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Nombres complexes

Préambule
L’équation x + 5 = 2 a ses coefficients dans N mais pourtant sa solution x = −3 n’est pas un entier
naturel. Il faut ici considérer l’ensemble plus grand Z des entiers relatifs.
p
x+5=2 2x=−3 x 2 = 12 x 2 =− 2
N ,−−−−−→ Z ,−−−−−→ Q ,−−−−−→ R ,−−−−−→ C

3
De même l’équation 2x = −3 a ses coefficients dans Z mais sa solution x = − est dans l’ensemble
2
1
plus grand des rationnels Q. Continuons ainsi, l’équation x 2 = à coefficients dans Q, a ses
p p 2 p
solutions x 1 = +1/ 2 et x 2 = −1/ 2 dans l’ensemble
Æp des réels R.
Æp Ensuite l’équation x 2
= − 2à
ses coefficients dans R et ses solutions x 1 = + i 2 et x 2 = − i 2 dans l’ensemble des nombres
complexes C. Ce processus est-il sans fin ? Non ! Les nombres complexes sont en quelque sorte
le bout de la chaîne car nous avons le théorème de d’Alembert-Gauss suivant : « Pour n’importe
quelle équation polynomiale an x n + an−1 x n−1 + · · · + a2 x 2 + a1 x + a0 = 0 où les coefficients ai sont
des complexes (ou bien des réels), alors les solutions x 1 , . . . , x n sont dans l’ensemble des nombres
complexes ».

Outre la résolution d’équations, les nombres complexes s’appliquent à la trigonométrie, à la


géométrie (comme nous le verrons dans ce chapitre) mais aussi à l’électronique, à la mécanique
quantique, etc.

Une approche historique


Combien l’équation x3 + px + q = 0 a-t-elle de solutions dans R ?

Historiquement, c’est en essayant de résoudre cette équation que les mathématiciens italiens du
XVI siècle eurent pour la première fois l’idée d’utiliser des nombres dont le carré est négatif.
Considérons donc la fonction f : x 7→ x 3 + px + q avec p et q des entiers.
Comme lim f (x) = −∞, lim f (x) = +∞ et que f est continue sur R, le Théorème des
x→−∞ x→+∞
Valeurs Intermédiaires assure l’existence d’une valeur d’annulation de f car elle change de signe.
f 0 (x) = 3x 2 + p. Quel est son signe ? Distinguons deux cas :

• p > 0 : alors la dérivée est strictement positive sur R , donc f ne s’annule qu’une fois.
NOMBRES COMPLEXES . 2
s
p
• p < 0 : alors la dérivée s’annule en deux valeurs opposées ± − que nous appellerons a et
3
−a. On obtient donc le tableau de variations suivant
x −∞ −a a +∞

f 0 (x) + 0 − 0 +

f (−a) +∞
f
−∞ f (a)

Maintenant, il faudrait connaître les signes respectifs de f (−a) et f (a) pour savoir si f s’annule
sur les intervalles ] − ∞, a], [−a, a] et [a, +∞[.
On montre que f (a) = q − 2a3 et f (−a) = q + 2a3 en utilisant le fait que f 0 (a) = 0.
4p3 + 27q2
Alors f (a) · f (−a) = .
27
— Si f (a) et f (−a) sont tous deux de même signe, c’est à dire si f (a) · f (−a) > 0 soit encore
si 4p3 + 27q2 > 0 alors f ne s’annule qu’une seule fois.
— Si f (a) · f (−a) = 0, c’est à dire si f (−a) = 0 ou f (a) = 0 soit 4p3 + 27q2 = 0 alors f
s’annule deux fois.
— Si f (a) et f (−a) sont de signes opposés, c’est à dire si f (a) · f (−a) < 0 soit encore si
4p3 + 27q2 < 0 alors f s’annule trois fois.

Résolvons ces équations

Si l’on pose x = u + v, l’équation en x s’écrit comme une relation entre u et v :


(u + v)3 + p(u + v) + q = 0, soit u3 + v 3 + (3uv + p)(u + v) + q = 0.
Si l’on impose

p p3
¨ (  p 3
3uv + p = 0 uv = −

u v =−
3 3
u v =−
 3 3
⇐⇒ 3 ⇐⇒ 3 ⇐⇒ 27
u3 + v 3 + q = 0 u3 + v 3 = −q u3 + v 3 = −q  u3 + v 3 = −q

p3
Ainsi u3 et v 3 ont-ils pour somme −q et pour produit − .
27
On les obtient donc comme solutions de l’équation du second degré :
p3
X 2 + qX − = 0.
27
4p3
Par conséquent, si q2 + > 0, on obtient :
27
v v
3
t 4p t 4p3
−q + q2 + −q − q2 +
27 27
u3 = ; v3 =
2 2
soit v v
−q t q2 p3 −q t q2 p3
u3 = + + ; v3 = − +
2 4 27 2 4 27
Giralomo Cardano a établi cette formule en 1547.
v v v v
u t q2 u
3 −q
t p3 3 −q
t t q2 p3
x =u+v = + + + − +
2 4 27 2 4 27
NOMBRES COMPLEXES . 3

• On voudrait utiliser cette formule pour trouver une solution de (E1 ) : x − 36x − 91 = 0
3

v v v v
u
3 91
t t (−91)2 (−36)3 u 3 91
t t (−91)2 (−36)3
+ + + − + = 7 est une solution.
2 4 27 2 4 27
En effet, 73 − 36 × 7 − 91 = 343 − 252 − 91 = 0. Cette solution est unique car
4p3 + 27q2 = 36963 > 0

• Pour (E2 ) : x − 6x − 6 = 0
3

4p3 + 27q2 = 4 × (−6)3 + 27 × (−6)2 = 108 > 0.


