Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Manifestations dermatologiques
des maladies d’organes
Dermatologie et médecine, vol. 4
avec la collaboration de
Camille Francès, Bernard Guillot et Jean-Jacques Guilhou
Didier Bessis
Dermatologue
Praticien hospitalier
Centre hospitalier et universitaire
Hôpital Saint-Éloi
80, avenue Augustin-Fliche
34295 Montpellier cedex 5
Camille Francès
Professeur de dermatologie-vénérologie
Hôpital Tenon
4, rue de la Chine
75020 Paris
Bernard Guillot
Professeur de dermatologie-vénérologie
Chef du service de dermatologie
Centre hospitalier et universitaire
Hôpital Saint-Éloi
80, avenue Augustin-Fliche
34295 Montpellier cedex 5
Jean-Jacques Guilhou
Professeur de dermatologie-vénérologie
Centre hospitalier et universitaire
Hôpital Saint-Éloi
80, avenue Augustin-Fliche
34295 Montpellier cedex 5
Cet ouvrage est soumis au copyright. Tous droits réservés, notamment la reproduction et la représentation la traduction, la réimpression, l’exposé,
la reproduction des illustrations et des tableaux, la transmission par voie d’enregistrement sonore ou visuel, la reproduction par microfilm ou
tout autre moyen ainsi que la conservation des banques de données. La loi française sur le copyright du 9 septembre 1965 dans la version en
vigueur n’autorise une reproduction intégrale ou partielle que dans certains cas, et en principe moyennant le paiement des droits. Toute repré-
sentation, reproduction, contrefaçon ou conservation dans une banque de données par quelque procédé que ce soit est sanctionné par la loi
pénale sur le copyright.
L’utilisation dans cet ouvrage de désignations, dénominations commerciales, marques de fabrique, etc. même sans spécification ne signifie pas
que ces termes soient libres de la législation sur les marques de fabrique et la protection des marques et qu’ils puissent être utilisés par chacun.
La maison d’édition décline toute responsabilité quant à l’exactitude des indications de dosage et des modes d’emplois. Dans chaque cas il incombe
à l’usager de vérifier les informations données par comparaison à la littérature existante.
Sébastien Barbarot
Praticien hospitalier Olivier Dereure
Service de Dermatologie Professeur des Universités
Hôtel-Dieu Praticien hospitalier
Place Alexis-Ricordeau Service de Dermatologie
44093 Nantes CEDEX 1 Hôpital Saint-Éloi
80 avenue Augustin-Fliche
Antoine Bennet 34295 Montpellier CEDEX 5
Praticien hospitalier
Service d’Endocrinologie
Hôpital Rangueil Valérie Doffoel-Hantz
1 avenue du Professeur-Jean-Poulhès Chef de clinique des Universités
31059 Toulouse CEDEX. Assistant des hôpitaux
Service de Dermatologie
Didier Bessis Hôpital Dupuytren
Praticien hospitalier 2 avenue Martin-Luther-King
Service de Dermatologie 87042 Limoges CEDEX
Hôpital Saint-Éloi
80 avenue Augustin-Fliche
34295 Montpellier CEDEX 5 Odile Enjolras
Praticien attaché
Claire Beylot Service de Neuroradiologie
Professeur des Universités et Angiographie thérapeutique
Praticien hospitalier Hôpital Lariboisière
Service de Dermatologie 2 rue Ambroise-Paré
Hôpital Haut-Lévêque 75010 Paris
33600 Pessac
Jean-Philippe Lacour
Professeur des Universités Laurence Valeyrie-Allanore
Praticien hospitalier Praticien hospitalier
Service de Dermatologie Service de Dermatologie
Hôpital de l’Archet Hôpital Henri-Mondor
151 route Saint-Antoine-de-Ginestière 51 avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny
06202 Nice CEDEX 3 94010 Créteil
Didier Bessis
Sommaire
GLANDES ENDOCRINES CŒUR, POUMONS ET VAISSEAUX
74 Thyroïde, surrénales, hypophyse 83 Affections cardiaques et pulmonaires
et parathyroïdes Agnès Sparsa, Valérie Doffoel-Hantz
Isabelle Raingeard, Didier Bessis 84 Ulcères vasculaires
75 Hormones sexuelles Olivier Dereure
Antoine Bennet, Delphine Vezzosi, 85 Affections veineuses
Philippe Caron
Didier Bessis
76 Diabète sucré
86 Lymphœdèmes des membres
Didier Bessis
Stéphane Vignes
77 Dermatoses carentielles
87 Dysplasies héréditaires du tissu
Yannis Scrivener, Didier Bessis conjonctif
78 Maladies rares endocrinologiques Ludovic Martin, Claire Beylot,
et cutanées Didier Bessis
Didier Bessis 88 Syndromes neuro-cardio-facio-cutanés
Charlotte Pernet, Didier Bessis
APPAREIL DIGESTIF
89 Syndromes progéroïdes
79 Tube digestif Sophie Hakimi, Nicolas Kluger,
Emmanuel Delaporte, Frédéric Piette Didier Bessis
80 Foie et voies biliaires
Emmanuel Delaporte, Frédéric Piette REINS
81 Pancréas 90 Insuffisance rénale chronique et
Emmanuel Delaporte, Frédéric Piette dialyse
82 Maladies rares digestives et Didier Bessis, Camille Francès
dermatologiques 91 Maladies rares rénales et cutanées
Emmanuel Delaporte, Didier Bessis Didier Bessis
XII Sommaire
SYSTÈME NERVEUX
92 Système nerveux central et 96 Hypomélanose de Ito et mosaïcismes
périphérique pigmentaires
Céline Girard Jean-Philippe Lacour
93 Maladies psychiatriques 97 Maladies rares neurologiques et
Madhulika A. Gupta dermatologiques
94 Neurofibromatoses Odile Enjolras
Laurence Valeyrie-Allanore, Pierre
Wolkenstein, Didier Bessis
95 Sclérose tubéreuse de Bourneville
Fabienne Ballanger, Gaëlle Quereux,
Sébastien Barbarot
74
Thyroïde, surrénales, hypophyse
et parathyroïdes
Isabelle Raingeard, Didier Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 74.3 Œdème et hyperpigmentation des paupières supérieures et
inférieures (signe de Jellinek) au cours d’une maladie de Basedow
Coll. D. Bessis
shimoto sans thyrotoxicose, de l’hypothyroïdie dans les
suites du traitement de la maladie de Basedow et chez les
patients euthyroïdiens. Le myxœdème localisé se manifeste
par diverses formes cliniques : nodules ou plaques érythé- Fig. 74.5 Myxœdème localisé : placards papuleux et nodulaire
mateuses ou couleur de peau normale, parfois brunâtres ou brun-rouge, à surface lisse ou « peau d’orange » au cours d’une maladie
jaunâtres, cireuses et indurées, conférant un aspect peau de Basedow
d’orange (fig. 74.4). Les lésions touchent avec prédilection
les régions antérolatérales des jambes et des pieds (fig. 74.5). être engainé par les dépôts de mucine se compliquant d’un
Elles peuvent également débuter par un œdème diffus des steppage ou d’une gêne à la dorsiflexion. Du point de vue
mêmes régions, ne prenant pas le godet, et évoluer vers un histopathologique, le myxœdème localisé se caractérise par
état éléphantiasique (fig. 74.6). Le myxœdème localisé peut d’abondants dépôts de mucine situés dans le derme réti-
toucher plus rarement le visage, les épaules, les bras, la par- culaire, séparant les faisceaux collagènes et épaississant
tie inférieure de l’abdomen et les cicatrices ou réapparaître le derme (fig. 74.7). Une bande de derme superficiel (derme
après une greffe cutanée. Les plaques étendues sont sou- papillaire) est épargnée sous un épiderme fréquemment
vent douloureuses et prurigineuses. Une hypertrichose et hyperkératosique, papillomateux et acanthosique. Il existe
une hyperhidrose peuvent être présentes, classiquement également un infiltrat lymphocytaire périvasculaire et pé-
confinées en regard de la peau prétibiale myxœdémateuse. rifolliculaire associé à des mastocytes et des grands fibro-
La morbidité associée est minimale. Le nerf péronier peut blastes étoilés. Le nombre de fibres élastiques est réduit.
Le diagnostic différentiel se pose avec le lichen chronique
ou hypertrophique, le lymphœdème et un état éléphantia-
sique, mais ces dernières affections ne comportent pas de
dépôts de mucine et, classiquement, ne sont pas associées
à une maladie thyroïdienne.
Le traitement est décevant. Les lésions de petite taille sont
asymptomatiques et ne nécessitent pas de traitement. Les
localisations plus étendues peuvent être douloureuses. La
corticothérapie locale forte, sous occlusion ou par injec-
tion intralésionnelle (triamcinolone, 10 mg/ml, 1 fois par
mois), constitue une thérapeutique d’appoint décevante.
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 74.11 Myxœdème généralisé : épaississement œdémateux des
Fig. 74.9 Dépilation du tiers externe du sourcil au cours d’une mains et doigts boudinés
hypothyroïdie acquise
l’état d’hypothyroïdie : purpura par fragilité capillaire, télan-
sociée, liée à une diminution de la stimulation sympathique giectasies des extrémités, ulcères de décubitus, candidose
des muscles palpébraux. L’atteinte des extrémités est res- cutanéomuqueuse chronique, eczéma craquelé et hyperké-
ponsable d’un épaississement des mains et des pieds avec ratose palmoplantaire.
des doigts boudinés, élargis, froids et cyanosés (fig. 74.11),
et se complique parfois d’un syndrome du canal carpien. Manifestations extracutanées
Au cours de formes généralisées, des épanchements des Les symptômes cliniques sont nombreux, conséquences de
séreuses (péricarde, plèvre, péritoine), une macroglossie l’ubiquité de l’action des hormones thyroïdiennes sur leurs
(fig. 74.12), des atteintes cardiaques, digestives, rhumatolo- récepteurs tissulaires. Le syndrome d’hypométabolisme
giques peuvent être notés. Le myxœdème est lié au dépôt traduit le ralentissement global d’activité des principales
dans le derme de mucopolysaccharides acides, en particu- fonctions vitales de l’organisme. Il regroupe une asthénie,
lier d’acide hyaluronique et de chrondroïtine sulfate, accom- à la fois physique, psychique et sexuelle, des troubles de
pagné d’une fuite extravasculaire d’albumine et secondai- l’attention et de la mémoire, une somnolence, une frilo-
rement d’eau et d’électrolytes. Une altération du drainage sité, une constipation et une prise de poids. Les signes car-
lymphatique pourrait jouer un rôle aggravant. diovasculaires sont évocateurs : bradycardie, péricardite,
Autres signes dermatologiques Ils ont été rapportés
ponctuellement sans preuve évidente d’un lien formel avec
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
et pauses respiratoires.
Explorations paracliniques
Le diagnostic repose sur une élévation de la TSH alors que Fig. 74.13 Pelade ophiasique au cours d’une maladie de Basedow
74-8 Thyroïde, surrénales, hypophyse et parathyroïdes
Coll. D. Bessis
Fig. 74.14 Vitiligo acral au cours d’une maladie de Basedow
Coll. D. Bessis
(fig. 74.14). Il peut précéder de plusieurs années les manifes-
tations cliniques thyroïdiennes et son évolution n’est pas in-
fluencée par le traitement des désordres thyroïdiens ⁷,⁸. La
prévalence d’anomalies thyroïdiennes cliniques associées à Fig. 74.15 Dermatite herpétiforme caractérisée par des papules et des
la dermatite herpétiforme varie de 4,3 à 14 % suivant les vésicules des faces antérieures des genoux et des cuisses
séries ⁹,¹⁰ (fig. 74.15). Il s’agit le plus souvent d’hypothyroï-
dies, parfois de maladie de Basedow ou de goitre multinodu- à l’excès ou aux déficiences des glucocorticoïdes, les signes
laire toxique. Une prédisposition génétique commune avec cutanés des hyperandrogénies faisant l’objet d’un chapitre
une présence des antigènes HLA-B8DRW3 pourrait rendre spécifique (chap. 75, « Hormones sexuelles »).
compte de cette association ¹¹. La fréquence des anomalies
thyroïdiennes au cours de l’urticaire chronique varie entre Hypercorticismes
12 à 14 % selon les séries. Le traitement de l’affection thyroï-
dienne semble n’avoir aucune influence sur l’évolution de Le syndrome de Cushing définit l’ensemble des manifesta-
l’urticaire en dehors d’observations ponctuelles (fig. 74.16). tions induites par une exposition chronique à un excès de
En revanche, de rares observations d’urticaire chronique as- glucocorticoïdes circulants. On distingue le syndrome de
socié à la présence d’anticorps antithyroïdiens, mais en état Cushing ACTH-indépendant au cours duquel la sécrétion
d’euthyroïdie et amélioré par l’administration d’hormones cortisolique est primitivement surrénalienne et autonome,
thyroïdiennes ont été rapportées ¹². Dans tous les cas, un en rapport avec une tumeur sécrétante le plus souvent uni-
examen de la thyroïde et la recherche de signes cliniques latérale et le syndrome de Cushing ACTH-dépendant qui
de dysthyroïdies sont souhaitables au cours de l’urticaire résulte d’une stimulation des surrénales par une sécrétion
chronique, éventuellement complétés par des explorations excessive d’ACTH. Les hypercorticismes endogènes sont
biologiques (dosage de la TSH, recherche d’anticorps anti- liés à la maladie de Cushing (70 % des cas) secondaire à la sé-
thyropéroxydase). crétion inappropriée de corticotrophine (ACTH) par un adé-
nome hypophysaire, plus rarement à la sécrétion ectopique
d’ACTH (5 à 10 % des cas), à un adénome bénin de la corti-
cosurrénale (10 à 15 % des cas) ou à un corticosurrénalome
Surrénales malin (5 à 10 % des cas). L’hyperplasie macronodulaire des
surrénales, l’hyperplasie micronodulaire pigmentée de la
corticosurrénale et le syndrome de McCune-Albright consti-
L es glandes surrénales sont formées de deux tissus em-
bryologiquement et fonctionnellement différents. La
corticosurrénale sécrète trois types d’hormones stéroïdes
tuent des étiologies exceptionnelles.
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 74.18 Purpura pigmenté et cicatrices pseudostellaires des
Fig. 74.16 Papules érythémateuses et œdémateuses de l’abdomen, avant-bras compliquant une fragilité cutanée ayant révélée une maladie
confluentes en carte de géographie, au cours d’une urticaire commune de Cushing
pomateux du tronc et de l’abdomen ou temporaux peuvent parence le tissu vasculaire dermique sous-jacent. L’épais-
être notés. Le visage est arrondi, lunaire. Cette répartition seur du derme est également diminuée, par baisse de syn-
anormale des graisses contraste avec des membres grêles, thèse du collagène, des fibres élastiques et des mucopolysac-
liés à l’atrophie graisseuse et musculaire proximale, et une charides, particulièrement au niveau des extrémités, pou-
prise de poids parfois sévère. Ces anomalies couplées à une vant être responsable d’une atrophie cutanée marquée des
fréquente diminution de la taille et à une cyphose, secon- pulpes digitales. Il existe une fragilité vasculaire avec ec-
daires à des tassements vertébraux favorisés par l’ostéopo- chymoses ou ulcérations, lentes à cicatriser (diminution
rose, confèrent un aspect clinique évocateur. du processus de cicatrisation liée à l’hypercorticisme), à
la suite de traumatismes minimes avec pétéchies, placards
La peau est atrophique : l’épiderme est fin, à surface purpuriques et pseudo-cicatrices stellaires spontanées iden-
brillante et finement squameuse, laissant voir par trans- tiques au purpura sénile de Bateman (fig. 74.18). Le visage est
érythrosique avec de nombreuses télangiectasies (fig. 74.19).
Un livedo des membres inférieurs par diminution du tonus
vasculaire est possible.
Des vergetures pourpres, horizontales, larges apparaissent
sur les zones convexes du tronc et à la racine des membres.
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 74.20 Vergetures pourpres et larges de l’abdomen au cours d’un
Coll. D. Bessis
syndrome de Cushing
Phéochromocytome
Le phéochromocytome est une tumeur développée aux
dépens des cellules chromaffines de la médullosurrénale
alors que les paragangliomes sont développés à partir de
résidus embryonnaires chromaffines extrasurrénaux, sé-
Fig. 74.24 Taches gris bleu, ardoisées de la face interne de la joue et du crétant des catécholamines (adrénaline, noradrénaline). Il
palais au cours d’une maladie d’Addison s’agit d’une tumeur rare, bilatérale chez 10 % des patients,
maligne dans 10 % des cas, potentiellement létale, qui re-
candidose cutanéomuqueuse, notamment dans le cadre présente 0,1 à 1 % des causes d’hypertension artérielle.
des polyendocrinopahies ; Son diagnostic clinique repose sur l’association d’une hy-
− des fibroses et des calcifications auriculaires et tendi- pertension artérielle permanente ou paroxystique et de la
neuses. triade céphalées, sueurs et palpitations. Il sera confirmé
biologiquement sur l’augmentation franche des catéchola-
Manifestations extracutanées mines et des dérivés méthoxylés (métanéphrines, norméta-
Certains signes sont communs à l’insuffisance surréna- néphrines), urinaires et sanguins. La localisation tumorale
lienne qu’elle soit primitive ou secondaire. L’asthénie est se fera sur la tomodensitométrie ou l’imagerie par réso-
le signe le plus précoce. Typiquement absente au réveil, nance magnétique nucléaire associée à une scintigraphie
elle s’aggrave au long de la journée pour être maximale au MIBG (I-méta-iodo-benzyl-guanidine) pour les localisa-
le soir et en cas d’effort physique. Il s’agit d’une asthénie tions extrasurrénaliennes ou multiples. Le traitement est
physique, psychique et sexuelle. L’hypotension artérielle, chirurgical après préparation médicale en milieu spécialisé.
conséquence de l’hypovolémie, est liée au déficit minéralo- Les manifestations dermatologiques du phéochromocy-
corticoïde. Les troubles digestifs se caractérisent par une tome sont rares, dominées par les crises sudorales (environ
tendance à la constipation et une anorexie. L’amaigrisse- deux tiers des cas), associées à une pâleur faciale (40 %)
ment est plurifactoriel : déplétion sodée du déficit minéralo- lors des accès paroxystiques d’hypertension artérielle ¹⁵.
corticoïde, anorexie, et carence en androgènes surrénaliens Les crises sudorales sont généralisées, profuses, survenant
générant une réduction de l’anabolisme musculaire. pendant ou immédiatement après un pic hypertensif, ac-
compagnées d’une sensation de chaleur. En revanche, la sur-
Diagnostic biologique venue de flushes du visage est rare et oriente vers d’autres
Une cortisolémie à 8 heures inférieure à 3 μg/dl permet étiologies (syndrome carcinoïde, mastocytose...). Le diag-
d’affirmer le diagnostic tandis qu’une valeur supérieure à nostic différentiel peut se poser de façon exceptionnelle
19 μg/dl exclut le diagnostic. En cas de valeur intermédiaire, lors d’intoxication au mercure (acrodynie).
il convient de réaliser un test de stimulation par le synac- Plus rarement surviennent des signes d’ischémie périphé-
thène ou un test à la métopirone ou à l’hypoglycémie insu- rique compliquée de nécroses cutanées distales (fig. 74.25).
linique. Ainsi une cortisolémie inférieure à 22 μg/dl sous Le mécanisme physiopathologique en cause serait un vaso-
stimulation fait le diagnostic d’insuffisance surrénalienne. spasme des vaisseaux cutanés avec baisse du débit sanguin
Un déficit minéralocorticoïde sera évoqué devant une hypo- cutané, due en partie à la norépinéphrine. Un mécanisme si-
natrémie associée à une hyperkaliémie et confirmé par une milaire est incriminé dans la survenue de manifestations is-
augmentation de la rénine alors que l’aldostéronémie est chémiques viscérales extracutanées (cardiaques, digestives,
basse. La valeur des concentrations d’ACTH confirmera le rénales, neurologiques). La dopamine, dont la sécrétion
diagnostic d’insuffisance surrénalienne primitive en cas est fréquemment augmentée au cours des phéochromocy-
d’ACTH élevée ou centrale en cas d’ACTH normale ou tomes, pourrait être aussi impliquée.
basse. D’autres manifestations cutanées inhabituelles ont été
rapportées ponctuellement : kératodermie palmoplantaire,
Traitement vasculite cutanée, livedo réticulaire, érythrocyanose des ex-
Il est substitutif et doit être poursuivi à vie, avec un double trémités avec nodules sous-cutanés et ulcérations suspen-
objectif : la correction du déficit glucocorticoïde et du dé- dues en regard des tendons d’Achille, macules hypochro-
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 74.25 Nécrose digitale d’un orteil révélateur d’un Fig. 74.26 Rides profondes et épaisses et pores dilatés du front au cours
phéochromocytome (Bessis D, Dereure O, Le Quellec A et al. d’une acromégalie
[Pheochromocytoma manifesting as toe necrosis]. Ann Dermatol Venereol
1998 ; 125:185-187) souvent d’apparition insidieuse, non remarquées par le ma-
lade ou la famille. Elles prédominent au visage et aux extré-
miques des membres inférieurs, urticaire chronique et gra- mités :
nulosis rubra nasi. − au visage : les traits sont grossiers, élargis, avec saillie
L’association phéochromocytome et neurofibromatose de des arcades sourcilières et des pommettes, nez élargi,
type 1 reste rare mais classique, cette dernière affection prognatisme et écartement des dents avec gêne de l’arti-
étant notée dans 5 % des cas de phéochromocytome. Par culé dentaire, lèvres épaissies et protrusives, augmenta-
ailleurs, le phéochromocytome peut être observé au cours tion du volume de la langue associée à une hypertrophie
de la maladie de von Hippel-Lindau, la sclérose tubéreuse des cordes vocales (voix rocailleuse), augmentation du
de Bourneville, le syndrome de Sturge-Weber, ou s’intégrer volume crânien (signe du chapeau) avec un cuir chevelu
dans le cadre des syndromes des néoplasies endocriniennes épaissi parcouru de bourrelets et de sillons réalisant un
multiples de type IIa ou IIb. aspect de cutis verticis gyrata (fig. 74.27) ;
− aux extrémités : mains larges, épaisses, prenant un
aspect carré avec des doigts boudinés (signe de l’al-
liance), élargissement avec augmentation de l’épais-
Hypophyse seur de l’avant-pied (changement de pointure de chaus-
sure), ongles courts, plats et épaissis à croissance rapide
Acromégalie (fig. 74.28).
Les différentes modifications cutanées sont rapidement
L’acromégalie résulte d’une hypersécrétion d’hormone de réversibles après traitement tandis que les signes d’hyper-
croissance par un adénome de l’antéhypophyse dans plus trophie osseuse persistent.
de 95 % des cas. Sa prévalence est rare, estimée entre 40 et À l’examen histologique, l’épaississement cutané concerne
70 cas par million d’habitants et son diagnostic est tardif le derme et est lié à l’accumulation de tissu conjonctif de la
(délai diagnostique de 4 à 10 ans) en raison de la lenteur matrice et à un œdème interstitiel par dépôt de mucopoly-
évolutive des signes cliniques. L’âge moyen au diagnostic saccharides acides (acide hyaluronique). Ces modifications
est de 40-45 ans. L’étiologie principale est un adénome sont liées à une action directe de l’hormone de croissance
hypophysaire, le plus souvent supracentimétrique. Le diag- (GH) sur les récepteurs fibroblastiques.
nostic d’une acromégalie chez un sujet de moins de 35 ans Parmi les autres signes cutanés plus rarement rapportés
orientera vers une atteinte syndromique (néoplasie endocri- mais classiques, il faut noter : une sécrétion sébacée aug-
nienne multiple de type 1, mutation du gène AIP, syndrome mentée, une hypertrichose (50 %), une hyperpigmentation
de McCune-Albright). diffuse (40 %), des fibromes cutanés multiples (30 %), un
acanthosis nigricans, parfois révélateur de l’affection. Des
Manifestations dermatologiques observations ponctuelles de kératoses séborrhéiques pro-
La principale manifestation dermatologique de l’acroméga- fuses (fig. 74.29), d’acné, ainsi que des associations à une mas-
lie est un épaississement cutané, marqué par de grosses tocytose cutanée, un pyoderma gangrenosum et un psoriasis
rides, des pores dilatés et une sudation excessive fré- ont été décrits.
quente ¹⁶,¹⁷ (fig. 74.26). Il s’associe à une hypertrophie des os
et des cartilages responsable d’un syndrome dysmorphique Manifestations extracutanées
caractéristique. Ces anomalies morphologiques sont le plus Les signes fonctionnels et généraux sont dominés par une
74-14 Thyroïde, surrénales, hypophyse et parathyroïdes
Coll. D. Bessis
Fig. 74.28 Mains larges, épaisses et d’aspect carré au cours d’une
acromégalie
Coll. D. Bessis
Hypopituitarisme
L’hypopituitarisme est lié à une insuffisance partielle ou
complète de sécrétion des hormones de l’antéhypophyse.
Il peut résulter :
leur élevée ou normale (mais inappropriée) de PTH, oriente la calcémie plutôt que la baisse de la PTH et se normalisent
vers le diagnostic d’hyperpathyroïdie primaire. La calciurie par des apports calciques.
est augmentée tandis que la phosphorémie est basse (50 %
des cas). L’échographie des parathyroïdes et la scintigraphie Manifestations extracutanées
au sestamibi sont les deux examens indiqués à la recherche La clinique dépend de la sévérité et de la durée de l’installa-
d’un adénome parathyroïdien. Le scanner ou l’IRM cervi- tion de l’hypocalcémie. Les signes cliniques sont :
comédiastinaux peuvent être indiqués à la recherche d’un − neuromusculaires : paresthésies distales et péribuc-
adénome parathyroïdien ectopique. Tous ces examens ne cales, signe de Chvostek et de Trousseau, voire crise
se justifient que si l’indication chirurgicale est posée. de tétanie ;
− dentaires : hypoplasie dentaire, altération de l’émail
Traitement dentaire et caries dentaires en cas de début dans l’en-
La chirurgie parathyroïdienne conventionnelle ou mini- fance de l’hypocalcémie ;
invasive sera réservée aux sujets de moins de 50 ans − oculaires : la cataracte est une manifestation évocatrice
et aux situations suivantes : hypercalcémies malignes et de topographie caractéristique, sous-capsulaire anté-
> 120 mg/l (3 mmol/l) ; lithiases rénales et hypercalciurie ; rieure et postérieure, épargnant le noyau central du cris-
HTA non contrôlée ; ostéoporose sévère ; troubles neuro- tallin. Elle concerne près d’un tiers des patients après
psychiatriques. Les traitements médicaux reposent sur les quatre ans d’hypocalcémie ;
biphosphonates, la calcitonine et plus récemment le trai- − neurologiques : calcifications des noyaux gris centraux
tement calcimimétique (cinacalcet, Mimpara) qui permet (syndrome de Fahr) et calcifications des tissus mous ;
une freination de la secrétion de PTH. − osseuses : déminéralisation osseuse diffuse avec risque
de fractures et de tassements vertébraux ;
Hypoparathyroïdies − neuropsychiques : agitation, insomnie, trouble dépres-
sif et crises comitiales possibles, surtout en cas de
Les étiologies des hypoparathyroïdies sont congénitales baisse brutale de la calcémie.
(agénésie des parathyroïdes), postchirurgicales (chirurgie
des parathyroïdes ou de la thyroïde) ou auto-immunes, iso- Diagnostic biologique
lées ou s’intégrant dans le cadre d’une polyendocrinopathie. Il est affirmé par l’association d’une hypocalcémie (calcémie
Leur diagnostic est évoqué devant l’association d’une calcé- ionisée inférieure à 47 mg/l [1,17 mmol/l]) à une PTH basse
mie basse et d’un taux de PTH normal ou bas. ou normale. La phosphorémie est élevée en rapport avec
l’hypocalcémie.
Manifestations dermatologiques ¹⁷
Les modifications cutanéophanériennes sont communes Traitement
à toutes les étiologies d’hypoparathyroïdie. La peau est L’hypocalcémie aiguë est une urgence médicale. Son trai-
sèche et squameuse. Les ongles sont opaques, striés, cas- tement repose sur l’administration de calcium par voie in-
sants avec des lignes transversales (lignes de Beau). Les traveineuse. Au cours de l’hypoparathyroïdie, l’utilisation
cheveux sont fins, raréfiés et une alopécie est parfois notée. des dérivés 1α hydroxylés de la vitamine D est préconisée :
Des observations isolées de dermatite eczématiforme ou hy- 1α(OH)D3 ou alfacalcidion (un alfa) et 1,25(OH)2D3 ou cal-
perkératosique, d’impétigo herpétiforme, d’érythrodermie citriol (Rocaltrol). Une supplémentation en calcium peut
desquamative, d’hyperpigmentation diffuse ont été rappor- s’avérer nécessaire à l’initiation du traitement par les déri-
tées. Ces anomalies semblent en rapport avec la baisse de vés de la vitamine D.
1 Leonhardt JM, Heyman WR. Thyroid dis- 6 Puavilai S, Puavilai G, Charuwichitratana S 10 Weetman AP, Burrin JM, MacKay D et al.
ease and the skin. Dermatol Clin 2002 ; 20:473- et al. Prevalence of thyroid diseases in patients The prevalence of thyroid abnormalities der-
481. with alopecia areata. Int J Dermatol 1994 ; 33: matitis herpetiformis. Br J Dermatol 1988 ; 118:
2 Doshi DN, Blyumin ML, Kimball AB. Cuta- 632-633. 377-383.
neous manifestations of thyroid disease. Clin 7 Klisnick A, Schmidt J, Dupond JL et al. Le 11 Gaspari AA, Huang CM, Davey RJ et al.
Dermatol 2008 ; 26:283-287. vitiligo au cours des syndromes autoimmuns Prevalence of thyroid abnormalities in patients
3 Goette DK. Thyroid acropathy. Arch Derma- multiples : étude rétrospective de 11 observa- with dermatitis herpetiformis and in control
tol 1980 ; 116:205-206. tions et revue de la littérature. Rev Med Interne subjects with HLA-B8/-DR3. Am J Med 1990 ;
4 Fatourechi V, Ahmed DD, Schwartz KM. Thy- 1998 ; 19:348-352. 88:145-150.
roid acropachy : report of 40 patients treated at 8 Schallreuter KU, Lemke R, Brandt O et al. 12 Collet E, Petit JM, Lacroix M et al. Urti-
a single institution in a 26-year period. J Clin Vitiligo and other diseases : coexistence or true caire chronique et pathologie thyroïdienne auto-
Endocrinol Metab 2002 ; 87:5435-5441. association. Hamburg study on 321 patients. immune. Ann Dermatol Venereol 1995 ; 122:413-
5 Ai J, Leonhardt JM, Heyman WR. Autoim- Dermatology 1994 ; 188:269-275. 416.
mune thyroid diseases : etiology, pathogenesis, 9 Reunala T, Collin P. Diseases associated with 13 Shibli-Rahhal A, Van Beek M, Schlechte JA.
and dermatologic manifestations. J Am Acad dermatitis herpetiformis. Br J Dermatol 1997 ; Cushing’s syndrome. Clin Dermatol 2006 ; 24:
Dermatol 2003 ; 48:641-659. 136:315-318. 260-265.
HTA hypertension artérielle · IRM imagerie par résonance magnétique · PTH parathormone
74-18 Thyroïde, surrénales, hypophyse et parathyroïdes
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Raingeard I, Bessis D. Thyroïde, surrénales, hypophyse et parathyroïdes. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine,
vol. 4 : Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 74.1-74.18.
75
Hormones sexuelles
Antoine Bennet, Delphine Vezzosi, Philippe Caron
DHEA déhydroépiandrostérone · DHT dihydrotestostérone · SDHEA déhydroépiandrostérone-sulfate · SHBG sex hormone-binding globulin
75-2 Hormones sexuelles
Bloc en 21-hydroxylase
Cholestérol
1. CYP11A
2. HSD3B2
Déhydroépiandrostérone Delta 4-androstènedione Testostérone
Coll. D. Bessis
Fig. 75.1 Biosynthèse des stéroïdes
peuvent être métabolisés en œstrogènes par l’aromatase. rique des androgènes par :
Ils peuvent être conjugués sous forme de glucuronides, ou − augmentation de la conversion périphérique cuta-
de sulfates, principalement au niveau hépatique. née des androgènes par une activité intense de
Les manifestations dermatologiques liées aux hyperandro- la 5-alpha-réductase génétiquement déterminée
génies féminines relèvent schématiquement de trois méca- comme au cours de l’hirsutisme idiopathique ou
nismes : de l’alopécie androgénétique féminine,
− hyperproduction d’androgènes par les ovaires (tumeurs − activité fonctionnelle accrue des récepteurs aux an-
virilisantes ovariennes, syndrome des ovaires polykys- drogènes, déterminée génétiquement et pouvant,
tiques) ou par les surrénales (tumeurs virilisantes surré- selon certains auteurs, jouer un rôle dans l’hirsu-
naliennes, blocs enzymatiques en 21-hydroxylase, ma- tisme, l’acné et l’alopécie androgénétique ³,⁴. En re-
ladie de Cushing) ; vanche, il n’a pas été mis en évidence d’augmenta-
− majoration de la forme biodisponible de la testostérone tion quantitative des récepteurs cutanés aux andro-
plasmatique en raison d’une diminution de la princi- gènes ou d’anomalie de la capacité de liaison des
pale protéine porteuse, la SHBG ; androgènes au niveau cutané, qui pourrait rendre
− majoration de l’utilisation et/ou de l’action périphé- compte de manifestations d’hyperandrogénie ⁵.
ent sanguin
partim
Com
le cutanée
Cellu
3 ALPHA A-DIOL
3 ALPHA A-DIOL
3α-
5 α-
TESTOSTÉRONE RÉDUCTASE
RÉDUCTASE
LIBRE TESTOSTÉRONE DIHYDROTESTOSTÉRONE DIHYDROTESTOSTÉRONE
TESTOSTÉRONE LIBRE
50-75 % ovaires Noyau
25-50 % surrénales TESTOSTÉRONE LIÉE
Organes
(SHBG, albumine) RÉCEPTEUR
ANDROSTÈNEDIONE ANDROSTÈNEDIONE ANDROGÈNE
50 % ovaires
50 % surrénales
DÉHYDROÉPIANDROSTÉRONE DHEA ARN m
80 % surrénales 5 ALPHA-ANDROSTANE-DIONE
20 % ovaires
ARN m
ANDROSTÉRONE
PROTÉINE
ANDROSTÉRONE
Coll. D. Bessis
DHEA : déhydroépiandrostérone
SHBG : sex hormone-binding globulin
3 alpha A-diol : 3 alpha androstane-diol ou 3 alpha, 17 béta dihydroxy-5 alpha androstane ACTION BIOLOGIQUE
Coll. D. Bessis
Fig. 75.3 Hirsutisme : pilosité de type « terminal » composé de poils Fig. 75.4 Hirsutisme et alopécie de type androgénique au cours d’une
épais et pigmentés sur la joue, la lèvre supérieure et sous le menton hyperandrogénie féminine sévère
75-4 Hormones sexuelles
Lèvre supérieure
LÈVRE SUPÉRIEURE 1. Quelques poils aux commissures
2. Petite moustache vers les commissures
3. Moustache des commissures à mi-chemin de la ligne médiane
1 2 3 4 4. Moustache complète
MENTON
1. Quelques poils disséminés
2. Poils disséminés avec quelques zones de concentration
3 & 4. Barbe légère ou importante
1 2 3 4
POITRINE
1. Poils périaréolaires
2. Poils sur la ligne médiane en plus des précédents
3. Fusion de ces 2 zones avec trois quarts de poitrine couverts
4. Couverture complète
1 2 3 4
1 2 3 4
PARTIE INFÉRIEURE DU DOS
1. Touffe de poils sacrés
2. Avec une extension latérale
3. Couverte aux trois quarts
4. Complètement couverte
1 2 3 4
PARTIE SUPÉRIEURE DE L’ABDOMEN
1. Quelques poils sur la ligne médiane
2. Plus, toujours sur la ligne médiane
3 & 4. Demi-toison ou toison complète
1 2 3 4
PARTIE INFÉRIEURE DE L’ABDOMEN
1. Quelques poils sur la ligne médiane
2. Trainée de poils sur la ligne médiane
3. Bande de poils
1 2 3 4 4. Pilosité en forme de triangle inversé
BRAS
1. Poussée éparse n’atteignant pas plus d’un quart de la surface du membre
2. Poussée plus importante mais le membre n’est toujours pas couvert
3 & 4. Couverture complète légère ou dense
1 2 3 4
1 2 3 4
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
tations de suivi ¹³. Le retentissement de l’acné sur la vie
des sujets atteints peut être également évalué par des ques-
tionnaires de qualité de vie prenant en compte les facteurs
psychologiques et environnementaux comme le question- Fig. 75.7 Alopécie de type androgénique féminine : atteinte de la partie
naire CADI, dont il existe une version française validée ¹⁴. médiane du scalp et respect d’une bande frontale antérieure et des régions
temporales
Étiologies
L’hyperandrogénie peut traduire un excès de production responsables d’une hyperandrogénie iatrogène, en dehors
des androgènes d’origine ovarienne ou surrénalienne ou des androgènes eux-mêmes :
une sensibilité excessive de la peau ou de certaines annexes − progestatifs androgéniques : lynestrenol, noréthisté-
à l’action des androgènes (tableau 75.1). La principale étiolo- rone, lévonorgestrel ;
gie des hyperandrogénies est représentée par le syndrome − anticomitiaux : phénytoïne, phénobarbital et valproate,
des ovaires polykystiques. Dans une étude évaluant la pré- ce dernier pouvant induire un syndrome des ovaires
valence des différentes étiologies d’hyperandrogénies chez polymicrokystiques ;
873 femmes vues consécutivement pour un trouble de ferti- − phénothiazines : les hirsutismes semblent toutefois
lité, le syndrome des ovaires polykystiques était mis en évi- plus fréquents en cas de pathologie psychiatrique chro-
dence dans 82 % des cas. Les autres étiologies étaient l’hir- nique qu’il y ait ou non usage de phénothiazines ¹⁶.
sutisme idiopathique (4,7 %), le syndrome métabolique Organiques Les étiologies organiques d’hyperandrogé-
d’insulinorésistance avec hyperandrogénie et l’acanthosis nies peuvent schématiquement se subdiviser en fonction
nigricans (3,1 %), l’hyperplasie surrénalienne par bloc en de la présence ou non de signes associés (tableau 75.1). Trois
21-hydroxylase de forme non classique (1,6 %) et de forme affections organiques peuvent être responsables de signes
classique (0,6 %) et les tumeurs virilisantes (0,2 %) ¹⁵. d’hyperandrogénie : le syndrome de Cushing, l’acromégalie
Iatrogènes Elles sont à rechercher systématiquement à et l’hyperprolactinémie. L’hypothyroïdie peut occasionnel-
l’interrogatoire. Il faut en particulier s’enquérir de la prise lement être responsable d’hirsutisme par diminution de la
de médications à effets androgéniques comme la consom- SHBG plasmatique.
mation de DHEA en postménopause. En cas de prise de Hyperandrogénies avec signes associés Le syndrome de
pilule œstroprogestative, il ne faut pas conclure trop hâ- Cushing entraîne typiquement une prise de poids facio-
tivement à la responsabilité du progestatif contenu dans tronculaire, un visage érythrosique et lunaire, un comble-
l’association, même s’il a un effet androgénique quand il est ment adipeux des creux sus-claviculaires et de la région
utilisé isolément. De nombreux médicaments peuvent être cervicodorsale en « bosse de bison », des vergetures larges,
DHEA déhydroépiandrostérone
Hyperandrogénies féminines 75-7
chronique, évoluant ou constatée à l’adolescence, le dépis- mutation inactivatrice du récepteur aux glucocorticoïdes ²⁷,
tage d’un bloc enzymatique en 21 hydroxylase (fig. 75.1) dans entraînant une insensibilité partielle au cortisol. Le tableau
sa forme « de révélation tardive » (« forme non classique ») biologique hormonal est difficile à différencier d’une mala-
est nécessaire. Des antécédents de puberté précoce iso- die de Cushing, mais il n’existe aucun signe clinique d’hy-
sexuelle, de prémature pubarche, de pilosité ou d’acné d’ap- percortisolisme.
parition précoce (avant les premières règles, voire avant « Fonctionnelles » (ou « métaboliques ») Ce sont les étio-
9 ans), et la notion de grande taille dans l’enfance (préco- logies les plus fréquentes, à envisager après avoir éliminé
cité de la poussée de croissance parapubertaire) et de petite les étiologies organiques ou iatrogènes.
taille à l’âge adulte, par rapport à d’autres membres de la Syndrome des ovaires polymicrokystiques Le SOPMK est
famille, peuvent être présents. Parfois il existe un antécé- actuellement défini par les critères du consensus de Rot-
dent familial de mort en période néonatale par déshydrata- terdam ²⁸ : chez des patientes pour lesquelles une cause
tion (syndrome de perte de sel), d’ambiguïté sexuelle, ou organique d’hyperandrogénie (Cushing, acromégalie, adé-
de bloc en 21-hydroxylase déjà diagnostiqué. Ce dernier nome à prolactine, bloc en 21-hydroxylase) a été éliminée,
s’exprime souvent comme une hyperandrogénie isolée de la présence d’au moins deux des trois critères suivants est
l’adolescence, ou peut être quasi asymptomatique (forme nécessaire :
cryptique) ²³. − hyperandrogénie clinique et/ou biologique établie par
L’acné peut amener à déceler des blocs en 21-hydroxylase le dosage de testostérone ou du rapport testostérone/
de forme non classique également dans le sexe masculin, SHBG (sex hormone binding globulin) ;
et peut bénéficier d’un traitement de freinage surrénalien − troubles des cycles (moins de 8 cycles par an) ;
par glucocorticoïdes à faibles doses ²⁴. − aspect polymicrokystique des ovaires à l’échographie
L’appellation de formes « non classiques » oppose ces pelvienne, avec soit la présence de 12 follicules de
formes diagnostiquées à l’adolescence ou à l’âge adulte moins de 10 mm sur un ovaire, soit un volume ovarien
aux formes pédiatriques dites « classiques », réparties en (calculé par la formule : longueur × largeur × épaisseur
« formes virilisantes simples » et « formes virilisantes avec × 0,5) supérieur à 10 ml.
perte de sel ». Ces formes classiques sont exprimées pré- Le SOPMK est très fréquent et toucherait entre 6 à 10 %
cocement par la virilisation des fœtus féminins, avec à la des femmes en âge de procréer. Il est classiquement res-
naissance un possible syndrome de perte de sel dans les ponsable d’une spanioménorrhée souvent primaire, d’une
deux sexes. Le diagnostic de bloc en 21-hydroxylase dé- hyperandrogénie clinique d’évolution lente et souvent asso-
bouche sur une démarche spécialisée de prévention lors ciée à un excès pondéral. Il existe fréquemment un antécé-
de la mise en route d’une grossesse. La transmission se dent personnel et familial de pathologie métabolique avec
fait sur un mode autosomique récessif. En cas de forme un syndrome métabolique d’insulinorésistance et un pos-
non classique, la patiente peut être homozygote (même sible acanthosis nigricans. Ce dernier n’est pas spécifique de
mutation sur les deux allèles) pour une mutation « non sé- l’insulinorésistance du SOPMK et peut également être ob-
vère » sans risque de virilisation fœtale ou de syndrome servé en cas d’acromégalie ou de syndrome de Cushing. Le
de perte de sel pour la descendance. Elle peut également syndrome métabolique du SOPMK est défini par le consen-
être double hétérozygote composite, et être porteuse d’une sus de Rotterdam par la présence de trois des cinq critères
mutation non sévère et d’une mutation sévère. Dans le cas suivants :
d’un conjoint porteur hétérozygote asymptomatique d’une − tour de taille supérieur à 88 cm ;
mutation sévère, il existe un risque de virilisation fœtale − taux de triglycérides plasmatiques supérieur ou égal à
et/ou de syndrome de perte de sel pour la descendance. Ce 1,5 g/l ;
cas de figure, rare mais possible, souligne l’intérêt du dépis- − taux plasmatique de cholestérol-HDL inférieur à 0,5 g/l ;
tage des blocs en 21-hydroxylase de révélation tardive chez − pression sanguine artérielle systolique supérieure ou
les patientes qui envisagent une grossesse et, dans ce cas, égale à 130 mmHg ou pression sanguine artérielle dia-
l’intérêt d’une recherche de portage hétérozygote chez le tolique supérieure ou égale à 85 mmHg ;
conjoint ²³. Le traitement par dexaméthasone pendant la − glycémie à jeun de 1,1 à 1,26 g/l (ce qui correspond à la
grossesse pourra permettre alors d’éviter ou de réduire les définition de l’« hyperglycémie à jeun ») ou glycémie à
virilisations fœtales. 2 h après charge en glucose (75 g) de 1,4 à 1,99 g/l (des
Le bloc en 11 bêta-hydroxylase est responsable d’une hyper- valeurs supérieures définissant un diabète).
androgénie, d’un hyperminéralocorticisme avec hyperten- Le syndrome métabolique est à prendre en charge sur le
sion artérielle et hypokaliémie ²⁵, et d’une élévation du taux plan thérapeutique, pour prévenir les éventuelles compli-
de composé S plasmatique postsynacthène. Cependant cations vasculaires et traiter le SOPMK lui-même. En effet,
l’existence de formes de révélation tardive chez l’adulte pa- l’hyperandrogénie s’améliore avec la réduction de l’excès de
raît exceptionnelle et ne justifie pas sa recherche systéma- poids et la correction de l’insulinorésistance ²⁹,³⁰.
tique. Le bloc en 3 bêta-hydroxy-stéroïde-déshydrogénase Hyperandrogénie surrénalienne fonctionnelle Elle se définit
de révélation tardive chez l’adulte, auquel on attribuait au- par une élévation modérée de la concentration plasmatique
trefois les élévations non expliquées de sulfate de DHEA, de sulfate de DHEA, isolée ou associée au SOPMK, et gé-
est actuellement considéré comme quasi inexistant ²⁶. néralement aux mêmes facteurs métaboliques ³¹, avec en
Le syndrome de résistance aux glucocorticoïdes est lié à une particulier une augmentation de la masse grasse ³². Elle
DHEA déhydroépiandrostérone · SHBG sex hormone-binding globulin · SOPMK syndrome des ovaires polymicrokystiques
75-8 Hormones sexuelles
DHEA déhydroépiandrostérone · IRM imagerie par résonance magnétique · SOPMK syndrome des ovaires polymicrokystiques
Hyperandrogénies féminines 75-9
SOPMK
Trt (critères de Rotterdam :
clinique, bio, écho)
ou Testostérone
Isolé Bloc 21-hydroxylase
DHEA-sulfate 17-OH-prog > 2 ng/ml :
+ Acné 17-OH-progestérone Faire test synacthène
(4e jour du cycle) puis génétique CYP21
+ Alopécie
Hyperandrogénie surrénalienne
+TSH « fonctionnelle »
+ Ferritine DHEA-sulfate modérément augmenté,
et pas d’autre anomalie
+ Prise de poids Suspicion de syndrome de Cushing
+ Cortisol plasmatique/
facio-tronculaire Cortisol post-dexaméthasone > 1,8 μg/dl
dexaméthasone 1 mg
ou HTA ou vergetures Poursuivre explorations
butif, il est légitime de s’orienter chez une adulte vers une Autres cas de manifestations d’hyperandrogénie
tumeur virilisante de siège ovarien, les tumeurs virilisantes S’il s’agit d’une patiente non ménopausée, la règle est de
surrénaliennes étant aisément visualisées puisque générale- réaliser le bilan hormonal vers le quatrième jour d’un cycle
ment volumineuses. Chez une femme ménopausée, la mise menstruel spontané, ou après menstruations déclenchées
en évidence d’une hypertestostéronémie de type tumoral par administration pendant 10 jours de progestérone, sans
débouche sur une intervention d’ovariectomie bilatérale prise de médication pouvant interférer avec les résultats et
et d’hystérectomie en raison du risque de cancer de l’endo- en particulier sans prise de pilule œstroprogestative depuis
mètre in situ associé, du fait de l’imprégnation stéroïdienne. au moins deux cycles, ou de corticoïdes. L’essentiel du bi-
Chez une femme non ménopausée, on peut proposer un lan est représenté par les dosages sériques de testostérone
cathétérisme veineux sélectif à la recherche de l’origine de (utile dans toute hyperandrogénie), de sulfate de DHEA
la sécrétion (avec de possibles difficultés techniques pour (origine surrénalienne) et de 17-hydroxy-progestérone (dé-
cathétériser la veine ovarienne droite). Des explorations pistage du bloc en 21-hydroxylase).
peropératoires comme une échographie des ovaires avec Le bloc en 21-hydroxylase est dépisté par un dosage de 17-
écho-Doppler couleur, un dosage hormonal à partir de pré- hydroxy-progestérone le matin à 8 heures vers le quatrième
lèvements sanguins effectués directement dans les veines jour d’un cycle. Un taux supérieur à 2 ng/ml justifie la réali-
ovariennes, peuvent être indiqués ¹⁹. sation d’un test au Synacthène immédiat (250 μg IM ou IV)
avec évaluation de la 17-hydroxy-progestérone une heure valeurs normales diminuent avec l’âge : par exemple, une
après administration du Synacthène et si possible du 21- testostérone plasmatique supérieure à 1 ng/ml en post-
désoxy-cortisol postsynacthène, paramètre le plus fiable ⁴⁴. ménopause est suspecte de tumeur virilisante, même si elle
En cas de résultat de 17-hydroxy-progestérone postsynac- correspond plus souvent à une hyperthécose ovarienne ⁴⁷.
thène supérieur à 10 ng/ml et/ou de 21-désoxy-cortisol
postsynacthène supérieur à 4 ng/ml, il existe vraisemblable- En cas de prise d’une contraception œstroprogestative
ment une forme homozygote ou double hétérozygote com- S’il apparaît une hyperandrogénie clinique, il ne faut pas
posite de bloc en 21-hydroxylase. Une analyse génétique conclure hâtivement à la responsabilité du progestatif pris
du gène CYP21 est alors indiquée. À noter qu’un taux de en association aux œstrogènes ⁴⁸. L’idéal est d’interrompre
21-désoxy-cortisol postsynacthène supérieur à 0,5 ng/ml la contraception œstroprogestative pour réaliser l’évalua-
sert de critère de dépistage d’une forme simple hétérozy- tion biologique hormonale dans des conditions basales,
gote de bloc en 21-hydroxylase, à confirmer par l’analyse plus aisément interprétables. Sinon, il faut exiger d’utili-
génétique. ser des méthodes de dosage spécifiques, ne donnant pas
Le diagnostic de SOPMK ²⁸ peut être porté sur des critères de réactions croisées significatives avec les stéroïdes pré-
cliniques et/ou échographiques. Sur le plan biologique, la sents dans la pilule œstroprogestative, et obtenir des va-
testostérone est modérément élevée ou normale, mais avec leurs basses d’androgènes avec la prise d’œstroprogesta-
un rapport testostérone/SHBG (sex hormone binding globu- tifs (qui diminuent normalement la production ovarienne
lin) élevé. En principe, il existe également une élévation de d’androgènes) et/ou des valeurs freinables par dexamétha-
la delta-4-androstène-dione et du rapport LH/FSH, mais sone ⁴¹ avant d’éliminer la possibilité d’une cause organique
ces anomalies ne font pas partie des critères de diagnos- acquise. Les valeurs de 17-hydroxy-progestérone et de 21-
tic. On peut également mettre en évidence un syndrome désoxy-cortisol après test au Synacthène permettent le cas
métabolique. échéant de diagnostiquer un bloc en 21-hydroxylase.
L’hyperandrogénie surrénalienne fonctionnelle associée
au SOPMK ou isolée correspond à une élévation modérée Au cours de la grossesse
des androgènes plasmatiques comprenant (ou se limitant La testostérone plasmatique augmente physiologiquement
à) une élévation de la concentration plasmatique du sulfate de 1,5 à 3 fois pendant la grossesse avec une élévation
de DHEA (spécifiquement surrénalien), sans autre anoma- concomitante de la SHBG. Ainsi un taux de testostérone
lie. circulante à 2 ng/ml est considéré comme normal ⁴⁹. En cas
L’hyperthécose ovarienne réalise un tableau d’hypertesto- de valeurs supérieures aux normes de la grossesse et de
stéronémie sévère, avec des taux de testostérone proches développement de signes cliniques d’hyperandrogénie, la
des taux tumoraux et un état d’insulinorésistance sévère. réalisation d’une échographie abdomino-pelvienne est né-
Au cours des symptomatologies cliniques d’hyperandro- cessaire afin de mettre en évidence des lésions organiques
génie idiopathique, les paramètres hormonaux décrits spécifiques à la grossesse :
jusque-là sont normaux. Cependant, on peut mettre en − kystes lutéiniques (hyperreactio luteinalis) responsables
évidence une diminution de la SHBG ou un état d’hyperin- de lésions polykystiques bilatérales des ovaires secon-
sulinisme dans l’hirsutisme idiopathique, dans l’alopécie daires à une stimulation par hCG et devant faire recher-
androgénique, ou dans l’acné tardive, c’est-à-dire certains cher une grossesse gémellaire ou molaire ;
des éléments du SOPMK. Ces données sont en faveur d’un − lutéome, lésion de type solide, souvent bilatérale ;
certain continuum entre SOPMK mineur et manifestations − tumeur solide unilatérale ovarienne ou tumeur surré-
cutanées pures d’hyperandrogénie considérées comme idio- nalienne, cette dernière étant le plus souvent volumi-
pathiques. Le dosage du 3-alpha-androstane-diol, métabo- neuse ;
lite de la DHT, a été proposé dans les hirsutismes idiopa- − déficit en aromatase placentaire, exceptionnel, à évo-
thiques. Souvent élevé et témoignant alors de l’hyperutilisa- quer en l’absence d’anomalie ovarienne et surréna-
tion cutanée des androgènes, il n’a cependant pas d’intérêt lienne ⁵⁰.
pratique, puisque son origine n’est pas exclusivement cu- En dehors des kystes lutéiniques, toutes les autres causes
tanée et qu’il ne permet pas de prévoir les résultats d’un citées entraînent un risque de virilisation fœtale.
éventuel traitement ⁴⁵,⁴⁶.
Chez l’enfant
Cas particuliers d’hyperandrogénie La principale cause organique est représentée par le bloc en
21-hydroxylase. La forme non classique peut se manifester
En période d’installation de la ménopause par une acné précoce, un hirsutisme, et s’associe fréquem-
L’hyperandrogénie peut être liée au fait que la production ment à une puberté précoce isosexuelle vraie marquée par
des androgènes ovariens et surrénaliens ne diminue pas un âge osseux avancé, un développement mammaire as-
aussi brutalement que celle des œstrogènes ovariens. Ce- socié, un utérus en début de puberté et une sécrétion de
pendant, une hyperandrogénie organique acquise doit être gonadotrophines majorée. La puberté précoce isosexuelle
recherchée, en particulier une tumeur virilisante et un syn- est à différencier de la fausse puberté précoce des formes
drome de Cushing. L’interprétation des taux plasmatiques classiques par activation de la sécrétion d’androgènes sur-
d’androgènes circulants doit tenir compte du fait que les rénaliens. Les très rares syndromes de Cushing de l’enfant
DHEA déhydroépiandrostérone · DHT dihydrotestostérone · SHBG sex hormone-binding globulin · SOPMK syndrome des ovaires polymicrokystiques
Cas particuliers d’hyperandrogénie 75-11
sont assez caractéristiques puisqu’ils entraînent une cas- ment être normale en phase folliculaire pour permettre la
sure de la courbe de croissance avec une prise de poids. Les fertilité féminine.
très rares tumeurs virilisantes (à suspecter devant des taux Le traitement des autres causes d’hyperandrogénie, en de-
de testostérone > 1,5 ng/dl) sont souvent suffisamment vo- hors d’un désir de grossesse, repose le plus souvent sur
lumineuses pour être détectées par l’échographie. Parmi les l’utilisation de l’acétate de cyprotérone en association à
autres causes, le SOPMK s’installe souvent à l’adolescence, des œstrogènes, soit une pilule œstroprogestative, soit de
surtout en cas de surpoids (parfois après une puberté pré- l’œstradiol oral, ou percutané en cas d’hyperlipidémie ⁵²,⁵³.
coce). Il pourrait en être de même de l’hyperandrogénie L’acétate de cyprotérone est un progestatif à effet antian-
surrénalienne fonctionnelle ³¹. drogène et à effet antigonadotrope, inhibant la sécrétion
Il existe des causes spécifiques de symptômes d’hyperandro- des gonadotrophines et donc la production des œstrogènes
génie chez l’enfant, comme les prématures pubarches idio- par les ovaires, ce qui justifie chez la femme non ménopau-
pathiques, avec apparition d’une pilosité pubienne et d’une sée de l’associer aux œstrogènes. Les autres progestatifs à
acné, chez une fille âgée de moins de 8 ans, avec taux nor- effet antiandrogène actuellement disponibles sur le mar-
maux d’androgènes et de 17-hydroxy-progestérone, sans ché sont :
avance significative de l’âge osseux ni de développement − le dienogest (associé à l’œstradiol oral dans un traite-
mammaire, et présence d’un utérus impubère à l’échogra- ment substitutif de la ménopause : Climodiène) ⁵⁴ ; à ce
phie. Ces prématures pubarches idiopathiques s’observent jour, des présentations comprenant du dienogest des-
plus souvent dans le pourtour méditerranéen. On a dé- tinées à la contraception orale sont déjà disponibles
crit la séquence retard de croissance intra-utérin — pré- dans plusieurs pays européens (association à l’éthinyl-
mature pubarche idiopathique dans l’enfance — SOPMK œstradiol : Valette ; ou association originale au valérate
de l’adolescence ⁵¹. Plus récemment, il a été montré qu’une d’œstradiol : Qlaira) ;
hyperandrogénie surrénalienne fonctionnelle, au lieu du − la drospirénone, molécule originale apparentée aux spi-
SOPMK, pourrait être le devenir de la séquence retard de ronolactones, associée à l’éthinyl-œstradiol dans des pi-
croissance intra-utérin — prémature pubarche ³¹, ce qui lules œstroprogestatives (Jasmine, et plus récemment
confirme l’existence de mécanismes communs entre hy- Jasminelle) qui a quelques effets antiacnéiques ⁵⁵.
perandrogénie surrénalienne fonctionnelle et SOPMK, ces Une prise en charge d’éventuelles anomalies métaboliques
deux entités étant souvent associées. Le syndrome de Tur- est également indiquée : diététique, biguanides en cas de
ner, avec un syndrome dysmorphique permettant le diag- diabète ou d’intolérance au glucose, etc. D’autres traite-
nostic dès l’enfance, s’associe souvent à une hypertrichose ments peuvent être proposés en cas de contre-indication
du dos, indépendante des androgènes, à différencier d’une (hépatique ou autre) à l’acétate de cyprotérone ou aux œs-
hyperandrogénie. Cette dernière, si elle survient dans le troprogestatifs, comme les spironolactones ⁵⁶ prescrites en
cadre d’un syndrome de Turner, doit conduire à réaliser une France hors AMM dans le cas des hyperandrogénies.
recherche de présence du gène SRY par PCR, la présence En cas de désir de grossesse, les seuls médicaments utili-
de SRY traduisant l’existence de tissu testiculaire méconnu sables pouvant avoir un effet sur les signes d’hyperandro-
et d’un risque de gonadoblastome. L’exceptionnel déficit génie sont, en dehors de la correction des problèmes mé-
en aromatase ⁵⁰ entraîne un déficit de la conversion des taboliques, les traitements de freinage glucocorticoïde, à
androgènes en œstrogènes, avec dans le sexe féminin une interrompre (sauf cas particulier de bloc en 21-hydroxylase
virilisation fœtale, une hyperandrogénie néonatale puis ré- avec risque de virilisation fœtale) durant les trois derniers
apparaissant à partir de l’adolescence, avec alors absence mois de grossesse, pour ne pas freiner l’axe corticotrope
de développement mammaire et de gros ovaires proches maternel avant l’accouchement, et pour éviter tout risque
de ceux d’un SOPMK, des anomalies hormonales : testosté- de freinage (observé surtout avec la dexaméthasone) de la
rone très élevée, œstradiol très bas, LH et FSH élevées. sécrétion de cortisol par les surrénales fœtales. Leur effica-
cité reste modeste et leur indication, en dehors des blocs
Traitement en 21-hydroxylase, reste controversée puisqu’ils peuvent
Il repose sur un traitement étiologique spécifique dans les (surtout la dexaméthasone) majorer l’insulinorésistance.
causes organiques acquises : syndrome de Cushing, acromé- En cas de manifestations cutanées d’hyperandrogénie idio-
galie, hyperprolactinémie, tumeur virilisante ovarienne ou pathiques, l’acétate de cyprotérone en association aux œs-
surrénalienne. trogènes peut être proposé dans l’hirsutisme ou dans l’acné
Dans le bloc en 21-hydroxylase de forme « non classique » (N. B. : en France l’AMM de l’acétate de cyprotérone n’est
chez la femme adulte, le traitement est spécialisé en cas que dans le cas de l’hirsutisme, pas celui de l’acné). Les
d’infertilité, comme en cas de grossesse chez une patiente traitements locaux comme l’épilation électrique, le laser
présentant un risque de virilisation d’un fœtus féminin. épilatoire, la décoloration pilaire ne doivent pas être né-
En dehors de ces cas, on préconise classiquement un traite- gligés. Dans le cas de l’alopécie androgéno-génétique de
ment de freinage glucocorticoïde par hydrocortisone (10 la femme, l’efficacité des antiandrogènes est souvent mo-
à 20 mg/jour) ou dexaméthasone (0,25 à 0,5 mg le soir), deste ⁵⁷. Il existe un effet favorable des œstrogènes à des
de manière à normaliser les concentrations de testosté- doses pharmacologiques ⁵⁸. En pratique, on peut proposer,
rone et de delta-4-androstène-dione ²³. La progestérone en l’absence de contre-indication, un traitement par acé-
(co-sécrétée avec la 17-hydroxy-progestérone) doit égale- tate de cyprotérone et éthinyl-œstradiol, mais il faut re-
AMM autorisation de mise sur le marché · PCR polymerase chain reaction · SOPMK syndrome des ovaires polymicrokystiques
75-12 Hormones sexuelles
Coll. D. Bessis
Fig. 75.11 Télangiectasies nævoïdes unilatérales : multiples
télangiectasies punctiformes ou chevelues, parfois cernées d’un halo
Coll. D. Bessis
anémique, localisées homolatéralement sur le cou, le thorax et l’épaule
Peau et ménopause
La ménopause s’associe à une atrophie cutanée, avec ré-
duction et modification qualitative du collagène cutané,
et à une sécheresse cutanée, avec diminution de la sécré-
tion de sébum ⁶². L’apparition des rides en post-ménopause
chez la femme paraît plus rapide que dans le sexe mascu-
lin. Dans tous ces effets, il faut faire la part du rôle du
vieillissement et de celui de la diminution des hormones
sexuelles. La réduction du collagène et de l’épaisseur cuta-
née est améliorée par le traitement substitutif par œstra-
Coll. D. Bessis
viennent avec au premier plan l’exposition solaire. Il existe taires, et en particulier le lupus érythémateux disséminé,
des melasmas idiopathiques, en dehors de la prise de contra- sont aggravées par les œstrogènes, qui restent classique-
ceptifs oraux, et même des melasmas masculins. En dehors ment contre-indiqués.
de la prescription d’un traitement local dépigmentant, il est La dermatite auto-immune à la progestérone ⁶⁶ et la der-
logique de conseiller l’interruption des œstroprogestatifs, matite auto-immune aux œstrogènes ⁶⁷ constituent des
si elle est possible, et une contraception par des progesta- entités rares, caractérisées par des exanthèmes de présen-
tifs seuls ou de type mécanique. tation variable, souvent prurigineux, qui ont en commun
D’autres manifestations dermatologiques sont favorisées leur développement en période prémenstruelle ou pendant
par les œstrogènes et les contraceptifs œstroprogestatifs les menstruations (fig. 75.12). Une immunité retardée pour
parmi lesquelles on peut citer les télangiectasies nævoïdes la progestérone ou pour les œstrogènes est incriminée,
unilatérales (fig. 75.11) et l’érythème noueux ⁴⁸. parfois mise en évidence par la positivité des intradermo-
réactions avec le stéroïde incriminé. Néanmoins, la démons-
tration de l’auto-immunisation doit être rigoureuse : posi-
Pathologies cutanées et stéroïdes sexuels tivité de l’IDR à plus de 24 heures, absence de positivité
féminins avec des contrôles réalisés avec l’excipient et d’autres sté-
roïdes préparés dans le même excipient. Les traitements
L’utilisation des œstrogènes en cas de mélanome malin reposent sur une inhibition de l’ovulation par les œstro-
a été un sujet controversé ⁴⁸, mais actuellement l’antécé- gènes (uniquement dans la dermatite à la progestérone),
dent de mélanome n’est plus retenu comme une contre- et un traitement par danazol ou tamoxifène, voire une ova-
indication aux œstroprogestatifs ou à un traitement sub- riectomie bilatérale, dans la dermatite à la progestérone et
stitutif de la ménopause. Plusieurs affections dysimmuni- dans la dermatite aux œstrogènes.
1 Pelletier G, Ren L. Localization of sex 10 Strickler JH, Garrett AB. Androgen excess 18 Hagag P, Hertzianu I, Ben-Shlomo A et
steroid receptors in human skin. Histol Histo- and hair loss in women. In Androgen excess di- al. Androgen suppression and clinical improve-
pathol 2004 ; 19:629-636. sorders in women. Azziz R, Nestler JE, Dewailly ment with dopamine agonists in hyperandro-
2 Kovacs WJ. The androgen receptor. In Andro- D, eds, Lippincott-Raven, Philadelphia, 1997, genic hyperprolactinemic women. J Reprod Med
gen excess disorders in women. Azziz R, Nestler p. 141-147, ch. 14. 2001 ; 46:678-684.
JE, Dewailly D, eds, Lippincott-Raven, Philadel- 11 Cavelier-Balloy B, Assouly P. [Role and limi- 19 Regnier C, Bennet A, Malet D et al. Intraop-
phia, 1997, p. 53-61, ch. 6. tations of skin biopsy in the diagnosis of alope- erative testosterone assay for virilizing ovarian
3 Sawaya ME, Shalita AR. Androgen receptor cia]. Ann Dermatol Venereol 2009 ; 136:182-198. tumor topographic assessment : report of a Ley-
polymorphisms (CAG repeat lengths) in andro- 12 AFSSAPS Traitement de l’acné par voie gé- dig cell tumor of the ovary in a premenopausal
genetic alopecia hirsutism and acne. J Cutan nérale : argumentaire. Ann Dermatol Venereol women with an adrenal incidentaloma. J Clin
Med Surg 1998 ; 3:9-15. 1999 ; 126:224-231. Endocrinol Metab 2002 ; 87:3074-3077.
4 Calvo RM, Asuncion M, Sancho J et al. 13 Dreno B, Alirezai M, Auffret N et al. Cor- 20 Pugeat M, Mirakian P, Dutrieux-Berger N,
The role of the CAG repeat polymorphism in rélation clinique et psychologique dans l’acné : Forest MG, Tourniaire J. Androgen secreting
the androgen receptor gene and of skewed X- utilisation des grilles ECLA et CADI. Ann Der- ovarian neoplasms. In Androgen excess disorders
chromosome inactivation in the pathogenesis matol Venereol 2007 ; 134:451-455. in women. Azziz R, Nestler JE, Dewailly D, eds,
of hirsutism. J Clin Endocrinol Metab 2000 ; 85: 14 Dreno B, Finlay AY, Nocera T et al. The Lippincott-Raven, Philadelphia, 1997, p. 555-
1735-1740. Cardiff Acne Disability Index : cultural and lin- 568, ch. 54.
5 Mowszowicz I, Melanitou E, Doukani A guistic validation in French. Dermatology 2004 ; 21 Tita P, Spina A, Briguglia G et al. Clinical
et al. Androgen binding capacity and 5 alpha- 208:104-108. features and hormonal characteristics in a case
reductase activity in pubic skin fibroblasts from 15 Azziz R, Sanchez LA, Knochenhauer ES et of ovarian arrhenoblastoma. J Endocrinol Invest
hirsute patients. J Clin Endocrinol Metab 1983 ; al. Androgen excess in women : experience with 1996 ; 19:484-487.
56:1209-1213. over 1000 consecutive patients. J Clin Endocri- 22 Derksen J. Androgen secreting adrenal neo-
6 Hatch R, Rosenfield RL, Kim MH, Tredway nol Metab 2004 ; 89:453-462. plasms. In Androgen excess disorders in women.
D. Hirsutism : Implications, etiology, and man- 16 Cortet-Rudelli C, Desailloud R, Dewailly D. Azziz R, Nestler JE, Dewailly D, eds, Lippincott-
agement. Am J Obstet Gynecol 1981 ; 140:815- Drug-induced androgen excess. In Androgen ex- Raven, Philadelphia, 1997, p. 545-553, ch. 53.
830. cess disorders in women. Azziz R, Nestler JE, De- 23 Azziz R, Dewailly D Diagnosis, screening
7 Ayoub N, Rouphael N, Tomb R. [Hirsutism]. wailly D, eds, Lippincott-Raven, Philadelphia, and treatment of nonclassic 21-hydroxylase de-
Ann Dermatol Venereol 2002 ; 129:1140-1150. 1997, p. 613-621, ch. 59. ficiency. In Androgen excess disorders in women.
8 Ferriman D, Gallwey JD. Clinical assess- 17 Schiebinger RJ, Chrousos GP, Cutler GB Jr Azziz R, Nestler JE, Dewailly D, eds, Lippincott-
ment of body hair growth in women. J Clin En- et al. The effect of serum prolactin on plasma Raven, Philadelphia, 1997, p. 181-192, ch. 18.
docrinol Metab 1961 ; 21:1440-1447. adrenal androgens and the production and 24 Degitz K, Placzek M, Arnold B et al. Con-
9 Redmond GP. Clinical evaluation of the metabolic clearance of dehydroepiandrosterone genital adrenal hyperplasia and acne in male
woman with an androgenic disorder. In Andro- sulfate in normal and hyperprolactinemic sub- patients. Br J Dermatol 2003 ; 148:1263-1266.
genic disorders. Redmond GD, ed, Raven Press, jects. J Clin Endocrinol Metab 1986 ; 62:202- 25 White PC, Johrer K, Kofler R. Steroid 11
New York, 1995, p. 1-20. 209. beta-hydroxylase deficiency. In Androgen excess
75-14 Hormones sexuelles
disorders in women. Azziz R, Nestler JE, De- al. Hyperandrogenemia in patients presenting 51 Ibanez L, Potau N, Virdis R et al. Postpuber-
wailly D, eds, Lippincott-Raven, Philadelphia, with acne. Fertil Steril 2001 ; 75:889-892. tal outcome in girls diagnosed of premature pub-
1997, p. 193-200, ch. 19. 38 Arnaldi G, Angeli A, Atkinson AB et al. Di- arche during childhood : increased frequency of
26 Pang S. Inherited 3 beta-hydroxysteroid de- agnosis and complications of Cushing’s syn- functional ovarian hyperandrogenism. J Clin En-
hydrogenase deficiency disorder. In Androgen drome : a consensus statement. J Clin Endocri- docrinol Metab 1993 ; 76:1599-1603.
excess disorders in women. Azziz R, Nestler JE, nol Metab 2003 ; 88:5593-5601. 52 Van Wayjen RG, Van den Ende A. Ex-
Dewailly D, eds, Lippincott-Raven, Philadelphia, 39 Chanson P, Bertherat J, Beckers A et al. perience in the long-term treatment of pa-
1997, p. 201-213, ch. 20. Consensus français sur la prise en charge de tients with hirsutism and/or acne with cypro-
27 Charmandari E, Kino T, Souvatzoglou E l’acromégalie. Ann Endocrinol 2009 ; 70:92-106. terone acetate-containing preparations : effi-
et al. Natural glucocorticoid receptor mutants 40 Rayfield EJ, Rose LI, Cain JP et al. ACTH- cacy, metabolic and endocrine effects. Exp Clin
causing generalized glucocorticoid resistance : responsive, dexamethasone-suppressible adreno- Endocrinol Diabetes 1995 ; 103:241-251.
molecular genotype, genetic transmission, and cortical carcinoma. N Engl J Med 1971 ; 284:591- 53 Jasonni VM, Bulletti C, Naldi S et al. Treat-
clinical phenotype. J Clin Endocrinol Metab 592. ment of hirsutism by an association of oral
2004 ; 89:1939-1949. 41 Kaltsas GA, Isidori AM, Kola BP et al. The cyproterone acetate and transdermal 17-beta-
28 Rotterdam ESHRE/ASRM-sponsored PCOS value of the low-dose dexamethasone suppres- estradiol. Fertil Steril 1991 ; 55:742-745.
consensus workshop group. Revised 2003 con- sion test in the differential diagnosis of hyper- 54 Raudrant D, Rabe T. Progestogens with an-
sensus on diagnostic criteria and long-term androgenism in women. J Clin Endocrinol Metab tiandrogenic properties. Drugs 2003 ; 63:463-
health risks related to polycystic ovary syn- 2003 ; 88:2634-2643. 492.
drome. Fertil Steril 2004 ; 81:19-25. 42 Kendall JW, Sloop PR. Dexamethasone- 55 Ludicke F, Johanisson E, Helmerhorst FM
29 Ortega-Gonzalez C, Luna S, Hernandez L suppressible adrenocortical tumor. N Engl J et al. Effect of a combined oral contraceptive
et al. Responses of serum androgen and insulin Med 1968 ; 279:532-535. containing 3 mg of drospirenone and 30 μg of
resistance to metformin and pioglitazone in 43 Caron P, Cogne M, Rumeau JL et al. Andro- ethinyl-estradiol on the human endometrium.
obese insulin-resistant women with polycystic genic granulosa cell tumor of the ovary : in vivo Fertil Steril 2001 ; 76:102-107.
ovary syndrome. J Clin Endocrinol Metab 2005 ; hormonal studies. J Endocrinol Invest 1993 ; 16: 56 Moghetti P, Tosi F, Tosti A et al. Compar-
90:1360-1365. 545-548. ison of spironolactone, flutamide and finas-
30 Lord JM, Flight IH, Norman RJ. Met- 44 Fiet J, Gueux B, Gourmelen M et al. teride efficacy in the treatment of hirsutism :
formin in polycystic ovary syndrome : system- Comparison of basal and adrenocorticotropin- a randomized, double-blind placebo-controlled
atic review and meta-analysis. BMJ 2003 ; 327: stimulated plasma 21-deoxycortisol and 17- trial. J Clin Endocrinol Metab 2000 ; 85:89-
951-953. hydroxyprogesterone values as biological mark- 94.
31 Ibanez L, Potau N, Marcos MV, De Zegher F. ers of late-onset adrenal hyperplasia. J Clin En- 57 Carmina E, Lobo RA. Treatment of hy-
Adrenal hyperandrogenism in adolescent girls docrinol Metab 1988 ; 66:659-667. perandrogenic alopecia in women. Fertil Steril
with a history of low birthweight and preco- 45 Pang S, Wang M, Jeffries S et al. Nor- 2003 ; 79:91-95.
cious pubarche. Clin Endocrinol (Oxf) 2000 ; 53: mal and elevated 3 alpha androstane diol glu- 58 Jamin C. L’alopécie androgénogénétique.
523-527. curonide concentrations in women with various Ann Dermatol Venereol 2002 ; 129:801-803.
32 Nestler JE, Whitfield JB, Williams TY et causes of hirsutism and its correlation with de- 59 Vexiau P, Chaspoux C, Boudou P et al. Ef-
al. Genetics of serum dehydroepiandrosterone gree of hirsutism and androgen levels. J Clin fects of minoxidil 2 % vs cyproterone acetate
sulfate and its relationship to insulin in a Endocrinol Metab 1992 ; 75:243-248. treatment on female andrognetic alopecia : a
population-based cohort of twin subjects. J Clin 46 Rittmaster RS, Zwicker H, Thompson Konok controlled 12-month randomized trial. Br J Der-
Endocrinol Metab 2002 ; 87:682-686. G, Norman RW. Androstanediol glucuronide matol 2002 ; 146:992-999.
33 Nagamani M. Polycystic ovarian syndrome production in human liver prostate and skin : 60 Carey AH, Chan KL, Short F et al. Evi-
variants : hyperthecosis. In Reproductive endo- evidence for the importance of the liver in 5 dence for a single gene effect causing polycystic
crinology, surgery and technology. Adashi EY, alpha reduced androgen metabolism. J Clin En- ovaries and male pattern baldness. Clin Endocri-
Rock JA, Rosenwaks Z, eds, Lippincott-Raven, docrinol Metab 1993 ; 76:977-982. nol (Oxf) 1993 ; 38:653-658.
Philadelphia, 1996, p. 1257-1269, ch. 63. 47 Manieri C, Di Bisceglie C, Fornengo R et al. 61 Finasteride Male Pattern Hair Loss Study
34 Hughesdon PE. Morphology and morpho- Postmenopausal virilization in a woman with Group Long-term (5-year) multinational experi-
genesis of the Stein Leventhal ovary and of gonadotropin dependent ovarian hypertheco- ence with finasteride 1 mg in the treatment of
so-called « hyperthecosis ». Obstet Gynecol Surv sis. J Endocrinol Invest 1998 ; 21:128-132. men with androgenetic alopecia. Eur J Dermatol
1982 ; 37:59-77. 48 Deharo C, Berbis P, Privat Y. Complications 2002 ; 12:38-49.
35 Azziz R, Carmina E. Idiopathic hirsutism : dermatologiques des contraceptifs oraux. Fertil 62 Pierard-Franchimont C, Pierard GR. Post-
definition, prevalence and inheritance. In Andro- Contracept Sex 1988 ; 16:299-304. menopausal aging of the sebaceous follicle :
gen excess disorders in women. Azziz R, Nestler 49 McClamrock HD, Adashi EY. Gestational a comparison between women receiving hor-
JE, Dewailly D, eds, Lippincott-Raven, Philadel- hyperandrogenism. Fertil Steril 1992 ; 57:257- mone replacement therapy or not. Dermatology
phia, 1997, p. 529-534, ch. 51. 274. 2002 ; 204:17-22
36 Futterweit W, Dunaif A, Yeh H, Kingsley 50 Morishima A, Grumbach MM, Simpson ER 63 Sator PG, Schmidt JB, Sator MO et al. The
P. The prevalence of hyperandrogenism in 109 et al. Aromatase deficiency in male and female influence of hormone replacement therapy on
consecutive females with diffuse alopecia. J Am siblings caused by a novel mutation and the skin ageing : a pilot study. Maturitas 2001 ; 39:
Acad Dermatol 1988 ; 5:831-836. physiological role of estrogens. J Clin Endocri- 43-55.
37 Slayden SM, Moran C, Sams WM Jr et nol Metab 1995 ; 80:3689-3698. 64 Baulieu EE, Thomas G, Legrain S et al. De-
Références 75-15
hydroepiandrosterone (DHEA) DHEA sulfate peutique dermatologique. Dubertret L, Aractingi VA. Autoimmune progesterone dermatitis. J
and aging : contribution of the DHEAge study S, Bachelez H, Bodemer C, Chosidow O, Cribier Am Acad Dermatol 1995 ; 32:333-338.
to a sociobiomedical issue. Proc Natl Acad Sci B, Joly P.Medecine-Sciences Flammarion, Paris, 67 Shelley WB, Shelley ED, Talanin NY, Santo-
USA 2000 ; 97:4279-4284. 2001, p. 535-538. so-Pham J. Estrogen dermatitis. J Am Acad Der-
65 Fierens H, Delescluse J. Mélasma. In Théra- 66 Herzberg AJ, Strohmeyer CR, Cirillo-Hyland matol 1995 ; 32:25-31.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Bennet A, Vezzosi D, Caron Ph. Hormones sexuelles. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations
dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 75.1-75.15.
76
Diabète sucré
Didier Bessis
Classification et prévalence des manifestations Dermatoses dont l’association au diabète est discutable
dermatologiques du diabète 76-2 76-8
Dermatoses significativement associées au diabète Prurit 76-8
76-2 Xanthomes éruptifs 76-8
Dermopathie diabétique 76-2 Érythrose faciale 76-8
Acanthosis nigricans 76-3 Granulome annulaire 76-8
Nécrobiose lipoïdique 76-4 Capillarites purpuriques et pigmentaires 76-9
Sclérose des extrémités avec enraidissement articulaire Xanthochromie 76-9
(cheiroarthropathie diabétique) 76-5 Complications dermatologiques des traitements
Papules de Huntley ou épaississement granité des doigts insuliniques 76-9
76-5 Réactions « allergiques » 76-9
Sclérœdème de Buschke 76-5 Réactions lipodystrophiques 76-9
Bulloses des diabétiques 76-6 Réactions secondaires à l’utilisation des pompes à insuline
Dermatoses perforantes acquises 76-6 76-10
Dermatoses infectieuses liées au diabète 76-6 Références 76-10
Infections mycosiques 76-7
Infections bactériennes 76-7
e diabète sucré (DS) touche 4 % de la population gé- résiduelle. Dans la grande majorité des cas (95 %), la
L nérale tous âges confondus et 7 % de la population de
sujets âgés de plus de 65 ans. Il se définit par une glycémie à
présence de marqueurs d’auto-immunité anti-cellules
d’îlot (anticorps anti-insuline, anti-GAD et anti-IA2)
jeun sur sang veineux supérieure à 1,26 g/l à deux reprises peut être mise en évidence lors du diagnostic permet-
ou par une glycémie à n’importe quel moment de la jour- tant de définir le diabète de type 1 « auto-immun ».
née supérieure à 2 g/l. En pratique, on ne recourt plus au − Type 2 : il touche en moyenne 80 % des sujets diabé-
test d’hyperglycémie orale provoquée. La classification du tiques, généralement chez un patient de plus de 40 ans,
diabète sucré a été révisée en 1997 et comprend plusieurs en surcharge pondérale (indice de masse corporelle
formes. (IMC) 25) ou obèse (IMC 30) ³. Dans 80 % des
− Type 1 : diabète insulinodépendant par destruction spé- cas, la présence d’une hypertension artérielle et/ou
cifique des cellules β des îlots de Langerhans condui- d’une dyslipidémie associée permet d’affirmer l’exis-
sant à une carence en insuline le plus souvent totale. Il tence d’un syndrome métabolique. La présence d’une
concerne 1 diabétique sur 5 ¹. Il touche principalement hérédité familiale de 1 er degré est notée dans un tiers
l’enfant et l’adulte jeune avant 35 ans (incidence maxi- des cas. En présence d’un tableau clinique évocateur, le
male entre 10 et 14 ans). Sa prévalence en France est es- dosage de l’insulinémie, du peptide C ou la recherche
timée à 200 000 sujets et son incidence annuelle entre d’anticorps anti-GAD ou anti-IA2 n’est pas nécessaire.
7,2 à 7,8 pour 100 000. Chez l’enfant ou l’adulte jeune, L’hyperglycémie résulte d’une réduction du captage pé-
sa révélation repose sur des symptômes apparaissant gé- riphérique du glucose et d’une augmentation de la pro-
néralement de façon aiguë : polyurie, amaigrissement, duction glucosée hépatique, liées à une diminution de
asthénie inhabituelle, douleurs abdominales ². L’acido- l’insulinosécrétion et de l’insulinosensibilité.
cétose est révélatrice dans 50 % des cas, établie par la re- − Autres diabètes spécifiques : pancréatiques (pancréa-
cherche de présence d’acétone dans les urines ou d’une tite, cancer du pancréas, mucoviscidose...), liés aux
élévation de la cétonémie sur sang capillaire. La mesure endocrinopathies (acromégalie, syndrome de Cushing,
du taux du peptide C (peptide de connexion de la proin- glucagonome...), médicamenteux ou toxiques, infec-
suline) permet une évaluation de l’insulinosécrétion tieux (rubéole congénitale, cytomégalovirus...), géné-
Tableau 76.1 Principales manifestations dermatologiques et prévalence Une seule étude prospective européenne récente permet
moyenne au cours du diabète sucré d’estimer la prévalence moyenne des complications cuta-
nées au cours du DS (infectieuses ou non et en dehors du
Dermatoses Dermopathie diabétique (15-25 %) pied diabétique) à 54 % des patients diabétiques insulino-
significativement associées Nécrobiose lipoïdique (1-2 %)
dépendants (DID) et 61 % des patients non insulinodépen-
au diabète Acanthosis nigricans (6-8 %, surtout
DNID) dants (DNID) ⁴. La prévalence des dermatoses non infec-
Sclérose des extrémités avec tieuses au cours du DS a été étudiée dans une étude prospec-
enraidissement articulaire (40 %) tive française récente et évaluée à 56 % des patients DID
Papules de Huntley (75 %) contre 70 % des patients DNID ⁵.
Sclérœdème de Buschke (rare, surtout
DNID)
Dermatose perforante (rare, surtout Dermatoses significativement associées au
DID) diabète
Bullose des diabétiques (rare)
Dermatoses infectieuses Infections bactériennes Dermopathie diabétique
liées au diabète Infections mycosiques La dermopathie diabétique (DD) constitue la manifesta-
Infections parasitaires tion cutanée la plus fréquente du DS et touche en moyenne
Dermatoses dont Xérose cutanée (6-40 %) 15 à 25 % des diabétiques. Elle est plus fréquemment obser-
l’association au diabète est Prurit sine materia (10 %) vée chez l’homme (sex-ratio de 2/1), âgé de plus de 50 ans
discutable Érythrose faciale (1-25 %) et souffrant d’un DS ancien. La prévalence de la dermo-
Xanthochromie (1,5-12 %) pathie diabétique augmente en cas de complications mi-
Capillarite purpurique et pigmentée croangiopathiques associées ⁶. À titre d’exemple, dans une
(0,5-20 %, surtout DNID) série de 173 patients atteints de DS, la prévalence de la
Granulome annulaire (0,5-1 %) DD était estimée à 52 % en présence d’une complication
Maladie de Dupuytren (2 %) microangiopathique et à 81 % en présence de 3 complica-
Vitiligo (0,4 à 9 %, surtout DID) tions microangiopathiques (néphropathie, neuropathie et
Pelade (0,9 à 2,7 %, surtout DID) rétinopathie) ⁷. Cependant, dans cette même série, aucune
Dermatite herpétiforme (rare) complication microangiopathique n’était mise en évidence
Xanthomes éruptifs (rare)
chez 21 % des patients avec DD. L’étiologie exacte de la DD
Syringomes à cellules claires (rare)
reste hypothétique, impliquant une atteinte microcircula-
Complications Éruptions liées aux antidiabétiques toire ischémique locale et/ou un trouble de la cicatrisation
cutanéomuqueuses des oraux cutanée révélé par un traumatisme minime. La DD débute
traitements antidiabétiques Réactions cutanées aux insulines par de petites macules ou papules rouges laissant la place
en quelques jours à des macules plus ou moins atrophiques
tiques (défauts de la fonction des cellules β des îlots et déprimées en superficie, brunes, bien délimitées, typique-
de Langerhans, de l’action de l’insuline) ou associés ment rondes et de moins d’1 cm de diamètre (fig. 76.1). Des
à d’autres syndromes génétiques (syndrome de Down, macules linéaires (jusqu’à 2,5 cm) peuvent également être
syndrome de Klinfelter...) et dysimmunitaires. présentes et sont évocatrices. Ces lésions sont asymptoma-
− Diabète gestationnel : il est défini comme une intolé- tiques, indolores et non prurigineuses. Elles touchent avec
rance au glucose de sévérité variable, apparue ou diag- prédilection les crêtes tibiales, de façon bilatérale et asymé-
nostiquée pour la première fois pendant la grossesse, trique, et sont facilement confondues avec des cicatrices
quelle que soit son évolution dans le post-partum. post-traumatiques. Plus rarement, elles peuvent être pré-
sentes sur les membres supérieurs, les cuisses, le tronc et
la partie inférieure de l’abdomen. La survenue de macules
atrophiques pigmentées prétibiales isolées et similaires à
Classification et prévalence des manifestations la DD peut s’observer chez le patient non diabétique, mais
dermatologiques du diabète la présence d’au moins 4 macules typiques de DD est consi-
dérée comme spécifique du DS. Le diagnostic différentiel
La classification des différentes manifestations dermatolo- peut se poser avec la capillarite purpurique et pigmentée
giques du DS doit rester clinique, en l’absence de connais- des jambes, fréquemment associée à la DD et de prévalence
sance précise actuelle de leurs mécanismes physiopatholo- augmentée au cours du DS ⁸. L’examen histologique n’a d’in-
giques et de leur possible intrication. On distingue 1o les térêt qu’en cas de doute diagnostique. Il révèle un épiderme
dermatoses significativement associées au DS ; 2o les atrophique, une hyperpigmentation de la basale, un derme
dermatoses infectieuses liées au DS ; 3o les dermatoses œdématié comportant des vaisseaux à parois épaissies (co-
dont l’association au DS est discutable ; 4o les complica- loration PAS positive), une extravasation d’érythrocytes
tions cutanéomuqueuses des traitements antidiabétiques et d’hémosidérine et un infiltrat lymphohistiocytaire pé-
(tableau 76.1). Le pied diabétique n’est pas abordé dans ce rivasculaire discret. Aucun traitement n’est nécessaire en
chapitre. dehors d’une protection contre les traumatismes.
DD dermopathie diabétique · DID diabétiques insulinodépendants · DNID diabétiques non insulinodépendants · DS diabète sucré
Dermatoses significativement associées au diabète 76-3
Coll. D. Bessis
Fig. 76.1 Dermopathie diabétique : macules rouges et blanches
atrophiques de la face antérieure de jambe
Acanthosis nigricans
L’acanthosis nigricans (AN) se caractérise par des plaques
d’aspect gris sale ou noirâtre, à limites floues, atteignant
symétriquement les aisselles (fig. 76.2), la nuque, les faces
latérales du cou (fig. 76.3), les régions anogénitales, la face in-
terne des cuisses, les plis des coudes et des genoux, l’ombilic
ainsi que l’aréole des seins ⁹. Il s’y associe une exagération
des plis et des sillons conférant à la peau un aspect rugueux.
Au niveau de ces territoires, plus particulièrement sur le
bord libre des paupières, les aisselles et les cuisses, peuvent
se développer des papillomes pédiculés et des végétations
(acrochordons). Au niveau du dos des mains et des pieds,
Coll. D. Bessis
des formations verruqueuses parsemées de crêtes cornées
hyperkératosiques et jaunâtres sont classiques. Les paumes
et les plantes prennent parfois un aspect de pachydermato-
glyphie caractérisé par un épaississement cutané jaunâtre Fig. 76.2 Acanthosis nigricans au cours d’un syndrome HAIR-AN :
et une accentuation des plis des paumes. L’atteinte de la mu- pigmentation brun gris de l’aisselle, du pli sous-mammaire et du flanc
queuse buccale est fréquente (un tiers des cas), peu ou pas
pigmentée, située généralement sur les lèvres et la langue Le principal mécanisme physiopathogénique repose sur
et marquée par des proliférations papillomateuses et des une fixation de l’insuline circulante plasmatique en excès
fissures parfois profondes. L’histologie cutanée met en évi- sur les récepteurs cutanés kératinocytaires à l’IGF (insulin-
dence des anomalies non spécifiques papillomateuses, une like growth factor) entraînant la stimulation et la proliféra-
hyperkératose orthokératosique, une acanthose modérée tion des kératinocytes et une hyperkératose épidermique
et une pigmentation de la basale (fig. 76.4). secondaire.
La présence d’un AN au cours du DNID et/ou de l’obésité Le traitement de l’AN au cours du DNID repose sur une
témoigne généralement d’un hyperinsulinisme secondaire réduction de la surcharge pondérale (régime calorique, exer-
à une insulinorésistance acquise par diminution du nombre cices physiques). La diminution de l’hyperinsulinisme par
des récepteurs fonctionnels à l’insuline ⁹,¹⁰. L’AN constitue l’octréotide, analogue de synthèse de la somatostatine, la
également le marqueur de nombreuses endocrinopathies metformine, composé biguanide, ou la rosiglitazone, an-
ayant en commun une insulinorésistance : tidiabétique oral du groupe des thiazolidinediones, n’ap-
− type A, par défaut qualitatif ou quantitatif du récepteur portent pas de résultats significatifs. L’isotrétinoïne et
à l’insuline, comme au cours du syndrome HAIR-AN, as- l’acitrétine ont été créditées d’une efficacité suspensive,
sociant chez la femme jeune un hirsutisme avec signes mais leurs effets secondaires potentiels (tératogénicité, hy-
de virilisation et syndrome des ovaires polykystiques ; pertriglycéridémie) en limitent l’utilisation. L’intérêt du
− type B, par production d’auto-anticorps dirigés contre traitement topique par la trétinoïne (gel de trétinoïne à
le récepteur à l’insuline, comme au cours du lupus éry- 0,05 % ou 0,1 %) ou le calcipotriol a été ponctuellement
thémateux systémique, la sclérodermie, la dermatomyo- rapporté. L’utilisation avec succès du laser Alexandrite à
site ou la thyroïdite d’Hashimoto ; pulsations longues dans le traitement de l’AN axillaire
− type C, rare, cliniquement semblable au type A mais (10 séances au total, disparition à 95 % après 7 séances,
lié à un dérèglement de la transduction du signal de recul de 2 ans) a récemment été décrite dans une observa-
l’insuline en aval du récepteur. tion ¹¹.
Coll. D. Bessis
Fig. 76.6 Sclérose et épaississement des doigts au cours d’une
cheiroarthropathie diabétique
SB sclérœdème de Buschke
76-6 Diabète sucré
Coll. D. Bessis
Les manifestations systémiques peuvent être présentes
dans toutes les formes de SB : épanchement pleural ou pé-
ricardique, atteintes osseuse, oculaire, parotidienne ou car-
diaque. L’examen histologique met en évidence un épaissis- Fig. 76.8 Bullose des diabétiques : éruption bulleuse récidivante de
sement du derme par des fibres collagènes œdémateuses, jambe constituée de bulles tendues à liquide clair
séparées par des dépôts de mucine parfois discrets. Cette at-
teinte œdémateuse dermique peut s’étendre à l’hypoderme de dermatoses rares, caractérisées par des papules ou des
remplacé progressivement par des fibres collagènes. Une at- nodules hyperkératosiques avec, sur le plan histologique,
teinte histologique similaire peut être observée en cas d’at- une élimination transépidermique de kératine, de colla-
teinte cardiaque ou musculaire striée. La cause exacte du SB gène ou de fibres élastiques ¹⁸. Elles sont le plus souvent
au cours du DS est inconnue. Aucun traitement spécifique associées à un diabète sucré (50 %) et/ou à une insuffisance
n’est rapporté efficace. Les corticoïdes systémiques ou intra- rénale chronique terminale (70 %). Le diabète est le plus
lésionnels, le méthotrexate à faibles doses, la ciclosporine, souvent insulinodépendant, presque constamment ancien
la photothérapie de type PUVA ou UVA1 longs, la photophé- (15 ans d’évolution en moyenne) et compliqué (néphropa-
rèse extracorporelle et l’électronthérapie sont d’efficacité thie, rétinopathie, neuropathie). L’âge moyen au diagnostic
inconstante. Les immunoglobulines intra-veineuses ont est de 48 ans (29-74 ans). Il n’existe aucun antécédent fami-
été rapportées efficaces dans une récente observation ¹⁶. lial. La lésion élémentaire est une papule kératosique om-
biliquée de 1 à 10 mm de diamètre avec un bouchon corné
Bulloses des diabétiques central adhérent (fig. 76.9). Les lésions sont prurigineuses
Rares, elles consistent en des éruptions bulleuses surve- dans 70 % des cas et rarement douloureuses. Un phéno-
nant en dehors d’un contexte infectieux ou traumatique. mène de Koebner est observé dans 30 % des cas, notam-
Leur physiopathologie reste inconnue, peut-être liée à ment lors de grattage intempestif. Le nombre des lésions
une fragilité cutanée favorisée par une microangiopathie ¹⁷. est variable d’un individu à l’autre. Les membres inférieurs
Trois formes cliniques sont classiquement individualisées : sont le plus fréquemment atteints, suivis des membres su-
− éruption en peau saine de bulles, tendues au début, périeurs, du tronc et du visage. L’atteinte du cuir chevelu
de quelques millimètres jusqu’à 10 centimètres de dia- ou des muqueuses (conjonctivale, buccale) est anecdotique.
mètre, à liquide clair, stérile. L’éruption est non doulou- L’aspect histologique est proche de l’ensemble des autres
reuse, localisée sur les pieds, les orteils et les jambes, dermatoses perforantes (maladie de Kyrle, collagénose per-
parfois sur les avant-bras et les mains (fig. 76.8). L’évolu- forante réactionnelle, folliculite perforante) : invagination
tion est favorable en 2 à 6 semaines mais les récidives de l’épiderme, expulsion de matériel nécrotique basophile
sont fréquentes. À l’examen histologique, il peut être ob- du derme à travers une dépression cupuliforme de l’épi-
servé un décollement intraépidermique sans acantho- derme et réaction inflammatoire au site de perforation. En
lyse. L’immunofluorescence directe est négative. Cette cas de prurit chronique, l’aspect est proche d’un prurigo
forme clinique est la plus commune et touche avec prédi- nodulaire. L’évolution des dermatoses perforantes acquises
lection le sujet âgé de sexe masculin (sex-ratio : 2M/1F) est chronique, chaque lésion régressant en quelques mois
souffrant d’un DID compliqué de neuropathie ; sans cicatrice majeure. Il n’existe aucun traitement spéci-
− éruption bulleuse hémorragique compliquée d’un risque fique. Divers traitements locaux sont proposés : crèmes
cicatriciel atrophique. Histologiquement, le décolle- émollientes, corticostéroïdes (topiques ou intralésionnels),
ment bulleux se situerait sous la jonction dermoépi- capsaïcine, trétinoïne. La photothérapie UVB ou la PUVA,
dermique avec destruction des fibres d’ancrage ; l’isotrétinoïne, la rifampicine, l’allopurinol ont également
− éruption bulleuse photodistribuée et douloureuse, où été proposés avec des résultats variables.
le décollement se situerait au niveau de la lamina lucida.
Le traitement est symptomatique et repose sur les soins Dermatoses infectieuses liées au diabète
locaux.
Les infections cutanées au cours du DS sont fréquentes,
Dermatoses perforantes acquises non spécifiques et généralement étroitement liées à l’équi-
Les dermatoses perforantes acquises constituent un groupe libre glycémique des patients. Leur prévalence moyenne
DID diabétiques insulinodépendants · DNID diabétiques non insulinodépendants · DS diabète sucré · SB sclérœdème de Buschke
Dermatoses infectieuses liées au diabète 76-7
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 76.9 Dermatose perforante au cours du diabète sucré compliqué
d’insuffisance rénale : papules érythémateuses surmontées d’un bouchon
central kératosique. La lésion linéaire correspond à un phénomène de
Koebner secondaire au grattage Fig. 76.10 Glossite dépapillée et pseudomembraneuse associée à une
perlèche au cours d’une candidose orale chronique du diabète sucré
est estimée entre 20 et 30 % ¹⁹. Un lien significatif est établi
entre le DS, équilibré ou non, et les candidoses cutanéomu- La mucormycose (zygomycose ou phycomycose) touche
queuses, les mucormycoses et les infections bactériennes surtout le patient diabétique mal équilibré et acidocéto-
à corynébactéries. En revanche, l’augmentation de préva- sique ²²,²³. Elle est à l’origine d’atteintes rhinocérébrales
lence des autres infections cutanées ne semble pas plus et pulmonaires. Les moisissures très ubiquitaires (Rhizo-
fréquente chez le patient diabétique équilibré comparé à la pus arrhizus, Absidia corymbifera, Rhizomucor pusillus...)
population générale. De nombreux facteurs pathogéniques sont inhalées ou contaminent parfois une brèche cutanée,
peuvent contribuer à l’augmentation du risque infectieux une brûlure, favorisées par la macération sous un panse-
au cours du DS : ralentissement de la microcirculation, al- ment occlusif. Elles entraînent des lésions locorégionales,
tération de l’immunité surtout à médiation cellulaire, di- érosives, nécrotiques, ulcéreuses de la peau et des mu-
minution du chimiotactisme des polynucléaires et de la queuses oropharyngées. Dans les formes disséminées, le
phagocytose. caractère angio-invasif est responsable de lésions escarro-
tiques, de cellulites gangréneuses, très délabrantes, d’ul-
Infections mycosiques cères rebelles. Le diagnostic histologique est évoqué devant
Les infections candidosiques cutanéomuqueuses sont fré- l’aspect d’hyphes larges, rubannés non septés souvent au
quentes au cours du DS, parfois révélatrices (fig. 76.10). La sein d’une vasculite nécrosante. Le traitement est souvent
localisation oropharyngée est significativement associée chirurgical : débridement, exérèse avec greffe associés à
au diabète de type 1, indépendamment de l’équilibre gly- l’amphotéricine B, le posaconazole semblant prometteur.
cémique. Les autres localisations (génitale, unguéale et Le pronostic est souvent léthal notamment dans les formes
péri-unguéale, plis de flexion) témoignent généralement rhinocérébrales.
d’un diabète non traité ou déséquilibré. La prévalence des
onychomycoses est significativement plus élevée chez les Infections bactériennes
patients diabétiques (entre 26 à 35 %) que dans la popu- Malgré un portage asymptomatique du staphylocoque doré
lation générale (risque relatif d’environ 1,5) ²⁰. Ces ony- plus fréquent chez les diabétiques que dans la population
chomycoses s’associent à un risque majoré d’intertrigos générale, l’augmentation du risque d’infection cutanée su-
mycosiques interorteils (risque relatif 2,1). Les germes in- perficielle n’est pas clairement démontrée ²². Il est cepen-
criminés sont les dermatophytes usuels (Trichophyton ru- dant classique et probablement de bonne pratique clinique
brum, Trichophyton mentagrophytes, Epidermophyton flocco- de rechercher ou d’équilibrer un diabète sucré en cas de
sum), plus rarement les moisissures et le Candida albicans. pyodermites superficielles : impétigo, folliculites, furoncle-
Ces infections mycosiques contribuent au développement furonculose et anthrax.
d’infections bactériennes sévères (érysipèle, cellulite, os- Les corynébactéries sont des bactéries saprophytes des
téomyélite) en constituant une porte d’entrée potentielle plis cutanés. Elles peuvent cependant devenir pathogènes
à partir de minimes abrasions ou d’ulcérations ²¹,²². Le trai- en cas de macération, particulièrement chez les diabé-
tement des infections mycosiques du patient diabétique tiques ou les personnes en surcharge pondérale. L’éry-
est le même que chez le sujet non diabétique, mais doit thrasma correspond à un intertrigo peu symptomatique,
être systématique et rigoureusement suivi. Il repose sur rouge bistre, squameux, habituellement sans vésicules. L’en-
les imidazolés locaux pour les mycoses cutanées limitées semble des plis peut être atteint avec une prédilection pour
de la peau glabre. Le fluconazole et la terbinafine sont les les plis péri-anaux, cruraux, axillaires et sous-mammaires
traitements de référence respectivement des candidoses (fig. 76.11). L’examen en lumière de Wood met en évidence
orales et des onychomycoses évoluées. une fluorescence « corail » permettant d’évoquer le diagnos-
DS diabète sucré
76-8 Diabète sucré
Coll. D. Bessis
Fig. 76.12 Xanthomes éruptifs : papules profuses jaune brun cernées
d’un halo rouge des fesses au cours d’une hypertriglycéridémie majeure
ayant révélé un diabète sucré
Xanthomes éruptifs
Ils sont constitués de papules jaune brun cernées d’un halo
rouge, parfois douloureuses ou prurigineuses, d’apparition
Fig. 76.11 Placard rouge bistre mal limité du creux axillaire au cours brutale et se situent le plus souvent sur les fesses et les
d’un érythrasma faces d’extension des coudes et des genoux (fig. 76.12). Ils té-
moignent presque toujours d’une dyslipoprotéinémie avec
tic d’infection à C. minutissimum. Le traitement consiste hypertriglycéridémie associée au DS. La correction des ano-
en des conseils d’hygiène, un traitement local par imida- malies métaboliques permet la régression des lésions, par-
zolés pendant au moins 15 jours. Une antibiothérapie par fois au prix d’une hyperpigmentation transitoire.
voie générale est utilisée dans les formes extensives pos-
sibles chez le diabétique. Le choix se porte sur l’érythro- Érythrose faciale
mycine ou une tétracycline per os, la durée du traitement Fréquemment mentionnée dans les études prospectives et
variant de 5 à 21 jours en fonction de la localisation des de prévalence variable, ses critères de distinction avec une
lésions. rosacée restent obscurs. Les mécanismes physiopathogé-
Pseudomonas aeruginosa est un bacille à Gram négatif pré- niques incriminés seraient une diminution du tonus vascu-
sent dans l’environnement et commensal du tube diges- laire ou une microangiopathie favorisant une dilatation et
tif de l’homme. Il est surtout impliqué dans les infec- une stase veinulaire. Ces anomalies pourraient également
tions hospitalières : infections urinaires, pneumopathies rendre compte d’érythème palmoplantaire et de télangiec-
notamment sous ventilation mécanique et de bactérié- tasies péri-unguéales parfois observées au cours du DS ⁸.
mies. Au niveau cutané, P. aeruginosa peut être respon-
sable d’infections superficielles des ongles réalisant le Granulome annulaire
« syndrome de l’ongle vert », des régions interdigitales Le granulome annulaire est une dermatose granuloma-
plantaires et des conduits auditifs externes. Dans ce der- teuse palissadique commune constituée par des petites
nier cas, il peut être responsable d’otite maligne externe, papules, érythémateuses ou couleur peau normale, à dispo-
en particulier chez des personnes âgées ou des diabé- sition annulaire, d’évolution chronique et lentement cen-
tiques. trifuge. Les lésions siègent avec prédilection sur les faces
d’extension des membres, plus particulièrement le dos des
mains et des pieds. L’association du granulome annulaire
avec le diabète, en particulier le DID, reste controversée.
Coll. D. Bessis
Fig. 76.14 Lipohypertrophie de la face externe de cuisse droite
secondaire à des injections répétées d’insuline recombinante humaine
insuliniques
Réactions « allergiques »
Fig. 76.13 Granulomes annulaires disséminés : multiples plaques Depuis l’utilisation d’insuline purifiée ou recombinée hu-
constituées de papules érythémateuses à disposition annulaire ou maine, la prévalence des réactions allergiques à l’insuline
polycyclique sur la face externe d’une cuisse est faible, estimée entre 5 à 15 % ²⁶,²⁷. Parmi ces patients,
le risque de réaction systémique associé est faible, évalué
Il est cependant classique de rechercher un DS au cours à moins de 1 %. Les réactions allergiques sont le plus sou-
d’un granulome annulaire généralisé, nodulaire localisé ou vent localisées sur le site d’injection et se développent en
d’évolution prolongée (fig. 76.13). moyenne une semaine après l’instauration du traitement.
Elles se caractérisent par une macule, une papule voire un
Capillarites purpuriques et pigmentaires nodule prurigineux survenant 24 à 48 heures après l’in-
Les capillarites purpuriques et pigmentaires sont caracté- jection et rapidement résolutif en quelques heures, par-
risées par des lésions purpuriques d’évolution chronique fois quelques jours. Ces réactions tendent à s’amender en
et histologiquement par la présence d’un infiltrat inflam- quelques semaines sans modification du type d’insuline.
matoire mononucléé périvasculaire du derme superficiel Leur persistance au-delà de 2 à 4 semaines doit conduire à
et l’extravasation des hématies. Leur présentation clinique un changement d’insuline en choisissant une insuline plus
est variable composée de macules brunes ou rouges, coa- purifiée. Des réactions systémiques à type d’urticaire ou
lescentes, situées sur les jambes, parfois les chevilles et le d’érythème généralisé, voire d’anaphylaxie restent excep-
dos des pieds. La présence d’une capillarite purpurique et tionnelles.
pigmentaire au cours du DS est rapportée avec une préva-
lence de 20 % au cours d’une récente étude française. Elle Réactions lipodystrophiques
s’observe plus fréquemment au cours du DNID, et de DS Les réactions lipoatrophiques après injection d’insuline re-
compliqué de macroangiopathie (26 % versus 14 %) et de combinante humaine sont actuellement exceptionnelles.
neuropathie (35 % versus 17 %) ⁵,⁸. Une association signifi- En revanche, la possibilité de réactions lipohypertrophiques
cative avec la DD était également notée. reste d’actualité, particulièrement chez le jeune diabétique,
de faible index de masse corporelle, aux sites d’injection
Xanthochromie abdominal, sans rotation suffisante des sites d’injection ²⁸.
Sa prévalence est estimée entre 0,3 à 12 % des patients Il s’agit de nodules cutanés fermes, couleur peau normale,
diabétiques. Il s’agit d’une coloration jaunâtre des paumes se développant au site d’injection, conséquence d’une hy-
et des plantes et/ou des tablettes unguéales. Son origine pertrophie graisseuse locale par effet de lipogenèse de l’in-
reste mal connue : hypercaroténémie, glycosylation non suline (fig. 76.14). Une régression spontanée des lésions par
enzymatique du collagène dermique. rotation des sites d’injection ou mise sous pompe à insu-
line est possible. Un traitement par liposuccion chirurgicale Réactions secondaires à l’utilisation des pompes à insuline
peut également être envisagé. Il s’agit principalement de complications infectieuses à
De nombreuses autres réactions cutanées exceptionnelles type d’abcès ou de cellulite bactériens secondaires à une
sont rapportées sur le site des injections d’insuline : ché- infection à Staphylococcus spp., Streptococcus spp., voire Rhi-
loïdes, pigmentation de type acanthosis nigricans, dépôts zomucor spp. et s’observent dans un contexte d’hygiène
amyloïdes. insuffisante ²⁷.
1 Larger E, Dubois-Laforgue D, Timsit J. 11 Rosenbach A, Ram R. Treatment of Acan- management of onychomycosis in diabetic pa-
[Type 1 diabetes mellitus]. Presse Med 1999 ; 28: thosis nigricans of the axillae using a long- tients. Eur J Dermatol 2000 ; 10:379-384.
1895-1903. pulsed (5-msec) alexandrite laser. Dermatol 21 Tuazon CU. Skin and skin structure infec-
2 Reffet S, Thivolet C. [Type 1 diabetes of the Surg 2004 ; 30:1158-1160. tions in the patient at risk : carrier state of
child and adult]. Rev Prat 2007 ; 57:71-78. 12 Peyrí J, Moreno A, Marcoval J. Necrobiosis Staphylococcus aureus. Am J Med 1984 ; 76:166-
3 Grimaldi A. [Type 2 diabetes of the adult]. lipoidica. Semin Cutan Med Surg 2007 ; 26:87- 171.
Rev Prat 2007 ; 57:531-536. 89. 22 Benamor S, Senet P, Chosidow O. Manifes-
4 Romano G, Moretti G, Di Benedetto A et al. 13 Vignon-Pennamen MD, Clerici T. [Palisad- tations cutanéomuqueuses du diabète. Encycl
Skin lesions in diabètes mellitus : prevalence ing granuloma]. Ann Dermatol Venereol 1998 ; Méd Chir (Éditions scientifiques et médicales
and clinical implications. Diab Res Clin Pract 125:615-619. Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Der-
1998 ; 39:101-106. 14 Huntley AC. Finger pebbles : a common matologie, 98-866-A10, 2002, 6 p.
