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Pêche & Aquaculture en Europe
Pêche & Aquaculture en Europe
Affaires
maritimes
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Pêche & aquaculture en Europe est un magazine publié par la Direction générale des affaires maritimes et de la pêche de la Commission européenne.
Il est distribué gratuitement sur simple demande d’abonnement (voir coupon à la page 12). Pêche & aquaculture en Europe paraît cinq fois par an et
est également disponible sur le site internet de la Direction générale des affaires maritimes et de la pêche de la Commission européenne
(http://ec.europa.eu/fisheries/publications/magazine_fr.htm).
Éditeur responsable: Commission européenne, Direction générale des affaires maritimes et de la pêche, le directeur général.
Clause de non-responsabilité: bien que la Direction générale des affaires maritimes et de la pêche soit responsable de la réalisation générale du présent magazine,
la Commission n’a ni adopté ni approuvé, de quelque manière que ce soit, les positions exprimées dans cette publication. Toute déclaration faite dans ce magazine
ne peut être interprétée comme étant le reflet des opinions de la Direction générale des affaires maritimes et de la pêche de la Commission européenne.
La Commission ne garantit pas l’exactitude des données mentionnées dans la présente publication.
La Commission ou toute personne agissant en son nom décline toute responsabilité pour tout usage qui peut être fait de ce magazine.
© Union européenne, 2012
Reproduction autorisée, moyennant mention de la source.
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Illustrations (Sparus aurata – Mytilus edulis / Mytilus galloprovincialis): © Scandfish
É D I T O R I A L
La bonne nouvelle
Les bonnes nouvelles valent la peine qu’on en parle. Surtout lorsqu’elles sont économiques – tout particulièrement dans
le climat économique et financier que nous connaissons. La bonne nouvelle, c’est que l’économie bleue européenne se
porte bien et, surtout, qu’elle nous offre des opportunités de croissance durable. La valeur ajoutée qu’elle crée et l’emploi
qu’elle génère sont en croissance. Et il semble acquis que cela ne va pas s’arrêter en si bon chemin. C’est ce que nous
annonce la récente initiative de la Commission européenne sur la «croissance bleue», que nous développons plus loin dans
les pages de ce magazine.
De fait, les entreprises maritimes européennes sont actuellement en plein essor. Elles sont portées par la bonne santé des
secteurs clefs comme le fret, le tourisme de croisière et l’énergie éolienne off-shore. Ces secteurs entraînent également
dans leur dynamique des secteurs de niche ou en devenir comme la construction navale à haute technologie (les bateaux
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ȩPCAķJCȩCLAMPCȩBCQȩLGAFCQȩBCȩ
croissance, comme nous l’évoquons plus loin dans notre reportage en Irlande.
C’est une aubaine. Dans une Europe terrestre qui se débat dans la crise économique et essaie de sortir de la morosité,
ces perspectives de croissance sont cruciales pour le XXIe siècle. En plus de la croissance des secteurs classiques, il y a éga-
lement de bonnes perspectives dans un bon nombre d’activités émergentes. Ce potentiel ne participe pas seulement à des
emplois hautement qualifiés, mais aussi à une Europe efficace dans l’utilisation des ressources, grâce à un tourisme
durable, une expansion des énergies marines renouvelables, une plus grande diversité de produits d’aquaculture et une
industrie biotechnologique exploitant l’extraordinaire biodiversité de la mer.
Les décideurs européens sont conscients de cette opportunité. Le 8 octobre dernier à Limassol, à Chypre, les ministres
en charge des affaires maritimes des États membres de l’Union européenne ont clairement exprimé leurs attentes par
rapport aux promesses qui concernent l’économie bleue. Conjointement avec la Commission, ils se sont engagés à tout
mettre en œuvre pour que ces promesses soient tenues.
Pour baisser le coût de l’engagement dans ces nouvelles activités et pour stimuler le développement de produits et de
services innovants, l’Union européenne entreprend une série d’initiatives visant à améliorer la connaissance des océans
grâce à la mise en réseau des fournisseurs de données marines, à donner aux acteurs maritimes l’espace dont ils ont
besoin grâce à une meilleure planification de l’espace marin et à protéger ces nouvelles activités avec une surveillance
maritime d’un meilleur coût-efficacité.
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ȩA?SQ?LRȩBCQȩBMKK?ECQȩGPPĸN?P?@JCQȩ
à des écosystèmes uniques. Ces mêmes mesures – meilleure connaissance de la mer, meilleure surveillance maritime,
meilleure planification spatiale – peuvent faciliter un usage plus rationnel de nos océans tout en sauvegardant leur
biodiversité.
