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Préambule
L’équation x + 5 = 2 a ses coefficients dans N mais pourtant sa solution x = −3 n’est pas un entier
naturel. Il faut ici considérer l’ensemble plus grand Z des entiers relatifs.
p
x+5=2 2x=−3 x 2 = 12 x 2 =− 2
N ,−−−−−→ Z ,−−−−−→ Q ,−−−−−→ R ,−−−−−→ C
3
De même l’équation 2x = −3 a ses coefficients dans Z mais sa solution x = − est dans l’ensemble
2
1
plus grand des rationnels Q. Continuons ainsi, l’équation x 2 = à coefficients dans Q, a ses
p p 2 p
solutions x 1 = +1/ 2 et x 2 = −1/ 2 dans l’ensemble
Æp des réels R.
Æp Ensuite l’équation x 2
= − 2à
ses coefficients dans R et ses solutions x 1 = + i 2 et x 2 = − i 2 dans l’ensemble des nombres
complexes C. Ce processus est-il sans fin ? Non ! Les nombres complexes sont en quelque sorte
le bout de la chaîne car nous avons le théorème de d’Alembert-Gauss suivant : « Pour n’importe
quelle équation polynomiale an x n + an−1 x n−1 + · · · + a2 x 2 + a1 x + a0 = 0 où les coefficients ai sont
des complexes (ou bien des réels), alors les solutions x 1 , . . . , x n sont dans l’ensemble des nombres
complexes ».
Historiquement, c’est en essayant de résoudre cette équation que les mathématiciens italiens du
XVI siècle eurent pour la première fois l’idée d’utiliser des nombres dont le carré est négatif.
Considérons donc la fonction f : x 7→ x 3 + px + q avec p et q des entiers.
Comme lim f (x) = −∞, lim f (x) = +∞ et que f est continue sur R, le Théorème des
x→−∞ x→+∞
Valeurs Intermédiaires assure l’existence d’une valeur d’annulation de f car elle change de signe.
f 0 (x) = 3x 2 + p. Quel est son signe ? Distinguons deux cas :
∗
• p > 0 : alors la dérivée est strictement positive sur R , donc f ne s’annule qu’une fois.
NOMBRES COMPLEXES . 2
s
p
• p < 0 : alors la dérivée s’annule en deux valeurs opposées ± − que nous appellerons a et
3
−a. On obtient donc le tableau de variations suivant
x −∞ −a a +∞
f 0 (x) + 0 − 0 +
f (−a) +∞
f
−∞ f (a)
Maintenant, il faudrait connaître les signes respectifs de f (−a) et f (a) pour savoir si f s’annule
sur les intervalles ] − ∞, a], [−a, a] et [a, +∞[.
On montre que f (a) = q − 2a3 et f (−a) = q + 2a3 en utilisant le fait que f 0 (a) = 0.
4p3 + 27q2
Alors f (a) · f (−a) = .
27
— Si f (a) et f (−a) sont tous deux de même signe, c’est à dire si f (a) · f (−a) > 0 soit encore
si 4p3 + 27q2 > 0 alors f ne s’annule qu’une seule fois.
— Si f (a) · f (−a) = 0, c’est à dire si f (−a) = 0 ou f (a) = 0 soit 4p3 + 27q2 = 0 alors f
s’annule deux fois.
— Si f (a) et f (−a) sont de signes opposés, c’est à dire si f (a) · f (−a) < 0 soit encore si
4p3 + 27q2 < 0 alors f s’annule trois fois.
p3
Ainsi u3 et v 3 ont-ils pour somme −q et pour produit − .
27
On les obtient donc comme solutions de l’équation du second degré :
p3
X 2 + qX − = 0.
