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Les phrases clandestines donc :

1/ Prendre l’angoisse à son propre jeu


Et lui dire « me voilà ! »

2/ Un monde de lumière dans les veines d’une prison


Un doute tétanisé devant une beauté qui lui sourit
Le mérite est à la raison qui reconnaît ses chaînes
Telle une statue qui a l’esprit d’applaudir sa muse

3/ Le privilège de la sagesse
C’est de concevoir le soupir
D’un baiser qui commence
Afin de ne rien perdre
Du plaisir qui s’en va

4/ Tout est relatif


Sauf le désespoir

5/ Nul mot ne peut désigner Dieu


Sans frémir de toutes ses lettres
Comme un mystique géomètre
En proie au sens de la mesure

6/ L’œil du doute ne se découvre


Que si la larme est sur son doigt
Comme sa raison qui ne palpite
Même si l’esprit est dans la foi

7/ La question n’est pas de croire ou non


Mais de savoir l’intérêt de se la poser
Vu qu’il n’est pas question de réponse
Car la réponse est au-delà de la question

8/ La Foi a sa musique
Les textes leurs partitions
Tous les cœurs interprètent
Mais tous les raisonnements
Ne sont pas de bons instruments

9/ La Vérité restera hors d’atteinte de la raison


Tant que le bon sens prospectera à ses pieds
Car la folie ne guette que le Doute audacieux
Qui osera en imposer aux lois de la Création
Sans jamais se douter qu’il n’aura de recours
Que la Foi qui attend là pour ressaisir sa raison

10/ Sans les oreilles du génie


Tout talent est supportable
Comme un âne éloquent
Qui affecterait le cheval
En se prenant de vitesse
Sans jamais rien entendre
De la grâce affectée

11/ L’instinct est le sursaut de l’âme


Quand la réalité se court-circuite
Et que la raison terre à terre
N’ayant plus prise sur l’évidence
Grésille sous le coup d’éclat
Du dernier ressort de l’âme
Où frétille le sursis en ligne
Pour mettre l’esprit au courant

12/ Pour parler de Dieu


Le mieux serait de se taire
Car les mots étant creux
Le silence les rassemble

13/ L’amitié est parfois


Un mensonge si pur
Qu’il en devient admirable

14/ La Foi est la chair de la raison


Mais n'est raisonnable que la fissure
Or la logique est cannibale

15/ Le Langage est un assemblage


De connotations sans adresse
Il n’y a de mime que le signe
D’un état d’esprit versatile

16/ La littérature est un vase où tout résonne déjà


Le génie est à la sueur qui fait éclater sa goutte
Comme on place un éclat sur des traits éclatants
Comme on impose une onde en effleurant un lac
Sans verser dans les notes des souffles du rivage
Qui s’écrient sans un mot de leur vase débordée

17/ L’appareil psychique est la mécanique de l’âme


Dont l’énergie est au cœur de la conscience
Qui s’installe comme une fenêtre amnésique
S’ouvrant du grenier d’un cerveau intendant
Où se conservent ses costumes inconscients
Qui ne se manifestent qu’à l’appel successif
Des états d’âme qui portent pour un temps
Une conscience se jouant du rôle de facette

18/ Qui a baigné dans l’amour d’une mère


Peut braver la vie et soutenir l’enfer
Car son cœur forgé dans les cris de sa mère
N’a jamais goûté que le sel de la terre

19/ La raison évolue dans l’oubli


D’être née dans un tunnel
Où vit un doute bien adapté
Qui la rassure dans le noir
Comme un soleil déshérité
Qui dirait à une aveugle
Que la lumière est un mythe

20/ La vérité ne peut être qu’une intuition


Qu’on peut atteindre sans jamais saisir
Car si la raison construit des pensées
L’idée est captée mais jamais créée
Et son refuge ne peut donc être pensé
Sans perdre la raison dans toutes les idées

21/ La folie d’un artiste est une trotteuse sans cadran


Qui parcourt les visions d’un engrenage mystique
Où la raison ne peut s’arrêter sans tourner en rond
Car la vérité ne se présente qu’aux esprits audacieux
Qui osent se mesurer un temps aux vertiges de l’affront

22/ Tant que la chair sera bête


Et l’esprit de corps imprenable
Tout dialogue sera indiscutable
Devant les arguments consistants
Qui font de l’orgasme une trêve
Sur les fronts où gisent les frissons

N'est limpide que ce qui trompe


N’est franche que la nuance
Ainsi va la teneur en vérité
Trop pure pour être claire
Trop simple pour être dense

Il n’y a de savoir éloquent


Que l’ignorance d’un érudit

La vérité est cette armure sertie du dernier mot


Qui masque la faiblesse de l’argument dominant

Il n’y a pas de vérité négociable


Il n’y a que des arguments discutables

27/ La raison fait tic-tac


La folie fait toc-toc

28/ La sagesse
C’est la raison
Qui regarde
Où elle met les pieds

29/ L’amitié c’est ce qui de chacun


Permet de se supporter soi-même

30/ Jamais une bibliothèque n’écrira un poème


Car tout savoir naît aux sources de la beauté
Qui jamais ne révèle le secret de ses terres
Sans prendre un cœur pour servir ses vers

31/ Si la science étudiait la contemplation


Elle ne saurait pas de quoi elle retourne
Car la beauté est la raison de la nature
Et la logique le cadavre des sensations

32/ Les écrits s’envolent


Quand la carapace se fend
Et les paroles qui restent
Sont des démons qui soufflent

33/ Les ongles sont à ligne d’une main féminine


Ce qu’un verni certain est à l’éclat du doute

34/ La lâcheté est le réflexe de l’esprit si médiocrement fait


Qu’il n’a d’occasion d’être habile que celle d’être bas

35/ Rien n’est plus évident qu’un soleil en mouvement


Rien n’est plus invincible qu’un athée qui constate

36/ Pour juste penser


Il faut tout déballer
Pour bien penser
Il faut tout contenir

37/ Etre une fissure de marbre


Aller de trou d'air en courant d'air
En restant lucide comme une ride
Qui prendrait l'air

38/ La vérité est le charisme


Des erreurs bien fondées

39/ La plénitude est la jouissance métaphysique de l'existence


Comme la foi est le refuge de la nécessité de ses énigmes

40/ La foi vous apporte


Ce qui vous manque
Quand vous avez tout
Et vous retire vos manques
Quand vous n’avez rien

41/ La Vérité est une lumière en pointillé


Dont un battement de cil est l’ironie

42/ Le maestro du désespoir


Ce vieillard sans famille
Qui se souvient et pleure
Comme un mouchoir inutile
Sur une table de chevet
Où l'avenir a des rides
Et l’espoir des mort-nés

43/ Quand les bras ouverts n’encombrent aucun chemin


Et que le cœur se traîne comme un lourd corbillard
Alors ses jours divaguent jusqu’au froid de l’arène
Où le vide sert de parquet et l’angoisse d'horizon