Nombreux sont les défis, mais nombreuses aussi sont les opportunités. C’est pour cela que la croissance bleue peut réel-
lement être une bonne nouvelle devenue réalité.
La rédaction
3
D O S S I E R
Croissance et emploi:
les nouveaux credo maritimes
La politique maritime de l’Union européenne a pris une Mobiliser les fonds publics
nouvelle dimension. Cela s’est passé en deux temps.
Le 13 septembre, la Commission européenne adoptait Pour les secteurs traditionnels tels que le transport maritime et le tou-
une Communication sur la croissance bleue, engageant risme maritime et côtier, il s’agit de trouver les moyens d’améliorer
les secteurs maritimes à se développer pour aider l’Europe leur compétitivité. Pour les secteurs émergents, tels que les énergies
à redresser son économie. Le 8 octobre, à Limassol, renouvelables marines et la biotechnologie bleue, il s’agit d’accélérer
à Chypre, à l’occasion d’un Conseil des ministres infor- leur développement pour générer davantage de produits et de ser-
mel, cet appel était relayé par l’adoption d’un programme vices et pour créer davantage d’emplois. Il faut aussi penser à orga-
pour la croissance et l’emploi dans le secteur maritime. niser des transferts de savoir-faire des secteurs traditionnels vers les
L’économie «bleue» est devenue un pilier de la Stratégie secteurs émergents.
Europe 2020.
Par dessus tout, la Commission accorde une attention particulière
C’est incontestablement un tournant. Jusqu’à présent, la politique à ces secteurs émergents. Elle en a listé cinq qui présentent un poten-
maritime intégrée essayait de mettre fin à la compartimentation des tiel de croissance intéressant et auxquels une action ciblée pourrait
politiques au profit du développement durable. Il fallait décloisonner donner une impulsion supplémentaire (voir les pages suivantes).
les secteurs économiques axés sur la mer de manière à les engager
dans un développement cohérent et durable. En cinq ans d’une poli- Ce sont bien sûr les entreprises privées qui doivent prendre des initia-
tique basée non pas sur une législation, mais sur une logique de per- RGTCQȩCRȩGLTCQRGPȩB?LQȩJCSPȩBĸTCJMNNCKCLRȩ+?GQȩJCȩNMJGRGOSCȩNCSRȩĸE?-
suasion et un dialogue constant avec les protagonistes, des bases ont lement contribuer à ces investissements, de préférence en mobilisant
été jetées pour faciliter et pour mieux encadrer l’évolution de l’écono- le potentiel de croissance inexploité. Les États membres et les entre-
mie «bleue». prises sont donc invités à utiliser au mieux les Fonds structurels et les
programmes de recherche scientifique, en ciblant des projets suscep-
En adoptant sa Communication (1) sur la croissance bleue, la Com- tibles de créer de l’innovation et d’apporter une réelle valeur ajoutée
mission européenne connecte en quelque sorte les secteurs bleus à l’économie bleue, tout en assurant également la préservation de
à l’ensemble de l’économie européenne et les place très haut dans la la biodiversité et la protection de l’environnement marin et côtier.
liste des priorités politiques et entrepreneuriales. Dans le contexte de
morosité économique que nous connaissons aujourd’hui, les potentiali- Ces perspectives de développement ne concernent pas que les pays
tés de développement que présentent la plupart des secteurs maritimes côtiers. Les chaînes de valeur maritimes peuvent intégrer des entre-
peuvent en effet contribuer à dynamiser l’économie et lui permettre prises ou des centres de recherche situés loin à l’intérieur des terres
d’atteindre les objectifs de croissance et de création d’emplois que ou dans les États membres enclavés. Ce développement ne concerne
l’Union européenne (UE) s’est fixés dans sa Stratégie Europe 2020. pas que les grands acteurs, car tous les pans de la société sont sus-
ceptibles de profiter des retombées de cette croissance.
Les chiffres montrent que l’économie bleue est déjà une «success
story». Aujourd’hui, les secteurs maritimes de l’UE génèrent 485 mil-
liards EUR de valeur ajoutée brute et emploient 5,4 millions de per-
sonnes. Sur la base de projections réalistes, on peut aujourd’hui
compter pour 2020 sur une valeur ajoutée brute de 600 milliards EUR
et sur 7 millions d’emplois. La croissance est donc à peu près acquise.
Et la Commission européenne veut non seulement favoriser cette
croissance mais, surtout, l’amplifier. Pour cela, son objectif est double:
lever les obstacles qui entravent cette croissance et mettre en place des
solutions intelligentes pour stimuler les secteurs maritimes émergents.