27
4p3
Par conséquent, si q2 + > 0, on obtient :
27
v v
3
t 4p t 4p3
−q + q2 + −q − q2 +
27 27
u3 = ; v3 =
2 2
soit v v
−q t q2 p3 −q t q2 p3
u3 = + + ; v3 = − +
2 4 27 2 4 27
Giralomo Cardano a établi cette formule en 1547.
v v v v
u t q2 u
3 −q
t p3 3 −q
t t q2 p3
x =u+v = + + + − +
2 4 27 2 4 27
NOMBRES COMPLEXES . 3
• On voudrait utiliser cette formule pour trouver une solution de (E1 ) : x − 36x − 91 = 0
3
v v v v
u
3 91
t t (−91)2 (−36)3 u 3 91
t t (−91)2 (−36)3
+ + + − + = 7 est une solution.
2 4 27 2 4 27
En effet, 73 − 36 × 7 − 91 = 343 − 252 − 91 = 0. Cette solution est unique car
4p3 + 27q2 = 36963 > 0
• Pour (E2 ) : x − 6x − 6 = 0
3
v v v v
u
3 4
t t (−4)2 (−15)3
u
3 4
t t (−4)2 (−15)3
Æ
3 p Æ
3 p
+ + + − + = 2 + −121 + 2 − −121.
2 4 27 2 4 27
Admettons qu’on puisse prolonger les calculs usuels aux racines carrées de nombres négatifs
p
en utilisant le « symbole » −1 et utilisons quand même la formule de notre ami italien.
On effectue les calculs :
p 3 p p 2 p 3
2+ −1 = 23 + 3 × 22 × −1 + 3 × 2 × −1 + −1
p p 2 p 3
= 8 + 12 −1 + 6 −1 − −1
p
= 2 + 11 −1
et
p 3 p p 2 p 3 p
2−−1 = 8 − 12 −1 + 6 −1 − −1 = 2 − 11 −1.
p p
On trouve alors une solution réelle α = 2 + 11 −1 + 2 − 11 −1 = 4 de (E3 ). On trouve ainsi
une solution réelle à l’aide de calculs non justifiés.
Par ailleurs, 4p3 + 27q2 = 4(−15)3 + 27(−4)2 = −13368 est négatif, donc on devrait trouver
deux autres racines réelles.
x 3 − 15x − 4 = (x − 4)(x 2 + 4x + 1). Les autres solutions sont les racines de x 2 + 4x + 1 = 0
p p
qui sont −2 − 3 et −2 + 3.
NOMBRES COMPLEXES 1. CONSTRUCTION DE C 4
1. Construction de C
(a, b) + (c, d) = (a + c, b + d)
• une multiplication × par ∀ (a, b) , (c, d) ∈ R ,
2
Propriétés
a2 b2 −ab
ab
= + , 2 + 2
a +b
2 2 a +b a +b
2 2 2 a + b2
= (1, 0).
NOMBRES COMPLEXES 1. CONSTRUCTION DE C 5
2.1. Définition
Définition 2.
Un nombre complexe est un couple (a, b) ∈ R2 que l’on notera a + i b
Cela revient à identifier 1 avec le vecteur (1, 0) de R2 , et i avec le vecteur (0, 1). On note C
l’ensemble des nombres complexes. Si b = 0, alors z = a est situé sur l’axe des abscisses, que l’on
identifie à R. Dans ce cas on dira que z est réel, et R apparaît comme un sous-ensemble de C,
appelé axe réel. Si b 6= 0, z est dit imaginaire et si b 6= 0 et a = 0, z est dit imaginaire pur.
Définition 3.
• L’affixe d’un point M de coordonnées (a, b) est a + i b.
• M est l’image de a + i b.
→ a est a + i b.
−
• L’affixe d’un vecteur w
b
iR
a+ib
b
0 1 a R
2.2. Opérations
Si z = a +i b et z 0 = a0 +i b0 sont deux nombres complexes, alors on définit les opérations suivantes :
• addition : (a + i b) + (a + i b ) = (a + a ) + i(b + b )
0 0 0 0
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 7
iR
z + z0
z0
i z
0 1 R
i Im(z) z
Im(z) i
0 1 Re(z) R
Re(z)
2.4. Calculs
Quelques définitions et calculs sur les nombres complexes.
