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de la grand'messe de
paroisse selon l'usage romain
par M. Olier,...
A PARIS. ?
Chez J A c QJI ES LANGLOT
meur ordinaire ,
Impri-
du Roy, ruë S.Jacques,
S
àl'Image Saint Vincent.
, M. DC. L XXX-VII. "
•Avec tÂpprtlb¡¡,iflJls gr Primitif d^S.-. Irai Jli.
,
PREFACE
1E u est par tout le mef-
me) & la Sagesse se ma-
nifesle en tout ce qu'il
opere dans sa Religion. Ce n'est
pas sans sujet qu'il a ordonné les
Cerenionies (oit de sa propre
,
bouche en parlant à Moyse, soie
par rinstitution de ses Apôtres
en la diredion de son Esprit,
dans l'Eglise Catholique, Apoi-
tolique & Romaine : Car le
moyen qu'un Prestre appelle à
un Ministere si Augulte, n'ac-
compagne ses actions de reve-
rence & de réspe£t ? or il n'en
peut témoigner à l'exterieur que
par les Ceremonies. Le Prestre
a. beioin de Cérémonies
pour
luy & pour le peuple. Pour luy i
en deux façons : ou pour
Ce pre-1
parer aux a&ions myllerleuses j
Pierre de Rome.
Ce qui nous apprend que Dieu
veuteitreservy & honoré dans
ces lieux j c'elt pourquoy on y
voit les affluences des peuples
& le concours des nations entiè-
res 3
qui possedées du meime es-
prit, sont puissamment attirées
à celuy qui les appelle interieu-
rement, sansprefque scavoir ni
connoiltre ce qui les attire. i il
n'ya que la persuasion intérieure
d'un Dieu qui veut estre adoré
>
qui ayant un domaine entier sur
leurs personnes les réunit en-
,
semble & les attire 5 te at ainsi
que noltre anle peut attirer &
joindre les deux mains ensemble
par son ieul mouvement & sa
feule raison, sans que les mains
lelâchent,le conseilen estanr
réserve à l'ame seule qui les
,
conduit & qui les pousse.
En ces lieux, la veneration de
Dieu s'imprime sans travail, la
devotion s'excite sans persua-
lion, & l'amour s'enflamme sans
effort d'esprit&sans meditation:
c'est un Dieu operant par luy-
mesme qui cause ces effets &
,
qui se fait honorer comme il luy
plaist, &où il veut : C'est ainsi
qu'il veut estre honoré par le
Minière des Saints dansleiqnels
il habite & par lesquels il se
,
rend sensible & palpable,. Il
pourroit faire par luy seul ce
qu'il fait par les Saints : de mef-
me que dans le monde sensible il
pourroit influer sur la terre par
son opération, sans se servir du
ministere des aH:res&des Cieux;
mais l'harmonie du monde de-
mande qu'il s'en serve Ôcsasa-
,
gesse l'ordonne de la sorce.
Ainsi dans la conduite de 1E-
glise, Dieu par luy-mesme pour-
roit sandifier les creatures 5 il se
sert neantmoins des Saints &
,
mesme des Sacremens, pour le
faire par eux & en eux : qu'y
peut-on trouver à redire ? Que
peut-on adjoÚterau conseil &à,
iaSageslede Dieu ? C'elt pour
cela qu'il veut qu'on se mette à
genouil devant euæ
, comme
estans des vaisseaux remplis de
laDivinité,
Dieu est adorable par tout où
il se trouve, & il doit eitreadoré
dans les Saints , comme en luy-
mesme. Pourquoy donc ver-
le
,
portrait & la figure
rons-nous
d'un Saint, devant laquelle nous
ne nous prosternions puis qu'-
elle nous rend sensible la pre-
sencedu Saint qui elt remply
,
de la Divinité Pourquoy ne
*
,
cela nous aurions besoin de Fi-.
gures , &de Cerell10nies pour
nous montrer au dehors, ce qui
se paslèau dedans, & pour nous:
faire voir dans des Images ce
que nous ne pouvons voir dans*
la vérité, julqu'à ce que le voile-
du temple de nostre cœur soie
caffé pour nous donner l'ou-
,
verture des Myitères du Ciel r
ee qui sera- quand le corps -..ttir-v
esté crucifié en terre , & que
<
la
par m 3rt il aura esté separé de
l'esprit, pourluy laisser la liber-
te d'entrer où la chair dans son
impureté n'a point d'accez > si
ellen'est renouvellée.
Les Figures, les Images, 8des
Ceremonies, nous servent pour
les choses paiTées, & mesme pour
lespresentes , qui sont rendues
absentes, & éloignées par leur
obscurité i de mesme que les Fi-
gures autresfois servoient au
peuple Juifpour les choses à ve-
nir par l'invention d'un Dieu
amoureux & [oûlageant son
peuple, autant qu'il s'en rendoit
digne par sa soûmission & sa fi-
delité. Et comme les Figures en
l'ancienne Loy & mesmes les
,
Paraboles en la bouche de Nôtre
Seigneur , aveugloient les uns
& éclairoient les autres j de mef-
me les Ceremonies dans l'Eglise
de Dieu font entre les mains de
?
l'Esprit pour exciter les uns au
relpeé\:& à l'amour de Dieu & 5
FRANÇOIS EveCquc:deBoullongne:
,
Approbation de Monseigneur
1"Eveflue de soiffins.
LE Livre intitulé , Explication des
Cerem»nics de la grand' Adesse de
[
faroijse, part d'un espri si éclairé & Ci,
pieux, & traite d'une maticre si fainte
&sisublime, qu'il ne doit emprunter
son approbation & (on ctedic, que du
mérité de son Auteur, & de la dignité
de son sujet. Comme il n'est pas toÛ-
jours à propos de dévoiler les Mysteres,
aussi n'cst-il pas permis à un chacun
les expliquer. Il y a crainte qu'en ostant
le voile qui les cache aux yeux du Vul-
gaire, on ne les exposé au mépris qu'il,
conçoit ordinairement pour les choses-
qui tombent sous sa portée ; & qu'en
voulant ajuster les pensées de Dieu, à
la foiblesse des Hommes, on ne safre en-
tr,cr la foiblesse des Hommes dans les
pensées de Dieu. Mais l'Aureur de ce
Livre est bien éloigné de ces défauts ; Il
sçait que les choses Saintes veulent estre
rraitéesavec pureté & avec respeâ: ; ÔC
bien loin de rien diminuer de la Majesté
de cet Auguste Mysterc,,qont il explique
lesCérémonies , il en indnuela Véné-
ration à mesure qu'il donne l'intelli.
gence. Il développe avec une netteté si
rare toute l'Oeconomie de l'ancien Tes-
tament; Il approfondit les Mysteresdu
Nouveau avec tant de force ; M appli-
que la Figure à la Vérité avec tant de
'
l'une l
justesse, qu'il semble avoir renfermé
dans ion Ouvrage toutes les rarerez de
autre Loy, de mesme que
sujet en contient toute la perfection. Il
n'éclaire pas seulement, mais encore il
son
,
.
1 1
Avril 16 8 2..
Parlement dn 8. .,qvril 1 6 ? . &Cf luy de
>
CHAPITRE I.
Ce que representent le Prestre, le Diacre,
& leSondiacrc en ce Sacrifice.
,
Out entendre les Ceremonies
delatres-sainre Mc(Tc ilfaLJt
,
concevoir le fond du Mistere ,
oc comprendre ce que contient ce rres-
Auguste & ineffable Sacrifice parce
;
les Cérémonies servent a expliquer
que
au peuple cequi se pasTe dans le secret
du Sacrement ; & qui estant caché dans
la Loy , doit estre révélé sensiblement
peuple, afin qu 'il le re(pe.éle par la
au
des grandes choses qu 'on luy mon-
veue
& qui l'obligent à une extrême re-
tre , luy.
yerence ce de qui se paffe devant
Le tres-saint & trcs-venerable Sacri-^
sice de la Mésie, est -l,aâc qui comprend
tout acte de Religion & tout ce qui
»
estre offert à Dieu pour son hon-
peut
& sa
neur pour reverence.
Ce Sacrifice comprend tous les de-
voirs qui ont jamais esle offerts a Dieu »
soitpar les hommes ou par les Anges,
foit dans l'ancien, soit dans le nouveau
Testamenr. C'est l'abrecé des mérités &
des louanges de Jcsus Chrifc & de(es
membres: c'est l'abrégé des sentimeus
d'amour, d'honneur, de rcfpca" & de
tous les devoirs de la Religion.
C'est tout ce qu'il y a & qu'ilyaura
de Saint: car t'est l'offrande que fait
Nostre Seigneur de luy-mesme, & des
.mouvemens adorables & religieux de
son Esprit, qu'il a répandus par ad-
vancedans l'ancienne Loy, & aupara-
vant dans les Anges qu'il a continué de
>
répandre aptes sa venuë dans les coeurs
de Ces Apostres & de (es Disciples, &
qu'il côtinuëraderépandre dans le coeur
des Saints jusqu'à la fin du monde, qui
ne Cublifie que pour servir aux membres
de Jesus-Christ, dans lesquels le Saine
Esprit opere l'honneur & la louangede
Dieu le Pere avec la Vie de Nossre Sei-
gneur Iesus-Christ, .ju(qu'à ce que ce
Corps mystique toit formé, &quecét
homme parfait soitaecompy dans lame-
sure&l'achevemcnt de tous les membres.
Ce Sacrifice, qui est comme l'acheve-
mentdu Sacrifice dela Croix, cstEu-
<harinique) & sert a l'Eglised action de
grâce pour les bienfaits meritez par
festis-Christ.
Il est impetratoire de ses grâces ; &
comme Sacrement, il elt aussi -.Ipplicatif
de tous ses biens une fois meritez en la
Croix, & obtenus à l'Eglise par l'offran-
de que Iesus-ChriH a fait de luy-mesmc,
& de rous ses mérités.
Le Fils de Dieu en ce Sacrifice, offre
au Pere Eternel tout ce qu'il a jamais fait
& souffert à sa gloire : il offre ce qu'il a
fait parluy ¶utruy, & ce qu'il a
souffert en luy & en autruy; en sorte
que tout ce que l'on voit exprimé dans
les Ceremonies)sert)comme nous avons
dit, pour expliquer au peuple &lufJ
,
mettre devant les yeux ce quisepafl^
dans le secret de l'ofFiande de Jesus-4
Christ.ofFrant avec soy cette Hostie ad-|
rnirable de l Eglise revenue de sts
, me«
rites & de ses louanges j Toit dans l'uni
,
& l'autre Testament, soit dans les An- \
ges & dans les hommes : en un mot il i
s'offre luy-mesme au Pere Eternel
en
toute son étendue, pour obtenir nvse- •
•
gnédu Dhcre& Soûdiacrc vient
,
paroistredevant l'Autel, qui signific le
lein du Pere dans lequel Jesus-Christ
,
prcseorcCon Sacrifice.
Le Prêtre monte à l'Autel milieu
du Diacre & du Soûdiacre au
, comme
No itre Seigneur montera dans la gloire
au milieu des Dicti heureux tant de
l un que de 1 autre Testament.,
Le Diacre & le Soûdiacre servent
exprimer en leurs fondions & ministe-
l
res ,1 estat, ladifpofition, laconduitct
&le rapport du vicil&du
nouveau Tes-
tament envers Jesus-Christ de qui ils
sont l'cfi:enduë& 11 dilatation,
,demes-
meque le Diacre & le Soûdiacre sont
celle du Prestre,qui doit contenir soy
en
toure la pièce & la Religion de l'un&de
l'autre Testament expliquée
par les di-
vers minil1:eres & par les fondions dif-
férentes du Diacre,
&du Soûriiacre.
C est la principale & plus naïve
sensation qui paroisse dans l'exercicerepre-
,
des fondions de ces troisPersonnes,à la-
quelle nous nous arracherons particu-
lièrement quoy qu'on puisse donner
, en
d "autrcsxqui contiennent quelque chofc
dedifterent, telle qu est celle qui s en-
fuit laquelle nous proposons, pour en
>
donner seulement une veue assez confu-
se sans que nous prétendions de la
,
poursuivre dans la suite de ce Traité.
On peut donc concevoir que le Prestre
accompagné du Diacre & du Soûdia-
cretreprefente Nostre Seigneur entier civ
ses diverses qualitez & fonctions. Tous
les trois ne representent qu'un Jesus-
Christ. Le Prestre est l'Image de Nostre
Seigneur rcÍfuscité & glorieux, offrant
au Pere Eternel son Sacrifice dans le
Ciel. D'où vient que son élévation de
trois marches au dessus de la terre, mon-
trequenof1:re Seigneur s'est élevé au def-
sus des trois Hiérarchies des Anges pour
entrer dans lesein de Dieu , & luy offrir
le Sacrifice de louange comme il estoit
,
autresfois rep:--,-tenté par le grand Prestre
entrant dins le Saint des Saints,environ-
né de parfums & perdu dans les encens,
r
qui figuroien ee mesine Sacrifice. C'est
pour cela mesme que le Prestre entrant à
l'Autel y offre de l'encens , quilignifie
,
les louanges de Iesus-Christ & de Tes
Saints. Cet encens se donne presque toû-
jours par trois coups ; & chaque fois ,
pour honorer les trois personnes de la.
tres-sainte Trinité. Ce qui se fait par
fois en rond pour montrer que ces
, éternelles,
louanges seront & que ce Sa...
crifice fera offert à jamais. Mesmcs ces
cercles representent la mutuelle corrcs-
pondance & l'accord des Saints & des
Anges qui se répondent * qui chantent
comme à l'envy l'un de l'autre , & qui
font un accord eterncl par un saint cir-
cuit de leurs louanges, SanEtftS) SAna"!,
S an[IMS.
Qaoy que le Prd1:rc represente ainu
Nostrc Seigneur lesus-Christ dans l fi-
tat de sa gloire, il nelaict pas de porrer
leCroix sur ses habits, & la marque de
laPassion en ses ornemens ; pour faire
voir premièrement, que ce saint Sacrifi-
esté merité à l'Eglise par sa mort.1
ce a
Secondement, qu'il contient & renfer-
foy tous les merites de ses rouf.
me en
franccs, & desMyRcrcs de sa Passion.-
Troisiémement , il represente lesus-
Christ en sa gloire , portant sur foy les
de ses playes 8c les stigmates
marques , l'Eglise
de sa mort. Et pour cela, en re-
vestant les Prestres de leurs ornemens,
parle de la des soufFran-
ne leur mort Se
des semences & des ger-
ces,que comme
de la Resurreaion, comme il sc vero:
mes
ra très-clairement dans le Chapitre qui
suir.
;
Le Diacre represenrele(us.Chlill sous
iitiautreestatquelepresire il le repre-
fenre non dans l estat de la consomma-
,
tion, mais en celuy par lequel il esl<
y
parvenu. Le Prestre represente Jesus-
Christ, comme hostieconsommée, &le
Diacre represente Jesus-Christ
hollie immolée; & comme
pour cela il sert le
Prestre & met de sa
, propre main le via
dans le C1I:ce pour témoigner
,
Jdus-Chrill comme hostie verse (on que
Sang sur la Croix pour le service de
Dieu son Perc;&même le Diacre offre le
vin avec le Prestre, & prononce les mes-
mes paio!esque le Prestre ditenoffral1t
le Calice, pour
marquer que Jesus-
Christ sur la Croix offroit son Sang
Dieu le Pere, dans les mêmes intentions
à
qu'il le presente sur l'Autel: il
aune
111efme intention dans la fin & dans la
coiommation du Sacrifice, commedans
.
l'Oblation & l'Immolation dont l'une
;
sur faite dans le venrredela tres-(acréé
Vierge, où il s'offrit cii Sacrisice
roue
nous, &1'aurre dans les bras de la Croix.
C'est pour cela que le Diacre chante
l'Bvangile, & represente Icfuî-Cluift
^
1 annonçant lur la terre, pendant sa vie
fouffranre. C'est pourquoy le Prêtrele
tourne du costé de l'Evangile, quand le
Diacre le prononce, pour montrer
Jesus-Christ dans le Ciel les que
a yeux (ur
l'Evangile, &est toûjours
uny aux ve-
lirez qu'il a preschées. C'estencore
cela mesme que Ion pour
apporte au Prcltre:
l'Evangile à baiser ; ce qui
marque l'u-
nion qu'il a avec l'Eglise de la
terre
dans la verité qu'elle presche, qui est
sortiede sa bouche, & qu'il cherit
en-
core dans leCiel.
Cestauflï pour le mesmesujet
que le
Diacre va baiser la main du Prestre, de-
vant que de chanter le saint Evangile,
pour montrer que c'est le mesme JcCus.
Christ qui cst au Ciel, lequel presche
en la terre par la bouche des Prédica-
teurs. C'est par sa puissance, par son au-
torité & par sa miilïon qu'ils pres-
,
chenu Etc'estJ,,[us rciïuscité
,
,
çoit la benediaion du Prestre , qui par
fois represente le Pere & par fois aussi
le Fils ressuscité en gloire.
Nostre Seigneur Jesus-Christ a ces
trois qualitez : l'une de victime : l'au-.
»
CHAPITRE II.
Des Ornemens du Prepc.
Quandlc Prestre du Sur-
se reveil
plis il peut dire cette Orai(ol1, Du
, plis.
Indue me, Domine, nevitm hominemyoui
feeundum Deum creat us est in juflitia ff1e
fan&itate veritatis. Revesicz-moy,mon
Dieu de l'habit intérieur de vostre
, re-
furrelHon. & de vostre nouvelle vie,par
laquelle le nouvel homme & le Chié-
tien est inrerieurement remply des fert-
timens & des dispolirions de justice rap-
portant tout a Dieu, & luydeferant
tout honneur, sans reserver à soy.-mef-
me'Juele mépris & l'oubly; comme
,
aussi il cst mis dans une
vrave separa-
tion des créatures estant aneancy en
sespremieresaffeétions ,
& entierement.
porté à Dieu & appliqué à luy seul.
,
A l'Amie on dit, Importe, Domine
, >
De l'A- capiti meo galeam salutis, ad expugnAn-
mi &
do s Diabolicos incursus : Mon D$ u, re-
venez moy en terre, montant à vostre
Autel qui est l'Image du Paradis, delà
force & vigueur de la Foy, & del'dpe-
rance du silùr , pour me rendre fort
contre le démon, comme les Bien heu-
reux le sont par la lumière de gloirt-, afiti'
quejepuisse repousser vivement toutes
scs attaques, cu; rcftflite fortes infide. La
ï. 1'". Foy cil: une arme roure-puiflautecontre
S. 2.. leS malins;elle a sa reiidence dans ¡'e(prit
comme en la partie la plus importante
,
& qui estant gagnée, entraîi-ie'-qvec soy
toute la creature. L'ameéclaireeparia
F oy & bien établie en sa force&en sa lu-
m!cre,en: toute puiflantecomme!e Bien-
heureux qui joüÍr du saluq&esiant bien
épurée dans la seule joüHfancc: de l&Foy,
elleest déjà en possession d'une lumière
de gloire commcncee,comme Pcxperien-
ce
Te fair voir
en plusieurs qui voyent
,
comme sans tenebres & sans obscurité
les plus belles vérités de la Foy.
,
Oa parle en cét Esprit serevestant de
l'Aube. Dealbame Domine & munid Del'Au
, b:.
cor meum , ut in sanguins agnidcalbatus ,
f audits mere,arpersrui fempiternU. Pu ri-
ez mon coeur, & le san&ifiez dans la
charité, de mesme que mon esprit dans
la Foy ; afin qu'émane blanchy dans le
Sangdel' Agneau, & renouvelé en Lesus-
Christ, jecommence à jouir en esprit à
l'Autel, de la joye des Bien-heuveux ,
attendant la pat faite béatitude, dans la-
quelle j'offuray le Sacrifice avec vous
dans la gloire &dtis la parfaite félicité. Oela
Ceinture dit Ceinm-
En prenant la on : Pr<€-
re.
^
,
cinge me Domine cingulo puritatis , & ex*
tinçue in lumbis mets humorem l'bidinis,
utmaneatin mevirtus continents & car-
titatis. Le don que demande l'Eglisc par
cette priere, efi:aussi ,,,in don du Paradis;
elle pretend avoir droit de l'obtenir >
pUtsqG'il y va de faire dans la terre l'ac-
tion la plus haute qui se célébré dans le
Ciei C'est le don de continence qu'elle
demande à ccsujet,tïestaitt pas contente
d-avoir demande les Dons divins de la
Foy & de la Charité,qui
occupent &
remplirent l'entendement & la volon-
té. Elle souhaite pour le reste de l'ame,
pour la partie inférieure, une puissance
souveraine qui contienne modestie
en 3c
retenue (es (ens mutins & libertins qui
pourroients 'échaper pendant les saints
Myl1:cres: ce qui est un don parfait du
Paradis, où la grâce & la vie divineest
maistresse absolue sur tou
tes lespuiflàn-
cessuperieures & inferieures de lame.
Il faut que le Prestre pendant les saints',
Myn:eres, soit tout à sait divinisé
, com-
me estant dans le Ciel : il faut qu'il n'use
purement de ses sens, que pour la necef-
sité des saints Mysteres, sans
que jamais
il paroisse qu il les laisse égarer
par CU"
riofité sur lescreatures,& le (onfhaireà:
1 empire de l
'ame & au pouvoir de l'ef-
prit : il doit estre absorbé dans les choses
divines, & entièrement separé & élevé
audessus de ce monde sensible, dans l'e-
ternel Se l'insensible.
Abrter-
get Deus Ainsi le Prestre dit en prenant le Manl.
omnem pu le; Merear, Domine, port
lacryma. -ire
A pue. 7. nipulum jletus & doloris ut cum exulta
,
& tione recipiam mercedern laboris Que je
ly. 4- pui/Te, Seigneur, :
porter cette marque
de douleur & de larmes } avec ulle fide-
lité & tel courage , qu'un jour mes
pleurs Ment essuyées: que je puisse pos-
ièckrlajoyc que vous promettez pour
recompense du travail : & que des-à-
present que je monte en espric dans le
Ciel, en m'approchant de vallee Autel ,
j'entre en la joy e de l'esprit, & en la bea-
titude commencée dés la vie prcscnte ,
qui cst l'estatde resurre&ion & de nou-
velle vie, & quiest dll'estardes Prd1:rcs ,
qui doivent estre conformes à JcCus-
Christ re([Llscité , & fait Prestre en ce
jour dë la RcsurrcéHon,selon l'ordre de
Mclchisedecli.
En mettant l'Estole, on fait cette prie-. De «.'Z-z-
fiole.
t-c
Redde mihi, Domine golayn immor -
*,
,
talitœtis, quant perdidi in prtvaricatione
primi parentis ; & cjuamvis indignus accc-
do *d tmm sacrum myjter'mm, mercar ta-
.mengaudiamfsmpiternum. Mon Dieu,
rendez-moy le droit à l'immortalité que
j'ay perdu par le peché du premier hom-
mc;&quoyque je m'approche indigne-
de
ment vos A utels, faites que par mi-
fericorde je merite d'entrer dans la joye
devos Elus que vous donnez icy en la
à
terre ceux
voItreEspcit )
qui se laissent conÍommer
& anéantir en eux-mef-
à
mes.
consommées ,
c eu ce que demande l'estat des
Prêtres qui doivent estre des vi&imes
,
pour offrir ce Sacrifice de
l Eternité, estans obligez d'être
intimes en l'estat de la viorne qu'ils
eux-
presentent à cause que leur Religion le
demande : & la Communion qu'ils
ont à l'Hostie contommée, les doit
mettre dans la disposition où elle est
intelieurcmcnt ; & sur tout, le Curé,
qui est obligé de porter toûjours l'Esti..
le en l'administration des Sacremens;
pour marquer qu'émane tout consom-
mc en Nostre Seigneur, & revenude
luy, il agit en la puissance de Jesus-
Christ rfnuicité ; auquel le Pere Eter-
nel a donne enrerompenle desa
mort
la grace de vivifier son Eglise. Pour ,
une
mort cent mille vies.
L'EstoIe est étendue depuis la teste
juiquesaux pieds; pour témoigner la
gloire dont Jesus Christ est pleinement
revestu dans le Ciel. Elle cst
un diminu.
tifde la Chappe, qui represente plus
pleinement la grande gloire de Jesus-
Chiist rdTufcité. Et pircequela Chap-
pe feroit trop incommode,on se sert de
¡
l'Estole, laquelle ep(dentc
non seule-
ment la gloire de Jesus Christ icP.Ùfc-ité;
mais (ur tout, quiluya
sa puissance,
estédonnée au moment de (asainte Rc-
su rrc-ûion.
Si qutlquesfois l'on met l'Ecole avec
la Chappe, c'est pour exprimer la pui(.
tanceavec laquelle le Piestre doit faire
quelques fondions extraodinaires*
comme quand il doit porter le tres-
fiint Sacrement, qui cst une foné1iOB
excellente du Prestre, qui porte entre
ses bras celuy que le Pere contient eu
luy-nwsmc.
Enfin en prenantlaChasuble^'on dit, Oe la
Domine quidixilli, juottm mempn suave ble. Cliafo-
,
est & onus meum leve : sac ut i/tnd port are
fie valexrn , quod, cons»eluar tu4>n gra-
tiam. Faites, mon Dieu, que je porte
tellement vostre joug, que je puiflepar-
venu à vostre grâce. Le mor de grâce li-
gnifie gloire ; car premièrement celuy
qui approche de l'Autel est en grace; il
ne demande donc pas seulement lagrace,
puisqu'il l'a déja : mais deplus la gloi-
,
re cst une grace, s,IonSaint Paul, Irt A d Epbi
laudem glorid gratia /M<, la gloireest une1t. ç.
grâce que Dieu a préparée de toureeter-
nité. Elle est grâce, entant que c'est un
bien fait extrême que nous nepouvons
meriter par nous-mesme. Ec ç'cst cette
grâce que nous demandons à Dieu en
endroit, & que nous possedons en
espritSeen commencement à l'Autel
lequel nous devons 8e n'osons 9>
ne regar-
der qu'avec la sainteté & la pureté des-
Bien-heuretix ; à cause
que nous entrons -
dans le sein de Dieu mcsme
avec Jesus-
Christ )où rien ne doit estre souillé : au-
tivit. contraire, la (ainteté parfaite y estre re-
JI, 44. quise : San Eli estOlé qui* ego fan ailS fum ;
1. Pir. SoyezSaints
<
CHAPITRE III.