L’équation admet donc une solution unique. On obtient :
v v v v
u
t3 6
t (−6)2 (−6)3 u 3 6
t t (−6)2 (−6)3 p 3 p3
+ + + − + = 2 + 4.
2 4 27 2 4 27
• On voudrait faire de même avec (E3 ) : x − 15x − 4 = 0. Un problème apparaît. En effet, la
3

formule utilisée donne :

v v v v
u
3 4
t t (−4)2 (−15)3
u
3 4
t t (−4)2 (−15)3
Æ
3 p Æ
3 p
+ + + − + = 2 + −121 + 2 − −121.
2 4 27 2 4 27

Admettons qu’on puisse prolonger les calculs usuels aux racines carrées de nombres négatifs
p
en utilisant le « symbole » −1 et utilisons quand même la formule de notre ami italien.
On effectue les calculs :

p 3 p p 2 p 3
2+ −1 = 23 + 3 × 22 × −1 + 3 × 2 × −1 + −1
p p 2 p 3
= 8 + 12 −1 + 6 −1 − −1
p
= 2 + 11 −1
et
p 3 p p 2 p 3 p
2−−1 = 8 − 12 −1 + 6 −1 − −1 = 2 − 11 −1.
p p
On trouve alors une solution réelle α = 2 + 11 −1 + 2 − 11 −1 = 4 de (E3 ). On trouve ainsi
une solution réelle à l’aide de calculs non justifiés.
Par ailleurs, 4p3 + 27q2 = 4(−15)3 + 27(−4)2 = −13368 est négatif, donc on devrait trouver
deux autres racines réelles.
x 3 − 15x − 4 = (x − 4)(x 2 + 4x + 1). Les autres solutions sont les racines de x 2 + 4x + 1 = 0
p p
qui sont −2 − 3 et −2 + 3.
NOMBRES COMPLEXES 1. CONSTRUCTION DE C 4

1. Construction de C

Définition 1 (lois de composition internes de R2 ).


On considère l’ensemble R2 des couples (a, b) avec a, b ∈ R. On définit deux lois de composition
interne sur R2 :
• une addition + par ∀ (a, b) , (c, d) ∈ R ,
2

(a, b) + (c, d) = (a + c, b + d)
• une multiplication × par ∀ (a, b) , (c, d) ∈ R ,
2

(a, b) × (c, d) = (ac − bd, ad + bc)

Propriétés

• L’addition + possède les propriétés  suivantes


 :2
— associativité : ∀ (a, b) , a , b , a , b ∈ R ,
0 0 00 00
   
(a, b) + a0 , b0 + a00 , b00 = (a, b) + a0 , b0 + a00 , b00
— possède un élément neutre, (0, 0).
— tout élément de R2 possède un inverse par + appelé opposé. L’opposé du couple (a, b) est
(−a, −b).
— commutativité : ∀ (a, b) , (c, d) ∈ R2 ,
(a, b) + (c, d) = (c, d) + (a, b)

On dit que le couple R2 , + muni des propriétés précédentes est un groupe commutatif.
• La multiplication × possède les propriétés
  suivantes :
— associativité : ∀ (a, b) , a , b , a , b ∈ R ,
0 0 00 00 2
   
(a, b) × a0 , b0 × a00 , b00 = (a, b) × a0 , b0 × a00 , b00
Cette propriété non-triviale se démontre par un retour à la définition de ×.
— commutativité : ∀ (a, b) , (c, d) ∈ R2 ,
(a, b) × (c, d) = (c, d) × (a, b)
— possède un élément neutre : (1, 0).
En effet, (a, b) × (1, 0) = (a × 1 − b × 0, a × 0 + b × 1) = (a, b).
— on remarque que (0, 0) n’admet pas d’inverse par ×. En revanche, si (a, b) ∈ R2 \ {(0, 0)},
l’inverse de (a, b) par × est  ‹
a b
,−
a2 + b2 a2 + b2
En effet,
−b −b
‹  ‹
a b a a
(a, b) × 2 ,− = a× 2 −b× 2 ,a× 2 +b× 2
a + b2 a2 + b2 a + b2 a + b2 a + b2 a + b2

a2 b2 −ab
 ‹
ab
= + , 2 + 2
a +b
2 2 a +b a +b
2 2 2 a + b2

= (1, 0).
NOMBRES COMPLEXES 1. CONSTRUCTION DE C 5

• distributivité de× par rapport à + : ∀z, z , z ∈ R ,


0 00 2

z × z 0 + z 00 = z × z 0 + z × z 00

On conviendra des notations suivantes :


• l’élément neutre de + est noté 0C . Pour z ∈ C, −z désigne l’opposé de z par +.
∗ 1
• l’élément neutre de × est noté 1C . Pour z ∈ C , désigne l’inverse de z par ×.
z

Vers la notation algébrique

On a une application naturelle de R dans C :


ϕ : R −→ C
x 7−→ (x, 0) .
Examinons les propriétés de ϕ pour x, y ∈ R :
• ϕ est injective : x 6= y ⇒ ϕ (x) 6= ϕ ( y)
• ϕ (x + y) = ϕ (x) + ϕ ( y)
• ϕ (x y) = ϕ (x) × ϕ ( y)
• ϕ (1) = (1, 0) = 1C
Ainsi, ϕ permet d’identifier R à un sous-ensemble de C (en quelque sorte, ce sous-ensemble est
une copie de R dans C). Pour x ∈ R, on écrira désormais x à la place de (x, 0).
En particulier, tous les nombres réels sont des nombres complexes :
R⊂C
Notons i le complexe (0, 1). Alors i2 = (−1, 0) = −1. D’autre part, ∀ y ∈ R, i × y = (0, y).
Soit z dans C tel que z = (x, y). Alors
z = (x, 0) + (0, y)
= x (1, 0) + y (0, 1)
= x + iy
On écrira alors pour z, z 0 ∈ C, zz 0 au lieu de z × z 0 . La notation algébrique de tout complexe z est
unique. Pour z = x + i y ∈ C avec x, y ∈ R,
• x est la partie réelle de z et se note Re (z) ;
• y est la partie imaginaire de z et se note Im (z).
On en déduit donc :
• z ∈ R ⇔ Im (z) = 0
• z ∈ iR ⇔ Re (z) = 0 où iR est l’ensemble des imaginaires purs, du type i y avec y ∈ R.
Ainsi nous avons les correspondances