λz
z
i
0
1
−z
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 8
b a + b = −b b0 = − b
0 2 2
a2 + b2
1
L’inverse de z, noté , est donc
z
1 a −b a−ib
z0 = = 2 + i = .
z a + b2 a2 + b2 a2 + b2
z 1
• La division : 0 est le nombre complexe z × 0 .
z z 0
• Propriété d’intégrité : si zz = 0 alors z = 0 ou z = 0.
0
n
1 1
• Puissances : z = z ×z, z = z ×· · ·×z (n fois, n ∈ N). Par convention z = 1 et z = = n.
2 n 0 −n
z z
Proposition 1.
Pour tout z ∈ C différent de 1
1 − z n+1
1 + z + z2 + · · · + z n = .
1−z
Définition 4.
Le conjugué de z = a + i b est z̄ = a − i b, autrement dit Re(z̄) = Re(z) et Im(z̄) = − Im(z). Le
point d’affixe z̄ est le symétrique du point d’affixe
p z par rapport à l’axe réel.
Le module de z = a+i b est le réel positif |z| = a2 + b2 . Comme z×z̄ = (a+i b)(a−i b) = a2 +b2
p
alors le module vaut aussi |z| = zz̄. On a donc |z| = OM .
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 9
z z = a+ib
i
0 |z|
b
1
z̄ 0 a
Proposition 2.
z+z
• Re(z) =
2
z−z
• Im(z) =
2i
2 2 2
• z × z = (Re(z)) + (Im(z)) = |z|
• z + z 0 = z̄ + z 0
• z̄ = z
• zz 0 = z̄z 0
1 1 z z
• pour z 6= 0 = et 0 =
z z z z0
• ∀ (k, z) ∈ Z × C z = z̄
∗ k k
• z̄ = z ⇐⇒ z ∈ R
• z = −z ⇐⇒ z ∈ iR
• |z| = 0 ⇐⇒ z = 0
• |z̄| = |z| = |−z|
• zz = |z||z |
0 0
z |z|
• pour tout z 0
=
6 0 0 = 0
z |z |k
• ∀ (k, z) ∈ Z × C z k = |z|
∗
Démonstration.
• Soit z = a + i b ∈ C avec a, b ∈ R :
z + z̄ = (a + i b) + (a − i b) = 2a = 2 Re(z)
z − z̄ = (a + i b) − (a − i b) = 2 i b = 2 i Im(z)
• |z| = 0 ⇐⇒ z = 0
|z| = 0 ⇐⇒ |z|2 = 0
⇐⇒ (Re(z))2 + (Im(z))2 = 0
⇐⇒ 0 ¶ (Re(z))2 = − (Im(z))2 ¶ 0
⇐⇒ (Re(z))2 = 0 et (Im(z))2 = 0
⇐⇒ Re(z) = 0 et Im(z) = 0
⇐⇒ z = 0
• |z̄| = |z| = |−z| Posons z = a + i b avec (a, b) ∈ R2 .
|z| = |a + ib|
p
= a2 + b2
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 10
|z| = |a − ib|
Æ
= a2 + (−b)2
p
= a2 + b2
• z × z0 = z × z0. Posons z = a + i b et z 0 = a0 + i b0 . Alors
zz 0 = (aa0 − bb0 ) + i(ab0 + a0 b)
Donc zz 0 = (aa0 − bb0 ) − i(ab0 + a0 b)
z × z 0 = (a − ib)(a0 − ib0 )
= (aa0 − bb0 ) − i(ab0 + a0 b)
1 1 1 1
z
z
• = . z × = 1 = 1 donc z × =1⇔ = . De plus
z0 z0 z z z z
1
z
= z0 ×
z0 z
1
0
= z ×
z
z
= 0
z
Par récurrence, ∀ (k, z) ∈ N × C Pk : « z k = z̄ k »
∗
•
• zz 0 = |z||z 0 |
Æ
zz 0 = zz 0 × zz 0
p
0
= zz × z 0 z
0
Or zz et z 0 z sont des réels positifs donc
p p
0
zz 0 = zz × z 0 z
= |z| × z 0
z |z|
• pour tout z 6= 0 0 = 0
0
z |z |
0 1
z × 0
z 0 × 1 =
z
z0
1
Donc
1
z 0 × = 1
z0
1 1
⇐⇒ 0 = 0
z |z |
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 11
Alors :
z 1
0 = z × 0
z z
1
= |z| × 0
z
1
= |z| ×
|z 0 |
|z|
=
|z 0 |
∗
• Par récurrence, ∀(z, k) ∈ C × N Pk : « z k = |z|k »
Initialisation
z 0 = |1|
= 1
= |1|0
Hérédité Supposons que Pk soit vraie.