44/ Nul effet sans cause


Sauf l’effet tiers
De la cause première
Dont l’effet premier
Est d’être sans cause

45/ Les larmes se raffermissent quand le cœur se glace


Afin que l’espérance que les veines transpirent
Se brise avec fracas sur les marches du silence
Au lieu de se répandre comme un lac à genou
Sous le ciel étoilé d’une lune rancunière

46/ L’amour d’une mère


Fait battre le cœur
L’amour d’un père
Fait battre le fer

47/ Quand la souffrance change d'adresse


Elle prend la peine de laisser un carton

48/ La nostalgie est un cercueil vivant


Qui se serre le ventre en feu
Où s’émeuvent des souvenirs ardents
Comme un cœur poète
Que la mort étouffe
Retient dans sa gorge
Une dernière goutte de sang

49/ La solitude est peuplée d'un cortège de fantômes


Qui traînent le silence d’un orchestre sans voix
D’où s’élèvent les hurlements d'un tambour mouillé
Qui serre sur son cœur ses souvenirs figés

50/ Il n’y a d’autre raison de vivre


Que l’éphémère raison de ce libre arbitre
Le maestro du désespoir
Ce vieillard sans famille
Qui se souvient et pleure
Comme un mouchoir inutile
Sur une table de chevet
Où l'avenir a des rides
Et l’espoir des mort-nés
51/ Le désespoir est une trahison de la lumière
Dont le pas silencieux ne laisse pas de mot

52/ Le prix de l’amour est la dette d’un rêve


Qui s’investit encore quand tout est payé

53/ Il n’y a guère


Que trois écoles de la vie
La sotte, la brave et l’amère

54/ La rancune est une humeur bestiale


Qu’un passé a lâchement enragée
Afin qu’un jour de belle promise
Le geste soit digne de la bête

55/ Au-delà de la raison


Pour croire en Dieu
Il faut avoir de l’esprit
Comme au-delà de l’ironie
Pour avoir de l’humour
Il faut être de bonne foi

56/ La foi est un miracle fait de rien du tout


Sans lequel tout n’est jamais tout à fait

57/ Quelle que soit la théorie de l’univers


Quand ses atomes se mettent à penser
C’est que ses murs ont des oreilles

58/ Le désespoir est une perfection du néant


Qui vide le coeur pour répéter son chant

59/ Au proverbe de la vérité


C'est ne cherche qui doute
Et contemple qui trouve

60/ Quand on est inspiré


On étouffe tout seul
Quand on s’exprime
On s’essouffle pour tous
Quand on critique
On respire pour rien

61/ Il vaut mieux se taire


Que de dire "je t'aime"
Comme on dit "Bonjour"

62/ Critiquer
C’est n’avoir rien à dire
Et tout cela à dissimuler

63/ Il en va de la foi
Comme de la beauté
A chacun sa part
A chacun ses goûts

64/ Sans l’amour d’un père


On peut survivre
Sans l’amour d’une mère
On peut crever

65/ Le charme est ce côté de la balance


D’où le je-ne-sais-quoi a l’avantage

66/ L’évidence est l’apparat d’un complexe malicieux


Qui sait faire du commun le plus franc des secrets

67/ Du Big-bang au libre arbitre


Le mystère ne laisse pas de doute

68/ L’art est la géométrie


D’un trait d’esprit

69/ La philosophie du diable est le génie de l’argument


Qui ne pouvant rien prouver finit par tout corrompre

70/ Les amis


Que le " Z "
Est une
Illusion

71/ La foi en Dieu est au-delà des arguments


Là où tous s’entendent et où nul n’opère

72/ Jamais réponse


N'aura la clef
Des secrets sans serrure
73/ La solitude est une étreinte
Qui laisse ses confidences
Nues comme une certitude
Découverte sur un mystère

74/ La trahison est une grotte puante


Dans le gouffre d’un cœur meurtri
Où croupissent les aveux infâmes
D’un mensonge sans vergogne
Dont le sourire se mord les lèvres

75/ L’hypocrisie est la graine du miroir


Qui s’engraisse des racines aux yeux
Avec le sel du mensonge pour engrais
Et le gras du vitreux pour terroir

76/ Qu'importe les racines


Pourvu qu'on ait le pot

77/ La vérité est un paysage muet


Et ceux qui savent se taisent
L’angoisse au ventre
La mort aux trousses

78/ Prier c’est participer aux mystères de la création


En mettant à profit le dernier ressort de la raison

79/ Croire que les lois de l’évolution sont celles du hasard


C’est admettre que le chaos a tout de même de l’esprit

80/ Un mot est l’étoffe d’une essence pudique


Drapée dans l’étourdi du sens des manières

81/ Tout art étouffe la mort


Pour lui faire rendre vie

82/ Heureux l’esprit qui peut


Sans se creuser la tête
Saisir la racine de croire
Sans en déterrer le doute

83/ Le désespoir n’est à son aise


Qu’en ayant toutes les places
D’un spectacle sur mesure
Qui se joue à guichet fermé

84/ L’individualisme est l’instinct de survie


Qui germe au cœur de l’esprit moderne
Dont la société n’est plus qu’une forêt
De bêtes nourries aux valeurs sauvages
Se sachant esclaves du prix de leur peau
Au même titre qu’à l’âge des cavernes

85/ Le cœur de l’art est ce déversoir des contemplations


Qui font de l’esprit l’obligé des bonheurs désespérés

86/ A l'heure de l'amitié


Ceux qui sonnent à la porte
Ne sont pas ceux qu'on attend

87/ N'est relatif


Que ce qui suggère
Or tout semble
Et rien ne l’est

88/ Pour qu’il y ait un tout début à tout


Il faudrait que ce tout soit parti de rien
Or Dieu seul peut faire tout de rien

89/ Pour qu’il n’y ait pas un tout début à tout


Il faudrait que ce tout soit depuis toujours
Or Dieu seul peut tout seul être éternel

90/ Le seul doute qui en vaille la peine


C’est celui auquel on peut renoncer

91/ Si tout n’existait pas


Rien serait tout
Or rien ne pouvant être sans être tout
Tout doit être donc malgré tout
Quand bien même il y serait pour rien
Ce qui ne serait pas tout
Car rien ne pouvant être pour rien
Tout doit être même pour rien
Sinon il faut croire que rien et tout se valent
Ce qui est absurde car tout ça serait pour rien
Quel choix
Tout pour tout
Rien pour rien
Tout de rien pour rien du tout
C’est dire tout pour ne rien dire
Sinon que tout doit exister
Car rien tout seul ne sert à rien
Quand tout pour rien
C’est déjà ça
Ce qui n’est pas rien sans être tout

92/ Un visage se dénude


Il devient sensuel
Une ride s’accepte
Et tout s’éclaire
Comme trait se tire

93/ Le dramatique carcan que serre une invincible ignorance


C’est le réconfort qu’elle se sert en s’ignorant elle-même

94/ Vouloir forcer quelqu’un à croire


C’est ne pas croire tout à fait
Car la raison de croire est un don
Qu’on peut saisir mais pas cueillir

