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no 59 décembre 2012

PÊCHE & AQUACULTURE


EN EUROPE
Secteurs maritimes: développer la croissance bleue
Avis scientifiques: pour le grand public
Reportage: le port de Castletownbere

Affaires
maritimes
et pêche
SUPPLÉ
MENT
La dorad
C A L E N D R I E R e / La mou
le
2 fiches
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mpre
l’aquacu ndre
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Conférences et réunions 2 CALENDRIER


North Atlantic Seafood Conference,
Bergen (Norvège), 5-7 mars 2013
Site web: www.nor-seafood.com 3 ÉDITORIAL
E-mail: jjl@messe.no / sfs@messe.no
Tél.: +47 66 93 91 00 La bonne nouvelle

Aquaculture 2013, Nashville (Tennessee, USA),


21-25 février 2013 4!8 DOSSIER
Site web: www.was.org
E-mail: worldaqua@aol.com
Croissance et emploi:
Tél.: +1 760 751 5005 les nouveaux credo maritimes
Les cinq secteurs bleus en croissance
Agenda institutionnel
Commission Pêche du Parlement européen La Déclaration de Limassol
Site web: www.europarl.europa.eu
E-mail: ip-PECH@europarl.europa.eu
Tél.: +32 2 284 49 09 (Bruxelles) 9 ACTUALITÉ
ou +33 3 88 17 67 69 (Strasbourg)
a• •G>KSFBO•
• ORUBIIBP• BIDFNRB
Des avis scientifiques vulgarisés
a• •CĸSOFBO•
• ORUBIIBP• BIDFNRB
a• •J>OP•
• ORUBIIBP• BIDFNRB
10!11 SUR LE TERRAIN
Conseil Agriculture et Pêche de l’Union européenne
Site web: www.consilium.europa.eu
Le port de Castletownbere
a• •G>KSFBO•
• ORUBIIBP• BIDFNRB
a• •CĸSOFBO•
• ORUBIIBP• BIDFNRB
a• •J>OP•
• ORUBIIBP• BIDFNRB
12 EN BREF

Avis aux lecteurs


Faites-nous parvenir vos commentaires ou suggestions à l’adresse suivante:
Commission européenne – Direction générale des affaires maritimes et de
la pêche – Unité «Information, communication, relations inter-institutionnelles,
évaluation et planification» – Rue de la Loi 200 – B-1049 Bruxelles
ou par télécopieur au (+32) 2 297 95 64, en mentionnant
Pêche & aquaculture en Europe. E-mail: fisheries-magazine@ec.europa.eu

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ȩAMKKGQQ?GPCȩ?SVȩ?DD?GPCQȩK?PGRGKCQȩCRȩİȩJ?ȩNĹAFCȩ
> http://ec.europa.eu/commission_2010-2014/damanaki/index_en.htm
bȩ*?NNJGA?RGMLȩJRJ?QȩK?PGRGKCȩCSPMNĸCLȩ> http://ec.europa.eu/maritimeaffairs/atlas/index_fr.htm
bȩȩ*CȩQGRCȩRFĸK?RGOSCȩBCȩJ?ȩNĹAFCȩ> http://ec.europa.eu/fisheries/index_fr.htm
bȩȩ*?BPCQQCȩBSȩQGRCȩBCQȩ?DD?GPCQȩK?PGRGKCQȩ> http://ec.europa.eu/maritimeaffairs/index_fr.htm

Pêche & aquaculture en Europe est un magazine publié par la Direction générale des affaires maritimes et de la pêche de la Commission européenne.
Il est distribué gratuitement sur simple demande d’abonnement (voir coupon à la page 12). Pêche & aquaculture en Europe paraît cinq fois par an et
est également disponible sur le site internet de la Direction générale des affaires maritimes et de la pêche de la Commission européenne
(http://ec.europa.eu/fisheries/publications/magazine_fr.htm).
Éditeur responsable: Commission européenne, Direction générale des affaires maritimes et de la pêche, le directeur général.
Clause de non-responsabilité: bien que la Direction générale des affaires maritimes et de la pêche soit responsable de la réalisation générale du présent magazine,
la Commission n’a ni adopté ni approuvé, de quelque manière que ce soit, les positions exprimées dans cette publication. Toute déclaration faite dans ce magazine
ne peut être interprétée comme étant le reflet des opinions de la Direction générale des affaires maritimes et de la pêche de la Commission européenne.
La Commission ne garantit pas l’exactitude des données mentionnées dans la présente publication.
La Commission ou toute personne agissant en son nom décline toute responsabilité pour tout usage qui peut être fait de ce magazine.
© Union européenne, 2012
Reproduction autorisée, moyennant mention de la source.
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Illustrations (Sparus aurata – Mytilus edulis / Mytilus galloprovincialis): © Scandfish

Printed in Belgium – I       


n° 5 9 I D É C E M B R E 2012 I P Ê C H E & A Q U A C U LT U R E E N E U R O P E

É D I T O R I A L

La bonne nouvelle
Les bonnes nouvelles valent la peine qu’on en parle. Surtout lorsqu’elles sont économiques – tout particulièrement dans
le climat économique et financier que nous connaissons. La bonne nouvelle, c’est que l’économie bleue européenne se
porte bien et, surtout, qu’elle nous offre des opportunités de croissance durable. La valeur ajoutée qu’elle crée et l’emploi
qu’elle génère sont en croissance. Et il semble acquis que cela ne va pas s’arrêter en si bon chemin. C’est ce que nous
annonce la récente initiative de la Commission européenne sur la «croissance bleue», que nous développons plus loin dans
les pages de ce magazine.

De fait, les entreprises maritimes européennes sont actuellement en plein essor. Elles sont portées par la bonne santé des
secteurs clefs comme le fret, le tourisme de croisière et l’énergie éolienne off-shore. Ces secteurs entraînent également
dans leur dynamique des secteurs de niche ou en devenir comme la construction navale à haute technologie (les bateaux
BCȩAPMGQGķPC ȩ+ĹKCȩJ?ȩNĹAFC
ȩOSGȩTGRȩBCNSGQȩJMLERCKNQȩSLCȩGKNMPR?LRCȩAPGQCȩBCȩJ?ȩPCQQMSPAC
ȩPCAķJCȩCLAMPCȩBCQȩLGAFCQȩBCȩ
croissance, comme nous l’évoquons plus loin dans notre reportage en Irlande.

C’est une aubaine. Dans une Europe terrestre qui se débat dans la crise économique et essaie de sortir de la morosité,
ces perspectives de croissance sont cruciales pour le XXIe siècle. En plus de la croissance des secteurs classiques, il y a éga-
lement de bonnes perspectives dans un bon nombre d’activités émergentes. Ce potentiel ne participe pas seulement à des
emplois hautement qualifiés, mais aussi à une Europe efficace dans l’utilisation des ressources, grâce à un tourisme
durable, une expansion des énergies marines renouvelables, une plus grande diversité de produits d’aquaculture et une
industrie biotechnologique exploitant l’extraordinaire biodiversité de la mer.

Les décideurs européens sont conscients de cette opportunité. Le 8 octobre dernier à Limassol, à Chypre, les ministres
en charge des affaires maritimes des États membres de l’Union européenne ont clairement exprimé leurs attentes par
rapport aux promesses qui concernent l’économie bleue. Conjointement avec la Commission, ils se sont engagés à tout
mettre en œuvre pour que ces promesses soient tenues.

Pour baisser le coût de l’engagement dans ces nouvelles activités et pour stimuler le développement de produits et de
services innovants, l’Union européenne entreprend une série d’initiatives visant à améliorer la connaissance des océans
grâce à la mise en réseau des fournisseurs de données marines, à donner aux acteurs maritimes l’espace dont ils ont
besoin grâce à une meilleure planification de l’espace marin et à protéger ces nouvelles activités avec une surveillance
maritime d’un meilleur coût-efficacité.

+?GQȩACRRCȩAPMGQQ?LACȩLCȩBMGRȩN?QȩBCTCLGPȩSLCȩTCPQGMLȩKMBCPLCȩBCȩJ?ȩPSĸCȩTCPQȩJMP
ȩA?SQ?LRȩBCQȩBMKK?ECQȩGPPĸN?P?@JCQȩ
à des écosystèmes uniques. Ces mêmes mesures – meilleure connaissance de la mer, meilleure surveillance maritime,
meilleure planification spatiale – peuvent faciliter un usage plus rationnel de nos océans tout en sauvegardant leur
biodiversité.