(1) La croissance bleue: des possibilités de croissance durable dans les secteurs marin et maritime !-+ȩȩDGL?J
4
mȩ&CLBCPWAIVȩ$MRMEP?DGC
D O S S I E R
5
Les dispositifs houlomoteurs et les hydroliennes – Ces appareils fixés Le tourisme
au sol marin contiennent une turbine qui, actionnée par le courant ou
par les vagues, produit de l’électricité. Ces appareils commencent à être Aujourd’hui, le tourisme maritime et côtier est l’activité économique
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ȩQMSQȩDMPKCȩBCȩQRPSARSPCQȩGLBGTGBSCJJCQȩȩ+5ȩ maritime la plus importante: elle emploie environ 2,5 millions de travail-
leurs, soit 1,1 % de l’emploi total dans l’UE. Plus de 90 % des entreprises
Pour la Commission européenne, il est essentiel d’arriver à accélérer de ce sous-secteur sont des entreprises de moins de 10 personnes, alors
la commercialisation de ces énergies marines alternatives en rédui- que certains segments, comme les lignes de croisières, sont clairement
sant les coûts technologiques. Pour cela, elle examine la mise en place dominés par de très grands acteurs internationaux.
de mécanismes de soutien à plusieurs niveaux: pour faciliter les inves-
tissements dans les raccordements réseau et dans la capacité de Une chose apparaît clairement: la navigation de plaisance et les croi-
transport, pour renforcer la recherche et le développement et pour sières sont en pleine expansion. En Europe, le tourisme de croisière
augmenter la confiance des investisseurs financiers, notamment par emploie près de 150 000 personnes et génère un chiffre d’affaires
des cofinancements via les Fonds structurels. de 14,5 milliards EUR. Cet essor favorise l’industrie: les chantiers navals
de l’UE se sont spécialisés dans la construction des grands bateaux de
L’aquaculture croisière et des petits bateaux de loisir.
Le paradoxe de l’aquaculture européenne a souvent été évoqué Le tourisme ne peut s’épanouir que dans un contexte particulier. Outre
dans ce magazine. Alors qu’au niveau mondial, ce secteur enregistre l’attractivité de la côte, il faut un environnement sain (eaux de bai-
un taux de croissance de 6,6 % par an, voilà plus de 10 ans qu’il est gnade de qualité et habitats naturels préservés), des infrastructures
en stagnation en Europe. Pourtant, il existe une demande: les produits efficaces (installations portuaires, lieux d’amarrage, transports), un
d’aquaculture représentent actuellement 25 % de la consommation personnel compétent et une offre étendue sur toute l’année, y com-
européenne de poissons, mollusques et crustacés, part qui devrait pris la basse saison.
augmenter dans l’avenir. Résultat: l’Europe ne peut rencontrer cette
demande qu’avec un appoint considérable de produits d’importation. Pour maintenir la croissance du tourisme maritime et côtier et assurer
sa durabilité, la Commission préconise l’ouverture d’un certain nombre
Les raisons qui empêchent le secteur aquacole européen de rencon- de chantiers, à planifier et développer au niveau local ou régional et
trer cette demande sont connues. C’est, principalement, la pénurie même interrégional et transfrontière. En effet, chaque bassin maritime
d’espace maritime, la concurrence du marché mondial et les présente ses propres défis, auxquels il faut répondre de manière circons-
contraintes administratives (notamment en ce qui concerne les pro- tanciée. Cela vaut même pour le tourisme de croisière: chaque destina-
cédures d’octroi de licences). Il faut aussi évoquer les contraintes envi- tion attire des clients différents, ce qui présente des défis spécifiques.
ronnementales, plus élevées en Europe que dans d’autres régions
productrices. Et il ne faut pas oublier la crise économique qui réduit De manière générale, plusieurs éléments apparaissent clairement:
les possibilités de financement. les administrations publiques devront adopter une stratégie d’investis-
sements dans les infrastructures de base; l’enseignement supérieur
+?JEPĸȩACJ?
ȩJ?OS?ASJRSPCȩMDDPCȩSLȩPĸCJȩNMRCLRGCJȩ"SLCȩN?PR
ȩQMLȩ devra veiller à former des professionnels compétents, capables d’assu-
niveau d’excellence lui permet de rencontrer les exigences d’un rer le succès du tourisme maritime et côtier européen dans un marché
consommateur européen qui se dirige vers des produits de qualité, mondial exigeant de plus en plus ouvert aux économies émergentes.
avec une préférence pour les modes de production durables. D’autre Par ailleurs, les entreprises devront veiller à réduire leur empreinte car-
part, il peut bénéficier de la demande d’une zone côtière européenne bone et leur impact sur l’environnement.
en quête de diversification économique. Actuellement, plus de 90 %
des entreprises aquacoles de l’UE sont des petites et moyennes entre- La Commission s’emploie en outre à résoudre les problèmes de charge
NPGQCQȩ.+#ȩCRȩDMSPLGQQCLRȩCLTGPMLȩȩȩCKNJMGQȩ PĸEJCKCLR?GPCȩNCQ?LRȩQSPȩJCQȩ.+#ȩ#JJCȩCLR?KCP?ȩSLCȩĸT?JS?RGMLȩBCQȩ
autres mesures susceptibles d’améliorer la situation du secteur.
