sacrifice de-
mande mais encore elle montre que la
»
vertu de Dieu & la sainteté de son Es-
prit (ont .répandues dans le Sang de
Jesus.Christ avant qu'il toit offert:
,
['r. Quanto MagiS S anguis Christi, qui
per
t4. Spiriturn Saiftumscmetipsum obtulit im-
mtculatum Dto?
Si-bien que le Baiserdu Diacre & du
Soûdiacrc, lignifie l'union du Nouveau
& du Vieil Tcstament en Iesus Christ.
11 signifie que la Pierre angulaire Iesus-
Chrilt, n'a fait qu'une seule chofc de
deux qui cstoient très-separéçs
,
i & éloignées : Ipse enim efi par noftta,
Ad
I
qui sait "trA'!'" unum i & que de Efb. a..
i
rous les luifs & les Gentils il n'en a 14.
fait qu'une Eglise ; Fiet
unum ovile ,
& jwnas Taftor : Par la fainte Com- loait. ie.
munion , il ne se fait des Iuifs & des M.
Gentils qu'un Troupeau & qu'un
Bercail. Ce qui est encore signifié
le Baiftr de Paix que le Soûdiacrc par
«
va porter à l'Eglise, qui se metranc
parmy les Fideles , & s'unifonc à
eux , dit par la , qu'il est entré en
Communion avec TEglife qu'il n'est
j
qu'un avec elle , & qu'il luy sert de
témoin de la paix procurée
par
Iesus-Christ , qui en cst le Média-
teur.
Apres cela, le Soûdiacre
mence à voir à découvert les Myste-
com-
res. Car après avoir porte la Paix il

,
retourne a i Autel, il monte auprès
du Prêtre & découvre le Calice,
comme le Diacre sa;soit auparavant \
,

pour témoigner que l'Ancien Testa-


ment découvre le grand Mystere
aussi bien que le Nouveau & ce
,
-,
bon-heur ne luy arrive qu'après fz
reconciliation à Iesus-Christ
par la
grâce du Nouveau Tcftament,quicfe'
répandue sur luy , qui luy cst commu-
niquée par le Baiser du Diacre, qui noa
feulement s'unit à luy , & luy don-
le saint Bai ser en témoignage de la
ne
Communion parfaite à l'espritde Jesus-
Christ > mais encore il met lçs mains
sur ses épaules en l'embrassant, en té-
moignage de la plenitude où il le met.
Car l'Ancien Testament communiant à
Jesus-Christ, & recevant la grace de
rcconciliation , cst mis en part de tous
les biens du Sauveur comme les Gentils;
Zc par là le Vieil Testament devient le
Nouveau. Estant remply & reveO:ude
grace, il n'est plus Vieil Testament,
puisqu'il n'estoit tel qu'à enufc de sa va-
cuité ; à cause de ses simples figures ; a
causede Ces pauvres & chetifs élemens,
qui ne renfermoient point la Grâce
comme le font nos Sacremens.
Le Diacre represente en cette Céré-
monie , Nostre Seigneur comme Minif-
trede son Pcre & de sa réconciliation ,
qui reçofc tout immediaremt'nt de luy.
le Soûdiacrc represente aussi Nostre
Seigneur t mais comme Mi nistre de 1 E-
glise,& qui luy porte leBaiserdePaix.
C'est l'expression de la Communion qui
se fait & au Ciel & flic la cçrrc.

*
Lede Paix que le Prestre donne
au Diacre, representele Baiser du Pere
? w' il rcPr^ntcla Communion
a a son Fils. Le Prestre
du Pere
repre sente
le Pere qui embraie son Fils;& se
,
communie de luy : Ce qu'il continué
a
de faire depuis le jour de l'Ascension
qu il receur san Fils dans son (ein, & le
consomma en luy, comme il avoir déja
commence au jour de la Refurrcélioll
qu il avoir consommé son Fils luy-
mesme. Et ces Mysteres en
commencez
"nc^0,s continuent toûjours

Myneres d Eternité, qui font comme
nens& toujours les mesmes. Le Perc perma-
consomme toujours son Fils
en luy
comme il sir au jour de la Rcsurrcét:ion.,
quoy qu 'il ne le tire pas toujours de
la chair, ou il n'est plus il
; continu c à
le rrcevoir dans son sein & à le
, porter
en foy.mcsme, quoy qu'il ne le tire
de la terre comme il fit au jour de son pas
Ascension & Jesus-Christ
; continue
destre consomme & embrassé dans le
fein de Dieu son Pere auui-bien fut
,
Autel comme dans lesCieux à cauCe
jesus-Christ ,
que y est dans son estat di
g loire , inféparablcdu sein de Dieu foir
Pere.
Dieu le Pcre qui communie a ion :

fils sur l'Autel est repretenté par le ;


,
communie à la fainte Mellc:
prestre qui
Carie Prêtre tient quelquefois la pla-
ce du
Tils :
Comme &
perc
Icy il
>

qui
& quelquefois
represente
embrasse
le Pere
son
,
Fils
celle
qui con-
; il
du

tient
la place du Pere qui communie à ion
Fils & qui le reçoit dans son fein : Et
Paix que le Prestre donne
le Baiser de
.exprime au peuple par une
au Diacre
figure plus sensible & plus grossiere cet-
Communion du Perc a son Fils,
te vaexprimer encore mieux
«ue le Prestre
communiant réellen1:nt à l'Ho(1:ic
, &
tmbraflsant ainsi le Fils de Dieu, Ç0"1™2
le Pere t'embrasse en luy. Et c "est cet

embtassement du Pere avec son Fils, que


le P re veut
rest exprimer, lors qu
braffele Diacre en luy donnant le boiter
de Paix.
Cét cmbra{tèment extérieur ( in
du Preltrea,
fignifiecncore 1 amour K
le du Diacre,
l'atfeaion que le Pere a envers ion Fils
communiant à luy, & le recevant
en belle
cn son fein. C est aussi une image
disposition principale avec la-
de la ,
quelle il faut communier qui est la
,
Charité. Et non feulementUÇh^ijc
doit estre dans le Prêtre , mais aussi.
dans les Peuples : Car pour commu-
nier dignement & avec rruit ils doi-
,
vent avoir entrc-eux une Charité ex-
trême jusqu'à se donner tous les uns
, voulo'.c fondre lcfC
aux autres , 8c se

uns dans les autres Nostre Seigneur


>

nous disant, qu'il veut que nous nous


aimions comme il nous a aimez. Il
faut nous donner les uns aux autres J.
comme Jcsus-Christs est donné a nous^;
Itifqu-.S- là, qu'il faudroic estre prest a
se donner en Communion, non s:ule-
la communication des biens
ment pu
corporels & temporels , m'lis encore
des spiricuels & éternels, comme l:Cus-
Christ & les Saints le font dans le Ciel,
où ils n'ont tien à eux qu'ils ne le don-
nent i leurs freres , & dont ils ne les
rendent participans.
La sainte Communion de Dieu le
à
Pere l'H 1 ninitcde san Fils, n'est pas
laseule Communion representée par le
Baiser de Paix ,3c par la Communion
Sacramentelle du Prestre au Corps de
Jesus-Christ ; mais encore \a Commu-
nion eternelle du Père du Fils, & dit
,
Saint Esprit. Car le Pere de toute eter-
nité se donne au Fils ~ luy donne f,2a
, 4
Essence infinie & tous Ces attributs Il !
;
luy donne tout ce qu'il est, & tout ce •
qu'il a ; Omnit mea tuafunt% & tua mea
à
funt, dit le Pere son Fils ; Tous mes
biens sont à vous & vos biens sont à
,
moy. Le F ils en dit de mesme au Saint
Esprit , luy communiquant son Estre
& tous ses attributs; tous Ces desseins,
& toutes Ces pensées : Omnia me" tua
fant, & tua mea runt: Tout ce qui est
en vous » est de moy.
Cette Communion est admirable, 8c
elle est l'origine & le prototype de
tou-
tes les Communions temporelles soie
»
de Dieu en son Fils, foit de son Fils
dans les Hommes, soit mcfme du Saint
Esprit dans l'Eglise : D'où vient
que
tout cequi exprime ces autres Commu-
nions exprime la premiere comme
,
leur origine. Ainsî lors ,
que le Prestre
donne le saint Baiser, au Diacre il
ex-
prime la Communion duPere au Fils; >

& lors que le Diacre porte leBli(erdu


Prestre au Soûdiacre il exprime la
,
Communion du Pere & du Fils
au
Saint Esprir. Et parce que le Pere sur
cette Communion premiere de luy à
a
son Fils, forme ledeflèinde
commu-
nict la creature a son fils l'Eglise
» a
receu ce grand Benefice de la Commu-
nion au Corps & au Sang de Jcfus-
Christ : C'est pourquoy le Diacre re-
prcfentant le Fils, distribaoic autrefois
le Sang de Jesus-Christ au Peuple ; 6c
c'est encore à luy maintenant à tirer
le saint Ciboire du Tabernacle, quand
il faut donner la sainte Communion.
Et parce aussi que le Perc a communié
à son Esprit, il a formé sur cette Com-
munion le dessein de communier son
Eglise au Saint Esprit : De là vient
que

au
le Soûdiacre,

Peuple, & donne


qui
,
ce
rcprcfentequel-
quefois le Saint Esprit porte la Paix
Baiser de Paix
qui signifie l'union de l'ame au Saint
Esprit.
Ainsi l'on voit les sens & les des-
,
feins admirables de l'Eglise^ea ce qu'-
elle nous ordonne. qui semble n'estre
rien qu'une simple ceremonie extérieu-
re. Elle n'a point de petits defliins, ni
de foiblcs pensées : Il y a dans sa sa-
gesse mille intentions cachées que
nous ne connoissons pas. Le Soûdia-
cre donc ne gsi ni fie pas seulement
lerus-Chri(t Serviteur de l'Eglise ; -

mais encore il tient la place du Saint


Esprit lors que l'Eglisc veut cxpri-
>
mer la part que toute la Sainte TrU
nité prend au saint Sacrifice. Pre-
mierement le Pere est le Prestre con-
,
sommant son Hostie ; le Fils cst la
Vid-ime le Saint Esprit est le Feu.
,
Secondement, les deux autres Person-
nes communient à Idus Christ aufli*
bien que le Pere : Car c'est
comme
Dieu qui communie & , qui reçoit en
-
luy l'Humanité de Iesus Christ la
consommant & l'embrassant pour tou. ,
te l'Eternité ; ce font aussi toutes lés
trois Personnes qui communient à
l Humanité : elles sont toutes trois
nourries & honorées de luy. Aussi
faut-il qu'a la Grand' Mcstè le Soû-
diacre le Diacre, & le Prestre,
com-
>
-
munient à Iesus Christ. Enfin c'tst
,
une chose admirable, de voir la Reli.
gion Chrétienne renfermée en ces
Cérémonies.
CHAPITRE III.
De Id fainte Communton•

LA Communion est l'invention d'a,


mour & de Religion , que Nostrc
Seig neur Jcsus.Chri1\ a trouvé pour
multiplier ses loüangcs, Ces adorations,
Ces
amours ; en un mot, tous les devoirs
qu'il rend à son Pere : Il ne se contente
pas de les offrir luy soui à Dieu , mais
il dtsire de nous les donner & de les
,
répandreen nous, comme en autant de
Tabernacles vivans & en autant de
y
Ciboires animez cap.1bksde recevoir
les impreflionsde, son amour & de Ces
louanges pour les répandre ainsi par
,
tour, & pour avoir de la sorte autant
de saints Autels de vray parfum & de
veritable Thimiame, qu'il y a de cœurs
des Chrétiens capables & disposcz de
recevoir ses sentimens, & de commu-
nier à son Esprit & à sa Religion.
Et c'cst ce qu'il desire le plus :
Car il ne nous communie a son
Corps Se à son Sang que pour se
,
scrvir d'un moyen plus naturel & plus