Nombreux sont les défis, mais nombreuses aussi sont les opportunités. C’est pour cela que la croissance bleue peut réel-
lement être une bonne nouvelle devenue réalité.

La rédaction

3
D O S S I E R

Croissance et emploi:
les nouveaux credo maritimes
La politique maritime de l’Union européenne a pris une Mobiliser les fonds publics
nouvelle dimension. Cela s’est passé en deux temps.
Le 13 septembre, la Commission européenne adoptait Pour les secteurs traditionnels tels que le transport maritime et le tou-
une Communication sur la croissance bleue, engageant risme maritime et côtier, il s’agit de trouver les moyens d’améliorer
les secteurs maritimes à se développer pour aider l’Europe leur compétitivité. Pour les secteurs émergents, tels que les énergies
à redresser son économie. Le 8 octobre, à Limassol, renouvelables marines et la biotechnologie bleue, il s’agit d’accélérer
à Chypre, à l’occasion d’un Conseil des ministres infor- leur développement pour générer davantage de produits et de ser-
mel, cet appel était relayé par l’adoption d’un programme vices et pour créer davantage d’emplois. Il faut aussi penser à orga-
pour la croissance et l’emploi dans le secteur maritime. niser des transferts de savoir-faire des secteurs traditionnels vers les
L’économie «bleue» est devenue un pilier de la Stratégie secteurs émergents.
Europe 2020.
Par dessus tout, la Commission accorde une attention particulière
C’est incontestablement un tournant. Jusqu’à présent, la politique à ces secteurs émergents. Elle en a listé cinq qui présentent un poten-
maritime intégrée essayait de mettre fin à la compartimentation des tiel de croissance intéressant et auxquels une action ciblée pourrait
politiques au profit du développement durable. Il fallait décloisonner donner une impulsion supplémentaire (voir les pages suivantes).
les secteurs économiques axés sur la mer de manière à les engager
dans un développement cohérent et durable. En cinq ans d’une poli- Ce sont bien sûr les entreprises privées qui doivent prendre des initia-
tique basée non pas sur une législation, mais sur une logique de per- RGTCQȩCRȩGLTCQRGPȩB?LQȩJCSPȩBĸTCJMNNCKCLR ȩ+?GQȩJCȩNMJGRGOSCȩNCSRȩĸE?-
suasion et un dialogue constant avec les protagonistes, des bases ont lement contribuer à ces investissements, de préférence en mobilisant
été jetées pour faciliter et pour mieux encadrer l’évolution de l’écono- le potentiel de croissance inexploité. Les États membres et les entre-
mie «bleue». prises sont donc invités à utiliser au mieux les Fonds structurels et les
programmes de recherche scientifique, en ciblant des projets suscep-
En adoptant sa Communication (1) sur la croissance bleue, la Com- tibles de créer de l’innovation et d’apporter une réelle valeur ajoutée
mission européenne connecte en quelque sorte les secteurs bleus à l’économie bleue, tout en assurant également la préservation de
à l’ensemble de l’économie européenne et les place très haut dans la la biodiversité et la protection de l’environnement marin et côtier.
liste des priorités politiques et entrepreneuriales. Dans le contexte de
morosité économique que nous connaissons aujourd’hui, les potentiali- Ces perspectives de développement ne concernent pas que les pays
tés de développement que présentent la plupart des secteurs maritimes côtiers. Les chaînes de valeur maritimes peuvent intégrer des entre-
peuvent en effet contribuer à dynamiser l’économie et lui permettre prises ou des centres de recherche situés loin à l’intérieur des terres
d’atteindre les objectifs de croissance et de création d’emplois que ou dans les États membres enclavés. Ce développement ne concerne
l’Union européenne (UE) s’est fixés dans sa Stratégie Europe 2020. pas que les grands acteurs, car tous les pans de la société sont sus-
ceptibles de profiter des retombées de cette croissance.
Les chiffres montrent que l’économie bleue est déjà une «success
story». Aujourd’hui, les secteurs maritimes de l’UE génèrent 485 mil-
liards EUR de valeur ajoutée brute et emploient 5,4 millions de per-
sonnes. Sur la base de projections réalistes, on peut aujourd’hui
compter pour 2020 sur une valeur ajoutée brute de 600 milliards EUR
et sur 7 millions d’emplois. La croissance est donc à peu près acquise.
Et la Commission européenne veut non seulement favoriser cette
croissance mais, surtout, l’amplifier. Pour cela, son objectif est double:
lever les obstacles qui entravent cette croissance et mettre en place des
solutions intelligentes pour stimuler les secteurs maritimes émergents.

(1) La croissance bleue: des possibilités de croissance durable dans les secteurs marin et maritime !-+ȩȩDGL?J

4
mȩ&CLBCPWAIVȩ$MRMEP?DGC

Dans sa Communication sur la croissance bleue, la Commission européenne


connecte l’économie bleue à l’ensemble de l’économie européenne et la place
très haut dans la liste des priorités politiques et entrepreneuriales.

D O S S I E R

Les cinq secteurs bleus en croissance


La Commission européenne distingue cinq secteurs de Quelques chiffres récents. En 2011, l’éolien marin représentait 10 %
l’économie maritime qui présentent un potentiel intéres- de la puissance installée en Europe (3,8 GW), 35 000 emplois directs
sant en matière de création d’emplois et de croissance. et indirects et 2,4 milliards EUR d’investissements annuels. Et cela ne
Ces secteurs méritent une attention politique particulière, fait que commencer. Si on se base sur les plans nationaux, l’éolien
pour écarter les obstacles qui pourraient empêcher la réa- K?PGLȩPCNPĸQCLRCP?GRȩCLȩ
ȩ
ȩKGJJG?PBQȩBCȩIGJMU?RRQ FCSPC
ȩȩϤȩ
lisation de ce potentiel, mais aussi pour faire en sorte que de la demande d’électricité de l’UE (14 % en 2030) et 170 000 emplois
leur croissance soit durable. Cette liste dressée par la Com- (300 000 en 2030).
mission n’est pas exhaustive: d’autres secteurs maritimes,
actuels et à venir, font et feront l’objet de développements Par contre, les autres technologies de production d’énergie renouve-
politiques, si cela s’avère nécessaire. lable en mer en sont encore à leurs balbutiements. Et les plans natio-
naux ne laissent prévoir que des développements modestes dans ce
L’énergie bleue domaine. Pourtant, les autres technologies énergétiques marines pré-
sentent un avantage considérable: leur constance, alors que l’éolien
L’objectif de l’Union européenne (UE) d’arriver à 20 % d’énergie pro- reste soumis aux fluctuations de la force des vents.
duite à partir de sources renouvelables en 2020 a été à l’origine
d’un développement rapide de ce secteur dans les États membres. Quelles sont ces énergies alternatives à l’éolien?
Grâce à la puissance énergétique des vents, des courants marins et de
la houle, la mer est devenue un des terrains privilégiés de ce dévelop- L’usine marémotrice – Une structure similaire à un barrage ferme
pement. Jusqu’à présent, c’est à l’éolien off-shore que cette tendance une baie ou un estuaire et capte l’énergie produite par les masses
a presque exclusivement profité. d’eau qui y entrent et en sortent. Exemple: la centrale électrique de
*?ȩ0?LACȩ$P?LAC
ȩOSGȩBGQNMQCȩBSLCȩA?N?AGRĸȩBCȩȩ+5

5
Les dispositifs houlomoteurs et les hydroliennes – Ces appareils fixés Le tourisme
au sol marin contiennent une turbine qui, actionnée par le courant ou
par les vagues, produit de l’électricité. Ces appareils commencent à être Aujourd’hui, le tourisme maritime et côtier est l’activité économique
AMKKCPAG?JGQĸQ
ȩQMSQȩDMPKCȩBCȩQRPSARSPCQȩGLBGTGBSCJJCQȩȩ+5 ȩ maritime la plus importante: elle emploie environ 2,5 millions de travail-
leurs, soit 1,1 % de l’emploi total dans l’UE. Plus de 90 % des entreprises
Pour la Commission européenne, il est essentiel d’arriver à accélérer de ce sous-secteur sont des entreprises de moins de 10 personnes, alors
la commercialisation de ces énergies marines alternatives en rédui- que certains segments, comme les lignes de croisières, sont clairement
sant les coûts technologiques. Pour cela, elle examine la mise en place dominés par de très grands acteurs internationaux.
de mécanismes de soutien à plusieurs niveaux: pour faciliter les inves-
tissements dans les raccordements réseau et dans la capacité de Une chose apparaît clairement: la navigation de plaisance et les croi-
transport, pour renforcer la recherche et le développement et pour sières sont en pleine expansion. En Europe, le tourisme de croisière
augmenter la confiance des investisseurs financiers, notamment par emploie près de 150 000 personnes et génère un chiffre d’affaires
des cofinancements via les Fonds structurels. de 14,5 milliards EUR. Cet essor favorise l’industrie: les chantiers navals
de l’UE se sont spécialisés dans la construction des grands bateaux de
L’aquaculture croisière et des petits bateaux de loisir.