95/ La conscience n’est qu’un cintre


Qui porte des humeurs
Comme la lumière est la reine
De la chaire des couleurs

96/ Les mots n’arrivent à rien


Quand ils veulent tout dire
Que peuvent-ils devant Dieu
Sinon s’effacer

97/ Si Dieu n’existait pas


Le doute serait certain

98/ Le talent éblouit


Le génie aveugle
Le talent brille
Le génie éclate

99/ Prier c’est laisser une chance au doute


De rester le précurseur de la logique

100/ Devant la Beauté de l’Essence Créatrice


La Poésie est ce qu’il reste à la raison
Quand tout ce qui se pense est à genoux

101/ Il y a des couples


Qui ne tiennent plus
Que sur le désespoir
D’être ensemble

102/ Le doute est une interrogation à terre


La foi est une exclamation en suspens

103/ Pour rire de tout


Il faut être gonflé
Tel un bide gercé
Pourri mais glacé
104/ Qu’y a-t-il de plus humain
Qu’un coup de fouet
Pour tracer un sourire

105/ L'amour est le miracle


De chaos qui s’équilibrent
D'erreurs qui se cherchent

106/ Vécu nerf du bonheur


Rien ne le remplace
Rien ne le provoque
Tout le compose

107/ La raison traditionnelle est un archaïsme de la logique


Où la coutume de douter ignore les moyens de croire

108/ Un érudit n'est qu'un ignorant


Qui se sait savamment déguisé

109/ La psychanalyse est cette science


Qui a le cul entre plusieurs yeux
Et la rente dans le même esprit

110/ Si l’homosexuel avait bon goût


Il aurait le sens de l’orientation

111/ La démocratie est la dictature du nombre


La dictature est la démocratie de la force
La tyrannie est l’anarchie de la dictature
L’anarchie est la démocratie de la tyrannie

112/ La psychanalyse est la caisse de la psychiatrie


Dont la science est le trou du mal qui a le sou

113/ Naître c’est enfiler sa peau


Vivre c’est creuser son trou
Mourir c’est y laisser ses os

114/ Dieu est l’espace de l’absolu


Qui fait de la surface du doute
Une mesure en suspension
Dans l’infini sans dimension

115/ La vérité a sa sphère


Et le doute son rayon
La mesure est à Dieu
Et l’élan à la Foi
L’athée y piétine
L’agnostique s’y perd
Le croyant s’y attend

116/ On aime au nom de l’inconscience


Puis on endure au nom de l’amour

117/ Les plumes de l’enfance


Font les ailes de la vie
Comme un amas de sots
Fait une raison commune

118/ La musique est le souffle de la pudeur


Dont le sanglot se débat dans la beauté

119/ Un regard peut être


Une porte fermée
Mais il sera toujours
Le trou de la serrure

120/ Le sperme d’une amitié


Sur les lèvres d’un amour
Que la trahison est dure
Quand le geste est fécond

121/ Il n’y a qu’un pauvre pour aimer


Vu qu’un riche peut tout acheter
Comme il n’y a que l’or pour tout valoir
Quand les coeurs sont dans les fers
Et que leurs rêves n’ont plus d’aimant

122/ Quand le désir travaille


Et que l’amour est à la crèche
On ne trouve plus de fidèle
Que chez le cocu

123/ L’espoir est un rai de lumière


Sous une porte qui se cache
Mais dont l’éclat murmure
L’écho d’un chemin à suivre

124/ N’est modeste que l’ego


Dont le masque est parfait

125/ La stupeur d’une dame déportée


Qui reconnaît dans un amas d’émail
Le sourire brisé de son enfant

126/ La folie est l’exutoire de l’esprit


Quand la raison n’a plus la force
De garder le non-sens à sa place

127/ Le désespoir c’est regarder l’espoir à portée de main


En sachant qu’on trébuche en essayant de l’atteindre

128/ La tolérance
C'est laisser à chacun sa connerie
Afin de ne pas encombrer la sienne

129/ Dieu est si proche des hommes


Qu’ils le perdent de vue

130/ La politique est l’enseigne d’un bordel


Où chaque couloir est un long trottoir
Où chacun se sait l’ami d’un poignard

131/ L’orgasme est une tempête de frissons


Qui pétillent dans une bulle de chaleur
Sous les feux d’un encore plein de fraîcheur

132/ L’univers est un mouvement perpétuel


Dont les lois sont étrangères à leur sort

133/ Si la raison était de bonne Foi


Comme l’Idée même de la Vie
Pour ne plus Douter
Il suffirait de penser
Comme pour Rêver
Il suffirait de vivre

134/ Elever son enfant


C’est transmettre ses défauts

135/ Quand le peuple


Réclame peu
Il ne reçoit rien
Quand il se sert
Il ne laisse rien

136/ La fidélité est un contrat


Qui met le panier à l’abri
Et l’usufruit à l’étalage

137/ L’amour ce n’est pas être ensemble de peur d’être seul


C’est surtout être ensemble de peur d’être deux

138/ Qui découvre son cœur


Récolte ses genoux
139/ Douter c’est ne pas conclure
Or ne pas croire c’est choisir

140/ La première règle de l’amitié


Est de tirer un trait
Quand rien n’est plus droit

141/ La vie est la lune de miel


De l’étincelle et du silence

142/ Le talent est spirituel


Le génie est mystique

143/ Le diable est cet amant de l’imagination


Ardant, fougueux, fourbe et méticuleux
Il se nourrit du cœur pour se faire l’esprit

144/ La mélancolie est la survivance d’un bonheur qui se meurt


Comme le désespoir n’est jamais que la veuve des lumières

145/ Le destin est ce creuset des fins


Qui laisse à chacun ses moyens

146/ Il vaut mieux rester seul


Que d'être à moitié deux

147/ Si l'homme partageait plus souvent


Il aurait moins de sottise à supporter

148/ La fidélité est cette source des lèvres


Sans laquelle tout n’est plus que sueur
Elle donne au corps le goût de l’âme
Et marque la chair aux fers des coeurs

149/ Le ton d’un je t'aime


C’est en perdre la voix

150/ Un même être dans des corps différents


Une vision opposée d’une même vérité
Seules les âmes sont les témoins de tout
Seuls les souvenirs sont l’extase du néant

151/ La musique n’est rien


Sans le chant du silence
Car la magie du souffle
Est la note de l’absence
152/ Jamais le cœur ne prend froid
Telle une ride pour une civière
Car seul le désir a des cendres
Quand l’amour n’est que feu

153/ Se regarder à se perdre dans l’autre


S’approcher à se perdre de vue
S’aimer à se battre le cœur
S’éteindre à s’oublier ensemble

154/ Le temps est l’amant cru


De la précieuse vierge durée
Qui ne se voit présent recevoir
Que le vain d’un instant fougueux