z k+1 = z k × z
= z k × |z|
= |z|k × |z|
= |z|k+1
Donc Pk est héréditaire.
Conclusion D’après le principe de récurrence Pk est vraie ∀k ∈ N.
Pour k ∈ Z− Alors ∃n ∈ N/n = −k. Donc
z k = z −n
1
= n
z
1
=
|z n |
1
=
|z|n
= |z|−n
= |z|k
Proposition 3.
Soit A et B deux points d’affixes zAet zB .
|zB − zA| = AB.
Démonstration.
Soit zA = x A + i yA et zB = x B + i yB les affixes de A
Æet B, avec x A, yA, x B et yB des réels.
zB − zA = (x B − x A) + i( yB − yA), donc |zB − zA| = (x B − x A)2 + ( yB − yA)2 = AB.
NOMBRES COMPLEXES 2. LES NOMBRES COMPLEXES 12
z + z 0 ¶ |z| + z 0
z + z0
z0
|z + z 0 |
|z 0 |
z
|z|
0
Proposition 5.
Dans un parallélogramme, la somme des carrés des diagonales égale la somme des carrés des côtés.
Si les longueurs des côtés sont notées L et ` et les longueurs des diagonales sont D et d alors il
s’agit de montrer l’égalité
D2 + d 2 = 2`2 + 2L 2 .
z + z0
0
|z − z | |z|
L
z0
|z + z | 0 |z 0 |
`
d |z 0 |
` D z
|z|
L 0
NOMBRES COMPLEXES 3. ÉQUATION DU SECOND DEGRÉ 13
Démonstration. Cela devient simple si l’on considère que notre parallélogramme a pour sommets
0, z, z 0 et le dernier sommet est donc z + z 0 . La longueur du grand côté est ici |z|, celle du petit côté
est |z 0 |. La longueur de la grande diagonale est |z + z 0 |. Enfin il faut se convaincre que la longueur
de la petite diagonale est |z − z 0 |.
2 2
D2 + d 2 = z + z 0 + z − z 0 = z + z 0 (z + z 0 ) + z − z 0 (z − z 0 )
= zz̄ + zz 0 + z 0 z̄ + z 0 z 0 + zz̄ − zz 0 − z 0 z̄ + z 0 z 0
2
= 2zz̄ + 2z 0 z 0 = 2 |z|2 + 2 z 0
= 2`2 + 2L 2
Mini-exercices.
i
1. Calculer 1 − 2 i + .
1 − 2i
2. Écrire sous la forme a + i b les nombres complexes (1 + i)2 , (1 + i)3 , (1 + i)4 , (1 + i)8 .
3. En déduire 1 + (1 + i) + (1 + i)2 + · · · + (1 + i)7 .
4. Soit z ∈ C tel que |1 + i z| = |1 − i z|, montrer que z ∈ R.
5. Montrer que si | Re z| 6 | Re z 0 | et | Im z| 6 | Im z 0 | alors |z| 6 |z 0 |, mais que la réciproque est
fausse.
6. Montrer que 1/z̄ = z/ |z|2 (pour z 6= 0).
Proposition 6.