Le paradoxe de l’aquaculture européenne a souvent été évoqué Le tourisme ne peut s’épanouir que dans un contexte particulier. Outre
dans ce magazine. Alors qu’au niveau mondial, ce secteur enregistre l’attractivité de la côte, il faut un environnement sain (eaux de bai-
un taux de croissance de 6,6 % par an, voilà plus de 10 ans qu’il est gnade de qualité et habitats naturels préservés), des infrastructures
en stagnation en Europe. Pourtant, il existe une demande: les produits efficaces (installations portuaires, lieux d’amarrage, transports), un
d’aquaculture représentent actuellement 25 % de la consommation personnel compétent et une offre étendue sur toute l’année, y com-
européenne de poissons, mollusques et crustacés, part qui devrait pris la basse saison.
augmenter dans l’avenir. Résultat: l’Europe ne peut rencontrer cette
demande qu’avec un appoint considérable de produits d’importation. Pour maintenir la croissance du tourisme maritime et côtier et assurer
sa durabilité, la Commission préconise l’ouverture d’un certain nombre
Les raisons qui empêchent le secteur aquacole européen de rencon- de chantiers, à planifier et développer au niveau local ou régional et
trer cette demande sont connues. C’est, principalement, la pénurie même interrégional et transfrontière. En effet, chaque bassin maritime
d’espace maritime, la concurrence du marché mondial et les présente ses propres défis, auxquels il faut répondre de manière circons-
contraintes administratives (notamment en ce qui concerne les pro- tanciée. Cela vaut même pour le tourisme de croisière: chaque destina-
cédures d’octroi de licences). Il faut aussi évoquer les contraintes envi- tion attire des clients différents, ce qui présente des défis spécifiques.
ronnementales, plus élevées en Europe que dans d’autres régions
productrices. Et il ne faut pas oublier la crise économique qui réduit De manière générale, plusieurs éléments apparaissent clairement:
les possibilités de financement. les administrations publiques devront adopter une stratégie d’investis-
sements dans les infrastructures de base; l’enseignement supérieur
+?JEPĸȩACJ?
ȩJ?OS?ASJRSPCȩMDDPCȩSLȩPĸCJȩNMRCLRGCJ ȩ"SLCȩN?PR
ȩQMLȩ devra veiller à former des professionnels compétents, capables d’assu-
niveau d’excellence lui permet de rencontrer les exigences d’un rer le succès du tourisme maritime et côtier européen dans un marché
consommateur européen qui se dirige vers des produits de qualité, mondial exigeant de plus en plus ouvert aux économies émergentes.
avec une préférence pour les modes de production durables. D’autre Par ailleurs, les entreprises devront veiller à réduire leur empreinte car-
part, il peut bénéficier de la demande d’une zone côtière européenne bone et leur impact sur l’environnement.
en quête de diversification économique. Actuellement, plus de 90 %
des entreprises aquacoles de l’UE sont des petites et moyennes entre- La Commission s’emploie en outre à résoudre les problèmes de charge
NPGQCQȩ.+#ȩCRȩDMSPLGQQCLRȩCLTGPMLȩȩȩCKNJMGQ ȩ PĸEJCKCLR?GPCȩNCQ?LRȩQSPȩJCQȩ.+# ȩ#JJCȩCLR?KCP?ȩSLCȩĸT?JS?RGMLȩBCQȩ
autres mesures susceptibles d’améliorer la situation du secteur.
Dans le cadre de la réforme de la politique commune de la pêche,
la Commission a rappelé sa volonté de développer l’aquaculture et Les ressources minérales marines
de lever les goulets d’étranglement qui étouffent ce secteur. Elle pré-
conise des lignes directrices stratégiques non contraignantes, des Le développement des économies émergentes risque de provoquer
plans stratégiques nationaux pluriannuels et des échanges de bonnes une pénurie de matières premières. Les fonds marins pourraient rece-
pratiques. À la clef: modifier les pratiques administratives, surtout en ler des solutions pour permettre la continuité de certaines activités
matière d’octroi de licences. industrielles en Europe. On pense notamment à l’exploitation extrac-
tive de gisements minéraux contenant du zinc, du cuivre ou du cobalt,
La Commission insiste également auprès des États membres sur la mais également à la récupération dans l’eau de mer de minéraux dis-
nécessité de faire bénéficier certains projets porteurs de financement sous comme le bore ou le lithium.
public, notamment via le futur Fonds européen pour les affaires mari-
times et la pêche pour les investissements et le futur programme Au niveau mondial, cette activité est encore balbutiante et limite son
Horizon 2020 pour la recherche et l’innovation, par exemple pour champ d’expérimentation aux eaux peu profondes proches du littoral.
l’expérimentation de nouvelles espèces, d’espèces plus résistantes Dans les eaux européennes, il n’existe à ce jour aucune «mine off-
ou le développement de solutions techniques pour l’aquaculture shorew ȩ+?GQȩJ?ȩOS?LRGRĸȩBCȩKGLĸP?SVȩNPMTCL?LRȩBCQȩDMLBQȩK?PGLQȩNMSP-
off-shore. rait représenter 5 % de la quantité mondiale d’ici 2020 et 10 % d’ici
2030. Le chiffre d’affaires annuel mondial de l’exploitation minière
off-shore pourrait ainsi passer de 0 à 10 milliards EUR d’ici à 2030.
Il y a là d’évidentes opportunités de croissance.

6
La dorade 7

Sparus aurata

PÊCHE & AQUACULTURE EN EUROPE I


Biologie Dans les lagunes côtières, les dorades sont généralement
élevées avec des mulets, des bars et des anguilles. Soit elles
La dorade royale (Sparus aurata) est la seule espèce de dorade se nourrissent naturellement, dans les systèmes extensifs,
actuellement élevée à grande échelle. Elle est répandue soit des aliments sont apportés en complément de la nourri-
CLȩ+ĸBGRCPP?LĸCȩCRȩMLȩJ?ȩRPMSTCȩĸE?JCKCLRȩ?SȩJ?PECȩBCQȩAłRCQȩ ture naturelle disponible, dans les systèmes semi-extensifs.
atlantiques orientales, du Royaume-Uni aux îles Canaries. En élevage intensif, les dorades sont engraissées au moyen
Elle doit son nom latin à la bande dorée caractéristique entre de granulés commerciaux dans des bassins à terre ou, le plus
ses yeux. Ce poisson peut vivre dans les eaux marines ainsi QMSTCLR
ȩB?LQȩBCQȩA?ECQȩCLȩKCPȩCLȩ+ĸBGRCPP?LĸCȩCRȩB?LQȩJCQȩ
que dans les eaux saumâtres des lagunes côtières. On le îles Canaries).
trouve fréquemment sur les fonds rocheux ou sableux, mais
aussi dans les prairies sous-marines. Lors de la période de Les dorades atteignent leur taille commerciale au bout d’un
ponte (d’octobre à décembre), les adultes migrent vers des an et demi en moyenne.
eaux plus profondes. Au début du printemps, les juvéniles

n° 5 9
migrent vers les côtes et les estuaires. Cette espèce est her-
maphrodite. Elle atteint sa maturité sexuelle d’abord comme Production et commerce

' ȩ "ĝ!#+
mâle, à l’âge d’un ou deux ans, et ensuite comme femelle,
à l’âge de deux ou trois ans. Elle se nourrit de mollusques, La majorité des dorades proviennent de l’aquaculture. L’UE est,
de crustacés et de petits poissons. de loin, le premier producteur mondial, suivie de la Turquie.
Au sein de l’UE, la Grèce est le principal producteur, suivie

0#ȩ
de l’Espagne. Les échanges commerciaux entre l’UE et les
Élevage pays tiers sont très limités. En revanche, le commerce intra-UE
est important et la Grèce, le premier exportateur, exporte vers
La dorade royale a longtemps été élevée de façon extensive l’Italie, le Portugal, la France et l’Espagne.
dans les lagunes côtières et les étangs saumâtres du nord
de l’Italie («valliculture») et du sud de l’Espagne («esteros»).
Dans les années 1980, la reproduction en captivité de la
dorade royale a été effectuée avec succès, et des systèmes
d’élevage intensifs (notamment des cages en mer) ont vu le
jour. Depuis, cette espèce est devenue l’un des principaux pro-
duits de l’aquaculture européenne.