De l 1".,4fembiée ds Officiers dans la SII-
criftic & de leur sortie.
,
P Our voir la conduite de Jesus Christ
avant sa venue, &en sa venue, du-'
rant sa vie, & apres sa mort, ilfautcon-
siderer tout ce que fait le Prestre
avec le
Diacre & le SoûJiacre.
Premièrement le Prêtre, revel1:u dans
la Sauistie ,avec le Diacre & le Soûdia-,
cre, lesChappiers, & autres Officiers,
met de l encens dans l'Encensoir , ce qui
exprime Jesus Christ danslefeindesolt
Pert vivant d'e roure éternité dans Cet
,
ddlèinsavec routel'Eglisè,qui leloiioic
eilesprit avec les divers Corps des Saints
formez avec luy dans le sein du Pere
;
qui tous ne font qu'un Corps & une
Société, a cause que l'Eglise est éleue
Citnû' avec Jesus Christ , HtttaatSol. Et il
6. f faut remarquer que le Prestre ne donne
.
point d'encens dans la Sacrifie mais
,
seulement il le prepare pour le donner à
Dieu, quand il scia dans l',E&Iisei com-
de en effet , ce n'estoient que des ioiiin-
Ses aucnduës1&desgloires en esperance
,q.u,rccllcb de Jc(us- Chiisl renfermé dans
le fonde ton Prie j de mcsme quecéc
értfcnlemenc préparé & disposé dans la
Sacriltie.
Il entre dans l'Eglise t'Encenibir su.
manc, acause que Jesus-Christe:ncrant
dans le monde, te presente à Dieu & sc
supposeà la place detoures les vi&imes
de i ancien Teftamenr., Ingrediens
,
mun-
dum dicit, Hoflia & oblationem nolui• A d Ht t.
m 10. f.
fti s
tune dixi, Eccevtnio. Lors que
Jesus-Christ paroilt la
en pej forme du
Prdhe: les Chappiers & lcrcstt des
,
Officiers qui marchent , luy,
avec repre-
sentent runivetiel de l'Eglise quiest
unie à Nostre Seigneur : le Soûd:acfc ,
leprefentant 1 ancien Testamcnt, mar-
ç,he devant le Prestre 6c vient dans le
mondepour cotumencer ,
de préparer les
voyes, comme S. Jean qui estoit en la
,
Loy"'Vivantc,&qui marquait enfcs fon-
tl,Qnîla disposition de l'ancien Testa-
nient, Ego vox clamantis in defert." Di- loa. i
rigiteviamDominifJe fuis la , 13.
voix qui
criç dans le deser t, P leparez les du
Seigneur,di(posez voyes
vous inreriruremetlt
a recevoir jesu-s-Chriil en vos cœurs.
Le Diacre marchant devant le Prêtre
avec le Soûdiacre, signifie que l'ancien
& le nouveau Testament n'estoient en-
eût
core qu'un, devant que Icsus- Christ
fait son Sacrifice qui a deû s'accomplir
pour meriter
,
l'espritdu nouveau dla-
ment ; qui est Teiprit en plenitude ,.1'cs..
prit d'enfant de Dieu, & le mesmees-
prit qui regnoit en Jesus..Chrisi, pour
le conduire & l'animer.
LePrestre sor t de la Sacristie, 8c mar-
che en ordre jusqu'à l'Autel avec ses
Minières, qui font exterieurementce
qu'il fait interieurcment.j foisant con-
noistre par les instrumens du Sacrifice
& par les luminaires & l'encensoir qu'-
ils portent, ce que.Nostre Seigneur est
en luy-mcsme, & ce qu'il fait en-sort
Coeur, donnant gloire à son Père, qui l'a
appellé à cela de toute éternité, & l'a
destiné pour luy rendre ses respe&s , &
une religion parfaite en luy en ses mem-
bres. Et cette Religion que Dieu attend
& porte dans son Cein toute l'eternité t
portant l'idée de son Verbe & de son
Christ entier, avec les devoirs de la Re-
ligion qu'il en prétend , nousestrepre-
sensée par tous ces Minières assemblez,
sous la conduite & par le foin du Sacri-,,
Main lequel doit citre un homme saint
,
& venerable : parce qu'il tient la place
du Pere Eternel, envoyant son Fils au
monde offrir le Sacrifice pour le salut
des peuples ; & pour cela il doit prepa-
rer toutes choses en l'Eglise, en l'hon-
neur dessoins que le Pcre Eternel a pris
de preparer la Synagogue pour rece-
,
voir sa0:Fils, & dedisposer toutes cho-
eles ncceiïaircs à son saint Sacrisice.
LeSacriftain se [ouviendraen parant
les Autels, & en ornant l'Eglise de ta-
bleaux & d'images, que le Pere Eternel
avoit préparé la terre par les figures 5c
p.tr les ceremonies delancienT eitamenr,
afin que son Fils ne vint pas dans un
monde nud & dépouillé de toute décen-
ce ; estant necessaire qu'à son advene-
ment le monde fut recueilly par quel-
.
que exercice de pieté, & retiré de l'es-
prit seculier & de l'citat profane, (jù il
festoit noyé.
à
Quand il envoyeraun Prd\rc l'Au-
.tel offrir le Sacrifice il le fera dans l'a-
mour mesmedu Pere Eternel, envoyant
,
son cher Fils pour sauver le monde, de-
lirant ardammcnt & priant en son cœur,
que les peuplesse convertirent par l'ef-
ficace & le mérité de ce saint Sacrifice.
Qinnd il verra tous les Officiers af-
iemoKZ avec le Prdhe,&preparez pour
aller officier, il se [éjoiiiiadel'honneur
&de la loiiinge qui se va rendre à Dieu.
Cette affimblée dans la Sacristiede-
vant qu'elle aille celebrer, represente
l' alfrmbléedes Saints avec Jv sus Christ
dans l'idée du Pere devant que de l'en-
,
voyer dans le monde. Le Pereregardait
Cette aŒ:mblée avec joye & grand res-
fenriment.attendanl d'elle un jour tou-
tes sortes d'honneurs & de rtlp,éh, tel.
.que maintenant elle les rend dans le Ciel
& sur la tsi e. L'at retire dr ces louages
i
l
le réiouflit, & doit demefmc éjoüir
JeSlcrillain.
Le Pere contient dans son sein toute
J'imagederEglise cachée aux hommes;
,
de toute éternité dans le <ecrec de son
cœur: c'en ce que la Sacristie représente;
à çavoii leSan&uairedu sein de Dieu
,
le Pere I! faut donc un homme venera-
blc& de sainu té très-parfaire en cesaint
MiniAeled. L S.1crHt:r,qui soitregarde
comrnc l'image de Dieu le Pere,envoyat
son Fils dans l'Eglise pour accom-
plir son Sacrifice. Et pour cela il faut
qu'il ait soin & prudence pour tenir
tour picftdans l'Egîise, comme Dieu
avoit
avoir prépare le monde à la venue de son
à
Fils,& son Sacrifice
par l'ancien Testa-
ment ; qui sans voir ce Mystere, y servoit
en esprit de Foy, & dans l'ob(curité des
choses à venir ausquelles il ajoûtoic
,
croyancesur la voix des Prophètes. Et
pour cela, devant qu'on soit sorti de h
Sacri{1;ie, on porte sur la credence les
in.
strumens du Sacrisice & les y tient
, on
cachez attendant que le
, nouveau Tc-
stiment en la peisonnc du Diacre les
développe comme on le dans la
, verra
Messe.
Cette préparation est faite
par le Sa-
cristain en honorant les preparatifs du
,
Pcre pour le Sacrifice & lesMysteres de
ion Fils qu il voit luy scul à décou-
,
vert, & qu 'il cache au reste des hommes,
qui n'en (ont pas instruits, & qui doi-
vent dans la Foy meriter de les voir face
a face , & d'enjoiiyr un jour, partici-
pant jcy cependant à l'espricde la Loy,
qui est l'esprit d'attente de desir, de Foy
,
& de penitence. C'estpourquoy le Curé
representant le Fils venu au monde d'a-
,
bord qu'il est sorti de la Sacristie,& qu'il
s est approché de l'Autel ayant à pre-
,
parer les peuples aux Mystercs de Jesus-
Christ, & au mesme Sacrifice qu'il sait
a
une fois se sert des mesmes dispou..
,
tions env ers le peuple, dont Jesus-Christ
usa dans le monde & par lesquelles
,
son Pere l' avolt preparé à sa venue.
CHAPITRE IV.
De l'Eau BeniJle.
LE Dimanche , le Celebrant estant ar-
rivé à l'Autel avec toute sa suite,
commence à faire l'aspersion de l'Eau be-
niste. Cette ceremonie nous met devant
les yeux l'ancienne Loy, & doit servir
comme elle de disposition au peuple pour
recevoir Jesus-Christ, & pour se presen-
tcrau Mystere qui se va paffer devant ses
yeux , quel contient tout l'abrégé de la
vie de Jesus-Christ, & tout ce qui s'est
fair par luy & en luy seul devant &
sa la gloire
, de Dieu.
apres venue pour
L'Eau beniÍ1:e represente, ou plûtost
sert de voix pour marquer la penitence
des peuples, laquelle estoit sigurée par
tous ces lavemens inutiles de l'ancienne
';Ad Heb.
P. 101 Loy, dont parle saint Paul, après lExo-
de le Levitique & autres Livres de
, ,
J'Escriture., Et parce que ces lavemens
nettoientquedes elemens neceshtcux &
vuides de grâce, comme le dit S. Paul, •Aà G,¡l.
ne portans rien en eux, & figurans ce 6.
qu'ils ne donnoient pas & qu'ils
monstroicnt seulement de loin ,
pour un
autre temps , qui cst celuy de la grâce: Qui se
de là vient qu'on jette le scl dans l'eau Eiila'um rer
;
vostre grace : Envoycz.nous.vostre An--..
ge , qui nous dirige qui nous garder qui
nousdeffende qui nous fortifie & qui
, j
protege tous les Enfans de vostre chère:
Famille Exaudinof DominesanBe Fa*
,
ter omnipotent , eterne Deus & mtttert ?
digneres farfiam jingelum tuum , de cdis%.
qiiicvjtodht .fovezt, protegattvijîtet, at-
qut dejfendat ornnes habitantes in hoc habi-
t/leu'". PerCbriftum Dominum noforum.
Nostre Seigneur est là priant en fcsprit
de Prophete ; il priedans le mesme desir
que faisoit toute la Loy , il demande à
Dieu que le Ve be descendedans l'Eglise,
non seulement pour la conduire mais
aussî. pour ladeffendre, lanoui-rir & la
,
mettre à couvert sous sa protection : fai-
faut allusîon à l'ancienne Loy où l'Ange
paroilfoir sou vent comme le Conducteur
du Peuple. & pour cela Dieu a voulu
que dans la Loy , les Anges y parussent
comme ses Protecteurs & ses Deffense-uts:
parce qu'un jour le grand Ange de Dieu >
l'Ange du grand Conseil qui est nostre
,
Sauveur devoit estre envoyé dans l'E-
,
glise pour la conduire & la protéger.
,
Etpour cesujetlà, saint Iean qui est l'a-
bregé delà Loy & qui comprend en sojr
,
Man. tout son Esprit , est appellé l'Ange de
1. z. Dieu enquoy il represente NaRre Sei*
,
gnel1r , & figure celuy qu'il devoit mon»
trer au peuple luis.
CHAPITRE V.
De U Procejjion.
,
que - que
seuls tourmens de la mort & de la
Croix pour la fin de sa vie. Apres la
Procession,on reporte la Croix & le
, l'Au-
Prestre marche juCqu'au pied de
tel où il va faire le Sacrifice pour
, ,
témoigner qu'on n'a plus que faire de
figures là où la verité paroist.
Les deux Cierges qui accompagnent
la Croix ne difparoiiïent pas comme
,
elle à cause qu'ils reprefenteiat le Sa.
,
crifice qui subsiste toujours & qui ne
,
disparoist pas comme a fait celuy dela
Croix ; mais ils sont portez sur la
Credence avec les autres instrumens
du Sacrifice pour exprimer la lumie*
,
re que le vieil Testament avoit du My-
stere sacré du tres-(line Sacrement de
l'Autel. Il n'y a là que deux flambeaux,
& sur l'Autel il y en a six , pour té,
moigner la différence qu'il y a entre les
lumieres du. vieil. Testament & celles
du Nouveau , sur nos niyûercs,& pari.
ticulierement sur celuy de l'Autel»
Ces Cierges allumez 10nt les hgu-
i res de Jesus-Christ consommé dans la
\
gloire de Ton Pere en cet auguste Sa-
crifice, où il est un flambeau toujours
ardent 6L éclairant devant la Majesté
de Dieu Lucerna ardens & lucent. 1,,.11.5. if.
,
Lucerna ejus est Agnus : La lumière du
Paradis , disoit S. Jean qui l'avoit -41. H ^J#
, •
,
tes ouvertes , à cause que Jesus-Christ
nostre Loy sera tout découvert Se mani-
,
festédans le Ciel.
On y voyoit la verge d'Aaron fleurie ,
tlid. 4. qui expliquent l'estat du Sacerdoce de
Jesus-Christ dans le Ciel, qui est un Sa-
cerdoce eternel & une fleur de bonne
,
odeur qui ne flétrira jamais. Sacerdos in
aternum, fecundkm ordinern Melchisedech.
lesus-Chrisi s'offrira continuellement à
lf41. Dieu dans le Ciel, & tous les Saints avec
150. 4 luy dont il fera une Hostie immortelle,
,
& un Sacrifice perpetuel, different du Sa-
crifice d'Aaron quiapery & quiaestê
, ,
accomply sur l'arbre de la Croix » laquel-
le est cette verge d'Aaron : Verge morte
en effet mais de laquelle le Fils de Dieu
,
ressuscite, & où il refleurit , pour estre
fait Prestre sélon l'ordre de Melchisedech,
le
comme marque David : Et au jour de
il
son AscenlÍon, est déclaré grand Ponti-
fe avec serment pour s'estrefait raitv'crime
,
sélon ce mesme Ordre j à sçavoir pour
s'erre nonseulement immolé sur laCroix,
comme les Prestres d'Aaron immolaient
les animaux en les égorgeant mais aussi
, s'erre
pour s'estre jetté en son Pere , &
consomméen luy, afin d'y achever le Sa-
crifice qu'il avoir commencé [urlaCroix;
de mesme que ces Prestres laissoient au
feu à consommer les victimes qu'ils
avoient immolées. Si bien que comme il a
paru Pontife seion l'ordre d'Aaron sur la
Croix,
>roix , en rccompenfe de s'cstre offert
pour y estre vime a
la gloire de son Pe-
re, ainfiil déclaré Pontife seront l'or-
est
dredeMelchisedech pouravoit achevé
le Sacrifice & 'erre ,
, s consomme dans le
feu de ion Pere,
comme viCtime à sa gloi-
re. Et cette dignité luy est donnée apres
avoir détruit ses ennemis les Roys & les
Princes du monde il arriva à
, comme
Mclchisedcch, qui offrit Sacrifice
ce apres
la defFaite des Roys d'où
retournoit Gen. 14.
Abraham. <
CHAPITRE III.
Du Signe de la Croix.
IL faut remarquer que l'on fait le sr-
gne de la Croix au commencement de
cet
raisons ,
auguste Sacrifice pour beaucoup de
& entr'autres pour celles-cy.
Premièrement on dit ; Au nom du
Père, du H's, & du Saint Esprit en
faisant ce ligne vénérable de la Croix, ,
pour marquer qu'on offre ce divin Sacri-
fice à l'honneur de la très. sainte Trinité,
par les mérités de la Mort & Passion de
Jesus-Christ, sans quoy nous n'aurions
mérité d'avoir entre les mains cette di-
vine Hostie pour appaiser Dieu : Et le
Prêtrequi representeJesus Christ,fait
ce figne sur soy, pour dire que c'est par
ses merites qu'on offre ce Sacrifice &à
;
mesme temps le Diacre & le Soûdiacre
le font aussï, pour témoigner que toute
l'Eghsefe sent obligée de ce saint Sacri-
fice aux merites de la mort de Jesus-
Chril1:, lequel a obtenu pour
nous,
tous les biens dont nous )oui(Ïons , Se
entre-autres le Saint Esprit de Jefus-
Christ, qui nous donne cetre vertu &
cette puiŒ1l1ce de presenter à Dieu ce di-
vin Sacrifice, ne pou vans pas l'offrir sans
estre oindfcs & appeliez de Dieu,
comme
Aaron, & comme NostreSeigneur mes-
a
me, qui par le choix de son Pere esté
fait Pontife selon l'ordre de Melchise-
\Aâ
à
dech : Qui vocatur Deo tamquàm AIt-
Htb. s. ren, quemadmodum & in alio loco dicit:
4. & 6. Tu e4 Sacerdos in aternamfecimdhm ordi*
tiem Afilchifedeeh.
*
De plus, le Diacre & le Soudiacre
font encore le Signe de la Croix, pour
dire qu'ils vont participer par ce saint
Sacrifice, aux dons, aux grâces & aux
,
meritesdeJe[us-Christ, qui en sa Com
, -
munion nous apportera tous les tresors
des graces & bénédictions qu'il nous a
acquises par sa Croix , & pour cela ils
font sur eux ce ngne comme disans : La
,
Croix de Iesus-Christ & sa mort seront
répandues en nos coeurs. Ce figne cst
utile à cela > & il cstbon de sc renouvel-
ler louvent en ce sentiment & en cette
devotion 5 pour ne point faire un ligne si
augul1:e & si utile à lame, sans reveren-
ce ,ou par coustume ; ce qui doit moins
arriver aux Prdhes,\c[quels sont exhor-
à
tez cette pratique pat l'excellence des
Mysteres qui y sont representez , ÔC
qu'ils voyent atlez clairement en esprir.
En (econd lieu , on fait le figne de la.
Croix à l'entrée du saint Sacrifice ,
disant Au nom du Pere, & du Fils, &
,
du Saint Esprit en mettant la main au
-,
;
Sacrifice comme
, le dernier devoir
tre Religion augusic dans la rcverencc
qu'on luy doit.
de nô-
N
Pour cela donc , Nostre Seigneur
j s'anéantit pour nous & pour eux envers
Dieu, il se met en esprit aux pieds &au
•
en s ,
dessous de tout ; il descend ainsi en terre
s'aneantiÍfant remetipirum txinânivit,
& c'est à ce suiet que l'on porte en bss la
Ad
phu.
7.
t,
main en descendant du chef, qui est ce
, Majesté, disant Au du
lieu de : nom
Fils ; c'est à dire, le Fils elt (ortydulem
du Pere, du lieu de sa grandeur &.desa.
Majesté, &s'est aneanty en de[cetidatit
sur terre, prenant la forme de serviteur,
,
& voulant mourir à la Croix. Il ne pa-
roist rien de sa Majd\:é de sa pompe,de
sa splendeur de son empire sur toutes
,
choses il s'anéantit en tout son estre
*,
à
Divin par lequel il est égal Dieu le
,
Pere, & ne luy fait point de tort quand
à il
il se dit égal luy ne luy dérobe rien
de sa splendeur, & se disant semblablc
à son Pere il ne fait pas comme le
,use de rapine,de larcin,&de
Demon,qui
sacrilege,se voulant faire egalaDicu,8C
disant qu'il sera [cmblableauTres.haut;
jnal-heureus qu'il cst > aveugle en sa
superbe, il dit, qu'il montera pour estre
égal à Dieu ; & ne voit-il pas qu'il se
contredit ? s'il doit monter, il est donc
moindre que son Dieu qui est au dèssus
,
,
où il veut s'élever : s'il
veut monter ,
il ne peut estre Dieu : car Dieu estant le
Tres-haut il ne sçauroit
monter , il ne
sçauroit aller au dessus de ce qu'il est
;
& s il le pouvoit il ne seroit plus le
Tres-haur.
Et Jesus-Christ Nostre Sei gneur,
ou plûtost le Verbe , lequel est sembla-
ble au Tres-haut a voulu descendre
,
pour reparer cette insolence du Démon
de vouloir entreprendre de ,
monrer au
Trône de Dieu ; & cette offense sacrile-
geluy est si odieuse qu'il veut luy-mes-
}
me s.-itisfaire à Dieu son Pere, & luy ren-
dre l'honneur que le Démon n'a pû
te-
parer mesme par sa condamnation ; car
quoy qu'il soit tombé dans les enfers, &
qu 'il ait este precipité dans*"le fondées
abismes par un trair delà colere & de
,
la vengeance de Dieu il
, ne luy a pas
néanmoins Ltisf;dt
pour l'insolence
énorme deson crime c'cst
: pourquoy le
Fils par un trait impetueux d'amour
, >
par unexcez ardent de charité deicend'
sur la terre, il se met au deilous ,
destin-
nistres de l'Enfer qui l'ont crucifié il
,
porre en sa personne le jugement deDieu
son Pere contre le péché du monde, &
contre celuy mesme des Démons ; Se
ainsiilluy satisfait pour tous les crimes
imaginaires.
A pres cela il ne faut pas s'estonnei* s'il
monte au Ciel, non seulement au dessus
•
des hommes, dont il s estoic fait le servi-
teur, pour leur administrer la grace & le
salut de l'Evangile: mais encore au des-
' sus des Anges apres s'estre fait viaime:
,
pour rendre à Dieu la gloire que le pe-
ché des Demons luy avoit ostée quoy
,
que pourtant il leur en ait laissé la peine
& la rage se chargeanr de l'honneur Se
,
du plaisir de satisfaire à Dieu son Pere
qui l'a élevé au dessus de tous les Esprits
,
celestes,pour la nature desquels il s'estoit
ane.irity : & c'est de quoy les Anges luy
sont si redevables qu'ils luy rendent
,
dans sa gloire de conrinuelles avions de
grâces , d'avoir fatisraic au peché que
leur nature avoit commis & qu'ils
,
estoient honteux de ne pouvoir reparer
en leur personne par leurs hommages 5c
soûmissions à Dieu parce que tout ce
,
qu'ils pou voient offrir ils le devoient à
,
Dieu pour eux mesmes ; & R'ayans
n'efloient pas en pouvoir de payer pour
autruy.
Le seul Fils de Dieu qui ne devoi
,
rien à afbn Pere,adû se charger des debtes
des hommes & des Anges & luy seu
>
qui avoit en soy infiniment de quo
payer, a pûestrela caution des hommes,
& le (upplé111entdes Anges satisfaisanÉ
" pour la superbe des Démons , par (011
aneantissement ; d'où apr es il s'est élevé]
en gloire au dessus de toutes cho[es\ & estî
entré dans l'Autel de Dieu Introiboad
,
altare Dei : montant par dessus tous les
Anges representez par les troisdegrez du
pied del'Autel,q ui sont figures des trois
Hierarchies,au dessous desquelles Jesus-
Christ s estoit aneanty : Nusquam
;A
gelos apprehendit fed semen
1
Heb* brah<t
,
2. 16. apprehendit : car il est non seulement
descendu au deflbus des Anges se faisant
homme & des hommes en sa Passion ;
,
mais encore il est descendu jusqu'aux
Enfers. Quod autem aftendit quid est
:Ad ,
Eph.
nist quia & defcenditprimum in infiriores
. 6. partes terra? Qtfestceluy qui est monté
aux Cieux", linon celuy qui est premie-
rement defeendu dans les parties plus
balles dela terre, où il est descendu reel-
lement après sa mort. Durant sa vie il a
toujours
toujours habité en esprit dan* le plus
bas lieu parce qu'il cstoir chargé des
,
crimes de tout le monde, & en la fainte
Cene il a voulu sc mettre mesme aux
pieds de Judas, la plus criminelle des
creatures; ce qu'il faHonp!us d'cfprit
quede corps, disaiit,,qu'il cfloit chargé
des pechez de ce milerable, aussi bien
que des autres, & de ceux de Antc-1
CHAPlT1\ E IV.
Suite du mefine suist duStgne de
La Croix.
Cbe' st
E donccétabbaiflèment du Ver-
be que nous representons, quand
: nous portons la maindelatesteau bas
porté , la de
& 1+-
apres avoir penitence nos pe-
chez avec luy &. avoir condamné
,
nostre chair à une mort continuelle
avec luy , y estans obligez après luy :
aptes mesme avoir accepté la mort avec
iuy,comme un supplice du peché il *,
ryw.
J.
.
ce corps de chair & morrel , pour glori-
fier Dieu par tout luy mesme, &dire:
Cor meum, & caro me"- exultaverunt in
3* JO. Deum vivum. Omnia ossa mea dteent; Do-
mine quis similis tibi ? Mon Dieu mon
,
Pere, je vous louëray dans mon cœur &
dans ma chair. Et tous mes os en ce jour
de ma gloire, de meime que mon Esprit,
chanteront vos louanges : à caule qu'en
ce temps l'Esprit glorieux & puissant
tirera la chair dans sa nature , & la ren-
dra spirituelle; en sorte qu'elle louëra
Dieu & le glorifiera comme -.I"ame. Ce
,
sera en ce jour,qu'elle sera parfaitement
consommée en Dieu & qu'elle aura
,
aneanty tout son estreàsa gloire, estanc
la vraye Hostie de Dieu,dans lequel elle
entrera corne dans un Autel, pourestre
la louange perpetuelle de sa grandcur:-
CHAPITRE V.
De ltAnliellne Introibo.
A.'Presla que le Press:reafaitle1igne de p(.l.
la Croix, il dit ces paroles,Introibo 4.