.
sortable de nous communier à son inte- <

rieur ; se servant en cela de son Corps,


comme d'un Sacrement & d'un vehicu- -
le de l'ETprit, bien plus proportionne à k
nostre condition, quoy qu'il lait divin r
& spiritualise , que n est pas l'Esprit 1
mesmedontilestinscparable. Leselpe- -
ces du Pain & du Vin sont les moyens s

par lesquels Nostre Seigneur nous don- •

ne son Corps & son Sangl & son Corps


& son Sang servent à nous transmettre
son Esprit & sa Religion : & il faut que-
de soit par la participation au mdrna
Autel > par la Communion au troicief-
me Sacrifice, & sous les especcs du Pain
& du Vin, comme sous les images exte-
rieures du Corps. & du Sang , que la
Religion [enlible, corporelle, & exte-
rieure soit aflcmblée & réunie pour
,
glorifier Dieu.
Cen'est pas seulement pour ce su jet,
qu'il faut que nous soyons assemblez
sous ces signes visi'olcs & que nous
,
communions au Corps & au Sang de
JelUS-Chrin: ; mais encore c'est parce
que Nostre Seigneur a voulu que nous
cOlnmuniaffions à l'Hostie du Sacrifi-
ce, pour prendre en nous l'esprit & la
disposition d'Hostie ; pour direles vic-
dé-Dieu J 3 '
\ times i & pour commencer
dans l'Eglise à ne faire de tous les Fide:...
les qu'une sculeV iaime Jesus-Christ;
en
ce qui s'achevera un jour parfaitement
dans le Ciel. C'cst pour cela que n'estâc
qu 'un en luy-mesme , il est toutefois
niultiplié en ces Especes, pour estre
une
Hostie en plusieurs & pour faire par.
,
son moyen de pluliears une Hostie vi-
à
vante, (ainte, agreable Dieu, & qui
air dans l'esprit un culte raisonnable;
c est a dire, inrericur spiriruel, roû-
,
jours rcfpc&ucux & glorieux, Hosiiam no'n;
viventern, fknftam 'j)eoplllcentem IX. 1.
tionabile objcjuinm. , ,
Voila donc le dessein de Nostrc Sei-
gneur en la multiplication de sonCorps,
& en la Communion qu'il en donne à
l'Eglifejsçavoirestd'avoirautâtdecorps;
autant de bouches j autant de cœurs,
qu'il y a des sujets en l'Eglise
pour
t
s'immoler en eux à la gloire du Perc,
pour l'adorer , l'aimer Beleglorifier,
en tour autant d'endroits qu'il y aura
;

jamais de Fidèles au monde pour ré-


;
pandre ainsi son amour & sa Religion
en tous les cantons de la terre » pour
l'étendre autant quel'lJnivers; & enfin
;
pour ne faire de tout le monde qu'une
Eglise de tous les hommes qu'un Ke- .

;
;
ligieux ; de toutes leurs voix qu une :
louange & de tous leur coeurs qu une :
Victime en luy qui est l'universel &
, de Dieu son Perc,
l'unique Religieux
répandaen nos coe urs par la
& qui est
Communion qu'il nous donne a p1*
Corps, unique Temple, & tres-saint
,
Minière de sa véritable Religion.
LeCorps & le Sang de jesus - Christ,
qui dans le saint Sacrement ne respirent
la advertiffent de la
qpc mort , nous
de & de l'obligation
mort nos corps ,
à tous momcns d im-
que nous avons
moler & de crucifier les sentimens de
nostre chair, qui estant toute injuste en
ses desirs & en scs passions , doit estre
immolée à toute heure, & étouffée en
la naJrancede ses mouvemens. Nostre
chair est une Hostie i estre mille fois-
immolée par jour, & à recevoir à tous
de coups de couteau,
momens autant
qu'elle a de mouvemens injustes & de
propres desirs qui sont toujours im-
purs en
,
eux-mesrocs; parce qu nais.
sent d'une source universellement
souillée, & qui ne peut produire au-
chose qui soit dans l impu-
cune ne
reté. Tout cc qui n est point de
FElptit en nous , & quieltdelactiair,
cst condamné de Dieu , & doit estrc
mis à mort & crucifié comme cri-
minel & comme partie & membre
d'Adam condamné une fois en luy 5e
en tons les siens.
Nostre Seigneur en sa Mort a cru-
cifié univcrsellement sa chair en tous
ses membres à cause qu'elle estoit en
, du péché Il l'a traitée
ressembiance ;
d'esclave, de criminel, & de révoltée ; 1

& commela nostrcrcsten effet , elle ne


doit pas recevoir un traitement plus
doux ; 11 faut la garroter ,la prendre, la
crucifier, & la mettre à mort sur un gi-
bet. C'estdequoy Nostre Seigneur nous
-fait reflbuvenir en nous donnant son
,
Corps & son Sang dans le saint Sacre-
ment ; & par la Communion que
nous y avons , il fait passer & porte
intérieurement en nous la grâce qu'il
nous y montre extérieurement, qui est
la grace & la vertu de crucifier nostre
chair, & dela mortifier par liens , par
force par mépris par rebuts , & pat
, ,
croix, donc l':sprit nous est donné par
ce Sacrement qui cst un Sacrement
de Vic inteiieurc & de Mott exrclicu.
re j parce qu'il donne la vie au coeur
& à l'esprit ; resptic en suite donne
avec rigueur & avec amour la mort au
corps & à la chair ; & ainsi il se fait de
nostrecœur unehosticconfomméc dans
,le feu divin, & de nostre corps une Hos.
Itic immolée à la gloire de Dieu ; & de
cette sorte nous (ommes rendus partici-
pansdes Mysteres & detoutes les par-
ties du Sacrifice, ausquelles il veut que
f nous ayons part par la Communion.
qui n'est que comme une union à l'Hos"
tie pour la dilater , pour faire un plus
grand Sacrifice & pour faire de tous
,
les offrans & adorateurs autant de
,
Vi&imes de Dieu \ & c'est là tout le
dessein de la Communion qui est la
,
derniere partie du Sacrifice.
Dans l'Ancienne Loy , ilefloit or-
donné que le Prestre, & quelquefois
l'Offrant, sélon la nature du Sacrifice,
communiaient à la Victime. Ils di-
soient par là qu'ils enrroient en csprit
,
dans tous les estats de l'Hostie, soit de
.con(ecration.à.Dicu;foit d'immolation,
«
soit decorisommation; Qu^ils faisoient
profession d'estre tout consacré à Dieu
,
& de ne s'en separer jamais : Qulls me-
ritoient la mort comme l'Hostie qui ne
la souffroit qu'en leur place : Qu'ils ne
leservoient d'elle que pour témoigner
la dispoluion & la préparation où ils
.cfi:oient d'estre immolez eu x-mesmcs les
premiers: Et qu'enfin ils espc:roient un
jour leur consommation dans le feu
divin , à la maniere del'Hostie laquelle
après sa mort estoit consommée par un
feu dans la flamme duquel elle s'élevait
au Ciel , d'où ce feu estoit dcscendu.
C'estoù. aspiroient & le Prêtre & l'Of- '
franr auni.bicn quelaviajme ,de ter..
miner leur Sacrifice en Dieu. Toutcela
estoit figure de la Communion des
Chrestiens à Jesus-Christ Nostre Sei-
gneur l'Hostie immolée sur l'Autel.
Car cette Communion a esté instituee
de Dieu, pour les rendre parcicipans
des disposicions de cette Hostie ,& pour
les faire entrer dans les sentimens de
cette sainte Viâime, qui vient vivre en
eux afin de leur faire faire la profeflioa
qu'ils ne pourraient pas faire par eux-
mesmes d'estre tout consacrez à Dieu s
,
de vouloir estre à luy inseparablement
& inviolablement, sans jamais s'éloi-

se Baptesme a premièrement operé SC,


gner de l'cstar de leur con(ccraclon, que
qui a estérenouvellé pleinement parla
Communion à l'Hoitic, qui les mec en
participation en & societé de 'latnefme |
consecration par laquelle leFils dei
Dieu se consacre à son Pere sur l'Autel ,i
& s'est consacré à luy dés le moment dc|
son Incarnation. I
C'esten ce point admirable que con~ j
siste la grande merveille de la Commun jj

nion à Jesus-Christ & c'est le grand *


;
tresor que nostre ame y reçoit, de ce
qu'il nous communie à son interieur &
à Ces dispositions saintes. Quelle mer-
veille que nostre ame soit faite partici-
de la consecration me(mc que
pante
{oy l
Nostre Seigneur Jesus.Christ a faite de

nous
son Pere. Quelle merveille que
entrions en Communion de cette
fainte & admirable operation ! Quelle
donation seroit la nostre, si elle citoit-
faite dans le mesme esprit, &dans les
mesmes dispositions de nostrc*Seigneur 3
Quelle adhcrencc de nous à Dieu1!
Quel transport continuel ! Quelle dc"

tion
!
dicace Quel amour Quelle applica-
1

'perpetuelle ! Helas 1 Dieu le


desire, Dieu le veut , Dieu nous don-
ne Con Fils pour ce sujet Dieu nous
,
communie à l'Esprit de lesus-Christ,
son interieur à sa dispositiou d Hos-
a ,
tie)à cette opération particulière de con-
(ccratiom
secration a Dieu. Et pourquoy ne le
ferons-nous pas ? Pourquoy
ne nous
lailTerons-nous point
penetrer à jcfus.
Christ pour entier en ses difpoluions,
,
& en l 'eltit intérieur dont il veut nous
rendre par t ici pans f
Certc Communion à l'Hofi:iccfi
en-
core pour nous-faire entrer dans lesdis-
poiiiions intérieures de Jesus-Clirist
a
mourant; qui voulu que la Commu-
nion fuit le dernier de Ces Mystcres,
pour
porter en nostre amc l'Esprit de ses mef-
mes Myrteres, & les dispositions mer-
veilleuses du Sacrifice lequel il a
, par
commencé & finy si vie. Et
parcc que
sa vie n'a esté qu'un exercice
continuel,
qui nous apprend à rendre nos devoirs
a. Dieu le Pere, & qu'il veut que
nous
luy rendions au moins
en cf*plit i il
"vient nous communier à Ces (tisi,ori-
tions il vient nous faire protefterq
, Je
nousjrvei Irions la mort nous-nieri«ncs;dc
que si Nostre Seigneur l'a soufFerte com-
me l'Houle du monde, c'cstoit pour
témoigner de (a part
ce que tout le
monde meritoit, Se qu'il mouroit
pour
tous ; parce que tous dévoient mourir.
Il efioir le rupplcment universel du
gen-
re hunuiu:aii)si çn mourant, ilfaitcotv-
noiftre que tout le monde & chaque g
particulier doit estre mort , puisque
luy-m?sme, qui tient la place de tous!
les hommes, & qui rend pour
d'eux ce qu'ils doivent a Dieu , cstobn*|
gé de souffiir la mort :Siunusfroomni
t. Ai bns mortun S est, ergs omnes mortnifunn
Car. f.
Si îesus Christ' est mort & s'il .