À l’origine, l’élevage consistait principalement à capturer les


juvéniles, mais aujourd’hui, la majorité de la production de
dorades provient de juvéniles élevés dans des écloseries
sophistiquées sur le plan technologique et qui nécessitent du
personnel qualifié. Ce poisson étant hermaphrodite, la bonne
gestion des reproducteurs est essentielle. Les poissons adultes
sont préparés pour la reproduction en contrôlant l’exposition
à la lumière du jour (photomanipulation) et la température.
Le mâle féconde les œufs de la femelle, qui flottent à la sur-
face de l’eau. Les œufs sont ensuite recueillis et transférés
dans des bassins d’incubation, où ils éclosent 48 heures plus
tard. Après trois ou quatre jours, les larves auront absorbé leur
sac vitellin et pourront commencer à se nourrir: d’abord avec
des algues microscopiques et du zooplancton, ensuite avec
de l’artémie et enfin avec des aliments inertes à forte teneur
en protéines.
© Biosphoto
Présentation sur le marché Offre et commerce de dorades*
dans l’UE (2009)
La dorade, comme le bar, est presque toujours présentée
entière au rayon frais des points de vente. BK•JFIIFLK•#2/
400
Valeur nutritionnelle par 100 g 350
BK•JLVBKKB 300
Calories: 128 kcal 250
Protéines: 21 g
Sélénium: 7 µg 200
Vitamine D: 0,87 µg
EPA: 327 mg 150
DHA: 555 mg
100

50

0
production importations exportations commerce
en provenance hors UE intra-UE
de pays tiers

* de la pêche et de l’aquaculture.

Source: Eurostat.

Dorade aux he
rbes et tapena
de Production aquacole
Ingrédients po de dorades dans l’UE
ur 4 personnes (2009)
bȩ4 dorades d’e
nviron 300 g
bȩ2 branches de bȩ3 cuillères à
ba
bȩ1 brin de thym silic bȩ1 petit pot de
soupe d’huile d’o
live
bȩ1 oignon tapenade
bȩ2 citrons
bȩ4 gousses d’a bȩ2 courgettes
il
bȩSel et poivre
+ĸRFMBCȩBCȩNPĸ
N?P?RGML
 ĝJFK@BO•I|L
FDKLK
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IBP•QOLFP•>RQOBP FPBIBO•IBP•EBO?BP
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>SB@•IB•OBPQB•AR Oĸ•ABP•I>KFķOBP•A
•E>@EFP•A|EBO?BP B• @L RO DBQQBP•M>OPBJĸB ● plus de 50 000 tonnes
•BQ
•İ•M>OQ
•I>•Q> P• ● entre 20 000 et 30 000 tonnes
MBK>AB
● entre 5 000 et 10 000 tonnes
0CACRRCȩBSȩAFCD moins de 5 000 tonnes
ȩ"?TGBȩ+MLGCPȩ# ●
SPM 2MOSCQȩ CJ
EGOSC
Source: Eurostat.
La moule 8

My til u s e d ul i s My til u s
galloprovincialis

PÊCHE & AQUACULTURE EN EUROPE I


Biologie bȩl’élevage au sol (aux Pays-Bas, en Irlande et au Royaume-
Uni): les naissains sont répartis sur des bancs peu profonds,
Les moules vivent dans de nombreux types d’habitats différents, généralement dans des baies ou des endroits abrités, et ils
des zones tidales aux zones pleinement immergées, et peuvent se fixent sur le sol.
supporter de larges fluctuations de température et de salinité.
Elles se nourrissent de phytoplancton et de matières organiques La récolte a lieu 12 à 15 mois plus tard.
en filtrant constamment l’eau de mer et sont dès lors toujours
élevées dans des zones riches en plancton. La qualité de l’eau
est un facteur très important pour l’élevage des moules. Production et commerce
Les moules se caractérisent par leur fécondité élevée et par leur L’aquaculture représente 95 % de la production mondiale de
phase larvaire mobile, qui facilitent leur grande distribution. moules. La Chine et l’UE sont les deux premiers producteurs,
Entre mars et octobre généralement, selon la latitude, les suivies du Chili et de la Nouvelle-Zélande. La majorité des

n° 5 9
moules donnent naissance à des larves, qui sont emportées par moules approvisionnant l’UE sont produites localement.
les courants. En moins de 72 heures, les larves grossissent et Le Chili et la Nouvelle-Zélande sont les deux principaux pays

' ȩ "ĝ!#+
atteignent un stade où elles ne peuvent plus flotter. Elles se exportant des moules vers l’UE et l’approvisionnent en produits
fixent ensuite sur divers substrats. congelés qui sont utilisés comme matière première par le sec-
teur européen de la transformation. Le commerce intra-UE est
bien développé et sa valeur représente environ la moitié de la

0#ȩ
Élevage valeur totale de l’offre de l’UE. Les grands flux commerciaux
N?PRCLRȩBCȩJ#QN?ELC
ȩBCQȩ.?WQ ?QȩCRȩBSȩ"?LCK?PIȩKMSJCQȩ
La production de moules est la première activité conchylicole sauvages dans le cas de ce dernier pays) vers la Belgique, la
d’Europe. L’élevage de moules sur des pieux en bois est attesté France et l’Italie. Dans l’UE, le marché des moules est très seg-
en France dès le XIIIe siècle. La mytiliculture a vu le jour sur la menté et les prix et les saisons de commercialisation varient
côte atlantique avec la moule commune (Mytilus edulis), puis en fonction de leur origine. Les exportations de l’UE sont très
QSPȩJ?ȩAłRCȩ?RJ?LRGOSCȩCQN?ELMJCȩCRȩCLȩ+ĸBGRCPP?LĸCȩ?TCAȩJ?ȩ limitées et sont surtout destinées à la Suisse et à la Russie.
moule méditerranéenne (Mytilus galloprovincialis), qui est éle-
vée jusqu’en mer Noire. On peut aussi fréquemment rencon-
trer dans la nature des hybrides de ces deux espèces.

La mytiliculture commence avec le captage des naissains, soit


à partir de gisements naturels, soit au moyen d’une corde ou
d’un autre collecteur que l’on place en fonction des courants
et de la présence de micro-organismes. Entre mai et juillet en
général, les cordes sont prélevées et transférées dans les éle-
vages. Les dragueurs à moules transportent les juvéniles des
gisements naturels à des sites d’engraissement côtiers et
protégés.