1
ad aitare Dei, J'entreray à l'Aurel de
t Dieu : c'estoit à cet Autel, qui est Dieu
mdme.que Jesus-Christ afpiroit du-
rant toute sa vie : Je suis, disoit -il,com-
me ces Hoflies nourries dans leTemplc,
qui n'attendaient que l'heure du Sacri.
fice. IleÍ1:oit impatient pendant sa vie,
que l'heure de roti Sacrifice parfait fut
atiiv-ée qui estoit l'heure de son entrée
,
au Ciel où il devoir estre offert en holo-
causte^'estant pas encore en cet estatfur
la Croix,où il n'estoit qu'une HoCHe
immolée, & non pas consommée. Il re-
doutoit au contraire l'heure de son juge-
ment & de sa mort, Se vivoit toujours
en crainte & en tristesse en cette veuc ,
7"riftis est anima mea usque ad mortem,
à
mon ameest tril1:eju(ques la mort. Et &Cat.3S.
2.,.
pour cela mesme dans cludica,
-l il dit :
Qwtre tristis es anima mea, & quare con-
P f*t.
turbil me Mon amc, qui dois un jour 4%. f.
2"
PM. 17.
me ? Dolor meus in confpeflit rneo femfer. I
,
l'entreray en vol1:re maison en esprit
d'holocaul1:e accompagné de tous mes
Saints,qui entrans dans le mesme Esprit
ne feront qu'une victime parfaite avec
moi pour raconter vos louanges:/rara*-
lavi in tabernaculo eins hoftUm vociserd- p14/.
1 6t 6.
tionis. Et cet estat d'hostie unique dans
le Ciel, est figuré dans l'Eglis.' par le
saint Sacrement où Nostre Seigneur
,
Hostie entre en tous les Fideles, & re-
pofanr en eux & les changeant en luy,
il n'en fait de tous qu'uneHoO:ie en 1uy.
Comme à un iour de Pasques, figure de
la Resutreâion generale Jcsus Christ
,
entre par la Communion en tous les si;l
deles, & il tâche d'en faire une seule;
Hostie les convertissant en luy , &.i
,
leur donnant un mesme esprit d'hosiie;
avec luy, comme ils l'auront au jour de'
la Pasque parfaite,quiefi: le jour de sa
RefurrelHon universellc,auquel tous
lesFidèles seront convertis, & changez
parfaitement en Nostre Seigneur reflus-
cité, qui est en cet estat, Hostie parfairc
& consommée enD eu.
Cét estat d'Hostie ne sera qu'au jour
de l'eternité, Jors que nous entrerons
en Dieu, & serons dans (on sein, qui est
A pte-. le rcmple parfait, Templum nonvidiiît
21. 11;
ea: Dominasenim Deus,omn.,.tenl T em..
plum illius est. le n'ay point veu deTcm-
ple en la maison & demeure de Dieu :
Dieu en estoit leTemple:il cst cét Autel
d'or figuré dans la Loy.donc Nosire
Seigneur dit l'entreray à l'Autel de
,
Dieu. Et l'Eglise répond ;Ce fera chez
Dien mesme qui renouvellera & réjoui-
ra ma jeunesse
,
Introtbo ad ait are ,.
Dei
ad tldDeumqui Unficat juventuter» meam :
l'entreray chez Dieu qui me réjouira ,
en me dépouillant démon vieil homme,
decér h.tbit de rnsti fle, d'amertume, ôc
cl'affl;âioii Et comme on ne sçauroir
entrer en cet estat qu'apres lelugemenc,
auquel Noitrc Seigneur a esté fournis,
aussi bien que les homnaes, il dit en f ui-
te , Indien me Deus, &c.
CHAPITRE VI.
Vu rfalme Judica.
JV rdic,a mt Tiens, & difterne cansam Pf,«I. 6
41..
mearn de gente non fanflA t ab homine
inique & dolofê erue me. Mon Pere, por-
tez donc maintenant vostre Sentence &C
vostre Iugement contre moy 5c contre
vostre Eglise, qui Ce soûmet icy à vostre
puissance & à vostre justice. Mais, mon
Seigneur comme vostre Iugement sc
O faire , O
doit avec diseernement ; saites, ô
mon Dieu différence entre les peuples
>
qui ne vous sont point cfédiez ni consa-
erez ; & nous, qui nousTommes offerts
pourestre vos victimes : Et diseerne eau..
jfam de gente non fan Ha.
Ab homine iniquo & dolofo ente me :
Retirez moy du milieu des peche:tdes
hommes, dont jemesuis couvert,& dé-
livrez moy des meschans. Il faut regar-
der le Prdhe avec le Diacre & le Soû-
diacre au pied de lautel, comme des
Hosties san&ifiées à Dicu)clui dans l'at.,
tente de leur égorgement oc de leur \
nous environne ,
Nostrc Seigneur avoit les 1uifs autour
de luy au lieu de l'amour propre qui
, A4
quiest fimesehant. H*!>r.
Il a esté tenté en tout &. par tout, Ten- 4. If
tuas per omnia , pour nous meriter la
victoire de la tentation. Et Ci on ne voir
dans l'Ecriture que peu de tentations
que le Diable luy ait livrées, c'est parce
qu'il souffroit les autres tentations en
particulier ,enfaisant penitence secrete
pour les hommes. Et parce que dans le
desert, il est exposé comme pecheur 5e Diabolut
rece.Ijt
comme pénitent public apres son Bap- ab illo
tesme, & apres la déclaration des fautes urque ad.
rempus.
de tout le monde, dont il s'estoit char- L ic. 4.
gé il faicconnoistre publiquement ses If.
,
' tentarions)qui sont les peines des pc-
cheursque Dieu livre & abandonne
entre les mains de ses bourreaux pour
leur faire endurer quelque échantillon
des rourmens qn'ils devroient souffrit,
& les faire (ouvenir qu'ils meriteroient
d'd1:re à jamais abismez dans l'Enrer,ru-
jets à la cruauté & à la furie des De-
mons, qui par fois noustyranniscnt si
cruellement sur la terre, & qui nous
trompent si malicieusement durant la
vie.
Nostre Seigneur en ces paroles, ludi-
ca me D eus t& di[cerne , &c. expose à
son Pere l'état de penirence, dans lequel
il vit sur la terre en luy & en son Eglise.
Ildit, regardez-moy, jugez de l'estat où
,
je suis reduit parvostrc sainreJuitice,
qui exerce déja son jugement sur moy
par les affligions, les peines & les ten-
tations où je me voids plongé: toute
ma vie n'est autre chose non plus que
celle de l'Eglise, qui porte sur foy l'ar-
rest de mort & de condamnation, qu
'- >
,
- comme luge & vengeur du peché, &:
adhérant à Dieu devenir un espritde
r vengeance avec Dieu contre tour le pe-
ché possible, & sur tout contre le fien.
Mais en cet estat de peine, il a besoin de
force & de vertu Divine il doit estre
:
1 comme un enfant en tre les mains de sou
,
cette poitrine du monde;oufi l'on veut,
sa gueule 8c son gosier qui sc fera
tendre par ses rugifïèmens ses mu-
en-
glemens & hurlemens épouvantables,,
Elevavcrunt flumina vocem fnam les P[./. gr,
fleuves ont élevé leur voix, & ils , ont;9.
répondu à ces mugillemens des ondes
de la Mer, qui remplifToient le monde
de frayeur & d'horreur Elevave- rbiJ,
,
rHHt flumina flattas su os à vocibns tiqua-
i
CHAPITRE VII.
Continuation du mesme Vfaime
Judica.
3-
E
P/4/.42.
Mitt e lucem tuam & veritatem
tuam ipsa me deduxerunt, & ad-
>
duxerllnt in montem fanïïum tuum & in
tahsrnacuU tua.
Nostre Seigneur continue par ces pa-
roles à décrire son estac penitent &
,
celuy de son Eglise, soit en l'Ancien,
soit au Nouveau Testament jestant au
milieu de l'un & de l'autre, au pied du
saint Autel,
Il ditdoncdelapartdel'Ancien Tes-
tanicïit» qui comprend une partie de
l'Eglise i Envoyez-nous,mon DieUjVÔ-
tre lumière & yotëre verité j nous som-.
j mes dans une Loy;& dans an citat plein
de tcncbres & de figures ; envoyez vôtre
|
?.
Fils,qui est cette lumière & cette verité.
,
Il dit aussi de la parc du Nouveau
t Tcsiament mis par Ces pechez dans
un
t'flat de tenebres : Je vous conjure de
m'assister & de me donner encore
, par
vaChemiCericorde,une partie des lumie.
i les dont vous m'avez éclairé dans le Ba-
ptesme,pour me tirer de cesobfcuritez
& de l'ombre de la mort : In regione
umbra mertis, j'estois dans une région Loge. ».*
27.
de mort, & mes pechez m'avoient plon- .%Catt. 41
gé de nouveau dans ce mesme estat d'er- 16.
reur, je vous conjure par vous-meime
de m'en vouloir tirer.'
Ipsa me deduxernnt & adduxerunt
,
montentfimélum tuum , & in tabernacnld
tua. C'est par la clarté du Baptesme,que
j'ay esté introduicdansl'Eglise, la
vraye
montagne de:Sion,& vos vrais Taber-
nacles : c'eit par cette clarté que j'ai esté
rendu participant des plus divins Myste*
res de la Foy : vos lumieres & vostrc vc-
rité m'ont fait penetrer dans ce qu'il y a
J
de plus caché en vos My sieres lors que
j'ai approché du Tabernacle de vos Atl-
tels qui n'est que l'image & la figure
,
du Paradis où l'on verra à découvert
ce que l'on voidicy a peine lous les voi-
sAi les du Sacrement,faciegloriam
Car. s.
M- Domini fpecul4ntes » nous verrons en
plein jour ce que nous ne voyons que
dans la nuit.
Les Sperain Deo,quoniam adhuc Confitebor
dtux &
Z/erfts illi salutare vultus mei 'Deus meus :
fricedtns Confie-toy moname,
font ,
dit l'Eglise, en
suffifam- répondant à la priere de Jesus-Christ
ment
txpli- pour elle ; Espere en ton Seigneur, qui
qutx. te découvrira un jour la beauté de sa fa-
ce, & qui t'ouvrira ses secrets aptes
un 1. ,
fal* t'avoir laissée languir dans la peine &
14L & dans les tenebres de la mort. Je sçay que
Ils. j'ay besoin de toute la confiance poffi-
ble en la bonté de Dieu, & en la Chad-,
té de Jesus- Cbrist mon Salutaire, Salu.
tarevultHsmei, & Deus meus : le sçay
que j'aybesoin de la misericorde de mon
Dieu , & de laredemption de son Fils f
sur tout, apres avoir méprisé les dons
de la lumière abusé les gouRs de
,
l'Esprit & foulé aux pieds avec tant
r.
d'insolence la grâce de ma vocation..
*[al. P,.uia apud Daminum misericordia , &
«. copiosa apudemn redemptio. |
Si nous voyons que les Iuifs , poud
avoir foulé aux pieds le Sang de Jesus*'
Cbrist > n'ont point trouvé lieu de pe-
aux pieds ce Sang
,
mtcncc; queiera-ce de ceux qui 1 ont
crucifié en eux-mesmes qui ont foulé
du Testamcnt
, & .41
Htb.
qui l'ont mis dans les mains du Demon 4. & 66. «
,
ray au Ciel pour y glorifier mon Pere,
qui me renouvellera & me tirera de
l'estat d'infirmité &decaducité où )e,
me vois reduic. jld Deum , qui Utificat
fféventutem meAm il me rendra la joye
,
pour la douleur que i,'cndurc, & que je
souffre maintenant , estant charge de
tout le faix des crimes de la terre sous
,
lequel je gemis.
CHAPITRE VIII.
Du Confiteor.
LE Prestre s'incline profondément
Confiteor afin d'ex-
pour dire le
,
primer le poids & le fardeau de nos pé-
chez dont MoUre Seigneur ::O:oit char-
,
gé. Et mesme auparavant que de le
comvnmencer, il dit ces paroles :
j utorium noftrttm in nomine Domini :
Mon Dieu.aydez-moy je vous prie , à
faire ma penitence » & à porter faix le
que vous me mettez sur la teste. C'cst à
vousseu! ô Pere Eternel quipoitez
, ,
le Ciel 6c la terre » à me soûtenir en
l'estatoù je suis chargé des crimes de
,
tout le monde chargé des pechez du
,
Ciel & de la Terre , des Anges & des
hommes, vousseul qui me devez juger
par vostre toute-puiuance, me pouvez
aussi soûtenir sous vostre infinieIuR:ice.
,
C'est devant elle que je confeffeles
pechez dont je me trouve chargé, & de-
yant toute c[$auare ea qui elle rc&k »
foit dans la fainte Vierge , soie dans les
Anges & les Saints qui servent à expri-
111er vostre grandeur &: à manifester la
,
Majesté de vostre Essence ; jelesconfer.
se devant vous habitant dans tous
les Saints de l'Ancien Testament re-
,
presentez en la personne de saint Jean
Baptistele plus grand des Prophetes ; je
les confessè à vous habitant en saint
,
Pierre & saint Paul, representans tous
les Saints du Nouveau Testament ti-
,
rez des Juifs & des Gentils ; je les(ta..
fesse enfin à vous, residantdans tous les
Saints du Paradis, Confiteor Deo emni-
,
fotenti, Beaid. sJfrl aria sernper Firgini
7ieato MiehAëli Archangelo &c. Et
la Confession qu'il ,
par fait à Dieu
en saint Michel , il confesse tous les
pechez des Anges dont il se voit
,
chargé aussi-bièn que de ceux des
,
hommes.
Voilà l'explication du Confiteor
,
& la maniere en laquelle Jesus-
Christ en nous confesse nos pechez
à Dieu le Pere & à tous ses Saints
,
qui sont ses vrais ,Tabernacles vivans,
dans lesquels Dieu reside. C"est
Iesus-Christ qui habite en nous par
son Esprit, qui soûpire en nous avec
des gemiUemîtis inénarrables postulat
nobis gemiùbus , Ai
inenarrab'Uibus. Nom.
pro ,
iCcst lny qui réellement sur la terre 9. Z6.
, soûpiré.
la gemy & C'cst luy qui
,
Je premier a consessé tons nos pechez i
)
a
Dieu son Pere , & qui commencé à
è
faire la Confession général le aujour-
idain s engageant à la penitence com-
%
,
Dieu a la faire à l'Eglise AsiseiçatHY
,
fui âm ipotftîs ileus cVst à Dîi u le Pere
Tour-puilfaor- à faire mi'cricorde à
,
fonJFils habitant en fis rrÍrmbres, que le
Prestre repr(senre,coi-ni-nc citant Thoni*
IBedu peuplc & (on Pleureur, chargé
de les pechez &. de ses debtes occu-
• ,
pant le lieu de Icsus-Christ premier
pleige & caution des hommes pecheurs
& criminels.
; Apres le Diacre & le Soûdiacredisent
1 le:C't/fluor
1
au nom de toute l'Eglise ,
qui est la criminelle en la pei sorme de
ses enfans & qui s'unit avec Nostre
,
Seigneur pour faire penitence. C'est
pourquoy disans, EttibiTarer , ilsse
tournent un peu vers le Prestre; demer.
meque le Prestre s'estoit tourné aupa-
ravant vers eux , en dilant , & vobirt
f.-Igtres ; pour apprendre que les hom-
mes ne peuvent faire penitence > qu'eri
union à Nostre Seigneur & qu'avec
,
ragréement du Pere dont le Prestre
,
alors debout tient aussi la place, à cauCc.
que Nostre Seigneur lesus- Chnst por-
teen lay Dieu le l'ere : car le Pere est
T>vJ$
dans le Fils, comme il est dit si ion vent era-
til
dans l'Evangile i Dieu le Pere en sou Chrut®
essence est entré dans son Fils & en ce dun< min-
,
F ils il void lesfatisfaéfcions qui luy sont coitci-
lians
faites ; il les reçoit il les aggree, & il fibi.
,
se reconcilie ainsi le monde en son Fils, a. Ad
Cor, 1.
le répondant & le {atisfaél:eur univer- 19.
sel que le Prestre prut representcr quel-
quesfois la personne du Pere,qui est pir
identité dans ion Essence & avec son >
,
fert sur la terre i'eioignemcntde vostre
face ; enfin je
vous conjure de revenir ÔC
retourner i moy, Ostende faciem tuam
&salvi erimus ; Montrez nous vostre ,
t
face & nous serons
contens de tous les
mau x que nous avons soufferts ; rien ne
nous peinera non plus que la femme
,
accouchée ne se peut sou venir de sa dou-
leur, quand elle voit son frtric
veniv
au monde.
Mon Pcre comment pourrois-je
,
m'àffligcr de tous les mauxdema M#rt
& Paifioli Ci jj vois des enfans qui
roienr nez de,
mes playes, & Ci je vois la
playe du cœur féconde produire l'E-
a
glise qui m? doit environner de set
,
louanges pour vustre gloire Ftmin"
,
Jtrem.
circundabitvirum, & qui 1er a une ayde
31. zz. semblable à moy pour vous glorifier ,
Adiutorium simile sibi : dans ma mort
G<". Z. j'auray mérité la mort de san peché ; &
se. Resurre&ion j'auray receu le don
en ma
de la vivifier & de luy donner un prin-
, Es-
cipe de vie nouvelle qui sera mon
,
prit » pour l'animer & la san(ftifier :
Deus tu conversus vivifteabis nos.
CHAPITRE IX.
De la montée du Prestre à F A Ht /.
'Apresquebieu le
bieu
Prêtre a reconnu de-
vant & devant toute l'Egli-
se, qu'il estoit pécheur , & qu'il estoit
chargé des pechez de tout le monde ;
aprés qu'il en a reçeu le pardon, & qu'-
il a esté reconcilié à Dieu dans une joye
si excessive & Ci sensible, qu elle luy fait
ouvrir les mains, & le fait relever de sa
baflefïe & de son humiliât ion ; il mon-
te avec confiance à l'Autel , Se meine
avec luy son Diacre & son Soûdiacreà
ses costez. D'abord il baise l'Autel ; Se
lors qu'il le baise, le Diacre & le Soû-
diacre apres avoir quitté sa Chasuble Se
son Aube qu'ils levoiclu en montant les
degrez,
dcgrez mettent le genouil en
,
terre , pour témoigner le grand res-
pe6t qu'ils portent à Dieu en
, appro-
chant de luy.
Cette entrée à l'Autel., ot'l le Prestre
est accompagné d'un Diacre 8< d'un
Soûdiacre, qui tiennent 8c élèvent son
Aube & sa Chasuble est extremémenc
,
-illytterieuse. Ellc represente Jesu$-
Chrifl; entrant dans la gloire, accom-
pagné de tous ses Saints ; qni l'élcvent
en louange , ôc qui servent à l'honorer
& à dilater sa gloire.
Il baise l'Autel pour exprimer
,
ce baiscr de paix , qu'il donna â sba
Pere, en entrant dans le Ciel où son
Pere le receut & communÏJ. à sa ,
,
snbllance & à sa nature humaine
, Pfti.
qu 'il enferma dans son sein pour tout 10), :.
jamais lors qu'il luy dit ; Soyez assis & 1.
,
à ma droite jusques à ce que le
,
temps soit venu , que vous foulerez
aux pieds vos ennemis , & briserez
lacère des superbes. La droite, donc
il est parlé en ce lieu, exprime la dignité
de Roy par laquelle il doit dominer
,
sur les Diables. Et ce fut en ce jour
que le Pc e le reçût en son sein a -,nou-
reux , pour le tenir prcuc sur sa poitri-
& se nourrir de luy par san amour,
ne ,
"dent il estoit l'objet & la pagure.
Saint Jean sur la poitrine de note 1
CHAPITRE I.
Des Encenfemens.
,
a entrée du Prestre à l'Autel Repre-
l
sentent les louanges que Jesus-Christ
& l'Eglise rendent à Dieu.
Le feu qui est. dans J'encensoir est
figure ,
du Saint Esprit repaant
une ,
dans le cœur de Jesus-Christ. ' ;
Les divers grains d'encens qui
se mettent dans le feu de l'encensoir,
marquent les diverses prieres des peu-
ples de l'Eglise qui se consommeat
>
en louange à la gloire de Dieu, par la
vertu d'un seul Eiprit reÍidant en 'eCus.
Christ &enl'Eglise. Et si quelquesfois
l'Encens qu'on brûle est composé de
plusieurs drogues , comme Tcstoir le
Tnymiame de l'ancienne Loy , c est
connoistre où la nature de
pour faire
l'homme tres-composée , qui se- -
r
cendatur.
Dieu est l'élément pur qui habite dans '
le Ciel, comme le feu dans la région su. ;
préme ; Se lors qu'il se vent manifester, s
,
le cœur des Fidèles, qui prie
le Pere dit S. Paul , il prie pour les
'lAtlKow. Saints selon Dieu
,
toujours
Secundùrn Deum
9. *7- •postulat pro Sœntlis.
Apres ces trois premiers coups , on
deux coups d'encens au coin de
porte
l'Autel, l'un en bas & 1 aune en haut,
pour montrer que tout le sein de Dieu
est remply des louanges de Ictus Chrin,
& des Saints. Et pour cela on ne lattis
,
place qui ne soit parfumée.
aucune
C'ellaufiï pour montrer que le Fils de
,
Dieu est deseendu en terre, puis il est
remonte , pour parfumer l'Autel de
Dieu d'ctcrnelles louanges. D'où vient
qu'après ces deux coups on revient à
parfumer l'Autel de trois coups d'en-
cens : ce qui marque les louanges qui sc
rendent en l'honneur du Veibe, la se-
conde personne. Ils se font en rond,
parce que le Veibe Divin est sa propre
louange, & qu'il louë Dieu par soy-
rncCme, Il trouve en Dieu toutes ses
louanges cxpi!manc comme Veibe &
,
comme Image de Dieu, tout cc qui est
de ses beautez & de ses grandeurs De
plus,mesme comme homme,& com-
me empruntant nostre chair, il se rend à
soy-mesme ses louanges : il se louë en
foy & n'a que faire d'emprunter ail-
,
leurs des louanges : Et si on n'acheve
pas le rond c'est que ces louanges com-
,
mencées en Iesus-Chril1:,doivent estre
continuées dans toute l'Eternité , &
cette Eternité commencée est signifiée
par le demy rond.
Ces trois coups se jettent aussi sur
l'Autel, & non pas au dessous, à cause
que Iesus-Christ l'Hostie de louange
repose sur l'Autel. Il n'eu est pas de
meime des trois derniers coups d'en- -
/
Saint Esprits trois de la part du nou-
veau Teltamenr, & trois de la part de
l'ancien.
Ils se font consecutivement, pour
montrer qu'un mesme Efpdt lie les
deux Testamens, qu'un mesme Esprit
regne sur les deux , qu'un mesme Esprit
les consoinme totis deux en un & fait
,
qu'ils ne fontqu\ineHostiede louan-
ge en luy,en son amour ,& en sonfeu:
car c'en: un meime Esprit qui éleve les
Saints à la louange & à la gloire de
Dieu: un mcsme Esprit nous Fait prier
en l'un & en l'autre Testament :& ce-
luy qui aura plus eu de cét Esprit, sera
le plus sainr. Un seul Esprit fera donc
un seul tout de tous les particuliersdc
l'Eglisc, tant d'une Loy quede l'autre.
CHAPITRE II.
De f office
du Thuriféraire du
,
Diacre, & du Prestre quant
,
aux Encenfernens%
T Es Encensemens ne sont pas seule-
ment mysterieux dans leur matière
de dans leur a&ion mais encore dans
>
les personnes qui y contnbuent»cC dans
qui les regarde. Le Thuriferaire, v
tout ce
il aen:c déjà remarque, est ce- ,
commme
luy dans l'EgliCe de Dieu , cilli reprefen. .-
la fainte Vierge. Il porte d'une main
te
laNavette, & de l'autre ,
1 Encenloir.
la Navette en main. [
re a toûjours lcs Enccnfe.
Quand il [e prc[eDee pour j,
,
represente par cette Navette , d 'où les
peuples sortent pour estre faits Hosties
à la gloire de Dieu, consommées en son
feu. Et pour cela ; il faut d'abord qu -
ils soient mis dans l'Eglisedu nouveau
Testament , qui est representé par le
Diacre, lcquelaprrstire la cueillerede
la Navette, & la prc(entantaU Prestre,
il HIabaise, & la main metrnedu Prestre,
pour fier que l'Eglise ne peut tirer
les ptupt s de l'estat où ils sont , lors
qu'ils viennent en terre enfans d "ire &
decolere que par Jesus Christ , qui
,
doit leur donner sa bénédiction parle
du Baptême.
moyen
à
LaCueillere est attachée laNavette,
Se y demeure toujours cachée pour té-4
moigner que l'Eglise renferme en soy le
Jacremcnc du Baptesme , comme le
moyen de retirer les peuples de la mafle
déperdition, où ils sont engigez
par le
pèche. Cette Cueillctc retire du pcche
relève de la terre recueille ^
Jtsus«.
, en
Christ les peuples dispei sez & les jette
dans cet abysme & fournaise ,
dé feu
pour y citre devorez & consommez ,
Dieu par Ictus Chrifi,quiestle,premicr en
consommé dans ses flammes.
Le Thuriféraire pendant
ce temps »
apres avoir ouvert l'encensoir tout ar-
dent & enflammé te tient haut
, par en
de la main gauche sur sà poirrine ayant
le poulce dans la bouche qui est chaî-
au
non du milieu qui ouvre l'Encensoir; &
de la droite il tient les trois chaînons
,
prenez,allez prochedufeu, qu'ilpre-
fente auprefire en la posture d'une demie
génuflexion, avec une modestie &
reve-
rence extraordinaire. Ce qui represente
les dispositions & sentimens delatres.
sainte Vierge en l'œuvre de l'Incarna-
tion, & dusalut des peuples qu'elle
,
recherchoit avec une sollicitude,unsoit-
hait& une vigilance extrême.