L’équation du second degré az 2 + bz + c = 0, où a, b, c ∈ R et a 6= 0, possède deux solutions
z1 , z2 ∈ C éventuellement confondues.
Soit ∆ = b2 − 4ac le discriminant et δ ∈ C telle que δ2 = ∆. Alors les solutions sont
−b + δ −b − δ
z1 = et z2 = .
2a 2a
4. Argument et trigonométrie
4.1. Argument
Si z = x + i y est de module 1, alors x 2 + y 2 = |z|2 = 1. Par conséquent le point (x, y) est sur le
cercle unité du plan, et son abscisse x est notée cos θ , son ordonnée y est sin θ , où θ est (une
mesure de) l’angle entre l’axe réel et z. Plus généralement, si z 6= 0, z/|z| est de module 1, et cela
amène à :
Définition 5.
Pour tout z ∈ C∗ = C \ {0}, un nombre θ ∈ R tel que z = |z| (cos θ + i sin θ ) est appelé un
argument de z et noté θ = arg(z).
Cette écriture de z est sa forme trigonométrique.
NOMBRES COMPLEXES 4. ARGUMENT ET TRIGONOMÉTRIE 15
iR
|z|
i
arg(z)
0 1 R
cos θ = cos θ 0
θ ≡θ 0
(mod 2π) ⇐⇒ ∃k ∈ Z, θ = θ + 2kπ
0
⇐⇒
sin θ = sin θ 0
Proposition 7.
L’argument satisfait les propriétés suivantes :
• z ∈ R ⇐⇒ arg(z) ≡ 0 (mod π)
∗
π
• z ∈ iR ⇐⇒ arg(z) ≡ (mod π)
2
• arg zz ≡ arg(z) + arg z (mod 2π)
0 0
Démonstration.
• z = |z| (cos θ + i sin θ ) ∈ R ⇐⇒ sin θ = 0 ⇐⇒ θ ≡ 0 (mod π) ⇐⇒ arg(z) ≡ 0 (mod π)
∗
π π
• z ∈ iR ⇐⇒ cos θ = 0 ⇐⇒ θ ≡ (mod π) ⇐⇒ arg(z) ≡ (mod π)
2 2
NOMBRES COMPLEXES 4. ARGUMENT ET TRIGONOMÉTRIE 16
• arg zz ≡ arg(z) + arg z (mod 2π)
0 0
zz 0 = |z| (cos θ + i sin θ ) z 0 cos θ 0 + i sin θ 0
= |z| z 0 cos θ cos θ 0 − sin θ sin θ 0 + i cos θ sin θ 0 + sin θ cos θ 0
= zz 0 cos θ + θ 0 + i sin θ + θ 0
car
¨
cos(a + b) = cos a cos b − sin a sin b
sin(a + b) = cos a sin b + cos b sin a
donc arg zz 0 ≡ arg(z) + arg z 0 (mod 2π).
• arg(z̄) ≡ − arg z (mod 2π)
arg(z) + arg (z̄) = arg(zz̄) = arg |z|2 ≡ 0 (mod 2π), puisque |z|2 ∈ R∗+ ,
Définition 6.
On définit la notation exponentielle par
ei θ = cos θ + i sin θ
z = ρei θ
NOMBRES COMPLEXES 4. ARGUMENT ET TRIGONOMÉTRIE 18
0
Avec la notation exponentielle, on peut écrire pour z = ρei θ et z 0 = ρ 0 ei θ
0 0
zz = ρρ 0 ei θ ei θ = ρρ 0 ei(θ +θ )
0
n n
z n = ρei θ = ρ n ei θ = ρ n ei nθ
iθ
1 −iθ
1/z = 1/ ρe = e
ρ
z̄ = ρe− i θ
n
La formule de Moivre se réduit à l’égalité : ei θ = ei nθ .
