Vous êtes sur la page 1sur 19

Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

Presses
universitaires
de Rennes
Histoires de la souffrance sociale | Chauvaud Frédéric

Souffrance sociale
et système des
émotions
L’exemplarité des parcours individuels en France
au XIXe siècle

Frédéric Chauvaud
https://books.openedition.org/pur/6701 Página 1 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

p. 125-135

Entrées d'index

Géographique :
France

Texte intégral
1 L’histoire de la souffrance sociale ne s’inscrit pas seulement
dans le sillage d’une histoire des politiques sociales, des
mouvements d’assistance ou de l’essor du courant
philanthropique1. Elle prend place aussi dans la mouvance
des recherches qui ont privilégié le « redéploiement des
sensibilités » et le réaménagement d’une « culture des
sentiments2 », tout en s’attachant à « l’expérience
douloureuse » que les hommes et les femmes du XIXe siècle,
pouvaient avoir « du monde social3 ». Il importe en effet de
suivre le lent travail des émotions, le désespoir de tel
journalier qui depuis une quinzaine d’années a la sensation
d’être entré en hébétude, ou de tel magistrat qui, se croyant
trahi dans son honneur, tente de se donner la mort, ou
encore de tel personnage qui, issu de l’univers des
tâcherons, ne parvient pas à évoquer son origine familiale
sans éprouver un sentiment de gêne, vif et pénible, qui n’est
pas autre chose qu’une manifestation de la honte sociale4.
Vécue sur le mode de l’individu, cette dernière est amplifiée
par les représentations collectives d’un groupe ou d’une
société. Bien souvent, elle est l’un des ressorts de la
souffrance. Dans un monde où l’horizon s’élargit et où
l’ascension sociale devient imaginable, la « douleur des
douleurs5 », semble être devenue de plus en plus
insupportable. De la sorte, les parcours individuels ne se
réduisent pas à l’histoire des individus et peuvent être
exemplifiés afin de mieux comprendre les travers d’une
époque et les aspirations des hommes et des femmes du

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 2 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

passé.

Le système des émotions


2 L’histoire de la souffrance sociale appartient à l’histoire de la
« vie affective ». Tenue à l’écart des grandes fresques de
l’histoire institutionnelle, éloignée des bouleversements de
la vie politique et du tapage public, elle appartient aux crises
quotidiennes et convulsives des individus. Pour autant, ces
derniers ne peuvent être dissociés des univers sociaux et
culturels auxquels ils appartiennent. Si on se donne plus
volontiers la mort dans le monde du négoce, de la petite
boutique ou du salariat agricole, la souffrance, qui peut
conduire au suicide, relève d’impressions intimes, d’un
travail que l’individu fait sur lui-même et d’un sentiment de
perte.
3 Les trajectoires sociales permettent de mieux comprendre
les drames privés, qui dépassent largement le cadre de
l’individu, et la manière dont se constitue un système
d’émotions6. Autour des années 1880, pour les autorités
médicales les plus prestigieuses, le « sens émotif »
correspond à une sorte de creuset de la sensibilité morale
« où se forment et d’où émanent toutes nos émotions7 ». Les
« malheurs familiaux » aiguisent les troubles du « sens
émotif ». Une journalière de 19 ans, née à Strasbourg de
parents cordonniers, condamnée pour « vol domestique »,
illustre parfaitement l’une de ses existences malheureuses. À
13 ans relate-t-elle : « Ma mère voulait toujour me faire
aprendre l’état de blangiseuse et repaseuse, avent elle me
disait quil falait savoir coudre, pour compensé elle ma mis
chez une lingère que ma mère croyer que je pouvait rester
tranquilement. » Et puis brutalement, c’est l’enchaînement
du malheur. En 1840, sa mère, poitrinaire meurt. Deux ans
plus tard, le père a, semble-t-il, contracté la même maladie.
Ici, la parole de la souffrance souligne nombre d’aspects
dont un nous importe. Il montre que l’étude de la souffrance

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 3 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