155/ Au requiem de l’amour


On se découvre des faiblesses
On se maudit corps et âme
De s’être abandonné
A l’origine du monde
Bleu comme cette nuit
Dans les mains de l’azur
Vert comme le jour
Devant la splendeur du soir
Blanc comme le rouge
D’un cœur vif qui soupire

156/ Le premier amour est un temple


Qui scelle la première étreinte
Comme une promesse de venin
Franche comme un pilier serein
Sanglante comme une empreinte

157/ La politique est le terreau des fumiers corrompus


Qui ne laissent pousser que les mauvaises herbes

158/ La raison de chacun


Est la folie de tous

159/ La fidélité est toujours un luxe


Aux yeux d’un cœur de pacotille

160/ Fraise de rêve


Cœur de feu
Souffle du temps
Cendre de braise
Chacun a son amour
Chacun a sa blessure
161/ La naïveté fait de l’innocence
L'esclave d'un troupeau d'illusions
Aussi baveux que le peut être la cruauté

162/ L'entrejambe est au corps


Ce que le bon sens est à l'esprit
Rien n’est plus mou que la poésie
Rien n’est plus raide que le vulgaire

163/ L’infidélité est cette saveur d’une trahison inévitable


Quand on est suffisamment lâche pour être désirable

164/ Seules les femmes discrètes


Ont la pureté des diamants
Qui dominent leurs éclats

165/ Un ami
C'est un frère qu'on choisit
Un ennemi
C’est un frère qu’on maudit

166/ Il n’y a rien de plus fanatique


Qu'un entrejambe sans vie
Qui en veut à la convoitise

167/ La jeunesse
C’est le chantier
La vieillesse
C’est le grenier

168/ La musique est éternelle


Car en tout temps
Qui atteint la beauté
Ne peut que s’arrêter

169/ Découvrir revient toujours


A flâner dans une librairie
Car le seul savoir qui reste
Est celui qu’on ignore

170/ Que le geste est élégant


Quand l’éclat est parasol

171/ Le temps est absolu


Seule sa durée est relative

172/ Chacun est l’amant


De son intelligence
La vérité n'a pas d'adresse
Et l'erreur a du charme

173/ Pour une femme


Tout est spectacle
Pour un homme
Tout est comédie

174/ Sans désir


La chair est froide
Sans amour
La chair est plate

175/ Certains hommes sont si virils


Qu’ils semblent sortir d’un mâle
Certaines femmes sont si féminines
Qu’elles en arrivent à être déguisées

176/ La science n’est qu’une canne


Dont la cécité est philosophe

177/ Il n'y a pas de meilleur critique


Qu'un raté sans rancune

178/ Ceux qui croient en Dieu


Ne sont pas convaincants
Car ils réalisent à peine

179/ La mode est ce qui fait tout passer


Quand bien même tout est dépassé

180/ Il faut se cultiver


Pour apprendre à se taire

189/ Le temps d'une passion


Commence ici
Et se termine là

190/ Si l'homme prenait le temps


De contempler les cieux
Il n'aurait plus la tête en l'air

191/ Si l’on pouvait décrire l’orgasme


Les mots sensés feraient l’amour

192/ La vérité est une clairière cernée de doutes


Qui guident le chemin de la folie en retour

193/ La raison et la foi sont des vases communicants


Comme rien, sans tout, est tout
Et tout, sans rien, n’est rien

194/ La folie est l’antichambre de la Vérité


Comme la fierté est le boudoir de l’âme
Quand l’orgueil n’est que le fils de la vanité
On raisonne pour se convaincre
Et non pour se perdre
Ainsi la raison se condamne à décortiquer
Quand elle pourrait s’offrir de s’émouvoir

195/ La perfection est cette unique d’universelle


Dont la nature répand la beauté du mystère
En lui laissant le choix de répondre au génie

196/ Une œuvre nulle


N’en a pas besoin
Une œuvre géniale
Peut s’en passer
La critique ne sert
Que son œuvre
Du reste banale

197/ Le temps de l’ennui n’est pas celui de la vie


Ainsi celui du doute n’est pas celui de la foi

198/ Libérer l'intelligence de son miroir


C'est garder le génie de la comédie

199/ La société est une pyramide


Où les mondes sont en pierre de rasoir
On se blesse sur des parois de rêves
Où d'autres ont glissé leurs larmes
Pour nous éviter le gouffre

200/ La politique est l’art de convaincre sans se dévoiler


En feignant d’écouter pour penser à faire taire
14/ -Si votre péché mignon n’était pas de goûter la raison pour laquelle, lors du
banquet de Platon, Aristophane eut le hoquet, vous trouveriez cette histoire
tragique, vous souririez à l’occasion, et, pour une fois, vous vous verriez priés, de
grâce, de mettre une croix sur votre pitié; cependant, vous passeriez à côté du
parcours subliminal sans lequel tout est profané, à savoir l’ossature du style qui
permet au ton de déjouer l’abréaction de cette histoire à son sujet, comme un
contorsionniste exerçant ses figures pour s’échapper de ces lignes inspirées du
ruban de Möbius.

15/ Comme chacun sait, les lacancres sont les disciples inconscients d’un certain
Jacques-Marie Lacan, cheval d’or des ânes idolâtres, maître à penser des
nouveaux jésuites, gourou-malgrè-lui. Les lignes qui vont se pendre sous vos
yeux leurs sont dédiés pour payer de ma tête une leçon de gratuité afin qu’ils
s’en gargarisent, comme toujours, aux frais d’un transfert de patrimoine. Car
enfin, j’ai perdu... la théorie neurocentriste a triomphé de moi. Bravo. Après
tout, qui suis-je ? Après l’homme aux loups et l’homme aux rats, me voilà :
l’homme aux double-sapiens qui voulut tout et ne fut rien.

16/ Fils d’une Afrique dans les fers, né esclave de la langue française, pauvre
diable qui n’eut accès qu’aux auteurs du dix huitième siècle ; des histoires
comme la mienne sont d’une autre époque. Epoque du sens de l’honneur,
époque de l’ignorance hardie, époque où n’écrivaient que ceux qui se voulaient
penser. Ah ! Malheur ! Il a fallu qu’un livre me tombe dans les mains par hasard
pour que je me réveille groggy comme après trois siècles de coma et voilà que je
découvre que tous les incapables sont d’accord pour dire qu’on arrive trop tard
car tout a été dit.

17/ Voici donc l’histoire de ma misère intellectuelle dans toute sa splendeur.


Histoire cernée de l’il du je. Histoire cupide de la nécessité de payer. Histoire des
phrases du dimanche. Enfin, histoire et rien qu’histoire d’accommoder les restes,
quoi qu’il advienne certainement de mon esprit, pour que survive l’histoire que
se propose d’introduire les 4 lettres qui vont suivre, afin de divertir tout lecteur
friand d’histoire extraordinaire, au sens étymologique du terme, et ce, au-nom-
du-père qui est la chaire de l’inconnu destinataire.