Les trois méthodes d’élevage les plus répandues sur le littoral


de l’UE sont:

bȩl’élevage sur filières (essentiellement en Espagne, en


+ĸBGRCPP?LĸC
ȩCLȩ'PJ?LBCȩCRȩ?Sȩ0MW?SKC 3LGȩJCQȩKMSJCQȩQMLRȩ
fixées sur des cordes suspendues verticalement dans l’eau
depuis une structure fixe ou flottante (radeau). En Galice
(Espagne), les radeaux sont situés dans des estuaires.
Certaines activités d’élevage sur filières ont lieu près des
côtes en France, en Irlande et en Belgique;

b l’élevage sur pieux (ou «bouchots» en France): ce type de


culture est réalisé sur des rangées de pieux en bois plantés
dans la zone de marée basse. Trois à cinq mètres de corde de
captage ou de boudins remplis de naissains (larves) sont
enroulés et fixés autour du pieu. Un filet recouvre l’ensemble
afin d’éviter que les moules ne tombent;
© Biosphoto
Présentation sur le marché Offre et commerce de moules*
dans l’UE (2009)
Les moules sont l’espèce de mollusque la plus polyvalente au
niveau de la présentation et du conditionnement. Elles peuvent BK•JFIIFLK•#2/
être vendues en vrac, préemballées dans des filets ou fraîches
dans des emballages sous vide prêts à l’emploi. En Espagne, 500
les plus grosses moules méditerranéennes sont fréquemment
mises en boîte sans leur coquille. Les moules sont aujourd’hui 400
présentées précuites, avec une variété d’accompagnements,
dans des emballages sous vide durables.
300

Valeur nutritionnelle par 100 g 200


S>IBROP•JLVBKKBP•MLRO•ABP•JLRIBP•
@RFQBP•AB•I|BPMķ@B•M. edulis 100

Calories: 103 kcal


Protéines: 17 g 0
production importations en exportations commerce
Sélénium: 50 µg provenance de hors UE intra-UE
Vitamine D: < 0,5 µg pays tiers
EPA: 340 mg
DHA: 214 mg
* de la pêche et de l’aquaculture.

Source: Eurostat.

Production aquacole
+MSJCQȩL?RSPC de moules dans l’UE
(2009)

Ingrédients po
ur 4 personnes
bȩȩIEȩBCȩKMSJC

bȩ600 g de céle Épices moules:
ri vert
bȩ600 g d’oigno bȩ250 g de sel
ns
bȩ100 g de beur bȩ2 cuillères à
re café de poivre
bȩEau gris concassé
bȩPommes frite bȩ1 cuillère à th
s é de curry
bȩ1 cuillère à th
é d’ail en poud
bȩ1 cuillère à ca re
fé de sel de cé
bȩ1 pointe de co leri
uteau de poivr
de Cayenne e
+ĸRFMBCȩBCȩNPĸ
N?P?RGML
 ,BQQLVBO•IBP
•IĸDRJBP
•IBP•I>S
 ">KP•RKB•@> BO•BQ•IBP•ĸJFK@
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•PF•MLPPF? BO•İ•BKSFOLK••J
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B•IĸDRJBP•JĸI> FSFARBIIB
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BQ•I>SĸBP
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Q•Q BO J FKB O•M>O•IBP••D•AB
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 !LRSOFO•I>•@> •IĸDRJBP•JĸI>
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C>FOB•P>RQBO•LR• MIBFK•CBR•MBKA>K
JĸI>KDBO • Q• •JFKRQBP
•OBJRB
4. .R>KA•IBP•J O•IB•QLRQ
•
LRIBP•PLKQ•LRSBO
>SB@•ABP•MLJJ QBP
•IBP•PBOSFO•A> ● plus de 150 000 tonnes
BP•COFQBP KP•IBRO•@>PPBOLIB
• ● entre 50 000 et 100 000 tonnes
● entre 20 000 et 50 000 tonnes
Recette du chef ● entre 2 000 et 5 000 tonnes
Jean Castadot
(Président Euro ● moins de 1 000 tonnes
-Toques Belgiq
ue )
Source: Eurostat.
mȩ+?PAȩ0WAI?CPR

L’objectif de la Commission européenne est de favoriser le développement des secteurs maritimes,


afin qu’ils contribuent au redressement économique de l’Europe.

Les gisements les plus prometteurs sont les gisements de sulfures La biotechnologie bleue
métalliques situés dans les zones volcaniques. Or, ces zones, carac-
térisées par des températures et des pressions extrêmes, contiennent La biotechnologie bleue est un incontournable secteur d’avenir. Les nou-
une biodiversité marine très fragile dont il faut assurer la protection, velles technologies de séquençage des gènes permettent d’investiguer
en vertu de la convention des Nations unies sur le droit de la mer. les caractéristiques de certaines espèces marines, particulièrement les
L’impact des activités extractives dans ces zones doit donc être minu- organismes capables de résister à des températures et des pressions
tieusement étudié et encadré. Au niveau institutionnel, cette respon- extrêmes et de se développer sans lumière. Il existe déjà des cas
sabilité incombe à l’État côtier dans sa zone de juridiction nationale concrets: les médicaments antiviraux Zovirax et Acyclovir ont été obte-
CRȩİȩJSRMPGRĸȩGLRCPL?RGML?JCȩBCQȩDMLBQȩK?PGLQȩ'$+ȩB?LQȩJCQȩXMLCQȩ nus à partir d’éponges caribéennes et l’antitumoral Yondelis a été mis
de haute mer. au point à partir de petits invertébrés marins.

De par leur longue expérience en matière de navires spécialisés et Les recherches en cours pourraient déboucher sur de nouvelles appli-
de manutention sous-marine, les entreprises européennes auront iné- cations pharmaceutiques, cosmétiques ou industrielles, sans oublier
TGR?@JCKCLRȩSLȩPłJCȩİȩHMSCPȩB?LQȩACRRCȩAF?ĽLCȩBCȩNPMBSARGML ȩ+?GQȩJCSPȩ l’utilisation des algues en tant que source de biocarburants…
présence dans ce développement dépend de plusieurs éléments: l’accès
au financement (or, c’est un marché intrinsèquement risqué), une stra- Aujourd’hui, l’emploi dans ce secteur est relativement minime en Europe
tégie de recherche et de développement ciblée sur les techniques et la valeur ajoutée brute est d’environ 0,8 milliard EUR. D’ici à 2020,
d’extraction, l’obtention de licences dans les eaux internationales et les biotechnologies bleues évolueront vers un marché de taille moyenne,
l’adoption de mesures strictes de protection des écosystèmes de qui croîtra en produisant des composés organiques (lipides, sucres, poly-
grandes profondeurs. mères, protéines) pour les industries chimiques et alimentaires (humaine
et animale). D’ici à 2030, ce secteur pourrait rencontrer des marchés
Quel pourrait être le rôle de l’UE pour faire en sorte que ses entre- de masse en fournissant des produits à haute valeur ajoutée.
prises participent à cette croissance mondiale et contribuent à sa
durabilité? Elle pourrait prendre des mesures visant à garantir que les +?GQȩJ?TCLGPȩBCȩJ?ȩ@GMRCAFLMJMEGCȩ@JCSCȩCVGECȩSLCȩNMJGRGOSCȩ?VĸCȩQSPȩJ?ȩ
entreprises européennes ne soient pas exclues des marchés par des recherche: d’une part, la recherche fondamentale (sur la vie marine) et
concurrents bénéficiant d’un soutien étatique. Elle pourrait également d’autre part, la recherche appliquée (sur les potentialités industrielles).
développer des actions pilotes en matière de recherche, ciblées sur Si ces recherches présentent un faible taux de succès, les quelques réus-
les principaux défis technologiques. La participation européenne pour- sites qui en résultent offrent un important retour sur investissement.
rait contribuer à établir et à appliquer des normes élevées en matière
de droit et de sécurité, mais surtout elle pourrait garantir que l’exploi- L’UE pourrait dans ce cadre développer une approche stratégique de la
tation de ces matières premières non énergétiques soit entourée des recherche et de l’innovation, afin de baliser les champs de développe-
meilleurs parapets environnementaux. ment pour les nouveaux secteurs industriels. Ce travail de réduction des
goulets d’étranglement devrait permettre au secteur d’attirer davantage
d’investisseurs et, également, de pouvoir passer plus facilement de la
phase de développement à celle de la commercialisation. En outre, une
approche européenne permettrait de sensibiliser les décideurs, le sec-
teur privé et les citoyens au potentiel des produits aquatiques marins.

7
© Cyprus Presidency

La Déclaration de Limassol est un programme marin et maritime dynamique pour la croissance


et l’emploi en une vingtaine de points. Son but: amplifier le développement de l’économie bleue.