5 Diris N, Colomb M, Leymarie F et al. [Non finding in diabetes mellitus. J Am Acad Derma- 23 Nucci M. Emerging moulds : Fusarium, Sce-
infectious skin conditions associated with di- tol 1986 ; 14:612-617. dosporium and Zygomycetes in transplant recip-
abetes mellitus : a prospective study of 308 15 Cabo HA. Thick skin syndrome in diabetes ients. Curr Opin Infect Dis 2003 ; 16:607-612.
cases]. Ann Dermatol Venereol 2003 ; 130:1009- mellitus. J Eur Acad Dermatol Venereol 2000 ; 14: 24 Martín-Moro JG, Calleja JM, García MB et
1014. 143-144. al. Rhinoorbitocerebral mucormycosis : a case
6 Morgan AJ, Schwartz RA. Diabetic dermopa- 16 Barde C, Masouyé I, Saurat JH, Le Gal FA. report and literature review. Med Oral Patol Oral
thy : a subtle sign with grave implications. J Am Sclerodema adultorum Buschke in a diabetic Cir Bucal 2008 ; 13:E792-5
Acad Dermatol 2008 ; 58:447-451. subject : intraveinous immnoglobulin therapy. 25 Serrao R, Zirwas M, English JC. Palmar ery-
7 Shemer A, Bergman R, Linn S et al. Diabetic Ann Dermatol Venereol 2009 ; 136:360-363. thema. Am J Clin Dermatol 2007 ; 8:347-356.
dermopathy and internal complications in di- 17 Basarab T, Munn SE, McGrath J, Russell 26 Hoffman AG, Schram SE, Ercan-Fang NG,
abetes mellitus. Int J Dermatol 1998 ; 37:113- Jones R. Bullosis diabeticorum. A case report Warshaw EM. Type I allergy to insulin : case
115. and literature review. Clin Exp Dermatol 1995 ; report and review of localized and systemic re-
8 Ngo BT, Hayes KD, DiMiao DJ et al. Manifes- 20:218-220. actions to insulin. Dermatitis 2008 ; 19:52-58.
tations of cutaneous diabetic microangiopathy. 18 Kluger N, Guillot B. Dermatoses par éli- 27 Richardson T, Kerr D. Skin-related compli-
Am J Clin Dermatol 2005 ; 6:225-237. mination transépidermique (dermatoses perfo- cations of insulin therapy : epidemiology and
9 De Schepper S, Naaeyaert J-M. Acanthosis rantes). EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Der- emerging management strategies. Am J Clin Der-
nigricans. EMC (Elsevier SAS, Paris), Derma- matologie, 98-778-A-10, 2009. matol 2003 ; 4:661-667.
tologie, 98-670-A-10, 2006. 19 Rajagopalan S. Serious infections in elderly 28 Radermecker RP, Piérard GE, Scheen AJ.
10 Humbert Ph, Nguyen N’U. [Physiopathol- patients with diabetes mellitus. Clin Infect Dis Lipodystrophy reactions to insulin : effects of
ogy of acanthosis nigricans]. Ann Dermatol Ve- 2005 ; 40:990-996. continuous insulin infusion and new insulin
nereol 1998 ; 125:851-855. 20 Gupta AK, Humke S. The prevalence and analogs. Am J Clin Dermatol 2007 ; 8:21-28.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Bessis D. Diabète sucré. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations dermatologiques des
maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 76.1-76.10.
77
Dermatoses carentielles
Yannis Scrivener, Didier Bessis
e manque en nutriments peut résulter d’un apport herpétiforme, une ichtyose acquise ⁵ ou un aspect de pel-
L alimentaire insuffisant, d’une malabsorption intesti-
nale ou de pertes excessives (vomissements ou diarrhées
lagre ⁶ constituent parfois les symptômes cutanés de la ma-
ladie cœliaque. Enfin, la maladie de Cronkhite-Canada qui
chroniques). Dans les pays occidentaux, les états de mal- associe malabsorption protéique et polypose intestinale
nutrition s’observent essentiellement chez les alcooliques peut s’accompagner d’une alopécie, d’une onychodystro-
chroniques, les malades souffrant d’un cancer en phase phie (ongles fins ou au contraire hypertrophiques) et d’une
terminale ou chez les vieillards socialement isolés. Les ta- lentiginose faciale et des extrémités ⁷,⁸.
bleaux cliniques qui résultent des déficits nutritionnels
ne sont pas stéréotypés et résultent le plus souvent de ca- Pénuries alimentaires chroniques
rences multiples, associées de manière variable. Les pénuries alimentaires chroniques touchaient en 2000
environ 792 millions de personnes dans le monde, soit
Carences alimentaires globales 20 % de la population des pays en développement. La mal-
nutrition touche une personne sur trois, éclipsant la plu-
Malabsorption intestinale part des autres maladies à l’échelle mondiale. Elles abou-
Les différentes carences protéiques, vitaminiques et mi- tissent à deux grands syndromes carentiels, le marasme et
nérales aboutissent en général à une expression clinique le kwashiorkor.
polymorphe : xérose cutanée, eczéma sec, atrophie cuta- Marasme C’est un déficit calorique global qui résulte d’un
née, hyperpigmentation par hypersécrétion de MSH hypo- jeûne complet. Il s’observe dans les pays les plus pauvres
physaire et alopécie diffuse. Au cours de la mucoviscidose, et en phase terminale de certaines maladies chroniques.
peuvent s’observer des symptômes d’acrodermatite enté- Les personnes qui sont atteintes de marasme ont une peau
ropathique (AE) ¹, du purpura, des œdèmes, un eczéma flasque, ridée et sèche, qui apparaît trop large par rapport
sec ou des papules érythémateuses et squameuses ² des à la surface corporelle (fig. 77.1). La perte du pannicule adi-
extrémités, du périnée et des régions péri-orificielles. Ces peux du visage confère aux enfants un faciès « de singe ».
dernières confluent en plaques annulaires et constituent Plus rarement, on peut voir un lanugo du visage ou de la
parfois l’un des premiers symptômes de la maladie ³. Une nuque. Le premier signe est un arrêt de la croissance statu-
hyperpigmentation des zones photo-exposées et des cica- ropondérale des enfants. Progressivement, un état d’amai-
trices, des nodules et un érythème noueux peuvent s’obser- grissement avec fonte musculaire, associé à des troubles
ver dans la maladie de Whipple ⁴ ; tandis qu’une dermatite digestifs et à des troubles de l’humeur.
AE acrodermatite entéropathique
77-2 Dermatoses carentielles
Alcoolisme
Coll. D. Bessis
L’alcoolisme chronique est une cause primaire de dénutri-
tion. Les carences résultent de la combinaison de troubles
du régime alimentaire, d’une malabsorption par insuffi-
Fig. 77.1 Marasme : peau flasque et fripée qui apparaît trop large par sance pancréatique et de troubles du stockage hépatique.
rapport à la surface corporelle, en particulier aux membres Enfin, l’alcool accélère la vitesse de vidange gastrique et la
mobilité intestinale. On peut observer l’intrication de ta-
Kwashiorkor Le kwashiorkor résulte d’une carence pro- bleaux de pellagre et d’AE chez les alcooliques chroniques.
téique, alors même que l’apport calorique global est correct.
Il touche les enfants entre 6 mois et 3 ans. Le terme pro- Dénutrition des personnes âgées
vient d’un dialecte ghanéen et signifie « maladie de l’enfant Les carences nutritionnelles résultent de la combinaison
sevré quand son cadet vient de naître ». En effet, tant que d’un syndrome dépressif, de maladies chroniques, d’un iso-
l’enfant est alimenté par le lait maternel apportant une lement social, de difficultés à la marche, de troubles mné-
alimentation équilibrée, il n’y a pas déséquilibre protéique. siques ou d’un mauvais appareillage dentaire. Des cas de
Après le sevrage, l’enfant adopte la nourriture carencée scorbut ont ainsi été décrits chez des personnes âgées ne se
en protéines des adultes et développe la maladie. Le kwa- nourrissant que d’aliments en conserve. Les carences pro-
shiorkor touche principalement les populations d’Afrique
tropicale et équatoriale dont l’alimentation est basée sur
les féculents. Dans les pays développés, la plupart des cas
sont le fait de malades ayant une malabsorption et notam-
ment une mucoviscidose. Toutefois, des cas secondaires
à un régime alimentaire volontairement déséquilibré ont
été récemment rapportés aux États-Unis. Il s’agissait d’en-
fants atopiques à qui un régime d’exclusion était prescrit,
d’enfants suspects d’allergie au lait, ou d’enfants issus de
familles végétariennes ⁹.
Les signes cutanés sont marqués par une fréquente dépig-
mentation cutanée qui débute le plus souvent dans la ré-
gion péri-orale et sur la face antérieure des jambes. Elle
est secondaire à la perte de pigment mélanique et à l’atro-
phie cutanée. On peut également noter des plaques vio-
lines bien limitées, légèrement surélevées, d’aspect cireux,
siégeant sur le site de traumatismes préalables et dans les
zones de macération telle que la région fessière. Ces plaques
évoluent progressivement vers la desquamation ¹⁰. L’alter-
nance de zones de peau claire et pigmentée forme ainsi
une mosaïque qui ressemble à un semis de tâches de pein-
ture écaillée désigné par l’expression « enamel paint spots »
chez les Anglo-Saxons ¹⁰. La peau est sèche, craquelée et
de larges érosions cutanées sont visibles dans les cas les
Coll. Dr A. Mahé, Colmar
AE acrodermatite entéropathique
Carences sélectives vitaminiques 77-3
téiques induisent des retards de cicatrisation qui peuvent Carences sélectives vitaminiques
retarder la guérison d’ulcères de jambe. Enfin, certains pru-
rits chroniques et certains eczémas secs dont souffrent Les modifications dermatologiques des carences sélectives
certaines personnes âgées pourraient résulter de carences en vitamines sont très variées. Celles liées à un déficit en vi-
en fer ou en acides gras essentiels. tamines A (phrynodermie), PP (pellagre), C (scorbut), sont
parfois au premier plan et suffisamment caractéristiques
Anorexie mentale pour faire évoquer le diagnostic (tableau 77.1). En revanche
L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimen- les carences en vitamine B aboutissent à des modifications
taire, le plus souvent volontaire, dont la psychopathogénie cutanées le plus souvent non spécifiques, associant à des de-
est très proche de celle de la pathomimie. Les carences mul- grés divers un aspect de dermite séborrhéique, des troubles
tiples, souvent combinées, aboutissent à des tableaux der- pigmentaires, une alopécie, une glossite et une chéilite
matologiques divers. Les principaux symptômes sont la co- (tableau 77.2).
loration orangée des zones grasses de la peau (caroténoder-
mie), l’hirsutisme, la xérose cutanée, le purpura, les héma- Vitamine C (acide ascorbique)
tomes spontanés et les œdèmes déclives. S’y ajoutent, les La vitamine C ou acide ascorbique est une vitamine hy-
symptômes cutanés liés aux gestes effectués pour se faire drosoluble, cofacteur d’un grand nombre d’enzymes et no-
vomir : callosités du dos des mains, érosion de l’émail den- tamment de la lysine hydroxylase et de la proline hydroxy-
taire, gingivite, purpura cervicofacial par hyperpression, lase impliquées dans la synthèse du collagène de « répara-
parotidomégalie. tion ». La vitamine C joue également un rôle important
Coll. D. Bessis
dans l’absorption intestinale du fer et sa répartition dans
l’organisme. Elle est présente en abondante quantité dans
les légumes, les fruits et les organes animaux comme le foie.
Son absorption se fait dans les deux tiers proximaux de l’in- Fig. 77.3 Scorbut : hyperkératose folliculaire et purpura périfolliculaire
testin et son élimination est essentiellement urinaire. localisés sur les faces d’extension des jambes. Gros plan sur les lésions
En France, le risque de carence en vitamine C chez l’adulte cutanées d’hyperkératose folliculaire et de purpura périfolliculaire au cours
est estimé entre 3 à 5 p. 100 des femmes et 8 à 12 p. 100 du scorbut
des hommes et jusqu’à 25 p. 100 des hommes de plus de
65 ans ¹¹. Dans les pays occidentaux, les personnes à risque chronique et des dépôts d’hémosidérine (fig. 77.4). Des hé-
carentiel en vitamine C sont les hommes célibataires, vi- morragies cutanées spontanées qui vont des pétéchies aux
vant seuls et qui, pour des raisons budgétaires, de maladie hématomes profonds sont également classiques ¹⁵ (fig. 77.5).
mentale ou de consommation alcoolique, ont un régime Les ecchymoses sont multiples, d’âge différent et siègent
alimentaire inadéquat. De même, les adolescents se nour- principalement aux zones de pression comme les fesses ou
rissant exclusivement dans les fast-foods et dont le régime la face postérieure des cuisses. Elles peuvent parfois être
alimentaire est totalement dépourvu de crudités, ainsi que isolées, sans purpura périfolliculaire associé. Elles peuvent
les individus adeptes d’un régime « macrobiotique » unique- également se produire dans les zones sous-périostées à
ment à base de riz peuvent également être atteints ¹². Enfin, l’origine de douleurs musculosquelettiques, ainsi que dans
des observations ont été rapportées chez des patients dialy- les régions sous-unguéales ou conjonctivales palpébrales
sés (hémodialyse ou dialyse péritonéale) ¹³, transplantés hé- ou bulbaires. Les poils ont une forme de tire-bouchon, en
patiques ou au cours de cancers compliqués d’une cachexie raison d’une réduction du nombre de ponts disulfure indis-
ou d’une malnutrition secondaire aux chimiothérapies an- pensables à la cohésion de la kératine. Il existe également
ticancéreuses. Les besoins journaliers d’acide ascorbique un retard à la cicatrisation des plaies. Ainsi, l’expression
sont accrus chez les fumeurs et les femmes enceintes. Dans clinique d’une carence en vitamine C chez certaines per-
les pays les plus pauvres de la planète, le scorbut peut tou- sonnes âgées peut se limiter à un tableau clinique trom-
cher jusqu’à 25 % de la population. peur d’ulcères superficiels et hémorragiques des jambes
Les signes cutanés du scorbut associent une hyperkératose ou de purpura ecchymotique ressemblant au purpura de
folliculaire et un purpura périfolliculaire localisés avec pré- Batemann ¹⁶.
dilection sur les faces d’extension des membres (fig. 77.3) Les altérations muqueuses sont fréquentes associant une
et sur l’abdomen ¹⁴. Ces lésions se traduisent histologique- hypertrophie gingivale rouge, lisse, prédominant à la gen-
ment par des hémorragies périvasculaires et périfollicu- cive marginale et aux papilles interdentaires (fig. 77.6), des
laires, parfois associées à une inflammation périfolliculaire érosions hémorragiques et des déchaussements dentaires.
Carences sélectives vitaminiques 77-5
Vitamine A
Il s’agit d’une vitamine liposoluble constituée de trois prin-
Vitamine B3 (niacine)
La vitamine B3 ou PP est constituée de deux coenzymes,
l’acide nicotinique (niacine) et le nicotinamide qui est la
forme physiologiquement active. Son activation conduit à
la synthèse du nicotinamide adénine dinucléotide (NAD) et
du nicotinamide adénide dinucléotide phosphate (NADP),
impliqués dans toutes les réactions d’oxydoréduction cellu-
laires mitochondriale et cytoplasmique ³⁴. Les principales
sources de vitamine PP dans l’organisme sont pour un tiers
exogènes (levures, céréales, farine de blé, viandes, pois-
sons) et pour deux tiers par biosynthèse à partir de la voie
du tryptophane (acide aminé essentiel). L’absorption se
fait au niveau intestinal et l’élimination est urinaire.
Le déficit en niacine est responsable de la pellagre. Cette
affection reste endémique en Afrique, en Asie et en Inde
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 77.14 Pigmentation cannelle du visage, du cou et de la partie Fig. 77.15 Peau hyperpigmentée et squameuse d’aspect parcheminée
haute du thorax (« collier de Casal ») au cours d’une pellagre au cours d’une pellagre chronique
77-10 Dermatoses carentielles
statut nutritionnel en vitamine PP. En revanche, les do- érythème diffus de la muqueuse buccale, une perlèche, une
sages plasmatiques du nicotinamide libre, du NAD ou du chéilite et une conjonctivite peuvent également être pré-
NADP ont peu de valeur diagnostique. Le traitement re- sentes.
pose sur l’éviction autant que possible du ou des facteurs Les signes extracutanés associent une altération des fonc-
étiologiques identifiés et une supplémentation en vita- tions supérieures, avec somnolence et confusion, une ano-
mine PP. Les doses recommandées sont de 300 à 600 mg/j rexie, des nausées ou des vomissements et des anomalies
chez l’adulte dans les formes mineures, 3 à 4 g/j (initia- du système nerveux périphérique de degré variable : hyper-
lement par voie parentérale) dans les formes sévères (dé- esthésie, paresthésies ascendantes, altération de la palles-
mence, cachexie) jusqu’à la disparition des signes cliniques, thésie et de la kinesthésie, abolition du réflexe achiléen.
suivies d’une demi-dose dans les 2 à 3 semaines suivantes. Sur le plan biologique, une anémie normochrome normo-
Une alimentation riche en viandes et poissons et l’apport cytaire, associée à une lymphopénie ou à une éosinophilie
de vitamines du groupe B, de zinc et de magnésium doivent peut être observée. Le diagnostic biologique repose sur le
être systématiquement associés. dosage plasmatique du pyridoxal 5-phosphate éventuelle-
ment sensibilisé par des épreuves dynamiques de charge
Vitamine B5 (acide panthoténique) en tryptophane ou de mesure de l’activité des transami-
La vitamine B5 ou acide panthoténique est très largement nases érythrocytaires. La supplémentation en pyridoxine
répandue dans la plupart des aliments. Elle est précurseur (250 à 1 000 mg/j par voie orale chez l’adulte) permet une
du coenzyme A et est impliquée dans le métabolisme du cho- régression des différents symptômes cutanés en quelques
lestérol, de certains acides gras, des glucides et des acides semaines. En revanche, les symptômes neurologiques sont
aminés. Sa carence chez l’homme n’est jamais isolée et l’ex- plus longs à disparaître et des troubles neurosensitifs des
pression clinique d’un déficit isolé en acide panthoténique jambes peuvent persister pendant plusieurs mois.
reste mal connue, reposant sur des observations expéri-
mentales de régimes dépourvues de cette seule vitamine : Vitamine B8 (biotine)
alopécie, canitie et ulcérations cutanées des extrémités. Un La vitamine B8 (vitamine H) ou biotine est une vitamine
syndrome dépressif et des paresthésies peuvent être asso- hydrosoluble, coenzyme de carboxylases impliquées dans
ciés. les carboxylations de l’acide pyruvique (néoglucogenèse),
de l’acétyl CoA (lipogenèse), du propionyl CoA et du méthyl-
Vitamine B6 (pyridoxine) crotonyl CoA (catabolisme des acides aminés ramifiés). Son
La vitamine B6 ou pyridoxine joue un rôle dans de nom- apport est exclusivement exogène, essentiellement à partir
breuses phases du métabolisme des acides aminés (notam- de l’alimentation (levure de bière, légumes, chocolat, foie,
ment du tryptophane), des glucides, des acides gras, des rognons, jaune d’œuf, produits laitiers, viandes) et pour
transaminases et de l’hémoglobine. La vitamine B6 est for- une faible proportion à partir des bactéries saprophytes du
tement hydrosoluble. Elle existe sous trois formes actives tube digestif. Une carence d’apport en biotine peut être ob-
et de structure proche : la pyridoxine, le pyridoxal et la servée lors d’une consommation excessive de blanc d’œuf
pyridoxamine. Elle est largement répandue dans l’alimenta- cru, très riche en avidine (glycoprotéine chélatrice de la
tion : foie, farine de blé, maïs, viandes, poissons, fruits et biotine) ³⁷ ou lors d’une nutrition parentérale exclusive ou
légumes, œufs et lait. Elle est absorbée dans le jéjunum et entérale artificielle. La biotine alimentaire, toujours liée à
principalement transformée en pyridoxal 5-phosphate qui des protéines (animales ou végétales) doit être clivée par
constitue la forme active. Son élimination est urinaire. La une enzyme d’origine pancréatique, la biotinidase, avant
consommation d’aliments riches en protéines augmente de pouvoir être absorbée par l’intestin. Elle circule dans le
les besoins en vitamine B6 et peut favoriser une carence. plasma sous une forme libre (20 %) ou liée aux protéines
Un déficit peut être observé au cours de la cirrhose hé- (albumine, globuline) et est présente dans presque tous les
patique en raison d’un stockage hépatique déficient. L’al- tissus de l’organisme en particulier dans le foie. Les déficits
cool, les médicaments comme l’isoniazide, l’hydralazine, en biotine relève de deux groupes étiologiques : les rares
la phénelzine, la cyclosérine, les contraceptifs oraux et la déficits acquis lors de nutrition artificielle prolongée sans
D-pénicillamine interagissent avec le métabolisme de la supplémentation vitaminique et les maladies héréditaires
vitamine B6 et favorisent sa carence. du métabolisme biotine-dépendant : déficit en biotinidase
Les lésions cutanées du déficit en vitamine B6 sont proches et en holocarboxylases. Le déficit en biotinidase est le plus
de celles observées au cours de l’ariboflavinose. Il s’agit fréquent et est responsable de manifestations néonatales
d’une atteinte érythématosquameuse faciale proche d’une tardives (premières semaines) et chroniques au cours des
dermite séborrhéique mais pouvant s’étendre aux coudes, formes complètes. Les formes incomplètes (hétérozygotie)
aux cuisses et au périnée et s’associer à un intertrigo des sont fréquemment asymptomatiques avec des manifesta-
grands plis. Plus rarement, l’éruption peut être de type tions cliniques latentes se révélant lors du jeûne ou d’un
pellagroïde, avec une photosensibilité et une hyperpigmen- régime riche en protides. Les déficits en holocarboxylases
tation de la face dorsale des bras, des jambes et du décol- sont de révélation néonatale aiguë et sévère, en particulier
leté. En effet, la vitamine B6 intervient dans la synthèse sur le plan neurologique.
de la vitamine PP, et joue un rôle dans le métabolisme du Les manifestations cliniques associent des signes dermato-
tryptophane. Une glossite avec sensations de brûlures, un logiques, neurologiques, digestifs et oculaires. Les signes
Carences sélectives vitaminiques 77-11
cutanéomuqueux sont marqués par une alopécie, une ra- folates a également été incriminée dans la genèse de cer-
réfaction des cils et des sourcils, un intertrigo des grands tains vitiligos ⁴⁰. Sur le plan muqueux, on peut observer
plis et une dermite érythématosquameuse vernissée péri- une chéilite, une glossite ou des érosions buccales.
orificielle, fréquemment compliquée d’une surinfection can- Les atteintes extracutanées sont hématopoïétiques avec
didosique cutanéomuqueuse. Ce tableau dermatologique constitution d’une anémie macrocytaire arégénérative et
de type « acrodermatite entéropathique » est proche de ce- neurologiques (neuropathie périphérique, syndrome céré-
lui observé au cours des déficits en zinc et en acides gras belleux, troubles psychiques). Le diagnostic biologique re-
essentiels ³⁸. pose sur le dosage plasmatique et érythrocytaire des folates.
Les signes extracutanés sont neurologiques (hypotonie, Le traitement nécessite la prise orale de folates à la dose
ataxie, retard psychomoteur, convulsions, troubles de la de 5 à 15 mg/j chez l’adulte et 5 à 10 mg/j chez l’enfant.
conscience confinant au coma et parfois au décès), diges-
tifs (nausées, vomissements, stagnation pondérale) et ocu- Vitamine B12 (cobalamine)
laires (photophobie, kératoconjonctivite avec risque d’atro- La cobalamine est une vitamine hydrosoluble intervenant
phie optique). Les anomalies biologiques sont constantes avec l’acide folique dans le métabolisme des bases puriques
quelle que soit l’étiologie : acidose métabolique avec cé- (adénine et guanosine) et pyrimidiques (cytosine et thy-
tose, hyperlactacidémie, hyperammoniémie et acidurie or- midine). Son absorption se fait en milieu acide, au niveau
ganique anormale. Lors du déficit en biotinidase ou lors de l’iléon terminal et de manière conjointe avec le facteur
d’une carence d’apport en biotine, le taux plasmatique de intrinsèque sécrété par les cellules pariétales gastriques.
biotine (biotinémie) à jeun est bas. Lors du déficit en ho- Dans le sang, elle circule liée à trois protéines, les trans-
locarboxylase synthétase, la biotinémie plasmatique est cobalamines I, II et III, de structure proche. L’élimination
normale voire augmentée. Le dosage de l’activité biotini- se fait dans les selles. La principale source alimentaire est
dase plasmatique est abaissé lors des déficits en biotinidase. d’origine animale : foie, rognons, œuf, viandes, poissons,
La preuve directe du déficit en holocarboxylase synthétase fromage et lait.
n’est possible que par un dosage de cette activité enzyma- Des carences primaires en vitamine B12 ont été décrites
tique au niveau des fibroblastes ou des lymphocytes et est chez les alcooliques, les végétariens stricts et les enfants
rarement réalisée en pratique. Le traitement repose sur de mère végétarienne et allaités ⁴¹. Les principales carences
un apport de biotine par voie orale ou intraveineuse (10 secondaires surviennent lors d’une malabsorption intesti-
à 20 mg/j) permettant une amélioration clinique et des nale par synthèse amoindrie de facteur intrinsèque néces-
anomalies métaboliques de façon spectaculaire (test théra- saire à l’absorption iléale de la vitamine B12 (anémie de
peutique). Biermer), d’achlorhydries et d’infestations microbiennes
du tube digestif. Des carences congénitales en transcoba-
Vitamine B9 (folates) lamines ont également été identifiées. Les réserves en co-
Les folates ou acides foliques ont un rôle dans le métabo- balamine (surtout hépatiques) sont abondantes en compa-
lisme des acides aminés et dans la synthèse des bases pu- raison avec les besoins journaliers et rendent compte d’un
riques et pyrimidiques indispensables à la formation de délai de latence de 3 à 6 mois entre le début d’une carence
l’ADN et dans la production de globules rouges. Ils sont alimentaire et l’apparition des signes cliniques.
largement répandus dans l’alimentation : légumes verts, le- La carence en vitamine B12 induit une hyperpigmenta-
vure, lait, foie, viandes, œufs. Ils sont absorbés au niveau de tion cutanée brun foncé ou brun noir, localisée avec pré-
l’intestin grêle puis transformés en acide folinique, forme dilection sur le dos des mains et des pieds, particulière-
biologiquement active avec l’aide de vitamine C. Leur élimi- ment en regard des articulations interphalangiennes, des
nation est digestive. pulpes des doigts et des plis palmaires ⁴². La pigmentation
Dans les pays occidentaux, la première cause de carence en peut également toucher les ongles (pigmentation diffuse
folates est l’alcoolisme. Les malabsorptions intestinales et de la tablette, stries pigmentées longitudinales) ⁴³ et la mu-
les médicaments comme le méthotrexate, la sulfadiazine, queuse orale (fig. 77.16). Des atteintes des cuisses, des bras
certains antituberculeux et anticonvulsivants peuvent éga- et des aisselles mouchetées ou réticulées ou diffuses de
lement induire des carences patentes. Chez les nourrissons, type pseudo-addisonienne sont également décrites chez
des carences en folates peuvent s’observer en cas d’alimenta- les « Caucasiens ». Sur le plan histologique, la pigmenta-
tion exclusive d’aliments longuement bouillis. La grossesse, tion est due à la présence de mélanophages dans le derme
l’hémodialyse, la prématurité, la desquamation diffuse aug- et à une augmentation de la quantité de mélanine dans
mentent les besoins quotidiens en folates. Les syndromes la couche basale de l’épiderme. Un grisonnement préma-
myéloprolifératifs, les anémies hémolytiques chroniques turé des cheveux réversible après supplémentation en vi-
entraînent une consommation accrue en folate. tamine B12 est également décrit. Une glossite (Hunter)
Les symptômes cutanés sont rarement au premier plan est présente dans plus d’un quart des cas et constitue un
et sont très proches de ceux que l’on peut voir dans les signe précoce précédant le développement de l’anémie ma-
carences en vitamine B12, caractérisés par une pigmen- crocytaire. Elle débute par des plaques rouges et vernissées,
tation brun gris et réticulée des zones corporelles photo- parfois siège d’ulcérations et évolue vers une atrophie dé-
exposées ³⁹, pouvant également toucher les muqueuses. La butant à la pointe de la langue et s’étendant au V lingual,
pigmentation est plus rarement diffuse. Une carence en touchant plus de la moitié de la langue ⁴⁴. Le caractère in-
77-12 Dermatoses carentielles
Vitamine K
La vitamine K est liposoluble et présente sous deux formes
naturelles (K1 et K2). Elle participe à l’activation de plu-
sieurs facteurs de la coagulation (dits « vitamine K dé-
pendants ») : prothrombine (II), proconvertine (VII), fac-
teur antihémophilique B (IX), facteur Stuart (X), et des
protéines C et S. Son absorption se fait principalement
Coll. Dr Y. Scrivener, Strasbourg
AE acrodermatite entéropathique
77-14 Dermatoses carentielles
Coll. D. Bessis
A B
Fig. 77.18 A. Éruption érythémateuse, vésiculeuse et pustuleuse périorale et périoculaire au cours d’un déficit en zinc acquis chez un prématuré.
B. Éruption faciale diffuse érythémateuse, vésiculeuse et croûteuse au cours d’un déficit en zinc acquis après nutrition parentale au cours d’une maladie
de Crohn
veux fins et perte des cils et des sourcils, une glossite, une
gingivite et une stomatite. Les symptômes généraux sont
fréquemment au premier plan chez l’enfant avec une diar-
rhée aqueuse et des troubles neuropsychiques (irritabilité,
léthargie, dépression), une anorexie, une cassure de la crois-
sance staturopondérale et des atteintes ophtalmologiques
(photophobie, blépharite, conjonctivite).
Chez les malades ayant une carence chronique en zinc, les
lésions cutanées se disposent aux zones de friction, de trau-
matisme et de pression répétée, comme les genoux, les
coudes, les chevilles et les malléoles. Il s’agit de plaques
bien limitées, de couleur brune, pouvant ressembler à une
lichénification, peu desquamatives, ce qui les distingue du
psoriasis. On peut également observer l’existence d’une der-
matose faciale ressemblant à une dermite séborrhéique et
des poussées d’acné. Une éruption réticulée du tronc a été
décrite chez des alcooliques chroniques ⁵¹. La vitesse de cica-
trisation est ralentie. La chevelure est clairsemée, avec pré-
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 77.21 Plaques érythémato-croûteuses et érosives du dos au cours
d’un déficit en zinc acquis
A Coll. D. Bessis
B
Fig. 77.20 A. Inflammation paronychiale au cours d’un déficit en
AE acrodermatite entéropathique
77-16 Dermatoses carentielles
zymatique commun, mais les acides gras ω6 sont ceux qui Les modifications non cutanées incluent des retards de
ont l’activité biologique la plus importante ⁵³. Les acides croissance chez les enfants, une stéatose hépatique, une
gras ω9, issus de l’acide oléique n’interviennent qu’en cas anémie, une thrombopénie, une diminution de la vitesse
de carence en acides gras ω3. Leur métabolisme aboutit à de cicatrisation des plaies et une augmentation de la sus-
la formation d’acide eicosatrionique. La série ω3 est issue ceptibilité aux infections. Le dosage pondéral des acides
de l’acide alphalinoléique et aboutit aux acides eicosapenta- gras essentiels sériques est possible, par une technique de
noïques puis à la prostaglandine E3 et aux leucotriènes B5 chromatographie en phase gazeuse. Il y a carence en acides
(LTB5). La série ω6 est issue de l’acide linoléique et abou- gras essentiels lorsque le rapport entre l’acide eicosatrié-
tit à l’acide arachidonique puis aux leucotriènes B4 et aux noïque et l’acide arachidonique dépasse 0,4 ⁵⁷ ou lorsque le
prostaglandines E1 (PGE1) et E2 (PGE2) (fig. 77.23). Le mé- rapport acide linoléique/acide arachidonique est inférieur
tabolisme de ces chaînes d’acides gras essentiels se fait au à 2,3.
niveau hépatique. L’application transcutanée d’huiles riches en acides gras
Les acides gras essentiels ne peuvent être obtenus que par essentiels, initialement considérée comme efficace en rai-
apport alimentaire. Les acides gras de la série n-3 sont sur- son d’une absorption accrue dans les zones de peau lésée,
tout présents dans les huiles de poisson, ceux de la série doit être abandonnée, car la pénétration est fortement va-
n-6 sont contenus dans les huiles végétales. Les besoins riable ⁵⁸. On préférera donc une substitution orale. Les spé-
en acides gras essentiels sont de 7 à 10 g d’acide linoléique cialités à bases d’huile de bourrache, ou d’huile d’onagre
par jour, soit plus de 4 % de l’apport calorique total. Les (Bionagrol) permettent de combler les déficits en acides
besoins sont plus élevés chez les femmes enceintes. gras ω6, les huiles de poissons (Maxepa) en acides gras ω3.
Les carences isolées en acides gras essentiels sont excep-
tionnelles. Elles surviennent chez des adultes sous alimen- Fer
tation parentérale exclusive et chez des enfants souffrant Le fer est un oligoélément indispensable dans de nom-
de malabsorption. Les signes dermatologiques consistent breuses fonctions cellulaires et moléculaires : transport de
en une alopécie, avec des cheveux fins, secs et décolorés, l’oxygène par l’hémoglobine, activité coenzymatique de la
des érosions des plis, une perte d’élasticité de la peau, ribonucléotide réductase intervenant dans la synthèse de
une xérose cutanée diffuse et une éruption érythémato- l’ADN, activité d’oxydoréduction de nombreuses enzymes
squameuse peu spécifique, parfois proche de la dermite mitochondriales. La quantité totale de fer chez un adulte
séborrhéique ⁵⁴. La vitesse de renouvellement épidermique est de 4 à 5 grammes, dont 70 % sont incorporés dans l’hé-
est en effet multipliée par trois et la perte d’eau transépider- moglobine. La majeure partie du fer de l’organisme pro-
mique est accrue ⁵⁵. Une carence en acides gras essentiels vient de son recyclage à partir de la lyse des globules rouges
pourrait intervenir dans la pathogénie du prurit des hémo- sénescents. Une faible partie est apportée par l’alimenta-
dialysés ⁵⁶. tion et compense les pertes quotidiennes faibles essentiel-
lement digestives et celles liées aux menstruations ⁵⁹. L’ap-
Famille n-3 (oméga 3) port alimentaire se fait sous la forme de fer héminique
Famille n-6 (oméga 6)
contenu dans les viandes, la volaille, le poisson et les abats,
Acide linoléique Zinc Glucagon Acide -linolénique
bien absorbé par l’organisme (5-35 %) au niveau du duo-
C18 : 2n-6 C18 : 3n-3 dénum et de la partie proximale du jéjunum, et non hémi-
nique (céréales, fruits, légumes secs, légumes et produits
laitiers) de plus faible biodisponibilité (1-5 %).
Δ6-Désaturase (foie)
Les manifestations dermatologiques s’observent majori-
Acide -linolénique Acide stéaridonique tairement au cours des carences martiales anciennes et
C18 : 3n-6 C18 : 4n-3 profondes. Elles consistent en un prurit généralisé, une
alopécie, une glossite avec atrophie des papilles linguales
Élongase (peau) (fig. 77.24), une perlèche, des ongles fragiles, mous, minces
et cassants, une koïlonychie (surtout des deuxièmes et
Acide dihomo--linolénique Acide éicosatétraénoïque troisièmes doigts) et une coloration bleutée des scléro-
C20 : 3n-6 C20 : 4n-3 tiques ⁶⁰ (fig. 77.25). Les signes extracutanés comportent
Biotine
des troubles de la mémoire, une diminution des perfor-
Δ5-Désaturase (foie) mances intellectuelles et les symptômes éventuels d’une
anémie associée : asthénie, pâleur cutanée et conjonctivale,
Acide arachidonique Acide éicosapentanénoïque tachycardie, baisse de la pression artérielle. Le diagnostic
C20 : 4n-6 C20 : 5n-3 de carence martiale repose sur la mise en évidence d’un
Lipo-oxygénases
abaissement du taux de la ferritine et du fer sérique et
une élévation du taux de la transferrine sérique. Le traite-
Cyclo-oxygénases
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 77.24 Glossite avec atrophie des papilles linguales, perlèche et Fig. 77.25 Sclérotique bleutée au cours d’une carence martiale
pâleur cutanée au cours d’une carence martiale chronique
1 Mazzocchi C, Michel JL, Chalencon V et al. 8 Bruce A, Ng CS, Wolfsen HC et al. Cutaneous 15 Hirschmann JV, Raugi GJ. Adult scurvy. J
Zinc deficiency in mucoviscidosis. Arch Pediatr clues to Cronkhite-Canada syndrome : a case Am Acad Dermatol 1999 ; 41:895-906.
2000 ; 7:1081-1084. report. Arch Dermatol 1999 ; 135:212. 16 Boulinguez S, Bouyssou-Gauthier ML, De
2 Darmstadt GL, McGuire J, Ziboh VA. Malnu- 9 Liu T, Howard RM, Mancini AJ et al. Kwash- Vençay P et al. Scorbut révélé par un purpura
trition-associated rash of cystic fibrosis. Pediatr iorkor in the United States : fad diets, perceived ecchymotique et des ulcères hémorragiques
Dermatol 2000 ; 17:337-347. and true milk allergy,and nutritional ignorance. des membres inférieurs. Ann Dermatol Venereol
3 Darmstadt GL, Schmidt CP, Wechsler DS et Arch Dermatol 2001 ; 137:630-636. 2000 ; 127:510-512.
al. Dermatitis as a presenting sign of cystic fi- 10 Buno IJ, Morelli JG, Weston WL. The 17 Miller CJ. Nutritional deficiency and the
brosis. Arch Dermatol 1992 ; 128:1358-1364. enamel paint sign in the dermatologic diagno- skin. J Am Acad Dermatol 1989 ; 21:1-30.
4 Kwee D, Fields JP, King LE. Subcutaneous sis of early-onset Kwashiorkor. Arch Dermatol 18 Barr DJ, Riley RJ, Greco DJ. Vitamin A de-
Whipple’s disease. J Am Acad Dermatol 1987 ; 1998 ; 134:107-108. ficiency associated with bowel bypass surgery.
16:188-190. 11 Hercberg S, Preziosi P, Galan P et al. Ap- Arch Dermatol 1984 ; 120:919-921.
5 Menni S, Boccardi D, Brusasco A. Ichthyosis ports nutritionnels d’un échantillon représen- 19 Girard C, Dereure O, Blatière V et al. Vita-
revealing coeliac disease. Eur J Dermatol 2000 ; tatif de la population du val de Marne. Rev Epi- min a deficiency phrynoderma associated with
10:398-399. demiol Santé Publique 1991 ; 39:245-261. chronic giardiasis. Pediatr Dermatol 2006 ; 23:
6 Schattner A. A 70-year-old man with iso- 12 McKenna KE, Dawson JF. Scurvy occurring 346-349.
lated weight loss and a pellagra-like syndrome in a teenager. Clin Exp Dermatol 1993 ; 18:75- 20 Nicholls L. Phrynoderma. A condition due
due to celiac disease. Yale J Biol Med 1999 ; 72: 77. to vitamin deficiency. Indian M Gaz 1933 ; 68:
15-18. 13 Hatuel H, Buffet M, Mateus C et al. Scurvy 681-683.
7 Allbritton J, Simmons-O’Brien E, Hutcheons in liver transplant patients. J Am Acad Dermatol 21 Shrank AB. Phrynoderma. Br Med J 1966 ;
D, Whitmore SE. Cronkhite-Canada syndrome : 2006 ; 55:154-156. 1:29-30.
report of two cases, biopsy findings in the as- 14 Ortoli JC, Courville P, Ollivaud L et al. Pur- 22 Christiansen EN, Piyasena C, Bjørneboe
sociated alopecia, and a new treatment option. pura isolé des 4 membres révélant un scorbut. GE et al. Vitamin E deficiency in phrynoderma
Cutis 1998 ; 61:229-232. Ann Dermatol Venereol 1993 ; 120:785-787. cases from Sri Lanka. Am J Clin Nutr 1988 ; 47:
77-18 Dermatoses carentielles
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Scrivener Y, Bessis D. Dermatoses carentielles. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations
dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 77.1-77.18.
78
Maladies rares endocrinologiques et cutanées
Didier Bessis
ongtemps considérée comme d’intérêt mineur, la pancréatique, adénome hypophysaire. Le caractère familial
L connaissance des signes cutanés au cours de maladies
rares endocrinologiques et cutanées (tableau 78.1) telles que
est suspecté en cas d’atteinte du cas index selon ces critères
diagnostiques et en présence d’un parent du premier degré
les néoplasies endocriniennes multiples (NEM) a connu ayant au moins l’une des 3 atteintes principales. La NEM-1
un considérable regain d’intérêt depuis la localisation des est transmise sur un mode autosomique dominant, d’une
gènes impliqués et la possibilité de traitement précoce voire pénétrance élevée, supérieure à 90 % après 50 ans. Le gène
préventif de certaines de ces affections (en particulier le responsable MEN1 localisé en 11q13 est un gène suppres-
carcinome médullaire de la thyroïde). seur de tumeur qui code pour la ménine, protéine ayant
un rôle clé dans la régulation de la mitose, du cycle cellu-
Néoplasies endocriniennes multiples laire et de l’apoptose. En l’absence d’antécédent familial, le
diagnostic de NEM-1 est établi le plus souvent au cours
Les NEM constituent un ensemble d’affections caractéri- de la 3 e ou 4 e décennie lors des premières manifestations
sées par plusieurs atteintes endocrinologiques de surve- cliniques, en présence d’une symptomatologie d’hypersé-
nue simultanée ou successive chez un même patient. Elles crétion hormonale du tissu affecté : signes généraux et os-
peuvent être familiales ou de survenue sporadique. En seux de l’hypercalcémie en cas d’atteinte parathyroïdienne,
France, le Groupe des tumeurs endocrines (GTE ; www.en- ulcères gastroduodénaux en cas de gastrinome, etc.
docrino.net/GTE), créé en 2002, représente un réseau na- Les manifestations cutanées de la NEM-1 se rapprochent
tional de cliniciens, pathologistes, chirurgiens et généti- de celles observées au cours de la sclérose tubéreuse de
ciens permettant un recensement des familles, le dévelop- Bourneville (STB) ²,³ :
pement des analyses génétiques prédictives et la définition − angiofibromes du visage : leur prévalence varie entre 60
des protocoles de surveillance ¹. et 90 % selon leur recherche dermatologique dans les
diverses séries. Ils sont le plus souvent multiples (plus
Néoplasie endocrinienne multiple de type 1 de 3 ou 4) (fig. 78.1). Leur augmentation en nombre avec
La néoplasie endocrinienne de type 1 (NEM-1) ou syn- l’âge est controversée. Leur localisation préférentielle
drome de Wermer est une affection rare (1 001 cas colli- sur la lèvre supérieure, classiquement absente au cours
gés en France en 2007) d’une prévalence estimée entre de la STB, est mentionnée ;
1/20 000 et 1/40 000. Elle associe des atteintes hyperpla- − collagénomes (63-72 %) : le plus souvent multiples,
siques et/ou tumorales des glandes parathyroïdes, pancréa- plus de 4 dans près de 9 cas sur 10, et de petite taille
tiques endocrines, antéhypophysaires, surrénaliennes et (< 3 mm), ils se localisent sur le haut du tronc, les
de l’ensemble des tissus neuro-endocrines de l’organisme épaules et le cou. Leur augmentation en nombre avec
(encadré 78.A). Par définition, le diagnostic de NEM-1 est re- l’âge est également controversée ;
tenu en présence d’au moins 2 des 3 principales atteintes : − taches café au lait (38 %), en petit nombre (< 3), de
hyperparathyroïdie primaire, tumeur endocrine duodéno- taille variable (0,5 cm à plus), et taches hypochromes
Coll. D. Bessis
perpigmentées brunes, confluentes en une large plaque
mal limitée, située entre la colonne vertébrale (4 premières
vertèbres thoraciques) et les épaules (fig. 78.2). Le prurit est
amélioré par l’exposition solaire et aggravé par le stress. Fig. 78.2 Plaque hyperpigmentée brune unilatérale paravertébrale
Son évolution n’est cependant pas corrélée à l’évolutivité thoracique au cours d’une amylose cutanée secondaire à une néoplasie
clinique de l’affection. Son traitement repose sur la capsaï- endocrininienne multiple de type 2A
cine topique, cependant d’efficacité inconstante. L’intérêt
de son dépistage réside dans sa précocité, avec le dévelop- anomalies étaient précédemment décrites sous les acro-
pement du prurit au cours de l’enfance, le plus souvent nymes de syndrome NAME (nævi, atrial myxoma [myxome
antérieur au carcinome thyroïdien. Sa cause exacte reste de l’oreillette], mucinose cutanée, hyperactivité endocrine)
inconnue et n’est pas liée à un conflit disco-radiculaire verté- et de syndrome LAMB (lentigines, atrial myxoma, myxome
bral comme supposé au cours de la notalgie paresthésique muco-cutané, nævus bleu). Le complexe de Carney est une
classique de présentation clinique proche. affection rare (environ 500 patients répertoriés en 2004),
La NEM-2B est exceptionnelle. Un syndrome marfanoïde sans prédisposition ethnique et de sex-ratio équilibré ⁷,⁸.
est associé dans près de 90 % des cas avec des anomalies Il se transmet sur un mode autosomique dominant avec
musculosquelettiques des membres et du tronc mais sans une expressivité variable et une pénétrance presque com-
anomalie aortique, contrairement au syndrome de Mar- plète. Près de 70 % des cas rapportés sont familiaux. Il est
fan. Les neuromes muqueux sont pathognomoniques et lié à une mutation du gène tumeur-suppresseur PRKAR1A
constamment observés (fig. 78.3). De survenue congénitale (protein kinase A type 1-a regulatory subunit) localisé sur le
ou peu après la naissance, ils se manifestent par un épais- chromosome 17q22-24 et qui code pour la protéine R1-
sissement diffus ou nodulaire, douloureux, des lèvres, de la a, sous-unité régulatrice de protéine kinase AMP-cyclique
langue, de la cavité orale (face interne des joues, palais, gen- dépendante. La majorité des mutations entraîne des co-
cives). L’atteinte des conjonctives, de la cornée, du pharynx dons stop prématurés et intéressent les exons 2, 4 et 6. Un
et du larynx est également possible. En revanche, la pré- autre locus impliqué au cours du complexe de Carney est
sence de neuromes cutanés est rarement observée. Il s’agit situé sur le chromosome 2 (2p16) ⁹. Le diagnostic clinique
de papules en dôme ou pédiculées de quelques millimètres (encadré 78.C) est le plus souvent établi vers l’âge de 20 ans,
à 1 cm de diamètre, de couleur peau normale, touchant exceptionnellement dès la naissance.
surtout le visage, parfois le tronc. Les lésions cutanées sont observées en moyenne dans 80 %
des cas et sont principalement constituées par les lenti-
Complexe de Carney gines (75 %), les nævus bleus (43 %), les myxomes cutanés
(30 à 35 %) et les taches café au lait multiples (30 %) ¹⁰.
En 1985, Carney individualise un syndrome associant des Les lentigines constituent le plus souvent la première ma-
myxomes cardiaques à des troubles de la pigmentation, nifestation et sont présentes dès les premières années de
des anomalies endocriniennes et des schwannomes. Ces la vie, parfois dès la naissance. Elles sont de couleur brun
Coll. D. Bessis
Fig. 78.5 Lentigines multiples du bord libre de la paupière inférieure et
Coll. D. Bessis
du canthus interne au cours d’un complexe de Carney
Syndrome IPEX
Le syndrome IPEX (Immune dysregulation, polyendocrino-
Coll. Pr F. Cambazard, Saint-Étienne
Coll. D. Bessis
— Endocrinopathie (surrénales, thyroïde, hypophyse, gonades, para-
thyroïdes, pancréas)
Signes cutanés (hyperpigmentation, hypertrichose, angiomes, leuco-
nychies) Fig. 78.10 Macule hyperpigmentée de la cuisse au cours d’un syndrome
POEMS
Œdème papillaire
Coll. D. Bessis
Fig. 78.13 Angiomes cutanés tubéreux multiples en regard d’une large
macule hyperpigmentée d’une cuisse au cours d’un syndrome POEMS
IL interleukine · TGF transforming growth factor · TNF tumor necrosis factor · VEGF vascular endothelial growth factor
Références 78-11
Coll. D. Bessis
Fig. 78.15 Taches café-au-lait lombaires au cours du syndrome de
Coll. D. Bessis
McCune-Albright
1 Bauters C, Leclerc L, Wémeau JL et al. [Mul- 2 Asgharian B, Turner ML, Gibril F et al. Cu- lopment of criteria with high sensitivity and
tiple endocrine neoplasias. Recent advances in taneous tumors in patients with multiple en- specificity for MEN1. J Clin Endocrinol Metab
clinical and genetic diagnosis]. Rev Med Interne docrine neoplasm type 1 (MEN1) and gastrino- 2004 ; 89:5328-5336.
2003 ; 24:721-729. mas : prospective study of frequency and deve- 3 Darling TN, Skarulis MC, Steinberg SM et
78-12 Maladies rares endocrinologiques et cutanées
al. Multiple facial angiofibromas and collageno- 11 Betterle C, Zanchetta R. Update on auto- POEMS syndrome : definitions and long-term
mas in patients with multiple endocrine neopla- immune polyendocrine syndromes (APS). Acta outcome. Blood 2003 ; 101:2496-2506.
sia type 1. Arch Dermatol 1997 ; 133:853-857. Bio Medica 2003 ; 74:9-33. 19 Dispenzieri A. POEMS syndrome. Hemato-
4 Nord B, Platz A, Smoczynski K et al. Mali- 12 Owen CJ, Cheetham TD. Diagnosis and ma- logy Am Soc Hematol Educ Program 2005 ; 360-
gnant melanoma in patients with multiple en- nagement of polyendocrinopathy syndromes. 367.
docrine neoplasia type 1 and involvement of Endocrinol Metab Clin N Am 2009 ; 38:419-436. 20 Rose C, Mahieu M, Hachulla E et al.
the MEN1 gene in sporadic melanoma. Int J 13 Gambineri E, Torgerson TR, Ochs H. Im- [POEMS syndrome]. Rev Med Interne 1997 ; 18:
Cancer 2000 ; 87:463-467. mune dysregulation, polyendocrinopathy, en- 553-562.
5 Verga U, Fugazzola L, Cambiaghi S et al. teropathy, and X-linked inheritance (IPEX), a 21 De Menthon M, Barete S, Sparsa A et al.
Frequent association between MEN 2A and syndrome of systemic autoimmunity caused by Manifestations cutanées du POEMS syndrome :
cutaneous lichen amyloidosis. Clin Endocrinol mutations of FOXP3, a critical regulator of T- 20 cas. Ann Dermatol Venereol 2005 ; 132:9S44-
(Oxf) 2003 ; 59:156-161. cell homeostasis. Curr opin rheumatol 2003 ; 15: 9S45.
6 Rivollier C, Emy P, Armingaud P et al. [Pares- 430-435. 22 Dereure O, Guillot B, Dandurand M et al.
thetic notalgia and multiple endocrine neopla- 14 Halabi-Tawil M, Ruemmele FM, Fraitag S et [Cutaneous lesions in POEMS syndrome. Apro-
sia type 2a (Sipple’s syndrome) : 3 cases]. Ann al. Cutaneous manifestations of immune dysre- pos of 3 case reports and a review of the lite-
Dermatol Venereol 1999 ; 126:522-524. gulation, polyendocrinopathy, enteropathy, X- rature]. Ann Dermatol Venereol 1990 ; 117:283-
7 Boikos SA, Stratakis CA. Carney complex : linked (IPEX) syndrome. Br J Dermatol 2009 ; 290.
the first 20 years. Curr Opin Oncol 2007 ; 19:24- 160:645-651. 23 Chan JK, Fletcher CD, Hicklin GA, Rosai
29. 15 Cribier B, Lipsker D, Grosshans E. Ossifica- J. Glomeruloid hemangioma. A distinctive cu-
8 Wilkes D, McDermott DA, Basson CT. Clini- tions et ostéomes cutanés. Ann Dermatol Vene- taneous lesion of multicentric Castleman’s di-
cal phenotypes and molecular genetic mecha- reol 1994 ; 121:918-930. sease associated with POEMS syndrome. Am J
nisms of Carney complex. Lancet Oncol 2005 ; 6: 16 Chassaing N, De Mas P, Tauber M et al. Surg Pathol 1990 ; 14:1036-1046.
501-508. Molecular characterization of a cryptic 2q37 24 Kaygusuz I, Tezcan H, Cetiner M et al. Bor-
9 Stratakis CA, Carney JA, Lin JP et al. Car- deletion in a patient with Albright hereditary tezomib : a new therapeutic option for POEMS
ney complex, a familial multiple neoplasia and osteodystrophy-like phenotype. Am J Med Ge- syndrome. Eur J Haematol 2009 ; Sep 3.
lentiginosis syndrome. Analysis of 11 kindreds net A 2004 ; 128A:410-413. 25 Diaz A, Danon M, Crawford J. McCune-
and linkage to the short arm of chromosome 2. 17 Soubrier MJ, Dubost JJ, Sauvezie BJ. Albright syndrome and disorders due to activa-
J Clin Invest 1996 ; 97:699-705. POEMS syndrome : a study of 25 cases and a ting mutations of GNAS1. J Pediatr Endocrinol
10 Mateus C, Palangié A, Franck N et al. He- review of the literature. French Study Group Metab 2007 ; 20:853-880.
terogeneity of skin manifestations in patients on POEMS Syndrome. Am J Med 1994 ; 97:543- 26 Dumitrescu CE, Collins MT. McCune-Al-
with Carney complex. J Am Acad Dermatol 2008 ; 553. bright syndrome. Orphanet J Rare Dis 2008 ; 3:
59:801-810. 18 Dispenzieri A, Kyle RA, Lacy MQ et al. 12.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Bessis D. Maladies rares endocrinologiques et cutanées. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 :
Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 78.1-78.12.
79
Tube digestif
Emmanuel Delaporte, Frédéric Piette
MCr maladie de Crohn · MICI maladies inflammatoires cryptogéniques de l’intestin · RCH rectocolite hémorragique · TNF tumor necrosis factor
79-2 Tube digestif
Tableau 79.1 Signes distinctifs de la rectocolite hémorragique (RCH) et de la maladie de Crohn (MCr) ³,³⁶
RCH MC
Épidémiologie Prévalence 1/2 000 1/2 000
Incidence 3,5/100 000 hab. (diminution significative dans le 6,4/100 000 hab. (augmentation significative dans le
Nord de la France ces dix dernières années) Nord de la France ces dix dernières années)
Âge de survenue Premier pic : 15-25 ans Tout âge
Second pic : 45 ans Entre 15 et 30 ans ++
Cas familiaux 10 % 15 %
Rôle du tabac Protecteur Aggravant (risque de rechute × 2)
Gènes Non identifiés NOD 2 / IBD 1 / CARD 15 (chrom. 16)
Muté dans 30 % des cas → risque relatif × 40
Physiopathologie Réponse anormale de l’hôte (génétiquement déterminée) à des composants ubiquitaires de la flore intestinale
Localisation Rectum et côlon Tout le tube digestif
Lésions – rectum seul : 30 % (proctite) – grêle seul : 30 %
– rectum + côlon gauche (colite gauche) – côlon seul : 20 %
– rectum + tout le côlon : 10 % (pancolite) – grêle + côlon : 50 %
Morphologie
a. macroscopique Lésions continues, superficielles, circonférentielles Lésions discontinues, profondes, asymétriques
Pas d’intervalle de muqueuse saine Intervalles de muqueuse saine
Muqueuse granuleuse, fragile Ulcérations aphtoïdes ou longitudinales, serpigineuses
Pétéchies, saignement Nodules (cobblestone)
Ulcérations larges (formes sévères) Ulcérations profondes
Ulcérations superficielles Granulome (30 %), fissures
b. microscopique Hypocrinie, abcès cryptiques Inflammation transmurale, fibrose
Inflammation limitée à la muqueuse Sténose, fistule, abcès
Complications Colectasie, perforation Perforation
Sténose, cancer (après dix ans d’évolution)
EN érythème noueux · MCr maladie de Crohn · MICI maladies inflammatoires cryptogéniques de l’intestin · RCH rectocolite hémorragique
Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin 79-3
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
DN dermatose neutrophilique · EN érythème noueux · MCr maladie de Crohn · MICI maladies inflammatoires cryptogéniques de l’intestin
79-4 Tube digestif
cours des MICI, où il est parfois impossible de mettre une complètes et 40 % de réponses partielles. Les immuno-
étiquette précise sur des lésions qui empruntent clinique- suppresseurs, et surtout les anti-TNF-alpha, représentent
ment et histologiquement à deux voire trois entités. Cela a les alternatives thérapeutiques possibles. Les anti-TNF-
conduit à définir le concept de « maladie neutrophilique » alpha sont actuellement recommandés en première ligne
qui sous-entend l’association de manifestations non spéci- en cas d’association à la MCr, y compris pour les PG péri-
fiques (signes généraux, arthralgies...) et de localisations ex- stomiaux ⁵. Pour les associations à la RCH, le faible nombre
tracutanées spécifiques (pulmonaires, hépatiques...) dont de cas traités ne permet pas de conclure à la supériorité de
la fréquence est probablement sous-estimée, surtout au ces molécules par rapport à la corticothérapie.
cours du pyoderma gangrenosum (PG) et du syndrome de Syndrome de Sweet (SyS) L’association à la RCH est connue
Sweet (SyS). depuis la description de cette dermatose neutrophilique.
Pyoderma gangrenosum Il complique 2 à 3 % des MICI, L’association à la MC est de connaissance plus récente et de-
plus fréquemment une MCr dont l’atteinte est plutôt co- puis quelques années, plusieurs cas ont été rapportés. Sans
lique ou iléocolique ³. À l’inverse, les MICI représentent la tendance à la récidive, l’éruption cutanée est habituelle-
première étiologie de PG (20 à 30 % des cas). Les lésions ment typique tant sur le plan de la topographie des lésions
sont uniques ou multiples (fig. 79.3), récidivent dans un tiers que de leur aspect : celles-ci sont volontiers pustuleuses et
des cas et sont parfois accompagnées d’ulcérations aph- il n’y a pas de forme bulleuse ou nécrotique comme dans
toïdes endobuccales assimilées à un PG muqueux. Le PG les SyS associés aux hémopathies (fig. 79.4). Lorsque le SyS
apparaît habituellement après une dizaine d’années d’évo- apparaît, la MICI n’est pas toujours connue mais elle est le
lution de la MICI, le plus souvent mais non constamment plus souvent en poussée, incitant comme pour l’EN à réali-
au cours d’une de ses poussées. Il peut cependant précéder ser une exploration digestive systématique dès lors qu’une
la symptomatologie intestinale, ce qui justifie en l’absence cause infectieuse (yersiniose, salmonellose en particulier)
d’étiologie hématologique ou rhumatologique l’exploration a été éliminée. Plusieurs observations de SyS révélateurs
endoscopique systématique s’il s’agit d’une forme récidi- de MICI ont ainsi été rapportées ⁶.
vante, s’il existe des signes d’appels digestifs, et a fortiori Dans les formes sévères, la corticothérapie générale est le
en cas d’antécédent familial de MICI. traitement de choix. Les AINS (indométacine) après avis
La localisation péristomiale est rare. Il s’agit essentielle- du gastro-entérologue et la colchicine peuvent également
ment de malades atteints de MCr avec iléostomie. Ce type être utilisés.
de PG, favorisé par les diverses agressions auxquelles est Syndrome arthrocutané associé aux MICI C’est au cours
soumise la peau péristomiale, apparaît en moyenne deux des années 1970 que l’attention a été attirée sur les pos-
mois après la réalisation de la stomie mais des périodes
plus longues, allant jusqu’à trois ans, ont été observées.
Les produits iodés doivent être évités du fait d’un phéno-
mène de pathergie à l’iode (activation des polynucléaires
neutrophiles).
Le PG ne répond pas toujours au traitement de la MICI. Les
corticoïdes sont souvent nécessaires. Leur utilisation en in-
tralésionnel permet d’obtenir environ 40 % de réponses
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
AINS anti-inflammatoires non stéroïdiens · EN érythème noueux · MC molluscum contagiosum · MCr maladie de Crohn · MICI maladies inflammatoires cryptogéniques de l’intestin ·
PG pyoderma gangrenosum · RCH rectocolite hémorragique · SyS syndrome de Sweet · TNF tumor necrosis factor
Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin 79-5
Coll. D. Bessis
zole), actifs sur la pullulation bactérienne intestinale, sont
souvent associés en début de traitement.
Pyostomatite-pyodermite végétante (PPV) La PPV est une
Fig. 79.5 Gros plan sur une lésion pustuleuse d’un syndrome affection rare (une cinquantaine d’observations rappor-
arthrocutané tées) dont la particularité est d’être associée dans 75 %
des cas à une MICI qu’elle peut révéler ⁸. La RCH est plus
sibles complications cutanées et articulaires des dériva- fréquemment trouvée que la MCr. Sa description initiale
tions jéjuno-iléales qui constituaient alors le traitement par Hallopeau en 1989, ainsi que la positivité de l’immuno-
chirurgical de l’obésité. En relation avec la pullulation bac- fluorescence directe (IFD) mentionnée dans quelques cas
térienne dans l’anse borgne et la formation de complexes
immuns circulants, ce bowel-bypass syndrome a été par la
suite décrit chez des patients gastrectomisés, mais aussi en
l’absence de toute chirurgie, en association avec les MICI.
Ce syndrome rare mais non exceptionnel est, classique-
ment, plutôt observé au cours de la RCH et a été individua-
lisé dans la littérature sous d’autres appellations : éruption
vésiculeuse de la RCH, vasculite pustuleuse.
L’éruption est constituée de pustules non folliculaires, re-
posant sur une base érythémateuse (fig. 79.5). Elle est par-
fois révélatrice et peut évoluer parallèlement à l’affection
digestive, D’une taille variant entre 2 à 8 millimètres de
diamètre, elles siègent principalement sur la face externe
des membres supérieurs, la face d’extension des membres
inférieurs, mais aussi le tronc, voire le cuir chevelu (fig. 79.6 et
79.7). Des éléments à type d’érythème noueux peuvent être
associés. Cette éruption s’accompagne toujours de manifes-
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
IFD immunofluorescence directe · MCr maladie de Crohn · MICI maladies inflammatoires cryptogéniques de l’intestin · PG pyoderma gangrenosum · PPV Pyostomatite-pyodermite végétante ·
RCH rectocolite hémorragique · SyS syndrome de Sweet
79-6 Tube digestif
Coll. D. Bessis
Fig. 79.8 Pyostomatite-pyodermite végétante : pustules des lèvres Fig. 79.10 Abcès aseptiques au cours d’une maladie de Crohn :
coalescentes et à disposition grossièrement linéaire en « traces d’escargots » multiples lésions nodulaires abcédées des faces postérieures des membres
inférieurs associées à des lésions papuleuses et pustuleuses de petite taille
expliquent la confusion souvent faite avec le pemphigus vé-
gétant du même auteur. Cliniquement, il s’agit de pustules blement à des pemphigus végétants. Dans les deux obser-
de la muqueuse buccale qui, par coalescence, donnent un vations dans lesquelles un immunotransfert a été réalisé,
aspect très caractéristique en « traces d’escargots ». Elles aucun anticorps circulant n’a été détecté. Certains auteurs
siègent principalement sur les gencives, la face interne des considèrent la PPV comme une forme clinique frustre de
joues, le palais et les lèvres (fig. 79.8). La langue et le plancher PG. Cette conception uniciste nous semble quelque peu abu-
buccal sont respectés. Ces lésions indolores se rompent fa- sive. En revanche, la PPV est une entité qui a parfaitement
cilement et font place à des érosions à tendance végétante. sa place dans le spectre des dermatoses neutrophiliques.
Les localisations aux muqueuses génitales sont possibles Deux observations familiales dans lesquelles la PPV est
mais exceptionnelles. Dans la moitié des cas, il existe des contemporaine d’un PG viennent renforcer cette idée.La
lésions pustuleuses et végétantes cutanées (fig. 79.9), loca- corticothérapie générale est le traitement de choix de la
lisées préférentiellement au scalp et aux grands plis, justi- PPV, mais n’est pas constamment efficace. La dapsone et
fiant l’appellation « pyostomatite-pyodermite végétante ». l’infliximab ⁹ constituent une alternative thérapeutique in-
Ces lésions apparaissent généralement en même temps téressante.
que les lésions muqueuses, voire secondairement, ce qui Abcès aseptiques De façon exceptionnelle, des abcès sous-
en facilite le diagnostic. cutanés aseptiques correspondant vraisemblablement à
Histologiquement, les pustules sont intra- et/ou sous- des formes profondes de SyS ont été rapportés au cours de
épithéliales, et contiennent de nombreux neutrophiles asso- MCr et de RCH. Il s’agit de nodules cutanés profonds, in-
ciés à quelques éosinophiles. L’acantholyse est inconstante flammatoires, pouvant se fistuliser avec drainage d’un pus
et, quand elle existe, elle est uniquement focale, dans les stérile (fig. 79.10). Par ailleurs, des abcès viscéraux peuvent
lésions cutanées comme dans celles des muqueuses. Une également s’observer au cours de MCr qu’ils peuvent révé-
faible positivité de l’IFD, non spécifique, peut s’observer ler voire précéder de plusieurs mois. Il s’agit préférentielle-
dans la PPV. Les cas dans lesquels l’IFD révèle un marquage ment d’abcès spléniques, hépatiques ou ganglionnaires. Les
intra-épidermique en mailles de filet correspondent proba- anti-TNF-alpha ont été utilisés avec succès chez quelques
malades cortico-résistants ou cortico-dépendants.
Autres dermatoses neutrophiliques La pustulose sous-
cornée de Sneddon-Wilkinson, l’erythema elevatum diuti-
num ou la pustulose à IgA intra-épidermique ont également
été observés au cours des deux types de MICI. Bien que le
parallélisme évolutif entre les manifestations cutanées et
digestives n’ait pas été toujours constaté, ces associations à
caractère exceptionnel ne sont certainement pas fortuites.
Vasculites Rares au cours des MICI, elles peuvent être
de plusieurs types. Les vasculites leucocytoclasiques su-
Coll. D. Bessis
IFD immunofluorescence directe · MCr maladie de Crohn · MICI maladies inflammatoires cryptogéniques de l’intestin · PPV Pyostomatite-pyodermite végétante · RCH rectocolite hémorragique
· SyS syndrome de Sweet · TNF tumor necrosis factor
Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin 79-7
Coll. D. Bessis
une destruction du sphincter anal, abcès se compliquant
de fistules anales, périnéales ou rectovaginales (fig. 79.13 et
79.14). L’évolution de ces lésions est marquée par des suc-
Fig. 79.11 Vasculite au cours d’une maladie inflammatoire cessions de poussées et de rémissions, généralement indé-
cryptogénique de l’intestin : nodules inflammatoires profonds confluents pendantes de l’activité intestinale de la MCr. Du fait de la
des faces antérieures des jambes chronicité de ces lésions, il faut se méfier de la possible sur-
venue de carcinomes épidermoïdes, ce qui implique non
sous l’appellation périartérite noueuse cutanée. Survenant seulement une surveillance clinique régulière mais aussi
au cours de MICI anciennes, essentiellement des MCr, elles la réalisation de biopsies au moindre doute. Ces tableaux
évoluent indépendamment de l’atteinte digestive. Dans cer- de suppuration périnéofessière chez des patients atteints
tains cas, on peut également observer des tableaux d’hy- de MCr ne correspondent cependant pas toujours à des
podermite chronique ulcérée survenant au cours de MCr lésions spécifiques. Il peut s’agir d’authentiques maladies
indépendamment de l’atteinte digestive et pouvant même de Verneuil et plusieurs observations ont été rapportées
la précéder. Il s’agit de nodules inflammatoires profonds, dans la littérature. Le caractère superficiel des lésions, l’ab-
confluant parfois en placards et évoluant vers l’ulcération sence de communication avec le canal anal, l’atteinte des
(fig. 79.11). Ils siègent préférentiellement sur les faces anté-
rieures et/ou postérieures des jambes et sont d’évolution
chronique. L’histologie, non spécifique, doit être réalisée
pour éliminer une MCr « métastatique ». La corticothérapie
générale et la disulone sont les traitements les plus réguliè-
rement efficaces.
Coll. D. Bessis
Fig. 79.12 Lésions cutanées granulomateuses péristomales « de Fig. 79.13 Lésions végétantes à type de marisques au cours d’une
contiguïté » au cours d’une maladie de Crohn maladie de Crohn
Coll. D. Bessis
Fig. 79.18 Chéilite granulomateuse associée à une maladie de Crohn :
œdème induré et permanent de la lèvre supérieure
Fig. 79.17 Hyperplasie œdémateuse réalisant un aspect en « pavé »
(cobblestone) de la face interne d’une joue au cours d’une maladie de Crohn médicaments-nutriments. Les carences sont globales ou
sélectives (vitamines, folates, fer, protides, surtout acides
tations très inhabituelles à type d’érythème facial, de lé- gras essentiels et zinc...). Les manifestations cutanéomu-
sions acnéiformes, de pseudoérysipèle, d’intertrigo ont été queuses y sont fréquentes et variées, évocatrices dans cer-
rapportées. Des lésions nodulaires ou des plaques érythé- tains cas mais trompeuses ou non spécifiques dans d’autres.
mateuses indurées parfois ulcérées sont peut-être plus évo- Certaines, comme la glossite et la chéilite, sont communes
catrices chez ces patients dont la MCr est en règle connue à plusieurs déficits mais il existe assez souvent des manifes-
depuis de nombreuses années mais habituellement quies- tations dominantes qui permettent d’orienter le diagnostic
cente. Les localisations métastatiques inaugurales sont ex- (pour plus de détails, se reporter au chap. 77, « Dermatoses
ceptionnelles. Il ne faut donc pas hésiter à biopsier systé- carentielles ») :
matiquement toute manifestation dermatologique inhabi- − une éruption photodistribuée doit faire évoquer le
tuelle au cours d’une MCr. diagnostic de carence en vitamine B3 (ou PP ou nia-
Le traitement des lésions spécifiques de MCr est souvent cine), ce d’autant que les analogues puriques (azathio-
difficile et n’est pas codifié. Le rôle aggravant du tabac, bien prine, 6-mercaptopurine, 6-thioguanine) peuvent gé-
identifié pour l’atteinte digestive, n’a pas été évalué pour ce nérer cette carence. Le taux sanguin de vitamine PP
qui est des lésions cutanées. Il est cependant indispensable n’étant pas un bon reflet de l’état carentiel, le diagnos-
d’obtenir le sevrage tabagique s’agissant de lésions particu- tic repose sur le dosage urinaire de son principal méta-
lièrement résistantes aux traitements médicaux. Peuvent bolite, le méthylnicotinamide, mais surtout sur le test
être proposés : excision chirurgicale en cas de lésion unique thérapeutique par la prise de nicotinamide (Nicobion
de petite taille, en sachant qu’il existe un risque théorique 500 mg/jour per os) ;
de récidive, corticoïdes (intralésionnels, topiques ou per os), − une hyperkératose folliculaire doit inciter à rechercher
antibiotiques (métronidazole, cyclines, nouveaux macro- une carence en vitamine A (rétinol) ou en vitamine C.
lides), sulfasalazine, immunosuppresseurs (azathioprine, La carence en vitamine A se caractérise par une hyperké-
6-thioguanine, méthotrexate et ciclosporine), et anti-TNF- ratose folliculaire des faces d’extension des membres et
alpha. Ces derniers ont en effet été utilisés avec succès dans des extrémités ainsi qu’une xérose généralisée. Ces ma-
quelques observations dans lesquelles les lésions, de locali- nifestations sont toutefois moins spécifiques et moins
sations diverses, avaient résisté ou récidivé sous corticoïdes précoces que l’atteinte ophtalmologique (diminution de
associés aux immunosuppresseurs. Cependant, dans la plu- la vision crépusculaire). L’hyperkératose folliculaire du
part des cas, après une amélioration voire une cicatrisa- tronc et des membres associée à un purpura pétéchial
tion rapide, les lésions ont récidivé nécessitant l’adjonction périfolliculaire est très évocateur du scorbut. La gingi-
d’autres molécules ¹³. Les anti-TNF-alpha peuvent égale- vite hypertrophique hémorragique est en général plus
ment être efficaces sur les lésions de maladie de Verneuil tardive. Le dosage plasmatique de l’acide ascorbique
associées à la MCr. Enfin, du fait de son activité anti-TNF, ne reflétant que les apports récents, le diagnostic est
le thalidomide peut constituer une alternative thérapeu- confirmé par la réponse rapide à la supplémentation
tique. vitaminique (500 mg/jour pendant 15 jours per os) qu’il
faut mettre en route devant tout purpura inexpliqué
Manifestations carentielles survenant chez un sujet à risque ;
Rares au cours des RCH, elles sont secondaires à l’ano- − une ecchymose des zones de pression évoque un scor-
rexie, la malabsorption, les pertes excessives, l’augmenta- but ou une carence en vitamine K ;
tion des besoins protéino-énergétiques et les interactions − une glossite incite à rechercher une anémie macrocy-
MCr maladie de Crohn · RCH rectocolite hémorragique · TNF tumor necrosis factor
79-10 Tube digestif
taire évocatrice de carences en vitamine B12 ou B9, ou est difficile car il s’agit d’une affection très souvent cortico-
une anémie microcytaire orientant vers une carence résistante pour laquelle de nombreuses molécules peuvent
martiale ; être proposées, témoignant de leur efficacité relative : ciclo-
− une dermite d’aspect séborrhéique et/ou une dermite sporine, azathioprine, sulfasalazine, colchicine, immuno-
eczématiforme avec atteinte péri-orificielle évoque un globulines...
déficit en vitamines du groupe B, ou une carence en Autres types de maladies bulleuses auto-immunes
zinc et/ou en acides gras essentiels. Les carences en vita- D’autres types de maladies bulleuses auto-immunes ont
mine B2 (riboflavine), B6 (pyridoxine) ou B8 (vitamine été observés au cours des MICI. Il s’agit principalement
H ou biotine) sont rares dans le cadre des MICI. Cela de RCH et ces associations représentent des arguments en
n’est pas le cas de la carence en zinc au cours des MCr faveur de l’origine auto-immune de cette affection ¹⁴. Les
évoluant depuis plusieurs années, même en période de pemphigus rapportés sont principalement de type vulgaire.
rémission. Une zincémie abaissée est notée dans 35 à La pemphigoïde pose en théorie un problème de diagnostic
45 % des cas mais n’est symptomatique que dans 10 % différentiel avec l’épidermolyse bulleuse acquise inflamma-
des cas environ. À côté du tableau classique mais de toire mais celle-ci n’est pas associée aux MICI. La dermatite
plus en plus rarement observé à type d’acrodermatite herpétiforme est favorisée par l’altération de la barrière di-
entéropathique, le diagnostic doit être évoqué devant gestive mais il est étonnant de constater que l’association à
un intertrigo de la région génitale, une vulvite œdéma- la MCr n’a jamais été rapportée. En revanche, la dermatose
teuse et suintante, un érythème douloureux scrotal, ou à IgA linéaire a été observée dans les deux types de MICI.
un eczéma craquelé. Il ne faut pas hésiter à prescrire Autres affections auto-immunes non bulleuses D’autres
un traitement d’épreuve, efficace en quelques jours, en affections auto-immunes non bulleuses ont été rapportées
doublant la dose usuelle (gluconate de zinc, 2 gélules de manière très ponctuelle : vitiligo, pelade, lupus érythé-
2 fois par jour à prendre impérativement à jeun) du fait mateux, sclérodermie, lichen, polychondrite, syndrome de
de la malabsorption ; Gougerot-Sjögren...
− un déficit en vitamine D est fréquent chez les sujets Hippocratisme digital L’hippocratisme digital apparaît
atteints de maladie de Crohn, avec les risques d’ostéo- fréquent au cours des MICI. Dans certaines séries, il était
porose majorés par les traitements stéroïdiens itératifs : rapporté dans 30 % des MCr et 5 à 10 % des RCH. Dans
carence constatée dans 8 % des cas et taux insuffisant notre étude prospective, nous n’avons approché ces chiffres
de vitamine D (25-OHD < 40 nmole/l) dans 22 % des que chez les malades atteints de MCr : 20 % d’entre eux
cas sur une série récente de 242 malades. étaient porteurs de cette anomalie unguéale.
Psoriasis Pour certains auteurs, sa prévalence est aug-
Autres manifestations mentée chez les malades atteints de MICI où elle peut
Il s’agit essentiellement de maladies auto-immunes qui atteindre 9 %, mais aussi chez leurs parents au premier
sont des entités bien individualisées, n’évoluant pas paral- degré ¹⁵. Il s’agit de psoriasis vulgaires qui n’évoluent pas
lèlement aux poussées digestives, deux raisons pour les- de façon parallèle aux poussées digestives. Dans certaines
quelles elles sont considérées comme associées et non réac- études, l’association est plutôt identifiée avec la MCr, dans
tionnelles. d’autres, elle concerne la MCr et la RCH à proportion équi-
Épidermolyse bulleuse acquise L’épidermolyse bulleuse valente. Néanmoins, autant le lien avec la MCr peut être
acquise est une dermatose bulleuse auto-immune caracté- argumenté d’un point de vue génétique, immunologique et
risée par la production d’auto-anticorps dirigée contre le
collagène VII, constituant des fibrilles d’ancrage du derme
superficiel. Il s’agit d’une maladie rare qui est associée à
une MICI dans 30 % des cas, principalement la MCr, ce qui
justifie la réalisation d’un bilan digestif chez tout malade at-
teint d’épidermolyse bulleuse acquise ³. La maladie bulleuse
précède la découverte de la MICI dans à peu près la moi-
tié des cas et leurs évolutions sont indépendantes l’une de
l’autre. Cliniquement, l’épidermolyse bulleuse acquise se ca-
ractérise par une fragilité cutanéomuqueuse qui se traduit
Coll. clinique de Dermatologie, CHRU Lille
MCr maladie de Crohn · MICI maladies inflammatoires cryptogéniques de l’intestin · RCH rectocolite hémorragique
Infections bactériennes du tube digestif 79-11
environnemental, autant celui avec la RCH est plus difficile L’érythème noueux (EN) est rarement rapporté en associa-
à établir. En effet, à ce jour, 1o aucune colocalisation tion avec les salmonelloses mais s’observe dans 10 à 30 %
de locus de susceptibilité n’a été identifiée entre psoriasis des cas de yersinioses au cours desquelles il concerne princi-
et RCH ; 2o même si le concept dichotomique des mala- palement les femmes (3/1). Il s’observe plus rarement chez
dies Th1 et Th2 est remis en question avec la découverte les enfants. Il survient brutalement, précédé dans plus de
des Th17, les effecteurs immunologiques de la RCH sont la moitié des cas par une symptomatologie digestive. Le
préférentiellement Th2 à la différence de la MCr et du pso- tableau clinique est en règle typique mais quelques particu-
riasis ; 3o enfin, les effets du tabac, pour ne citer que larités sont parfois notées : nouures très inflammatoires,
ce cofacteur, sont radicalement opposés puisque celui-ci atteinte des quatre membres comme dans les MICI, asso-
serait plutôt protecteur pour la RCH alors qu’il aggrave le ciation à des lésions d’érythème polymorphe. En l’absence
psoriasis comme la maladie de Crohn. D’un point de vue d’argument en faveur des autres étiologies classiques d’EN,
génétique, au moins trois chromosomes (5, 6 et 16) ont le diagnostic repose sur l’isolement de la bactérie (hémocul-
été identifiés par des études de liaison génétique comme tures, coprocultures) et la sérologie.
ayant des zones au sein desquelles on constate la colocali- Le syndrome de Sweet (SyS) est associé dans 20 à 50 % des
sation de locus de susceptibilité ¹. Pour le chromosome 1, cas à une pathologie sous-jacente qu’elle peut révéler. Les in-
il ne s’agit pas de colocalisation, mais d’un gène, celui du fections du tube digestif ne représentent pas une étiologie
récepteur à l’IL-23 (IL-23R), dont les variants sont des fac- fréquente du SyS mais quelques observations ont été rap-
teurs de susceptibilité communs à plusieurs maladies dont portées avec Y. enterocolitica ¹⁷ et S. typhimurium. La sympto-
le psoriasis, la MC et la spondylarthrite ankylosante. matologie digestive précède ou accompagne les signes cuta-
Pour ce qui est de la physiopathogénie, il faut noter que pso- nés mais peut manquer. Concernant les cas de yersinioses,
riasis et MCr partagent de nombreux effecteurs cellulaires l’isolement de la bactérie dans les selles est inconstant mais
(lymphocytes Th1 et Th17, monocytes-macrophages, neu- le sérodiagnostic est toujours positif.
trophiles, cellules dendritiques) et médiateurs solubles de L’érythème polymorphe peut survenir en association avec
l’inflammation dont les principaux sont l’interféron alpha, de très nombreuses infections, parmi lesquelles yersinioses
le TNF-alpha, l’IL-6, l’IL-12, l’IL-17 et l’IL-23. et salmonelloses. Les observations sont cependant très
Enfin sur le plan thérapeutique, il existe d’importantes rares et la relation entre les deux affections n’est pas tou-
connexions. Même si les effets diffèrent, la règle « mêmes jours évidente.
causes (mêmes cytokines), mêmes traitements » se trouve En dehors de ces trois dermatoses réactionnelles, d’autres
confirmée par l’efficacité des anti-TNF-alpha et d’un an- manifestations cutanées peuvent également s’observer :
ticorps monoclonal dirigé contre la sous-unité p40 com- − dermohypodermite des membres inférieurs mimant un
mune à l’IL-12 et l’IL-23. À ce propos, il est très intéressant érysipèle ou une vasculite type PAN cutanée dans les
de noter que l’etanercept n’agit pas uniquement par son yersinioses ;
action anti-TNF-alpha mais aussi par une inhibition des − taches rosées lenticulaires souvent profuses à type de ro-
Th17 du fait de la réduction de la synthèse d’IL-23. D’autres séole dont la fréquence est estimée entre 15 et 30 %, qui
traitements biologiques actuellement en développement surviennent habituellement après une antibiothérapie
pourraient être prochainement proposés dans les deux af- instituée d’emblée à dose totale dans les salmonelloses.
fections (IL-10 et 11 dans l’optique d’effectuer un switch
immunologique Th1/Th2, anticorps anti-IL-12 (ABT-874), Maladie de Whipple
15, 17...). La maladie de Whipple est une maladie systémique d’étiolo-
L’induction paradoxale de psoriasis cutanés et unguéaux gie infectieuse bactérienne liée à Tropheryma whippelii, à dé-
et plus spécialement de pustuloses palmoplantaires par les terminisme intestinal et articulaire prédominant, dont le
anti-TNF-alpha, quelle que soit la molécule utilisée, chez ou les modes de contamination restent obscurs. Le polymor-
les malades traités pour MCr (mais également PR et spon- phisme des formes extradigestives (pleuro-pulmonaires,
dylarthrite ankylosante), a renforcé la notion d’association cardiovasculaires, neuropsychiatriques, hépatiques, ocu-
entre ces maladies ¹⁶. Il peut s’agir de l’exacerbation d’un laires et cutanées) explique les retards diagnostiques fré-
psoriasis connu mais, dans la plupart des cas, il s’agit d’une quents.
première poussée chez des malades qui n’ont pas nécessai- Il faut évoquer ce diagnostic devant une éruption liché-
rement d’antécédent personnel ou familial de psoriasis. La noïde récidivante ou un tableau d’érythrodermie dont l’his-
question de savoir s’il s’agit d’authentiques psoriasis ou de tologie peut en imposer pour une sarcoïdose ¹⁸, des nodules
toxidermies psoriasiformes est loin d’être tranchée. sous-cutanés spécifiques ou un érythème noueux. Une hy-
perpigmentation brun grisâtre des zones exposées et des
Infections bactériennes du tube digestif cicatrices, probablement d’étiologie carentielle par malab-
sorption, est notée dans près de la moitié des cas. L’antibio-
Yersinioses et salmonelloses thérapie prolongée par triméthoprime-sulfaméthoxasole
Ces deux infections ont en commun le fait de pouvoir don- ou cyclines est le traitement de la maladie de Whipple.
ner des manifestations cutanées réactionnelles qui peuvent
parfois être révélatrices : érythème noueux, syndrome de Infections à Helicobacter pylori
Sweet et érythème polymorphe. Cette bactérie dont le rôle pathogène dans l’ulcère duo-
EN érythème noueux · IL interleukine · MCr maladie de Crohn · MICI maladies inflammatoires cryptogéniques de l’intestin · PAN périartérite noueuse · PR purpura rhumatoïde ·
RCH rectocolite hémorragique · SyS syndrome de Sweet · TNF tumor necrosis factor
79-12 Tube digestif
dénal, la gastrite chronique et peut-être aussi l’ulcère gas- être notés. Les atteintes péri-orificielles sont parfois consta-
trique est bien démontré, a été incriminée dans la survenue tées et soulèvent la question du diagnostic différentiel
de nombreuses manifestations cutanées : rosacée papulo- et/ou de l’association possible avec une carence en zinc. Le
pustuleuse, urticaire chronique, psoriasis, purpura rhuma- diagnostic repose sur le dosage des acides gras essentiels.
toïde, phénomène de Raynaud et syndrome de Sweet. Ce- Selon l’importance de la carence, le traitement consistera
pendant, au vu des publications, parfois contradictoires, il en des applications de topiques à base d’huile d’onagre ou
est impossible actuellement d’affirmer la relation entre ces de bourrache, en une supplémentation orale (Eltéans, Bio-
diverses dermatoses et H. pylori. nagrol, Maxepa...) ou intraveineuse (Intralipide).
Dermatite herpétiforme
Syndrome de malabsorption
Elle représente l’expression cutanée de l’entéropathie au
De causes variées, le syndrome de malabsorption associe gluten ou maladie cœliaque constamment associée mais
une diarrhée et un syndrome carentiel plus ou moins com- le plus souvent infraclinique. À l’inverse, la dermatite her-
plet (protides, vitamines, oligoéléments...), responsable de pétiforme ne s’observe que dans 3 à 5 % des cas de ma-
nombreux signes peu spécifiques : xérose, pigmentation, at- ladie cœliaque. La dermatite herpétiforme est une der-
teinte de la muqueuse buccale (stomatite, glossite, chéilite, matose inflammatoire chronique qui touche surtout les
aphtes), koïlonychie, chute des cheveux... adultes entre 20 et 40 ans. Elle est caractérisée par une
À côté de ces signes divers, des tableaux cliniques plus évo- éruption prurigineuse composée d’éléments papulovésicu-
cateurs d’une étiologie particulière peuvent être observés, leux souvent groupés en petits placards. L’éruption est
c’est le cas des carences en zinc et en acides gras essentiels symétrique et prédomine sur les faces d’extension des
et de la dermatite herpétiforme. membres et les fesses (fig. 79.20). Histologiquement, l’image
typique est celle de micro-abcès, composés de neutrophiles
Déficit en zinc et à un moindre titre d’éosinophiles, situés au sommet
Le déficit en zinc s’observe également au cours des pancréa- des papilles dermiques et responsables d’un clivage der-
tites chroniques et surtout des cirrhoses alcooliques. On moépidermique. L’immunofluorescence directe révèle des
constate des lésions érythémato-squameuses de siège pé- dépôts granulaires d’immunoglobulines caractéristiques
ribuccal, palpébral, périnarinaire, génital et péri-anal où (IgA le plus souvent) prédominant au sommet des papilles
l’évolution est souvent érosive avec extension à la face in- dermiques. On ne sait toujours pas si ces anticorps sont
terne des cuisses et à la région sacro-fessière. Des placards dirigés contre une structure antigénique de la jonction
eczématiformes ou psoriasiformes des membres sont par- dermoépidermique ou s’il s’agit de complexes immuns à
fois associés. Dans les formes sévères, on observe souvent IgA provenant de la muqueuse intestinale et captés dans
des lésions bulleuses ou nécrotiques superficielles d’évolu- la peau. La recherche d’anticorps « antipeau » circulants
tion centrifuge, réalisant des aspects serpigineux et circi- est négative. En revanche, des anticorps sériques anti-
nés comparables à ceux observés dans l’érythème nécroly- endomysium de type IgA ainsi que antigliadine de type
tique migrateur du syndrome du glucagonome. Les manifes- IgG et IgA sont souvent trouvés et sont, surtout pour
tations muqueuses (stomatite, glossite, perlèche, conjonc- les premiers, un bon reflet de la sévérité de l’atteinte in-
tivite parfois) sont très fréquentes et d’un grand intérêt testinale (atrophie villositaire). Dans la maladie cœliaque,
diagnostique dans les formes mineures que l’on observe au l’auto-antigène endomysial correspond à la transglutami-
cours de la MCr. nase tissulaire. Les malades présentant une dermatite her-
Le zinc plasmatique ne représentant que 1 % du pool zin- pétiforme ont des IgA anti-transglutaminase tissulaire qui
cique, la zincémie n’est indicative de carence que si elle est
nettement abaissée. Le seul critère formel de diagnostic
est la réponse spectaculaire au traitement spécifique admi-
nistré per os dans les formes mineures (Rubozinc) ou par
voie IV (zinc injectable Aguettant) en cas de déficit sévère.
sont corrélés à la sévérité de l’entéropathie sous-jacente Celui-ci est en pratique quasi impossible à respecter stricte-
et disparaissent sous régime sans gluten. L’incidence fami- ment au long cours. Cependant, même suivi partiellement,
liale (jusque 10 %) illustre bien l’importance des facteurs il permet le contrôle biologique mais surtout clinique et
génétiques dans la DH dans laquelle on trouve comme dans histologique des manifestations cutanées et digestives, la
la maladie cœliaque une fréquence élevée de certains anti- diminution de la dose voire l’arrêt de la dapsone et enfin,
gènes HLA : B8, DR3, DQW2 et plus particulièrement les il prévient l’apparition des lymphomes intestinaux. Ces
allèles DQA1*0501 et B1*0201 ¹⁹. La physiopathologie de derniers ont été observés avec une fréquence de 1 à 3 %
la dermatite herpétiforme reste obscure mais la participa- dans des études rétrospectives chez des malades ne suivant
tion des éosinophiles à la constitution des lésions cutanées aucun régime ²⁰.
et digestives a été montrée. D’autres manifestations cutanées ont été exceptionnelle-
La dapsone (Disulone) permet le plus souvent d’obtenir ment décrites au cours de la maladie cœliaque. Il s’agit de
rapidement la disparition du prurit et l’amélioration des lé- purpura par vasculite, d’érythème nécrolytique migrateur
sions cutanées. Néanmoins, c’est le régime sans gluten qui (syndrome du pseudoglucagonome) et d’erythema elevatum
constitue la base du traitement et doit être institué à vie. diutinum ²¹.
1 Xavier RJ, Podolsky DK. Unravelling the al. Pyostomatite-pyodermite végétante révéla- diseases in inflammatory bowel disease : a
pathogenesis of inflammatory bowel disease. trice d’une maladie de Crohn. Ann Dermatol Ve- population-based study. Gastroenterology 2005 ;
Nature 2007 ; 448:427-436. nereol 1998 ; 125:331-334. 129:827-836.
2 Tilg H, Moschen A, Kaser A. Mode of func- 9 Bens G, Laharie D, Beylot-Barry M et 16 Wollina U, Hansel G, Koch A et al. Tumor
tion of biological anti-TNF agents in the treat- al. Successful treatment with infliximab and necrosis factor-alpha inhibitor-induced psori-
ment of inflammatory bowel diseases. Expert methotrexate of pyostomatitis vegetans associ- asis or psoriasiform exanthemata : first 120
Opin Biol Ther 2007 ; 7:1051-1059. ated with Crohn’s disease. Br J Dermatol 2003 ; cases from the literature including a series of
3 Delaporte E, Piette F. Peau et affections du 149:181-184. six new patients. Am J Clin Dermatol 2008 ; 9:
tube digestif. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), 10 Pinna AL, Atzori L, Ferreli C, Aste N. Cuta- 1-14.
Dermatologie, 98-876-A-10, 2007. neous Crohn disease in a child. Pediatr Dermatol 17 Neau D, Monlun E, Delmas M et al. [Sweet
4 De Fonclare AL, Khosrotehrani K, Aractingi 2006 ; 23:49-52. syndrome and Yersinia enterocolitica infec-
S et al. Erythema nodosum-like eruption as a 11 Gonzalez-Guerra E, Angulo J, Vargas- tion. 2 cases]. Rev Med Interne 1995 ; 16:919-
manifestation of azathioprine hypersensitivity Machuca I et al. Cutaneous Crohn’s disease caus- 922.
in patients with inflammatory bowel disease. ing deformity of the penis and scrotum. Acta 18 Frenk E, Merot Y, Perez I et al. [Whipple’s
Arch Dermatol 2007 ; 143:744-748. Derm Venereol 2006 ; 86:179-180. disease with sarcoidosis-like cutaneous mani-
5 Reguiaï Z, Grange F. The role of anti-tumor 12 Bogenrieder T, Rogler G, Vogt T et al. Orofa- festations]. Ann Dermatol Venereol 1991 ; 118:
necrosis factor-alpha therapy in pyoderma gan- cial granulomatosis as the initial presentation 115-118.
grenosum associated with inflammatory bowel of Crohn’s disease in an adolescent. Dermato- 19 Reunala T. Incidence of familial dermati-
disease. Am J Clin Dermatol 2007 ; 8:67-77. logy 2003 ; 206:273-278. tis herpetiformis. Br J Dermatol 1996 ; 134:394-
6 Becuwe C, Delaporte E, Colombel JF et al. 13 Konrad A, Seibold F. Response of cu- 398.
Sweet’s syndrome associated with Crohn’s dis- taneous Crohn’s disease to infliximab and 20 Lewis HM, Renaula TL, Garioch JJ et al.
ease. Acta Derm Venereol (Stockh) 1989 ; 69:444- methotrexate. Dig liver Dis 2003 ; 35:351-356. Protective effect of gluten-free diet against de-
445. 14 Chan LS, Vanderlugt CJ, Hashimoto T et al. velopment of lymphoma in dermatitis herpeti-
7 Wallach D, Vignon-Pennamen MD. From Epitope spreading : lessons from autoimmune formis. Br J Dermatol 1996 ; 135:363-367.
acute febrile neutrophilic dermatosis to neu- skin diseases. J Invest Dermatol 1998 ; 110:103- 21 Tasanen K, Raudasoja R, Kallioinen M,
trophilic disease : forty years of clinical research. 109. Ranki A. Erythema elevatum diutinum in asso-
J Am Acad Dermatol 2006 ; 55:1066-1071. 15 Bernstein CN, Wajda A, Blanchard JF. ciation with coeliac disease. Br J Dermatol 1997 ;
8 Delaporte E, Viget N, Pasturel-Michon U et The clustering of other chronic inflammatory 136:624-627.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Delaporte E, Piette F. Tube digestif. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations dermatolo-
giques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 79.1-79.13.
80
Foie et voies biliaires
Emmanuel Delaporte, Frédéric Piette
ANCA anticorps anticytoplasme des polynucléaires neutrophiles · HVA hépatites virales A · HVB hépatites virales B · PAN périartérite noueuse · VHB virus de l’hépatite B ·
VHC virus de l’hépatite C
80-2 Foie et voies biliaires
sents que dans 10 à 20 % des cas. Il n’y a pas de corrélation lions de Français ont bénéficié de la vaccination anti-HVB.
entre la sévérité de la PAN et celle de l’HVB qui est souvent Celle-ci a fait couler beaucoup d’encre, non pas tant en rai-
peu évolutive. son des effets secondaires cutanés peu nombreux, que sur-
L’association secondaire d’un traitement antiviral, après tout du risque éventuel de déclenchement d’une sclérose
contrôle de la maladie par les corticoïdes et les immunosup- en plaques dont on sait désormais qu’il ne diffère pas de
presseurs, doit être systématique et permet d’obtenir une celui d’une population témoin ¹³.
séroconversion dans plus de 50 % des cas. Certains auteurs D’un point de vue dermatologique, si l’on fait abstrac-
recommandent même l’abandon des corticoïdes et des im- tion des réactions locales transitoires à type d’érythème,
munosuppresseurs au profit de la combinaison traitement d’induration voire de nodules, et des réactions immuno-
antiviral-plasmaphérèses ⁹. allergiques communes à l’ensemble des vaccins ¹⁴,¹⁵, di-
La forme cutanée de la PAN est très rarement rapportée verses manifestations cutanées ont été rapportées de fa-
en association avec le VHB ¹¹ : aucun cas trouvé sur les 79 çon anecdotique : il s’agit d’érythème polymorphe, d’éry-
étudiés par Daoud et al. en 1997, qui mentionnaient en thème noueux, de purpura thrombopénique, de lupus systé-
revanche 1 cas d’HVC ¹². miques ou cutanés ¹⁶, de vasculites systémiques dont deux
Manifestations postvaccinales On estime que 28 mil- cas de PAN cutanées ¹⁷, de morphées ¹⁸, d’un cas de mastocy-
HVB hépatites virales B · HVC hépatites virales C · PAN périartérite noueuse · VHB virus de l’hépatite B
Hépatites virales 80-3
Coll. D. Bessis
Fig. 80.2 Livedo ramifié inflammatoire du genou au cours d’une
périartérite noueuse
Hépatite C
En France, la prévalence de sujets ayant des anticorps anti-
VHC est voisine de 1 %. Cependant les chiffres varient
énormément selon les populations étudiées : 25 % chez
les sujets infectés par le VIH, 25 % chez les détenus et 60 %
chez les toxicomanes. À ce jour, 200 000 sujets sont dépis-
tés ce qui représente moins de la moitié des porteurs du
VHC si l’on considère qu’en France ils sont entre 500 000
et 600 000. Seuls 30 000 à 40 000 d’entre eux sont traités
et le nombre des traitements nouvellement institués n’est
que de 10 000 à 15 000 par an.
De nombreuses revues générales traitant des manifesta-
tions extrahépatiques ²⁶ et notamment cutanées ont été
publiées ²,²⁷. Le plus souvent, aucune classification n’est
proposée et ces affections sont juste déclinées les unes à la
suite des autres en général par ordre de fréquence. Nous
avons ici adopté le plan de P. Cacoub, expert de la confé-
rence de consensus sur l’HVC qui s’est tenue en 2002 ²⁸.
Coll. D. Bessis
CM cryoglobulinémies mixtes · HVB hépatites virales B · HVC hépatites virales C · PCT porphyrie cutanée tardive · VHB virus de l’hépatite B · VHC virus de l’hépatite C ·
VIH virus de l’immunodéficience humaine
80-4 Foie et voies biliaires
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 80.3 Purpura nécrotique et livedo d’un membre inférieur au cours Fig. 80.4 Érosions, bulles et grains de milium du dos des mains au cours
d’une cryoglobulinémie mixte compliquant une hépatite virale C chronique d’une porphyrie cutanée tardive
théliales des vaisseaux des organes lésés dont la peau ³⁰, et également été utilisées dans quelques cas d’inefficacité ou
3o l’effet de l’interféron. de contre-indication des antiviraux, avec des résultats aléa-
Les mécanismes physiopathogéniques de l’expansion poly- toires pour l’infliximab ³⁴, mais peut-être plus prometteurs
clonale des lymphocytes B induite par l’infection virale com- pour le rituximab (anticorps monoclonal anti-CD20) ³⁵.
mencent à être décryptés ³¹,³². Une des premières étapes En revanche, très peu d’études ont été effectuées pour ap-
est la fixation de la protéine E 2 de l’enveloppe virale au précier la prévalence des CM-VHC positives au cours des
CD81 des cellules B, molécule qui forme un complexe avec vasculites leucocytoclasiques. Les résultats d’une petite
le CR2, le CD19 et le CMH de classe II. L’activation de ce étude contrôlée (2 sur 25) plaident en faveur de la recherche
complexe abaisse le seuil de stimulation antigénique des du VHC et d’une CM en présence d’une vasculite d’origine
cellules B et augmente leur durée de vie via l’activation du indéterminée ³⁶.
proto-oncogène bcl-2 ³¹. Par ailleurs, chez les malades pré- Porphyrie cutanée tardive (PCT) Caractérisée par un dé-
sentant une CM symptomatique, le taux des cellules T im- ficit en uroporphyrinogène décarboxylase, cette porphy-
munorégulatrices CD4+ CD25+ impliquées dans le contrôle rie peut être familiale à transmission autosomique domi-
de l’auto-immunité, était significativement abaissé compa- nante, ou sporadique. Dans cette dernière forme, plus fré-
rativement aux malades sans CM ou avec CM asymptoma- quente, le déficit hépatocytaire ne devient symptomatique
tique ³². que sous l’effet de divers facteurs déclenchants dont les
Le tableau clinique, qui ne s’observe que chez 20 à 30 % des infections virales et en particulier l’HVC. Cliniquement, il
sujets présentant une CM, comprend purpura nécrotique, existe une fragilité cutanée (fig. 80.4) prédominant en zones
ulcère, livedo (fig. 80.3), syndrome de Raynaud, arthralgies et photo-exposées, une hypertrichose associée à une hyperpig-
asthénie, diversement associés à une atteinte rénale voire mentation des zones temporomalaires et, dans les formes
du système nerveux périphérique ou central. Dans plus évoluées, un état sclérodermiforme de la tête et du cou
de la moitié des cas, l’évolution clinique est bénigne ²⁵, l’at- chez 30 % des malades. Les études de prévalence font état
teinte multiviscérale ne s’observant que chez 2 à 3 % des d’un gradient Nord-Sud avec des chiffres compris entre 8
malades ²⁹. et 18 % pour les pays du Nord de l’Europe et allant jusqu’à
Le traitement est celui de l’hépatopathie avec une nette 95 % pour les pays du Sud de l’Europe ²⁸. À l’inverse, au sein
supériorité de l’association interféron-ribavirine, par rap- d’une population infectée par le VHC, la prévalence de la
port à l’interféron seul, tant sur les signes cutanés (60 à PCT est de 3 à 5 %. Le rôle physiopathogénique du VHC
100 % de réponse) que rénaux (35 à 60 %) et neurologiques dans la survenue de la PCT n’est pas connu. Des anomalies
(25 à 80 %), pour peu que le malade soit répondeur viro- du métabolisme du fer ainsi que l’action d’autres cofacteurs
logique ²⁸. De même, il existe une relation nette entre les tels que l’alcool et certains médicaments sont incriminées.
réponses biologique et virologique puisque la CM disparaît À ce propos, l’augmentation de fréquence des mutations gé-
chez 60 % des répondeurs contre 30 % des non-répondeurs. nétiques de l’hémochromatose chez les malades PCT-VHC
En revanche, il n’existe pas de corrélation systématique positifs mérite d’être soulignée. En effet, ces mutations
entre les réponses clinique et biologique puisque l’on peut (C282Y et H63D) du gène HFE sont des facteurs précipi-
observer la disparition du purpura malgré la persistance tants et aggravants chez ces malades ³⁷.
de la CM. À l’arrêt du traitement, le risque de récidive de Outre la suppression des facteurs déclenchants et la pho-
la CM et des symptômes qui s’y rapportent est lié à la réap- toprotection, le traitement de première intention est la dé-
parition de la virémie. L’association à une corticothérapie plétion ferrique par saignées répétitives ³⁸. Le traitement
générale ou à des plasmaphérèses n’apporte rien. Il faut antiviral ne sera discuté qu’en seconde intention, ce d’au-
signaler l’observation de l’aggravation d’une vasculite sys- tant qu’il peut aggraver la PCT ³⁹ mais surtout parce que la
témique (atteinte cutanée, rénale et neurologique) liée à PCT semble être un facteur de mauvaise réponse à l’inter-
une CM, par l’interféron pégylé ³³. D’autres molécules ont féron ⁴⁰.
CM cryoglobulinémies mixtes · HVC hépatites virales C · PCT porphyrie cutanée tardive · VHC virus de l’hépatite C
Hépatites virales 80-5
Coll. D. Bessis
Lymphomes non hodgkiniens (LNH) Tout comme pour le
syndrome sec et le lichen plan (cf. infra), il existe une grande
discordance de résultats selon les études, le lien épidémiolo-
gique entre LNH et VHC ayant principalement été avancé Fig. 80.5 Papules excoriées du tronc et des membres supérieurs
par les auteurs italiens ²⁵. Cela n’est pas confirmé en France témoignant de lésions de grattage compliquant un prurit sévère au cours
puisque la prévalence des anticorps anti-VHC chez les ma- d’une hépatite virale C
lades ayant un LNH est de 2 à 4 % et donc non significati-
vement différente par rapport aux groupes témoins ⁴³. Il que certaines PAN cutanées puissent être une expression
s’agit de proliférations lymphocytaires B qui pourraient d’une CM associée au VHC.
être une conséquence de l’expansion clonale B décrite au Vasculite urticarienne D’authentiques vasculites urtica-
cours des cryoglobulinémies mixtes ³¹. Les localisations ex- riennes parfois hypocomplémentémiques ont été décrites
traganglionnaires (foie, parotide, estomac, cerveau, rate) en association à l’HVC ³. Elles peuvent être révélatrices de
sont fréquentes tandis que l’atteinte cutanée est beaucoup l’infection ⁴⁷.
plus rare ⁴⁴. Prurit Outre le fait qu’il puisse être révélateur de l’HVC ⁴⁸,
Vasculites systémiques Dans l’étude prospective de Cacoub le prurit peut constituer la principale manifestation de l’hé-
portant sur 1 614 malades, les vasculites non cryoglobuli- patopathie. Il s’observe dans approximativement 15 % des
némiques étaient trouvées dans 1 % des cas ²⁹. cas d’HVC chronique et n’est corrélé ni à une cholestase bio-
PAN systémique et cutanée La prévalence des anticorps logique ni au traitement antiviral ²⁸. Dans 70 % des obser-
anti-VHC chez les malades ayant une PAN varie de 5 à vations, on note des lésions peu spécifiques associées à un
12 % ²⁸. En présence d’une vasculite systémique, les cri- type de lésions eczématiformes, de xérose ou de prurigo ⁴⁹
tères suivants permettent de distinguer une vasculite par (fig. 80.5). Il s’agit d’un symptôme qui requiert toute notre
CM d’une PAN associée au VHC ⁴⁵ : franche altération de attention car il peut être très invalidant et entraîner un syn-
l’état général avec fièvre et amaigrissement, mononeuropa- drome dépressif réactionnel ⁵⁰. En dehors des soins locaux
thie sensitivomotrice multifocale sévère, HTA maligne, an- (émollients) qui doivent toujours être proposés ainsi que
géite cérébrale, douleurs abdominales ischémiques, micro- des chélateurs des sels biliaires et des antihistaminiques
anévrysmes hépatiques ou rénaux, syndrome inflamma- très souvent prescrits sans grande efficacité, on peut avoir
toire et insuffisance rénale. L’atteinte histologique est éga- recours à la photothérapie UVB ⁵¹, voire à des systèmes
lement différente puisqu’il s’agit, dans la PAN, d’une vas- d’épuration extrahépatique dans les cas les plus sévères ⁵⁰.
culite nécrosante des artères de moyen calibre et non des Lichen Contrairement à Cacoub qui classe le lichen dans
petits vaisseaux (veinules, capillaires et artérioles). les manifestations dont l’association à l’infection par le
Dans l’étude de Cacoub, une rémission complète a été obte- VHC paraît fortuite (cf. infra), nous pensons qu’en dépit
nue dans 68 % des cas avec une bithérapie antivirale (IFN- des incertitudes qui pèsent encore sur le sujet, le lichen a
ribavirine) prolongée (18 à 24 mois), précédée d’une cortico- peut-être plus sa place dans ce sous-chapitre.
thérapie (1 mois) associée à des échanges plasmatiques ⁴⁵. La fréquence accrue des hépatopathies chroniques chez les
La PAN cutanée paraît plus fréquemment associée à l’HVC ⁴⁶ malades ayant un lichen est débattue depuis le début des
qu’à l’HVB ¹². Dans une étude rétrospective, Soufir et al. années 1980 ⁴¹. Les très nombreuses publications contra-
trouvent 5 malades VHC positifs sur 16 présentant une dictoires concernant l’association lichen-HVC publiées de-
PAN cutanée ⁴⁶. Dans tous les cas, la contamination par puis 1992 n’ont fait qu’alimenter la controverse. Dans une
le VHC a précédé la survenue de la PAN. Trois cas sur 5 revue très complète, Carrozzo et Gandolfo colligent ainsi
avaient une CM et les auteurs concluaient sur la possibilité pas moins de 33 études émanant de 11 pays et totalisant
CM cryoglobulinémies mixtes · HTA hypertension artérielle · HVB hépatites virales B · HVC hépatites virales C · IFN interféron · LNH lymphomes non hodgkiniens · PAN périartérite noueuse
· VHC virus de l’hépatite C
80-6 Foie et voies biliaires
2 177 malades. Trois autres études totalisant 144 malades Manifestations liées ou associées au traitement antivi-
méritent également d’être répertoriées ⁵²-⁵⁴. ral Dans pratiquement toutes les observations, c’est l’in-
La prévalence des anticorps anti-VHC chez les sujets pré- terféron (IFN), seul ou en association à la ribavirine, qui
sentant un lichen est extrêmement variable en fonction est impliqué. La ribavirine seule a cependant été incrimi-
des pays et d’une étude à l’autre pour un même pays : 0 à née dans la survenue d’éruption maculopapuleuse ⁵⁸ et de
55 % aux États-Unis, 0 pour la Grande-Bretagne, les Pays- réaction photoallergique ⁵⁹.
Bas et le Népal ⁵², 3,8 % dans l’Est de la France (2,6 % pour Sarcoïdose Depuis 1987, date à laquelle a été rapportée
le groupe contrôle), 9 à 44 % en Espagne ⁵⁴, 9 à 35 % en la première observation de sarcoïdose survenue après trai-
Italie, 16 % au Nigeria ⁵³, 21 % en Égypte et jusque 62 % au tement par IFN, une cinquantaine d’observations ont été
Japon. On retrouve ici le gradient Nord-Sud de prévalence publiées dont une quarantaine dans le cadre du traitement
de l’HVC et l’on peut conclure de ces études que l’associa- d’une HVC chronique ⁶⁰,⁶¹. L’atteinte cutanée, souvent à
tion lichen-HVC est dépendante de l’origine géographique l’origine du diagnostic, est notée dans la moitié des cas,
des malades et qu’elle doit être systématiquement cherchée isolée ou associée à des manifestations systémiques. Le dé-
dans les pays d’Europe du Sud, en Afrique et au Japon, sur- lai d’apparition varie de 15 jours à 30 mois (3 à 4 mois
tout s’il s’agit d’un lichen buccal érosif (fig. 80.6) ⁴¹,⁵⁴. Cette en moyenne) et la régression spontanée des lésions en
hétérogénéité géographique pourrait s’expliquer en partie quelques mois est observée dans la plupart des cas, sans
du fait de différences génétiques des populations étudiées. que l’IFN soit nécessairement arrêté ou diminué.
L’allèle HLA-DR6 est ainsi significativement trouvé chez Divers Mises à part les réactions locales aux points d’in-
les malades italiens présentant l’association lichen buccal- jection à type d’inflammation ⁶², de réactions bulleuses ou
HVC ⁴¹. L’analyse des données expérimentales fait suggérer de vasculite, diverses manifestations ont été décrites : ré-
que le VHC est impliqué dans la pathogénie du lichen via actions eczématiformes à prédominance acrale ⁶² ou num-
l’induction locale d’une réponse immune spécifique ⁴¹. La mulaires ⁶³, hyperpigmentation cutanéomuqueuse ⁶⁴, éry-
détection du génome viral dans les lésions qui constitue- thème facial, hypertrichose ⁶⁵, modifications des cheveux ⁶⁶,
rait un argument de poids en faveur de l’association n’a aggravation ou déclenchement de psoriasis, de lichen, de vi-
néanmoins jamais été rapportée. tiligo ou de lupus érythémateux ⁶⁷, et aggravation d’une vas-
Manifestations dont l’association à l’infection par le li- culite systémique liée à une CM par l’interféron pégylé ³³.
chen paraît fortuite Ce sous-chapitre concerne toute Ces effets secondaires peuvent entraîner l’arrêt du traite-
une série de manifestations qui n’ont été décrites que sous ment, comme cela a été le cas pour la moitié des malades
forme de cas cliniques isolés et dont le caractère anecdo- de la série de Dereure ⁶², mais sont en général résolutifs en
tique n’est pas discuté. Nous ne ferons donc que les citer et quelques mois à l’arrêt du traitement.
n’en référencerons que quelques-unes. Pour les autres, nous
renvoyons les lecteurs aux revues générales ²,³,²⁶,²⁷ : urti-
caire chronique ⁵⁵, syndrome des doigts rouges ⁵⁶, malako- Insuffisance hépatique et cirrhoses
plakie, érythème polymorphe, érythème noueux, maladie
de Behçet, pyoderma gangrenosum, syndrome de Sweet ⁵⁷, Les manifestations cutanées pouvant être observées en
érythème nécrolytique acral (syndrome du pseudoglucago- cas d’insuffisance hépatique, quelle que soit son étiologie,
nome), maladie de Still, panniculite lobulaire... sont bien connues et particulièrement fréquentes dans la
cirrhose éthylique ⁶⁸ :
− les angiomes stellaires et les télangiectasies sont fré-
quents et prédominent sur le visage et la partie supé-
rieure du tronc (fig. 80.7) ;
− l’érythème palmaire (fig. 80.8) ;
− les modifications d’origine endocrinienne liées à une
hyperœstrogénie relative avec atrophie testiculaire : la
peau est fine et dépilée et une gynécomastie peut appa-
raître ;
− la circulation veineuse collatérale abdominale due à l’hy-
pertension portale (fig. 80.9) ;
− le prurit et l’ictère en rapport avec la présence de sels
biliaires dans la peau du fait de la cholestase intra- ou ex-
trahépatique. Le prurit, noté dans 40 à 50 % des cas est
d’intensité variable selon les étiologies (cf. infra). Il n’est
pas corrélé aux taux plasmatiques des sels biliaires ;
Coll. D. Bessis
CM cryoglobulinémies mixtes · HVC hépatites virales C · IFN interféron · VHC virus de l’hépatite C
Insuffisance hépatique et cirrhoses 80-7
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 80.8 Érythème palmaire prédominant sur les éminences thénar et Fig. 80.10 Leuconychie totale (ongles blancs de Terry) au cours d’une
hypothénar au cours d’une cirrhose éthylique cirrhose éthylique
80-8 Foie et voies biliaires
Maladie de Wilson
La maladie de Wilson ou dégénérescence hépatolenticulaire
est une maladie génétique autosomique récessive provo-
Fig. 80.13 Lipomatose de Launois-Bensaude au cours d’une intoxication quée par une accumulation de cuivre dans l’organisme résul-
alcoolique chronique : volumineuses masses adipeuses de la région tant d’une anomalie des protéines transporteuses, ATP7A
cervicale postérieure et de la partie supérieure du tronc et ATP7B. Les mutations des gènes codant ces deux AT-
Pases de type P ont été identifiées ⁷⁹.