sociale passe par une combinaison des « expressions


affectives » et des « pratiques sociales » qui viennent se
greffer sur elles. De la sorte, les itinéraires personnels
peuvent être « exemplifiés » et restituent dans leur intensité
la douleur sociale. L’histoire d’un « état » – on « est » en
souffrance – offre un autre intérêt ; elle permet, par le biais
de l’histoire des sensibilités, de fondre l’histoire sociale et
l’histoire des représentations. Jeanne Bouvier, dans ses
« mémoires », relate l’histoire de la débâcle de sa famille.
L’« invasion du phylloxera » a, en effet, provoqué à la fois la
ruine du père, tonnelier, et la métamorphose de l’enfant en
jeune ouvrière de 11 ans. Mais le désastre social n’est pas
désincarné et ne peut, à la manière d’une chronique sèche et
distanciée, être isolé des émotions. Le récit vécu, même s’il
est reconstruit par les souvenirs, ne ressemble pas aux textes
des enquêteurs sociaux. Le sentiment de dignité apparaît à
l’évidence omniprésent, alors qu’il est occulté de la plupart
des études historiques. Lorsque la famille de Jeanne Bouvier
déménage, emporte quelques meubles, elle ne peut
empêcher au bout de quelques temps, ni la misère de la
rattraper, ni la saisie des biens restants : « À la vue d’un
huissier, rapporte Jeanne Bouvier, je me crus déshonorée
pour toujours, et il me semblait que les habitants du pays
me montraient du doigt. Je fus complètement bouleversée,
comme si nous avions été des criminels… » Dans l’instant, le
sentiment qui sature l’univers mental de la gamine est celui
de la « honte ». Plutôt que de retourner à la fabrique et se
« résigner à vivre dans une telle détresse », elle souhaite se
noyer. Mais comme elle ne dispose pas d’un tablier propre,
elle ne passe pas immédiatement à l’acte. Elle ne veut pas
que l’on puisse ajouter à la honte, le mépris social. Lorsque
l’on découvrira son cadavre, songe-t-elle, il importe que l’on
ne puisse dire que ses effets étaient sales. Sa mère refuse de
lui en donner un propre et ainsi l’empêche, sans le savoir, de
se suicider8. D’autres situations montrent bien que le

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 4 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

désespoir personnel s’inscrit dans un contexte social. Par


exemple, le 6 février 1873, dans le département de la Vienne,
un procès-verbal de gendarmerie note de manière lapidaire :
« Suicide dans un puits du Sieur A., âgé de 38 ans, fermier
au village La Roche. Le 31 janvier dernier, jour où le sieur A.
témoignant devant le juge d’instruction au tribunal de
Montmorillon sur une demande en séparation introduite en
justice par époux A. cet homme était en proie au plus violent
désespoir9. » Toutefois, le passage à l’acte relève de logiques
toujours complexes qui ne peuvent être réduites à une
explication unique. Dans les sociétés d’interconnaissance –
communautés de village ou de quartier – dans lesquelles
tout le monde connaît tout le monde, les déchirements
familiaux et les mésaventures conjugales ne peuvent être
dissimulés. Au cabaret ou dans la rue, au lavoir ou au
marché…, la vie privée10 est placée sous le regard social,
aussi les frontières entre l’espace public et la sphère privée
sont extrêmement poreuses. Séparé de sa femme, un mari
écrit à sa fille : « Je ne sai quel marche prendre Je nose plus
sortir de ches moi raporte a la honte Du monde11. » Ici des
dissensions personnelles conduisent au rétrécissement de
l’univers social puis à une forme d’ostracisme. La douleur
presque palpable est placée sous le regard des autres.
4 Toutefois, il existe plusieurs « systèmes d’émotions12 »,
tantôt cloisonnés, tantôt imbriqués. Ils dépendent des
personnalités, des univers sociaux, de l’âge et de bien
d’autres facteurs encore… Que penser en effet des
sentiments d’un journalier sexagénaire déambulant dans les
campagnes et qui confie à qui veut bien lui prêter une oreille
attentive qu’il ignore où demeurent ses enfants : « Ils ne
veulent pas me voir, parce que je ne travaille plus, si j’avais
quelques années de plus je les ferais payer13. » Que penser
également des confidences discrètes d’un vieillard persuadé
que sa famille qui vient tout juste d’accéder à
l’indépendance, ne lui viendra pas en aide car il est devenu

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 5 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