Le point M ←→ Le couple (x, y) ←→ Le nombre complexe x + i y


l l l
Le plan P ←→ R2 ←→ L’ensemble des nombres complexes
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 6

2. Les nombres complexes

2.1. Définition

Définition 2.
Un nombre complexe est un couple (a, b) ∈ R2 que l’on notera a + i b

Cela revient à identifier 1 avec le vecteur (1, 0) de R2 , et i avec le vecteur (0, 1). On note C
l’ensemble des nombres complexes. Si b = 0, alors z = a est situé sur l’axe des abscisses, que l’on
identifie à R. Dans ce cas on dira que z est réel, et R apparaît comme un sous-ensemble de C,
appelé axe réel. Si b 6= 0, z est dit imaginaire et si b 6= 0 et a = 0, z est dit imaginaire pur.

Définition 3.
• L’affixe d’un point M de coordonnées (a, b) est a + i b.
• M est l’image de a + i b.
→ a est a + i b.

• L’affixe d’un vecteur w
b

iR

a+ib
b

0 1 a R

Propriété (des affixes).



→ −→0
v = kz et
0
• Soient v et v deux vecteurs d’affixes respectives z et z et k un réel. Alors zk−→
z−→ −→0 = z + z 0
v +v
zA + z B
→ = zB − zA et z I =
• Soit A et B deux points d’affixes zAet zB . Alors z−AB avec I milieu de
2
[AB].

2.2. Opérations
Si z = a +i b et z 0 = a0 +i b0 sont deux nombres complexes, alors on définit les opérations suivantes :
• addition : (a + i b) + (a + i b ) = (a + a ) + i(b + b )
0 0 0 0
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 7

iR
z + z0

z0

i z

0 1 R

• multiplication : (a + i b) × (a + i b ) = (aa − bb ) + i(ab + ba ). On développe en suivant les


0 0 0 0 0 0

règles de la multiplication usuelle avec la convention suivante :


i2 = −1

2.3. Partie réelle et imaginaire


Soit z = a + i b un nombre complexe, sa partie réelle est le réel a et on la note Re(z) ; sa partie
imaginaire est le réel b et on la note Im(z).
iR

i Im(z) z

Im(z) i

0 1 Re(z) R
Re(z)

Par identification de C à R2 , l’écriture z = Re(z) + i Im(z) est unique :


Re(z) = Re(z 0 )

z = z 0 ⇐⇒
Im(z) = Im(z 0 )
En particulier un nombre complexe est réel si et seulement si sa partie imaginaire est nulle. Un
nombre complexe est nul si et et seulement si sa partie réelle et sa partie imaginaire sont nuls.

2.4. Calculs
Quelques définitions et calculs sur les nombres complexes.
λz

z
i

0
1
−z
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 8

• L’ opposé de z = a + i b est −z = (−a) + i(−b) = −a − i b.


• La multiplication par un scalaire λ ∈ R : λ · z = (λa) + i(λb).
• L’ inverse : si z 6= 0, il existe un unique z ∈ C tel que zz = 1 (où 1 = 1 + i ×0).
0 0

Pour la preuve et le calcul on écrit z = a + i b puis on cherche z 0 = a0 + i b0 tel que zz 0 = 1.


Autrement dit (a + i b)(a0 + i b0 ) = 1. En développant et identifiant les parties réelles et
imaginaires on obtient les équations
aa0 − bb0 = 1 (L1 )


ab0 + ba0 = 0 (L2 )


En écrivant aL1 + bL2 (on multiplie la ligne (L1 ) par a, la ligne (L2 ) par b et on additionne) et
−b L1 + a L2 on en déduit
 a
  a0 =
a a + b =a
 0 2 2
donc a + b2
2

b a + b = −b  b0 = − b
0 2 2

a2 + b2
1
L’inverse de z, noté , est donc
z
1 a −b a−ib
z0 = = 2 + i = .
z a + b2 a2 + b2 a2 + b2
z 1
• La division : 0 est le nombre complexe z × 0 .
z z 0
• Propriété d’intégrité : si zz = 0 alors z = 0 ou z = 0.
0
 ‹n
1 1
• Puissances : z = z ×z, z = z ×· · ·×z (n fois, n ∈ N). Par convention z = 1 et z = = n.
2 n 0 −n
z z
Proposition 1.
Pour tout z ∈ C différent de 1

1 − z n+1
1 + z + z2 + · · · + z n = .
1−z

La preuve est simple : notons S = 1 + z + z 2 + · · · + z n , alors en développant S · (1 − z) presque tous


les termes se télescopent et l’on trouve S · (1 − z) = 1 − z n+1 .
Remarque.
Il n’y pas d’ordre naturel sur C, il ne faut donc jamais écrire z ¾ 0 ou z ¶ z 0 .