Hémochromatose héréditaire S’il était classiquement admis qu’il fallait évoquer la mala-
Il s’agit d’une maladie autosomique récessive dont la préva- die de Wilson chez des sujets de moins de 30 ans, on sait
lence en France est de 1/300 ce qui en fait la plus fréquente désormais qu’elle peut se révéler tardivement, chez des su-
des maladies génétiques. Elle résulte d’une hyperabsorp- jets de plus de 60 ans. Les principaux signes cliniques sont
tion du fer alimentaire qui entraîne une surcharge ferrique neurologiques et hépatiques ⁸⁰. Les signes d’insuffisance
des organes : foie, pancréas, cœur, glandes endocrines, ar- hépatocellulaire peuvent être révélateurs ⁸¹. Les troubles
ticulations et peau ⁷³. La découverte en 1996 du gène HFE de la pigmentation peuvent être marqués mais sont tardifs
(H pour hémochromatose et FE pour fer), situé sur le bras et ne s’observent plus guère : hyperpigmentation brunâtre
court du chromosome 6 et de sa mutation C282Y trou- prédominant à la face antérieure des jambes liée à un dé-
vée à l’état homozygote chez 80 à 96 % des malades nord- pôt de mélanine le long de la jonction dermo-épidermique,
européens ⁷⁴, a transformé la prise en charge diagnostique coloration bleutée des lunules par dépôt de cuivre dans les
de l’hémochromatose héréditaire qui reposait initialement ongles. L’anneau vert péricornéen de Kayser-Fleischer, pa-
sur des critères phénotypiques clinico-bio-histologiques thognomonique mais inconstant (80 % des cas), est révélé
parfois pris en défaut. À côté de la forme HFE 1 corres- par l’examen à lampe à fente. Les marqueurs biologiques
pondant à la mutation C282Y, cinq autres entités ont été sont la baisse de céruloplasminémie < 0,2 g/l et l’augmen-
individualisées ⁷⁵ et l’on parle désormais des « hémochro- tation de la cuprurie, présentes respectivement dans 80 %
matoses génétiques ». et 85 %. Il faut noter que dans 10 % des cas manquent l’an-
L’affection s’exprime généralement entre 30 et 40 ans chez neau de Kayser-Fleischer et ces deux stigmates biologiques.
l’homme et plus tardivement chez la femme, relativement La D-pénicillinamine, chélateur du cuivre et traitement his-
protégée par la déplétion ferrique due aux règles et aux torique de la maladie de Wilson, est progressivement rem-
grossesses. La maladie évoluée qui était décrite comme une placée par le zinc, la trientine et le tétrathiomolybdate ⁷⁷.
1 Cacoub P, Renou C, Rosenthal E et al. Extra- d’une hépatite aiguë virale B. Trois observations. following hepatitis B immunization. J Dermatol
hepatic manifestations associated with hepati- Ann Med Interne 2003 ; 154:205-208. 2002 ; 29:781-785.
tis C virus infection : a prospective multicenter 11 Tang MBY, Liew KVS, Ng PPL et al. Cuta- 21 Andiran N, Sentürk GB, Bükülmez G. Com-
study of 321 patients. Medicine 2000 ; 79:47-56. neous polyarteritis nodosa associated with pre- bined vaccination by measles and hepatitis B
2 Jackson JM. Hepatitis C and the skin. Der- core mutant hepatitis B infection. Br J Dermatol vaccines : a new cause of Gianotti-Crosti syn-
matol Clin 2002 ; 20:449-458. 2003 ; 149:885-886. drome. Dermatology 2002 ; 204:75-76.
3 Jones AM, Warken K, Tyring SK. The cuta- 12 Daoud MS, Hutton KP, Gibson LE. Cuta- 22 Limas C, Limas CJ. Lichen planus in chil-
neous manifestations of viral hepatitis. Derma- neous periarteritis nodosa : a clinicopathologi- dren : a possible complication of hepatitis B vac-
tol Clin 2002 ; 20:233-247. cal study of 79 cases. Br J Dermatol 1997 ; 136: cines. Pediatr Dermatol 2002 ; 19:204-209.
4 Cribier B, Noacco G. Urticaire chronique et 706-713. 23 Flageul B, Hassan F, Pinquier L et al. Lichen
infections. Ann Dermatol Venereol 2003 ; 130: 13 Duclos P. Safety of immunization and ad- pemphigoïde associé à une hépatite B évolutive
1S43-52. verse events following vaccination against hep- chez un enfant. Ann Dermatol Venereol 1999 ;
5 Mehregan DR, Hall MJ, Gibson LE. Urticar- atitis B. J Hepatol 2003 ; 39:S83-88. 126:604-607.
ial vasculitis : a histopathologic and clinical re- 14 Grotto I, Mandel Y, Ephros M et al. Major 24 Bessis D, Hellier I, Dereure O, Guilhou JJ.
view of 72 cases. J Am Acad Dermatol 1992 ; 26: adverse reactions to yeast-derived hepatitis B Porphyrie cutanée tardive. Ann Dermatol Vene-
441-448. vaccines-a review. Vaccine 1998 ; 16:329-334. reol 2001 ; 128:1068-1074.
6 Gambichler T, Paech V, Rotterdam S et al. 15 Bohlke K, Davis RL, Marcy SM et al. Risk 25 Ferri C, Sebastiani M, Giuggioli D et al.
Hepatitis B-associated adult-onset Still’s dis- of anaphylaxis after vaccination of children and Mixed cryoglobulinemia : demographic, clini-
ease presenting with neutrophilic urticaria. Eur adolescents. Pediatrics 2003 ; 112:815-820. cal, and serologic features and survival in 231
J Med Res 2003 ; 8:527-530. 16 Grézard P, Chefaï M, Philippot V et al. Lu- patients. Semin Arthritis Rheum 2004 ; 33:355-
7 Caputo R, Gelmetti C, Ermacora E et al. pus érythémateux cutané et aphtose buccale 374.
Gianotti-Crosti syndrome : a retrospective anal- après vaccination contre l’hépatite B chez un en- 26 El-Serag HB, Hampel H, Yeh C, Rabeneck
ysis of 308 cases. J Am Acad Dermatol 1992 ; 26: fant âgé de 6 ans. Ann Dermatol Venereol 1996 ; L. Extrahepatic manifestations of hepatitis C
207-210. 123:657-659. among United States maleveterans. Hepatology
8 Guillevin L, Lhote F, Cohen P et al. Polyarteri- 17 Bourgeais AM, Dore MX, Croue A et al. Pé- 2002 ; 36:1439-1445.
tis nodosa related to hepatitis B virus. A prospec- riartérite noueuse cutanée après une vaccina- 27 Bonkovsky HL, Mehta S. Hepatitis C : a re-
tive study with long-term observation of 41 pa- tion contre l’hépatite B. Ann Dermatol Venereol view and update. J Am Acad Dermatol 2001 ; 44:
tients. Medicine (Baltimore) 1995 ; 74:238-253. 2003 ; 130:205-207. 159-179.
9 Trepo C, Guillevin L. Polyarteritis nodosa 18 Schmutz JL, Posth M, Granel F et al. Sclé- 28 Cacoub P. Traitement des manifestations
and extrahepatic manifestations of HBV infec- rodermie localisée après vaccination contre l’hé- extrahépatiques associées au virus de l’hépatite
tion : the case against auto-immune interven- patite B. Presse Med 2000 ; 29:1046. C. Gastroenterol Clin Biol 2002 ; 26:B210-219.
tion in pathogenesis. J Autoimmun 2001 ; 16: 19 Poulton JK, Kauffman CL, Lutz LL, Sina B. 29 Cacoub P, Poynard T, Ghillani P et al. Extra-
269-274. Solitary mastocytoma arising at a hepatitis B hepatic manifestations in patients with chronic
10 Andreu M, Gordien E, Lhote F et al. La vaccination site. Cutis 1999 ; 63:37-40. hepatitis C. Arthritis Rheum 1999 ; 42:2204-
périartérite noueuse, complication immédiate 20 Erbagci Z. Childhood bullous pemphigoid 2012.
Références 80-11
30 Crowson AN, Nuovo G, Ferri C, Magro CM. 44 Viguier M, Rivet J, Agbalika F et al. B-cell Am J Gastroenterol 1999 ; 94:1686-1688.
The dermatopathologic manifestations of hep- lymphomas involving the skin associated with 60 Wendling J, Descamps V, Grossin M et al.
atitis C infection : a clinical, histological and hepatitis C virus infection. Int J Dermatol 2002 ; Sarcoidosis during combined interferon alfa
molecular assessment of 35 cases. Hum Pathol 41:577-582. and ribavirin therapy in 2 patients with chronic
2003 ; 34:573-579. 45 Cacoub P, Maisonobe T, Thibault V et al. Sys- hepatitis C. Arch Dermatol 2002 ; 138:546-547.
31 Ferri C, Giuggioli D, Cazzato M et al. HCV- temic vasculitis in patients with hepatitis C. J 61 Cogrel O, Doutre MS, Marlière V et al. Cuta-
related cryoglobulinemic vasculitis : an update Rheumatol 2001 ; 28:109-118. neous sarcoidosis during interferon alfa and rib-
on its etiopathogenesis and therapeutic strate- 46 Soufir N, Descamps V, Crickx B et al. Hepati- avirin treatment of hepatitis C virus infection :
gies. Clin Exp Rheumatol 2003 ; 21:S78-84. tis C virus infection in cutaneous polyarteritis two cases. Br J Dermatol 2002 ; 146:320-324.
32 Boyer O, Saadoun D, Abriol J et al. CD4+ nodosa : a retrospective study of 16 cases. Arch 62 Dereure O, Raison-Peyron N, Larrey D et
CD25+ regulatory T-cell deficiency in patients Dermatol 1999 ; 135:1001-1002. al. Diffuse inflammatory lesions in patients
with hepatitis C-mixed cryoglobulinemia vas- 47 Kelkar PS, Butterfield JH, Kalaaji AN. Ur- treated with interferon alfa and ribavirin for
culitis. Blood 2004 ; 103:3428-3430. ticarial vasculitis with asymptomatic chronic hepatitis C : a series of 20 patients. Br J Derma-
33 Batisse D, Karmochkine M, Jacquot C et al. hepatitis C infection : response to doxepin, tol 2002 ; 147:1142-1146.
Sustained exacerbation of cryoglobulinaemia- interferon-alfa, and ribavirin. J Clin Gastroen- 63 Moore MM, Elpern DJ, Carter DJ. Severe,
related vasculitis following treatment of hepati- terol 2002 ; 35:281-282. generalized nummular eczema secondary to in-
tis C with peginterferon alfa. Eur J Gastroenterol 48 Chia SC, Bergasa NV, Kleiner DE et al. Pru- terferon alfa-2b plus ribavirin combination ther-
Hepatol 2004 ; 16:701-703. ritus as a presenting symptom of chronic hep- apy in a patient with chronic hepatitis C virus
34 Chandesris MO, Gayet S, Schleinitz N et atitis C. Dig Dis Sci 1998 ; 43:2177-2183. infection. Arch Dermatol 2004 ; 140:215-217.
al. Infliximab in the treatment of refractory 49 Dega H, Francès C, Dupin N et al. Prurit 64 Willems M, Munte K, Vrolijk JM et al. Hy-
vasculitis secondary to hepatitis C-associated et virus de l’hépatite C. Ann Dermatol Venereol perpigmentation during interferon-alpha ther-
mixed cryoglobulinaemia. Rheumatology 2004 ; 1998 ; 125:9-12. apy for chronic hepatitis C virus infection. Br J
43:532-533. 50 Doria C, Mandala L, Smith J et al. Effect Dermatol 2003 ; 149:390-394.
35 Lamprecht P, Lerin-Lozano C, Merz H et of molecular adsorbent recirculating system in 65 Misery L. Diffuse hypertrichosis in the
al. Rituximab induces remission in refractory hepatitis C virus-related intractable pruritus. Li- course of hepatitis C treatment by IFN-alpha
HCV associated cryoglobulinaemia vasculitis. ver Transpl 2003 ; 9:437-443. and ribavirin. J Interferon Cytokine Res 2002 ;
Ann Rheum Dis 2003 ; 62:1230-1233. 51 Yosipovitch G, Fleischer A. Itch associated 22:881-882.
36 Güngör E, Cirit A, Alli N et al. Prevalence of with skin disease : advances in pathophysiol- 66 Bessis D, Luong MS, Blanc P et al. Straight
hepatitis C virus antibodies and cryoglobuline- ogy and emerging therapies. Am J Clin Dermatol hair associated with interferon-alfa plus rib-
mia in patients with leukocytoclastic vasculitis. 2003 ; 4:617-622. avirin in hepatitis C infection. Br J Dermatol
Dermatology 1999 ; 198:26-28. 52 Garg VK, Karki BM, Agrawal S et al. A study 2002 ; 147:392-393.
37 Cruz-Rojo J, Fontanellas A, Moran-Jimenez from Nepal showing no correlation between 67 Pouthier D, Theissen F, Humbel RL. Lupus
MJ et al. Precipitating/aggravating factors of lichen planus and hepatitis C viruses. J Derma- syndrome, hypothyroidism and bullous skin le-
porphyria cutanea tarda in Spanish patients. tol 2002 ; 29:411-413. sions after interferon alfa therapy for hepatitis
Cell Mol Biol 2002 ; 48:845-852. 53 Daramola OOM, George AO, Ogunbiyi AO. C in a haemodialysis patient. Nephrol Dial Trans-
38 Sarkany RP. The management of porphyria Hepatitis C virus and lichen planus in Nigeri- plant 2002 ; 17:174.
cutanea tarda. Clin Exp Dermatol 2001 ; 26:225- ans : any relationship ? Int J Dermatol 2002 ; 41: 68 Smith KE, Fenske NA. Cutaneous manifes-
232. 217-219. tations of alcohol abuse. J Am Acad Dermatol
39 Jessner W, Der-Petrossian M, Christiansen 54 Gimenez-Garcia R, Pérez-Castrillon JL. 2000 ; 43:1-16.
L et al. Porphyria cutanea tarda during inter- Lichen planus and hepatitis C virus infection. J 69 Safa G, Piéto-Le Corvaisier CH, Cadiou C
feron/ribavirin therapy for chronic hepatitis C. Eur Acad Dermatol Venereol 2003 ; 17:291-295. et al. Scorbut en l’an 2000 : 3 cas. Ann Dermatol
Hepatology 2002 ; 36:1301-1302. 55 Tousi P, Rahmati M, Khorshid M. Urticaria Venereol 2001 ; 128:1225-1228.
40 Fernandez I, Castellano G, de Salamanca and hepatitis C infection : is there a relation- 70 Delaporte E, Catteau B, Piette F. Necrolytic
RE et al. Porphyria cutanea tarda as a predic- ship ? Int J Dermatol 2002 ; 41:712-713. migratory erythema-like eruption in zinc defi-
tor of poor response to interferon alfa therapy 56 Brouard M, Borradori L. Red fingers syn- ciency associated with alcoholic liver disease. Br
chronic hepatitis C. Scand J Gastroenterol 2003 ; drome associated with hepatitis C virus. J Eur J Dermatol 1997 ; 137:1011-1012.
38:314-319. Acad Dermatol Venereol 2002 ; 16:187-188. 71 Meyer N, Roman P. Psoriasis et alcool. Ann
41 Carrozzo M, Gandolfo S. Oral diseases pos- 57 Baz K, Yazici AC, Kaya TI et al. Neutrophilic Dermatol Venereol 2003 ; 130:409-412.
sibly associated with hepatitis C virus. Crit Rev dermatosis of the hands (localized Sweet’s syn- 72 Naldi L, Peli L, Parazzini F. Association of
Oral Biol Med 2003 ; 14:115-127. drome) in association with chronic hepatitis early-stage psoriasis with smoking and male al-
42 Nagao Y, Hanada S, Shishido S et al. Inci- C and sarcoidosis. Clin Exp Dermatol 2003 ; 28: cohol consumption. Evidence from an italian
dence of Sjögren’s syndrome in Japanese pa- 377-779. case-control study. Arch Dermatol 1999 ; 135:
tients with hepatitis C virus infection. J Gas- 58 Okai T, Shirasaki F, Sawabu N. Erythema- 1479-1484.
troenterol Hepatol 2003 ; 18:258-266. tous maculopapular eruption due to ribavirin 73 Bismuth M, Aguilar-Martinez P, Michel
43 Hausfater P, Cacoub P, Sterkers Y et al. Hep- administration in a patient with chronic hepati- H. L’hémochromatose héréditaire. Presse Med
atitis C virus infection and lymphoproliferative tis C. J Clin Gastroenterol 2003 ; 36:283-284. 2003 ; 32:1716-1723.
diseases ; prospective study on 1,576 patients 59 Stryjek-Kaminska D, Ochsendorf F, Roder 74 Scotet V, Merour MC, Mercier AY et al.
in France. Am J Hematol 2001 ; 67:168-71. C et al. Photoallergie skin reaction to ribavirin. Hereditary hemochromatosis : effect of exces-
80-12 Foie et voies biliaires
sive alcohol consumption on disease expression evidence of iron overload in a patient with pri- mary biliary cirrhosis. Clin Gastroenterol Hepa-
in patients homozygous for the C282Y muta- mary hemochromatosis. Review. J Gastrointest tol 2003 ; 1:297-302.
tion. Am J Epidemiol 2003 ; 158:129-134. Cancer 2010 ; à paraître. 84 Reed JR, De Luca N, McIntyre AS, Wilkin-
75 Le Gall JY. Faut-il dépister systématique- 79 Hsi G, Cox DW. A comparison of the mu- son JD. Localized morphoea, xanthomatosis
ment l’hémochromatose génétique ? Presse Med tation spectra of Menkes disease and Wilson and primary biliary cirrhosis. Br J Dermatol
2003 ; 32:1588-1590. disease. Human Genet 2004 ; 114:165-172. 2000 ; 143:652-653.
76 Skowron F, Bérard F, Grézard P et al. Rôle 80 Gitlin JD. Wilson disease. Gastroenterology 85 Stroehmann A, Dorner T, Lukowsky A et al.
du gène de l’hémochromatose (HFE) dans la por- 2003 ; 125:1868-1877. Cutaneous T cell lymphoma in a patient with pri-
phyrie cutanée tardive. Ann Dermatol Venereol 81 Diris N, Derancourt C, Levy S et al. Maladie mary biliary cirrhosis and secondary Sjogren’s
2001 ; 128:600-604. de Wilson révélée par des signes cutanées. Nouv syndrome. J Rheumatol 2002 ; 29:1326-1329.
77 Murray KF, Lam D, Kowdley KV. Current Dermatol 2002 ; 21:15-17. 86 Szigeti N, Fabian G, Czirjak L. Fatal scle-
and future therapy in haemochromatosis and 82 Bergasa NV. Pruritus and fatigue in pri- roderma renal crisis caused by gastrointesti-
Wilson’s disease. Expert Opin Pharmacother mary biliary cirrhosis. Clin Liver Dis 2003 ; 7: nal bleeding in a patient with scleroderma, Sjo-
2003 ; 4:2239-2251. 879-900. gren’s syndrome and primary biliary cirrhosis
78 Singh P, Kaur H, Lerner RG et al. Hepatocel- 83 Talwalkar JA, Souto E, Jorgensen RA, Lin- overlap. J Eur Acad Dermatol Venereol, 2002 ; 16:
lular carcinoma in non-cirrhotic liver without dor KD. Natural history of pruritus in pri- 276-279.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Delaporte E, Piette F. Foie et voies biliaires. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations
dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 80.1-80.12.
81
Pancréas
Emmanuel Delaporte, Frédéric Piette
hyperleucocytose avec polynucléose neutrophile et de fa- niculite au cours de laquelle c’est un cancer hépatique pri-
çon inconstante une éosinophilie. Celle-ci est considérée mitif qui a été diagnostiqué ⁶. L’hypothèse d’un processus
comme très évocatrice. Dans 90 % des cas, les taux sanguins inflammatoire réactionnel et/ou d’une compression pan-
de lipase et/ou d’amylase sont élevés (de manière souvent créatique ayant entraîné une libération massive d’enzymes
dissociée) et leur excrétion urinaire (lipasurie et amylasu- a été avancée.
rie) est augmentée. Le dosage de l’alpha-1-antitrypsine est Diagnostic différentiel Le principal diagnostic différen-
normal. tiel de la panniculite pancréatique est la panniculite par
Faite au bistouri, la biopsie large et profonde d’une lésion déficit en alpha-1-antitrypsine ⁷. C’est l’un des déficits hé-
nodulaire récente montre des foyers de nécrose des cellules réditaires les plus fréquents. La symptomatologie clinique
graisseuses dont il persiste des fragments de membrane est variable selon les phénotypes homozygotes et hétéro-
épaissie avec parfois des microcalcifications précoces. C’est zygotes qui ont été décrits dans cette affection. Dans les
l’image caractéristique des cellules « fantômes ». En bordure formes sévères de phénotype homozygote Pi (protease inhi-
des foyers de nécrose graisseuse, l’infiltrat inflammatoire bitor) ZZ ⁸, ce sont les atteintes pulmonaires, avec un em-
neutrophilique initial devient secondairement granuloma- physème panlobulaire débutant précocement et aggravé
teux avec lipophagie et évolution finale vers la fibrose. par le tabac, et hépatiques avec hépatopathie chronique
Étiologies et pronostic L’atteinte pancréatique associée évoluant vers la cirrhose, qui dominent le tableau. C’est
est variable. Dans près de deux tiers des cas, il s’agit d’une également dans ces formes que s’observent la plupart des
pancréatite aiguë ou chronique dont les étiologies sont mul- panniculites dont l’intérêt est qu’elles peuvent être révéla-
tiples : lithiase biliaire, traumatisme abdominal, ischémie, trices du déficit ⁹.
médicaments ³, pancréas divisum, tumeur intracanalaire Les lésions siègent préférentiellement sur le tronc et les
papillaire et mucineuse ⁴, primo-infection par le VIH avec parties proximales des membres. L’association à une fièvre
syndrome hémophagocytaire mais surtout éthylisme chro- et à des douleurs articulaires n’est pas rare et les nodules
nique noté chez plus de 60 % des malades. Au cours de inflammatoires évoluent classiquement vers l’ulcération.
ces pancréatites qui peuvent évoluer sans douleurs abdo- L’image histologique est celle d’une panniculite lobulaire
minales et se compliquer de pseudokystes et/ou de fistules aiguë avec infiltration massive de neutrophiles, évoluant
(habituellement pancréatico-portales ⁵ et plus rarement vers la nécrose.
pancréatico-pleurales), les nodules de cytostéatonécrose Le diagnostic repose sur le dosage du taux sérique d’alpha-1-
sont en règle peu nombreux, généralement moins d’une antitrypsine qui peut toutefois être normal dans les déficits
dizaine ². L’existence d’une panniculite au cours d’une pan- qualitatifs qui requièrent alors l’identification de la muta-
créatite est considérée comme un facteur de mauvais pro- tion du gène SERPINA1 codant par l’alpha-1-antitrypsine.
nostic et la mortalité survient dans plus de 40 % des cas. La disulone constitue le traitement de première intention
Lorsqu’un traitement chirurgical étiologique est possible, à la dose de 100 mg/jour pendant 1 à 3 mois. Les cyclines
une guérison cutanée est souvent constatée. Sur le plan à raison de 200 mg/jour peuvent également être efficaces.
symptomatique, on peut proposer des AINS. Néanmoins, les formes sévères peuvent justifier la prescrip-
Dans 30 % des cas de panniculite, l’affection pancréatique tion d’alpha-1-antitrypsine purifié d’origine humaine ⁹ ou
associée est un cancer. De façon beaucoup plus rare, la pa- recombinante.
thologie pancréatique associée peut être un pseudokyste
post-traumatique. Enfin, dans certains cas, aucune patho- Hémorragies sous-cutanées
logie pancréatique n’est découverte. Cette situation est ce- Elles s’observent dans 1 à 3 % des pancréatites aiguës et
pendant exceptionnelle tout comme celle rapportée de pan- sont la traduction de la diffusion selon des trajets anato-
Coll. clinique de Dermatologie, CHRU Lille
Fig. 81.2 Signe de Grey Turner : placard ecchymotique du flanc au cours Fig. 81.3 Signe de Cullen : placard ecchymotique péri- et sous-ombilical
d’une pancréatite aiguë au cours d’une pancréatite aiguë
miques de l’hémorragie par nécrose du pancréas ¹⁰. La dif- ratum repens, signe de Leser-Trélat. Pour chacune de ces
fusion à partir de l’espace rétropéritonéal vers les muscles dermatoses, même s’il y a des associations préférentielles,
de la paroi abdominale latérale se manifeste par une ec- les néoplasies sous-jacentes sont très diversifiées et la pro-
chymose des flancs appelée signe de Grey Turner (fig. 81.2). babilité qu’il puisse s’agir d’une tumeur pancréatique est
L’ecchymose peut être également péri-ombilicale (signe de extrêmement faible. À l’inverse, deux autres syndromes pa-
Cullen) lorsque la diffusion s’est faite le long du ligament ranéoplasiques imposent la recherche d’une néoplasie du
rond vers l’ombilic (fig. 81.3). Ces deux signes sont parfois as- pancréas : les thrombophlébites superficielles migratrices
sociés chez un même malade. Ils sont exceptionnellement et le syndrome « fasciite palmaire-polyarthralgies ». Il faut
inauguraux et apparaissent après 2 à 3 jours d’évolution de signaler également la nécessité de chercher ce type de néo-
la pancréatite. Ils sont considérés comme un marqueur de plasme profond dans certaines familles atteintes de syn-
gravité avec une mortalité de l’ordre de 40 %. drome du nævus atypique et présentant une mutation du
Il est à signaler que le signe de Cullen n’est pas spécifique. gène CDKN2A ¹⁴.
Il a été décrit initialement au cours d’une rupture de gros- Thrombophlébites superficielles migratrices De phy-
sesse extra-utérine. Depuis, on l’a rapporté dans de nom- siopathologie multifactorielle (l’une des hypothèses avan-
breuses circonstances : carcinome hépatique, abcès hépa- cées est celle d’une relation possible entre l’état d’hyper-
tique, après biopsie hépatique, rupture d’anévrisme aor- coagulabilité et l’hypoxie tumorale ¹⁵), elles intéressent
tique, perforation d’ulcère duodénal... un court segment de veine superficielle, le plus souvent
des membres inférieurs, sans pathologie variqueuse asso-
Livedo réticulaire ciée. La localisation au dos du pied est caractéristique. Les
L’existence d’un livedo réticulaire asymptomatique latéro- membres supérieurs peuvent être intéressés ainsi que plus
thoracique et/ou de l’abdomen et des cuisses associé à une exceptionnellement la nuque et les parois thoracique et ab-
pancréatite aiguë est un fait exceptionnellement rapporté. dominale. L’atteinte unique ou d’emblée multiple est à type
Désigné sous le terme de « signe de Walzel », ce livedo qui est de nodules cutanés inflammatoires cylindriques centrés
parfois unilatéral a été également remarqué dans les 24 à sur la veine ou de cordon induré douloureux de quelques
48 heures précédant des poussées de pancréatite chronique centimètres de longueur. La régression spontanée s’effec-
éthylique ¹¹. tue en 2 à 3 semaines. Très rarement associée à une phlébite
profonde, l’affection qui est accompagnée de pics fébriles
Carcinomes pancréatiques évolue par poussées et peut être révélatrice ou le prélude
d’un trouble de l’hémostase, d’une maladie de système (ma-
Panniculite pancréatique ladie de Behçet ou de Buerger) ou surtout d’une néopla-
Les carcinomes pancréatiques peuvent se compliquer d’une sie ¹⁶. Ces thrombophlébites superficielles migratrices et
panniculite. La tumeur est un adénocarcinome canalaire ou paranéoplasiques, désignées sous le terme de syndrome de
beaucoup plus souvent un carcinome à cellules acineuses. Trousseau, sont avant tout en relation avec un carcinome
Bien que ce dernier type tumoral ne représente que 10 % pancréatique (30 % des cas), gastrique ou pulmonaire, plus
de l’ensemble des carcinomes pancréatiques, il est en effet rarement colique ou génital et peuvent précéder l’appari-
en cause dans plus de 80 % des cas de panniculite asso- tion de la tumeur de plusieurs mois ou années. Cela jus-
ciée au cancer. Celle-ci peut être révélatrice et son expres- tifie le suivi régulier des thrombophlébites superficielles
sion est souvent diffuse, extensive, volontiers à évolution dites idiopathiques en particulier chez les sujets de plus de
fistulisante. Les manifestations articulaires et à un degré 40 ans.
moindre osseuses y sont fréquentes. Sur le plan biologique, Syndrome « fasciite palmaire-polyarthralgies » Il touche
on relève habituellement une forte élévation de la lipasé- de façon symétrique les paumes et les doigts où après
mie alors que les taux d’amylase sont normaux. La tumeur une phase érythémato-œdémateuse douloureuse s’installe
parfois difficilement repérable à l’examen tomodensitomé- une rétraction de l’aponévrose palmaire conduisant à une
trique du fait de sa petite taille est déjà souvent métasta- flexion irréductible des doigts en griffe (fig. 81.4). Une fas-
sée au moment de l’apparition des signes cutanés ¹². De ce ciite plantaire est également possible. Une cyanose, une hy-
fait, le pronostic est constamment péjoratif avec une sur- persudation peuvent être notées mais il n’y a jamais de phé-
vie moyenne de six mois. Outre les adénocarcinomes et les nomène de Raynaud. Sur le plan histologique, il existe une
carcinomes à cellules acineuses, il existe dans la littérature prolifération fibroblastique du derme et du fascia associée
quelques observations de panniculite associée à un carci- à un infiltrat inflammatoire périvasculaire modéré ¹⁷. Les
nome neuro-endocrine pancréatique non fonctionnel ¹³ ou arthrites atteignent surtout les métacarpophalangiennes
de type insulinome, dans tous les cas au stade métastatique et les genoux et une capsulite rétractile de l’épaule bilaté-
lors du diagnostic. rale est souvent inaugurale. Dans près de 50 % des cas, ce
syndrome révèle un carcinome ovarien généralement au
Syndromes paranéoplasiques stade métastatique. Parmi les autres néoplasies possibles,
Dermatoses paranéoplasiques exceptionnellement asso- les carcinomes pancréatiques et pulmonaires paraissent les
ciées Les carcinomes pancréatiques peuvent être respon- plus fréquents et doivent être cherchés en priorité. Notons
sables de dermatoses paranéoplasiques variées : acanthosis enfin qu’un autre type d’atteinte des mains a été rapporté
nigricans, hypertrichose lanugineuse acquise, erythema gy- en association à un carcinome pancréatique. Il s’agit d’un
81-4 Pancréas
confère à la dermatose un aspect polymorphe. Elle est éga- Fig. 81.7 Érythème nécrolytique migrateur au cours du glucagonome :
lement remarquable par sa topographie qui intéresse les plaques érythémateuses érosives et croûteuses du visage et glossite
régions péri-orificielles (visage, périnée), les plis où les lé-
sions sont parfois très érosives et douloureuses ²⁴, la partie meur extrêmement rare (incidence estimée à 1 cas pour
basse de l’abdomen, les fesses, les cuisses, les extrémités 20 millions par an) qui touche des sujets dont l’âge moyen
des membres. Le prurit est très fréquent et souvent intense, se situe entre 50 et 60 ans mais des cas ont été décrits dès
mais il peut être remplacé par une sensation de cuisson au la vingtième année ²⁷. L’atteinte préférentielle des femmes
niveau des zones évolutives. (60 % des malades) notée dans les séries anciennes paraît
Dans certains cas, l’éruption peut prendre un aspect d’ec- en réalité très inconstante ²⁸.
zéma craquelé ²⁵ ou de dermite psoriasiforme étendue ²⁶. La Signe majeur, l’ENM est présent chez la quasi-totalité des
présence d’une kératodermie palmoplantaire a également malades à un moment de l’évolution et inaugural dans près
été rapportée. Des manifestations muqueuses sont en gé- de 70 % des cas ²⁸. L’atteinte cutanée est parfois le seul
néral associées à l’atteinte cutanée ²⁵ : stomatite, glossite signe d’appel et lorsque sa présentation est atypique, pso-
atrophique douloureuse (fig. 81.7), chéilite angulaire, anite, riasiforme par exemple, le diagnostic de glucagonome peut
balanite ou vulvite. Des altérations unguéales non spéci- n’être évoqué qu’après plusieurs années ²⁴,²⁵,²⁸,²⁹.
fiques à type de fragilité, de striations longitudinales ou L’altération de l’état général est très fréquente avec amai-
d’hyperpigmentation, une finesse des cheveux voire une grissement chez 70 % des malades lors du diagnostic, le
alopécie sont parfois également notées. plus souvent sans anorexie. D’autres manifestations sont
L’examen histologique est hautement évocateur pourvu inconstamment associées : diarrhée dans 15 à 30 % des
que la biopsie soit effectuée sur une lésion récente. Sous cas, douleurs abdominales plus rarement, troubles psychia-
une parakératose, on observe un processus de nécrose du triques (syndrome dépressif ou confusionnel) dans 20 %
tiers supérieur de l’épiderme avec dégénérescence vacuo- des cas, baisse de l’acuité visuelle et surtout thromboses
laire et pycnose alors que les assises épidermiques infé- veineuses profondes avec risque d’embolie pulmonaire. Ces
rieures sont respectées ou parfois le siège d’une discrète manifestations thrombo-emboliques sont notées d’emblée
spongiose. C’est la très classique image de « tranche napoli- chez 11 à 14 % des malades et jusqu’à 30 % d’entre eux au
taine ». Le décollement bulleux qui apparaît est donc très cours de l’évolution de leur tumeur. Elles sont par ailleurs
superficiel, sans acantholyse, et l’immunofluorescence di- une cause fréquente de décès ³⁰.
recte est négative. Les manifestations biologiques font partie des critères diag-
Syndrome du glucagonome Le glucagonome est une tu- nostiques. Le diabète (ou parfois l’hyperglycémie modérée
à jeun) est présent dans 90 % des cas et inaugural dans malignité n’est pas toujours aisé à établir, plusieurs carac-
près de 40 % des cas, pouvant précéder de plusieurs années téristiques histologiques des processus néoplasiques étant
l’ENM chez les patients développant ces deux manifesta- souvent manquantes. Aussi, pour certains, seule la mise
tions ²⁸. Il est classiquement considéré comme modéré mais en évidence de métastases est un critère de certitude. Il
la nécessité d’un recours à l’insuline a été soulignée dans plu- existe donc dans la littérature une certaine disparité avec
sieurs séries ²⁸. L’apparition d’un trouble glycorégulateur des pourcentages de malignité qui varient de 60 à presque
sur un terrain inhabituel, à savoir chez un patient amai- 100 et de métastases lors du diagnostic initial comprises
gri, âgé, sans antécédents familiaux, en association à des entre 52 et 90 ²⁷,³². Ces données statistiques plaident en
signes cutanés et/ou de la diarrhée doit attirer l’attention faveur de la malignité ou du potentiel malin de tous les glu-
et faire penser à la possibilité d’une tumeur pancréatique cagonomes et de leur risque métastatique majeur mais non
sous-jacente. L’absence de diabète après plusieurs années obligatoire. Si ces lésions secondaires apparaissent, elles
d’évolution d’un ENM est rarement rapportée et de physio- sont avant tout hépatiques et ganglionnaires, le plus sou-
pathologie toujours très discutée ²⁴. vent cœliaques. D’autres localisations sont également pos-
Il existe fréquemment une anémie modérée typiquement sibles : osseuses, surrénaliennes, rénales, pulmonaires.
normochrome normocytaire, proportionnelle à la sévérité La tumeur pancréatique dont la plupart des cellules sont
du syndrome, ainsi qu’un syndrome inflammatoire. L’hypo- marquées avec l’anticorps dirigé contre le glucagon peut
amino-acidémie est quasiment toujours présente. Une hy- parfois exprimer d’autres peptides. Dans ces tumeurs en-
poprotidémie avec hypoalbuminémie, une hypocholestéro- docrines mixtes ²⁴, les contingents cellulaires secrétant ces
lémie sont souvent notées. En revanche, la zincémie est autres peptides sont cependant le plus souvent silencieux
habituellement ²⁷ mais inconstamment normale ²⁴,²⁵,²⁹. sur le plan clinique et biologique. L’insuline est la sécré-
Le dosage du glucagon plasmatique permet d’établir le diag- tion la plus fréquemment associée à celle du glucagon puis
nostic. Son taux est généralement supérieur à 1 000 pg/ml ²⁸ vient ensuite la gastrine qui peut entraîner l’apparition
(valeurs normales comprises entre 50 et 150 pg/ml) et peut d’ulcères multiples et récidivants, habituellement du duo-
même dans certains cas dépasser les 50 000 pg/ml. La glu- dénum (syndrome de Zollinger-Ellison). Ce syndrome a
cagonémie peut être légèrement augmentée mais toujours été trouvé dans 10 % des cas de certaines séries de gluca-
inférieure à 500 pg/ml dans certaines situations : jeûne pro- gonomes ²⁷ et doit être recherché systématiquement. De
longé, pancréatite, cirrhose, insuffisance rénale, diabète façon plus exceptionnelle, la tumeur pancréatique peut ex-
décompensé, hyperglucagonémie familiale... ²⁷. À l’inverse, primer d’autres hormones ³⁰ comme l’ACTH, la somatosta-
dans d’authentiques syndromes du glucagonome, le taux tine, le VIP (vasoactive intestinal peptide)...
de glucagon peut être normal ou très légèrement élevé. Il Le glucagonome peut enfin s’intégrer dans une néoplasie
est alors nécessaire de renouveler le dosage car la glucago- endocrinienne multiple de type 1 (NEM1 ou syndrome
némie peut être variable d’un prélèvement à un autre. On de Wermer). Ce syndrome héréditaire a souvent une ex-
peut également demander un dosage des précurseurs mais pression cutanée avec présence d’angiofibromes, de colla-
il ne s’agit pas encore d’un examen de routine. Enfin, les génomes et plus rarement de macules dyschromiques ou
taux plasmatiques d’autres sécrétions hormonales peuvent de lipomes. Suite à la découverte d’un glucagonome, la re-
être augmentés ²⁸. cherche des différentes atteintes endocriniennes possibles
La tumeur pancréatique est le plus souvent unique, de de ce syndrome est cependant rarement nécessaire car si
grande taille (de 2 à plus de 5 cm au moment du diagnos- elles existent, elles sont en général diagnostiquées avant
tic) ²⁸,³¹ et localisée généralement dans la queue du pan- la tumeur pancréatique.
créas (47 à 75 % des cas) ²⁷,³². Pour la mettre en évidence, Le rôle du glucagon dans la physiopathologie des lésions cu-
on réalisera en première intention un examen tomodensi- tanées est toujours discuté mais l’hypothèse la plus commu-
tométrique sans et avec produit de contraste. Cet examen nément admise incrimine son effet catabolique protidique,
permet également d’apprécier un éventuel envahissement ce qui induit une hypoaminoacidémie. Celle-ci entraîne
des structures adjacentes : adénopathies, métastases hépa- une déplétion protidique épidermique responsable des né-
tiques (celles-ci peuvent être également visualisées par une croses cellulaires. Deux constatations cliniques plaident
simple échographie transpariétale). Si la tumeur n’est pas en faveur de ce mécanisme : d’une part l’amélioration de
localisée grâce à la tomodensitométrie, on demandera en l’état cutané chez certains malades après perfusion d’acides
seconde intention une écho-endoscopie. Celle-ci remplace aminés ³⁴, et d’autre part la remontée des taux d’amino-
maintenant l’artériographie cœliaque sélective qui est pra- acides après traitement du glucagonome. Le glucagon fa-
tiquement abandonnée. Une imagerie par résonance ma- vorise également l’augmentation de l’acide arachidonique
gnétique pourra également être pratiquée. À ces investiga- épidermique qui pourrait, par activation des médiateurs
tions sera associée une scintigraphie à l’octréotide marqué de l’inflammation, entraîner des signes cutanés. Il n’est
qui permet une exploration fonctionnelle en visualisant pas exclu par ailleurs qu’il ait une part de responsabilité
l’hyperfixation de la tumeur et de ses lésions secondaires dans l’apparition des thromboses veineuses. Celles-ci, clas-
éventuelles. Dans l’avenir, la tomographie d’émission de po- siquement en rapport avec une possible sécrétion tumo-
sitons aura probablement une place notable dans la prise rale de facteur X ³⁰, ont en effet été constatées chez des
en charge de ce type de pathologie ³³. patients ayant développé un ENM après traitement d’hypo-
Comme la plupart des tumeurs endocrines, le diagnostic de glycémies paranéoplasiques par perfusions de glucagon ³⁵.
ACTH adrenocorticotropic hormone · ENM érythème nécrolytique migrateur · NEM néoplasie endocrinienne multiple
Tumeurs pancréatiques endocrines 81-7
Il existe néanmoins des glucagonomes totalement asymp- fait, en raison de la lenteur de la croissance tumorale, plus
tomatiques, ce qui laisse penser que si le glucagon a une de la moitié des patients ont une espérance de vie qui dé-
responsabilité très probable, d’autres facteurs étiologiques passe les 5 ans et peut même atteindre 10 ans voire plus
doivent être incriminés comme les déficits en zinc et/ou malgré des interventions chirurgicales incomplètes. Des
en acides gras essentiels ²⁷. Ceux-ci sont considérés comme évolutions prolongées sont également possibles en cas de
des mécanismes majeurs de l’ENM sans tumeur pancréa- métastases hépatiques. Les décès sont avant tout dus aux
tique mais dans certains cas de glucagonome, la correction complications thrombo-emboliques et à un degré moindre
de ces éventuels déficits s’est révélée très efficace. aux infections et saignements digestifs ²⁷. Après traitement,
L’hyperglucagonémie est également responsable du dia- un suivi clinique régulier et prolongé est nécessaire, à la re-
bète. La sévérité du trouble glycorégulateur n’est cepen- cherche de récidives qui peuvent apparaître après plusieurs
dant pas corrélée à l’importance de la sécrétion hormonale années avec parfois une expression clinique très limitée et
tumorale. L’absence de diabète reste une particularité peu trompeuse ³⁶. Ce suivi comprendra également un contrôle
rapportée dans la littérature et de physiopathologie tou- annuel des taux plasmatiques des différentes hormones se-
jours obscure. L’hypothèse d’une production par la tumeur crétées par le pancréas endocrine (possibilité d’apparition
d’une forme immature de glucagon qui engendrerait un secondaire d’un syndrome de Zollinger-Ellison ou d’un VI-
hypercatabolisme sans induire d’hyperglycémie a été avan- Pome par exemple) ainsi qu’une recherche d’autres tumeurs
cée. Dans certains cas, la glycémie à jeun peut même être endocrines s’intégrant dans une NEM1 ²⁷.
basse et se révéler trompeuse. Cette situation paradoxale Syndrome du pseudoglucagonome Si l’ENM doit faire
doit conduire à la recherche d’une sécrétion insulinique ou rechercher un glucagonome, il n’est cependant pas pathog-
pro-insulinique associée à celle du glucagon ²⁴. nomonique et peut être constaté dans d’autres états patho-
L’exérèse chirurgicale complète de la tumeur pancréatique logiques, le plus souvent carentiels. Leur point commun
est l’unique traitement curatif. Plusieurs types d’interven- essentiel est un déficit en zinc ³⁷ auquel s’ajoute probable-
tion sont possibles : pancréatectomie gauche, splénopan- ment mais de façon plus marginale une carence en acides
créatectomie caudale, duodénopancréatectomie céphalique, gras essentiels ³⁸ (fig. 81.8).
pancréatectomie subtotale ou totale associée à une résec- Ces pseudoglucagonomes sont avant tout observés au
tion des métastases hépatiques si elle est techniquement cours des pancréatites chroniques, des syndromes de ma-
possible et/ou exploration peropératoire hépatique et des
chaînes ganglionnaires de voisinage avec curage si envahis-
sement.
L’amélioration cutanéomuqueuse est notée dès la quarante-
huitième heure après l’intervention. La résolution com-
plète de l’éruption est généralement obtenue en moins de
15 jours en même temps que se normalise la glucagonémie.
Le diabète en revanche disparaît de façon plus inconstante.
Dans les cas où la tumeur n’a pu être enlevée en totalité ou
s’il s’agit de lésions inopérables ou de récidives ou de méta-
stases, on propose une chimiothérapie par voie générale. La
streptozocine (Zanosar) est de moins en moins utilisée et le
traitement de première ligne à l’heure actuelle est la dacar-
bazine (Déticène) administrée toutes les quatre semaines
pour une durée pouvant atteindre parfois un ou deux ans.
Depuis de nombreuses années, on y associe de l’octréotide
(Sandostatine). Cet analogue de la somatostatine qui in-
hibe la synthèse de nombreuses hormones digestives ³¹ et
notamment du glucagon (mais qui n’inhibe cependant pas
la croissance tumorale) permet d’envisager des traitements
palliatifs de longue durée. L’octréotide peut être également
utilisé en préopératoire avec une efficacité rapide (dès le
deuxième jour) ²⁹ mais inconstante sur l’ENM. Les perfu-
sions d’acides aminés, la supplémentation orale en zinc
et en acides gras essentiels ³⁴, le régime hyperprotidique
représentent un traitement symptomatique d’appoint inté-
Coll. D. Bessis
labsorption (maladie cœliaque, maladie de Crohn) et sur- VIP). Dans ce syndrome, les possibilités de découvrir
tout des cirrhoses éthyliques ³⁷. Dans celles-ci, le déficit en la tumeur au niveau pancréatique sont cependant extrê-
zinc est bien connu ³⁹ et lié à la réduction des apports, la mement faibles (0,55 % dans l’analyse de plus de 8 000
majoration des pertes, la baisse de la sérumalbumine, le dé- cas de tumeur carcinoïde ⁴³) comparativement à la fré-
ficit de stockage hépatique ainsi qu’à la malabsorption. En quence des localisations gastro-intestinales (73,7 %) et
général cependant, cette carence est asymptomatique ou bronchopulmonaires (25,1 %). Lorsqu’elles sont sympto-
limitée à un eczéma craquelé et/ou une perlèche angulaire matiques, ces tumeurs carcinoïdes pancréatiques sont
et une glossite. Lorsque la carence devient sévère, le ta- au stade métastatique ou compressif et les signes d’ap-
bleau d’ENM s’installe rapidement et de façon diffuse avec pel sont avant tout des douleurs abdominales ou de la
atteinte des muqueuses buccales et anogénitales. La zincé- diarrhée. Les épisodes de flush sont inconstamment no-
mie plasmatique qui ne représente pourtant qu’1 % du pool tés ⁴⁴,⁴⁵.
zincique est effondrée alors que le zinc érythrocytaire peut
rester dans des valeurs normales (longue demi-vie des éry- Syndrome de Cushing
throcytes). La supplémentation zincique parentérale (zinc En rapport avec la sécrétion ectopique la plupart du
injectable Aguettant) se révèle spectaculairement efficace temps de pro-opiomélanocortine (précurseur de l’ACTH)
en quelques jours mais ne dispense pas d’une vérification et/ou beaucoup plus rarement de CRH (corticotrophin re-
de la normalité de la glucagonémie (rappelons cependant leasing hormone), le syndrome de Cushing paranéopla-
que dans ces causes principales de pseudoglucagonome, le sique survient le plus fréquemment au cours des carci-
glucagon peut être parfois légèrement augmenté). nomes bronchiques à petites cellules et des tumeurs car-
D’autres étiologies d’ENM sans glucagonome sont égale- cinoïdes bronchiques. Les tumeurs endocrines pancréa-
ment possibles ⁴⁰ : adénocarcinome jéjunal ou rectal, tu- tiques sont également souvent en cause. Dans la revue
meurs pancréatiques endocrines autres que le glucago- récente de 530 cas de syndrome de sécrétion ectopique
nome (insulinome, gastrinome), carcinomes hépatocellu- de pro-opiomélanocortine rapportés dans la littérature,
laires ou bronchiques, hémochromatose, pancréatite post- 16 % sont d’origine pancréatique contre 27 % pour les carci-
traumatique, toxicomanie à l’héroïne, perfusions de gluca- nomes bronchiques à petites cellules et 25 % pour les carci-
gon (traitement d’hypoglycémies paranéoplasiques...) ³⁵,⁴⁰. noïdes bronchiques ⁴⁶. L’expression clinique du syndrome
Signalons enfin que plusieurs cas d’érythème nécrolytique de Cushing paranéoplasique est généralement différente
ont été rapportés au cours d’hépatites C actives ⁴¹,⁴². Si sur de la maladie de Cushing avec une dysmorphie qui peut
le plan histologique, leur aspect est identique à celui de manquer mais en revanche la présence fréquente d’une mé-
l’ENM, sur le plan clinique, la présentation est différente lanodermie.
puisque la dermatose ne touche que les extrémités, en par-
ticulier le dos des pieds. Cet érythème nécrolytique acral Métastases cutanées
nous semble donc assez éloigné du tableau de pseudoglu- La majorité des métastases de carcinome pancréatique sont
cagonome et paraît davantage se rapprocher des lésions ombilicales et en rapport avec un adénocarcinome (cf. su-
érosives et localisées parfois constatées en cas de déficit pra). De façon rare, il peut s’agir également d’une tumeur
chronique en zinc chez les cirrhotiques éthyliques ³⁹. L’hy- endocrine, parfois de type carcinoïde ⁴⁷.
pothèse d’une forme limitée d’ENM n’est cependant pas
exclue, ce d’autant que chez ces patients atteints d’hépa- Manifestations non spécifiques
tite C, la zincémie paraît normale et que sous traitement Les tumeurs de type insulinome, gastrinome, VIPome, so-
supplétif, l’amélioration n’est que partielle. matostatinome n’ont pas d’expression cutanée directement
liée à leur sécrétion hormonale. Les atteintes dermato-
Syndrome carcinoïde logiques parfois constatées sont non spécifiques, en rap-
Il est lié à la sécrétion de peptides vaso-actifs (séroto- port avec les carences secondaires aux manifestations diar-
nine, histamine, prostaglandine, bradykinine, kallikréine, rhéiques.
1 Requena L, Yus ES. Panniculitis. Part II. canalaire papillaire et mucineuse du pancréas. niculitis. Cutis 2003 ; 71:205-209.
Mostly lobular panniculitis. J Am Acad Dermatol Gastroenterol Clin Biol 1999 ; 23:281-283. 8 Luisetti M, Seersholm N. Alpha-1-antit-
2001 ; 45:325-361. 5 Le Corguillé M, Levy P, Nahon S et al. rypsin deficiency. 1 : epidemiology of alpha-1-
2 Dahl PR, Su WPD, Cullimore KC, Dicken Syndrome de Weber-Christian dû à une fis- antitrypsin deficiency. Thorax 2004 ; 59:164-
CH. Pancreatic panniculitis. J Am Acad Dermatol tule pancréatico-mésentérique supérieure au 169.
1995 ; 33:413-417. décours d’une pancréatite aiguë alcoolique. Gas- 9 Chowdhury MMU, Williams EJ, Morris JS
3 Echeverria CM, Fortunato LP, Stengel FM troenterol Clin Biol 2003 ; 27:660-662. et al. Severe panniculitis caused by homozy-
et al. Pancreatic panniculitis in a kidney trans- 6 Corazza M, Salmi R, Strumia R. Pancreatic gous ZZ alpha-1-antitrypsin deficiency treated
plant recipient. Int J Dermatol 2001 ; 40:751- panniculitis as a first sign of liver carcinoma. successfully with human purified enzyme (Pro-
753. Acta Derm Venereol 2003 ; 83:230-231. lastin). Br J Dermatol 2002 ; 147:1258-1261.
4 Le Borgne J, Partensky C, De Calan L et al. 7 McBean J, Sable A, Maude J, Robinson- 10 Bem J, Bradley EL 3rd. Subcutaneous man-
Syndrome de Weber-Christian et tumeur intra- Bostom L. Alpha-1-antitrypsin deficiency pan- ifestations of severe acute pancreatis. Pancreas
1998 ; 16:551-555. 23 Fiori E, Galati G, Bononi M et al. Subcuta- with continuous intravenous glucagon infusion
11 Gould JW, Helms SE, Schulz SM, Stevens neous metastasis of pancreatic cancer in the as therapy for tumor-induced hypoglycemia. En-
SR. Relapsing livedo reticularis in the setting of site of percutaneous biliary drainage. J Exp Clin docr Pract 2003 ; 9:22-25.
chronic pancreatis. J Am Acad Dermatol 1998 ; Cancer Res : 2003 ; 22:151-154. 36 Chao SC, Lee JYY. Brittle nails and dyspare-
39:1035-1036. 24 Marty C, Bennet A, Bayle P et al. Érythème unia as first clues to recurrences of malignant
12 Heykarts B, Anseeuw M, Degreef H. Panni- nécrolytique migrateur révélateur d’un glucago- glucagonoma. Br J Dermatol 2002 ; 146:1071-
culitis caused by acinous pancreatic carcinoma. nome sans diabète. Ann Med Interne 2003 ; 154: 1074.
Dermatology 1999 ; 198:182-183. 552-556. 37 Sinclair SA, Reynolds NJ. Necrolytic migra-
13 Preiss JC, Faiss S, Loddenkemper C et 25 Pujol RM, Wang CYE, El-Azhary RA et al. tory erythema and zinc deficiency. Br J Derma-
al. Pancreatic panniculitis in an 88-year-old Necrolytic migratory erythema : clinicopatho- tol 1997 ; 136:783-785.
man with neuroendocrine carcinoma. Digestion logic study of 13 cases. Int J Dermatol 2004 ; 43: 38 Blackford S, Wright S, Roberts DI. Necroly-
2002 ; 66:193-196. 12-18. tic migratory erythema without glucagonoma :
14 Rulyak SJ, Brentnall TA, Lynch HT, Austin 26 Johnson SM, Smoller BR, Lamps LW, Horn the role of dietary essential fatty acids. Br J Der-
MA. Characterization of the neoplastic phe- TD. Necrolytic migratory erythema as the only matol 1991 ; 125:460-462.
notype in the familial atypical multiple-mole presenting sign of a glucagonoma. J Am Acad 39 Gaveau D, Piette F, Cortot A, Dumur V, Ber-
melanoma-pancreatic carcinoma syndrome. Can- Dermatol 2003 ; 49:325-328. goend H. Manifestations cutanées du déficit en
cer 2003 ; 98:798-804. 27 Chastain MA. The glucagonoma syndrome : zinc dans la cirrhose éthylique. Ann Dermatol
15 Denko NC, Giaccia AJ. Tumor hypoxia, a review of its features and discussion of new Venereol 1987 ; 114:39-53.
the physiological link between Trousseau’s syn- perspectives. Am J Med Sci 2001 ; 321:306-320. 40 Mullans EA, Cohen PR. Iatrogenic necroly-
drome (carcinoma-induced coagulopathy) and 28 Wermers RA, Fatourechi V, Wynne AG et al. tic migratory erythema : a case report and re-
metastasis. Cancer Res 2001 ; 61:795-798. The glucagonoma syndrome : clinical and patho- view of nonglucagonoma-associated necrolytic
16 Bessis D, Porneuf M, Dandurand M et al. logic features in 21 patients. Medicine 1996 ; 75: migratory erythema. J Am Acad Dermatol 1998 ;
Superficial migratory thrombophlebitis. Eur J 53-63. 38:866-873.
Dermatol 1993 ; 3:480-483. 29 Adam DN, Cohen PD, Sibbald RG, Ghazar- 41 Khanna VJ, Shieh S, Benjamin J et al.
17 Pfinsgraff J, Buckingham RB, Killian PJ et ian D. Necrolytic migratory erythema : case re- Necrolytic acral erythema associated with hep-
al. Palmar fasciitis and arthritis with malignant port and clinical review. J Cutan Med Surg 2003 ; atitis C. Effective treatment with interferon alfa
neoplasms : a paraneoplastic syndrome. Semin 7:333-338. and zinc. Arch Dermatol 2000 ; 136:755-757.
Arthritis Rheum 1986 ; 16:118-125. 30 Schwartz RA. Glucagonoma and pseudoglu- 42 Hivnor CM, Yan AC, Junkins-Hopkins MJ,
18 Cox NH, Ramsay B, Dobson C, Comaish JS. cagonoma syndromes. Int J Dermatol 1997 ; 36: Honig PJ. Necrolytic acral erythema : response
Woody hands in a patient with pancreatic carci- 81-89. to combination therapy with interferon and rib-
noma : a variant of cancer-associated fasciitis- 31 Brentjens R, Saltz L. Islet cell tumors of the avirin. J Am Acad Dermatol 2004 ; 50:S121-124.
panniculitis syndrome. Br J Dermatol 1996 ; pancreas : the medical oncologist’s perspective. 43 Modlin IM, Sandor A. An analysis of 8305
135:995-998. Surg Clin North Am 2001 ; 81:527-542. cases of carcinoid tumours. Cancer 1997 ; 79:
19 Lookingbill DP, Spangler N, Helm KF. Cuta- 32 Soga J, Yakuwa Y. Glucagonomas/diabetico- 813-829.
neous metastases in patients with metastatic dermatogenic syndrome (DDS) : a statistical 44 Migliori M, Tomassetti P, Lalli S et al. Car-
carcinoma : a retrospective study of 4020 pa- evaluation of 407 reported cases. J Hepatobi- cinoid of the pancreas. Pancreatology 2002 ; 2:
tients. J Am Acad Dermatol 1993 ; 29:228-236. liary Pancreatic Surg 1998 ; 5:312-319. 163-166.
20 Takeuchi H, Kawano T, Toda T et al. Cuta- 33 Bhate K, Mok WY, Tran K et al. Functional 45 Saint-Marc O, Cogliandolo A, Pozzo A, Pi-
neous metastasis from pancreatic adenocarci- assessment in the multimodality imaging of doto RR. A primary pancreatic carcinoid tu-
noma : a case report and a review literature. He- pancreatic neuro-endocrine tumours. Minerva mour with unusual clinical complaints : a case
patogastroenterology 2003 ; 50:275-277. Endocrinol 2010 ; 35:17-25. report. World J Surg Oncol 2004 ; 2:3.
21 Dubreuil A, Dompmartin A, Barjot P et al. 34 Alexander EK, Robinson M, Staniec M, 46 Beuschlein F, Hammer GD. Ectopic pro-
Umbilical metastasis or sister Mary Joseph’s Dluhy RG. Peripheral amino acid and fatty acid opiomelanocortin syndrome. Endocrinol Metab
nodule. Int J Dermatol 1998 ; 37:7-13. infusion for the treatment of necrolytic migra- Clin North Am 2002 ; 31:191-234.
22 Florez A, Roson E, Sanchez-Aguilar D et al. tory erythema in the glucagonoma syndrome. 47 Zhang Y, Selvaggi SM. Metastatic islet cell
Solitary cutaneous metastasis on the buttock : Clin Endocrinol 2002 ; 57:827-831. carcinoma to the umbilicus : diagnosis by fine-
a disclosing sign of pancreatic adenocarcinoma. 35 Case CC, Vassilopoulou-Sellin R. Reproduc- needle aspiration. Diagn Cytopathol 2003 ; 29:
Clin Exp Dermatol 2000 ; 25:201-203. tion of features of the glucagonoma syndrome 91-94.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Delaporte E, Piette F. Pancréas. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations dermatologiques
des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 81.1-81.9.
82
Maladies rares digestives et dermatologiques
Emmanuel Delaporte, Didier Bessis
maxillaire. Des anomalies dentaires sont fréquentes (70 %), La prise en charge des patients atteints de syndrome de
à type de dents surnuméraires incluses, odontomes com- Gardner, ou porteurs de mutation délétère du gène APC,
plexes, cémentomes et agénésies. L’extraction dentaire est repose sur la prévention, le dépistage et la prise en charge
souvent difficile en raison de la nature hyperdense de l’os des différentes tumeurs associées ³ :
alvéolaire et de l’absence d’espace péridentaire liée à l’hy- − cancers colorectaux : chez les enfants porteurs d’une
percémentose. mutation germinale du gène APC, des rectosigmoïdo-
L’hypertrophie de l’épithélium pigmentaire de la rétine est scopies annuelles dès l’âge de 11 ans, puis vers 15 ans
présente dans 90 % des cas. Elle débute peu après la nais- des coloscopies complètes annuelles à la recherche de
sance et apparaît au fond d’œil comme de multiples taches polypes colorectaux sont conseillées jusqu’à la décision
d’hyperpigmentation bien circonscrites, le plus souvent de colectomie totale, incontournable en cas de forme
bilatérales, et de coloration brun-noir avec un halo de dé- classique, et réalisée le plus souvent entre 20 et 30 ans.
pigmentation périphérique ou central. Le suivi ultérieur est variable en fonction du type d’ana-
Les manifestations gastro-intestinales du syndrome de stomose (iléo-anale ou iléorectale) ;
Gardner sont marquées par des polypes adénomateux (tu- − adénocarcinomes duodéno-jéjunaux : la surveillance
buleux, tubulo-villeux, villeux) rectocoliques, gastriques digestive haute comporte une fibroscopie œso-gastro-
et de l’intestin grêle (fig. 82.2). La formation des polypes duodénale tous les deux à trois ans à partir de l’âge
débute vers la puberté et la transformation maligne est de 20 ans. En cas de polypes duodénaux multiples, de
constante avant 40 ans. Le syndrome de Gardner est éga- grande taille ou dysplasiques, la surveillance sera plus
lement associé à un risque augmenté d’autres carcinomes, rapprochée, jusqu’à 2 fois par an ;
comme au cours de la polypose adénomateuse familiale : − tumeurs desmoïdes : dans sa forme intra-abdominale
carcinome thyroïdien papillaire, adénocarcinome duodénal en particulier, une surveillance simple est préconisée
péri-ampullaire, adénocarcinome pancréatique mais égale- en l’absence de complications aiguës ou de retentisse-
ment hépatoblastome et médulloblastome (syndrome de ment esthétique. Un traitement médical prolongé par
Turcot). sulindac (300 mg/j) peut être envisagé en cas d’augmen-
tation de taille sans complication aiguë. Une exérèse chi-
rurgicale ne sera proposée qu’en cas de retentissement
de la tumeur à type d’occlusion intestinale ou d’obstruc-
tion urétérale sans tenter une résection complète de
la tumeur. En cas de tumeur inextirpable chirurgicale-
ment et ne répondant pas au traitement médical, une
radiothérapie ou une chimiothérapie à base de doxoru-
bicine et de dacarbazine peut être efficace.
En revanche, les modalités de dépistage des autres cancers
ne font pas l’objet de consensus en raison de leur faible
prévalence. Le dépistage de médulloblastomes ou de car-
cinomes thyroïdiens est clinique. Le dépistage de l’hépa-
toblastome peut bénéficier d’un dosage de l’alpha-fœto-
protéine et d’une échographie abdominale tous les ans,
entre 0 et 6 ans.
Syndrome de Peutz-Jeghers
Cette affection rare, de prévalence estimée de 1/50 000
à 1/120 000 naissances, est transmise sur un mode au-
tosomique dominant, avec une forte pénétrance (plus
de 90 %) et une expressivité variable. Le gène impliqué
LKB1-STK11 a été localisé sur le bras court du chromo-
Coll. clinique de Dermatologie, CHRU Lille
d’un antécédent familial. L’absence de l’un de ces carac- tube digestif soit rare, le risque de développer précocement,
tères ne permet pas cependant une exclusion formelle du avant 40 ans, une tumeur maligne, en particulier de l’in-
diagnostic. Ainsi une pigmentation caractéristique sans testin grêle, est nettement plus élevé que dans la popula-
polypose digestive cliniquement décelable a pu être dé- tion générale. La cancérisation pourrait survenir sur des
crite chez des malades issus de familles de syndrome de foyers de métaplasie adénomateuse ou à partir d’une fi-
Peutz-Jeghers, témoignant d’une pénétrance incomplète liation directe hamartome-cancer. L’incidence de cancers
ou d’une atteinte digestive infraclinique. De même, l’ab- a été analysée sur une population de 419 patients satis-
sence d’antécédent familial est notée jusque dans 10 à 20 % faisant aux critères diagnostiques de syndrome de Peutz-
des cas, témoignant de possibles formes sporadiques. Jeghers (dont 297 avaient une mutation identifiée du gène
Les lentigines sont rarement présentes dès la naissance, STK11/LKB1). Les risques de développement d’un cancer
mais apparaissent le plus souvent au cours des premiers à l’âge de 20, 30, 40, 50, 60 et 70 ans étaient respective-
mois, le plus souvent avant l’âge de 2 ans. Elles touchent ment de 2 %, 5 %, 17 %, 31 %, 60 % et 85 %, surtout d’ori-
de façon quasi constante les lèvres et dans 80 % des cas gine gastro-intestinale (estomac-œsophage, intestin grêle,
la muqueuse buccale : face interne des lèvres et des joues, côlon-rectum et pancréas). Chez la femme, l’estimation du
gencives, palais alors que la langue est exceptionnellement risque de développer un cancer du sein était de 8 % et 31 %
atteinte (fig. 82.3). Le pourtour de la bouche est concerné à respectivement à l’âge de 40 et 60 ans. Il n’existait pas de
la différence de la maladie de Laugier et Hunziker mais corrélation entre le génotype et le phénotype.
les régions orbitaires, périnasales ainsi que les oreilles Un risque augmenté de cancers gynécologiques (ovaires,
peuvent être touchées. D’autres localisations sont pos- endomètre, col utérin), pulmonaires, thyroïdiens et testi-
sibles : paumes, plantes, face dorsale des doigts, région culaires est également classique ⁵. La survenue de tumeurs
anale. La pigmentation faciale tend à s’atténuer à partir ovariennes bénignes des cordons sexuels à tubules anne-
de l’adolescence, mais persiste au niveau de la muqueuse lés est fréquente, quasi constante au stade microscopique
orale, pouvant rendre compte de diagnostics tardifs. pour certains auteurs, le plus souvent bilatérales et multi-
La polypose digestive intéresse le jéjunum et l’iléon (70- focales, parfois responsables d’irrégularités menstruelles
90 %) mais aussi le côlon, le rectum (50 %) et l’estomac ou d’hypo-œstrogénie. Des tumeurs testiculaires bénignes
(25 %). Ces polypes sont des hamartomes, de taille variable à cellules de Sertoli, bilatérales, multinodulaires, de petite
de quelques millimètres à plusieurs centimètres, sessiles ou taille, pouvant être à l’origine d’une féminisation révéla-
pédiculés. Leur nombre est parfois supérieur à 100, mais trice (puberté précoce, gynécomastie) ont été rapportées
semble inférieur à celui observé au cours de la polypose adé- avec une faible fréquence.
nomateuse familiale. Lorsqu’elle est symptomatique, cette Le traitement repose sur un dépistage et une prise en
polypose se manifeste le plus souvent au cours de la pre- charge précoce de la polypose digestive, dès l’âge de 10 ans,
mière décennie par des douleurs abdominales récurrentes y compris chez les sujets asymptomatiques pour certains
avec parfois un véritable syndrome occlusif lié à une inva- auteurs, et ce par une gastroscopie et une coloscopie an-
gination. L’atteinte digestive peut également s’exprimer nuelle. Au cours de cet examen, l’endoscopiste devra enle-
sur un mode hémorragique occulte ou non : anémie hypo- ver tous les polypes accessibles. En l’absence de nouveau
chrome, méléna, rectorragies. La survenue de polypes de polype, cette surveillance sera espacée par la suite tous
localisation nasale (27 % des cas d’une série de 22 malades les 1 à 3 ans. La surveillance de l’intestin grêle devra être
atteints issus d’une même famille) mais aussi biliaire, uté- réalisée par des transits barytés tous les 2 ans, complétés
rine, du tractus respiratoire et urinaire a été rapportée. si possible d’entéroscopie poussée. Ces derniers examens
Bien que la transformation néoplasique des polypes du tendent progressivement à être supplantés par la vidéo-
capsule endoscopique pour le dépistage des polypes et par
l’entéroscopie double-ballon pour leur résection. En cas
de découverte d’un polype de l’intestin grêle d’une taille
supérieure à 1,5 cm, une laparotomie avec entéroscopie
peropératoire est préconisée.
La recherche de tumeurs extradigestives devra être systé-
matique et précoce :
− mammaire : examen clinique annuel et échographie
et/ou IRM mammaire tous les 1 à 2 ans, dès l’âge de
20 ans ;
− ovarienne et utérine : examen gynécologique complet
Coll. Dr M. Rybojab, Paris
Une enquête familiale est indispensable avec réalisation Critères diagnostiques de la maladie de Cowden
d’un test génétique chez les sujets à risque. Ce diagnostic Critères pathognomoniques
génétique devra cependant rester non formel, en l’absence Lésions cutanéomuqueuses :
de mutations constantes du gène LKB1/STK11 au cours de − Trichilemmomes du visage
cette affection : 60 % et 50 % respectivement au cours des − Kératoses acrales
formes familiales et sporadiques. Ces résultats reflètent la − Papules papillomateuses
possibilité d’une hétérogénéité du locus incriminé ou d’un − Lésions muqueuses
second gène encore non identifié. Critères majeurs
Cancer mammaire
Maladie de Cowden et syndrome des Cancer thyroïdien (non médullaire), en particulier de type folliculaire
Macrocéphalie ( 95 e percentile)
hamartomes par mutation du gène PTEN Maladie de Lhermitte-Duclos
Cancer de l’endomètre
La maladie de Cowden ou syndrome des hamartomes Critères mineurs
multiples est une affection rare dont l’incidence est éva- Autres lésions thyroïdiennes (adénome, goitre multinodulaire)
luée à 1/200 000 habitants. Elle est probablement sous- Retard mental (QI 75)
estimée en raison d’une expressivité variable et de la dis- Hamartomes gastro-intestinaux
crétion habituelle des signes cutanés. La plupart des obser- Maladie fibrokystique du sein
vations rapportées sont caucasiennes, avec une prédomi- Lipomes
nance féminine (4F/3H). La transmission est autosomique Fibromes
dominante, avec une pénétrance variable liée à l’âge. La Malformations ou tumeurs génito-urinaires (cancer, fibrome utérin)
quasi-totalité des patients développe des lésions cutanéo-
muqueuses à la fin de leur deuxième décennie. Cette af-
Critères diagnostiques individuels
fection est liée à la mutation germinale du gène tumeur-
1. Lésions cutanéomuqueuses seules si :
suppresseur PTEN (ou PTEN/MMAC1 pour phosphatase
a. Présence de 6 ou plus papules faciales, dont au moins trois
and tensin homolog/mutated in multiple advanced cancers 1) si-
sont des trichilemnomes, ou
tué en 10q23.3. Cette mutation est identifiée chez environ
b. Papules cutanées faciales et papillomatose orale muqueuse,
80 % des malades qui satisfont aux critères diagnostiques
ou
de l’International Cowden Consortium ⁶-⁸ (encadré 82.A).
Les signes cutanéomuqueux sont présents dans 99 à 100 % c. Papillomatose orale muqueuse et kératose acrale, ou
des cas, et se développent en moyenne au cours de la d. Kératoses palmo-plantaires (au moins 6 lésions)
deuxième et de la troisième décennie (âge de début variable ou
entre 4 et 75 ans). Les papules du visage sont les plus fré- 2. Deux critères majeurs dont au moins un comprend la macrocéphalie
quentes (près de 90 % des cas). Elles sont de petite taille ou la maladie de Lhermitte-Duclos ou
(jusqu’à 4 mm), asymptomatiques de couleur peau normale, 3. Un critère majeur et trois critères mineurs ou
localisées sur le pourtour des yeux et de la bouche, s’éten- 4. 4 critères mineurs
dant parfois dans les narines (fig. 82.4). Histologiquement,
elles peuvent correspondre 1o à des trichilemmomes Critères diagnostiques au sein d’une famille dont un membre
(ou tricholemmomes), tumeurs bénignes à différentiation est atteint de maladie de Cowden
pilaire développée aux dépens de la gaine trichilemmale ex- 1. Un critère pathognomonique ou
terne, pathognomoniques de cette affection ; 2o à des hy- 2. Un des critères majeurs avec ou sans critère mineur ou
perplasies de degré variable de l’infundibulum folliculaire, 3. Deux critères mineurs
parfois similaire à des tumeurs de l’infundibulum follicu- 82.A
laire ; 3o à des lésions kératosiques histologiquement
indistinguables de verrues vulgaires ; 4o à des kératoses à des fibromes bénins ou à une hyperplasie fibroépithéliale.
folliculaires inversées. Les lésions hyperkératosiques ver- Les neuromes cutanéomuqueux constituent une manifesta-
ruqueuses acrales (30 %) sont situées sur les faces d’exten- tion cutanée parfois précoce et présente dans 5 à 10 % des
sion des extrémités et sur les paumes et les plantes (fig. 82.5). cas ⁹,¹⁰. Ils siègent préférentiellement sur les extrémités,
Histologiquement, il s’agit des lésions constituées d’une à la différence des neuromes cutanéomuqueux observés
hyperkératose orthokératosique compacte, d’une hypergra- préférentiellement sur les zones péri-orificielles du visage
nulose et d’une acanthose, parfois avec une différenciation et des muqueuses au cours de la néoplasie endocrinienne
trichilemmale. L’atteinte de la muqueuse orale (80 %) est multiple de type 2B (NEM2B).
constituée par des papules papillomateuses, de localisation Les autres lésions cutanées observées comprennent les lym-
buccale et gingivale, parfois coalescentes à l’origine d’une phangiokératomes ¹¹, les xanthomes, les collagénomes de
disposition pavimenteuse caractéristique (40 %) (fig. 82.6). type storiforme ¹² (fig. 82.7), les taches café au lait, la langue
Une extension à l’oropharynx, la langue, le larynx, la mu- scrotale, les lentigines péri-orales et acrales, l’acanthosis
queuse nasale et anogénitale est possible. Histologique- nigricans et le vitiligo. Une prédisposition héréditaire aux
ment, les lésions muqueuses correspondent le plus souvent cancers cutanés n’est pas prouvée, même si des observa-
Coll. D. Bessis
Fig. 82.4 Trichilemmomes du front au cours d’une maladie de Cowden :
papules verruqueuses couleur peau normale
Fig. 82.5 Lésions hyperkératosiques verruqueuses acrales au cours d’une
tions de carcinomes basocellulaires et épidermoïdes, de maladie de Cowden
mélanome, de carcinome de Merkel et de carcinome trichi-
lemmal sont décrites.
Les principales manifestations extracutanées du syndrome
de Cowden sont :
− gastro-intestinales (70 à 85 %), constituées par des po-
lypes, le plus souvent bénins, de taille variable (1 mm à
plusieurs centimètres) et localisés surtout au niveau co-
lique, plus rarement dans l’intestin grêle, l’œsophage ou
Coll. D. Bessis
l’estomac. Leur histologie est non spécifique, hamarto-
mateuse, lipomateuse, fibromateuse ou adénomateuse
et leur risque de transformation maligne exceptionnel ;
− mammaires, marquées par le risque de maladie fibro- Fig. 82.6 Papules papillomateuses coalescentes à disposition
kystique du sein chez 2/3 des femmes atteintes et un pavimenteuse de la gencive supérieure au cours de la maladie de Cowden
risque de carcinome mammaire estimé approximative-
ment à 20 %. Il s’agit préférentiellement d’adénocarci- La prise en charge de patients atteints de maladie de
nome canalaire, bilatéral dans deux tiers des cas et sur- Cowden/syndrome de Bannayan-Riley-Ruvalcaba ou de
venant une dizaine d’années plus précocement qu’au patients porteurs de mutation délétère du gène PTEN re-
cours des formes sporadiques. Des cancers mammaires pose sur le dépistage d’éventuelles tumeurs malignes. Un
chez l’homme sont également rapportés mais leur fré- examen physique annuel détaillé est proposé dès l’âge de
quence n’est pas connue ; 18 ans, ou 5 ans plus tôt que le cas de cancer le plus précoce
− thyroïdiennes, constituées par un risque de maladie diagnostiqué dans la famille. Il comprend un examen com-
thyroïdienne (goitre multinodulaire, adénomes folli- plet du tégument cutané et des muqueuses, une palpation
culaires, nodule thyroïdien) chez 2/3 des patients et thyroïdienne et mammaire (avec enseignement et encou-
un risque de carcinome thyroïdien (surtout adénocarci- ragement à l’autopalpation) et des examens paracliniques
nome folliculaire) estimé entre 7 et 10 % ; orientés :
− gynécologiques, marqué par l’augmentation du risque − mammaires : IRM mammaire annuelle à partir de l’âge
de cancer de l’endomètre estimé entre 5 et 10 % et le de 20-25 ans, ou 5 à 10 ans plus tôt que le cancer du
risque élevé de kystes ovariens (près d’1/4 des cas) ; sein le plus précoce connu dans la famille ;
− neurologiques (20 %) dont la maladie de Lhermitte- − thyroïdiens : échographie thyroïdienne à partir de l’âge
Duclos ou gangliocytome dysplasique cérébelleux ca- de 10 ans, répétée annuellement ;
ractérisé par une lésion hamartomateuse de la fosse − utérins : examen gynécologique complet avec frottis
postérieure, et qui constitue un des marqueurs de la tous les ans et biopsies endométriales à l’aveugle an-
maladie de Cowden. nuelles à partir de l’âge de 35-40 ans, ou 5 ans plus
De nombreux autres cancers non cutanés sont décrits de tôt que le cancer de l’endomètre le plus précoce connu
façon sporadique : adénocarcinome pulmonaire, carcinome dans la famille, complété d’une échographie pelvienne
ovarien, carcinome pancréatique, carcinome transitionnel annuelle post-ménopausique ;
vésical, leucémie aiguë myéloïde, lymphome non hodgki- − rénaux : cytologie urinaire annuelle (recherche d’héma-
nien, mélanome, liposarcome, carcinome à cellules claires turie) et échographie rénale en cas d’antécédent fami-
rénal, hépatocarcinome. lial de cancer du rein.
IFN interféron
82-8 Maladies rares digestives et dermatologiques
Syndrome de Cronkhite-Canada
Non héréditaire, ce syndrome exceptionnel d’étiologie in-
Coll. D. Bessis
gulation par laser, à la sclérothérapie ou à la chirurgie qui
pour certains auteurs ³² devrait être systématiquement en-
visagée au lieu d’être réservée au traitement d’urgence des
hémorragies. Les autres atteintes viscérales (hépatiques, Fig. 82.11 Papules et nodules bleuâtres saillants en tétine du thorax au
cérébrales, génito-urinaires) sont exceptionnelles. cours du syndrome du blue rubber bleb naevus
1 Ramaglia L, Morgese F, Filippella M, Co- 7 Pilarski R, Eng C. Will the real Cowden syn- RH, Hoang MP. Cystic sebaceous neoplasms
lao A. Oral and maxillofacial manifestations drome please stand up (again) ? Expanding mu- in Muir-Torre syndrome. Arch Pathol Lab Med
of Gardner’s syndrome associated with growth tational and clinical spectra of the PTEN hamar- 2003 ; 127:614-617.
hormone deficiency : case report and literature toma tumour syndrome. J Med Genet 2004 ; 41: 14 Jones B, Oh C, Mangold E, Egan CA. Muir-
review. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Ra- 323-326. Torre syndrome : Diagnostic and screening
diol Endod 2007 ; 103:e30-34. 8 Uppal S, Mistry D, Coatesworth AP. Cowden guidelines. Australas J Dermatol 2006 ; 47:266-
2 Coffin CM, Hornick JL, Zhou H, Fletcher disease : a review. Int J Clin Pract 2007 ; 61:645- 269.
CD. Gardner fibroma : a clinicopathologic and 652. 15 Marazza G, Masouyé I, Taylor S et al. An
immunohistochemical analysis of 45 patients 9 Schaffer JV, Kamino H, Witkiewicz A et illustrative case of Muir-Torre syndrome : con-
with 57 fibromas. Am J Surg Pathol 2007 ; 31: al. Mucocutaneous neuromas : an underrec- tribution of immunohistochemical analysis in
410-416. ognized manifestation of PTEN hamartoma- identifying indicator sebaceous lesions. Arch
3 Saurin JC. [Clinical follow-up and treat- tumor syndrome. Arch Dermatol 2006 ; 142:625- Dermatol 2006 ; 142:1039-1042.
ment of patients with familial adenomatous 632. 16 Ponti G, Ponz de Leon M. Muir-Torre syn-
polyposis]. Gastroenterol Clin Biol 2001 ; 25:B31- 10 Ferran M, Bussaglia E, Lazaro C et al. Acral drome. Lancet Oncol 2005 ; 6:980-987.
37. papular neuromatosis : an early manifestation 17 Ponti G, Losi L, Di Gregorio C et al. Identifi-
4 Fotiadis C, Tsekouras DK, Antonakis P et al. of Cowden syndrome. Br J Dermatol 2008 ; 158: cation of Muir-Torre syndrome among patients
Gardner’s syndrome : a case report and review 174-176. with sebaceous tumors and keratoacanthomas :
of the literature. World J Gastroenterol 2005 ; 11: 11 Erkek E, Hizel S, Sanly C et al. Clinical and role of clinical features, microsatellite instabil-
5408-5411. histopathological findings in Bannayan-Riley- ity, and immunohistochemistry. Cancer 2005 ;
5 Hearle N, Schumacher V, Menko FH et al. Ruvalcaba syndrome. J Am Acad Dermatol 2005 ; 103:1018-1025.
Frequency and spectrum of cancers in the Peutz- 53:639-643. 18 Von Brevern M, Hollstein MC, Risk JM
Jeghers syndrome. Clin Cancer Res 2006 ; 12: 12 Al-Daraji WI, Ramsay HM, Ali RBM. Stori- et al. Loss of heterozygosity in sporadic oe-
3209-3215. form collagenoma as a clue for Cowden disease sophageal tumors in the tylosis oesophageal
6 Eng C. Will the real Cowden syndrome or PTEN hamartoma tumor syndrome. J Clin cancer (TOC) gene region of chromosome 17q.
please stand up : revised diagnostic criteria. J Pathol 2007 ; 60:840-842. Oncogene 1998 ; 17:2101-2105.
Med Genet 2000 ; 37:828-830. 13 Abbott JJ, Hernandez-Rios P, Amirkhan 19 Grundmann J-U, Weisshaar E, Franke I et
82-10 Maladies rares digestives et dermatologiques
al. Lung carcinoma with congenital plantar ker- 24 Anderson RD, Patel R, Hamilton JK, Boland 29 De Breucker S, Vandergheynst F, Decaux
atoderma as a variant of Clarke-Howel-Evans CR. Cronkhite-Canada syndrome presenting G. Inefficacy of intravenous immunoglobulins
syndrome. Int J Dermatol 2003 ; 42:461-463. as eosinophilic gastroenteritis. Proc (Bayl Univ and infliximab in Degos’ disease. Acta Clin Belg
20 Ilhan M, Erbaydar T, Akdeniz N, Arslan S. Med Cent) 2006 ; 19:209-212. 2008 ; 63:99-102.
Palmoplantar keratoderma is associated with 25 Karasawa H, Miura K, K. Ishida K et al. 30 Nahm WK, Moise S, Eichenfield LF et al. Ve-
esophagus squamous cell cancer in Van region Cronkhite-Canada syndrome complicated with nous malformations in blue rubber bleb nevus
of Turkey : a case control study. BMC Cancer huge intramucosal gastric cancer. Gastric Can- syndrome : variable onset of presentation. J Am
2005 ; 5:90-96. cer 2009 ; 12:113-117. Acad Dermatol 2004 ; 50:S101-106.
21 Ho V, Banney L, Falhammar H. Hyperpig- 26 Scheinfeld N. Malignant atrophic papulo- 31 Hiscutt EL, Rajan N, Panter S, Natarajan
mentation, nail dystrophy and alopecia with sis. Clin Exp Dermatol 2007 ; 32:483-487. S. Demonstration of gastrointestinal venous
generalised intestinal polyposis : Cronkhite- 27 Kim D, Kang SB, Lee KH et al. Degos’ dis- malformations in blue rubber bleb naevus syn-
Canada syndrome. Australas J Dermatol 2008 ; ease (malignant atrophic papulosis) as a fatal drome using capsule endoscopy. J Eur Acad Der-
49:223-225. cause of acute abdomen : report of a case. Surg matol Venereol 2009 ; 23:322-324.
22 Ward EM, Wolfsen HC. Pharmacological Today 2008 ; 38:866-870. 32 Fishman ST, Smithers CJ, Folkman J et al.
management of Cronkhite-Canada syndrome. 28 Bogenrieder T, Kuske M, Landthaler M, Blue rubber bled nevus syndrome. Surgical erad-
Expert Opin Pharmacother 2003 ; 4:385-389. Stolz W. Benign Degos’disease developing dur- ication of gastrointestinal bleeding. Ann Surg
23 Okamoto K, Isomoto H, Shikuwa S et al. ing pregnancy and followed for 10 years. Acta 2005 ; 241:523-528.
A case of Cronkhite-Canada syndrome : remis- Derm Venereol 2002 ; 82:284-287.
sion after treatment with anti-Helicobacter py-
lori regimen. Digestion 2008 ; 78:82-87.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Delaporte E, Bessis D. Maladies rares digestives et dermatologiques. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine,
vol. 4 : Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 82.1-82.10.
83
Affections cardiaques et pulmonaires
Agnès Sparsa, Valérie Doffoel-Hantz
Affections cardiaques
Coronaropathie
Pli diagonal du lobule de l’oreille Le pli diagonal du lo-
bule de l’oreille, ou signe de Frank, est un pli cutané situé
sur le trajet reliant le tragus au lobule postérieur de l’oreille
et s’étendant sur au moins un tiers de la distance (fig. 83.1).
Il barre ainsi diagonalement le lobe de l’oreille. L’examen
histologique met en évidence une rupture et une désorgani-
sation des fibres élastiques et un épaississement de l’intima
des artérioles. Il pourrait être le témoin d’un vieillissement
précoce du tissu conjonctif cutané et coronarien ¹.
La prévalence de ce signe augmente avec l’âge atteignant
42 % entre 30-39 ans et 75,8 % entre 60-69 ans ². Sa pré-
sence semble être un facteur prédictif de coronaropathie
et d’athérosclérose surtout en cas de bilatéralité et de sur-
venue précoce entre 40 et 60 ans ²,³. La valeur prédictive
positive du signe de Frank est de 80,3 % et varie selon le
sexe diminuant chez la femme à 50 % ³,⁴. À l’inverse, chez
les patients diabétiques, il ne représenterait pas un mar-
queur fiable indépendant des complications cardiovascu-
laires ⁵,⁶. Sa prévalence chez les diabétiques varie de 55 à
60 % et sa présence est associée à une maladie coronarienne
Coll. Dr N. Kluger, Montpellier
Coll. D. Bessis
plorations endovasculaires itératives à visée diagnostique
(coronarographie) et thérapeutique (angioplastie coronaire
percutanée, traitement par radiofréquence de troubles
Fig. 83.2 Xanthélasma des paupières du rythme ¹⁸) utilisant la cinéradiographie et la fluoro-
scopie exposent les patients à de fortes doses de radia-
Sa prévalence est plus élevée chez la femme et augmente tions ionisantes (0,2 à 0,8 Gy/min). Le temps d’exposi-
avec l’âge ¹¹. Le xanthélasma s’associe dans près de 50 % des tion et la dose cumulée d’irradiation semblent être des
cas à une dyslipidémie primitive, habituellement de type IIa paramètres impliqués dans l’apparition de radiodermites
selon la classification de Frederickson (fig. 83.3). Toutefois, post-interventionnelles ¹⁹,²⁰. Par conséquent, la prévalence
il peut se voir aussi dans les types IIb et III où il existe des radiodermites post-interventionnelles augmente lors
également une hypercholestérolémie. des angioplasties coronaires percutanées, procédure plus
La prévalence des maladies cardiovasculaires athéroma- longue qu’une scopie pour angioplastie simple et lorsque
teuses chez les patients avec xanthélasma varie entre 15 les patients ont subi plusieurs expositions ²¹,²². Les doses
et 69 % selon les séries ¹²,¹³. Les patients dyslipidémiques moyennes de rayons X délivrées au niveau cutané lors de
avec xanthélasma sont plus à risque de développer une ma- cathétérisme cardiaque avec ou sans angioplastie coronaire
ladie cardiovasculaire par rapport aux patients normolipidé- percutanée sont respectivement de 6,4 Gy et 2,5 Gy ²³. Des
miques avec xanthélasma. Le rôle prédictif d’athéromatose facteurs favorisants existent et semblent augmenter la ra-
en cas de présence de xanthélasma chez un patient normo- diosensibilité : le terrain (obésité, collagénose), la topogra-
lipidémique demeure obscur, mais une élévation du taux phie (haut du dos, zone radiosensible) et certains médica-
de cholestérol LDL et une diminution du cholestérol HDL ments (amiodarone, fibrates) ²⁴.
peuvent être observées, justifiant ¹⁴ la détermination des Les radiodermites après cathétérismes cardiaques touchent
taux de HDL, LDL, apolipoprotéines A1, B et E ¹⁵. Cepen- principalement le sexe masculin probablement parce que
dant, si la présence du xanthélasma peut s’associer à une la maladie coronarienne athéromateuse prédomine chez
dyslipidémie, il ne représenterait pas à lui seul un marqueur l’homme ²⁵. Les lésions siègent sur le ou les trajets du fais-
indépendant du risque cardiovasculaire athéromateux ¹⁷. ceau ionisant et peuvent être de topographie antérieure ou
Autres signes dermatologiques Plusieurs anomalies cu- postérieure, bilatérales avec une extension à distance sur
tanées peuvent s’associer significativement avec le risque les faces postérieures du bras. Elles peuvent se situer sur
le haut du dos, les régions axillaire, scapulaire droite (plus
qu’à gauche), mammaire ou sous-mammaire. Le délai d’ap-
CLASSIFICATION DE FREDERICKSON parition de la radiodermite varie de quelques semaines à
trois ans après la dernière exploration endovasculaire ²³,²⁶.
Type I : hypertriglycéridémie exogène Cliniquement, il s’agit le plus souvent d’une radiodermite
Chylomicrons. Sérum trouble, hypertriglycéridémie >10 g/l chronique associant une poïkilodermie (fig. 83.4) et un as-
pect fibreux. Parfois, ce sont des placards érythémato-
Type IIA : hypercholestérolémie pure
LDL. Sérum clair, hypercholestérolémie, LDL élevé, HDL bas
pigmentés se compliquant d’ulcérations ou de nécroses
et triglycéridémie normale extrêmement douloureuses avec une atteinte osseuse sous-
xanthélasma
Existence de
Coll. D. Bessis
Fig. 83.5 Dermohypodermite chronique de jambe en regard d’une
cicatrice de saphénectomie
(3 mois à 84 mois).
Des dermatoses eczématiformes ont été rapportées sur le
trajet de l’exérèse de la veine saphène. Le délai d’apparition
Fig. 83.4 Plaque poïkilodermique du dos témoignant d’une est retardé et varie de 1,5 à 9 mois. Elles répondent à un
radiodermite chronique après angioplasties coronaires percutanées répétées traitement par dermocorticoïdes mais récidivent souvent
à l’arrêt. Le mécanisme demeure mal expliqué (stase vei-
diodermites chroniques lorsqu’elle montre une dégénéres- neuse...) ³⁷. Récemment, une récurrence herpétique a été
cence épidermique, une sclérose du derme, des fibroblastes observée sur le site donneur de saphène ³⁸.
stellaires et des ectasies vasculaires ²³. L’examen anatomo- Vasculite cutanée leucocytoclasique après pontage coro-
pathologique des formes érythémato-pigmentées est d’in- narien Deux observations de vasculite leucocytoclasique
terprétation plus délicate en révélant des lésions plus lo- survenant 7 et 21 jours après un pontage coronarien as-
calisées dans le derme avec un épaississement collagène, sociée à un syndrome de post-péricardiotomie ont été rap-
un infiltrat lymphocytaire périvasculaire sans nécrose épi- portées sans que le mécanisme physiopathologique (pro-
dermique et sans dégénérescence dermique ²⁶. Un aspect duction de complexes immuns circulants, anticorps anti-
lichénoïde a été rapporté dans les formes précoces ³⁰. cœur...) ne soit clairement élucidé à ce jour ³⁹.
L’exérèse chirurgicale suivie d’une greffe de peau est le trai- Endocardites infectieuses Les principales manifesta-
tement de choix lorsqu’il est possible en raison du risque tions dermatologiques décrites au cours des endocardites
potentiel de transformation en carcinome épidermoïde. La infectieuses aiguës ou subaiguës regroupent les nodules
prophylaxie de ces radiodermites est donc nécessaire. L’exa- (nodosités) d’Osler, l’érythème de Janeway, le purpura
men dermatologique avant et après l’irradiation s’impose. pétéchial et les hémorragies sous-unguéales en « flam-
La surveillance dermatologique de la zone irradiée, qu’il mèche » ⁴⁰-⁴².
y ait eu ou non une radiodermite, est nécessaire afin de Les nodules d’Osler s’associent le plus souvent aux endo-
prévenir le risque de survenue de carcinome au long cours. cardites bactériennes infectieuses subaiguës avec une fré-
Complications cutanées après prélèvements de greffons quence évaluée entre 10 à 25 %. Il s’agit de nodules érythé-
saphènes La morbidité associée au prélèvement de la mateux à centre parfois blanchâtre, de taille variable (1 mm
veine saphène par incision continue de la jambe en vue de à plus d’1 cm), tendus, indurés, ronds ou ovalaires et dou-
pontage aorto-coronarien varie de 4 à 6 % selon les séries ³¹. loureux. Ils siègent avec prédilection sur les paumes et les
Des retards de cicatrisation à l’origine d’ulcère de jambe et plantes (fig. 83.6), plus particulièrement sur les pulpes, les
83-4 Affections cardiaques et pulmonaires
Coll. D. Bessis
Fig. 83.7 Érythème de Janeway au cours d’une endocardite infectieuse
aiguë : macules hémorragiques de la paume et de la pulpe des doigts
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 83.10 Syndrome des ongles jaunes : dyschromie de la totalité
des tablettes unguéales des mains qui apparaissent épaissies avec une
Fig. 83.9 Nécroses digitales et plantaire au cours d’une endocardite accentuation des courbures transversales et une coloration gris noir des
infectieuse aiguë bords latéraux des tablettes
au cours des endocardites infectieuses aiguës, purpura vas- Le tissu myxoïde peut migrer dans le tissu cutané profond
culaire pétéchial du tronc, du cou, de l’extrémité cépha- par dissémination métastatique sous la forme de multiples
lique, des conjonctives ou du palais, hippocratisme digi- nodules cutanés profonds du tronc ⁵⁵. L’histologie cutanée
tal au cours d’une forme prolongée d’endocardite ⁴⁶, livedo permet de mettre en évidence du tissu myxoïde.
avec ecthyma au cours de l’endocardite à Pseudomonas aeru- Des tableaux de vasculite (purpura vasculaire) et de pseudo-
ginosa ⁴⁷, nécroses distales des extrémités d’origine embo- périartérite noueuse associant des signes généraux (fièvre,
lique ⁴⁸,⁴⁹ (fig. 83.9). asthénie) et systémiques (articulaires et myalgies) mimant
Myxome cardiaque isolé Le myxome cardiaque est sou- une connectivite (positivité possible des auto-anticorps
vent dénommé myxome de l’oreillette car il se localise dans de type lupique) sont décrits ⁵⁶. Les examens biologiques
trois quarts des cas dans l’oreillette gauche ⁵⁰. Il s’agit de la mettent en évidence un syndrome inflammatoire, une ané-
tumeur primitive cardiaque la plus fréquente de l’adulte ⁵¹. mie de type inflammatoire voire une élévation des CPK.
Il prédomine chez la femme et peut survenir à tout âge Les signes systémiques pourraient être liés à la production
(maximum entre 30 et 60 ans). d’immuns complexes circulants et d’interleukine-6 par les
Le diagnostic est généralement évoqué devant l’existence : cellules myxomateuses ⁵⁷.
− de manifestations emboliques : accident vasculaire cé- Le traitement du myxome cardiaque repose sur l’exérèse
rébral ischémique, ischémie de membre inférieur, al- chirurgicale large et précoce de la tumeur.
tération de l’état général avec manifestations systé-
miques orientant vers une connectivite de type pseudo- Affections pulmonaires
périartérite noueuse ;
− de manifestations cardiaques : obstruction valvulaire Syndrome des ongles jaunes
simulant une maladie mitrale, syncope, infarctus du Le syndrome des ongles jaunes (syndrome xanthonychique,
myocarde, tableau pseudo-endocarditique. Ces signes yellow-nail syndrome) associe dans sa description initiale
ne sont pas toujours au premier plan. des altérations unguéales dystrophiques avec une colora-
Le diagnostic est confirmé par la réalisation d’une échogra- tion jaune de tous les ongles, des anomalies lymphatiques
phie cardiaque transthoracique ou transœsophagienne. (le plus souvent des membres inférieurs) et une atteinte
Les signes cutanés du myxome cardiaque sont variés et pleuropulmonaire ⁵⁸. Les trois signes ne sont pas toujours
peuvent révéler la tumeur. Ils peuvent schématiquement présents réalisant des tableaux cliniques incomplets dans
se diviser en trois types en fonction du mécanisme physio- 25 % des cas. Le mécanisme physiopathologique plaide en
pathologique. faveur d’anomalies du drainage lymphatique ⁵⁹. Plus récem-
Les manifestations cutanées emboliques liées aux embols ment, l’hypothèse d’une augmentation de la perméabilité
artériels miment un tableau clinique pseudo-endocardi- microvasculaire a été émise ⁶⁰. Ce syndrome touche sans
tique. On peut observer des macules et/ou des papules prédominance de sexe l’homme ou la femme d’âge moyen
érythémateuses douloureuses de la pulpe des doigts, de (50-60 ans), même si des cas pédiatriques sont exception-
la paume des mains et de la plante des pieds avec une exten- nellement rapportés ⁶¹.
sion de l’érythème en nappe sur les avant-bras, les jambes L’atteinte unguéale est un élément clé diagnostique et sa
et les cuisses. Il s’agit parfois aussi de lésions serpigineuses présence est quasi indispensable pour le retenir. La dyschro-
et annulaires tendues, violacées des pulpes distales des mie est de teinte jaune, plus ou moins foncée, parfois gris-
doigts. On peut noter un livedo réticulaire des mains et des noir sur les bords latéraux de tous les ongles des doigts et
avant-bras pouvant en cas d’atteinte neurologique simuler des orteils (fig. 83.10). Elle touche tout ou partie de la tablette.
un syndrome de Sneddon ⁵²,⁵³. Un syndrome de Raynaud Cette dernière est très dure et épaissie avec une accentua-
volontiers atypique peut précéder le reste du tableau ⁵⁴. tion des courbures transversales et/ou longitudinales. On
83-6 Affections cardiaques et pulmonaires
Coll. D. Bessis
nique ou à Candida, diabète, ictère, porphyrie cutanée tar-
dive, séropositivité VIH, hypothyroïdie).
La découverte d’ongles xanthonychiques doit amener à re-
chercher les autres éléments du syndrome : anomalies lym- Fig. 83.11 Hippocratisme digital : aspect bombé et élargissement des
phatiques et/ou atteinte pulmonaire. extrémités digitales
Le lymphœdème (60 % des cas) touche les membres infé-
rieurs mais peut se limiter aux chevilles dans les formes Hippocratisme digital et ostéoarthropathie hypertrophiante
frustres ⁶². Il se situe parfois aux membres supérieurs ou
pneumique
exceptionnellement au visage ⁵⁹. Il s’agit d’œdèmes blancs,
mous, indolores évoluant par poussée initialement avant Hippocratisme digital (HD) L’HD correspond à une dé-
de devenir permanents. C’est un lymphœdème primitif formation des ongles en « verre de montre » avec un aspect
avec des anomalies lymphographiques présentes dans deux bombé ou convexe associé à un élargissement des extré-
tiers des cas sous la forme d’hypoplasie ou d’aplasie des mités digitales, une augmentation de la chaleur locale et
vaisseaux lymphatiques. une hypertrophie ferme et œdémateuse des tissus mous
L’atteinte pulmonaire est à type d’épanchement pleural de la pulpe des dernières phalanges (fig. 83.11) ⁷⁴. Tous les
uni- ou bilatéral, d’importance variable (du comblement du doigts sont atteints avec souvent une prédominance sur
cul-de-sac à l’atteinte massive) ⁶³. D’autres sérites ont été les trois premiers doigts. Les orteils peuvent également
rapportées : péricardite ⁶⁴, péritonite... ⁶⁵. Les ponctions ra- être affectés. La mesure de deux angles permet le diagnos-
mènent un liquide chyleux. D’autres manifestations pulmo- tic d’HD : angle de Lovibond (formé par la lame unguéale
naires ont été observées : bronchite chronique, dilatations et le repli sus-matriciel, > 180◦ dans les HD) et angle de
des bronches, infections respiratoires récidivantes... Curth (formé par l’axe de la 2 e et de la 3 e phalange, 160◦
Des manifestations ORL et ophtalmologiques sont aussi dans les HD) (fig. 83.12). Le signe de Schamroth recherché
rapportées en dehors de la sinusite ⁶² et justifient parfois
un avis spécialisé : oblitération du conduit auditif externe 180° 160°
par de la kératine ⁶⁶, atteintes conjonctivales ⁶⁷. Un certain
nombre d’affections associées ont été décrites : pathologies
dysimmunitaires (polyarthrite rhumatoïde ⁶⁸), tumeurs ma-
lignes solides, des hémopathies (dysglobulinémies, hypo-
gammaglobulinémies...), dysthyroïdies (nodule thyroïdien,
Doigt normal
thyrotoxicose, thyroïdite d’Hashimoto, hypothyroïdie...)
et pathologies rénales (syndrome néphrotique, glomérulo-
néphrite...). L’évolution de ce syndrome est chronique et
prolongée avec des rémissions spontanées dans 30 % des
cas. L’octréotide a été utilisé avec succès pour contrôler les 180°
épanchements pleuraux ⁶⁹. Des régressions du syndrome
sont également observées lors du traitement de la maladie 160°
associée ⁷⁰. Une étude récente semble montrer que la mé- ibond
de Lov
diane de survie est diminuée par rapport à la population Angle
générale ⁶¹. Des traitements systémiques ont été envisagés Angle de Curth
pour leur action anti-oxydante. La vitamine E est propo-
Coll. D. Bessis
sée avec des efficacités variables selon les auteurs. La dose Hippocratisme digital
préconisée d’alpha-tocophérol est de 600-1 200 UI/j (1 UI
= 1 mg) pendant 3 à 6 mois ⁷¹. Le zinc à la dose de 300 mg/j
a été utilisé avec succès dans un cas ⁷². Les traitements Fig. 83.12 Hippocratisme digital : l’angle de Curth formé par l’axe de la
locaux des ongles sont souvent décevants : injections intra- deuxième et de la troisième phalange est inférieur ou égal à 160◦ (normale
matricielles de corticoïdes, vitamine E topique à 5 % dans à 180◦ ), et l’angle de Lovibond formé par la lame unguéale et le repli
du diméthylsulfoxyde (DMSO) ⁷³. sus-matriciel est supérieur à 180◦ (normale à 160◦ )
Étiologies de l’hippocratisme digital nante. L’HD est isolé et indolore sans signe articulaire, os-
Causes pulmonaires seux ou cutané. L’installation est progressive à la puberté
Cancer primitif ou métastase parfois unilatérale au début. Une prédominance ethnique a
Dilatations de bronches été notée dans les populations d’Afrique noire et du Magh-
Infection chronique reb. Parmi les étiologies d’HD congénital, on peut citer trois
Tuberculose syndromes où l’HD s’associe à une kératodermie palmoplan-
Abcès taire. Le syndrome de Fischer associe hyperhidrose, anoma-
Empyème pleural lies squelettiques, onychogriffose, hypotrichose, anomalies
Mésothéliome thyroïdiennes. Le syndrome de Volavsek comprend une dys-
Emphysème trophie unguéale et une syringomyélie. Enfin, le syndrome
Fibrose pulmonaire de Bureau-Barrière-Thomas associe un élargissement des
Pneumopathie interstitielle chronique extrémités et une microcéphalie.
Sarcoïdose Les formes généralisées acquises sont d’apparition tardive,
Maladie de Hodgkin douloureuses et sans antécédents familiaux. Les étiologies
Causes cardiaques sont énumérées dans l’encadré 83.A.
Cardiopathie congénitale cyanogène La cause la plus fréquente est la néoplasie pulmonaire (can-
Endocardite infectieuse cer bronchique, de type adénocarcinome et cancer épider-
Insuffisance cardiaque gauche moïde, ou mésothéliome) ⁷⁶. L’HD précède en général le can-
cer de plusieurs mois et justifie la répétition des examens
Myxome de l’oreillette
en cas de négativité du bilan initial. L’apparition simulta-
Causes hépatiques
née ou la précession de la pathologie causale sur l’HD est
Cirrhose biliaire primitive
plus rare. La rapidité d’installation et le caractère doulou-
Hépatite chronique active
reux de l’HD doivent faire suspecter une étiologie maligne.
Carcinomes des voies bililaires et hépatiques
Viennent ensuite les causes infectieuses chroniques pulmo-
Cirrhoses éthylique et post-hépatitique
naires comme les infections au cours des dilatations des
Stéatose
bronches et la bronchite chronique. Les causes digestives
Rejet de greffe représentent 5 % des causes d’HD. Chez les patients VIH,
Causes digestives l’HD peut se rencontrer même en l’absence de pathologies
Maladies inflammatoires chroniques intestinales pulmonaire ou digestive. On a pu noter des HD au cours
Infection chronique (amibiase) des anorexies mentales et après abus de laxatifs ⁷⁷,⁷⁸.
Polypose colique Les mécanismes physiopathologiques ne sont pas élucidés.
Achalasie Plusieurs hypothèses sont évoquées : libération de PDGF
Prothèse endo-œsophagienne (platelet-derived growth factor) à l’origine d’une augmen-
Cancer de l’œsophage tation de la perméabilité capillaire ⁷⁹, rôle de l’hepatocyte
Causes diverses growth factor ⁸⁰, production d’un vasodilatateur (ferritine,
Cancer : nasopharynx, cavum, thyroïde sérotonine, bradykinine, PGE 2 ou hormone de croissance),
Thymome rôle du nerf vague ⁸¹,⁸², et du VEGF (vascular endothelial
Infection VIH growth factor) ⁸³.
Hyperthyroïdie Le traitement de l’HD est celui de la cause. Les signes dou-
83.A loureux et vasomoteurs régressent rapidement après le trai-
tement étiologique à l’inverse de la courbure unguéale et
à la base de l’ongle après accolement de deux doigts face de la périostose qui régressent plus lentement ou incomplè-
unguéale contre face unguéale est marqué par une oblité- tement.
ration de la fenêtre losangique en raison d’une disparition Ostéoarthropathie hypertrophiante L’ostéoarthropa-
de l’angle physiologique entre la lame unguéale et le repli thie hypertrophiante associe un hippocratisme digital à
sous-matriciel. Radiologiquement, on peut observer une une hypertrophie pseudo-acromégalique des extrémités
déminéralisation des phalanges atteintes et un épaississe- (mains, pieds, plus rarement de la face) (fig. 83.13), des dou-
ment irrégulier des corticales diaphysaires. leurs articulaires d’horaire inflammatoire (arthralgies, ar-
Les étiologies d’HD sont nombreuses et d’origine pleuro- thrites, synovites), symétriques touchant les grosses ar-
pulmonaire dans près de 90 % des cas. Les HD localisés ticulations (genoux, coudes, chevilles, poignets) avec un
sont toujours acquis. La cause la plus fréquente est une liquide articulaire mécanique, des altérations osseuses (ap-
infection de prothèse valvulaire (aortique, carrefour aorto- positions périostées) responsables de douleurs et enfin une
bifémorale) ⁷⁵. Parfois un seul membre supérieur peut être cyanose et des paresthésies des extrémités ⁷⁴. Les radio-
atteint : maladie de Takayashu ; anévrysmes de l’aorte as- graphies montrent des ossifications linéaires péridiaphy-
cendante, des artères sous-clavières ou axillaires ; fistules saires bilatérales séparées de la diaphyse par un liseré clair
artérioveineuses radiales ; varices ou hémiplégies. sur les membres inférieurs. On peut noter une déminéra-
Dans les HD généralisés congénitaux, il existe un antécé- lisation épiphysaire. La scintigraphie osseuse montre des
dent familial avec une transmission autosomique domi- signes plus précoces d’hyperfixation linéaire péridiaphy-
HD hippocratisme digital · PDGF platelet-derived growth factor · VEGF vascular endothelial growth factor · VIH virus de l’immunodéficience humaine
83-8 Affections cardiaques et pulmonaires
Coll. D. Bessis
regulator) par l’augmentation de la concentration en sel de
la sueur associée à une dysrégulation des canaux Na+ Cl− .
Cette dermatose peut être aussi provoquée par des ano-
Fig. 83.13 Ostéoarthropathie hypertrophiante pneumique associée malies fonctionnelles des glandes eccrines ⁹⁵. Les lésions
à un cancer pulmonaire : hippocratisme digital et hypertrophie apparaissent dans les 2 minutes suivant l’exposition à l’eau
pseudo-acromégalique des mains et disparaissent quelques heures après ⁹⁶ (fig. 83.14). Il s’y
associe des sensations de picotement ou de prurit. Parfois,
saire, juxta-articulaire, bilatérale et symétrique. L’ostéoar- on note une hyperhidrose associée ⁹⁶. L’histologie cutanée
thropathie hypertrophiante pourrait être un stade évolutif révèle une hyperkératose et une dilatation des ostia des
de l’HD ⁸⁴. canaux des glandes eccrines. Le traitement repose sur l’uti-
On distingue deux formes cliniques. L’ostéoarthropathie lisation de chlorure d’aluminium, d’antihistaminique ou la
hypertrophiante pneumique ou maladie de Pierre-Marie iontophorèse.
Bamberger est associée dans la grande majorité des cas à Les autres dermatoses sont liées pour la plupart à la mal-
une pathologie thoracique (dans 90 % des cas à un cancer nutrition. Elles peuvent être la conséquence de carence en
pulmonaire). Mais la maladie sous-jacente peut être hépa- nutriments, en acides gras essentiels ou donner les signes
tique, cardiovasculaire ou digestive et recoupe les mêmes de kwashiorkor.
étiologies que l’HD (encadré 83.A). La forme idiopathique ou L’acrodermatite entéropathique-like ou CFNND (cystic fibro-
pachydermopériostose débute à la puberté et s’associe à des sis nutrient deficiency dermatosis des Anglo-Saxons) peut pré-
modifications cutanées du visage (peau huileuse sillonnée céder l’atteinte pulmonaire et digestive de la mucoviscidose.
de rides) ⁸⁵. L’acrodermatite entéropathique-like peut débuter entre
Le traitement, comme pour l’HD, est celui de la cause. Les deux semaines et six mois de vie. Il s’agit de lésions éry-
douleurs nécessitent le recours aux AINS et à la colchi- thémateuses annulaires à disposition péri-orificielle (péri-
cine auxquels elles sont bien souvent réfractaires ⁸⁶. Elles orbitaires, péri-orales, péri-anales) puis acrale sur les extré-
peuvent être améliorées par l’octréotide ⁸⁷, ou les biphos- mités avec une desquamation ⁹⁷. Il existe simultanément
phonates ⁸⁸ voire la radiothérapie locale ⁸⁹. à ces signes, une altération de l’état général, une hépato-
Granulomatose lymphomatoïde La granulomatose lym- mégalie et des œdèmes péri-orbitaires et des extrémités ⁹⁸.
phomatoïde fait partie des pathologies lymphoproliféra- Les anomalies biologiques sont représentées par une ané-
tives au cours desquelles il existe des atteintes pulmo- mie, une hypoalbuminémie, une cytolyse, une cholestase
naires, cutanées et neurologiques ⁹⁰. Il s’agit d’un lym-
phome angiocentrique de type T ou B parfois associé
au virus d’Epstein-Barr. L’atteinte cutanée est fréquente
avec une prévalence variable de 10 à 45 % des cas ⁹¹.