une charge pour elle, aussi décide-t-il de se pendre dans une


grange ? Les tragédies personnelles relèvent toujours, à des
degrés divers, de déterminations sociales.
5 Des émotions plus vivement ressenties ébranlent donc les
impulsions du Moi et bouleversent l’ordonnancement des
sentiments. Certains récits sont bouleversants lorsque,
déclinés sur le mode distant, ils relatent d’horribles
massacres à l’instar d’une confession chuchotée en 1853, par
un jeune homme, après son arrestation aux Rochers, écart
poitevin appartenant à la commune de Beaumont qui vient
de commettre l’irréparable. S’ils dévoilent des haines
familiales, ils sont aussi le révélateur, au-delà du Code civil,
de la manière dont les héritages sont réalisés, et de la façon
dont est vécu la transmission des biens patrimoniaux :
« C’est le partage que ma mère avait entre nous qui m’a
porté à faire le mal. Elle avait toujours été injuste à mon
égard, j’avais remarqué qu’elle favorisait en tout mon frère à
mon préjudice. Indépendamment du partage qu’elle avait
fait, et par lequel elle lui avait donné une maison qui valait
quatre fois plus celle qu’elle me donnait à moi-même, elle
avait voulu lui reconnaître une obligation de cinq cents
francs14… » Le sentiment d’injustice, réel ou imaginaire,
relève bien de la souffrance sociale.
6 La conscience de soi et l’intériorisation de la souffrance vont
de pair. L’un comme l’autre ont épousé leur temps, même
s’ils n’ont ni la même intensité ni la même acuité. Dans le
basculement de la société française, autour des années 1870-
1880, les catégories de ceux qui souffrent, et les modalités
de la souffrance ont changé. Les frontières infranchissables
entre groupes sont devenues perméables. Les barrières
sociales héritées de l’Ancien Régime semblent inébranlables
dans la première moitié du XIXe siècle. De même lorsque
surgit et s’impose la France des « capacités », d’autres
séparations mentales et sociales sont dressées. Pour ne
prendre qu’un exemple, qui accompagne les combats en

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 6 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

faveur de la reconnaissance et de la considération sociales15,


celui des officiers de santé souvent raillés et méprisés par les
docteurs en médecine, parfois même confondus avec les
empiriques, sont déclarés officiellement en extinction en
1892. Désormais il n’y a aura plus qu’un seul corps. Pour
autant ceux qui sont titulaires du titre pourront continuer à
exercer. Pour certains, les dispositions du législateur n’ont
fait qu’envenimer une situation qu’ils vivaient
douloureusement. De la sorte, l’existence n’est plus que
sarcasmes et quolibets de la part de « messieurs les
docteurs », se lamentent quelques officiers de santé. Et
lorsque les praticiens sont appelés comme expert judiciaire
près des tribunaux, il leur faut attendre un avis de la Cour de
cassation pour que leur propos soit bien considéré comme
une opération d’expertise et non comme un simple
témoignage. Rares sont les individus placés dans cette
situation qui ne la ressentent pas comme particulièrement
humiliante.

Au cœur de l’identité souffrante


7 Les individus n’expriment pas seulement une souffrance
personnelle, ils sont les porte-parole d’une douleur
collective. L’histoire de ceux qui souffrent, car ils se battent
contre eux-mêmes, leur milieu, leur destinée familiale, la
place sociale qui leur est faite ou encore les rets de la fatalité
est indissolublement liée à une vision du monde. Que cette
dernière s’effrite ou s’écroule, qu’il se produise un choc,
comme une prise de conscience, et la douleur s’impose. Un
accident, un renvoi, une mauvaise récolte, la mort d’un
parent qui entraînent le déclassement sont autant de micro-
événements qui affectent la vie de chacun.
8 La souffrance sociale peut conduire à la prostration, au
renoncement de certaines choses, à la gêne persistante…
Tout le monde, certes, ne réagit pas de la même manière, ni
ne s’exprime pareillement. La façon de se débattre entre ses

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 7 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

désirs et la réalité tangible, entre ce que l’on est devenu par


rapport à ce que l’on rêvait, diffère selon les individus et les
groupes. Sans chercher à établir un diagnostic précis,
Alphonse Rabbe propose à ses lecteurs une plongée au cœur
de l’identité souffrante. N’est-ce-pas dans le naufrage
successif de ses projets qu’il élabore, dès la Restauration,
une philosophie du désespoir16 ? Tandis que ses ambitions
de devenir peintre, musicien, acteur s’évanouissent
inexorablement, il dénonce la curée sociale, le mouvement
qui entraîne toute la société vers l’appropriation de biens au
détriment du plus grand nombre. Il dénonce l’éducation, le
travail masquant la conduite égotiste, l’« opinion des sots ».
L’ensemble « prépare évidemment des victimes au
malheur : rien de plus fréquent que de voir des revers de
fortune, des froissements inattendus déjouer des plans trop
prématurés en même temps que trop absolus17… » La
conscience de son talent se heurte à une société qui apparaît
bloquée et qui semble s’ingénier à limiter les aspirations
personnelles et la mobilité collective.
9 Dans les sociétés et les associations dites « traditionnelles »,
comme les sociétés villageoises ou les compagnons du tour
de France, la place et les rôles des individus sont distribués
de façon presque intangible. Dans les campagnes de Seine-
et-Oise ou du Poitou, celui qui n’a pu conserver sa place de
premier charretier et celui qui a dû vendre les terres
paternelles deviennent des parias, des « mercenaires », pour
reprendre une expression usuelle dans la seconde moitié du
e
XIX siècle. Mais, même si tel ou tel est « descendu très bas »,
il possède la possibilité de « grignoter sur le malheur » et de
reconquérir une position sociale18.
10 Quelques récits romanesques illustrent la souffrance sociale
ordinaire, telle qu’on pouvait en rendre compte au milieu du
e
XIX siècle. Dans un roman méconnu, publié au début du
Second Empire, Champfleury, usuellement présenté comme
l’initiateur du réalisme français, exerce sa faculté de