D O S S I E R

La Déclaration de Limassol
L’Union européenne s’engage fermement à stimuler la Dynamiser la croissance
croissance des secteurs maritimes. En adoptant la décla-
ration de Limassol, les ministres européens responsables Les ministres et la Commission ont adopté un programme marin et
des affaires maritimes et la Commission européenne ont maritime dynamique pour la croissance et l’emploi en une vingtaine de
confirmé la volonté politique européenne de dynamiser points (2). Son but: amplifier le développement des secteurs maritimes.
l’économie bleue, tout en garantissant le bon état de santé La déclaration de Limassol met l’accent sur un large programme englo-
des mers et des océans. bant les secteurs maritimes prometteurs, y compris les cinq secteurs
identifiés dans la communication de la Commission européenne sur
Nous l’avons vu dans le numéro précédent, Chypre est une nation la croissance bleue, dont il est question dans les pages qui précèdent:
maritime et elle poursuit des objectifs ambitieux dans ce domaine. les énergies renouvelables, l’aquaculture, le tourisme maritime et côtier,
Particulièrement en matière de développement portuaire (1). Dans l’extraction minière et les biotechnologies bleues.
cette optique, la présidence chypriote du Conseil de l’Union euro-
péenne (UE) voulait, en priorité, donner une nouvelle impulsion à la «La déclaration que nous adoptons n’est pas une simple piqûre de
politique maritime intégrée, 5 ans après son lancement en 2007. rappel,ȩ?ȩCVNJGOSĸȩ(MQĸȩ+?LSCJȩ ?PPMQM
ȩNPĸQGBCLRȩBCȩJ?ȩ!MKKGQQGMLȩ
européenne en commentant son contenu. Elle va beaucoup plus
C’est pour cela qu’elle a réuni, le 8 octobre dernier à Limassol, les loin que cela, en insistant non seulement sur ce qui est important
ministres européens responsables des affaires maritimes. L’événement aujourd’hui, mais en mettant l’accent sur ce que nous devrions faire
était important et justifiait pleinement la présence de Demetris pour créer les emplois de demain.» Le président Barroso a également
!FPGQRMDG?Q
ȩJCȩ.PĸQGBCLRȩBCȩJ?ȩ0ĸNS@JGOSCȩBCȩ!FWNPC
ȩCRȩBCȩ(MQĸȩ+?LSCJȩ souligné que la Déclaration «est une base forte pour développer
Barroso, le président de la Commission européenne. Cette nouvelle l’économie bleue en Europe. En faisant cela, nous donnons un pilier
impulsion a été donnée sur le thème de la croissance économique. maritime fort à la Stratégie Europe 2020.»

«Reconnaissons-le,ȩ?ȩCVNJGOSĸȩ+?PG?ȩ"?K?L?IG
ȩAMKKGQQ?GPCȩCSPM- Le programme ministériel rappelle également l’importance de mener
péenne aux affaires maritimes et à la pêche: il y a 5 ans, l’intégration à bien les chantiers lancés il y a cinq ans pour donner à l’économie mari-
des secteurs maritimes était juste une idée prometteuse. Maintenant, time les outils horizontaux indispensables à son développement
on se demande comment on a pu se débrouiller sans elle et nous à savoir: l’appui à la recherche et à la connaissance du milieu marin,
sommes prêts à aller plus loin. Nous le voulons parce que nous pou- la formation dans le domaine maritime, la coopération dans le domaine
vons faire maintenant des choses que nous ne pouvions pas faire de la surveillance maritime, la mise en place d’une planification de
avant: nous avons la technologie pour travailler plus au large, même l’espace maritime et la poursuite de la mise en œuvre de la directive-
par mauvais temps; nous avons les matériaux qui résistent à la cadre environnementale «Stratégie pour le milieu marin».
corrosion de l’eau salée; nous avons des sous-marins téléguidés qui
peuvent explorer les grandes profondeurs. Mais aussi: nous le devons.
Parce que nous sommes convaincus que les secteurs maritimes
vont davantage contribuer à la croissance européenne et vont aider
l’Europe à sortir de la crise.»

(1) Voir Pêche & aquaculture en Europe, n° 58, octobre 2012, pp. 10-12.
(2) Déclaration des ministres européens chargés de la politique maritime intégrée et de la Commission européenne relative
à un programme pour la croissance et l’emploi dans les secteurs marins et maritimes, dite Déclaration de Limassol.

8
n° 5 9 I D É C E M B R E 2012 I P Ê C H E & A Q U A C U LT U R E E N E U R O P E

A C T U A L I T É

Des avis scientifiques


vulgarisés
Depuis cette année, le Conseil international pour l’explo-
ration de la mer publie une version vulgarisée de ses avis
annuels sur les stocks de poissons. L’objectif est d’élargir
le champ de communication de ce travail scientifique à des
lecteurs non experts.

Comme chaque année, la Commission européenne a conclu un accord


?TCAȩJCȩ!MLQCGJȩGLRCPL?RGML?JȩNMSPȩJCVNJMP?RGMLȩBCȩJ?ȩKCPȩ!'#+ ȩ
+?GQȩBĸQMPK?GQ
ȩACJSG AGȩNS@JGCP?
ȩİȩJ?ȩBCK?LBCȩBCȩJ?ȩ!MKKGQQGMLȩCRȩ
en plus de ses avis scientifiques «classiques», un résumé grand public
CLȩSLCȩN?ECȩBCȩQMLȩ?L?JWQC
ȩCRȩACJ?ȩNMSPȩAF?OSCȩQRMAIȩĸT?JSĸ ȩ!CRRCȩ
vulgarisation, disponible sur internet, a pour but d’informer le grand
public, mais aussi de faciliter le dialogue entre les acteurs concernés.

Jusqu’à présent, les citoyens européens désireux de s’informer à la


QMSPACȩNMSPȩAMLL?ĽRPCȩJ?ȩQGRS?RGMLȩBCQȩQRMAIQȩBCȩNMGQQMLQȩB?LQȩJCQȩ Ces résumés grand public sont disponibles au lien suivant:
eaux européennes devaient disposer de solides connaissances pour http://www.ices.dk/products/BriefInformation.asp
lire et comprendre la documentation scientifique disponible. Très dif-
DGAGJCȩBCQQ?WCPȩBCȩAMKNPCLBPCȩSLȩ?TGQȩQAGCLRGDGOSCȩBSȩ!'#+ȩQ?LQȩ?TMGPȩ Si vous désirez émettre des suggestions sur la manière de faire
appris (et de préférence en anglais) ce qu’est une biomasse mature, évoluer ces résumés, vous êtes invités à les adresser à:
un taux de mortalité par pêche, un recrutement, ainsi que tous les MARE-CONSULTATION-DG-MARE-ICES@ec.europa.eu
acronymes et les symboles qui font le quotidien des chercheurs, tels
que Fmsy, Bpa, Fmgt, etc. Voir le poster TAC&Quotas 2012 à l’adresse suivante:
http://ec.europa.eu/fisheries/documentation/publications/
*Cȩ!'#+ȩCQRȩSLȩGLQRGRSRȩGLRCPL?RGML?JȩBCȩPCAFCPAFCȩQAGCLRGDGOSCȩBĸBGĸȩ poster_tac2012_fr.pdf
İȩJ?ȩ@GMJMEGCȩK?PGLC ȩ'JȩQCȩRPMSTCȩİȩ!MNCLF?ESC
ȩ?Sȩ"?LCK?PI ȩ3LCȩBCȩ
QCQȩKGQQGMLQȩAMLQGQRCȩİȩQSGTPCȩJĸTMJSRGMLȩBCQȩQRMAIQȩBCȩNMGQQMLQȩBCȩ
l’Atlantique Nord et de la mer Baltique et d’en informer la Commission
européenne. Pour cela, il coordonne les travaux de plus de 1 600 scien- Pour la Commission, il était devenu essentiel de faciliter l’accès
tifiques travaillant dans 200 instituts de recherche reliés entre eux par à l’information scientifique pour tous les acteurs concernés et pour le
une convention intergouvernementale. Celle-ci rassemble les 20 pays grand public. Non seulement pour contribuer aux mesures de gestion
riverains de l’Atlantique Nord, parmi lesquels 15 États membres de de manière documentée, mais également pour faire en sorte que tout
l’Union européenne. le monde parle la même langue quand il est question de la situation
BCQȩQRMAIQ ȩ
*M@HCARGDȩNPCKGCPȩBSȩRP?T?GJȩBSȩ!'#+ȩCQRȩB?GBCPȩJCQȩ?SRMPGRĸQȩİȩNPCLBPCȩ
des mesures de gestion des pêches, principalement en donnant des Les avis vulgarisés ont fait l’objet de longs débats entre les deux
conseils sur les quantités de poissons que les pêcheurs pourront institutions, faisant participer des deux côtés les scientifiques et les
CVRP?GPCȩBCQȩQRMAIQ ȩ*CQȩ?TGQȩQAGCLRGDGOSCQȩBSȩ!'#+ȩQMLRȩBMLAȩCQQCLRGCJQȩ équipes de communication. La forme actuelle des avis vulgarisés
pour les gestionnaires politiques en matière de pêche. comprend une description biologique de l’espèce, une visualisation
BCȩJ?ȩQGRS?RGMLȩEĸMEP?NFGOSCȩBSȩQRMAIȩ?TCAȩBCQȩLMKQȩCRȩN?Qȩ?TCAȩ
Parler la même langue des codes géographiques) et un résumé dans les grandes lignes de
son état de santé. Ce résumé n’existe actuellement qu’en anglais,
C’est un travail essentiel, mais réservé à quelques utilisateurs spé- mais l’objectif est de le rendre disponible dans toutes les langues
cialisés. Or, depuis la réforme de 2002, l’Union européenne a formel- des États européens de la façade atlantique de l’UE. Il s’agit d’une
lement intégré de nombreux protagonistes dans les processus de version provisoire, amenée à évoluer en fonction des suggestions et
décision qui concernent la pêche. On pense naturellement aux conseils des réactions des utilisateurs.
consultatifs régionaux qui réunissent les acteurs de la filière et les
organisations non gouvernementales, mais aussi à certaines consul- "?LQȩJCȩKĹKCȩCQNPGR
ȩJ?ȩ"%ȩ+0#ȩAMLRGLSCȩİȩAMMPE?LGQCPȩ?TCAȩJCȩ!'#+ȩ
tations publiques, où tout le monde, organisation ou simple citoyen, des sessions de formation sur les avis scientifiques pour son person-
a la possibilité de donner son avis. nel. Elle a décidé d’ouvrir ses formations au personnel intéressé des
autres directions générales (Environnement, Recherche…), des conseils
consultatifs régionaux, des représentations permanentes des États
membres, du Parlement européen et d’autres acteurs concernés.