Elle précède l’atteinte pulmonaire de plusieurs années
dans un tiers des cas. Il s’agit de papules ou de papulo-
nodules érythémateux (60 %), rouges violacés évoluant
vers une nécrose centrale ⁹². Ils siègent sur le tronc et les
membres en petit nombre (< 5 éléments). Ils peuvent être
parfois hypo-esthésiques ⁹¹. Parfois, on observe des ma-
cules, des maculo-papules annulaires ou des papules non
spécifiques (30 %) ou des ulcérations (7 %). Le diagnos-
tic est fait par l’histologie en révélant la présence d’un
Coll. Pr L. Misery, Brest
et une baisse des taux de zinc et de vitamine E. L’histologie multiples infections chroniques, de la prévalence élevée
cutanée montre une hyperplasie et une parakératose épi- d’atopie et des taux importants de complexes immuns cir-
dermique, une spongiose, un amincissement de la couche culants ¹⁰¹. Il s’agit le plus souvent de réactions avec les
granuleuse et un infiltrat périvasculaire de cellules mono- bêta-lactamines ¹⁰².
nuclées. Les suppléments nutritionnels et acides gras es- Des calcinoses sous-cutanées des jambes ont été récem-
sentiels et enzymatiques permettent la résolution de la ment décrites chez un patient atteint de mucoviscidose,
dermatose. peut-être liées à des anomalies des canaux calciques des
L’atopie apparaît plus fréquente chez les patients atteints glandes eccrines ¹⁰³. Des syndromes cutanéo-articulaires
de mucoviscidose que dans la population générale 46-76 % ont été observés sans que leurs mécanismes physiopatho-
versus 40 % ⁹⁹. La prévalence de la dermatite atopique est logiques soient élucidés. Ils peuvent associer des nodules
de 10 % dans une population d’enfants atteints de muco- péri-articulaires avec des arthralgies ¹⁰⁴, des éruptions éry-
viscidose ¹⁰⁰. thémateuses maculo-papuleuses. Des vasculites cutanées
Les toxidermies surviennent chez 30 % des patients et ré- par formation d’immuns complexes ont également été rap-
sultent de la prescription accrue d’antibiotiques pour de portées ¹⁰⁵.
1 Higuchi Y, Maeda T, Guan JZ et al. Diagonal 11 Bergman R. The pathogenesis and clinical 22 Kawakami T, Saito R, Miyazaki S. Chronic
earlobe crease are associated with shorter telom- significance of xanthelasma palpebrarum. J Am radiodermatitis following repeated percuta-
ere in male Japanese patients with metabolic Acad Dermatol 1994 ; 30:236-242. neous transluminal coronary angioplasty. Br J
syndrome. Circ J 2009 ; 73:274-279. 12 Jonsson A, Sigfusson N. Letter. Signifi- Dermatol 1999 ; 141:150-153.
2 Evrengul H, Dursunoglu D, Kaftan A et al. cance of xanthelasma palpebrarum in the nor- 23 Lichtenstein DA, Klapholz L, Vardy DA et
Bilateral diagonal earlobe crease and coronary mal population. Lancet 1976 ; 1:372. al. Chronic radiodermatitis following cardiac
artery disease : a significant association. Derma- 13 Bates MC, Warren SG. Xanthelasma : clini- catheterization. Arch Dermatol 1996 ; 132:663-
tology 2004 ; 209:271-275. cal indicator of decreased levels of high-density 667.
3 Pasternac A, Sami M. Predictive value of the lipoprotein cholesterol. South Med J 1989 ; 82: 24 Gironet N, Jan V, Machet MC et al. Ra-
ear-crease sign in coronary artery disease. Can 570-574. diodermite chronique post cathétérisme car-
Med Assoc J 1982 ; 126:645-649. 14 Watanabe A, Yoshimura A, Wakasugi T et diaque : rôle favorisant du ciprofibrate (Li-
4 Lesbre JP, Castier B, Tribouilloy C et al. Signe al. Serum lipids, lipoprotein lipids and coro- panor). Ann Dermatol Venereol 1998 ; 125:598-
de Frank et maladie coronarienne. Ann Cardiol nary heart disease in patients with xanthe- 600.
Angeiol (Paris) 1987 ; 36:37-41. lasma palpebrarum. Atherosclerosis 1981 ; 38: 25 Granel F, Barbaud A, Gillet-Terver MN et al.
5 Raman R, Rani PK, Kulothungan V et al. 283-290. Radiodermites chroniques après cathétérisme
Diagonal ear lobe crease in diabetic south 15 Bergman R. Xanthelasma palpebrarum interventionnel cardiaque. Ann Dermatol Vene-
Indian population : is it associated with Di- and risk of atherosclerosis. Int J Dermatol 1998 ; reol 1998 ; 125:405-407.
abetic Retinopathy ? Sankara Nethralaya Dia- 37:343-345. 26 D”Incan M, Roger H. Radiodermatitis fol-
betic Retinopathy Epidemiology And Molecular- 16 Ceska R, Vrablik M, Horinek A. Familial lowing cardiac catheterization. Arch Dermatol
genetics Study (SN-DREAMS, Report n o 3). defective apolipoprotein B-100 : a lesson from 1997 ; 133:242-243.
BMC Ophthalmol 2009 ; 9:11. homozygous and heterozygous patients. Physiol 27 Schmutz JL, Granel F, Reichert-Penetrat
6 Davis TM, Balme M, Jackson D et al. The di- Res 2000 ; 49 Suppl 1:S125-130. S et al. Radiodermite après cathétérisme car-
agonal ear lobe crease (Frank’s sign) is not asso- 17 Ozdol S, Sahin S, Tokgozoglu L. Xan- diaque. Presse Med 1999 ; 28:2168-2173.
ciated with coronary artery disease or retinopa- thelasma palpebrarum and its relation to 28 Dandurand M, Huet P, Guillot B. Radioder-
thy in type 2 diabetes : the Fremantle Diabetes atherosclerotic risk factors and lipoprotein (a). mites secondaires aux explorations endovascu-
Study. Aust N Z J Med 2000 ; 30:573-577. Int J Dermatol 2008 ; 47:785-789. laires : 5 observations. Ann Dermatol Venereol
7 Celik S, Erdogan T, Gedikli O et al. Diagonal 18 Nahass GT. Acute radiodermatitis after ra- 1999 ; 126:413-417.
ear-lobe crease is associated with carotid intima- diofrequency catheter ablation. J Am Acad Der- 29 Vano E, Arranz L, Sastre JM et al. Dosi-
media thickness in subjects free of clinical car- matol 1997 ; 36:881-884. metric and radiation protection considerations
diovascular disease. Atherosclerosis 2007 ; 192: 19 Pattee PL, Johns PC, Chambers RJ. Radia- based on some cases of patient skin injuries in
428-431. tion risk to patients from percutaneous trans- interventional cardiology. Br J Radiol 1998 ; 71:
8 Shrestha I, Ohtsuki T, Takahashi T et al. luminal coronary angioplasty. J Am Coll Cardiol 510-516.
Diagonal ear-lobe crease is correlated with 1993 ; 22:1044-1051. 30 Stone MS, Robson KJ, LeBoit PE. Suba-
atherosclerotic changes in carotid arteries. Circ 20 Cusma JT, Bell MR, Wondrow MA et al. cute radiation dermatitis from fluoroscopy dur-
J 2009 ; 73:1945-1949. Real-time measurement of radiation exposure ing coronary artery stenting : evidence for cy-
9 Miot HA, Cardoso LC, Miot LD et al. Associa- to patients during diagnostic coronary angiog- totoxic lymphocyte mediated apoptosis. J Am
tion between coronary artery disease and the di- raphy and percutaneous interventional proce- Acad Dermatol 1998 ; 38:333-336.
agonal earlobe and preauricular creases in men. dures. J Am Coll Cardiol 1999 ; 33:427-435. 31 Folliguet T, Le Bret E, Moneta A et al. Pon-
An Bras Dermatol 2006 ; 81:29-33. 21 Cascade PN, Peterson LE, Wajszczuk WJ tage aortocoronarien. Presse Med 1998 ; 27:954-
10 Miric D, Fabijanic D, Giunio L et al. Der- et al. Radiation exposure to patients undergo- 957.
matological indicators of coronary risk : a case- ing percutaneous transluminal coronary angio- 32 DeLaria GA, Hunter JA, Goldin MD et al.
control study. Int J Cardiol 1998 ; 67:251-255. plasty. Am J Cardiol 1987 ; 59:996-997. Leg wound complications associated with coro-
83-10 Affections cardiaques et pulmonaires
nary revascularization. J Thorac Cardiovasc Surg MG. Subacute bacterial endocarditis presenting effusions. Z Gastroenterol 1996 ; 34:763-766.
1981 ; 81:403-407. with necrotic skin lesions. Int J Dermatol 1983 ; 66 Armitage JM, Lane DJ, Stradling JR et al.
33 Dan M, Heller K, Shapira I et al. Incidence 22:295-299. Ear involvement in the yellow nail syndrome.
of erysipelas following venectomy for coronary 49 De Gennes C, Souilhem J, Le Thi Huong D Chest 1990 ; 98:1534-1535.
artery bypass surgery. Infection 1987 ; 15:107- et al. Embolies artérielles des membres au cours 67 Bourcier T, Baudrimont M, Borderie V et
108. des endocardites infectieuses sur valves natives. al. Conjunctival changes associated with yellow
34 Karakas M, Baba M, Aksungur VL et al. Presse Med 1990 ; 19:1177-1181. nail syndrome. Br J Ophthalmol 2002 ; 86:930.
Manifestation of cellulitis after saphenous 50 Le Cam MT, Duterque M. Myxome de 68 Launay D, Hebbar M, Louyot J et al. Syn-
venectomy for coronary bypass surgery. J Eur l’oreillette : manifestations cutanées. Ann Der- drome des ongles jaunes associé à une polyar-
Acad Dermatol Venereol 2002 ; 16:438-440. matol Venereol 1999 ; 126:32-34. thrite rhumatoïde. Régression sous chrysothé-
35 Baddour LM, Googe PB, Stevens SL. Biopsy 51 Bourdarias JP, Dubourg O, Grosgogeat Y. rapie. Rev Med Interne 1997 ; 18:494-496.
specimen findings in patients with previous Les tumeurs cardiaques primitives. Presse Med 69 Makrilakis K, Pavlatos S, Giannikopoulos
lower extremity cellulitis after saphenous venec- 1987 ; 16:335-337. G et al. Successful octreotide treatment of chy-
tomy for coronary artery bypass graft surgery. 52 Lee CW, Kim SY, Yang HY et al. Livedo retic- lous pleural effusion and lymphedema in the yel-
J Am Acad Dermatol 1997 ; 37:246-249. ularis developing simultaneously with a synco- low nail syndrome. Ann Intern Med 2004 ; 141:
36 Baddour LM, Bisno AL. Recurrent celluli- pal attack in a patient with atrial myxoma. J Am 246-247.
tis after coronary bypass surgery. Association Acad Dermatol 1991 ; 25:110-111. 70 Iqbal M, Rossoff LJ, Marzouk KA et al. Yel-
with superficial fungal infection in saphenous 53 Weisshaar E, Claus G, Friedl A et al. low nail syndrome : resolution of yellow nails af-
venectomy limbs. JAMA 1984 ; 251:1049-1052. Atrial myxoma syndrome mimicking Ehrmann- ter successful treatment of breast cancer. Chest
37 Kato N, Ueno H. Saphenous vein graft Sneddon syndrome. Dermatology 1997 ; 195: 2000 ; 117:1516-1518.
donor site dermatitis in Japan. J Dermatol 1995 ; 404-407. 71 Rommel A, Havet M, Ball M et al. Syn-
22:681-685. 54 Feldman AR, Keeling JH, 3rd. Cutaneous drome des ongles jaunes : réponse à la vita-
38 Sachdeva S, Prasher P. Herpes zoster follow- manifestation of atrial myxoma. J Am Acad Der- mine E. Ann Dermatol Venereol 1985 ; 112:625-
ing saphenous venectomy for coronary bypass matol 1989 ; 21:1080-1084. 627.
surgery. J Card Surg 2010 ; 25:28-29. 55 Okada N, Yamamura T, Kitano Y et al. 72 Arroyo JF, Cohen ML. Improvement of yel-
39 George J, Levy Y, Afec A et al. Leucocyto- Metastasizing atrial myxoma : a case with multi- low nail syndrome with oral zinc supplementa-
clastic vasculitis after coronary bypass artery ple subcutaneous tumours. Br J Dermatol 1986 ; tion. Clin Exp Dermatol 1993 ; 18:62-64.
grafting. Br J Dermatol 1996 ; 135:1015-1016. 115:239-242. 73 Williams HC, Buffham R, du Vivier A. Suc-
40 Eisert J. Skin manifestations of subacute 56 Kaminsky P, Klein M, Pinelli G et al. Posi- cessful use of topical vitamin E solution in the
bacterial endocarditis. Case report of subacute tive lupus band test in cardiac myxoma. Lancet treatment of nail changes in yellow nail syn-
bacterial endocarditis mimicking Tappeiner’s 1992 ; 340:1100. drome. Arch Dermatol 1991 ; 127:1023-1028.
angioendotheliomatosis. Cutis 1980 ; 25:394- 57 Jourdan M, Bataille R, Seguin J et al. Con- 74 Bodak N, Wolkenstein P. Hippocratisme
395, 400. stitutive production of interleukin-6 and im- digital. Ann Dermatol Venereol 2000 ; 127:312-
41 Fanning WL, Aronson M. Osler node, munologic features in cardiac myxomas. Arthri- 316.
Janeway lesions, and splinter hemorrhages. tis Rheum 1990 ; 33:398-402. 75 Hernandez MV, Antonio del Olmo J, Orel-
Arch Dermatol 1977 ; 113:648-649. 58 Fayol J. Le syndrome des ongles jaunes. lana C et al. Monomelic hypertrophic osteo-
42 Cardullo AC, Silvers DN, Grossman ME. Ann Dermatol Venereol 2000 ; 127:93-96. arthropathy secondary to aortic prosthesis in-
Janeway lesions and Osler’s nodes : a review of 59 Bull RH, Fenton DA, Mortimer PS. Lym- fection. J Rheumatol 1995 ; 22:183-185.
histopathologic findings. J Am Acad Dermatol phatic function in the yellow nail syndrome. Br 76 Sridhar KS, Lobo CF, Altman RD. Digital
1990 ; 22:1088-1090. J Dermatol 1996 ; 134:307-312. clubbing and lung cancer. Chest 1998 ; 114:
43 Gunson TH, Oliver GF. Osler’s nodes and 60 D’Alessandro A, Muzi G, Monaco A et al. Yel- 1535-1537.
Janeway lesions. Australas J Dermatol 2007 ; 48: low nail syndrome : does protein leakage play a 77 Lim AK, Hooke DH, Kerr PG. Anorexia ner-
251-255. role ? Eur Respir J 2001 ; 17:149-152. vosa and senna misuse : nephrocalcinosis, digi-
44 Vinson RP, Chung A, Elston DM et al. Sep- 61 Maldonado F, Tazelaar HD, Wang CW et al. tal clubbing and hypertrophic osteoarthropathy.
tic microemboli in a Janeway lesion of bacterial Yellow nail syndrome : analysis of 41 consecu- Med J Aust 2008 ; 188:121-122.
endocarditis. J Am Acad Dermatol 1996 ; 35:984- tive patients. Chest 2008 ; 134:375-381. 78 Currie GP, Niruban A, Dempsey OJ. A
985. 62 Hershko A, Hirshberg B, Nahir M et al. Yel- rare cause of finger clubbing in a life-long non-
45 Rubenfeld S, Min KW. Leukocytoclastic low nail syndrome. Postgrad Med J 1997 ; 73: smoker. Br J Clin Pharmacol 2006 ; 63:252.
angiitis in subacute bacterial endocarditis. Arch 466-468. 79 Dickinson CJ, Martin JF. Megakaryocytes
Dermatol 1977 ; 113:1073-1074. 63 Hiller E, Rosenow EC, 3rd, Olsen AM. Pul- and platelet clumps as the cause of finger club-
46 Shapiro LM, Mackinnon J. The resolution monary manifestations of the yellow nail syn- bing. Lancet 1987 ; 2:1434-1435.
of hypertrophic pulmonary osteoarthropathy drome. Chest 1972 ; 61:452-458. 80 Hojo S, Fujita J, Yamadori I et al. Hepato-
following treatment of subacute infective endo- 64 Buzio C, De Martin L, De Palma G. Peri- cyte growth factor and digital clubbing. Intern
carditis. Postgrad Med J 1980 ; 56:513-515. carditis and the yellow nail syndrome. Ann In- Med 1997 ; 36:44-46.
47 Mandell IN, Feiner HD, Price NM et al. Pseu- tern Med 1992 ; 116:878-879. 81 Carroll KB, Doyle L. A common factor in
domonas cepacia endocarditis and ecthyma gan- 65 Malek NP, Ocran K, Tietge UJ et al. A case hypertrophic osteoarthropathy. Thorax 1974 ;
grenosum. Arch Dermatol 1977 ; 113:199-202. of the yellow nail syndrome associated with 29:262-264.
48 Suhge d”Aubermont PC, Honig PJ, Wood massive chylous ascites, pleural and pericardial 82 Treasure T. Hypertrophic pulmonary os-
Références 83-11
teoarthropathy and the vagus nerve : an histor- ture review. Acta Oncol 1996 ; 35:101-103. malabsorption in cystic fibrosis. Pediatr Derma-
ical note. J R Soc Med 2006 ; 99:388-390. 90 Bachelez H. Lymphoproliférations cuta- tol 2003 ; 20:187-188.
83 Angel-Moreno Maroto A, Martinez-Quin- nées angiocentriques. Ann Dermatol Venereol 98 Darmstadt GL, McGuire J, Ziboh VA. Mal-
tana E, Suarez-Castellano L et al. Painful hyper- 2000 ; 127:97-100. nutrition-associated rash of cystic fibrosis. Pe-
trophic osteoarthropathy successfully treated 91 James WD, Odom RB, Katzenstein AL. Cu- diatr Dermatol 2000 ; 17:337-347.
with octreotide. The pathogenetic role of vascu- taneous manifestations of lymphomatoid gran- 99 Hussain I, Smith J. Evidence for the trans-
lar endothelial growth factor (VEGF). Rheuma- ulomatosis. Report of 44 cases and a review missibility of atopy : hypothesis. Chest 2003 ;
tology (Oxford) 2005 ; 44:1326-1327. of the literature. Arch Dermatol 1981 ; 117:196- 124:1968-1974.
84 Dickinson CJ. The aetiology of clubbing 202. 100 Wilmott RW. The relationship between
and hypertrophic osteoarthropathy. Eur J Clin 92 Carlson KC, Gibson LE. Cutaneous signs of atopy and cystic fibrosis. Clin Rev Allergy 1991 ;
Invest 1993 ; 23:330-338. lymphomatoid granulomatosis. Arch Dermatol 9:29-46.
85 Rezgui-Marhoul L, Douira-Khomsi W, Bous- 1991 ; 127:1693-1698. 101 Wills R, Henry RL, Francis JL. Antibiotic
lama K et al. Pachydermopériostose : à propos 93 Pisani RJ, DeRemee RA. Clinical implica- hypersensitivity reactions in cystic fibrosis. J
de deux cas. J Radiol 2005 ; 86:340-343. tions of the histopathologic diagnosis of pul- Paediatr Child Health 1998 ; 34:325-329.
86 Matucci-Cerinic M, Ceruso M, Lotti T et monary lymphomatoid granulomatosis. Mayo 102 Ramesh S. Antibiotic hypersensitivity in
al. The medical and surgical treatment of finger Clin Proc 1990 ; 65:151-163. patients with CF. Clin Rev Allergy Immunol 2002 ;
clubbing and hypertrophic osteoarthropathy. A 94 Bernstein ML, McCusker MM, Grant-Kels 23:123-141.
blind study with colchicine and a surgical ap- JM. Cutaneous manifestations of cystic fibrosis. 103 Friedman JS, Fulghum Walters R, Woosley
proach to finger clubbing reduction. Clin Exp Pediatr Dermatol 2008 ; 25:150-157. J et al. A unique presentation of calcinosis cutis
Rheumatol 1992 ; 10:67-70. 95 Katz KA, Yan AC, Turner ML. Aquagenic in a patient with cystic fibrosis after double lung
87 Johnson SA, Spiller PA, Faull CM. Treat- wrinkling of the palms in patients with cystic transplants. J Am Acad Dermatol 2003 ; 49:1131-
ment of resistant pain in hypertrophic pul- fibrosis homozygous for the delta F508 CFTR 1136.
monary osteoarthropathy with subcutaneous mutation. Arch Dermatol 2005 ; 141:621-624. 104 Lampert S, Schahin SP, Wiest GH et al.
octreotide. Thorax 1997 ; 52:298-299. 96 Seitz CS, Gaigl Z, Brocker EB et al. Painful Arthropathy and cutaneous manifestations in a
88 King MM, Nelson DA. Hypertrophic os- wrinkles in the bathtub : association with hyper- 28-year-old patient with cystic fibrosis. Monaldi
teoarthropathy effectively treated with zole- hidrosis and cystic fibrosis. Dermatology 2008 ; Arch Chest Dis 2006 ; 65:114-115.
dronic acid. Clin Lung Cancer 2008 ; 9:179-182. 216:222-226. 105 Fradin MS, Kalb RE, Grossman ME. Re-
89 Roos DE. Hypertrophic pulmonary os- 97 Patrizi A, Bianchi F, Neri I et al. Acroder- current cutaneous vasculitis in cystic fibrosis.
teoarthropathy : is there a role for radiotherapy matitis enteropathica-like eruption : a sign of Pediatr Dermatol 1987 ; 4:108-111.
to symptomatic sites ? Case report and litera-
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Sparsa A, Doffoel-Hantz V. Affections cardiaques et pulmonaires. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 :
Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 83.1-83.11.
84
Ulcères vasculaires
Olivier Dereure
perficielle (maladie variqueuse « pure ») ou profonde avec tout le tronc principal de la saphène interne (et/ou de
une éventuelle composante superficielle (syndromes post- ses branches, notamment postérieure ou veine de Léo-
thrombotiques). L’apparition de cette ischémie fait appel nard) par défaut de fonctionnement des valvules des
à des mécanismes variés, notamment un trouble de dif- perforantes, de la crosse terminale et étagées le long du
fusion de l’oxygène et des nutriments en raison de la fi- tronc principal. Les ulcérations siègent en regard de la
brose, de l’œdème et d’un manchon de fibrine et surtout zone où la pression veineuse superficielle est maximale,
de polynucléaires neutrophiles engainant des capillaires en général en regard des perforantes de Cockett situées
et limitant les échanges. Des phénomènes inflammatoires en arrière de la malléole interne (fig. 84.1). Beaucoup plus
cytotoxiques, des modifications rhéologiques et des micro- rarement, l’ulcère variqueux siège sur la face externe de
thromboses peuvent également être présents. La fibrose jambe en regard des perforantes inférieures de la veine
créée par l’ischémie chronique entraîne un épaississement saphène externe (fig. 84.2). L’ulcère variqueux de taille
cutané et un enraidissement de l’articulation de la cheville limitée est le plus souvent unique, superficiel, peu ou
qui lui-même gêne le fonctionnement de la pompe veineuse pas douloureux, d’ancienneté variable selon les cas, au
du mollet, ce qui aggrave la stase veineuse ; un cercle vicieux stade détersivo-inflammatoire ou déjà bourgeonnant.
peut ainsi se mettre en place avec une auto-aggravation pro- Il siège sur des téguments remaniés par l’hyperpression
gressive des lésions. veineuse superficielle chronique avec notamment capil-
Le diagnostic clinique est en général relativement simple, larite pigmentée et purpurique (dermite ocre), séche-
basé d’une part sur les caractéristiques de l’ulcère et d’autre resse voire parakératose, étoiles blanches atrophiques
part sur les éléments d’interrogatoire et d’examens liés aux liées à des micro-infarctus cutanés (atrophie blanche
altérations veineuses sous-jacentes ³. de Millian), inflammation cutanée chronique (eczéma
Deux grands cadres étiologiques peuvent ainsi être définis, variqueux d’origine variée, rapporté à l’hyperpression
qui se différencient par un certain nombre de caractéris- veineuse elle-même ou surtout à un eczéma de contact
tiques cliniques : lié aux topiques appliqués). Un certain degré de lipoder-
− ulcères veineux proprement variqueux, évoluant dans matosclérose, souvent beaucoup plus limité que dans
le cadre d’une maladie variqueuse diffuse et bien systé- les syndromes post-thrombotiques, peut être présent.
matisée, souvent familiale, liée à une incontinence de La maladie variqueuse est en général évidente sous la
forme de cordons variqueux dilatés et sinueux, asso-
ciée à des dilatations ampulaires plus importantes en
regard des perforantes incontinentes. La manœuvre du
flot est positive. Il s’y associe souvent une dilatation
des petites veines du bord interne de la plante du pied
(couronne phlébectasique) ;
− ulcères post-thrombotiques qui compliquent une ou
plusieurs thromboses veineuses profondes, en général
anciennes et souvent méconnues. Ils sont souvent mul-
tiples, de grande taille, plus douloureux que les ulcères
variqueux purs, peuvent se localiser sur la face interne,
postérieure ou externe de la jambe et sont parfois cir-
conférentiels (fig. 84.3). Leur évolution est souvent beau- Le pronostic des ulcères de jambe d’origine veineuse dé-
coup plus prolongée que celle des ulcères veineux vari- pend directement de leur étiologie. Ainsi, le pronostic est
queux purs car leur traitement étiologique est plus déli- bon pour les ulcères variqueux purs à condition que la mala-
cat. Il s’y associe des signes d’hyperpression veineuse die variqueuse puisse être efficacement traitée. Il est beau-
profonde chronique avec œdème chronique de la partie coup plus réservé dans les ulcères post-thrombotiques, où
supérieure de la jambe associé à des plaques de lipo- le seul traitement étiologique est représenté par la conten-
dermatosclérose souvent très significatives et pouvant tion élastique forte au long cours dont la compliance dimi-
prendre un aspect circonférentiel, engainant le tiers in- nue souvent avec le temps.
férieur de la jambe sous la forme d’une « guêtre » scléro- Le traitement est avant tout celui de l’étiologie et donc
dermiforme (aspect de la jambe en « gigot »). Les ulcères de l’hyperpression veineuse ⁵-¹⁰. Il faut s’acharner à dimi-
peuvent être bilatéraux. Ils s’accompagnent parfois de nuer cette pression par tous les moyens possibles en exer-
varices mal systématisées dont le niveau dépend de çant notamment une contre-pression externe (traitement
celui de la thrombose initiale. L’atrophie blanche est physique par contention et compression), en faisant dispa-
souvent très significative. raître les points de reflux et d’incontinence valvulaire, no-
Dans le cas d’ulcères veineux « purs », il n’existe pas de tamment sur les perforantes et les crosses. Pour répondre
signes d’artériopathie et les pouls sont notamment pré- à ce dernier point, la technique la plus radicale et la plus
sents. En revanche, un lymphœdème associé est fréquent. efficace consiste en l’ablation du segment de veine incon-
Si le diagnostic clinique est souvent facile, il doit néan- tinent par éveinage chirurgical ; on peut également faire
moins être confirmé par des explorations complémentaires disparaître la lumière veineuse en injectant un produit sclé-
qui permettront d’établir la présence et de préciser les dif- rosant. Cette technique ne peut toutefois être appliquée
férents facteurs étiologiques et notamment les points de qu’aux veines superficielles. L’incontinence des veines pro-
fuite et d’incontinence du réseau veineux superficiel et/ou fondes dans les situations de syndrome post-thrombotique
profond. La pratique d’une échographie-doppler veineuse est pour l’instant hors de portée des ressources chirurgi-
et artérielle en position couchée et debout par un opérateur cales de routine et seule la contention forte peut être propo-
entraîné est donc capitale car elle permettra d’orienter les sée à ces patients. Les mesures médicales n’ont qu’une por-
choix thérapeutiques. La pratique d’autres examens com- tée très limitée, dans le cadre d’un traitement symptoma-
plémentaires n’est pas systématique et doit être discutée au tique. Drainage lymphatique et correction des facteurs fa-
cas par cas ; en particulier, la réalisation d’un prélèvement vorisants de la maladie variqueuse ne doivent en revanche
bactériologique systématique doit être évitée. pas être négligés. Le traitement de la plaie proprement dite
Les complications des ulcères de jambe d’origine veineuse dépendra du stade évolutif dans le cadre de la dynamique
incluent infections bactériennes (apparition d’un aspect générale de la cicatrisation et fera appel aux pansements
très inflammatoire de la plaie et d’un écoulement puri- les plus adéquats.
forme, voire d’un authentique tableau d’érysipèle ou de
lymphangite, bactériémie), handicap moteur lié au blocage Ulcères d’origine artérielle
de la cheville, conséquences socioprofessionnelles avec iso- L’ulcère artériel est la conséquence ultime de l’hypoxie tis-
lement, perte d’emploi, syndrome dépressif en cas d’ul- sulaire liée à une artériopathie oblitérante des membres
cère prolongé, hémorragies par rupture de varices, dou- inférieurs, donc au stade de l’ischémie critique, ce qui l’op-
leurs chroniques, voire transformation en carcinome épi- pose à la situation d’ischémie aiguë de membre. Sur le plan
dermoïde notamment en cas d’évolution très prolongée, hémodynamique, cette ischémie critique se traduit par une
au-delà de 25 ans, des ulcères post-thrombotiques. pression de perfusion à la cheville inférieure à 50 mm de
mercure ou une pression digitale au gros orteil à moins de
30 mm de mercure, notamment chez des patients diabé-
tiques, et par une TcPO 2 (pression tissulaire en oxygène)
inférieure à 30 mm de mercure en distalité. L’ulcère arté-
riel est une véritable urgence thérapeutique qui doit faire
envisager avant toute chose un geste de revascularisation
qui permettra de sauver le membre. Il s’agit le plus souvent
de la manifestation cutanée visible d’une ischémie critique
de tout le membre et, de façon plus générale, de la mani-
Coll. Pr O. Dereure, Montpellier
bète) ¹¹,¹². Sur le plan hémodynamique, l’apparition de l’ul- lés, amyotrophie, abolition des pouls voire souffle vascu-
cère est essentiellement corrélée à une chute de la pression laire, dystrophie unguéale, cyanose cutanée ou de façon
de perfusion d’aval et non à la baisse du débit sanguin distal, assez paradoxale érythrose correspondant à la vasodilata-
en particulier cutané. Cette chute de la pression de perfu- tion ischémique qui est en fait un élément de mauvais pro-
sion est liée à plusieurs phénomènes concomitants, notam- nostic. La prise de l’index de pression systolique est un
ment une hyperviscosité relative entraînant une baisse du geste très simple qui peut être effectué au lit du patient ;
débit de perfusion nutritionnelle locale, une activation de il s’agit du rapport entre la pression systolique de la che-
l’hémostase avec apparition de microthromboses en parti- ville rapportée à la pression systolique humérale, index qui
culier cutanées et musculaires, des anomalies vasomotrices est en principe inférieur à 0,5 ou 0,6 dans l’ischémie cri-
avec une redistribution des flux vers les capillaires de faible tique. Une médiacalcose fréquente chez le diabétique et
résistance. La vasoplégie permanente qui s’installe, liée l’insuffisant rénal peut être à l’origine de chiffres fausse-
au déficit nutritionnel tissulaire, augmente les surfaces ment élevés en raison d’une incompressibilité des artères
d’échange ce qui, en corrélation avec l’altération des parois calcifiées.
endothéliales, entraîne un œdème interstitiel péricapillaire Un certain nombre d’examens complémentaires doivent
qui aggrave la situation en écrasant les capillaires. être proposés à ces patients, d’une part pour objectiver
Sur le plan clinique, l’apparition d’un ulcère artériel signe et quantifier l’ischémie et évaluer les possibilités de revas-
le stade IV de la classification de Leriche et Fontaine de l’ar- cularisation, et d’autre part pour explorer les autres terri-
tériopathie chronique des membres inférieurs, marqué par toires artériels potentiellement concernés par la maladie
l’apparition de troubles trophiques. Sa survenue est donc athéromateuse qui, par essence, est une maladie diffuse
en principe précédée d’un stade de claudication intermit- menaçant le pronostic vital général. D’autres explorations
tente, voire de douleurs de décubitus mais ces stades préa- peuvent être proposées au cas par cas, notamment la re-
lables pourront être difficiles à identifier en cas de neuropa- cherche de complications d’un diabète, en particulier d’une
thies périphériques en particulier chez les diabétiques et neuropathie, des explorations osseuses, un prélèvement
chez des patients à mobilité réduite ¹³. L’interrogatoire iden- bactériologique, la recherche d’une dénutrition, etc. Là en-
tifie par ailleurs les autres facteurs de risque d’athérome core, une échographie-doppler artérielle et veineuse est in-
et des éléments en rapport avec d’autres localisations de la dispensable, associée à une mesure de la pression d’oxygène
maladie athéromateuse (coronarienne, cérébrale, oculaire, transcutanée (TcPO 2) par un capteur spécifique qui mesu-
rénale, digestive, etc.). L’ulcère artériel est d’apparition ré- rera l’oxygénation tissulaire étagée sur la jambe et le pied.
cente et souvent assez brutale, douloureux ou très doulou- Cet examen a un intérêt diagnostique, avec des chiffres infé-
reux, la douleur étant accentuée par le décubitus, souvent rieurs à 35 mm en cas d’ischémie critique, mais également
insomniante, en général mal calmée par les morphiniques. un intérêt pronostique avec un pourcentage plus important
L’ulcère siège dans des zones de vascularisation terminale de revascularisation efficace à un an chez les patients pour
(fig. 84.4) : dos du pied, suspendu sur la face antéro-interne lesquels la TcPO 2 en déclive est supérieure à 40 mm de mer-
ou antéro-externe de jambe, talon, tendon d’Achille, orteils cure. Il permet également d’apprécier au mieux le niveau
et est de taille variable en fonction de sa durée d’évolution d’amputation quand celle-ci se révèle nécessaire pour éviter
et de l’importance de l’ischémie sous-jacente. Il est souvent d’effectuer un geste sur une zone ischémique où le moignon
creusant, recouvert d’une zone nécrotique et peut dénuder ne pourra pas cicatriser dans de bonnes conditions. L’éva-
les tendons. Il s’y associe d’autres signes loco-régionaux luation des possibilités de revascularisation repose bien
liés à l’ischémie chronique : téguments froids, secs, dépi- sûr sur les données de l’échographie-doppler couleur, mais
aussi et surtout sur les différentes techniques d’artériogra-
phie soit « conventionnelles » soit par résonance magné-
tique. L’artériographie, examen invasif, ne se justifie que
si une revascularisation est possible notamment en fonc-
tion de l’état général du patient et des autres localisations
de l’artériopathie. En particulier, il peut être précédé du
traitement chirurgical d’une sténose carotidienne serrée.
L’échographie-doppler permet également d’apprécier les
résultats d’une revascularisation chirurgicale en vérifiant
son efficacité immédiate et à distance ou en dépistant les
complications du geste opératoire qui peut être un pontage
Coll. Pr O. Dereure, Montpellier
ou une angioplastie.
En effet, le seul traitement vraiment efficace, en dehors des
mesures symptomatiques notamment antalgiques ou plus
étiologiques telle une renutrition, reste la revascularisation
du membre atteint sans laquelle aucune cicatrisation ne
peut être attendue ¹⁴. Bien entendu, les facteurs de risque
Fig. 84.4 Ulcère artériel : ulcération creusante du dos du pied et nécrose d’athérome doivent être pris en charge individuellement,
de la pulpe du gros orteil de même que les autres localisations d’athérome qui seront
Ulcères de causes microvasculaires 84-5
l’objet d’investigations complémentaires, notamment mor- patient en mêlant des troubles de coagulation locaux ou
phologiques, adaptées. généraux et des altérations pariétales. La part relative de
ces deux grands facteurs étiologiques est probablement
Ulcères mixtes variable tandis que les facteurs déclenchants de cet orage
On désigne sous ce vocable des ulcérations chroniques des microthrombotique sont en général inconnus.
membres inférieurs d’origine macrovasculaire où des ano- Quoi qu’il en soit, le tableau clinique est assez particulier
malies veineuses et des altérations artérielles sont asso- et bien reconnaissable le plus souvent, autorisant un diag-
ciées. Le tableau clinique est alors intermédiaire entre ul- nostic clinique assez rapide quand l’entité est connue. Le
cères veineux et artériels « purs » et est donc très variable début est souvent brutal, post-traumatique dans la moitié
selon les cas. Il faut y penser systématiquement devant des cas, parfois plus progressif. Dans certains cas, en fait
un ulcère considéré comme veineux mais inhabituellement rares actuellement, l’angiodermite nécrotique survient lors
profond, douloureux, nécrotique et dont la cicatrisation se d’une poussée hypertensive et est alors souvent bilatérale.
révèle problématique et notamment quand il existe des fac- La lésion de base est un livedo d’évolution rapide qui débute
teurs de risque vasculaires. La palpation des pouls se révèle à l’union tiers moyen-tiers inférieur de la face externe de
difficile, voire impossible. L’importance grandissante de ces la jambe, livedo qui devient ensuite rapidement nécrosant,
ulcères mixtes (jusqu’à 30 à 40 % des ulcères de jambes se- mais de façon superficielle, sous la forme d’une plaque es-
lon certaines estimations) justifie la pratique systématique carrotique noirâtre, souvent relativement mince (fig. 84.5).
d’une échographie-doppler à la fois veineuse et artérielle Cette lésion est extrêmement douloureuse, entraînant des
et ce quel que soit le diagnostic étiologique établi sur des troubles de l’alimentation et du sommeil, voire un authen-
simples données cliniques. Ces situations d’ulcères mixtes tique syndrome dépressif aigu avec une altération rapide
sont en réalité de plus en plus fréquentes, notamment en de l’état général chez les patients âgés, notamment en rai-
raison de l’importance grandissante des facteurs de risque son d’une déshydratation. Il n’y a en principe pas de signes
artériels chez les femmes qui sont les plus atteintes par d’insuffisance veineuse, superficielle ou profonde, et les
les ulcères d’origine veineuse. Ces ulcères mixtes illustrent pouls sont perçus, même s’ils sont parfois amortis. L’index
parfaitement le caractère souvent multiple des étiologies de pression systolique est normal ou discrètement abaissé.
des plaies chroniques et l’importance d’être systématique Plus rarement, les lésions siègent sur la face postérieure
sur l’évaluation des facteurs étiologiques qui sont souvent de la jambe, la cheville ou le dos du pied et sont parfois
intriqués. circonférentielles. Elles peuvent être bilatérales dans 10 à
20 % des cas.
Ulcères de causes microvasculaires L’évolution spontanée se fait vers l’élimination de la né-
crose qui a tendance à se détacher progressivement par sa
Angiodermite nécrotique (ou nécrosante) périphérie, élimination qui découvre une ulcération super-
Cette forme particulière d’ulcération d’origine micro-angio- ficielle. L’extension est souvent rapide, centrifuge, pouvant
pathique s’individualise par son tableau clinique très parti- être mesurée jour après jour. La persistance du livedo en
culier et bien reconnaissable. Initialement décrit par Mar- périphérie de la plaque escarrotique signe la poursuite du
torell dans des contextes de poussées hypertensives, son processus microthrombotique. La taille finale de l’ulcère
spectre étiologique s’est ensuite élargi et cette forme par- est variable et parfois importante, mais l’ulcération reste
ticulière d’ulcère aigu serait responsable de 5 à 10 % des en général superficielle, sans atteinte des plans profonds.
troubles trophiques d’origine vasculaire des membres in-
férieurs vus en milieu hospitalier. La reconnaissance de
l’angiodermite nécrotique dont le diagnostic est purement
clinique est un enjeu crucial car son traitement est bien
particulier.
Le terrain de l’angiodermite nécrotique est assez particu-
lier puisqu’il s’agit le plus souvent de femmes, en général
de plus de 60 ans, diabétiques et/ou hypertendues, que
ces affections soient traitées ou non, équilibrées ou non.
D’autres facteurs peuvent être retrouvés comme une arté-
riopathie d’intensité modérée des membres inférieurs, une
Coll. Pr O. Dereure, Montpellier
Une cicatrisation complète est obtenue en général au bout botique est un enjeu important, mais aucun traitement n’a
de plusieurs semaines, mais l’évolution peut être traînante, vraiment fait la preuve de son efficacité dans cette pers-
sur plusieurs mois, émaillée de poussées, voire de réci- pective, qu’il s’agisse de traitements systémiques (antiagré-
dives homo- ou controlatérales. Cette évolution est généra- gants, corticoïdes, anticoagulants, échanges plasmatiques),
trice de coûts importants, notamment en termes d’hospi- ou locaux. L’utilisation de dermo-corticoïdes très puissants,
talisation (en général nécessaire) et de complications qui de classe IV, peut être proposée sur le livedo périnécrotique
peuvent menacer le pronostic vital. Le pronostic général afin de limiter son extension, mais cette modalité n’a pas
est lié au terrain sous-jacent, en particulier d’hypertension été validée par des études contrôlées ¹⁵. Après obtention
ou de diabète chez des patients âgés et fragiles. d’un arrêt évolutif, on peut proposer une détersion de la
Le diagnostic clinique est en général facile, à condition que zone nécrotique, soit chirurgicale en un temps, alors sou-
le profil clinique de l’entité soit connu, ce qui n’est pas tou- vent complétée par une greffe en filet ou en pastille dans le
jours le cas. Les diagnostics différentiels sont représentés même temps opératoire, ou autolytique, notamment par
par les autres causes de microangiopathie thrombotique, l’utilisation d’un hydrogel relayé par des pansements gras
en particulier les vasculites et les maladies micro-occlusives après disparition de la plaque escarrotique. La pratique pré-
par microthrombose primitive qui sont en fait peut-être coce d’une greffe a un double avantage : permettre une cou-
plus des formes étiologiques que d’authentiques diagnos- verture précoce de la perte de substance et surtout obtenir
tics différentiels. On peut citer en particulier les cryoglobuli- un meilleur contrôle de la douleur en raison de l’effet an-
némies dont le tableau clinique est parfois très proche de ce- talgique du greffon ¹⁶. Certains auteurs préconisent même
lui d’une authentique angiodermite nécrotique. Les vascu- l’utilisation de l’excision greffe alors même que la lésion
lites des petits vaisseaux entrant notamment dans le cadre est toujours en phase d’extension. L’emploi d’un facteur de
d’une polyarthrite rhumatoïde peuvent également être très croissance topique (PDGF recombinant) a fait l’objet d’une
proches cliniquement, mais l’affection auto-immune sous- étude randomisée et contrôlée récente dont les résultats
jacente est en général connue. La calciphylaxie est égale- n’ont pas encore été publiés.
ment une affection cliniquement très voisine qui entre
dans le même spectre anatomo-clinique des maladies micro- Ulcères microvasculaires par occlusion primitive de la lumière
occlusives mais qui s’individualise par le terrain d’insuffi-
artériolaire ¹²
sance rénale, la présence de calcifications vasculaires im-
portantes et d’une hyperparathyroïdie secondaire quasi Le mécanisme peut être soit microthrombotique in situ,
constante et importante. Un ulcère macro-artériel est faci- soit micro-embolique ou encore par précipitation endolu-
lement éliminé par la palpation des pouls, la mesure des minale de protéines anormales. Ces différents mécanismes
index de pression et les données de l’échographie-doppler. peuvent d’ailleurs s’associer entre eux, mais également à
Un certain nombre d’examens complémentaires sont re- des troubles vasomoteurs et à des anomalies pariétales qui
commandés dans cette affection : échographie-doppler afin peuvent en elles-mêmes favoriser une thrombose intralu-
d’écarter les ulcères de cause macrovasculaire, recherche minale. Dans ces situations, la biopsie cutanée peut être
de facteurs microthrombotiques généraux (numération for- contributive à condition qu’elle soit profonde, faite au bis-
mule sanguine, recherche d’anticorps antinucléaires, d’anti- touri à cheval sur la zone nécrotique et la peau adjacente
corps antiphospholipides, d’un déficit en protéines C et pro- qui est souvent livédoïde ou purpurique. Elle mettra en
téines S, recherche d’une cryoprotéine, électrophorèse des évidence dans les meilleurs cas le facteur étiologique de
protéines sériques) ; la pratique d’une biopsie cutanée peut l’occlusion, qu’il s’agisse d’une thrombose ou d’une micro-
se discuter, notamment pour écarter des diagnostics diffé- embolie, souvent associée à un discret infiltrat lymphocy-
rentiels très proches et tout particulièrement une vasculite taire périvasculaire réactionnel ne devant pas faire porter
inflammatoire ou une vasculite livédoïde de Winkelmann. à tort le diagnostic de vasculite.
En revanche, la présence de microthrombose des vaisseaux Micro-occlusions par troubles de coagulation Toutes
du derme superficiel et l’altération pariétale avec épaissis- les affections responsables d’une thrombophilie peuvent
sement intimal, fibrose et hyperplasie concentrique de la potentiellement se compliquer d’une occlusion microvas-
média ne sont pas très spécifiques et peuvent se rencontrer culaire :
dans d’autres maladies micro-occlusives. − déficits génétiques en inhibiteur de la coagulation (es-
Le traitement est effectué en général en milieu spécialisé et sentiellement mutations hétéro- et homozygotes du
une hospitalisation est souvent nécessaire, voire urgente gène codant pour la protéine C, plus rarement pour
chez des patients âgés et fragiles dont l’état général se dé- la protéine S, l’antithrombine III ou l’activateur du
grade rapidement, notamment en raison de la douleur. Le plasminogène). Ces déficits peuvent se révéler soit
traitement symptomatique est souvent primordial, en par- spontanément, soit surtout, notamment en ce qui
ticulier prise en charge de la douleur par des antalgiques concerne la protéine C, en présence d’un facteur dé-
(l’utilisation d’un pallier III de l’OMS est souvent néces- clenchant (intervention chirurgicale, infections, notam-
saire), réhydratation et renutrition. Les facteurs étiolo- ment septicémie à méningocoques avec purpura fulmi-
giques doivent être pris en compte, en particulier diabète nans, mais aussi brucellose, endocardite, infections à
et hypertension quand ils sont mal équilibrés, ce qui n’est mycoplasmes, à Coxiella burnetii ou encore mise en
en fait pas souvent le cas. L’arrêt du processus microthrom- place d’un traitement par antivitamine K en raison de
Coll. D. Bessis
luant volontiers vers la nécrose (fig. 84.7).
En revanche, d’autres troubles de la coagulation, telle la
résistance à la protéine C activée (RPCA) liée à la présence
Fig. 84.6 Large ulcération post-nécrotique cernée d’un livedo d’un facteur V muté de type Leyden insensible à l’effet
inflammatoire d’une face externe de jambe au cours d’un syndrome des inhibiteur de la protéine C activée, la présence de l’allèle
anticorps antiphospholipides 20 212A de la thrombine ainsi qu’une élévation des fac-
teurs VIII, IX, XI ne semblent pas se compliquer particu-
l’asynchronisme du déficit induit en protéine C qui pré- lièrement d’ulcérations en dehors peut-être de la vasculite
cède l’impact sur les facteurs de coagulation vitamine K- livédoïde (cf. infra) en ce qui concerne la RPCA.
dépendants avec un risque microthrombotique sur 48 Micro-occlusions de mécanisme embolique
ou 72 heures ; Myxome de l’oreillette gauche À suspecter notamment en
− coagulation intravasculaire disséminée de causes très cas de syncope post-exercice et qui peut s’intégrer dans un
diverses, liée ou non à des anomalies préalables des complexe de Carney associant myxomes cardiaques et cuta-
inhibiteurs de coagulation ; nés, lentigines du visage, du tronc, neurofibromes, nævus
− microthromboses et thrombopénie lors d’un traite- bleu, tumeurs endocrines, notamment thyroïdienne, pa-
ment par héparine en raison de l’apparition de micro- rathyroïdienne et hypophysaire et où les lésions cutanées
thrombus multiples par agrégation plaquettaire induite de nature micro-occlusive (livedo, nécroses, ulcérations)
par l’héparine, notamment liés à la présence d’anti- peuvent s’associer à une éruption papuleuse acrale avec
corps anti-héparine et générateurs d’une thrombopé- claudication, à des lésions violacées serpigineuses et an-
nie de consommation ; nulaires des pulpes, à un érythème pétéchial des paumes
− homocystéinémie, surtout homozygote où les occlu- et des plantes, mais aussi à différentes manifestations qui
sions microvasculaires restent un signe rare ; peuvent en imposer pour une endocardite bactérienne avec
− syndrome des anticorps antiphospholipides de di- embolies systémiques et anévrysmes artériels de topogra-
vers types (anticardiolipine, anticoagulant circulant phie variable. La biopsie cutanée objective inconstamment
lupique à activité antiprothrombinase, antiphospholi- les embolies myxomateuses colorées au bleu alcian, mais
pides neutres, en particulier antiphosphatidyléthanola- parfois ne sont observées qu’une vasculite ou des micro-
mine). Ce syndrome peut être primaire ou secondaire, thromboses trompeuses.
notamment à une connectivite de type lupus érythé- Embolies fibrinocruoriques ou septiques D’origine cardiaque
mateux systémique et ces anticorps peuvent être res- dans les cardiopathies emboligènes, les endocardites bacté-
ponsables d’une maladie macro- ou micro-occlusive, ar- riennes notamment à Coxiella burnetii ou à Candida albicans
térielle ou veineuse, pouvant toucher potentiellement ou d’origine vasculaire (thrombose et/ou infection des pro-
tous les territoires vasculaires y compris la peau sous thèses vasculaires).
la forme d’un livedo souvent irrégulier, fixe, suspendu,
situé en priorité sur les membres, évoluant parfois vers
des nécroses en grandes plaques associées ou non à une
ischémie distale (fig. 84.6). La sévérité des lésions cuta-
nées est considérée comme un marqueur de risque vis-à-
vis de thromboses multisystémiques et notamment du
syndrome catastrophique des antiphospholipides, mais
également de manifestations de neurolupus, souvent
focales, en cas de syndrome des antiphospholipides se-
condaires au lupus érythémateux systémique. La pré-
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
tabagisme, hypertension artérielle, diabète) dans les jours
ou semaines qui suivent un geste invasif (cathétérisme arté-
riel, chirurgie cardiovasculaire) ou encore la mise en route
d’un traitement anticoagulant ou fibrinolytique tel que Fig. 84.9 Purpura pétéchial plantaire et livedo prédominant sur les
l’urokinase. Toutefois, aucun facteur déclenchant n’est mis orteils au cours d’embolies de cholestérol
Coll. D. Bessis
effectuées si possible sur des lésions récentes.
vasculite associée. Certaines formes sont probablement biopsie cutanée faite sur les mailles montre un dépôt de
secondaires à des connectivites et peuvent également s’as- cristaux biréfringents d’oxalate de calcium dans le derme
socier à un diabète, une athéromatose diffuse ou à une et notamment dans les médias vasculaires, mis en évidence
néoplasie viscérale. Le traitement de cette affection récidi- par la coloration de Von Kossa. Il s’y associe souvent une
vante est difficile et peut faire appel aux anticalciques, aux thrombose intraluminale.
antiagrégants plaquettaires, aux corticoïdes, à la puvathé-
rapie, à la prostacycline ou encore aux immunoglobulines Syndrome de Sneddon et autres syndromes ischémiques
intraveineuses.
cutanéocérébraux
Prototype du syndrome ischémique cutanéocérébral, Le
syndrome de Sneddon, décrit en 1965, se caractérise par
l’association d’accidents vasculaires cérébraux ischémiques
à un livedo inflammatoire fait de lésions suspendues à
mailles souvent irrégulières, évoluant très rarement vers
la nécrose. Cette affection atteint en priorité les femmes
entre 20 et 40 ans, souvent hypertendues et/ou tabagiques.
Le livedo précède en général les accidents vasculaires céré-
braux qui peuvent toucher tous les territoires vasculaires
encéphaliques. L’atteinte artérielle intéresserait en fait l’en-
semble de l’organisme, mais avec une nette prédominance
Coll. D. Bessis
cutanée et cérébrale. La biopsie cutanée effectuée au centre
des mailles du livedo a une bonne valeur diagnostique à
condition de répéter les prélèvements (au moins 3 prélève-
Fig. 84.15 Vasculite livedoïde de Winkelmann : ulcères chroniques ments) puisqu’elle montre typiquement une inflammation
du pied associé à un purpura et des cicatrices blanches atrophiques des artères de moyen et petit calibre, suivie d’une occlusion
particulièrement visibles sur la face dorsale de l’avant-pied cellulo-fibrineuse, puis d’une prolifération de cellules mus-
culaires lisses avec obstruction artérielle définitive. Ces
Oxaliurie primitive et secondaire lésions sont également visibles sur les artériographies céré-
L’hyperoxaliurie ou oxalose primitive est une anomalie mé- brales avec sténoses segmentaires multiples à l’origine d’ac-
tabolique congénitale rare qui se transmet sur un mode cidents récidivants de topographie variée. Ces anomalies
autosomique récessif. Elle est liée à un déficit en alanine- aboutissent parfois à des aspects d’angiomatose cérébro-
glyoxylate aminotransférase (oxalose de type I la plus fré- méningée diffuse pouvant rappeler le syndrome de Divry-
quente) ou en D glycérate déshydrogénase (type II plus Van Bogaert dont les relations avec le syndrome de Sned-
rare) voire un trouble de l’absorption de l’oxalate (type III), don sont encore discutées tant sur le plan étiologique que
avec, dans tous les cas, accumulation de cristaux d’oxalate nosologique. L’étiopathogénie du syndrome de Sneddon est
dans les tissus et hyperoxaliurie. Elle se caractérise en ef- en effet encore relativement obscure puisque la responsabi-
fet par une précipitation de cristaux d’oxalate de calcium lité d’anticorps antiphospholipides ou d’anticorps anticel-
dans divers tissus, notamment dans les vaisseaux périphé- lules endothéliales est souvent évoquée bien que leur rôle
riques, le cœur, les reins, les voies urinaires, les yeux et la pathogène exact reste incertain (cause ou conséquence ?).
peau. Quelle que soit l’anomalie biochimique sous-jacente, Ainsi, le syndrome de Sneddon pourrait s’intégrer dans un
le tableau clinique et biologique est assez similaire avec syndrome des antiphospholipides un peu particulier et cer-
lithiases rénales précoces et dépôts de cristaux d’oxalate tains continuent à considérer le syndrome de Sneddon sans
de calcium dans le parenchyme rénal à l’origine d’une in- antiphospholipide comme une entité nosologique tempo-
suffisance rénale terminale, parfois avant l’âge de 20 ans. raire puisque tous les anticorps antiphospholipides n’ont
D’autres organes peuvent être touchés, notamment le cœur peut-être pas encore été identifiés. Toutefois, certains élé-
avec bloc auriculo-ventriculaire, les os, la moelle osseuse, ments cliniques et biologiques différencient les formes avec
la paroi des vaisseaux périphériques, ce qui se manifeste au et sans anticorps antiphospholipides, avec notamment des
niveau de la rétine et de la peau avec notamment un livedo mailles plus petites et un réseau plus fin, plus discret, et
réticulaire nécrosant ou des nécroses parcellaires distales une fréquence plus élevée de la thrombopénie, des crises
qui restent en fait relativement rares. Des formes modé- d’épilepsie et de l’insuffisance mitrale dans les cas associés
rées ont été décrites avec révélation à l’âge adulte. L’oxalose aux anticorps antiphospholipides tandis que les zones de li-
acquise ou secondaire peut être liée à l’insuffisance rénale, vedo sont plus importantes dans les syndromes de Sneddon
à un régime riche en oxalate, à une intoxication à l’éthylène « purs » sans anticorps antiphospholipides.
glycol ou encore à un déficit en pyridoxine. Le diagnostic
des formes primitives est évoqué sur une insuffisance ré- Vasculites
nale chronique précoce associée à une lithiase également Toutes les vasculites notamment leucocytoclasiques des
précoce et repose sur le dosage du taux d’oxalate urinaire petits vaisseaux, la maladie de Wegener, la maladie de
qui est élevé avant l’installation de l’insuffisance rénale. La Churg et Strauss, la maladie de Horton et la périartérite
84-12 Ulcères vasculaires
noueuse « microscopique » ou « classique » cutanée pure ou lement rester très longtemps isolés, notamment dans le
systémique qui touche en priorité des artères de moyen cadre débattu des périartérites noueuses cutanées pures.
calibre peuvent être responsables d’ulcérations cutanées Les nécroses cutanées apparaissant dans ce cadre sont sou-
par atteinte (micro)vasculaire et la symptomatologie asso- vent de mécanisme mixte associant inflammation parié-
cie le plus souvent divers types de lésions : livedo notam- tale et thromboses intraluminales qu’il y ait ou non des an-
ment infiltré, à mailles ouvertes, irrégulières, inflamma- ticorps antiphospholipides associés. Certaines vasculites
toires ; nécroses parcellaires ou confluentes ; nodules sous- sont plus fréquemment en cause telle les vasculites asso-
cutanés, etc. Ces signes cutanés peuvent être associés d’em- ciées au lupus érythémateux systémique, la dermatomyo-
blée ou non à des anomalies viscérales évocatrices, telles site ou la polyarthrite rhumatoïde. La biopsie permet le
une atteinte rénale avec ou sans hypertension artérielle, plus souvent un diagnostic de certitude, en général large-
une multinévrite, une atteinte digestive, mais peuvent éga- ment évoqué sur la situation clinique.
1 Raju S, Neglén P. Clinical practice. Chronic sings for venous leg ulcers : systematic review Bos JD. Causes, investigation and treatment
venous insufficiency and varicose veins. N Engl and meta-analysis. BMJ 2007 ; 335:244. of leg ulceration. Br J Dermatol 2003 ; 148:388-
J Med 2009 ; 360:2319-2327. 7 Marston W. Evaluation and treatment of leg 401.
2 Etufugh CN, Phillips TJ. Venous ulcers. Clin ulcers associated with chronic venous insuffi- 13 Sieggreen MY, Kline RA. Arterial insuffi-
Dermatol 2007 ; 25:121-130. ciency. Clin Plast Surg 2007 ; 34:717-730. ciency and ulceration : diagnosis and treatment
3 Rajendran S, Rigby AJ, Anand SC. Venous 8 Jones KR, Fennie K, Lenihan A. Evidence- options. Adv Skin Wound Care 2004 ; 17:242-
leg ulcer treatment and practice–part 1 : the based management of chronic wounds. Adv 251.
causes and diagnosis of venous leg ulcers. J Skin Wound Care 2007 ; 20:591-600. 14 Nelson EA, Bradley MD. Dressings and to-
Wound Care 2007 ; 16:24-26. 9 Nicolaides AN, Allegra C, Bergan J et al. Ma- pical agents for arterial leg ulcers. Cochrane Da-
4 Chen WY, Rogers AA. Recent insights into nagement of chronic venous disorders of the tabase Syst Rev 2007 Jan 24 :CD001836.
the causes of chronic leg ulceration in venous lower limbs : guidelines according to scientific 15 Carre D, Dompmartin A, Gislard A et al. In-
diseases and implications on other types of chro- evidence. Int Angiol 2008 ; 27:1-59. térêt des dermocorticoides dans l’angiodermite
nic wounds. Wound Repair Regen 2007 ; 15:434- 10 Coleridge-Smith PD. Leg ulcer treatment. nécrosante. Ann Dermatol Venereol 2003 ; 130:
449. J Vasc Surg 2009 ; 49:804-808. 547-548.
5 Rajendran S, Rigby AJ, Anand SC. Venous 11 Moloney MC, Grace P. Understanding the 16 Lazareth I, Priollet P. Angiodermite nécro-
leg ulcer treatment and practice–Part 2 : Wound underlying causes of chronic leg ulceration. J sante : traitement par greffes précoces. Ann Der-
management. J Wound Care 2007 ; 16:68-70. Wound Care 2004 ; 13:215-218. matol Venereol 1995 ; 122:575-578.
6 Palfreyman S, Nelson EA, Michaels JA. Dres- 12 Mekkes JR, Loots MA, Van Der Wal AC,
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Dereure O. Ulcères vasculaires. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations dermatologiques
des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 84.1-84.12.
85
Affections veineuses
Didier Bessis
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
de nodules érythémateux ou violacés, de disposition li-
néaire, sensibles à la palpation et, d’autre part, de cordons
en forme de « tuyau de pipe », infiltrés, rouge violacé et dou- Fig. 85.3 Maladie de Mondor : deux cordons linéaires en « fil de fer »
loureux (fig. 85.2). Dans de rares cas, ces lésions peuvent se li- (flèches) de la région épigastrique gauche
miter à une simple turgescence cutanée segmentaire ou dou-
loureuse ⁸. En l’absence de thrombose veineuse profonde traumatisme, effort physique, chirurgie thoracique, mam-
associée, il n’existe pas d’œdème du membre touché ou maire ou axillaire (après biopsie ou curage ganglionnaire) ⁹,
d’adénopathies loco-régionales. Leur topographie intéresse inflammations ou infections mammaires, carcinome mam-
les membres inférieurs mais parfois aussi les membres supé- maire, port de vêtements serrés, piqûre de méduse ¹⁰. L’évo-
rieurs et le tronc. Les lésions disparaissent après quelques lution est le plus souvent spontanément régressive en
semaines, suivies habituellement d’une pigmentation tran- quelques semaines. Un traitement anti-inflammatoire local
sitoire. Le diagnostic différentiel peut se poser avec la pé- ou systémique et une mise au repos d’un membre atteint,
riartérite noueuse (PAN). L’absence de signe histologique voire une brève anticoagulation, peuvent néanmoins être
de vasculite reste le critère diagnostique essentiel d’exclu- proposés en phase aiguë.
sion de la PAN. Les autres diagnostics différentiels com- Thrombophlébites nodulaires Elles correspondent clinique-
prennent les hypodermites chroniques ou subaiguës nodu- ment à des nodules arrondis ou ovalaires, enchâssés dans
laires (vasculite nodulaire, érythème noueux...), la maladie le derme, plus ou moins inflammatoires, faisant évoquer
de Kaposi, la sarcoïdose nodulaire. le diagnostic d’érythème noueux ¹¹ (fig. 85.4). C’est la seule
Maladie de Mondor La maladie de Mondor ou phlébite éventualité au cours de laquelle une biopsie cutanée pro-
en « cordon » ou en « fil de fer » désigne une thrombophlé- fonde (jusqu’à l’hypoderme) peut être utile au diagnostic de
bite superficielle qui touche classiquement les veines laté- TVS. Histologiquement, il existe un infiltrat inflammatoire
rothoraciques, thoraco-épigastriques et épigastriques supé- polymorphe autour d’une veinule thrombosée de l’hypo-
rieures. De caractère bénin, elle prédomine chez la femme derme. Dans certains cas, la différenciation histologique
où elle se définit par un cordon induré d’une dizaine de entre artériole et veinule peut être difficile si le caractère
centimètres, linéaire, indolore, unilatéral. Sa localisation large et ovale de la lumière du vaisseau veineux manque.
caractéristique est préthoracique, déterminant une dépres- L’absence de limitante élastique interne reste alors un bon
sion « en rigole » lors de l’élévation du bras (fig. 85.3). Une at- critère de diagnostic en faveur de son origine veineuse.
teinte des membres supérieurs et inférieurs, de l’abdomen,
des plis axillaires ou inguinaux ou du pénis est également Enquête étiologique
possible. Son étiologie exacte reste inconnue, mais de nom- Toutes les formes de TVS sur veine saine peuvent révéler
breux facteurs prédisposants peuvent être mis en évidence une pathologie générale ou en être le prélude, que ce soit un
lors de l’interrogatoire, l’examen clinique ou d’éventuelles trouble primaire de l’hémostase, une maladie de système
explorations complémentaires : états d’hypercoagulabilité, ou une néoplasie ¹²,¹³. En pratique, l’enquête étiologique
Coll. D. Bessis
– acquises Syndrome des anticorps
antiphospholipides
Thrombocytémie
Fig. 85.4 Thrombophlébites nodulaires : nodules rouges inflammatoires
de la face antérieure de jambe de distinction clinique délicate avec un Affections malignes Néoplasies du pancréas, estomac
érythème noueux (syndrome de Trousseau)
Maladies systémiques Maladie de Buerger (50 %)
devra toujours être conduite de façon systématique : in- Maladie de Behçet (2-10 %)
terrogatoire rigoureux et examen clinique complet (sans Périartérite noueuse (rare)
omettre les touchers pelviens) constituent les étapes diag- Maladies infectieuses Iatrogéniques (cathéter à demeure,
nostiques essentielles. À l’issue de l’examen clinique, deux toxicomanie)
types de situation pourront être distingués : Infections à Rickettsies
− soit la TVS survient sur une varicose des membres infé- Syphilis secondaire
rieurs, de façon segmentaire et isolée ou dans le cadre Causes hormonales Grossesse
d’une maladie de Mondor et il semble logique de n’effec- Contraception hormonale
tuer aucune exploration étiologique complémentaire
en l’absence de récidive ; Autres causes Immobilisation, obésité, hyperuricémie
− soit la TVS survient sur une varicose étendue ou sur une Hernie hiatale
veine saine, a fortiori de façon répétitive ou migratrice Post-opératoires
et un bilan étiologique est indispensable (tableau 85.1).
Anomalies de l’hémostase ont été signalées : prostate, côlon, poumons, voies biliaires.
Constitutionnelles Elles devront être recherchées chez le Nombre de ces observations restent imprécises quant à la
malade de moins de 40 ans avec des antécédents throm- nature superficielle ou profonde de la thrombose et à son ca-
botiques personnels ou familiaux. Des tableaux particu- ractère isolé ou migrateur ²⁰. Plusieurs auteurs ont insisté
liers tels qu’une résistance à l’héparine, évocatrice d’un sur la possibilité de précession de plusieurs mois voire an-
déficit en antithrombine III, ou une notion de nécrose cuta- nées de la TVS par rapport à la survenue de la néoplasie,
née à l’induction d’un traitement anticoagulant oral feront et donc de l’intérêt d’un suivi prolongé, au moins les deux
suspecter un déficit en protéine C ou S ¹⁴,¹⁵. Ces anoma- années suivantes, et rigoureux des TVS dites idiopathiques,
lies constitutionnelles de l’hémostase pourront entraîner en particulier chez le sujet âgé ²¹. La physiopathologie reste
aussi bien des thromboses veineuses superficielles que pro- hypothétique et multifactorielle : hyperproduction de fac-
fondes. teurs de coagulation, activation plaquettaire, production
Acquises Le syndrome des anticorps antiphospholipides d’activateurs de la prothrombine par stimulation monocy-
est défini par l’association d’une manifestation clinique (au taire ou macrophagique ou par les cellules tumorales elles-
moins) de thrombose veineuse ou artérielle ou de pertes mêmes. Un rôle pathogénique des anticorps antiphospholi-
fœtales répétées (plus de deux) et une anomalie biologique pides a également été évoqué.
(au moins) à type de lupus anticoagulant ou d’anticorps an- Maladies systémiques Les TVS sont un signe classique d’en-
ticardiolipide confirmée sur deux déterminations séparées trée de la maladie de Behçet pouvant précéder les manifes-
d’au moins 8 semaines ¹⁶. La présence d’anticorps antiphos- tations d’uvéite ou d’aphtose. Elles posent habituellement
pholipides a été impliquée comme facteur déclenchant de peu de problème de reconnaissance en présence des autres
TVS au cours de la maladie de Behçet ¹⁷ et de la maladie de signes cliniques cardinaux associés mais en cas d’atteinte
Buerger ¹⁸. La thrombocytémie essentielle constitue égale- initiale ou isolée peuvent être confondues avec des lésions
ment une étiologie classique de TVS ¹⁹. nodulaires d’érythème noueux.
Affections malignes Les phlébites superficielles migratrices Causes infectieuses Les TVS résultent le plus souvent
paranéoplasiques ou syndrome de Trousseau restent clas- d’une agression directe d’un germe sur la paroi veineuse,
siques mais rares ²⁰. Les pathologies néoplasiques rappor- survenant avec prédilection sur les cathéters à demeure.
tées sont le plus souvent d’origine gastrique ou pancréa- Les phlébites septiques des toxicomanes sont facilement
tique mais de nombreuses autres localisations malignes reconnaissables, multiples ou associées à des hématomes,
Maladie postphlébitique
Coll. D. Bessis
Elle se définit comme l’ensemble des manifestations cli-
niques survenant à moyen ou à long terme après une throm-
bose veineuse profonde des membres inférieurs. Sa fré-
quence de survenue varie de 10 à 90 % dans les 5 à 10 ans Fig. 85.5 Circulation collatérale veineuse thoracique au cours d’un
qui suivent la thrombose mais reste difficile à apprécier syndrome cave supérieur compliquant un adénocarcinome bronchique
en raison du flou nosologique (assimilation fréquente à
l’insuffisance veineuse chronique), de la fréquente mécon- Le mécanisme physiopathologique repose sur l’association
naissance du diagnostic de thrombophlébite profonde et à des degrés variables d’un syndrome de suppléance (aggra-
du biais de recrutement dans les séries publiées. Les ma- vation de varices préexistantes ou développement de va-
nifestations cliniques sont d’intensité variable suivant le rices saphènes) et de reperméation (syndrome de dévalvu-
stade évolutif de la maladie postphlébitique, et sont carac- lation avec reflux, inversion des perforantes) faisant suite
térisées par ²³ : au syndrome obstructif lié à la thrombose veineuse.
− un œdème, initialement localisé à la cheville et réduc-
tible au repos, majoré par l’orthostatisme et cédant au Syndrome cave supérieur
décubitus ;
− une lourdeur et/ou des douleurs des membres infé- Le syndrome cave supérieur est lié dans environ 80 % des
rieurs, aggravées par la station debout et la marche, cas à une étiologie maligne, dominée par les néoplasies
parfois sévères (claudication veineuse) et soulagées par intrathoraciques, avec au premier plan les cancers broncho-
le repos et la surélévation des membres inférieurs ; pulmonaires. Les étiologies non néoplasiques (20 % des
− la présence inconstante de varices. cas) sont marquées par les médiastinites fibreuses chro-
Les signes cutanés sont marqués par la survenue ²³ : niques (infectieuses, post-radiques ou idiopathiques) et les
− de troubles trophiques divers, polymorphes, souvent thromboses, avec un nombre croissant d’observations liées
associés : hyperpigmentation de la dermite ocre (Favre à des dispositifs endoveineux ²⁴.
et Chaix) et/ou pigmentée et purpurique (Gougerot Les signes d’appel du syndrome cave supérieur sont d’appa-
et Blum), atrophie blanche, hypodermites aiguës, sub- rition progressive, avec un intervalle variable suivant l’étio-
aiguës ou chroniques. Ces troubles trophiques sont logie : 3 semaines en moyenne pour les causes malignes
parfois sévères, compliqués d’une sclérose cutanée pro- contre 42 semaines pour les causes bénignes. Ils se caracté-
fonde parfois étendue (guêtre de l’hypodermite scléro- risent par des céphalées avec une sensation de tête pleine,
dermiforme) pouvant se compliquer d’une ankylose de une dyspnée et une toux, ces symptômes étant majorés par
la cheville ; l’effort ou la position penchée en avant. S’y associent un
− d’ulcère de jambe : le plus souvent unique, de grande œdème et une cyanose du visage, du cou et des extrémités,
taille, peu douloureux et localisé dans la zone rétromal- une turgescence des veines jugulaires et une circulation col-
léolaire interne en cas de varices associées, parfois com- latérale thoracique supérieure ²⁵ (fig. 85.5). La survenue de
pliqué d’un eczéma de stase. bouffées vasomotrices faciales révélatrices d’un syndrome
Le diagnostic sera confirmé par les explorations ultraso- cave supérieur a également été rapportée ²⁶. Le diagnostic
nographiques (en particulier echographie-doppler) parfois est établi par la tomodensitométrie ou l’IRM. Le traitement
complétées de la pléthysmographie et de la mesure des reste étiologique et symptomatique (anticoagulants en cas
pressions veineuses. de thrombose, diurétiques, etc.).
1 Decousus H, Leizorovicz A. Superficial throm- 3 Binder B, Lackner HK, Salmhofer W et al. As- superficial thrombophlebitis of the lower limbs :
bophlebitis of the legs : still a lot to learn. J sociation between superficial vein thrombosis prospective study of 60 cases. Int Angiol 2009 ;
Thromb Haemost 2005 ; 3:1149-1151. and deep vein thrombosis of the lower extremi- 28:400-408.
2 Decousus H, Quéré I, Presles E et al. Su- ties. Arch Dermatol 2009 ; 145:753-757. 5 van Weert H, Dolan G, Wichers I et al. Spon-
perficial venous thrombosis and venous throm- 4 Lima Sobreira M, Humberto De Abreu Maf- taneous superficial venous thrombophlebitis :
boembolism : a large, prospective epidemio- fei F, Bonetti Yoshida W et al. Prevalence of deep does it increase risk for thromboembolism ? A
logic study. Ann Intern Med 2010 ; 152:218-224. vein thrombosis and pulmonary embolism in historic follow-up study in primary care. J Fam
Pract 2006 ; 55:52-57. tes. J Am Acad Dermatol 1990 ; 23:1-18. polycythaemia vera. Platelets 2004 ; 15:67-84.
6 Gillet JL, Perrin M, Cayman R. [Superficial 14 Samlaska CP, James WD, Simel DL. Superfi- 20 Bessis D, Sotto A, Viard JP et al. Trousseau’s
venous thrombosis of the lower limbs : prospec- cial migratory thrombophlebitis and factor XII syndrome with non-bacterial thrombotic en-
tive analysis in 100 patients]. J Mal Vasc 2001 ; deficiency. J Am Acad Dermatol 1990 ; 22:939- docarditis : pathogenic role of the antiphos-
26:16-22. 943. pholipid syndrome. Am J Med 1995 ; 98:511-
7 Luis Rodríguez-Peralto J, Carrillo R, Ros- 15 Fiehn C, Pezzutto A, Hunstein W. Super- 513.
ales B, Rodríguez-Gil Y. Superficial throm- ficial migratory thrombophlebitis in a patient 21 van Doormaal FF, Atalay S, Brouwer HJ et
bophlebitis. Semin Cutan Med Surg 2007 ; 26: with reversible protein C deficiency and anticar- al. Idiopathic superficial thrombophlebitis and
71-76. diolipin antibodies. Ann Rheum Dis 1994 ; 53: the incidence of cancer in primary care patients.
8 Bessis D, Porneuf M, Dandurand M et al. Su- 843-844. Ann Fam Med 2010 ; 8:47-50.
perficial migratory thrombophlebitis. Eur J Der- 16 Blum F, Gilkeson G, Greenberg C, Murray 22 Chérin P, Blétry O, Frances C et al. [Isolated
matol 1993 ; 3:255-261. J. Superficial migratory thrombophlebitis and recurrent superficial steroid-induced phlebitis
9 Talhari C, Mang R, Megahed M et al. Mon- the lupus anticoagulant. Int J Dermatol 1990 ; of the lower limbs in young women. A new en-
dor disease associated with physical strain : re- 29:190-192. tity]. Presse Med 1990 ; 19:1795-1800.
port of 2 cases. Arch Dermatol 2005 ; 141:800- 17 Kawakami T, Yamazaki M, Mizoguchi M, 23 Valencia IC, Falabella A, Kirsner RS, Eagl-
801. Soma Y. Antiphosphatidylserine-prothrombin stein WH. Chronic venous insufficiency and ve-
10 Craythorne E, Benton E, Macfarlane S. Axil- complex antibodies in 3 patients with Be- nous leg ulceration. J Am Acad Dermatol 2001 ;
lary web syndrome or cording, a variant of Mon- hçet disease involving superficial vein throm- 44:401-421.
dor disease, following axillary surgery. Arch Der- bophlebitis. Arch Dermatol 2009 ; 145:171-175. 24 Marlier S, Bonal J, Cellarier G et al. [Supe-
matol 2009 ; 145:1199-1200. 18 Maslowski L, McBane R, Alexewicz P, rior vena cava syndromes of benign etiology].
11 Chanet V, Amarger S, Pons B et al. [Nodular Wysokinski WE. Antiphospholipid antibodies Presse Med 1996 ; 25:1203-1207.
thrombophlebitis and granulomatous systemic in thromboangiitis obliterans. Vasc Med 2002 ; 25 Hirschmann JV, Raugi GJ. Dermatologic
disease]. Rev Med Interne 2007 ; 28:416-419. 7:259-264. features of the superior vena cava syndrome.
12 Samlaska CP, James WD. Superficial throm- 19 Michiels JJ, Berneman ZN, Schroyens Arch Dermatol 1992 ; 128:953-956.
bophlebitis. I. Primary hypercoagulable states. W, Van Vliet HH. Pathophysiology and treat- 26 Soufir N, Descamps V, Chemlal K et al. [Su-
J Am Acad Dermatol 1990 ; 22:975-989. ment of platelet-mediated microvascular dis- perior vena cava thrombosis manifesting as va-
13 Samlaska CP, James WD. Superficial throm- turbances, major thrombosis and bleeding com- somotor facial flushes]. Ann Dermatol Venereol
bophlebitis. II. Secondary hypercoagulable sta- plications in essential thrombocythaemia and 1998 ; 125:191-192.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Bessis D. Affections veineuses. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations dermatologiques
des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 85.1-85.5.
86
Lymphœdèmes des membres
Stéphane Vignes
Facteurs déclenchants
Lors de l’apparition d’un lymphœdème primitif, il est clas-
sique de rechercher un facteur déclenchant. Il est tentant
d’attribuer une cause au lymphœdème alors qu’il serait pré-
férable de parler de facteur de décompensation, la ou les
anomalies lymphatiques étant préexistantes. Brunner les
retrouve ainsi 76 fois sur 285 avec par ordre de fréquence
décroissante : entorse de cheville, grossesse, effort sportif,
long voyage en voiture, piqûres d’insecte, sclérothérapie,
pontage artériel ou érysipèles ⁷. Toute agression même mi-
nime peut être considérée comme le facteur déclenchant.
Tableau 86.1 Maladies malformatives et/ou génétiques, anomalies chromosomiques pouvant s’accompagner de lymphœdème (d’après ⁸,⁹)
Anomalies chromosomiques Syndromes ou maladies malformatifs et/ou génétiques
Trisomie 13 Lymphœdèmes isolés :
Trisomie 18 – maladie de Milroy
Trisomie 21 – maladie de Meige
Duplication 11 Syndromes malformatifs complexes :
Syndrome 11q-, 13q- – syndrome de Noonan (petite taille, sténose pulmonaire, dysplasie des valves, cardiomyopathie ventriculaire
Syndrome de Turner gauche)
Syndrome de Klinefelter – syndrome lymphœdème - distichiasis
– maladie de Waldmann (lymphangiectasies intestinales primitives)
– syndrome des ongles jaunes (yellow nail syndrome)
– neurofibromatose de type I (maladie de Recklinghausen)
– syndrome lymphœdème - hypoparathyroïdie
– syndrome de Hennekam (lymphangiectasies intestinales, retard mental, anomalies de la face, syndactylie)
– syndrome d’Aagenaes (cholestase, hépatomégalie, atrésie des voies biliaires, hémangiomes cutanés)
– syndrome de Njolstad
– syndrome de Protée (croissance anormale des os, de la peau, du crâne, lipomes, malformations vasculaires)
– syndrome de Maffucci (enchondromes multiples, hémangiomes cutanés)
Syndromes malformatifs vasculaires :
– syndrome de Klippel-Trenaunay
– syndrome de Parkes Weber
Syndrome de Prader-Willi (hyperphagie, obésité, retard mental modéré, troubles du comportement, retard
statural et pubertaire, hypogonadisme)
Syndrome de Dahlberg (cataracte, ptosis, hypocalcémie, néphropathie, hypothyroïdie, anomalies de la peau et
des phanères)
Déficit en α-galactosidase : maladie de Fabry
Autres
Syndrome de Kasabach-Merritt (hémangiomes cutanés, thrombopénie par consommation)
Autres malformations associées : fente palatine, ptosis, nystagmus, surdité de perception, microcéphalie, craniosténose, rétinite pigmentaire,
cryptorchidie
Autres anomalies génétiques Le syndrome cholestase- à préciser notamment en raison de l’absence de définition
lymphœdème, appelé également syndrome d’Aagenaes, as- unique. En effet, le lymphœdème est défini, par rapport au
socie un lymphœdème, un ictère, une hépatomégalie et une membre controlatéral, soit par les sommes des différences
atrésie des voies biliaires intrahépatiques. La transmission périmétriques (6 mesures) de plus de 5 % ²⁴, soit par des dif-
est autosomique récessive. Le gène anormal est situé sur férences périmétriques supérieures à 2 ou 2,5 cm ²⁵ ou enfin
le bras long du chromosome 15 ²¹. D’autres facteurs sont par une différence de volume de 200 voire 250 ml ²⁶. Mal-
impliqués dans la lymphangiogenèse comme le système gré ces nuances, la fréquence du lymphœdème, comprise
Tie/angio-poïétine, la neuropilin-2, l’intégrine alpha-9 ou entre 10 et 56 % (avec des durées d’observation variant
le facteur Prox-1 et qui pourraient avoir une implication de 1 à 11 ans), est d’autant plus élevée dans les études an-
clinique dans les lymphœdèmes ²². Récemment, des anoma- ciennes et les traitements plus agressifs ²⁵,²⁷. La fréquence
lies du gène SOX18 ont été décrites au cours du très rare globale de lymphœdème était comprise entre 13,6 % et
syndrome hypotrichose-lymphœdème-télangiectasies ²³. 28 % ²⁸-³⁰. Cette fréquence est également retrouvée lors-
qu’on définit le lymphœdème par une augmentation de
volume du membre atteint de 10 % par rapport au membre
Lymphœdèmes secondaires du membre controlatéral ³¹.
supérieur
Délai d’apparition
Ils représentent la majorité des lymphœdèmes secondaires, Le lymphœdème peut apparaître en postopératoire immé-
membre supérieur et inférieur confondus, et sont essentiel- diat ou beaucoup plus tard, jusqu’à plus de 20 ans après le
lement secondaires aux traitements des cancers du sein. traitement du cancer ³². Pour Liljegren et al., la fréquence
du lymphœdème augmente dans le temps, passant de 1,4 %
Définition et épidémiologie à 1 an à 11,2 % à 3 ans ³³, ce qui explique le faible taux de
Le nombre de nouveaux cas de cancer du sein est estimé lymphœdème lorsque le suivi est court ³⁴. Dans la cohorte
en France à environ 42 000 par an. La fréquence des lym- de Guedes Neto, 73 % des 142 femmes avec un lymphœ-
phœdèmes après traitement du cancer du sein est difficile dème le développeront dans la première année ³⁵. Pour Wer-
86-4 Lymphœdèmes des membres
ner et al., sur 282 femmes, le lymphœdème survient avec sociation chimiothérapie-radiothérapie postopératoire ⁴⁸.
un délai moyen de 14 mois après le traitement, 97 % des D’autre part, comme l’ont montré Segerström et al. dans
femmes ayant un lymphœdème, le développement avant une étude comportant 136 femmes traitées par mammec-
la quatrième année ³⁶. Il est également admis que l’évolu- tomie et curage axillaire, le risque de lymphœdème est plus
tion spontanée du lymphœdème se fait vers l’aggravation important après radiothérapie sur les aires ganglionnaires
volumétrique avec augmentation de la composante tissu- axillaires qu’après irradiation sur le sein et les aires gan-
laire (fibrose, tissu adipeux) et diminution relative de la glionnaires sus-claviculaires et sous-claviculaires (59,6 %
composante liquidienne ³⁷. versus 16,7 %) ou qu’après chirurgie seule (20,9 %) ⁴⁹.
Surcharge pondérale Il s’agit d’un facteur de risque im-
Facteurs de risque de développement d’un lymphœdème du portant dans la survenue d’un lymphœdème secondaire
du membre supérieur. Dans une étude cas-témoins com-
membre supérieur
prenant 71 femmes dans chaque groupe, l’index de masse
Curage ganglionnaire axillaire Liljegren et al. avaient corporelle (IMC) lors du traitement du cancer était significa-
montré que le degré de dissection des ganglions axillaires tivement supérieur chez les femmes qui avaient un lymphœ-
influence la survenue d’une pathologie du membre supé- dème par rapport à celles qui n’en avaient pas ⁵⁰. La prise de
rieur, dont le lymphœdème, avec un risque relatif de 1,11 poids après le traitement du cancer du sein est aussi consi-
par ganglion enlevé ³³. D’autres auteurs ont confirmé ce dérée comme un facteur de risque de lymphœdème. Dans
facteur de risque ³⁸,³⁹. Herd-Smith et al. avaient estimé la l’étude prospective de Petrek et al., portant sur 263 femmes
fréquence du lymphœdème en fonction du nombre de gan- qui avaient eu une mammectomie totale avec curage axil-
glions enlevés : moins de 20, 14,5 %, de 20 à 30, 17,7 % et laire, la fréquence du lymphœdème était supérieure si la
plus de 30, 22,1 % ²⁴. La technique du ganglion sentinelle prise de poids était supérieure à 4,5 kg par rapport à celles
permet de ne prélever que le ou les premiers ganglions dont le poids était resté stable (60 % versus 39 %) ³². L’im-
relais axillaire du cancer du sein pour rechercher son en- portance du poids a été confirmée par l’étude de Clark et
vahissement et d’éviter ainsi un curage axillaire en cas de al. avec une fréquence du lymphœdème, trois ans après
négativité. Dans une première étude, Schrenk et al. ne re- le traitement du cancer du sein, de 28 % chez les femmes
trouvaient pas de lymphœdème après ablation du ganglion ayant un IMC supérieur ou égal à 26 versus 14 % chez les
sentinelle ⁴⁰. Plus récemment, des études ayant des suivis femmes avec un IMC inférieur à 26 ³⁰. L’IMC était corrélé
plus longs retrouvaient une fréquence de lymphœdème non seulement à la fréquence mais aussi la sévérité du lym-
de 3 à 7 % nettement inférieur à celui des femmes ayant phœdème. Ainsi, la fréquence du lymphœdème à 5 ans chez
eu un curage axillaire (17-27 %). Le risque semble encore les femmes ayant un IMC supérieur à 29,2 kg/m ² était de
accru pour les tumeurs du quadrant supéro-externe par 36 % et seulement de 12 % chez celles ayant un IMC infé-
rapport aux autres localisations ⁴¹-⁴⁵. Dans une population rieur. Il y avait 9,2 % de lymphœdème sévère (différence
de femmes âgées de 65 à 89 ans, un nombre de ganglions périmétrique > 4 cm) chez les obèses et seulement 2,3 %
axillaires enlevés supérieur à 5 était un facteur de risque de chez les autres ³⁶. Cette association entre l’IMC et le vo-
survenue de même que l’envahissement ganglionnaire ⁴⁶. lume du lymphœdème a été retrouvée dans une cohorte de
Le type d’intervention chirurgicale est aussi considéré 807 femmes avant physiothérapie décongestive ⁵¹.
comme un facteur influençant la survenue d’un lymphœ- Injection au niveau du membre supérieur Tout geste
dème. La mammectomie augmenterait le risque de lym- comprenant une « piqûre » de la peau du bras ou de la main
phœdème en comparaison avec la tumorectomie ³⁰. Dans ipsilatérale au cancer du sein (prélèvement sanguin, glycé-
l’étude de Shunemann et Willich, la mammectomie avec mie capillaire, perfusion sur cathéter) dans les jours sui-
curage axillaire entraînait un lymphœdème dans 19,1 % vant la chirurgie augmente le risque de lymphœdème du
et dans 28,9 % en cas d’association avec la radiothérapie membre supérieur ³⁰. Il n’a pas été prouvé qu’un geste in-
alors que la tumorectomie associée à un curage axillaire ne vasif sur le membre dans les mois ou les années suivant la
se compliquait que de 6,7 % de lymphœdème, et de 10,1 % chirurgie puisse aussi « déclencher » un lymphœdème mais
en association avec la radiothérapie. Les interventions de les conseils classiques de prévention recommandent de les
type Halstedt, qui ne sont plus pratiquées actuellement, éviter.
entraînaient encore davantage de lymphœdème ⁴⁷.
Radiothérapie Elle est presque systématiquement asso-
ciée à la chirurgie (tumorectomie ou mammectomie, curage Causes des lymphœdèmes secondaires du
ganglionnaire axillaire), et parfois à une chimiothérapie membre inférieur
en cas de facteurs pronostiques péjoratifs. Dans l’étude
de Ragaz et al., portant sur 318 femmes ayant été trai- Ils sont moins fréquents que ceux du membre supérieur et
tées pour cancer du sein par mammectomie et curage axil- les données de la littérature sont moins nombreuses. En
laire, la fréquence du lymphœdème était de 9,1 % après France, les cancers en sont les principales causes mais toute
chimiothérapie et radiothérapie adjuvantes contre 3,2 % biopsie ou exérèse ganglionnaire inguinale, à visée diagnos-
après chimiothérapie seule. Cependant, dans ce dernier tique ou thérapeutique, peut entraîner un lymphœdème
groupe, il y avait plus de récidive locale et une mortalité du membre inférieur : tuberculose, sarcoïdose, adénite in-
globale augmentée par rapport au groupe recevant l’as- fectieuse.
Cancers gynécologiques
Ils sont responsables de lymphœdèmes des membres dont
la prévalence est difficile à préciser en raison de l’absence de
définition précise et de l’hétérogénéité des traitements. La
fréquence d’œdèmes des membres inférieurs (œdèmes sans
diagnostic précis et lymphœdèmes) était de 50 % après
cancers vulvaires (36 % de lymphœdème), de 25 % après
cancers du col utérin et de 20-22 % après cancers de l’endo-
mètre (8-10 % de lymphœdèmes) et de l’ovaire ⁵². Une autre
étude portant sur 694 femmes ayant un cancer gynécolo-
gique (ovaires, col utérin, endomètre) retrouvait une fré-
quence de lymphœdème comprise entre 21 à 30 % dans un
délai médian de 4 à 7 mois ⁵³. Ces lymphœdèmes peuvent
être uni- ou bilatéraux, avec une atteinte débutant habituel-
lement au niveau proximal (cuisse), puis descendant secon-
dairement au niveau du pied. Il s’y associe fréquemment un
lymphœdème du pubis, voire de l’abdomen et des organes
génitaux externes (grandes et petites lèvres). Pour le can-
cer du col utérin, le curage ganglionnaire est un facteur de
risque de lymphœdème et il existe aussi une relation entre
la sévérité du lymphœdème et l’importance de l’irradiation.
Ainsi, dans l’étude de Werngren-Elgström, l’association de
curiethérapie et de radiothérapie externe après chirurgie en-
traînait plus de lymphœdèmes sévères que la curiethérapie
seule ⁵⁴. Pour le cancer de l’endomètre, le curage ganglion-
naire et la surcharge pondérale sont des facteurs de risque
de lymphœdème ⁵². D’autres cancers peuvent aussi être
responsables de lymphœdèmes secondaires des membres
inférieurs après un traitement détruisant les chaînes gan-
glionnaires pelviennes et/ou inguinales : prostate, vessie,
testicule, verge, rectum, tumeur de Merkel, mélanome des
Coll. D. Bessis
membres inférieurs, sarcome du bassin. Les lymphomes de
Hodgkin ou non hodgkiniens peuvent aussi se compliquer
de lymphœdème soit après biopsies ganglionnaires ingui-
nales à visée diagnostique ou après irradiation sur les aires Fig. 86.3 Lymphœdème du membre inférieur droit au cours d’une
ganglionnaires régionales. filariose lymphatique
Peau et phanères
La peau peut être souple ou au contraire tendue (non plis-
sable), prendre le godet, ou avoir un aspect éléphantiasique
(fig. 86.5). Ainsi, trois stades ont été définis par l’Internatio-
nal Society of Lymphology : stade I, diminution de l’œdème
en surélévation ; stade II, persistance de l’œdème même
après surélévation ; stade III, troubles trophiques (acan-
thosis, papillomatose), éléphantiasis ⁶⁶ (fig. 86.6). Les plis
de flexion sont accentués au niveau de la cheville et des or-
teils, alors qu’il existe un œdème élastique du dos du pied
(fig. 86.7). Le signe de Stemmer est presque pathognomo-
nique : il est impossible de plisser la peau de la face dorsale
du deuxième orteil. On observe parfois des anomalies un-
guéales avec décollement de la tablette, raccourcissement
de l’ongle qui a tendance à être verticalisé.
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 86.5 Papillomatose cutanée du dos d’un pied au cours d’un Fig. 86.6 État d’éléphantiasis au cours d’un lymphœdème chronique du
lymphœdème chronique du membre inférieur gauche membre inférieur gauche
Coll. D. Bessis
Fig. 86.8 Lymphoscintigraphie des membres inférieurs : lymphœdème Fig. 86.9 Lymphangiosarcome de Stewart Treves sur un lymphœdème
unilatéral gauche, hypofixation des ganglions inguinaux et rétrocruraux secondaire du membre supérieur gauche après traitement d’un cancer du
sein
brûlures, coupures, soins de manucure. L’érysipèle atteint
la zone du lymphœdème et peut s’étendre aux organes gé- supérieur par Stewart et Treves ⁸⁶. Elles sont très rares avec
nitaux externes, au membre inférieur et au sein à partir une fréquence estimée à 0,03 % dans une étude prospective
du membre supérieur. La fréquence des érysipèles est va- portant sur 7 620 patientes traitées pour cancer du sein
riable, allant d’un épisode unique à de multiples récidives et avec un suivi moyen de sept ans ⁸⁷. L’âge moyen des pa-
nécessitant alors une prophylaxie anti-infectieuse au long tientes était de 69 ans et le délai moyen d’apparition après
cours avec parfois une efficacité incomplète ⁷⁷,⁷⁸. Le déclen- traitement du cancer du sein était de 10 ans avec des ex-
chement d’un lymphœdème après de multiples érysipèles trêmes allant de 6 mois à 26 ans ⁸⁸. L’aspect clinique peut
a été peu étudié. De Godoy et al. avaient effectué chez 30 pa- comporter des macules et des nodules violacés (fig. 86.9),
tients ayant eu au moins deux érysipèles, une lymphoscin- des lésions phlycténulaires sérohématiques, des aspects
tigraphie des membres inférieurs. Ils avaient retrouvé des pseudo-ecchymotiques et des ulcérations (fig. 86.10) ⁸⁹. Les
anomalies lymphatiques (trajets lymphatiques anormaux, douleurs sont fréquemment associées. Le diagnostic est
diminution du nombre de ganglions inguinaux) chez 23 pa- confirmé par l’histologie qui montre une prolifération en-
tients (77 %) ⁷⁹. Dans les séries plus anciennes, 25 % des dothéliale anarchique mixte et aidé par l’histochimie pour
lymphœdèmes secondaires étaient attribués à des érysi- différencier les métastases du cancer du sein ou une éven-
pèles récidivants. L’existence de ces lymphœdèmes déclen- tuelle maladie de Kaposi ⁹⁰. Le pronostic reste très mauvais
chés par la répétition des érysipèles peut être discutée ⁸⁰. malgré les différents traitements proposés (amputation du
En effet, les érysipèles surviennent préférentiellement sur membre, radiothérapie externe, polychimiothérapie systé-
une insuffisance lymphatique sous-jacente, qui, après plu- mique) ⁹¹,⁹². Plus récemment, un traitement comprenant
sieurs récidives infectieuses, pourrait être décompensée et une perfusion sur membre isolé de melphalan et de tumor
entraîner un lymphœdème ⁸¹. necrosis factor (TNF) avait permis un taux de réponse de
Lymphangiosarcome
Ils compliquent essentiellement les lymphœdèmes secon-
daires, en particulier après cancer du sein, et exception- Fig. 86.10 Lymphangiosarcome de Stewart Treves sur un lymphœdème
nellement les lymphœdèmes primitifs ⁸³-⁸⁵. Ces tumeurs secondaire du membre supérieur gauche survenant 6 ans après le
malignes ont été décrites initialement en 1948 au membre traitement d’un cancer du sein
Coll. D. Bessis
Fig. 86.11 Carcinome épidermoïde du dos du deuxième orteil droit
compliquant un lymphœdème chronique
Principal diagnostic différentiel les femmes (1 homme sur 119 cas dans la série de Wold)
des lymphœdèmes des membres inférieurs : obèses (85 %) et débute à partir de la puberté, mais la sur-
venue plus tardive n’exclut pas le diagnostic ⁹⁸,⁹⁹. L’augmen-
le lipœdème tation du tissu adipeux, allant du bassin aux chevilles, est
généralement symétrique avec un respect initial du pied,
Les causes d’œdèmes (cardiaques, rénales) doivent être éli- alors que la partie supérieure du corps est épargnée (ex-
minées avant de retenir le diagnostic de lymphœdème, en ceptionnellement, les bras sont atteints avec un respect
particulier aux membres inférieurs. des avant-bras) (fig. 86.12). L’augmentation de volume des
membres inférieurs peut être majeure et gêner la marche.
Définition Le pincement de la peau, qui reste souple, est douloureux
Le lipœdème, traduction du terme anglo-saxon lipedema, (« cellulalgies »). Ces douleurs superficielles semblent aug-
a été décrit initialement par Allen et Hines en 1940 chez menter nettement avec l’âge. Il n’y a pas d’œdème prenant
cinq femmes obèses ⁹⁶. Il est défini par une accumulation le godet après une période de repos. On peut aussi voir
de tissu adipeux réparti anormalement du bassin jusqu’aux des signes associés d’insuffisance veineuse favorisés par
chevilles. Le terme lipœdème n’est pas bien approprié puis- l’obésité ainsi que des hématomes ¹⁰⁰.
qu’il n’existe pas de véritable œdème, excepté après une
période d’orthostatisme prolongée. Ainsi, d’autres dénomi- Physiopathologie
nations ont également été utilisées dans la littérature pour Une composante génétique a été évoquée en raison de la fré-
décrire cette entité : lipodystrophy, painful fat syndrome, adi- quence du caractère familial, retrouvé de façon variable de
positas spongiosa, lipomatosis of the legs ⁹⁷. 15 à 50 % ⁹⁸,¹⁰⁰. Il existe des « altérations » du système lym-
phatique moins marquées qu’au cours du lymphœdème ⁹⁷.
Diagnostic Ainsi un ralentissement du flux lymphatique a été mis
Le diagnostic de lipœdème est clinique. Wold et al. ont pro- en évidence lors de lymphoscintigraphies des membres in-
posé en 1949 des critères diagnostiques qui sont résumés férieurs ¹⁰⁰,¹⁰¹ et des micro-anévrismes (dilatation du ca-
dans le tableau 86.2 ⁹⁸. Le lipœdème touche essentiellement pillaire lymphatique) découverts par microlymphangiogra-
86-10 Lymphœdèmes des membres
Tableau 86.2 Critères diagnostiques du lipœdème et du lymphœdème primitif des membres inférieurs (d’après ⁹⁸)
Caractéristiques cliniques Lipœdème Lymphœdème primitif
Sexe Femme Femme > Homme
Âge de début 60 % à la puberté Avant 35 ans
Antécédents familiaux identiques 15-50 % Très rare
Obésité Très fréquente Rare
Topographie Tout le membre inférieur Atteinte distale (pied) initiale puis ascendante
Symétrie Toujours bilatéral, parfois asymétrique Unilatéral bilatéral
Atteinte du pied Absente (possible après une longue évolution) Constante
Épaisseur de la peau Normale Augmentée
Œdème Absent ou minime Présent
Douleurs au pincement Oui Non
Douleurs, lourdeurs Plus de 30 % Rares
Signe de Stemmer Absent Présent
Signes d’insuffisance veineuse Plus de 20 % Rare
Efficacité de l’élévation des membres inférieurs Non Au début de l’évolution
Effet de la perte de poids Aucun dans 90 % des cas Identique sur le tronc et les membres inférieurs
phie avec fluorescence dont le rôle physiopathologique est Physiothérapie décongestive complète
inconnu. Après une longue évolution du lipœdème, les alté- La physiothérapie décongestive complète parfois appelée
rations du système lymphatique peuvent entraîner ce que thérapie physique multimodale représente l’élément essen-
certains auteurs appellent un « lipo-lymphœdème » avec tiel du traitement des lymphœdèmes. Elle permet non
une atteinte du dos du pied et apparition de complications seulement de diminuer le volume du lymphœdème mais
(papillomatose, érysipèles) ¹⁰². entraîne également une amélioration de la qualité de vie ¹⁰⁷.
Elle se divise en deux phases. La première phase, dite « in-
Traitement tensive », destinée à réduire le volume du lymphœdème, est
Le traitement est difficile et mal défini actuellement bien composée de l’association de bandages peu élastiques mul-
qu’il existe une demande importante de la part des femmes, ticouches, de drainages lymphatiques manuels, d’exercices
en particulier jeunes, en raison du caractère inesthétique sous bandages et de soins de peau. Elle peut être effectuée
de l’aspect des membres inférieurs ⁹⁷. La perte de poids a en hospitalisation avec des bandages gardés 24 heures sur
peu d’effet sur la morphologie des membres inférieurs ⁹⁸. 24 et renouvelés tous les jours ou en ambulatoire avec des
Certains auteurs ont proposé le port de compressions élas- bandages renouvelés trois fois par semaine et gardés entre
tiques qui sont difficiles à enfiler (manque de souplesse) et à chaque changement. La deuxième phase, dite phase d’« en-
tolérer (blessure au niveau des plis cutanés et de flexion) ¹⁰³. tretien », vise d’une part à maintenir le volume réduit à
Le principal intérêt de la compression élastique est de lutter long terme ¹⁰⁸-¹¹⁰ voire à poursuivre la réduction volumé-
contre l’œdème survenant après orthostatisme. D’autres trique du lymphœdème d’autant plus que la compliance
auteurs ont proposé une stratégie chirurgicale avec liposuc- au traitement est bonne. Elle associe le port d’une com-
cions et exérèses cutanées limitées ¹⁰⁰,¹⁰⁴ qui facilitent en- pression élastique la journée, la réalisation de bandages
suite la mise en place des compressions élastiques. Il existe multicouches peu élastiques la nuit à une fréquence infé-
cependant un risque de destruction de vaisseaux lympha- rieure à celle du traitement intensif, que le patient peut
tiques, avec comme conséquence l’apparition d’un véritable réaliser lui-même après apprentissage, des exercices sous
lymphœdème ¹⁰³. L’indication chirurgicale doit être posée bandages, des soins de peau, et lorsque cela est nécessaire
après avoir fait une lymphoscintigraphie pour éliminer une des drainages lymphatiques manuels (tableau 86.3).
pathologie lymphatique sous-jacente ⁹⁷. D’autre part, les Bandages multicouches peu élastiques Les bandages
cicatrices peuvent être inesthétiques ¹⁰⁰. représentent l’élément essentiel et fondamental de la phy-
siothérapie décongestive complète, destiné à réduire le vo-
lume du lymphœdème ⁷²,¹⁰⁵,¹⁰⁶. Il s’agit de poser, sans les
Traitement des lymphœdèmes serrer, des bandes peu élastiques — c’est-à-dire à allonge-
ment court < 100 % ¹¹¹ — sur un capitonnage fait, soit de
Le lymphœdème est une pathologie chronique dont le trai- coton, soit de mousse ou des deux (fig. 86.13 et 86.14). L’étape
tement est symptomatique et a fait l’objet de plusieurs suivante est la pose de bandes peu élastiques (Somos, Com-
consensus ou recommandations ⁷²,¹⁰⁵,¹⁰⁶. prilan, Rosidal K) en partant des extrémités jusqu’à la ra-
Traitement des lymphœdèmes 86-11
Tableau 86.3 Phases de la physiothérapie décongestive complète dans le traitement des lymphœdèmes (d’après Cheville ¹⁰⁸)
Phase I : traitement intensif (réduction volumétrique) Phase II : traitement d’entretien (maintien du volume)
Bandages multicouches peu élastiques 24 h/24 Compression élastique la journée, du matin au soir, tous les jours
Drainages lymphatiques manuels Bandages multicouches peu élastiques la nuit (3 par semaine)
Exercices sous bandages Exercices sous bandages
Soins de peau Soins de peau
Drainages lymphatiques manuels si nécessaire
cine du membre. Ces bandages sont appelés multicouches ment intensif pour lymphœdème secondaire après cancer
(multilayer dans les articles de langue anglaise) car il y a su- du sein, de maintenir la réduction volumétrique du lym-
perposition de 2 à 4 épaisseurs du même type de bande. La phœdème à 6 et 12 mois ¹¹⁰,¹¹⁹. Parallèlement, cette prise
technique doit être irréprochable car ces bandages doivent en charge favorise l’autonomie et améliore la qualité de vie
pouvoir être maintenus 24 à 36 heures sans « glisser » des femmes ayant un lymphœdème du membre supérieur
et sans serrer. La pression exercée au repos est faible, ce après traitement d’un cancer du sein ¹²⁰.
qui permet de les supporter (à la différence des bandes Compression élastique Le terme de compression élas-
élastiques), mais augmente nettement lors de la contrac- tique est plus approprié que le terme de contention. En
tion musculaire puisqu’ils sont peu extensibles. Toutes les effet, la pression s’exerce en permanence sur le membre
études confirment l’intérêt de ces bandages avec des dimi- à traiter en raison de la présence des fibres élastiques et
nutions de volume comprises entre 25 et 73 %, avec des on devrait réserver le terme de contention aux seuls ban-
durées de traitement de 1 à 4 semaines ¹¹²-¹²¹. Ces bandages dages peu élastiques qui exercent une pression faible au
sont différents des bandages multicouches composés de l’as- repos mais élevée à l’effort. Après la réduction de volume
sociation de bandes ayant des allongements différents et du lymphœdème obtenue par les bandages peu élastiques,
comprenant une bande élastique de type Biflex utilisés en le port d’une compression élastique est indispensable. Il
pathologie vasculaire. Il n’existe cependant aucune étude faut parfois être convaincant pour la faire accepter et por-
de qualité suffisante pour évaluer l’efficacité en termes de ré-
duction volumétrique et de tolérance de ce type de bandage
dans le traitement du lymphœdème ¹¹⁸.
Apprentissage des auto-techniques de bandages Il est
indispensable d’apprendre les techniques d’auto-bandages
aux patients pour favoriser leur autonomie. Elles sont en-
seignées par un kinésithérapeute avec des techniques adap-
tées et simplifiées. L’aide de l’entourage est parfois néces-
saire. La pratique de ces auto-techniques, à une fréquence
d’au moins trois par semaine la nuit, associée au port d’une
compression élastique la journée, permet, après un traite-
Coll. Dr S. Vignes, Paris
ter quotidiennement par les patients. Il n’est généralement nésithérapeutes formés à ces techniques, être non doulou-
pas conseillé de la garder la nuit. Le type de compression reux, durer environ 30 minutes, et exercer une pression
doit être adapté au lymphœdème : manchon avec ou sans faible (< 40 mmHg), débuter par la racine du membre
mitaine attenante (couvrant la main) (fig. 86.15), gantelet atteint pour finir en distalité (main, pied) et alterner les
prenant les doigts pour les membres supérieurs, bas jarret manœuvres d’appel et de résorption. Les drainages lym-
(mi-bas), bas cuisse, collant, hémicollant ou panty pour les phatiques manuels ont un effet très modéré sur le volume
membres inférieurs. Les forces de pressions sont définies, du lymphœdème lorsque qu’ils sont utilisés seuls ¹²⁴. Lors-
en France, en classe I (10-15 mmHg), II (15-20 mmHg), qu’ils sont réalisés avant les bandages peu élastiques, ils
III (20-36 mmHg) et IV (> 36 mmHg). Au membre su- ont un petit effet synergique sur la réduction de volume du
périeur, les compressions de classe II, III ou IV peuvent lymphœdème ¹²⁵, en particulier sur les lymphœdèmes de
être proposées alors qu’au membre inférieur, il faut privi- petit volume ¹¹⁶. Ils ne sont cependant pas indispensables
légier une classe III ou IV (avec le recours fréquent à la dans la phase d’entretien en termes de maintien ou de réduc-
superposition de deux bas). Dans la plupart des cas, les tion volumétrique et, pour certains auteurs, peuvent être
compressions sont réalisées sur mesure et sont changées remplacés par les auto-drainages ¹⁰⁹,¹¹⁰,¹¹⁹. Ils peuvent par
tous les 3 à 4 mois en raison de leur perte d’efficacité. Les ailleurs apporter à certaines patientes un confort, un effet
compressions élastiques seules entraînent une diminution relaxant et une diminution de la tension cutanée, d’évalua-
modeste et lente du volume du lymphœdème mais surtout tion difficile. Les drainages lymphatiques manuels sont éga-
permettent de maintenir le résultat et d’éviter la reprise lement utiles dans les lymphœdèmes proximaux touchant
volumétrique après la phase intensive de réduction ¹¹¹,¹²². le sein, ou la paroi thoracique latérale, le pubis difficilement
En effet, Badger et al. avaient comparé, dans une étude ran- accessibles à la compression.
domisée comprenant 83 patients avec un lymphœdème du Exercices sous bandages Ils font partie à part entière de
membre supérieur ou inférieur, le traitement intensif par la physiothérapie décongestive et sont censés participer à la
bandages peu élastiques pendant 18 jours suivi du port réduction de volume du lymphœdème. En effet, la contrac-
d’une compression élastique, à la compression seule. Les tion musculaire permet d’augmenter le débit lymphatique
résultats étaient appréciés par volumétrie à la 24 e semaine. et la résorption des protéines par ouverture-fermeture
Le pourcentage de diminution d’excès de volume était de des collecteurs lymphatiques initiaux ¹²⁶. Il n’existe aucun
33 % dans le groupe bandages puis compression et de 20 % consensus sur le type d’exercice à pratiquer. Les exercices
dans le groupe compression seule ¹¹². Ces résultats confir- sont brefs mais répétés dans la journée sans jamais être fa-
maient ceux d’une étude ouverte précédente, portant sur tigants. Certains auteurs proposent un travail des muscles
120 femmes ayant un lymphœdème secondaire du membre proximaux et des territoires exempts de lymphœdème
supérieur, dans laquelle la diminution de volume était de avant les régions lymphœdémateuses et d’autres, des exer-
14,7 % à 6 mois avec le port quotidien d’une compression cices contre résistance ¹²⁷.
élastique ¹²¹. Soins de peau, préventions des érysipèles, pédicurie
Drainages lymphatiques manuels Différentes méthodes Les lymphœdèmes représentent le facteur de risque le plus
de drainages lymphatiques manuels ont été décrites, initia- important de survenue d’érysipèles des membres inférieurs
lement par Winiwarter en 1892 puis modifiées par Földi avec un risque relatif estimé à 71,2 ⁷⁶. La recherche et le
et Leduc ¹²³. Elles ont toutes les mêmes objectifs : stimu- traitement des intertrigos interorteils sont indispensables
ler le lymphangion, unité contractile lymphatique des vais- à la prise en charge. Toutes les autres portes d’entrée in-
seaux lymphatiques, dans une zone atteinte par le lym- fectieuse sont à traiter : ulcères, plaies traumatiques, brû-
phœdème et faire circuler la lymphe d’un territoire atteint lures, vésicules lymphatiques sur les orteils. Les soins de
par le lymphœdème vers un territoire sain en utilisant les pédicurie sont nécessaires pour l’entretien des ongles, sou-
voies de dérivation. Ils doivent être pratiqués par des ki- vent incarnés, ou pour la réduction des hyperkératoses res-
ponsables de fissures et dues à des troubles de la statique
du pied. En présence d’un lymphœdème du membre supé-
rieur, le port de gants est vivement recommandé dans les
situations à risque de blessures : jardinage, prise de plats
chauds. Les érysipèles peuvent être récidivants (plus de
trois épisodes) et augmenter le volume du lymphœdème.