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 8 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

discernement, tout en laissant le soin à d’autres de vérifier


ses intuitions pertinentes. Il observe les tourments d’un
professeur19. L’intrigue a pour cadre le collège Tassin. Le
personnage principal est désigné par la critique positive
comme « un pauvre diable de savant incompris ». Avec cette
simple formule se nouent deux aspects essentiels de la
souffrance sociale : le premier étant le regard que l’on porte
sur soi, le second étant le regard que les autres portent sur
vous. Dans le récit imaginé par Champfleury, un professeur,
M. Delteil, soucieux de composer un dictionnaire grec, est
l’objet, chaque jour, d’un « nouveau tourment » inventé par
ses élèves. Il est également l’objet de brimades de la part du
principal : « Un de ces petits des postes de clocher qui se
plaise à humilier de leur supériorité tout individu trop digne
pour ramper devant eux ou trop faible pour oser résister à
leur tyrannie. » À cela s’ajoutent les ravages provoqués par
un sentiment amoureux qu’il ne peut déclarer et qu’il est
obligé de refouler. Aussi, lorsque l’autorité est bafouée et ne
parvient pas à s’affermir, lorsque le statut social que l’on
occupe ne correspond pas à ses aspirations ou autorise à
chaque instant mille rebuffades, lorsque dans ses relations
de voisinage, d’amitié… l’image que l’on a de soi est brisée
puis mal reconstruite à maintes reprises, se dessine la
gamme des souffrances sociales, amplifiées par les
conditions de vie concrètes.
11 Il existe aussi « un genre autobiographique » fait de récits
minuscules de la souffrance. La correspondance qu’un
paysan-charpentier-dessinateur entretient avec son frère est
exemplaire puisqu’elle renseigne sur sa situation et ses
aspirations sociales. Son cahier se présente comme une
longue litanie plaintive. Un peu à la manière du livre de Job,
la fatalité sociale semble s’acharner sur lui et il conte par le
menu ses états d’âme et le récit de ses tourments. Un extrait
illustre la tonalité d’ensemble : « Créé par les effets de la
nature […] je fus maudit par le créateur et par la voie de

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 9 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

celle qui, repentie, se reprochait la faiblesse du péché


originel, c’est sur moi que retomba le fléau de la
malheureuse destinée que j’ai ressenti20. » La douleur
personnelle est presque toujours située dans un
environnement social.
12 Stigmates et mépris sociaux l’illustrent plus
particulièrement. Des injures comme « fainéant »,
« mendiant », « propre à rien » sont douloureusement
reçues. Les débats de tel tribunal correctionnel montrent
que de semblables épithètes cinglent plus fortement encore
que ne l’aurait fait un coup donné21. L’injure est une façon
de creuser la distance sociale. Mais le mépris qui provoque
une vive douleur emprunte d’autres chemins et s’adresse à
de multiples catégories. La condition des ouvriers, la misère
des bonnes, les difficultés des compagnons, la situation des
domestiques, le destin des vagabonds, le statut des
concierges… sont tous, à un titre ou à un autre, l’objet d’une
stigmatisation sociale qui renseigne sur la dénomination de
ceux qui souffrent et sur les figures du mépris. Léon Cladel,
l’un des porte-parole du roman rustique, décrit l’homme des
campagnes comme un « rustre » ou un « quadripède
ambulant sur deux pieds22 ». L’humiliation est bien une
composante de la souffrance. Employé à la tâche, un
journalier rapporte les propos d’un architecte qui n’a pas
cherché à les dissimuler : « Ces gens ne comprennent pas le
mot enfoncer, il aurait fallu dire : cogner23. » Dans le même
registre, les « Messieurs » se promènent et n’ont que
commisération et morgue pour les paysans… En 1906,
Pierre Lelong publie Au pays des grenouilles bleues, qui
comporte plusieurs chansons. L’une d’entre elles illustre
l’écart entre la ville et la campagne et le malaise pouvant
glisser jusqu’à la souffrance :
« Croquants, dites-vous, que signifie ce mot ?
C’est vrai nous cultivons la terre,
Nous portons la blouse et vous des paletots… »

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 10 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

Il faut alors prendre l’offensive :


« Ne vous fâchez pas Messieurs les Parisiens,
[…] Mais nous pouvons vous appeler badauds
Puisque nous autres paysans
Vous nous appelez des croquants24 ! »