Dans le cadre de la réforme de la politique commune de la pêche,
la Commission a rappelé sa volonté de développer l’aquaculture et Les ressources minérales marines
de lever les goulets d’étranglement qui étouffent ce secteur. Elle pré-
conise des lignes directrices stratégiques non contraignantes, des Le développement des économies émergentes risque de provoquer
plans stratégiques nationaux pluriannuels et des échanges de bonnes une pénurie de matières premières. Les fonds marins pourraient rece-
pratiques. À la clef: modifier les pratiques administratives, surtout en ler des solutions pour permettre la continuité de certaines activités
matière d’octroi de licences. industrielles en Europe. On pense notamment à l’exploitation extrac-
tive de gisements minéraux contenant du zinc, du cuivre ou du cobalt,
La Commission insiste également auprès des États membres sur la mais également à la récupération dans l’eau de mer de minéraux dis-
nécessité de faire bénéficier certains projets porteurs de financement sous comme le bore ou le lithium.
public, notamment via le futur Fonds européen pour les affaires mari-
times et la pêche pour les investissements et le futur programme Au niveau mondial, cette activité est encore balbutiante et limite son
Horizon 2020 pour la recherche et l’innovation, par exemple pour champ d’expérimentation aux eaux peu profondes proches du littoral.
l’expérimentation de nouvelles espèces, d’espèces plus résistantes Dans les eaux européennes, il n’existe à ce jour aucune «mine off-
ou le développement de solutions techniques pour l’aquaculture shorewȩ+?GQȩJ?ȩOS?LRGRĸȩBCȩKGLĸP?SVȩNPMTCL?LRȩBCQȩDMLBQȩK?PGLQȩNMSP-
off-shore. rait représenter 5 % de la quantité mondiale d’ici 2020 et 10 % d’ici
2030. Le chiffre d’affaires annuel mondial de l’exploitation minière
off-shore pourrait ainsi passer de 0 à 10 milliards EUR d’ici à 2030.
Il y a là d’évidentes opportunités de croissance.
6
La dorade 7
Sparus aurata
n° 5 9
migrent vers les côtes et les estuaires. Cette espèce est her-
maphrodite. Elle atteint sa maturité sexuelle d’abord comme Production et commerce
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mâle, à l’âge d’un ou deux ans, et ensuite comme femelle,
à l’âge de deux ou trois ans. Elle se nourrit de mollusques, La majorité des dorades proviennent de l’aquaculture. L’UE est,
de crustacés et de petits poissons. de loin, le premier producteur mondial, suivie de la Turquie.
Au sein de l’UE, la Grèce est le principal producteur, suivie
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de l’Espagne. Les échanges commerciaux entre l’UE et les
Élevage pays tiers sont très limités. En revanche, le commerce intra-UE
est important et la Grèce, le premier exportateur, exporte vers
La dorade royale a longtemps été élevée de façon extensive l’Italie, le Portugal, la France et l’Espagne.
dans les lagunes côtières et les étangs saumâtres du nord
de l’Italie («valliculture») et du sud de l’Espagne («esteros»).
Dans les années 1980, la reproduction en captivité de la
dorade royale a été effectuée avec succès, et des systèmes
d’élevage intensifs (notamment des cages en mer) ont vu le
jour. Depuis, cette espèce est devenue l’un des principaux pro-
duits de l’aquaculture européenne.
50
0
production importations exportations commerce
en provenance hors UE intra-UE
de pays tiers
* de la pêche et de l’aquaculture.
Source: Eurostat.
Dorade aux he
rbes et tapena
de Production aquacole
Ingrédients po de dorades dans l’UE
ur 4 personnes (2009)
bȩ4 dorades d’e
nviron 300 g
bȩ2 branches de bȩ3 cuillères à
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bȩ1 brin de thym silic bȩ1 petit pot de
soupe d’huile d’o
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bȩ1 oignon tapenade
bȩ2 citrons
bȩ4 gousses d’a bȩ2 courgettes
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SPM2MOSCQȩ CJ
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Source: Eurostat.