Dans cette situation, il est parfois utile d’instaurer une an-
tibioprophylaxie, qu’il existe un lymphœdème du membre
inférieur ou supérieur ⁷⁷ dont les modalités ne sont pas
Coll. Dr S. Vignes, Paris
comme suspensif avec un risque de rechute à l’arrêt du minuer l’activité physique après le traitement d’un cancer
traitement ⁷⁸. du sein mais de l’adapter à chaque patiente, ce d’autant que
certaines études ont montré qu’une activité physique mo-
Autres mesures dérée permet de diminuer les symptômes d’anxiété ou de
Conseils de prévention À ces mesures thérapeutiques dépression chez les femmes ayant eu un cancer du sein et
destinées à réduire le volume du lymphœdème, s’ajoutent améliore aussi la qualité de vie ¹³⁴. La plupart des auteurs
des mesures de prévention dont le rôle est d’éviter l’aggra- recommandent le port de compression élastique lors de ces
vation du lymphœdème et les complications infectieuses. exercices physiques ¹³⁵, mais parfois l’effort physique peut
Les mesures de prévention reposent le plus souvent sur être perçu comme plus difficile avec la compression ¹³⁶.
des données consensuelles mais empiriques et ne sont que Séances de repos Les séances de repos en position sur-
partiellement étayées par des études bibliographiques. Les élevée sont toujours proposées en complément des ban-
conseils les plus classiques sont d’éviter les activités répéti- dages peu élastiques. La surélévation entraîne une diminu-
tives (repassage, lavage de carreaux), la prise de la pression tion de l’impression de lourdeur du membre atteint. L’effet
artérielle, le port de charges lourdes, le port de vêtements sur le volume du lymphœdème est modéré, comme cela a
serrés sur le membre atteint, de sac en bandoulières ou été montré pour le lymphœdème secondaire du membre
à dos ou la position prolongée jambes fléchies ⁶⁶. L’exposi- supérieur ¹³⁷, excepté au début de l’évolution du lymphœ-
tion à la chaleur est également déconseillée (pays chauds, dème, alors que ce dernier est encore partiellement « réver-
saunas, bains chauds) en raison du risque d’augmentation sible » ¹³⁸. Malgré ces résultats peu concluants, les séances
de volume du lymphœdème. de repos sont conseillées et pratiquées de préférence, sous
Par ailleurs, il est nécessaire de prévenir que les voyages en bandages, à intervalle régulier, et en association avec les
avion peuvent déclencher ou aggraver un lymphœdème du autres éléments du traitement.
membre supérieur ou inférieur en raison de la diminution Pressothérapie pneumatique Il s’agit de la pressothéra-
de la pression et de la réduction de l’activité musculaire. Il pie pneumatique multichambre, car la pressothérapie au
est alors proposé de porter une compression élastique plus mercure n’est presque plus utilisée. Cette technique ins-
forte ou un bandage peu élastique ¹²⁹. trumentale reste controversée et ses indications sont diffi-
Suivi nutritionnel L’influence du poids a été particuliè- ciles à poser en raison des résultats discordants des diffé-
rement étudiée dans les lymphœdèmes secondaires du rentes études, qui sont toutes de qualité médiocre (durée
membre supérieur après cancer du sein. L’augmentation de suivi insuffisante, absence de randomisation) ¹³⁹. Pour
du poids est à la fois un facteur de risque de survenue de les membres inférieurs, aucune étude ne montre de béné-
lymphœdème mais aussi de sa sévérité ³⁶,⁵¹,¹³⁰. La prise en fice prolongé sur le volume du lymphœdème ¹⁴⁰. Une seule
charge nutritionnelle, nécessaire pour favoriser un amai- étude randomisée pour le lymphœdème du membre supé-
grissement, est donc fondamentale dans la stratégie de rieur après cancer du sein permettait de conclure à un ef-
traitement du lymphœdème ¹³¹. fet additif de la pressothérapie associée à la physiothéra-
Restriction d’activité Il est très souvent recommandé pie décongestive intensive. Cependant le bénéfice était de
aux patientes ayant un lymphœdème après cancer du sein courte durée ¹⁴¹. Par ailleurs, il est nécessaire de prendre
d’éviter les sports « violents » (squash, tennis) et/ou répé- en compte le risque d’extension du lymphœdème aux or-
titifs (step, rameur, aviron). Cependant, ces conseils sont ganes génitaux externes lors de la pressothérapie pour un
le plus souvent empiriques et certaines études apportent lymphœdème des membres inférieurs ¹⁴². Si la pressothé-
des éléments considérés comme « contradictoires ». Ainsi, rapie est utilisée, elle le sera avec des pressions inférieures
Harris et al. qui avaient suivi 20 femmes traitées pour un à 40 voire 30 mmHg, d’autant que les appareils tendent
cancer du sein (dont 13 avaient un lymphœdème ou une à afficher des pressions inférieures à celles effectivement
lourdeur du membre supérieur) pendant un entraînement reçues ¹⁴³.
intensif pour une compétition de « Dragon Boat » (sorte de Traitements chirurgicaux De nombreuses techniques
canoë de grande taille) montraient que seules deux femmes chirurgicales ont été proposées pour traiter les lymphœ-
avaient eu une augmentation modérée du lymphœdème dèmes : anastomoses lymphoveineuses ¹⁴⁴, greffe de ca-
sept mois après la compétition ¹³². L’étude cas-témoins de naux lymphatiques ¹⁴⁵, transfert ganglionnaire ¹⁴⁶, liposuc-
Johansson et al. comparant deux populations de femmes cion ¹⁴⁷. Les indications sont rares et difficiles à poser car
ayant subi le même traitement pour un cancer du sein, elles ne sont pas consensuelles et font l’objet de doute
l’une avec lymphœdème, la seconde sans lymphœdème quant à leur efficacité et innocuité ¹⁰⁶,¹⁴⁸. Cependant, il est
montrait ainsi que les patientes ayant un lymphœdème probable que les chirurgies d’exérèse cutanée sont utiles
étaient celles qui avaient significativement réduit leurs ac- dans les lymphœdèmes génitaux ⁷¹,¹⁴⁹ ou après physiothé-
tivités physiques (vélo, marche, gymnastique...) et leurs loi- rapie décongestive ¹⁵⁰. Dans les deux situations, l’objectif
sirs (jardinage, couture) après le traitement du cancer par est d’enlever l’excès de peau atteinte par le lymphœdème :
rapport au groupe témoin ⁵⁰. De plus, un article de synthèse exérèse-plastie du scrotum ou de la peau d’un membre, cir-
récent tend à montrer que les activités physiques incluant concision, plastie de la verge. Cette chirurgie, symptoma-
le membre lymphœdémateux apportent plus de bénéfices tique, est un outil supplémentaire dans la stratégie théra-
qu’elles n’entraînent de complications ou d’aggravation du peutique mais nécessite, le plus souvent, la poursuite des
lymphœdème ¹³³. Il semble donc souhaitable de ne pas di- traitements habituels (contention/compression).
86-14 Lymphœdèmes des membres
Traitements médicamenteux Les premiers produits uti- traitement du lymphœdème du membre supérieur après
lisés ont été les diurétiques mais leur utilisation est mainte- traitement radiochirurgical du cancer du sein en complé-
nant proscrite en raison de leur faible efficacité et de leurs ment des méthodes physiques et surtout de la compression
effets secondaires potentiels. Une revue Cochrane récente a élastique adaptée ou utilisée seule chez des patientes ne
analysé toutes les études utilisant les benzopyrones, repré- pouvant bénéficier du traitement physique qui est le traite-
sentant la principale classe de médicaments prescrits dans ment princeps du lymphœdème.
le traitement des lymphœdèmes. La plupart des études D’autres traitements ont aussi été proposés comme le sé-
sont de qualité insuffisante, notamment en raison de l’ab- lénium oral en complément de la physiothérapie décon-
sence de randomisation, et ne permettent pas d’apprécier gestive ¹⁵². La vitamine E (1 g par jour) et la pentoxifyl-
l’effet sur le volume du lymphœdème ou sur l’inconfort line (800 mg par jour), utilisées dans les fibroses post-
qu’il entraîne ¹⁵¹. En France, seul, l’Endotélon, composés radiques ¹⁵³, n’avaient pas permis de diminuer le volume
d’oligomères procyanidoliques de la famille des flavonoïdes, des lymphœdèmes du membre supérieur après traitement
a une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans le du cancer du sein ¹⁵⁴.
1 Franzeck UK, Spiegel I, Fischer M et al. Com- 13 Karkkainen MJ, Ferrell RE, Lawrence EC 23 Irrthum A, Devriendt K, Chitayat D et al.
bined physical therapy for lymphedema evalu- et al. Missense mutations interfere with VEGFR- Mutations in the transcription factor gene
ated by fluorescence microlymphography and 3 signalling in primary lymphoedema. Nat Ge- SOX18 underlie recessive and dominant forms
lymph capillary pressure measurement. J Vasc net 2000 ; 25:153-159. of hypotrichosis-lymphedema-telangiectasia. Am
Res 1997 ; 34:306-311. 14 Brice G, Child AH, Evans A et al. Milroy J Hum Genet 2003 ; 72:1470-1478.
2 Szuba A, Rockson SG. Lymphedema : anatomy, disease and the VEGFR-3 mutation phenotype. 24 Herd-Smith A, Russo A, Muraca MG et al.
physiology and pathogenesis. Vasc Med 1997 ; J Med Genet 2005 ; 42:98-102. Prognostic factors for lymphedema after pri-
2:321-326. 15 Levinson KL, Feingold E, Ferrell RE et al. mary treatment of breast carcinoma. Cancer
3 Milroy WF. An undescribed variety of hered- Age of onset in hereditary lymphedema. J Pe- 2001 ; 92:1783-1787.
itary oedema. N Y Med J 1892 ; 56:505-508. diatr 2003 ; 142:704-708. 25 Petrek JA, Pressman PI, Smith RA. Lym-
4 Allen EV. Lymphedema of extremities : clas- 16 Witte MH, Erickson R, Bernas M et al. Phe- phedema : current issues in research and man-
sification, etiology and differential diagnoses : notypic and genotypic heterogeneity in familial agement. CA Cancer J Clin 2000 ; 50:292-307.
study of 300 cases. Arch Intern Med 1934 ; 54: Milroy lymphedema. Lymphology 1998 ; 31:145- 26 Kissin MW, Querci della Rovere G, Easton
606-624. 155. D, Westbury G. Risk of lymphoedema following
5 Meige H. Dystrophie œdémateuse hérédi- 17 Sholto-Douglas-Vernon C, Bell R, Brice G the treatment of breast cancer. Br J Surg 1986 ;
taire. Presse Med 1898 ; 6:341-343. et al. Lymphoedema-distichiasis and FOXC2 : 73:580-584.
6 Kinmonth JB, Taylor GW, Tracy GD, Marsh unreported mutations, de novo mutation esti- 27 Erickson VS, Pearson ML, Ganz PA et al.
JD. Clinical and lymphangiographic studies of a mate, families without coding mutations. Hum Arm edema in breast cancer patients. J Natl Can-
series of 107 patients in which the lower limbs Genet 2005 ; 117:238-242. cer Inst 2001 ; 93:96-111.
were affected. Br J Surg 1957 ; 45:1-10. 18 Fang J, Dagenais SL, Erickson RP, Arlt MF 28 Meric F, Buchholz TA, Mirza NQ et al. Long-
7 Brunner U. Natural history of primary lym- et al. Mutations in FOXC2 (MFH-1), a fork- term complications associated with breast-
phedema of the legs. Pathol Microbiol 1975 ; 43: head family transcription factor, are responsi- conservation surgery and radiotherapy. Ann
230-234. ble for the hereditary lymphedema-distichiasis Surg Oncol 2002 ; 9:543-549.
8 Smeltzer DM, Stickler GB, Schirger A. Pri- syndrome. Am J Hum Genet 2000 ; 67:1382- 29 Ozaslan C, Kuru B. Lymphedema after
mary lymphedema in children and adolescents : 1388. treatment of breast cancer. Am J Surg 2004 ;
a follow-up study and review. Pediatrics 1985 ; 19 Kriederman BM, Myloyde TL, Witte MH 187:69-72.
76:206-218. et al. FOXC2 haploinsufficient mice are a model 30 Clark B, Sitzia J, Harlow W. Incidence and
9 Quéré I, Coupé M, Soulier-Sotto V et al. La for human autosomal dominant lymphedema- risk of arm oedema following treatment for
génétique du lymphœdème : de la maladie de distichiasis syndrome. Hum Mol Genet 2003 ; 12: breast cancer : a three-year follow-up study. Q
Milroy aux applications en cancérologie. Rev 1179-1185. J Med 2005 ; 98:343-348.
Med Interne 2002 ; 23(suppl 3):379-387. 20 Finegold DN, Kimak MA, Lawrence EC et al. 31 Armer JM, Stewart BR. A comparison of
10 Ferrell RE, Levinson KL, Esman JH et al. Truncating mutations in FOXC2 cause multiple four diagnostic criteria for lymphedema in a
Hereditary lymphedema : evidence for linkage lymphedema syndromes. Hum Mol Genet 2001 ; post-breast cancer population. Lymphat Res Biol
and genetic heterogeneity. Hum Mol Genet 10:1185-1189. 2005 ; 3:208-217.
1998 ; 7:2073-2078. 21 Bull LN, Roche E, Song EJ et al. Mapping 32 Petrek JA, Senie RT, Peters M, Rosen PP.
11 Evans AL, Brice G, Sotirova V et al. Map- of the locus for cholestasis-lymphedema syn- Lymphedema in a cohort of breast carcinoma
ping of primary congenital lymphedema to the drome (Aagenaes syndrome) to a 6.6-cM inter- survivors 2 years after diagnosis. Cancer 2001 ;
5q35.3 region. Am J Hum Genet 1999 ; 64:547- val on chromosome 15q. Am J HumGenet 2000 ; 92:1368-1377.
555. 67:994-999. 33 Liljegren G, Holmberg L and the Uppsala-
12 Karkkainen MJ, Haiko P, Sainio K et al. Vas- 22 Lohela M, Saaristo A, Veikkola T, Alitalo Orebro Breast Cancer Study Group. Arm mor-
cular endothelial growth factor C is required for K. Lymphangiogenic growth factors, receptors bidity after sector resection and axillary dissec-
sprouting of the first lymphatic vessels from em- and therapies. Thromb Haemost 2003 ; 90:167- tion with or without postoperative radiother-
bryonic veins. Nat Immunol 2004 ; 5:74-80. 184. apy in breast cancer stage I. Results form a
randomized trial. Uppsal-Orebro Breast Cancer nach mammakarzinom. Eine Studie über 5868 62 Joos E, Bourgeois P, Famaey JP. Lymphatic
Study Group. Eur J Cancer 1997 ; 33:193-199. Fälle. Dtsch Med Wochenschr 1997 ; 12:536-541. disorders in rheumatoid arthritis. Semin Arthri-
34 Ball AB, Waters R, Fish S, Thomas JM. Rad- 48 Ragaz J, Jackson SM, Le N et al. Adju- tis Rheum 1993 ; 22:392-398.
ical axillary dissection in the staging and treat- vant radiotherapy and chemotherapy in node- 63 Dubost JJ, Sauvezie B. Oligoarthrite B27
ment of breast cancer. Ann R Coll Surg Engl 1992 ; positive premenopausal women with breast can- avec œdèmes et signes généraux : une forme
74:126-129. cer. N Engl J Med 1997 ; 337:956-962. atypique de spondylarthropathie à début tardif.
35 Guedes Neto HI. Arm edema after treat- 49 Segerström K, Bjerle P, Graffman S, Nys- Ann Med Interne 1989 ; 140:566-570.
ment for breast cancer. Lymphology 1997 ; 30: tröm A. Factors that influence the incidence of 64 Böhm M, Riemann B, Luger TA, Bonsmann
35-36. brachial oedema after treatment of breast can- G. Bilateral upper limb lymphoedema associ-
36 Werner RS, McCormick B, Petrek J et al. cer. Scand J Plast Reconstr Hand Surg 1992 ; 26: ated with psoriatic arthritis : a case report and
Arm edema in conservatively managed breast 223-227. review of the literature. Br J Dermatol 2000 ;
cancer : obesity is a major predictive factor. Ra- 50 Johansson K, Ohlsson K, Ingvar C et al. 143:1297-1301.
diology 1991 ; 180:177-184. Factors associated with the development of 65 Chapelon-Abric C. Fibroses systémiques.
37 Casley-Smith JR. Alterations of untreated arm lymphedema following breast cancer treat- In : Médecine-Sciences Flammarion eds. Traité
lymphedema and its grades over time. Lympho- ment : a match pair case-control study. Lympho- de Médecine. Paris : Flammarion, 2004:217-
logy 1995 ; 28:174-185. logy 2002 ; 35:59-71. 228.
38 Yeoh EK, Denham JW, Davies SA, Spittle 51 Vignes S, Arrault M, Dupuy A. Factors asso- 66 Harris SR, Hugi MR, Olivotto IA et al. Clin-
MF. Primary breast cancer. Complications of ciated with increased breast cancer-related lym- ical practice guidelines for the care and treat-
axillary management. Acta Radiol Oncol 1986 ; phedema volume. Acta Oncol 2007 ; 46:1138- ment of breast cancer : 11. Lymphedema. CMAJ
25:105-108. 1142. 2001 ; 164:191-199.
39 Kiel KD, Rademacker AW. Early-stage breast 52 Beesley V, Janda M, Eakin E Lymphedema 67 Kaulesar Sukul DM, den Hoed PT, Jo-
cancer : arm edema after wide excision and after gynecological cancer treatment. Cancer hannes EJ et al. Direct and indirect methods
breast irradiation. Radiology 1996 ; 198:279- 2007 ; 109:2607-2614. for the quantification of leg volume : compar-
283. 53 Tada H, Teramukai S, Fukushima M, Sasaki ison between water displacement volumetry,
40 Schrenk P, Rieger R, Shamiyeh A, Wayand H. BMC Cancer 2009 (sous presse). the disk model method and the frustum sign
W. Morbidity following sentinel lymph node 54 Werngren-Elgström M, Lidman D. Lym- model method, using the correlation coefficient
biopsy versus axillary lymph node dissection phedema of the lower extremities after surgery and the limits of agreement. J Biomed Eng 1993 ;
for patients with breast carcinoma. Cancer and radiotherapy for cancer of the cervix. Scand 15:477-480.
2000 ; 88:608-614. J Plast Reconstr Hand Surg 1994 ; 28:289-293. 68 Megens AM, Harris SR, Kim-Sing C, McKen-
41 Sener SF, Winchester DJ, Martz CH et al. 55 Addiss DG, Dimock KA, Eberhard ML, Lam- zie DC. Measurement of upper extremity vol-
Lymphedema after sentinel lympadenectomy mie PJ. Clinical, parasitologic, and immunologic ume in women after axillary dissection for
for breast carcinoma. Cancer 2001 ; 92:748-752. observations of patients with hydrocele and ele- breast cancer. Arch Phys Med Rehabil 2001 ; 82:
42 Golshan M, Martin WJ, Dowlatshahi K. phantiasis in an area with endemic lymphatic 1639-1644.
Sentinel lymph node biopsy lowers the rate of filariasis . J Infect Dis 1995 ; 171:755-758. 69 Galland C, Auvert JF, Flahault A, Vayssairat
lymphedema when compared with standard ax- 56 Dupin N, Fisher C, Kellam P et al. Distribu- M. Why and how post-mastectomy edema
illary lymph node dissection. Am Surg 2003 ; 69: tion of human herpesvirus-8 latenly infected should be quantified in patients with breast can-
209-211. cells in Kaposi’s sarcoma, multicentric Castle- cer. Breast Cancer Res Treat 2002 ; 75:87-89.
43 Wilke LG, McCall LM, Posther KE et al. man’s disease, and primary effusion lymphoma. 70 Bérard A, Zucarelli F. Test-retest study of a
Surgical complications associated with sentinel Proc Natl Acad Sci USA 1999 ; 96:4546-4551. new leg-O-meter, the leg-O-meter II, in patients
lymph node biopsy : results from a prospective 57 Barete S, Calvez V, Mouquet C et al. Clini- suffering from venous insufficiency of the lower
international cooperative group trial. Ann Surg cal features and contribution of virological find- limbs. Angiology 2000 ; 51:711-717.
Oncol 2006 ; 13:491-500. ings to the management of Kaposi sarcoma in 71 Vignes S, Trévidic P. Lymphœdèmes pénos-
44 Langer I, Guller U, Berclaz G et al. Morbid- organ-allograft recipients. Arch Dermatol 2000 ; crotaux : étude rétrospective de 33 cas. Ann Der-
ity of sentinel lymph node biopsy (SLN) alone 136:1452-1458. matol Venereol 2005 ; 132:21-25.
versus SLN and completion axillary lymph 58 Bardare M, Falcini F, Hertzberger-ten Cate 72 Harris SR, Hugi MR, Witte MH for the ISL
node dissection after breast cancer surgery : a R et al. Idiopathic limb edema in children with Executive Committee. The diagnosis and treat-
prospective Swiss multicenter study on 659 pa- chronic arthritis : a multicenter report of 12 ment of peripheral lymphedema. Lymphology
tients. Ann Surg 2007 ; 245:452-461. cases. J Rheumatol 1997 ; 24:384-388. 2001 ; 34:84-91.
45 McLaughlin SA, Wright MJ, Morris KT 59 Schmit P, Prieur AM, Brunelle F. Juvenile 73 Pecking AP, Cluzan RV, Desprez-Curely JP,
et al. Prevalence of lymphedema in women with rheumatoid arthritis and lymphoedema : lym- Guérin P. Indirect lymphoscintigraphy in pa-
breast cancer 5 years after sentinel lymph node phangiographic aspects. Pediatr Radiol 1999 ; tients with limb edemas. Phlebology 1986 ; 1:
biopsy or axillary dissection : objective measure- 29:364-366. 211-215.
ments. J Clin Oncol 2008 ; 26:5213-5219. 60 Ostrov BE. Beneficial effect of etanercept 74 Marotel M, Cluzan R, Ghabboun S et al.
46 Yen TW, Fan X, Sparapani R et al. A contem- on rheumatoid lymphedema. Arthritis Rheum Transaxial computer tomography of lower ex-
porary, population-based study of lymphedema 2001 ; 44:240-241. tremity lymphedema. Lymphology 1998 ; 31:
risk factors in older women with breast cancer. 61 Kiely PD, Bland JM, Joseph AE et al. Up- 180-185.
Ann Surg Oncol 2009 ; 16:979-988. per limb lymphatic function in inflammatory 75 Lu Q, Xu J, Liu N. Chronic lower extrem-
47 Schunemann H, Willich N. Lymphödeme arthritis. J Rheumatol 1995 ; 22:214-217. ity lymphedema : A comparative study of high-
86-16 Lymphœdèmes des membres
resolution interstitial MR lymphangiography histochimique de 2 cas. Presse Med 1995 ; 24: for the management of lymphoedema. Interna-
and heavily T2-weighted MRI. Eur J Radiol 2009 639-641. tional consensus. London : MEP Ltd, 2006.
(sous presse). 91 Grobmyer SR, Daly JM, Glotzbach RE, 107 Weiss JM, Spray BJ. The effect of complete
76 Dupuy A, Benchikhi H, Roujeau JC et al. Grobmyer AJ 3rd. Role of surgery in the decongestive therapy on the quality of life of
Risk factors for erysipelas of the leg (cellulitis) : management of postmastectomy extremity an- patients with peripheral lymphedema. Lympho-
case-control study. BMJ 1999 ; 318:1591-1594. giosarcoma (Stewart-Treves syndrome). J Surg logy 2002 ; 35:46-58.
77 Olszewski WL. Episodic dermatolymphan- Oncol 2000 ; 73:182-188. 108 Cheville AL, McGarvey CL, Petrek JA et al.
gioadenitis (DLA) in patients with lymphedema 92 Abraham JA, Hornicek FJ, Kaufman AM Lymphedema management. Semin Radiat Oncol
of lower extremities before and after adminis- et al. Treatment and outcome of 82 patients 2003 ; 13:290-301.
tration of benzathine penicilline preliminary with angiosarcoma. Ann Surg Oncol 2007 ; 14: 109 Morrell RM, Halyard MY, Schild SE et al.
study. Lymphology 1996 ; 29:126-131. 1953-1967. Breast cancer-related lymphedema. Mayo Clin
78 Vignes S, Dupuy A. Recurrence of lym- 93 Lans TE, de Wilt JH, van Geel AN, Eg- Proc 2005 ; 80:1480-1484.
phoedema-associated cellulitis (erysipelas) un- germont AM. Isolated limb perfusion with tu- 110 Vignes S, Porcher R, Arrault M, Dupuy
der prophylactic antibiotherapy : a retrospec- mor necrosis factor and melphalan for non- A. Long-term management of breast cancer-
tive cohort study. J Eur Acad Dermatol Venereol resectable Stewart-Treves lymphangiosarcoma. related lymphedema after intensive deconges-
2006 ; 20:818-822. Ann Surg Oncol 2002 ; 9:1004-1009. tive physiotherapy. Breast Cancer Res Treat
79 De Godoy JM, de Godoy MF, Valente A et al. 94 Ruocco V, Schwartz RA, Ruocco E. Lym- 2007 ; 101:285-290.
Lymphoscintigraphic evaluation in patients af- phedema : an immunologically vulnerable site 111 Partsch H, Clark M, Bassez S et al. Mea-
ter erysipelas. Lymphology 2000 ; 33:177-180. for development of neoplasms. J Am Acad Der- surement of lower leg compression in vivo : re-
80 Szuba A, Rockson SG. Lymphedema : classi- matol 2002 ; 47:124-127. commendations for the performance of mea-
fication, diagnosis and therapy. Vasc Med 1998 ; 95 Dargent JL, Lespagnard L, Feoli F et al. surements of interface pressure and stiffness :
3:145-156. De novo CD5-positive diffuse large B-cell lym- consensus statement. Dermatol Surg 2006 ; 32:
81 Damstra RJ, van Steensel MA, Boomsma phoma of the skin arising in chronic limb lym- 224-232.
JH et al. Erysipelas as a sign of subclinical pri- phedema. Leuk Lymphoma 2005 ; 46:775-780. 112 Badger CM, Peacock JL, Mortimer PS. A
mary lymphoedema : a prospective quantita- 96 Allen EV, Hines EA. Lipedema of the legs : randomized, controlled, parallel-group clinical
tive scintigraphic study of 40 patients with uni- a syndrome characterized by fat legs and or- trial comparing multilayer bandaging followed
lateral erysipelas of the leg. Br J Dermatol 2008 ; thostatic edema. Proc Staff Mayo Clin 1940 ; 15: by hosiery versus hosiery alone in the treat-
158:1210-1215. 1984-1987. ment of patients with lymphedema of the limb.
82 McWayne J, Heiney SP. Psychologic and so- 97 Harwood CA, Bull RH, Evans J, Mortimer Cancer 2000 ; 88:2832-2837.
cial sequelae of secondary lymphedema. Cancer PS. Lymphatic and venous function in lipedema. 113 Boris M, Weindorf S, Lasinski B, Boris
2005 ; 104:457-466. Br J Dermatol 1996 ; 134:1-136. G. Lymphedema reduction by noninvasive com-
83 Laskas JJ, Shelley WB, Wood MG. Lym- 98 Wold LE, Hines EA, Allen EV. Lipedema plex lymphedema therapy. Oncology (Huntingt)
phangiosarcoma arising in congenital lymph- of the legs : a syndrome characterized by fat 1994 ; 8:95-106 ; discussion 109-110.
edema. Arch Dermatol 1975 ; 111:86-89. legs and edema. Ann Intern Med 1949 ; 34:1243- 114 Johansson K, Albertsson M, Ingvar C,
84 Offori TW, Platt CC, Stephens M, Hopkin- 1250. Ekdahl C. Effects of compression bandaging
son GB. Angiosarcoma in congenital hereditary 99 Beninson J, Edelglass JW. Lipedema — the with or without manual lymph drainage treat-
lymphoedema (Milroy’s disease) - diagnostic non-lymphatic masquerader. Angiology 1984 ; ment in patients with postoperative arm lym-
beacons and a review of the literature. Clin Exp 35:506-510. phedema. Lymphology 1999 ; 32:103-110.
Dermatol 1993 ; 18:174-177. 100 Ketterings C. Lipodystrophy and its treat- 115 Ko DS, Lerner R, Klose G, Cosimi AB. Ef-
85 Durr HR, Pellengahr C, Nerlich A et al. ment. Ann Plast Surg 1988 ; 21:536-543. fective treatment of lymphedema of the extre-
Stewart-Treves syndrome as a rare complication 101 Boursier V, Pecking A, Vignes S. Analyse mities. Arch Surg 1998 ; 133:452-458.
of a hereditary lymphedema. Vasa 2004 ; 33:42- comparative de la lymphoscintigraphie au cours 116 McNeely ML, Magee DJ, Lees AW et al.
45. des lipœdèmes et des lymphœdèmes primitifs The addition of manual lymph drainage to com-
86 Stewart FW, Treves N. Lymphangiosar- des membres inférieurs. J Mal Vasc 2004 ; 29: pression therapy for breast cancer related lym-
coma in post-mastectomy lymphedema. Cancer 257-261. phedema : a randomized controlled trial. Breast
1948 ; 1:64-81. 102 Amman-Vesti BR, Franzeck UK, Bollinger Cancer Res Treat 2004 ; 86:95-106.
87 Taghian A, de Vathaire F, Terrier P et al. A. Microlymphatic aneurysms in patients with 117 Vignes S, Porcher R, Champagne A, Du-
Long term risk of sarcoma following radiation lipedema. Lymphology 2001 ; 34:170-175. puy A. Predictive factors of response to inten-
treatment for breast cancer. Int J Radiat Oncol 103 Rudkin GH, Miller TA. Lipedema : a clini- sive decongestive physiotherapy in upper limb
Biol Phys 1991 ; 21:361-367. cal entity distinct from lymphedema. Plast Re- lymphedema after breast cancer treatment : a
88 Woodward AH, Ivins JC, Soule EH. Lym- constr Surg 1994 ; 94:841-849. cohort study. Breast Cancer Res Treat 2006 ; 98:
phangiosarcoma arising in chronic lymphede- 104 Warren AG, Janz BA, Borud LJ, Slavin SA. 1-6.
matous extremities. Cancer 1972 ; 30:562-572. Evaluation and management of the fat leg syn- 118 Ferrandez JC, Bourassin A, Debeauquesne
89 Peyron N, Dandurand M, Guillot B. Les drome. Plast Reconstr Surg 2007 ; 119:9e-15e. A, Philbert C. Étude prospective ambulatoire
complications tumorales des lymphœdèmes. J 105 Cohen SR, Payne DK, Tunkel RS. Lymphe- multipraticien du lymphœdème du membre su-
Mal Vasc 1993 ; 18:293-298. dema. Strategies for management. Cancer 2001 ; périeur après cancer du sein. À propos de 76 cas.
90 Le Bouedec G, Buono JP, De Latour M et al. 92:980-987. Oncologie 2005 ; 7:316-322.
Syndrome de Stewart-Treves. Étude immuno- 106 Lymphoedema Framework. Best practice 119 Boris M, Weindorf S, Lasinski B. Persis-
Références 86-17
tence of lymphedema reduction after noninva- case reports. J Surg Oncol 2000 ; 74:95-99. cessive pressure in multichambered cuffs used
sive complex lymphedema therapy. Oncology 133 Bicego D, Brown K, Ruddick M et al. Exer- for sequential compression therapy. Phys Ther
(Huntingt) 1997 ; 11:99-109 ; discussion 110, cise for women with or at risk for breast cancer- 2002 ; 82:1000-1008.
113-114. related lymphedema. Phys Ther 2006 ; 86:1398- 144 Campisi C, Boccardo F, Alitta P, Tacchella
120 Mirolo BR, Bunce IH, Chapman M et al. 1405. M. Derivative lymphatic microsurgery : indi-
Psychosocial benefits of postmastectomy lym- 134 McKenzie DC, Kalda AL. Effect of upper cations, techniques, and results. Microsurgery
phedema therapy. Cancer Nurs 1995 ; 18:197- extremity exercise on secondary lymphedema 1995 ; 16:463-468.
205. in breast cancer patients : a pilot study. J Clin 145 Baumeister RG, Siuda S, Bohmert H,
121 Bertelli G, Venturini M, Forno G et al. An Oncol 2003 ; 21:463-466. Moser E. A microsurgical method for reconstruc-
analysis of prognostic factors in response to 135 Brennan MJ, Miller LT. Overview of treat- tion of interrupted lymphatic pathways : autol-
conservative treatment of postmastectomy lym- ment options and review of the current role ogous lymph-vessel transplantation for treat-
phedema. Surg Gynecol Obstet 1992 ; 175:455- and use of compression garments, intermit- ment of lymphedema. Scand J Plast Reconstr
460. tent pumps, and exercise in the management Surg 1986 ; 20:141-146.
122 Yasuhara H, Shigematsu H, Muto T. A of lymphedema. Cancer 1998 ; 83(Suppl):2821- 146 Becker C, Assouad J, Riquet M, Hidden
study of the advantages of elastic stockings for 2827. G. Postmastectomy lymphedema : long-term re-
leg lymphedema. Int Angiol 1996 ; 15:272-277. 136 Johansson K, Tibe K, Weibull A, Newton sults following microsurgical lymph node trans-
123 Kasseroller RG, Schrauzer GN. Treatment RC. Low intensity resistance exercise for breast plantation. Ann Surg 2006 ; 243:313-315.
of secondary lymphedema of the arm with phys- cancer patients with arm lymphedema with or 147 Brorson H. Liposuction gives complete re-
ical decongestive therapy and sodium selenite : without compression sleeve. Lymphology 2005 ; duction of chronic large arm lymphedema after
a review. Am J Ther 2000 ; 7:273-279. 38:167-180. breast cancer. Acta Oncol 2000 ; 39:407-420.
124 Andersen L, Hojris I, Erlandsen, Ander- 137 Swedborg I, Norrefalk JR, Piller NB, Asard 148 Beltramino R. Operations for lymphedema.
sen J. Treatment of breast-cancer-related lym- C. Lymphoedema post-mastectomy : is eleva- Lymphology 2003 ; 36:107-109.
phedema with or without manual lymphatic tion alone an effective treatment ? Scand J Re- 149 Guedes Neto HJ. Surgical treatment of
drainage. Acta Oncol 2000 ; 39:399-405. habil Med 1993 ; 25:79-82. penile-scrotal lymphedema. Lymphology 1996 ;
125 Földi E, Földi M, Weissleder H. Conserva- 138 Foldi M. Remarks concerning the consen- 29:132-133.
tive treatment of lymphedema of the limbs. An- sus document (CD) of the International Society 150 Vignes S, Boursier V, Trevidic P. Intérêt
giology 1985 ; 36:171-180. of Lymphology « The diagnosis and treatment de la résection cutanée après réduction volumé-
126 Mortimer PS. Managing lymphoedema. of peripheral lymphedema ». Lymphology 2004 ; trique par physiothérapie décongestive des lym-
Clin Exp Dermatol 1995 ; 20:98-106. 37:168-173. phœdèmes primitifs volumineux des membres
127 Miller LT. Lymphedema : unlocking the 139 Badger C, Preston N, Seers K, Mortimer P. inférieurs. J Mal Vasc 2005 ; 30:181-185.
doors to successful treatment. Innov Oncol Nurs Physical therapies and controlling lymphoedema 151 Badger C, Preston N, Seers K, Mortimer
1994 ; 10:58-62. of the limbs. Cochrane Database Syst Rev 2004 ; P. Benzo-pyrones for reducing and controlling
128 Becq-Giraudon B. L’érysipèle : prévention 3:CD003141. lymphoedema of the limbs. Cochrane Database
primaire et secondaire. Ann Dermatol Venereol 140 Dini D, Del Mastro L, Gozza A et al. The Syst Rev 2004 ; 2:CD003140.
2001 ; 128:368-375. role of pneumatic compression in the treatment 152 Kasseroller RG, Schrauzer GN. Treatment
129 Casley-Smith JR, Casley-Smith JR. Lym- of postmastectomy lymphedema. A random- of secondary lymphedema of the arm with phys-
phedema initiated by aircraft flights. Aviat ized phase III study. Ann Oncol 1998 ; 9:187- ical decongestive therapy and sodium selenite :
Space Environ Med 1996 ; 67:52-56. 190. a review. Am J Ther 2000 ; 7:273-279.
130 Kocak Z, Overgaard J. Risk factors of arm 141 Szuba A, Achalu R, Rockson SG. Deconges- 153 Delanian S, Porcher R, Balla-Mekias S,
lymphedema in breast cancer patients. Acta On- tive lymphatic therapy for patients with breast Lefaix JL. Randomized, placebo-controlled trial
cologica 2000 ; 39:389-392. carcinoma-associated lymphedema. A random- of combined pentoxifylline and tocopherol for
131 Shaw C, Mortimer P, Judd PA. Random- ized, prospective study of a role for adjunctive regression of superficial radiation-induced fibro-
ized controlled trial comparing a low-fat diet intermittent pneumatic compression. Cancer sis. J Clin Oncol 2003 ; 21:2545-2550.
with a weight-reduction diet in breast cancer- 2002 ; 95:2260-2267. 154 Gothard L, Cornes P, Earl J et al. Double-
related lymphedema. Cancer 2007 ; 109:1949- 142 Boris M, Weindorf S, Lasinski BB. The risk blind placebo randomised trial of vitamin E and
1956. of genital edema after external pump compres- pentoxifylline in patients with chronic arm lym-
132 Harris SR, Niesen-Vertommen SL. Chal- sion for lower limb lymphedema. Lymphology phoedema and fibrosis after surgery and radio-
lenging the myth of exercise-induced lym- 1998 ; 31:15-20. therapy for breast cancer. Radiother Oncol 2004 ;
phedema following breast cancer : a series of 143 Segers P, Belgrado JP, Leduc A et al. Ex- 73:133-139.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Vignes S. Lymphœdèmes des membres. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations
dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 86.1-86.17.
87
Dysplasies héréditaires du tissu conjonctif
Ludovic Martin, Claire Beylot, Didier Bessis
Dysplasies héréditaires des fibres élastiques 87-2 Phénocopies du pseudoxanthome élastique 87-11
Syndrome de Williams-Beuren 87-2 Dysplasies héréditaires des fibres collagènes 87-12
Syndrome de Marfan 87-2 Syndromes d’Ehlers-Danlos 87-12
Syndromes marfanoïdes 87-7 Syndrome d’Ehlers-Danlos vasculaire 87-12
Cutis laxa 87-8 Références 87-16
Dystrophies héréditaires des fibres élastiques avec
atteintes cutanée et cardiovasculaire 87-9
Pseudoxanthome élastique 87-9
Fibres oxytalanes
Fibres élaunines
Fibres élastiques
Fibres collagènes
Coll. D. Bessis
Fig. 87.1 Répartition des fibres élastiques au sein du tissu conjonctif dermique
87-2 Dysplasies héréditaires du tissu conjonctif
Principaux signes du syndrome de Williams-Beuren
sation des réseaux pré-élastique et élastique du derme ⁴.
Atteinte cardiovasculaire (75 %) Ces anomalies contribuent peu au diagnostic, qui est en
– Sténose aortique supravalvulaire règle évoqué dès la petite enfance sur la dysmorphie fa-
– Sténose des branches de l’artère pulmonaire ciale et les diverses complications. Les anomalies cardio-
– Hypertension artérielle vasculaires sont présentes dans 75 % des cas. Les plus clas-
Hernie inguinale siques sont la sténose aortique supravalvulaire et les sté-
Dysmorphie faciale : racine du nez aplatie, grande bouche, lèvre inférieure noses des branches des artères pulmonaires. Les anoma-
éversée, épicanthus ; traits épais en vieillissant lies valvulaires et les défauts septaux sont possibles, mais
Strabisme plus rares. Les sténoses des artères à destinée cérébrale,
Hyperlordose lombaire, flessum des hanches et des genoux rénale, myocardique peuvent être responsables d’accidents
Retard cognitif modéré avec conservation du langage ischémiques précoces ou d’hypertension artérielle réno-
Hypersociabilité vasculaire ou essentielle. Les autres manifestations asso-
87.A cient une dysmorphie faciale évocatrice comprenant une ra-
cine du nez aplatie, une grande bouche, une lèvre inférieure
mineuses et grossièrement parallèles à la surface de la peau éversée, un épicanthus, des traits épais en vieillissant et
(fig. 87.1). Elles comprennent une partie centrale (le core) un strabisme ⁵. Diverses anomalies dentaires (anomalies
faite d’élastine et des microfibrilles périphériques compo- du nombre de dents, malocclusion dentaire, plaques gingi-
sées de diverses glycoprotéines, les fibrillines mais aussi vales) ont été décrites plus récemment. Les acquisitions mo-
les fibulines, l’émiline, etc. ². Chacune de ces protéines peut trices (position assise et marche) sont retardées. Les acquis
a priori faire l’objet d’un déficit héréditaire qualitatif ou psychologiques sont incomplets, mais le langage est bien
quantitatif. Un tissu conjonctif riche en fibres élastiques maîtrisé. La socialisation avec les autres enfants est difficile
existe aussi dans la paroi artérielle, dans le myocarde et et contraste avec un comportement amical instantané avec
diverses tuniques pariétales cardiaques ² et il n’est donc les adultes associant familiarité et logorrhée évocatrices.
pas surprenant que certaines affections génétiques asso- Le diagnostic évoqué cliniquement doit être confirmé par
cient une atteinte cutanée et des lésions cardiaques et/ou la recherche de la microdélétion 7q11.3 par hybridation
artérielles. fluorescente in situ (FISH). Une biopsie cutanée n’est pas
Une dysplasie définit le caractère anormal du développe- utile en routine. L’échographie cardiaque dépiste les anoma-
ment d’un tissu. La majorité des affections héréditaires lies valvulaires et supravalvulaires qui peuvent nécessiter
décrites dans ce chapitre et associant lésions cutanées et un traitement chirurgical. Les tests psychométriques ex-
cardiovasculaires sont des dysplasies. Le pseudoxanthome plorent le profil cognitif des enfants porteurs d’un SWB.
élastique (PXE) et ses phénocopies constituent des excep- Des anomalies orthopédiques peuvent nécessiter une prise
tions car les anomalies des fibres élastiques y sont acquises en charge spécifique. Le soutien au patient et à sa famille
et d’aggravation progressive. Les PXE ne constituent donc est important ; la prise en charge repose idéalement sur
pas des dysplasies primitives, mais plutôt des dystrophies une équipe multidisciplinaire ⁶. Peu de sujets porteurs d’un
acquises génétiquement déterminées. SWB sont autonomes à l’âge adulte.
Le tableau 87.1 récapitule les principales affections décrites
dans ce chapitre en listant brièvement les lésions cutanées, Syndrome de Marfan
les atteintes cardiaques et vasculaires, les éventuels symp- Le syndrome de Marfan (SM) est l’une des affections hérédi-
tômes associés significatifs, le mode de transmission, le taires du tissu conjonctif les plus fréquentes. Sa prévalence
ou les locus, le ou les gènes et leurs produits responsables est estimée à 2 à 3 pour 10 000 naissances ⁷. Une telle fré-
lorsqu’ils sont connus. quence impose à chaque praticien de connaître et de savoir
évoquer ce diagnostic. Le SM est une fibrillinopathie majo-
Dysplasies héréditaires des fibres élastiques ritairement en rapport avec des mutations du gène FBN1
situé en 15q21.1 et codant la fibrilline 1, plus rarement
Syndrome de Williams-Beuren du gène TGFBR2 situé en 3p24.1 et codant le récepteur
Le syndrome de Williams-Beuren (SWB) est une anomalie de type II du TGF-β. Sa transmission est autosomique do-
du développement dont la prévalence des formes caracté- minante, sa pénétrance presque complète et son expressi-
ristiques est évaluée à 1/20 000 naissances ³. Le SWB est vité variable au sein d’une même famille ⁸. Près d’un quart
habituellement sporadique. Il associe principalement une des patients ont une mutation de novo. Le pronostic vital
dysmorphie faciale, un retard psychomoteur de profondeur du SM est réservé du fait de la gravité potentielle de l’at-
variable associé à un comportement qualifié d’« hyperso- teinte cardiovasculaire. Le pronostic fonctionnel peut être
ciable » et des sténoses des artères quittant les ventricules compromis par les lésions ophtalmologiques et l’atteinte
cardiaques (encadré 87.A). Curieusement, les lésions cutanées ostéo-articulaire. Les lésions cutanées sont relativement
cliniques sont absentes alors que le SWB est associé à une modestes mais peuvent être des signes d’appel dans l’en-
microdélétion en 7q11.23 emportant, entre autres, le gène fance ou à l’adolescence. Le tableau 87.2 liste les critères diag-
de l’élastine. nostiques majeurs du SM (critères de Gand) ⁹.
Les lésions cutanées du SWB sont inapparentes clinique- Croissance excessive des os longs Elle confère à ces pa-
ment, mais évidentes en histologie avec une désorgani- tients un morphotype très particulier évocateur au premier
FISH flurorescent in situ hybridization · PXE pseudoxanthome élastique · SM syndrome de Marfan · SWB syndrome de Williams-Beuren
Dysplasies héréditaires des fibres élastiques 87-3
Tableau 87.1 Principales dysplasies héréditaires du tissu conjonctif avec atteinte dermatologique et cardiovasculaire
Atteintes cardiaques Autres atteintes
Affection Lésions cutanées Gène Locus Transmission Protéine
et vasculaires cliniques significatives
Dysplasies héréditaires des fibres élastiques et des fibrillines
Syndrome de Désorganisation Sténose aortique supravalvulaire Dysmorphie faciale Microdélétion Sporadique Élastine
Williams-Beuren histologique des Sténose des branches de l’artère Retard psychomoteur 7q11.23
réseaux pulmonaire
pré-élastique et Hypertension artérielle
élastique du derme
Maladie de Marfan Vergetures Dilatation de l’aorte ascendante Anomalies squelettiques FBN1 15q21.1 AD Fibrilline-1
Hernies récidivantes Dissection de l’aorte ascendante Anomalies oculaires TGFBR2 3p24.1 AD Récepteur type II du
Prolapsus valvulaire mitral Anomalies pulmonaires TGF-bêta
Syndrome de Hématomes Dilatation de l’aorte ascendante Anomalies squelettiques TGFBR1 9q22.2-31.2 AD Récepteurs type I
Loeys-Dietz type II spontanés, peau Dissection de l’aorte ascendante TGFBR2 3p24.1 et II du TGF-bêta
veloutée, douce et
translucide
Syndrome de – Prolapsus valvulaire mitral Arachnodactylie FBN2 5q23-q31 AD Fibrilline-2
Beals-Hecht Dilatation aorte ascendante Anomalies oreille externe
Contractures congénitales des
coudes, genoux et hanches
Syndrome des Peau douce et Élongation, tortuosités et Dysmorphie faciale SLC2A10 20q13.1 AR Transporteur de
tortuosités artérielles hyperextensible d’anévrismes des artères de large Arachnodactylie glucose GLUT10
et de moyen calibre Anomalies squelettiques
Sténoses focales des artères
pulmonaires et de l’aorte
Cutis laxa Cutis laxa néonatale Anévrisme ou rupture aortique Emphysème pulmonaire ELN 7q11.2 AD Élastine
Autosomique ou enfance (rare) Hernies digestives FBLN5 14q32.1 Lié à l’X Fibuline 5
dominant Cutis laxa Régurgitation valvulaire mitrale ou Prolapsus génitaux ATP7A Xq13.2-q13.3 AR ATP7A, protéine
Lié à l’X généralisée néonatal tricuspidienne Dysmorphie faciale et thoracique, FBLN4 11q13 transporteuse du
Autosomique récessif Cutis laxa néonatale Carotides sinueuses, sténoses exostoses, sténoses et diverticules FBLN5 14q32.1 cuivre
type I artérielles intracrâniennes du tractus urinaire, hyperlaxité Fibuline 4
Sténoses et ectasies artérielles articulaire Fibuline 5
Dysplasie fibromusculaire artérielle Petite taille, dysmorphie faciale,
déformations thoraciques et
rachidiennes, retard mental.
Atteintes pulmonaires (emphysème
précoce, pneumothorax)
Atteintes digestives et urologiques
(hernies, diverticules)
Dystrophies héréditaires des fibres élastiques
PXE Élastorrhexie des Artériosclérose des membres Stries angoïdes rétiniennes ABCC6 16p13.1 AR Transporteur ABCC6
faces du cou et des inférieurs Maculopathie
grands plis
PXE variant Élastorrhexie Artériosclérose des membres Stries angoïdes rétiniennes GGCX 2p12 A priori AR Gamma-glutamyl-
généralisée inférieurs Maculopathie carboxylase
Déficit en facteurs de coagulation
dépendant de la vitamine K
Dysplasies héréditaires des fibres collagènes
SED vasculaire Peau fine, Fragilité et rupture artérielle Visage caractéristique (nez pincé, COL3A1 2q24.3-q31 AD Chaîne pro-alpha du
translucide (visibilité (digestive, utérine) yeux proéminents, lèvres fines, petit collagène III
du réseau veineux Saignements profus menton, oreilles sans lobules)
sous-jacent, Varices précoces Acrogeria
décolleté, abdomen) Fistules artérioveineuses, fistule Hypermobilité des petites
carotidocaverneuse articulations
Luxation congénitale des hanches
Rupture musculaire et tendineuse
Pieds bots
AD : autosomique dominante ; AR : autosomique récessive ; R : récessive
Tableau 87.2 Critères du diagnostic du syndrome de Marfan (critères de Gand révisés en 1996)
Organe atteint Critères majeurs Critères mineurs
Squelette Pectus carinatum (thorax en carène) ou excavatum Pectus excavatum modéré
(1 critère majeur = au moins 4 (thorax en entonnoir) nécessitant la chirurgie Hyperlaxité ligamentaire
des éléments constituant les Rapport segment supérieur corps/segment inférieur Palais ogival avec chevauchement dentaire
critères majeurs) bas ou envergure/taille > 1,05 Aspect facial : dolichocéphalie, hypoplasie malaire,
Atteinte du squelette Signe du poignet ou du pouce énophtalmie, rétrognathie, fentes palpébrales obliques
Au moins 2 éléments contribuant Scoliose > 20◦ ou spondylolisthésis vers le bas
aux critères majeurs Extension maximale des coudes < 170◦
ou Déplacement malléolaire → pied plat
1 élément de la liste des critères Protrusion acétabulaire
majeurs + 2 critères mineurs
Yeux Ectopie du cristallin Cornée anormalement plate
Atteinte oculaire Augmentation de longueur axiale du globe
Critère majeur ou au moins Iris hypoplasique ou hypoplasie du muscle ciliaire
2 critères mineurs
Système cardiovasculaire Dilatation de l’aorte ascendante, avec ou sans Prolapsus de la valve mitrale, avec ou sans
Atteinte cardiovasculaire régurgitation, atteignant les sinus de Valsalva régurgitation
1 seul critère mineur suffit Dissection de l’aorte ascendante Dilatation de l’artère en l’absence de sténose
valvulaire ou périphérique ou de toute autre cause à
moins de 40 ans
Calcification de l’anneau mitral avant 40 ans
Dilatation ou dissection aorte thoracique descendante
ou abdominale avant 50 ans
Poumons Pneumothorax spontané
Atteinte pulmonaire Bulles apicales
1 seul critère mineur suffit
Peau Vergetures sans prise de poids importante, grossesse
Atteinte cutanée ou stress répétés
1 seul critère mineur suffit Hernies récidivantes
Dure-mère Ectasie durale lombosacrée
Contexte familial Un parent, un enfant ou un frère ou sœur présentant
ces critères diagnostiques
Génétique Mutation du gène FBN1 responsable du syndrome de
Marfan
Haplotype FBN1 transmis par un membre de la
famille atteint du syndrome de Marfan
Pour dire qu’il y a atteinte d’un organe, le nombre de critères majeurs ou mineurs exigés est variable en fonction de
l’organe.
Pour poser le diagnostic de syndrome de Marfan, il faut :
− si l’histoire familiale et la génétique ne sont pas contributives, un critère majeur dans 2 ou plus organes
différents et l’atteinte d’un 3 e organe ;
− si la mutation responsable du syndrome de Marfan est identifiée dans la famille, un critère majeur au niveau
d’un organe et l’atteinte d’un 2 e organe.
coup d’œil. Souvent de haute stature, ils ont cependant un mensurations montrent que l’envergure est légèrement su-
aspect fragile avec des membres grêles et démesurément périeure à la taille (rapport de plus de 1,05) et que le rapport
longs (dolichosténomélie), des mains expressives et déchar- segment supérieur/segment inférieur du corps est dimi-
nées aux doigts arachnéens (arachnodactylie), des pieds nué. L’arachnodactylie est objectivée par le signe du pouce
tout en longueur, un thorax étroit, déformé en carène (pec- (signe de Steinberg) dont toute la phalange distale dépasse
tus carinatum) ou en entonnoir (pectus excavatum) (fig. 87.2), le bord cubital de la main quand le poing est fermé (fig. 87.3)
une scoliose souvent sévère, une hypoplasie et une hypo- et par le signe du poignet (signe de Walker-Murdoch) où
tonie musculaire. L’atteinte du squelette est un élément le pouce recouvre d’une phalange le 5 e doigt lorsqu’il en-
essentiel du diagnostic dont la confirmation repose sur la serre le poignet controlatéral. La protrusion acétabulaire,
recherche des critères précis listés dans le tableau 87.2. Les asymptomatique chez le sujet jeune, est recherchée par ra-
Dysplasies héréditaires des fibres élastiques 87-5
Coll. D. Bessis
Fig. 87.3 Signe de Steinberg au cours du syndrome de Marfan : la
totalité de la phalange distale dépasse le bord cubital de la main lorsque le
ping est fermé
SM syndrome de Marfan
87-6 Dysplasies héréditaires du tissu conjonctif
Coll. D. Bessis
latent est associé à un peptide et à des protéines de liai-
sons et est séquestré dans la matrice extracellulaire. Or,
Fig. 87.4 Vergetures horizontales du dos au cours du syndrome de la fibrilline 1 a un important degré d’homologie avec les
Marfan protéines de liaison du TGF-β. Ces similitudes suggèrent
que les microfibrilles pourraient participer à la régulation
aboutir à une insuffisance cardiaque congestive, une hyper- de l’activation de cette cytokine. Une dysrégulation dans
tension pulmonaire qui sont la cause la moins rare de décès le sens de l’augmentation de l’activité de TGF-β pourrait ex-
lié au SM à cet âge. Enfin, une cardiomyopathie, non liée pliquer certains symptômes comme la croissance osseuse
à l’incompétence aortique, mais à la texture des parois car- excessive, la dysmorphie craniofaciale, les altérations myxo-
diaques elles-mêmes, peut se rencontrer même chez des mateuses de la valve mitrale. Certains patients ayant les
sujets jeunes et se manifeste par une dysfonction diasto- critères phénotypiques du SM, avec atteinte osseuse et car-
lique et systolique du ventricule gauche ¹⁵,¹⁶. diaque prédominante, ne sont pas porteurs de mutations
Atteinte cutanée Elle est fort discrète et l’hyperélasticité sur le gène de la fibrilline 1, mais ont des mutations di-
cutanée décrite classiquement n’est même plus mention- verses au niveau du gène TGFBR2 codant pour le récepteur
née dans les critères de la maladie car elle est souvent ab- de type II du TGF-β ¹⁹.
sente ou modérée. La peau est parfois un peu fine et il peut Prise en charge des patients Elle est pluridisciplinaire.
y avoir quelques cicatrices atrophiques. Plus particulières Pour les manifestations osseuses, le pédiatre, le généra-
et inconstantes, mais retenues dans les critères mineurs, liste, l’orthopédiste sont concernés. Il faut surveiller la
sont les larges vergetures thoraciques horizontales (fig. 87.4) croissance et essayer de freiner l’allongement excessif des
insolites chez des sujets jeunes, très minces, en dehors de membres. Un traitement par les hormones sexuelles (tes-
la grossesse ou de stress répétés et parfois même chez des tostérone, œstrogènes) ou les analogues de la somatosta-
enfants. Des élastomes perforants de Lutz-Miescher ont tine, commencé entre 11 et 13 ans et stoppé lors de la
été signalés, mais ils ne sont pas spécifiques et peuvent disparition des cartilages de conjugaison peut être indiqué,
se rencontrer également au cours d’autres maladies héré- notamment chez des filles dont la taille prédictive dépasse
ditaires du tissu conjonctif. Les hernies, fréquentes, sont 185 cm et les garçons dépassant 200 cm ²⁰-²². Le traitement
répertoriées dans l’atteinte cutanée, mais elles sont dues de la scoliose, si elle est sévère et rapidement progressive,
plutôt à la faiblesse de la paroi abdominale qu’à l’atteinte nécessite une stabilisation chirurgicale. Les déformations
cutanée. thoraciques sont opérées pour des raisons esthétiques plus
Physiopathologie et génétique La fibrilline-1 (FBN1) que fonctionnelles, car elles n’entraînent habituellement
est une glycoprotéine à large distribution tissulaire ayant pas de troubles cardiorespiratoires, bien qu’une restriction
un rôle clé dans la composition des microfibrilles du tissu respiratoire soit possible dans les formes sévères de pec-
conjonctif, en association avec de nombreuses autres pro- tus excavatum ²³. Sur le plan oculaire, une surveillance an-
téines comme MAGP-1, MAGP-2, les fibulines 2 et 5, l’élas- nuelle est nécessaire afin de prévenir une baisse de l’acuité
tine, le versican ou la LTBP-1 ¹⁷. Le gène codant la fibrilline- visuelle secondaire à une bascule du cristallin ou un décol-
1, FBN1, est très long (65 exons codants). Plus de 600 mu- lement de rétine. L’ectopie du cristallin n’est pas systémati-
tations sont décrites au cours du SM et la majeure partie quement opérée. Les diverses manifestations ophtalmolo-
est propre à un patient ou à sa famille (mutations privées) giques relèvent d’un traitement spécialisé. Le suivi cardio-
avec une expression phénotypique très variable pour les su- vasculaire repose sur une surveillance échocardiographique
jets atteints rendant prohibitive une analyse séquentielle annuelle pour rechercher et éventuellement traiter chirur-
de routine. La ségrégation de l’haplotype est plus facile gicalement un anévrisme aortique. Les bêtabloquants ou
et peut indiquer ceux qui, dans une famille atteinte, ont les inhibiteurs de l’enzyme de conversion ne peuvent éviter
hérité de la maladie. Il s’agirait d’un effet dominant néga- la dilatation aortique mais sont susceptibles de la ralentir
SM syndrome de Marfan
Dysplasies héréditaires des fibres élastiques 87-7
et leur prescription dès le jeune âge est conseillée. L’inter- récepteurs de l’angiotensine II ³⁰. Le traitement par losar-
vention chirurgicale selon la technique de Bentall et ses va- tan qui a une activité anti-TGF-β a déjà été effectué avec
riantes consiste à remplacer complètement par une greffe succès sur les anévrismes aortiques dans des modèles ani-
composite l’anévrisme de la racine de l’aorte, les sinus de maux laissant entrevoir un intérêt thérapeutique similaire
Valsalva, les valvules aortiques avec réimplantation des chez l’homme ³¹.
artères coronaires. La mortalité à 30 jours de telles inter-
ventions est devenue faible : sur une série multicentrique Syndromes marfanoïdes
de 655 patients ²⁴, elle est de 1,5 % chez les 455 patients Ils associent le morphotype « marfanoïde » (grande taille et
qui subissent une intervention programmée, 2,6 % chez les membres grêles) à d’autres manifestations viscérales qui en
117 patients qui sont opérés en semi-urgence 7 jours après font soit des formes mineures de SM (voire des variantes
consultation chirurgicale et 11,7 % chez les 103 qui doivent de la normalité), soit des affections distinctes, en règle plus
subir l’intervention en urgence dans les 24 heures, d’où l’in- graves et plus rares que le SM.
térêt de la surveillance échocardiographique pour ne pas se Syndrome de Loeys-Dietz Cette affection de description
trouver dans ces situations d’urgence. Des interventions récente, autosomique dominante, est liée à des mutations
plus limitées épargnant les valves aortiques semblent en- des gènes TGFBR1 ou TGFBR2 qui codent pour les récep-
courageantes, en particulier chez l’enfant ²⁵. La réimplanta- teurs de type I ou II du TGF-β ³². Deux formes cliniques
tion donne des résultats plus durables que les procédures sont décrites : le type I est proche du SM par l’association
de remodelage. L’intervention sur les valves mitrales par d’une dilatation de l’aorte ascendante, d’une arachnodac-
plastie valvulaire en cas de prolapsus mitral est rarement tylie, d’une dolichosténomélie, d’une déformation thora-
nécessaire. Les sports violents, les traumatismes sont à cique et d’une hyperlaxité articulaire mais s’en différencie
éviter en raison du risque déclenchant de dissection aiguë par la présence d’un hypertélorisme, d’une fente palatine
de l’aorte ²⁶. La mort subite d’athlètes chez qui un SM était et/ou d’une luette bifide, d’une craniosynostose, de tortuo-
méconnu a été rapportée. La grossesse entraîne classique- sités vasculaires généralisées et l’absence d’ectopie du cris-
ment un risque de progression de l’anévrisme aortique et tallin ; le type II est proche du syndrome d’Ehlers-Danlos
de dissection. Cependant, il semble que ce risque soit très (SED) de type vasculaire. L’atteinte vasculaire (risque d’ané-
dépendant du diamètre de l’aorte avant la grossesse et qu’il vrisme/dissection aortique) est plus sévère qu’au cours du
n’existerait pas s’il est inférieur à 40 mm en début de gros- SM et de fréquence estimée supérieure à 75 %. L’atteinte
sesse ²⁷. Les anticoagulants prescrits chez les patientes déjà cutanée s’observe essentiellement au cours du type II, mar-
opérées et ayant une prothèse valvulaire posent problème quée par des hématomes spontanés ou après traumatismes
et la solution ne fait pas l’unanimité parmi les cardiologues, minimes, et une peau veloutée, douce et translucide comme
l’héparine de bas poids moléculaire proposée par certains au cours du SED vasculaire.
en raison d’un moindre risque fœtal n’étant peut-être pas Syndrome MASS Le syndrome MASS, acronyme de mi-
suffisamment préventive des thromboses valvulaires. Chez tral (prolapsus de la valve mitrale), aortic (dilatation mo-
la femme en âge de procréer, les interventions de rempla- dérée et non progressive de la racine aortique), skin (ver-
cement aortique épargnant les valves seraient donc plus getures), skeletal manifestations (allongement osseux) est
appropriées. La rupture prématurée des membranes, l’in- d’individualisation discutable par rapport au SM puisque,
compétence cervicale s’accompagnent d’une mortalité fœ- dans certaines observations, il a été montré l’existence de
tale et néonatale de 7,1 % ²⁸. Dans tous les cas, une sur- mutations du gène FBN1. Il pourrait constituer une forme
veillance conjointe et très stricte de l’obstétricien et du car- incomplète ou bénigne de SM ⁷.
diologue, un traitement bêtabloqueur et un contrôle écho- Syndrome de Beals-Hecht De transmission autosomique
cardiographique initialement trimestriel, puis mensuel le dominante, il associe un morphotype marfanoïde à une
dernier trimestre sont conseillés ²⁹. L’ectasie durale est sou- arachnodactylie avec camptodactylie, un aspect « ratatiné »
vent asymptomatique et seul le scanner lombaire, qu’il faut de l’oreille externe, des contractures congénitales des
systématiquement pratiquer, permet de la déceler. Mais si coudes, genoux et hanches et une hypoplasie musculaire
elle s’accompagne de douleurs lombaires ou radiculaires modérée des mollets ³³. Une atteinte cardiaque avec pro-
significatives liées à la compression des racines nerveuses lapsus valvulaire mitral et plus rarement une dilatation de
dans le canal lombosacré, une réparation neurochirurgicale l’aorte ascendante peuvent également s’observer ³⁴. Dans
peut améliorer ces manifestations. Le conseil génétique la majeure partie des cas, cette affection est liée à des mu-
doit informer les futurs parents, si l’un d’eux est atteint tations du gène FBN2 codant pour la fibrilline-2.
de SM, du risque de transmission de 50 %, de la nature et Homocystinurie Les homocystinuries se caractérisent
des risques de la maladie et de la nécessité éventuelle de par une surcharge en homocystéine, acide aminé souffré, à
la chirurgie aortique. Le diagnostic prénatal est possible propriété thrombophile et athérogène. La plus fréquente
sur les villosités choriales. L’implication de TGF-β apporte (80 %) est l’homocystinurie classique, liée à un déficit enzy-
pour l’avenir l’espoir de pouvoir moduler l’activité de cette matique en cystathionine β-synthase, enzyme responsable
cytokine qui intervient probablement sur la plupart des de la conversion de la méthionine en cystéine (voie de la
manifestations cliniques du SM. Son dosage sérique pour- transsulfuration) dont le gène CBS est situé en 21q22.3. Les
rait constituer un marqueur diagnostique et pronostique autres formes sont liées à une anomalie de la conversion
après traitement bêtabloqueur et/ou par antagonistes des de l’homocystéine en méthionine. L’homocystinurie clas-
la laminine bêta-1 ⁵⁰, de la lysyl oxydase ⁵¹ ont également celle de la population générale, même si des cas de ruptures
été décrites. aortiques précoces à l’âge adulte et d’emphysème pulmo-
Les CLa ont en commun, et par définition, une peau lâche naire sévère ont été rapportés ⁵⁴.
relativement superposable d’un type à l’autre. Cet aspect Cutis laxa liées à l’X Cette variété de CLa est identique
clinique est suffisamment caractéristique pour faire évo- à l’ancien syndrome d’Ehlers-Danlos de type IX et à une
quer le diagnostic. La peau est diffusément flasque et redon- variante de bon pronostic de la maladie de Menkes. Cet
dante, en particulier au niveau du visage qui prend dès la exemple illustre les difficultés nosologiques des affections
première enfance un aspect prématurément « âgé » et triste héréditaires du tissu conjonctif. La cutis laxa est généra-
du fait de l’affaissement des téguments (fig. 87.5). Toutefois, lisée et présente dès la naissance. Il existe en outre une
dans tous les cas, c’est la sévérité des atteintes viscérales dysmorphie faciale et thoracique, des exostoses, des caro-
qui conditionne le pronostic des CLa ⁵². L’atteinte cardio- tides sinueuses, des sténoses artérielles intracrâniennes,
vasculaire est classique ou particulièrement marquée au des sténoses et des diverticules du tractus urinaire, une
cours des CLa autosomiques dominantes, de forme liée à hyperlaxité articulaire. Le quotient intellectuel est bas.
l’X ou de forme autosomique récessive de type I. Cutis laxa autosomique récessive de type I Il s’agit vrai-
Cutis laxa autosomiques dominantes Leur fréquence semblablement de la forme la plus grave de CLa. L’atteinte
est inconnue. Les manifestations cutanées sont générale- cutanée est très précoce dans la vie, habituellement asso-
ment présentes dès la naissance ou au cours de la petite ciée à un retard de croissance intra-utérin puis à une pe-
enfance. L’atteinte viscérale est absente ou bénigne, et mar- tite taille, et éventuellement à une dysmorphie faciale, des
quée par des lésions pulmonaires (emphysème, bronchecta- déformations thoraciques et rachidiennes, ainsi qu’un re-
sies, sténose de l’artère pulmonaire), cardiaques (régurgita- tard mental. La gravité est liée aux atteintes pulmonaires
tions valvulaires mitrale ou tricuspidienne, hypertrophie (emphysème précoce, pneumothorax), digestives et uro-
ventriculaire droite, anévrisme aortique), des hernies diges- logiques (hernies, diverticules) ou vasculaires (artères si-
tives, des prolapsus génitaux ⁵³. L’espérance de vie de ces nueuses et ectasiques, dysplasie fibromusculaire artérielle).
patients est considérée comme grossièrement identique à Diagnostic et prise en charge Si le diagnostic est aisé à
suspecter, la confirmation de la CLa, surtout de son type
et donc de son pronostic, est difficile et doit être confiée
à une équipe multidisciplinaire connaissant bien ce type
de pathologie. La biopsie cutanée n’est pas indispensable
au diagnostic. Si elle est pratiquée, elle montre une élasto-
lyse dermique avec absence de fibres élastiques matures.
La microscopie électronique confirme au niveau des fibres
élastiques la raréfaction de l’élastine et seule la charpente
microfibrillaire est visible. Le diagnostic moléculaire est
du domaine de la recherche. Il n’est pas toujours réalisable,
mais peut, dans certaines familles informatives, permettre
un diagnostic anténatal. La recherche des complications
viscérales est systématique et régulière.
Principes du traitement Des corrections chirurgicales
itératives sont volontiers nécessaires pour limiter l’aspect
de vieillissement prématuré, en particulier au niveau du vi-
sage. Des injections de toxine botulique ont été pratiquées
dans quelques cas, avec des résultats positifs transitoires.
Les atteintes viscérales relèvent d’une prise en charge hau-
tement spécialisée et multidisciplinaire. Celle-ci est le plus
souvent symptomatique.
Coll. D. Bessis
patocytaire. Le PXE est donc désormais considéré comme
une affection métabolique associant un défect primitive-
ment hépatique responsable de l’augmentation dans le sé-
rum d’une ou plusieurs molécules qui déterminent une Fig. 87.6 Pseudoxanthome élastique : papules jaunâtres confluentes en
élastorrhexie à distance dans les organes riches en fibres plaques sur la face latérale du cou
élastiques ⁵⁷. Le substrat du transporteur ABCC6 et l’effec-
teur sérique du PXE, molécules vraisemblablement diffé- cou, des granulomes élastophagiques ou des lésions per-
rentes, ne sont pas connus. La prévalence du PXE est es- forantes avec expulsion transépidermique de fibres élas-
timée à 1/25 000 ⁵⁵. L’encadré 87.B liste les critères diagnos- tiques dystrophiques. Des rides obliques des régions man-
tiques usuels du PXE ⁵⁸. Il est à noter que ceux-ci ont été dibulaires auraient une bonne sensibilité pour le diagnostic
élaborés avant la découverte de la responsabilité du gène clinique de PXE avant l’âge de 35 ans. Les lésions cutanées
ABCC6 dans le PXE et qu’ils mériteraient sans doute d’être doivent être biopsiées afin d’affirmer le diagnostic histo-
réévalués ou complétés pour rendre compte de certaines logique d’élastorrhexie à l’aide d’une coloration des fibres
observations clinico-biologiques telles que la présence de élastiques (par exemple l’orcéine) et d’une coloration de
phénotypes incomplets chez des porteurs de deux muta- la minéralisation (par exemple le von Kossa). L’atteinte
tions de ABCC6, de manifestations sévères chez des hétéro- cutanée clinique manque rarement au cours du PXE mais,
zygotes ⁵⁹ ou de l’existence de plusieurs phénocopies recon- même en l’absence de lésions visibles, la biopsie cutanée en
nues du PXE (cf. infra). zone bastion ou au niveau d’une cicatrice peut permettre
Les lésions élémentaires cutanées du PXE sont des papules de retrouver la dystrophie élastique caractéristique.
jaunâtres ou de couleur peau normale atteignant d’abord Les lésions cutanées de PXE sont en règle les premières à ap-
les faces latérales du cou (fig. 87.6) puis s’étendant à la nuque, paraître ⁶⁰. Elles doivent faire rechercher des lésions ophtal-
à la face antérieure du cou et à la peau des grands plis (axil- mologiques par un examen des fonds d’yeux à la recherche
laires, antécubitaux, inguinaux, poplités), à l’ombilic et à de stries angioïdes, correspondant anatomiquement à des
la face interne de la lèvre inférieure. Les papules tendent à déchirures de la membrane de Bruch à la face postérieure
confluer et peuvent être, au maximum mais très inconstam- de la rétine. Les stries angioïdes sont très souvent orien-
ment, responsables d’une perte d’élasticité cutanée avec tées vers la macula, la région paracentrale de la rétine res-
une peau apparaissant spontanément redondante (fig. 87.7). ponsable de la vision fine. Avant l’âge adulte, les stries an-
Une atteinte cutanée diffuse ou a contrario l’absence de lé- gioïdes peuvent manquer, mais il est possible d’observer
sions cutanées visibles sont possibles mais très rares. L’exa- d’autres remaniements rétiniens évocateurs de PXE : as-
men cutané retrouve parfois des papules acnéiformes du pect « peau d’orange » de la rétine, drusen papillaires, etc. ⁶¹.
AMM autorisation de mise sur le marché · PXE pseudoxanthome élastique · VEGF vascular endothelial growth factor
87-12 Dysplasies héréditaires du tissu conjonctif
été à l’origine de progrès physiopathologiques substantiels déficit quantitatif ou qualitatif au cours du SED vasculaire
pour la compréhension du PXE « classique ». rend compte des complications secondaires à la fragilité
PXE cutané sévère avec déficit en facteurs de coagulation dé- des vaisseaux et des tissus atteints ⁶⁶.
pendants de la vitamine K Cinq patients ont été décrits Deux formes cliniques sont individualisées : acrogérique
qui présentaient l’association d’un PXE cutané très sévère et ecchymotique (non acrogérique). Au cours de la forme
(avec élastorrhexie histologique), stries angioïdes non com- acrogérique, le visage a un aspect caractéristique confé-
pliquées, TP spontanément bas avec déficit en facteurs de rant un aspect sérieux et fragile : nez étroit et pincé, lèvres
coagulation dépendants de la vitamine K (et parfois des minces, peu ourlées et horizontales, joues creuses et pom-
saignements viscéraux graves) et absence de mutations re- mettes saillantes hautes, lobules des oreilles hypoplasiques
trouvées dans le gène ABCC6. Une étude du type « gène et yeux « proéminents », globuleux et enfoncés par atrophie
candidat » a permis d’associer ce phénotype à des muta- du tissu graisseux péri-orbitaire. La peau est fine, laissant
tions du gène GGCX qui code une carboxylase ⁶². Cette en- apercevoir le réseau veineux, en particulier au décolleté et
zyme active, en présence de vitamine K, des glycoprotéines sur l’abdomen (fig. 87.8). La flexion en avant du tronc laisse
telles que les facteurs de coagulation II, VII, IX et X (dans apparaître la circulation veineuse du dos ⁶⁷. Les mains et les
le foie) et des molécules inhibitrices de la minéralisation pieds ont un aspect prématurément vieilli (acrogéria), avec
(matrix gla protein, ostéocalcine, etc. dans les tissus péri- une peau très fine, sèche et flétrie, une disparition du tissu
phériques). Il a été démontré très récemment que c’est le adipeux, laissant les tendons et les veines anormalement
déficit de carboxylation des inhibiteurs de minéralisation, visibles (fig. 87.9). La fragilité cutanée (dermatorrhexie) se
par défaut enzymatique (dans le PXE variant) ou par dé- traduit par de nombreuses cicatrices dans les zones expo-
faut de vitamine K (dans le PXE classique) qui explique la sées aux traumatismes, genoux, face antérieure des jambes,
minéralisation pathologique dans ces deux affections très coudes, front. Ces cicatrices sont de mauvaise qualité, d’as-
proches ⁶⁴. pect fripé, très atrophiques comme du papier de cigarette
(fig. 87.10). La fragilité devient évidente dès l’acquisition de
Dysplasies héréditaires des fibres collagènes la marche. La peau se déchire largement, même pour un
choc minime, en particulier chez l’enfant au cours des jeux
Syndromes d’Ehlers-Danlos et du sport. Malgré des sutures soigneuses, les cicatrices
Ce groupe de maladies héréditaires du tissu conjonctif, hé- ont tendance à s’élargir secondairement. Des ecchymoses
térogène sur le plan phénotypique et génétique, est carac- multiples et parfois importantes sont fréquentes et sur-
térisé par une hyperélasticité cutanée, une hyperlaxité arti- viennent dans les suites de traumatismes minimes ou par-
culaire et une fragilité tissulaire dont le degré et le groupe- fois spontanément, en l’absence d’anomalie de l’hémostase.
ment sont très variables. Les syndromes d’Ehlers-Danlos Elles ne doivent pas faire porter à tort le diagnostic de sé-
(SED) sont liés à des mutations géniques entraînant des vices corporels à l’âge pédiatrique (fig. 87.11). Elles peuvent
anomalies du collagène. On individualise six types princi- être à l’origine de macules pigmentées cicatricielles par dé-
paux de SED ⁶⁵, les mutations géniques et le défaut molécu- pôts d’hémosidérine. Les signes d’hyperlaxité cutanée (à
laire qui en résultent étant identifiés pour la plupart d’entre rechercher sur la face antérieure de l’avant-bras) et arti-
eux (tableau 87.4). Les complications vasculaires graves au culaires communs aux formes classiques ou hypermobiles
cours des SED sont presque exclusivement l’apanage de la des SED, en particulier, sont généralement minimes ou ab-
forme vasculaire. sents. L’hyperlaxité articulaire est discrète et prédomine
sur les petites articulations, en particulier en extension
Syndrome d’Ehlers-Danlos vasculaire aux articulations métacarpophalangiennes des doigts. Des
Le SED vasculaire (ancien type IV) se distingue des autres entorses et/ou luxations à répétition des épaules, rotules
formes cliniques de SED par la sévérité des atteintes vas- et chevilles peuvent cependant être au premier plan. L’ab-
culaires, digestives et obstétricales, un morphotype acro- sence de frein labial inférieur ou lingual (fig. 87.12) est fré-
gérique inconstant et une hyperlaxité cutanée et articu- quente (65 % dans une série de 20 patients), mais est égale-
laire modérée. Il représente 4 à 10 % des SED et sa préva- ment notée au cours des formes classique et hypermobile
lence est estimée à 1/150 000 (prévalence globale des SED de SED (83-100 % suivant les séries) ⁶⁶,⁶⁸.
comprise entre 1/10 000 et 1/25 000). Toutefois, le diag- La fragilité et la rupture tissulaire constituent parfois le
nostic est particulièrement difficile à établir du fait d’une signe de découverte de la maladie, dans le cadre de l’urgence.
variabilité phénotypique importante, y compris entre su- Elles surviennent en moyenne au cours de la troisième
jets atteints d’une même famille et il est fréquent que les décennie, la première complication étant artérielle (près
enquêtes familiales et les tests génétiques révèlent la pré- d’1 cas sur 2), intestinale (perforation dans près de 20 %)
sence de patients paucisymptomatiques avec des manifes- ou par rupture d’organe plein (rein, foie ou rate) (5 %) ⁶⁶.
tations subcliniques, porteurs d’une mutation non ambi- Les complications artérielles chez un sujet jeune peuvent
guë ⁶⁶. Sa transmission est autosomique dominante et il est se révéler par un tableau d’hémorragie dans les cavités sé-
lié à des mutations du gène COL3A1 qui code pour la chaîne reuses, de fistule artérioveineuse, d’hémorragie rétropérito-
pro-α(1) du collagène de type III. Le collagène de type III néale. Ailleurs, on retrouve dans les antécédents la notion
est un constituant essentiel de la paroi des vaisseaux, de de rupture d’une artère de moyen calibre, dont témoignent
la peau, du tractus gastro-intestinal et de l’utérus, et son des cicatrices chirurgicales parfois multiples. La rupture
aortique est mortelle en quelques minutes. Cet accident accident neurologique brutal peut évoquer aussi la rupture
dramatique est parfois retrouvé dans les antécédents fa- d’un anévrisme cérébral, ou une dissection des artères verté-
miliaux chez des adolescents ou des adultes jeunes. Un brales ou carotides. Les fistules carotido-caverneuses sont
87-14 Dysplasies héréditaires du tissu conjonctif
Coll. D. Bessis
Par rapport à l’hypoplasie du collagène, il peut exister une
augmentation relative des fibres élastiques normales ou ef-
filochées avec réapparition de la structure microfibrillaire.
La substance fondamentale est abondante. Mais surtout,
Fig. 87.8 Visualisation des veines sous-cutanées du dos lors de la les fibroblastes ont parfois un réticulum endoplasmique
flexion en avant du tronc au cours du syndrome d’Ehlers-Danlos très dilaté, témoignant d’un défaut de sécrétion du procolla-
gène III, cette rétention fibroblastique étant rencontrée sur-
responsables d’une symptomatologie moins aiguë avec cé- tout dans les SED vasculaires acrogériques. Elle peut aussi
phalées, exophtalmie pulsatile, thrill ⁶⁹. Rares chez l’enfant être mise en évidence en microscopie optique par immu-
avant 10 ans, ces ruptures artérielles surviennent dans nofluorescence ⁷¹. Dans les parois vasculaires, on retrouve
25 % des cas avant 20 ans et dans 80 % avant 40 ans. La aussi une raréfaction et une diminution impressionnante
médiane de durée de vie est de 48 ans ⁷⁰. Les varices d’appa- du calibre des fibrilles collagènes, expliquant la fragilité et
rition précoces sont également fréquentes. Il existe aussi les ruptures vasculaires ⁷².
une fragilité des parois abdominales avec souvent hernies L’étude du défaut biochimique précis en laboratoire haute-
inguinales ou ombilicales. Les parois du tube digestif sont ment spécialisé, compte tenu de la très haute technicité
fragiles, entraînant méga-œsophage, mégaduodénum, di- et des moyens nécessaires, est régulièrement citée en mé-
verticulose étendue. Mais il faut penser à la rupture diges- thode de référence pour le diagnostic ⁶⁶. Elle nécessite un
tive, du côlon et du sigmoïde surtout, devant un tableau prélèvement cutané pour disposer d’une culture de fibro-
abdominal aigu dramatique. Là encore, il peut exister un blastes et rechercher une anomalie quantitative de la sé-
antécédent similaire auquel le patient a survécu malgré la crétion du collagène III et, en l’absence de diminution, la
gravité de cet accident. Chez l’enfant de sexe masculin, il y
a parfois une diminution de la force du jet urinaire qui doit
faire rechercher un ou des diverticules géants de la vessie
pouvant entraîner par leur volume une compression uré-
trale. Au niveau pulmonaire, la fragilité tissulaire peut se
manifester par un pneumothorax ou un pneumomédiastin
parfois une trachéobronchomalacie responsable d’apnées
du sommeil ⁶⁶.
La biopsie cutanée est souvent peu démonstrative en micro-
scopie optique mais permet d’objectiver l’amincissement
du derme, avec hypoplasie du collagène dont les faisceaux
horizontalisés et grêles manquent de cohésion, et une
béance des vaisseaux. La microscopie électronique de la
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 87.12 Absence de frein lingual au cours d’un syndrome
d’Ehlers-Danlos de type classique
quelle artère, sans que cela soit prévisible car ces déchi-
rures artérielles ne sont habituellement pas précédées
d’anévrisme, ni de dilatation de la racine aortique. Une
Fig. 87.11 Multiples plaies, cicactrices et hématomes cutanés au cours surveillance vasculaire a donc un intérêt discutable. Si on
d’un syndrome d’Ehlers-Danlos de type classique pouvant faire porter le souhaite la faire, il faut en tout cas qu’elle soit atrauma-
diagnostic de sévices corporels tique, en proscrivant les artériographies par ponction arté-
rielle, susceptibles d’occasionner des déchirures artérielles
recherche d’une anomalie qualitative de la migration élec- graves. L’angiographie veineuse par soustraction, le scan-
trophorétique des pro-chaînes. La recherche de mutations ner ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM) sans
géniques pathogènes non ambiguë du gène COL3A1 par injection, l’échographie doivent être préférées. Les traite-
analyse de l’ARN permet un diagnostic de certitude mais ments préventifs, en dehors de la réduction d’une hyper-
reste négative chez 40 % des patients présentant un profil tension artérielle qui pourrait favoriser ces ruptures, n’ont
anormal du collagène de type III sur l’électrophorèse. Un pas fait la preuve de leur efficacité. Les bêtabloquants sont
diagnostic prénatal est théoriquement possible pour les en cours d’évaluation sur la morbimortalité (céliprolol dans
familles dont la mutation est caractérisée. l’étude BBEST [Beta-blocker Ehlers-Danlos study]). Les rup-
Le bilan général comprend l’étude des portions distales tures artérielles et digestives sont des urgences vitales. Il
des artères des membres et des troncs supra-aortiques par est souhaitable que le sujet chez qui un SED vasculaire a
échographie Doppler, des valvules cardiaques par échogra- été diagnostiqué porte une carte le mentionnant car la chi-
phie et de l’aorte thoracoabdominale et de ses branches à rurgie est alors délicate et il importe que le chirurgien le
destinée viscérale par angiotomodensitométrie ⁶⁶. Il faut sache pour être le plus atraumatique possible. Les ruptures
s’abstenir de toute exploration invasive qui peut mener digestives sont volontiers récidivantes et certains sont al-
à des déchirures artérielles extensives. Les autres inves- lés jusqu’à préconiser une colectomie partielle ou même
tigations, notamment radiologiques, sont demandées en totale prophylactique.
fonction des signes d’appel cliniques. Conseil génétique C’est surtout chez l’adulte jeune en
Prise en charge des patients ⁶⁶ Les patients doivent bé- âge de procréer qu’il est sollicité et le patient doit être très
néficier de mesures préventives ou curatives des signes et bien informé des risques de sa maladie et du mode de trans-
des complications de leur maladie. Pour prévenir les com- mission de type autosomique dominant. Chez les femmes,
plications liées à la fragilité tissulaire, les traumatismes toute grossesse est contre-indiquée. Si la grossesse survient
sont à éviter (jeux et sports violents) ainsi que la plongée tout de même ou si l’anomalie génique a déjà été identi-
sous-marine en raison du risque de pneumothorax. Les fiée dans la famille, la sévérité des risques peut justifier
cicatrices inesthétiques peuvent être reprises chirurgicale- un diagnostic prénatal, sur les cellules fœtales obtenues
ment, avec une amélioration appréciable si les sutures sont par amniocentèse (à 15 à 18 semaines de gestation) ou vil-
très soigneuses. Elles doivent l’être aussi pour un trauma- losités choriales (10-12 semaines). L’amniocentèse n’est
tisme récent où toute plaie doit être suturée. Sur le plan cependant pas sans risque chez la femme enceinte atteinte
articulaire, les luxations se réduisent en général facilement. de SED vasculaire.
1 Kanitakis J. Anatomy, histology and im- 17 Wipff J, Allanore Y, Boileau C. [Interactions odactyly (Beals syndrome). J Med Genet 1994 ;
munohistochemistry of normal human skin. between fibrillin-1 and tgf-beta : consequences 31:640-643.
Eur J Dermatol 2002 ; 12:390-401. and human pathology]. Med Sci (Paris) 2009 ; 34 Callewaert BL, Loeys BL, Ficcadenti A et al.
2 Kielty CM, Sherratt MJ, Shuttleworth CA. 25:161-167. Comprehensive clinical and molecular assess-
Elastic fibres. J Cell Sci 2002 ; 115:2817-2828. 18 Booms P, Ney A, Barthel F et al. A fibrillin-1- ment of 32 probands with congenital contrac-
3 Lacroix A, Pezet M, Capel A et al. Le syn- fragment containing the elastin-binding-protein tural arachnodactyly : report of 14 novel muta-
drome de Williams-Beuren : une approche mul- GxxPG consensus sequence upregulates matrix tions and review of the literature. Hum Mutat
tidisciplinaire. Arch Pediatr 2009 ; 16:273-282. metalloproteinase-1 : biochemical and compu- 2009 ; 30:334-341.
4 Dridi SM, Ghomrasseni S, Bonnet D et al. tational analysis. J Mol Cell Cardiol 2006 ; 40: 35 Ducros V, Rousset J, Garambois K et al. Hy-
Skin elastic fibers in Williams syndrome. Am J 234-246. perhomocystéinémie sévère révélant une homo-
Med Genet 1999 ; 87:134-138. 19 Mizuguchi T, Collod-Beroud G, Akiyama T cystinurie chez deux jeunes adultes présentant
5 Joseph C, Landru MM, Bdeoui F et al. Pe- et al. Heterozygous TGFBR2 mutations in Mar- un phénotype peu marqué. Rev Med. Interne
riodontal conditions in Williams Beuren syn- fan syndrome. Nat Genet 2004 ; 36:855-860. 2006 ; 27:140-143.
drome : a series of 8 cases. Eur Arch Paediatr 20 Rozendaal L, le Cessie S, Wit JM et al. 36 Gibson E G, Li H., Pittelkow M. R. Homo-
Dent 2008 ; 9:142-147. Growth-reductive therapy in children with mar- cysteinemia and livedoid vasculitis. J Am Acad
6 American Academy of Pediatrics. Health fan syndrome. J Pediatr 2005 ; 147:674-679. Dermatol 1999 ; 40:279-281.
care supervision for children with Williams syn- 21 Noordam C, van Daalen S, Otten BJ. Treat- 37 Refsum H, Smith AD, Ueland PM et al.
drome. Pediatrics 2001 ; 107:1192-1204. ment of tall stature in boys with somatostatin Facts and recommendations about total homo-
7 Judge DP, Dietz HC. Marfan’s syndrome. analogue 201-995 : effect on final height. Eur J cysteine determinations : an expert opinion.
Lancet 2005 ; 366:1695-1976. Endocrinol 2006 ; 154:253-257. Clin Chemistry 2004 ; 50:3-32.
8 Stheneur C, Oberkampf B, Chevallier B. 22 Chevallier B, Oberkampf B, Stheneur C. 38 Coucke PJ, Willaert A, Wessels MW et
[Marfan syndrome : diagnostic criteria and [Multidisciplinary management and paediatric al. Mutations in the facilitative glucose trans-
molecular biology contribution]. Arch Pediatr Marfan syndrome]. Arch Pediatr 2008 ; 15:582- porter GLUT10 alter angiogenesis and cause
2008 ; 15:564-567. 583. arterial tortuosity syndrome. Nat Genet 2006 ;
9 De Paepe A, Devereux R, Dietz H et al. 23 Glorion C, Pannier S, Rod J et al. [Thoraci 38:452-457.
Revised diagnostic criteria for the Marfan deformities in Marfan syndrome]. Arch Pediatr 39 Callewaert BL, Willaert A, Kerstjens-Fred-
syndrome. Am J Human Genet 1996 ; 62:417- 2008 ; 15:574-578. erikse WS et al. Three new families with arterial
426. 24 Gott VL, Greene PS, Alejo DE et al. Replace- tortuosity syndrome. Hum Mutat 2008 ; 29:150-
10 Nemet AY, Assia EI, Apple DJ, Barequet IS. ment of the aortic root in patients with Mar- 158.
Current concepts of ocular manifestations in fan’s syndrome. N Engl J Med 1999 ; 340:1307- 40 Morava E, Guillard M, Lefeber DJ, Wevers
Marfan syndrome. Surv Ophthalmol 2006 ; 51: 1313. RA. Autosomal recessive cutis laxa syndrome re-
561-575. 25 Vricella LA, Williams JA, Ravekes WJ et al. visited. Eur J Hum Genet 2009 ; 17:1099-1011.
11 Therrien J, Gatzoulis M, Graham T et al. Early experience with valve-sparing aortic root 41 Tassabehji M, Metcalfe K, Hurst J et al.
Canadian Cardiovascular Society Consensus replacement in children. Ann Thorac Surg 2005 ; An elastin gene mutation producing abnormal
Conference 2001 update : Recommendations 80:1622-1626. tropoelastin and abnormal elastic fibres in a pa-
for the Management of Adults with Congenital 26 Glorioso J, Reeves M. Marfan syndrome : tient with autosomal dominant cutis laxa. Hum
Heart Disease–Part II. Can J Cardiol 2001 ; 17: screening for sudden death in athletes. Curr Mol Genet 1998 ; 7:1021-1028.
1029-1050. Sports Med Rep 2002 ; 1:67-74. 42 Kaler SG, Gallo LK, Proud VK et al. Occip-
12 Meijboom LJ, Timmermans J, Zwinder- 27 Pyeritz RE. Maternal and fetal complica- ital horn syndrome and a mild Menkes pheno-
man AH et al. Aortic root growth in men and tions of pregnancy in the Marfan syndrome. Am type associated with splice site mutations at the
women with the Marfan’s syndrome. Am J Car- J Med 1981 ; 71:784-790. MNK locus. Nat Genet 1994 ; 8:195-202.
diol 2005 ; 96:1441-1444. 28 Meijboom LJ, Drenthen W, Pieper PG et al. 43 Genevieve D, Baumann C, Huber C et al. A
13 Lazarevic AM, Nakatani S, Okita Y et al. De- Obstetric complications in Marfan syndrome. novel form of syndromic cutis laxa with facial
terminants of rapid progression of aortic root di- Int J Cardiol 2006 ; 110:53-59. dysmorphism, cleft palate, and mental retarda-
latation and complications in Marfan syndrome. 29 Pacini L, Digne F, Boumendil A et al. Mater- tion. J Med Genet 2004 ; 41:e77.
Int J Cardiol 2006 ; 106:177-182. nal complication of pregnancy in Marfan syn- 44 Kiuru-Enari S, Keski-Oja J, Haltia M. Cutis
14 Engelfriet PM, Boersma E, Tijssen JG et al. drome. Int J Cardiol 2009 ; 136:156-161. laxa in hereditary gelsolin amyloidosis. Br J Der-
Beyond the root : dilatation of the distal aorta 30 Matt P, Schoenhoff F, Habashi J et al. Circu- matol 2005 ; 152:250-257.
in Marfan’s syndrome. Heart 2006 ; 92:1238- lating transforming growth factor-beta in Mar- 45 Loeys B, van Maldergem L, Mortier G et
1243. fan syndrome. Circulation 2009 ; 120:526-532. al. Homozygosity for a missense mutation in
15 De Backer JF, Devos D, Segers P et al. Pri- 31 Jiménez SA, Rosenbloom J. Angiotensin II fibulin-5 (FBLN5) results in a severe form of
mary impairment of left ventricular function blockade in Marfan’s syndrome. N Engl J Med cutis laxa. Hum Mol Genet 2002 ; 11:2113-2118.
in Marfan syndrome. Int J Cardiol 2006 ; 112: 2008 16 ;359 :1732-1733 46 Markova D, Zou Y, Ringpfeil F et al. Genetic
353-358. 32 Aalberts JJ, van den Berg MP, Bergman JE heterogeneity of cutis laxa : a heterozygous tan-
16 Das BB, Taylor AL, YetmanAT. Left ventric- et al. The many faces of aggressive aortic pathol- dem duplication within the fibulin-5 (FBLN5)
ular diastolic dysfunction in children and young ogy : Loeys-Dietz syndrome. Neth Heart J 2008 ; gene. Am J Hum Genet 2003 ; 72:998-1004.
adults with Marfan syndrome. Pediatr Cardiol 16:299-304. 47 Hucthagowder V, Sausgruber N, Kim KH
2006 ; 27:256-258. 33 Viljoen D. Congenital contractural arachn- et al. Fibulin-4 : a novel gene for an autosomal
Références 87-17
recessive cutis laxa syndrome. Am J Hum Genet G. An unusual severe vascular case of pseudox- with cutis laxa and multiple coagulation factor
2006 ; 78:1075-1080. anthoma elasticum presenting as generalized deficiency represents a separate genetic entity.
48 Morava E, Wopereis S, Coucke P et al. De- arterial calcification of infancy. Am J Med Genet J Invest Dermatol 2007 ; 127:581-587.
fective protein glycosylation in patients with A 2010 ; 152A:118-123. 65 Beighton P, De Paepe A, Steinmann B et
cutis laxa syndrome. Eur J Hum Genet 2005 ; 13: 57 Li Q, Jiang Q, Pfendner E et al. Pseudox- al. Ehlers-Danlos syndromes : revised nosology,
414-421. anthoma elasticum : clinical phenotypes, molec- Villefranche 1997. Am J Med Genet 1998 ; 77:
49 Reversade B, Escande-Beillard N, Dimopou- ular genetics and putative pathomechanisms. 31-37.
lou A et al. Mutations in PYCR1 cause cutis laxa Exp Dermatol 2009 ; 18:1-11. 66 Perdu J, Boutouyrie P, Lahlou-Laforêt K et
with progeroid features. Nat Genet 2009 ; 41: 58 Lebwohl M, Neldner K, Pope FM et al. Clas- al. [Vascular Ehlers-Danlos syndrome]. Presse
1016-1021. sification of pseudoxanthoma : report of a con- Med 2006 ; 35:1864-1875.
50 Bonneau D, Huret JL, Godeau G et al. Recur- sensus conference. J Am Acad Dermatol 1994 ; 67 Germain DP. Ehlers-Danlos syndrome type
rent ctb(7)(q31.3) and possible laminin involve- 30:103-107. IV. Orphanet J Rare Dis 2007 ; 2:32.
ment in a néonatal cutis laxa with a Marfan 59 Martin L, Maitre F, Bonicel P et al. Het- 68 Machet L, Hüttenberger B, Georgesco G et
phenotype. Hum Genet 1991 ; 87:317-319. erozygosity for a single mutation in the ABCC6 al. Absence of inferior labial and lingual frenula
51 Khakoo A, Thomas R, Trompeter R et gene may closely mimic PXE. Consequences of in Ehlers-Danlos syndrome. A minor diagnostic
al. Congenital cutis laxa and lysyloxidase defi- this phenotype overlap for the definition of PXE. criterion in French patients. Am J Clin Dermatol
ciency. Congenital cutis laxa and lysyloxidase Arch Dermatol 2008 ; 144:301-306. 2010 ; 11:269-273.
deficiency. Clin Genet 1997 ; 51:109-114. 60 Naouri M, Boisseau C, Bonicel P et al. Man- 69 Chuman H, Trobe JD, Petty EM et al.
52 Fitzsimmons JS, Fitzsimmons EM, Guib- ifestations of pseudoxanthoma elasticum in Spontaneous direct carotid-cavernous fistula in
ert PR et al. Variable presentation of cutis laxa. childhood. Br J Dermatol 2009 ; 161:635-639. Ehlers-Danlos syndrome type IV : two case re-
Clin Genet 1985 ; 28:284-295. 61 Finger RP, Charbel Issa P, Ladewig MS et ports and a review of the literature. J Neurooph-
53 Rodriguez-Revenga L, Iranzo P, Badenas C al. Pseudoxanthoma elasticum : genetics, clini- thalmol 2002 ; 22:75-81.
et al. A novel elastin gene mutation resulting in cal manifestations and therapeutic approaches. 70 Pepin M, Schwarze U, Superti-Furga A, By-
an autosomal dominant form of cutis laxa. Arch Surv Ophthalmol 2009 ; 54:272-285. ers PH. Clinical and genetic features of Ehlers-
Dermatol 2004 ; 140:1135-1139. 62 Vanakker OM, Martin L, Schurgers LJ et Danlos syndrome type IV, the vascular type. N
54 Szabo Z, Crepeau MW, Mitchell AL et al. al. Low serum vitamin K in PXE results in defec- Engl J Med 2000 ; 342:673-680.
Aortic aneurysmal disease and cutis laxa caused tive carboxylation of mineralization inhibitors 71 Temple AS, Hinton P, Narcisi P, Pope FM.
by defects in the elastin gene. J Med Genet 2006 ; similar to GGCX mutations in the PXE-like syn- Detection of type III collagen in skin fibroblasts
43:255-258. drome. Lab Invest 2010 ; 90:895-905. from patients with Ehlers-Danlos syndrome
55 Chassaing N, Martin L, Calvas P et al. Pseu- 63 Bercovitch L, Martin L, Chassaing N et al. type IV by immunofluorescence. Br J Dermatol
doxanthoma elasticum : a clinical, pathophysi- Possible acquired pseudoxanthoma elasticum 1988 ; 118:17-26.
ological and genetic update including 11 novel following liver transplantion. J Am Acad Derma- 72 Crowther MA, Lach B, Dunmore PJ, Roach
ABCC6 mutations. J Med Genet 2005 ; 42:881- tol (sous presse). MR. Vascular collagen fibril morphology in type
892. 64 Vanakker OM, Martin L, Gheduzzi D et IV Ehlers-Danlos syndrome Connect. Tissue Res
56 Le Boulanger G, Labreze C, Croue A et al. al. Pseudoxanthoma elasticum-like phenotype 1991 ; 25:209-217.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Martin L, Beylot C, Bessis D. Dysplasies héréditaires du tissu conjonctif. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine,
vol. 4 : Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 87.1-87.17.
88
Syndromes neuro-cardio-facio-cutanés
Charlotte Pernet, Didier Bessis
NF-1 neurofibromatose de type 1 · RTK récepteurs tyrosine kinase · SCFC syndrome cardio-facio-cutané · SNCFC syndrome neuro-cardio-facio-cutané
88-2 Syndromes neuro-cardio-facio-cutanés
EXTRACELLULAIRE
COMPARTIMENT
INTRACELLULAIRE Neurofibromine p120 GAP
Récepteur SYNDROME DE
tyrosine
kinase RAS-GDP RAS-GTP COSTELLO
CBL GRB2
SOS1
P SHP2 NRAS HRAS
P KRAS
- SPRED 1 SYNDROME DE
SYNDROME DE P LEGIUS
RAF
NOONAN MAPKKK
SYNDROME SYNDROME
LEOPARD P
MEK CARDIO-FACIO-CUTANÉ
MAPKK
MEK 1
MEK 2
AU
NOY P
Transcription ERK
MAPK
Régulation
Coll. D. Bessis
Prolifération ERK 1 ERK 2
Différenciation
Survie Voie MAPKinase
Fig. 88.1 Voie RAS/MAPKinases : son activation débute par la fixation d’un ligand (par exemple un facteur de croissance) sur un récepteur tyrosine kinase
composé de deux monomères, aboutissant à sa dimérisation puis à son autophosphorylation et son activation, et permettant un recrutement de protéines
intracellulaires comme SHP-2 et GRB2 qui recrutent au niveau de la membrane cellulaire la protéine SOS1 favorisant l’échange de guanosine diphosphate
(GDP) contre du guanosine triphosphate (GTP), et permettant ainsi le passage d’une forme inactive de RAS (RAS-GDP) à sa forme active RAS-GTP. Le retour
de RAS à l’état inactif est spontané, grâce à l’activité GTPasique intrinsèque de RAS. Cette activité GTPasique est accélérée par des protéines GAP (protéines
activatrices de GTPase), comme par exemple la neurofibromine ou la protéine p120GAP. RAS-GTP active directement la voie de signalisation MAPKinases se
traduisant par une cascade des activités de phosphorylation sur trois niveaux successifs : 1o les MAP Kinase Kinase Kinase (MAPKKK) comprenant RAF-1
(ou CRAF), BRAF et/ou ARAF, 2o les MAP Kinase Kinase (MAPKK) comprenant MEK-1 et/ou MEK-2, et 3o les MAP kinase (MAPK) comprenant ERK1
et/ou ERK2. Ces dernières protéines sont les ultimes effecteurs à activité cytosolique ou nucléaire. Transloquées dans le noyau cellulaire, elles phosphorylent
les facteurs de transcription permettant la transcription de l’ensemble des gènes responsables de fonctions cellulaires vitales comme la réplication de l’ADN,
la régulation du cycle cellulaire, la différenciation et le contrôle de la croissance cellulaire.
cessus neuronaux comme l’apprentissage, la mémoire et protéine p120GAP. RAS-GTP active directement la voie de
la plasticité synaptique. Son activation au sein de la voie signalisation MAPKinases se traduisant par une cascade
RAS/MAPKinases débute par la fixation d’un ligand (par des activités de phosphorylation sur trois niveaux succes-
exemple un facteur de croissance) sur un RTK composé sifs : (1) les MAP Kinase Kinase Kinase (MAPKKK) com-
de deux monomères, aboutissant à sa dimérisation puis prenant RAF-1 (ou ARAF), BRAF et/ou CRAF, (2) les MAP
à son autophosphorylation et son activation, et permet- Kinase Kinase (MAPKK) comprenant MEK-1 et/ou MEK-2,
tant un recrutement de protéines intracellulaires comme et (3) les MAP kinase comprenant ERK1 et/ou ERK2. Ces
SHC, SHP-2 et GRB2 qui se lient aux RTK par leurs do- dernières protéines sont les ultimes effecteurs à activité
maines SH2. Ces molécules recrutent au niveau de la mem- cytosolique ou nucléaire. Transloquées dans le noyau cel-
brane cellulaire la protéine SOS1, à activité GEF (pour GTP lulaire, elles phosphorylent les facteurs de transcription
Exchange Factors), activité favorisant l’échange de guano- permettant la transcription de l’ensemble des gènes respon-
sine diphosphate (GDP) contre du guanosine triphosphate sables de fonctions cellulaires vitales comme la réplication
(GTP), et permettant ainsi le passage d’une forme inactive de l’ADN, la régulation du cycle cellulaire, la différenciation
de RAS (RAS-GDP) à sa forme active RAS-GTP. Cette ac- et le contrôle de la croissance cellulaire.
tivation peut être inhibée par les protéines de la famille
Sprouty, comme par exemple la protéine SPRED1. Le re- Syndrome LEOPARD
tour de RAS à l’état inactif est spontané, grâce à l’activité
GTPasique intrinsèque de RAS. Cette activité GTPasique Le syndrome LEOPARD (SyL) ou syndrome des lentigines
est accélérée par des protéines GAP (protéines activatrices multiples est une affection génétique autosomique domi-
de GTPase), comme par exemple la neurofibromine ou la nante à forte pénétrance et d’expressivité variable. Dans
95 % des cas, il est lié à des mutations du gène PTPN11 ⁶,⁷, Manifestations cliniques du syndrome LEOPARD
également impliqué dans le syndrome de Noonan, et plus Lentigines (près de 100 %)
rarement à des mutations des gènes BRAF ⁸ et RAF1 ⁹. Le Anomalies cardiaques (80-90 %)
gène PTPN11 code pour la protéine SHP2 qui a une activité Cardiomyopathie hypertrophique (80%)
de type phosphatase sur les résidus tyrosines phosphorylés. Sténose valvulaire pulmonaire (40 %)
Toutes les mutations du gène PTPN11 identifiées au cours Anomalies électrocardiographiques :
du SyL sont localisées au niveau des exons 7, 12 et 13 et – Déviation de l’axe gauche (30 %)
portent sur le domaine catalytique protéine tyrosine phos- – Troubles de conduction ventriculaire
phatase (PTP) de SHP2. Elles sont responsables d’activités – Hypertrophie ventriculaire droite ou gauche
catalytiques déficientes par effet « dominant négatif » (di- Prolapsus valvulaire mitral, sténose aortique, arythmie, fibrose de l’en-
minution supplémentaire d’activité par rapport à la simple
docarde, myxome de l’oreillette
situation d’haplo-insuffisance) conduisant à une « activa-
Anomalies génito-urinaires (26 %)
tion aberrante » de la voie RAS ¹⁰.
Cryptorchidie bilatérale (50 %)
Près de 200 observations de syndrome LEOPARD ont été
Autres : hypospadias, absence ou hypoplasie ovarienne, malformations
rapportées. Cette fréquence est peut-être sous-évaluée en
urétérales, agénésie rénale
raison de formes paucisymptomatiques. L’acronyme LEO-
Retard de croissance (30 %)
PARD a été défini en 1969 par Gorlin ¹¹ pour regrouper les
Retard psychomoteur (30 %)
différentes anomalies observées : L pour multiple lentigines,
E pour electrocardiographic conduction abnormalities, O pour Difficultés minimes d’apprentissage
ocular hypertelorism, P pour pulmonary stenosis, A pour Retard mental rare
abnormalities of genitalia, R pour retardation of growth et Surdité neurosensorielle, baisse de l’audition (25 %)
D pour sensorineural deafness (surdité). Cet acronyme mné- Hypertélorisme (quasi constant)
motechnique est cependant restrictif puisque les 7 groupes Anomalies électro-encéphalographiques (15 %)
d’anomalies sont rarement réunis dans les différentes ob- Autres anomalies
servations et ne rendent pas compte de nombreuses autres Musculo-squelettiques : pectus excavatum ou carinum, cyphoscoliose
malformations fréquemment rencontrées, en particulier cé- (10 %), hyperlaxité articulaire, syndactylie, anomalies costales
rébrales et dysmorphiques. La définition du syndrome LEO- Endocriniennes : retard pubertaire, hypothyroïdie
PARD a été élargie par la suite dans une large revue clinique Cranio-faciales : de type Noonan, prognatisme, ptosis, dents surnu-
par Voron ¹² au syndrome des lentigines multiples. Ce der- méraires
nier se définit comme une lentiginose disséminée associée Cérébrales : malformation de Budd-Chiari, agénésie du corps calleux,
à deux des critères suivants : autres anomalies cutanées, nystagmus
anomalies cardiaques, anomalies électrocardiographiques, 88.A
anomalies endocriniennes, anomalies génito-urinaires, dé-
ficits neurologiques, dysmorphie craniofaciale parfois évo- Parmi les autres signes cutanés rapportés, les taches café
catrice d’un syndrome de Noonan, retard de croissance, ano- au lait sont fréquentes (jusqu’à 75 % des cas) et précoces,
malies squelettiques, antécédent familial compatible avec se développant durant les premiers mois de vie. Elles sont
une transmission autosomique dominante (encadré 88.A). En parfois associées à des éphélides axillaires ou inguinales
l’absence de lentigines, la présence d’au moins trois critères ou des neurofibromes. Elles peuvent alors faire discuter
et une atteinte familiale du premier degré avec le syndrome un syndrome de chevauchement avec la neurofibromatose
défini ci-dessus est nécessaire. de type 1 et sa variante allélique, le syndrome de Watson,
Les lentigines de couleur brune à noire sont généralement caractérisée par l’association de taches café au lait, d’une sté-
de petite taille (inférieure à 5 mm), parfois plus grandes nose valvulaire pulmonaire et d’une intelligence infranor-
(jusqu’à 5 cm) et décrites comme des taches « café noir » male. La survenue d’une hyperpigmentation diffuse, d’une
(fig. 88.2). Rarement congénitales, elles débutent au cours de hypopigmentation vitiligineuse, d’anomalies des dermato-
l’enfance, en moyenne vers l’âge de 4-5 ans, augmentant en glyphes, d’une hyperélasticité cutanée avec hyperlaxité ar-
nombre avec l’âge jusqu’à la puberté. Leur localisation se ticulaire, de palmures interdigitales, de tumeurs multiples
fait constamment à l’extrémité céphalique (fig. 88.3) et pré- d’Abrikossoff et de dystrophies unguéales a été ponctuelle-
férentiellement à la partie supérieure du tronc, du cou et ment décrite.
des membres supérieurs. Les paumes (fig. 88.4), les plantes Les anomalies cardiaques précèdent le plus souvent la surve-
et les organes génitaux externes sont fréquemment tou- nue des lentigines ¹⁷. Elles sont de trois types : 1o cardio-
chés, tandis que les muqueuses et le fundus de l’œil sont le myopathie hypertrophique (80 %) le plus souvent gauche
plus souvent épargnés ¹³-¹⁵. La présence des lentigines est et asymétrique, d’évolution progressive et constituant une
pratiquement constante au cours du SyL, mais des formes cause majeure de morbidité, parfois de décès ; 2o sténose
familiales incomplètes sans lentigines, probablement en valvulaire pulmonaire typiquement ou dysplasie de la valve
rapport avec une pénétrance incomplète de la maladie ont pulmonaire (40 %). Des cas de sténose pulmonaire infundi-
été rapportées, posant le problème du diagnostic différen- bulaire ou supravalvulaire, d’anomalies des valves aortique,
tiel avec le syndrome de Noonan dans les cas de formes mitrale et des artères coronaires ont également été rappor-
sporadiques ¹⁶. tées ; 3o anomalies électrocardiographiques (75 %) par
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 88.2 Lentigines et tache « café noir » au cours du syndrome
LEOPARD
déviation gauche de l’axe (un tiers des cas) et anomalies Fig. 88.3 Lentigines multiples au cours du syndrome LEOPARD
de la conduction en rapport avec un allongement de l’inter-
valle PR, un hémibloc antérieur ou postérieur gauche, un
bloc de branche ou un bloc auriculo-ventriculaire complet.