2.5. Conjugué, module

Définition 4.
Le conjugué de z = a + i b est z̄ = a − i b, autrement dit Re(z̄) = Re(z) et Im(z̄) = − Im(z). Le
point d’affixe z̄ est le symétrique du point d’affixe
p z par rapport à l’axe réel.
Le module de z = a+i b est le réel positif |z| = a2 + b2 . Comme z×z̄ = (a+i b)(a−i b) = a2 +b2
p
alors le module vaut aussi |z| = zz̄. On a donc |z| = OM .
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 9

z z = a+ib
i
0 |z|
b
1

z̄ 0 a

Proposition 2.
z+z
• Re(z) =
2
z−z
• Im(z) =
2i
2 2 2
• z × z = (Re(z)) + (Im(z)) = |z|
• z + z 0 = z̄ + z 0
• z̄ = z
• zz 0 = z̄z 0
1 1 z z
 ‹
• pour z 6= 0 = et 0 =
z z z z0
• ∀ (k, z) ∈ Z × C z = z̄
∗ k k

• z̄ = z ⇐⇒ z ∈ R
• z = −z ⇐⇒ z ∈ iR
• |z| = 0 ⇐⇒ z = 0
• |z̄| = |z| = |−z|
• zz = |z||z |
0 0

z |z|

• pour tout z 0
=
6 0 0 = 0
z |z |k
• ∀ (k, z) ∈ Z × C z k = |z|

Démonstration.
• Soit z = a + i b ∈ C avec a, b ∈ R :

z + z̄ = (a + i b) + (a − i b) = 2a = 2 Re(z)
z − z̄ = (a + i b) − (a − i b) = 2 i b = 2 i Im(z)
• |z| = 0 ⇐⇒ z = 0
|z| = 0 ⇐⇒ |z|2 = 0
⇐⇒ (Re(z))2 + (Im(z))2 = 0
⇐⇒ 0 ¶ (Re(z))2 = − (Im(z))2 ¶ 0
⇐⇒ (Re(z))2 = 0 et (Im(z))2 = 0
⇐⇒ Re(z) = 0 et Im(z) = 0
⇐⇒ z = 0
• |z̄| = |z| = |−z| Posons z = a + i b avec (a, b) ∈ R2 .
|z| = |a + ib|
p
= a2 + b2
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 10

|−z| = |−a − ib|


Æ
= (−a)2 + (−b)2
p
= a2 + b2

|z| = |a − ib|
Æ
= a2 + (−b)2
p
= a2 + b2
• z × z0 = z × z0. Posons z = a + i b et z 0 = a0 + i b0 . Alors
zz 0 = (aa0 − bb0 ) + i(ab0 + a0 b)
Donc zz 0 = (aa0 − bb0 ) − i(ab0 + a0 b)

z × z 0 = (a − ib)(a0 − ib0 )
= (aa0 − bb0 ) − i(ab0 + a0 b)
1 1 1 1
z  ‹  ‹
z
• = . z × = 1 = 1 donc z × =1⇔ = . De plus
z0 z0 z z z z

1
z  ‹
= z0 ×
z0 z
1
 ‹
0
= z ×
z
z
= 0
z
Par récurrence, ∀ (k, z) ∈ N × C Pk : « z k = z̄ k »


• zz 0 = |z||z 0 |
Æ
zz 0 = zz 0 × zz 0
p
0
= zz × z 0 z
0
Or zz et z 0 z sont des réels positifs donc
p p
0

zz 0 = zz × z 0 z

= |z| × z 0
z |z|

• pour tout z 6= 0 0 = 0
0
z |z | 
 0 1
z × 0
z 0 × 1 =

z
z0 
1
Donc
1
z 0 × = 1
z0

1 1
⇐⇒ 0 = 0
z |z |
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 11

Alors :
z 1

0 = z × 0
z z

1
= |z| × 0
z
1
= |z| ×
|z 0 |
|z|
=
|z 0 |


• Par récurrence, ∀(z, k) ∈ C × N Pk : « z k = |z|k »
Initialisation

z 0 = |1|
= 1
= |1|0
Hérédité Supposons que Pk soit vraie.

z k+1 = z k × z

= z k × |z|
= |z|k × |z|
= |z|k+1
Donc Pk est héréditaire.
Conclusion D’après le principe de récurrence Pk est vraie ∀k ∈ N.
Pour k ∈ Z− Alors ∃n ∈ N/n = −k. Donc

z k = z −n

1
= n
z
1
=
|z n |
1
=
|z|n
= |z|−n
= |z|k

Proposition 3.
Soit A et B deux points d’affixes zAet zB .
|zB − zA| = AB.

Démonstration.
Soit zA = x A + i yA et zB = x B + i yB les affixes de A
Æet B, avec x A, yA, x B et yB des réels.
zB − zA = (x B − x A) + i( yB − yA), donc |zB − zA| = (x B − x A)2 + ( yB − yA)2 = AB.
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 12

Proposition 4 (L’inégalité triangulaire).


z + z 0 ¶ |z| + z 0

z + z0

z0

|z + z 0 |
|z 0 |
z
|z|
0

Avant de faire la preuve voici deux remarques utiles.


Remarque. p
| Re(z)| 6 |z| (et aussi | Im(z)| 6 |z|). Cela vient du fait que |a| 6 a2 + b2 . Noter que pour un
réel |a| est à la fois le module et la valeur absolue.

Démonstration. Pour la preuve on calcule |z + z 0 |2 :



|z + z 0 |2 = z + z 0 (z + z 0 )
= zz̄ + z 0 z 0 + zz 0 + z 0 z̄
= |z|2 + |z 0 |2 + 2 Re(z 0 z̄)
6 |z|2 + |z 0 |2 + 2|z 0 z̄|
6 |z|2 + |z 0 |2 + 2|zz 0 |
6 (|z| + |z 0 |)2

Proposition 5.
Dans un parallélogramme, la somme des carrés des diagonales égale la somme des carrés des côtés.