L encensoir Lignifie lesus-Christ
,
tout entier ; tant en Ion Humanité, qu'-
en sa Divinité, avec les trois Personnes
habitantes enluy, Le corps de l'Entea-
oir, qui contient les charbons ardcns ,
représentent 1 Humanité dont le fond
>
est en gloire & consommé dans le feu
Divin. Les trois chaisnons representent
les trois Personnes de la tres-sainte Tri.
nité. Celuy du milieu represente la
Divinité environnée des trois Person-
Ce chaisnon esi celuy qui ouvre &
nes.
ferme l'Encensoir , à cause que la Di-
vinité est celle qui dans les trois Per-
sonnes cst la cause de tous les mou-
qemens de J,fus. Christ & de toutes
,
.chases.
Les œuvres que la tres-sainte Tri-
nité produit au dehors, sont inCepa-
rables à cause que la puissance, lalu-
>
le
miere, & mouvement, par lesquels
les trois personnes agiifenr , c 'cft Dicti
mesme, qui est unique dans les trois;
qui par consequent opere luy [cul, &
en qui scul toutes les trois Personnes
opèrent au dehors. Et au dedans,unePer-
.lonne opere ce qu'une autre n opère
point , si le Pere engendre scul son
Verbe & si le Pere & le Fils produi-
, Esprit, lequel
sent seuls le Saint ne pro-
duit rien au dedans,c tst,ou a cause que
dans ce premier instant d origine, le
Jpils & le Saint Esprit ne sont point
encore ; ou que dans
la production de
-
. ces deux Divines Pet Tonnes,'la fccon.
>
dicéde l'Essence Di vine estant épuise,
ii ne rcite plus rien à produire
au
dedans. C'est donc Dieu qui opere
tout au dedans, comme au dehors , & il
cst seul principe de l'opérer. Dieu
dans le Pere engendre son Verbe par
son entendement en fuite de
1
, quoy
Dieu se trouvant ttanfmis dans le Fils
par la generation , un mesme Dieu qui
cala volonté fccondc dans le Pere 8c
dans le fils produit le Saint Esprit
, :
Tous deux comme disent les Theolo-
,
giens en unité de principe c'cft à
, ,
dire, en tant qu'i's sont un Dieu fécond
en volonté, produisent une mesme Per-
sonne nommée le Saint Esprit; à caufc
. que la volonté soûpire comme l 'enrcn-
,
dement exprime ; & pour cela la secon.
dePersonne produire par l'entendement,
s'appelleVeibc&est l'expression de Dieu
qui represente ses peife&ions telles
qu'elles sont en luy. De sorte, qu'en
un mot le Verbe lotie le Pere infini-
ment, il louë Dieu dans le Pere &
dit tout cfqu'ileG: d'un éloge infiny, &
admirable ; ainsi en luy seus Dieu trou-
ve toute sa louange j & pour cela, luy
ieul, peut donner paix à l'ame
,
&
sur tout à celle de Iesus-Christ , qui
ne sçiuroit se contenter en elle ny en
toutel'Eglise, pour le peu de louange
qu'elle rend à son Pere. C'est pour-
quoy Dieu à deiïein nous a donné son
Ve be, afin qu'en luy nous puissions
trouver des louanges , qui fussent i
dignes de Dieu.
Dieu doncest le principe de toute ope-
ration , soit au dedans, soit au dehors. t
Il cst aulîi en Jesus-Christ le principe de ;
Deus toutes Ces opérations. C'est luy qui se >
,
mérité bien d'estre exaucé, eXAudituJefJ
Ad
Utir. profita reverenûajX vaut tant de sa per",
J- 7' sonne, qu'il merite que son Pere l'écou-
te , & qu'il écoure aussi tous ceux
qui invoqueront la Majesté de Dieu
par luy.
Apres que l'encens a eslé mis par le
Prestre dans le feu, ( ce qui represente les
Saints entrez en Jesus Christ ) le
,
Thuriféraire referme l'Encensoir, ugm-
fiant par cette aétion ce que la Sainte
Vierge dit apres leur consommation \
Je fuis contente pour ceux-là , je n'en
(uisplusen soucy cesames sont con-
,
sommées en Dieu > & le louent à toute
eteuiné.
Apres le Thuriferaire donne l'En-
,
censoir au Diacre, qui reprerente1'Egli-
se; afin que le Diacre le donne au Pre-
stre qui encense l'Autel & aupara-
, signifie
vant le Sainr des Saints, cela
que la sainte Vierge donne son Fils à
l'Eglise pour remercier Dieu par luy
,
de la grace d'avoir receu des Enfans , &
de les avoir daigné consommer en luy.
Et de plus , elle donne cét Encensoir
au Diacre, pour dire à l'Eglise qu'elle
s'uni&'à jesus-Chrifl & aies loüanges,
& auili à toutes les louanges de sese-
rcs, qui vont loüer Dieu, de se consom-
mer en louange à toute eternité.
En suite dequoy le Diacre prend en
main l'Encensoir pour le donner au Pre-
stre ; la sainte Eglise témoignant par là
qu'elle ne se Cent pas digne de presenter à
D ieu sesenfans,ny les prières de l.Jus-
Christ ; nuis elle les donne au P relire
c'ell à dire à Nostre Seigneur pour ,
, ,
lotier Dieu luy-mesme. Et le Prefhc
qui exprime là le Verbe, prend l'Encen-
f*oir pour presenter à Dieu les prieres
,
& les louanges de l'Humanité sainte de
Jesus-Chrft.
Le Pi'eflte d'abord qu'il a l'Encen-
,
soir en main fait la genuflexion Se
, ,
s'humilie devant Dieu ; parce que le
Verbe ne peut s'humilier devint son Pe-
re, s'il n)csi:f.1it Homme. Et comme il
ne peut louer son Pere par des louanges
de Religion que par l'Hmnaniré,de là
5
vient que le Prêtre représentant le Ver-
be, prend en main l'Encensoir, qui re-
presente l'Humanité remplie du par....
,
fumdes louanges de tous les Saints du
Çiçl, pour en honorer Dieu.
Et parce que 1 Eglue doit s unir a
Chri- Chefen ses loiian- i
flus Jesus-Christ, comme
Caput est & les autres devoirs qu'il
Ecclefix. ges en tous
rend à Dieu (on Pere ; pour cela le
.Ad
Efh. 5. Diacre baise le Chapiteau de Encen- 1
*!•
soir ,en s'unissant par alà Jesus-Christ, 1
Le Chapiteau de l'Encensoir en la ^
CHAPITRE III.
De i 'lntroik.
APreslesEncensemens, qui expli-
quent à leur façon les louanges
de Dieu on commence l'Introït &
,
les prieres de l'ancienne Loy : car 1'1n.
troïtest presque toûjours tiré de l'an-
cien Testament ; & l'on exprime par pa-
roles ce que l'on avoit exprimé aupara-.
vant par les Encensemens , parlesquels
on avoir attiré à Dieu les yeux & le
flairer de l'ame, comme on y attire main.
tenant les oreilles , récitant ses louanges
à haute voix. Et pour cela tout le peu-
ple chante en la personne duClergé »
qui exprime toute l'Eglise ramassée en
luy.
En commençant l"lntroïr le Prestre
,
fait le signe de la Croix sans dire In
,
nomine Pttris st Fiïiï
>
?
& Spiritut
Sana;, :upour marquer^ que tour^ ce qui'
s'est fait en l'ancienne Loy ,a esté la gloi-
re de la tres-Sainte Trinité en vcrtu d:
lesus-Ch.-ist, qu'elle ne connoissoit pas.
clairement &: distindlcment, maisfeule-
ment avecconfulio:l &:obfcuncé. C'est:
pourquoyelle fait seulement par geste
le signe de la Croix saus exprimer par
,
paroles les trois pertonnes adorables.
On entonne des paroles tirées de l'an-
cienne Loy, qui signifient quelquesfois
les di(positioiis de Dieu pendant ce
,
temps là. Par exemple en cét Introït
Ego cogjto cogitationes pacis & non ,
,
tffliftionis ; L'Eglise est ravie de ces dis- '
portions de Dieu, qui souhaitte la paix
aux hommes , & qui medire le moyen
denolrre reconcililrion en (on Fils. Et
partant le Chœur entonne hautement
& d'une allegresse publique ce beau
motet , Ego cogtto , &c. je pense des
pensées de paix.
Apres avoir exprimé les sentimens de
Dieu on exprime ceux de la Synago-
,
gue , qui suivent immediatement ; com-
me sont les sentimens de confiance que
l'Eglise exprime, ensuitedes témoigna-
ges d'amour que Dieu luy a rendus:
mais avec cettc différence» que ne se con-
tentant pas de chanter ceux-cy une fois,
elle les repete une seconde ; ce qu'elle
ne fait pas des prieres de la Synagogue
tirées dcDavid àcauseque sentimens
& dispositions de Dieuse doivent peser
avec plus derespe£t, que les sentimens
de tous les hommes ensemble, pour pui s
qu'ils puissent estre ayans roûjours
,
diminué dela pureté & dela {aintctéde
l'cTprit en leur meslange.
De plus,on chante la premiere par-
tie de l'Introït par deux fois . dont la
premieredeclaie les penséesde Dieu &
Cespromesses 1 & la seconde témoigne
qu'elles sont accomplies & qu'on luy
,
en rend a&îon de grâces.
Et pour les louanges ou prieres tirées
de David qui expriment les devoirs &
,
la Religion des hommes envers Dieu
,
elles ne se recirent qu'une fois à cause
,
que ses prieres se doivenrcontinuer dans
l'EgHse & ne doivent jamais cstre in-
,
terrompuës. Et la nouvelle Loy , aussi
bien que l'ancienne, se doit servir de ces
prieres autrefois inspirées par resprit
,
de Jcsus-Christ qui anime l'Eglise; par-
ce que !'Esprit de Dieu en ce temps-là
,
qui devoit estre un jour l'Esprit de
I,sus.Christ, quand il seroit conceu ft&r
la trrre se repandoit par advance en
,
David, & luy taifoir dire ce qui devoir
cstre continué dans tout le monde. Et
il
comme efi:oir figuredelcsus-Christ.Sc7
mesme un Icsus O Christ vivant sur la ter-
re en la vertu de san Esprir, il exprimoit
déja les Ceotimens du Fils de Dieu en
son Eglis(:,& NoC1:reScigncur commcn-
soit par advance à exprimer en luy ce
i
qu'il continuë en nous.
Et afin que toute l'Eglise fût pleine
de Jestis-Christ & que tout ensemble
,
elle ne fût qu'un Idus-ChriH: il met-
,
toit dans la bouche de ce Prophète ce
qu'il devoir dire un jour luy-metmc sur
la terre comme on l'a veu à sa mort,
,
oùil a prononcé lesPseaumcs quedavid
prononçoit en son assi¡<.:lion, récitant *s«i- 30.
, , 6.
lnmanu! tuas cornmendo spiritum meum. Lté.
Et, Deus meus, 'Deus meus ut quid dere- 46. 14.
Hquiflime? Comme encore le Dixit Do- *f*l 11.
t,
minus Domino meo , qu'il exprimoit de !\Carr.
bouche sur la terre comme un jour son 7. 4*.
, M xr. 15.
Père devoit le reciter dans le Ciel; où 34.
l'on entend sensiblement les paroles de l 'J,l.
10'.
congratulation conjoiiiflance, reflen-
,
timent, & gratification , dont le Perc
Eternel devoir user à l'entrée de son Fils
dans le Ciel, au jour de son Asccnsion»
Si bien qu'en l'une & l'autre Loy on ne
voir que Jesus-Christ,on n'entend par-
ler que lusus-Christ & on n'est redeva*
»
b!e qu'à Iesus-Christ de toutes les
,
louanges, de tout l'honneur & de tous
les hommages qu'on rend maintenant à
Dieu , qu'on luy a rendus & qn'on luy
rendra à jamais sur la terre & dans
le Ciel.
Et pour exprimer cela , & marquer
l'union de l'un & de l'autre Testamenc
en Jesus-Christ immédiatement apres
»
cePseaumeon vechcGloria Patri&Fili&P-'
&c. pour joindre la prieredu nouveau
Test iment à celle de l'ancien , & pour
adjoûrer aussi à l'ancien le bon-heuc
,
qu'il ne connoîssoit pas, scavoir, l'ex-
pression du Mystere de la tres Sainte
Trinité, qui luy manquoit : car il n'en
connoissoit rien que confusément 8c en
la Foy de Iesus-Christ , qui devoit
un jour reveler ce qui estoit alors
couvert.
C'est pourquoy quantlol1 dit,
ria Patri, & Filio & Spiritui SanElo ,
„
le Prestre se tourne vers laCroix ou
vers le ries saint Sacrement, lorsqu'il
est sur l'Autel, poir dire ; C'en: à vous,
mon Seigneur lesus-Christ caché
»
tous nostre Sacrement dans ce Taberna-
cle; ou bien à vous, qui stes representé
sur cetteCroix ( il faut qu'il y air
-
, car
toujours un Crucifix sur l'Autel )
que
inous fomines redevables de la connois-
sance de ce divin&adorable Mysterede
i
la tres-sainte Trinité à laquelle
, nous
rendons ces hommages &
>
ces louanges
expresses, dont toute l'ancienne Loy
estoit privée qui rendoit
•
, ne aucun
devoir qu'en vostrc Esprit caché plus
au
profond du coeur de
vos Prophetes,
iaufquels vous reveliez
cette sublime
.veriré. Et l'Eglisedans l'Osfice Divin
pour le mesme deirein recite le Glopia
,
>Patri à la findetousles Pseaumesde
,
\David.& de tous les Cantiques, excepté
VàHcmdicite, àcausequ'on a adjoûté en
la methode du Cantique qui n'est
'qu'une image des louanges que l'Eglisc ,
rend a Dieu Benedicamus Patrern &
>
Filiurn cum Sanfto Spiritu louons
,
le Pere le Fils & le Saint , Esprit,
, ,
repre(ènrez par les trois Enfans daus la
fournaise en unité de l'Esprit qui
tpatût au milieu d'eux comme images ,
¡de: l'Eglise.
Lors qu'on dit le Gloria, on s'incline
¡prosondement à l'exterieur, & ons'hu-
milie de cœur devant la Majesté de
Dieu , protestant par cette action d'a-
neantiflement, que toute creature doit !
me tous les le
,
Gloire soit à Dieu en luy.mostne com-
pseaumes marquent, mais
subsistant en trois Personnes t com-
Pseaumes de nôtre
;
me nous l'adjoûrons nous marquons
seau & les ren.
ces ,
dons nostres y adjoûtant tout ce
,
qui y manquoit , que Jesus-Christ
n'avoir point encore décou vert , & qu'il
à
atcendoit reveler à la fin de la Loy.
C'est pourquoy nous disons Gloria
Tatri à la fin des Pseaumes & non >
pas au commencement.
Si aux Laudes on ne dit point Gloria.
à la fin de deux Pseaumees ; c'est parce
que l'on en fait un de trois , lesquels
,c,asemblc expriment une IneCmecho[e J
8c rapporrcnt les louanges & diLpoh-
jtionsdes Saints, quine foie poinr in-
.
,
Enfans: uno ore benedicant Deum.
Lors que nous chantons le G Ion* y
en l'Office ,on s'incline devant la S1inte
Triniré en union à lesus-Christ Nol1:re
Seigneur qui s'est donné à nous & que >
CHAPlTR E IV.
Du KJrit.
EN ruite , on chanrcpar neuf fois, à
l'honneur des neuf Choeurs Angeli-
Kyrie clcifon cequi exprime les
$
Lentimcns des Anges & des Prophctes,
au temps de l'ancienne Loy.
LeKyrie, aussi bien que le Trai&,
,
qui est cette partie des prières qui se lie
,
(immédiatement devant l'Evangile
signifie les soupirs& les larmes
,
dcs Pro.
phctes gemiffans & faisans penitence
pour les pechez des homtnes, soûpirans
apres le Meflie»& demandons un repa-
rateur de la chair toute absorbée dans
le peché :ou au moins unEsprit puiiïjnc
& vertueux, qui élevant l'ame au dessus
de la chair la tiat dégagée de sa masse
,
pesance pourl attacher à Dieu, & s'oc-
,
cuper en luy par louange & par amour.
Les Anges aussi bien que les hommes,
avoient intstcil à la venue du Mciîîe,
& le demandoient avec dautant plus
d'ardeur & de zele , qu'ils voyoient
clairement en Dieu ce Mystere &sans
incertitude & que d'autre patt ils
,
voyoient perir les amessous le poids de
la chair par la malignité du Diable2&
parla foiblcfle de la Loy , à qui ils prc.'
109!.
,
voyoient devoir succeder la force de.
l'Espritde esus.C[1riC\; sélon les pro.
z. mettes de l'advenir : Effundam de spiritu
n. super & provhct*~\
Z7. meo omnem camern ,
7. bunt silii vcflri, & si li'tt vistr£ (j
,
res vesiri vifiones zidebunt, & jromn,-T
fomniabunt. le répanderay mon Esprit
sur toute la chair & je le donneray
,
avec telle abondance, que remplis des.
lumièresde ma presence, i!s verront en
moy toutes les choscs les plus [ecreecl:
de l'advenir, 5c verront en veillant, &i
mesme endormant les chosrs lespiusi
,
pures & les plus Maintesde la foy. Céstl
l'estat d(s ames bien unies à Dieu quil
>
voyent toujours en Dieu les choses
mesmesen dormant j à cause que Dici
leurestuny independémment de l'opo.
ration de leurs sens, 5c qu'il s'appliqua
par fois à l'ame la nuit d'une nunicrl
à
allez remarquable , afin qu'elle puiue
•faire reflexion sur ce qu'elle a veu &
,
? avoir le Convenir de l'opération Divine.
Dieu n'a point besoin de nos phantosmes
1
v CHAPITRE V.
Du Gloria inexcelfis.
A et/filPrès le Kyrie, suit le Gloria in
cv-
I)eo ; pour exprimer quela
pénitence des Anges n"aIrerc point leur
beatitude & ne diminue point les
,
louanges qu ils rendent
au Trcs.hauc;
en ce point difFerens des hommes, donc
! esput borné fait
qur" seplongeans dang
les larmes & les afflictions des péni-
tences, ils ne peuvent chanter les IOÜ,10"
ges,ny s apl)liquer ,au'( (airus Canti-
ques d 'aHegrefIe & de joye. Maîsi "esprit
de beatitude dans les Anges les remplit
en mesme rcrrps de tout l'Efprir de
Dieu aurhrul de pénitence & de Joye, si \pC.
, ne
qui tst le scul & unique principe asif- 4 .i
C ut ,
17 2.
Fxpliclltion des Curemonies k
idem
autcin sant dans 1 Eglise en toute la diveditt
fpiiicus desfentimens desSaints,qu'il s'applique
&c.
ïlxc distinctement à Dieu , sélon qu'il le'
autem desire& qu'il le connoist utile & glo.
omnia
rieux à sa grandeur. Cela se fait parla
operatur
unus , fccondité & par la multiplicité de son
atque son principe & en
idem operation unique en
spirj>U$, sa source.
dividens
singulis Le Prestre leve les mains au Ciel,
prout quand il commence leGloria & le Credoy
vult.
I A4 &en pluficurs autres rencontres.
Cor. f, Premièrement, pour exprimer que
* & n Nostre Seigneur chercher son Pere-
va en
laplénitude dela grâce, des louanges,
des bericdiâions & des remercimens
,
qu'il veut répandre dans l'Eglise ; de.
tnc(me que comme Verbe, il puisedans,.
ionPerela plenitude de son Eiïence. .
Secondement le Prestre éleve parti-1
,
culieremenr les mains au Gloria & au;
Credo, & les rejoint cnsemblcen incli-î
nant la telle , pour apprendre par ces
élévations, qu'il appelle l'Eglise, pom J
se venir unir àluy. D'où vient qu'auflM
tost qu'il a fait ce ligne d'amour, le Dia'
fè
cre&leSoûdiacrc disposent à mon-;
ter pour s'en aller à luy ,se mettant aus-l:
si-tost à genoux en a^ion de graces &!r
,
çn reflèntimeut du bien que JesusChristr
leur fait de les appel lcr à luy & de les
,
mettre en commcrccdcion Esprit & de
si grâce.
Les mains jointes du Prestre pendant
leGloria& le Credo , signifient l'unité
dela Religion dans le Ciel exprimée
,
par le Gloria , & celle de la Foy en ter-
re » exprimée par le Credo.
L'inclination de teste que fait le Pre-
stre marque premièrement le rcspeft
,
que Jesus Christ porte à son Pcre , au
nom duquel il incline la reste : car c'est à
ces mots, ( Deo 5c Deum ) que l'on bais.
se la teste.
Secondement, elle marque qu'à cause
del'unité de l'Eglise & de Jcsus-Christ,
Dieu le Père agrée nostrc Eoy 3c nostre
Religion.
Il y a cette différence entre la Préfacé;
& le Gloria in excclfîs, & le Credo que
,
dansceux-cy on a les mains jointes SC
,
en la Preface on les a ouvertes : &de
plus pendant la Preface, le Diacre & le
Soûdiacce sont en bas à leur place : où
au contraire , au Gloria in excelsis, & ail
Credo .ils sont auxcostez du Prestre, 6C
les recitent avec luy la Pré-
, parce que
face est la pure oraison desCieux & des
Bienheureux où les hommes n'oiy
>
point de pan. c- est pourquoy ils n'oat
pour elle que du refpeft , & un saint
éloignement. Mais comme le Credo est
la profession de la Foy, qui est une vertu
propredela terre & non pas du Ciel;
,
il arrive que les deux Tcstamcns y pren- ?
,
Messe contient toute Religion en
éminence & en perfection soit celle des
1 uifs en esprit, soit celle des Chrestiens
,
les autres celles du nouveau & les
, ,
troilidines les prieres secretes & inte-
rieures de Jesus-Christ.
Le Prestre qui se tourne vers Ic peu-
ple représente lesus-Christ, appliqué
,
a son Pere, qui ne laifll pas de se <ouve-
airde l'EgliLe & se tourne vers elle
, t
pour la faire participante des Oraisons
des Saints de l'ancien Tcstament & là&
,
faire entrer en parr de leurs priercs, pour
s'unir avec luy & offrir avec luy des
,
Oraisons si ferventes & efficaces com-
,
me celle de ces anciens Patriarches âC
Prophètes qui sui -paniciit la ferveur
,
& le meure de pluiicurs Saintsdu nou-
veau Testament. Et comme nostreSei-
gneur qui aime so.1 Ealite , la veut
mettre en part de tous f' s biens , ÔC la.
veut aifcoiravec luy à son Sacrifice ,qui
comprend tous les devoirs de Religion i
delà vient qu'en se tournant verselle.
il luy dit : Le Seignetird1: avec Vous
jVorninus vebiftHm la vertu de son Es- ,
,
pritestenvous pour vous faire priée
à , z~10el
arec aousj quoy VEglilc repa.ct.
sommes unis d'aff..c1ioo & de dtsiràvô-1
ireEfpiic : EtcumSpiritutuo. ( Etl'E. \
glise repart en cette rencontre , comme
quand le Prestre par ces paroles, Sttrjum
tarda, l'invite d'élever t'on (œur à Dieu:
aussi-tost par disposition, elle respond,
Nous l'avons élevé à Dieu, Ilabemusad
Dominum. ) Ou bien l'Eglise repart au
Prestre, &luy rend le réciproque , par
lesouhait qu'elle luy fair , le Seigneur
foir avec vous & dans vostre cœur,pour
Vous faire prier comme nous.
Le Prêtre ouvre les mains, lorsqu'il
dit, Dominus volnfcum , parce qu'il de-
fire que le Saint Esprit qu'il luy sou-
hairte, soit dilaté & répandu sur tous
en plénitude. VoUa la lignification de
ces mains ouvertes au peuple. Maisau-
paravant cela il taur & qu'il les joigne,
• ,
posant sur l'Autel, il baise
& qu'en les
le milieu du mesme Autel pour nous
donner à connoistre, que cette étendue
>
;
l'Espouse, qui boit avec joyedela fon- Haut
taine deson Sauveur. Et cVft,,comnje aqaat riccii
CHAPITRE. II.
Du mût y Orenius.
L'Eglise ayant répondu
,
Et cu", *
CHAPITRE IV. %
De laConcluJion des oraiio \ *
que
c'esten
qui
& qui soûpire avec des cris & des ge-
misTemens inenarrables •. Il demande
'pour les Saints sclon Dieu. Et
ine. eam.
demande
t. 11.
LIVRE
DE LtEPISTRE
DE
ClNgJlESME.
L'EVANGILE
t
ET AUTRES CHOSES, i
jusqucs
A L'OFFERTOIRE.
Chapitre I.
,
De [Efijlre.
SUr. la fin del'Oraison le Soûdii-
,
crequi represente vifiblcment l'an-
cien Testament . comme il a csté déjà
remarqué,& comme il paroleence qu'-
il lit les Prophéties & qu'il marche de.
,
vant le Diacre & le Prdlre) pour prepa. ''
rer les voyes du Seigneur , comme saint
Iean qui estoit la Lov vivante, &qui' '
,
marquoit en ses fondions la disposition
leau r0
10
de la Synagogue : Ego vox clarnantù in
21. deserta : Dirigite viam Domini : le suis la
111.40 i
voix qui crie dans le desert; Préparez
les voyes du Seigneur, disposez vous in-
térieurement à recevoir lesus-Christ
dans vos coeurs : Le Soûdiacre, dis-je,
après avoir receu le Livre des Epifircs
du Maistredes Ctremonies, (ur la fin de
l'Oraison fait une génuflexion au mi-
,
lieu de l'Autel sur la derniere marche;
r
pour émoigncr qu'il est encore éloigné
de Nostre Seigneur, & qu'il va parler en
son Nom,advouanr qu'il a receu par ses
merires & par sa vertu I'Etprir de Pro-
,
phetie & de Force, par lequel il dispose
les coeurs à recevoir Nostre Seigneur. «r
Il lit les Propheties, ou les Epistres,
sans auparavant recevoir la beneditl:ion
du Prcstrc, qui représente lesus-Chiist,
6c il ne la reçoit qu'aprcs les avoir
leuës ; pour,exprimer que les Prophètes
n'ont receu la bénédiction de Jc/sus-
Christ qu'après leur mort, & aprés le
*
itravail de leur million.