18/ Voici l’histoire d’un jeune autodidacte du tiers-monde, passionné par


l’appareil psychique, qui, après avoir saisi les corollaires du Cogito, découvre
stupéfait la psychanalyse de l’époque freudienne, grâce à un dictionnaire de la
psychanalyse offert par un toubab raffiné. En voulant à tout prix dépasser Freud
et remodeler son approche pour la rendre compatible avec la métaphysique, il
tombe, après mille péripéties, sur toute l’étendue de son ignorance, sans se
méfier ni de cette surprise, ni de sa compagnie; ainsi, comme un malheur
n’arrive jamais seul, il ouvrit la porte à une dépression. Ils furent bien installés
car le jeune avait fait leur lit malgré lui. La proximité faisant, il finit par se faire
une raison hospitalière.

19/ Puis, en continuant, comme un amnésique apprenti sorcier, à rechercher


dans le fameux dictionnaire de quoi développer une nouvelle théorie, il finit, en
allumant un souvenir, par faire exploser un feu d’artifices qu’il avait sorti de sa
mémoire. Ce désastre inespéré du hasard fit une telle lumière et un tel ressac,
que notre sujet, tout retourné qu’il fut au fil des pages, finit par prendre
conscience que son esprit, encore fumant, était recouvert des cendres de sa
préhistoire, comme les racines d’un château de cartes qui achèvent de s’étaler
sur les routes de Bordeaux à Paris et de Paris jusqu’ici, là-bas en Mauritanie.

20/ En effet, au fil de quelle philosophie, peut-on se tenir avec sous les yeux
l’engrenage de notre raison, dont ne on connaît que notre part, qui défie un
regard sur la raison dont on sait la portée supérieure à la nôtre, sans jamais
craindre qu’elle puisse nous atteindre ? Il m’a fallu d’abord deux ans pour
réaliser que je faisais juste de la résistance et j’ai enfin pu «transpercer le
fantasme» avec pour seuls soutiens: la raison pour témoin et la folie pour
demeure, puis j’ai dû tourner en rond pendant trois autres années pour
rassembler mon esprit dont je piétinais les morceaux en ne sachant ni ce que je
cherchais, ni même ce que je trouvais. Que faire dans une telle situation sinon
bricoler un système en étant ballotté, d’un côté, par l’enthousiasme du pionnier,
et, de l’autre, par la gueule de bois du marginal qui découvre l’eau chaude.

Il me fallait notamment répondre à cette question : qu’est-ce que la conscience ?

La psychanalyse n’apporte aucune réponse. Elle se contente d’affirmer que son


organe somatique est le cerveau. Bravo. Mais cela signifie-t-il que le cerveau
produit la conscience ou qu’il est juste un contenant où la conscience a été
insufflée mystérieusement ? Bien entendu, la psychanalyse se voulant une
science ne saurait se fonder sur des superstitions, mais elle ne manque pas de
fonder toute sa rhétorique sur un argument d’autorité. Elle a pris donc le parti
d’affirmer que le cerveau produit la conscience.

Pourtant Freud avait pensé à une forme de métapsychologie, mais il n’a pas
poursuivi et les psychanalystes ont préféré savourer l’humour d’Octave Mannoni
que disait « je suis persuadé - mais je ne cherche à convaincre personne - que
ces grands principes de base sont ce qu’il y a de moins important dans
l’ensemble de ce que Freud nous a laissé sous le nom de psychanalyse. Ils ont
joué leur rôle, qui était capital, mais ils ne conduisent plus guère à des
développements nouveaux. Nous les respectons par une sorte de reconnaissance
pieuse... ». C’est bien dommage car on peut élaborer une théorie universelle qui
ne ruinerait pas vraiment l’édifice. Une forme de métapsychanalyse fondée à
partir de l’autre argument selon lequel le cerveau ne produit pas la conscience
mais la contient ou plus précisément qu’il reçoit une énergie métaphysique qu’on
appelle âme qui se manifeste à travers l’inconscient par la conscience. Ect ect
EXTRAIT II : complément en vers

Qui en a quelque chose à foutre de l’histoire


Un croyant se prenant Lacan en pleine poire
Invaincu pourtant par le grigou péremptoire

Maintenant revenu de la chute obligatoire

Ecrit sa renaissance après tous ses déboires


Nous laisserons à Lacan un petit pourboire
Toute réflexion faîte, à chacun sa vision
On peut tous dans l’esprit faire des incisions
Uniquement pour ensuite, avec précision
Refaire des noeuds comme un simple virtuose
Et servir le tout en compliquant bien la chose
Néanmoins, sans la Foi, on reste terre-à-terre
Toute la Vérité est là où il s’enterre

Si ce qu’il raconte était à la bonne place


Il n’aurait pas écrit avec si peu de grâce

Toute la psychanalyse est ainsi refaite


Une clique de chirurgiens l’ont contrefaite

Au bout de cent ans, voilà donc notre mariée


Sur ses traits tirés, rien ne paraît avarié

Une idole pour païens où tout est truqué


N’y a-t-il pas même un prix pour la reluquée
Elle ne peut rien pour les gens bien éduqués

Pour la saisir, il faut pouvoir se la payer


On doit cash se déshabiller pour l’essayer
Il y a, surtout, une personne inconnue
Ne ratant rien de la chose qu’on met à nu
Timide, elle attend-là qu’on lui tende les sous
Et vous écoute, dans le dos, claquer vos sous

De plus près, regardons bien de quoi il s’agit


Essayons de percer cette vieille magie

Rappelons Freud, ancêtre et père de la chose


En son temps, il créa cette nouvelle glose
Sous sa plume, un mot, connu dans toutes les langues
Privé des sens anciens, fut laissé pour exsangue
En le rebaptisant, il devint scientifique
Ce mot dont Freud fit son « ça » énigmatique
Tout droit ça remonte au vieux « diable » maléfique

Pour le reste, faire du neuf avec du vieux


On bricole en se prenant hélas au sérieux
Un tour de passe-passe devant des curieux
Réinvente une religion sans croire en Dieu

Mais pour saisir ce tour, regardons sa matière


On a là un corps destiné au cimetière
Il s’articule à l’âme comme une litière

xxxxxxxxx voilà le lit où l’énigme repose


En unissant deux univers que tout oppose
Reflétant l’un dans l’autre, tout ainsi se fonde
Comme l’entonnoir de deux si différents mondes
Il fit jaillir entre eux la conscience des mondes

Deux univers par la conscience sont unis


Et l’un sans l’autre, tout système est démuni

Toute vérité a sa part de grand mystère


En ça se déchirent nos sacrés magistères

Faisant fi de l’évident axiome suprême


On sent que leur bonne foi subit ce carême
Comme si on cartographiait la complexité
Avec des statistiques fort bien excitées
Le résultat serait, vu du q, défendable
Il n’en serait pas moins, nez à nez, regrettable
Seule une théorie qui intègre le doute
Est l’assurance béton que sa clé de voûte
Répondra aux pressions que le bon sens redoute