0
Et nous avons aussi : ρei θ = ρ 0 ei θ (avec ρ, ρ 0 > 0) si et seulement si ρ = ρ 0 et θ ≡ θ 0 (mod 2π).
Définition 7.
Pour z ∈ C et n ∈ N, une racine n-ième est un nombre ω ∈ C tel que ωn = z.
Proposition 8.
Il y a n racines n-ièmes ω0 , ω1 , . . . , ωn−1 de z = ρei θ , ce sont :
i θ +2 i kπ
ωk = ρ 1/n e n , k = 0, 1, . . . , n − 1
Démonstration. Écrivons z = ρei θ et cherchons ω sous la forme ω = rei t tel que z = ω n
. Nous
iθ n
ρei θ =
obtenons
donc ρe = ω n
= reit
= r n i nt
e . Prenons tout d’abord le module : ρ =
r n ei nt = r n et donc r = ρ 1/n (il s’agit ici de nombres réels). Pour les arguments nous avons
ei nt = ei θ et donc nt ≡ θ (mod 2π) (n’oubliez surtout pas le modulo 2π !). Ainsi on résout
θ 2kπ
nt = θ + 2kπ (pour k ∈ Z) et donc t = + . Les solutions de l’équation ωn = z sont donc les
i θ +2 i kπ
n n
ωk = ρ 1/n e n . Mais en fait il n’y a que n solutions distinctes car ωn = ω0 , ωn+1 = ω1 , . . . Ainsi
les n solutions sont ω0 , ω1 , . . . , ωn−1 .
Par exemple pour z = 1, on obtient les n racines n-ièmes de l’unité e2 i kπ/n , k = 0, . . . , n − 1 qui
forment un groupe multiplicatif.
j = e2 i π/3 i i
ei π/3
0 1 = e0 −1 = ei π
0 1
j 2 = e4 i π/3 e− i π/3
i e2 i π/5
e4 i π/5
0 1
e6 i π/5
e8 i π/5
ei θ + e− i θ ei θ − e− i θ
cos θ = , sin θ =
2 2i
Linéarisation. On exprime cosn θ ou sinn θ en fonction des cos kθ et sin kθ pour k allant de 0 à n.
−iθ n
iθ
e − e
Méthode : avec la formule d’Euler on écrit sinn θ = . On développe à l’aide du binôme
2i
de Newton puis on regroupe les termes par paires conjuguées.
Exemple 3.
NOMBRES COMPLEXES 5. NOMBRES COMPLEXES ET GÉOMÉTRIE 20
3
ei θ − e− i θ
sin θ =
3
2i
1
(ei θ )3 − 3(ei θ )2 e− i θ + 3ei θ (e− i θ )2 − (e− i θ )3
=
−8 i
1
e3 i θ − 3ei θ + 3e− i θ − e−3 i θ
=
−8 i
1 e3 i θ − e−3 i θ ei θ − e− i θ
= − −3
4 2i 2i
sin 3θ 3 sin θ
= − +
4 4
3
ei x + e−i x
cos3 x =
8
1 3i x
= e + 3e2i x e−i x + 3ei x e−2i x + e−3i x
8
1 3i x
= e + e−3i x + 3(ei x + e−i x )
8
1
= [2 cos 3x + 6 cos x]
8
1 3
= cos 3x + cos x
4 4
Mini-exercices.
1. Mettre les nombres suivants sont la forme module-argument (avec la notation exponentielle) :
p p 1 p
1, i, −1, − i, 3 i, 1 + i, 3 − i, 3 − i, p , ( 3 − i)20x x où 20x x est l’année en cours.
3−i
2. Calculer les racines 5-ième de i.
p
3 i
3. Calculer les racines carrées de + de deux façons différentes. En déduire les valeurs de
2 2
π π
cos et sin .