Il baise premièrement la miin du
Prd1:re, & puis il reçoit la bdlcdiébon :
au contraire le Diacre la reçoir, 3C
,
puis il baisela main. Cela ÍÏJnific que
les Prophetes ont csté unis intimement
à la. puitralice de lesus-Christ en leur
employ,quoy que pourtant ils n'ayent
esté reconciliés à luy que long temps
après: où au contraire , les Apoltrcsrc-
presenrez par le Diacre, ont receu la
benediéHon& reconciliation avec Dieu
en vertu de la mort de Jesus-Christ,
devant que de recevoir la puiflancedc
prcscher& d'annoncer l'Evangile.
LcSoûdiacrc reçoit le Livre des Pro-
phéties & des Epistres ,du Maistre des
Ceremonies ou d'un Clerc vestu de
: ,
blanc d'aurant que la Loy esté donnée
a
par les Anges : acceptais legem in difPtJft- Àff./. il.
tione tAngelorum : Les Iu!rs ont receu
la Loy par le
moyen des Anges, qui en
avoient la dispens!tioli. r
Après que IeSoûd:acre chanté l'E-
a
pistre, il se va mettre à genoiiil
aux pieds
du Prestre sans le voir face le
, en }
Prestre nese détournant de l'Autel
pas
oùileu: appliqué,
ayant le dos, entie-
tcmcnt tourné au peuple. Cequisigni*
fie que pendant que l'ancienne Loy Te
CHAPITRE II.
De l'EV411gi/t que le Prestre lit M
cojlc droit de l' Autel.
ÎEgile, s'incline
avant que lire
Prestre de
milieu l'Autel,
de
TEvatv
au
- exprimer l'estat & la disposition
pour
de Jesus-Christ, recevant les ordres de
Dieu son Pere, pour venir publier le
îylyftere de réconciliation,5cTadvcnc-
" <£
tient de ion oyatim,-. Il te dKposc par
là àsatisfairC' à sa million; & avant que
I
le la commencer, il puise dans le lein de
on Pere la force & l'amour rrrcefTiirc
>our accomplir pa faitemét sa volonté.
LePrestrefaitlefignedelaCroix sur
'Evangi!c,sur son front, sur sa bou-
che & sur son coeur, pour témoigner
!]ue c 'ctl en Dieu (cul que l'Humanité
île Nostre Seigneur a puisé la lumiere
ilu'il répand sur la terre la force de
j:onfeflcr son ,
nom & sa parole, & l'a-
mour de la Croix qui est le terme ÔC
,
. abrégé de l'Evangiic.
j Quand lePiestrecommencea lire l'E-
vangile, il n'y a que le Soûdiacre au-
près de luy ;pour signifier que quand
ffe(us-ChrH1: preschoit luy*mesme son
évangile en Jerusalem & en Judée:, il
i?ftoit au milieu de l'ancien Testament,
?5c n'avoit pas encore institué le
nou-
veau , ni donné son Esprit. C est pour-
:Iuoy le Diacreen demeure éloigné pen-
dant quelque temps, & il ne àeti appro-
|:hequesur la fin parce queNou-re Sei-
>
,
LePrestre (lui avoit la face tout à fait
tournée vers l'Autel & le dos vers le
peuple quand il lisoit l'Epistre , sc
,
tournedc costélorsqu'il recitel'Evian-
gile; parce que Nostre Seigneur ne coin-i
à se découvrir lors qu'il
mènera , que
publia luy-mesme son Evangile: mais
lors qu'il est chanté par le Diacre , ce
qui t-eprcseiite le temps de la pvedica-'
tion des Apoftics , il se tourne davanta-
ge vers le peuple & paioist plus à dé-
,
couvert j parce que quand les Apostres
presche:renr l'Evangile Jesus-Christ
,
fut connu plus clairement & fut ma-
nifestéplus ouvçrtemétaumonde,qu'il
,
-
n'avoit cite auparavant. Pour cette mef-
me raison lors que le Prestre lit l'E-
,
vangile, le Soûdiacre est proche de luy
pour l'écouter, témoignant par là que
Jcsus-Christ a presché son Evangile
qu'il ,
comme à balle voix, & a fait son
oeuvre à petit bruit & avec peu d'éclat ;
au contraire, le Diacre se fait entendre
facilement de tout le peuple, parce que
sa voix represente celle des Apofcres.qui
s'est faire entendre par tout l'Univers,
In jmnéfaerram exivit fontts eorum.
Jcfus Cnriftamieux fait entendre son Pral. 18;
4.
Evangile, & l'a publié plus loin par scs
Apostres que par luy-mesme. Car lors
qu'il l'a presché luy-mcsme , il cRoit
victime pour nos pechez ; il elloit revê.
tu d'infirmit'é ; il n agissoit point enco-
re en la vertu du Fils de Dieu, mais
plustost en la foiblcg'c du Fils de l'hom-
me; de forte que pour agir sortablemcnc
à son estat & à sa condition, il n'uroie
de son Esprit que foiblement : mais lors
il
qu'il l'a presché en ses Apôtres, eftoic
entré par sa Re(urred:ion en la puissance
de sa nouvelle vie il agissoit en eux
,
par la vertu de l'Esprit qu'il leur avoit
envoyé J & cet Esprit estoit l'Esprit
mesme de sa Resurreâion Esprit de
,
force 8c d'efficace. Il se Cervoit d'eux :
, cela enseigne
retour en Dieu : nous que
l'Evangile n'a point esté pleinement re-
vélé aux Disciples, qu'après que Nôtre
Seigneur est monté dans le Ciel ; après
lequel tempslesapoftres attendansleur
million, prioient beaucoup : ce qui nous
cst repreiènté par la priere que le Diacre
fait avant que de reprendre le Livre,
Et crút qu'il prend
en suite sur l'Autel parce
omnes ,
docibiles que les Disciples ont receu les instruc-
Dei. tions deDieu mesme par le Saint Esprit,
//«'• 54- puisée
t!. &t. & que cette doctrine leur a esté
la*. 6. dansson sein par les mérités de Jesus-
4- Christ, apres qu'il s'est approché d u fein
du Pere. C'est pourquoy le Prestie est à
cossé du Livre,pour représenter queccla
arriva après que le Fils de Dieu sur de
retour de son travail & que [on Pere
luy eût dit,Sedeàdextrismeis , Soyez
>
pn,r.
809. Il aflisàma droite qui est le temps où
, paroles
font accomplies ces J)ominm à
,
dextris tuis Le Seigneur est à vostre ihid.
, si
droite : Le Pere Eternel est à la droite
desoisFils,& le F ils est à la droite de
son Pere pour marquer l'égalité de
-
puissance & de perfe&iondanslesdeux;
car Nôtre Seigneurauflî bien que sou
Pere, pcutdhefiguré par le Prestre Se
par le Livre , dont l'un est à la droite de
l'autre.
Le Prestre qui est à coste du Livre ne
,
se tourne qu'après avoir OU*y pronort*.
cer au D acre ces paroles lube domnt
,
benedicere ; ce qui signifie que Nostre
Seigneur à la droite du Pere, ne se tour-
C»
t
ne vers ses Apôtres qu'après leurs cris
& leurs fortesprieres parlcsquelles ils
demandoient instamment le Saint Es-
prit qu'il leur donna sélon leurs de-*
,
mandes exprimées par les paroles de
l'Oraison que fait alors le Diacre : Il
dit ^çJMnndaC8rmeum& labiami-t om-
nipotent Deus,qui labia Issy* Propbtta
calcnlo mundaflisgnito ; ita me tu4gratta
miferatione dignare mundare, ntsanftum
Evançelium tuum digne valeam nanti4-
re. Per Christum Dominum tioflrum.
Amen. Mon Dieu, purifiez mon coeur,
dit le Diacre au nom du nouveau Tcf-
tament & de tous les A postres, qui s'ad.
drefloient à Dieu le Perepar l'inrerces-
fion de (on Fils pour luy demander
,
le Saint Esprir qui les rendit capables
de publier le saine Evangile qu'il leur |
-
avoir commis, & à quoy il leur f.u(oic \
l'honneur de les appeller : Il demande "
CHAPITRE IV.
De V Evangile chanté Par le Diacre.
LE Diacre ayant ouvert le Livredcl
Evangiles fait sursoy trois signes
,
de Croix apres en avoir fait un sut
,
le Livre pour lignifier qu'il desire expri-
mer en son esprit, en sa bouche , & en
son coeur qui cst imprime dans
, ce
ce Livre.
Le premier que l'on fait sur le front,
st
f pour prier le Perepar la Croix & par
la mort de son Fils de vouloir nous
,
éclairer l'entendement des veritez de
l'Evangile*
Le second qu'on fait sur la bouche,
est pour priet le Verbe par ses fouffran-
de
ces, nous vouloir donner la force de
professer publiquement , & de confef-
ser jurqu'à la mort & la mort dela
,l'Evangile
Croix, les veritez de , com-
me il l'a fait luy-mesmc ; car il n'a ja-
mais cdfé,comme Verbe qu'il estoit ,
de prescher & de publier ces veritez ,
&il l'afait sur tout en la Croix & en
sa mort, & continue de les manifester
parIefaint Sacrement qu'il veut cure
,
un signe & un mémorial de sa niort &
de tousces Mysteres ; ainsi tout mort
il presche & publie son Evangile par sa,
mort, & par tout ce qu'it est : parce
qu'il est Verbe il parle des veritez
du Pere. ,
Le troisiéme figne de Croix se fait sur
la poitrine, pour exprimer la demande
que nous faisons au Saint Esprit p ir les
souffrances &
par la mort de Jcsus-
Christ,de l'amour des veritez de l'E-
Tangile,de l'amour de la pauvreté, la
souffrance, & du mépris, qui en sont
comme l'abrégé.
En suite le Diacre fait une profonde
inclinarion à l'Evangile, devant que dc'
Fencenser & une autre après l'avoir
,
encensé. Il luy donne trois coups d'en..
cens ; l'un au milieu, & les autres aux
deux costez du Livre, pour exprimer,
premièrement, les louanges que toute
l'Eglise porte au saint Evangile qui
,
merke d'être honoré universellement
d'un bout du monde à l'autre ; & mes-
mc depuis son commencement jusqu'i
la fin, puisqu'il est également Saint par
tout. C'est pourquoy on l'encense par
milieu qui est le de 1 E-
tout ; au corps
vangile ; au collé droit ,c'est a dire au
commencement ; & au costé gauche,
c'est à dire à la fin : car le Livre finit de
ce collé.
Secondement, ces trois coups ligni-
fient la fin & les effets de l'Evangile,
qui sont de faire honorer la tres-saintc
Ttinite, Euntes docete omnes Gentes hd^ xarr;
f>tiï(antcs eoSiirt nomine Patris, & Filii, il. 1*
CT Spiritus Sanfti. Et en effet, l'Evangi--
le répandu par les Apostres dans tous
les endroits du monde, est encore repre-
[enté par cet encens répandu deçà &
delà,d'un bout du Livre à l"autre,&
au milieu, à cause que l'Evangile a citi
publié par tous les coins du monde.
De plus , ce coup que l'on donne le
premier, represente le Pere Eternel, la
premiere personne de la tres-sainte Tri-
nité, de qui le Fils & le Saint Esprit
procèdent ; qui comme éguix à luy,
font après honorez parles deux autres
coups. Ces honneurs & ces louanges
sont delcendus du Ciel , c'est Nostre
Seigneur Jesus- Christ qui a revelé la
grandeur la maiesté, & la distinction.
,
des Personnes Eternelles, & qui a mé-
rité à l'Eglise l'honneur de leur eftsc
contactée pour les loiier & pour Ifs
,
honorer éternellement. C'en:
pour cela
que devant que l'on aille chanrer l'E-
le
vangile, Prestre au haut de l'Autel,,
comme Nostre Seigneur du haut du'
Ciel, donne sa benedidtion sur l'encens.
& sur les parfums,que le Diacre va ré-'
pandre dans l'Eglise, à la louange d'uni,
Dieu en trois Personnes. C'en: labene-'
diction qu'il a donné à sesApoftres alti
jour de son Ascension, & la vertu du.:
Saint Esprit qu'il leuraenvoyé le jou-c
de la Pentecoste, qui ont fair honorer -
,
Moyse qui aime le mépris des Enfant
d'I fraël qui signifient les Chrestiens,&-
quiprefere la pauvreté de Jesus-Christ
& de Ces membres, aux richesses des
Egyptiens , Majores divitUt d/limans Htbtm d'
ihcfturâALgyptiorumimpropcrinmi hrifti. Il. z.
Témoin David quia tant d'amour pour
la souffrance & pour la persecution, 6c
meime pour ses ennemis. Témoin un
Ifayequ'ona veu comme une fournaise
ardente, embraie de l'amour de Jesus-
Christ, desire sa venue. En un mot, tous
ces Saints font parvenus sans voir, à
cette éminente [aintecé , en operanc
sélon l'Esprit de Iesus-Christ, qui leur
t
estoit donné par advance quiles incli-
noit à Ces mesmes sentimens, & qui dés-
lors formoit son corps & remplissoit ses
membres de sa vie ; ils ont esté dignes
d'être admis dans le Ciel comme nous.
Apres donc que le Diacre a chanté
l'Evangile, le Soûdiacre qui représente
l'ancien Testament monte à l'Autel
,
portant le Livre : il s'approche du Pre-
sire sans le voir, & ne le regarde point
qu'après qu'il luy a donné l'Evangile à
baiser; ce qui signifie que l'ancien Testa-»
ment n'a point veu Nostrc Seigneur a
découvert , qu'aptes que lapublication
de l'Evangile a cité faite par lesApôtres,
& qu'aptes qu'il a ciû que l'Evangile
cstoit l'Evangile de Dieu qui habite
dans le Ciel; & qui cst représenté par le
Prestre qui est au haut l'Aulcl, qui r
baile Livre pour
le témoigner qu'il ap-
qui en a elle publié sur laterre.
prouve ce
LePrestrequi repretente aussi là Nô- :
CHAPITRE V.
.Div Credo.
LA profession de Foy qui se fait par
k Credo suit immédiatement la
»
publication de l evangile
; pour mon-
trer le respeCt que l'Eglise porte aux pa-
roles du Fils de Dieu & la parfaite
soumission qu'elle rend, à sa do£krilic
Car le sus. - Chriû D'a pas pluitolfc•
achevé de prescher (on Evangile, d an-j
sa parole» & de publier sa doéhi-
noncci
l'Eglise sa chere Epoufc obeis^
ne, que
fante à sa voix , & parfaitement [oûmi
se à son instru&ion, s écrie a haute voix.
Credo, Je crois. Or pour témoigner qu(
c'est principalement pour 1 Eglise qu )
le Prestrc proteste de sa Foy , il ouvr
& rejoint aussi tost les mains & fai
,
inclination de teste appelle
une , pour Soia.foâ
.& s'unir à soy le Diacre & le
qui representent l'Eglise dans soifl
cre ,
rendue ; ltfquels ayans fait une genu-
flexion se joignent incontinent au Pre-
stre ; non seulcment pour obeyr à sa
yoix, & se montrer fidelles à leur voca-
"tion mais encore pour faire .conn.oi£hc
l'unité de la Foy de l'un & de l autre
Testamét qui sont unis en Jesus-Christ.
Aptes que le Prestic a recité en par-
ticulier le Credo , il va s'avoir , & fc
tient en repos pendant que le Choeur le
chante à haute voix : Mais le Diacre
est obligé de sortir de sa place & d'agir:
& mesme pour lors le Soûdiacre se tient
debout ; pour témoigner que l'on n'est
pas dans un parfait repos en cette vie.
Car quoy que l'on trouve le repos &
1* trapcjuvllité dans la Foy i ce a'cii
pas néanmoins comme dans le lit d
gloire où ftpc,s ntlC's Saints & où
, ,
leur joye est accomplie. C'est pour-
quoy pendant le Ç/orM, qui cst IcCan-
tiqucduCiel le Diacre & le Soûdia-
,
cre demeurent toujours assis aussi-bien
que le Prestre , & ne sortent point de
leur place ; mais comme le Prestre rc-
presente Nostre Seigneur le Prêtre
seul demeure ,
en repos au Credo, , de
mesme qu'au Gloria,
, pour marquer
la beatitude de Jesus-Christ & la
veuë parfaitc dont il connoist ,
clai-
rement & sans F oy tous les Mysteres.
Pendanr qu'on chante le Credo le
Prestre se découvre & s'incline ,
fois & mesme se
pat
, met quelquefois à
genoux a ces paroles Et incarnatmi,
est &c. ,
témoigner
* pour l'hommage
qu'il rend à la grandeur de Dieu, & le
respeét. qu'il
porte à son Pere en,
l'eltat de sa gloire ; cemmc: chef il
donne exemple ,
a tous de s incliner
de s'aneanjir devant Dieu.
Apres cela le Prêtre s'estant
» cou-
vert, le Diacre reçoit la boursedu Mair-
tredes Cérémonies, qu'il tirée
a de des..:
fous le voile de la Credence
: il J'a,
tient un peu ouverte devant lu
y, &la.
porte aÍnli devant scsyeux avec reveren—
témoigner que le nouveau
ce , pour
Testament reçoit avec un peu plus de »
LIVRE SIXIESME.
DU PAIN BENY
ET DE CE QUI SUIT
1
ju[qu'au
C A N 0 N-.
Chapitre I.
Vu PAin Beny.
CHAPITRE. II.
F olertoire.
NOstre Seigneur venant au monde
s'est une fois offert à Dieu son Pere
en qualitéd'Hostiedans le tein dela tres.
saintc Vierge, comme sur un Autels
four estre un jour immolé & consommé
A la gloire de sa -.Divi= Majeflé. Eç '
cette offrande a esté l'offrande & la tan- i
CHAPITRE III.
De 14 V aie ne que le Sou"didcre tient
si tu le voile, pendant me grande
partie de la Mejft.
APres r que je
Autel
Soudmcre a porté sur
les instrumens du Sacrifi.
ce, cachez & couverts d'un grand voile;
& apres qu'il les a laisTc découvrir au
,.-Diacre qui les met en suite entre les
mains du Prêtre il reçoit du mesme
Diacre la Patène sous le voile; & def-
cendanr au bas,de l'Autel, il la tient de-
vant tesyeux pendant une grande partie
de la Méfie. Or cette Ceremonie est fort
considérable & contient de grands
,
Myacres.
Le Soudiacre tenant ainsi la Patène
pendant le Divin Sacrifice, & l'accom-
plissèment des ?vIyaeres, témoigne
que
l'Eglifc & les peuples dont il est servi-
teur. & principalement l'ancienne Loy
qu il rrprc(entepins particulièrement,
ne font pas dignes de contempler ICI
^/fystercs cachez.
Cette Ceremonieestoit figurécaurre-
fois dans le Temple de IeruCalem lort
le ,
ique grand Prcstre ne pouvoit entrée
idansle Saint des Saints, que dans une
i
nuée de parfums qui le cachoit à la-
,
veuë des hommes : Ce qui nous repre-
sente que Jcfus.CluiCt
entrant dans le
Ciel, revcstu d une gloire que les yeux
des hommes ne pouvoient supporter,
suc caché par une nuée, EtnHbes/Ùfcepit.
tum ab oculis torum : pour donner i en-
tendre,combien l'cstat de sa gloire d1:oic.
au dcffus de la portée des hommes r
caché par le lidealt'de cette nuée ;
AussI estoit il justeque ce Mysteie suc
Vfcl.
0 Z. 6.
ct caligo incircuitu ejus. Car non seule- :
l'essence de Dieu est une nuée ôc
ment , >
lémoigne t
son Eglise. C,cstcc que le Prestre nous:
quand il donne lebaiser au
Diacre , le Diacre au Soûdiacre , & le
Soûdiacre àl'EgliCe. Et encepointen-
core Nostre Seigneur paroist dans le
Soûdiacreferviteur de l'Eglise, entant
qu'il est en luy Ministre de la paix pour
le peuple.
Lasainte EgUse, comme Espoufeder
Jesus-Christ, suivant ses traces & mar-
chant sur ses vestiges, se comporte delà
mesme façon envers ses enfans , que
Jesus-Christ se comporte envers elle,
pour leur donner avec progrez la con-
noiflance & la veuë de ses Mysteres,
Car elle ne découvre pas tout d'un coup
ce qu'elle a de plus caché à ceux qui se
convertissent à la Foy ; mais elle les fon-
de & les affermit premièrement en la
<crpy&nce de Jcsuî-Çhlilt Jiofpjivç*
Dieu ; aptes elle leur revele petit à pcric
ses Mysteres avec ordre ayant égard à
,
leur estat & à leur capacité. C'est pour
cela que les Catechumenes sortoientde
l'EgliCcdevant qu'on commençât l'ope-
ration des Saints Mysteres ; & ils
n'estoient admis à les voir > qu'aprcs
avoir esté unis à Jesus-Christ par le Ba-
les Penitens,
ptefme. Ce qui s'observoit encore pour
qui estoient remis dans--
l'Eglise, premièrement par la commu-
nion des prières & en suite par celle du
*,
saint Sacrement.
Le Soûdiacre ne quitte le vo».!e » qu -
après que le Prestre a chanté Din itte no-
bis debita nojlr<t, POUL reprefenrer que
l'ancien Testament n'a esté admis aux
Mysteres ny reconcilié à Dieu , qu'â-
pres la prière que nostre Seigneur
Jesus-Christ a faite pour luy , en de-
mandant pardon à Dieudeses pcchcz.
Alors il acHé appelle a la communion *
C H A P I T R. E I V.
-
Des Encenflmens que l'onfait stri
choses offertes.
,
par Prestre, recitant apres
la consecration l'Oraison Pnde
,
& me-
M? *1 se&c. tem ^catA Pa§ionù
nec non
& ab mferis
• Refitrrtftioms ,ftd & i„ cœloi
glonoft Afcenjiomt : Il dit priere
cette
tout debout les bras ouverts, le
Corps de lcfus-Christ present; ayant
& par
la il témoigné qu'il a devant les
tous les M-ylteres, qu'il les contempleyeux
& les regarde à découvert
; ce qu'il ne
railoit & n'osoit faire auparavant.
presavoir achevé la prière, Sufcipe.
r l%?ltaÀ ' ^ Ce tourne vers le
peu-
ple, & fait le tour entier pour signifier
1
il ,
qu quitte l'inhrmiré de nostrenature *
vile & corruptible,pour dans le
entrer
fein de Dieu son Pere. Il dit à
tous les
assistans Orate ,fratres s'il
comme
disoit : Maintenant mon,
>
commerce
n"
a mun va ccffer avec vous:
iriez parc mon Ptre en la
v
vertu de
mon Esprit que je vous donneray apres
d1:rc rentré en luy. C'en: pourquoy
cela le Prestre ne se tourne plus
après
le peuple mais tout appliqué a
vers ;
Dieu, il dit lesprieres kcretes ; ce qui
represente Nostre Seigneur tout caché
(ein de Dieu son Pere,»|
& abîme dans le
où il continue à faire des ptieres & a
luy rendre des devoûs , dont le com-
de l'Eglise du Ciel n'a point del
mun
connoissance & qui sont cachez a
, Anges & des
la plus grande partie des
Saines , non plus que ses Apostres
n'estoient pas toûjoutstémoins des prie-
qu'il faisoit lors qu'il vivoit sur la
res
Car fois il pi ioit en public,ÔC
terre. par
leur montroit la maniéré de prier, com-
lors qu'il leur enseigna l'Oraison.
me
Dominicale, & par fois il prioit touz
seul en la montagne , j4fctndit in mon-
I-tatr.
Joins De mesme dans le Ciel.
«4 »3-. tem orare :
eMare. où paioist à découvert la verité de la
vie divine, que Jesus Chrifi: a ^ca-
4 46-
& 47- chée & h&uréc sur la terre, Nôtre
Seigneur y tait des prieres secretes & pu-
bliques ; dont les unes sora representées
les Oraisons qu'on appelle secretes,
par
& les autres sont figurées par la sui-
yante^qui est la Preface ; ou répandu
dans les Saines, il les eleve, les
- encoura-
ge & les cxcire a loücr Dieu avec luy.
ill excire les Anges, aussî bien
>
les
hommes, à le glorifier & rails faire que
»
:
d £cho( comme lcsSernph:ns d'Isaye,
iquidisent l'un apres l'autre SanUm
•
la
C'est à l'Eglifedc terre qui il parle;
a
le
Iliuy (ouhaitte Saint Esprit t Il l'in-
vite à s'élever au Ciel ; Il luy dit qu:
Dieu cfl avec elle
* pour l'obligerà
joindre son coeur à celuy des Bien-
heureux.
Quand le Preflrcdir,D om;nuivobif-:'
tu m, il ne joint point les mains; mais
il les tient toujours estenduës sur l'Au.
tel disanc par là aux peuples, qu'ilssç
. •
,
l'estat que nostre Seigneur desire.
En cette belle prierc le Prestre ne dit
point Oremus ; il ne dit point, Prions:
ils n'ont que faire d'estre invitez à
car
la priere, puis qu'ils sont en prieres per-
pétuelles : Mais il dit Sursum corda,
élevez vos coeurs ; parce qu'entrant
avec eux en
Communauté d'Oraisons
& de Religion, n,veut mettre l'Eglise
de la terre en societé & commerce avec
eux.