Sans s’étaler sous cette structure imprudente


Une simple visite en remontant sa pente
Ressort les failles que sans voir ils démentent

Quelques prises de vue de tous leurs fondements


Un précis petit détour tout en arguments
En passant par l’éloge du Seigneur des mondes
Laveront notre Foi de leurs affronts immondes
Quelques souvenirs ensuite pour mieux comprendre
Un parcours éprouvant où j’ai fini en cendres

Un fil de pathos sur ce séjour en enfer


Nouera tous les bouts comme on croise le fer
Dieu en fut témoin, au diable j’ai eu affaire

Appelons-le « inconscient » si on veut le taire


Un mot ou un autre ne rend rien moins austère
Toutefois, nous finirons en beauté ce poème
Retrouvant à la fin xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Exxxxxxxxxxxxxxxxxxx tous les mots du thème

Nous y sommes. Qu’est-ce que la psychanalyse


On ne peut l’ignorer, elle s’est partout assise
Un tel siège de l’esprit, mérite une analyse
Ses thèses refusent à la Foi d’être admise

Nous verrons pourquoi ses thèses sont dangereuses


On ne visite rien sans croiser sa vareuse
Une science qui laisse les croyants sans arme
Si habile qu’en l’attaquant, on se désarme

Reprenons en civils son mode opératoire


Elle pique à la psychiatrie son savoir
Vous met ensuite face à un brillant miroir
En l’écoutant vous vous mirez sans le savoir
Résistant d’abord, vous refusez de vous voir
Royalement servis, vous acceptez à boire
On se détend alors face à ce moelleux miroir
Ne voilà-t-il pas, qu’en nous remonte le noir
Soudain, sous la pression, on crache nos déboires

Parfaitement surpris par l’effet confidence


En sortant de là, on sent une délivrance
Un appât pour sans-ami : cette confession
Tout le piège vient après cette concession

Ensuite on y revient pour parler à loisir


Trouvant qu’être écouté est un royal plaisir
Rien en cette oreille ne peut jamais nous nuire
En plus, tout est permis, on peut surtout tout dire

Maléfique stratégie de secte imparable


Au fur et à mesure, qu’on joue à ce scrabble
Impassible, dans votre dos, ce psy des mots
Sent l’endoctrinement raisonner dans vos maux

Beaucoup plus intimes, vous l’êtes maintenant


En parlant, sans le voir, tout glisse à l’avenant
A force de parler seul, l’autre restant coi
Urinant les mots : vous dîtes n’importe quoi
Comparant le jet à la chose génitale
On y découvre le sens d’un trauma fœtal
Un complexe banal pas encore réglé
Pour se faire, on verra, pour l’heure, il faut régler

Depuis, plus vous payez, plus ça devient complexe

Effort payant, voilà une question sans sexe


Au prix de parler, combien ça coûte penser
Un prix tel que vous devez vous en dispenser

Devez-vous payer en ayant plus rien à dire


Ou n’ayant rien à penser, ne plus revenir
Il vous vient que c’est trop payé que d’en finir
Tant que vous y pensez, vous courez le lui dire

Pendant ce temps-là, vous n’êtes plus vous-même


Avant vous étiez comme chacun est soi-même
Sans l’air ailleurs, sans le regard convertissant
Sans ce sourire surtout, l’air compatissant
Enfin, vous étiez bien vivant tout simplement
Réduit à ça, qu’importe l’autre! Evidemment

Dommage pour lui, un de plus précisément

Ils l’ont converti en désarmant sa conscience


Comme une pleine lune sait ses déficiences
Il se pense brillant en reflétant leur science

La conscience n’est qu’une lune passagère


Aux feux d’un autre astre, elle sert de messagère

Sous elle, notre cerveau, toujours terre-à-terre


Organise sa vie comme on gère une serre
Une mécanique en chair toute génétique
Se fait des idées dans sa sphère hermétique

Le système et tous ses atomes frénétiques


Ensemble, ils périssent sans le soleil statique
Sa lumière est l’âme dont dépend leur viatique

Pour saisir l’erreur dans laquelle ils s’entêtent


Ouvrons grands nos yeux pour voir se lever en tête
Notre soleil qui n’a jamais quitté sa place
Toute psychanalyse, comme ça, déplace
Sans science, l’âme de notre univers en place
Jusqu’à nous persuader que ce qu’on observe
Est plus précis que ce que la foi nous réserve

Son habileté consiste à dénaturer


Un équilibre divin si bien mesuré
Il y a un point faible à toute identité
Sans parler rien ne touche à sa fragilité

On sait que les pensées naissent par le cerveau


Bien que sans la conscience, il ne soit qu’un veau
La conscience est-elle créée là ou insufflée
Incapable d’y penser, la voilà giflée
Gênée, la science sonne l’heure du concile
En apparat, elle adopte le plus docile
En ignorant l’autre argument le moins facile

Depuis lors, on a tout bâti sur un seul pied


Et quand on veut creuser pour penser comme il sied

Tout, sur vous, menace de s’écrouler en vrac


En insistant tout de même, en effet tout craque

Maintenant vous voilà au centre d’un chaos


En un mot, la raison veut vous dire ciao
Tout en l’agrippant, vous lui faîtes un abri
Toujours en l’agrippant, vous scrutez les débris
Rapidement vous retrouvez le vieux bon sens
Enlacé à l’âme qui bronze son essence

Sur le champ de ruine, rapplique la folie


Un face-à-face cruel, nous rend plus polis
Réclamant ma ruine, on joue au monopoli

Les dès sont jetés, on ne peut plus reculer


Implorant l’Invisible, on subit l’acculée
Sous nos yeux, la folie grappille du terrain
Tout cash nous tombe des mains jusqu’aux souterrains
Et même ma mémoire lâcha ses vérins

N’ayant même plus nos yeux pour pleurer, aveugle


On tâtonne dans le noir en rêvant de Google
Inutile d’insister, c’est la fin du monde
Résigné comme un bleu faisant son tour de ronde
Emmuré dans mon trou, seul mon calvaire gronde

Sous un silence noir, j’entends seul soupirer


Un désespoir cru qui sans jamais respirer
Retire un gras de vie que j’ai pu inspirer

Maintenant tout est prêt pour annoncer le diable


On sent de partout des frissons tout à fait fiables
Nos purs démons resurgissent sans être niables

Miroitant sous nos yeux le délire à venir


Avec en images le futur à frémir
Imaginant le pire, on voit entrer son maître
Le voilà, chez nous, tout puissant comme un traître

Ayant, avec l’homme, depuis des millénaires


Fait commerce du mal en dignes partenaires
Il sait de ma nature toutes les entrailles
N’ayant qu’à me pousser et j’entre à son sérail