M. , sommes
est nostre VilHme, donc nous
morts par obligation: Cette pauvre
Victime ne marque autre cho(e,imon
qu'elle porte en nostre place, ce que
obligez nostre
nous étions de porter en
particulier » Vnns pro omnibus mortuus
mortui funt il est mort
est : erg* omnes
un pour tous un en
avouent le
;
meriter,
la place
8c qui
:
de tous,
mangeans
qui

l'Hostie disent qu'ils sont un avec


l'Hostie, &, piotestent d'enner en loti
csptit & en (es obligations.
Autrefois l'Offrant met toit les mains
surl'Hostie pour plusieurs inclinations.
la charger de ses de-
entre-autres pour
voirs & de ses obligations : & lors qu'-
suite il communioit il protestoit
en y ,
defe faire un esprit avec elle \ de vouloir
mourir & d'avoir merité la mort, com-
l'avoit (oufFcrte. Aioli il
me l'Hostie
fa« qae ie fidcllc qui communie à

d.,
Jelus ChuttHostie protège de merl.
,
tci la mort, & d'estre disposirion
en
delà souffrir ; & il en reçoit mcfmc la
grace par la Communion qui luy est
donnée & qui le fait participant de
,
Jesus immole à la gloire de son Pere.
L-et estat d'immolation, est un estat
où la creature d'elle mesme ne peur arri. l'et
sans la fpiricum
ver grâce de Jesus-Christ, dont San&um
elle a besoin aussi bien
que de l'Esprit, femet-
&
dans lequel il s'cû offert luy-mesme ipsum
obtulic*
a la Croix ; Oblatus est quia ipse •xi
4 ivre
voluity il s'est offert & livré à, la Croix Htl/r.
acause qu'il l'a voulu: Ainsi #• J4.
cette vo- t/a.
lonté de mourir & de se crucifier si- r.
pour
Dieu, est une grace donnée
par la Com-
munion a l 'Hoflie. C'est pourquoy
anciennement en l'Eglise
, au rapport
de [aineCyprien,
, on avotcun soin tout
particulier de donner la Communion
aux Fidelles daas le temps de perfecu-
tion pour leur donner l'Esprit de
,
Jesus-Christ Hostîe Quipropojttofïhi -44
, H tir,
gaudio fujlinuitcrucem, quise porta
Croix avec joye ; & qui répand
à la Il. ».
cette
joye dans le cœur desHosties vivantes
qui communient à luy & qui sont
(
difposécs à recevoir son ,Elprirdc,,Ioi-
re, de vertu dç forcc & de toutes
, ,
puissance,& qui porteroit mille & mil-
le Croix si on voulait s'abandonner a
,
luy. 0 ! Jesus,de qui la Croix estoit
trop petite, & dont l'Esprit emportoit
une mille fois plus grande que celle du
Corps! Vous estiez accablé sous le poids
insupportable de la justice & de la ri-
gueur devostre Pete; & toutefois vous
aviez sois d'endurer encore tous les
touimens que Dieu a depuis fait souf-
frir à vos Martyrs.
Jesus voyant ion Corps trop petit pour
supporter les peines extérieures que les
luifs & les Demons eussent desiré deluy
\ faire souffrir, voulut emprunter apres
ed !m- sa mort les corps de Ces Fidelles pour
plco ex ,
quae de.
rndurer en eux , Se accomplir ce qui
funt Paf- manquoirde peines & de martyres à sa
fic,num
<hriftir Passïon : Son Esprit embrasToit tous les
Ai Co' ' tourmens imaginables dans son zele, il
t-I 2 4. O >
. soûpiroit pour les endurer tous ; & les -

bras ouverts & étendus sur la Croix , il


disoit, Sitio Ah ! mon Pere, que jede-
sire de pâtir ! que je souhaite d'endurer 1
Ah ! mon Pere, accablez moy sous la
soufFrance ! Et ainsi il mourut.
1 Et c'est à cet Esprit de zele des souf-
franccs,que communient les Chrefliens,
,ç^f|Comguiniani à l'Hostic; Cest àceja
quelelus-Christ nous veut faire parti-
ciper ,en nous donnant tout son inté-
rieur & son eXterieur nous donnant
,
son Esprit & son Ame aussi bien
que
son Corps & son Sang. Aussi
voyons-4
nous des ames dans le Christianisme,
qui dans cette Communion d'esprit Se
de dispolÎ[ion intérieure désirent
, avec
des rransports" extraordinaires & de'
saintes fureurs les douleurs & les pei-
nes, on Jes entend s'écrier, jjut pati, Saint»
Aut mori; Ou soutfdr1ou mourir. Ce Tl.tr,p.
n cst pas allez dilent les autres par-
lons des Cioix, & des Souffrances ,
: &
c est trop,ô mon Dieu ,s'écricnt-ellcs
dans les consolations. Quelques S. Pr<„.
- unes. F"i, xc-
a ".ifpcâ des souffrances que Dieu leur v>ti.
1

donne, ,disenr en rexrase&


en la jubi-
lation qui prévient leur
martyre ,
Pardtum cor meum Deta yaratum
, Pl SI. 1.
cor meum. On en void d'autres qui
dans les temps des débauches du ,
ple ou aux jours de la Mort de peu-
,
lelus.Chrifi: sont mises
, par les ope-
rations du Saint Esprit, dans les mes-
mes postures & les mesmes situations
où Nostre Seigneur este dans s#
a
Passion ; & pendant
ce temps-là, elles
endurent des peines plus violentes
qtiç
celles du teu du Purgatoire,que lOU-
ve nt mesme elles ont souffert Dieu
,
en disposant ainsi pour répondre au.
, (butfnr Car ,
zele qu'elles ont de ; en
purgatoire elles n'endureroient que
pour leurs péchez particuliers ; & icy-
participation de la Passion du Fils
en
de Dieu , elles endurent pour les pe-
chez de tout le monde. On voit par rois
toute leur chair en feu, & leurs poi-
trines ardentes consommer l'eau qu'on
leur jette, tant elles sont dévorées par
le feu de l'amour, & par ce grand de-
sir de souffrir quiell une Communion
,
à la fois ardente que lesus-Christ
avoit de souffiir pour son Pere. Il
exprime extérieurement en elles , &
répand jufqucs dans leur chair ce
qui se passoit intérieurement en luy :
Il leur donne sa Mort en Commu-
nion , & prend leur vie pour souf-
frir en elles. Et c'est là l'effet de la
Communion à lesus-Christ , Sicut
Jki socii PifOïonum tftis , fie eritis & con-
i
i. Gor. 1.*' filQ ationis.
7. J
Nostre Seigneur nous rend partici-
pant de son Esprit de soutfrances, pour
nous rendre en suite participans de son
J^spiic de joiïiflance & de consol.nion ;
Communicantes Chr'tsts pajfîoniùw gaa-
Perr. *
dete. Il faut communier à l'c(pnf de.11. »

Souffrances, aux desirs de More, aux


desirs de la Croix & du Crucifimeor
universel de tous scs Membres. Car
Nonce Seigneur Iesus Christ etloit ra-
vy d'endurer & de soufFiir en tout luy-
merme pour satisfaire à tous les
, pe-
chez de la nature humaine; & il des-
a
rein de nous donner auili
ce zele & cc
ddir de nous crucifier à Ton exemple,
par la vertu & par la vigueur du Saint
Esprit qu'il nous donne la Commu-
, en
nion. Il flue donc s'oublier soy mesme
& se soumettre avec plaisirà laC ,
oi x,
dont il nous arri ge comme il luy plaid,
félon la m.-rurede son
amoar, & sclon
1 étendue de scs d:ïlcins sur
nous : Il
nous donne les souffrances à proportion
des biens qu'il nous
prépare, & de la
gloire qu'il veut nous donner dans le
Ciel ; nous communiant
aux conso-
rtions de l autre vie, comme il nous
aura communie aux souffrances de cel-
le-cy : Sieut soe'ù Pajjionum ejlU Jîc eri-
>
tis & confolationis.
Et comme le Divin Sacrifice ne se
termine pas dans l'immolation, 5c qu'il
jusqu &
ra 'à la contamination aur-
de l'HofLieen Dieu, a 1 exemple de
tour
Nofb e Seigneur en sa fainte Resurrec-
tion & en ion AscetisiotiilasainteCom- •

munion doitoperer en nous toutes les


dispositions & tous les sentimens de
JeCus-ChrH1: rcssùscité 6c monré dans
les Cieux : Elle doit mettre en nous
le dcsi.i: de la consommation en Dieu ,
qui nous false gémir dans la vie pre-
sente comme saint Paul & comme
,
les grands Saints qui ont communié
,
plus particulièrement à Jesus-Christ.
Lue. 2z. Coarhor
usque dum perficiatur , dirait
50.
Noltre Seigneur ; je languis jusqu a ce
que mon Sacrifice s'accomplisse. -
Defi
'Jti derium habens dijfolvi & tjfe ciim
Phil. 1. ,
Chnfto disoient ces grands Saints ;
Y. ,
le desire ma consommation je dcfirede
>

me voir delivré de cette chai-.,& retour-


ré en Dieu avec Jdus-Chrin: , afin que
vie [oic cachée aneanrie & abfor-
ma ,
bée en Dieu parla Communion à Jcsus-
Christ consommé en Dieu mesme.
C'est la vocation des Chrestiens
* appellez à èf" bon:heur par Jesus-
ChriÍ1: qui le premier a passé paï
sc 'consaci'ant à Dieu lors
'
ces voyes ,
Jli qu'il cst venu au monde ; Holocau-
H Ir, tibi p/:¡çuerHl1t.
10. 6. tornata pro peccato non
.
Tune dixi: fCC<y venie. Les Holo- T à1.
O
causses & les Sacrifices pour le
pé- it 7.
ché ne vous ont pas aggrec je luis
,
venu moy.mesme me (ubstituer à leur
place ; le me fuis offert 8c consacré
pour m'immoler à vostre gloire à la
place des Victimes pour le peché. L,rv't.
Comme ce Bouc challe au Desert & 16. '0.
abandonné à la rage des bestes sauva-
ges , j'ay esté environné des Loups
des Chiens & des Taureaux & ils ,
, i
m'ont aflîcgc de toutes parts pour mc:
déchirer & medévorer en leur fureur,
Pr'Il..
Cijocande,deru,nt me vituli multi : tauri
1 )r
pingtes obfederunt me : Comme cét
au-
tre Bouc reservé à estre immolé pour
le péché je me suis veu égorgé & im-
,
mole sur la Croix afin d'enfer
, en
suite dans le Saint des Saints
, coin-
me le Grand Prertre , par UVcifu dé.
mon Sang répandu pour la remiiftcHi
des pechez de tout le monde. Enfin,
à
je me fuis mis la place des Holocaus.
tes : i"ly entré dans le feu de mon Pere,
où j'ay tout consomméau jour de
Rc(ùrreâiop ; & a prés avoir citéreduie
m.
dans un cstat de sainteté & de pureté-
digne de luy j'ay retourné à luy au>
,
jour de mon Aljcfnûon. Or Jesus Chr.1 i la..
dans l'a Communion nous appelle à la
participation de tous ses Divins Myrte-*
à la participation du Sacrifice en-
tes , l'E..
tier , par lequel se répandant dans
glise & l'associant à ses dispositions,
, elle la rend luy
il entre en & une avec
dans la Communion.
>
Ainsi le Sacrifice
qui est universel 8c qui doit tour
, doit estre
rcünir. à Dieu reellement
répandu en nous pour nous porter en
Dieu ; Il doit s'achever en nous ,
qui
Jesus-Christ faisons la totalité de
avec
l'Hostie offerte & présentée à Dieu ,
qui est l'Eglise en Jesus-Christ .
l'E..
glise communiante à jcsus-Chiist.