Entre les autresdispositiôsoù lesSainrs
sont occupez pour toute l'Eternité,
le remerciment & l'action de graces
envers Dieu pour les bien-faits qu'il a
,
yersez sur nous, & sut [on Eglise, çst
une des principales. Apres que les
Saints ont adoré Dieu en luy-mesmc,
ils s'occupent en action de grâces pour
{onFils, contemplans l'amour qu'il a
eu le donnant pour le monde. Etrne(-
me NoCl:rc Seigneur, comme plus parti-
culierement obligé à la bonté de Dieu
son Pere d'avoir voulu choisir son
,
,
Humanité sainte entre toutes les crea-
turcs pour dhe:le: Receptacle de Ces
faveurs, l'Organe de sa clarification ;
pour estreunie intimement à la pcrson-q
ne du Verbe, &. pour devenir une per-
sonneavec luyjson occupation capitale,
ssi bien de l'Eglise, est de
au
à que toute
s'appliquer l'avion de graces perpe""
tuelle envers Dieu ; Et pour celaaprcs,
Sursum corda : Le Prestre dit Çrat'utt
,
agamus 'Domino Deo nostro , rendons
grâces au Seigneur Dieu pour ses bien-
faits. Ce que l'Egée entière reconnoiCt.,
cfi:resusi:epu ces paroles Dignum
,
Îustumest. En suite nostrç Seigneur en
e
la personne du Prestre redouble haute-.
ment, & dit ; Que ce n'est pas seule-
ment une chose digne de Dieu & june:.
,
pour lacréature, mais qu'elle est enco-
re raisonnable & (alutaire, VerèdigmtrQ
ct justum tsi , dvuftrn & fitluttrc. Cz
qu'il dir commefst.wt mieux instruit Se
informécîcs bonrez de Dieu (on Pere,
que toute la creature etlfemble.
Et pour cela Nostre Seigneur veut
rendre éternellement cette louange &
action de graces Peromnia ftcnla facu-
,
lûwm: Il entre dans une louange cter-
nelle ; dans une loüange agréable Se
bien reglée ; dans la louange des Bien-
heureux où il appelle l'Eglise de la
,
terre, & desire qu'elle s'éleve pour en-
J.
trer dans ce concert adtnÍrabtë... C'est
pourquoy en cette priere on fait toû-
jours mention des Anges & de la Cour
Celcae, à laquelle le Prestre pric Dieu
de souffrir qu'il 'S'unisse, Vt admitti ;u..
beasdeprecamur fupplici confessione dieen.
tes : Souffrez , mon Sauveur, que l'E-
glisede la terre sc joigne à I'Fglise du
Ciel,& souffrez que tous enscmbfenous
Soyons unis à vous, pour glorifier Dieu,
&. pour chanter ce cantique Eternel de
tous les Bien-heureux,SanftuSySanftm,
SanElus.
Pendant tout le temps de la Préfacé,
Je Prestre a les bras ouverts, pour figni-
fier que ce qui Ce chante là est une
O raison du Paradis , où les Saints sont
tous dilatez en la contemplât ion de h
beauté de Dieu. Il a encore les mains
ouvertes , pour montrer que les Saints
font des demandes à Dieu dans le Ciel,
comme nous en faisons sur la terre.
C'cst pourquoy pendant les Oraisons
soit au commencement ou à la fin de,
la sainte Méfie & mesmeaux Secre-
,
tés , on a toujours les mains ouver-
tes , pour reconnoistre que nous men-
dions les graces & les liberalirez de
Dieu que nous attendons en con-
,
fiance & ouverture de coeur comme
,
ces mains ouvertes l'expriment.
Les Anges & les Saints ont besoin
que Jesus-Christ se joigne à eux , 8c
qu'il se mesle dans leurs prières & orai-
sons pour l'accomplissement de la Re-
ligion de Dieu & de la parfaire louan-
ge qu'ils desirent luy rendre & qui
,
neluy sera jamais rendue que par Nô-
tre Seigneur. C'est pourquoy on die
mesme au milieu de cette prière Pcr
Christum Dominum noprllm per ejne.n ,
,
majeftatem tuam laudant Angeli cfrc.
,
C'estpar le Verbe que les Anges&Ar"
châges,les Cherubins & Seraphins louée
la Majesté de Dieu & qu'ils disentfi
,
hautement, Saniïus, Sanftut, Santttts.
Il n'y a que Nostre Seigneur qui
puisse dire combien Dieu est Saint en !
uy-mesme, puisque luy seul a esté re- -
tiré dans l'intime de la substance de la s
Divinité & a pénétré dans l'intime
,
d u secret & le fond de l'abisme de Dieu,
qui est une gloire inscrutable & im'pe-
lietrable à tout autre qu'à Dieu 5c à
son Fils Jesus-Christ,quiyaesté reti-
ré par son Pere. C'est là où il peut dire,
quelle est la sainteté de Dieu, combien
il est retiré en luy-mesme , épuré, 8c
separé de toute creature & mesme
,
éloigné des Sainrs qui l'environnent
& se perdent en luy : Et pour cela le
Prestre febaineprononçant ces paroles,
Santtus &c. Confessant par là que
,
dans les Cieux, aussi bien que sur la
terre , il n'y a qu'à adorer ce qui se
pasle en Dieu. Entre le Pere& le Fils
les secrets font impénétrables, & la
sainteté n'en est découverte qu'à Dieu
seul : Il faut s'anéantir >& que toute
la Cour Celeste se courbe & Ce ptostec-
ne dans le Ciel, comme nous faisons sur
la terre.
La sainteté de Dieu est un abisme
imperscrutableaux Bien-heureux com-
me aux hommes, & la gloire ne peuc
non plus leur en découvrir le fond Four
les comprendre, que la Foy pour le
montrer aux hommes. Et pour cette rai-
son l'Eglise dans la personne du Diacre
& Soûdiacre, se baille avec le Prestre,
disans: Nous qui sommes dans la Foy
comme vous estes dans la veuë & clarté
de Dieu,nous confessons que Dieu cst
adorable ; qu'il ne sçauroit estre com-
pris qu'il faut fermer les yeux à sa lu-
-,
Du Sanctus.
LE Prestre pour suit par le Sanftus la
priere du Ciel , comme s'il disoit;
Mon Dieu, apres avoir cf1:éélevé dans
Jts deux, & rendu participant des
prieres de vos Saints, je reconnois main-
tenant avec eux & en leur compagnie
)
où je suis, que vous habitez dans une
telle sainteté que ie ne la puis com-
prendre. Le Diacre & le Soûdiacre
montent à l'A titel, & s'incliner comme
le Prestre, & disent avecluy que Dieu
,
dtsi saint en luy-mesme , qu'ils font
obligez de s'incliner & de prosterner
,
hautement qu'il faut s'anéantir en sa
presence & qu'aussi bien dans le temps
,
de la Foy comme dans la gloire, il faut
confesser fortement que la sainteté de
D,ieu cst iticompreliciisible. Ils expri-
ment encore la figure & la posture des
Anges ; qui ainsi qu'il est décrit en
1[.. <f. Z -
Jfaye ont les yeux cachez sous leurs
,
aisles, &ne peuvenrcontempler)agrâ-
deur^lafublimitcdelasplcdcurdcPicu.
De prus , le Diacre Se le Soûdiacrc
monrent auprès du Piestre pour dire le
Sanilus, en témoignant que l'Eglise de
la terre le nouveau &. l'ancien TcHa.
, s'unisient à Jcsas-
ment » se joignent &
Christ, pour glorifier Dieu en luy Se
avec iuy,&pour avoir part par luy à la
louange des Bien-heureux. Et pour ce-
la meit-ne l'Orgue qui lignifielamuli..
qucdu Ciel Se les louanges des Bien-
heureux joue au SAnalU : 11 chante
,
par deux fois, Sanftfu, pour represen-
terque cette loüinge est la louange du
Ciel, & que l'Eglise ( ou les Chap-
piers qui la representent ) chante une
fois au milieu pour dire qu'elle se
,
niesle: Se qu'elle tasche de prendre part,
& de se perdre dans les louanges da
Paradis.
Le Diacre & le Soûdiacrefe joignent
tout demesmeaveclePrêtre au Çlorid
intxcelfls; pour témoigner que l'Eglise
de1a terre ,_compoCée de l'un & de l'au-
tre testament ne veut estre qu'une seu-
le choseavec i'Eglisedu Paradis , qui
chante au Gloria in excelsis : Car ce
Cantique est proprement la louange
des Anges > qui loiient adorenr
,
,
benisseiit 6e glorifient incessàmment
laMajesté deDieu, eAddramns te. TSe-
nedicimm te. Glonficamttê te. Gratias,
agimustibi. Et partant non:re Seigneur
Jesus-Christ en la sainte Messe offre à
,
Dieu son Pere un Sacrifice & un present
qui comprend en soy tout ce qu'il y a
de saint au Ciel & en la terre. Il veut
tout unir ensemble ; Il unit la priere des
juifs 5c des Gentils ; il unit l'Eglise La-
tine , la Grecque & l'Hebraïque : Ce
qu'il exprime par le langage Latin,
Grec & Hebraïque dont la Melfe cst
composée. Encore que le corps de la
Messe soit en Latin; àcause que la meil-
leure partie de l'Eglise parle en cette
langue, & sur tout son Chef visible, (on
cher Père.aravoirlePape qui tient
,
le saintSiege dans Rome quia, estéla.
,
Ville où le Latin a fleury en sa pureté ;
neantmoins on ne laisse pas d'y mesler
quelques paroles Grecques & Hebraï-
ques ; ce qui signifie que route langue
& tout peuple est offert à Dieu & est
,
compris en ce saint Sacrifice ; Que les
Chrestiens sont composez de toutes lan-
gues , & qu'ils ne sont tous qu'un en
Jesus Christ Nostre Seigneur. Il n'y
-
a plus de Grec, de suis, ny de Gentil,
mais unseul Jcsus-Christ j qui est tout
en tous,&quincfait de tous ses Fidclles
qu'un seul corps , une fainte Hostie, un
(acrifice &. une louange à Dieu « Pbi Ado/7.
Ce
non est Gentilis, & Infant circumcisio Il,
, S
.
& praputium, Barbants, Ô" Scytd , fer-
& liber sed omnia, & in omnibus
*VHS *.
,
Çhristus.
Le Grec & l'Hebreu y sont méfiez
plûtofl que les autres langues \ a caule
qu'elles sont des langues capitiles 3c
matrices. Et de plus , à caule que les
Grecs & les Hcbreux sont les princi-
paux pruplcs, oùl'Eglise a este répan-
duë: Elle a commencé dans les Hebreux
& parmy les luifs : elle a fleury dans
l'Orient parmy les Grecs : & apresson
esprit s'est répandu en abondance dans
l'Occidcnc où elle est maintenant.
,
Le Kyrie est en Grec ; VOfanna en He-
breu ; & le Corps de la Mdscen Latin.
LIVRE SEP711ES ME.
DU
C A N 0 N-
DE LA
SAINTE MESSE,
jufcjua
L'OR AIS O N
DOMINICALE.
CHAPITRE 1.
Des Ora'tfom & Ceremonies du Canon,
qui precedent la Consecration.
; qu'on a
fairs a Dieu i en troisiéme lieu,
Ile vin : car toutes ces choses doivent
cstre benites par Jesus Chiift
, pour
iestre lignes d'être présence à Dieu.
Ali pic¡niere bcnedi&ion le Pierre
dit ,Hdc dm ,
a : A la seconde, H c mu.
'nera : A troisiéme Hitc fana., sacri-
lOi
,
ficia. Par le mot munera, on entend les
presens qui doivent estre au milieu des
offrandes» faclées qu'on doit preseater à
D eu.
C'cst pour cette consideration qu'on
met ce mor Munera an milieu de ceux.
.
cy , 'D,nA & Sacrificia. Car le mot
DORa, si?,iiifiele pain & C'hrift iigilifie
,
le vin, qui exprime le Sacrifice de lefus.
Christ,o.Ù san Smg a esté répmdu & Ce-
paré de son Corps : D'où s'ensuit que
dernicre benfdu:bon se doit donner sur
le vin. Et neantmoins toutes les trois
bénédictions sc donnent également
sur le pain & le vin & en esprit
,
sUi les piesens & sur les peuples , a cau- 1
,
ces
prdcns tous Saints &. tous remplisde
ben.-diction pour la personne des of-
frans,&pour tout ce qui les touche l,
Pro se fuifcjue omnibus; Nous vous of..
frons ce Sacrifice, non feulement dans
l'intention d'impetret les biens qu'ils
pourronr desirer mais particulière-
,
ment pour vous demander la remilUot1
de leurs offenses, leur delivrance de
l'fiufer, & l'elperance de leur salut,
pro redemptione animArumJUllrum,pr,fpe
salutis & incelumitatis fut, & enfin pour
vous rendre, o mon vray Dieu vivant
& Eternel, tous les devoirs que la crea-
turc fefent obligée de vous rendre d'a-
dorat ion d'amour & de louange;
, v
'Tibi^vc reddunt vota sua aterno Deo
vivo & vero.
Incontinent après, le FicAre dit au
nomdcrourel'Ea'\i[e,Cornmunicantu &
'Ille7/'.O-rÍIlU4 venerantu, Û -J c. Non
contens
de vous offrir tous nos dehors nous
,
vous offions encoie elljcsus-chriil rous
ceux des bien-heureux : Nous vous of-
frons la Religion de la sainte Vierge &
de tous lcsSaints & ce grand Sacrifice
»
d'eux tous, qui sont tous une Hostie
avec Jcfus-Christ , &r qui veulent bien
t'en faire qu'une avec nous par le moyen
de Jesus-Chr ist, en qui ils deÍÏrent que
nous ne soyons tous qu'un » Quorum
mentisprecibufatie concédas ut in omnihuJ,
Ge. Par les mérités & la vertu def-
quds nous vous demandons toujours la
grice de vivre sous vostre azyle & pro.
tcû-jon.
H arc igitur obîationem, &c. 0 mon
Père,envous rendartdes devoirs si Je-
gitimes ; je vous offre une Hostie si
1àinre & si agreable que vous l'avez
,
appropriée pour jamais à vostre gloire.
C'cst pourquoy le Prestre estend les,
deux mains (ur les Hosties en rémoi-
,
gnage de la protection celefle doc jouif-
seist les Bienheureux
en Ditu,& de l'ap.
propriation qu'il en a faite à sa personne
pour une eternité ; en forte que les
Bien-heureux ne feront jamais separez
de luy. De là vient que
nous prions 8c
demandons instammenc de jouir de la
proteaion de Dieu en cette vie, comme
les Saints dans le Ciel, & d'eûre telle-
ment appropriez à sa divine Majcft'c'
sur la terre, que nous n'en foyous ja-
mais fcparez 3c que nous ne souffrions
,
jamais cette disgrace, qu'il nous feparc
de soy a 1 "eternité par une damnation
mal-heureuse ; Mais
au contraire, que
nous puissions prendre l'espcrance en
dans le -Ciel,d
Dieu d estre joints aux Bien. heureux
estre unis intimement
a Jesus Chr-ift,- comme ses membres &
ses elûs.
-
CHAPITRE II..
D"e la C'lljètrati01l.
D 1
Epuisces paroles,
~
Teigitur, &c.
iusqu a celles-cy Qnarn oklath* -
,
nlm, &c. la premiere partit du Sac.!ifKc
efr bien exprimée, à fç^voir TOblaiiioa
3ciub Cmist fait a Ion Pète de ion
que n'cst
Sacrifice ,dont la Victime
propre
autre que luy-mesme & tous ses Saints
conlommtz eu luy il offre conti-
, qu
nuellement à Dieu pour le salut de Ion
Egttsc. En suite des intentions du Sa-
crifice qui y sont exprimées en particu-
lier les unes apres les autres , il est bon
d'avoir auni en son esprit celle qui n est
exprimée qu'après la Consecration &
,
qui est comprisedans l'Oraison,
fdr memores nos servi tni où Jesus -
, eglise
Christ exprime la gratitude de l
du Ciel les grands Mysteres
pour tous
qu'il a opérez » comme sa Paillon , sa
Refurteûion > & son ACcenÍÏon , qui
font representées dans la MtlTe, com-
estans les Mysteres qui font toute
me
l'dlcnduë du Sacrifice dans sa plénitu-
de & sa perfection. C'est pour cela mes.
Sacrifice est appellé EuchA-
me que ce donné al Eglise
riftiqHC) parce qu'il est
de rendre achon de
comme un moyen bien-faits de
grâces à Dieu pour les
Jesus * Christ. Car ne pouvant trou-
dequoy satisfaire au de-
ver autre part
sir qu'elle a de rendre qu elle
ailleurs
doit
un
à
Dieu i ne pouvant trouver
don # une offrande qui égale le bien
>
qu'elle a receu ; elle le trouve en ce Sa-
)
crince ,où elle 0ffre cela mesme qu'elle
: a receu, à sçavoir Icfus-Christ avec tous
[ les Mysteres dont elle cst obligée à la
bonté de Dieu.
Apres la premiere partie du Sacrifice
de Jcfus-Christ qui cst l'Oblation,
,
vous voyez aussi-tost l'immolation re-
presentée la consommation & la
, ,
Communion, qui font les autres par-
ties du Sacrifice. On voit la Pafsionex-
primée par ces signes de Croix qu'on
fait separcmcnt sur le pain & sur le vin,
en disant ces paroles, Pt Corpus & S an-
guis fiat. En fuite dequoy le Prestre,
après avoir prononcé les mesmes paro-
les que Nostre Seigneur prononça in-
stituant cet adorable Mystere.it met
par la vertu des paroles Sacramentales
le Corps à part, & le Sang à part fous
les diverses espèces du pain & du vin
qui represenrent le Corps & le Sang de ,
lerus.Chrifl separez ; & qui ainsi li-
gnifient la Mort de Nostre Seigneur, &
expriment la sécondé partiedu Sacrifia
ce,â sçavoir l'immolation de laVitH-
me où le Sang estoit répandu, & les *
>
parties du Corps divisées. Mais encore
que Nostre Seigneur spit. mis sons- .kfc*
especes extérieurement figuratives de la
mort, y il est touresfois, dans sa gloire
&conComtl1é dans le feu de Dieu com-
,
me il le fut aux Mysteres de sa Refur-
rection & de son Ascension , ainsi qu'il
est marqué dans l'Oraison qui se die
incontinent après : Vnde & memores,
&c. tarn bcatt Tajfionis , nec non ab
,
inferis Reftirrtftionis {cd& in cœlosglo-
riofa. Afcenfionis ;qui sont des Mysteres
de gloire.
Par là le Prestre acheve le Sacrifice,&
met l'Hostie dans l'essa!: où le Pere Eter-
nel la mit au jour de la Resurre&ion ;
auquel trouvant son Fils immolé dans
le tombeau, il vint dans sa lumiere & sa
clarté divine le consommer en luy,ne
luy laissant aucun ressede[on infirmité
& de son estat premier, de son estat de
chair grossiere, passible & mortelle : En
forte que le consommant entièrement,
il le fit pnflTer en son estat divin, comme
le fer pasTedans l'estat du feu.
Le Prestre prononçant les paroles de
la Consecration, representele Pere Eter-
nel ,qui engendre son Fils au jour de sa
Resurrel\:ion dans le tombeau, & qui
l'engendre encore tous les jours dans le
fepos de sa gloire & le consommc en
>
luy avec béatitude. Et ce que le Pere
Eternel a fait en son Fils le saint jour de
Pasques, (çlvoir est de le consommée
en luy, c'est proprement l'acte du Sa-
crifice que le Prestre concinuë de fai-
les jours à l'Autel Car il
re tous
engendre & il produit ksus Chrilt -
:
C H A P I T R E III.
,De- Orai/on qui commence, Unde
& memores.
APres l'élévation on dit cette Orai-
son Vnde &
, memores Domine, nos
fèrvituiyôcc. Et dautant que Nofhe Sei.
gneur n'offre pas seulement à son Perc
dans le Ciel tous ses My steres mais
; en-
core ce qu'il a merité par ses Mysteres
aux hommes c'efi. à dire ses graces &
ses dons ; delà vient qu'après les Myfte-
rcs i il adjoûre, De tuisdonis aeda'tis de
dons ,
vos ; qui sont les graces qu'il
données aux hommes apres sa fainte a
A scension, rnedit dona hominibus, N ô
rreSeigneur par sa Mort a merire -
hommes son Esprit j par sa fainte Resur.aux
région, où il cst declaré le Souverain
Pontife de l Egli(e, il reçoit le pouvoir
de distribuer les dons &
; par le saint
Mystere de son Ascension il
en tre en pos-
session & il commence à faire ulagçdc'
|la puiss.ince de donner cet E(pt ir.
f L Efpt ic de Dieu unique en luy- mef..
ime, cst divers en les dons. Aux uns il di-
fsti ¡buëune chose, aux autres il en don-
ne une autre : & toutefois c'tst le mesme
qui distribuë à un chacun comme il luy
plaist. Il communique aux uns des grâ-
ces (uncHnantes ; & aux autres,des dons
-giatuits que l'Eglisc explique par ces
,
mors, De tois donis ac datù ; a causeque
l'Elpiit a toû jours soin de donner aux
ames non seulement des dons de santti-
fication ; mais il en choisit queiques-
unes, ausquelles il donne aussi des gra-
ces qu'on appelle Gratuites, pour aidera
la (aintetédes autres : & le Saint Efprit
est dans quelques âmes les sanâifiant
feulement, & dans d'autres san&ifianr
aussi le monde par leur moyen. Telles
furent les graces que l'Esprit Saint don-
naaux Apostres apres i'Ascension d<*N.
Seigneur, qui par des lumieres extraor-
dinaires éclaii oient les csprirs ; & ce
mesme Saint Esprit se rendoit present
à mesme temps à l'esprit des Audi-
teurs , pour leur faire comprendre ce
qu'il faitoit dire sous des lingues estran-
il
etes mais touresfois intelligibles par
la presence de l'Esprit Car il s'insinuoit
:
interieurement , & découvroit a leurjU
intérieur les mesmes choscs qu il expli4i
quoit fous des personnes , quin'estoient:
que les manteaux & les couvertures
dont il se set voit, pour operer alorS'pa.
Ía puissance sur les ames ; Le temps-
estant venu deles changer & convertir à
Dieu , qui leur vouloir faire mifericor-
de, vaincu par les prieres &. (ollicita^
tiOliSde Jesus- Christ monté aux Cieux,
quiavoit mérité céte grace en mourant,
& qui estoit entré par sa divine Resur-
ie6tion en droit d'engendrer des enfans à
la vie divine : Car cstant declaré Fils de'
Dieu Prsdiftinatut Filivs Dfi c&
, »
a
n estoit qu 'un en tous Les ornement
& en lumefirc montant au Saint des
Saints.
Ce bel Encensoir que le grand Pierre
portoit à la main tout remply de
Donnes odeurs, nous fait connoistteles
Saints en leurs louanges que Jesui-
,
Christ offre inccffammcnt à son Pere,
comme la fîu& consomrnatiotidetou
tes les Hoities de louange , qui eit01C:nt
represeruées dans l'ancienne Loy , &
qui n'estoient que figure de Je(us'Chrin:
& de ses Saints, lcsquels ne devoient
rien cstre qu'une Hostie consommée à
la gloire de Dieu Hostie pure en
HcflUm , qui n'aime
Amour , fhram ,
lien que Dieu tout pur : Hostie sainte
à Dieu Ho,#iamfanliam, qui n'est ap.
,
pliquée à rien qu'à Dieu tout seul en
cius-Christ Verbe de Dieu : Hostie
sans rache & coz;tCommée en Dieu ,
Rofliarn immaculatam, qui est la con-
sommât ion de 1 Eglise laquelle ne
,qu'elle sur
peut dire sans tachetant vit
la terre, & jusqu'à ce qu'elle soit puri-
fiée par le feu du Ciel > & consommée
en Dieu.
CHAPITRE IV.
Pf JII}» de cette mesme orai,(ov dc'!
,
fuis ces Paroles Panem ,
fanaum,
CEttecnléeHofiie pure, fainte & imma-
culée devient nostre pain & nostre
,
foiftbn> elle devient nostre aliment 8c
f
Ho!tre reuvi&e, Panem fltnEium vité
dternty& Cal,ç(m(.luris î.,rpetmt Cho-
*,
se admirable ! que cette Hostie qui est
le bien de Dieu qui est sa nourriture,
,
devient aussi nostrc bien 3c nostrc
riture ! Car Icsus-Christ Nestre Sci-1nour-
gneur cst la nourriture de (on Pere ; le
l'erc en se donnant au Verbe, est la
rie tirede son Verbe, qui vit & se
nour-
rit de la Substance de (on Pere Se
nour-
lors mesme que le Pere nourrit le Fils ;
de sa Divinité & de sa Vie, il se nourrie
encore luy.meCmC'de sa propre Substan-
ce, en vivant & se nourriflantde la Vie
qu 'il a une fois donnée & pleinement
communiquée à son Fils, & aprés.
;
comme rclpiranril attire encore 1 luy
akifi que par des poulmons immenses.,
la nourriture de Ton Elprit qu'il fait
a
encore vivreen luy donnant la Substan- •
Il
.versalitéde ses merires:
s
lu mettre dans les mains de tou l'uni-
a voulu leut
rendrecommuns les services les plus iï-
gnalez qu'il ait rendus à Dieu. Sous
une nue de merires Ci grands, & de ser-
vices Ci signalcz que peut-on ne pas
,
esperes & obtenir de Dieu ? Nostre Sei-
gneur a voulu mcsme que ce Mystcre
fût un memorial de scs Souffrances &
de sa Mort,comme du Mytt're qui a
acquis & obtenu de Dieu, que les mcii-
tesdesaVie& de tous ses M.acres noua
fussent appliquez, & pafTaflfcnt à nous
par la Communion : & en rinÍ1iruant)
il nous a donné csperancede jouir des-
biens de sa Mort & de sa Vie, ÔC nous a
fait csperer dans une confiance parfaite
f
que nous obtiendrons par ce divin Sacke
nceoccet actorable oacremenc toUt cq
que peuvent & laVie&la More d'u}\
Fils sur l'esprit d'un Pere. CeMyster.e]
fait mention du Sacrifice & du Mystetci
qui a merité tout à l'Hotninz ; en (oi te
qu'il est luy mesme la consommation
& la perfc&ion des Mylteres. & à mt(-
me temps il est 3c Mysserc oc Sacrifice
de Communion Se d'application ; l'un
pour meriter; & l'autre, pour donner,:
est merité &
t
i'un pour nous faire Couvcni deccqui
l'autre,
nous : pour nous
communiquer ses Dons & ses Mérités,
pour nous découvrir & nous donner le
fond & l'Esprit des Mysteres, & pour
nous rendre participans de toutes les
avions de la Vie de Jesus Chiist , de
mesmedesaMorr.