Devant-moi, il découvre une foi de taille

Alors il recule face à ma résistance


Voulant mieux la sonder devant son assistance
On lui passe une arme d’une autre consistance
Inventée pour sonder de l’esprit les murailles
Rapidement, avant tous, il en voit la faille

Pour que tous profitent de son opération


Le voilà qui s’explique pendant son action
Un plan de mon esprit apparaît sur les murs
Sur lequel se découvre toute son armure

D’abord l’Identité avant de commencer


Elle a quelques leviers permettant d’avancer

C’est cette illusion qu’il nous faut bouleverser


Laissons-le nous parler pour mieux la renverser
Ainsi je me mets à parler sans plus tarder
Racontant toute ma vie sans en rien garder
Tout en moi se vide jusqu’à ma vie privée
Enfin, il sait tout de ce qui m’est arrivé

Lorsqu’on dit tout, le monde intérieur se déforme


On touche à son identité qui se transforme
Raconter sa vie à un inconnu notoire
S’est jeter votre éducation sur le trottoir
Que cela fasse, d’abord, du bien, c’est un fait
Un ami suffit même s’il n’est pas parfait
Ensuite, après les mots, tout votre être est défait
Jusqu’à la raison complètement désarmée
Et le diable en profite pour mieux la charmée

Maintenant il lui applique une autre technique


En psychanalyse, on la nomme cathartique

Comme un édifice, l’esprit a sa structure


Où les pièces tiennent par des points de sutures
Nous avons le cerveau qui gère l’intendance
Nous avons la conscience qui par lui se pense
Entre ces deux-là c’est le règne du mystère
C’est là que la science a fui l’argument austère
Tout a craqué là lorsqu’il s’est mis à creuser
Enfin on retrouve ce qu’alors il faisait

Poursuivons sa démarche sans la ralentir


On retrouva plus tard notre ami en délire
Un bref rappel de l’idée qui fit le séisme
Ressaisira la lumière due à son prisme

Bouleversant là toutes les idées reçues


On revoit les bases du système aperçu
Sans avoir l’espace d’exposer cette thèse
Simplement pour dire ce que d’autres taisent
Esquissant de leur science le talon d’Achille
Rappelons l’argument qui la met sur le grill

Maintenant c’est digéré, adieu les couleuvres


Enfin la foi logique reprend la manoeuvre
Ressortons vite de ce bourbier pour athées
Construisons pour les croyants ce qu’ils ont raté
Il existe un système ouvert même aux athées

Dieu étant l’Absolu ; qui peut Tout concevoir ?


Et même essayer réduit Tout à rien y voir

Partant de là, quelle preuve peut contenir


L’Absolu sans s’écraser à le soutenir
Une preuve doit tenir un rien des deux mondes
Seul un Don tel que la Foi peut servir de sonde

Juste équilibre en Tout que rien ne peut comprendre


A jamais scellé jusqu’aux temps de faire entendre
Mystère limpide à la foi qui sait attendre
A jamais éclairé sans cesser de surprendre
Ix qui de rien fait Tout et de Tout en fait cendres
Source de l’infini dont Douter c’est prétendre
Unique possibilité d’Etre sans naître
Tout l’univers n’est-ce pas l’oeuvre d’un grand Maître
Il en faut plus, doit-Il aussi vous apparaître
L’imaginez-vous,là, devant vous, vous le mètre
Il vous faut un signe, attendez de disparaître
S’il veut vous croirez et s’il veut vous irez paître
Et la foi et le diable ont leur place en votre être
Reste la volonté, lequel en est le maître

La réponse est subtile mais le diable est fin


En nous cuisinant, il sert le mot de la fin

M’ayant fait parler, je sens l’arme cathartique


Ayant tout ouvert sous sa pression fatidique
Il voit de mon esprit toute la mécanique
La conscience est nue face à l’effort satanique

Devant l’assistance, il fait une trouvaille


En voyant que notre raison est notre faille

Qu’est-ce que la raison sinon l’émolument


Limpide d’une rivière d’arguments
Qu’est-ce que la raison sinon un tas de briques

Disposées pour faire un temple de la logique

Au bout de celle-ci, sous ce tas qu’elle imbrique


Une pierre à-plat, la première qui l’implique
Tout entourée d’une suite en pierres de taille
Rien ne peut la protéger, vaille que vaille
Elle est aux abois dès qu’on longe cette faille

Posée là sans raison sinon pour commencer


Où tout n’est que mouvance au plan de la pensée
Un rien fut posé pour bâtir la vanité
Rien prouvé comme un argument d’autorité

Maintenu à l’abri sans être habilité

A servir au front par manque d’habileté


Toute logique cache ainsi sa vérité
Toute logique s’effondre sous l’argument
En le sachant, la raison perd son jugement
Impossible, sous le choc, de pouvoir raisonner
Ni même, en plein mur, de s’entendre klaxonner
Devant ça, la conscience toute retournée
Regarde entrer la folie à pleines fournées
Et le diable, alors, est content de sa journée

EXRAIT III

C’est vers-là que commença ma triste aventure

Enfant, déjà, tout était prêt pour la fracture


Sans se faire prier, le diable à la dent dure
Toucha mon couffin pour promettre mon futur

Un choc silencieux éventra mes facultés


Ne laissant qu’une enfance déjà insultée

Pendant, qu’en surface, ne figurait qu’un ange


Emietté sous l’air, rien ne le rendait étrange
Un voile, sur l’esprit, l’éloigna de l’échange

Le voilà, notre enfant, enfermé dans les livres


A l’école, il brille jusqu’à ce qui va suivre
Comme une rose fane d’avoir trop aimer
Habité par la chose en lui enfermée
En pensant, la destruction se mit à germer

Eveillé plus qu’il faut à l’âge de jouer


Travaillé par des tours qu’il lui faut déjouer

Notre adolescent se plonge dans l’univers


Où le diable l’attend pour le mettre à l’envers
Un appel profond l’oblige à persévérer
Sous des signes qui finiront par s’avérer

Sans savoir vraiment où le mènera sa quête


A l’âge des amours, il continue son enquête
Voulant seul découvrir la Vérité suprême
On sent son coeur tout fou de ces pensées qu’il aime
Nul ne le comprend et ensemble ils s’en méfient
Seul vient vers lui, un homme auquel il se confie

Qui mieux qu’une tante pouvait en être tenter


Un vieux professeur de lettres vint l’enchanter
En lui servant l’amitié d’un psy patenté

C’est ainsi que notre homme de lettres découvre


Enchanté, un ado de seize ans et le couvre
Sans attendre de compréhensions qu’il découvre
Homme de vice, de tournevis et de luxure
Il a tous les faux airs d’un homme de culture
Sa chair est bien grasse et tout le reste est plus moche
Tout chez lui inspire répulsion car tout cloche
On le voit, c’est clair, on le sent plus qu’il n’en dit
Il a les manières des égouts d’un dandy
Rompu à la débauche, l’anal est son domaine
Et même allant chier, c’est le désir qui l’emmène
Sous toutes ses coutures, le mal se promène