Chez la majorité des patients, ces anomalies électrocardio-
graphiques sont asymptomatiques, mais des cas de mort
subite ont été observés. Le traitement cardiologique du SyL
est préventif et commun à l’ensemble des SNCFC : suivi
cardiologique régulier annuel à la recherche d’anomalies
électrocardiographiques ou du développement d’une cardio-
myopathie obstructive ; réduction des exercices physiques
intensifs ; utilisation de bêtabloqueurs, d’inhibiteurs cal-
ciques, d’amiodarone préconisé symptomatiquement dans
Coll. D. Bessis
des anomalies thoraciques avec déformation en pectus cari- justifiant une surveillance cardiaque au long cours. Elle est
natum supérieur et/ou pectus excavatum inférieur (70-95 %), plus fréquente en cas de mutation du gène RAF1 (90 %).
un espacement augmenté des mamelons, et diverses ano- Les signes dermatologiques du SN sont décrits de façon hé-
malies morphologiques évocatrices du visage et du cou ²⁵ : térogène dans la littérature. Le lymphœdème, secondaire
visage triangulaire ; anomalies des oreilles (44-90 %) bas à une hypoplasie ou une dysplasie lymphatique congéni-
implantées et en rotation postérieure ; anomalies oculaires tale, est rapporté dans 20 % des cas et atteint les membres
(95 %) : hypertélorisme, ptosis, fentes palpébrales orien- inférieurs (fig. 88.5) ou le scrotum ²⁵,²⁸. Une tendance aux
tées en bas et en dehors (antimongoloïdes), épicanthus ; hématomes est classiquement décrite (jusqu’à 41 % des
nez court avec racine déprimée et pointe nasale et ailes na- patients) ²⁹. La persistance de fetal pads, définis comme
rinaires élargies, micrognathie (22 %) ; philtrum profond des coussinets pulpaires des doigts et orteils, semble fré-
(95 %) ; et anomalies du cou (95 %) court et souvent palmé quente (jusqu’à 67 % des patients) ³⁰. Plusieurs observa-
(pterygium colli). Des retards du développement psychomo- tions mentionnent l’association du syndrome de Noonan
teur, généralement minimes, sont observés dans 15 à 35 % et de tumeurs à cellules granuleuses cutanées ³¹,³², de cu-
des cas. tis verticis gyrata ³³, de cheveux épars et/ou naturellement
Les anomalies cardiaques sont présentes dans 80 % des bouclés ou frisés, de sourcils épars, de taches café au lait ³⁴,
cas ²⁶,²⁷ : sténose valvulaire pulmonaire (40-50 %), commu- d’une hyperélasticité cutanée (fig. 88.6), de nævus multiples
nication interauriculaire (15 %), cardiomyopathie hyper- (fig. 88.7) ³⁵ et d’une tendance aux hématomes (fig. 88.8). Une
trophique (10 %), plus rarement canal atrioventriculaire, kératose pilaire rouge atrophiante avec atteinte des sour-
sténose des branches de l’artère pulmonaire, coarctation cils (ulérythème ophryogène), classiquement considérée
de l’aorte, insuffisance mitrale, tétralogie de Fallot, com- comme l’apanage du syndrome cardio-facio-cutané, peut
munication inter-ventriculaire, et persistance du canal ar- être également observée au cours du syndrome de Noo-
tériel ²,²⁵. La cardiomyopathie hypertrophique peut être nan, plus particulièrement lié à des mutations de SOS1 ³¹,³⁶.
présente dès la naissance ou se développer avec le temps, Enfin la présence de cheveux anagènes caduques a été dé-
crite chez vingt-cinq patients porteurs d’une forme particu-
lière de syndrome de Noonan liée à une mutation du gène
SHOC2 ²².
Le risque oncologique est marqué par le risque de dévelop-
pement d’un syndrome myéloprolifératif de type leucémie
myélomonocytaire juvénile, de leucémie aiguë lymphoblas-
tique et de leucémie aiguë myéloïde, plus rarement de rhab-
domyosarcome, de neuroblastome et de tumeurs à cellules
géantes de la mâchoire ³,³¹.
Syndrome cardio-facio-cutané
Le syndrome cardio-facio-cutané est une affection excep-
tionnelle (une soixantaine d’observations rapportées en
2006) liée à des mutations des gènes BRAF (50-75 %),
MEK1 (5-10 %) et MEK2 (5-10 %) et KRAS ³⁷. La plupart
des cas sont sporadiques. Ses traits phénotypiques sont
proches du SN : retard de croissance post-natal, hypotonie,
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 88.5 Lymphœdème congénital des membres inférieurs au cours Fig. 88.6 Excès de peau du dos de la main au cours d’un syndrome de
d’un syndrome de Noonan Noonan
SN syndrome de Noonan
Syndrome de Costello 88-7
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
SC syndrome de Costello · SCFC syndrome cardio-facio-cutané · SN syndrome de Noonan · SNCFC syndrome neuro-cardio-facio-cutané
88-8 Syndromes neuro-cardio-facio-cutanés
Coll. D. Bessis
B
Fig. 88.10 Syndrome cardio-facio-cutané. A. Cheveux frisés avec
alopécie des zones temporales et constriction bi-temporales. B. Kératose
pilaire rouge atrophiante des sourcils
Syndrome neurofibromatose-Noonan
Le syndrome neurofibromatose-Noonan a été individualisé
à partir d’une cohorte de patients atteints de NF-1 et pré-
Fig. 88.12 Papillomes cutanés des membres inférieurs au cours d’un sentant un phénotype évocateur de syndrome de Noonan :
syndrome de Costello petite taille, dysmorphie faciale (hypertélorisme, ptosis,
oreilles bas implantées), cou court, anomalies thoraciques
tères diagnostiques de la neurofibromatose de type 1 pro- et anomalies cardiaques (en particulier sténose valvulaire
posés d’après la conférence de consensus sur les neurofi- pulmonaire). Longtemps discuté comme une possible en-
bromatoses (NIH — Bethesda, 1988) sont rappelés dans tité distincte de la NF-1, le syndrome neurofibromatose-
l’encadré 88.B. Noonan est en réalité une variante phénotypique de NF-1,
La fréquence des malformations cardiovasculaires au cours constamment liée à des mutations du gène NF1 (plutôt de
de la NF-1 (en excluant le syndrome de Watson, le syn- type faux sens ou petites délétions en phase) ⁴⁹-⁵⁰, à l’excep-
drome neurofibromatose-Noonan et le syndrome neurofi- tion d’une unique observation où une mutation conjointe
bromatose avec microdélétion) est faible, estimée à environ du gène PTPN11 était mise en évidence ⁵¹.
2 % ⁴⁴ et presque exclusivement à type de sténose valvulaire
pulmonaire. La NF-1 est marquée par le risque de tumeur Syndrome NF-1 avec microdélétion
maligne des gaines nerveuses (8-13 %), mais également Le syndrome NF-1 avec microdélétion est lié à une large
de rhabdomyosarcome, de neuroblastome et de leucémie délétion contenant l’ensemble du gène NF1. Il se traduit
myélomonocytaire juvénile ⁴⁵. par un phénotype particulier associant une dysmorphie
faciale (traits épais, asymétrie faciale, ptose, front proémi-
Syndrome de Watson nent, hypertélorisme, pointe du nez proéminente et large),
Le syndrome de Watson a été décrit à partir de 12 enfants is- des mains et des pieds larges, un nombre augmenté de
sus de 3 familles non apparentées, ségrégeant sur un mode neurofibromes d’apparition précoce, des troubles de l’ap-
autosomique dominant et associant de multiples taches prentissage et/ou un retard mental, un risque plus marqué
café au lait et des lentigines axillaires, un retard mental, de développer une tumeur maligne des gaines nerveuses
par rapport aux patients atteints de NF-1 en général ⁵²,⁵³ et
Critères diagnostiques de NF-1 peut être un risque augmenté de sténose valvulaire pulmo-
Au moins six taches café au lait de plus de 5 mm dans leur plus grand naire (deux observations sur une série de onze patients) ⁵⁴.
diamètre chez les individus pré-pubertaires et de plus de 15 mm chez
les individus pubères. Syndrome de Legius
Au moins deux neurofibromes quel que soit le type ou au moins un neu- Le syndrome de Legius a été récemment identifié à partir
rofibrome plexiforme. de plusieurs familles atteintes d’un syndrome proche de la
Lentigines axillaires ou inguinales. NF-1 (NF1-like) et présentant constamment de multiples
Gliome du nerf optique. taches café au lait (souvent en nombre > à 5), des lentigines
Au moins deux nodules de Lisch (hamartomes iriens). uni- ou bilatérales axillaires et/ou inguinales (moins d’1 cas
Une lésion osseuse caractéristique comme une dysplasie du sphénoïde, sur 2) (fig. 88.13), et de façon inconstante une macrocépha-
un amincissement du cortex des os longs, une pseudarthrose. lie, des traits du visage évoquant un syndrome de Noonan,
Un apparenté du premier degré atteint de neurofibromatose 1 suivant des difficultés d’apprentissage et la présence de lipomes ⁵⁵.
Malgré la présence de deux critères cardinaux de la NF-1
les critères précédents.
(plus de 5 taches café au lait et lentigines) théoriquement
suffisante pour poser le diagnostic de NF-1 (encadré 88.B),
Le diagnostic de NF-1 est posé si deux ou plus des critères ci-dessus sont ces patients s’en distinguaient par l’absence d’autres cri-
réunis. tères diagnostiques majeurs comme les neurofibromes, les
88.B nodules de Lisch ou la présence de tumeur cérébrale (en
Coll. D. Bessis
1 Bentires-Alj M, Kontaridis MI, Neel BG. 7 Keren B, Hadchouel A, Saba S et al. PTPN11 tiple lentigines syndrome. Case report and re-
Stops along the RAS pathway in human genetic mutations in patients with LEOPARD syn- view of the literature. Am J Med 1976 ; 60:447-
disease. Nat Med 2006 ; 12:283-285. drome : a French multicentric experience. J Med 456.
2 Denayer E, Legius E. What’s new in the Genet 2004 ; 41:e117. 13 Colomb D, Morel JP. Le syndrome des lenti-
neuro-cardio-facial-cutaneous syndromes ? Eur 8 Sarkozy A, Carta C, Moretti S et al. Germline gines multiples. À propos de deux observations.
J Pediatr 2007 ; 166:1091-1098. BRAF mutations in Noonan, LEOPARD, and car- Étude critique du syndrome LEOPARD. Ann Der-
3 Tidyman WE, Rauen KA. The RASopathies : diofaciocutaneous syndromes : molecular diver- matol Venereol 1984 ; 111:371-381.
developmental syndromes of Ras/MAPK path- sity and associated phenotypic spectrum. Hum 14 Jozwiak S, Schwartz RA, Janniger CK.
way dysregulation. Curr Opin Genet Dev 2009 ; Mutat 2009 ; 30:695-702. LEOPARD syndrome (cardiocutaneous lentig-
19:230-236. 9 Pandit B, Sarkozy A, Pennacchio LA et al. inosis syndrome). Cutis 1996 ; 57:208-214.
4 Niemeyer CM, Kang MW, Shin DH et al. Gain-of-function RAF1 mutations cause Noo- 15 Coppin BD, Temple IK. Multiple lentig-
Germline CBL mutations cause developmen- nan and LEOPARD syndromes with hyper- ines syndrome (LEOPARD syndrome or progres-
tal abnormalities and predispose to juvénile trophic cardiomyopathy. Nat Genet 2007 ; 39: sive cardiomyopathic lentiginosis). J Med Genet
myelomonocytic leukemia. Nat Genet 2010 ; 42: 1007-1012. 1997 ; 34:582-586.
794-800. 10 Kontaridis MI, Swanson KD, David FS et 16 Arnsmeier SL, Paller AS. Pigmentary anoma-
5 Schubbert S, Shannon K, Bollag G. Hyperac- al. PTPN11 (Shp2) mutations in LEOPARD syn- lies in the multiple lentigines syndrome : is it
tive Ras in developmental disorders and cancer. drome have dominant negative, not activating, distinct from LEOPARD syndrome ? Pediatr Der-
Nat Rev Cancer 2007 ; 7:295-308. effects. J Biol Chem 2006 ; 281:6785-6792. matol 1996 ; 13:100-104.
6 Sarkozy A, Conti E, Digilio MC et al. Clini- 11 Gorlin RJ, Anderson RC, Blaw M. Multiple 17 Limongelli G, Pacileo G, Marino B et al.
cal and molecular analysis of 30 patients with lentigines syndrome. Am J Dis Child 1969 ; 117: Prevalence and clinical significance of cardio-
multiple lentigines LEOPARD syndrome. J Med 652-662. vascular abnormalities in patients with the
Genet 2004 ; 41:e68. 12 Voron DA, Hatfield HH, Kalkhoff RK. Mul- LEOPARD syndrome. Am J Cardiol 2007 ; 100:
Références 88-11
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Pernet C, Bessis D. Syndromes neuro-cardio-facio-cutanés. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 :
Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 88.1-88.11.
89
Syndromes progéroïdes
Sophie Hakimi, Nicolas Kluger, Didier Bessis
vations rapportées en 2010), caractérisée par un vieillisse- rose. Des troubles pigmentaires sont également rapportés.
ment prématuré de début précoce post-natal. La plupart L’atteinte cardiovasculaire est responsable du décès pré-
des observations de progéria d’Hutchinson-Gilford sont coce, survenant le plus souvent au cours de la 2 e décennie,
sporadiques, touchant électivement le caucasien (97 %), après un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire
avec une prédominance masculine (1,5H/1F). La progéria cérébral. Elle est secondaire à un vieillissement cardiovas-
d’Hutchinson-Gilford est liée à une mutation hétérozygote culaire prématuré et accéléré, marquée par un processus
de novo du gène LMNA due à une substitution de novo d’une fibrotique chronique des parois vasculaires de l’aorte des-
seule paire de base c.1824C > T (GGC > GGT, p.Gly608Gly) cendante, des autres gros vaisseaux, des petites artères et
dans l’exon 11. Cette mutation provoque la création d’un des artérioles : perte des cellules musculaires lisses de la
site donneur d’épissage, aboutissant à la production d’une média remplacées par du matériel fibreux (protéoglycanes,
pré-lamine A mutée (ou progérine) à l’origine d’effets délé- collagène de type IV) s’étendant dans l’adventice et épais-
tères sur l’architecture nucléaire. La progéria débute durant sissant la membrane basale ; débris caséeux, calcifications
les deux premières années de vie et se caractérise par un et épaississement de l’intima ; dilacération des fibres élas-
retard de croissance sévère aboutissant à une petite taille tiques et, à un stade avancé, fibrose hyaline extensive et
avec dysmorphie faciale, un enraidissement des articula- surcharge lipidique des cellules musculaires lisses ¹,⁶.
tions en flexion, des dysplasies osseuses, une alopécie, une Diverses autres complications cardiovasculaires sont dé-
peau fine, une hypoplasie des ongles, une absence quasi crites : anomalies valvulaires (calcifications, sténoses, et
complète de graisse cutanée et une ostéolyse ³-⁵. Une at- fuites), hypertension artérielle progressive, cardiomyopa-
teinte sclérodermiforme cutanée très précoce du tronc et thie dilatée, fibrose myocardique (même en l’absence de
des membres est classique, mais il s’agit le plus souvent maladie coronarienne sévère), troubles du rythme (tachy-
d’une atrophie cutanée profonde et musculaire sans sclé- cardie, allongement du QT).
Dermopathie restrictive 89-3
Pore
nucléaire
Chromatine
Nucléoplasme
ADN
Coll. D. Bessis
Fig. 89.1 Structure de la couche interne de l’enveloppe nucléaire. L’enveloppe nucléaire sépare le cytoplasme du nucléoplasme. C’est une double
membrane composée d’une couche externe, en continuité avec le réticulum endoplasmique, et d’une couche interne et percée de pores nucléaires qui
assurent le transport de macromolécules (ARN, ribosomes, protéines). La lamina, située à sa face interne est composée d’un tissage dense de protéines
fibrillaires de structure appelées lamines. De nombreuses autres protéines sont associées à la lamina, telles que LAP1α-γ et LAP2β-δ, l’Emerin, la
nesgrine, MAN-1, le récepteur de la lamine B ou LBR (lamin B binding receptor). Les lamines ont un rôle structural essentiel et sont responsables de la taille
et la forme du noyau (nucléosquelette), du bon positionnement des pores nucléaires. Leurs interactions permettent la dissociation de l’enveloppe nucléaire
lors de la mitose et son réassemblage par des mécanismes de phosphorylation/déphosphorylation. Elles interagissent également avec la chromatine et
réguleraient l’expression de certains gènes
Malgré l’évolution inéluctablement fatale de l’affection, une transférases et l’association statine/biphosphonate sont
prise en charge optimale est nécessaire, pour en retarder en cours.
les symptômes et surtout pour améliorer la qualité de vie
des patients et de leur famille. Elle requiert une prise en Dermopathie restrictive
charge multidisciplinaire spécialisée auprès de centres de
référence familiarisés avec ce type de pathologie. Chaque La dermopathie restrictive ou syndrome de restriction cu-
visite permet par un examen physique complet de faire le tanée est la forme la plus délétère des laminopathies pro-
point sur l’évolution, de proposer un traitement des com- géroïdes. Il s’agit d’une laminopathie secondaire, liée à des
plications ou retardant l’évolution, et surtout qui permette mutations de novo du gène ZMPSTE24, plus rarement du
une amélioration de la qualité de vie : anti-aggrégants, va- gène LMNA ⁸. Elle se traduit par un tableau clinique congéni-
sodilatateurs, dérivés nitrés, bêtabloquants, inhibiteurs tal associant un retard de croissance intra-utérin, une sclé-
calciques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, agents rose cutanée extrême du tégument avec érosions cutanées
insulino-sensibilisants comme la metformine et les glita- notamment en regard des structures osseuses, une visibi-
zones, les statines et les biphosphonates. Sur le plan car- lité anormale de la circulation veineuse superficielle, une
diovasculaire, des angioplasties et des pontages peuvent dysmorphie faciale en « poupée asiatique de porcelaine »
être envisagés permettant dans certains cas une améliora- (bouche en « O », nez retroussé, oreilles basses implantées,
tion majeure de la qualité de vie avec disparition de dou- visage inexpressif, absence de cils et sourcils), une hypopla-
leurs angineuses résistant parfois au traitement médica- sie pulmonaire et des contractures articulaires multiples.
menteux. Le risque de récidive de sténose reste cependant Le décès survient dans un délai court, généralement de
fréquent ⁷. La prise en charge nutritionnelle est importante, quelques semaines ⁸. Des cas de dextroposition cardiaque
des règles hygiéno-diététiques peuvent retarder les com- et d’anévrysmes aortiques ont été rapportés.
plications. Un régime pauvre en glucides rapides, hypoli-
pidique et hyposodé, comportant beaucoup de fruits et Dysplasies mandibulo-acrales
légumes, ainsi qu’une activité sportive modérée et adap-
tée au degré d’enraidissement articulaire, peuvent être pro- La dysplasie mandibulo-acrale de type A est une affection
posés. L’enfant et sa famille peuvent être mis en relation rare se traduisant par un phénotype progéroïde se consti-
avec des associations de malades, et une consultation de tuant dans la petite enfance ⁹,¹⁰. Elle se distingue de la
conseil génétique doit leur être proposée. Des essais thé- progéria d’Hutchinson-Gilford par des anomalies squelet-
rapeutiques prometteurs par des inhibiteurs de farnésyl- tiques caractéristiques avec des aplasies mandibulaire et
89-4 Syndromes progéroïdes
Coll. D. Bessis
Fig. 89.2 Lipoatrophie faciale au cours d’une dysplasie
mandibulo-acrale
Coll. D. Bessis
mandibulo-acrales, mais plus tardif que dans la progéria
de Hutchinson-Gilford.
Syndromes progéroïdes atypiques Fig. 89.3 Acrogeria, lipoatrophie et dystrophie osseuse des extrémités
au cours d’une dysplasie mandibulo-acrale
Le caractère atypique est défini par le début tardif et moins
prononcé du phénotype progéroïde ¹¹. Le tableau peut ainsi le prototype des syndromes progéroïdes avec instabilité
être confondu avec un syndrome de Werner ou une lami- chromosomique ¹⁴. Il s’agit d’une maladie rare dont l’inci-
nopathie avec lipodystrophie (fig. 89.4). Certains patients dence est estimée entre 1 et 22 cas/million d’habitants.
présentent une acrogéria/métagéria, c’est-à-dire un phéno- Le Japon est le pays avec la plus forte incidence : près de
type acrogérique associé à des anomalies systémiques et 1 cas /300 000 habitants et environ 80 p. 100 des 1 300
métaboliques ¹². Diverses mutations du gène LMNA ont cas publiés jusqu’à présent. Soixante-dix pour cent des pa-
été identifiées. L’atteinte cardiovasculaire par athérosclé- tients sont nés de mariages consanguins au premier degré
rose est classique, secondaire à un diabète, une dyslipidé- et des antécédents de SW sont retrouvés dans la fratrie
mie, une lipodystrophie, mais également par atteinte in- dans 50 p. 100 des cas. La transmission est autosomique
trinsèque du muscle cardiaque et des parois vasculaires, récessive, liée à une mutation du gène WRN codant pour
comme au cours de certaines laminopathies musculaires la protéine WRN de la famille des RecQ hélicases (RecQ3).
(dystrophie musculaire d’Emery-Dreifuss ou cardiomyopa- Dans la plupart des cas, il s’agit de mutations bialléliques
thie dilatée). entraînant un décalage du cadre de lecture ou l’apparition
d’un codon stop. La protéine WRN présente une activité hé-
licase et exonucléase et serait impliquée dans la réparation
Mutations de LMNA et syndrome métabolique des dommages structuraux de l’ADN liés au stress oxyda-
sans lipodystrophie tif (système d’excision-réparation) et dans le métabolisme
des télomères. Dans 20 à 35 p. 100 des cas cependant, au-
Il existe des laminopathies sans lipodystrophie, avec in- cune mutation du gène WRN n’est détectée, signe d’une
sulinorésistance, intolérance au glucose, acanthosis nigri- hétérogénéité génétique de la maladie.
cans et atteinte musculaire squelettique ou cardiaque, liées Le SW se manifeste rarement avant la puberté ou après
à des mutations hétérozygotes dominantes faux sens de 45 ans. Une petite taille (en moyenne 1,46 m pour les
LMNA ¹³. femmes et 1,57 m pour les hommes) et un faible poids
(respectivement 40 et 45 kg) sont les premières manifesta-
Syndrome de Werner tions cliniques. Le diagnostic est cependant évoqué le plus
souvent à partir de 20-25 ans devant l’apparition de signes
Le syndrome de Werner (SW) ou progéria de l’adulte est cutanés progéroïdes tel un grisonnement prématuré des
SW syndrome de Werner
Syndrome de Werner 89-5
luronique urinaire est un bon marqueur diagnostic biolo- sique complet de faire le point sur l’évolution, de proposer
gique du syndrome de Werner. Des critères du diagnostic un traitement des complications ou retardant leur évolu-
clinique de syndrome de Werner ont été établis (encadré 89.A). tion (chirurgie de cataracte, antidiabétiques oraux type
Le SW est associé à un risque élevé de cancer et représente proglitazone, arthrodèses...) et de dépister d’éventuelles
la première cause de décès chez les patients japonais souf- néoplasies. Des règles hygiéno-diététiques peuvent dimi-
frant de cette affection. Le risque de développer une tu- nuer le risque de complications. Ainsi, un régime hypoglu-
meur mésenchymateuse ou épithéliale est estimé à dix fois cidique, hypolipidique et hyposodé, comportant beaucoup
supérieur à celui de la population générale. Plus de 10 % des de fruits et légumes, ainsi qu’une activité sportive modé-
patients caucasiens et près de 20 % des patients japonais rée peuvent être proposés. L’exposition solaire doit être
développeraient ainsi un cancer. Les sarcomes des tissus modérée, alcool et tabac évités, ainsi que l’exposition à
mous, les ostéosarcomes, les hémopathies de la lignée myé- d’éventuels carcinogènes (radiations, médicaments et pro-
loïde et les méningiomes figurent parmi les tumeurs dont duits chimiques, goudrons...). Le conseil génétique doit
l’incidence est augmentée. Les carcinomes de la thyroïde être proposé à tout patient ainsi qu’à sa famille permet-
et les mélanomes surviennent en excès seulement dans tant d’expliquer la transmission de l’affection et le risque
la population japonaise. Des cas de cancers multiples syn- pour la descendance, l’hypofertilité et l’évolution naturelle
chrones, des carcinomes basocellulaires et épidermoïdes de la maladie. Plusieurs approches thérapeutiques spéci-
ont également été décrits. Le décès survient habituelle- fiques sont envisagées : « réparation » des conséquences
ment entre 40 et 50 ans et est secondaire aux complica- biochimiques de l’absence de protéine WRN par des in-
tions cardiovasculaires (accidents vasculaires coronariens hibiteurs de la protéine kinase MAPKp38 (mitogen acti-
ou cérébraux) ou au développement d’une tumeur maligne. vated protein kinase) comme le traitement SB 203580 ac-
La prise en charge est multidisciplinaire et repose un tuellement à l’essai (phase II) dans la polyarthrite rhuma-
suivi systématique spécialisé régulier endocrinologique, toïde ¹⁵ ; expériences de « forçage » de l’expression des télo-
cardiologique, ophtalmologique, rhumatologique et der- mérases ont également permis d’augmenter la longévité
matologique. Chaque visite permet par un examen phy- cellulaire ¹⁶.
1 Capell BC, Collins FS, Nabel EG. Mecha- of atherosclerosis in progeria. Cardiovasc Pathol 12 Renard D, Fourcade G, Milhaud D et al.
nisms of cardiovascular disease in accelerated 1999 ; 8:29-39. Novel LMNA mutation in atypical Werner syn-
aging syndromes. Circ Res 2007 ; 101:13-26. 7 Dyck JD, David TE, Burke B et al. Manage- drome presenting with ischemic disease. Stroke
2 Capell BC, Tlougan BE, Orlow SJ. From ment of coronary artery disease in Hutchinson- 2009 ; 40:e11-4.
the rarest to the most common : insights Gilford syndrome. J Pediatr 1987 ; 111:407- 13 Caux F, Dubosclard E, Lascols O et al. A
from progeroid syndromes into skin cancer 410. new clinical condition linked to a novel mu-
and aging. J Invest Dermatol 2009 ; 129:2340- 8 Dereure O. [Mutation of lamine A or the tation in lamins A and C with generalized
2350. ZMPSTE 24 gene in restrictive dermopathy]. lipoatrophy, insulin-resistant diabetes, dissemi-
3 Hennekam RC. Hutchinson-Gilford proge- Ann Dermatol Venereol 2005 ; 132:929. nated leukomelanodermic papules, liver steato-
ria syndrome : review of the phenotype. Am J 9 Simha V, Argawal AK, Oral EA et al. Genetic sis, and cardiomyopathy. J Clin Endocrinol Me-
Med Genet 2006 ; 140:2603-2624. and phenotypic heterogeneity in patients with tab 2003 ; 88:1006-1013.
4 Mazereeuw-Hautier J, Wilson LC, Mohha- mandibuloacral dysplasia-associated lipodystro- 14 Kluger N, Bessis D, Uhrhammer N et al.
med S et al. Hutchinson-Gilford progeria syn- phy. J Clin Endocrinol Metab 2003 ; 88:2821- [Werner’s syndrome (adult onset progeria)].
drome : clinical findings in three patients carry- 2824. Ann Dermatol Venereol 2007 ; 134:140-142.
ing the G608G mutation in LMNA and review 10 Decaudain A, Vantyghem MC, Guerci B et 15 Davis T, Bachler MA, Wyllie FS et al. Evalu-
of the literature. Br J Dermatol 2007 ; 423:293- al. New metabolic phenotypes in laminopathies : ating the role of p38 MAP kinase in growth of
298 LMNA mutations in patients with severe meta- Werner syndrome fibroblasts. Ann N Y Acad Sci
5 Merideth MA, Gordon LB, Clauss S et al. Phe- bolic syndrome. J Clin Endocrin Metab 2007 ; 92: 2010 ; 1197:45-48.
notype and course of Hutchinson-Gilford proge- 4835-4844. 16 Wyllie FS, Jones CJ, Skinner JW et al.
ria syndrome. N Engl J Med 2008 ; 358:592-603. 11 Chen L, Lee L, Kudlow BA et al. LMNA mu- Telomerase prevents the accelerated cell age-
6 Stehbens WE, Wakefield SJ, Gilbert-Barness tations in atypical Werner’s syndrome. Lancet ing of Werner syndrome fibroblasts. Nat Genet
E et al. Histological and ultrastructural features 2003 ; 362:440-445. 2000 ; 24:16-17.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Hakimi S, Kluger N, Bessis D. Syndromes progéroïdes. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 :
Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 89.1-89.7.
90
Insuffisance rénale chronique et dialyse
Didier Bessis, Camille Francès
Terrain
Le dénominateur commun de tous les cas est de survenir
exclusivement chez l’insuffisant rénal ⁷. L’insuffisance ré-
nale est le plus souvent chronique avec une clairance de la
créatinine inférieure à 30 ml/min dans la large majorité
des cas, et inférieure à 60 ml/min dans la totalité des cas ¹⁰.
Les malades à plus haut risque sont ceux avec une clairance
de la créatinine inférieure à 15 ml/min. Moins de 15 ob-
servations ont été seulement associées à une insuffisance
rénale aiguë alors qu’une majoration, fonctionnelle ou orga-
nique, récente de l’insuffisance rénale est fréquente. Il n’y
a pas de prédilection ethnique. Les deux sexes sont égale-
ment atteints. L’âge moyen des malades est de 48 ans avec
des cas pédiatriques ou gériatriques ⁷. Moins de la moitié
des malades ont eu une transplantation alors que plus des
3/4 sont dialysés. Les conditions de la dialyse ne semblent
pas intervenir : durée, type (hémodialyse ou dialyse péri-
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 90.2 État sclérodermiforme des jambes au cours d’une
dermopathie fibrosante néphrogénique-fibrose systémique néphrogénique Fig. 90.3 Aspect peau d’orange au niveau d’une face interne de jambe
au cours d’une dermopathie fibrosante néphrogénique-fibrose systémique
quant une pneumopathie aiguë sans documentation bac- néphrogénique
tériologique ⁹ ou plus souvent secondaire à l’atteinte cuta-
née ⁴, d’autant plus fréquentes que celle-ci est étendue ⁶. drome inflammatoire biologique non spécifique et incons-
L’atteinte musculaire se traduit par une induration des tant ⁵. Il n’a pas été mis en évidence de lien avec une éven-
muscles des jambes, des cuisses et des avant-bras, sans tuelle anomalie du bilan phosphocalcique, du bilan thyroï-
déficit musculaire patent. dien ou du bilan martial. Il n’y a pas d’association avec la
La limitation des mouvements articulaires voire la contrac- présence d’une immunoglobuline monoclonale ou d’auto-
ture en flexion des articulations peut être sévère, confinant anticorps ⁵-⁷.
le malade au fauteuil. L’impotence fonctionnelle est secon-
daire à l’épaississement des tendons et des tissus périarti- Anatomopathologie
culaires, sans synovite ou arthrite ⁶. Une polyneuropathie Le diagnostic de certitude repose sur l’examen anatomopa-
sensitivomotrice est parfois présente, favorisée par l’insuffi- thologique d’une biopsie cutanée qui montre dans les cas ty-
sance rénale terminale associée. Des lésions oculaires à type piques un épaississement de l’ensemble du derme composé
de plaques sclérales ont été signalées. Il existe quelques de gros faisceaux de collagène disposés en tous sens, sépa-
rares observations d’hypertension artérielle pulmonaire rés par de larges fentes optiquement vides et une hypercel-
dont la nature pré- ou post-capillaire n’était pas précisée. lularité importante (fig. 90.4) ¹¹,¹². L’infiltrat inflammatoire
Des atteintes fibrosantes du myocarde, du péricarde, de la est faible ou inexistant. La teneur en mucine est augmentée
plèvre, des poumons, de l’œsophage, des reins, des testi- (coloration bleu Alcian ou fer colloïdal). Il existe un nombre
cules, de la dure-mère ou du diaphragme ont été notées important de cellules fusiformes, secrétant du collagène de
dans des cas autopsiques ⁴-⁹. type I, CD34+, CD45RO similaires aux fibrocytes circulants
d’origine leucocytaire ¹¹,¹³. Des cellules multinucléées dis-
Données biologiques persées de petite taille, probablement dendritiques (CD68+
Les anomalies biologiques sont généralement en relation ou facteur XIIIa+) sont également présentes ¹². Des myofi-
avec l’insuffisance rénale et ses complications et non avec broblastes apparaissent après 3 à 4 semaines d’évolution et
la FSN. Au moment du diagnostic, peut exister un syn- disparaissent dans les lésions plus anciennes. Une proliféra-
FSN fibrose systémique néphrogénique · IRM imagerie par résonance magnétique · TGF transforming growth factor
Calcifications et nécroses cutanées 90-5
et la fibrose ²⁹. Enfin, du gadolinium, complexé à du cal- sont linéaires avec une constante de dissociation élevée :
cium, du phosphate ou du sodium a été détecté sur 43 biop- gadiodamide (Omniscan) essentiellement mais aussi gado-
sies provenant de 20 malades présentant une FSN exposés pentétate (Magnevist) et gadoversétamide (OptiMARK) ;
au gadodiamide ³². Les dépôts phosphocalciques fréquents presque tous les cas de fibrose systémique néphrogénique
dans la peau en cas d’insuffisance rénale chronique avec ont été associés à leur administration. Les groupes à risque
hyperparathyroïdie secondaire, notamment dans les vais- moyen sont généralement aussi linéaires : acide gadoxé-
seaux, pourraient fournir les ions endogènes nécessaires tique disodique (Primovist), gadobénate (MultiHance), ga-
à la transmétallation comme la surcharge en fer constam- dofosveset trisodique (Vasovist) ; ceux à faible risque sont
ment retrouvée dans les analyses spectroscopiques des tis- macrocycliques avec une constante de dissociation élevée :
sus provenant de sujets atteints ou de contrôles insuffi- gadotérate (Dotarem), gadotéridol (ProHance) et gadobu-
sants rénaux. La concentration cutanée en gadolinium cu- trol (Gadovist). Il est nécessaire d’apprécier cliniquement
rieusement augmentait avec le temps lorsque les patients ou biologiquement, avant toute IRM, la fonction rénale et
avaient eu des biopsies séquentielles, diminuant unique- d’éviter l’administration de produit de contraste contenant
ment plusieurs années après la dernière IRM injectée ³². un gadolinium à haut risque chez les malades avec insuf-
Une des explications est que le gadolinium libre pourrait fisance rénale modérée (clairance de la créatinine entre
être stocké dans des tissus comme l’os ou le foie et progressi- 30 et 60 ml/min) ou sévère (clairance de la créatinine
vement libéré vers d’autres tissus comme la peau. Cela pour- < 30 ml/min), chez les transplantés hépatiques ou chez
rait expliquer également les intervalles longs observés chez les enfants de moins de 1 an (nouveau-nés et nourrissons
certains malades entre l’exposition au gadolinium et le dé- en raison de l’immaturité de leur fonction rénale). Si une
veloppement de la symptomatologie. En revanche, aucun IRM est nécessaire chez un insuffisant rénal, il faut, pour
dépôt de gadolinium n’était détecté chez un patient avec réduire le risque de FSN, utiliser une substance non asso-
une FSN sans exposition préalable au gadiodamide ³². Ex- ciée à la FSN (groupe à faible risque) et donner la dose la
périmentalement en culture in vitro, les fibroblastes issus plus faible possible (< 0,2 mmol/kg). La réalisation d’une
de patients présentant une FSN synthétisent de l’acide hya- hémodialyse prophylactique immédiatement après l’IRM
luronique et du collagène en excès ; le sérum des malades dans le but d’éliminer le gadolinium libre est recommandée
stimule la production de collagène et d’acide hyaluronique par les autorités américaines, mais non par les autorités
de fibroblastes sains. Le gadiodamide stimule de façon dose- européennes car elle ne protège pas du développement ulté-
dépendante la prolifération de fibroblastes sains, la syn- rieur d’une FSN ³⁴ malgré le fait que le gadolinium libre est
thèse de la matrice extracellulaire et leur différentiation éliminé à 73-78 % avec une première hémodialyse, à 93 %
en myofibroblastes ³³. L’exposition de différents produits avec une deuxième et 99 % au bout de la troisième. L’admi-
à base de gadolinium sur des peaux en culture a montré nistration de thiosulfate de sodium en intraveineux après
un effet sur la prolifération fibroblastique et sur l’équilibre chaque dialyse permet d’augmenter l’extraction du gadoli-
entre la métalloprotéinase-1 et son inhibiteur tissulaire ³⁴. nium par le dialysat mais n’a pas entraîné d’amélioration
Enfin, des lésions cutanées proches de celles de la FSN ont de la symptomatologie après 3 à 5 mois de traitement chez
pu être induites chez des rats injectés de façon répétée avec des patients présentant une FSN sévère évoluant depuis
du gadiodamide. L’adjonction de diverses doses de chéla- plus de 2 ans ³⁹.
teurs a permis de confirmer leur rôle protecteur. De fortes
concentrations de gadolinium étaient retrouvées dans la Calcifications et nécroses cutanées
peau des animaux atteints ³⁵. Depuis l’alerte de la FDA aux
États-Unis et des autorités sanitaires en Europe concer- Trois tableaux cliniques sont individualisés suivant le mé-
nant le gadodiamide, l’arrêt ou la diminution des IRM chez canisme physiopathologique et la présence ou non de né-
les insuffisants rénaux, et surtout le remplacement du ga- croses cutanées.
dodiamide par d’autres dérivés plus stables de gadolinium,
ont très nettement diminué le nombre de nouveaux cas Calcinose métastatique (metastatic calcinosis cutis)
de FSN ⁹. Si l’ensemble des faits sus-jacents plaide pour la Il s’agit d’une manifestation tardive de l’insuffisance rénale
responsabilité des ions Gd+++, d’autres facteurs toxiques chronique. Elle est secondaire à la formation de dépôts d’hy-
ne peuvent être exclus. droxyapatite, phosphate de calcium sous forme cristalline,
dans le derme et l’hypoderme. Les lésions cutanées se ma-
Mesures préventives nifestent par des papules, des nodules, des plaques ou des
Les recommandations de l’AFSSAPS en France et de l’EMEA tumeurs cutanées profondes, parfois inflammatoires ou
en Europe sont différentes des recommandations améri- ulcérées, laissant sourdre une substance crayeuse de colora-
caines car elles distinguent les différents gadoliniums en tion blanc jaunâtre (fig. 90.5). Des masses pseudotumorales
fonction de leur risque propre d’induction de FSN. Les re- (calcinose pseudotumorale), proches de celles observées
commandations européennes sont en cours d’actualisation. au cours de la calcinose tumorale de Teuschlander (ou cal-
Il est indispensable de rappeler que le risque global des cinose d’Inclan), ont été décrites ⁴¹. Les dépôts phospho-
IRM chez l’insuffisant rénal reste nettement inférieur à ce- calciques se localisent symétriquement autour des grosses
lui des techniques nécessitant des injections de produits articulations, en regard des sites d’injection ou de lésions
iodés. Les gadoliniums à fort risque de FSN sont ceux qui de grattage secondaires au prurit. L’atteinte de la peau reste
AFSSAPS Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé · FSN fibrose systémique néphrogénique · IRM imagerie par résonance magnétique
90-6 Insuffisance rénale chronique et dialyse
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 90.5 Calcinose métastatique au cours de l’insuffisance rénale
chronique : multiples papules et nodules cutanés profonds de couleur blanc Fig. 90.6 Vaste ulcération profonde à bordure nécrotique de la face
crayeux sur la malléole externe de la cheville interne du genou au cours d’une artériolopathie calcique
plus rare que celle des autres tissus : système cardiovascu- coloration de van Kossa) mettent en évidence des calci-
laire, muqueuse gastrique, poumon ou rein. fications vasculaires, segmentaires ou circonférentielles,
Ces dépôts calciques sont le plus souvent consécutifs à un des petites et moyennes artères du derme profond et de
hyperparathyroïdisme secondaire avec produit phospho- l’hypoderme, situées au niveau de la région sous-intimale
calcique élevé, excédant une valeur seuil de 70. L’hyper- et des thrombus intravasculaires. Les radiographies des
phosphorémie résulte d’une diminution de filtration du tissus mous éventuellement complétées par une scintigra-
phosphore et s’associe à une hypocalcémie secondaire à phie osseuse au technétium peuvent objectiver de manière
un défaut d’1-hydroxylation de la vitamine D. Ces anoma- indirecte les calcifications des artérioles hypodermiques
lies phosphocalciques stimulent la production de parathor- (fig. 90.8).
mone (PTH) et déterminent une hyperparathyroïdie secon- La pathogénie de cette affection associe, le plus souvent, un
daire. Cependant, plusieurs observations de calcinose mé- hyperparathyroïdisme secondaire et le concept de calciphy-
tastatique ont été rapportées en l’absence d’hyperparathy- laxie décrit expérimentalement par Selye. La calciphylaxie
roïdie ou après parathyroïdectomie. L’évolution peut être désigne un dépôt tissulaire brutal de calcium, accompagné
favorable après équilibre du produit phosphocalcique : trai- d’une inflammation et/ou d’une nécrose tissulaire suivie
tement par fixateurs de phosphore (carbonate de calcium), d’une sclérose. Elle nécessite la conjonction d’un facteur
régime pauvre en phosphates, régime hypoprotidique et sensibilisant, tel que l’hyperphosphorémie, l’élévation de
bains de dialyse pauvres en calcium. En cas d’hyperpara- la parathormone, de la vitamine D, et d’un facteur déclen-
thyroïdie secondaire associée, la parathyroïdectomie peut chant (ou précipitant), tel que des traumatismes locaux
permettre une disparition complète des lésions cutanées. (injections sous-cutanées), des perfusions d’albumine, d’hé-
parinate de calcium, une corticothérapie générale ou des im-
Artériolopathie calcique munosuppresseurs. Un déficit fonctionnel de la protéine C,
Cette affection rare, anciennement dénommée calciphy- de la protéine S, un syndrome des antiphospholipides est
laxie ou artériolopathie urémique calcifiante, désigne une
atteinte artériolaire cutanée caractérisée histologiquement
par des dépôts calciques sous-intimaux et responsable
d’une nécrose cutanée en regard ⁴². Elle affecte avec pré-
dilection les patients en insuffisance rénale chronique ter-
minale et dialysés. Le délai de survenue après dialyse est en
moyenne de 30 mois (22 mois après transplantation rénale
et immunosuppresseurs). Elle débute par des marbrures
violacées, douloureuses, ressemblant à un livedo réticulaire,
et affecte les zones où le pannicule adipeux est plus épais :
cuisses (fig. 90.6), abdomen, mais peut toucher tout le tégu-
ment notamment le pénis (fig. 90.7). Ces marbrures évoluent
rapidement vers des ulcérations avec nécrose extensive, né-
cessitant un débridement chirurgical et/ou une amputa-
Coll. D. Bessis
PTH parathormone
Dermatoses perforantes acquises 90-7
Coll. D. Bessis
ment douloureuses. En cas de prurit chronique, l’aspect
clinique est proche d’un prurigo nodulaire. Un phénomène
de Koebner est observé dans 30 % des cas, notamment
Fig. 90.8 Radiographie du bassin objectivant de multiples calcifications lors de grattage intempestif. Le nombre des lésions est
artériolaires au cours d’une artériolopathie calcique variable d’un individu à l’autre. Les membres inférieurs
sont les plus fréquemment atteints, suivis des membres
parfois associé. La survenue d’artériolopathie calcique sans supérieurs, du tronc et du visage. L’atteinte du cuir che-
insuffisance rénale chronique associée est exceptionnelle. velu ou des muqueuses (conjonctivale, buccale) est anecdo-
Le diagnostic différentiel se pose avec les différentes étiolo- tique. L’aspect histologique est proche de l’ensemble des
gies de livedo réticulaire avec nécrose cutanée. autres dermatoses perforantes (maladie de Kyrle, collagé-
Le pronostic est péjoratif, en particulier au cours des at- nose perforante réactionnelle, folliculite perforante) : inva-
teintes proximales, avec décès dans près de 50 % des cas. Le gination de l’épiderme, expulsion de matériel nécrotique
traitement local consiste en une détersion mécanique et chi- basophile du derme à travers une dépression cupuliforme
mique (hydrogels) des zones nécrotiques. En cas d’atteinte de l’épiderme et réaction inflammatoire au site de perfo-
étendue, il est réalisé de manière chirurgicale sous anes- ration. L’évolution des dermatoses perforantes acquises
thésie générale. L’oxygénothérapie hyperbare (séances de est chronique, chaque lésion régressant en quelques mois
90 minutes à 2,5 atm, cinq à six jours par semaine pendant sans cicatrice majeure. Il n’existe aucun traitement spéci-
4 à 8 semaines) pourrait constituer un traitement adjuvant fique. Divers traitements locaux sont proposés : crèmes
intéressant. Le traitement général consiste en une correc- émollientes, corticostéroïdes (topiques ou intralésionnels),
tion des troubles phosphocalciques ⁴²,⁴³ : augmentation de capsaïcine, trétinoïne. La photothérapie UVB ou la PUVA,
fréquence des dialyses avec appauvrissement du dialysat l’isotrétinoïne, la rifampicine, l’allopurinol ont également
en calcium, arrêt de la supplémentation en vitamine D et été proposés avec des résultats variables. L’affection évolue
chélateur du phosphore (sévélamer) et du calcium (thio- favorablement après transplantation rénale.
sulfate de sodium). Le cinacalcet (30 mg/j en moyenne),
calcimimétique inhibant la production de parathormone,
a été rapporté efficace dans plusieurs observations. En cas
d’échec de ces différentes mesures et d’un taux très élevé de
PTH, la parathyroïdectomie peut se justifier, permettant
parfois une guérison complète des signes cutanés et une
évolution générale favorable.
Panniculite calcifiante
Rare, cette affection de nette prédominance féminine se ca-
ractérise par des nodules ou des placards cutanés profonds
érythémateux puis rapidement cyaniques et purpuriques,
hyperalgiques, multiples, touchant les zones d’épaisseur
maximale du tissu adipeux : abdomen, face interne et ex-
terne des cuisses. Les lésions, souvent multiples, évoluent
vers des ulcérations profondes à bord nécrotiques avec alté-
Coll. D. Bessis
PTH parathormone
90-8 Insuffisance rénale chronique et dialyse
B Photosensibilisations médicamenteuses
Fig. 90.10 Pseudoporphyrie cutanée tardive au cours d’une Elles peuvent être de présentation clinique proche de la
dermatose bulleuse des hémodialysés (pseudoporphyrie cutanée tardive). dermatose bulleuse des hémodialysés et induites par l’acide
A. Érosions multiples du sommet du crâne. B. Érosions et croûtes nalidixique, le furosémide, les cyclines...
multiples du dos des mains
Maladies bulleuses
Amylose à bêta-2-microglobuline
Dermatose bulleuse des hémodialysés (pseudoporphyrie cutanée
Elle survient le plus souvent après plusieurs années de trai-
tardive)
tement par épuration extrarénale. Les atteintes extracuta-
Elle affecte entre 1,2 à 18 % des insuffisants rénaux chro- nées sont articulaires, péri-articulaires (syndrome du canal
niques, surtout en hémodialyse ⁴⁴. Elle a également été dé- carpien, arthropathie, spondylarthropathie) et osseuses
crite au cours de l’insuffisance rénale chronique sans sup- (kystes, fractures), d’évolution destructrice. Ses manifesta-
pléance par la dialyse. Ses aspects cliniques, histologiques tions cutanées sont exceptionnelles et de trois types : hy-
et immunohistochimiques sont identiques à ceux de la por- perpigmentation, nodules cutanés profonds et bilatéraux
phyrie cutanée tardive. Cliniquement, il s’agit d’une érup- des fesses, papules lichénoïdes du tronc, des membres su-
tion bulleuse photosensible des régions découvertes (dos périeurs ⁴⁶-⁴⁸.
Complications des fistules artérioveineuses pour hémodialyse 90-9
Troubles de la pigmentation pécie chronique diffuse est classique favorisée par l’anémie.
Des blanchiments des cheveux (canities) réversibles sont
Une hyperpigmentation diffuse est classique au cours de parfois observés. Des blondissements progressifs des che-
l’insuffisance rénale chronique traitée par hémodialyse ou veux, des poils et de la peau, 10 mois à 8 ans après le début
dialyse péritonéale. Elle est d’apparition lente, généralisée l’hémodialyse, ont été rapportés chez plusieurs patients
et prédomine sur les zones photo-exposées. Elle varie d’une d’origine tunisienne ⁵¹.
teinte jaunâtre au marron clair. Trois facteurs étiologiques
peuvent être incriminés : anémie chronique, accumulation
de pigments (lipochromes, caroténoïdes) au niveau de l’épi- Complications des fistules artérioveineuses
derme et du tissu sous-cutané, élévation du taux de bêta- pour hémodialyse
MSH peu dialysable et responsable d’une augmentation de
la mélanogenèse. Une observation de majoration rapide de Complications vasculaires
la pigmentation a été rapportée, liée à une hémolyse aiguë Elles sont peu fréquentes et souvent mal connues des der-
durant l’hémodialyse ⁴⁹-⁵¹. matologues. Le syndrome de vol vasculaire (steal syndrome)
secondaire à la création d’une fistule est lié à un hémodé-
Troubles des phanères tournement par le shunt artérioveineux au détriment de
la partie distale du même membre ⁵²,⁵³. Il s’observe dans
L’ongle équisegmenté hyperazotémique (half-and-half nail 1 à 6 % des cas. Plusieurs facteurs de risque sont identi-
ou ongles de Lindsay) est présent chez 8 à 13 % des patients fiés : diabète (50 à 80 %), hypertension artérielle, athéro-
insuffisants rénaux chroniques (1 à 2 % dans la population sclérose, tabagisme. Les premiers signes apparaissent le
générale). Il se caractérise par une portion proximale blan- plus souvent immédiatement en postopératoire ou dans
châtre et une portion distale rouge ou brunâtre, séparées les semaines qui suivent la création de la fistule. Il s’agit de
par une ligne de démarcation nette (fig. 90.11). Un arc brun douleurs des doigts et de la main homolatérales à la fistule,
distal aurait la même signification. Ces différentes anoma- permanentes, aggravées lors des séances d’hémodialyse et
lies unguéales régressent deux à trois semaines après trans- soulagées par la compression manuelle de la fistule. Les
plantation. Aucune relation n’a pu être observée entre ces manifestations cutanées sont secondaires à l’ischémie dis-
diverses anomalies unguéales et le type ou la sévérité de la tale : cyanose, ulcération ou gangrène digitale nécessitant
maladie rénale sous-jacente. parfois une amputation. La réalisation d’un fistulogramme
D’autres anomalies unguéales sont également fréquentes : permet de confirmer le diagnostic en objectivant une di-
absence de lunule (jusqu’à un tiers des patients), amin- minution du flux artériel distal corrigé par la compression
cissement de la tablette, leuconychies, hémorragies en manuelle de la fistule ⁵³. Le traitement est chirurgical : pon-
flammèche sous-unguéales. Les lignes de Muercke (double tage artériel avec ligature de l’artère dominante distale en
bandes blanches parallèles à la lunule) sont classiquement aval de la fistule, ligature de l’artère en distalité de la fistule,
observées au cours du syndrome néphrotique en raison réduction ou ligature de la fistule.
de l’hypoalbuminémie associée. Les lignes de Mee (bandes Les autres complications vasculaires incluent des ané-
transverses leuconychiques multiples) peuvent être obser- vrismes, des infections, des thromboses, des hypertensions
vées au cours de l’insuffisance rénale aiguë. veineuses de la main. De rares observations de pseudosar-
Les cheveux et les poils sont fins, secs, cassants et une alo- comes de Kaposi ⁵⁴ et d’angiosarcomes en regard de la fis-
tule après transplantation rénale ⁵⁵ ont également été dé-
crites.
Complications allergiques
Environ un tiers des malades pris en charge en hémodialyse
ont des complications allergiques à type d’hypersensibilité
immédiate ou retardée ⁵⁶.
Hypersensibilité immédiate Les accidents d’hypersensi-
bilité immédiate surviennent le plus souvent dès le branche-
ment de la dialyse et se manifestent par un prurit isolé, une
urticaire, un œdème de Quincke. Ils peuvent être sévères et
entraîner le décès par bronchospasme, choc anaphylactique
ou arrêt cardiaque. La fréquence des manifestations ana-
Coll. D. Bessis
sés sur le site de la fistule artérioveineuse. Ils peuvent être Autres complications cutanées associées à la dialyse
localisés sur le site de la fistule ou d’emblée être générali- Des observations ponctuelles d’hidradénite eccrine infec-
sés et surviennent alors volontiers sur terrain atopique. tieuse ⁵⁷, d’acné iatrogène après traitement par testosté-
Les principaux allergènes incriminés sont la lidocaïne- rone injectable pour stimulation de l’hématopoïèse ⁵⁸ ont
prilocaïne, la povidone iodée, le formaldéhyde, le thiuram été signalées.
et ses dérivés, le nickel et les résines d’époxy.
1 Narita I, Iguchi S, Omori K, Gejyo F. Uremic genic fibrosing dermopathy). Study of inflam- 27 Cowper SE. Nephrogenic systemic fibrosis :
pruritus in chronic hemodialysis patients. J Ne- matory cells and TGF-ß1 expression in affected a review and exploration of the role of gadolin-
phrol 2008 ; 21:161-165. skin. Arthritis Rheum 2004 ; 50:2660-2666. ium. Adv Dermatol 2007 ; 23:131-154.
2 Narita I, Alchi B, Omori K et al. Etiology and 15 Todd DJ, Kagan A, Chibnik LB, Kay J. Cuta- 28 Boyd AS, Zic JA, Abraham JL. Gadolinium
prognostic significance of severe uremic pruri- neous changes of nephrogenic systemic fibrosis. deposition in nephrogenic fibrosing dermopa-
tus in chronic hemodialysis patients. Kidney Int Arthritis Rheum 2007 ; 56:3433-3441. thy. J Am Acad Dermatol 2007 ; 56:27-30.
2006 ; 69:1626-1632. 16 Mathur K, Morris S, Deighan C et al. Extra- 29 High WA, Ayers RA, Chandler J et al.
3 Cowper SE, Su LD, Bhawan J et al. Nephro- corporeal photopheresis improves nephrogenic Gadolinium is detectable within the tissue of
genic fibrosing dermopathy. Am J Dermatopa- fibrosing dermopathy/nephrogenic systemic fi- patients with nephrogenic systemic fibrosis. J
thol 2001 ; 23:383-393. brosis : three case reports and review of litera- Am Acad Dermatol 2007 ; 56:21-26.
4 Marckmann P. Nephrogenic systemic fibro- ture. J Clin Apher 2008 ; 23:144-150. 30 Swaminathan S, High WA, Ranville J et
sis : epidemiology update. Curr Opin Nephrol Hy- 17 Kay J, High WA. Imatinib mesylate treat- al. Cardiac and vascular metal deposition with
pertens 2008 ; 17:315-319. ment of nephrogenic systemic fibrosis. Arthritis high mortality in nephrogenic systemic fibrosis.
5 Schwartz RD, Crofford LJ, Phan SH et al. Rheum 2008 ; 58:2543-2548. Kidney Int 2008 ; 73:1413-1418.
Nephrogenic fibrosing dermopathy : a novel cu- 18 Knopp EA, Cowper SE. Nephrogenic sys- 31 Saussereau E, Lacroix C, Cattaneo A et
taneous fibrosing disorder in patients with re- temic fibrosis : early recognition and treatment. al. Hair and fingernail gadolinium ICP-MS
nal failure. Am J Med 2003 ; 114:563-572. Semin Dial 2008 ; 21:123-128. contents in an overdose case associated with
6 Mendoza FA, Artlett CM, Sandorfi N et al. 19 Deng AC, Bilu DM, Sina B, Gaspari A. Local- nephrogenic systemic fibrosis. Forensic Sci Int
Description of 12 cases of nephrogenic fibros- ized nephrogenic fibrosing dermopathy : aber- 2008 ; 176:54-57.
ing dermopathy and review of the literature. Se- rant dermal repairing ? J Am Acad Dermatol 32 Abraham JL, Thakral C, Skov L et al. Der-
min Arthritis Rheum 2006 ; 35:238-249. 2008 ; 58:336-339. mal inorganic gadolinium concentrations : ev-
7 Nainani H, Panesar M. Nephrogenic sys- 20 Swaminathan S, Ahmed I, McCarthy JT et idence for in vivo transmetallation and long
temic fibrosis. Am J Nephrol 2009 ; 291:1-9. al. Nephrogenic fibrosing dermopathy and high term persistence in nephrogenic systemic fibro-
8 Janus N, Launay-Vacher V, Karie S et al. dose erythropoietin therapy. Ann Intern Med sis. Br J Dermatol 2008 ; 158:273-280.
Prevalence of nephrogenic systemic fibrosis 2006 ; 145:234-235. 33 Edward M, Quinn JA, Mukherjee S et al.
in renal insufficiency patients : Results of the 21 Marckmann P, Skov L, Rossen K et al. Case Gadodiamide contrast agent activates fibrob-
FINEST study. Eur J Radiol. 2009 Jan 5. control study of gadiodamide-related nephro- lasts : a possible cause of nephrogenic systemic
9 Marckmann P, Skov L, Rossen K, Thom- genic systemic fibrosis. Nephrol Dial Transplant fibrosis. J Pathol 2008 ; 214:584-593.
sen HS. Clinical manifestation of gadodiamide- 2007 ; 22:3174-3178. 34 Varani J, Dasilva M, Warner RL et al. Ef-
related nephrogenic systemic fibrosis. Clin Ne- 22 Cowper SE. Nephrogenic fibrosing der- fects of Gadolinium-Based Magnetic Resonance
phrol 2008 ; 69:161-168. mopathy : the first 6 years. Curr Opin Rheumatol Imaging Contrast Agents on Human Skin in Or-
10 Sadowski EA, Benett LK, Chan MR et al. 2003 ; 15:785-790. gan Culture and Human Skin Fibroblasts. Invest
Nephrogenic systemic fibrosis : risk factors and 23 Grobner T. gadolinium- a specific trigger Radiol 2009 ; 44:74-81.
incidence estimation. Radiology 2007 ; 243:148- for the development of nephrogenic fibrosing 35 Sieber MA, Pietsch H, Walter J et al. A pre-
157. dermopathy and nephrogenic systemic fibro- clinical study to investigate the development of
11 Ortonne N, Lipsker D, Chantrel F et al. Pres- sis ? Nephrol Dial Transplant 2006 ; 21:1104- nephrogenic systemic fibrosis : a possible role
ence of CD45RO+ CD34+ cells with collagen 1108. for gadolinium-based contrast media. Invest Ra-
synthesis activity in nephrogenic fibrosing der- 24 Broome DR, Girguis MS, Baron PW et al. diol 2008 ; 43:65-75.
mopathy : a new pathogenic hypothesis. Br J Gadodiamide-associated nephrogenic systemic 36 Thomsen HS, Morcos SK. Nephrogenic sys-
Dermatol. 2004 ;150 :1050-1052. fibrosis : why radiologists should be concerned. temic fibrosis and non ionic linear chelates. Am
12 LeBoit PE. What nephrogenic fibrosing der- Am J Roentgenol 2007 ; 188:586-592. J Roentgenol 2007 ; 188:580.
mopathy might be. Arch Dermatol 2003 ; 139: 25 Deo A, Fogel M, Cowper SE. Nephrogenic 37 Idée JM, Port M, Medina C et al. Possible
928-930. systemic fibrosis : a population study examin- involment of gadolinium chelates in the patho-
13 Marckmann P, Skov L, Rossen K et al. ing the relationship of disease development physiology of nephrogenic systemic fibrosis : a
Nephrogenic systemic fibrosis : suspected cau- to gadolinium exposure. Clin J Am Soc Nephrol critical review. Toxicology 2008 ; 248:77-88.
sative role of gadodiamide used for contrast- 2007 ; 2:264-267. 38 Baron PW, Cantos K, Hillebrand DJ et
enhanced magnetic resonance imaging. J Am 26 Lauenstein TC, Salman K, Morreira R et al. Nephrogenic fibrosing dermopathy after
Soc Nephrol 2006 ; 17:2359-2362. al. Nephrogenic systemic fibrosis : center case liver transplantation successfully treated with
14 Jimenez SA, Artlett CM, Sandorfi N et al. review. J Magn Reson Imaging 2007 ; 26:1198- plasmapheresis. Am J Dermatopathol 2003 ; 25:
Dialysis-associated systemic fibrosis (nephro- 1203. 204-209.
Références 90-11
39 Marckmann P, Nielsen AH, Sloth JJ. Possi- taneous nodules on the buttocks as a manifes- 52 Seror R, Ingen-Housz-Oro S, Sigal-Grinberg
bly enhanced Gd excretion in dialysate, but no tation of dialysis-related amyloidosis : a clinico- M. [Steal syndrome]. Ann Dermatol Venereol
major clinical benefit of 3-5 months of treat- pathological entity ? Br J Dermatol 2003 ; 149: 2006 ; 133:264-267.
ment with sodium thiosulfate in late stages 400-404. 53 Kravetz JD, Heald P. Bilateral dialysis-
of nephrogenic systemic fibrosis. Nephrol Dial 47 Sato KC, Kumakiri M, Koizumi H et al. associated steal syndrome. J Am Acad Dermatol
Transplant 2008 ; 23:3280-3282. Lichenoid skin lesions as a sign of beta 2- 2008 ; 58:888-891.
40 Morcos SK, Thomsen HS. Nephrogenic sys- microglobulin-induced amyloidosis in a long- 54 Hwang SM, Lee SH, Ahn SK. Pincer nail de-
temic fibrosis : more questions and some an- term haemodialysis patient. Br J Dermatol formity and pseudo-Kaposi’s sarcoma : compli-
swers. Nephron Clin Pract 2008 ; 110:c24-c32. 1993 ; 128:686-689. cations of an artificial arteriovenous fistula for
41 Remy-Leroux V, Reguiaï Z, Labrousse A-L 48 Uenotsuchi T, Imafuku S, Nagata M et al. haemodialysis. Br J Dermatol 1999 ; 141:1129-
et al. Calcinose pseudotumorale de localisation Cutaneous and lingual papules as a sign of 1132.
inhabituelle chez un patient hémodialysé. Ann beta 2 microglobulin-derived amyloidosis in a 55 Bessis D, Sotto A, Roubert P et al. Endothelin-
Dermatol Venereol 2009 ; 136:350-354. long-term hemodialysis patient. Eur J Dermatol secreting angiosarcoma occuring at the site of
42 Duval A, Moranne O, Vanhille P et al. [Cal- 2003 ; 13:393-395. an arteriovenous fistula for haemodialysis in a
cific arteriolopathy (Calciphylaxis)]. Rev Med In- 49 Lai CF, Kao TW, Tsai TF et al. Quantita- rénal transplant récipient. Br J Dermatol 1998 ;
terne 2006 ; 27:184-195. tive comparison of skin colors in patients with 138:361-363.
43 Prey S, Sparsa A, Durox H et al. [Calciphy- ESRD undergoing different dialysis modalities. 56 Gaudy-Marqueste C, Jouhet C, Castelain
laxis treated by cinacalcet : a medical alternative Am J Kidney Dis 2006 ; 48:292-300. M et al. Contact allergies in haemodialysis pa-
to parathyroidectomy]. Rev Med Interne 2009 ; 50 Seukeran D, Fletcher S, Sellars L, Vestey tients : a prospective study of 75 patients. Al-
30:186-189. JP. Sudden deepening of pigmentation during lergy 2009 ; 64:222-228.
44 Green JJ, Manders SM. Pseudoporphyria. haemodialysis due to severe haemolysis. Br J 57 Moreno A, Barradas MA, Ravella A, de Mo-
J Am Acad Dermatol 2001 ; 44:100-108. Dermatol 1997 ; 137:997-999. rogas JM. Infectious eccrine hidradenitis in a
45 Cooke NS, McKenna K. A case of haemo- 51 Masmoudi A, Ben Hmida M, Mseddi M patient undergoing hemodialysis. Arch Derma-
dialysis-associated pseudoporphyria success- et al. [Cutaneous manifestations of chronic tol 1985 ; 121:1106-1107.
fully treated with oal N-acetylcysteine. Clin Exp hemodialysis. Prospective study of 363 cases]. 58 Fuchs E, Lynfield Y. Dialysis acne. J Am
Dermatol 2006 ; 32:64-66. Presse Med 2006 ; 35:399-406. Acad Dermatol 1990 ; 23:125.
46 Shimizu S, Yasui C, Yasukawa K et al. Subcu-
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Bessis D, Francès C. Insuffisance rénale chronique et dialyse. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 :
Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 90.1-90.11.
91
Maladies rares rénales et cutanées
Didier Bessis
a connaissance des maladies rares rénales et cutanées a (mammalian target of rapamycin). La folliculine est large-
L connu un regain d’intérêt au cours de ces dernières an-
nées par la caractérisation génétique moléculaire de deux
ment exprimée dans l’organisme, notamment le poumon
(pneumocytes de type 1), le rein (néphron distal), la peau
génodermatoses à expression cutanée prédominante, la et ses annexes ¹. Les mutations sont majoritairement de
léiomyomatose héréditaire et le syndrome de Birt-Hogg- type insertion ou délétion, et situées dans plus d’un cas sur
Dubé, et la mise en évidence d’un risque significativement deux au niveau de l’exon 11 (« point chaud » mutationnel).
augmenté de cancers du rein au cours de ces affections. Elles sont à l’origine de la production d’une protéine tron-
De nombreuses autres maladies héréditaires rares à ex- quée. L’expression phénotypique ne semble pas corrélée
pression dermatologique et rénale peuvent être diagnos- au génotype d’après les études génétiques réalisées sur les
tiquées précocement. Elles peuvent comporter un risque différentes séries.
de tumeurs rénales (sclérose tubéreuse de Bourneville), Le syndrome BHD est caractérisé sur le plan dermatolo-
d’insuffisance rénale d’origine métabolique (maladie de Fa- gique par la survenue de fibrofolliculomes multiples, de
bry, cystinose infantile, lipodystrophie partielle acquise, trichodiscomes et de lésions de type acrochodons ²,³. Ces
fièvre méditerranéenne familiale) ou de malformations de dernières tumeurs sont actuellement considérées comme
l’arbre génito-urinaire avec ou sans insuffisance rénale (syn- des variantes cliniques et histologiques des fibrofollicu-
dromes mammo-rénaux familiaux, syndrome oto-branchio- lomes. Les fibrofolliculomes sont cliniquement caractéri-
rénal) (encadré 91.A). Ce chapitre abordera les principales ma- sés par de petites papules fermes, en dôme, de couleur
ladies génétiques et/ou métaboliques à expression rénale ivoire ou de couleur chair, à surface lisse, de quelques mil-
et cutanée prédominante. La fibrose systémique néphrogé- limètres de diamètre (fig. 91.1). Le plus souvent multiples,
nique est détaillée dans le chapitre précédent consacré à leur nombre varie chez un individu de quelques papules
l’insuffisance rénale et la dialyse. à plus de 100 éléments. Ils siègent avec prédilection sur
l’extrémité céphalique, en particulier le front, le nez, les
Syndrome de Birt-Hogg-Dubé joues, les pavillons auriculaires et les régions rétroauricu-
laires ainsi que les faces latérales du cou et le haut du tronc
Le syndrome de Birt-Hogg-Dubé (BHD) est une affection (fig. 91.2). Ils peuvent également être regroupés de façon
transmise sur le mode autosomique dominant associant coalescente en plaques selon une topographie segmentaire
des hamartomes cutanés (fibrofolliculomes), des tumeurs (fig. 91.3). Leur développement est le plus souvent noté au
rénales, des atteintes pulmonaires kystiques et des pneu- cours de la 3 e ou 4 e décade de la vie mais les premières
mothorax spontanés. Cette affection est liée à des muta- lésions, souvent discrètes, peuvent être présentes dès l’âge
tions germinales du gène BHD (locus 17p11.2). Considéré de 20 ans. Les fibrofolliculomes sont cliniquement indistin-
comme un gène tumeur suppresseur, il code pour la fol- guables des trichodiscomes. Les lésions de type acrochor-
liculine, protéine hautement conservée au cours de l’évo- dons se localisent avec prédilection au niveau des creux
lution et impliquée par le biais de sa protéine de liaison axillaires et sont le plus souvent associées à des papules
FNIP1 (folliculin interacting protein 1) dans les voies de signa- de fibrofolliculomes (fig. 91.4). Le diagnostic de syndrome
lisation AMPK (5 -AMP-activated protein kinase) et mTOR BHD est retenu cliniquement, si une personne est porteuse
BHD Birt-Hogg-Dubé
91-2 Maladies rares rénales et cutanées
d’au moins 10 fibrofolliculomes, dont un confirmé par un Principales maladies à expression rénale et cutanée
examen anatomopathologique. Celui-ci atteste d’une tu- Génétiques ou métaboliques
meur folliculaire bénigne, non épithéliale, constituée par Syndrome de Birt-Hogg-Dubé
un follicule pileux central souvent déformé par un infun- Léiomyomatose héréditaire
dibulum élargi rempli de kératine lamellaire cerné d’une Sclérose tubéreuse de Bourneville
fibrose concentrique. De deux à quatre bandes d’épithélium Syndrome Nail-Patella
folliculaire, anastomosées entre elles, s’étendent dans ce Syndrome branchio-oto-rénal
stroma fibromucineux (fig. 91.5). Le traitement des fibrofolli- Lipoatrophie partielle de Barraquer-Simons
culomes et des trichodiscomes repose sur la dermabrasion, Maladie de Fabry
le laser de resurfaçage ou l’isotrétinoïne systémique. Fièvre méditerranéenne familiale
Goutte
Diabète sucré
Cystinose infantile
Hyperoxalurie primitive
Vasculites
Purpura rhumatoïde
Périartérite noueuse et polyangéite microscopique
Maladie de Wegener
Syndrome de Churg et Strauss
Angéites d’hypersensibilité
Connectivites
Lupus érythémateux systémique
Sclérodermie
Connectivites mixtes
Polyarthrite rhumatoïde
Polychondrite chronique atrophiante
Syndrome de Gougerot-Sjögren
Maladies hématologiques
Cryoglobulinémies
Coll. D. Bessis
BHD Birt-Hogg-Dubé
Léiomyomatoses familiales cutanées et utérines 91-3
Coll. D. Bessis
Fig. 91.3 Placard congénital associant des fibrofolliculomes coalescents
et des kystes épidermiques au cours du syndrome de Birt-Hogg-Dubé
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
ractérisée histologiquement par des dilatations kystiques
des espaces alvéolaires. Ces lésions kystiques sont précur-
seurs des pneumothorax multiples observés et considérés
à tort comme « spontanés ». Quelques observations d’onco- Fig. 91.4 Fibrofolliculomes du creux axillaire : papules en dôme et
cytomes parotidiens, de carcinomes et de polypes coliques pédiculées à type d’acrochordons
et de carcinomes thyroïdiens sont rapportées sans qu’un
lien formel avec cette affection soit établi. De nombreuses sant la transformation du fumarate en malate dans le cycle
autres observations isolées d’association sont notées : sar- de Krebs. Des mutations du gène FH sont identifiées dans
come mammaire, adénocarcinome prostatique, adénome 85 à 100 % des familles atteintes de LCUF/HLRCC. Ces mu-
parathyroïdien, méningiome, neurothécome, choriorétino- tations germinales de FH sont à l’origine d’une baisse de
pathie. l’activité enzymatique de la fumarate hydratase. Aucune
corrélation génotype/phénotype n’est actuellement démon-
trée pour ces affections. Au cours des LCUF/HLRCC, une
Léiomyomatoses familiales cutanées et perte d’hétérozygotie (perte de l’haplotype sauvage, conser-
utérines vation de l’allèle muté) est observée dans les tissus tumo-
raux. Ces anomalies génétiques somatiques sont corrélées
La léiomyomatose cutanée et utérine familiale (LCUF) ou à une baisse de l’activité enzymatique en tissu tumoral et
syndrome de Reed est une affection héréditaire rare asso- plaident en faveur d’un rôle suppresseur de tumeur de cette
ciant des tumeurs bénignes cutanées et utérines multiples, protéine.
dérivant de cellules musculaires lisses. Une variante cli- Les LCUF/HLRCC sont caractérisées sur le plan dermatolo-
nique, caractérisée par une prédisposition au développe- gique par la survenue de léiomyomes multiples ⁷. Il s’agit de
ment de carcinomes rénaux papillaires (HLRCC pour hered- petites papules ou de nodules de couleur chair à légèrement
itary leiomyomatosis and renal cell cancer), a été individuali- brunâtre ou rosée, de quelques millimètres à quelques cen-
sée en 2001 ⁵. Les LCUF/HLRCC sont des affections héré- timètres de diamètre, fermes, érectiles (fig. 91.7). Certains
ditaires transmises selon le mode autosomique dominant, sont douloureux : 90 % des malades rapportent une dou-
liées à des mutations germinales du gène FH (locus 1q42- leur sur un ou plusieurs léiomyomes à la pression, lors de
43), codant la protéine fumarate hydratase ⁶. Cette protéine l’exposition au froid ou plus rarement lors d’un trauma-
est une isoenzyme cytosolique et mitochondriale cataly- tisme ou de l’exposition à la chaleur. Ces tumeurs bénignes
HLRCC hereditary leiomyomatosis and renal cell cancer · LCUF léiomyomatose cutanée et utérine familiale
91-4 Maladies rares rénales et cutanées
Coll. D. Bessis
Fig. 91.6 Papule fibreuse labiale inférieure au cours du syndrome de
Birt-Hogg-Dubé
HLRCC hereditary leiomyomatosis and renal cell cancer · LCUF léiomyomatose cutanée et utérine familiale
Léiomyomatoses familiales cutanées et utérines 91-5
HLRCC hereditary leiomyomatosis and renal cell cancer · LCUF léiomyomatose cutanée et utérine familiale
91-6 Maladies rares rénales et cutanées
HLRCC hereditary leiomyomatosis and renal cell cancer · IRM imagerie par résonance magnétique · LCUF léiomyomatose cutanée et utérine familiale · TDM tomodensitométrie
Lipoatrophie partielle acquise (syndrome de Barraquers-Simons) 91-7
Le traitement de cette affection reste symptomatique en sont mises en évidence : abaissement de la fraction C3
particulier sur le plan rénal : inhibiteurs de l’enzyme de du complément associé à la présence de C3NeF. Le C3NeF
conversion de l’angiotensine, ciclosporine, transplantation correspond à un auto-anticorps qui réagit et prolonge la
rénale. demi-vie de l’enzyme de conversion du C3 par la voie al-
terne (C3 convertase ou C3bBb) à l’origine d’une activation
et d’une consommation continue du C3. Cette baisse du
Lipoatrophie partielle acquise (syndrome de C3 peut être responsable d’infections bactériennes récidi-
Barraquers-Simons) vantes, parfois sévères, touchant avec prédilection les voies
aériennes supérieures, et s’associe parfois à des maladies
Il s’agit d’une affection sporadique acquise, rarement fami- auto-immunes (rôle du complément dans l’élimination des
liale, affectant avec prédilection le sexe féminin. Le rôle complexes immuns circulants de la circulation générale).
favorisant de mutations du gène de la lamine B2 (LMNB2) Les autres fractions du complément sont normales mais
a récemment été identifié chez quelques patients ¹⁰. Elle se une baisse conjointe de la fraction C5 a été rapportée. Une
caractérise par une perte progressive du tissu graisseux dé- hypertriglycéridémie avec insulinorésistance et un diabète
butant au visage puis s’étendant au tronc et aux membres sucré sont associés dans 20 % des cas. Quelques observa-
supérieurs. Les membres inférieurs sont classiquement tions de lipodystrophie partielle acquise avec baisse isolée
épargnés et même, dans certains cas, une hypertrophie de la fraction C4 du complément, associées préférentiel-
du tissu adipeux peut être notée (fig. 91.13). Dans de rares lement à une hépatite auto-immune, mais sans atteinte
cas, une généralisation de la lipodystrophie peut être obser- rénale, ont été identifiées ¹¹.
vée, associée à une insulino-résistance, une dyslipidémie et La survenue d’une glomérulopathie membranoproliféra-
un foie stéatosique. Le début de l’affection se fait au cours tive, mésangiocapillaire, semble pratiquement constante.
de l’enfance mais des formes plus tardives, jusqu’à 40 ans, Le début est le plus souvent retard par rapport à la lipoatro-
peuvent être observées. phie (parfois jusqu’à 20 ans) aboutissant progressivement
Dans la plupart des cas, des anomalies du complément en une dizaine d’années à une insuffisance rénale terminale
91-8 Maladies rares rénales et cutanées
Coll. D. Bessis
Fig. 91.14 Sinus préauriculaire au cours d’un syndrome
branchio-oto-rénal
Syndrome branchio-oto-rénal
Le syndrome branchio-oto-rénal est une affection hérédi-
Coll. Dr S. Barbarot, Nantes
Coll. D. Bessis
Fig. 91.15 Mamelon surnuméraire
Syndromes mammo-rénaux
Ils représentent un spectre clinique hétérogène associant :
− des anomalies congénitales des mamelons, intéressant
leur formation (aplasie ou hypoplasie), leur nombre (ab-
sence ou mamelon surnuméraire) et leur localisation
(ectopique ou non) (fig. 91.15) ;
− des anomalies morphologiques de l’arbre génito-urinaire :
polykystose rénale, sténose congénitale de la jonction
pyélo-urétérale, agénésie rénale, kyste rénal...
Coll. D. Bessis
La présence de mamelons surnuméraires (polythélie) consti-
tue une malformation congénitale fréquente (0,22 à 6 %
de la population) marquée par le développement uni- ou
bilatéral de mamelons additionnels (avec ou sans aréole Fig. 91.16 Ligne de développement potentiel de mamelon
ou tissu mammaire associé), habituellement situés le long surnuméraire
de la ligne lactée embryonnaire qui s’étend du creux axil-
laire au creux inguinal, parfois à distance (vulve, cou, dos Hyperoxalurie primitive
et cuisses) ¹⁴,¹⁵ (fig. 91.16). Elle survient habituellement de
façon sporadique mais peut être familiale dans environ L’hyperoxalurie primitive de type 1 ou oxalose est liée au
6 % des cas, de transmission héréditaire autosomique do- déficit d’une enzyme peroxysomale hépatique, l’alanine-
minante à pénétrance incomplète, plus rarement liée à glyoxylate-aminotransférase (AGT) dont le gène AGXT est
l’X. Une association significative entre polythélie et malfor- localisé en 2q37.3. L’hyperoxalurie de type 2, extrêmement
mations génito-urinaires (le plus souvent homolatérales) rare, est due à un déficit en glycérate déshydrogénase lié à
évaluée par échographie est rapportée avec une fréquence la mutation du gène GRHPR ¹⁷. Les premiers symptômes
variant entre 1,2 à 40 % ¹⁴,¹⁵. Elle est plus marquée en apparaissent avant l’âge de 5 ans (deux tiers des cas) et
cas de forme familiale de polythélie et n’est pas observée sont secondaires à des lithiases responsables d’infections
dans la population américaine à peau dite noire ¹⁶. La si- ou d’obstruction des voies urinaires. L’insuffisance rénale
gnification exacte de cette association reste cependant terminale survient avant l’âge de 15 ans dans près de la
discutée en raison de la fréquence non négligeable des moitié des cas. L’accumulation de cristaux d’oxalate dans
malformations mammaires ou du tractus urinaire (1 % les tissus est secondaire à l’insuffisance rénale et entraîne
par recherche échographique) dans la population générale. des troubles du rythme cardiaque, une hypertension arté-
Elle peut cependant justifier une exploration ultrasono- rielle, une artérite des membres, des fractures responsables
graphique abdominopelvienne en cas de polythélie fami- d’ankyloses douloureuses et un état grabataire. Les signes
liale. cutanés évocateurs, quoiqu’inconstants, peuvent être pré-
91-10 Maladies rares rénales et cutanées
Coll. D. Bessis
glycérate et d’oxalate ainsi que de l’oxalémie plasmatique.
Le diagnostic anténatal est possible à partir d’une biopsie
de trophoblaste ou d’une biopsie hépatique du fœtus. Le
traitement associe des boissons abondantes, une alcalini- Fig. 91.18 Vieillissement prématuré du visage (patient âgé de 38 ans)
sation des urines et la pyridoxine à forte dose, associée à au cours d’une cystinose
l’orthophosphate qui inhibe la précipitation de l’oxalate de
calcium. La transplantation rénale seule ne corrige pas le musculaire et d’une atteinte cérébrale. L’atteinte oculaire,
trouble métabolique expliquant la récidive. La transplan- secondaire aux dépôts de cystine dans la cornée et la
tation hépatique, souvent associée à une transplantation conjonctive, entraîne un larmoiement et une photopho-
rénale, est la solution de choix, en particulier chez l’enfant. bie. La maladie évolue progressivement après l’âge de 6 ans
Dans tous les cas, la transplantation doit être réalisée avant vers l’insuffisance rénale terminale. Les manifestations cu-
ou rapidement après la mise en dialyse afin d’éviter les com- tanées rapportées associent un vieillissement cutané pré-
plications extra-rénales. maturé observé dès la deuxième décennie avec un aspect
« flétri » de la peau, une bouffissure du visage et une finesse
Cystinose infantile des cheveux (fig. 91.18). Ces anomalies cutanées seraient
liées à une élastopathie progressive du derme associée à
La cystinose est une maladie héréditaire à transmission des dépôts intracellulaires de cristaux de cystine, en parti-
autosomique récessive. Le gène en cause, CTNS, est situé culier au niveau des fibroblastes ¹⁹. Le diagnostic s’établit
sur le chromosome 17p13 et code pour une protéine de par la recherche de la surcharge histologique et ultrastruc-
membrane des lysosomes, la cystinosine. Cette affection turale en cristaux (de forme hexagonale ou rectangulaire)
est liée à un défaut de transport de cystine hors des ly- de cystine intralysosomiale et le dosage de la cystine libre
sosomes entraînant une accumulation lysosomiale de cet intraleucocytaire, très sensible, permettant de détecter les
acide aminé dans différents organes. La prévalence est esti- porteurs hétérozygotes. Le diagnostic prénatal est possible
mée à 1/200 000. Au cours de la forme infantile, la plus fré- à partir du prélèvement de villosité choriale ou de cellules
quente, les premiers signes apparaissent après trois mois, amniotiques. Le traitement comporte des suppléments hy-
marqués par un syndrome polyuro-polydipsique et un re- droélectrolytiques et vitaminiques, l’indométacine qui en-
tard de croissance staturopondéral important, secondaires traîne une amélioration de l’état général et de la croissance
à un syndrome tubulaire proximal généralisé avec pertur- staturale, et la cystéamine (10 à 50 mg/kg/j) qui diminue le
bations hydro-électrolytiques sévères. L’accumulation de taux de cystine leucocytaire, permettant de ralentir la pro-
cystine dans différents organes est responsable d’une hypo- gression vers l’insuffisance rénale et l’atteinte des autres
thyroïdie, d’un diabète insulinodépendant, d’une hépato- organes. La transplantation rénale n’est pas suivie de réci-
splénomégalie avec hypertension portale, d’une atteinte dive sur le greffon.
Références 91-11
1 Baba M, Hong SB, Sharma N et al. Folliculin inherited uterine fibroids, skin leiomyomata 13 Misra M, Nolph KD. Renal failure and deaf-
encoded by the BHD gene interacts with a bind- and papillary cell cancer. Nat Genet 2002 ; 30: ness : branchio-oto-renal syndrome. Am J Kid-
ing protein, FNIP1, and AMPK, and is involved 406-410. ney Dis 1998 ; 32:334-337.
in AMPK and mTOR signaling. Proc Natl Acad 7 Marque M, Avril M-F, Bressac de Paillerets 14 Urbani CE, Betti R. Mammo-renal and
Sci USA 2006 ; 103:15552-15557. B et al. Hereditary leiomyomatosis and renal acro-mammo-renal syndromes. A nosologic ap-
2 Toro JR, Wei MH, Glenn GM et al. BHD mu- cell cancer. Ann Dermatol Venereol 2008 ; 135: proach, synopsis and update. Eur J Dermatol
tations, clinical and molecular genetic investi- 612-616. 1997 ; 7:251-256.
gations of Birt-Hogg-Dubé syndrome : a new 8 Bongers EM, Gubler MC, Knoers NV. Nail- 15 Carmacho FM, Moreno-Giménez JC, Garcia-
series of 50 families and a review of published patella syndrome. Overview on clinical and Hernandez MJ. Is aberrant mammary tissue
reports. J Med Genet 2008 ; 45:321-331. molecular findings. Pediatr Nephrol 2002 ; 17: a marker for chronic alcoholism of kidney-
3 Leter EM, Koopmans AK, Gille J et al. Birt- 703-712. urinary malformations ? Dermatology 1998 ;
Hogg-Dubé syndrome : clinical and genetic stud- 9 Lemley KV. Kidney disease in nail-patella 197:132-136.
ies of 20 families. J Invest Dermatol 2008 ; 128: syndrome. Pediatr Nephrol 2009 ; 24:2345-2354. 16 Brown J, Schwartz RA. Supernumerary nip-
45-49. 10 Hegele RA, Cao H, Liu DM et al. Sequenc- ples and renal malformations : a family study. J
4 Zbar B, Alvord WG, Glenn G, MJ et al. Risk ing of the Reannotated LMNB2 gene reveals Cutan Med Surg 2004 ; 8:170-172.
of renal and colonic neoplasms and sponta- novel mutations in patients with acquired par- 17 Milliner DS. The primary hyperoxalurias :
neous pneumothorax in the Birt-Hogg-Dubé tial lipodystrophy. Am J Hum Genet 2006 ; 79: an algorithm for diagnosis. Am J Nephrol 2005 ;
syndrome. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 383-389. 25:154-160.
2002 ; 11:393-400. 11 Savage DB, Semple RK, Clatworthy MR 18 Takenaka H, Yasuno H, Fukuda T et al.
5 Launonen V, Vierimaa O, Kiuru M et al. In- et al. Complement abnormalities in acquired Widespread cutaneous oxalosis in a patient
herited susceptibility to uterine leiomyomas lipodystrophy revisited. J Clin Endocrinol Metab with primary hyperoxaluria. Br J Dermatol
and renal cell cancer. Proc Natl Acad Sci USA 2009 ; 94:10-16. 2003 ; 149:1075.
2001 ; 98:3387-3392. 12 Kochhar A, Fischer SM, Kimberling WJ, 19 Guillet G, Sassolas B, Fromentoux S et al.
6 The multiple leiomyoma consortium. Germ- Smith RJH. Branchio-oto-renal syndrome. Am Skin storage of cystine and premature skin age-
line mutations in FH predispose to dominantly J Hum Genet 2007 ; 143A:1671-1678. ing in cystinosis. Lancet 1998 ; 352:1444-1445.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Bessis D. Maladies rares rénales et cutanées. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations
dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 91.1-91.11.
92
Système nerveux central et périphérique
Céline Girard
Coll. D. Bessis
lai d’apparition moyen de 80,3 jours après le traumatisme
neurologique initial ¹³. Les infections fongiques cutanées
et unguéales représentent une des complications derma-
Fig. 92.1 Érythème palmaire acquis, une manifestation dermatologique tologiques les plus fréquentes, en général en dessous du
de tumeurs cérébrales à envisager niveau du traumatisme médullaire. Plusieurs modifications
physiologiques, immunologiques, locales et comportemen-
zones, mais de moindre intensité qu’au niveau des mains. tales secondaires au traumatisme favorisent le développe-
L’examen histologique des lésions palmaires met en évi- ment de ces infections. La susceptibilité aux infections fon-
dence une vasodilatation isolée. L’intensité de l’érythème giques est directement influencée par le taux d’humidité et
palmaire semble directement corrélée à l’importance de la de séborrhée de la peau. Or en dessous du niveau du trau-
vascularisation de la tumeur cérébrale, particulièrement en matisme médullaire, la sécrétion de sueur est diminuée ¹⁴
cas de glioblastomes et d’astrocytomes de haut grade, très avec une peau sèche ichtyosique tandis que le taux de sé-
vascularisés. La vasodilatation observée au cours de l’éry- crétion sébacée est, selon les études, soit augmenté soit
thème palmaire est probablement secondaire à la sécrétion diminué ¹⁵,¹⁶. Les perturbations du système immunitaire
de peptides angiogéniques par la tumeur cérébrale. L’éry- sont également un facteur de susceptibilité aux infections
thème palmaire n’est cependant pas spécifique des tumeurs fongiques locales. Une diminution globale des défenses im-
cérébrales et a été rapporté au cours d’autres pathologies munitaires apparaît précocement après un traumatisme
néoplasiques comme le carcinome bronchique ³, l’adénocar- médullaire et perdure dans le temps. Une diminution de la
cinome gastrique ⁴, les syndromes myéloprolifératifs ⁵ et la fonction des lymphocytes Natural-Killer, de la fonction et
maladie de Hodgkin ⁶. de l’activation des lymphocytes T, et de la fonction phago-
cytaire des macrophages est observée ¹⁸. Les patients ont
Maladie de Parkinson également une diminution du taux et de la fonction des
Elle se caractérise par la triade tremblements, rigidité et molécules cellulaires d’adhésion ¹⁷ ainsi qu’une diminution
akinésie, et s’accompagne également de troubles dysautono- des marqueurs de surface des lymphocytes et des granulo-
miques variés. Sur le plan dermatologique, une hypersébor- cytes ¹⁸. Les taux d’IL-2, d’IL-6 et des récepteurs à l’IL-2
rhée, une dermite séborrhéique et une hyperhidrose sont sont par ailleurs perturbés ¹⁷-¹⁹. Certaines de ces modifica-
fréquemment observées chez les patients parkinsoniens ⁷,⁸. tions du système immunitaire surviennent uniquement
Le mécanisme physiopathologique exact à l’origine de l’hy- chez les patients atteints d’un traumatisme cervical ²⁰ sug-
perséborrhée reste débattu ⁹. Elle est notée préférentiel- gérant une atteinte du système nerveux sympathique, im-
lement chez les hommes parkinsoniens, ce qui plaide en pliqué dans la modulation des fonctions immunitaires. Une
faveur d’un rôle essentiel des androgènes notamment de la forte incidence de dermite séborrhéique et d’acné faciale a
testostérone impliquée dans la prolifération et le renouvel- été rapportée au cours de la phase aiguë, jusqu’à 65 % chez
lement des cellules lipidiques. L’hyperséborrhée paraît éga- les patients tétraplégiques ²¹,²². Le mécanisme physiopatho-
lement directement corrélée à l’augmentation de la MSH logique évoqué est celui d’une accumulation de sébum et de
observée au cours de la maladie de Parkinson, celle-ci étant squames sur la peau, en raison d’une difficulté de lavage des
inductrice de la lipogenèse ¹⁰. Des troubles de la sudation à cheveux et du visage, du fait d’une période prolongée d’im-
type d’hyperhidrose sont fréquemment rapportés et sont mobilité après un traumatisme médullaire cervical. Une hy-
le reflet des troubles dysautonomiques. L’hyperhidrose pré- perhidrose peut être observée au cours d’un syndrome de
domine au niveau du tronc et de l’extrémité céphalique section médullaire. La prévalence de cette complication est
et est en général le reflet d’un stade avancé de la maladie mal connue mais évaluée à 43 % dans une étude portant sur
où elle est observée chez plus de la moitié des malades. 154 patients ²³. Le mécanisme physiopathologique à l’ori-
Cette hyperhidrose axiale serait un phénomène compensa- gine de cette complication est mal connu, probablement en
teur d’une diminution de l’activité des glandes sudoripares rapport avec une dysrégulation du système nerveux auto-
des paumes et des plantes par atteinte des fonctions sym- nome et de la thermorégulation ²⁴. L’hyperhidrose survient
pathiques distales ¹¹. Le traitement par lévodopa permet sur les régions du corps correspondant au niveau du trau-
souvent de réduire l’intensité de l’hyperhidrose ¹². matisme médullaire. Ainsi chez les patients tétraplégiques,
l’hyperhidrose se développe au niveau de la tête et du cou conduisant à des mutilations réalise la maladie de Mor-
(innervés par le système sympathique T1-T4) et parfois van décrite en 1833 dans les syringomyélies évoluées. Le
au niveau des extrémités supérieures (T2-T8). Chez les pa- traitement des ulcérations neurotrophiques est décevant
tients paraplégiques, l’hyperhidrose prédomine au niveau puisqu’il n’est pas possible d’agir sur la neuropathie analgé-
du tronc (T4-L2) et des membres inférieurs (T10-L2) ²⁴. siante et consiste essentiellement à protéger la zone ulcérée
Le traitement de cette hyperhidrose fait appel essentiel- et surtout à éviter les microtraumatismes répétés qui sont
lement à des bloqueurs adrénergiques, des analgésiques un facteur d’entretien.
narcotiques et des anticholinergiques ²⁵,²⁶.
Au cours de la phase chronique suivant une section médul- Neurosyphilis
laire, des modifications cutanées sont également observées La neurosyphilis est devenue rare grâce au dépistage et au
avec une pachydermie et une pachyonychie des orteils, sur- traitement de la maladie dans sa phase initiale. Cependant,
venant plus volontiers en cas de traumatisme médullaire en raison de la recrudescence de la syphilis, particulière-
haut donc chez les patients tétraplégiques. Ces modifica- ment chez les hommes homosexuels, une augmentation
tions débutent dans les six mois après le traumatisme mé- de l’incidence des neurosyphilis peut s’envisager chez les
dullaire et augmentent progressivement jusqu’à atteindre patients mal traités. L’atteinte du système nerveux central
un plateau maximum environ cinq ans après celui-ci ²⁷. Les au cours de la syphilis peut survenir à différents stades
études histopathologiques cutanées des patients atteints de la maladie. La méningite syphilitique peut être contem-
de pachydermie révèlent un infiltrat inflammatoire périvas- poraine de l’éruption de la syphilis secondaire, l’atteinte
culaire de la peau et une fibrose dermique. L’épaississement cérébrovasculaire survient dans la décennie suivant l’infec-
cutané semble directement corrélé à la dysréflexie du sys- tion, tandis que la neurosyphilis parenchymateuse (tabes
tème nerveux autonome ²⁷. et parésie généralisée) survient plusieurs décennies après
la contamination et devient donc rare depuis l’ère de la péni-
Syringomyélie cilline. Le tabes dorsal se manifeste par des douleurs fulgu-
La syringomyélie est une affection d’étiologies diverses ca- rantes (75 à 90 % des patients) des extrémités inférieures
ractérisée par l’apparition d’une cavité intramédullaire le ou viscérales, des paresthésies (7 à 24 %) ou anesthésies,
plus souvent postérieure remplie de liquide cérébrospinal, des modifications pupillaires (pupille d’Argyll Robertson)
provoquée par une gêne à la circulation extramédullaire de et une aréflexie (76-78 %) le plus souvent au niveau des
celui-ci. La plupart des patients atteints de syringomyélie genoux et des tendons d’Achille ³². Au niveau dermatolo-
ont une malformation de Chiari de type I des amygdales cé- gique, des troubles trophiques à type d’ulcérations neuro-
rébelleuses ²⁸. La syringomyélie entraîne une myélopathie trophiques distales (maux perforants) ou des articulations
progressive responsable chez l’adulte jeune de douleurs du (hanches, genoux, chevilles) sont observées chez 2 à 10 %
cou, des bras, ou du thorax, une faiblesse et une atrophie des patients atteints de tabes dorsal ³².
de l’un ou des deux membres supérieurs, ou une ulcération
neurotrophique d’une extrémité supérieure. Une perte de Syndrome neurotrophique trigéminal
la sensibilité douloureuse et thermo-algique est souvent Le syndrome neurotrophique trigéminal est une compli-
présente, tandis que la sensibilité tactile, vibratoire et posi- cation rare d’une lésion périphérique ou centrale du nerf
tionnelle des membres est atteinte de manière inconstante. trijumeau (fig. 92.2), décrit initialement par Wallenberg, ca-
Les lésions cutanées de la syringomyélie siègent habituelle- ractérisé par une anesthésie et des paresthésies dans le ter-
ment au niveau des mains ²⁹ : ritoire du trijumeau avec une ulcération de l’aile narinaire.
− brûlures et excoriations du fait de l’insensibilité thermo- Son incidence exacte est inconnue, 75 % des cas survien-
algique, qui s’infectent facilement réalisant des panaris draient après alcoolisation ou rhizotomie du ganglion de
d’évolution torpide ; Gasser ³³,³⁴. Les autres facteurs étiologiques de syndrome
− ulcérations atones suintantes, d’évolution interminable neurotrophique trigéminal sont listés dans l’encadré 92.A.
au niveau des doigts ou dans la paume des mains où Le délai d’apparition après la lésion du trijumeau varie
elles peuvent prendre l’aspect d’un véritable mal perfo- entre quelques semaines à plusieurs décennies et le syn-
rant palmaire ; drome neurotrophique trigéminal est plus fréquent chez
− atrophie des muscles de la main ou parfois hypertro- les femmes et les personnes âgées ³⁵. L’ulcération cutanée
phie en masse de la main et des doigts (cheiromégalie), se développe le plus souvent au niveau de l’aile narinaire
souvent unilatérale. mais peut également survenir sur le scalp, le front, l’oreille,
Des ulcérations neurotrophiques sur les épaules, les coudes le palais et la mâchoire ³³. La pointe du nez est épargnée en
ou les poignets peuvent également être observées ³⁰,³¹. Au raison de son innervation par la branche médiane du nerf
cours de l’évolution, une atteinte osseuse est fréquente. Les ethmoïdal antérieur ³⁶. Il s’agit d’une ulcération chronique,
radiographies objectivent une ostéo-arthropathie avec os- souvent triangulaire, à fond bourgeonnant recouvert d’une
téolyse non inflammatoire centrale ou périphérique, des croûte, particulièrement sur la narine, avec amputation de
lésions cartilagineuses secondaires aux transformations pa- l’aile du nez non cartilagineuse et extension à la lèvre supé-
thologiques de l’os sous-chondral. L’association de troubles rieure (fig. 92.3 et 92.4). L’examen histopathologique élimine
trophiques à des arthropathies graves (des doigts, de la en particulier une néoplasie et met en évidence un infil-
main, des poignets) et à des lésions nécrotiques distales trat inflammatoire minime (en l’absence de surinfection
92-4 Système nerveux central et périphérique
Nerf
ophtalmique V1
Nerf
maxillaire V2
Nerf
Coll. D. Bessis
Neuropathies périphériques accompagnées de troubles trophiques souvent diminués ou abolis. Les troubles moteurs sont ex-
Acropathies ulcéro-mutilantes Les acropathies ulcéro- ceptionnels. L’examen électroneuromyographique met en
mutilantes sont caractérisées par des troubles majeurs de évidence une neuropathie axonomyélinique sensitive aux
la sensibilité, associées à des ulcérations tégumentaires des deux membres inférieurs. L’acropathie ulcéro-mutilante est
extrémités des membres et à une atteinte ostéo-articulaire responsable de troubles de la microcirculation aboutissant
distale et progressive. Ces acropathies ulcéro-mutilantes à des destructions osseuses touchant le tarse et les pha-
sont soit secondaires à des neuropathies diverses (diabète, langes, à l’origine de déformations telles l’hallux valgus et
alcoolisme, médicaments, amylose, tabes, lèpre, syringo- l’orteil en griffe. Les lésions squelettiques débutent et pré-
myélie, neuropathie auto-immune), soit génétiquement dominent à l’avant-pied au niveau des phalanges distales
déterminées sous deux formes : puis s’étendent progressivement aux os du tarse. Ce pro-
− la forme familiale ou la maladie de Thévenard ; cessus peut aboutir à une résorption osseuse complète qui
− la forme sporadique ou le syndrome de Bureau et Bar- peut désolidariser les orteils du squelette du pied. Les com-
rière. plications infectieuses à type d’ostéomyélite et les fractures
Maladie de Thévenard (acropathie ulcéro-mutilante fami- pathologiques aggravent le pronostic.
liale) La maladie de Thévenard est une acropathie ulcéro- Le traitement de la maladie de Thévenard repose sur l’éduca-
mutilante familiale qui débute le plus souvent vers la pu- tion du patient concernant l’hygiène des pieds et sur l’utili-
berté par des paresthésies et des troubles vasomoteurs sation d’orthèses conçues pour diminuer les pressions aux
distaux précédant l’apparition de phlyctènes. Au niveau endroits où se développent habituellement les maux perfo-
des zones hyperkératosiques soumises aux pressions maxi- rants plantaires. Lorsque ceux-ci sont constitués, la mise
males lors de la marche, ces phlyctènes évoluent vers une en décharge s’impose associée aux soins locaux de la plaie,
ulcération puis un mal perforant plantaire unilatéral, es- notamment la détersion des tissus nécrotiques et la mise
sentiellement en regard de la tête du premier métatar- en route d’une antibiothérapie en cas de surinfection. L’im-
sien. D’autres troubles trophiques à type de dystrophies un- portance des troubles trophiques et des mutilations rend
guéales, de peau sèche et squameuse et d’hématomes sous- parfois les traitements conservateurs illusoires et impose
unguéaux sont volontiers observés. L’examen neurologique alors l’amputation.
met en évidence un déficit de la sensibilité thermo-algique Acropathie ulcéro-mutilante de Bureau et Barrière Cette
aux membres inférieurs tandis que la sensibilité proprio- neuroacropathie décrite en 1953, aussi appelée « maladie
ceptive est peu ou pas altérée. Les réflexes achiléens sont des vagabonds », survient en général sur un terrain débi-
Système nerveux périphérique 92-7
Examens paracliniques utiles au cours des neuropathies courci, tassé et cuboïde, avec un affaissement de la voûte
En première intention plantaire qui provoque une modification des points d’ap-
NFS (hémopathie, leucopénie) pui et une aggravation des lésions cutanées ⁴⁶. Les orteils
VS, CRP (syndrome inflammatoire) peuvent être épaissis ou hypotrophiques en voie de résorp-
Glycémie à jeun et postprandiale, hémoglobine glyquée, urée, créati- tion. Les troubles vasomoteurs sont constants et évoluent
nine, bilan thyroïdien par poussées, accompagnées d’un œdème et d’un aspect
Transaminases (cause toxique, infection, maladie de système) lisse, moite et violacé de la peau. L’atteinte sensitive est
Dosage de vitamines (B1, B2, folates) identique à celle que l’on peut rencontrer dans la maladie de
Sérologie hépatites B, C, VIH, Lyme Thévenard, à type d’hypo ou d’anesthésie en chaussette, bi-
Immunoélectrophorèse (voire immunofixation) des protéines (sang et latérale, sans topographie radiculaire. La sensibilité thermo-
urines) (gammapathie monoclonale, chaînes légères), cryoglobuliné- algique est souvent diminuée voire abolie. Le réflexe achil-
mie
léen est constamment aboli mais les réflexes cutanés plan-
Radiographie du thorax (adénopathies médiastinales, nodule suspect,
taires sont habituellement normaux. Biologiquement, les
syndrome interstitiel)
signes d’imprégnation alcoolique sont présents avec une
En seconde intention
élévation des IgA sériques et un taux de transferrine nor-
Dosage anticorps spécifiques (anticorps antinucléaires, anti-SSA, SSB, p
et c-ANCA pour lupus, Gougerot-Sjögren, Wegener ; anticorps antiglia- mal ou abaissé ⁴⁷. Radiologiquement, les lésions destruc-
dine pour maladie cœliaque ; anticorps anti-Hu, Yo, CV2 pour syndrome trices osseuses sont souvent plus évoluées que ne le laisse-
paranéoplasique) rait penser le seul examen clinique. Il s’agit d’une arthro-
Anticorps antiglycolipides (neuropathies sensitivomotrices démyélini- pathie des articulations distales de l’avant-pied, réalisant
santes associées à une gammapathie monoclonale de type IgM) l’aspect classique en « sucre d’orge », aboutissant parfois à
Analyse du LCR (hyperprotéinorachie des polyradiculoneuropathies, une destruction complète des pièces osseuses. L’étude élec-
neuropathies paranéoplasiques, diabète... hyperlymphocytose des lym- trique des vitesses de conduction nerveuse par l’examen
phomes, VIH, maladie de Lyme, maladie de système...) électroneuromyographique est capitale et met en évidence
Biopsie de glandes salivaires accessoires (Gougerot-Sjögren, sarcoï- une dégénérescence wallérienne avec atteinte axonale pré-
dose, amylose, vasculite) dominante ⁴⁸. La prise en charge thérapeutique est souvent
Biopsie ostéomédullaire (lymphome, gammapathies monoclonales, compliquée par une mauvaise compliance au traitement
POEMS syndrome) et par la poursuite fréquente de l’intoxication éthylique.
Scanner thoracoabdominal (carcinome pulmonaire, lymphome, mala- Elle consiste en l’immobilisation et la mise en décharge du
die de système...) membre où siègent les lésions, associée à des soins locaux
Biologie moléculaire (neuropathies héréditaires) durant plusieurs mois et parfois à une antibiothérapie par
Biopsie neuromusculaire (vasculites, sarcoïdose, amyloses acquises et voie générale. L’évolution est cependant souvent chronique
familiales, infiltrations tumorales, lèpre, formes atypiques de polyradi- et défavorable.
culonévrites inflammatoires chroniques, certaines neuropathies héré-
ditaires) Prurit brachioradial
92.B Le prurit antébrachial ou brachioradial est caractérisé par
un prurit sine materia uni- ou bilatéral siégeant sur les bras
lité, sur un fond d’alcoolisme et de conditions socioécono- et les épaules et s’étendant parfois à l’hémithorax et à l’en-
miques défavorables. Il s’agit de sujets de sexe masculin semble du membre supérieur (fig. 92.6). Il a initialement été
dont l’âge moyen est d’environ 50 ans. Cette pathologie est classé parmi les photodermatoses ⁴⁹,⁵⁰, en raison d’une sur-
actuellement rarement décrite, en raison principalement venue fréquente au décours de la période d’ensoleillement,
d’une amélioration des conditions socioéconomiques de la soit de septembre à décembre dans l’hémisphère nord et se-
population générale. Le tableau clinique complet ⁴⁵ associe rait l’expression de lésions cutanées infracliniques induites
un mal perforant plantaire, des anomalies radiologiques par les ultraviolets. L’hypothèse de troubles paresthésiques
osseuses pouvant aboutir à une déformation cuboïde de localisés liés à une compression nerveuse cervicale a été
l’avant-pied (aspect de pied d’éléphant) (fig. 92.5) et une at- évoquée secondairement ⁵¹ notamment en cas d’arthrose
teinte du système nerveux autonome et sensitif. L’ulcéra- cervicale ou de côte surnuméraire. En effet le prurit est
tion plantaire débute habituellement par une lésion bul- volontiers accompagné de dysesthésies à type de brûlures,
leuse, évoluant vers l’ulcération, indolente et parfois recou- de picotements, de cuisson douloureuse, soulagées par l’ap-
verte d’une croûte noirâtre qui peut masquer l’étendue des plication de packs de glace ⁵². La normalité de l’examen
lésions. Les ulcérations sont souvent bilatérales, parfois dermatologique (en dehors de lésions de prurigo) et la
multiples, mais prédominent sur le membre où les trauma- notion fréquente de douleur ou de traumatisme cervical
tismes locaux sont les plus marqués. Elles siègent électi- confortent l’origine neurogène des symptômes. Les études
vement aux points d’appui : l’avant-pied (tête du premier électrophysiologiques réalisées ont mis en évidence des
métatarsien), le talon, mais aussi au niveau des zones de signes de neuropathie cervicale dans un peu plus de la moi-
conflit pied-chaussure (bord externe du pied). Les déforma- tié des cas ⁵³. Conciliant les deux théories, une étude ana-
tions apparaissent de manière constante après plusieurs an- tomopathologique a montré l’existence de lésions photo-
nées d’évolution. Elles sont généralement bilatérales mais induites labiles des terminaisons nerveuses cutanées chez
avec une prédominance unilatérale. Le pied apparaît rac- les sujets atteints ⁵⁴. Les principales anomalies cervicales
Fig. 92.9 Érythème cyanotique et hyperhidrose du pied gauche au cours Fig. 92.10 Syndrome de Claude Bernard-Horner : association d’un
de la phase chaude d’une dystrophie sympathique réflexe ptosis, d’un myosis et d’une enophtalmie
Système nerveux autonome 92-11
Dysautonomie familiale
La dysautonomie familiale ou syndrome de Riley-Day en-
core appelée neuropathie héréditaire sensitive et autono-
mique de type III est une maladie autosomique récessive ca-
ractérisée par une altération sévère et progressive des fibres
sensitives de petit calibre et de l’activité du système ner-
veux autonome central et périphérique entraînant des dys-
fonctionnements multisystémiques ⁷⁷. La dysautonomie fa-
A miliale est due à des mutations du gène IKBKAP localisé sur
le bras long du chromosome 9 (9q31) ; elle affecte presque
exclusivement la population juive d’Europe de l’Est, sans
prédominance de sexe avec une incidence annuelle de 1 sur
3 600 naissances. En raison d’un phénotype très variable,
le diagnostic est basé sur la présence de plusieurs éléments
constants incluant une alacrymie, l’absence de papilles lin-
guales fongiformes, une diminution des réflexes rotuliens
et l’absence de réponse axonale à l’injection intradermique
d’histamine. La perception de la chaleur et de la douleur
est diminuée dans presque tous les cas, essentiellement au
niveau du tronc et des membres inférieurs. L’atteinte du sys-
tème nerveux central entraîne une labilité émotionnelle et
une ataxie. Les troubles dysautonomiques induisent princi-
palement une dysphagie, des épisodes prolongés de vomis-
sements appelés « crises dysautonomiques », une labilité
tensionnelle, mais également des troubles sudoraux. Au
repos, la sudation est normale ou diminuée mais en cas de
stress émotionnel, une sudation profuse est notée au ni-
veau de l’extrémité céphalique et du tronc mais épargnant
les mains et les pieds ⁷⁸. La sudation excessive survient
également durant les phases de sommeil initial chez de
nombreux patients. Certains patients développent égale-
ment une hypersudation gustative, en générale limitée à
l’arête nasale et au front. Une des hypothèses physiopatho-
géniques expliquant cette hypersudation paradoxale dans
le contexte d’une réduction des fibres nerveuses sympa-
thiques est celle d’une hypersensibilité chimique des fibres
sudomotrices ⁷⁸.