CHAPITRE V. .
/. 1.
niam debitor est universi legis facundt*
Le Sacrifice de Melcfrifedech est la fi-
gure exprcfic& la vive imagedu Sacri-
fice de la Loy de Grace, & du Sacrifice
Jnc(mcque lesus-Cliriit offic à son Pere
dans le Ciel, & qu'il luy offrira à tou-
te eternité , comme Pierre salon l'or.
dre de MclchiCedcch, qui nous donne
icybas tous les jours fouslesespeccsdu
la
Pain & du Vin, figuredecequ'il fait
là haut dans le Paradis. Et il ne s'en fuit
pas eslonner : Car tout ainsi que Nostre
Seigneur en sa Circoncision estoit figu-
re de luy-mesme mort &
Mort, quant A sa prcjpjc# genextfion,
j
rdTufcilé
qu'il dépoiiilloit 5c retranchoit en ver-
fant une partie de son Sang ; Reflufcitc,
quant à la vie nouvelle qu'il portoicca'
chée en sa chair sous l'image du vieil
Adam : de mesme Nostre Seigneur sous
lès especes du Pain & du Vin est figure
,
de luy-mesme , l'offrant à découvert
dans le Ciel. Il est icy la figure & la ve-
rité tout ensemble ; & là il est la verité
toute nuë.
Le Sacrifice d'Abel represente le Sa-
crificede Nostre Seigneur Jesus Christ,
mis à mort par Ces freres les1uifs nais
,
d'unt mesme Mere & d'un mesmePere,
qui sont Dieu & la Synagogne figurez
par Adam 6c Eve : L&Sacrince d'Abra-
ham represente le Fils de Dieu sacrifié
parla volonté de son Pere ; & leSacri-
ficede Melchisedech represente le Sacri-
fice de Jesus-Christ consommé par san
Pere; qui est proprement le Sacrifice du
Paradis , où le Pere se nourrit de son
Fils,en nourrissant aussi son Filsdefoy-
mesme & de sa propre Substance après
,
qu'il a répandu son Sang sur la Croix
>
& donné sa vie pour son amour. Mel-
chisedech nourrit de son pain & de son
vin Abraham, aprés qu'il fut retourné
de la défaite de ces Roy s qui emrac*
,
noient Loth capritavec sesCOlIciloyens:
Ainsi aprés quc lesus-Chtist eut dtrfaic
,
les troupes de l'Enfer ; aptés qu il eut
mis en déroute les Démons reprzsentcz
(hodorlahornor & par les autres
par
Roys ennemis , Dieu (on Pcrc le bénit ,
Benedixit ei & le receut à bras ouverts Gr. 14.
,
congratulations magnifiques
avec des , ,.
le nourrissant de la propre Sublt-ince»
l'embrassant dans [011 sein pour le
.& ,
nourrir à jamais du laict de ses mam-
melles
foy-mesme
Le
t
delicieuses
Sacrifice
& substantielles
8c de sa propre béatitude.
d'Abel represente
,
seule-
Croix,
de
19* rf't«
(P :ul C'estoit en cet esprit queCaïn presen*
l'. ,irÍ. toit les Sacrifices.
/ires Premièrement, con-
ai'té per- tre son gré & par hypocrilîe ne vou:"
fecisti ,
mihi.
lant pas qu'il fut dit qu'il n'eust point
Ou bien presenté de Sacrifices, puisque la Lof
lt'",,,,,
lort,
dénature ledemandoir, & qu ,il
i'avoit
J'Hd, tu, ainsi appris de son Pere Adam nouvel le*
.Aurcs fo-
dissi' mi- ment instruir de la bouche de Dieu
hi : tune ïsiêsme en l'exercice de la Religion
dixi : i,
laquelle feulement il l'avoit
Ecce- pour
.
vtnjo.' imis au »=dc#
-
Secondement
,
il -
H
.-n,oif,oir que des fiuits &. des créatu-
res inanimées , sans s'offrir soy-meC-
me , quoy que le Sacrifice dcû à Dieu
nedtûtpas feulement cstrc des créatu-
res inanimées & sans raison ; mais que
celuy qui offÍoit le Sacrifice endeûc
,
,dire la principale Hostie. Adam se sa-
crifioit ainsi à Dieu dans le Paradis
terrestre ; lors que mangeant des fruits
qui luy estoient permis ,il les détru.isoit
.& immoloit à la gloire de Dieu. Car
consbmmanr en luy-raesmela chofc qu'-
il
il mangeoir, larapportoit & la faitoit
retourner à Dieu par !'exra(e & par I< s
transports côtinucls qu'il faisoit de soy,.
mesme en luy. Et c'cil l'obligation es-
la
senciellede Religion, de faire retour-
ner en Dieu tout ce qui en est sorty.
:AinG, l'homme en ce temps-là estoit le
Prestre & l'Autel du Sacrifice qu'il fai-
,
soit à son Dieu : Il enestoitaulli la Vic-
time, se donnant à Dieu 1uy-meCme
,
&. soufft-ant amoureusement que sott
estre s'affoiblir 6c cûr besoin d'citre re-
paré dans le déchet de la nature pour la
gloiieds Dieu lequel veut que la créa-
, »
ture soir dans un eslar perpétuel d'hom-
.^Immortel.. ,;'
mage & d'adoratic>n à. (oof-sttc Eternel
#
Il ne suffisoit la
pas que creature
pri-|
vée de raison & m(ennb!e sur prcsen:eo!
,
il
ti Dieu ; mais falloit encore pour la *
gloire du Souverain Un!vote! des crea-
turcs , que depuis le pcché l'Homme»
mcsme fut aneanty par l'immolation 8G1
la Abel qui connoifloir bien
par morr.
que cela estoit de û à son Dieu se pre-
,
fente à luy volontiers dans l'occasîon ,
luy dit en son cœur, qu'il se sert avec
joye de la mauvaise disposition de son
Frere pour souffiir la mort qui luy est
,
deuë non seulement par hommage rc-
,
ligieux mais encore par justice , &
, presens méchans
pour fat!sfact!on des
&insolensde son Frere ; comme au sri
pour la faute de son propre Pere pour
,
laquelle il cstoit condamné à ce f uppli-
61.. Morte morieris Car il n'estoie pas
ce, :
2. iy. juste de differer pius long-temps à fatis-
faire'à lacolcrede Dieu irrité contre son
Pere, contre son Frere, & me(mecon-
tre sa Mere.
Or lesus-Christ dont Abel esso',t la
,
figure, a voulu satisfaire pour la Syna-
sa Mere, & pour (es F rercs les
gogue
lu ifs contre qui Dieu avoir une bien
,
plus grande colere ; parce que leur pé-
ché estoit plus énorme , en ce qu'lis
estoient bieninstruirs & informez de la
Volonté Divine. Nostre Seigneur se
sert de leur haine & de leur niauvaife
volonté en son endroit, afin de satisfairc
à Dieu pour eux, & de les guérir de leur
pcché par les mesmes playes qu'ils luy
faisoienr. Jesus-Chrill eut voulu que
son Sang crucllement&inhumainemcric
répandu par leur rage & par leur jar
loulîc, tÛt lavé Icuis pechez & attiré
surcuJelabenedittionde Dieu : & cela,
tcutesté ainsi s'ils eussent voulu con-
,
noistre & advoücr leur faute : Mais
parce qu'ils ont fait comme Caïn , qui
-dit à Dieu qu'il n'estoit pas gardien de
,
son Frere & qu'il ne sçavoit rien de la
, il
faute dont l'accusoit ; & comme
,Adam qui s*enFuïc de devant sa face, au
lieu de le rechercher comme son Pere
,
de confesser son peché 6c de s'accuser
>
loy-mesme : De là vient que le mal est
.sans remède ; & leSangde Jesus-Christ
au lieu d'estre un moyen de guéridon
pour eux , & de réconciliation à Dieu,
.il sert de sujet de vengeance criant in-
ccn''mmcnccontre les1uifs demesme
»
,
qus le Sang d'Abel crie vengeance con-
tre son Frere.
Si les Iuifs sc furent unis au Sang de
3, sus Christ, & Caïn à celuy de Ton fre
ic , ils euffcnt trouvé en cc Sang Ieut
réconciliation ; à cause qu'ils eussent
trouvé la fatisfàûion de leur peché , &
eussent entendu dans ce Sang , une voix
fecietequi eût dit ; Pardonnez-leur, ô
mon Dieu / car je fuis répandu pour
fatisfaircà leurs offenses, & je trouve en
moy un prix égal à leur péché :
Ils ont
latisfait comme moy, voulans porter la
mort en union de ma Mort ,
qui n'cft
rien qu'une autre mort d'eux-mcHnes
s'unifïàns avec moy ! Car je donne ma
Vie à la place de la leur qu'ils donne-
,
roient volontiers,si vous la leur deman-
diez ; & pour cela ils s'unisient à moy.
C'est là le Sacrifice d'AbcL
Et pour celuy d'Abraham, offrant
son fils lsaac, il ne represente pas seule-
ment le Sacrifice de la Mort de Jcsus-
Christ, qui n'est qu'une pattie du Sacri-
fices mais il represente le Sacrifice de
Ictus Christ mort & rdfu(cité touten-
semble ; à cause qu'lsaaccst ressuscitéde
son bûcher & asurvécuà sa mort, &
,
au coup que son Pere déchargeait sut
luy. C'est ce qui represente la Resur-
ftllion,en qnoy consîste la partie capi-
talc du Sacrifice parfait de la Religion
%
le lestis-Ch. Car,comme dit S. Paul; Si
[etus-Ch. n'cst point rcnufc!tc en vain,
:11: nôtre Foy ,en vain devons- nousespe-
Quod.si
Cntifltis
rcr : Car nous n'avonsaucunne marque non .c.
de reconcili.ltion ; nous n'avonspoinr de (urrcxit .
vau rft
témoignage que Dieu ait aggre<i 1( Sacn' si des va.
fice de son F ils : Nous voyons bien en sa ara 1
adhuc
Moit des marques asseurées de la colere enitn
& de la vengeance de Dieu sur son Fils ellis irt
pcccatif
pour nos pcchez : Nous voyons toute la vc.lrif.
nature témoigner des rcslentimcs de la t. -4d
dlc;&nous Cet. If.
fureur deDieu habitat en ne 7.
voyons rien qui nous témoigne que sa
colere soit appaifee, & que sa justice soit
satisfaite. IJ() scul Fils remiseite déclaré'
que san Pere dl: content ,& qu'il a donné
le vray témoignage de sa rccÓciliatiÕ,en.
luy donnât sa propre vie, & en l'cmbras-
sant dans son (dn;& qu'en mcfmeremp.
en luy côme Chef, tout legenrchumain
testé réconcilié à son Pere: Comme au
contraire, tout l'Homme avoir porté
les effet s de la colere du Pere en laper-
sonne du Fils mis à mott sur h Croix.
Le feu duCicl,qui desee ndoit autrefois
sur rHostie»témoi£noit que Dicu estoit
content , ôc le peuple s écrioit avecre(<
fentimentjDicu cst content,il a dcvorc le
Sacrifice, il a témoigné sa ,omplaifallCC
envers nous & envers nostre Hollic,
Cestoit la figure de la joyede rEglife,
qui chante C^lleluya au jour dela Re..
surrection ; Dieu est content de nous:
Dieu est avec nous ; Dieu t'rnbraŒe le
Sacrifice & son E,,,,Isset> qui l'a offert
en
la Personne de Jcsus-Chrifi: : Car la
très sainte Vierge , qui representoit
l'Eglise & qui -le (enroitaussi chargée
,
despechez de les enfans & percée de
,
ladouleur de leurs fautes offroit son
Fils sur la Croix pour eux, comme
,
une Mcrepour ses ciifaiis. 1
CHAP TR J E VI.
De VorâiÇon, Supplices te roga-
nuis , 6..
-PAr cetteles Oraison que le Prestre dit,
ayant mains jointes (url'Autd,
& estant incliné profondément, l'Eglise
fait amende honorable devant Dieu &
piotcste qu'elle cil indigne de luy pre- ,
senter ce Sacrifice. Elle advouë que
son Ange seul qui cst son Fils Ion
, ,
Envoyé (on saint Millionnaire cst
, ,
capable de porter au Ciel ce divin Sa-
crifice & cette sainte Hostie sur soli
sublime Autel ; Quec"est luy seul qui
l'offre & qui est digne de le presenrer;
Que lacreature n'citant rien , & estant
indigne de paroistre devant la Majesté
de Dieu , ce n'est pas à elle d'offrir ces
4iyins M y (1er es & cette Hostie si ma-
gnifique
igninquc & de si grande importance,
)Comme est la (ainteté univeiscllc de
l'Eglisè: : Et comme un atome, ou un
moucheron ne peut porter un monde,
bien moins la crearure en son neanc
peut-elle offrir à Dieu, & luy porter
tous les Bien-heureux & IcCus-Chriit
tnesmc, qui composent cette Hostic.
iC'est à lesus-Christ en nous, a qui il
appartient de presenter ce Sacrifice : Il M
cilPce1lrcen nouscommeil l'etten luy- H b,.
-
CHAPITRE VII.
Du Memento qui efl après la
Ccnfccration.
MEmtnto etiam, Domine famulo-
,
rumfllmrdarHmque tu arum, N. &
N. qui nos prltccfftrzmt curn jrigno fidei
& dormiunt in somno pacis. Ce n'estoit
pas assez d'avoir recommandé à Dieu en
gênerai & en passant tous lesVivansSe
les DcfFun&s comme l'on fait dans la
,
première offrande qui est devant le Ca-
rjon , Sed & pro omnibus fidelibus Chris.
tianisvivis arque dtfutiïïis , pour tous
les Chresticns vivans & défunts ; mais
il le falloit encore faire à part &C à
loilir : C'est pourquoy comme on a
prie pour les vivans au premier Me-
menta , qui precede laConsecration, oit
prie en celujr-cy pour les défuné1,. Oc
comme le Canon represente precisémcnc
le Sacrifice du Paradis & l devoirs
, es
que le Fils de Dieu rend au Ciel
son Pere on y voit les inrentions du
»
Sacrifice exprimées, & les sujets
pour
qui il le presente, qui sont les vivans 6c
les morts ; cequ'il continuera jusqu'au
jour du Jugrment*
On fait unepaufe à chaque Memento-y
non seulement pour prendre le loisir de
particulariser les personnespour qui
Offre le Sacrifice mais
on
; encore pour ex-
primer la d:f£.*rcnce qu'il y entre l'of-
a
frande que Nostre Seigneur fait datis le
Ciel & celle qu il faisot sur la
, terre.
L'offrande du Fils de Dieu sur la
ter-
re , fc fit comme en pafïanr,& feulement
autant que le coursde sa vie eut dedurée
en ce monde ,est exprimée par l'offrande
qui précédé le Canon où l'on represente
lcschoses saintes quiont précédé leSa-
crificedu Paradis. La saintetéde la Vie
&des Oeuvres de Jerus Christ estex-
primée par le commencement de lv
sainte Meslè, par l'Epistre &
par le
pradttek Au : MHnda. car menm
il reçoit les ordres de Ion Perepour ve-
nir prescher l'Evangile mcsmc & tout
ce qui suit , n'est rien que l'expressïon
des choses capiralcs de ta vie voyagerc.
Les Secretes & le Pcromnia nous re-
,
presenrent la priere de son ame bien-
heureuse en la terre qui mesloit tous
,
les devoirs avec les louanges & les prie-
res des Anges , au milieu dcsquclS il
prioit icy bas, aussï-bien qu'il sait main-
tenant dans le Ciel. Si bien que tout ce
qui precede le Canon n'cst rien que ce
,
qu'a fait le Fils de Dieu en terre, & qui
est compris dans le Sacrifice, où il of-
fre tour ce qu'il a jamais fait & tout.
,
Ce qu'il fert par luy & par tous Ces
membres à la gloire de Dieu : Ce que
l'Eglise a grand soin d'exprimer pour
en faire paroistre la valeur : & je le
repete Peuvent , pour faire compren-
dre en quelle tstime on doit avoir cet
auguRe Sacrifice.
Or comme l'offrande du Fils de
Dieu en terre a esté de peu de durée
& qu'elle a esté pour tout le genre ,
Atl humain tout ensemble In qua volun-
»
,R,br. tate fànl1iftcAti fumus per cblationem
le. 10. Corporis Iefu Chrifiisemei j nous avons
esté tous dédiez, offerts & ,onsa,rca i
Dieu en cette offrande & volonté i De
là vient que la première offrande que
fait lePrêtre, sefait sans pause & com-
me en pavane i & il la fait mcsme pour
tous les Fideles ensemblejTV* $mm!ut
Cbriftiams vivis at^u: dcfunfth ; C'cft
pour tous les Chrestiens vivant & de-
tunds.
Au contraire l'offrande du Canon
Ce fait
,
avec paufe ; pour montrer la du-
rée du Sacrifice & de l'Offrande du Pa-
radis : & tlle sc fait mesme en particule
tisant les sujetspour lesquels on l'offre ;
pour montrer l'avantage de ce Sacri-
fice par dessus l'autre & pour fiire
.
connoistre qu'il s'offre tout entier pour
chique particulier pour qui on desire
l'off ir & que chacun a pour soy roue
)
entier le mcsme Sacrifice cffert à Dieu
pour tout le monde ensemblc. J'ay pour
moy maintenant Jesus-Christ tout en-
tier priant & tous les Saints ensem-
,
ble s'offrans avec luy pour moy tout
scul comme autrefois toute l'Eglisc
,
ensemble l'a eu pour soy.
Quel avantage quelle grace &
,
quellebénédiction pour nous ! Quela
,
liberalité de Dieu cst grande en nostre
«ndioit 1 Nous avons un Ciel enitcx
qui répand sur nos telles les influances
& (es grâces. Ce n'dl: pas unastretout
ieul qui influe sur nous, ei qui regarde
nostre naissance d'un aspcct favorable ;
c'est tout le Ciel enscmb!c ; ce font les
AChes & Ic Soleil unis, qui conspirent à.
nostre saiut. Et qui n'aura confiance
parfaite en sesdemandesauprésde Dieu,
ayant de tels interceiïeurs ? C'est pour-
quoy à la fin de chaque tJMcmtmo ,on
fait memoire des Saints, pour dire que
nous invoquons Dieu sur nous par
Jesus-Christ & tous les Saints, & que
nostre priei c cft unie à 1.E(prir deJefus-
Christ répandu dans ksSaints, qui prie
en soy & dans tous les Saints du Ciel,
comme nous le voulons, & comme
*Ai Dieu le delire : Carl'Espiit ne prie point
0(«m. 1. pour les Saints que sélon Dieu Spiritus
27e ,
flcundum DCllm postulat pro Sanélil.
Qnt nos pr&cejjerunt curn fignofidei;
l'Eglise prie pour ceux qui nous ont
précède avec le signe dela Foy; C'est
a dire, pour ceux qui ont vécu sélon
la Foy, dont les œuvres ont donné
r Qiia- des marques 8c des lignes de leur Foy
prnprer pendant leur vie. Voyez dit saint
fritreî »
magis Pierre que vous fassiez des œuvres
facagicc ,
quisaLIèns voir que vous avçjt en VOijl
,
le don de vostre vocation & de vollre
fainteélettion & ayez foin de la rendre
ferme, fiable & apurée, en vous y opéra
ut per
bjim
ccrr.im
rendant fidèles. Ce don cst le Saint vellum
Esprit , qui nous conduit intérieure- vocario-
ôC
ment par la lumieredela Foy, Reparle 11cm
clecHo-
mouvement de la charité, & qui nous. n''m fa-
cial.
donne dans le cœur des affrétions dou- 1. L)tt-.
ces, &des inclinations pui(santes pOUt 1. 10.
nous
, .
de gloire en Dieu, Quod est honoris, +.
gloria virtutis &c. ¡itpe':T)fJs nejuiefeit,
n'en doutons point. C est par
14.
CHAPITRE I.
De l'Or4iftn Dominicale.
Panem
tion qu'ils ne sont pas en l'crat donc :
,
nostrum la priere fait mention. Pater nofier, qni \
super •
es in cœlis : fan 51 ificetur nomen tuum.
fubstan-
tialem 4dveniat regnum tuum. Fiat volunt'a
da nobis & der-
hodie. tua, si eut in coelo intert*. Ces
"%fatt, nieres paroles qui font comparaifoudll
< Il. Ciel la Terre, se doivent estendre
avec
aur trois premières demandes.
Le Prcstre ajouste Donnr'{;"6111
,
aujourd'hny le Painsurfubjîantiel. C cst
encore une priere que nostre Seigneur
fait au Ciel pour nous : Il demande an
Pere qu'il nous donne le Pain de ses en-
sans qui cst surnaturel : Aprés quoy il
demande pai don de nos pcchcz : Et t'E-
glisequise voit avoir paît à cette priere
& en estre la cause, s'cleve en la per-
sonne du Diacre & du Soudiacre t & se
vient joindre au Prestre.
Le P'restreavant quede commencer
l'Oraison Dominicale se prepare &
,
fait commeunePreface ou Avant-pro-
pos l & nostre Seigneur au nom de l'E-
glise, semble faire civilité & un saint
compliment à (on Pere avant quede
le nommer Nofin Terc : il témoigne
parlà l'calme qu'il sait de cet honneur
pour les hommes, d'estre les erifansde
D eu & de pouvoir appeller Dieu leur toane
Pere ; Videte ejualrm charititem dedit 5. 1.
,
n'oze s'en approcher dans la veuc de ses
,
miseres : Voyez dit-elle en esprit, o
Pere Eternel si nous pouvons satisfaire
.isément aux Saints desirs de vostre
Fils. Nous femmes tour remplis des
pechez ; nous sommes environnez des
tentations; nous sommes assiegezde la
malignité du sicelé & du Démon le
;
moyen qus nous puiffiqns y (atisfairc ?
Quel moyen de (and:ner vostrc saine
Nom i Comment vostrc Royaume s'e-
tabliroit-il en nous? Quelle rccittance
ne trouvez-vous point en nous en vos
saintes volontez.
C cst en cette veue qu'elle se tient
toute confuse au bas du saint Autel ;
mais aussi-tost qu'elle entend le Prêtre,
qui demande pour elle ladélivrance de
ses miseres, elle sc levé& se
va joindre
à luy par l'entremise du Diacre
& du
Soûdiacre, qui s'approchent du Prestrr,
disans ; No£1:re Pere
oubliez nos pechez comme
en I:Cuâ-Christ ,
, nous ou-
blions les offensesdes
autres. Car, mon
Dieu, vous (çJdlansirrité contrenouç,
nous ne pouvons pas vous servir en 'i-
kene &dansla paix des Bien heureux,
réconciliez parfaitement avec TOUS Î
Eloignez , ô mon Dieu , les tentations,
& nous fortifiez contre leur malice : Ne
suspendez point , je vous prie, vostre
secoursdans le peril où nous sommes;
Car aussi-tost nous nous verrions pre- *
cipitez dans le péché: Délivrez-nous ?
CHAPITRE II.
Vu Baiser de Paix.
LESoûdiacre estoit monté à l'Autel
pendant l'Offrande du Pain & du
Vin ; parce que Nostre Seigneur s'cst
offert juy-mcsme publiquement dans le
Temple de Jcrusalcm entre les mains
de Simeon, dont tout le peuple pou-
voir estre spcé1:atcur ne IçachantjpaS.
,
pafloic. Le mesme
pourtant ce qui sc
$oûd!tcre estoie sortyde l'Autel auffi-
tost apres l'Offrande duPain & du Vin.
cftoir defeeudu en bas ,5c fc tenoit ca-
che sous le voile Jurant l'avion du
Sa..
crifice j afin de témoigner
que lesJuif,.
& leur Synagogue, clloient bien éloi,
?"r2. NollreSeigneur au remps qu'il
faisoit son Sacrifice & qu'il l'otFroit
,
pour eux. Il a voir bien ollé le Voile 6c
la Patene dedeflusses
yeux, lors qu'on
avoir levé le Corps & le Sang de Nosjrc .
,
qui NostreSeigneur a demandé pardon,
c est de quitter son Voile de bisser sa
1 atene, & de
monter au saint Autel
pour
1
benediction aux Hommes qu'en la vertLI
de son Pere,& de la Communion qu'il a
à son Essence : Car le Perebaise son Fils
lors qu'il luy donne son E(Tence,& qu'il
la répand en luy. C'est leBai(crde Paix
le plus intime qui sepuisfe donner, qui
les tient liez & unis entemb!c, en soi Ce
qu'ils ne peuvent Tertre davantage.
Le Pere influant son Essence en son
Fils,'& le communiant de son Esirc,!uy
donne ce qu'il a de tresors, de grâces, Se
de benedi&ions : & ce cher Fils pour le
resped: qu'il porte à son Pere, veut té-
moigner aux hommes, que tout ce qu'il
leur donnent le tient de luy ; que quand
il leur parle,qu'il agit, & qu'il opere en
eux, c'cst par la vertuqu'ilareccuë de
luy, & que sa dolhine, sa lumière, &
,
tout le bien qu'il versesur eux procede
de luyseul. C'dl:cequ'il fair entendre
par ces paroles, Ne-a doftrina nonest ml. /M.
fedejm qui mifitme. Et par cç&autres 2.7.
, ,
Quid mihi & tibi est mulier ? Nandum f.«.i. 6.
venithora mea : Mon heure n'est pas ve-
nu c;
c'est à mon Père,de qui je tire la
puissànce de faire des miracles,à me mar-
quer le moment auquel il veut que je
commence. C'est pourquoy le Prestrc
élcvcsou,cnt les yeux &les mains vers
le Ciel, témoignant que tout Don parz
fait procede du Pere, aupres duquel il
mendie la bénédiction qu'il doit donner
aux hommes.