Pourtant que voit notre ado tout plein de ses rêves


Enfin on le comprend, enfin le jour se lève
Un être, comme lui, différant, incompris
Voit en lui un jeune de lettres et d’esprit
Enfin un professeur lui fait des compliments
Nourrit son esprit et l’écoute gentiment
Tout d’honneur et plein de si nobles sentiments

Seize ans, il se sent compris, c’est un vrai bonheur


En fait, le diable est de retour, pile à l’heure

Toutes ces années, il exerçait son empire


Entre l’âme et la chair de notre homme du pire
Regardant le destin pour voir par où venir
Monsieur le professeur, il est temps de partir
Il guida son vice jusqu’au lycée du martyr
Ne laissant aucune chance à l’ado d’en sortir
En lui servant ce monsieur habile à vomir
Rencontré par hasard pour l’aider à grandir

Tout d’un coup, le monsieur se mit à ressentir


Rouge de son sang en feu, son coeur repartir
Et le diable atteint n’avait plus qu’à s’évanouir
Sous ce coup de foudre émis à point pour guérir

Tout d’un coup, le monsieur devient fou amoureux


Renvoyant de l’esprit son désir malheureux
Et sentant son coeur mort battre des sentiments
Se jure de rendre à l’ado ce compliment

Mais rien n’y fait, cet enfant est bien condamné


A vivre malheureux pendant bien des années
L’esprit enchaîné à des horizons damnés
Jusque-là professeur, il devint presque un père
En aidant de son mieux ce jeune sans repère

Perdu comme un ange admis entre Ciel et terre


Emerveillé comme un papillon né en serre
Nourri tout simplement du siècle des lumières
Sachant de la France que ce qui rend fier
Et ses grands esprits, et ses causes pionnières

Que faire pour aider ce garçon à ouvrir


Un peu les yeux aux réalités à saisir
Et comment conjurer son sort sans nous l’aigrir

Nul remède que l’affection pour amortir


On l’espère, le poids du désastre à venir
Une telle faille creusée depuis l’enfance
Se soigne en éclatant sous sa seule ordonnance

Aussi, ce nouveau père, jadis diabolique


Voulant avancer plus vite que la musique
Omit de prendre les précautions stratégiques
Nourrissant l’esprit de son petit sympathique
Sans voir que c’est trop pour un ventre famélique

Très vite il fit le lit du petit psychotique


Obligé de méditer ce menu cynique
Un plat lourd pour son âme jeune et poétique
Son esprit sentit frémir la faille clinique

Dès lors, le décompte désastreux fut lancé


En vain, le vieux essaya de moins l’avancer
Un an après l’autre, il s’y ruina l’esprit
diX ans déjà, c’est l’heure de payer leur prix

Débarqués, trois ans plus tôt, avec lui en France

Après sept années de lutte et d’espérance


Un jeune étudiant plein de vie et tout d’aisance
Tombe de nouveau loin des marches de la chance
Rien ne peut reprendre le vieux désespéré
En trois ans, il n’est plus qu’un fantôme atterré
Sous ses yeux, la promesse, du diable, avérée

C’est alors qu’il décide de se suicider


On le trouve drogué ruminant son idée
Maintenant le voilà chez les psychanalystes
Buvant leurs idées, pour l’aider, ils insistent
Au terme du sevrage, il retourne à la chose
Toujours se creusant, il découvre quelque chose
Soudain, il le touche sans savoir ce qu’il ose
A ce geste, lui répondent à fortes doses

Mille secousses d’un séisme qui s’impose


Eveillé après le coup de foudre à la rose
Notre vieil esprit rend le contrôle à la chose
Et dans son coeur tous les sentiments explosent
Revoilà dans ses yeux tout le diable qui pose

De nouveau lui-même plus mauvais que jamais


Après s’être fait, par l’empathie, rétamer
N’est-il pas, grâce aux psy, bien plus clair maintenant
Son mal contenu est dehors, le menant

Nous n’insisterons pas, la suite est trop pénible


On l’imagine: dans sa maison, l’attend sa cible
Sous les traits coupables d’un jeune homme sensible

Vivant, depuis la T.S, en vrai misérable


Il se sait, dans sa France, un être indésirable
Et, clandestin, sans le sou, du shit sur la table
Soudain, ses yeux s’ouvrent, le laissant exploitable

Rentrant à la maison, le vieux reprend sa ruse


En voyant son air, je crois que le shit m’abuse
Sans comprendre, je sens un changement impossible
Pourtant mon instinct me dit que je suis la cible
En vain, je ressens tout, mais qui pourrait y croire
C’est alors que le vieux prend peur, car dans l’histoire
Tout à coup, il découvre que l’ado est mort
Il a devant lui un jeune homme bien plus fort
Voulant éteindre ses yeux qu’il voit grands ouverts
En un réflexe, il ne laisse rien du pervers
Soulagés, nos jeunes sens se croient à l’envers
.
C’est de là que tout part comme un feu d’artifices
On sent que tout s’allume devant le précipice
Mais l’effroi est tel que l’esprit pour se défendre
Pousse l’âme à fermer les yeux et rien entendre
Revenue à elle après que l’esprit ait pris
En plein coeur, le traître big-bang qui l’a surpris
N’ayant rien vu, ni entendu, elle s’en fout
Devant elle, pourtant, son esprit faisant genre
Sent ses articulations, bel et bien, touchées

Pourtant elles tiendront jusqu’à ce que le diable


Au fond d’un dictionnaire offert par son serviable
Suicidé, vienne les cuisiner à l’amiable
Dico de psy offert à moi, curieux en diable

En faisant ça, sachant bien que je peux comprendre


N’est-ce pas me tendre la corde pour me pendre
En lisant, je vois toute ma vie se répandre
Réfléchissant à ça, mon bon sens fait ses cendres
Voilà qu’éclate la faille que je tétais
Et je découvre ce que j’ai toujours été
Ma pauvre vie, de l’oeuf à la chute en plein vol
Etale ses diapos et son éclat s’envole
Ni voyant plus rien, le vieux me pousse à partir
Tout soin est en France, je ne pourrai guérir

Pourquoi tant de cruauté ? Tout est dans mon livre


Après ça, qu’on vienne me parler de survivre
Sans ce coup de foudre, mon coeur battrait sans vivre

De retour chez p’a et m’an en mille morceaux


En portant un lourd « gigolo » sur mes dorsaux

Voilà qu’ouvrant le dico je me rends au diable


En ma dépression, il trouve une alliée à table
Ni vus, ni connus, ils joignent toutes leurs sciences
Gagnant peu à peu le centre de ma conscience
Enfin ils atteignent les remparts de mon âme
A peine grattent-ils sa porte de leurs lames
N’ayant pas le temps de saisir, ils explosent
Coup de foudre! C’est ainsi donc que tu t’imposes
Et ton âme est la Foi qui guérit de la chose

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