Si les longueurs des côtés sont notées L et ` et les longueurs des diagonales sont D et d alors il
s’agit de montrer l’égalité
D2 + d 2 = 2`2 + 2L 2 .

z + z0
0
|z − z | |z|
L
z0
|z + z | 0 |z 0 |
`
d |z 0 |
` D z
|z|
L 0
NOMBRES COMPLEXES 3. ÉQUATION DU SECOND DEGRÉ 13

Démonstration. Cela devient simple si l’on considère que notre parallélogramme a pour sommets
0, z, z 0 et le dernier sommet est donc z + z 0 . La longueur du grand côté est ici |z|, celle du petit côté
est |z 0 |. La longueur de la grande diagonale est |z + z 0 |. Enfin il faut se convaincre que la longueur
de la petite diagonale est |z − z 0 |.

2 2  
D2 + d 2 = z + z 0 + z − z 0 = z + z 0 (z + z 0 ) + z − z 0 (z − z 0 )
= zz̄ + zz 0 + z 0 z̄ + z 0 z 0 + zz̄ − zz 0 − z 0 z̄ + z 0 z 0
2
= 2zz̄ + 2z 0 z 0 = 2 |z|2 + 2 z 0
= 2`2 + 2L 2

Mini-exercices.
i
1. Calculer 1 − 2 i + .
1 − 2i
2. Écrire sous la forme a + i b les nombres complexes (1 + i)2 , (1 + i)3 , (1 + i)4 , (1 + i)8 .
3. En déduire 1 + (1 + i) + (1 + i)2 + · · · + (1 + i)7 .
4. Soit z ∈ C tel que |1 + i z| = |1 − i z|, montrer que z ∈ R.
5. Montrer que si | Re z| 6 | Re z 0 | et | Im z| 6 | Im z 0 | alors |z| 6 |z 0 |, mais que la réciproque est
fausse.
6. Montrer que 1/z̄ = z/ |z|2 (pour z 6= 0).

3. Équation du second degré

Proposition 6.
L’équation du second degré az 2 + bz + c = 0, où a, b, c ∈ R et a 6= 0, possède deux solutions
z1 , z2 ∈ C éventuellement confondues.
Soit ∆ = b2 − 4ac le discriminant et δ ∈ C telle que δ2 = ∆. Alors les solutions sont

−b + δ −b − δ
z1 = et z2 = .
2a 2a

Les solutions sont de trois types :


b
• si ∆ = 0, la racine double est réelle et vaut − ,
2a p
−b ± ∆
• si ∆ > 0, on a deux solutions réelles distinctes ,
2a p
−b ± i −∆
• si ∆ < 0, on a deux solutions complexes distinctes, mais non réelles, .
2a
Exemple 1. p
p −1 ± i 3
• z + z + 1 = 0, ∆ = −3, δ = i 3, les solutions sont z =
2
.
p 2 p p
2
1 − i 2 −1 ± 2 (1 + i) 1 2
• z +z + = 0, ∆ = i, δ = (1+i), les solutions sont z = =− ± (1+i).
2
4 2 2 2 4
NOMBRES COMPLEXES 4. ARGUMENT ET TRIGONOMÉTRIE 14

Démonstration. On écrit la factorisation


b 2
 
b2
 ‹ ‹
b c c
az + bz + c = a z + z +
2 2
=a z+ − 2+
a a 2a 4a a
‹2 ‹2
∆ δ2
   
b b
= a z+ − 2 =a z+ − 2
2a 4a 2a 4a
δ δ
 ‹ ‹  ‹ ‹
b b
= a z+ − z+ +
2a 2a 2a 2a
−b + δ −b − δ
 ‹ ‹
= a z− z− = a (z − z1 ) (z − z2 )
2a 2a
Donc le binôme s’annule si et seulement si z = z1 ou z = z2 .

Théorème 1 (Théorème fondamental de l’algèbre, d’Alembert–Gauss).


Soit P(z) = an z n + an−1 z n−1 + · · · + a1 z + a0 un polynôme à coefficients complexes et de degré n.
Alors l’équation P(z) = 0 admet exactement n solutions complexes comptées avec leur multiplicité.
En d’autres termes il existe des nombres complexes z1 , . . . , zn (dont certains sont éventuellement
confondus) tels que
P(z) = an (z − z1 ) (z − z2 ) · · · (z − zn ) .

Nous admettons ce théorème.


Mini-exercices.
1. Calculer les racines carrées de − i, 3 − 4 i.
2. Résoudre les équations : z 2 + z − 1 = 0, 2z 2 + (−10 − 10 i)z + 24 − 10 i = 0.
p p p p
3. Résoudre l’équation z 2 + (i − 2)z − i 2, puis l’équation Z 4 + (i − 2)Z 2 − i 2.
4. Montrer que si P(z) = z 2 + bz + c possède pour racines z1 , z2 ∈ C alors z1 + z2 = −b et
z1 · z2 = c.
5. Trouver les paires de nombres dont la somme vaut i et le produit 1.
6. Soit P(z) = an z n + an−1 z n−1 + · · · + a0 avec ai ∈ R pour tout i. Montrer que si z est racine de
P alors z̄ aussi.