Pour cela mesme Nostre Seigneur sous
la personne du Prestre,beni(Tant l'Eau
&. le Vin qu'on verse dans le Calice
avant l'offerre, s'addrdlè à son Pere,
DtU4 qui humant fthftantil- dignitatem,
&c. pour témoigner que c'cst en la ver-
tu de Dieu son Pere que Je(us-ChrH1:
iépandra son Sang. Et non seulement
cette bénédiction du Prestre sert pour
furifier ces élemens, pour les tirer de
usage profane, & pour les
mettre en
l'estat de sainteté que le Sacrifice de-
mande mais encore elle montre que la
»
vertu de Dieu & la sainteté de son Es-
prit (ont .répandues dans le Sang de
Jesus.Christ avant qu'il toit offert:
,
['r. Quanto MagiS S anguis Christi, qui
per
t4. Spiriturn Saiftumscmetipsum obtulit im-
mtculatum Dto?
Si-bien que le Baiserdu Diacre & du
Soûdiacrc, lignifie l'union du Nouveau
& du Vieil Tcstament en Iesus Christ.
11 signifie que la Pierre angulaire Iesus-
Chrilt, n'a fait qu'une seule chofc de
deux qui cstoient très-separéçs
,
i & éloignées : Ipse enim efi par noftta,
Ad
I
qui sait "trA'!'" unum i & que de Efb. a..
i
rous les luifs & les Gentils il n'en a 14.
fait qu'une Eglise ; Fiet
unum ovile ,
& jwnas Taftor : Par la fainte Com- loait. ie.
munion , il ne se fait des Iuifs & des M.
Gentils qu'un Troupeau & qu'un
Bercail. Ce qui est encore signifié
le Baiftr de Paix que le Soûdiacrc par
«
va porter à l'Eglise, qui se metranc
parmy les Fideles , & s'unifonc à
eux , dit par la , qu'il est entré en
Communion avec TEglife qu'il n'est
j
qu'un avec elle , & qu'il luy sert de
témoin de la paix procurée
par
Iesus-Christ , qui en cst le Média-
teur.
Apres cela, le Soûdiacre
mence à voir à découvert les Myste-
com-
res. Car après avoir porte la Paix il
,
retourne a i Autel, il monte auprès
du Prêtre & découvre le Calice,
comme le Diacre sa;soit auparavant \
,
*
Lede Paix que le Prestre donne
au Diacre, representele Baiser du Pere
? w' il rcPr^ntcla Communion
a a son Fils. Le Prestre
du Pere
repre sente
le Pere qui embraie son Fils;& se
,
communie de luy : Ce qu'il continué
a
de faire depuis le jour de l'Ascension
qu il receur san Fils dans son (ein, & le
consomma en luy, comme il avoir déja
commence au jour de la Refurrcélioll
qu il avoir consommé son Fils luy-
mesme. Et ces Mysteres en
commencez
"nc^0,s continuent toûjours
•
Myneres d Eternité, qui font comme
nens& toujours les mesmes. Le Perc perma-
consomme toujours son Fils
en luy
comme il sir au jour de la Rcsurrcét:ion.,
quoy qu 'il ne le tire pas toujours de
la chair, ou il n'est plus il
; continu c à
le rrcevoir dans son sein & à le
, porter
en foy.mcsme, quoy qu'il ne le tire
de la terre comme il fit au jour de son pas
Ascension & Jesus-Christ
; continue
destre consomme & embrassé dans le
fein de Dieu son Pere auui-bien fut
,
Autel comme dans lesCieux à cauCe
jesus-Christ ,
que y est dans son estat di
g loire , inféparablcdu sein de Dieu foir
Pere.
Dieu le Pcre qui communie a ion :
qui
& quelquefois
represente
embrasse
le Pere
son
,
Fils
celle
qui con-
; il
du
tient
la place du Pere qui communie à ion
Fils & qui le reçoit dans son fein : Et
Paix que le Prestre donne
le Baiser de
.exprime au peuple par une
au Diacre
figure plus sensible & plus grossiere cet-
Communion du Perc a son Fils,
te vaexprimer encore mieux
«ue le Prestre
communiant réellen1:nt à l'Ho(1:ic
, &
tmbraflsant ainsi le Fils de Dieu, Ç0"1™2
le Pere t'embrasse en luy. Et c "est cet
au
le Soûdiacre,
.
sortable de nous communier à son inte- <
;
;
ligieux ; de toutes leurs voix qu une :
louange & de tous leur coeurs qu une :
Victime en luy qui est l'universel &
, de Dieu son Perc,
l'unique Religieux
répandaen nos coe urs par la
& qui est
Communion qu'il nous donne a p1*
Corps, unique Temple, & tres-saint
,
Minière de sa véritable Religion.
LeCorps & le Sang de jesus - Christ,
qui dans le saint Sacrement ne respirent
la advertiffent de la
qpc mort , nous
de & de l'obligation
mort nos corps ,
à tous momcns d im-
que nous avons
moler & de crucifier les sentimens de
nostre chair, qui estant toute injuste en
ses desirs & en scs passions , doit estre
immolée à toute heure, & étouffée en
la naJrancede ses mouvemens. Nostre
chair est une Hostie i estre mille fois-
immolée par jour, & à recevoir à tous
de coups de couteau,
momens autant
qu'elle a de mouvemens injustes & de
propres desirs qui sont toujours im-
purs en
,
eux-mesrocs; parce qu nais.
sent d'une source universellement
souillée, & qui ne peut produire au-
chose qui soit dans l impu-
cune ne
reté. Tout cc qui n est point de
FElptit en nous , & quieltdelactiair,
cst condamné de Dieu , & doit estrc
mis à mort & crucifié comme cri-
minel & comme partie & membre
d'Adam condamné une fois en luy 5e
en tons les siens.
Nostre Seigneur en sa Mort a cru-
cifié univcrsellement sa chair en tous
ses membres à cause qu'elle estoit en
, du péché Il l'a traitée
ressembiance ;
d'esclave, de criminel, & de révoltée ; 1
nous
son Pere. Quelle merveille que
entrions en Communion de cette
fainte & admirable operation ! Quelle
donation seroit la nostre, si elle citoit-
faite dans le mesme esprit, &dans les
mesmes dispositions de nostrc*Seigneur 3
Quelle adhcrencc de nous à Dieu1!
Quel transport continuel ! Quelle dc"
tion
!
dicace Quel amour Quelle applica-
1
M. , sommes
est nostre VilHme, donc nous
morts par obligation: Cette pauvre
Victime ne marque autre cho(e,imon
qu'elle porte en nostre place, ce que
obligez nostre
nous étions de porter en
particulier » Vnns pro omnibus mortuus
mortui funt il est mort
est : erg* omnes
un pour tous un en
avouent le
;
meriter,
la place
8c qui
:
de tous,
mangeans
qui
d.,
Jelus ChuttHostie protège de merl.
,
tci la mort, & d'estre disposirion
en
delà souffrir ; & il en reçoit mcfmc la
grace par la Communion qui luy est
donnée & qui le fait participant de
,
Jesus immole à la gloire de son Pere.
L-et estat d'immolation, est un estat
où la creature d'elle mesme ne peur arri. l'et
sans la fpiricum
ver grâce de Jesus-Christ, dont San&um
elle a besoin aussi bien
que de l'Esprit, femet-
&
dans lequel il s'cû offert luy-mesme ipsum
obtulic*
a la Croix ; Oblatus est quia ipse •xi
4 ivre
voluity il s'est offert & livré à, la Croix Htl/r.
acause qu'il l'a voulu: Ainsi #• J4.
cette vo- t/a.
lonté de mourir & de se crucifier si- r.
pour
Dieu, est une grace donnée
par la Com-
munion a l 'Hoflie. C'est pourquoy
anciennement en l'Eglise
, au rapport
de [aineCyprien,
, on avotcun soin tout
particulier de donner la Communion
aux Fidelles daas le temps de perfecu-
tion pour leur donner l'Esprit de
,
Jesus-Christ Hostîe Quipropojttofïhi -44
, H tir,
gaudio fujlinuitcrucem, quise porta
Croix avec joye ; & qui répand
à la Il. ».
cette
joye dans le cœur desHosties vivantes
qui communient à luy & qui sont
(
difposécs à recevoir son ,Elprirdc,,Ioi-
re, de vertu dç forcc & de toutes
, ,
puissance,& qui porteroit mille & mil-
le Croix si on voulait s'abandonner a
,
luy. 0 ! Jesus,de qui la Croix estoit
trop petite, & dont l'Esprit emportoit
une mille fois plus grande que celle du
Corps! Vous estiez accablé sous le poids
insupportable de la justice & de la ri-
gueur devostre Pete; & toutefois vous
aviez sois d'endurer encore tous les
touimens que Dieu a depuis fait souf-
frir à vos Martyrs.
Jesus voyant ion Corps trop petit pour
supporter les peines extérieures que les
luifs & les Demons eussent desiré deluy
\ faire souffrir, voulut emprunter apres
ed !m- sa mort les corps de Ces Fidelles pour
plco ex ,
quae de.
rndurer en eux , Se accomplir ce qui
funt Paf- manquoirde peines & de martyres à sa
fic,num
<hriftir Passïon : Son Esprit embrasToit tous les
Ai Co' ' tourmens imaginables dans son zele, il
t-I 2 4. O >
. soûpiroit pour les endurer tous ; & les -
CHAPITRE IV.
Z)Mfervice que le Soàdiacrerend AU
fritresur lafin de laainte Mtjfl.
APrés la sainte Communion , le
P[dhe ,il
Soûdiacre donne les ablutions au
vereelevindans le
Calice, où
il n'avoit auparavant versé que de l'eau,
pour apprendre qu'à la fin du monde
,
l'Ancien Testament signifié par le Soû-
diacre ver sera son fang pour pieu > &
, ;
mourra pour sa gloire , comme il arri.
vera à E lie & aux autres Iuifs , qui se-
ront tous en feu& en ferveur pourDicu.
Au commencement il ne versoitquede
l'eau dans le Calice, témoignant qu'il
n'avoit que de simples élemcns & tres.
neceflireux de la grace ; & le Diacre
.
mettoit du vin pour témoigner la vi-
gueur , la force & la vertu, qui cst com •
prise dans le Nouveau Tesiamenr in-
finiment vigoureux par dessus l'Ancien,
plus que le vin ne lestpar dessus l'eau ;
mais maintenant il verse Je vin parce
,
queselon samt Paul, les restes d'lCraijl A 4
Rtxy.
seront (auvez Reliyui4 salva fient ; 9. : 7.
,
& reconnoiTans Jesus Christ ils fe-
,
ront plus fervens pour son servicc , que
tout le restedes Chrd1:iens.
Le Soûdiacre ne donne pas seulement
le vin à la fin du Sacrifice, pour témoi-
gner que depuis sa reconciliation & sa
Communion à Jesus-Christ il est fer-
,
vent & remply de grace , comme le
Nouveau Testamenr : mais encore il:
met la main dans le Calice, il le voit » il
le touche jusquesaufond, pour faire cn-
tendre qu'il a part au plus, secret des
Mystcrcs. Auparavant le Diacre ef-
fuyoitleC4i^c.au temps de l'Offert?,
& la Patène apres le Pater »
qui eltoicnt
leSoiidiacre,& ainsi l'An-
apportez par
cien Tendent cstoit. purifié par le
Nouveau & la grâce du Nouveau pu-
,
rifioîttout ce que l'Ancien fournissoit
Mysteres n ayant rien de par
aux , y
jesusyChrist
la de il
que par grâce i
Sacrifice;
purifie les instrumens du
c'est à dire que les SS. de l'Ancienne
, Moyse & Elie servi- :
Loy , comme , |
ront de reproches aux Saints du Nou- j
, Soûdiacre soin
te. Et comme le a
de purifier le Calice ; auni serviront-
ils par leur ferveur & par leur zele
à purifier le reste des Chrestiens. Ils
se joindront à Elie qui a la fin du
,
monde servira de condamnation a la
tiedeur des Chrestiens : Il retournera
de la fournaise de l'amour & de la
contemplation ardente de trois ou
quatre mille années :
Il viendra sou-
tenir la Foy de Ietus-Christ , &. luy
rendra témoignage, appuyantainsi les
foiblesses des croyans diffipez en eux-
mesmes & distraits dans l'amour
acsordoDl1é des créatures; Et c'csc
v
pour cela metme que le Livre qui
cstoir du code de l'Evangile cst
,
rapporté avant la fin de la sain-
te Messe du costé des Propheties
& de l'Epistre , & que cela sc saic
par le Diacre » pour montrer que
devant la fin du monde » le Nou-
veau Testament ira porter la Foy par-
my les Iuifs & qu'il Ce fera de tous
,
les peuples un seul Christianismc &
une seule Relicioti.
C'cstauflï enfin le Soudiacre qui plie
le Corporal qui couvre le Calice avec
>
la palle & le voile & qui le reporte sur
,
la Credancc ; ce qui signifie que ce
feront les luifs qui viendront mettre
fin aux Mystercs, qui les fermeront
&qui achèveront ce grand tvfyaeredu
Corps de lesus-Christ, qui est l'Eglise,
dont ils seront comme les derniers
membres. C'est la totale Viâitnc&le
parfait Sacrifice qui s'accomplira & se
consommera avant la derniere bene-
diction de Jesus-Christ sur le Monde
au jour du lugement. Alors on verra
l'union de l'Ancien & du Nouveau
Testament representez parle Diacre &
leSoudiacre, attcndans sur la mesme
marche la bénédiction de Jesus-Christ
par la main du Prestre, qui sera répart-
due (ur les vrais adorateurscn esprit &
en verité, tels que l'ont esté les vrais
Chrestiensdans le NouveauTestamenr.
& les Patriarches & Prophètes dans
l'Ancien,qui ont esté remplis de l'Es-
«
quoy
r
cefibitdegemi & de prier. C'Cstpour-'
pendant les Oraisons du corn'"
& de la fin de la faihtcs
mencement
Meflc, & mesme pendant les Secretes,
le Prestre a toujours les mains ouvertes
Car ces mains ouvertes & élevées vers
:
le Ciel signifient que nous mendions:
,
les graces & les libéralités de Dieu , &
les attendons en confiance1
que nous
& ouverture de cœur.
Le Prestre neantmoins joint lesmainsr
&par quatre foisau temps de Oraison.
Prcmicrement , devant que de s'incli-
&
ner que de baiser l'Autel ; pour con-
fener en s'aneantiÍfant devant Dieu »
c'cst de luy residant 18 Autel,
que en
Nostre Seigneur & toute son Eglisir
que
puisent la grace de prier..
Secondement , le Prd1:r: joint les
rnainseftant tourné versle peuple,devac
de dire, Dominus vobife'ym. Et cela
que
signifie que l'Esprit qui nous est donné,
éc les qui sont répanduës dans
grâces
l'Eglise, sont tirées du sein de lesus-
Christ qui a tout puisé en son Pere, 8c ~
que nous le
,
serons ,
d'estre exaucé nous avons confi1nce
aussi
Dieu, & nos prieres en luy.
nous offians à
CH.APlT.R. E 1 I.
De la Bénédiction que le Irefirc
donne alafa delafainte Mcjje
(p de V Evangile de an. le
L'Evangile de saint Iean, qui a eslé
composé le dernier de tous > pour
la preuve de la Divinité de Iefus-
Chril1:,& par la personne que Nostre
Seigneur avoit laissée au monde, pour
.continuer sa vie Divine & ressùsciréc,
se lit à la fin de la fainte Melfc, apres
que tous les Myrtes sont accomplis
& representez , & mesme après que la
Bénédiction a esté donnée aux peuples»
& qu'on les advertit que les Myste-
tont achevez Ite, Mijft est: A1-
tes :
lez , la Messe cst dite : Le Fils de
Dieu a achevé la Mission du Perc : il
est retourné d'où il estoit party par
le minii1crc; du Prestre , qui l'avoit
tiré du Ciel , & qui l'y a renvoyé,
fait à l'Autel un abregé & un
ayant
cours de la vie de J cf us-Christ. Apres
donc qu'on a donné rongé au peuple
de lesus-Christ au Ciel,
après ce retour
où il nous a porré en Espric avec luy,
b fin de sa Ciinte Midîon, le
ce qui est
Prestre lit le commencement de l'Evan-
gile de saint Jean, qui déclare l'occu-
pation que Nostre Seigneur doit avoir
toute l'Eternité avec ion Pere, qui ca:
de demeurer chez luy , & d'estre vivant
luy de sa menne vie comme il
avec ,
faisoit de toute éternité : In principio
erdt Verbiom,&Verbumerattp;id Dcum, to,tuit 10
et Deus erat ferbitmi Au commence-
n1cnt vc'cst à dire de toute ccernite,le
Verbe cftair,&' ce Verbe estoit chczDieu,
& leVerb.e cstoît Dieu. Ce rçiefme Verbe
qui s'tft fait chair sur la terre, & qui cst
retourné chez Dieu, estoit de tout téps,
il e ftoit devant le temps, il estoit dés l'c-
.
ternicé, il estoie des le commencement
le terme de la génération Divine: C'est
la merveille de la fécondité de Dieu, de
produire une personne semblable à soy,
un Verbe qui represente ce qu'il est.
Dés l'Eternité mesme il y avoit en
Dieu le Pere un Verbe, un caractère
,
une Figure, qui estoir plus que figure,
plus que caractère plus qu'image qui
,
repreientoit Jesus-Christ & sa Mere,
Jesus & les membres : C'efloit un Ca-
fad:ere fecond un Caradtereen Dieu,
,
qui estoir vie , qui estoit l'origine &
la source de Jesus-Christ & desesmem-
bres. Ce Caraétere est appelle Verbe
,
c'est à dire, Parole ; & c'est une Parole
signifiante&operantece qu'elle signifie :
C'est une Parole qui represente efficace-
meni , & qui direnergiquement & plei-
nement ce qui est de Jesus & dz-l'Eglise.
Elle est aussi nommée Idie, à catrse qu'-
elle est l'objet & le modele sur lequel
Dieu a tiré les choses & les a faites. Ce
,
Verbe, on cette Parole, est toute- puif-
fante,fclc>nisaint jean à cause qu'elle
,
est en Dieu 6c Dieu mesme Omnia
, -,
quam ba- •
S
,
hut pr'tut quam mundui effet apud
j te :
C est pourquoy saint Iean dir viii-
, 'o..-.
mus gloria", ejus glorittrn <jnzjî unif, +
, 1
-cHAPlTR.E I.
v» commencement de là HeJJe
*
juf'lu &
i'Introït.
ONfunts, commence la
les
Mésie des
autres
Def-
Meslès.
comme
Apres avoir fait le figne de la
Croix ,on dit, Jntroib ad altère rDei,
f
Cette Antienne exprime lesdi politions
intérieures de l'Ame du DcfFunt dans
le Purgatoire, qui est le lieu où noftrc
infirmité nous fait dcsccndccordinaire^
ment après cetttc vie. Elle témoigne
par là son esperance, &dit qu'un jour
elle sera porte sur l'Autel du Ciel qui
est seiti de Dieu où les ames font
le ,
con-
sommées aprés avoir esté dépoüilJéc.
,
de la robe de son infirmité.
Il yavoit autrefois des Victimes qui
estoient dépouillées de leur Exod.
peau , & 19.
dont la chair cstoit brûlée hors l'encein- L. 4.
t#."Io
la
& peau hors l'enceinte de la ville de
Jerusalem figuroit le feu de la Justice
,
de Dieu, qui consomme hors du Para-
dis les impurctez de la chair dont on cf-
estre délivre. C'est dans cette espe-
pere
rance que FAme dit en elle-mesme,
Introibo Ad aîtareDci, Je seray trans-
ponéeunjour sur l'Autel de Dieu, &
je sortiray de l'estat mal-heureux où je
gcmis en ces cachots. 3 entreray dans la
de celuy qui m'aura purifiee des
joye
relVs du vieil Homme, tRz qui m aura
délivrée de la langueur où gemit le nou-
vel Homme en moy, S,4 à Dtum qui
lâtifieat juvextutew meam. Car autant
l'Ame est purifiée autant le nou-
que
vel Homme est mis en joye& liberté,
,
,
tout ce qu'on fair n'est ricn bors de Nô-
tre Seigneur & de sa grace u4djutorinm
noftrHm in nomine Dotnini
: Toute
nostre ayde est de Dieu
en vertu de
Noilrc Seigneur.
Jesus-Clirift ayant pu satisfaire à
Dieu par une larme l'a fait
, ne pas
a cause qu'il pouvoit davantage Se
la Iufliccdcson ,
que Pere pouvoir auti-à
rccevoit uneplus grande multirude &:
étendue -tle (atisf^ctions. C'est
cela qu 'il s cft offert Dieu pour
a en Cioix ,
afin d'y souifiir
en toute l'cfl,.-iiduë
de san pouvoir & mdine delà
, au
deses forces naturelles se kifant
Soutenir par son Pere ,
, pour endurée
davantage. C'cst pour cela
encore qu'-
il a diffère sa mort julqu'à l'âge de
trente-trois ans, quiestl'âgc de la vi.
gueur de homme ; afin de souffiircn
1
1 état
ou il le pouvoit le plus > & afin de
ne ai (Ter rien en 1uy qui ne fût employé
1
,
Elusfum ; Soyez Saints àcause que je suis
Saint:Mes Prestres Mes Enfans,qui
devez vous unir àmoy intimement,
souvenez- vous qu'il faut estre Saint ; à
<uuse qu'estant Saint comme je fuis
je ne puis approcher des choses impures,
je ne puis louffrirauprésde moy quece
quiet! pur & très saint : C'est ma con-
dition qui le porte, & je ne le puis au,
t,
tremen
Autrefois le Grand Prestre pour en-
trer dans le S.1int des Saints, figuredu
Paradis, estoit un temps notable [eparé
du commerce de sa femme de ses en-
,
sans, 5c du reste des hommes, faisant
penitence, gemiffatit & pleurant, pour
se purifier avant que d'entrer dans le
Saint des Saints. Il exprimoit par là
les dispositions des Prestres & des ames
Fidèles dont il portoit l'esprit & le
,
cœur itifl'j-bienqL..ic les noms dans son
Rational & sa poirrine. Et maintenant
le Prestre fait allusion à cette ancienne
coustume, lors qu'il dit rette Oraison:
Vt ad fanffîa fanhorurn puris mereamnr
mentibitt introire. Nous vous prions
Seigneur,de nous oster toute la foiiil- ,
leure de nos péchez -, afin que nos esprirs
estans bien purifiez nous méritions
,
d'entrer dans le Saint desSaints.
Apres il ad joute : Oramus te, domi-
ne , per mérita fitnftoru m tuontrn, quorum
reliqnid hic sunt, & omnium fanSiotum,
nt indulgcrc dignerû ornnia peccata meai.,
Par cette prière > il demande à Dieu
l'asTociationde ces Ames avec les Bien-
heureux, dont les reliques reposent sur
l'Autel. Et il les biiie de la part de ces
pauvres ames qui gemissent en Purga-
toire \ pour montrer comme elles soû-
pirent après l'union des Bien heureux
leurs freres. C'estoit le (entiment des
ames qui gemissoient autrefois devant
la Mort de lefus-Christ , & qui de-
mandoient d'estre tirées de leurs ca-
chots pour reposer en Dieu le vray
,
Autel, le vray Temple de (on Fils, l'u-
nique & le véritable Saint des Saints,ou
les ames ne sont entrées qu'avec lesus-
Christ & n'ont pti estreVi4limes d'a-
,
mour confommécs en Dieu qu avec
,
luy qui cftla première Vi&'me,consom«
mée & retiréeen Dieu. C'elt luy quieft
le premier né des vivans, à cause qu 'il
CHAPITRE II,
Dela MeJ/e four les Dcffunts , de-
puisFlmroïtjufques 4 lafn.
L'Introït de la Mefïe pour les Def-
funes, commence toûjoursp.u
ces
paroles ; Requiem aternam denaeis DIJ-
minc & lux perpétua htccat eis Mon
, :
Seigneur & mon Dieu donnez-leur
> un
repos éternel , & la jouyfTance parfaire
Je vostrç dutnicrc faisant Jucccdcr
,
le repos du Paradis aux douleurs du
Purgatoire , & la lumière du Ciel
aux tenebres des prisons où le feu les
environne les afflige, les tourmente, Se
,
Its penctrc de toutes parts.
Le Prestre en commençant l'Introït,
fait teignede la Croix lur le Livre, ÔC
non pas sur foy \ pour exprimer comme
il se prive & fcdépoüillc volontiers de
îa bcncd!d'!on qu'il demande pour la
,
donner à l'ame qui gemir dans la peine.
Il luy rrallsil1cr la consolation & le re-
pos qu'il en pourroit attendre. Et le
Mi (Tel figure le Livre Eternel où les
Amcs du Purgatoire sont ccrires, à cau-
se qu'elles sont du nombre des Elus.
Dj à vient que le Prcstrc fait ce signe
1
,
purifiant leurs cœurs & leurs bouches.
Mais lorsqu'on dit cette Oraison pour
les Ddfùnéts on demande qu'ils soient
purifiez par le feu du Purgatoire,&
«
>
ne leur a point donné encore la dernière
,
a
bcnediâion qui connue les mettre
en jo*ùllfaticc de son Royaume Eternel.
On lit neantmoins 1 Evangile de saine
Jean qui comprend abregé le
, en
bon-heur qu'ellespoflederont
tout
un jour,
parce que c'est le terme où elles alpi.
renc, où elles auront la veuëdu Veibe
en Dieu , & où elles feront transfor-
mées & confommcesen luy, qui est l'u-
nique du Pere remply de grâce & de
vérité,âpres qu'elles auront esté entiè-
cement purgées, Sc qu'elles auront
payé par leurs peines & tourmens,ou
par les suffrages de l'Eglise toutee
qu'elles doivent de feste à la Iustice
>
Divine.
r 1 n.
EXPLICATION
DU GLORIA IN EXCELSIS
CANTIQUE DES ANGES4
A la Naissance de Nostre Sei-
gneur Jesus-Chriit.
l'êchi a: sa splendeur. j
Communjon.
t ', &
autres chofcs jusqu'aprcs la
Ghap.I. D l'Oraisln Dominicale.
Chap II. DuBaiser de Taix.
des
Fui de la Table.