13 La stigmatisation de la paysannerie, des provinciaux, des


ouvriers, des femmes… dessine les contours sociaux d’un
groupe qui est dévalorisé, raillé et exclu. De la sorte, les
observations des enquêteurs sociaux, des autorités ou des
voyageurs renseignent sur l’identité souffrante. Dans cette
perspective, les comptes-rendus de procès qui relèvent aussi
du « discours descriptif » sont un moyen privilégié pour
saisir, à la manière d’un instantané, la souffrance. Les
chroniqueurs judiciaires ou les tribunaliers25 proposent à
leurs lecteurs des portraits qui relèvent de la
physiognomonie des audiences26. De la sorte, ils se montrent
sensibles aux signes de la douleur : « L’accusé est de petite
taille, grêle, les épaules tombantes ; son visage, encadré
d’une barbe clairsemée, ravagé par les souffrances physiques
et morales, provoque plutôt la pitié que la répulsion27. »

Les parcours de la souffrance


14 Les itinéraires individuels sont en grande partie des
parcours sociaux. Pour autant, même en tenant compte du
poids de la reproduction sociale et des stratégies familiales,
il n’existe pas de déterminisme simpliste et automatique28.
Certains individus sont devenus ce qu’ils n’auraient jamais
dû devenir, d’autres, dont la destinée semblait toute tracée,
ont connu un tout autre avenir. Certaines trajectoires
peuvent être vécues comme des réussites personnelles et
sociales, mais aussi comme des reniements, voire des
trahisons. Que l’on songe par exemple à tel ouvrier devenu
contremaître ou à tel autre devenu patron. De tels
mouvements engendrent des troubles et des conflits étudiés
en particulier par les sociologues29, mais délaissés par les

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 11 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

historiens. Il est vrai que, à de rares exceptions près, les


recherches prosopographiques ne se sont intéressées qu’aux
élites, aux ministres, aux parlementaires, aux membres des
professions libérales… ou aux militants, catégories définies
en fonction d’un statut et d’un devenir. Il importe pourtant
de déplacer le regard de la recherche et de s’attacher aussi
aux humbles, aux anonymes et à ceux qui ont connu
l’échec30. Que sont devenus par exemple ceux qui se sont
présentés à tel concours, ceux qui ont postulé à tel emploi,
ceux encore qui ont été licenciés ou qui, placés comme
domestiques n’ont pas voulu garder leur « place » ?
15 Les migrations saisonnières ou définitives renseignent aussi
sur la souffrance lorsque le réseau dans lequel on est inséré
ne correspond pas aux attentes31. Au dépaysement, peut
s’ajouter la roublardise de personnes du pays. Certains
apprennent un peu tard, qu’ils payent leur place dans un
garni à un tarif très élevé32. Les premières réactions se
situent entre le dépit, la surprise et la colère, mais cela peut
aller plus loin. C’est ainsi qu’en 1864, deux jeunes
Normands se retrouvent à Paris, s’emploient comme épicier
et caressent l’idée d’entreprendre à grande échelle le
commerce du sucre et de la cannelle. Après plusieurs mois,
l’un d’eux s’empare des effets de l’autre. Tous les espoirs
d’ascension sociale se trouvent alors soudainement brisés.
Un chroniqueur note qu’« un jeune normand ne perd pas
impunément son premier patelot, sa première montre, ses
premières bottines vernies et 60 francs sur sa première
fortune ». Vivant une véritable détresse, il ne peut faire
appel à quiconque, il ne connaît personne dans la capitale et
ne veut pas solliciter sa famille, ce qui serait déchoir encore
un peu plus… l’effondrement social précède le drame
individuel. Après quelques vaines recherches, il tombe
malade, entre à l’hôpital et y meure33. Tous ceux qui sont
victimes d’escroquerie, de fraude, d’abus de confiance, en
fonction de leur statut social, de leur position, partagent une

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 12 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