4. Argument et trigonométrie

4.1. Argument
Si z = x + i y est de module 1, alors x 2 + y 2 = |z|2 = 1. Par conséquent le point (x, y) est sur le
cercle unité du plan, et son abscisse x est notée cos θ , son ordonnée y est sin θ , où θ est (une
mesure de) l’angle entre l’axe réel et z. Plus généralement, si z 6= 0, z/|z| est de module 1, et cela
amène à :
Définition 5.
Pour tout z ∈ C∗ = C \ {0}, un nombre θ ∈ R tel que z = |z| (cos θ + i sin θ ) est appelé un
argument de z et noté θ = arg(z).
Cette écriture de z est sa forme trigonométrique.
NOMBRES COMPLEXES 4. ARGUMENT ET TRIGONOMÉTRIE 15

iR

|z|
i
arg(z)

0 1 R

Pour tout nombre


€ complexe non nul z d’image M , un argument de z est une mesure en radians de

→ −−→Š
l’angle orienté u , OM .
−−→Š
arg(z) = − →
€
u , OM [2π]
Cet argument est défini modulo 2π. On peut imposer à cet argument d’être unique si on rajoute la
condition θ ∈] − π, +π].
On a,  x x
cos θ =
 =p
|z| x2 + y2
y y
sin θ =
 =p .
|z| x2 + y2
Remarque.

cos θ = cos θ 0

θ ≡θ 0
(mod 2π) ⇐⇒ ∃k ∈ Z, θ = θ + 2kπ
0
⇐⇒
sin θ = sin θ 0

Proposition 7.
L’argument satisfait les propriétés suivantes :
• z ∈ R ⇐⇒ arg(z) ≡ 0 (mod π)

π
• z ∈ iR ⇐⇒ arg(z) ≡ (mod π)
 2 
• arg zz ≡ arg(z) + arg z (mod 2π)
0 0

• arg(z̄) ≡ − arg z (mod 2π)


1
 ‹
• arg ≡ − arg(z) (mod 2π)
z
z
• arg 0 ≡ arg(z) − arg(z ) (mod 2π)
0
z
• arg (z ) ≡ n arg(z) (mod 2π) pour n ∈ Z
n

Démonstration.
• z = |z| (cos θ + i sin θ ) ∈ R ⇐⇒ sin θ = 0 ⇐⇒ θ ≡ 0 (mod π) ⇐⇒ arg(z) ≡ 0 (mod π)

π π
• z ∈ iR ⇐⇒ cos θ = 0 ⇐⇒ θ ≡ (mod π) ⇐⇒ arg(z) ≡ (mod π)
2 2
NOMBRES COMPLEXES 4. ARGUMENT ET TRIGONOMÉTRIE 16
 
• arg zz ≡ arg(z) + arg z (mod 2π)
0 0

zz 0 = |z| (cos θ + i sin θ ) z 0 cos θ 0 + i sin θ 0

= |z| z 0 cos θ cos θ 0 − sin θ sin θ 0 + i cos θ sin θ 0 + sin θ cos θ 0
 
= zz 0 cos θ + θ 0 + i sin θ + θ 0
car
¨
cos(a + b) = cos a cos b − sin a sin b
sin(a + b) = cos a sin b + cos b sin a
 
donc arg zz 0 ≡ arg(z) + arg z 0 (mod 2π).
• arg(z̄) ≡ − arg z (mod 2π)
arg(z) + arg (z̄) = arg(zz̄) = arg |z|2 ≡ 0 (mod 2π), puisque |z|2 ∈ R∗+ ,


d’où arg(z̄) ≡ − arg(z) (mod 2π).


1
 ‹
• arg ≡ − arg(z) (mod 2π)
z
1 1 1
 ‹
arg(z × ) ≡ 0 (mod 2π), or arg(z × ) = arg(z) + arg donc
z z z
1 1
 ‹  ‹
arg z + arg ≡ 0 ⇐⇒ arg ≡ − arg(z) (mod 2π)
z z z
• arg 0 ≡ arg(z) − arg(z ) (mod 2π)
0
z
1
z  ‹
arg 0 = arg z × 0
z z
1
 ‹
= arg(z) + arg 0
z
= arg(z) − arg z (mod 2π)
0

• arg (z ) ≡ n arg(z) (mod 2π) pour n ∈ Z.


n

On considère pour k ∈ Z la proposition Pk : « arg(z k ) = k arg(z) ».


Initialisation P0: arg z 0 = arg 1 = 0 = 0 arg z, donc P0 est vraie
Hérédité Supposons que Pk soit vraie. Alors
arg z k+1 = arg(z k × z)
= arg(z k ) + arg(z)
= k arg(z) + arg(z)
= (k + 1) arg(z) (mod 2π)
Donc Pk+1 est vraie, Pk est héréditaire.
Conclusion D’après le principe de récurrence, Pk est vraie ∀k ∈ N
Pour k ∈ Z− Alors ∃n ∈ N/k = −n donc
arg(z k ) = arg(z −n )
1
 ‹
= arg n
z
= − arg(z n )
= −n arg(z)
= k arg(z) (mod 2π)
NOMBRES COMPLEXES 4. ARGUMENT ET TRIGONOMÉTRIE 17

Remarque (Interprétations géométriques de l’argument).


Soient A, B, C et D quatre points du plan complexe distincts deux à deux et d’affixes zA,zB , zC et
z D . Alors
z C − zA
 ‹
arg = arg(zC − zA) − arg(zB − zA)
z B − zA
−→ −→
= (−

u , AC) − (−→
u , AB)

→ → −→
= (AB, −u ) + (−

u , AC)
→ −→

= (AB, AC) [2π]
Ainsi
−→ −→
(AB)//(C D) ⇐⇒ (AB, C D) = 0 [π]
z D − zC
 ‹
⇐⇒ arg = 0 [π]
z B − zA
z D − zC
⇐⇒ ∈ R∗
z B − zA
et
−→ −→ π
(AB) ⊥ (C D) ⇐⇒ (AB, C D) = [π]

z D − zC π

⇐⇒ arg = [π]
z B − zA 2
z D − zC
⇐⇒ ∈ iR∗
z B − zA

4.2. Formule de Moivre, notation exponentielle


La formule de Moivre est :

(cos θ + i sin θ )n = cos (nθ ) + i sin (nθ )

Démonstration. Par récurrence, on montre que


(cos θ + i sin θ )n = (cos θ + i sin θ )n−1 × (cos θ + i sin θ )
= (cos ((n − 1) θ ) + i sin ((n − 1) θ )) × (cos θ + i sin θ )
= (cos ((n − 1) θ ) cos θ − sin ((n − 1) θ ) sin θ )
+ i (cos ((n − 1) θ ) sin θ + sin ((n − 1) θ ) cos θ )
= cos nθ + i sin nθ

Définition 6.
On définit la notation exponentielle par

ei θ = cos θ + i sin θ

et donc tout nombre complexe s’écrit

z = ρei θ
NOMBRES COMPLEXES 4. ARGUMENT ET TRIGONOMÉTRIE 18

où ρ = |z| est le module et θ = arg(z) est un argument.