La moule 8
My til u s e d ul i s My til u s
galloprovincialis
n° 5 9
moules donnent naissance à des larves, qui sont emportées par moules approvisionnant l’UE sont produites localement.
les courants. En moins de 72 heures, les larves grossissent et Le Chili et la Nouvelle-Zélande sont les deux principaux pays
' ȩ "ĝ!#+
atteignent un stade où elles ne peuvent plus flotter. Elles se exportant des moules vers l’UE et l’approvisionnent en produits
fixent ensuite sur divers substrats. congelés qui sont utilisés comme matière première par le sec-
teur européen de la transformation. Le commerce intra-UE est
bien développé et sa valeur représente environ la moitié de la
0#ȩ
Élevage valeur totale de l’offre de l’UE. Les grands flux commerciaux
N?PRCLRȩBCȩJ#QN?ELC
ȩBCQȩ.?WQ ?QȩCRȩBSȩ"?LCK?PIȩKMSJCQȩ
La production de moules est la première activité conchylicole sauvages dans le cas de ce dernier pays) vers la Belgique, la
d’Europe. L’élevage de moules sur des pieux en bois est attesté France et l’Italie. Dans l’UE, le marché des moules est très seg-
en France dès le XIIIe siècle. La mytiliculture a vu le jour sur la menté et les prix et les saisons de commercialisation varient
côte atlantique avec la moule commune (Mytilus edulis), puis en fonction de leur origine. Les exportations de l’UE sont très
QSPȩJ?ȩAłRCȩ?RJ?LRGOSCȩCQN?ELMJCȩCRȩCLȩ+ĸBGRCPP?LĸCȩ?TCAȩJ?ȩ limitées et sont surtout destinées à la Suisse et à la Russie.
moule méditerranéenne (Mytilus galloprovincialis), qui est éle-
vée jusqu’en mer Noire. On peut aussi fréquemment rencon-
trer dans la nature des hybrides de ces deux espèces.
Source: Eurostat.
Production aquacole
+MSJCQȩL?RSPC de moules dans l’UE
(2009)
Ingrédients po
ur 4 personnes
bȩȩIEȩBCȩKMSJC
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bȩ600 g de céle Épices moules:
ri vert
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bȩ100 g de beur bȩ2 cuillères à
re café de poivre
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● entre 50 000 et 100 000 tonnes
● entre 20 000 et 50 000 tonnes
Recette du chef ● entre 2 000 et 5 000 tonnes
Jean Castadot
(Président Euro ● moins de 1 000 tonnes
-Toques Belgiq
ue )
Source: Eurostat.
mȩ+?PAȩ0WAI?CPR
Les gisements les plus prometteurs sont les gisements de sulfures La biotechnologie bleue
métalliques situés dans les zones volcaniques. Or, ces zones, carac-
térisées par des températures et des pressions extrêmes, contiennent La biotechnologie bleue est un incontournable secteur d’avenir. Les nou-
une biodiversité marine très fragile dont il faut assurer la protection, velles technologies de séquençage des gènes permettent d’investiguer
en vertu de la convention des Nations unies sur le droit de la mer. les caractéristiques de certaines espèces marines, particulièrement les
L’impact des activités extractives dans ces zones doit donc être minu- organismes capables de résister à des températures et des pressions
tieusement étudié et encadré. Au niveau institutionnel, cette respon- extrêmes et de se développer sans lumière. Il existe déjà des cas
sabilité incombe à l’État côtier dans sa zone de juridiction nationale concrets: les médicaments antiviraux Zovirax et Acyclovir ont été obte-
CRȩİȩJSRMPGRĸȩGLRCPL?RGML?JCȩBCQȩDMLBQȩK?PGLQȩ'$+ȩB?LQȩJCQȩXMLCQȩ nus à partir d’éponges caribéennes et l’antitumoral Yondelis a été mis
de haute mer. au point à partir de petits invertébrés marins.
De par leur longue expérience en matière de navires spécialisés et Les recherches en cours pourraient déboucher sur de nouvelles appli-
de manutention sous-marine, les entreprises européennes auront iné- cations pharmaceutiques, cosmétiques ou industrielles, sans oublier
TGR?@JCKCLRȩSLȩPłJCȩİȩHMSCPȩB?LQȩACRRCȩAF?ĽLCȩBCȩNPMBSARGMLȩ+?GQȩJCSPȩ l’utilisation des algues en tant que source de biocarburants…
présence dans ce développement dépend de plusieurs éléments: l’accès
au financement (or, c’est un marché intrinsèquement risqué), une stra- Aujourd’hui, l’emploi dans ce secteur est relativement minime en Europe
tégie de recherche et de développement ciblée sur les techniques et la valeur ajoutée brute est d’environ 0,8 milliard EUR. D’ici à 2020,
d’extraction, l’obtention de licences dans les eaux internationales et les biotechnologies bleues évolueront vers un marché de taille moyenne,
l’adoption de mesures strictes de protection des écosystèmes de qui croîtra en produisant des composés organiques (lipides, sucres, poly-
grandes profondeurs. mères, protéines) pour les industries chimiques et alimentaires (humaine
et animale). D’ici à 2030, ce secteur pourrait rencontrer des marchés
Quel pourrait être le rôle de l’UE pour faire en sorte que ses entre- de masse en fournissant des produits à haute valeur ajoutée.