Coll. D. Bessis
HSBOEBVSJDVMBJSF
$ les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les bêtabloqueurs
$BSPUJEFFYUFSOF
et les dérivés de l’ergot de seigle ont une efficacité incons-
tante. La correction chirurgicale d’une éventuelle compres-
Fig. 92.12 Principales étiologies du syndrome des oreilles rouges : sion radiculaire cervicale ou d’une dysfonction temporo-
le conflit radiculaire cervical haut responsable d’une « irritation » des mandibulaire permet parfois une rémission complète. Les
racines C2-C3 ou du nerf grand auriculaire dont il est issu ; la dysfonction blocs anesthésiques locorégionaux ont le plus souvent une
temporo-mandibulaire pouvant atteindre les rameaux nerveux issus du nerf efficacité suspensive ⁸⁴.
grand auriculaire ; les céphalalgies du nerf trijumeau par atteinte du nerf
auriculo-temporal. Dans ce dernier cas, les signes cutanés s’accompagnent Érythermalgie
habituellement de céphalées L’érythermalgie est un acrosyndrome rare, caractérisé par
la triade érythème, augmentation de la chaleur locale et
par les fibres parasympathiques du nerf auriculo-temporal ; douleurs paroxystiques (fig. 92.13). Elle siège plus souvent
lorsque celles-ci sont lésées, elles se régénèrent de manière sur les extrémités des membres inférieurs que des membres
aberrante et viennent innerver les petits vaisseaux cutanés supérieurs ; les lobules des oreilles et les narines sont ra-
et les glandes sudoripares. Ainsi au lieu de stimuler la sécré- rement atteints. Les accès douloureux paroxystiques ré-
tion salivaire de la parotide lors des repas, elles stimulent sultent d’une vasodilatation intense et sont déclenchés
les glandes sudorales et les vaisseaux expliquant l’hyperhi- par l’exposition au chaud ou l’exercice, et calmés par le
drose, les œdèmes et les bouffées vasomotrices localisées à froid et le repos. On distingue les érythermalgies primi-
la région parotidienne. Différents traitements médicaux et tives, survenant dans l’enfance ou l’adolescence, en l’ab-
chirurgicaux ont été proposés avec une efficacité variable. sence de maladie sous-jacente, qu’elles soient sporadiques
Le traitement chirurgical le plus proposé consiste en l’in- ou plus rarement familiales (héréditaires), des érythermal-
terposition de barrières tissulaires variées telles une greffe gies secondaires à un syndrome myéloprolifératif, à une
dermique et le fascia temporopariétal entre la peau de la maladie auto-immune notamment le lupus systémique ou
joue et la glande parotide. Les topiques anticholinergiques à la prise d’un médicament vasodilatateur ⁸⁵,⁸⁶. L’éryther-
tels la scopolamine en solution et en crème ont parfois malgie primitive résulte d’altérations des canaux sodiques
été utilisés avec succès ⁸¹. Plus récemment, les injections induisant une neuropathie des fibres de petit calibre res-
intracutanées de toxine botulique A ont été proposées avec ponsable des troubles vasomoteurs. Elle peut être classée
succès chez la plupart des patients avec une bonne tolé- parmi les canalopathies, au même titre que certaines épi-
rance, une efficacité thérapeutique prolongée (> 6 mois) lepsies ou arythmies cardiaques. Il s’agit d’une maladie au-
et peuvent être répétées ⁸⁰. tosomique dominante. Les patients atteints d’érythermal-
gie primitive ont une mutation du gène SCN9A, situé sur
Syndrome des oreilles rouges le chromosome 2q ⁸⁷. Il code pour la sous-unité alpha du
Le syndrome des oreilles rouges (red ear syndrome) a été in- canal sodique (NaV.17). Ces canaux sodiques se trouvent
dividualisé en 1994 à partir d’une série de 12 patients par principalement dans le ganglion rachidien dorsal et dans
J. W. Lance, neurologue ⁸². Il se caractérise par une inflam- les neurones des ganglions sympathiques. Ils jouent un
mation paroxystique douloureuse, érythémateuse ou rouge- rôle dans la nociception et la régulation vasomotrice. Au
violacée, œdémateuse, chronique de l’oreille externe (pa- cours des crises paroxystiques, il y a également une libéra-
villon et lobule), le plus souvent unilatérale (fig. 92.11). L’at- tion de nombreux médiateurs et principalement de séro-
teinte du lobule des oreilles, la chronicité et l’évolution pa- tonine, substance vasoactive qui joue un rôle important
roxystique permettent d’éliminer une polychondrite chro- dans les douleurs neuropathiques. La prise en charge théra-
nique atrophiante ou les autres étiologies de chondrite ou peutique des érythermalgies reste difficile ⁸⁸-⁹¹. L’efficacité
de périchondrite. Au cours du syndrome des oreilles rouges, des différents traitements essayés est variable, traduisant
des douleurs, des dysesthésies peuvent toucher les régions sans doute la diversité des mécanismes étiopathogéniques
Références 92-13
Coll. D. Bessis
Fig. 92.13 Érythermalgie : érythème cyanique et œdème des pieds
prédominant sur les orteils
1 Andreev VC, Petkov I. Skin manifestations in myeloproliferative disease. Arch Dermatol Parkinson’s disease ? J Neural Transm 1997 ;
associated with tumours of the brain. Br J Der- 1985 ; 121:1240. 104:1295-1304.
matol 1975 ; 92:675-678. 6 Texier L. Palmar erythema and Hodgkin’s 10 Rainero I, Kaye JA, May C et al. Alpha-
2 Noble JP, Boisnic S, Branchet-Gumila MC, disease. Ann Dermatol Venereol 1978 ; 105:349. melanocyte-stimulating hormonelike immuno-
Poisson M. Palmar erythema : cutaneous marker 7 Shuster S, Burton JL, Thody AJ et al. reactivity is increased in cerebrospinal fluid of
of neoplasms. Dermatology 2002 ; 204:209-213. Melanocyte-stimulating hormone and parkin- patients with Parkinson’s disease. Arch Neurol
3 Ochshorn M, Ilie B, Blum I. Multiple telang- sonism. Lancet 1973 ; 1:768. 1988 ; 45:1224-1227.
iectases preceding the appearance of undifferen- 8 Cotterill JA, Cunliffe WJ, Williamson B et 11 Schestatsky P, Valls-Solé J, Ehlers JA et al.
tiated bronchogenic carcinoma. Dermatologica al. Sebum-excretion rate and skin-surface lipid Hyperhidrosis in Parkinson’s disease. Mov Di-
1982 ; 165:620-623. composition in Parkinson’s disease before and sord 2006 ; 21:1744-1748.
4 Valda Rodríguez L, Cárdenas Uzquiano F. during therapy with levodopa. Lancet 1971 ; 1: 12 Swinn L, Shrag A, Viswanathan R et al.
Paraneoplastic palmar erythema. Med Cutan 1271-1272. Sweating dysfunction in Parkinson’s disease.
Ibero Lat Am 1985 ; 13:487-490. 9 Martignoni E, Godi L, Pacchetti C et al. Is Mov Disord 2003 ; 18:1459-1463.
5 Nielsen M. Painful palmar-plantar erythema seborrhea a sign of autonomic impairment in 13 Rubin-Asher D, Zeilig G, Klieger M et al.
92-14 Système nerveux central et périphérique
Dermatological findings following acute trau- magnum : a critical review of existing theories Eveno D. Respective evaluations of mechanical
matic spinal cord injury. Spinal Cord 2005 ; 43: and proposal of a new hypothesis. J Neurol Sci and vascular factors in the pathogenesis of neu-
175-178. 2004 ; 220:3-21. roacropathy. Rev Rhum Ed Fr 1994 ; 61:327-335.
14 Yaggie JA, Niemi TG, Buono MJ. Adapta- 29 Shupenko N.M. Dermatological symptoms 47 Planchon B, Mussini JM, Barrière H. Bureau-
tive sweat gland response after spinal cord in- in syringomyela. Vestn Venereol 1976 ; 9:51-54. Barrière’s acro-neuropathy. Complementary
jury. Arch Phys Med Rehab 2002 ; 83:802-805. 30 Bruckner FE, Howell A. Neuropathic joints. studies and definition of ante-acropathy status.
15 Thomas SE, Conway J, Ebling FJG, Harring- Semin Arthritis Rheum 1972 ; 2:47-69. Ann Dermatol Venereol 1982 ; 109:249-253.
ton CI. Measurment of sebum excretion rate 31 Guillaud V, Marchand C, Granier F et al. 48 Barrière H, Guiheneuc P, Litoux P, We-
and skin temperature above and below the neu- Neurotrophic ulceration of the elbow disclos- lin J. Étude de la vitesse de conduction ner-
rological lesion in paraplegic patients. Br J Der- ing syringomyelia. Ann Dermatol Venereol 1988 ; veuse dans les acropathies ulcéromutilantes de
matol 1985 ; 112:569-573. 115:183-185. l’adulte. Bull Soc Fr Dermatol 1973 ; 80:610-614.
16 Stover SL, Hale AM, Buell AB. Skin com- 32 Simon RP. Neurosyphilis. Arch Neurol 1985 ; 49 Waisman M. Solar pruritus of the elbows
plications other than pressure ulcers following 42:606-613. (brachioradial summer pruritus). Arch Dermatol
spinal cord injury. Arch Phys Med Rehab 1994 ; 33 Weintraub E, Soltani K, Hekmatpanah J, 1968 ; 98:481-485.
75:987-993. Lorincz AL. Trigeminal trophic syndrome. A 50 Walcyk PJ, Elpern DJ. Brachioradial pruri-
17 Nash MS. Known and plausible modula- case and review. J Am Acad Dermatol 1982 ; 6: tus : a tropical dermopathy. Br J Dermatol 1986 ;
tors of depressed immune functions following 52-57. 115:177-180.
spinal cord injuries. J Spinal Cord Med 2000 ; 23: 34 Dicken CH.Trigeminal trophic syndrome. 51 Heyl T. Brachioradial pruritus. Arch Derma-
111-120. Mayo Clin Proc 1997 ; 72:543-545. tol 1983 ; 119:115-116.
18 Cruse JM, Lewis RE, Dilioglou S et al. Re- 35 Monrad SU, Terrell JE, Aronoff DM. The 52 Bernhard JD, Bordeaux JS. Medical pearl :
view of immune function, healing of pressure trigeminal trophic syndrome : an unusual cause the ice-pack sign in brachioradial pruritus. J Am
ulcers, and nutritional status in patients with of nasal ulceration. J Am Acad Dermatol 2004 ; Acad Dermatol 2005 ; 52:1073.
spinal cord injury. J Spinal Cord Med 2000 ; 23: 50:949-952. 53 Cohen AD, Masalha R, Medvedovsky E,
129-135. 36 Bauer F. Trophic ulceration of the ala nasi Vardy DA. Brachioradial pruritus : a symptom
19 Segal JL, Gonzales E, Yousefi S et al. Cir- following trigeminal denervation. J Laryngol of neuropathy. J Am Acad Dermatol 2003 ; 48:
culating levels of IL-2R, ICAM-1, and IL-6 in Otol 1966 ; 80:422-425. 825-828.
spinal cord injuries. Arch Phys Med Rehabil 1997 ; 37 Goodnight JW, Calcaterra T. Trigeminal 54 Wallengren J, Sundler F. Brachioradial pru-
78:44-47. trophic syndrome : a report of two cases and ritus is associated with a reduction in cuta-
20 Campagnolo DI, Bartlett JA, Keller SE. In- review. Am J Otolaryngol 1994 ; 15:219-222. neous innervation that normalizes during the
fluence of neurological level on immune func- 38 Munnoch DA, Morris AM. Trigeminal neu- symptom-free remissions. J Am Acad Dermatol
tion following spinal cord injury : a review. J ralgia, trophic ulceration and the plastic sur- 2005 ; 52:142-145.
Spinal Cord Med 2000 ; 23:121-128. geon. J R Coll Surg Edinb 1998 ; 43:185-188. 55 Goodkin R, Wingard E, Bernhard JD. Bra-
21 Reed WB, Pidgeon J, Becker SW. Patients 39 Mayer RD, Smith NP. Improvement of chioradial pruritus : cervical spine disease and
with spinal cord injury, clinical cutaneous stud- trigeminal neurotrophic ulceration with pi- neurogenic/neuropathic pruritus. J Am Acad
ies. Arch Dermatol 1961 ; 83:379-385. mozide in a cognitively impaired elderly woman– Dermatol 2003 ; 48:521-524.
22 Wilson CL, Walshe M. Incidence of sebor- a case report. Clin Exp Dermatol 1993 ; 18:171- 56 Fleuret C, Dupré-Goetghebeur D, Person H
rehic dermatitis in spinal injury patients. Br J 173. et al. Brachioradial pruritus revealing an ependy-
Dermatol 1988 ; 119:48. 40 Bhushan M, Parry EJ, Telfer NR. Trigem- moma. Ann Dermatol Venereol 2009 ; 136:435-
23 Andersen LS, Biering-Sørensen F, Müller inal trophic syndrome : successful treatment 437.
PG et al. Prevalence of hyperhidrosis in patients with carbamazepine. Br J Dermatol 1999 ; 141: 57 Kanitakis J. Brachioradial pruritus : report
with spinal cord injuries and an evaluation of 758-759. of a new case responding to gabapentin. Eur J
the effect of dextropropoxyphene hydrochlo- 41 Kavanagh GM, Tidman MJ, McLaren KM Dermatol 2006 ; 16:311-312.
ride in therapy. Paraplegia 1992 ; 30:184-191. et al. The trigeminal trophic syndrome : an 58 Daniel GL, Longo WE, Vernava AM, III. Pru-
24 Fast A. Reflex sweating in patients with under-recognized complication. Clin Exp Derma- ritus ani. Causes and concerns. Dis Colon Rec-
spinal cord injury : a review. Arch Phys Med Re- tol 1996 ; 21:299-301. tum 1994 ; 37:670-674.
habil 1977 ; 58:435-437. 42 Finlay AYTrigeminal trophic syndrome. 59 Cohen AD, Vander T, Medvendovsky E et al.
25 Shessel FS, Carrion HM, Politano VA. Phe- Arch Dermatol 1979 ; 115:1118. Neuropathic scrotal pruritus : anogenital pruri-
noxybenzamine and sweating in the spinal cord 43 Philpott OS. Trophic ulcer complicating op- tus is a symptom of lumbosacral radiculopathy.
injury patient. J Urol 1978 ; 120:60-61. erative procedures for the relief of trigeminal J Am Acad Dermatol 2005 ; 52:61-66.
26 Staas WE Jr, Nemunaitis G. Management neuralgia. Rocky Mt Med J 1941 ; 38:626-629. 60 Raison-Peyron N, Meunier L, Acevedo M,
of reflex sweating in spinal cord injured patients. 44 Sommer C, Lauria G. Skin biopsy in the Meynadier J. Notalgia paresthetica : clinical,
Arch Phys Med Rehabil 1989 ; 70:544-546. management of peripheral neuropathy. Lancet physiopathological and therapeutic aspects. A
27 Stover SL, Omura EF, Buell AB. Clinical Neurol 2007 ; 6:632-642. study of 12 cases. J Eur Acad Dermatol Venereol
skin thickening following spinal cord injury 45 Barrière H, Litoux P, Bureau B et al. Acro- 1999 ; 12:215-221.
studied by histopathology. J Am Paraplegia Soc pathies ulcéro-mutilantes acquises de l’adulte. 61 Savk O, Savk E. Investigation of spinal
1994 ; 17:44-49. Étude critique de 150 observations person- pathology in notalgia paresthetica. J Am Acad
28 Levine DN. The pathogenesis of syringo- nelles. Sem Hôp Paris 1975 ; 51:595-599. Dermatol 2005 ; 52:1085-1087.
myelia associated with lesions at the foramen 46 Pistorius MA, Planchon B, Couverchel L, 62 Wallengren J, Klinker M. Successful treat-
Références 92-15
ment of notalgia paresthetica with topical cap- 73 Schott GD. Bisphosphonates for pain relief presentation and outcome in 168 patients. Arch
saicin : vehicle-controlled, double-blind, cross- in reflex sympathetic dystrophy ? Lancet 1997 ; Dermatol 2000 ; 136:330-336.
over study. J Am Acad Dermatol 1995 ; 32:287- 350:1117. 87 Drenth JP, Te Morsche RH, Guillet G et al.
289. 74 Morris JG, Lee J, Lim CL. Facial sweating in SCN9A mutations define primary erythermal-
63 Pérez-Pérez L, Allegue F, Fabeiro JM et al. Horner’s syndrome. Brain 1984 ; 107:751-758. gia as a neuropathic disorder of voltage gated
Notalgia paresthesica successfully treated with 75 Drummond PD, Lance JW. Facial flushing sodium channels. J Invest Dermatol 2005 ; 124:
narrow-band UVB : report of five cases. J Eur and sweating mediated by the sympathetic ner- 1333-1338.
Acad Dermatol Venereol 2010 ; 24:730-732. vous system. Brain. 1987 ;110 :793-803. 88 Burns TM, Te Morsche RH, Jansen JB,
64 Chung MS, Gong HS, Baek GH. Prevalence 76 Saito H. Congenital Horner’s syndrome Drenth JP. Genetic heterogeneity and exclusion
of Raynaud’s phenomenon in patients with id- with unilateral facial flushing. J Neurol Neuro- of a modifying locus at 2q in a family with au-
iopathic carpal tunnel syndrome. J Bone Joint surg Psychiatry 1990 ; 53:85-86. tosomal dominant primary erythermalgia. Br J
Surg Br 1999 ; 81:1017-1019. 77 Slaugenhaupt SA, Gusella JF. Familial Dermatol 2005 ; 153:174-177.
65 Porter JM, Snider RL, Bardana EJ et al. dysautonomia. Curr Opin Genet Dev 2002 ; 12: 89 Legroux-Crespel E, Sassolas B, Guillet G et
The diagnosis and treatment of Raynaud’s phe- 307-311. al. Traitement de l’érythermalgie familiale par
nomenon. Surgery 1975 ; 77:11-23. 78 Bickel A, Axelrod FB, Marthol H et al. Su- l’association lidocaïne-méxilétine. Ann Derma-
66 Bouvier M, Lejeune E, Rouillat M, Marion- domotor function in familial dysautonomia. J tol Venereol 2003 ; 130:429-433.
net J. Disfiguring ulcer forms of the carpal tun- Neurol Neurosurg Psychiatry 2004 ; 75:275-279. 90 Natkunarajah J, Atherton D, Elmslie F et al.
nel syndrome. Rev Rhum Mal Osteoartic 1979 ; 79 Laskawi R, Rohrbach S. Treatment of gus- Treatment with carbamazepine and gabapentin
46:169-176. tatory sweating with botulinum toxin : special of a patient with primary erythermalgia (ery-
67 Romani J, Puig L, de Miguel G, de Morages aspects. ORL J Otorhinolaryngol Relat Spec 2001 ; thromelalgia) identified to have a mutation
JM. Carpal tunnel syndrome presenting as scle- 63:294-297. in the SCN9A gene, encoding a voltage-gated
rodactylia, nail dystrophy and acro-osteolysis 80 Hayes LL. The Frey syndrome : a review sodium channel. Clin Exp Dermatol 2009 ; 34:
in a 60-year-old woman. Dermatology 1997 ; 95: and double blind evaluation of the topical use of e640-642.
159-161. a new anticholinergic agent. Laryngoscope 1978 ; 91 Nathan A, Rose JB, Guite JW et al. Primary
68 Fritz TM, Burg G, Böni R. Carpal tunnel 88:1796-1824. erythromelalgia in a child responding to intra-
syndrome with ulcerous skin lesions. Dermato- 81 von Lindern JJ, Niederhagen B, Bergé S et venous lidocaine and oral mexiletine treatment.
logy 2000 ; 201:165-167. al. Frey syndrome : treatment with type A bo- Pediatrics 2005 ; 115:e504-507.
69 Westerhof W, Bos JD Trigeminal trophic tulinum toxin. Cancer 2000 ; 89:1659-1663. 92 Rudikoff D, Jaffe IA. Erythromelalgia : re-
syndrome : a successful treatment with transcu- 82 Lance JW. The red ear syndrome. Neurology sponse to serotonin reuptake inhibitors. J Am
taneous electrical stimulation. Br J Dermatol 1996 ; 47:617-620. Acad Dermatol 1997 ; 37:281-283.
1983 ; 108:601-604. 83 Brill TJ, Funk B, Thaçi D, Kaufmann R. Red 93 Harrison CM, Goddard JM, Rittey CD. The
70 Tada J, Ueda M, Abe Y et al. Trigeminal ear syndrome and auricular erythromelalgia : use of regional anaesthetic blockade in a child
trophic syndrome — a report of three patients. the same condition ? Clin Exp Dermatol 2009 ; with recurrent erythromelalgia. Arch Dis Child
J Dermatol 1991 ; 18:613-615. 34:626-628. 2003 ; 88:65-66.
71 Wasner G, Backonja MM, Baron R. Trau- 84 Boulton P, Purdy RA, Bosch EP, Dod- 94 Fertleman CR, Ferrie CD, Aicardi J et al.
matic neuralgias : complex regional pain syn- ick DW. Primary and secondary red ear syn- Paroxysmal extreme pain disorder (previously
dromes (reflex sympathetic dystrophy and drome : implications for treatment. Cephalalgia. familial rectal pain syndrome). Neurology 2007 ;
causalgia) : clinical characteristics, pathophys- 2007 ;27 :107-110. 69:586-595.
iological mechanisms and therapy. Neurol Clin 85 Cohen JS. Erythromelalgia : new theories 95 Sanchez-Martin J, Trindade F, Blasquez A
1998 ; 16:851-868. and new therapies. J Am Acad Dermatol 2000 ; et al. Phénomène arlequin du nouveau-né : ex-
72 Tran de QH, Duong S, Bertini P, Finlayson 43:841-847. pression cutanée d’un syndrome douloureux pa-
RJ. Treatment of complex regional pain syn- 86 Davis MD, O’Fallon WM, Rogers RS 3rd, roxystique. Ann Dermatol Venereol 2008 ; 135:
drome : a review of the evidence. Can J Anaesth Rooke TW. Natural history of erythromelalgia : A181-182.
2010 ; 57:149-166.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Girard C. Système nerveux central et périphérique. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations
dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 92.1-92.15.
93
Maladies psychiatriques
Madhulika A. Gupta
STRESS STRESS
ENVIRONNEMENTAL PSYCHIQUE
Hypothalamus
CRH
Hypophyse
{
INHIBITION Épiderme
FONCTION BARRIÈRE IL-1
Derme
Annexes Kératinocyte
Mélanocyte
Mastocyte
{ CYTOKINES
UROCORTINE
CRH
ACTH
IL-6
TNF
α-MSH
POMC
ACTH
β-endorphines
Sébocyte
Surrénale
CORTISOL
FONCTIONS : – MÉTABOLIQUE
Coll. D. Bessis
– IMMUNOLOGIQUE
– HOMÉOSTATIQUE
Fig. 93.1 Stress et axe hypothalamo-hypophysaire : le stress psychique induit la production hypothalamique de CRH qui stimule la sécrétion
hypophysaire de différents peptides dérivés de la proopiomélanocortine (POMC) comme l’ACTH, l’α-MSH et les bêta-endorphines. L’ACTH stimule la
production et la sécrétion du cortisol par le cortex surrénalien responsable d’une inhibition de la fonction barrière cutanée et de modifications des fonctions
métaboliques, immunologiques et homéostatique. La peau, via ses différents constituants cellulaires (kératinocytes, mélanocytes, sébocytes, mastocytes),
agit également comme un système neuro-endocrine réactif au stress environnemental en produisant localement la CRH, l’urocortine-1 et les peptides
dérivés de la proopiomélanocortine comme l’ACTH, l’α-MSH et diverses cytokines pro-inflammatoires (IL-1, IL-6, TNF-α)
ACTH adrenocorticotropic hormone · CRH corticotropin-releasing hormone · IL interleukine · MSH melanocyte-stimulating hormone · TNF tumor necrosis factor
Pathologies cutanées auto-induites 93-3
équilibre de la balance Th1-Th2 au profit de l’immunité hu- couches superficielles de la peau (« tape stripping »), à l’in-
morale Th2. Les réponses neuro-hormonales au stress im- verse du stress psychologique chronique associé à une di-
pliquent également le système nerveux sympathique, son minution de réponse de l’axe hypothalamo-hypophysaire.
activation ayant pour conséquence une augmentation de Les glucocorticoïdes inhibent la prolifération des cellules
production des catécholamines. Le système nerveux sympa- de l’épiderme et la synthèse des lipides, diminuent la pro-
thique participe directement à l’inflammation cutanée. Les duction de cytokines et de lymphokines nécessaires à la
fibres nerveuses sympathiques et les nerfs sensitifs sont réparation des tissus et induisent une vasoconstriction mé-
responsables de l’innervation du derme et de l’épiderme où diée par le système nerveux sympathique à l’origine d’une
elles sécrètent de la norépinéphrine. Les catécholamines diminution du flux sanguin au niveau de la plaie.
ont un effet suppresseur sur les cellules de Langerhans qui
sont anatomiquement associées à ces fibres nerveuses. Les Pathologies cutanées auto-induites
cellules de Langerhans, dérivés de la moelle osseuse, parti-
cipent à la réaction immunitaire et migrent de la peau vers Les pathologies cutanées auto-induites relèvent de plu-
les ganglions lymphatiques. Elles possèdent des récepteurs sieurs cadres cliniques distincts. Schématiquement, on
de surface communs aux macrophages et jouent le rôle de peut distinguer 1o les dermatoses factices, dominées
cellules présentatrices d’antigènes. par la pathomimie cutanée ; 2o les dermatoses secon-
Les réponses cutanées au stress aigu comprennent une ac- daires ou aggravées par des attitudes compulsives et/ou
tivation des fonctions immunitaires cutanées tandis que des troubles dépressifs comme les excoriations névrotiques,
le stress chronique a un effet immunosuppresseur. Les l’acné excoriée, la trichotillomanie, l’onychophagie, l’ony-
lymphocytes expriment des récepteurs adrénergiques et chotillomanie, la pachydermatodactylie et la chéilite in-
répondent à une augmentation du taux de catécholamines duite par tic de léchage ; 3o les dermatoses secondaires
induites par le stress par une prolifération, des modifica- aux simulations dans un but de bénéfice social ou financier
tions de leur migration, circulation, prolifération et de leur (tableau 93.1).
production cytokinique. Un stress aigu survenant avant
l’exposition à un nouvel antigène augmente la formation Pathomimie cutanée
de lymphocytes T mémoires et un stress aigu vécu du- La pathomimie cutanée ou dermatose factice auto-induite
rant une réexposition à un antigène peut augmenter la s’intègre dans le large cadre des maladies factices qui
réponse immunitaire secondaire. À l’opposé, le stress chro- peuvent toucher tous les organes et intéresser l’ensemble
nique peut diminuer la réponse immunitaire aux vaccins, des spécialités (médecine interne, endocrinologie, ophtal-
ralentir la cicatrisation, et réactiver des infections virales mologie, otorhinolaryngologie, et chirugie entre autres).
latentes comme l’infection à Herpesvirus. Le stress aigu La peau en constitue une cible privilégiée en raison de sa
est également associé à une augmentation de l’activation visibilité, de son accessibilité et de son rôle clé dans le déve-
et de la dégranulation des cellules mastocytaires, facteurs loppement de l’image corporelle et comme expression sym-
intervenant au cours de l’urticaire ou des réactions ana- bolique des émotions et des sentiments. La pathomimie
phylactiques induites par le stress. Les cellules mastocy- se définit comme l’autoprovocation volontaire, consciente,
taires jouent un rôle clé dans la connection « peau-système dissimulée et apparemment irrationnelle de symptômes cli-
nerveux » et constituent un important facteur de régula- niques au niveau du revêtement cutané cutanéo-muqueux
tion de l’inflammation neurogénique durant la réponse au et/ou des phanères ¹³. Le caractère irrationnel de l’affec-
stress. Un large spectre de médiateurs du stress comme tion exclut la simulation, bien qu’une recherche de béné-
CRH, ACTH, certaines cytokines et la substance P sont des fices matériels soit secondairement possible. La production
déclencheurs de l’activation mastocytaire, qui à son tour en- inconsciente des symptômes diffère la pathomimie de la
traîne la synthèse et le relargage de médiateurs stockés et conversion. Le caractère dissimulé exclut les affections au-
conduisent à l’exacerbation d’un large spectre d’affections toprovoquées comme les automutilations, les excoriations
dermatologiques. Les mastocytes cutanés sont stimulés névrotiques et la trichotillomanie ¹⁴.
par les médiateurs classiques du stress comme l’ACTH et La pathomimie cutanée est rare, mais son incidence pré-
le CRH, mais sont également générateurs d’hormones du cise reste inconnue. Elle touche avec prédilection la femme,
stress comme le CRH. La cellule mastocytaire cutanée est avec un sex-ratio variant de 3F/1H à 20F/1H selon les
l’une des sources les plus riches en CRH. Les affections der- études (biais d’inclusion en relation avec les lieux d’étude et
matologiques où les mastocytes jouent un rôle important les populations de malades, caractère rétrospectif ou non)
comprennent la pelade, la dermatite atopique, le psoriasis, et les critères de définition utilisés (confusion parfois avec
l’urticaire chronique, l’eczéma de contact, l’acné vulgaire et les autres dermatoses autoprovoquées). Elle peut commen-
diverses formes de prurit. cer à tout âge, mais son incidence est maximale chez l’ado-
lescent ou le jeune adulte. Elle est le plus souvent précédée
Stress psychologique, fonction barrière cutanée et cicatrisation ¹¹,¹² par un important stress psychosocial. Dans la majeure par-
Plusieurs études récentes ont démontré que le stress psy- tie des cas, les patients ont un lien étroit direct ou indirect
chologique aigu, responsable d’une augmentation du taux avec le milieu médical. Un antécédent de sévices physiques
de glucocorticoïdes, altère la fonction de restauration de ou sexuels ou de carence affective prolongée au cours de
la barrière cutanée induite par l’arrachage successif des l’enfance (hospitalisation prolongée, abandon, longue sépa-
ration) est également fréquemment noté ¹⁵. sible et peut initialement égarer le diagnostic ;
Le diagnostic est difficile à affirmer en raison de la mul- − leur mode de survenue très caractéristique, marqué par
tiplicité des lésions cliniques élémentaires possibles sui- un début brutal, simultané et d’emblée évolué des lé-
vant la créativité des patients et le mécanisme traumatique sions, généralement en peau saine. Il peut également
utilisé : bulles, excoriations, érosions superficielles, ulcéra- s’agir de l’auto-entretien d’une dermatose caractérisée :
tions, abrasions, ecchymoses, purpura, érythème, œdème retard de cicatrisation d’ulcérations de jambe, pérenni-
ou autres signes de traumatisme ou de brûlures. Il est évo- sation d’un eczéma de contact (par exposition à l’agent
qué à partir de l’interrogatoire et d’un faisceau de signes de contact sensibilisant) ;
cliniques ¹³-¹⁷ : − l’association à des symptômes fonctionnels d’intensité
− la topographie des lésions cutanées, accessible manuel- inhabituelle ;
lement ou de façon instrumentale. Il s’agit le plus sou- − leur évolution bizarre, capricieuse, avec des lésions très
vent du visage, de la partie haute du tronc et des extré- rapidement résolutive ou inversement d’évolution très
mités (fig. 93.2) ; prolongée accompagnée de demandes fréquentes et in-
− la séméiologie de lésions aux formes bizarres, à bords sistantes d’hospitalisation ou de vagabondage médical ;
anguleux et géométriques, ou linéaires (révélant dans − une anamnèse creuse et des interrogatoires souvent
ce cas l’utilisation de liquides caustiques) et parfaite- flous, incohérents. L’ambiance de la consultation médi-
ment démarquées de la peau adjacente saine (fig. 93.3). cale peut également être évocatrice : le patient semble
La reproduction d’une authentique dermatose anté- détaché, son attitude décalée par rapport à des lésions
rieure ou présente chez un proche est également pos- cutanées affichantes et douloureuses, souriant inno-
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Trichotillomanie
Coll. D. Bessis
La trichotillomanie constitue une cause fréquente d’alo-
pécie mais sa prévalence exacte reste inconnue, estimée
suivant diverses études à environ 1 % de la population gé-
Fig. 93.6 Cicatrices pigmentées linéaires des poignets et du dos des nérale. Sa définition d’après les critères du DSM-IV-TR de
mains secondaire à des excoriations névrotiques l’American Psychiatric Association est restrictive, mais utili-
sée dans la plupart des études ²⁴ : 1o arrachage récurrent
sif étant fréquemment associé et antérieur au trouble de la de ses propres cheveux à l’origine d’une perte de cheveux
conduite et constitue le traitement médical de référence du notable ; 2o perception d’une tension croissante précé-
syndrome de stress post-traumatique fréquemment causal dant immédiatement l’arrachage ou en cas de résistance au
de l’affection ¹⁶. La prise en charge psychiatrique doit être comportement d’arrachage ; 3o sensation de plaisir, de
considérée progressivement et prudemment, une fois une gratification ou de soulagement après l’arrachage ; 4o ab-
relation de confiance solidement établie entre le dermato- sence d’autre pathologie mentale pouvant rendre compte
logue et son patient, de façon à ce qu’elle ne soit pas perçue de l’arrachage ; 5o détresse et difficultés sociales ou pro-
comme un abandon du suivi médical dermatologique. Le fessionnelles dues à cette affection. Ces critères ont l’incon-
pronostic de cette affection reste mal connu et semble indé- vénient de méconnaître une forme clinique dite « automa-
pendant du type de pathologie psychiatrique sous-jacente, tique », fréquemment observée en pratique clinique, où l’ha-
ou de l’ancienneté, de la nature et de l’évolutivité des lé- bitude d’arrachage des cheveux n’est pas précédée par une
sions. tension ni suivie par une sensation de soulagement, et sur-
vient de façon automatique au cours de situations variées
Excoriations névrotiques et acné excoriée où l’attention doit être maintenue (par exemple regarder
Elles désignent les lésions cutanées secondaires au geste la télévision, être au téléphone, lire, etc.). Suivant l’âge de
compulsif de manipuler sa peau (gratter, piquer, frotter) début de la trichotillomanie, on distingue la forme infan-
dans le but d’en retirer la plus petite imperfection. Elles tile qui touche avec prédilection l’enfant entre 5 à 12 ans,
s’observent le plus souvent chez la femme, peuvent surve- sans prépondérance de sexe, généralement en rapport avec
nir à tout âge à partir de l’enfance ²². Les cas plus sévères un stress psychosocial familial, et de bon pronostic, rapi-
et récalcitrants débutent entre la troisième et la cinquième dement résolutif avec ou sans traitement ²⁴. Un comporte-
décennie. Les lésions peuvent être initiées par une irrégu- ment de manipulation des cheveux arrachés et une éven-
larité minime de la peau comme un comédon, une papule tuelle trichophagie, parfois à l’origine d’un trichobézoard,
post-piqûre d’insecte, une papule d’acné ou une folliculite.
Il s’agit d’excoriations de taille variable (quelques mm à plu-
sieurs cm), superficielles ou profondes, se traduisant par
des ulcérations circulaires ou linéaires profondes, cernées
d’une bordure hypertrophique et recouvertes d’une croûte
sanguinolente (fig. 93.6) ²³. Elles se distribuent préférentiel-
lement sur les surfaces d’extension des avant-bras, bras,
jambes, cuisses, partie haute du tronc et le visage. Dans la
plupart des cas, les excoriations névrotiques s’observent au
cours de troubles obsessionnels-compulsifs, avec une fré-
quente évolution en dents de scie favorisée par des stress
psychosociaux et/ou de troubles anxiodépressifs. Au cours
de l’acné excoriée, les lésions débutent essentiellement à
l’adolescence et sont situées sur les zones touchées par
l’acné, le visage essentiellement (fig. 93.7), parfois le cou et le
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
non inflammatoire linéaire du sommet du crâne
s’observer au cours de nombreux troubles psychiatriques − anomalies environnementales, où des facteurs de risque
majeurs : schizophrénie et autres troubles psychotiques pré- ou péri-nataux affectent le développement céré-
comme les troubles délirants : troubles délirants de type bral ;
somatique (ou psychoses hypochondriaques monosympto- − anomalies neurodéveloppementales ;
matiques), trouble psychotique partagé (ou folie à deux) ; − dysfonctionnement des systèmes dopaminergiques,
troubles de l’humeur en particulier dans l’état dépressif glutaminergiques et gamma-amino-butyriques ;
majeur ; troubles anxieux comme les troubles obsession- − anomalies de l’intégrité des membranes neuronales, lar-
nels compulsifs, la phobie sociale, le trouble de stress post- gement composées de phospholipides.
traumatique ; troubles somatoformes comme les troubles Bizarreries et excentricités dermatologiques Un accou-
dysmorphiques corporels (ou dysmorphophobie) et la né- trement bizarre ou une apparence excentrique peuvent être
vrose de conversion ; troubles dissociatifs et troubles des observés comme des coupes de cheveux extrêmes ou bi-
conduites alimentaires comme l’anorexie mentale et la bou- zarres, un rasage complet ou un changement inhabituel
limie. Un trouble de la personnalité limite (« borderline »), de couleur capillaire ²⁹. L’automutilation, définie comme
narcissique, histrionique (anciennement « hystérique ») ou une mutilation ou une blessure corporelle délibérée et
de type obsessionnel compulsif peut également être pré- non suicidaire, ne constitue pas une caractéristique com-
sent chez certains groupes de patients en dermatologie. mune de la schizophrénie. Lorsqu’elle est présente, elle
Pour nombre d’entre eux, plusieurs troubles psychiatriques peut revêtir une présentation extrême et bizarre comme
peuvent coexister : par exemple, la dépression majeure une énucléation, une auto-amputation pénienne, une au-
est fréquemment associée à des troubles anxieux et des tocastration, des mutilations génitales chez la femme, et
troubles dysmorphiques corporels, et certains désordres ce conjointement à la présence de signes cliniques psychia-
anxieux, comme le trouble de stress post-traumatique, triques ³⁰. Plusieurs publications mentionnent également
peuvent être associés à des troubles dissociatifs. que les patients schizophrènes ont un seuil de sensibilité
Les principales manifestations dermatologiques des symp- à la douleur physique (par exemple secondaire à une mala-
tômes psychiatriques primaires sont résumées dans le die ou à un traumatisme) plus bas que chez le sujet sain ³¹.
tableau 93.2. Les idées délirantes et les hallucinations constituent les
signes cardinaux de la schizophrénie ²⁶. Les idées délirantes
Schizophrénie ²⁶,²⁸ paranoïdes peuvent représenter une des caractéristiques
La schizophrénie regroupe un ensemble d’affections psy- de la schizophrénie et, à la différence des troubles para-
chiatriques chroniques sévères, touchant en moyenne 1 % noïdes, sont typiquement bizarres, de mode incongru et
de la population mondiale adulte. Elle débute généralement de nature idiosyncrasique. Par exemple, le patient schizo-
à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Elle peut être phrénique peut se plaindre que des partenaires jaloux le
inaugurée par un épisode aigu durant deux à trois semaines, traquent en lui implantant un transmetteur sous la peau.
ou s’installer de façon plus insidieuse. Les critères diagnos- Les idées délirantes somatiques, caractérisées par des pré-
tiques de schizophrénie (DSM-IV-TR, American Psychiatric occupations sur des parties du corps considérées comme
Association, 2000) ²⁶ reposent sur la présence de deux ou malades ou fonctionnant mal, mais sans aucune évidence
plus des manifestations suivantes, chacune pendant une médicale objective, sont également typiquement bizarres.
partie significative du temps pendant une période d’un Par exemple, un patient schizophrène peut être convaincu
mois (ou moins en cas de réponse favorable au traitement) : que ses lésions cutanées constituent des messages de la
des symptômes positifs qui traduisent un excès ou une dis- part d’une autre personne, ou le signe qu’un ver s’est intro-
torsion des fonctions : 1o idées délirantes ; 2o halluci- duit dans son corps et envahit progressivement ses organes
nations ; 3o discours désorganisé ; 4o comportement internes. Les idées délirantes au cours de la schizophrénie
grossièrement désorganisé ou catatonique ; et/ou 5o des tendent à être plus extrêmes et bizarres que par exemple au
symptômes négatifs qui reflètent une diminution ou une cours des délires de parasitose. La schizophrénie peut être
perte de fonction (par exemple émoussement affectif, alo- responsable d’hallucinations somatiques tactiles ou cenes-
gie (perte de faculté de parler) ou perte de volonté. Certains thésiques, comme par exemple la sensation d’être touché
signes de la perturbation doivent persister au moins six par une autre personne ou de subir une altération de son
mois, et il existe un dysfonctionnement social ou dans les corps ³². Ces hallucinations somatiques sont typiquement
activités comme le travail, les relations interpersonnelles bizarres, et, par exemple, un patient peut se plaindre que
ou les soins personnels. Il existe une importante hétéro- des extra-terrestres lui infligent des décharges électriques
généité dans la présentation et la combinaison des symp- corporelles. Le sentiment de passivité, caractéristique de la
tômes de la schizophrénie. schizophrénie lorsque le patient perçoit qu’un agent exté-
La schizophrénie est un trouble complexe faisant interve- rieur a pris le contrôle de ses pensées, de ses sentiments et
nir de nombreux facteurs étiologiques : de ses actions (aussi dénommé automatisme mental), peut
− anomalies génétiques, où le déterminisme du trait est se manifester par diverses plaintes somatiques ³² : sensa-
complexe. Il fait intervenir la combinaison de nom- tions de brûlures, de chaleur intense de la région vulvaire
breux gènes et des facteurs non génétiques, par opposi- ou autres dysesthésies.
tion au trait mendélien ne faisant intervenir qu’un seul Anomalies des dermatoglyphes et anomalies morpho-
gène ; logiques mineures Des anomalies des empreintes digi-
Manifestations dermatologiques des troubles psychiatriques 93-9
Tableau 93.2 Principales manifestations dermatologiques des symptômes psychiatriques primaires ⁴,²⁶-²⁸
Symptômes Définition Manifestations dermatologiques Comorbidités psychiatriques
psychiatriques
Idées délirantes Fausse conviction, basée sur une Délires de parasitose ou de bromhidrose Troubles délirants de type somatique (ou
inférence incorrecte de la réalité externe, (sueurs malodorantes) psychose hypochondriaque
non corrélée à l’intelligence et la culture Délires de défiguration en lien avec la monosymptomatique)
du patient, et qui ne peut être corrigée peau Troubles psychotiques partagés (folie à
par le raisonnement deux)
Troubles dépressifs majeurs avec des
caractéristiques psychotiques
Schizophrénie débutante
Troubles cognitifs (par ex. délirium,
démence)
Hallucinations Fausse sensation sensorielle non liée à Hallucinations tactiles ou haptiques Schizophrénie avec délires somatiques
un réel stimulus externe, avec ou sans (plaintes sur une infestation cutanée) Démence chez les personnes âgées
perception délirante de l’expérience Privations sensorielles relatives
hallucinatoire Neuropathies périphériques
Intoxications par des substances
inductrices de troubles psychotiques
(sympathomimétiques)
Humeur dépressive Sentiment envahissant et éprouvant de Douleur cutanée inexpliquée Troubles dépressifs majeurs
tristesse ou de perte d’intérêt ou de Dysesthésies du scalp Troubles somatoformes (par ex. troubles
repli par rapport à des activités perçues Autres dysesthésies localisées : dysmorphiques corporels)
autrefois comme agréables vulvodynies, scrotodynies,
douleurs/dysesthésies orofaciales et
burning mouth syndrome
Attaques de panique Attaque intense, aiguë et épisodique Périodes de transpiration profuse Troubles de stress post-traumatique
d’anxiété associée à des troubles du inexpliquée, sueurs nocturnes et Troubles de panique
système nerveux autonome et des réactions de flushes
sentiments accablants de terreur
Flashback Expérience pénible et répétée de Sensations cutanées sensitives Troubles de stress post-traumatique
troubles de la perception où l’expérience inexpliquées Troubles dissociatifs
perçue peut représenter une reviviscence Urticaires généralisées
du passé Urticaires et/ou angio-œdèmes parfois
localisés sur des zones corporelles qui
ont été sujettes à des abus ou des
traumatismes
Douleurs ou prurit sur d’anciennes
cicatrices résultant d’abus physiques
antérieurs (flashback sensoriels)
Conversion (hystérie) Conversion : altération ou limitation Symptômes sensoriels cutanés Troubles de stress post-traumatique
et dissociation involontaire du fonctionnement inexpliqués ou déficitaires (par ex. perte Troubles somatoformes
physique, touchant habituellement les de la sensation du toucher et/ou de la Troubles dissociatifs
fonctions motrices ou sensitives douleur, engourdissement)
volontaires, et résultant d’un conflit ou Hématomes faciles ou inexpliqués (par
d’un besoin psychologique ex. purpura psychogénique du syndrome
Dissociation : perturbation touchant des de Gardner Diamond qui peuvent
fonctions normalement intégrées comme constituer une réaction de conversion)
la conscience, la mémoire, l’identité ou Prurit inexpliqué et lésions de grattage
la perception de l’environnement ; (peut constituer un des caractères des
représente un mécanisme de défense troubles dissociatifs)
contre le traumatisme psychologique Dermatoses auto-induites (par ex.
pathomimie, trichotillomanie et parfois
excoriations névrotiques)
Troubles de Plaintes dermatologiques liées à Plaintes sur des imperfections cutanées Troubles dysmorphiques corporels
perception de l’apparence et ne correspondant pas à imaginaires ou minimes Troubles des conduites alimentaires
l’image corporelle des constatations objectives Préoccupations concernant la forme, la (anorexie mentale, boulimie nerveuse)
liés à la peau taille ou d’autres aspects du visage Troubles dépressifs majeurs
Troubles obsessionnels compulsifs
Phobie sociale
Troubles de personnalité narcissique
93-10 Maladies psychiatriques
tales et des anomalies morphologiques mineures, le plus de symptômes plus négatifs (déficitaires), d’une atteinte
souvent du massif cranio-facial, peuvent constituer des psychiatrique plus sévère et de performances neuropsycho-
marqueurs précoces de troubles du développement neuro- logiques au travail plus altérées pouvant être liées à une
embryonnaire. En effet, le système nerveux central et l’épi- dysfonction frontale. Le mécanisme sous-tendant cette visi-
derme dérivent tous deux de l’ectoderme et la présence de bilité anormale des plexus veinulaires sous-papillaires reste
certains signes dermatologiques peut constituer un mar- inconnu mais pourrait reposer sur un amincissement cu-
queur indirect d’anomalies du développement cérébral sur- tané augmenté, conférant une transparence cutanée anor-
venues au cours de la période prénatale. Ainsi la morpholo- male ³⁵.
gie des dermatoglyphes ou la présence d’anomalies morpho- Cutis verticis gyrata Il se caractérise par un cuir chevelu
logiques mineures sont influencées par de nombreux fac- épaissi parcouru de bourrelets et de sillons (fig. 93.10). Ce
teurs environnementaux durant la période gestationnelle signe a été associé à des anomalies mentales comme le re-
allant de la fin du premier trimestre au début du deuxième tard intellectuel et la schizophrénie. Une étude chinoise ³⁷
trimestre, et demeurent fixées à vie. La forte prévalence rapporte une prévalence de 2 % de cutis verticis gyrata au
d’anomalies des dermatoglyphes (nombre réduit de lignes cours de la schizophrénie et du retard mental avec, dans
de crête ou de crêtes palmaires) au cours de la schizophrénie le cas de cette dernière affection, une association plus fré-
suggère des troubles de développement structurel ectoder- quente à des déficits neurologiques.
mique cérébral et cutané, d’origine génétique et/ou épigé-
nétique ³³. Les anomalies morphologiques mineures repré-
sentent de petites anomalies de la morphogenèse, condui-
sant à des altérations subtiles du développement morpho-
logique du visage, des yeux, des oreilles, de la bouche, des
mains et des pieds ³⁴. Elles sont le plus souvent secondaires
à des anomalies du développement survenant au cours du
premier et du second trimestre. Il existe un nombre aug-
menté d’anomalies morphologiques mineures au cours de
la schizophrénie en comparaison avec d’autres troubles psy-
chiatriques comme les troubles bipolaires. Une fréquence
notable de ces anomalies morphologiques mineures est éga-
Coll. D. Bessis
lement présente au cours d’affections variées comme les
troubles du spectre autistique ou le syndrome fœtal alcoo-
lique. Une étude ³⁴ comparant 40 patients schizophrènes,
leurs parents non schizophrènes et un groupe contrôle de Fig. 93.10 Cutis verticis gyrata : cuir chevelu épaissi et parcouru de
42 patients révélait que les anomalies morphologiques mi- bourrelets et de sillons
neures (mesurées à partir d’une échelle de référence Wal-
drop) comme les cheveux en tourbillon, les fentes palatines Flush induit par la niacine L’absence ou la diminution
ou l’asymétrie faciale étaient prédictives du statut de schi- de réaction physiologique de flush à la niacine (acide nico-
zophrène. D’autres anomalies dermatologiques reliées aux tinique) au cours de la schizophrénie ont historiquement
anomalies morphologiques mineures et plus fréquentes été observées lors d’essais thérapeutiques par la niacine à
dans le groupe des patients schizophrènes ³⁴ étaient pré- fortes doses (plus de 3 g par jour). Sa prévalence est évaluée
sentes : fusion des sourcils, pli palmaire anormal, petits à 50 à 90 % des patients schizophrènes, contre 8 à 23 %
ongles des doigts et ongles des orteils hyperconvexes. dans la population générale, que la niacine soit administrée
Visibilité des plexus veinulaires sous-papillaires péri- par voie orale ou locale (patch de nicotinate de méthyle).
unguéaux Une visibilité du réseau capillaire péri-unguéal En revanche, cette anomalie n’est pas observée au cours
est classique au cours de l’enfance, mais est peu observée d’autres troubles psychiatriques comme la dépression, les
après la puberté (3-7 % de la population générale) ³⁵. Une troubles bipolaires ou l’autisme ³⁸. Au cours de la schizo-
étude de capillaroscopie péri-unguéale portant sur 139 pa- phrénie, elle serait liée à une anomalie du métabolisme
tients schizophrènes, 66 patients atteints de troubles dé- phospholipidique et une diminution du taux d’acides gras
pressifs uni- ou bipolaires et 119 patients contrôle in- essentiels polyinsaturés, en particulier de l’acide arachido-
demnes d’affections psychiatriques, a mis en évidence une nique et de l’acide docosahexaénoïque ³⁹,⁴⁰. L’acide arachido-
visibilité anormale du plexus veineux péri-unguéal chez nique joue un rôle prépondérant comme second messager
près de 20 % des patients schizophrènes contre 8 % des du signal de transduction de plusieurs neurotransmetteurs
patients atteints de troubles uni- ou bipolaires ou apparte- (dopamine, glutamate...) et de certains facteurs trophiques
nant au groupe contrôle non psychiatrique ³⁵. Cette anoma- comme le fibroblast growth factor, le nerve growth factor ou
lie est présente aussi bien chez les patients souffrant de schi- neurotrophiques comme le brain-derived neurotrophic factor.
zophrénie, mais également chez les individus ayant un anté- La diminution de l’acide arachidonique au niveau des mem-
cédent familial de schizophrénie chez leurs parents au pre- branes cellulaires au cours de la schizophrénie pourrait être
mier ou au deuxième degré ³⁵,³⁶. Elle témoignerait chez les liée à une augmentation de l’activité de la phospholipase A2
patients atteints de schizophrénie chronique de la présence responsable d’une diminution de sa conversion en prosta-
Manifestations dermatologiques des troubles psychiatriques 93-11
glandine D2, ce dernier médiateur étant à l’origine de la 2o augmentation ou réduction de l’activité psychomotrice,
vasodilatation cutanée. 3o fatigue ou perte d’énergie, 4o idées de dévalorisa-
Cancers cutanés Plusieurs études épidémiologiques ont tion ou excès de culpabilité inappropriée, 5o difficul-
mis en évidence une diminution du risque de cancer cutané, tés de pensée, de concentration ou de prise de décision,
en particulier de mélanome, au cours de la schizophrénie 5o idées de mort récurrentes avec ou sans idées suicidaires.
par rapport à la population générale ⁴¹,⁴². De nombreux L’agitation psychomotrice de certains patients peut se tra-
facteurs causals sont évoqués : diminution de l’exposition duire par une anxiété dominante et ne doit pas être confon-
solaire, effet protecteur d’une augmentation du taux de due avec un trouble primaire anxieux. Les troubles végé-
dopamine ⁴²,⁴³. tatifs associés aux troubles dépressifs constituent une ca-
ractéristique de la dépression majeure. Ainsi, le trouble dé-
Autres troubles psychotiques pressif s’accompagne d’altérations mesurables du rythme
Ils se regroupent autour des troubles délirants : les idées circadien, par exemple de la sécrétion cortisolique ou des
délirantes de type somatique (ou psychoses hypochon- cycles sommeil-veille. Une caractéristique classique de ces
driaques monosymptomatiques), le trouble délirant par- troubles circadiens est une aggravation des troubles de l’hu-
tagé (ou folie à deux). Le délire est défini par l’attribu- meur et de l’activité psychomotrice en début de journée et
tion d’idées fausses, basées sur une perception anormale leur amélioration en cours de journée. Une autre anoma-
de la réalité, non cohérentes avec la culture ou l’intelli- lie du rythme biologique présente au cours des troubles
gence du patient, et qui ne peuvent être corrigées par le dépressifs est l’aggravation saisonnière des symptômes dé-
raisonnement. Les idées délirantes de type somatique ²⁶ pressifs chez certains patients (dépression chronosensible),
s’appliquent à des délires impliquant des fonctions ou des particulièrement aux mois d’automne ou d’hiver. Ainsi, les
sensations corporelles non bizarres, par exemple la convic- plaintes somatiques liées aux troubles dépressifs comme
tion d’être empoisonné, infecté ou d’avoir une maladie, et le prurit peuvent avoir un rythme diurne ou saisonnier.
ce pendant une durée de plus d’un mois. Le trouble dépressif majeur peut débuter à n’importe quel
Le délire d’infestation cutanée ou de parasitose s’intègre âge, l’âge moyen de début se situant vers le milieu de la
dans ce cadre d’affections. Il est caractérisé par la convic- deuxième décennie. La dépression est le plus souvent ré-
tion délirante d’être infesté par des parasites, conviction cidivante et 50 à 60 % des patients ayant développé un
persistante malgré la négativité de l’examen clinique et épisode de dépression majeure sont susceptibles d’une ré-
des prélèvements parasitologiques ⁴⁴,⁴⁵. D’autres thèmes cidive. Des affections médicales chroniques, comme les ma-
délirants comme des hallucinations tactiles ou olfactives ladies dermatologiques récidivantes, constituent des fac-
(odeur de chair brûlée) peuvent également s’intégrer dans teurs de pérennisation d’épisodes dépressifs.
les idées délirantes de type somatique. À la différence de Dysesthésies cutanéo-muqueuses et prurit Les troubles
la schizophrénie, et à l’exception de l’impact secondaire au dépressifs se rencontrent au cours 1o d’atteintes cuta-
délire et à ses ramifications, la vie du patient est peu altérée nées associées à des affections psychiatriques comme par
et son comportement n’est par ailleurs ni excentrique ni exemple les excoriations névrotiques ou certains cas de dé-
bizarre. Au cours du trouble délirant partagé (ou Folie à lire de parasitose où une dépression psychotique peut être
deux), la mise en place du délire se développe consécutive- présente ou lorsqu’il existe de façon marquée un intérêt
ment à une relation étroite avec une autre personne qui excessif pour son image corporelle cutanée en contradic-
a déjà un trouble psychotique et des idées délirantes pro- tion avec l’évaluation clinique dermatologique objective,
noncées. Le délire est alors partiellement ou complètement et au cours 2o d’affections dermatologiques comme le
partagé avec la personne atteinte du trouble psychotique. Il psoriasis, la dermatite atopique, l’urticaire chronique idio-
est important de noter que ces syndromes peuvent être pré- pathique, la pelade et l’acné qui sont aggravés tant par le
sents au cours d’affections non psychiatriques comme des stress psychosocial induit que par la comorbidité psychia-
atteintes organiques cérébrales secondaires à des maladies trique, avec un large spectre d’affections psychiatriques
endocriniennes, métaboliques, toxiques ou une démence. associées et tout particulièrement le trouble dépressif ma-
jeur. L’impact de la maladie dermatologique sur la qualité
Troubles de l’humeur de vie du patient, et en particulier les stigmates sociaux
Les troubles de l’humeur (ou troubles affectifs) incluent la d’anomalies cosmétiquement défigurantes, constituent un
dépression majeure et les troubles bipolaires. La dépression important facteur sous-tendant le trouble dépressif. Cepen-
majeure est l’affection dermatologique la plus communé- dant, les troubles dépressifs en dermatologie sont le plus
ment rencontrée au cours des maladies dermatologiques souvent d’origine multifactorielle, et au cours d’affection
primitives ⁴⁶. comme l’acné, la gravité de l’état dépressif n’est pas tou-
La dépression majeure est caractérisée par un ou plusieurs jours directement corrélée à la sévérité clinique du trouble
épisodes dépressifs majeurs, c’est-à-dire une humeur dé- dermatologique. Ainsi, une acné minime peut s’associer à
pressive ou une perte d’intérêt ou de plaisir dans la plupart une dépression sévère. Le patient dépressif peut également
des activités pendant au moins deux semaines, associée à négliger sa prise en charge et une hygiène corporelle insuf-
au moins quatre autres symptômes de dépression se tra- fisante ou un manque d’observance aux traitements der-
duisant par un changement de comportement : 1o di- matologiques prescrits accroissent le risque d’infections
minution ou augmentation du sommeil ou de l’appétit, cutanées.
93-12 Maladies psychiatriques
Les troubles dépressifs sont associés à un large spectre de ongles ou s’arracher les cheveux ²⁷. Ces symptômes peuvent
troubles cutanés dysesthésiques et douloureux sans ano- s’exacerber en cas de troubles du sommeil ²⁷.
malie clinique objective, troubles étiquetés dans la litté- Les troubles de la perception de l’image corporelle peuvent
rature ancienne ⁴,⁴⁷ comme des « équivalents dépressifs » avoir une composante dépressive significative, par exemple
ou « dépression masquée », dans la mesure où certains pa- dans le cas où une femme se plaint d’une perte de che-
tients manquent de finesse psychologique et peuvent dé- veux sans anomalie clinique objective ⁵³. Les troubles de
nier un trouble dépressif sous-jacent. La dépression peut perception de l’image corporelle du visage ont été asso-
constituer un facteur de comorbidité au cours des dysesthé- ciés à des dépressions cliniques et des idées suicidaires ⁵⁴,⁵⁵.
sies du scalp ⁴⁸, où les patients, typiquement des femmes, Des tableaux dépressifs plus sévères peuvent être présents
se plaignent de douleur, de prurit, de sensation de brû- au cours de troubles délirants avec troubles de l’humeur,
lures et/ou de picotements du scalp sans anomalie phy- comme par exemple les délires d’être défiguré, d’avoir une
sique objective. Ces symptômes sont typiquement exacer- maladie cutanée incurable ou d’avoir une peau qui pourrit
bés par le stress et répondent souvent à de petites doses ou émet une odeur nauséabonde.
d’antidépresseurs comme l’amitriptyline ou la doxépine. Suicide et comportement parasuicidaire La maladie dé-
D’autres formes de dysesthésies localisées où la dépression pressive est associée au suicide, défini comme une inten-
peut jouer un rôle incluent les vulvodynies, les scrotody- tion de s’auto-infliger la mort, et le comportement parasui-
nies ⁴⁹, les douleurs faciales atypiques, les dysesthésies oro- cidaire, défini comme des automutilations répétées. Près de
faciales et le « burning mouth syndrome » (ou glossody- la moitié des personnes qui commettent un suicide sont dé-
nies) ⁵⁰. Cette dernière affection s’observe le plus fréquem- pressives et, actuellement, les données épidémiologiques
ment chez la femme. La localisation la plus communément américaines indiquent que la plus rapide hausse des sui-
atteinte est la partie antérieure de la langue. En sus des cides se situe parmi les hommes âgés de 15 à 24 ans. Par
sensations de brûlures, les patients peuvent se plaindre conséquent, le comportement suicidaire chez le patient ado-
de picotements, d’impression de cuisson ou d’engourdis- lescent atteint d’affection dermatologique ne témoigne pas
sement de la bouche ou d’un goût persistant acide, amer uniquement de l’impact psychosocial de sa maladie derma-
ou métallique ⁵⁰. Les patients craignent souvent que ces tologique ou de possibles effets secondaires thérapeutiques
symptômes témoignent d’une tumeur maligne systémique comme l’emploi de l’isotrétinoïne au cours du traitement
ou orale. de l’acné. La relative forte prévalence des idées suicidaires
Le prurit est considéré comme le symptôme le plus pénible et des suicides chez l’adolescent ou le jeune adulte souffrant
parmi tous les troubles dermatologiques et a été associé d’acné reflète le plus souvent un pic d’incidence de l’acné
à des raptus suicidaires ⁵¹,⁵² (fig. 93.11). La dépression peut survenant à un âge de la vie associé à une forte incidence
modifier la perception du prurit en diminuant le seuil de du suicide. Certains patients suicidaires peuvent présenter
tolérance au cours des dermatoses prurigineuses ⁵¹,⁵². La des abrasions superficielles cutanées auto-infligées répé-
sévérité de la dépression est directement corrélée à l’inten- tées liées à des comportements parasuicidaires. Il est im-
sité du prurit au cours de dermatoses comme le psoriasis, la portant de reconnaître que de tels comportements peuvent
dermatite atopique et l’urticaire chronique idiopathique ⁵¹. aboutir ultérieurement à des automutilations plus sévères
De même, au cours du psoriasis, la réduction du prurit ou une mort par inadvertance. Par conséquent, leur prise
entraîne une diminution de la sévérité de la dépression ⁵². en charge doit être similaire à celles des risques suicidaires,
L’agitation psychomotrice témoignant d’une anxiété impor-
tante associée à certaines formes cliniques de dépressions
peut se traduire par un excès de grattage ou de friction cu-
tanée, le patient pouvant s’arracher la peau, se ronger les
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 93.11 Prurigo des épaules et des bras au cours de troubles Fig. 93.12 Excoriations névrotiques du visage au cours de troubles du
dépressifs spectre obsession-compulsion
Manifestations dermatologiques des troubles psychiatriques 93-13
même si une évidente recherche d’attention est présente. tégument cutané. Le patient peut rechercher une aide
À tout âge de la vie, la maladie dépressive est fréquemment auprès du dermatologue pour une préoccupation exces-
associée à des excoriations névrotiques ¹⁷,⁵⁶ (fig. 93.12) et une sive concernant la finesse de ses cheveux, des cicatrices
manipulation excessive d’éventuelles lésions d’acné (acné ou des imperfections minimes ou le vieillissement de
excoriée) ou autres ⁵⁷. D’autres dermatoses comme la pa- sa peau. Les comportements obsessionnels-compulsifs
thomimie et la trichotillomanie constituent des groupes et l’atteinte cutanée conséquente peuvent exacerber
d’affections plus hétérogènes (tableau 93.2) où le patient peut des affections cutanées comme le psoriasis et la derma-
souffrir d’un large éventail d’affections psychiatriques in- tite atopique ou aggraver des processus inflammatoires
cluant le trouble dépressif majeur. Des auto-excoriations comme l’acné.
secondaires à la dépression peuvent exacerber un psoriasis Phobies sociales et attaques de panique ²⁶,²⁸ La pho-
par un phénomène de Koebner ⁵². bie sociale est caractérisée par la peur persistante et in-
tense d’une ou plusieurs situations sociales ou bien de si-
Troubles de l’anxiété ²⁶,²⁸ tuations de performance durant lesquelles le sujet est en
Les troubles anxieux les plus communément associés contact avec des gens non familiers ou bien peut être ex-
à des manifestations dermatologiques sont les troubles posé à l’éventuelle observation attentive d’autrui ²⁶. La per-
obsessionnels-compulsifs, le stress post-traumatique, les sonne atteinte de phobie sociale craint que ses actions ne
phobies sociales et les attaques de panique. la placent dans une situation embarrassante ou humiliante.
Troubles obsessionnels-compulsifs (TOC) ²⁶,²⁸ Les TOC Par exemple, certains patients peuvent développer une hy-
constituent des obsessions récurrentes ou des compulsions, perhidrose affichante du front ou se sentir mal à l’aise pour
suffisamment sévères pour être chronophages, à l’origine serrer les mains en cas d’hyperhidrose palmaire. Certains
d’une détresse marquée ou d’une altération significative individus peuvent rougir de façon proéminente et aggra-
de l’état de santé. Les obsessions se définissent comme ver une rosacée sous-jacente. L’exposition à la situation
des idées, des pensées, des impulsions ou des images per- phobique provoque presque constamment une anxiété qui
sistantes, vécues comme intrusives et inappropriées, et à peut à l’extrême entraîner une attaque de panique, ce qui
l’origine d’une anxiété marquée ou d’une détresse. Les com- en retour aggrave les symptômes végétatifs cutanés. Les
pulsions se traduisent par des comportements répétitifs attaques de panique peuvent également survenir au cours
(par exemple de lavage de mains, ou encore toucher, frotter de la nuit, le patient se réveillant avec une transpiration
ou piquer sa peau, s’arracher les cheveux ou se rogner les abondante et ne se souvenant pas du rêve ayant déclenché
ongles) dans le but de prévenir ou de réduire l’anxiété ou l’attaque de panique. Les patients souffrant de phobie so-
la détresse, et non d’obtenir une sensation de plaisir ou ciale sont typiquement sous-diagnostiqués en raison de
de gratification. Les TOC débutent généralement au cours la nature de leur trouble les rendant peu enclins à consul-
de l’adolescence et chez le jeune adulte, et la majorité des ter en milieu médical où ils peuvent avoir à faire face à un
patients ont une évolution « en dents de scie » avec exacerba- nombre important de personnes non familières, objet de
tion des symptômes selon les événements de vie. Les TOC leur angoisse.
constituent souvent une comorbidité associée à d’autres Troubles de stress post-traumatique ²⁶,²⁸ Le stress psy-
désordres psychiatriques comme la dépression majeure ou chologique est associé à l’exacerbation d’un grand nombre
la dysmorphophobie. Certains troubles psychiatriques se d’affections dermatologiques. Le traumatisme psycholo-
chevauchent avec les TOC et constituent les troubles du gique représente la forme de stress la plus sévère où les
spectre obsession-compulsion ⁵⁸. capacités à faire face au stress sont dépassées et les mé-
En dermatologie, trois groupes majeurs d’affections der- canismes d’homéostasie ne sont plus fonctionnels ⁵⁹. Les
matologiques sont classés dans le cadre des troubles du violences familiales et les abus sur enfants font partie des
spectre obsession-compulsion : traumatismes qui conduisent couramment à des troubles
− les atteintes associées à une automutilation comme les de stress post-traumatique ; les autres facteurs causals com-
excoriations névrotiques, l’acné excoriée, la trichotillo- prennent les catastrophes naturelles, la guerre, la torture
manie et quelques cas de pathomimie, d’onychophagie, et le séjour en camp de concentration.
d’onychotillomanie et de tics de léchage des lèvres ; La composante essentielle des troubles de stress post-
− les troubles associés à des lavages et une hygiène ex- traumatique est le développement de symptômes caracté-
trême responsable de complications dermatologiques, ristiques survenant en situation où le patient a été anté-
comme par exemple le lavage compulsif des mains au rieurement exposé à un événement traumatique, qu’il ait
point de développer des abrasions cutanées, les bains été témoin ou confronté à un ou plusieurs événements
fréquents et le frottage compulsif de certaines parties avec risque de mort ou d’atteinte sévère de l’intégrité phy-
du corps comme les régions génitales. Ces troubles com- sique pour lui-même ou ses proches. La réaction immédiate
pulsifs de lavage et de frottage peuvent être infligés de la personne se traduit par une peur intense, un senti-
par une autre personne qui a la charge du patient, par ment d’impuissance ou un sentiment d’horreur. Les symp-
exemple à un enfant ; tômes cardinaux des troubles de stress post-traumatique
− certaines formes de chevauchement avec des syndromes associent 1o une reviviscence intrusionnelle du trauma-
dysmorphophobiques où le patient souffre de pensées tisme, pouvant se traduire de diverses manières, comme
intrusives sur un défaut minime ou imaginaire de son par des cauchemars, des flash-back ou des manifestations
somatiques ; 2o un évitement permanent des situations abus précoce dans l’enfance. Certaines formes d’automuti-
où peuvent surgir des facteurs déclencheurs du trauma- lation cutanée sont réalisées dans le but de conjurer et de
tisme et un émoussement des émotions en général, qui réguler des états émotionnels intenses comme au cours d’ac-
peut dans certains cas se traduire par une réaction disso- tions compulsives de traumatismes cutanés tels que l’acné
ciée ; et 3o des symptômes persistants d’hyperexcitabi- excoriée, l’onychophagie, l’onychotillomanie, la trichotillo-
lité (réactions de sursaut) où le corps continue à réagir à manie et la pathomimie ⁴,¹⁷. Dans bon nombre de cas, le
des stimulus physiques ou émotionnels comme s’il existait patient peut également souffrir de symptômes dissocia-
une menace permanente d’anéantissement, et ce, même tifs et ne peut pas se remémorer les lésions auto-infligées.
en l’absence de danger. Ces trois symptômes peuvent se D’autres lésions auto-induites peuvent comporter des lacé-
manifester par des signes dermatologiques ⁵⁹. rations cutanées superficielles répétées des avant-bras ou
Reviviscence intrusionnelle du traumatisme La maltraitance des brûlures de cigarette auto-infligées (fig. 93.13 et fig. 93.14).
de l’enfant peut classiquement être conditionnée par l’as- Les troubles des conduites alimentaires comme l’anorexie
sociation de stimuli d’abus et d’émotions négatives. Plus mentale et/ou les conduites boulimiques peuvent égale-
tardivement, l’exposition à la réminiscence de ces stimuli ment traduire des mécanismes affectant la régulation affec-
et la mémoire peuvent engendrer des effets puissants et tive et coexister avec ces symptômes dermatologiques.
négatifs, qui, en l’absence de verbalisation du condition-
nement, ne sont pas compréhensibles par la victime, et
encore moins par le dermatologue. De tels traumatismes
mnésiques ne sont pas mémorisés en soi, mais plutôt évo-
qués face à des situations similaires aux abus antérieurs
originaux. Par exemple, le toucher du dermatologue, qui
peut être réminiscent d’un toucher perpétré alors que le pa-
tient était abusé sexuellement au cours de l’enfance, peut
déclencher de la part du patient une réaction de peur ou
d’impuissance qui semble inappropriée. Ces traumatismes
mnésiques peuvent également être revécus sur un plan sen-
soriel comme un flash-back sensoriel (mémoire du corps)
ou représenter une composante sensorielle de l’expérience
traumatique. Par exemple, une femme de 54 ans qui avait
été menacée, au cours de son enfance, d’être placée à l’in-
térieur d’un four, se plaignait initialement de « vagues de
chaleur » de l’ensemble de son corps et d’une sensation de
mains et d’avant-bras « chauds ». Ces symptômes sensoriels
ont pu être traités après un travail psychothérapique effec-
tué sur ces abus.
En plus de ce large spectre des symptômes sensoriels, « les
mémoires sensorielles » se manifestent souvent par une
urticaire ou un angio-œdème. Par exemple, une femme de
26 ans était largement explorée pour un angio-œdème ré-
current touchant la bouche et la langue. Cet angio-œdème
régressa une fois que la patiente se remémora les abus
sexuels oraux qu’elle avait subi de son beau-père, et effectua
un travail sur ses traumatismes infantiles sévères. Parfois,
l’effet physiologique du traumatisme mémoriel peut engen-
drer une réaction urticarienne généralisée. Par exemple,
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
ou d’autres anomalies sensorielles telles que des douleurs
ou des sensations de fourmillement sous-cutanées. Des
symptômes persistants au niveau génital comme des vulvo-
Fig. 93.14 Brûlures répétées au cours de comportement parasuicidaire dynies peuvent également être présents dans ce trouble de
la personnalité.
dence, et des poussées de prurit. La peau réagit fortement Troubles dysmorphiques corporels ²⁶,²⁸ La caractéris-
et sûrement au stress, comme cela est mis en évidence tique principale des troubles dysmorphiques corporels (ou
dans l’abondante littérature sur le stress et les troubles dysmorphophobie) est une préoccupation concernant un
de conductance cutanée (activité électrique biologique en- défaut imaginaire de l’apparence physique ou, si une ano-
registrée à la surface de la peau). Au cours des troubles de malie physique minime est présente, cette préoccupation
stress post-traumatique, il existe une augmentation de la est manifestement démesurée. Elle est à l’origine d’une
conductance cutanée en réponse à des stimulus neutres détresse psychologique significative avec une altération im-
ou aversifs ⁶⁴. Cette hyperexcitabilité neurovégétative pour- portante de la vie sociale ou professionnelle ou d’autres
rait augmenter la vulnérabilité des patients à développer domaines importants relationnels. Les troubles dysmor-
des poussées de dermatoses réactives au stress comme le phiques corporels constituent souvent une comorbidité
psoriasis, la dermatite atopique ou l’urticaire. d’autres troubles psychiatriques, en particulier dans le
Troubles somatoformes ²⁶,²⁸ La somatisation constitue trouble dépressif majeur et dans les troubles anxieux. La
le processus central des troubles somatoformes. Il définit la prévalence des troubles dysmorphiques corporels dans la
situation au cours de laquelle le patient attribue des symp- population générale est difficile à évaluer, mais dans les ins-
tômes somatiques à des problèmes physiques alors que le tituts psychiatriques, les taux rapportés varient entre 5 à
problème est d’ordre psychiatrique et répond à des traite- 40% ²⁶. Les troubles dysmorphiques corporels débutent gé-
ments psychiatriques ; ou, en cas de cause médicale avérée, néralement au cours de l’adolescence, et de fait pour le der-
lorsque celle-ci ne rend compte que d’une partie des symp- matologue au cours de la période à risque de survenue de
tômes physiques ou d’incapacité. Comme cela a été abordé l’acné. Les patients atteints d’acné avec une préoccupation
plus haut sur les troubles de stress post-traumatique, en cas excessive de leur image corporelle peuvent ainsi souffrir
de traumatisme psychologique et/ou de manque de soins et développer ultérieurement des troubles dysmorphiques
au cours de l’enfance, les conséquences psychologiques corporels. ⁶⁷ Une étude portant sur 289 adultes et enfants
peuvent être accablantes pour le patient, et conduire à une atteints de troubles dysmorphiques corporels montrait que
dissociation ou à un déplacement des symptômes émotion- 76,4 % de ces patients sollicitaient des traitements médi-
nels vers des plaintes somatiques, souvent cutanées ⁴⁷. Des caux (non psychiatriques) et chirurgicaux et que 66 % des
symptômes médicaux inexpliqués peuvent rendre compte adultes recevaient de tels traitements ⁶⁸.
de 25 à 60 % des symptômes explorés dans une structure Les deux principaux symptômes dermatologiques ren-
de soins ⁶⁵ et être liés à des phénomènes dissociatifs ou de contrés au cours des troubles dysmorphiques corporels
conversion. La plupart de ces symptômes inexpliqués ren- sont ²⁶,⁶⁹ :
contrés en dermatologie sont de nature sensorielle : pru- − des plaintes dermatologiques portant sur des imperfec-
rit, la douleur et l’engourdissement cutané, la région la tions minimes ou imaginaires du visage ou de la tête,
plus fréquemment touchée étant le scalp ⁶⁶. Les symptômes comme des cheveux fins et/ou une calvitie imminente,
peuvent être associés à un large spectre de dysesthésies cu- des anomalies de la pousse ou de la texture des cheveux,
tanées (également décrit au cours du trouble dépressif ma- une acné, des anomalies de la couleur et/ou de la tex-
jeur) comme par exemple le prurit anal et vulvaire, les vul- ture de la peau, des lèvres sèches, une asymétrie faciale,
vodynies, les scrotodynies et diverses variantes du burning des rides, des cicatrices, des télangiectasies, des taches
mouth syndrome (ou glossodynies). Finalement, la peau est vasculaires, une pâleur ou une rougeur complexante,
l’organe le plus visible du corps, et pour certains patients une pilosité faciale croissante ou excessive. Le nez est
somatisant fortement, une lésion visible de la peau, bien la zone la plus concernée, avec une préoccupation por-
qu’auto-induite, peut constituer la seule forme de commu- tant sur la forme ou la taille mais également sur les
nication d’une détresse émotionnelle. comédons ou la texture cutanée ;
Troubles de somatisation ²⁶,²⁸ Les troubles de somati- − une toilette excessive marquée par des excès de pei-
93-16 Maladies psychiatriques
gnage, d’épilation, d’arrachage de poils, de maquillages que récente. Les pathomimies ou la trichotillomanie se
rituels ou exagérés, ou de manipulations consistant à développent fréquemment au cours d’états dissociatifs sé-
enlever des imperfections minimes de la peau. Dans vères présents dans les troubles de l’identité ⁴⁷. Les lésions
une étude portant sur 176 patients atteints de troubles de pathomimie ont des fonctions variées chez le patient
dysmorphiques corporels ⁷⁰, 44,9 % avaient un anté- atteint de troubles dissociatifs : par exemple communiquer
cédent de manipulation pathologique de la peau au une douleur émotionnelle et demander de l’aide, ou faire
cours d’une période de leur vie et 36,9 % souffraient de face à des sentiments de colère trop intenses pour être
troubles du comportement secondaires à leurs troubles supportés émotionnellement et projetés sur soi-même. La
dysmorphiques corporels. La plupart de ces symptômes trichotillomanie a une fonction de réduction et d’« amar-
liés aux troubles dysmorphiques corporels peuvent être rage » des tensions chez le patient dissocié et est souvent
présents au cours des TOC. Les patients atteints de observée, en particulier chez l’enfant, dans les situations
troubles dysmorphiques corporels expriment fréquem- associées à la douleur ou la privation. Certaines formes
ment des plaintes d’intégration sociale ou profession- d’automutilation cutanée, comme l’acné excoriée, l’onycho-
nelle et ont rarement recours à une prise en charge phagie et l’onychotillomanie sont moins fréquemment as-
psychologique. sociées à des troubles dissociatifs. Il est important de noter
Les troubles dysmorphiques corporels sont souvent étique- que la plupart des patients atteints de troubles dissociatifs
tés comme une « non-maladie dermatologique » ⁵⁵ dans la ne se souviennent pas s’être auto-infligés leurs lésions et
littérature dermatologique. En revanche, les patients sont peuvent être considérés par erreur comme des simulateurs.
pris en charge dans les services de dermatologie et de chirur- Troubles des conduites alimentaires ²⁶,²⁸ Les troubles
gie, avec une fréquence estimée entre 6 à 15 % des motifs de l’alimentation comme l’anorexie mentale et la boulimie
de consultation ²⁶. Les traitements les plus fréquemment sont caractérisés par des troubles des conduites alimen-
reçus sont médicaux dans 45,2 % des cas, puis chirurgi- taires et des perturbations de l’image corporelle. Les carac-
caux dans 23,2 %. Ces traitements améliorent rarement téristiques essentielles de l’anorexie mentale sont le refus
les symptômes de ces troubles dysmorphiques corporels. par le patient de maintenir un poids minimal normal, une
S’ils permettent une réduction des préoccupations corpo- peur intense de prendre du poids, et des troubles de per-
relles sur la partie traitée dans environ un quart des cas, ception de la forme ou de la taille du corps. Les caracté-
en revanche ces traitements ne permettent une améliora- ristiques essentielles de la boulimie se définissent par des
tion conjointe des préoccupations corporelles globales du excès alimentaires récurrents et l’utilisation de méthodes
patient que dans 7,3 % des cas. Les traitements dermato- compensatoires pour prévenir la prise de poids comme des
logiques les plus fréquemment prescrits sont les antibio- vomissements auto-induits, l’usage détourné d’émétisants,
tiques, le minoxidil pour la sensation de cheveux fins, l’iso- de laxatifs, de lavements, de pilule diététique et/ou de diu-
trétinoïne et la dermabrasion pour l’acné ⁶⁸. Dans une série rétiques. Les patients boulimiques ont typiquement un
de 200 patients atteints de troubles dysmorphiques cor- poids dans les normes. Les patients souffrant de troubles
porels, 25 % d’entre eux mentionnait une exposition aux des conduites alimentaires généralement minimisent ou
ultraviolets naturels ou artificiels motivée par un désir de cachent leur trouble, et en conséquence le dermatologue
correction de défauts d’apparence et 26 % de ces patients doit rester vigilant, car l’absence de diagnostic peut être
avaient effectué une tentative de suicide ⁷¹. associée à de sérieuses complications médicales ou psychia-
Troubles dissociatifs ²⁶,²⁸ La dissociation est définie par triques. La boulimie peut coexister avec l’anorexie men-
la survenue d’une perturbation touchant des fonctions tale. Ces troubles des conduites alimentaires constituent
normalement intégrées comme la conscience, la mémoire, souvent une comorbidité associée aux troubles dissocia-
l’identité ou la perception ²⁶. Elle est souvent un symp- tifs.
tôme méconnu en dermatologie. Les patients souffrant La perturbation de l’image corporelle au cours des troubles
de troubles dissociatifs graves se plaignent généralement des conduites alimentaires touche typiquement le poids
d’un engourdissement cutané, le plus souvent généralisé, corporel et la taille, et l’absence de satisfaction de son
parfois localisé. La dissociation est une caractéristique clas- image corporelle ⁷³,⁷⁴ est une caractéristique fréquente de
sique des troubles liés au stress comme les troubles de ces troubles. L’acné et les troubles des conduites alimen-
stress post-traumatique et un large spectre de troubles de la taires ont tous deux un pic d’incidence au cours de l’adoles-
somatisation. La peau et ses annexes sont fréquemment le cence. L’acné excoriée chronique est souvent associée à des
siège de tensions altérant le comportement des patients at- troubles des conduites alimentaires. Les cycles alternant
teints de troubles dissociatifs ⁷². La dissociation est la carac- restriction diététique sévère et excès alimentaires peuvent
téristique centrale des troubles dissociatifs de l’identité ²⁶ être associés à une augmentation du taux d’androgènes
où le patient présente deux ou plus identités distinctes et d’activité des glandes sébacées, ainsi qu’à des poussées
ou états de personnalités. Ces différents états de person- d’acné. Les poussées récurrentes d’acné peuvent ainsi être
nalité se développent typiquement dans un contexte de le signe de troubles des conduites alimentaires. Les signes
situations traumatisantes sévères de la vie où le patient dermatologiques des troubles des conduites alimentaires ⁷⁵
s’est senti piégé ou incapable de se défendre. Les patients peuvent résulter :
atteints de troubles dissociatifs ont fréquemment des trous − d’une privation de nourriture et d’une malnutrition,
de mémoire tant pour leur histoire personnelle ancienne par exemple une peau craquelée, un lanugo, des ongles
Coll. D. Bessis
de stress post-traumatique. Une étude ⁷¹ portant sur
les manifestations dermatologiques de 24 patients at-
teints d’anorexie mentale à la fois de type restrictive
et boulimique notait que les plus fréquentes étaient Fig. 93.15 Acrocyanose au cours d’une anorexie mentale
la xérose cutanée (58,3 %), la perte de cheveux à type
d’effluvium (50 %), les anomalies unguéales (45,8 %), mentation et l’acné s’amélioraient avec la prise de poids
la chéilite (41,6 %), l’acné (41,6 %), la gingivite (33,3 %), des patients, ⁷⁶ tandis que l’effluvium et l’hypertrichose
l’acrocyanose (29 %) (fig. 93.15), l’hypertrichose diffuse persistaient inchangés malgré le gain de poids. Aucune
(25 %), la caroténodermie (20,8 %), le prurit généralisé corrélation clinique n’était notée entre les données des
(16,6 %), l’hyperpigmentation (12,5 %), les vergetures examens biologiques et les signes dermatologiques ⁷⁶.
(12,5 %), la dermite factice, la dermite séborrhéique
(8,3 %), la diminution de la cicatrisation, le mélasma Répercussions psychologiques des dermatoses
et le signe de Russell (4,1 %). Chez les patients atteints Les maladies dermatologiques compliquées de répercus-
d’anorexie mentale avec des symptômes boulimiques, sions psychologiques peuvent être subdivisées en trois
l’effluvium, l’acné, la gingivite, les anomalies unguéales grandes catégories, non mutuellement exclusives :
et le prurit généralisé étaient plus fréquents qu’au cours − les maladies dermatologiques influencées par des fac-
de l’anorexie mentale strictement restrictive. Le signe teurs psychosomatiques comme par exemple le psoria-
de Russell et la dermite séborrhéique étaient exclusive- sis, la dermatite atopique, l’urticaire et l’angio-œdème,
ment présents au cours de la forme boulimique de l’ano- le lichen plan, l’acné, la pelade ;
rexie mentale. L’hyperpigmentation, les vergetures, la − les signes cutanés d’une réponse physiologique accen-
dermite factuelle, la diminution de cicatrisation et le tuée, comme par exemple l’hyperhidrose et le flush pu-
mélasma n’étaient observés qu’au cours de la forme dique ;
restrictive de l’anorexie mentale. La chéilite, l’hypertri- − les affections dermatologiques qui engendrent une ré-
chose diffuse et la caroténodermie étaient plus fréquem- action émotionnelle principalement secondaire à des
ment notées au cours de la forme restrictive de l’ano- anomalies cosmétiques affichantes, des stigmates so-
rexie mentale. Deux hommes étaient présents dans ciaux ou des altérations de la qualité de vie.
cette série et avaient tous deux des vergetures. Deux La majorité de ces maladies dermatologiques avec compo-
patients avec la forme restrictive d’anorexie mentale sante psychosomatique ont été associées à la fois à des
étaient suivis sur une période de trois ans, et dans les facteurs psychiatriques, comme la maladie dépressive, les
deux cas, la xérose, la chéilite, l’acrocyanose, l’hyperpig- troubles anxieux, et un stress psychosocial, typiquement
rapporté comme facteur exacerbant de ces affections. Ainsi la qualité de vie en raison du caractère affichant de la der-
le stress psychologique est associé aux poussées de psoria- matose ⁷⁷. Par conséquent, tant le stress aigu que le stress
sis, de dermatite atopique, d’urticaire chronique et d’acné chronique peuvent influencer l’évolutivité d’une affection
dans plus de 70 % des cas. En revanche, l’association entre dermatologique ¹,².
le stress et les poussées de pelade ou de lichen plan est
moins solidement établie. Plusieurs publications suggèrent
que le psoriasis est l’une des dermatoses les plus réactives Texte traduit de l’anglais (Canada) par
au stress, et l’une des composantes significatives du stress le docteur Didier Bessis et le docteur
psychosocial est liée à l’impact de l’atteinte cutanée sur Marie-Luce Andreu, psychiatre à Montpellier.
1 Arck PC, Slominski A, Theoharides TC et al. Dermatol 2000 ; 1:47-55. 29 Strawn K, Ryken T, Black DW. Extreme hair-
Neuroimmunology of stress : Skin takes center 16 Consoli S-G, Chastaing M, Misery L. Psy- cutting and psychosis. Am J Psychiatry 1987 ;
stage. J Invest Dermatol 2006 ; 126:1697-1704. chiatrie et dermatologie. EMC (Elsevier Masson 144:1102-1103.
2 Slominski A, Wortsman J. Neuroendocrinol- SAS, Paris), Dermatologie, 98-874-A-10, 2010. 30 Favazza AR. The coming of age of self-
ogy of the skin. Endocr Rev 2000 ; 21:457-487. 17 Gupta MA, Gupta AK, Haberman HF. The mutilation. J Nerv Ment Dis 1998 ; 186:259-
3 DW Kreuger. Body self and psychological self : self-inflicted dermatoses : a critical review. Gen 268.
a developmental and clinical integration of disor- Hosp Psychiatry 1987 ; 9:45-52. 31 Dworkin RH. Pain insensitivity in schizo-
ders of the self, Brunner/Mazel, New York (NY) 18 Huffman JC, Stern TA. The diagnosis and phrenia : a neglected phenomenon and some
(1989), p. 3-17. treatment of Munchausen’s syndrome. Gen implications. Schizophr Bull 1994 ; 20:235-248.
4 Gupta MA, Gupta AK. Psychodermatology : Hosp Psychiatry 2003 ; 25:358-363. 32 Lindenmayer JP, Khan A. Psychopathology.
An update. J Am Acad Dermatol 1996 ; 34:1030- 19 Lauwers R, Van De Winkel N, Vander- In, Lieberman JA, Stroup TS, Perkins DO (eds).
1046. bruggen N, Hubloue I. Munchausen syndrome The American Psychiatric Publishing Textbook of
5 Medansky RS, Handler RM. Dermatopsycho- in the emergency department mostly difficult, Schizophrenia. American Psychiatric Publishing
somatics : classification, physiology, and thera- sometimes easy to diagnose : a case report and Inc., Washington, DC : 2006 :187-221.
peutic approaches. J Am Acad Dermatol 1981 ; 5: review of the literature. World J Emerg Surg 33 Avila MT, Sherr J, Valentine LE et al. Neu-
125-136. 2009 ; 4:38. rodevelopmental interactions conferring risk
6 Koblenzer CS. Psychocutaneous Disease. Or- 20 Le Heuzey MF, Mouren MC. [Münch- for schizophrenia : a study of dermatoglyphic
lando (FL) : Grune & Stratton, 1987. hausen syndrome by proxy]. Arch Pediatr 2008 ; markers in patients and relatives. Schizophr Bull
7 Panconesi E. Stress and skin diseases : Psy- 15:85-88. 2003 ; 29:595-605.
chosomatic dermatology. Clin Dermatol 1984 ; 21 Boussault P, Doutre MS, Beylot-Barry M et 34 Gourion D, Goldberger C, Bourdel M et
2:vii-xiv. al. [Painful bruising syndrome : a psychogenic al. Minor physical anomalies in patients with
8 Slominski A, Zbytek B, Zmijewski M et al. disease]. Rev Med Interne 2005 ; 26:744-747. schizophrenia and their parents : prevalence
Corticotropin releasing hormone and the skin. 22 Fruensgaard K, Hjortshøj A. Diagnosis of and pattern of craniofacial abnormalities. Psy-
Front Biosci 2006 ; 11:2230-2248. neurotic excoriations. Int J Dermatol 1982 ; 21: chiatry Res 2004 ; 125:21-28.
9 Slominski A. Neuroendocrine activity of the 148-151. 35 Curtis CE, Iacono WG, Beiser M. Rela-
melanocyte. Exp Dermatol 2009 ; 18:760-763. 23 Koblenzer CS. Neurotic excoriations and tionship between nailfold plexus visibility and
10 Claes SJ. Corticotropin-releasing hormone dermatitis artefacta. Dermatol Clin 1996 ; 14: clinical, neuropsychological, and brain struc-
(CRH) in psychiatry : from stress to psychopa- 447-455. tural measures in schizophrenia. Biol Psychiatry
thology. Ann Med 2004 ; 36:50-61. 24 Duke DC, Keeley ML, Geffken GR, Storch 1999 ; 46:102-109.
11 Altemus M, Dhabhar FS, Yang R. Immune EA. Trichotillomania : A current review. Clin Psy- 36 Poole JH, Maricq HR, Alson E, Willerman L.
function in PTSD. Ann N Y Acad Sci 2006 ; 1071: chol Rev 2010 ; 30:181-193. Negative symptoms in schizophrenia and nail-
167-183. 25 Hautmann G, Hercogova J, Lotti T. Tri- fold plexus visibility. Biol Psychiatry 1991 ; 29:
12 Choi EH, Brown BE, Crumrine D et al. chotillomania. J Am Acad Dermatol 2002 ; 46: 757-773.
Mechanisms by which psychological stress al- 807-821. 37 Chen CH. Cutis verticis gyrata associated
ters cutaneous permeability barrier homeosta- 26 American Psychiatric Association. Diagnos- with chronic schizophrenia in Chinese. Biol Psy-
sis and stratum corneum integrity. J Invest Der- tic and Statistical Manual of Mental Disorders chiatry 1989 ; 25:636-638.
matol 2005 ; 124:587-595. (DSM IV-TR), 4th edition, Text Revision. Wash- 38 Chang SS, Liu CM, Lin SH et al. Impaired
13 Gattu S, Rashid RM, Khachemouna A. Self- ington, DC : American Psychiatric Association, flush response to niacin skin patch among
induced skin lesions : a review of dermatitis 2000. schizophrenia patients and their nonpsychotic
artefacta. Cutis 2009 ; 84:247-251. 27 Gupta MA, Gupta AK, Ellis CN, Koblenzer relatives : the effect of genetic loading. Schizo-
14 Scrivener Y. [Cutaneous pathomimia : in CS. Psychiatric evaluation of the dermatology phr Bull 2009 ; 35:213-221.
favor of its management in dermatology with- patient. Dermatol Clin 2005 ; 23:591-599. 39 Messamore E. Relationship between the
out direct confrontation]. Ann Dermatol Vene- 28 Sadock BJ, Sadock VA. Kaplan & Sadock’s niacin skin flush response and essential fatty
reol 2005 ; 132:109-110. Pocket Handbook of Clinical Psychiatry. Fourth acids in schizophrenia. Prostaglandins Leukot
15 Klobenzer CS. Dermatitis artefacta. Clini- edition. Philadelphia, Lippincott Williams & Essent Fatty Acids 2003 ; 69:413-419.
cal features and approaches to treatment. Am J Wilkins, 2005. 40 Lin SH, Liu CM, Chang SS et al. Familial ag-
Références 93-19
gregation in skin flush response to niacin patch psychiatric and dermatologic correlates. Arch plained cutaneous sensory symptoms may rep-
among schizophrenic patients and their nonpsy- Dermatol 1988 ; 124:1052-1057. resent somatoform dissociation : an empirical
chotic relatives. Schizophr Bull 2007 ; 33:174- 53 Eckert J. Diffuse hair loss in women : the study. J Psychosom Res 2006 ; 60:131-136.
182. psychopathology of those who complain. Acta 67 Uzun O, Basoglu C, Akar A et al. Body dys-
41 Mortensen PB. The occurrence of cancer in Psychiatr Scand 1976 ; 53:321-327. morphic disorder in patients with acne. Compr
first admitted schizophrenic patients. Schizophr 54 Koblenzer CS. The dysmorphic syndrome. Psychiatry 2003 ; 44:415-419.
Res 1994 ; 12:185-194. Arch Dermatol 1985 ; 121:780-784. 68 Phillips KA, Grant J, Siniscalchi J, Albertini
42 Goldacre MJ, Kurina LM, Wotton CJ et al. 55 Cotterill JA. Dermatologic non-disease : a RS. Surgical and nonpsychiatric medical treat-
Schizophrenia and cancer : an epidemiological common and potentially fatal disturbance of ment of patients with body dysmorphic disor-
study. Br J Psychiatry 2005 ; 187:334-338. cutaneous body image. Br J Dermatol 1981 ; 104: der. Psychosomatics 2001 ; 42:504-510.
43 Catts VS, Catts SV, McGrath JJ et al. Apop- 611-619. 69 Wilson JB, Arpey CJ. Body dysmorphic dis-
tosis and schizophrenia : a pilot study based on 56 Gupta MA, Gupta AK, Haberman HF. Neu- order : suggestions for detection and treatment
dermal fibroblast cell lines. Schizophr Res 2006 ; rotic excoriations : a review and some new per- in a surgical dermatology practice. Dermatol
84:20-28. spectives. Compr Psychiatry 1986 ; 27:381-386. Surg 2004 ; 30:1391-1399.
44 Bishop ER Jr. Monosymptomatic hypochon- 57 Gupta MA, Gupta AK, Schork NJ. Psychoso- 70 Grant JE, Menard W, Phillips KA. Patholog-
driacal syndromes in dermatology. J Am Acad matic study of self-excoriative behavior among ical skin picking in individuals with body dys-
Dermatol 1983 ; 9:152-158. male acne patients : preliminary observations. morphic disorder. Gen Hosp Psychiatry 2006 ; 28:
45 Zomer SF, De Wit RF, Van Bronswijk JE et Int J Dermatol 1994 ; 33:846-848. 487-493.
al. Delusions of parasitosis. A psychiatric disor- 58 Vythilingum B, Stein DJ. Obsessive-com- 71 Phillips KA, Conroy M, Dufresne RG et al.
der to be treated by dermatologists ? An anal- pulsive disorders and dermatologic disease. Der- Tanning in body dysmorphic disorder. Psychiatr
ysis of 33 patients. Br J Dermatol 1998 ; 138: matol Clin 2005 ; 23:675-680. Q 2006 ; 77:129-138.
1030-1032. 59 Gupta MA, Lanius RA, Van der Kolk BA. 72 Gupta MA, Gupta AK, Chandarana PC,
46 Gupta MA, Gupta AK. Depression and der- Psychologic trauma, posttraumatic stress disor- Johnson AM. Dissociative symptoms and self-
matologic disorders. In Koo JYM, Lee CS (eds). der, and dermatology. Dermatol Clin 2005 ; 23: induced dermatoses : a preliminary empirical
Pychocutaneous Disease. New York, New York, 649-656. study. J Eur Acad Derm Venereol 2000 ;14[Suppl]:
Marcel Dekker, 2003, p. 233-249. 60 Briere J, Gil E. Self-mutilation in clinical 278.
47 Gupta MA. Somatization in dermatology. and general population samples : prevalence, 73 Gupta MA, Johnson AM. Nonweight-relat-
Int Rev Psychiatry 2006 ; 18:41-47. correlates and functions. Am J Orthopsychiatry ed body image concerns among female eating
48 Hoss D, Segal S. Scalp dysesthesia. Arch Der- 1998 ; 68:609-620. disordered patients and nonclinical controls :
matol 1998 ; 134:327-330. 61 Van der Kolk BA, Perry JC, Herman JL. some preliminary observations. Int J Eat Disord
49 McKay M. Vulvodynia, scrotodynia, and Childhood origins of self-destructive behavior. 2000 ; 27:304-309.
other chronic dysesthesias of the anogenital re- Am J Psychiatry 1991 ; 148:1665-1671. 74 Gupta MA, Gupta AK. Dissatisfaction with
gion (including pruritus ani). In Bernhard, JD : 62 Gupta MA, Gupta AK. Dermatitis artefacta skin appearance among patients with eating dis-
Itch : Mechanisms and management of pruritus. and sexual abuse. Int J Dermatol 1993 ; 32:313- orders and non-clinical controls. Br J Dermatol
New York, NY : McGraw-Hill Book Co., 1994, 320. 2001 ; 145:110-113.
p. 161-183. 63 Singh AN, Maguire J. Trichotillomania and 75 Gupta MA, Gupta AK, Haberman HF. Der-
50 Huang W, Roche MJ, Grant-Kels JM. The incest. Br J Psychiatry 1989 ; 155:108-110. matological signs in anorexia nervosa and bu-
burning mouth syndrome. J Am Acad Dermatol 64 Peri T, Ben-Shakhar G, Orr SP, Shalev AY. limia nervosa. Arch Dermatol 1987 ; 123:1386-
1996 ; 34:91-98. Psychophysiologic assessment of aversive con- 1390.
51 Gupta MA, Gupta AK, Schork NJ, Ellis CN. ditioning in posttraumatic stress disorder. Biol 76 Strumia R, Varotti E, Manzato E, Gualandi
Depression modulates pruritus perception : a Psychiatry 2000 ; 47:512-519. M. Skin signs in anorexia nervosa. Dermatology
study of pruritus in psoriasis, atopic dermatitis, 65 Brown RJ. Psychological mechanisms of 2001 ; 203:314-317.
and chronic idiopathic urticaria. Psychosom Med medically unexplained symptoms : an integra- 77 Gupta MA, Gupta AK, Kirkby S et al. A Psy-
1994 ; 56:36-40. tive conceptual model. Psychol Bull 2004 ; 130: chocutaneous profile of psoriasis patients who
52 Gupta MA, Gupta AK, Kirkby S et al. Pru- 793-812. are stress reactors. A study of 127 patients. Gen
ritus in psoriasis : a prospective study of some 66 Gupta MA, Gupta AK. Medically unex- Hosp Psychiatry 1989 ; 11:166-173.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Gupta MA. Maladies psychiatriques. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 : Manifestations dermato-
logiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 93.1-93.19.
94
Neurofibromatoses
Laurence Valeyrie-Allanore, Pierre Wolkenstein, Didier Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 94.1 Taches café au lait multiples du tronc au cours d’une Fig. 94.2 Lentigines axillaires au cours d’une neurofibromatose de
neurofibromatose de type 1 type 1
Coll. D. Bessis
Coll. Dr V. Rigau, Montpellier
Coll. D. Bessis
Fig. 94.8 Neurofibrome plexiforme au cours de la neurofibromatose
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 94.10 Xanthogranulomes juvéniles multiples du tronc au cours
de la neurofibromatose de type 1 : papules en dôme à surface lisse ou
A mamelonnée de couleur jaune orangé
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 94.11 Hyperpigmentation généralisée du dos au cours de la
neurofibromatose de type 1 Fig. 94.12 Exemple de tumeur glomique : nodule rouge de la région
sous-unguéale proximale associé à un décollement longitudinal de la
réguliers, avec parfois une coalescence de plusieurs taches. tablette unguéal en regard
Elles se localisent avec prédilection sur le tronc. Histolo-
giquement, il s’agit de tissu neurofibromateux constitué Manifestations extracutanées
de plages de cellules neuroïdes dispersées dans le derme Nodules de Lisch Les nodules de Lisch sont des nodules
papillaire et réticulaire et engaînant des capillaires et des iriens dont la taille et le nombre augmentent avec l’âge. Ils
veinules à paroi fibreuse ¹¹. sont présents chez l’enfant de moins de 6 ans dans 15 à
Tumeurs glomiques Il s’agit de tumeurs bénignes déri- 20 % des cas, et sont quasi constants à l’âge adulte. Ils se
vées des corps glomiques, structures neurovasculaires ri- présentent comme des petits nodules jaune brun le plus
chement innervées jouant un rôle de thermorégulation souvent, parfois très pâles, en saillie sur la face antérieure
locale des extrémités et essentiellement présentes au ni- de l’iris (fig. 94.13). Ils prédominent sur la partie inférieure de
veau des doigts et des orteils. Le corps glomique est l’iris et sont quasiment pathognomoniques de cette affec-
composé d’une artériole afférente reliée à une veinule ef- tion. Ils sont recherchés par un examen à la lampe à fente
férente par un canal anastomotique vasculaire (Suquet- et n’ont aucun retentissement sur la vision. Leur nature
Hoyer), dont la média contient des cellules musculaires histologique neurofibromateuse a récemment été suspec-
lisses particulières de forme cuboïdale, les cellules glo- tée histologiquement, associant des contingents de cellules
miques. L’association entre tumeur glomique et NF-1 a pigmentées, de cellules de type fibroblastique et des masto-
été récemment soulignée à travers une étude anatomocli- cytes ¹³.
nique et génétique chez 11 patients (âge moyen 40 ans) D’autres manifestations ophtalmologiques sont parfois pré-
ayant une ou plusieurs tumeurs glomiques des extrémités sentes : hamartomes choroïdiens, ptose palpébrale congé-
digitales. Cliniquement, la tumeur se présentait comme nitale avec ou sans présence de neurofibromes, gros nerfs
une papule ou un nodule rouge bleu situé préférentielle- cornéens, et glaucome congénital.
ment au niveau de la région sous-unguéale (fig. 94.12) et Gliome des voies optiques Le gliome des voies optiques
très douloureux à la pression ou au froid. La présence (GVO) est la tumeur intracérébrale la plus fréquente de
d’une inactivation bi-allélique du gène NF1 au sein de l’enfant (2 à 5 % de l’ensemble des tumeurs cérébrales), et
la tumeur, similaire à celle observée au niveau des mé- s’associe dans 1 cas sur 2 à la NF-1. Il correspond histolo-
lanocytes des TCL ou des cellules de Schwann des neu- giquement à un astrocytome de grade I (plus rarement de
rofibromes, plaide en faveur d’une association non for- grade II) ou pilocytique et est similaire aux astrocytomes
tuite ¹². pilocytiques observés au niveau d’autres localisations céré-
GVO gliome des voies optiques · NF-1 neurofibromatose de type 1 · TCL taches café au lait
Neurofibromatose de type 1 94-7
GVO gliome des voies optiques · IRM imagerie par résonance magnétique · NF-1 neurofibromatose de type 1
94-8 Neurofibromatoses
Tableau 94.1 Fréquence, âge de début et évolutivité des manifestations cliniques de la neurofibromatose de type 1
Âge de début Fréquence
Peau
Taches café au lait Naissance à 1 an > 99 %
Lentigines > 3 ans 85 %
Neurofibrome plexiforme Naissance 30 %
Neurofibromes cutanés > 7 ans > 99 %
Neurofibromes sous-cutanés > 7 ans 20 %
Macules pseudo-atrophiques Post-puberté 7,5 %
Hamartomes cutanés Naissance 55 % (enfant)
Xanthogranulome juvénile Naissance à 3 ans 1-18 %
Tumeur glomique Adulte Rare
Œil
Nodules de Lisch > 3 ans > 95 %
Gliome optique Naissance à 7 ans (rarement > 40 ans) 15-25 %
Système nerveux
Difficultés d’apprentissage Naissance 30-70 %
Troubles de l’attention avec hyperactivité Naissance 38 %
Épilepsie Tout au long de la vie 6-7 %
Gliome cérébral Tout au long de la vie 2-3 %
Sténose de l’aqueduc Tout au long de la vie 1-5 %
Neuropathie périphérique Adulte 1-2 %
Squelette
Scoliose Naissance à 18 ans 10 %
Scoliose nécessitant une chirurgie Naissance à 18 ans 5%
Pseudo-arthrose tibiale Naissance à 3 ans 2%
Dysplasie ailes du sphénoïde Naissance 1%
Macrocéphalie Naissance 45 %
Retard statural Naissance 30 %
Glandes endocrines
Puberté précoce > 6 ans 2-3 %
Phéochromocytome > 10 ans 2%
Cœur et vaisseaux
Sténose artère rénale Adulte 2%
Hypertension artérielle Adulte 6%
Sténose artère rénale Enfance, adolescence 1-2 %
Malformations cardiovasculaires Naissance 2%
Cancers
Tumeurs malignes des gaines nerveuses > 5 ans 2-5 %
Leucémie < 0,1 %
Tumeur carcinoïde 0,6-1,5 %
rarement (< 5 %) être majeure, secondaire à des dystro- à un risque augmenté d’ostéoporose ou de fracture os-
phies vertébrales plus ou moins étendues par accentuation seuse ²⁰.
de la concavité postérieure du corps vertébral (aspect de Manifestations cardiovasculaires Les malformations
scalopping). Elle peut alors s’associer à des méningocèles cardiaques sont rares (1-2 %) dominées par le risque de sté-
ou à des neurofibromes para- ou intravertébraux faisant nose valvulaire pulmonaire dans près d’un quart des cas ²¹.
risquer une compression médullaire ². Plusieurs critères L’hypertension artérielle est fréquente et est associée à
mineurs ont une prévalence augmentée chez l’enfant at- un risque de décès prématuré chez l’adulte. Elle peut être
teint de NF-1 en comparaison à un enfant indemne de essentielle ou secondaire à une sténose de l’artère rénale,
NF-1 de même sexe et de même âge ¹⁹ : petite taille (15- plus rarement à un phéochromocytome ou une coarctation
31 %), macrocéphalie (29-53 %) et anomalies thoraciques de l’aorte. Les vasculopathies associées à la NF-1 peuvent
à type de pectus excavatum ou carinatum (près d’un tiers se traduire par des sténoses, des anévrismes ou des mal-
des cas). Une diminution globale de densité minérale os- formations artérioveineuses. La sténose de l’artère rénale
seuse semble fréquente à l’âge adulte et prédisposerait constitue la manifestation la plus fréquente touchant 1 %
des patients atteints de NF-1. Les lésions vasculaires se l’ensemble du gène NF1 et la région adjacente du génome.
caractérisent histologiquement par une dysplasie fibromus- Il se traduit par un phénotype particulier et sévère asso-
culaire associée à un épaississement de l’intima et une pro- ciant une dysmorphie faciale (traits épais, asymétrie fa-
lifération des cellules de Schwann sans athérosclérose ²¹. ciale, ptose, front proéminent, hypertélorisme, pointe du
nez proéminente et large), des mains et des pieds larges,
Évolution et complications un nombre augmenté et une apparition précoce de neuro-
Les manifestations et complications de la NF-1 sont va- fibromes, des troubles de l’apprentissage et/ou un retard
riables en fonction de l’âge (tableau 94.1) et doivent être sys- mental, un risque plus marqué de développer une tumeur
tématiquement recherchées par l’examen clinique. Parmi maligne des gaines nerveuses par rapport aux patients at-
ces complications, la transformation maligne d’un neurofi- teints de NF-1 en général et peut être un risque augmenté
brome en tumeur maligne des gaines nerveuses reste d’un de sténose valvulaire pulmonaire (2 observations sur une
pronostic redoutable. série de 11 patients) ²⁶-²⁸.
Un phénotype modéré de NF-1 associant des TCL et des
Tumeurs malignes des gaines nerveuses et autres cancers lentigines mais marqué par l’absence de neurofibromes cu-
La NF-1 est une affection évolutive et imprévisible. L’es- tanés ou plexiformes a été décrit chez 21 patients ayant
pérance de vie des malades atteints de NF-1 est amputée une mutation du gène NF1 à type de délétion en phase de
d’environ dix ans par rapport à la population générale. Les 3 paires de base sur l’exon 17 ²⁹.
tumeurs malignes des gaines nerveuses constituent la prin-
cipale complication de la NF-1 à partir de l’adolescence (2 Prise en charge et suivi
à 5 %) et leur risque de survenue tout au long de la vie Compte tenu de la diversité des atteintes et des pro-
est dix fois plus important que dans la population générale. blèmes rencontrés, le suivi multidisciplinaire au sein de
Les tumeurs malignes des gaines nerveuses se développent centres spécialisés, en relation étroite avec le médecin
à partir de neurofibromes plexiformes préexistants dans généraliste et/ou le pédiatre est souhaitable. Le Centre
deux tiers des cas ²² et se localisent principalement sur les neurofibromatoses-Île-de-France est labellisé comme centre
racines des membres, les extrémités et le rétropéritoine. de référence par le ministère de la Santé (coordinateur : pro-
Elles doivent être suspectées devant une augmentation ra- fesseur Pierre Wolkenstein, service de Dermatologie, hôpi-
pide de taille d’un neurofibrome ancien ou nouvellement tal Henri-Mondor, Créteil) ; NF-France, une filière de soins
apparu, des douleurs d’intensité croissante résistantes aux monothématique consacrée aux neurofibromatoses, a déve-
traitements, l’apparition ou la modification de signes neu- loppé une consultation multidisciplinaire spécialisée dans
rologiques préexistants (déficit moteur ou sensitif). Ces chaque région française.
signes doivent conduire à une consultation rapide pour pro- Ce suivi est particulièrement recommandé chez les malades
grammer une biopsie chirurgicale profonde sans délai ⁴-⁶. ayant un phénotype à risque de morbidité et de mortalité
L’intérêt de la tomoscintigraphie par émission de positons défini par l’existence de neurofibromes sous-cutanés mul-
au 18FDG (TEPSCAN) dans le dépistage des tumeurs ma- tiples. En pratique, les examens complémentaires ne sont
lignes des gaines nerveuses a été démontré dans plusieurs à effectuer que sur des arguments cliniques (tableau 94.2). Au-
séries. Dans une étude prospective portant sur 38 malades cun examen systématique n’est recommandé. La seule ex-
avec 49 tumeurs, sa sensibilité et sa valeur prédictive néga- ception toujours controversée est l’IRM des voies optiques
tive étaient de 100 %, et sa spécificité et sa valeur prédictive chez les enfants de moins de 6 ans pour la détection d’un
positive respectivement de 8 % et de 50 % ²³,²⁴. Le traite- gliome potentiellement agressif.
ment des tumeurs malignes des gaines nerveuses repose Il n’existe pas actuellement de traitement spécifique de la
sur une excision chirurgicale large complétée d’une radio- NF-1. Cependant de nouvelles avancées significatives dans
thérapie. L’intérêt des cytostatiques en seconde ligne reste la physiopathologie de la maladie ont permis de définir de
controversé. Le pronostic global est sombre en raison d’une futures cibles thérapeutiques, certaines en cours d’évalua-
fréquente résistance au traitement et d’un risque métasta- tion pour le traitement du neurofibrome plexiforme (liste
tique élevé. disponible sur www.clinicaltrials.gov) : rapamycine (inhibi-
Certains cancers sont rares au cours de la NF-1 mais ont tion de la voie mTor) ³⁰-³², imatimib mesylate (inhibition de
sans doute une prévalence accrue par rapport à la popula- l’activité du récepteur c-kit) ³³,³⁴, tipifarnib (inhibiteur de
tion générale : leucémies myéloïdes de l’enfant, rhabdomyo- farnésyl transférase bloquant Ras), sorafénib (inhibiteur
sarcome, mélanome malin ²⁵, adénocarcinome et tumeur de tyrosine kinase)...
carcinoïde du duodénum, phéochromocytome malin, ostéo- Le traitement des neurofibromes cutanés constitue la de-
sarcome. mande prioritaire des malades compte tenu du préjudice
esthétique et de leur impact en termes de qualité de vie. Ces
Corrélations génotypes-phénotypes neurofibromes seront détruits par laser CO 2 ou opérés en
Peu de relations entre les mutations du gène NF1 et le phé- informant le patient du risque cicatriciel. La résection pré-
notype sont décrites, la recherche de mutations n’étant pas coce de neurofibromes plexiformes superficiels et de petite
effectuée dans la majorité des cas. taille pourrait dans certains cas prévenir leurs complica-
Le syndrome NF-1 avec microdélétion (5-10 % ; plus de tions ultérieures à l’âge adulte. Elle est cependant difficile à
150 cas rapportés) est lié à une large délétion contenant envisager en raison de leur caractère infiltratif et du risque
IRM imagerie par résonance magnétique · NF-1 neurofibromatose de type 1 · TCL taches café au lait
94-10 Neurofibromatoses
Neurofibromatose segmentaire
La neurofibromatose segmentaire (anciennement NF-5)
correspond à une mutation post-zygotique du gène NF1.
Sa prévalence est estimée à 0,002 % dans la population
générale. Elle est caractérisée par la présence de neurofi-
bromes, et/ou de troubles pigmentaires (taches café au lait,
Coll. D. Bessis
GVO gliome des voies optiques · IRM imagerie par résonance magnétique · NF-1 neurofibromatose de type 1 · NF-2 neurofibromatose de type 2 · TCL taches café au lait
Neurofibromatose de type 2 94-11
Absence de NF-2 suivant les critères diagnostiques (encadré 94.B) ou exclusion des critères suivants :
− schwannome vestibulaire à l’IRM ;
− mutation germinale du gène NF2 ;
− parent de premier degré atteint de NF-2.