0
Avec la notation exponentielle, on peut écrire pour z = ρei θ et z 0 = ρ 0 ei θ
0 0
zz = ρρ 0 ei θ ei θ = ρρ 0 ei(θ +θ )
 0
 n n
 z n = ρei θ = ρ n ei θ = ρ n ei nθ



 1 −iθ
1/z = 1/ ρe = e
ρ



z̄ = ρe− i θ

n
La formule de Moivre se réduit à l’égalité : ei θ = ei nθ .
0
Et nous avons aussi : ρei θ = ρ 0 ei θ (avec ρ, ρ 0 > 0) si et seulement si ρ = ρ 0 et θ ≡ θ 0 (mod 2π).

4.3. Racines n-ième (

Définition 7.
Pour z ∈ C et n ∈ N, une racine n-ième est un nombre ω ∈ C tel que ωn = z.

Proposition 8.
Il y a n racines n-ièmes ω0 , ω1 , . . . , ωn−1 de z = ρei θ , ce sont :

i θ +2 i kπ
ωk = ρ 1/n e n , k = 0, 1, . . . , n − 1

Démonstration. Écrivons z = ρei θ et cherchons ω sous la forme ω = rei t tel que z = ω n
. Nous
iθ n
ρei θ =

obtenons
donc ρe = ω n
= reit
= r n i nt
e . Prenons tout d’abord le module : ρ =
r n ei nt = r n et donc r = ρ 1/n (il s’agit ici de nombres réels). Pour les arguments nous avons
ei nt = ei θ et donc nt ≡ θ (mod 2π) (n’oubliez surtout pas le modulo 2π !). Ainsi on résout
θ 2kπ
nt = θ + 2kπ (pour k ∈ Z) et donc t = + . Les solutions de l’équation ωn = z sont donc les
i θ +2 i kπ
n n
ωk = ρ 1/n e n . Mais en fait il n’y a que n solutions distinctes car ωn = ω0 , ωn+1 = ω1 , . . . Ainsi
les n solutions sont ω0 , ω1 , . . . , ωn−1 .

Par exemple pour z = 1, on obtient les n racines n-ièmes de l’unité e2 i kπ/n , k = 0, . . . , n − 1 qui
forment un groupe multiplicatif.

j = e2 i π/3 i i
ei π/3

0 1 = e0 −1 = ei π
0 1

j 2 = e4 i π/3 e− i π/3

Racine 3-ième de l’unité (z = 1, n = 3) Racine 3-ième de −1 (z = −1, n = 3)


Les racines 5-ième de l’unité (z = 1, n = 5) forment un pentagone régulier :
NOMBRES COMPLEXES 4. ARGUMENT ET TRIGONOMÉTRIE 19

i e2 i π/5

e4 i π/5

0 1

e6 i π/5

e8 i π/5

4.4. Applications à la trigonométrie


Voici les formules d’Euler, pour θ ∈ R :

ei θ + e− i θ ei θ − e− i θ
cos θ = , sin θ =
2 2i

Ces formules s’obtiennent facilement en utilisant la définition de la notation exponentielle. Nous


les appliquons dans la suite à deux problèmes : le développement et la linéarisation.

Développement. On exprime sin nθ ou cos nθ en fonction des puissances de cos θ et sin θ .


Méthode : on utilise la formule de Moivre pour écrire cos (nθ ) + i sin (nθ ) = (cos θ + i sin θ )n que
l’on développe avec la formule du binôme de Newton.
Exemple 2.

cos 3θ + i sin 3θ = (cos θ + i sin θ )3


= cos3 θ + 3 i cos2 θ sin θ − 3 cos θ sin2 θ − i sin3 θ
 
= cos3 θ − 3 cos θ sin2 θ + i 3 cos2 θ sin θ − sin3 θ
En identifiant les parties réelles et imaginaires, on déduit que
cos 3θ = cos3 θ − 3 cos θ sin2 θ et sin 3θ = 3 cos2 θ sin θ − sin3 θ .

Linéarisation. On exprime cosn θ ou sinn θ en fonction des cos kθ et sin kθ pour k allant de 0 à n.
−iθ n
 iθ 
e − e
Méthode : avec la formule d’Euler on écrit sinn θ = . On développe à l’aide du binôme
2i
de Newton puis on regroupe les termes par paires conjuguées.
Exemple 3.
NOMBRES COMPLEXES 5. NOMBRES COMPLEXES ET GÉOMÉTRIE 20

3
ei θ − e− i θ

sin θ =
3
2i
1
(ei θ )3 − 3(ei θ )2 e− i θ + 3ei θ (e− i θ )2 − (e− i θ )3

=
−8 i
1
e3 i θ − 3ei θ + 3e− i θ − e−3 i θ

=
−8 i
1 e3 i θ − e−3 i θ ei θ − e− i θ

= − −3
4 2i 2i
sin 3θ 3 sin θ
= − +
4 4
3
ei x + e−i x
cos3 x =
8
1  3i x 
= e + 3e2i x e−i x + 3ei x e−2i x + e−3i x
8
1  3i x 
= e + e−3i x + 3(ei x + e−i x )
8
1
= [2 cos 3x + 6 cos x]
8
1 3
= cos 3x + cos x
4 4
Mini-exercices.
1. Mettre les nombres suivants sont la forme module-argument (avec la notation exponentielle) :
p p 1 p
1, i, −1, − i, 3 i, 1 + i, 3 − i, 3 − i, p , ( 3 − i)20x x où 20x x est l’année en cours.
3−i
2. Calculer les racines 5-ième de i.
p
3 i
3. Calculer les racines carrées de + de deux façons différentes. En déduire les valeurs de
2 2
π π
cos et sin .
12 12
4. Donner sans calcul la valeur de ω0 + ω1 + · · · + ωn−1 , où les ωi sont les racines n-ième de 1.
5. Développer cos(4θ ) ; linéariser cos4 θ ; calculer une primitive de θ 7→ cos4 θ .