prises participent à cette croissance mondiale et contribuent à sa
durabilité? Elle pourrait prendre des mesures visant à garantir que les +?GQȩJ?TCLGPȩBCȩJ?ȩ@GMRCAFLMJMEGCȩ@JCSCȩCVGECȩSLCȩNMJGRGOSCȩ?VĸCȩQSPȩJ?ȩ
entreprises européennes ne soient pas exclues des marchés par des recherche: d’une part, la recherche fondamentale (sur la vie marine) et
concurrents bénéficiant d’un soutien étatique. Elle pourrait également d’autre part, la recherche appliquée (sur les potentialités industrielles).
développer des actions pilotes en matière de recherche, ciblées sur Si ces recherches présentent un faible taux de succès, les quelques réus-
les principaux défis technologiques. La participation européenne pour- sites qui en résultent offrent un important retour sur investissement.
rait contribuer à établir et à appliquer des normes élevées en matière
de droit et de sécurité, mais surtout elle pourrait garantir que l’exploi- L’UE pourrait dans ce cadre développer une approche stratégique de la
tation de ces matières premières non énergétiques soit entourée des recherche et de l’innovation, afin de baliser les champs de développe-
meilleurs parapets environnementaux. ment pour les nouveaux secteurs industriels. Ce travail de réduction des
goulets d’étranglement devrait permettre au secteur d’attirer davantage
d’investisseurs et, également, de pouvoir passer plus facilement de la
phase de développement à celle de la commercialisation. En outre, une
approche européenne permettrait de sensibiliser les décideurs, le sec-
teur privé et les citoyens au potentiel des produits aquatiques marins.
7
© Cyprus Presidency
D O S S I E R
La Déclaration de Limassol
L’Union européenne s’engage fermement à stimuler la Dynamiser la croissance
croissance des secteurs maritimes. En adoptant la décla-
ration de Limassol, les ministres européens responsables Les ministres et la Commission ont adopté un programme marin et
des affaires maritimes et la Commission européenne ont maritime dynamique pour la croissance et l’emploi en une vingtaine de
confirmé la volonté politique européenne de dynamiser points (2). Son but: amplifier le développement des secteurs maritimes.
l’économie bleue, tout en garantissant le bon état de santé La déclaration de Limassol met l’accent sur un large programme englo-
des mers et des océans. bant les secteurs maritimes prometteurs, y compris les cinq secteurs
identifiés dans la communication de la Commission européenne sur
Nous l’avons vu dans le numéro précédent, Chypre est une nation la croissance bleue, dont il est question dans les pages qui précèdent:
maritime et elle poursuit des objectifs ambitieux dans ce domaine. les énergies renouvelables, l’aquaculture, le tourisme maritime et côtier,
Particulièrement en matière de développement portuaire (1). Dans l’extraction minière et les biotechnologies bleues.
cette optique, la présidence chypriote du Conseil de l’Union euro-
péenne (UE) voulait, en priorité, donner une nouvelle impulsion à la «La déclaration que nous adoptons n’est pas une simple piqûre de
politique maritime intégrée, 5 ans après son lancement en 2007. rappel,ȩ?ȩCVNJGOSĸȩ(MQĸȩ+?LSCJȩ ?PPMQM
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européenne en commentant son contenu. Elle va beaucoup plus
C’est pour cela qu’elle a réuni, le 8 octobre dernier à Limassol, les loin que cela, en insistant non seulement sur ce qui est important
ministres européens responsables des affaires maritimes. L’événement aujourd’hui, mais en mettant l’accent sur ce que nous devrions faire
était important et justifiait pleinement la présence de Demetris pour créer les emplois de demain.» Le président Barroso a également
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ȩCRȩBCȩ(MQĸȩ+?LSCJȩ souligné que la Déclaration «est une base forte pour développer
Barroso, le président de la Commission européenne. Cette nouvelle l’économie bleue en Europe. En faisant cela, nous donnons un pilier
impulsion a été donnée sur le thème de la croissance économique. maritime fort à la Stratégie Europe 2020.»