même souffrance même si elle ne conduit pas à la mort. Il


faudrait aussi s’attacher au monde de l’errance et du
vagabondage souvent vécu sur le mode du rejet et de
l’engourdissement34.
16 Les filles de ferme, domestiques ou tâcheronnes sont
souvent, en fonction de leur sexe et de leur position sociale,
des victimes. Toutes jeunes, elles sont placées comme
gardiennes d’oie ou de petits animaux ; à douze ans, on leur
confie des animaux de taille plus respectable, des moutons
notamment. Enfants, jeunes filles ou femmes, il n’est pas
rare qu’elles soient alors l’objet de violences sexuelles. Au
cours du xixe siècle, au moins jusqu’en 1864, ces affaires
connaissent un important essor dont les facteurs sont
multiples. Contentons-nous de signaler que le viol ou
l’attentat à la pudeur s’exercent contre les plus démunies,
celles qui, pour des raisons diverses, sont laissées à l’écart
du contrôle social, ou sous la dépendance d’un maître qui
abuse d’elles en toute impunité35.
17 Dans un autre registre, l’histoire de l’alcoolisme36 s’est
déployée dans de multiples directions, celles des pratiques
de consommations, de la dénivellation géographique ou
sociale des usages, des sociabilités d’estaminet, de la
construction des figures du dipsomane ou de l’ivrogne, des
campagnes antialcooliques et de la constitution des ligues,
de la morale aussi ; et bien d’autres aspects encore… mais la
quasi totalité des travaux disponibles ont délaissé l’étude de
la réaction des proches, épouses et enfants notamment. Les
archives judiciaires et les récits de vie contiennent nombre
de témoignages fugaces qu’il convient de saisir. À la suite de
telle ou telle affaire, une gamine relate les frasques
éthyliques d’un père, elle fait part avec un mélange de
naïveté et de lucidité de ses réactions. Dans un premier
temps, dit-elle, lorsque son père était en « ribote » elle
trouvait cela drôle ; il était amusant, qu’il s’endorme
n’importe où dans un fossé, le long d’un mur, derrière une

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 13 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

haie. Puis l’âge venant, la perception de son père,


aiguillonnée par de multiples remarques moqueuses de
camarades, a changé. Elle commence à éprouver un
sentiment de honte et de culpabilité, il lui semble appartenir
à une famille « tout bizarre ». Plus tard encore, à la honte
s’est ajoutée la peur lorsque les coups ont commencé à
venir ; ils se sont abattus sur sa mère, sur sa sœur et sur elle.
Et puis l’enfer familial est devenu un espace de la souffrance
sociale. Son père, entendait-elle, n’était qu’un « propre à
boire », un travailleur de la terre qui n’a pas su garder sa
position et qui a entraîné dans sa chute l’ensemble de sa
famille. La déclaration de la jeune fille retrace une
généalogie, mais au moment où son témoignage est recueilli
par un juge de paix et consigné par un greffier, il lui faut
subir une nouvelle fois l’épreuve de la souffrance37. Avouer
devant des étrangers ce qu’elle n’a pu confier jusqu’à
présent, construire un récit structuré qui relate la déchéance
paternelle et le stigmate social38.
18 Sans doute faudrait-il multiplier les exemples qui tous
relèvent d’une histoire de la singularité. Les hommes et les
femmes du passé sont des êtres concrets qui peuvent avoir
une conscience plus ou moins aiguë de leur trajectoire39.
L’identité souffrance réside dans ce passé que l’on
préférerait occulter. Celui qui ne possédant aucune terre est
parvenu à devenir métayer puis propriétaire d’une
exploitation de plusieurs dizaines d’hectares peut, en son for
intérieur, se sentir fière d’une ascension sociale qui l’a
propulsé à une place enviée, mais en même temps, il peut
éprouver un sentiment de honte à l’égard de ses origines
modestes. Dans un roman rural, un passage met en scène la
confrontation d’un père et d’un fils. Le premier, parti de
rien, ne possédant guère plus que « quelques liards », s’est
fait une place dans la société poitevine, il demeure à
Poitiers, rencontre les magistrats et les préfets, côtoie les
premières personnalités de la ville, même si la distance

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 14 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

sociale est parfois ostensiblement marquée. Lorsqu’un


différend essentiel l’oppose à son fils, un des premiers
arguments qu’il utilise est de lui demander « s’il a honte de
son père40 ». À la ville, les tensions sont parfois plus fortes
encore. L’univers boutiquier l’illustre. Sorte de creuset
social, il autorise les déclassements comme les promotions.
À Niort ou à Châtellerault, la petite bourgeoisie boutiquière
s’attache à marquer la distance, mais en même temps, elle
est sans cesse confrontée au regard social de ceux qui
peuvent se prévaloir d’une certaine légitimité sociale41. Dans
cette confrontation qui emboîte les perceptions de soi et les
représentations collectives, ce qui est en jeu c’est la dignité
individuelle et sociale. Chaque fois qu’elle se trouve bafouée,
contestée ou raillée la souffrance est là.
19 La souffrance sociale peut être lue comme un déplacement
des seuils de résignation. Elle peut aussi n’être perçue qu’à
travers le prisme de l’économie ou par le truchement de la
répression. Composer une histoire des souffrances sociales
ne revient ni à dresser le portrait d’une société de
« coupables » et de victimes ni à s’attacher au seul
dénuement matériel des plus misérables. Cela consiste
plutôt à poursuivre une forme entrevue ressemblant à la
« misère morale » et qui attire, par la puissance de sa
détresse, l’attention. Paradoxalement, la souffrance sociale
produite par le statut personnel jugé infamant, par le rôle
que l’on ne parvient pas à tenir, par les aspirations qui se
délitent, par les ambitions contrariées menant parfois au
bord de la folie, par les drames et les frustrations de la vie
intime, par le ressentiment « rentré » à l’égard de son
voisinage nécessite, pour en rendre compte, de s’attacher au
« système des émotions ». C’est vers 1880 que Jean
Bourdeau introduisit les « pensées et fragments » de
Schopenhauer, dont le succès de librairie fut foudroyant,
laissant exsangue l’étal des libraires42. Une des premières
maximes de l’ouvrage affirme que « le malheur général est la