CHAPITRE IV.
Z)Mfervice que le Soàdiacrerend AU
fritresur lafin de laainte Mtjfl.
APrés la sainte Communion , le

P[dhe ,il
Soûdiacre donne les ablutions au
vereelevindans le
Calice, où
il n'avoit auparavant versé que de l'eau,
pour apprendre qu'à la fin du monde
,
l'Ancien Testament signifié par le Soû-
diacre ver sera son fang pour pieu > &
, ;
mourra pour sa gloire , comme il arri.
vera à E lie & aux autres Iuifs , qui se-
ront tous en feu& en ferveur pourDicu.
Au commencement il ne versoitquede
l'eau dans le Calice, témoignant qu'il
n'avoit que de simples élemcns & tres.
neceflireux de la grace ; & le Diacre

.
mettoit du vin pour témoigner la vi-
gueur , la force & la vertu, qui cst com •
prise dans le Nouveau Tesiamenr in-
finiment vigoureux par dessus l'Ancien,
plus que le vin ne lestpar dessus l'eau ;
mais maintenant il verse Je vin parce
,
queselon samt Paul, les restes d'lCraijl A 4
Rtxy.
seront (auvez Reliyui4 salva fient ; 9. : 7.
,
& reconnoiTans Jesus Christ ils fe-
,
ront plus fervens pour son servicc , que
tout le restedes Chrd1:iens.
Le Soûdiacre ne donne pas seulement
le vin à la fin du Sacrifice, pour témoi-
gner que depuis sa reconciliation & sa
Communion à Jesus-Christ il est fer-
,
vent & remply de grace , comme le
Nouveau Testamenr : mais encore il:
met la main dans le Calice, il le voit » il
le touche jusquesaufond, pour faire cn-
tendre qu'il a part au plus, secret des
Mystcrcs. Auparavant le Diacre ef-
fuyoitleC4i^c.au temps de l'Offert?,
& la Patène apres le Pater »
qui eltoicnt
leSoiidiacre,& ainsi l'An-
apportez par
cien Tendent cstoit. purifié par le
Nouveau & la grâce du Nouveau pu-
,
rifioîttout ce que l'Ancien fournissoit
Mysteres n ayant rien de par
aux , y
jesusyChrist
la de il
que par grâce i
Sacrifice;
purifie les instrumens du
c'est à dire que les SS. de l'Ancienne
, Moyse & Elie servi- :

Loy , comme , |
ront de reproches aux Saints du Nou- j

Testameftt ; & la. sainteté des |


veau
luifs qui se convertiront sur la fin s

du monde nous fera rougir de hon- ]

, Soûdiacre soin
te. Et comme le a
de purifier le Calice ; auni serviront-
ils par leur ferveur & par leur zele
à purifier le reste des Chrestiens. Ils
se joindront à Elie qui a la fin du
,
monde servira de condamnation a la
tiedeur des Chrestiens : Il retournera
de la fournaise de l'amour & de la
contemplation ardente de trois ou
quatre mille années :
Il viendra sou-
tenir la Foy de Ietus-Christ , &. luy
rendra témoignage, appuyantainsi les
foiblesses des croyans diffipez en eux-
mesmes & distraits dans l'amour
acsordoDl1é des créatures; Et c'csc
v
pour cela metme que le Livre qui
cstoir du code de l'Evangile cst
,
rapporté avant la fin de la sain-
te Messe du costé des Propheties
& de l'Epistre , & que cela sc saic
par le Diacre » pour montrer que
devant la fin du monde » le Nou-
veau Testament ira porter la Foy par-
my les Iuifs & qu'il Ce fera de tous
,
les peuples un seul Christianismc &
une seule Relicioti.
C'cstauflï enfin le Soudiacre qui plie
le Corporal qui couvre le Calice avec
>
la palle & le voile & qui le reporte sur
,
la Credancc ; ce qui signifie que ce
feront les luifs qui viendront mettre
fin aux Mystercs, qui les fermeront
&qui achèveront ce grand tvfyaeredu
Corps de lesus-Christ, qui est l'Eglise,
dont ils seront comme les derniers
membres. C'est la totale Viâitnc&le
parfait Sacrifice qui s'accomplira & se
consommera avant la derniere bene-
diction de Jesus-Christ sur le Monde
au jour du lugement. Alors on verra
l'union de l'Ancien & du Nouveau
Testament representez parle Diacre &
leSoudiacre, attcndans sur la mesme
marche la bénédiction de Jesus-Christ
par la main du Prestre, qui sera répart-
due (ur les vrais adorateurscn esprit &
en verité, tels que l'ont esté les vrais
Chrestiensdans le NouveauTestamenr.
& les Patriarches & Prophètes dans
l'Ancien,qui ont esté remplis de l'Es-
«

prit de Iesus-Christ , & qui estoienc


plus de la Nouvelle Loy que de l'An.
cienne, comme un Moy se, un David,.
unlrayc,&c.
L I y RU N Er y 1H S M E.
DE CE QUI SUIT
LA COMMUNION,
ju[qu'à la fin
DELA
SAINTE MESSE.
CHAPITRE I.
De V Antienne, qui se nomme Com-
munion & des 0'''1;lIs
,
qui U suivent.

L Antienne ou le Verset qui suit la


cres-fainte Communion, & qui en
le les Oi ai so qui se
porte nom, avec ns
disent apres & que l'on nomme Pott.-
,
communion » signifient outre l'expli-
cation que nous avons déja donnée,les
pricres de TEgltfc qm.pnt [vivy M
mort de Ictus Christ , & qui se.
ront prescntées jusqu'à la fin des fie- f
cles : D'où vient qu'après cela onc.
finit la Messe & on dit haute- é
,
ment , lté , iJMiJpt est-, Allez , la);
Mésie est dice. 4
La fin du Sacrifice signifie la fin de
l'Eglise la fin de ses devoirs envers
>
Dieu. Tout ce qui s'est fait à la gloire r
de Dieu depuis le commencement du
,
monde jusqu'à la fin, est compris dans
ceSaaifice, Jesus-Christ qui s'cst offert
à Dieu, y est presenté en tous Ces mem- î
bres, & en tout son Mystere qui dit ]
#
,
le Christ entier lequel a commencé;
depuis les premiers jouis du monde,;
& continuera jusqu'au dernier. Ce qui*
l'
doit rendre admirable Au.guftc Sacti-
^ficede la Mettre où l'on voit presenter
,
à Dieu, une Hostieiï teriible, à scavoir
Jcfus-Chrif[, toutes Ces priercs & tous,
les mérites ; jestis-Christ avec rous les
'Fidelles avec ce grand corps si diffus &
si dilaté. :Un Jesus répandu dans les mé-
y

b^és qui sont sans nombré est la Vic-


,
time de nostte Autel Se ses membres
*,

•pleins dToraisons & démérites font pre-


senrez à Dieu enjesus-Chr 'ift
principale
*yi#imc y ce r *'&xprime par lçs
C-.rernatiiCS qui (c font en la Mciic » 06
par les choses qu'on y chante.
Ces Oraisons sont donc les prieres-
de l'Eglise presence , qui ne cessera
jusqu'à la fin de demander à Dieu se
,
besoins par lcsus-Christ ; comme fai-
soit autrefois la Synagogue , qui ne

quoy
r
cefibitdegemi & de prier. C'Cstpour-'
pendant les Oraisons du corn'"
& de la fin de la faihtcs
mencement
Meflc, & mesme pendant les Secretes,
le Prestre a toujours les mains ouvertes
Car ces mains ouvertes & élevées vers
:
le Ciel signifient que nous mendions:
,
les graces & les libéralités de Dieu , &
les attendons en confiance1
que nous
& ouverture de cœur.
Le Prestre neantmoins joint lesmainsr
&par quatre foisau temps de Oraison.
Prcmicrement , devant que de s'incli-
&
ner que de baiser l'Autel ; pour con-
fener en s'aneantiÍfant devant Dieu »
c'cst de luy residant 18 Autel,
que en
Nostre Seigneur & toute son Eglisir
que
puisent la grace de prier..
Secondement , le Prd1:r: joint les
rnainseftant tourné versle peuple,devac
de dire, Dominus vobife'ym. Et cela
que
signifie que l'Esprit qui nous est donné,
éc les qui sont répanduës dans
grâces
l'Eglise, sont tirées du sein de lesus-
Christ qui a tout puisé en son Pere, 8c ~

qui a tout receu de luy : Car c'est en


lesus-Chiist qu'habite la plénitude de
la Divinité émince de son Pere.
Troisiémcment on les joint en di-
à
funt Oremut ; pour montrer l'unité
,
qu'il faut avoir avec Iesus-Christ Nô-
tre Seigneur en nos prières, nous appro-
chans deluyenespdt, & nous addies-
fons en luy à Dieu le Pere.
En quatrième lieu ,1e Prestre joint les-
mains en concluant l'Oraison & pro-
férant ces paroles Per Dominum ndf-
,
tram , &c. in unitate Spiritus SanEli,.
pour témoigner que nous esperons l'ef.
fet de toutes nos prieres par les merites-
de Icsus-Christ ; que nostre confiance
est uniquement fondée en luy, comme
aussi en l'unité d'esprit que nous avons
avec luy ; & que nous fondonsla valeur
de nos prieres, en ce que le rnesmcEr-
prit qui prie en Ictus Chtist,dl celuy
qui prie en nous; & comme il mérite

que nous le
,
serons ,
d'estre exaucé nous avons confi1nce
aussi
Dieu, & nos prieres en luy.
nous offians à

Il faut remarquer aussi qu'on devroit


,
chanter les dernières Orai(ons du costc
de l'Evangile, parce qu'elles nous re-
presentenc les prières du Nouveau Tef-
tament , que le Sacrifice contient enco-
re pour les offrir à Dieu: mais dautant
qu on veut exprimer que le Nouveau
& l'Ancien Testament apres la Coin-
munion & après que lesus.Christ
,
a
consommé tout en luy ne sont plus
,
qu'un ; & mesme que l'Evangile à la
fin de l'Eglise retournera auXluifs,&
que là où aura commencé l'Eglise, cl le
nuira ; là où aura commence le Sacrifi-
ce, il finira. On les chantedu cosséde
l'Epistre, afin que où on a ouvert le
Livre là on le ferme, disant que les
Mysteres sont finis : Et mesmeon tour-
>

ne le Livre d'un autre sens à la fin, qu'il


n'efioit au commencement, & l'on tour-
ne le dos du Livre vers l'Autel ,où au
commencement l'on y tournoit le cossé
des feuillets ;pour témoigner qu'avant
le Sacrifice, les Mysteres n'cstolbcnr pas
encore ouverts, & que l{"sus. Christ pa.
roiflant les decouvrirolf : où au con-
traire à la fin après tout leMystere ex-
pliqué ,on ferme le Livre en tournant
le dos vers le milieu de l'Autel, & les
feuillets du costé du peuple,pour témoi-
gner que tout a esté expliqué & qu'il
,
n'y a plus rien à attendre. Et tout cela
se raie,après avoir dit 'Ter Dominum
>
nojtrwn &c. Zuiv;vit & régnât in uni-
,
tate Spintuf S an Eli Deus ; per omnia sfr
cula ftculorum : pour dire que lesus-
Christ cst ccluy qui a ouvert & fermé >

que c'est par luy que tout commence Se


que tour se conclud, qui est maintenant
régnant après la conclusîon de CesMyf-
tcres>, dans les fiedes des siecles.

CH.APlT.R. E 1 I.
De la Bénédiction que le Irefirc
donne alafa delafainte Mcjje
(p de V Evangile de an. le
L'Evangile de saint Iean, qui a eslé
composé le dernier de tous > pour
la preuve de la Divinité de Iefus-
Chril1:,& par la personne que Nostre
Seigneur avoit laissée au monde, pour
.continuer sa vie Divine & ressùsciréc,
se lit à la fin de la fainte Melfc, apres
que tous les Myrtes sont accomplis
& representez , & mesme après que la
Bénédiction a esté donnée aux peuples»
& qu'on les advertit que les Myste-
tont achevez Ite, Mijft est: A1-
tes :
lez , la Messe cst dite : Le Fils de
Dieu a achevé la Mission du Perc : il
est retourné d'où il estoit party par
le minii1crc; du Prestre , qui l'avoit
tiré du Ciel , & qui l'y a renvoyé,
fait à l'Autel un abregé & un
ayant
cours de la vie de J cf us-Christ. Apres
donc qu'on a donné rongé au peuple
de lesus-Christ au Ciel,
après ce retour
où il nous a porré en Espric avec luy,
b fin de sa Ciinte Midîon, le
ce qui est
Prestre lit le commencement de l'Evan-
gile de saint Jean, qui déclare l'occu-
pation que Nostre Seigneur doit avoir
toute l'Eternité avec ion Pere, qui ca:
de demeurer chez luy , & d'estre vivant
luy de sa menne vie comme il
avec ,
faisoit de toute éternité : In principio
erdt Verbiom,&Verbumerattp;id Dcum, to,tuit 10
et Deus erat ferbitmi Au commence-
n1cnt vc'cst à dire de toute ccernite,le
Verbe cftair,&' ce Verbe estoit chczDieu,
& leVerb.e cstoît Dieu. Ce rçiefme Verbe
qui s'tft fait chair sur la terre, & qui cst
retourné chez Dieu, estoit de tout téps,
il e ftoit devant le temps, il estoit dés l'c-
.
ternicé, il estoie des le commencement
le terme de la génération Divine: C'est
la merveille de la fécondité de Dieu, de
produire une personne semblable à soy,
un Verbe qui represente ce qu'il est.
Dés l'Eternité mesme il y avoit en
Dieu le Pere un Verbe, un caractère
,
une Figure, qui estoir plus que figure,
plus que caractère plus qu'image qui
,
repreientoit Jesus-Christ & sa Mere,
Jesus & les membres : C'efloit un Ca-
fad:ere fecond un Caradtereen Dieu,
,
qui estoir vie , qui estoit l'origine &
la source de Jesus-Christ & desesmem-
bres. Ce Caraétere est appelle Verbe
,
c'est à dire, Parole ; & c'est une Parole
signifiante&operantece qu'elle signifie :
C'est une Parole qui represente efficace-
meni , & qui direnergiquement & plei-
nement ce qui est de Jesus & dz-l'Eglise.
Elle est aussi nommée Idie, à catrse qu'-
elle est l'objet & le modele sur lequel
Dieu a tiré les choses & les a faites. Ce
,
Verbe, on cette Parole, est toute- puif-
fante,fclc>nisaint jean à cause qu'elle
,
est en Dieu 6c Dieu mesme Omnia
, -,