«Reconnaissons-le,ȩ?ȩCVNJGOSĸȩ+?PG?ȩ"?K?L?IG
ȩAMKKGQQ?GPCȩCSPM- Le programme ministériel rappelle également l’importance de mener
péenne aux affaires maritimes et à la pêche: il y a 5 ans, l’intégration à bien les chantiers lancés il y a cinq ans pour donner à l’économie mari-
des secteurs maritimes était juste une idée prometteuse. Maintenant, time les outils horizontaux indispensables à son développement
on se demande comment on a pu se débrouiller sans elle et nous à savoir: l’appui à la recherche et à la connaissance du milieu marin,
sommes prêts à aller plus loin. Nous le voulons parce que nous pou- la formation dans le domaine maritime, la coopération dans le domaine
vons faire maintenant des choses que nous ne pouvions pas faire de la surveillance maritime, la mise en place d’une planification de
avant: nous avons la technologie pour travailler plus au large, même l’espace maritime et la poursuite de la mise en œuvre de la directive-
par mauvais temps; nous avons les matériaux qui résistent à la cadre environnementale «Stratégie pour le milieu marin».
corrosion de l’eau salée; nous avons des sous-marins téléguidés qui
peuvent explorer les grandes profondeurs. Mais aussi: nous le devons.
Parce que nous sommes convaincus que les secteurs maritimes
vont davantage contribuer à la croissance européenne et vont aider
l’Europe à sortir de la crise.»
(1) Voir Pêche & aquaculture en Europe, n° 58, octobre 2012, pp. 10-12.
(2) Déclaration des ministres européens chargés de la politique maritime intégrée et de la Commission européenne relative
à un programme pour la croissance et l’emploi dans les secteurs marins et maritimes, dite Déclaration de Limassol.
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n° 5 9 I D É C E M B R E 2012 I P Ê C H E & A Q U A C U LT U R E E N E U R O P E
A C T U A L I T É
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S U R L E T E R R A I N
Le port de Castletownbere
Castletownbere, au sud-ouest de l’Irlande, est un petit village Les 16 hectares de cet îlot, relié à la côte par un pont, sont entiè-
portuaire d’un millier d’habitants. Pourtant, 26 nationalités rement consacrés à des entreprises centrées sur les produits de
s’y côtoient. La raison, c’est que le port – officiellement le la pêche. À côté de l’usine de la coopérative, on trouve une dizaine
Fishery Harbour Centre – y draine une activité économique d’exploitants, allant de la fabrique de glace à l’usine de traitement
intense, centrée sur les débarquements internationaux des d’algues en passant par un fabriquant de filets, par l’antenne d’un
pêcheries démersales et pélagiques de la mer Celtique et de important groupe aquacole qui élève des saumons non loin de là
l’Ouest-Irlande. Profitant de leur situation dans le premier et par la filiale d’un groupe espagnol spécialisée dans l’exportation
port irlandais pour la pêche démersale, les acteurs locaux de crustacés. Selon une récente étude économique, la pêche et
misent résolument sur l’européanisation de leur commerce. l’aquaculture font directement et indirectement travailler 660 per-
sonnes ici, soit 81 % de l’emploi (1).
John Nolan est un homme occupé. Trônant au milieu d’un amon-
cellement impressionnant de papiers et de dossiers, il jongle entre Si la coopérative locale est en plein développement industriel et
les coups de téléphone, les questions de ses collaborateurs et les commercial, c’est parce que le port profite d’une véritable dyna-
réponses aux questions de son interlocuteur. C’est le manager de mique logistique. À la pointe sud-ouest de l’Irlande, il est idéale-
la Castletownbere Fishermen’s Co-op depuis 1982 et il n’est pas ment situé, à proximité immédiate des zones de pêche de la mer
peu fier de faire visiter son «usine», comme il l’appelle lui-même: Celtique et de l’Ouest-Irlande. D’immenses terrains de pêche rece-
sur 5 000 m2, des bureaux, des chambres de congélation, une lant une ressource variée.
chaîne automatisée de filetage et de saumurage pour les petits
pélagiques, un atelier de conditionnement pour les démersaux… «Cela signifie qu’il n’y a probablement pas une pêcherie qui ne soit
pratiquée par au moins un de nos membres, explique Eibhlin
L’usine est située sur l’îlot de Dinish, à 200 mètres au large du O’Sullivan, directrice générale de l’ISWFPO (2), l’organisation de
village de Castletownbere. Le soir et la nuit, les puissants projec- producteurs qui gère toute la région. Nous avons des membres qui
teurs qui éclairent le quai flambant neuf laissent deviner l’activité se consacrent à la pêche pélagique. Nous avons des bateaux qui
intense qui s’y déroule, au gré des débarquements. La coopérative ciblent les démersaux. Nous en avons qui pêchent juste le crabe. Nous
compte 34 bateaux exploités par 200 marins-pêcheurs. L’usine avons vraiment un ensemble représentatif de la pêche irlandaise.»