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 15 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

règle ». Ne faut-il pas alors convenir que l’ordre du monde


est fondé sur la souffrance qui traverse les catégories
sociales, se moque des familles les plus unies, se raille des
personnalités les plus fortes ? Un tel discours, repris et
amplifié culmine au début de la IIIe République.
Assurément, il traduit un véritable désarroi social qui ne
concerne pas que les seuls tourments individuels et qui ne
peut être mis sur le seul compte d’un nervorisme fin-de-
siècle.

Notes
1. Voir en particulier, Giovanna PROCACCI, Gouverner la misère. La
question sociale en France, 1789-1848, Paris, Seuil, 1993, 375 p. ;
Catherine DUPRAT, Pour l’amour de l’humanité, Le temps des
philanthropes. La philanthropie parisienne des Lumières à la
monarchie de Juillet, Paris, CTHS, 1993, t. I.
2. Frédéric CHAUVAUD, De Pierre Rivière à Landru. La violence
apprivoisée au XIXe siècle, Paris-Turhnout, Brepols, 1991, p. 233-255 et
Les criminels du Poitou au XIXe siècle. Les monstres, les désespéré(e)s et
les voleurs, La Crèche, Geste Éditions, 1999, « Le désordre des
émotions », p. 220-324.
3. Voir les remarques de Roger PRICE, A Social History of Nineteenth-
Century France, New York, Holmes and Meir, 1987, p. 197-258.
4. La présente contribution, en fonction de l’espace dévolu, se contente
de suggérer un certain nombre de pistes, sans aucunement avoir la
prétention de proposer un panorama complet.
5. Voir notamment Alain FAURE et Jacques RANCIÈRE, textes rassemblés
par, La parole ouvrière 1830-1851, Paris, UGE, 1976, 447 p.
6. Se reporter aussi aux travaux de Jules SOURY car ils sont le reflet de
cette époque et sa théorie des émotions (1897), voir en particulier, Le
système nerveux central, Paris, G. Carré et C. Naud, 1899, 1866 p.
7. A. DECHAMBRE, L. LEREBOULLET, Dictionnaire encyclopédique des
sciences médicales, Paris, Asselin et Houzeau-G. Masson, 1887, t.
XXXIV, p. 44.
8. Jeanne BOUVIER, Mes mémoires, Paris, La Découverte/Maspéro,
1983, p. 50-58.

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 16 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

9. Archives départementales de la Vienne, M4 300, 1873.


10. Alain CORBIN, « Coulisses », dans Histoire de la vie privée, Paris,
Seuil, Tome IV, Michelle PERROT (dir.), p. 413-611.
11. Archives départementales de la Vienne, 2 U 1510-1832.
12. Lucien FEBVRE, « La Sensibilité et l’Histoire. Comment reconstituer
la vie affective d’autrefois ? », dans Annales d’Histoire Sociale, III,
repris dans Combats pour l’Histoire (1953), Paris, Armand Colin, 1992,
p. 221-238.
13. Archives départementales des Yvelines et de l’ancien département
de Seine-et-Oise, 1862.
14. Archives départementales de la Vienne, 2 U 1617-2318.
15. Voir Josette PONTET (dir.), À la recherche de la considération
sociale, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, Talence, 1999,
229 p.
16. Alphonse RABBE, Album d’un pessimiste, Paris, (1835), José Corti,
1991, 240 p.
17. Ibidem, p. 53.
18. Archives nationales, BB/20/267-1864.
19. Husson CHAMFLEURY, Les souffrances du professeur Delteil, Paris,
Michel Lévy frères, 1857 (1855), 247 p.
20. Archives départementales des Yvelines, URA 410.
21. Gazette des tribunaux, 16 et 17 septembre 1839.
22. Léon CLADEL, voir notamment Mes Paysans : le Bouscassié (1869),
et surtout Les Va-nu-pieds (1874), notamment la première édition
illustrée, Paris, Richard Lesclide, 240 p.
23. Archives départementales des Yvelines et de l’ancien département
de Seine-et-Oise, U cour d’assises, 1868.
24. Pierre LELONG, Au pays des grenouilles bleues, Bibliothèque de la
société des amis de l’Yvelines, 1906, p. 248-249.
25. Voir en particulier Henri VONOVEN, La Belle Affaire, Paris,
Gallimard, 1925, 230 p.
26. Dans un registre proche, cf. Dr Jean VOITURIEZ, L’expression des
émotions et la physionomie, Paris, 1908, 247 p.
27. Gazette des tribunaux, 5 juillet 1884.
28. Voir Jacques-Guy PETIT (dir.), Intégration et exclusion sociale

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 17 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

d’hier à aujourd’hui, Paris, Anthropos, 1999, 162 p.