fer ipsttm fatt* funt, Tout a esté fait


par ce Verbe, en qui cst répanduë l'Es-
<ence Divine & qui cst identifié
, avec
elle. Ce Caradere est encore appelle
vie en Dieu, a caule qu il n est pas com-
me nos Caractères , qui sont morts 8c
steriles d'eux-mesmes. Ce Caractère
cft vie& vivant en luy-mcfme & cst
,
fecond pour operer les choses ; 6c c'est
pourquoy nous voyons que les malins
Esprits vrais singes de la vertu de
,
Dieu & de ses oeuvres font tous leurs
,
mauvais effets par la vertu des caraffce-
res, &en impriment en tous ceux qui sc
donnent à eux.
Or on lit cet Evangile si admirable 1
la fin desMysteres, & aprés la derniere
benediftion du Prestre pour laquelle
,
tous les peuples témoignent avoir si
grande dcvotion se prosternans avec
,
tant de pieté devant le Prestre ; & la-
quelle represente la derniere benedi&ion
que Jesus-Christ donnera a*j monde;
pour montrer que nous lirons à jamais
dans le Ciel ce Divin Evangile ,qui ne
sera autre chose que lemesme VerbeDi-
vinqui y est representé : Nous aurons
toujours ce Livre ouvert devant les
yeux , à sçavoir tous les Saints avec
Jesus-Christ quicomposeront ensem»
,
ble ce volume. Et ainsi nous voyons
que ce n'est pas sans raison , qu'on ne
lit point pour l'ordinaire cet Evangilç
de saint lean dans un Livre qui c!ferme ;
mais par un ordre secret de la Provi-
dence , ce saint Evangile a cité tiré du
Livre & rnis.à part du rcste des Evan-
,
giles ,où l'on parle de la vie voyagerc
de Jesus-Christ, envelopée encore sous
des Mysteres inconnus j & i) estexposé
dans une-carte sur l'Autel, à la place
mesme où l'on a leu le premier Evan-
gile pour montrer que cét Evangile
,
à
eternel succede l'Evangile passager de
la terre & que la fidélité aux Mys-
,
tercscachez, nous méritera la veuë de
j,.". I4*>.cét Evangile à découvert
-,
Maniftftabo
i. cimeipfism : Nous verronsà plein ]cfus-
Christ ce Verbe divin cette Parole
,
çternelle, cet Evangile adorable ; ÔC
,nous contemplerons toute l'Eternité
ses beautez admirables avec celles de
tous les Saints qui tous cnsemble
,
.avec Jesus-Christ feront <un volume
parfait qui toutefois tera couché sur
>
la simple fueiUc.dc J'E£fencc de Dicu
,.où l'on lira toute leur vie conforme à
:.celle de Jesus-Chrin: qui fera l'E-
,
vangile vivant l'Evangile accomply,
,
& exprimé sur leurs œuvres.
Le Prestre d'abord fait un figne de
Croix avec le poulcc sur le commencc-
" ment
ment de l'Evangile, ou sur lautel, puis
lut lcfronc , furses lévres & sur fou
Ce ,
cœur: qui signifie que nous devons
puiser en Dieu le Père aussi bien qu'eu
Nostie Seigneur qui estnôcrc,
Evangile
vivant, h vertu de le comprendre ,°de
l'aimer, & de le proferter. LaCagdrede
1 Evangile les
, & precepres qui y sonc
en(eignez, c crt une doéhillCplliCée dans
lerein mesmede Dieu & de la Saçcflc
Eternelle : & Nostre Seigneur
comme
nous, a receu sa doctrine de son Pcrc, 8c
par la fidélité a Ci Loy & à Ces Ordon-
nances , par la fiielitc à Ces Decrets & 1
lesconCeiIs Eternels il rentrées
Dieu. Le Fils de Dieu,s'est fait Homme
& s'dlaneanty parmy nous Et Ver- l'itt. f.
Ii.
vurncarofaftumcjl, & habitait in ,
no-
! !a aobey aux ordres de son I*rc ; &
aiuu il est retourné dans la gloire,
jouyr de la mesme clarté qu'il pofledeie pour
detoute éternité Clarifica
; me fil Pa- /0.':.
terapudternetipfum cUritate, .

quam ba- •
S
,
hut pr'tut quam mundui effet apud
j te :
C est pourquoy saint Iean dir viii-
, 'o..-.
mus gloria", ejus glorittrn <jnzjî unif, +
, 1

Viti a pâtre ; Nous avons


veu la gloi-
re & I.t beauTé de Jcfns-Clnift,
comme la B:smé du Fils unique de
Dieu, qui estle
partage pas avec un autre la
t
Verbe Diviu quine
Substance
du Pere, mais qui la possede tout en.
•Al plenitudo
Uni. t. ticre ; In ipsi inhabitat omnis
Divinitatis ; Car le Pere habite en son
Fils avec la plénitude de son Essence &
de sa clarté Il luy donne toute la Gloi-
;
1 Essence, & toutes les riches
re , toute
ses qu'il possede ; à le
saie heritier uni-
vU
Htbr.
verses de tout Ton bien. Quem Conflituit
1. a- b,tredert; univerfbrum ; Il le met en
jouyflance non feulement de tous ses
biens extérieurs, mais mesme de tous
/•4. 17. les intérieurs, omnia tua'runt,
10. funt Tous mes biens font à
tua mea ,
& biens sont à moy:
vous, tous vos
Tout en moy , vous
est & n'eues tien
qu'un seul avec moy.
C'efl»au Verbe & à la Parole qui pro-
duit tout, de tout commencer & devo-
rer en luy. C'csiàluy à à
retirer soyce
qu'il a pouffé hors de commencé de
Quod
produire & de rendre semblable à soy.
(aClULU
fit , iu Et apres nous avoir saic chair 6c nous
ipso vluA
avoir anéantis en nous tirant du fcin
cur# ,
784. 1. * du Pere, où nous estions vie, comme
i. Û 4 Us'dl: aneinty luy-mesme & s'dl: saic
*
,
chair en soctant de son Pere, 8c se retl-
J
dan;1140Hd il 14.0US icndsemblablcsà
<oy, qui cstccc Unique plein de grâce
& de véritépour nous fure entrer P!sa lm
la dignité de vrais enfans de Dieu ,& en ¡;r..tl':: 3c
. yen ad s.
pour faire en sorte que nous ne don- Io&..
nions poinc'. de confusion & de honte 1. 14.
auPère, qui ncj"ùs a engendrez. C'est
le Pere Eternel qui nous adoptez
a tous
pour ses enfans >&qui nous fait entrer
dans tous les droits du légitime Fils
j
il nous fait les heritfers universels de ses
biens & nous mettra jo.uytrai)ccdc
, en
tout ce qu'il efl:, & de tout ce qu'il
possede ; & assisi
nous ferons comme le
Fils unique du Pere, remplis de
gracc
& de gloire, & nous poflederonsle»
tresors de sa science & de sa fageaè.
ADDITION.
DE LA MESSE
DES
DEFFUNT S,
& des choses qu'on y obmet.

-cHAPlTR.E I.
v» commencement de là HeJJe
*
juf'lu &
i'Introït.
ONfunts, commence la
les
Mésie des
autres
Def-
Meslès.
comme
Apres avoir fait le figne de la
Croix ,on dit, Jntroib ad altère rDei,
f
Cette Antienne exprime lesdi politions
intérieures de l'Ame du DcfFunt dans
le Purgatoire, qui est le lieu où noftrc
infirmité nous fait dcsccndccordinaire^
ment après cetttc vie. Elle témoigne
par là son esperance, &dit qu'un jour
elle sera porte sur l'Autel du Ciel qui
est seiti de Dieu où les ames font
le ,
con-
sommées aprés avoir esté dépoüilJéc.
,
de la robe de son infirmité.
Il yavoit autrefois des Victimes qui
estoient dépouillées de leur Exod.
peau , & 19.
dont la chair cstoit brûlée hors l'encein- L. 4.
t#."Io

te du Temple : mais leur graille cstoit


toujours portée dans lefeu du Sacrifice,
pour cstte con!ommée comme Hostie
deloüange à la gloire de Dieu : Ainsi
i'amc dépouillée de son impureté & de
sesfuperfliîitez fera jcrtéedans le feu
,
Divin & portée sur l'Autel des Holo.
causses qui est Dicu avec
, , tout ce
qu'elle aura fait de bien ; & à les
intestins c"ca à dire, l'intérieure de
^
1
ame , & ce qui est de vivant en elle t..,.
par l'opération de l'Esprir , & toute 19 1).
*

cette graisle répanduë dans le vieil Ltv*, j,


Homme qui couvre les opérations, 3.et" 4.s.
,
seront mis au feu divin & jettez
, en
Dieu pour en faire un parfum Eternel
à sa Gloire.
Le feu des Holocaustes qui brûloit
lesinrdiins & la graisle, representoit le
feu d amour qui consorme les Saint*
Dieu Et le feu qui devoroit la chail
en 5

la
& peau hors l'enceinte de la ville de
Jerusalem figuroit le feu de la Justice
,
de Dieu, qui consomme hors du Para-
dis les impurctez de la chair dont on cf-
estre délivre. C'est dans cette espe-
pere
rance que FAme dit en elle-mesme,
Introibo Ad aîtareDci, Je seray trans-
ponéeunjour sur l'Autel de Dieu, &
je sortiray de l'estat mal-heureux où je
gcmis en ces cachots. 3 entreray dans la
de celuy qui m'aura purifiee des
joye
relVs du vieil Homme, tRz qui m aura
délivrée de la langueur où gemit le nou-
vel Homme en moy, S,4 à Dtum qui
lâtifieat juvextutew meam. Car autant
l'Ame est purifiée autant le nou-
que
vel Homme est mis en joye& liberté,
,