9
S U R L E T E R R A I N

Le port de Castletownbere
Castletownbere, au sud-ouest de l’Irlande, est un petit village Les 16 hectares de cet îlot, relié à la côte par un pont, sont entiè-
portuaire d’un millier d’habitants. Pourtant, 26 nationalités rement consacrés à des entreprises centrées sur les produits de
s’y côtoient. La raison, c’est que le port – officiellement le la pêche. À côté de l’usine de la coopérative, on trouve une dizaine
Fishery Harbour Centre – y draine une activité économique d’exploitants, allant de la fabrique de glace à l’usine de traitement
intense, centrée sur les débarquements internationaux des d’algues en passant par un fabriquant de filets, par l’antenne d’un
pêcheries démersales et pélagiques de la mer Celtique et de important groupe aquacole qui élève des saumons non loin de là
l’Ouest-Irlande. Profitant de leur situation dans le premier et par la filiale d’un groupe espagnol spécialisée dans l’exportation
port irlandais pour la pêche démersale, les acteurs locaux de crustacés. Selon une récente étude économique, la pêche et
misent résolument sur l’européanisation de leur commerce. l’aquaculture font directement et indirectement travailler 660 per-
sonnes ici, soit 81 % de l’emploi (1).
John Nolan est un homme occupé. Trônant au milieu d’un amon-
cellement impressionnant de papiers et de dossiers, il jongle entre Si la coopérative locale est en plein développement industriel et
les coups de téléphone, les questions de ses collaborateurs et les commercial, c’est parce que le port profite d’une véritable dyna-
réponses aux questions de son interlocuteur. C’est le manager de mique logistique. À la pointe sud-ouest de l’Irlande, il est idéale-
la Castletownbere Fishermen’s Co-op depuis 1982 et il n’est pas ment situé, à proximité immédiate des zones de pêche de la mer
peu fier de faire visiter son «usine», comme il l’appelle lui-même: Celtique et de l’Ouest-Irlande. D’immenses terrains de pêche rece-
sur 5 000 m2, des bureaux, des chambres de congélation, une lant une ressource variée.
chaîne automatisée de filetage et de saumurage pour les petits
pélagiques, un atelier de conditionnement pour les démersaux… «Cela signifie qu’il n’y a probablement pas une pêcherie qui ne soit
pratiquée par au moins un de nos membres, explique Eibhlin
L’usine est située sur l’îlot de Dinish, à 200 mètres au large du O’Sullivan, directrice générale de l’ISWFPO (2), l’organisation de
village de Castletownbere. Le soir et la nuit, les puissants projec- producteurs qui gère toute la région. Nous avons des membres qui
teurs qui éclairent le quai flambant neuf laissent deviner l’activité se consacrent à la pêche pélagique. Nous avons des bateaux qui
intense qui s’y déroule, au gré des débarquements. La coopérative ciblent les démersaux. Nous en avons qui pêchent juste le crabe. Nous
compte 34 bateaux exploités par 200 marins-pêcheurs. L’usine avons vraiment un ensemble représentatif de la pêche irlandaise.»
emploie une centaine de travailleurs à terre et génère un chiffre
d’affaires de 45 millions EUR. Infrastructure
«Il est très clair, maintenant, qu’il faut miser sur la valeur ajoutée, Pour la pêche pélagique (9 698 tonnes en 2011), les principales
explique John Nolan. Il y a 10 ans, nous n’avions pas de capacité espèces sont le thon germon, le hareng, le chinchard et le sprat.
de traitement ici, pas de valeur ajoutée. Tout allait dans les camions Pour la pêche démersale (14 902 tonnes), c’est le merlu, la bau-
et était envoyé vers le continent. Maintenant, nous avons développé droie, la cardine franche, le sanglier et le merlan. Ces chiffres ne
le traitement et, sur cette base, nous avons conclu des partenariats sont pas totalement représentatifs de l’activité du port, car ils ne
à long terme. Nous produisons essentiellement pour l’exportation, tiennent pas compte des débarquements des bateaux d’autres
dans le monde entier. Cela nous fait de la valeur ajoutée et nous pou- États membres – principalement en pêche démersale – qui sont
vons faire face à la récession économique qui fait baisser les prix du déclarés dans leurs pays.
poisson, particulièrement des démersaux.»
Pour participer à cette dynamique de développement, le ministère
Port naturel irlandais de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Pêche, proprié-
taire du port, a décidé de miser sur l’infrastructure. En 2005,
Prenez une baie de taille moyenne, mettez une petite île au milieu il a entamé une série de travaux de modernisation centrés sur
et protégez-les du large par une grande île, le tout dans le bel l’îlot de Dinish. Les nouvelles installations ont été inaugurées en
environnement verdoyant, vallonné et largement rural du sud- avril dernier. L’objectif de cet investissement de 39,5 millions EUR,
ouest de l’Irlande. C’est le site de Castletownbere, le plus grand dont 13,5 millions financés par le Fonds européen de développe-
port naturel du monde, paraît-il. Le village est regroupé au fond ment régional, était d’élever les normes du port jusqu’à une classe
de la baie. Le port est réparti entre deux quais, celui du village et, internationale. Le chenal d’accès, le port intérieur et la zone
en face, celui de la petite île de Dinish. de mouillage ont été dragués, pour être plus profonds. Le quai de
débarquement a été élargi, agrandi à 215 m et pourvu de tout
l’appareillage auxiliaire nécessaire aux débarquements.

(1) Castletownbere – An Economic Survey to Determine the Level of Seafood Activity and Establish its Economic Importance for the Region,
MPBȩ'?QA?GEFȩ+F?P?ȩ '+
ȩȩzȩ4MGPȩwww.bim.ie
(2) Irish South and West Fish Producer’s Organisation.