emploie une centaine de travailleurs à terre et génère un chiffre
d’affaires de 45 millions EUR. Infrastructure
«Il est très clair, maintenant, qu’il faut miser sur la valeur ajoutée, Pour la pêche pélagique (9 698 tonnes en 2011), les principales
explique John Nolan. Il y a 10 ans, nous n’avions pas de capacité espèces sont le thon germon, le hareng, le chinchard et le sprat.
de traitement ici, pas de valeur ajoutée. Tout allait dans les camions Pour la pêche démersale (14 902 tonnes), c’est le merlu, la bau-
et était envoyé vers le continent. Maintenant, nous avons développé droie, la cardine franche, le sanglier et le merlan. Ces chiffres ne
le traitement et, sur cette base, nous avons conclu des partenariats sont pas totalement représentatifs de l’activité du port, car ils ne
à long terme. Nous produisons essentiellement pour l’exportation, tiennent pas compte des débarquements des bateaux d’autres
dans le monde entier. Cela nous fait de la valeur ajoutée et nous pou- États membres – principalement en pêche démersale – qui sont
vons faire face à la récession économique qui fait baisser les prix du déclarés dans leurs pays.
poisson, particulièrement des démersaux.»
Pour participer à cette dynamique de développement, le ministère
Port naturel irlandais de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Pêche, proprié-
taire du port, a décidé de miser sur l’infrastructure. En 2005,
Prenez une baie de taille moyenne, mettez une petite île au milieu il a entamé une série de travaux de modernisation centrés sur
et protégez-les du large par une grande île, le tout dans le bel l’îlot de Dinish. Les nouvelles installations ont été inaugurées en
environnement verdoyant, vallonné et largement rural du sud- avril dernier. L’objectif de cet investissement de 39,5 millions EUR,
ouest de l’Irlande. C’est le site de Castletownbere, le plus grand dont 13,5 millions financés par le Fonds européen de développe-
port naturel du monde, paraît-il. Le village est regroupé au fond ment régional, était d’élever les normes du port jusqu’à une classe
de la baie. Le port est réparti entre deux quais, celui du village et, internationale. Le chenal d’accès, le port intérieur et la zone
en face, celui de la petite île de Dinish. de mouillage ont été dragués, pour être plus profonds. Le quai de
débarquement a été élargi, agrandi à 215 m et pourvu de tout
l’appareillage auxiliaire nécessaire aux débarquements.
(1) Castletownbere – An Economic Survey to Determine the Level of Seafood Activity and Establish its Economic Importance for the Region,
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(2) Irish South and West Fish Producer’s Organisation.
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«Nous voulons soutenir le développement de nos ports, explique mise sur la valeur ajoutée, et son usine traite déjà les débarque-
Kevin Hodnett, assistant principal à l’Administration des pêches. ments démersaux d’une compagnie de pêche espagnole. Elle veut
Nous avons commencé par Killibegs, où nous avons réalisé des inves- également développer la pêcherie de thon germon: les nouvelles
tissements significatifs – autour de 60 millions EUR. Castletownbere infrastructures lui permettent en effet d’accueillir les débarque-
était notre objectif suivant. Notre intention est d’amener les six Fisheries ments des grands chalutiers pélagiques de Killibegs (jusqu’à 79 m)
Harbour Centres d’Irlande à un niveau international, parce que cela et de profiter de sa proximité avec la zone de pêche pour devenir
favorise l’emploi et l’industrie de la pêche. Et – ce qui est très impor- le centre de traitement et de commercialisation de ce produit.
tant – les retombées peuvent être significatives pour la communauté L’éco-labellisation de cette pêcherie saisonnière est d’ailleurs en
locale qui est très rurale. Cela vaut la peine de mentionner une chose cours, afin de répondre à la demande des acheteurs, principalement
qui n’a rien à voir avec la pêche: la qualité de l’infrastructure permet espagnols et français.
l’accueil des bateaux de croisière. Cela ne va pas être régulier, mais il
y en a déjà eu un cette année. Et cela peut avoir des implications assez Dépendant de la pêche, Castletownbere a indéniablement su pro-
intéressantes pour l’économie locale.» fiter de sa position géographique privilégiée pour limiter les effets
de la crise de la ressource et de la crise économique. Avec la par-
Le résultat semble en tout cas à la hauteur de ces espérances, si on ticipation de tous les acteurs locaux, le port se profile désormais
en juge par la satisfaction des acteurs locaux et par l’augmenta- comme un centre de pêche de dimension européenne, en jouant
tion des débarquements étrangers. Plus que jamais, la coopérative la carte de la mise en valeur, du service et du commerce.
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KL-AG-12-059-FR-C
E N B R E F
ISSN 1830-6594
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