estanc delivré de ce fardeau qui l'acca-


bloit & thé de la prisoa où il estoit
enferme.,
On ne dit point le Pseaume IudicA me
Depu 6cc. à cause que les Ames des
Dctfuntscstans jugées, ne doivent point
,
demander leur Jugement a Dieu.
On dit, /tdjutoriurn noftrK1n in noni-
Domiti: Et paroles le Prestre
ne par ces
exprime une disposition de l 'Ame du
DtfFunt, comme estant le truchement
qui parle pour elle aussi oien que pour
toute l'EgliCe qui gemit : Mon aide &
mon secours cit en Dieu seul : Je n'es-
pere rien de luy que par Nostre Seigneur
zsus-Christ le Porteur de ma ptiere
,
& levray Interccflcur pourmoy auprès
de son Pere- Sa Charité aura égard à
mcy voyant son Fils qui a souffertpour
mes pechez , & se rclTouvenant des
douleurs qu'il a portées pour moy sur
la Croix.
En suire on ad/oûce,C«»/îwr,pour
exprimer 1] Confetti on des pauvres
A:ncs dans le Purguoire. Ellesycon-
f:(f:nt hautement leurs pech?z; elles ne
déguisent point leurs fautes ; elles Ics
advoiieiit&en oient n1:r,yàDieu in-
,cess'im-iicnt dans ce lieu de Penitence,
où elles Cltisf:ro:1t en rigu:ur de Justi-
ce:,ne i'ayjnr point fait en cette vie au-
tant qu'elles le pouvoient : Car ayant
offensé une pztsonne infiniment infi-
nie , elles ne peuvent à la vérité luy sa-
tisfaire entièrement : mais neantmoins
l'ayant elles-mesmes offrnsée elles
doivent elles-mcsm:s luy Catisfaire,& ,
porter les peines que mérite les pechez
qu'elles ont commis. Nostrc Seigneur
n'eu: point venu pour oster à Dieu les
droits qu'il pouvoit exiger de nous,ni
pour nous dispenser de ce en quoy. nous
pouvons luy fatisfiire: mais il est venu
feulement pour nous acquitter de ce
qui surpasse nos forces ;pour payer ce
que nous ne pouvons payer, & ce en
quoy lalustice Divine ne pouvoit estre
autrement [atisfaite. -Ainfi il nous laine
toûjours l'obligation de payer ce que
nous pouvons, & de Catisfaire autant
qu'il nous sera possible. C'est pourquoy
Dieu lePere ne nous a pas affranchis de
Ja morr, quoy que son Fils l'ait souf-
ferte pour nous: il nous a laissé l'obli-
gation de la soutfdr, & de luy satisfai-
-reence poinct, parce que nous le pou-
vons & le devons. Il a voulu souffrir la
mort en sa personne , qui effd'un mcri-
te & d'un prix infiny , pour payer à
.l'infiniré de Dieu ce que l'homme ne
:pouvoir luy offrir. Il a satisfait par des
.qualirez infinies telles que sont celles
t
d'un D :*eu ,aux qualitez & perforions
,jmmen(cs & infinies de Dieu qui a-
,
;voienr esté offensées par le péché de
l'homme.
Ainsi en Iesus-Christ nous trou-
.
le supplémentde ,
vons cequi nous sur*
.passè J & non pas l'injustice de dérober
a. Dieu ce que nous luy devons Se
ce que nous sommes obligez de luy ,
rendre autant que nous pouvons &
que
l'infinité de son Eflencc infiniment infi-
nic peut attendre de nous. Tout
ce
qu 'on peur , on le doit , 6c cependant

,
tout ce qu'on fair n'est ricn bors de Nô-
tre Seigneur & de sa grace u4djutorinm
noftrHm in nomine Dotnini
: Toute
nostre ayde est de Dieu
en vertu de
Noilrc Seigneur.
Jesus-Clirift ayant pu satisfaire à
Dieu par une larme l'a fait
, ne pas
a cause qu'il pouvoit davantage Se
la Iufliccdcson ,
que Pere pouvoir auti-à
rccevoit uneplus grande multirude &:
étendue -tle (atisf^ctions. C'est
cela qu 'il s cft offert Dieu pour
a en Cioix ,
afin d'y souifiir
en toute l'cfl,.-iiduë
de san pouvoir & mdine delà
, au
deses forces naturelles se kifant
Soutenir par son Pere ,
, pour endurée
davantage. C'cst pour cela
encore qu'-
il a diffère sa mort julqu'à l'âge de
trente-trois ans, quiestl'âgc de la vi.
gueur de homme ; afin de souffiircn
1

1 état
ou il le pouvoit le plus > & afin de
ne ai (Ter rien en 1uy qui ne fût employé
1

pour la fatisfA&ioudc la lustice Divine:


Par là il nous montre qu il ne faut rien
épargner de nos forces , pour rendre-à
Dieu tout ce que nous pouvons, & que
tout l'estre & toute la vigueur qui ont
esté employez pour l'offenser , doivent
estreaussi employez pour satisfaireàsa
lustice.
C'est pourquoy il n'a pas voulu souf-
frit un martyre partagé , comme ont
fait tous les Martyrs : Il n'a pas voulu
csi:rcdécapité, nycftreaccablé sous les
cailloux; mais il a voulu souffrir un
martyre un & supplice universel : Car
il n'a eu aucune partie qui n'ait este
rfd; pedis ad
le 16.
affligée, A planta ufyue vcrticem,
noneflin cofanitas-, pour nous appren-
dre que tous les membres qui ont peche:
doivent dire punis , afi-i que par où
l'homme a offensé Dieu, patlàmeCme
il soir chastié. Et cela nous montre la ri-
gueur de la luflice,&I'équ;té de la Peni-
tence que Dieu dcfii e & exige de nous.
Aussi voit-on que le Purgatoife.desti-
ne pour exiger la sarisfdâion qui est
deue à Dieu est composé de feu affli-
geanr ,
>
purifiant & crucifiant lame
,
cnticre,ne la: fiant rien en elle qui ne soit
Sap. vivement & cruellement affligé. Ptr
.1. JI. ,que peccat gHisplrb,c & tor^uewr : Par
oui amea offense, par cela mefmcc!!e
doit estre punie : Etcommeelleaoffen.
sépar toutes fespuiflances&facuhez,
elle ferapunieentour es. Ce feront les
fujers1 sur qui la1ulHceseraexeH;ée,
par-
ce quelles ont animé le corps & luy
donné ,
vie pour fcntir & goûter le
ont
pcche. Le corps de sa part
porte les
peines & Ics effets de la Indice
en roue
foy me rine en souffrant la
, mort & la
punition honteuse de sa corruption;
mais il cist inse:nGbIe a sapeiner il bif-
fe porter le sentiment à l'ame à cause
c'est ,
elle qui en cst le principe
que &
sans cHe le corps feroit ,
que une inaffc
pesanre& insensible au pcché.
Apres le Confiteor on dir, Déni, fil
,
conversus vi-t-ificabii nu. Mon Dicit
enfin vous vous tournerez vers >
, nous ,
& nous vivifierez par voflic sainte pre-
lencC". Vous jetterez sur
nous les yeux
devoflrc amour Ilde\'osire mifnÎcor...
de ; & nous ayant rcceus dins vostre
fein, vous nous donnerez une joye par-
fairc aprés nous avoir délivrez de la
,
peine.
Le Prcstreajoure, OJfcrJenobif D"
,
mine miferico,-di-im tuam en parlant de
,
la part deJ'Eglisc Milkamç, qui gemit
avec sa soeur l'Eglise Souffrante, quitfl
dans les tourmens de la Iullice. Mon-
trez-nous, s'il vous plaist , vostre mi-
sericorde ; Montrez-nous vostre face
pleine deChuité & de Bonté ; laiflez-
vous
nous
toucher
s'il vous
à nos
, miseres.
plaist. vostre
Donnez-
Salutaire
& la gloire du Ciel, donc vous lais-
>

sés l'clperancc en ce lieu de gemifle-


mens & de larmes. Et salutare tuum
da nobis. Ce qui fait difference entre
nous & les reprouvez est qu'estant
>
desefperczdeleur salut ils n'en ont ni
»
attente ni deur : mais nostre foulage-
ment, ô Dieu de Miscricorde ! est d'et-
pereren la bonté dont vous nous avez
acquis l'effet par vos souffrances.
Domine exaudi orationem meain. Sei-
gneur , écoutez nostre priere qui vient
du plus profond de nôtre cœur. Depro-
fendis clamavi ad te Domine : Do mine
txaiidi vocem tneam. Ouvrez l'oreille à
nôtre priere & à nôtre voix qui gemit
auprès de vous.
Dominus vobifcttm. Le Seigneur soît
avec vous. die le Prestre en parlantà
l'Eglise, afin qu'elle puisse prier pour
leur obtenir misericorde. Et l'Eglise ré-
pond i Et que le mesrac Esprit rem-
pli (Te vostrc coeur : Et cum Spiritu tuo r
afin de Coûpirer en luy par des gemifle-
mens inénarrables.
Aufert à nobis <fu<efamus, Domine,
,
tniquitatesnoftras ; ut ed fanfla fantto-
rum puris mereamur rncntibus introire. Le
Prcstre die cette pcicre nonsculemcntenr
son nom nuis encore de la part du De-
,
funt détenu à la porte du Cicl,oùriende
fouillé ne peut entrer. Il demande que
les rcstcs de ses péchez 1uy soient oiîcz
par la bonté de Dieu & par le feu de sa
,
luftice: Il {oûp"trc dans le Purgatoire
la
apres puretc, comme aprcs un moyen
trcs-efficace au défaut de celuy de l'a-
mour , par lequel dans la terre il avoir
pu se nettoyer, pour se tirer de l'im-
pureté dont ses mains sont souillées. Il
fçaitque Dieueft Saint; quecequiest
Saint sélon 1.1 Loy figure & ombre ob-
fcurcdesLoixdu Paradis,ne doit point
>

approcher de l'impur & qu'ainli nôtre


Dieu ne peut eac: approché des chofcs
impures. Sdné1i eftotc quoniamego fan-

,
Elusfum ; Soyez Saints àcause que je suis
Saint:Mes Prestres Mes Enfans,qui
devez vous unir àmoy intimement,
souvenez- vous qu'il faut estre Saint ; à
<uuse qu'estant Saint comme je fuis
je ne puis approcher des choses impures,
je ne puis louffrirauprésde moy quece
quiet! pur & très saint : C'est ma con-
dition qui le porte, & je ne le puis au,
t,
tremen
Autrefois le Grand Prestre pour en-
trer dans le S.1int des Saints, figuredu
Paradis, estoit un temps notable [eparé
du commerce de sa femme de ses en-
,
sans, 5c du reste des hommes, faisant
penitence, gemiffatit & pleurant, pour
se purifier avant que d'entrer dans le
Saint des Saints. Il exprimoit par là
les dispositions des Prestres & des ames
Fidèles dont il portoit l'esprit & le
,
cœur itifl'j-bienqL..ic les noms dans son
Rational & sa poirrine. Et maintenant
le Prestre fait allusion à cette ancienne
coustume, lors qu'il dit rette Oraison:
Vt ad fanffîa fanhorurn puris mereamnr
mentibitt introire. Nous vous prions
Seigneur,de nous oster toute la foiiil- ,
leure de nos péchez -, afin que nos esprirs
estans bien purifiez nous méritions
,
d'entrer dans le Saint desSaints.
Apres il ad joute : Oramus te, domi-
ne , per mérita fitnftoru m tuontrn, quorum
reliqnid hic sunt, & omnium fanSiotum,
nt indulgcrc dignerû ornnia peccata meai.,
Par cette prière > il demande à Dieu
l'asTociationde ces Ames avec les Bien-
heureux, dont les reliques reposent sur
l'Autel. Et il les biiie de la part de ces
pauvres ames qui gemissent en Purga-
toire \ pour montrer comme elles soû-
pirent après l'union des Bien heureux
leurs freres. C'estoit le (entiment des
ames qui gemissoient autrefois devant
la Mort de lefus-Christ , & qui de-
mandoient d'estre tirées de leurs ca-
chots pour reposer en Dieu le vray
,
Autel, le vray Temple de (on Fils, l'u-
nique & le véritable Saint des Saints,ou
les ames ne sont entrées qu'avec lesus-
Christ & n'ont pti estreVi4limes d'a-
,
mour confommécs en Dieu qu avec
,
luy qui cftla première Vi&'me,consom«
mée & retiréeen Dieu. C'elt luy quieft
le premier né des vivans, à cause qu 'il

est le premier qui est reŒuscité 1 pour


vie nouvelle, différente de
mener une
celle où nous étions réduits par le pe-
ché, qui estoit une viede mort, vie mal-
heureuse, vie de misere & d'affiiûion,
vie pleine de péché & d'abomination.
Et c'est avec cette vie nouvelle qu'il ^

cst entré au Ciel, ,& qu'il a esté declaré


Pontife telon l'ordre de Mekhifedcdi »
montant dans la gloire comme nossre
Exemplaire : Ce qui nous montre
quelle pureté nous devrions avoir pour
y pouvoir aspirer. Car il faut que sOR
Corps, &son AmeroienttOUt confom.
mezen Dieu pour pénétrer les Cieux.
Et par consequent, si nous y aspirons, Il
fajit que nous soyons consommez entie-
rement en nos impuretez ; il faut que
nous passions par le glaive de feu , que
rAnge tenoitautrefois à la porte du Pa-
radis ; ,'dl:àdire, par la vertu du feu
,
Divin que sa Justice allumera sur nous,
pour nous purifier de la vie d-Ada-m , &
du peché dont il nousavoit inféré.