10
n° 5 9 I D É C E M B R E 2012 I P Ê C H E & A Q U A C U LT U R E E N E U R O P E

«Nous voulons soutenir le développement de nos ports, explique mise sur la valeur ajoutée, et son usine traite déjà les débarque-
Kevin Hodnett, assistant principal à l’Administration des pêches. ments démersaux d’une compagnie de pêche espagnole. Elle veut
Nous avons commencé par Killibegs, où nous avons réalisé des inves- également développer la pêcherie de thon germon: les nouvelles
tissements significatifs – autour de 60 millions EUR. Castletownbere infrastructures lui permettent en effet d’accueillir les débarque-
était notre objectif suivant. Notre intention est d’amener les six Fisheries ments des grands chalutiers pélagiques de Killibegs (jusqu’à 79 m)
Harbour Centres d’Irlande à un niveau international, parce que cela et de profiter de sa proximité avec la zone de pêche pour devenir
favorise l’emploi et l’industrie de la pêche. Et – ce qui est très impor- le centre de traitement et de commercialisation de ce produit.
tant – les retombées peuvent être significatives pour la communauté L’éco-labellisation de cette pêcherie saisonnière est d’ailleurs en
locale qui est très rurale. Cela vaut la peine de mentionner une chose cours, afin de répondre à la demande des acheteurs, principalement
qui n’a rien à voir avec la pêche: la qualité de l’infrastructure permet espagnols et français.
l’accueil des bateaux de croisière. Cela ne va pas être régulier, mais il
y en a déjà eu un cette année. Et cela peut avoir des implications assez Dépendant de la pêche, Castletownbere a indéniablement su pro-
intéressantes pour l’économie locale.» fiter de sa position géographique privilégiée pour limiter les effets
de la crise de la ressource et de la crise économique. Avec la par-
Le résultat semble en tout cas à la hauteur de ces espérances, si on ticipation de tous les acteurs locaux, le port se profile désormais
en juge par la satisfaction des acteurs locaux et par l’augmenta- comme un centre de pêche de dimension européenne, en jouant
tion des débarquements étrangers. Plus que jamais, la coopérative la carte de la mise en valeur, du service et du commerce.

À la pointe sud-ouest de l’Irlande, le port de Castletownbere est


idéalement situé, à proximité immédiate des zones de pêche de
la mer Celtique et de l’Ouest-Irlande.
© Union européenne

11
KL-AG-12-059-FR-C
E N B R E F

TAC Baltique: trois stocks au RMD bȩȩ*CȩQRMAIȩBCȩQNP?RȩCQRȩ?ARSCJJCKCLRȩCLȩ@MLLCȩQ?LRĸȩCRȩ?ȩ?RRCGLRȩJCȩ


LGTC?SȩBSȩ0+" ȩ!CȩOSGȩNCPKCRȩSLCȩ?SEKCLR?RGMLȩBCQȩOS?LRGRĸQȩ
Les possibilités de pêche de la mer Baltique pour 2013 ont été déci- exploitables (249 978 tonnes, +11 %).
dées, comme chaque année, lors du Conseil des ministres d’octobre.
Ces possibilités de pêche portent sur les totaux admissibles des cap- bȩȩ*?ȩNJGCȩ@ĸLĸDGAGCȩBCNSGQȩACRRCȩ?LLĸCȩBSLCȩKCGJJCSPCȩAMLL?GQQ?LACȩ
RSPCQȩ2!ȩBCQȩȩQRMAIQȩPĸEJCKCLRĸQ
ȩ?GLQGȩOSCȩQSPȩJCQȩJGKGR?RGMLQȩBCȩ scientifique, ce qui permet d’affiner le calcul du TAC, en hausse signi-
JCDDMPRȩBCȩNĹAFCȩPCJ?RGTCQȩ?SVȩBCSVȩQRMAIQȩBCȩA?@GJJ?SB
ȩOSGȩQMLRȩQMSQȩ ficative (3 409 tonnes, +18 %).
plan pluriannuel. Ces possibilités de pêche ont été décidées sur la base
des propositions de la Commission, elles-mêmes élaborées en fonc- bȩȩ#LȩDMLARGMLȩBCQȩPķEJCQȩBSȩNJ?LȩBCȩECQRGMLȩBSȩQ?SKMLȩ?RJ?LRGOSC
ȩSLCȩ
tion des avis scientifiques et des règles établies dans les plans plu- réduction de TAC a été décidée (108 762 tonnes, -11 %), sauf dans
riannuels. Il faut signaler un fait important: la décision finale a été le golfe de Finlande où le statu quo a été reconduit (15 419 tonnes).
basée sur une proposition commune des États membres concernés
(riverains de la mer Baltique), ce qui constitue un premier exemple Mauritanie: nouveau protocole de pêche
abouti de coopération régionale.
*CȩLMSTC?SȩNPMRMAMJCȩN?P?NFĸȩJCȩȩHSGJJCRȩȩCLRPCȩJ?ȩ+?SPGR?LGCȩ
bȩȩ*CQȩNMQQG@GJGRĸQȩBCȩNĹAFCȩBSȩA?@GJJ?SBȩQCPMLRȩPĸBSGRCQȩCLȩ
ȩR?LRȩ et l’Union européenne, visant à mettre en œuvre l’accord de partena-
NMSPȩJCȩQRMAIȩMPGCLR?JȩȩȩRMLLCQ
ȩ ȩϤ
ȩRMSHMSPQȩCVNJMGRĸȩQCJMLȩ riat de pêche, est en cours d’adoption et de ratification. Ce nouveau
JCȩPCLBCKCLRȩK?VGK?JȩBSP?@JCȩ0+"
ȩOSCȩNMSPȩJCȩQRMAIȩMAAGBCLR?Jȩ protocole de deux ans permettra à des pêcheurs européens d’exploi-
ȩȩRMLLCQ
ȩ ȩϤȩOSGȩQ?NNPMAFCȩBSȩ0+" ȩ.MSPȩACȩBCPLGCP
ȩJ?ȩ ter certaines ressources démersales (principalement crevettes et
Commission avait proposé une réduction de 2 %, mais les États merlu noir) et pélagiques dans les eaux mauritaniennes. Le protocole
membres concernés ont préféré une réduction plus importante pour porte sur une exploitation durable des surplus que les pêcheurs mau-
accélérer le processus de récupération. ritaniens ne consomment pas, les quantités étant définies sur la base
des meilleurs avis scientifiques. La contribution versée par l’Union
bȩȩ*?ȩQGRS?RGMLȩBSȩF?PCLEȩCQRȩRMSHMSPQȩKGRGEĸC ȩ*CȩQRMAIȩMAAGBCLR?Jȩ européenne comprend une compensation annuelle de 67 millions
AMLRGLSCȩİȩ@GCLȩQCȩNMPRCPȩCRȩCQRȩBĸQMPK?GQȩCVNJMGRĸȩ?SȩLGTC?SȩBSȩ0+"ȩ d’euros ainsi qu’une contribution qui permettra de soutenir le déve-
ȩȩRMLLCQ
ȩ ȩϤ ȩ*CȩQRMAIȩACLRP?J
ȩJCȩNJSQȩGKNMPR?LR
ȩBCTP?GRȩ loppement des pêcheries locales. Le protocole prévoit également une
tirer parti des réductions de TAC des années précédentes et atteindre clause sur les droits de l’homme, ainsi que des possibilités d’emploi
JCȩLGTC?SȩBSȩ0+"ȩJ?LLĸCȩNPMAF?GLC ȩ1MLȩ2!ȩ?ȩBMLAȩNSȩĹRPCȩ?SE- pour les marins mauritaniens à bord des bateaux européens.
menté (90 180 tonnes, +15 %). Avec les changements dans les
T?JCSPQȩBCȩPĸDĸPCLACȩNMSPȩJCȩQRMAIȩBSȩEMJDCȩBCȩ MRLGC
ȩGJȩĸR?GRȩLĸACQ-
saire de maintenir le TAC au niveau de 2012 (106 000 tonnes). Le
2!ȩNMSPȩJCȩQRMAIȩBSȩEMJDCȩBCȩ0GE?ȩCQRȩĸE?JCKCLRȩ?SȩKĹKCȩLGTC?Sȩ

ISSN 1830-6594
OSCȩJ?LLĸCȩN?QQĸCȩȩȩRMLLCQ
ȩJ?ȩQGRS?RGMLȩBCȩACȩQRMAIȩLCȩ
s’améliorant pas assez vite.

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relations inter-institutionnelles,
évaluation et planification» Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Rue de la Loi, 200
B-1049 Bruxelles Organisation/Titre: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Rue: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .N°: . . . . . . . . .Boîte postale: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


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