5. Nombres complexes et géométrie

5.1. Écriture complexe de transformations


Soient M , M 0 et Ω trois points du plan complexe d’affixes z, z 0 et ω.
Translation : Soit le complexe w = Zw~ . Alors
M 0 = t w~ (M ) ⇐⇒ z 0 = z + w
Homothétie : Soit k ∈ R∗ . Alors
M 0 = hΩ,k (M 0 ) ⇐⇒ z 0 − ω = k(z − ω)
NOMBRES COMPLEXES 5. NOMBRES COMPLEXES ET GÉOMÉTRIE 21

Rotation : Soit le complexe a = eiθ avec θ = arg a. Alors


M 0 = rΩ,θ (M ) ⇐⇒ z 0 − ω = eiθ (z − ω)

Démonstration. Soit la rotation R de centre Ω(ω) et d’angle θ [2π].


Si Ω = M alors Ω = M 0 ⇐⇒si z = w alors z 0 = w. Si M 6= Ω alors :
(
ΩM = ΩM
M 0 = R(M ) ⇐⇒ −−→ −−→
(ΩM , ΩM 0 ) = θ [2π]
 ΩM = 1 car M 6= Ω

⇐⇒ ΩM 0 −−→
(− −→
ΩM , ΩM 0 ) = θ [2π]
|z − ω|
 0
=1


⇐⇒ |z − w|
z −ω
0
arg( ) = θ [2π]

z − ω
z − ω
 0

 =1
⇐⇒ z − ω
arg( z − ω ) = θ [2π]
0

z−ω
z0 − ω
⇐⇒ = eiθ
z−ω
⇐⇒ z 0 − ω = eiθ (z − ω)

Équation complexe d’un cercle : Soit C (Ω, r) le cercle de centre Ω et de rayon r. C’est l’ensemble
des points M tel que dist(Ω, M ) = r. Si l’on note ω l’affixe de Ω et z l’affixe de M . Nous
obtenons :
dist(Ω, M ) = r ⇐⇒ |z − ω| = r ⇐⇒ |z − ω|2 = r 2 ⇐⇒ (z − ω)(z − ω) = r 2
et en développant nous trouvons que l’équation complexe du cercle centré en un point d’affixe
ω et de rayon r est :
zz̄ − ω̄z − ωz̄ = r 2 − |ω|2

où ω ∈ C et r ∈ R.

C
r
ω

0 1

Équation paramétrique d’un cercle : Une équation paramétrique du cercle Γ (Ω, r) est
z − ω = reiθ θ ∈ [−π, π[
NOMBRES COMPLEXES 5. NOMBRES COMPLEXES ET GÉOMÉTRIE 22

|z − a|
5.2. Équation =k
|z − b|
Proposition 9.
MA
Soit A, B deux points du plan et k ∈ R+ . L’ensemble des points M tel que = k est
MB
• une droite qui est la médiatrice de [AB], si k = 1,
• un cercle, sinon.

Exemple 4.
Prenons A le point d’affixe +1,B le point d’affixe −1. Voici les figures pour plusieurs valeurs de k.
Par exemple pour k = 2 le point M dessiné vérifie bien M A = 2M B.

B A
1
k=3 k=
3
1
k=2 k=
2
4 3
k= k=1 k=
3 4
Démonstration. Si les affixes de A, B, M sont respectivement a, b, z, cela revient à résoudre l’équa-
|z − a|
tion = k.
|z − b|
|z − a|
= k ⇐⇒ |z − a|2 = k2 |z − b|2
|z − b|
⇐⇒ (z − a)(z − a) = k2 (z − b)(z − b)
⇐⇒ (1 − k2 )zz̄ − z(ā − k2 b̄) − z̄(a − k2 b) + |a|2 − k2 |b|2 = 0
Donc si k = 1, on pose ω = a − k2 b et l’équation obtenue z ω̄ + z̄ω = |a|2 − k2 |b|2 est bien
celle d’une droite. Et bien sûr l’ensemble des points qui vérifient M A = M B est la médiatrice de
a − k2 b −|a|2 + k2 |b|2
[AB]. Si k 6= 1 on pose ω = alors l’équation obtenue est zz̄ − z ω̄ − z̄ω = .
1 − k2 1 − k2
−|a|2 + k2 |b|2
C’est l’équation d’un cercle de centre ω et de rayon r satisfaisant r 2 − |ω|2 = , soit
1 − k2
2 2
|a − k b| −|a| + k |b|
2 2 2
r2 = + .
(1 − k )
2 2 1 − k2
Ces calculs se refont au cas par cas, il n’est pas nécessaire d’apprendre les formules.
Mini-exercices.
1. Calculer l’équation complexe de la droite passant par 1 et i.
2. Calculer l’équation complexe du cercle de centre 1 + 2 i passant par i.
|z − i |
3. Calculer l’équation complexe des solutions de = 1, puis dessiner les solutions.
|z − 1|
NOMBRES COMPLEXES 5. NOMBRES COMPLEXES ET GÉOMÉTRIE 23

|z − i |
4. Même question avec = 2.
|z − 1|

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