CHAPITRE II,
Dela MeJ/e four les Dcffunts , de-
puisFlmroïtjufques 4 lafn.
L'Introït de la Mefïe pour les Def-
funes, commence toûjoursp.u
ces
paroles ; Requiem aternam denaeis DIJ-
minc & lux perpétua htccat eis Mon
, :
Seigneur & mon Dieu donnez-leur
> un
repos éternel , & la jouyfTance parfaire
Je vostrç dutnicrc faisant Jucccdcr
,
le repos du Paradis aux douleurs du
Purgatoire , & la lumière du Ciel
aux tenebres des prisons où le feu les
environne les afflige, les tourmente, Se
,
Its penctrc de toutes parts.
Le Prestre en commençant l'Introït,
fait teignede la Croix lur le Livre, ÔC
non pas sur foy \ pour exprimer comme
il se prive & fcdépoüillc volontiers de
îa bcncd!d'!on qu'il demande pour la
,
donner à l'ame qui gemir dans la peine.
Il luy rrallsil1cr la consolation & le re-
pos qu'il en pourroit attendre. Et le
Mi (Tel figure le Livre Eternel où les
Amcs du Purgatoire sont ccrires, à cau-
se qu'elles sont du nombre des Elus.
Dj à vient que le Prcstrc fait ce signe
1

sur le Livre, & non pas sur l'Autel où


,
elles ne sont encore qu'en cfc.-iz & en 'Qiorum
, norniia
vertu du Livre de Vie , où leurs noms ferip:*
font écrits de tonte eternité. fun: ia
Lib!n
Pour cctre me(meraison, on ne dir vitx.
point, (jloria'tn excelsis. On dit bien , A p tu
,3. t.
Kyrie elt)'fôn,qui cst le chat desPcnircns,
& qui fair voir les trois Eglises en peni-
retice; celle du Purçntoi:e ,dc la Terre,
& du Ciel qui routes trois en-
,
femb'e presentent à Dieu leurs soûpirs
3e leurs larmes. Elles demandent
pardon par neuf fois à la tres-fainte
à
Trinité, cauleque chaque Eglise, ou
plustost chaque partie de i'Eglise tota-
le cst obligée d'avoir recours aux trois
,
Personnes Adorables,qui toutes trois
ne font qu'un Dieu : Et comme chaque
partie de I'Eglise demande trois fois
pardon à la trcs-sainte Trinité en s'ad-
,
drcffint aux trois Personnes l'une apres
l'autre, de là vient qu'on repete neuf
fois cette prière.
L'Eglifc du Purgatoire commence,
& dit par trois fois en s'addrcfTant aux
trois Personnes, K y ;-ie ekifîn. Seigncur,
qui regnez maintenant sur nous par
vostresalnte Tu(1ice ,ayez pitié de nous.
En suite l'Eglise de la Terre dit par
trois fois pour celle du Purgatoire , à
qui elle desirel'Ona¡Ol1 de la rni[ericor.
de du Ciel & de la terre, Chrifle eltyfon.
Cbrifle signifie Poinct & la source de
l'On&ion. L'EglUe de la Terre s'ointt
del'Onaion de Jesus-Christ au milieu
du libertinage de sesenfans, qui ne font
pas sournis en laTerre comme les Saints
le sont au Ciel ni comme les Dcffunts
>
le sont en Purgatoire. C'est pourquoy
elle dit ; jûdventat regnum t tuHm fiat
voluntas tua, fient in Calo & in terra :
Que vostrc Royaume &C Domination
foitaufli absolue en terre, comme elle
Tcstdans le Ciel. Et lors qu'elle dit,
Christsel(Jftn,elle desire de rendre par-
ticipante de sa fainte On8:ion celle du
Purgatoire, & de temperer la violence
de ses tourmens, luy faisant part au mi-
lieu de ses plus grandes amertumes, des
miscricordcs dont on jouit sut la terre
avec tant d'abondance.
Enfin le Ciel & tous les Anges, sur
,
qui Nostre Seigneur domine & regne
parfairemcnc * adjoûtent par trois tois
Kyrie clcyfati, vray &: adorable Seigneur,
Roy, & Dominant, ayez pi tié des ames
qui geminent ences lieuxde leur Pur-
gation : leurs fautes sort les nostres
»
e(tansnos freresen vous. Ayez donc pi-
tié de nous.
Avant l'Evangile on dit Munda cor
-
& labia mea omnipotens Deta,
meum »
qui loibiA IfayA "Profhctét calcule munda-
,
pi ignito &c. Lors qu on dit cette prie-
la dit de-
re pour les vivans, on pour
mander à Dieu qu'il luy plaise nous
purifier par le feu de son Amour, com-
il autressois purifié lfaye & les
me a
Prophètes du Nouveau Testament ,
qui font les Apostres, au jour de
tous
Penrccostc par le seu du Saint E£pii©
,

,
purifiant leurs cœurs & leurs bouches.
Mais lorsqu'on dit cette Oraison pour
les Ddfùnéts on demande qu'ils soient
purifiez par le feu du Purgatoire,&
«

Par le feu de' la lust*ICCI puisqu'ils ne


l'ont pas esté pleinement par le feu de
l'amour, dont ilsdevoient avoir mieux
usé pendant qu'ils estoient sur la terre.
On ne baise point le Livre à la fin
de l'Evangife pour deu-x- raisons. Pre-
mièrement parcequeles Ames du Pur-
,
gatoire sont mortes dans le lignedela
Foy; elles n'ont plus besoin de pro-
delcur croyance,elles enonI[uffi...
s*l.,nment. fait la profeflion- A cause
decela mc(me on ne dit point le Credo"
qui est l'expresnon de la croyance publi-
que, que l'on a aux Mysi:eresdenosirc
Foy qui ne suffit pas au salutsil'on
>
n'y joint les œuvres. Ce qu'on t'x-
prime par le baiser du Livre de l'E-
vangile > par lequel on fait profes..
sion que l'on veut acquiescer para-
mour à tout ce qu'on a leu, & qu'on
veut amoureusement le pratiquer :
Et comme les Ames du Purgatoire
ne l'ont pas fait entierement on ne
,
baise pas le Livre des Evangiles aux
Mettes pour les Dcffan4ts ; Car si ces
pauvres Ames avoient parfaitement
acquiesce à tout, elles ne seroienr pas
feparécsdu baiser amoureux que Dieu.
quicst ce grand volume, qui contient
lesus-Chrill & ses Saints, donne dans
le Ciel à tous les Bien-heureux. C'est
pourquoy dans la Mené pour les vi-
vans, Jesus-Christ, quoyqu'en gloi-
re, représente par le Prêtre qui cilau
haut de l'Autel dans le temps que le
Diacre chante l'Evangile , ne laisse pas
de bisser le Livre des Evangiles, pour
témoigner qu'il cst dans le baiser du
Pere pour avoir pratiqué l'Evangile.
Et quoy que le Prestrc n'ayc pas fait
le ligne de la Croix sur le Livre de
l'Evangile quand le Diacre a com-
mence de le chanter, il ne laitre pas
de se signer Iuy-mesme ; pour dire
que n'estant plus voyageur ,
l'On-
âion & la Venu qu'il tire de son
,
Pere n'cil: plus pour accomplir Ces
confcils Se son Divin Evangile , mais
qu'elle est maintenant pour le rem-
plir tout de Ion Pere , & pour le
couvrir tout de sa vertu dans l'estat
de sa gloire qui luy a csté acquiCe
, Evangile,
pat la pratique du mcf.nc
en esprit
tout
,
qu'il baise après qu'on l'a chanté; estant
abîmé
en intelligence,
dans la gloire
& en vertu ,1
qu'il en a ÙM
rée & il en fait encore profession dansl
,
le Ciel.
x
Le Presir?au Méfiés pour les vivans,
benit l'eau avant que de la vet ser dans ld
Calice, parce qu'elle signifie les peuple»
qui doivent estre unis au Sacrifice ; mais
aux Méfiés pour les Défun&s, il ne la.
benit point parce que les DefFundU
,
estans dans la Pcnitence & éloignés
,
des Saints Mysteresdu Paradis , ils ne
font point renfermez dans le Calice
qu'on offre à Dieu , pour y mettre par
laconsecration , son Filsen un estat de
gloire & pour y tenfermer avec luy
, Eglise qui est
toute la sainteté de son
,
le grand lv1yOrredu Ciel, où rien d im-
pur n'aborde. Tout ce qui est souille est
banny du Royaume Celestc , jusqu"è
cequ'il foit purifié.
A l'Agnus Dei, on ne dit point Mi..
fcrerenohis; parce qu'on doit plûtoftof'
frir des Sacrifices & des Satisfactions à
Dieu j pour luy payer jusqu'au dernier
denier , que de demander miséricorde
pour ceux sur qui il delire exercer sa
Iüilicc. Le principal lieu de la miferi-
cordeest la terre, & les sujets de cette
clemence sont les hommes vivans au
monde dans la misere dela chair ; mais
les autres qui en sont délivrez, font plû.
tost les sujets de la lustice de Dieu, que
de sa Misericorde.
On dit, Donaeis requiem, au lieu de
%Jftiifererenobis. F ai ccs,Se!gneur,le don
du repos Eternel aux Ames du Purga-
toire , qui gemiiïent dans la peine &
dans la tribulation : Faites-le ayant
égard à vostre Sacrifice par lequel vous
avez satisfait en rigueur à la lustice de
vostrePere: Acceptez par vostre bonté
vôtre mêmcIusi:ice; ôtre lib'raliccfauë
ce don à ces pauvres affligez; Remettez-
leur cette dette, & la prenez sur le paye.
ment que vous en avez fait vous-
mesme : Donnez-leur donc la paix
qu'ils defirenta voir avec vous dans le
,
Ciel.
On ne dit point l'Oraison Vomirtt
yui dixifli, &c. à caufc qu'on demande
a Dieu par cette priere la réunion de
,
l'Eglise dela terre à laquelle il donne
, s'étend à l'E-
sa paix. Or cela ne pas
glise du Purgatoire : Car quoy que
Dieu la tienne dans la separation dela
gloire oc dans les larmes, clic ne peut
estre neantmoins separee de l'union
amoureuse de JcCus-Chrilt. 1j
Que si on ne donne point le Baiscr !
de Paix c'dl: que ces âmes pour qui f
,
nous parlons , ne sont pas encore dans h
la reunion derniere & consomméc i
dans le Ciel avec
,
Jesus-Christ & |
l'Eglise du Ciel. ]
A la fin de la Messe, on ne dit point, \
lté t^fijTa cft i c'est à dire allez la
,
Méfie est dite ; parce que les DcfFunts,
ne sont point cen(ex là presens, & qu'ils
n'ont point besoin d'estre envoyez à
d'aurresemplois. On ne dit point aussi
.,
Tentdicamus Domino continuons à be-
,
nit Nostre Seigneur ; parce queles Ames
au milieu de leurs tourmcns & gcmis-
semens, ne sont pas encore dans le der-
nier cstat de la loüange eternelle ; mais
on dit, Requiefctm inpace, leur desirant
un repos Eternel, afin que dans la paix
de leur coeur, ils puissent bénir & glo-
fier Dieu à jamais dans le Ciel.
Enfin on ne donne point la Bene-
diction à la fin de la Mesle pour dire
>

que ces pauvres Ames n'ont point en-


corcreceula dcrnicre grâce signifiéepar
SCatU
a-j. 31- ces paroles. Venite benedifti Patris mei
Fercipite Rtgnum & Nolhc Seigneur
,
ne

>
ne leur a point donné encore la dernière
,
a
bcnediâion qui connue les mettre
en jo*ùllfaticc de son Royaume Eternel.
On lit neantmoins 1 Evangile de saine
Jean qui comprend abregé le
, en
bon-heur qu'ellespoflederont
tout
un jour,
parce que c'est le terme où elles alpi.
renc, où elles auront la veuëdu Veibe
en Dieu , & où elles feront transfor-
mées & confommcesen luy, qui est l'u-
nique du Pere remply de grâce & de
vérité,âpres qu'elles auront esté entiè-
cement purgées, Sc qu'elles auront
payé par leurs peines & tourmens,ou
par les suffrages de l'Eglise toutee
qu'elles doivent de feste à la Iustice
>

Divine.

r 1 n.
EXPLICATION
DU GLORIA IN EXCELSIS
CANTIQUE DES ANGES4
A la Naissance de Nostre Sei-
gneur Jesus-Chriit.