12 12
4. Donner sans calcul la valeur de ω0 + ω1 + · · · + ωn−1 , où les ωi sont les racines n-ième de 1.
5. Développer cos(4θ ) ; linéariser cos4 θ ; calculer une primitive de θ 7→ cos4 θ .
⇐⇒ ΩM 0 −−→
(− −→
ΩM , ΩM 0 ) = θ [2π]
|z − ω|
0
=1
⇐⇒ |z − w|
z −ω
0
arg( ) = θ [2π]
z − ω
z − ω
0
=1
⇐⇒ z − ω
arg( z − ω ) = θ [2π]
0
z−ω
z0 − ω
⇐⇒ = eiθ
z−ω
⇐⇒ z 0 − ω = eiθ (z − ω)
Équation complexe d’un cercle : Soit C (Ω, r) le cercle de centre Ω et de rayon r. C’est l’ensemble
des points M tel que dist(Ω, M ) = r. Si l’on note ω l’affixe de Ω et z l’affixe de M . Nous
obtenons :
dist(Ω, M ) = r ⇐⇒ |z − ω| = r ⇐⇒ |z − ω|2 = r 2 ⇐⇒ (z − ω)(z − ω) = r 2
et en développant nous trouvons que l’équation complexe du cercle centré en un point d’affixe
ω et de rayon r est :
zz̄ − ω̄z − ωz̄ = r 2 − |ω|2
où ω ∈ C et r ∈ R.
C
r
ω
0 1
Équation paramétrique d’un cercle : Une équation paramétrique du cercle Γ (Ω, r) est
z − ω = reiθ θ ∈ [−π, π[
NOMBRES COMPLEXES 5. NOMBRES COMPLEXES ET GÉOMÉTRIE 22
|z − a|
5.2. Équation =k
|z − b|
Proposition 9.
MA
Soit A, B deux points du plan et k ∈ R+ . L’ensemble des points M tel que = k est
MB
• une droite qui est la médiatrice de [AB], si k = 1,
• un cercle, sinon.
Exemple 4.
Prenons A le point d’affixe +1,B le point d’affixe −1. Voici les figures pour plusieurs valeurs de k.
Par exemple pour k = 2 le point M dessiné vérifie bien M A = 2M B.
B A
1
k=3 k=
3
1
k=2 k=
2
4 3
k= k=1 k=
3 4
Démonstration. Si les affixes de A, B, M sont respectivement a, b, z, cela revient à résoudre l’équa-
|z − a|
tion = k.
|z − b|
|z − a|
= k ⇐⇒ |z − a|2 = k2 |z − b|2
|z − b|
⇐⇒ (z − a)(z − a) = k2 (z − b)(z − b)
⇐⇒ (1 − k2 )zz̄ − z(ā − k2 b̄) − z̄(a − k2 b) + |a|2 − k2 |b|2 = 0
Donc si k = 1, on pose ω = a − k2 b et l’équation obtenue z ω̄ + z̄ω = |a|2 − k2 |b|2 est bien
celle d’une droite. Et bien sûr l’ensemble des points qui vérifient M A = M B est la médiatrice de
a − k2 b −|a|2 + k2 |b|2
[AB]. Si k 6= 1 on pose ω = alors l’équation obtenue est zz̄ − z ω̄ − z̄ω = .
1 − k2 1 − k2
−|a|2 + k2 |b|2
C’est l’équation d’un cercle de centre ω et de rayon r satisfaisant r 2 − |ω|2 = , soit
1 − k2
2 2
|a − k b| −|a| + k |b|
2 2 2
r2 = + .
(1 − k )
2 2 1 − k2
Ces calculs se refont au cas par cas, il n’est pas nécessaire d’apprendre les formules.
Mini-exercices.
1. Calculer l’équation complexe de la droite passant par 1 et i.
2. Calculer l’équation complexe du cercle de centre 1 + 2 i passant par i.
|z − i |
3. Calculer l’équation complexe des solutions de = 1, puis dessiner les solutions.
|z − 1|
NOMBRES COMPLEXES 5. NOMBRES COMPLEXES ET GÉOMÉTRIE 23
|z − i |
4. Même question avec = 2.
|z − 1|