29. Voir Vincent de GAULEJAC, en coll. avec I. TABOADA-LÉONETTI, La lutte
des places, Paris, Desclée de Brouwer, 1996 ; ou encore, Le Coût de
l’excellence, avec la coll. de N. AUBERT, Paris, Seuil, 1991 (rééd. 1994).
30. Voir notamment le travail d’Arlette FARGE et Jean-François LA, La
fracture sociale, Paris, Desclée de Brouwer, 2000, 174 p. qui suivent
l’itinéraire singulier de Robert Lefort.
31. Voir notamment, pour une perspective synthétique et large, Pierre
CORNU, « Pour une archéologie sociale des sentiers migratoires. Retour
historien sur la question de la mobilité spatiale dans la France du XIXe
siècle », dans Jean-Luc MAYAUD et Lutz RAPHAEL, Histoire de l’Europe
rurale contemporaine. Du village à l’État, Paris, Armand Colin, 2006,
p. 72-97.
32. Gazette des tribunaux, 1835.
33. Gazette des tribunaux, 1er janvier 1864.
34. Voir notamment Guy HAUDEBOURG, Mendiants et vagabonds en
Bretagne au XIXe siècle, Rennes, PUR, 1998, 434 p., Jean-François
WAGNIART, Le vagabond à la fi n du XIXe siècle, Paris, Belin, 1999, 352
p. ; José CUBERO, Histoire du vagabondage du Moyen Âge à nos jours,
Paris, Imago, 1998, 294 p.
35. Voir par exemples les travaux en cours à l’université de Poitiers sur
les violences sexuelles vues à travers le regard des victimes.
e
36. Voir Didier NOURRISSON, Le buveur du XIX siècle, Paris, Albin
Michel, 1990, 383 p.
37. Archives départementales de la Vienne, 2U 1163-1864.
38. Aude FAUVEL, « Punition, dégénérescence ou malheur ? La folie
d’André Gill (1840-1885) », dans Revue d’histoire du XIXe siècle, n° 26-
27, 2003, p. 277-304.
39. Voir notamment Valérie PIETTE, Domestiques et servantes. Des vies
sous condition. Essai sur le travail domestique en Belgique au XIXe
siècle, Bruxelles, 2000, Académie royale de Belgique, Classe des
Lettres, 521 p.
40. André THEURIET, Le Fils Maugars (1879), repris dans Gens de
Charentes et de Poitou, textes réunis et présentés par Jean-Pierre
BOUCHON et Alain QUELLA-VILLEGER, Paris, Omnibus, 1995, p. 151.
41. Archives départementales des Deux-Sèvres, 2 U 1520-1840.
42. Arthur SCHOPENHAUER, Pensées et fragments, Paris Alcan, (1880),

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 18 de 19
Histoires de la souffrance sociale - Souffrance sociale et système des émotions - Presses universitaires de Rennes 08/09/2019 17)36

rééd. Paris, Rivages, 1990, 230 p.

Auteur

Frédéric Chauvaud
© Presses universitaires de Rennes, 2007

Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540

Référence électronique du chapitre


CHAUVAUD, Frédéric. Souffrance sociale et système des émotions :
L’exemplarité des parcours individuels en France au XIXe siècle In :
Histoires de la souffrance sociale : XVIIe-XXe siècles [en ligne]. Rennes :
Presses universitaires de Rennes, 2007 (généré le 08 septembre 2019).
Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/6701>.
ISBN : 9782753529861. DOI : 10.4000/books.pur.6701.

Référence électronique du livre


FRÉDÉRIC, Chauvaud (dir.). Histoires de la souffrance sociale : XVIIe-
e
XX siècles. Nouvelle édition [en ligne]. Rennes : Presses universitaires
de Rennes, 2007 (généré le 08 septembre 2019). Disponible sur
Internet : <http://books.openedition.org/pur/6684>. ISBN :
9782753529861. DOI : 10.4000/books.pur.6684.
Compatible avec Zotero

https://books.openedition.org/pur/6701 Página 19 de 19

Vous aimerez peut-être aussi