N dit (jloriain excelsis Deo.


t in terra pax hominibus bo-
rutvrittntatis. Pour marquer
la fin de la deseentedu Verbe
sur la T erre par l'Incarnation. Car il y
descend pour deux raisons.La première,
est poar honorer Dieu en toutes (es
Grandeurs: Et la feconde, pour rache-
ter les Hommes. La premiere., est ex-
primée par ces paroles ; Gloria in excelsis
JDeo : Et la seconde par cellcs-cy, Et in
terra pAX hc mini bu s
bonA voluntatis.
O n dir en suite ; Laitdamus te.-Benedici-
rnmte. Adoramus te.Glorificainus te:pour
fc joindre auJe intentions des Anges, ÔC
suivre leur esprit. Ce qui est côrbr'
pour
ilie à l'Ecriture Saune, qui nous marque
trois sortes d adtes principaux de nostre
Religion envers Dieu ; Donc le premier
cst la Louange, le second laBenedidlion,
le troisiesme la Glorification
ou Adora-
tion sélon Daniel parlant des trois En-
,
sans, qui dans la fournaise, loiioienr,
benifloient, & glorifioient Dieu d'une
mesme bouche: Pno
ore laudabanttbe-
ncdiccbant, & gtorificabant Deum Et
\
qui nous representoient l'Eglise con-
somméeen l'amour de Jesus-Christ.
L'Eglise adjoûte: Gratias agironstibi
fropter magnum gloriam tuam \ Suivant
toujours l intention des Anges, qui
rcconnoifïàns qu'ils ne sont point
capa-
bles de glorifier Dieu
en toutes scs
Grandeurs & en tous ses My stcics le
rcjouisTentde voir naisire sus-Christ ,
comme lesuptemcnt de leuis louanges, ,
desquelles ilsn estoient pas plainemenc
satisfaits jusqu'à sa
,
venue, qui cstant la
splendeur de la gloire de son Pere est.
aussi par consequent sa parfaite louange.
Nous avons une figure visible de
ce
fentimenr des Anges dans l Ancienne
Loy, quesaint Paul dit avoir este don-
née par leurs mains. C'est qu'il y avoit
desAngesautour de l'Arche, dont 1er
uns, se regardans les uns les autres
,
estoient tournez vers la porte , &
d'autres (lui voiloient l'Arche de leurs
ailles pour témoigner qu'ils sc repo-
,
'foienr lui Jesus Christ des sublimes
,
devons maire la grandeur de
D eu , ju'ilsnc pouyoient louer digne-
ment citons cux-mcsmcs éblouis par ;

l'êchi a: sa splendeur. j

Les A¡)gc:s qui regardoient vers la


por- •

te,fignifioient qu estoient appliquez


fpecialtment à louer ieu dans lesCrea-
L

tutes : Et ceux qui se regardoient les


uns les autres, (ignifioient que leur
employ particulier estoit de le louer
,
dans l'ouvrage de la nature Angelique:
Mais que pour ce qui efloir de Dieu en
luy-mesmc, ils ne le connoissoient pas
dans toute Teflcnduë de ses PerfeCtions.
De là vient que l'Arche estoit dansl'ob-
seutité, dans un lieu où il n'y avôic
point defenêtres : Ct qui nous marque
que la parfaire Se enticre connoissance
de Dieu estoit reservee à Jesus-Christ,
qui seu habite dans la sublimité des
>
1

Divines Lumieres: ego in altiffimisha-


blto.
Nous voyons par là pourquoy l'E-
glise remercie Dieu de ce qu'il luy a
..donné Jesus-Christ pour eftresaglori-
fication ; & pourquoy elle l'en remercie
apres avoir elle- mcfmc glorifié Dieu du
a
mieux qu'elle peu.
Or comme l'Eglise de la Terre, est
d'accord avec l'Eglise du Ciel & avec le
monde Angélique 8c qu'ellesavoiïenc
,
l'une & l'autre qu'elles ne font pas ca-
pables deloiicr ,
Dieu Se qu'il n'y a que
Jesus-Christ ; on joue, des Of£U S pen-
dant le Gloria in Excelsîs pour dire
,
quel Eglisedu Ciel representée par les
mefmcs Orgues, & celles de la Terre
fonr unies dans la louange de Dieu. Au
Credoles Orgues
ne jouent point , par-
ce qu 'il n'y a point deFoy au Ciel,ma!s
feiilcmenr sur la Terre.
En suisse l'Eglise s'adresse à Jcfus-
,
Christ: comme à son Médiateur de Re.
demption & de Religion. Elle l'appelle
son Dieu, Roy du Ciel, &rl'Ag
ncau de
sa Rédemption qui
porte ses pechez.
C^uelquesfois elle s'adresse au Pcrc, Se
luy presente Jcsus.Ch, ¡ll ranroO: com-
me (on Fils, tantost comme sa Victime,
tantost comme Totit-puisfitit. Et-.fin
elle prie Nostre Seigneur de recevoir- , •

sa prière, & l'en conjure


par trois rai-
sons principales marquées
, en ces pa-
roles : Quoniam tu foilil Sanftus i TIIfi-"
lui Dominru ; Tu foins j4ltijjirntu fefù
Chrifle : Vous seul estes Saint ; vous
seul estesSeigneur ; vous feuicstesTres-
haut ; paroles qui font allez difficiles à
comprendre dans leur suire.
Sanfti PremieremcntJ'Eglifcditàlesus Chr.
cstotî qu'il seul
uoniam est Saint ; Et elle veut dire par
ego ba- là, que puis que Dieu luy commande
ttus fum d'estre Sainte
Lt vit. pour converser avec luy ,
JI- 4+. elle le prie comme Saint des Saints, de
se charger de sa prière, parce qu'il est
égal en Sainteté à son Pere.
Secondement:.elle l'appelle seul Sei-
Data gneur; Pour luy dire qu'il n'en. pas
efl inihi c*kllel"n(,tlt noUte Advocat, mais qu'il
o:1\ols
potesUs est au{Ti nostre Seigneur, Se que luy
incocîo scul peut prier & donner par la puis-
& iii ter-
f.}IH c de Dieu son Pere.
r.t.
)..".,,1,. TiOiliémcmenc, elle adjoûteivous
ar. 1j. seus c-stcs Tres'-haut; pour donnera
entendre q_tc Jesus Christ seul est ca-
.
pable à: loii, Dieu en la sublimité de
.
Ion est ;iy seul leconnoid'ant dans la
,
haureu. d. sa Majestés & que comme la
glorification suit la connoifl'mce, il n'y
q
aaussi leluy qui le glorifie dans toute
lVttcndue de sa grandeur. Tu solus Al-
lilfirnus lefu Christe. Cum SanftoSymtH
ingloria Dei Patris. %/irntn.
TABLE ,
[ DESCH CHAPITRES.
1 .
PRcface. '
LIVRE PREMIER.
D.= la Préparation du Prestre au
-
saint
3 S.1crifi,c de la Mdïc.
Chapitre 1. Ce que representent le Prc-
ftrc le Diacre & le Soudiacre en ce
>
Sacrifice. 1
Chap. II. DesOrnemensdu Prestre. II
Chap. lll. De l'd(femblée des Officiers
daus la Sacristie, d* de leur fortic. 1 0
Chap. IV. D: Vêtu Renifle. 26
Chap. V. *Z)<? la Procession. 31
LIVRE. II.
Du commencement de la Grand'-
1v1dfeau bas de l'Autel.
Chip. I. Du revestement delaChasuble
au pied de ( Autel. 53
.
Chap. 11. Delà 7\!v,renceOIlGenufle-
xion. $$
• Chap. III. Du Siçttâ de la Croix. j7
*Chup. IV. Suite du mefine fuiet du
Signe de la Croix. 73
^ .
Chap. V. De l'antienne Introibo.
Chap. V I 'Du l'fitlme Judica.
93
Chap. VII. Continuation du merme
ffalme Judica. ,
1°4 1

Chap. VIII. Du Confiteor. m ]


Chap. 1X. De la momie du Treftre "4'
l ^4utel, il®
' LIVRE III.
Du commencement de la grand'.
MdIeàl'Autel jusqu'aux Oraitons.
Chap. I. Des F.ncenfemens. 11.1
Chap. 11. De Office du Thuriféraire '
du '])¡.cre, & du Prestre quant ,
, aux
Encenfemens. 14 ;
Chap. Ill; De /'Introïc. 156
Chap. IV. Du Kyrie. 165
Chap V. Du Gloria in excelsis. 171
LIVRE IV.
Des O raisoiis.
ChJp. I. Dr s paroles & cerlmonies qui
precede rt l' Or-iijron. 176
Chap. 11. Du mot O rem us. 180
-

Chap. 111. Du corps des O raison s. i 8.a.


Chap. 1 V. De la concl;tjîon des orai-
fins. 1S4
LIVRE V.
Del'Eeistre, de l'EvangUe Se autres •
,
choses jusqu'à l'Offertoire#
Chap. I. De l Epiftrc. 12,
Chip. II. De l'Evangile que le Preflrt
lit au cossi droit de /' Autel. 6
Chap. III. Desceremoniesque le Dia-
1

crefait 4 l' Autel, pour se preparer à


chanter l"Evangile. lot
Chip. IV. De l'Evangile chante' parle
CD;,.c,.t. 209
Chap. V. Du Credo,. 219
LIVRE V t.
Du Painbeny , & de ce qui Cuit
jusqu'au Canon.
Chap. 1. Du Pairrbeny. 114
Chap. 11. De l'Offertoire. 119
Chap. 111. 7Je la Patene que le Seù-
diacre tient fout le voile pendant une
grande partie de la \&tesse. ,
148
Chap. IV. Des Encenfemens que l'on
fait sur leschoses offertes. 25 6
Chap. V. Du Lavabo de /'Oratc
fratres & ds Sécrétés. ,
, Z66
Chap. V I. De la Préfacé. 170
Chap. VII. Du San&us. 180
LIVRE VIT.
Du Canon de la (a!nre Messe }uf-
qu'à l Oraison Dominicale.,
Chap. I. Des Ors1ifonf & Cérémonies
du Canon qui précédent la Confiera-
tion. 184
Chap. II. Dsla Consecration. 197
Chap. III. De l Oraison qui commen-1
ce Unde & memorcs. 30<fl
Chap. 1 V. De la fin de cette mefmç
Oraison depuis ces paroles Panem
, ,
fanétum &c.
, 31^
Ghap. V. De 1 Oraison Supra qu
, 3rt
propicio , &c.
Chap. VI. De Oratfon Supplices Jl+,
,
te rogamus , &c.
Chap. VII. Du Mémento qui e/fr
la Consecration. ,
apres
LIVRE VIII. 1^4,
De 1 Oraison
Dominicale

Communjon.
t ', &
autres chofcs jusqu'aprcs la
Ghap.I. D l'Oraisln Dominicale.
Chap II. DuBaiser de Taix.
des

Ch. III. 7Je la fainte Communion. 362


Chap 1 V; Du service 377
que le Soudiacre
rend au Prtftre sur la fin de la fainte

L1VRE 1X. 394


De ce qui suit la Communion jus-
,
qu'à 1.1 fin delà sa fainre Méfie.
Chip. 1. De l'Antienne qui se
, nomme
Communion & des Oraisons qui la
suivent. ,
399
G:hap. II. Dela
à BenediSlion que le Pre-
firedonne la fin de la fainte Mffsi,
de l'Evangile defuint lean. 404
Addition de la MdJ! des Donnes
& des choses qu'on y obmer. ,
Chap. I. Du commencement de la Mt/s:,
jusqu"à /'Introïc. 412,
Chap. II. De la Melfe pour les Def-
fiunts depuis /'Introïc, ,juflJu'. la fin.
,

Fui de la Table.

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