Définie Possible Segmentaire
Âge > 30 ans et au moins 2 schwannomes Âge < 30 ans et au moins 2 schwannomes Schwannomatose définie ou possible mais
non intradermiques (dont au moins 1 avec non intradermiques (dont au moins 1 avec limitée à un membre ou 5 ou moins de
confirmation histologique) confirmation histologique) 5 segments de moelle contigus
Un schwannome avec confirmation histologique Âge > 45 ans et au moins 2 schwannomes
et un apparenté au 1 er degré répondant aux (dont au moins 1 avec confirmation
critères ci-dessus histologique)
Visualisation radiologique d’un schwannome non
vestibulaire et 1 apparenté au 1 er degré
répondant aux critères de schwannomatose
définie
Coll. D. Bessis
Fig. 94.17 Schwannome cutané : tuméfaction nodulaire cutanée
et hypertrichose en regard située sur l’hémifront droit au cours d’une
neurofibromatose de type 2
B
Fig. 94.16 A. Schwannome cutané : tuméfaction cutanée brune et
pileuse de l’abdomen au cours d’une neurofibromatose de type 2. B. Gros
plan de la lésion
Coll. D. Bessis
1 Williams VC, Lucas J, Babcock MA et al. Neu- rofibromatous neuropathy in neurofibromato- 17 of the NF1 gene (c.2970-2972 delAAT) : ev-
rofibromatosis type 1 revisited. Pediatrics 2009 ; sis 1 (NF1). J Med Genet 2004 ; 41:837-841. idence of a clinically significant NF1 genotype-
123:124-133. 18 Drouet A, Wolkenstein P, Lefaucheur JP et phenotype correlation. Am J Hum Genet 2007 ;
2 Pinson S, Wolkenstein P. [Neurofibromato- al. Neurofibromatosis 1-associated neuropathies : 80:140-151.
sis type 1 or Von Recklinghausen’s disease]. Rev a reappraisal. Brain 2004 ; 127:1993-2009. 30 Johannessen CM, Johnson BW, Williams
Med Interne 2005 ; 26:196-215. 19 Cnossen MH, Moons KG, Garssen MP et SM et al. TORC1 is essential for NF1-associated
3 Lacour JP. [Café-au-lait spots]. Ann Derma- al. Minor disease features in neurofibromatosis malignancies. Curr Biol 2008 ; 18:56-62.
tol Venereol 1999 ; 126:749-754. type 1 (NF1) and their possible value in diag- 31 Bhola P, Banerjee S, Mukherjee J et al. Pre-
4 Khosrotehrani K, Bastuji-Garin S, Riccardi nosis of NF1 in children < or = 6 years and clinical in vivo evaluation of rapamycin in hu-
VM et al. Subcutaneous neurofibromas are asso- clinically suspected of having NF1. Neurofibro- man malignant peripheral nerve sheath explant
ciated with mortality in neurofibromatosis 1 : a matosis team of Sophia Children’s Hospital. J xenograft. Int J Cancer 2010 ; 126:563-571.
cohort study of 703 patients. Am J Med Genet Med Genet 1998 ; 35:624-627. 32 Franz DN, Leonard J, Tudor C et al.. Ra-
A 2005 ; 132A:49-53. 20 Tucker T, Schnabel C, Hartmann M et al. pamycin causes regression of astrocytomas in
5 Heid E. [Anemic hamartoma]. Ann Dermatol Bone health and fracture rate in individuals tuberous sclerosis complex. Ann Neurol 2006 ;
Venereol 1999 ; 126:529-530. with neurofibromatosis 1 (NF1). J Med Genet 59:490-498.
6 Marque M, Girard C, Roubertie A et al. Neu- 2009 ; 46:259-265. 33 Yang FC, Ingram DA, Chen S et al. Nf1-
rofibromatose de type 1 : intérêt de la recherche 21 Lin AE, Birch PH, Korf BR et al. Cardio- dependent tumors require a microenvironment
systématique de l’hamartome anémique. Ann vascular malformations and other cardiovascu- containing Nf1+/– and c-kit-dependent bone
Dermatol Venereol 2009 ; 136:A129. lar abnormalities in neurofibromatosis 1. Am J marrow. Cell 2008 ; 135:437-448.
7 Cambiaghi S, Restano L, Caputo R. Ju- Med Genet 2000 ; 95:108-117. 34 Demestre M, Herzberg J, Holtkamp N et
veile xanthogranuloma associated with neurofi- 22 King AA, Debaun MR, Riccardi VM, Gut- al. Imatinib mesylate (Glivec) inhibits Schwann
bromatosis 1 : 14 patients without evidence mann DH. Malignant peripheral nerve sheath cell viability and reduces the size of human plex-
of hematologic malignancies. Pediatr Dermatol tumors in neurofibromatosis 1. Am J Med Genet iform neurofibroma in a xenograft model. J Neu-
2004 ; 21:97-101. 2000 ; 93:388-392. rooncol 2010 ; 98:11-19.
8 Burgdorf WH, Zelger B. JXG, NF1, and 23 Bensaid B, Giammarile F, Mognetti T et al.. 35 Kehrer-Sawatzki H, Cooper DN. Mosaicism
JMML : alphabet soup or a clinical issue ? Pe- [Utility of 18 FDG positon emission tomogra- in sporadic neurofibromatosis type 1 : varia-
diatr Dermatol 2004 ; 21:174-176. phy in detection of sarcomatous transforma- tions on a theme common to other hereditary
9 Boyd KP, Korf BR, Theos A. Neurofibromato- tion in neurofibromatosis type 1]. Ann Dermatol cancer syndromes ? J Med Genet 2008 ; 45:622-
sis type 1. J Am Acad Dermatol 2009 ; 61:1-14. Venereol 2007 ; 134:735-741. 631.
10 Johnson RE, Kanigsberg ND, Jimenez CL. 24 Karabatsou K, Kiehl TR, Wilson DM et al. 36 Ruggieri M, Pavone P, Polizzi A et al. Oph-
Localized pruritus : a presenting symptom of Potential role of 18fluorodeoxyglucose-positron thalmological manifestations in segmental neu-
a spinal cord tumor in a child with features of emission tomography/computed tomography rofibromatosis type 1. Br J Ophtalmol 2004 ; 88:
neurofibromatosis. J Am Acad Dermatol 2000 ; in differentiating benign neurofibroma from 1429-1433.
43:958-961. malignant peripheral nerve sheath tumor asso- 37 Baser ME, Friedman JM, Wallace AJ et
11 Zeller J, Wechsler J, Revuz J, Wolkenstein P. ciated with neurofibromatosis 1. Neurosurgery al. Evaluation of clinical diagnostic criteria for
[Blue-red macules and pseudoatrophic macules 2009 ; 65:A160-170. neurofibromatosis 2. Neurology 2002 ; 59:1759-
in neurofibromatosis 1]. Ann Dermatol Venereol 25 Guillot B, Dalac S, Delaunay M et al. Cu- 1765.
2002 ; 129:180-181. taneous malignant melanoma and neurofibro- 38 Goutagny S, Bouccara D, Bozorg-Grayeli A
12 Brems H, Park C, Maertens O et al. Glomus matosis type 1. Melanoma Res 2004 ; 14:159- et al. Neurofibromatosis type 2. Rev Neurol (Pa-
tumors in neurofibromatosis type 1 : genetic, 163. ris) 2007 ; 163:765-777.
functional, and clinical évidence of a novel asso- 26 Leppig KA, Kaplan P, Viskochil D et al. 39 Evans DG. Neurofibromatosis type 2 (NF2) :
ciation. Cancer Res 2009 ; 69:7393-7401. Familial neurofibromatosis 1 microdeletions : a clinical and molecular review. Orphanet J Rare
13 Richetta A, Giustini S, Recupero SM et al. cosegregation with distinct facial phenotype Dis 2009 ; 4:16.
Lisch nodules of the iris in neurofibromatosis and early onset of cutaneous neurofibromata. 40 MacCollin M, Chiocca EA, Evans DG et al.
type 1. J Eur Acad Dermatol Venereol 2004 ; 18: Am J Med Genet 1997 ; 73:197-204. Diagnostic criteria for schwannomatosis. Neu-
342-344. 27 Tonsgard JH, Yelavarthi KK, Cushner S et rology 2005 ; 64:1838-1845.
14 Listernick R, Ferner RE, Liu GT, Gutmann al. Do NF1 gene deletions result in a character- 41 Hulsebos TJ, Plomp AS, Wolterman RA et
DH. Optic pathway gliomas in neurofibromatosis- istic phenotype ? Am J Med Genet 1997 ; 73:80- al. Germline mutation of INI1/SMARCB1 in fa-
1 : controversies and recommendations. Ann 86. milial schwannomatosis. Am J Hum Genet 2007 ;
Neurol 2007 ; 61:189-198. 28 Riva P, Corrado L, Natacci F et al. NF1 mi- 80:805-810.
15 Virdis R, Street ME, Bandello MA et al. crodeletion syndrome : refined FISH character- 42 MacCollin M, Woodfin W, Kronn D, Short
Growth and pubertal disorders in neurofibro- ization of sporadic and familial deletions with MP. Schwannomatosis : a clinical and patho-
matosis type 1. J Pediatr Endocrinol Metab 2003 ; locus-specific probes. Am J Hum Genet 2000 ; logic study. Neurology 1996 ; 46:1072-1079.
16:289-292. 66:100-109. 43 Jacoby LB, Jones D, Davis K et al. Molecular
16 Ferner RE. Neurofibromatosis 1 and neu- 29 Upadhyaya M, Huson SM, Davies M et al. analysis of the NF2 tumor-suppressor gene in
rofibromatosis 2 : a twenty first century perspec- An absence of cutaneous neurofibromas asso- schwannomatosis. Am J Hum Genet 1997 ; 61:
tive. Lancet Neurol 2007 ; 6:340-353. ciated with a 3-bp inframe deletion in exon 1293-1302.
17 Ferner RE, Hughes RA, Hall SM et al.. Neu-
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Valeyrie-Allanore L, Wolkenstein P, Bessis D. Neurofibromatoses. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 :
Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 94.1-94.14.
95
Sclérose tubéreuse de Bourneville
Fabienne Ballanger, Gaëlle Quereux, Sébastien Barbarot
Coll. D. Bessis
du front (fig. 95.6) qui est retrouvée chez 20 % des patients.
Il s’agit d’une plaque brun jaunâtre, légèrement surélevée,
de consistance variable. Histologiquement, cette lésion est
Fig. 95.2 Macules hypopigmentées lancéolées du thorax au cours d’une similaire aux angiofibromes mais avec une composante vas-
sclérose tubéreuse de Bourneville culaire moins importante.
Plaque « peau de chagrin » Cette plaque apparaît en gé-
Angiofibromes Ils sont pathognomoniques de la STB. néral entre 2 et 5 ans. À l’examen, elle est retrouvée chez
Les angiofibromes papulonodulaires typiques sont retrou- environ 48 % des patients souffrant de STB ³,⁴. La lésion
vés dans près de 70 à 75 % des STB ³,⁴. Ils se présentent sous se présente comme une plaque unique, discrètement sur-
la forme d’élevures de couleur rose à rouge avec une surface élevée, de surface fripée, granitée. Elle siège préférentiel-
lisse et brillante, mesurant de 1 à 10 mm. Ils sont distri- lement dans la région lombosacrée. Sa taille varie de un à
bués de manière bilatérale et symétrique au niveau médio- dix centimètres de diamètre (fig. 95.7).
facial et principalement au niveau des sillons nasogéniens Fibromes péri-unguéaux Encore appelés « tumeurs de
(fig. 95.4). Ils peuvent s’étendre au niveau du front et des Koënen », ils sont caractéristiques de la STB. Ils appa-
raissent rarement avant 10 ans, plus souvent à l’adoles-
cence, ils sont alors souvent uniques. Ensuite, leur fré-
quence augmente avec l’âge (88 % chez les plus de 30 ans) ⁴.
Chez l’adulte, ils sont le plus souvent multiples. Ils sont loca-
lisés autour ou sous les ongles des doigts et des orteils, plus
fréquemment au niveau du premier orteil. Ils se présentent
sous forme de petites proliférations oblongues, charnues,
en « grain de blé », grises ou rosées, fermes. Ils se détachent
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 95.6 Plaque fibreuse du front droit au cours d’une sclérose
tubéreuse de Bourneville
Coll. D. Bessis
Astrocytomes à cellules géantes Ils sont présents chez 6
à 14 % des patients. Ils sont situés au niveau des parois des
ventricules latéraux, notamment en regard des trous de
Monroe, exposant au risque d’hydrocéphalie par obstruc- Fig. 95.8 Fibrome périunguéal au cours d’une sclérose tubéreuse de
tion de la sortie du 3 e ventricule. Ces lésions augmentent Bourneville : prolifération oblongue, charnue, de couleur rosée surmontant
progressivement de volume tout au long de la vie (contrai- une dépression en gouttière longitudinale de la tablette unguéale de l’orteil
rement aux deux autres lésions), mais sont accessibles au en regard
traitement neurochirurgical.
L’imagerie cérébrale permet d’explorer ces anomalies. Le
scanner cérébral est utile pour détecter les nodules sous-
épendymaires calcifiés, qui sont pathognomoniques. Mais
l’IRM cérébrale est plus adaptée pour préciser le nombre et
la localisation des lésions cérébrales hamartomateuses, qui
apparaissent sous forme d’hypersignaux, typiquement au
niveau cortical ou sous-cortical. Aucun signe d’imagerie ne
permet de différencier un astrocytome à cellules géantes
d’un nodule sous-épendymaire.
L’IRM et le scanner cérébral peuvent être normaux pendant
Coll. D. Bessis
l’enfance et les lésions peuvent apparaître secondairement.
L’imagerie cérébrale reste normale chez 5 % des adultes
atteints, même chez ceux qui présentent des crises d’épilep-
sie ¹³. Il apparaît nettement que les patients ayant un plus Fig. 95.9 Fibromes muqueux gingivaux au cours d’une sclérose
grand nombre de lésions corticales à l’IRM cérébrale ont tubéreuse de Bourneville : élevures rosées et lisses prédominant sur les
une atteinte neurologique plus sévère ¹⁴. papilles interdentaires
Épilepsie Elle survient dans 70 à 90 % des cas quel que
soit l’âge et peut être isolée ou associée à d’autres manifes- l’électro-encéphalogramme. Le pronostic est généralement
tations neurologiques. Il existe une relation significative sombre. Avec la maturation corticale et sous-corticale, les
entre le volume des tubers et la présence ou l’absence d’une spasmes se résolvent parfois spontanément mais sont sou-
épilepsie ¹⁵. Tous les types d’épilepsie sont rapportés. Le vent remplacés par d’autres crises convulsives partielles ou
type le plus précoce et le plus caractéristique est le syn- généralisées. Dans 60 % des cas, l’évolution se fait vers un
drome de West (spasmes infantiles), révélateur de la STB syndrome de Lennox-Gastaut : crises atoniques et toniques
dans 70 % des cas ¹¹,¹². En revanche, la STB n’est respon- débutant vers 4 ans et salves de pointes-ondes à 2 cycles
sable que de 15 % des syndromes de West. Ce syndrome de par seconde sur l’électro-encéphalogramme. La STB est res-
West est plus fréquent chez le garçon et débute le plus sou- ponsable de 2 % des syndromes de Lennox-Gastaut. Les
vent entre 3 et 12 mois. Il correspond à la triade : spasmes épilepsies sont le plus souvent réfractaires aux traitements,
en flexion, régression psychomotrice et hypsarythmie à nécessitant le recours à des associations de plusieurs traite-
ments médicaux et parfois à un traitement chirurgical ¹⁶. symptomatiques ont un volume supérieur ou égal à 4 cm.
Retard mental Il est constaté chez 50 à 60 % des pa- Le diagnostic d’angiomyolipome est le plus souvent fait
tients atteints de STB mais est de profondeur variable. Il sur l’échographie abdominale. La combinaison de l’échogra-
est plus fréquemment présent chez les enfants ayant des phie et du scanner permet d’affirmer le diagnostic. Dans
spasmes infantiles persistants ou d’autres types de convul- le cas des petites tumeurs, la surveillance radiologique est
sions ¹,¹². Plusieurs études ont rapporté une association préconisée. Pour les tumeurs de grande taille (supérieure à
entre nombre de tubérosités corticales, risque d’épilepsie 3,5 cm), on peut proposer une embolisation artérielle pré-
et retard mental. En effet, la survenue d’un retard men- ventive par angiographie. Une néphrectomie est indiquée
tal semble associée au nombre de tubers corticaux (plus en cas d’hémorragie massive ou de lésions de plus de 4 cm.
de 5) et à leur localisation (dans les régions frontales et Kystes rénaux Il s’agit généralement de kystes simples
occipitales). des reins. Une minorité de patients (2 %) présente une po-
Autisme La fréquence de l’autisme dans la STB est éva- lykystose rénale vraie secondaire à une délétion contiguë
luée entre 17 à 68 % ¹⁷. Le retard mental et l’épilepsie consti- affectant à la fois TSC2 et PKD1 (gène de la polykystose
tuent des facteurs de risques pour développer cet autisme. rénale autosomique dominante) sur le chromosome 16.
Par ailleurs, il a été montré, chez les sujets ayant une STB Cancer du rein L’incidence globale de carcinome rénal
avec autisme et/ou retard mental, un nombre plus impor- chez les patients atteints de STB est identique à la popula-
tant de tubers corticaux par rapport aux sujets sans retard tion générale (2-3 %) mais de survenue plus précoce ¹. Ainsi,
mental et une localisation des tubers au niveau temporal. devant une lésion hypoéchogène atypique, une ponction
Difficultés d’apprentissage Ces difficultés ont été dé- biopsie rénale doit être réalisée pour éliminer un cancer.
crites chez les sujets ayant une STB, même chez les sujets Autres atteintes Il a été décrit des cas de glomérulosclé-
ayant une intelligence normale ¹⁸. Les tests psychomoteurs rose segmentaire, de fibrose interstitielle, de microlésions
permettent de mettre en évidence des faiblesses de mémo- hamartomateuses et de microlésions intraglomérulaires.
risation, un retard de langage, une dyscalculie, des difficul-
tés visuospatiales, une apraxie. Les antécédents d’épilepsie Manifestations cardiaques
sont prédictifs de ces difficultés d’apprentissage. Les rhabdomyomes intracardiaques sont la manifestation
Autres problèmes neuropsychiatriques Une hyperacti- hamartomateuse la plus précoce de la STB, détectable dès
vité a été notée chez 59 à 86 % des patients. Des troubles 22 semaines d’aménorrhée. La découverte d’un rhabdo-
du sommeil sont retrouvés chez 60 % des patients atteints myome est fortement évocatrice du diagnostic de STB (en
de STB. particulier quand ils sont multiples). En effet, environ 80 %
des enfants ayant un rhabdomyome sont atteints de la ma-
Manifestations rénales ladie ²²-²⁴. Ces tumeurs régressent le plus souvent sponta-
nément au cours du 3 e trimestre de grossesse.
Elles sont détectées chez 94 % des patients atteints de Les manifestations cliniques liées aux rhabdomyomes sont
STB ¹⁹-²¹. Elles constituent la deuxième cause de mortalité limitées en période néonatale. La plus fréquente est la ta-
après l’atteinte neurologique et conditionnent le pronostic chycardie supraventriculaire. Il existe 4 à 6 % de décès fœtal
de la maladie. lié aux rhabdomyomes.
L’atteinte peut se manifester sous trois formes : l’angiomyo-
lipome, les kystes rénaux et le cancer du rein. Les mani- Manifestations ophtalmologiques
festations cliniques sont variées. L’hématurie est la plus L’anomalie la plus fréquente est l’hamartome rétinien astro-
fréquente, souvent révélatrice d’un angiomyolipome. Les cytique, encore appelé « phacome rétinien ». Il est associé
autres symptômes peuvent être des douleurs abdominales, à la STB dans 50 % des cas ²⁵.
des lombalgies ou une masse palpable à l’examen clinique, Il peut prendre trois formes cliniques :
mais les lésions peuvent rester asymptomatiques. − la forme plane, molle, grise, translucide, non calcifiée :
Angiomyolipome C’est l’atteinte rénale la plus fréquente : la plus fréquente ;
75 à 80 % des lésions rénales ⁴¹ au cours de la STB. Il s’agit − la forme surélevée, opaque, multinodulaire, calcifiée,
d’une tumeur bénigne hamartomateuse non encapsulée, d’aspect muriforme, « en amas de grain de tapioca » ;
composée de cellules musculaires lisses, de tissu adipeux et − la forme intermédiaire, plus rare, ayant des caractéris-
de vaisseaux sanguins anormaux. On différencie la forme tiques des deux précédentes.
sporadique (80 % des cas, tumeur de petite taille, asympto- Ces lésions sont le plus souvent asymptomatiques. Le diag-
matique, le plus souvent chez la femme à partir de 40 ans) nostic se fait lors de l’examen ophtalmologique systéma-
et la forme associée à la STB (20 % des cas, généralement tique. Les hamartomes rétiniens ne sont pas évolutifs dans
multiples, bilatéraux, augmentant de taille avec l’âge). Dans le temps. Des lésions achromiques de l’épithélium pigmen-
la plupart des cas, ces tumeurs sont asymptomatiques et dé- taire rétinien ont été décrites chez les sujets atteints de
couvertes de façon fortuite. Ces lésions sont néanmoins ca- STB dans 39 % des cas.
ractérisées par leur risque hémorragique (5 à 25 % des cas),
responsable d’hématurie et de rupture spontanée dans le ré- Manifestations pulmonaires
tropéritoine. L’importance de la symptomatologie clinique L’atteinte pulmonaire est rare (1 % des STB). Les femmes
est corrélée au volume tumoral, en effet 90 % des tumeurs sont le plus souvent touchées, particulièrement en période
IRM imagerie par résonance magnétique · STB sclérose tubéreuse de Bourneville · TDM tomodensitométrie
Références 95-7
Fonction de TSC1 et TSC2 TSC1, il n’y a pas de délétion. Les mutations ponctuelles,
Le gène TSC2 code pour la tubérine, une protéine de responsables de protéines tronquées dans la plupart des
200 kDa qui comporte un domaine GTP-ase activating pro- cas, sont également réparties de façon homogène le long
teine (GAP). Ce gène localisé en 16p13.3 ³¹ est contigu de TSC1. Très peu sont récurrentes. Les mutations de TSC2
au gène PKD1 responsable de la polykystose rénale au- sont distribuées de façon homogène et tous les types sont
tosomique dominante. TSC1 code pour une protéine de représentés : délétions, insertions, duplications, non-sens,
130 kDa : l’hamartine ³². L’association de l’hamartine aux faux-sens ³⁵. De façon générale, il semble que les mutations
protéines de la famille ERM permet d’expliquer son rôle dans TSC2 soient associées à des formes plus sévères de la
déterminant dans l’adhésion et la migration cellulaire ³³. maladie.
L’hamartine et la tubérine interagissent ensemble pour
former un complexe protéique. Il a été démontré que le Conseil génétique
complexe hamartine-tubérine est un inhibiteur sélectif de Dans la STB, il se heurte à la très grande variabilité d’ex-
la kinase mTOR, protéine clef dans la cascade contrôlant la pression. Il existe trois cas de figure :
croissance cellulaire. La perte fonctionnelle de ce complexe − la forme familiale connue ou le risque de transmission
entraîne une activation permanente de cette voie de signa- est de 50 % ; dans ce cas, un diagnostic prénatal est
lisation, ce qui pourrait être à l’origine du développement possible par biologie moléculaire lorsque la mutation
des tumeurs hamartomateuses. La découverte de l’impor- est préalablement identifiée ;
tance de mTOR dans la physiopathologie de la STB ouvre − la forme sporadique qui doit être confirmée par un exa-
de nouvelles perspectives en recherche thérapeutique par men clinique et paraclinique complet (ou par étude gé-
l’utilisation de molécules inhibitrices de kinase comme la nétique) chez les parents. Les risques pour les parents
rapamycine ³⁴. d’avoir un enfant à nouveau atteint de STB sont estimés
à 2 % dus au risque de mosaïque germinal. Un diagnos-
Mécanisme tumoral tic prénatal est indiqué si la mutation a été identifiée ;
L’apparition des tumeurs hamartomateuses est liée à une − la découverte fortuite de rhabdomyomes à l’échogra-
perte d’hétérozygotie (LOH). C’est-à-dire qu’en plus de la phie anténatale du deuxième trimestre. La présence de
mutation d’un allèle de TSC1 ou TSC2 hérité d’un des deux rhabdomyomes multiples est quasi pathognomonique
parents, une seconde mutation (en général une délétion) de STB. Le suivi des cas dépistés en anténatal montre
survient de façon aléatoire sur le second allèle au cours de que près d’un tiers présenteront un retard d’acquisition
la vie du patient. La tumeur est donc secondaire à une ano- plus ou moins associé à une épilepsie.
malie récessive de TSC1 ou TSC2, mais le type de transmis-
sion observé est autosomique dominant. Ces observations Conclusion
tendent à prouver que TSC1 et TSC2 sont des gènes sup-
presseurs de tumeur. La LOH a été décrite dans une large L’accélération des découvertes sur la STB a conduit à pro-
variété d’hamartomes ou de tumeurs plus agressives. poser de nouveaux critères diagnostiques et une stratégie
de surveillance des patients, de manière à identifier pré-
Répartition des mutations et corrélation génotype-phénotype cocement les atteintes viscérales et à proposer un traite-
Les mutations de TSC1 sont plus fréquentes dans les ment efficace. Les avancées dans le domaine de la géné-
formes familiales alors que les mutations de TSC2 sont tique donnent la possibilité d’un diagnostic prénatal et du
plus fréquentes dans les formes sporadiques. Au niveau de conseil génétique malgré la diversité des mutations.
1 Crino PB, Nathanson KL, Henske EP. The healthy population. J Pediatr 1996 ; 129:355- NPJ. Carbon dioxide and pulsed dye treatment
tuberous sclerosis complex. N Engl J Med 2006 ; 361. of angiofibromas in 29 patients with tuberous
355:1345-1356. 6 Trauner MA,Ruben BS, Lynch PJ. Segmental sclerosis. Br J Dermatol 2002 ; 147:337-342.
2 Osborne JP, Fryer AE, Webb D. Epidemiol- tuberous sclerosis presenting as unilateral facial 10 Webb DW, Fryer AE, Osborne JP. Morbid-
ogy of tuberous sclerosis. Ann NY Acad Sci 1991 ; angiofibromas. J Am Acad Dermatol 2003 ; 49: ity associed with tuberous sclerosis : a popula-
615:125-127. S164-166. tion study. Dev Med Child Neurol 1996 ; 38:146-
3 Webb DW, Clarke A, Fryer A, Osborne JP. 7 Ruiz-Villaverde R, Blasco-Melguizo J, Her- 155.
The cutaneous features of tuberous sclerosis : a nández-Jurado I et al. Bilateral and multiple 11 Gomez MR. Phenotype of the tuberous scle-
population study. Br J Dermatol 1996 ; 135:1-5. periungual fibromas as an oligosymptomatic rosis complex with a revision of diagnostic cri-
4 Jozwiak S, Schwartz A, Janniger Krysicka form of tuberous sclerosis. Dermatology 2004 ; teria. Ann NY Acad Sci 1991 ; 615:1-7.
C et al. Skin lesions in children with tuber- 209:160-161. 12 Asato MR, Hardan AY. Neuropsychiatric
ous sclerosis complex : their prevalence, natural 8 Song MG, Park KB, Lee ES. Resurfacing of problems in tuberous sclerosis complex. J Child
course, and diagnostic significance. Int J Derma- facial angiofibromas in tuberous sclerosis pa- Neurol 2004 ; 19:241-249.
tol 1998 ; 37:911-917. tients unsing CO2 laser with flashscanner. Der- 13 Shepherd CW, Houser OW, Gomez MR. MR
5 Vanderhooft SL, Francis JS, Pagan RA et matol Surg 1999 ; 25:970-972. findings in tuberous sclerosis complex and corre-
al. Prevalence of hypopigmented macules in a 9 Papadavid E, Markey A, Bellaney G, Walker lation with seizure development and mental im-
pairment. Am J Neuroradiol 1995 ; 16:149-155. Ann Med Interne (Paris) 2003 ; 154:255-258. 29 Hyman MH, Whittemore VH. National in-
14 Hosoya M, Naito H, Nihei K. Neurological 22 Tworetzky W, Mcelhinney DB, Margossian stitues of health consensus conference : tuber-
prognosis correlates with variations over time R et al. Association between cardiac tumors and ous sclerosis complex. Arch Neurol 2000 ; 57:
in the number of subepndymal nodules in tuber- tuberous sclerosis in fetus and neonate. Am J 662-665.
ous sclerosis. Brain Dev 1999 ; 21:544-547. Cardiol 2003 ; 92:487-489. 30 Roach ES, DiMario JF, Kandt RS, Northrup
15 Ridler K, Suckling J, Higgins N et al. Stan- 23 Perez T, Christiaens L, Bonneau D et al. Car- H. Tuberous sclerosis consensus conference :
dardized whole brain mapping of tubers and diac hamartomas in Tuberous sclerosis. Perina- Recommandations for diagnosis evaluation. J
subependymal nodules in tuberous sclerosis tal echographic diagnosis and spontaneous evo- Child Neurol 1999 ; 14:401-407.
complex. J Child Neurol 2004 ; 19:658-665. lution. Arch Pediatr 2003 ; 10:126-129. 31 Identification and characterization of the
16 Thiele EA. Managing epilepsy in tuberous 24 Bader SR, Chitayat D, Kelly E et al. Fetal tuberous sclerosis gene on chromosome 16. The
sclerosis complex. J Child Neurol 2004 ; 19:680- rhabdomyoma : prenatal diagnosis, clinical out- European Chromosome 16 Tuberous Sclerosis
686. come, and incidence of associated with tuber- Consortium. Cell 1993 ; 75:1305-1315.
17 Bolton PF, Griffiths PD. Association of ous sclerosis. J Pediatr 2003 ; 143:620-624. 32 Van Slegtenhorst M, de Hoogt R, Hermans
tuberous sclerosis of temporal lobes with 25 Rowley SA, O’Callaghan FJ, Osborne JP. C et al. Identification of the tuberous sclerosis
autism and atypical autisme. Lancet 1997 ; 349: Ophtalmic manifestations of tuberous sclero- gene TSC1 on chromosome 9q34. Science 1997 ;
392-395. sis : a population based study. Br J Ophtalmol 277:805-807.
18 Joinson C, O’callaghan FJ, Osborne JP et al. 2001 ; 85:420-423. 33 Lamb RF, Roy C, Diefenbach TJ et al. The
Learning disability and epilepsy in an epidemio- 26 Vicente MP, Pons M, Medina M. Pul- TSC1 tumor suppressor hamartin regulates cell
logical sample of individuals with tuberous scle- monary Involvement in tuberous sclerosis. Pe- adhesion through ERM proteins and the GT-
rosis complex. Psychol Med 2003 ; 33:335-344. diatr Pulmonol 2004 ; 37:178-180. Pase Rho. Nature Cell Biology 2000 ; 2:281-287.
19 Webb DW, Kabala J, Osborne JP. A popula- 27 Costello LC, Hartman TE, Ryu JH. High fre- 34 Narayanan V. Tuberous sclerosis complex :
tion study of renal disease in tuberous sclerosis. quency of pulmonary lymphangioleiomyomato- genetics to pathogenesis. Pediatr Neurol 2003 ;
Br J Urol 1994 ; 74:151-154. sis in women with tuberous sclerosis. Mayo Clin 29:404-409.
20 Ewalt DH, Sheffield E, Sparagana SP et al. Proc 2000 ; 75:591-594. 35 Dabora SL, Jozwiak S, Franz DN et al. Mu-
Renal lesion growth in children with tuberous 28 Roach ES, Gomez MR, Northrup H. Tuber- tational analysis in a cohort of 224 tuberous
sclerosis complex. J Urol 1998 ; 160:141-145. ous sclerosis complex consensus conference : re- sclerosis patients indicates increased severity
21 Fatihi EM, Khanfri N, Niang A et al. Renal vised clinical diagnositc criteria. J Child Neurol of TSC2, compared with TSC1, disease in multi-
manifestations of tuberous sclerosis complex. 1998 ; 13:624-628. ple organs. Am J Hum Genet 2001 ; 68:64-80.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Ballanger F, Quereux G, Barbarot S. Sclérose tubéreuse de Bourneville. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine,
vol. 4 : Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 95.1-95.8.
96
Hypomélanose de Ito
et mosaïcismes pigmentaires
Jean-Philippe Lacour
HI hypomélanose de Ito
96-2 Hypomélanose de Ito et mosaïcismes pigmentaires
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 96.1 Mosaïcisme pigmentaire de type Ito : multiples macules
hypopigmentées réparties de façon linéaire sur les membres supérieurs
taires et systématisées en bandes ou « tourbillonnantes », Fig. 96.2 Mosaïcisme pigmentaire de type Ito : multiples macules
moins fréquentes (fig. 96.6). Ce type de lésion n’est habituel- hypopigmentées réparties de façon linéaire sur les membres inférieurs
lement pas associé à des anomalies extra-cutanées. Les
limites avec l’HI sont floues dans les formes segmentaires Aspects histopathologiques
qui pourraient correspondre à une HI sans anomalies extra- Le nombre des mélanocytes est normal ou diminué ; leur
cutanées. taille est souvent plus petite ; il existe une diminution de
Les troubles pigmentaires segmentaires décrits par Metz- l’activité mélanogénique. Les granules de mélanine sont
ker se présentent comme des lésions hypo ou hyperpigmen- réduits en nombre au sein des kératinocytes basaux et
tées en bandes, dont la distribution suit les dermatomes, intermédiaires ⁹. Sur le plan ultrastructural, des anoma-
avec délimitation nette sur la ligne médiane ⁸. Ces lésions lies variées ont été rapportées, témoignant du caractère
cutanées semblent isolées puisque aucune association avec polymorphe de l’HI ¹⁰. Elles touchent principalement les
d’autres anomalies, en particulier neurologiques, n’a été mélanocytes : diminution du nombre des mélanosomes,
rapportée. La cause de ce trouble pigmentaire est inconnue. prédominance des types III et IV, parfois disposés en
Il pourrait aussi s’agir d’un mosaïcisme pigmentaire. agrégats ; signes dégénératifs mélanocytaires avec dimi-
L’hypermélanose nævoïde linéaire et tourbillonnante a une nution de leur taille, forme arrondie, dendrites courts,
distribution caractéristique selon les lignes de Blaschko, vacuoles autophagiques et inclusions lipidiques. Des ano-
mais se distingue de l’HI par une hyperpigmention en malies mélanosomiales ont aussi été décrites dans les ké-
bande ou en tourbillon. Cependant, dans certains cas, des ratinocytes. Un riche réseau nerveux constitué d’axones
difficultés diagnostiques se posent car dans l’HI, il n’est non myélinisés a parfois été observé dans le derme papil-
pas toujours facile de distinguer ce qui est hypo, normo ou laire.
hyperpigmenté.
Des difficultés diagnostiques peuvent aussi se poser avec Manifestations extra-cutanées
les macules hypopigmentées de la sclérose tubéreuse de
Bourneville et des lésions dépigmentées acquises post- Elles sont présentes dans 75 % des cas environ, touchant
inflammatoires, en particulier le lichen striatus au stade essentiellement le système nerveux central, le squelette et
d’hypopigmentation (fig. 96.7). les yeux.
HI hypomélanose de Ito
Manifestations extra-cutanées 96-3
Coll. D. Bessis
Fig. 96.4 Mosaïcisme pigmentaire de type Ito du scalp : dépigmentation
des cheveux de couleur orangée sur une zone localisée occipitale
Coll. D. Bessis
Anomalies neurologiques
Ce sont les plus fréquentes (70 % des cas), justifiant la clas-
sification de l’HI parmi les syndromes neurocutanés ¹¹. La
sévérité des atteintes neurologiques n’est pas corrélée à
Coll. D. Bessis
l’étendue de l’hypopigmentation, mais elle est liée à la pré-
cocité d’apparition des symptômes neurologiques.
Les manifestations cliniques sont variables ¹¹,¹² :
− 70 % des sujets atteints d’HI présentent un retard men- Fig. 96.5 Hamartome achromique solitaire : macule achromique
tal avec un QI < 70 ; 15 % sont à la limite du QI normal grossièrement rectangulaire, à bord dentelé du creux susclaviculaire
pour l’âge ;
− des convulsions surviennent dans 40 % des cas envi- la marche, surdité, anomalies cérébelleuses avec atro-
ron. Il s’agit le plus souvent de spasmes infantiles ou phie cérébelleuse et ataxie...
d’épilepsie myoclonique. Leur particularité est une sur- L’IRM cérébrale met souvent en évidence des lésions po-
venue précoce, généralement pendant la première an- lymorphes et asymétriques ¹³,¹⁴. Les plus fréquentes sont
née de vie, et une tendance à la résistance aux anti- l’hémimégalencéphalie, la lissencéphalie, la micropolygyrie,
convulsivants entraînant une difficulté de contrôle thé- des hétérotopies de la substance grise en foyers à l’intérieur
rapeutique ; de la substance blanche, une atrophie et/ou dilatation des
− des troubles neuro-psychiatriques sont possibles avec ventricules cérébraux, une porencéphalie, des anomalies
un comportement autistique dans 10 % des cas, une de la substance blanche avec mise en évidence de petits
hyperactivité et des troubles du langage ; foyers clairs sur les séquences en T2 qui correspondent à
− d’autres anomalies ont été décrites : hypotonie muscu- des groupes de cellules nerveuses géantes hétérotopiques,
laire, macro ou microcéphalie, hémiparésie, troubles de accompagnées de gliose et d’un défaut de myélinisation ¹⁵,
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
une atrophie ou hypoplasie cérébelleuse ¹⁶, une atrophie du avec hypertrophie ou hypotrophie d’un membre, hypertro-
tiers postérieur du corps calleux... phie hémicorporelle, genu valgum)...
De rares études neuropathologiques ont montré une désor-
ganisation complète de la cytoarchitecture cérébrale tradui- Anomalies oculaires
sant une anomalie de la morphogenèse du cortex cérébral Les plus fréquentes sont l’exotropie, la myopie, les malfor-
avec coexistence de cellules nerveuses ayant eu une migra- mations du nerf optique et des troubles pigmentaires au
tion normale, de cellules nerveuses présentant un « arrêt fond d’œil ¹⁸. On peut également observer un strabisme, un
en route » et de cellules nerveuses caractérisées par une épicanthus, un hypertélorisme, une microphtalmie, une
absence totale de migration ¹⁷. Ces anomalies histopatho- hétérochromie irienne, des opacités cornéennes, une ca-
logiques orientent vers une perturbation de la migration taracte congénitale, une mélanose sclérale, une dacryosté-
des cellules nerveuses durant la maturation cérébrale, per- nose, un ptosis, un nystagmus, une exophtalmie. Certaines
turbant l’architecture du cortex cérébral et de la substance anomalies pigmentaires au fond d’œil suggèrent un mo-
blanche. saïcisme génétique des cellules épithéliales pigmentaires
rétiniennes ¹⁹.
Anomalies musculo-squelettiques
Les plus fréquentes sont la scoliose, les déformations du Autres
thorax (pectus carinum, pectus excavatum), les déformations Diverses anomalies dentaires sont décrites : dysplasies ou
des doigts (syndactylie, polydactylie, brachydactylie, clino- hypoplasies dentaires, anodontie partielle, agénésie des mo-
dactylie). D’autres anomalies musculo-squelettiques sont laires, anomalies d’implantation et d’espacement des dents,
plus rares : malformations du massif facial (hypertélorisme, anomalies de l’émail (rayures, cannelures), hamartomatous
palais ogival, asymétrie du visage, fente labiale ou palatine, dental cusps (excroissances en forme de griffe de la surface
oreilles malformées, macrocéphalie, retard de fermeture de palatine des couronnes dentaires, donnant l’aspect d’une
la fontanelle), des malformations des membres (asymétrie deuxième rangée de dents) ²⁰. Des anomalies des dermato-
Physiopathologie 96-5
Physiopathologie
Coll. D. Bessis
Les anomalies cytogénétiques constatées dans l’HI pour-
raient concerner des gènes intervenant dans la pigmenta-
Fig. 96.8 Syndrome de Pallister-Killian (tétrasomie 12p en mosaïque) : tion cutanée. Elles seraient donc responsables d’anomalies
macules hypochromes à disposition linéaires sur l’avant-bras et non mélanocytaires pouvant toucher la fonction de mélanogé-
systématisées sur le bras et la jambe nèse ou les capacités de migration, de différenciation, ou
de survie des mélanoblastes et des mélanocytes. Cepen-
glyphes, une puberté précoce, une cardiopathie congénitale dant, ces hypothèses n’ont jamais été vérifiées car, du fait
ou diverses malformations uro-génitales (duplication uré- des difficultés de culture mélanocytaire, le caryotype des
térale, acidose tubulaire rénale, micropénis, cryptorchidie) mélanocytes n’a encore jamais été réalisé. En effet, l’ana-
sont également rapportées de façon ponctuelle. lyse de l’ADN sur des cultures de mélanocytes provenant
de prélèvements de peau hypopigmentée et de peau nor-
Génétique male pourrait détecter le mosaïcisme génomique et établir
une corrélation entre la présence de la mutation génique
Plusieurs types d’anomalies cytogénétiques ont été rappor- dans les mélanocytes de la peau atteinte et l’absence de
tées au cours de l’HI. Le fait que de multiples anomalies cette mutation dans les mélanocytes de la peau normale.
chromosomiques puissent donner un même phénotype Dans ces conditions, les altérations génétiques pourraient
clinique va contre l’hypothèse d’une localisation monogé- alors être envisagées comme des facteurs étiologiques de
nique et a conduit à considérer l’HI comme un marqueur l’HI.
cutané non spécifique d’un mosaïcisme génétique, et non Cependant, si l’on considère les interactions étroites qui
comme une entité distincte. existent entre kératinocytes et mélanocytes au sein de
Les anomalies cytogénétiques peuvent être dépistées à par- l’unité épidermique de mélanisation, on ne peut éliminer
tir du caryotype lymphocytaire sanguin, mais parfois uni- la possibilité qu’une mutation touchant une fonction kéra-
quement à partir du caryotype fibroblastique et/ou kéra- tinocytaire de contrôle de la mélanisation soit responsable
tinocytaire. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un mosaï- des troubles pigmentaires observés. Dans ce cas l’anomalie
cisme concernant, soit les autosomes (mosaïcisme géno- serait primitivement kératinocytaire.
mique) ²¹, soit le chromosome X (mosaïcisme fonctionnel Il arrive que les caryotypes constitutionnels lymphocy-
selon la théorie de l’inactivation de l’X) ²². Dans les deux taires, fibroblastiques et kératinocytaires soient normaux.
cas, des anomalies cytogénétiques ont été caractérisées et Il est possible que le mosaïcisme ne puisse pas être dépisté
localisées sur les chromosomes en cause. Les chromosomes par les techniques cytogénétiques usuelles quand il s’agit
sexuels sont impliqués dans 58,8 % des cas, avec 53 % pour de petites délétions ou de mutations ponctuelles, parfois à
le chromosome X et 16,6 % pour le chromosome Y, les auto- l’échelon moléculaire. D’autre part, il est possible que l’ano-
somes dans 47 % des cas (chromosomes 2, 8, 9, 12, 13, 15, malie cytogénétique soit limitée à la lignée mélanocytaire.
14, 18 et 22) ²³-²⁵. Certaines régions chromosomiques sont Seule l’étude du caryotype mélanocytaire permettrait de
plus souvent touchées : bras court du X, bras court du 12, répondre à cette question.
HI hypomélanose de Ito
96-6 Hypomélanose de Ito et mosaïcismes pigmentaires
1 Sybert VP. Hypomelanosis of Ito : a descrip- 1996 ; 13:87-92. somatic mosaicism. Ophthalmic Paediatr Genet
tion, not a diagnosis. J Invest Dermatol 1994 ; 11 Golden SE, Kaplan AM. Hypomelanosis of 1990 ; 11:273-279.
103:141S-143S. Ito : neurologic complications. Pediatr Neurol 20 Happle R, Vakilzadeh F. Hamartomatous
2 Bolognia JL, Orlow SJ, Glick SA. Lines of 1986 ; 2:170-174. dental cusps in hypomelanosis of Ito. Clin Genet
Blaschko. J Am Acad Dermatol 1994 ; 31:157- 12 Griebel V, Kregeloh-Mann I, Michaelis R. 1982 ; 21:65-68.
190. Hypomelanosis of Ito — report of four cases 21 Happle R. Lethal genes surviving by mo-
3 Happle R. Mosaicism in human skin. Under- and survey of the literature. Neuropediatrics saicism : a possible explanation for sporadic
standing the patterns and mechanisms. Arch 1989 ; 20:234-237. birth defects involving the skin. J Am Acad Der-
Dermatol 1993 ; 129:1460-1470. 13 Malherbe V, Pariente D, Tardieu M et al. matol 1987 ; 16:899-906.
4 Happle R. Pigmentary patterns associated Central nervous system lesions in hypome- 22 Happle R. Lyonization and the lines of
with human mosaicism : a proposed classifica- lanosis of Ito : an MRI and pathological study. Blaschko. Hum Genet 1985 ; 70:200-206.
tion. Eur J Dermatol 1993 ; 3:170-174. J Neurol 1993 ; 240:302-304. 23 Pellegrino JE, Schnur RE, Kline R et al. Mo-
5 Cambazard F, Hermier C, Thivolet J, Perrot 14 Steiner J, Adamsbaum C, Desguerres I et saic loss of 15q11q13 in a patient with hypome-
H. [Ito’s hypomelanosis. Review of the litera- al. Hypomelanosis of Ito and brain abnormali- lanosis of Ito : is there a role for the P gene ?
ture a propose of 3 cases]. Ann Dermatol Vene- ties : MRI findings and literature review. Pediatr Hum Genet 1995 ; 96:485-489.
reol 1986 ; 113:15-23. Radiol 1996 ; 26:763-768. 24 Ritter CL, Steele MW, Wenger SL, Cohen
6 Nehal KS, PeBenito R, Orlow SJ. Analysis 15 Ruggieri M, Tigano G, Mazzone D et BA. Chromosome mosaicism in hypomelanosis
of 54 cases of hypopigmentation and hyperpig- al. Involvement of the white matter in hy- of Ito. Am J Med Genet 1990 ; 35:14-17.
mentation along the lines of Blaschko. Arch Der- pomelanosis of Ito (incontinentia pigmenti 25 Turleau C, Taillard F, Doussau de Bazignan
matol 1996 ; 132:1167-1170. achromiens). Neurology 1996 ; 46:485-492. M et al. Hypomelanosis of Ito (incontinentia
7 Ruiz-Maldonado R, Toussaint S, Tamayo L 16 Pini G, Faulkner LB. Cerebellar involve- pigmenti achromians) and mosaicism for a mi-
et al. Hypomelanosis of Ito : diagnostic criteria ment in hypomelanosis of Ito. Neuropediatrics crodeletion of 15q1. Hum Genet 1986 ; 74:185-
and report of 41 cases. Pediatr Dermatol 1992 ; 1995 ; 26:208-210. 187.
9:1-10. 17 Fujino O, Hashimoto K, Fujita T et al. 26 Lungarotti MS, Martello C, Calabro A et al.
8 Metzker A, Morag C, Weitz R. Segmental pig- Clinico-neuropathological study of incontinen- Hypomelanosis of Ito associated with chromo-
mentation disorder. Acta Derm Venereol 1983 ; tia pigmenti achromians-an autopsy case. Brain somal translocation involving Xp11. Am J Med
63:167-169. Dev 1995 ; 17:425-427. Genet 1991 ; 40:447-448.
9 Grosshans EM, Stoebner P, Bergoend H, 18 Weaver RG Jr, Martin T, Zanolli MD. The 27 Guareschi E, Garavelli L, Pedori S et al. Der-
Stoll C. [Incontinentia pigmenti achromians ocular changes of incontinentia pigmenti achro- matologic features in Pallister-Killian syndrome
(ITO). Clinical and histopathological study]. mians (hypomelanosis of Ito). J Pediatr Ophthal- and their importance to the diagnosis. Pediatr
Dermatologica 1971 ; 142:65-78. mol Strabismus 1991 ; 28:160-163. Dermatol 2007 ; 24:426-428.
10 Cavallari V, Ussia AF, Siragusa M, Schepis C. 19 Rott HD, Lang GE, Huk W, Pfeiffer RA. 28 Moss C, Burn J. Genetic counselling in hy-
Hypomelanosis of Ito : electron microscopical Hypomelanosis of Ito (incontinentia pigmenti pomelanosis of Ito : case report and review. Clin
observations on two new cases. J Dermatol Sci achromians). Ophthalmological evidence for Genet 1988 ; 34:109-115.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Lacour JP. Hypomélanose de Ito et mosaïcismes pigmentaires. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 :
Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 96.1-96.6.
97
Maladies rares neurologiques et
dermatologiques
Odile Enjolras
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 97.2 Télangiectasies labiales au cours de la télangiectasie
héréditaire hémorragique
Coll. D. Bessis
un risque majeur d’abcès cérébral, par embolie septique,
avec son cortège symptomatique ⁴.
La THH est monogénique, autosomique dominante, d’ex-
pressivité variable. Les formes homozygotes, avec deux Fig. 97.3 Télangiectasies de la face palmaire des doigts au cours de la
parents atteints, seraient létales. Actuellement deux géno- télangiectasie héréditaire hémorragique
types sont identifiés et un troisième est en cours d’identifi-
cation. Le polymorphisme des manifestations vasculaires allèle-spécifique (PCR-SSP) permettent une approche ra-
n’est pas expliqué actuellement, malgré cette hétérogénéité pide du diagnostic moléculaire ; elles ont confirmé la bonne
génétique ⁵,⁶. Cependant il existe une corrélation entre gé- corrélation génotype-phénotype ¹². Il semble qu’il y ait près
notype et phénotype ⁷,⁸. THH1 (OMIM 187300) est liée de deux fois plus de risques de malformations artériovei-
à une mutation de l’endogline (ENG) et le gène muté est neuses pulmonaires et cérébrales au cours de THH1 ⁷,¹⁰,
localisé en 9q34.1. THH2 (OMIM 600376) est lié à une et que THH2 comporte un risque plus élevé de malforma-
mutation d’ALK-1 (ACVRL1), et le gène muté est localisé tions artérioveineuses hépatiques. Il semblerait aussi que
en 12q13 ⁹,¹⁰. ENG et ALK-1 participent au complexe ré- en cas de THH1 les femmes atteintes aient plus de risque
cepteur du TGF-β. Il a été rapporté des familles atteintes d’avoir des malformations artérioveineuses pulmonaires
de THH avec des fistules artérioveineuses pulmonaires, et que les hommes. Les anomalies hépatiques seraient plus
non liées à des mutations de ENG ou de ALK-1 ¹¹. Un troi- fréquentes en cas de THH2 mais existent aussi au cours de
sième locus (THH3) a récemment été identifié en 5q31.3- THH1 ⁸,¹⁴,¹⁵. Il existe un modèle murin de souris déficiente
32, et un quatrième (THH4) sur le chromosome 7 ¹². Un pour ENG marqué par le développement d’épistaxis et de
des intérêts du dépistage génétique précoce et des tests de télangiectasies ¹⁶.
biologie moléculaire est de déterminer ceux qui, au sein Le plus souvent les traitements sont purement symptoma-
d’une famille concernée, doivent être suivis et subir un dé- tiques ou préventifs. Les diverses télangiectasies peuvent
pistage de malformations artérioveineuses viscérales dont être photocoagulées à l’aide de différents lasers. Les télan-
certaines sont susceptibles de bénéficier d’un traitement ¹². giectasies nasales sont coagulées chimiquement ou par élec-
Ceci peut être réalisé même chez le nouveau-né ⁹. Il a en trocoagulation ou laser, et elles peuvent aussi très effica-
effet été rapporté 9 cas d’hémorragie cérébrale létale com- cement être sclérosées à l’aide de micro-injections in situ
pliquant une malformation artérioveineuse cérébrale non d’Ethibloc. Une récente avancée thérapeutique pourrait
dépistée chez des nourrissons et des enfants appartenant être liée à l’utilisation du thalidomide en raison de son
à des familles atteintes de THH ¹³. Les techniques de PCR rôle dans la maturation vasculaire, c’est-à-dire du recou-
capillaroveineuses
CADASIL
Cet acronyme correspond à la définition (cerebral autosomal
dominant arteriopathy with subcortical infarcts and leuco-
encephalopathy) d’un syndrome cérébro-vasculaire hérédi-
taire de transmission autosomique dominante ²³. Il se ma-
nifeste vers 30 à 50 ans par des accidents vasculaires céré-
braux ischémiques transitoires, des migraines avec aura,
une perte des acquis cognitifs, des troubles psychiques
aboutissant à la démence. Le décès survient en général 15
à 20 ans après le début de la maladie neurologique. En IRM
on observe des zones de lacunes sous-corticales, fronto-
Coll. D. Bessis
temporales surtout, séquelles d’infarctus cérébraux à répé-
tition, et des altérations de la substance blanche à type d’hy-
persignaux en séquences SE-T2, localisées surtout dans les
lobes temporaux. Fig. 97.6 Télangiectasies de la sclérotique au cours du syndrome ataxie
Le diagnostic est délicat, basé sur l’histoire familiale, les télangiectasie (ou syndrome de Louis Bar)
données de l’IRM, les biopsies, et l’étude moléculaire. Les
biopsies cérébrales montrent une accumulation dans la lymphomes, leucémies et cancers (sein notamment).
paroi des artérioles de granules denses osmiophiles. Les Le gène muté ATM a été localisé en 11q22.3. Il code pour
biopsies cutanées analysées en microscopie électronique une large protéine de la famille des protéines kinases
peuvent faciliter le diagnostic, car l’artériopathie est céré- comportant un domaine phosphatidylinositol 3-kinase
brale mais aussi généralisée à toutes les petites artérioles. (Pi3K) ²⁷. Les hétérozygotes sont eux aussi à risque accru
Des mutations du gène Notch3 sont en cause. Ce gène loca- de tumeurs malignes, mammaires notamment ²⁸. Ils repré-
lisé sur le chromosome 19 (19p13) intervient dans la matu- senteraient 1 % de la population. L’existence de mutations
ration et la différenciation des artérioles, non seulement au d’ATM à l’état hétérozygote sensibiliserait ces sujets à des
stade fœtal mais aussi chez l’adulte. Chez l’adulte, une dé- facteurs carcinogènes environnementaux ce qui justifie le
générescence des cellules musculaires lisses vasculaires est dépistage des porteurs dans la famille d’un patient, dans
observée et serait le primum movens des altérations artério- un but de prévention, en particulier pour le risque de can-
laires. Des souris transgéniques révèlent une accumulation cer mammaire ²⁹. La combinaison de mutation d’ATM et
de granules denses osmiophiles et de protéine NOTCH 3 de délétion du gène Brca-1 est un facteur de haut grade
dans les artérioles cérébrales et périphériques ²⁴. de malignité du cancer du sein ³⁰. Le conseil génétique aux
familles fait donc aussi partie de la prise en charge de cette
génodermatose invalidante de pronostic sombre.
Ataxie télangiectasie ou syndrome Le traitement compense les différentes manifestations sys-
de Louis Bar témiques de la maladie : antibiothérapie, immunoglobu-
lines polyvalentes par voie veineuse, traitement des endo-
Cette génodermatose rare est à hérédité autosomique réces- crinopathies, kinésithérapie en raison des complications
sive. Elle se manifeste dès l’enfance ²⁵,²⁶. Elle tire son nom neuromusculaires, photoprotection des zones découvertes.
de la présence de télangiectasies plutôt linéaires au dévelop- En cas de lésion maligne il faut prendre en compte le fait
pement progressif, en particulier sur les joues, les oreilles que ces sujets ont une sensibilité anormale à la radiothé-
et au niveau des conjonctives oculaires (fig. 97.6). Il s’y asso- rapie et à certaines chimiothérapies cytotoxiques. Les su-
cie un certain degré de photosensibilité qui augmente les jets homozygotes exposés à des radiothérapies font des
altérations cutanées. Le deuxième élément qui donne son nécroses extensives. Chez des femmes atteintes de cancer
nom au syndrome est d’ordre neurologique : l’ataxie céré- du sein le dépistage de mutations d’ATM à l’état hétérozy-
belleuse commence dans les premières années de vie et de- gote a pu aussi être corrélé avec une radio-sensibilité ac-
vient peu à peu très invalidante, se compliquant d’atrophie crue et un risque de réactions tardives post-radiothérapie,
musculaire. À l’adolescence le patient est souvent en fau- faisant même évoquer une contre-indication relative à ce
teuil roulant. En parallèle d’autres troubles se développent traitement ³⁰.
qui viennent altérer leur espérance de vie : bien des sujets
ne dépassent guère l’adolescence ou le début de l’âge adulte,
même s’il existe des formes atténuées de la maladie. Ils Syndrome malformations capillaires-
souffrent d’infections respiratoires sinusiennes et broncho- malformations artérioveineuses
pulmonaires répétées, liées à un déficit immunitaire congé-
nital à la fois humoral (déficit en IgA et IgG) et cellulaire Ce syndrome d’individualisation récente et dont les critères
(touchant les lymphocytes B et T). Enfin il existe des ano- cliniques se sont peu à peu affinés, comporte des taches
malies endocriniennes à des degrés variables. Le dernier cutanées multiples de malformation capillaire atypiques, ar-
point est la susceptibilité tumorale avec un risque accru de rondies ou irrégulières, rosées, de 1 à plusieurs centimètres,
Coll. D. Bessis
Fig. 97.8 Macules télangiectasiques du dos d’une main au cours du
syndrome malformations capillaires-malformations artérioveineuses
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 97.13 Angiokératomes et télangiectasies labiales au cours d’une
maladie de Fabry
AK angiokératome
97-10 Maladies rares neurologiques et dermatologiques
Nævomatose basocellulaire
La nævomatose basocellulaire (NBC) ou syndrome des ha-
martomes basocellulaires (syndrome de Gorlin) est une
affection rare, de prévalence moyenne estimée à 1/60 000
et de sex-ratio équilibré. Elle est transmise sur un mode
autosomique dominant et son expressivité est variable. Ce-
pendant, près de 60 % des malades atteints n’ont pas d’anté-
cédent familial, et, parmi eux, 35 à 50 % ont des mutations
de novo. Le principal gène incriminé est le gène tumeur-
suppresseur PTCH1 (patched homolog 1), localisé en 9q22.3,
Coll. D. Bessis
hémivertèbres, fusion ou allongement des corps vertébraux, défects
osseux des mains ou des pieds, petites lacunes osseuses en forme de
flammes des mains et des pieds Fig. 97.16 Carcinomes basocellulaires superficiels multiples du dos au
Fibrome ovarien cours de la nævomatose basocellulaire
Médulloblastome
Le diagnostic de nævomatose basocellulaire requiert la présence
de 2 critères majeurs, ou d’1 critère
majeur et de 2 critères mineurs
97.A
Coll. D. Bessis
s’observent chez 80 % des malades. Leur mise en évidence
peut être améliorée après une immersion des mains dans
l’eau durant 10 à 15 minutes. Il s’agit de dépressions punc-
tiformes de 1 à 3 mm de profondeur et de 2 à 3 mm de Fig. 97.17 Carcinomes basocellulaires nodulaires et hamartomes
largeur, liée à une absence localisée, partielle ou complète, basaloïdes pendulaires (à type d’acrochordons) de la face latérale du cou
de kératine dense (fig. 97.18). Ils se développent au cours de au cours de la nævomatose basocellulaire
la deuxième décennie et augmentent en nombre avec l’âge
pour atteindre parfois plusieurs centaines d’éléments. Les Maladie de Menkès
kystes épidermiques multiples, en particulier de topogra-
phie acrale, ou les miliums du visage (fig. 97.19) constituent Il s’agit d’une affection rare (1/25 000 naissances), auto-
également des signes évocateurs et fréquents (en moyenne somique récessive liée à une mutation du gène ATP7A si-
50 %). La présence de lipomes ou d’autres tumeurs cuta- tué en Xq13.3, avec perte de fonction de ce gène qui code
nées bénignes (spiradénome eccrine, trichoépithéliome, pour une protéine du transport intracellulaire du cuivre,
pilomatricome, neurofibrome), plus rarement d’hypertri- la P-type ATPase nécessaire à l’absorption du cuivre et à
chose localisée en aires est également décrite ⁵². l’homéostasie. Les sujets affectés ont une absence de pig-
Le risque de médulloblastome est évalué à 5 % en moyenne ment mélanique cutané et pilaire, et une dégénérescence
au cours de la NBC, avec un âge moyen de début de 2 ans neurologique avec convulsions incontrôlables, hypotonie
(contre 6 ans en moyenne au cours des formes spora- majeure et mort dans l’enfance.
diques) ⁵⁰. Le défaut de transport du cuivre débute in utero, au niveau
Coll. D. Bessis
Fig. 97.19 Grains de milium, carcinomes basocellulaires nodulaires
et hamartomes basaloïdes des paupières au cours de la nævomatose
basocellulaire
Coll. D. Bessis
essentiel nécessaire à la production d’acide nicotinique. De
cette carence résulte un syndrome pellagroïde : lésions éry-
thémateuses squameuses voire bulleuses des zones décou-
Fig. 97.18 Pits palmaires au cours de la nævomatose basocellulaire vertes photo-exposées ou parfois de type hydroa vaccini-
forme ⁶⁵,⁶⁸. Ces signes cutanés sont inconstants et varient
placentaire, et entraîne un déficit cuprique général, surtout en fonction des besoins en tryptophane. Le tryptophane
cérébral. Le syndrome des cornes occipitales, de meilleur non absorbé au niveau intestinal est dégradé en indole,
pronostic, constitue la variante allélique de la maladie de acide pyruvique et ammoniaque par certaines bactéries
Menkès ⁶¹. Les principaux signes néonataux associent : un intestinales. La formation des dérivés indoliques est à l’ori-
tableau neurologique « encéphalopathique » composé d’une gine d’une diarrhée et d’une toxicité sur le système nerveux
hypotonie, de troubles cérébelleux, de convulsions, d’un central. Cette toxicité est responsable de signes neurolo-
retard mental et staturo-pondéral ; une hyperlaxité tissu- giques intermittents comme une ataxie cerébelleuse, un
laire conjonctive cutanée, viscérale, articulaire et vascu- nystagmus, une diplopie, des tremblements et des signes
laire ; une hypopigmentation cutanéo-phanérienne avec psychiatriques (troubles de l’humeur, psychose). L’aggra-
une pilitortose capillaire évocatrice, irrégulière et souvent vation des symptômes survient lors de besoins accrus en
incomplète au microscope en polarisation (fig. 97.20) ; une tryptophane comme au cours d’une fièvre, d’un stress, de
dysmorphie faciale ; une dysplasie osseuse métaphysaire ⁶². la prise de sulfamides ou d’une exposition solaire. Le diag-
Le diagnostic est confirmé par la chute du taux de cuivre nostic s’établit sur la présence d’une aminoacidurie neutre,
et de céruléoplasmine sérique, complété par la recherche absente dans le déficit en niacine de la pellagre carentielle
de la surcharge cuprique placentaire ou sur culture de fi- classique. Le traitement associe un régime riche en pro-
broblaste. L’évolution est péjorative, souvent fatale à court tides et une supplémentation en nicotinamide per os (50 à
terme en l’absence de traitement adéquat. Le traitement à 250 mg/j).
base d’histidine-cuivre par voie parentérale permet de retar-
der l’apparition des signes neurologiques et de prolonger la Incontinentia pigmenti
survie ⁶³. Cependant dans bien des cas cet apport de cuivre
est inefficace et l’espoir est mis dans un thérapie génique. L’incontinentia pigmenti (IP) réalise en période néonatale
Un modèle animal existe (le poisson zebrafih calamity) ⁶⁴. une éruption vésiculeuse, bulleuse ou pustuleuse chez un
nouveau-né de sexe féminin ⁶⁹. Elle débute dès les pre-
Maladie de Hartnup mières heures ou jours de vie. Les vésicules à base éry-
IP Incontinentia pigmenti
Incontinentia pigmenti 97-13
Coll. D. Bessis
Coll. D. Bessis
Fig. 97.21 Lésions verrucolichénoïdes à disposition blaschkoïde d’un papuleux blaschkoïdes (chondrodysplasie ponctuée domi-
membre supérieur au cours d’une incontinentia pigmenti nante type Conradi-Hünermann-Happle, hypoplasie der-
mique en aires ou syndrome de Goltz).
thémateuse et œdémateuse ont une disposition linéaire Si on excepte les altérations dentaires, les atteintes extra-
suivant les lignes de Blaschko. Plus fréquente sur les cutanées de l’IP sont rares. L’atteinte neurologique, inflam-
membres, le dos, et le cuir chevelu, l’éruption évolue matoire et ischémique, source de zones d’infarctus céré-
par poussées et stades. Au stade vésiculeux succède un braux, entraîne une épilepsie néonatale parfois grave, pou-
stade verruco-lichénoïde, puis un stade pigmentaire (mo- vant persister. Elle semble de mauvais pronostic. Cepen-
saïcisme) (fig. 97.21 et 97.22). Les différents aspects peuvent dant, le risque de comitialité diminue avec le temps.
coexister passagèrement. Tardivement la pigmentation s’at- L’atteinte oculaire, également d’origine inflammatoire et
ténue et chez l’adulte peuvent ne persister que de très dis- ischémique, est complexe : elle touche la rétine d’où une
crètes macules blaschko-linéaires plutôt blanchâtres ou dis- atrophie ou une hypopigmentation rétinienne, une néo-
crètement atrophiques. vascularisation pré-rétinienne (analogue à la fibroplasie
Le diagnostic d’IP est fait en phase néonatale : le cytodiag- rétrolentale des prématurés), une atteinte de la macula, un
nostic sur frottis d’une vésicule montre de nombreux poly- décollement de rétine. D’autres tuniques peuvent être at-
nucléaires éosinophiles, mais ce phénomène n’est pas dif- teintes avec apparition d’uvéite, de cataracte, etc.
férentiel avec un érythème toxique du nouveau-né, qui Dans la plupart des cas, l’IP est une affection bénigne aux
peut être profus et trompeur. La biopsie cutanée reste séquelles cutanées et pilaires discrètes. La fréquence des
donc utile au diagnostic d’IP. Le diagnostic différentiel in- formes graves avec atteinte extra-cutanée est difficile à pré-
clue les autres dermatoses bulleuses ou vésiculeuses du ciser, mais elles sont rares. Les phases initiales régressent
nouveau-né (érythème toxique, épidermolyses bulleuses, spontanément. Des poussées inflammatoires tardives sont
herpès congénital, varicelle congénitale...) mais celles-ci cependant possibles, qui s’intriquent avec les stades sui-
ne suivent pas une topographie linéaire. Le zona peut vant le stade vésiculeux néonatal. La possibilité d’une at-
prêter à confusion du fait de sa disposition. Les derma- teinte neurologique évolutive impose une surveillance pro-
toses linéaires congénitales inflammatoires en plaques longée du développement psychomoteur et neurosensoriel.
qui suivent les lignes de Blaschko sont en général ai- Une surveillance ophtalmologique est aussi souhaitable vu
sément écartées (hamartome épidermique épidermoly- la complexité des anomalies possibles et l’étalement dans
tique, hamartome verruqueux inflammatoire et linéaire le temps de leur éventuelle survenue. Les anomalies den-
ou NEVIL) mais le diagnostic peut hésiter pour celles taires touchant les deux dentitions, il convient d’instaurer
qui comportent de petits éléments maculeux ou maculo- une prise en charge odontologique précoce et prolongée.
IP Incontinentia pigmenti
97-14 Maladies rares neurologiques et dermatologiques
Coll. D. Bessis
Fig. 97.24 Syndrome de Conradi-Hünermann-Happle
chez le garçon et nécessite chez la fille un traitement de la Fig. 97.25 Large macule hypochrome du front au cours d’un syndrome
scoliose et de la cataracte. de Waardenburg
Syndrome de Waardenburg
Le syndrome de Waardenburg (SWa) comporte des aires
d’hypopigmentations, persistant toute la vie, liées à la dis-
parition des mélanocytes au sein de ces zones achromiques.
Le SWa est hétérogène (4 types), sans prédilection de sexe
ou d’ethnie, et il est de transmission autosomique domi-
nante ou autosomique récessive.
Les zones hypochromes touchent les cheveux (mèche
blanche frontale prolongeant un triangle médian de peau
blanche situé sur le front) (fig. 97.25), la peau (plaques
achromiques ressemblant à celles du piébaldisme et tran-
Coll. D. Bessis
chant nettement sur les zones de coloration cutanée nor-
male), l’iris (hétérochromie irienne souvent segmentaire)
(fig. 97.26) et le fond d’œil. Elles s’associent inconstamment à
un épicanthus (SWa type 1), une dysmorphose de la région Fig. 97.26 Hétérochromie irienne au cours d’un syndrome de
nasale, et une surdité congénitale neurosensorielle ⁷³. Deux Waardenburg
à 5 % des surdités congénitales seraient dues au syndrome
de Waardenburg. à un trouble de migration des cellules de la crête neurale
Le diagnostic différentiel se fait essentiellement avec le dans l’intestin terminal ⁷⁴. Elle est parfois associée au syn-
piébaldisme, de transmission autosomique dominante, les drome de Waardenburg (SWa type 4, autosomique réces-
aires blanches, parsemées de macules brunes, siègent es- sif, qui comporte des aires hypochromes très étendues)
sentiellement en face antérieure du corps, s’assortissent avec mutations de EDN (en 13q22) ou de ses récepteurs
de mèche blanche frontale, et sont visibles dès la naissance. (EDNRB), ou des mutations de SOX 10. Certains sujets por-
Mais il n’y a pas de dysmorphie faciale et pas de surdité teurs de mutations de S0X10 peuvent souffrir d’atteintes
congénitale. neurologiques variées : convulsions, ataxie, neuropathies
Sur le plan génétique, des mutations de PAX 3 (en 2q35) centrales.
sont observées dans le SWa de type 1 (avec épicanthus) et L’influence de deux systèmes de pilotage de la migration
le type 3 (sans épicanthus), et des mutations de MITF (en est démontrée, le couple EDN3-EDNRB au cours du syn-
3p12) dans le type 2, qui est sans épicanthus, mais qui peut drome de Waardenburg, et le couple SCF-C-Kit, dont l’alté-
comporter des anomalies musculaires et squelettiques. ration cause le piébaldisme. Il est à noter que 75 % des pa-
La maladie de Hirschsprung, comportant mégacolon congé- tients atteints de piébaldisme ont des mutations du proto-
nital et l’absence régionale de ganglions entériques, est due oncogène c-KIT.
1 Begbie ME, Wallace GMF, Shovlin CL. Hered- 2 Folz BJ, Wollstein AC, Lippert BM, Werner 3 Memeo M, Stabile IAA, Scardapane A et
itary Haemorrhagic Telangiectasia (Osler-Weber- JA. Morphology and distribution of nasal al. Hepatic involvement in Hereditary Hemor-
Rendu syndrome). A view from the 21st century. telangiectasia in HHT-patients with epistaxis. rhagic Telangiectasia : CT findings. Abdom Ima-
Postgrad Med J 2003 ; 79:18-24. Am J Rhinol 2005 ; 19:65-70. ging 2004 ; 29:211-220.
4 Swanson DL, Dahl MV. Embolic abcesses in Study Hereditary Hemorrhagic Telangiectasia. 29 Bowen Tj, Yakushiji H, Montagna C et al.
Hereditary Hemorrhagic Telangiectasia. J Am Trends in Cardiovascular Medicine. Volume 10, ATM heterozygosity cooperates with loss of
Acad Dermatol 1991 ; 24:580-583. Issue 7, October 2000, p. 279-285. Brca1 to increase the severity of mammary
5 Azuma H. genetic and molecular pathogen- 17 Lebrin F, Srun S, Raymond K et al. Thalido- gland cancer and reduce ductal branching. Can-
esis of Hereditary Hemorrhagic Telangiectasia. mide stimulates vessel maturation and reduces cer Res 2005 ; 65:8736-8746.
J Med Invest 2000 ; 47:81-90. epistaxis in individuals with hereditary hemor- 30 Ianuzzi CM, Atencio DP, Green S et al. ATM
6 Bayral-Toydemir P, Mao R, Lewin S, Mc- rhagic telangiectasia. Nat Med 2010 ; 16:420- mutations in female breast cancer patients pre-
Donald J. Hereditary Hemorrhagic Telangiecta- 428. dict for increase in radiation-induced late ef-
sia : an overview of diagnosis and management 18 Denier C, Labauge P, Brunereau L et al. Clin- fects. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2002 ; 52:606-
in the molecular era for clinicians. Genet Med ical features of cerebral cavernous malforma- 613.
2004 ; 6:175-191. tions patients with KTRIT1 mutations. Ann Neu- 31 Eerola I, Boon LM, Mulliken JB et al. Cap-
7 Kjeldsen D, Moller TR, Brusgaard K et rol 2004 ; 55:213-220. illary malformation-arteriovenous malforma-
al. Clinical symptoms according to genotype 19 Laberge Le Couteulx S, Jung HH, Labauge tion, a new clinical and genetic disorder caused
amongst patients with Hereditary Hemorrhagic P et al. Truncating mutations in CCM1, en- by RASA1 mutations. Am J Hum Genet 2003 ;
Telangiectasia. J Intern Med 2005 ; 258:349- coding KRIT1, cause hereditary cavernous an- 73:1240-1249.
355. giomas. Nat Genet 1999 ; 23:189-193. 32 Boon LM, Mulliken JB, Vikkula M. RASA1 :
8 Kuehl HK, Caselitz M, Hasenkamp S et 20 Labauge P, Enjolras O, Bonerandi JJ et al. variable phenotype with capillary and arteriove-
al. Hepatic manifestations is associated with An association between autosomal dominant nous malformations. Curr Opin Genet Dev 2005 ;
ALK-1 in hereditary hemorrhagic telangiecta- cerebral cavernomas and a distinctive hyperker- 15:265-269.
sia : identification of five novel ALK-1 and one atotic capillaro-venous cutaneous vascular mal- 33 Revencu N, Boon LM, Mulliken JB et al.
novel ENG mutations. Hum Mutat 2005 ; 25: formation in 4 families. Ann Neurol 1999 ; 45: Parkes Weber syndrome, vein of Galen aneuris-
320. 250-254. mal malformation and other fast-flow vascu-
9 Cymerman U, Vera S, Pece-Barbara N et al. 21 Eerola I, Plate KH, Spiegel R et al. KRIT1 is lar anomalies are caused by RASA1 mutations.
Identification of hereditary hemorrhagic telang- mutated in hyperkeratotic cutaneous capillary- Hum Mutat 2008 ; 29:959-965.
iectasia type 1 in newborns by protein expres- venous malformation associated with cerebral 34 Larralde M, Boggio P, Amartino H, Chamo-
sion and mutation analysis of endoglin. Pediatr cavernous malformations. Neurology 2001 ; 56: les N. Fabry disease : a study of 6 hemizygous
Res 2000 ; 47:24-35. 540-543. men and 5 heterozygous females with emphasis
10 Letterboer TG, Zewald RA, Kamping EJ 22 Sirvente J, Enjolras O, Wassef M et al. Fre- on dermatologic manifestations. Arch Dermatol
et al. Hereditary Hemorrhagic Telangiectasia : quency and phenotypes of cutaneous vascular 2004 ; 140:1440-1446.
ENG and ALK-1 mutations in Dutch patients. malformations in a consecutive series of 417 pa- 35 Möhrenschlager M, Henkel V, Ring J. Fabry
Hum Genet 2005 ; 116:8-16. tients with familial cerebral cavernous malfor- disease. More than angiokeratomas. Arch Der-
11 Wallace GM, Shovlin CL. A Hereditary mations. J Eur Acad Dermatol Venereol 2009 ; 23: matol 2004 ; 140:1526-1527.
Hemorrhagic Telangiectasia family with pul- 1066-1072. 36 Besson G, Clavelou P, Germain DP. Mani-
monary involvement is unlinked to the known 23 Brouillard P, Vikkula M. Vascular malforma- festations neurologiques de la maladie de Fabry.
HHT genes, endoglin and ALK-1. Thorax 2000 ; tions : localized defects in vascular morphogen- Med Sci (Paris) 2005 ; 21:26-29.
55:685-690. esis. Clin Genet 2003 ; 63:340-351. 37 Schiffmann R, Ries M. Fabry disease, an
12 Haneen S, Johanna H, Ulrich G et al. Mu- 24 Ruchoux MM, Domenga V, Brulin P et al. important risk factor for stroke. Lancet 2005 ;
tation analysis of « Endoglin » and « Activin Transgenic mice expressing mutant Notch3 de- 366:1754-1756.
receptor-like kinase » genes in German patients velop vascular alterations characteristic of cere- 38 Nakao S, Kodarna C, Takenada T et al.
with hereditary hemorrhagic telangiectasia and bral autosomal dominant arteriopathy with sub- Fabry disease. Detection of undiagnosed hemo-
the value of rapid genotyping using an allele- cortical infarcts and leukoencephalopathy. Am dialysis patients and identification of a « re-
specific PCR-technique. BMC Med Genet 2009 ; J Pathol 2003 ; 162:329-342. nal » variant phenotype. Kidney 2003 ; 64:801-
9:10-53. 25 Claret Teruel G, Giner Munoz MT, Plaza 807.
13 Morgan T, McDonald J, Anderson C et al. Martin AM et al. Variability of immunodefi- 39 Magage S, Lubanda JC, Germain DP et al.
Intracranial hemorrhage in infants and chil- ciency associated with ataxia telangiectasia and Atteinte respiratoire de la maladie de Fabry.
dren with Hereditary Hemorrhagic Telangiec- clinical evolution in 12 affected patients. Pediatr Med Sci (Paris) 2005 ; 21:37-39.
tasia (Osler-weber-rendu Syndrome). Pediatrics Allergy Immunol 2005 ; 1:615-618. 40 Germain DP, Benistan K, Boutouyrie P,
2002 ; 109:e1-e7. 26 Taylor AM, Byrd PJ. Molecular pathology Mutschler C. Osteopenia and osteoporosis : pre-
14 McDonald JE, Miller FJ, Hallam SE et al. of ataxia telangiectasia. J Clin Pathol 2005 ; 58: viously unrecognized manifestations of Fabry
Clinical manifestations in a large hereditary 1009-1015. disease. Clin Genet 2005 ; 68:93-95.
hemorrhagic telangiectasia (HHT) type 2 kin- 27 Swift M, Morrell D, Massey RB, Chase CL. 41 Desnick RJ, Brady R, Barranger J et al.
dred. Am J Med Genet 2000 ; 14:320-327. Incidence of cancer in 161 families affected by Fabry disease an under-recognized multisys-
15 Sabbà C, Pasculli G, Lenato GM et al. Hered- Ataxia-Telangiectasia. N Eng J Med 1991 ; 325: temic disorder : expert recommendations for di-
itary hemorrhagic telangiectasia : clinical fea- 1831-1836. agnosis, management and enzyme replacement
tures in ENG and ALK1 mutation carriers. J 28 Lu S, Shen K, Wang Y et al. Atm-haplo- therapy. Ann Intern Med 2003 ; 138:338-346.
Thromb Haemost 2007 ; 5:1149-1157. insufficiency enhances susceptibility to carcino- 42 Grünfeld JP, Noël LH. Atteinte rénale de la
16 Bourdeau A, Faughnan ME, Letarte M. gen-induced mammary tumors. Carcinogenesis maladie de Fabry. Résultats de l’enzymothéra-
Endoglin-deficient Mice, a Unique Model to 2006 ; 27:1273-1284. pie. Med Sci (Paris) 2005 ; 21:23-25.
Références 97-17
43 Schiffmann R, Rics M, Timmons M et al. drome please stand up (again) ? Expanding mu- kes disease : ethical considerations. Clin Genet
Long term therapy with agalsidase alfa for Fa- tational and clinical spectra of the PTEN hamar- 2005 ; 68:278-283.
bry disease : safety and effects on renal function toma tumour syndrome. J Med Genet 2004 ; 41: 64 Madsen EC, Morcos PA, Mendelsohn BA,
in a home infusion setting. Nephrol Dial Trans- 323-326. Gitlin JD. In vivo correction of a Menkes disease
plant 2006 ; 21:345-354. 55 Uppal S, Mistry D, Coatesworth AP. Cow- model using antisense oligonucleotides. PNAS
44 Wilcox WR, Banikazemi M, Guffon N et al. den disease : a review. Int J Clin Pract 2007 ; 61: 2008 ; 105:3909-3914.
Long term safety and efficacy of enzyme replace- 645-652. 65 Kraut JA, Sachs G. Hartnup disorder : un-
ment therapy for Fabry disease. Am J Hum Ge- 56 Lachlan KL, Lucassen AM, Bunyan D, Tem- raveling the mystery. Trends Pharmacol Sci 2005 ;
net 2004 ; 75:65-74. ple IK. Cowden syndrome and Bannayan Riley 26:53-55.
45 Germain DP. Développement clinique de Ruvalcaba syndrome represent one condition 66 Dereure O. La maladie de Hartnup est liée à
l’agalsidase α pour le traitement de la maladie with variable expression and age-related pene- des mutations du gène SLC6A19 qui code pour
de Fabry. Med Sci (Paris) 2005 ; 21:57-61. trance : results of a clinical study of PTEN mu- un transporteur d’acides aminés analogue de
46 Lidove O, Papo T. [Clinical efficacy of en- tation carriers. J Med Genet 2007 ; 44:579-585. BOAT1. Ann Dermatol Venereol 2005 ; 132:726.
zyme replacement therapy in Fabry disease. A 57 Schaffer JV, Kamino H, Witkiewicz A et 67 Scriver C.H, Baudet A.L, Sly W.S, Valle D.
critical review]. Rev Med Interne 2009 ; 30:920- al. Mucocutaneous neuromas : an underrec- The metabolic and molecular bases of inherited
929. ognized manifestation of PTEN hamartoma- disease. 8th edition 2001, Mac Graw-Hill, New
47 Eng CM, Fletcher J, Wilcox WR et al. Fabry tumor syndrome. Arch Dermatol 2006 ; 142:625- York.
disease : baseline medical characteristics of a 632. 68 Scriver CR, Mahon B, Levy HL et al. The
cohort of 1765 males and females in the Fabry 58 Ferran M, Bussaglia E, Lazaro C et al. Acral Hartnup phenotype : Mendelian transport dis-
Registry. J Inherit Metab Dis 2007 ; 30:184-92. papular neuromatosis : an early manifestation order, multifactorial disease. Am J Hum Genet
48 Basset-Seguin N, Soufir N. [Patched/Sonic of Cowden syndrome. Br J Dermatol 2008 ; 158: 1987 ; 40:401-412.
Hedgehog pathway and basal cell carcinoma]. 174-176. 69 Vabres P. Incontinentia pigmenti. In : Der-
Med Sci (Paris) 2004 ; 20:899-903. 59 Erkek E, Hizel S, Sanly C et al. Clinical and matologie Néonatale. A. Taïeb, O. Enjolras, P.
49 Fan Z, Li J, Du J, Zhang H et al. A missense histopathological findings in Bannayan-Riley- Vabres, D. Wallach. Maloine édit. 2009, p. 212-
mutation in PTCH2 underlies dominantly inher- Ruvalcaba syndrome. J Am Acad Dermatol 2005 ; 215.
ited NBCCS in a Chinese family. J Med Genet 53:639-643. 70 Morice F, Léauté-Labrèze C. Syndrome de
2008 ; 45:303-308. 60 Al-Daraji WI, Ramsay HM, Ali RBM. Stori- Sjögren-Larsson. Ann Dermatol Venereol 2006 ;
50 Pruvost-Balland C, Gorry P, Boutet N et al. form collagenoma as a clue for Cowden disease 133:83-90.
[Clinical and genetic study in 22 patients with or PTEN hamartoma tumor syndrome. J Clin 71 DiPreta EA, Smith KJ, Skelton H. Choles-
basal cell nevus syndrome]. Ann Dermatol Vene- Pathol 2007 ; 60:840-842. terol metabolism defect associated with Conradi-
reol 2006 ; 133:117-123. 61 Borm B, Moller LB, Hausser I et al. Variable Hunerman-Happle syndrome. Int J Dermatol
51 Manfredi M, Vescovi P, Bonanini M, Porter clinical expression of an identical mutation in 2000 ; 39:846-850.
S. Nevoid basal cell carcinoma syndrome : a re- the ATP7A gene for Menkes disease/occipital 72 Happle R. X-chromosome inactivation :
view of the literature. Int J Oral Maxillofac Surg horn syndrome in three affected males in a sin- role in skin disease expression. Acta Paediatr
2004 ; 33:117-124. gle family. J Pediatr 2004 ; 145:119-121. Suppl 2006 ; 95:16-23.
52 Wilson LC, Ajayi-Obe E, Bernhard B, Maas 62 Gu YH, Kodama H, Shiga K et al. A survey 73 Waardenburg PJ. A new syndrome combin-
SM. Patched mutations and hairy skin patches : of Japanese patients with Menkes disease from ing developmental anomalies of the eyelids, eye-
a new sign in Gorlin syndrome. Am J Med Genet 1990 to 2003 : incidence and early signs before brows, and nose root with pigmentary defects
A 2006 ; 140:2625-2630. typical symptomatic onset, pointing the way to of the iris and head hair, and deafness. Am J
53 Eng C. Will the real Cowden syndrome earlier diagnosis. J Inherit Metab Dis 2005 ; 28: Hum Genet 1951 ; 3:195-253.
please stand up : revised diagnostic criteria. J 473-478. 74 Amiel J, Lyonnet S. Hirschsprung disease,
Med Genet 2000 ; 37:828-830. 63 Sheela SR, Latha M, Liu P et al. Copper- associated syndromes, and genetics : a review.
54 Pilarski R, Eng C. Will the real Cowden syn- replacement treatment for symptomatic Men- J Med Genet 2001 ; 38:729-739.
Toute référence à ce chapitre devra porter la mention : Enjolras O. Maladies rares neurologiques et dermatologiques. In : Bessis D, Francès C, Guillot B, Guilhou JJ, éds, Dermatologie et Médecine, vol. 4 :
Manifestations dermatologiques des maladies d’organes. Springer-Verlag France, 2011 : 97.1-97.17.
Figures
74.1 Onycholyse distale et incurvation concave du bord distal des ongles (ongles de Plummer) au cours de l’hyperthy-
roïdie 74-2
74.2 Œdème rétro-orbitaire et rétraction des paupières supérieures responsable d’une fausse exophtalmie au cours
d’une maladie de Basedow 74-2
74.3 Œdème et hyperpigmentation des paupières supérieures et inférieures (signe de Jellinek) au cours d’une maladie
de Basedow 74-3
74.4 Myxœdème localisé : placard érythémateux à surface peau d’orange de la face antérieure de jambe au cours d’une
maladie de Basedow 74-3
74.5 Myxœdème localisé : placards papuleux et nodulaire brun-rouge, à surface lisse ou « peau d’orange » au cours
d’une maladie de Basedow 74-3
74.6 Myxœdème localisé : placards œdémateux et érythémateux symétriques et bilatéraux des jambes au cours d’une
maladie de Basedow 74-4
74.7 Examen histopathologique d’un myxœdème localisé : abondants dépôts de mucine dans le derme réticulaire sé-
parée d’un épiderme hyperkératosique par une bande saine de derme papillaire (coloration bleu alcian) 74-4
74.8 Hippocratisme digital au cours d’une acropathie thyroïdienne 74-4
74.9 Dépilation du tiers externe du sourcil au cours d’une hypothyroïdie acquise 74-6
74.10 Myxœdème généralisé : œdème pâle et cireux du visage associé à des lèvres épaissies et cyanosées 74-6
74.11 Myxœdème généralisé : épaississement œdémateux des mains et doigts boudinés 74-6
74.12 Macroglossie au cours d’un myxœdème généralisé 74-6
74.13 Pelade ophiasique au cours d’une maladie de Basedow 74-7
74.14 Vitiligo acral au cours d’une maladie de Basedow 74-8
74.15 Dermatite herpétiforme caractérisée par des papules et des vésicules des faces antérieures des genoux et des
cuisses 74-8
74.16 Papules érythémateuses et œdémateuses de l’abdomen, confluentes en carte de géographie, au cours d’une urti-
caire commune 74-9
74.17 Dépôts excessifs de graisse dans les creux sus-claviculaires et en regard des vertèbres cervico-dorsales (« bosse
de bison ») au cours d’une maladie de Cushing 74-9
74.18 Purpura pigmenté et cicatrices pseudostellaires des avant-bras compliquant une fragilité cutanée ayant révélée
une maladie de Cushing 74-9
74.19 Érythrose télangiectasique du visage et du cou au cours d’une maladie de Cushing 74-9
74.20 Vergetures pourpres et larges de l’abdomen au cours d’un syndrome de Cushing 74-10
74.21 Hypertrichose du visage (lèvre supérieure, menton et joue) au cours d’une maladie de Cushing 74-10
74.22 Pigmentation diffuse du visage et des lèvres au cours d’une maladie d’Addison 74-11
74.23 Pigmentation d’une main avec renforcement de la coloration brune en regard des articulations interphalan-
giennes et métacarpophalangiennes au cours d’une maladie d’Addison 74-11
74.24 Taches gris bleu, ardoisées de la face interne de la joue et du palais au cours d’une maladie d’Addison 74-12
74.25 Nécrose digitale d’un orteil révélateur d’un phéochromocytome (Bessis D, Dereure O, Le Quellec A et al. [Pheo-
chromocytoma manifesting as toe necrosis] 74-13
74.26 Rides profondes et épaisses et pores dilatés du front au cours d’une acromégalie 74-13
74.27 Bourrelets et sillons du scalp au cours d’un cutis verticis gyrata associé à une acromégalie 74-14
74.28 Mains larges, épaisses et d’aspect carré au cours d’une acromégalie 74-14
74.29 Kératoses séborrhéiques profuses du tronc au cours d’une acromégalie 74-14
74.30 Hypopigmentation diffuse du tronc au cours d’un hypopituarisme 74-15
XVI Table des figures
76.1 Dermopathie diabétique : macules rouges et blanches atrophiques de la face antérieure de jambe 76-3
76.2 Acanthosis nigricans au cours d’un syndrome HAIR-AN : pigmentation brun gris de l’aisselle, du pli sous-
mammaire et du flanc 76-3
76.3 Acanthosis nigricans : pigmentation brun gris de la face latérale du cou 76-4
76.4 Acanthosis nigricans : hyperkératose orthokératosique, acanthose et pigmentation de l’assise basale 76-4
76.5 Nécrobiose lipoïdique : plaques rouge orangé atrophiques, lisses et télangiectasiques des faces antérieures de
jambes 76-5
76.6 Sclérose et épaississement des doigts au cours d’une cheiroarthropathie diabétique 76-5
76.7 Œdème induré et érythémateux de la partie haute du dos et du cou au cours du sclérœdème de Buschke 76-5
76.8 Bullose des diabétiques : éruption bulleuse récidivante de jambe constituée de bulles tendues à liquide clair 76-6
76.9 Dermatose perforante au cours du diabète sucré compliqué d’insuffisance rénale : papules érythémateuses sur-
montées d’un bouchon central kératosique. La lésion linéaire correspond à un phénomène de Koebner secondaire
au grattage 76-7
76.10 Glossite dépapillée et pseudomembraneuse associée à une perlèche au cours d’une candidose orale chronique du
diabète sucré 76-7
76.11 Placard rouge bistre mal limité du creux axillaire au cours d’un érythrasma 76-8
76.12 Xanthomes éruptifs : papules profuses jaune brun cernées d’un halo rouge des fesses au cours d’une hypertrigly-
céridémie majeure ayant révélé un diabète sucré 76-8
76.13 Granulomes annulaires disséminés : multiples plaques constituées de papules érythémateuses à disposition an-
nulaire ou polycyclique sur la face externe d’une cuisse 76-9
76.14 Lipohypertrophie de la face externe de cuisse droite secondaire à des injections répétées d’insuline recombinante
humaine 76-9
77.1 Marasme : peau flasque et fripée qui apparaît trop large par rapport à la surface corporelle, en particulier aux
membres 77-2
77.2 Troubles pigmentaires et desquamatifs au cours d’un kwashiorkor 77-2
77.3 Scorbut : hyperkératose folliculaire et purpura périfolliculaire localisés sur les faces d’extension des jambes. Gros
plan sur les lésions cutanées d’hyperkératose folliculaire et de purpura périfolliculaire au cours du scorbut 77-4
77.4 Examen histologique d’une lésion cutanée de scorbut : hyperkératose folliculaire et dépôts hémosidérine péri-
folliculaire 77-5
77.5 Purpura pétéchial et ecchymotique au cours du scorbut 77-5
77.6 Hypertrophie gingivale rouge et lisse d’une papille interdentaire au cours du scorbut 77-5
77.7 Papules kératosiques folliculaires du coude au cours d’une carence en vitamine A 77-6
77.8 Papules kératosiques et spiculés des fesses et des faces postérieures des cuisses en regard de plaques hyperpig-
mentées au cours du déficit en vitamine A 77-6
77.9 Examen histologique d’une lésion cutanée hyperkératosique au cours du déficit en vitamine A : bouchon kérato-
sique folliculaire 77-6
77.10 Gros plan sur des lésions papuleuses centrées par un bouchon kératosique conique au cours d’un déficit en vita-
mine A 77-7
Table des figures XVII
77.11 Dermatose érythématosquameuse mimant une dermite séborrhéique et glossite lisse et dépapillée au cours d’un
déficit combiné en vitamine B2, vitamine B6 et zinc secondaire à une cirrhose hépatique 77-8
77.12 Érythème périnéal au cours d’un déficit combiné en vitamine B2, vitamine B6 et zinc secondaire à une cirrhose
hépatique 77-8
77.13 Plaques rouge brillant des zones photo-exposées au cours d’une pellagre 77-9
77.14 Pigmentation cannelle du visage, du cou et de la partie haute du thorax (« collier de Casal ») au cours d’une pellagre
77-9
77.15 Peau hyperpigmentée et squameuse d’aspect parcheminée au cours d’une pellagre chronique 77-9
77.16 Hyperpigmentation brun gris linguale prédominant sur les faces latérales de la langue et hyperpigmentation
brun noir de la face interne de joue au cours d’un déficit en vitamine B12 77-12
77.17 Glossite atrophique et plaque érythémateuse vernissée linéaire du palais au cours d’une carence en vitamine B12
(glossite de Hunter) 77-12
77.18 Éruption érythémateuse, vésiculeuse et pustuleuse périorale et périoculaire au cours d’un déficit en zinc acquis
chez un prématuré. Éruption faciale diffuse érythémateuse, vésiculeuse et croûteuse au cours d’un déficit en zinc
acquis après nutrition parentale au cours d’une maladie de Crohn 77-14
77.19 Plaques érythémato-croûteuses et érosives du siège et du scrotum au cours d’un déficit en zinc acquis chez un
prématuré 77-14
77.20 Inflammation paronychiale au cours d’un déficit en zinc acquis du nouveau-né. Inflammation paronychiale et
intertrigo interdigitale au cours d’un déficit en zinc acquis de l’adulte 77-15
77.21 Plaques érythémato-croûteuses et érosives du dos au cours d’un déficit en zinc acquis 77-15
77.22 Examen histologique d’une lésion cutanée d’acrodermatite entéropathique ou de déficit acquis en zinc : aspect
pâle en bande de la partie superficielle de l’épiderme par vacuolisation cytoplasmique et nécroses kératinocytaires
associées 77-15
77.23 Métabolisme des acides gras essentiels 77-16
77.24 Glossite avec atrophie des papilles linguales, perlèche et pâleur cutanée au cours d’une carence martiale 77-17
77.25 Sclérotique bleutée au cours d’une carence martiale chronique 77-17
78.1 Angiofibromes multiples du visage au cours d’une néoplasie endocrinienne multiple de type 1 78-2
78.2 Plaque hyperpigmentée brune unilatérale paravertébrale thoracique au cours d’une amylose cutanée secondaire
à une néoplasie endocrininienne multiple de type 2A 78-3
78.3 Neuromes muqueux au cours de la néoplasie endocrinienne multiple de type 2B : tuméfactions nodulaires de la
lèvre supérieure, de la pointe et des bords latéraux de la langue 78-4
78.4 Lentigines multiples du visage et nævus bleu au cours d’un complexe de Carney 78-5
78.5 Lentigines multiples du bord libre de la paupière inférieure et du canthus interne au cours d’un complexe de
Carney 78-5
78.6 Myxome cutané au cours d’un complexe de Carney 78-5
78.7 Ulcérations chroniques des lits unguéaux secondaire à une candidose chronique des ongles au cours d’une poly-
endocrinopathie auto-immune de type 1 78-6
78.8 Glossite et chéilite chronique au cours d’une candidose cutanéo-muqueuse chronique 78-7
78.9 Volumineuses calcifications d’un genou au cours d’une ostéodystrophie héréditaire d’Albright 78-8
78.10 Macule hyperpigmentée de la cuisse au cours d’un syndrome POEMS 78-9
78.11 Syndrome sclérodermiforme des mains au cours d’un syndrome POEMS 78-9
78.12 Lipoatrophie faciale au cours d’un syndrome POEMS 78-10
78.13 Angiomes cutanés tubéreux multiples en regard d’une large macule hyperpigmentée d’une cuisse au cours d’un
syndrome POEMS 78-10
78.14 Large tache café-au-lait du dos paravertébrale droite et de l’omoplate droite, à contours déchiquétés, au cours du
syndrome de McCune-Albright 78-11
78.15 Taches café-au-lait lombaires au cours du syndrome de McCune-Albright 78-11
79.6 Syndrome arthrocutané au cours d’une rectocolite ulcéro-hémorragique : multiples pustules du membre inférieur
79-5
79.7 Syndrome arthrocutané au cours d’une rectocolite ulcéro-hémorragique : multiples pustules de 2 à 3 mm repo-
sant sur une base érythémateuse du visage et ulcérations aphtoïdes de la pointe de la langue 79-5
79.8 Pyostomatite-pyodermite végétante : pustules des lèvres coalescentes et à disposition grossièrement linéaire en
« traces d’escargots » 79-6
79.9 Pyostomatite-pyodermite végétante au cours d’une rectocolite ulcéro-hémorragique : pustules des paupières in-
férieures et de la joue droite, surmontant une base érythémateuse et à disposition arciforme 79-6
79.10 Abcès aseptiques au cours d’une maladie de Crohn : multiples lésions nodulaires abcédées des faces postérieures
des membres inférieurs associées à des lésions papuleuses et pustuleuses de petite taille 79-6
79.11 Vasculite au cours d’une maladie inflammatoire cryptogénique de l’intestin : nodules inflammatoires profonds
confluents des faces antérieures des jambes 79-7
79.12 Lésions cutanées granulomateuses péristomales « de contiguïté » au cours d’une maladie de Crohn 79-7
79.13 Lésions végétantes à type de marisques au cours d’une maladie de Crohn 79-7
79.14 Ulcérations muqueuses profondes et linéaires anales et périanales au cours d’une maladie de Crohn 79-8
79.15 Œdème vulvaire au cours d’une maladie de Crohn 79-8
79.16 Lésions polypoïdes orales du sillon gingivo-labial au cours d’une maladie de Crohn 79-8
79.17 Hyperplasie œdémateuse réalisant un aspect en « pavé » (cobblestone) de la face interne d’une joue au cours d’une
maladie de Crohn 79-9
79.18 Chéilite granulomateuse associée à une maladie de Crohn : œdème induré et permanent de la lèvre supérieure
79-9
79.19 Lésions cutanées érosives des faces postérieures des chevilles au cours d’une épidermolyse bulleuse acquise
79-10
79.20 Éruption érythémateuse et vésiculeuse, symétrique, des faces d’extension des membres supérieurs et du dos au
cours d’une dermatite herpétiforme 79-12
80.1 Syndrome de Gianotti-Crosti : éruption papuleuse monomorphe des membres épargnant le tronc 80-3
80.2 Livedo ramifié inflammatoire du genou au cours d’une périartérite noueuse 80-3
80.3 Purpura nécrotique et livedo d’un membre inférieur au cours d’une cryoglobulinémie mixte compliquant une
hépatite virale C chronique 80-4
80.4 Érosions, bulles et grains de milium du dos des mains au cours d’une porphyrie cutanée tardive 80-4
80.5 Papules excoriées du tronc et des membres supérieurs témoignant de lésions de grattage compliquant un prurit
sévère au cours d’une hépatite virale C 80-5
80.6 Lichen érosif de la face interne de joue au cours d’une hépatite virale C chronique active 80-6
80.7 Angiomes stellaires du cou et du thorax au cours d’une cirrhose éthylique 80-7
80.8 Érythème palmaire prédominant sur les éminences thénar et hypothénar au cours d’une cirrhose éthylique 80-7
80.9 Circulation collatérale veineuse abdominale au cours d’une hypertension portale compliquant une cirrhose éthy-
lique 80-7
80.10 Leuconychie totale (ongles blancs de Terry) au cours d’une cirrhose éthylique 80-7
80.11 Érythème eczématiforme de l’épaule et du bras au cours d’un érythème nécrolytique migrateur associé à un déficit
en zinc 80-8
80.12 Lésions d’eczéma craquelé de la face antérieure du tronc au cours d’un déficit acquis en zinc 80-8
80.13 Lipomatose de Launois-Bensaude au cours d’une intoxication alcoolique chronique : volumineuses masses adi-
peuses de la région cervicale postérieure et de la partie supérieure du tronc 80-9
80.14 Pigmentation des mains au cours d’une hémochromatose 80-10
81.1 Nodules érythémateux profonds et fistulisés mammaires au cours d’une panniculite pancréatique 81-1
81.2 Signe de Grey Turner : placard ecchymotique du flanc au cours d’une pancréatite aiguë 81-2
81.3 Signe de Cullen : placard ecchymotique péri- et sous-ombilical au cours d’une pancréatite aiguë 81-2
81.4 Sclérose palmaire irréductible au cours d’un syndrome « fasciite palmaire-polyarthralgies » 81-4
81.5 Érythème nécrolytique migrateur au cours du glucagonome : plaque érythémateuse érosive et croûteuse du tho-
rax, des épaules et du cou à évolution centrifuge avec processus de cicatrisation centrale 81-4
81.6 Érythème nécrolytique migrateur au cours du glucagonome : plaques érythémateuses érosives et croûteuses à
disposition annulaire ou arciforme du flanc 81-5
81.7 Érythème nécrolytique migrateur au cours du glucagonome : plaques érythémateuses érosives et croûteuses du
visage et glossite 81-5
81.8 Érythème nécrolytique migrateur au cours d’un déficit combiné en zinc et en acides gras essentiels : syndrome
du pseudoglucagonome 81-7
Table des figures XIX
84.1 Ulcère veineux de jambe post-thrombotique : ulcérations multiples à fond fibrineux de la face interne du tiers in-
férieur de jambe associées à une guêtre sclérodermiforme, une capillarite purpurique et pigmentée et des étoiles
blanches atrophiques 84-2
84.2 Ulcères veineux de jambe : ulcérations multiples de face externe de jambe associées à une capillarite purpurique
et pigmentée et une parakératose 84-2
84.3 Ulcère veineux de jambe post-phlébitique : ulcération de grande taille de la face antérieure et externe de jambe
reposant sur un socle scléreu x, purpurique et pigmenté 84-3
84.4 Ulcère artériel : ulcération creusante du dos du pied et nécrose de la pulpe du gros orteil 84-4
84.5 Angiodermite nécrotique : livedo nécrosant centré par une ulcération post-escarrotique suspendue au tiers moyen
de la face externe de jambe 84-5
84.6 Large ulcération post-nécrotique cernée d’un livedo inflammatoire d’une face externe de jambe au cours d’un
syndrome des anticorps antiphospholipides 84-7
84.7 Ulcération de jambe cernée d’un purpura pigmenté et livedo du bord externe du pied au cours d’une afibrinogé-
némie associée à une cryoglobulinémie mixte 84-7
84.8 Dermite livedoïde de Nicolaü : livedo plantaire à évolution nécrosante secondaire à une injection intra-artérielle
locale de corticoïdes retard 84-8
84.9 Purpura pétéchial plantaire et livedo prédominant sur les orteils au cours d’embolies de cholestérol 84-8
XX Table des figures
84.10 Livedo distal, orteils pourpres et nécrose distale partielle du cinquième orteil gauche au cours d’embolies de cho-
lestérol 84-9
84.11 Examen histologique d’embols de cholestérol : cavité lancéolées intravasculaires et infiltrat inflammatoire péri-
vasculaire du derme 84-9
84.12 Livedo nécrosant unilatéral de l’avant-bras et de la main secondaire à des injections intraartérielles répétées de
buprénorphine dans l’artère humérale 84-9
84.13 Nécrose cutanée abdominale au site d’injection d’interféron alpha au cours du traitement d’une hépatite virale
chronique C 84-10
84.14 Livedo nécrosant (calciphylaxie) d’une cuisse au cours d’une insuffisance rénale chronique 84-10
84.15 Vasculite livedoïde de Winkelmann : ulcères chroniques du pied associé à un purpura et des cicatrices blanches
atrophiques particulièrement visibles sur la face dorsale de l’avant-pied 84-11
85.1 Cordon inflammatoire veineux d’une face interne de cuisse au cours d’une thrombophlébite sur varice de la veine
saphène interne 85-1
85.2 Multiples cordons rouge violacé en « tuyau de pipe » des membres inférieurs au cours de thrombophlébites su-
perficielles migratrices 85-2
85.3 Maladie de Mondor : deux cordons linéaires en « fil de fer » (flèches) de la région épigastrique gauche 85-2
85.4 Thrombophlébites nodulaires : nodules rouges inflammatoires de la face antérieure de jambe de distinction cli-
nique délicate avec un érythème noueux 85-3
85.5 Circulation collatérale veineuse thoracique au cours d’un syndrome cave supérieur compliquant un adénocarci-
nome bronchique 85-4
87.1 Répartition des fibres élastiques au sein du tissu conjonctif dermique 87-1
87.2 Thorax étroit déformé en carène au cours d’un syndrome de Marfan 87-5
87.3 Signe de Steinberg au cours du syndrome de Marfan : la totalité de la phalange distale dépasse le bord cubital de
la main lorsque le ping est fermé 87-5
87.4 Vergetures horizontales du dos au cours du syndrome de Marfan 87-6
87.5 Cutis laxa : peau lâche et spontanément redondante et aspect de vieillissement prématuré 87-9
87.6 Pseudoxanthome élastique : papules jaunâtres confluentes en plaques sur la face latérale du cou 87-10
87.7 Pseudoxanthome élastique et peau redondante du cou (aspect de cutis laxa) 87-11
87.8 Visualisation des veines sous-cutanées du dos lors de la flexion en avant du tronc au cours du syndrome d’Ehlers-
Danlos 87-14
87.9 Acrogéria avec visualisation anormale des tendons et de la circulation veineuse du dos de la main au cours d’un
syndrome d’Ehlers-Danlos vasculaire 87-14
87.10 Cicatrices fripées, atrophiques et larges des genoux au cours d’un syndrome d’Ehlers-Danlos 87-14
87.11 Multiples plaies, cicactrices et hématomes cutanés au cours d’un syndrome d’Ehlers-Danlos de type classique
pouvant faire porter le diagnostic de sévices corporels 87-15
Table des figures XXI
87.12 Absence de frein lingual au cours d’un syndrome d’Ehlers-Danlos de type classique 87-15
90.1 Lésions de prurigo et excoriations de grattage secondaires à un prurit chronique d’insuffisance rénale 90-2
90.2 État sclérodermiforme des jambes au cours d’une dermopathie fibrosante néphrogénique-fibrose systémique
néphrogénique 90-3
90.3 Aspect peau d’orange au niveau d’une face interne de jambe au cours d’une dermopathie fibrosante néphrogénique-
fibrose systémique néphrogénique 90-3
90.4 Examen histologique d’une atteinte cutanée au cours d’une fibrose systémique néphrogénique : hypercellularité
dermique composée de cellules fusiformes au sein de gros faisceaux de collagène disposés en tout sens et séparés
par de larges fentes optiquement vides 90-4
90.5 Calcinose métastatique au cours de l’insuffisance rénale chronique : multiples papules et nodules cutanés pro-
fonds de couleur blanc crayeux sur la malléole externe de la cheville 90-6
90.6 Vaste ulcération profonde à bordure nécrotique de la face interne du genou au cours d’une artériolopathie calcique
90-6
90.7 Ulcération nécrotique cernée d’un livedo inflammatoire du gland au cours d’une artériolopathie calcique 90-6
90.8 Radiographie du bassin objectivant de multiples calcifications artériolaires au cours d’une artériolopathie cal-
cique 90-7
90.9 Papules kératosiques centrées par un bouchon corné central adhérent sur une face interne de jambe au cours
d’une dermatose perforante acquise de l’insuffisance rénale chronique. Le caractère linéaire de certaines lésions
est secondaire à un phénomène de Koebner 90-7
90.10 Pseudoporphyrie cutanée tardive au cours d’une dermatose bulleuse des hémodialysés (pseudoporphyrie cutanée
tardive) 90-8
90.11 Ongles équisegmentés hyperazotémiques (half-and-half nails ou ongles de Lindsay) : tablettes unguéales com-
portant une portion proximale blanchâtre et une portion distale rouge-brun séparées par une nette ligne de
démarcation 90-9
91.1 Fibrofolliculomes du visage au cours d’un syndrome de Birt-Hogg-Dubé : multiples papules blanchâtres lisses, en
dôme des joues et du sillon nasogénien 91-2
XXII Table des figures
91.2 Fibrofolliculomes de l’oreille et du pli rétroauriculaire, une localisation classique au cours du syndrome de Birt-
Hogg-Dubé 91-3
91.3 Placard congénital associant des fibrofolliculomes coalescents et des kystes épidermiques au cours du syndrome
de Birt-Hogg-Dubé 91-3
91.4 Fibrofolliculomes du creux axillaire : papules en dôme et pédiculées à type d’acrochordons 91-3
91.5 Histologie d’un fibrofolliculome 91-4
91.6 Papule fibreuse labiale inférieure au cours du syndrome de Birt-Hogg-Dubé 91-4
91.7 Léiomyomes cutanés au cours d’une léiomyomatose familiale cutanée et utérine 91-4
91.8 Groupement segmentaire de léiomyomes cutanés sur la face externe d’un bras au cours d’une léiomyomatose
familiale cutanée et utérine 91-5
91.9 Examen histologique d’un léiomyome cutané 91-5
91.10 Lunules triangulaires au cours d’un syndrome Nail-Patella 91-6
91.11 Atrophie des tablettes unguéales au cours d’un syndrome Nail-Patella 91-6
91.12 Absence de rotule au cours d’un syndrome Nail-Patella. Radiologie d’un genou normal 91-7
91.13 Lipoatrophie partielle acquise (syndrome de Barraquers-Simons) : lipoatrophie du tronc contrastant avec une
hypertrophie adipeuse des membres inférieurs et des fesses 91-8
91.14 Sinus préauriculaire au cours d’un syndrome branchio-oto-rénal 91-8
91.15 Mamelon surnuméraire 91-9
91.16 Ligne de développement potentiel de mamelon surnuméraire 91-9
91.17 Calcinoses digitales au cours d’une hyperoxalurie primitive 91-10
91.18 Vieillissement prématuré du visage (patient âgé de 38 ans) au cours d’une cystinose 91-10
92.1 Érythème palmaire acquis, une manifestation dermatologique de tumeurs cérébrales à envisager 92-2
92.2 Répartition faciale de l’innervation sensitive par le nerf trijumeau 92-5
92.3 Ulcération nasale et de la lèvre supérieure au cours d’un syndrome neurotrophique trigéminal après infarctus
cérébral 92-5
92.4 Ulcération du front au cours d’un syndrome neurotrophique trigéminal après infarctus cérébral 92-5
92.5 Acropathie ulcéro-mutilante sporadique de Bureau et Barrière 92-8
92.6 Prurit brachioradial : topographie des zones atteintes sur les membres supérieurs, la partie haute du tronc et le
cou 92-8
92.7 Lichénification du scrotum secondaire à un prurit chronique sans dermatose sous-jacente. La recherche d’une
radiculopathie lombosacrée est utile 92-8
92.8 Macule brune et lichénifiée paravertébrale au cours de la notalgie paresthésique 92-9
92.9 Érythème cyanotique et hyperhidrose du pied gauche au cours de la phase chaude d’une dystrophie sympathique
réflexe 92-10
92.10 Syndrome de Claude Bernard-Horner : association d’un ptosis, d’un myosis et d’une enophtalmie 92-10
92.11 Syndrome des oreilles rouges : érythème et œdème bilatéraux des oreilles touchant le pavillon et le lobule. Le
respect relatif de la conque et du tragus est classique au cours de ce syndrome 92-11
92.12 Principales étiologies du syndrome des oreilles rouges : le conflit radiculaire cervical haut responsable d’une « irri-
tation » des racines C2-C3 ou du nerf grand auriculaire dont il est issu ; la dysfonction temporo-mandibulaire pou-
vant atteindre les rameaux nerveux issus du nerf grand auriculaire ; les céphalalgies du nerf trijumeau par atteinte
du nerf auriculo-temporal. Dans ce dernier cas, les signes cutanés s’accompagnent habituellement de céphalées
92-12
92.13 Érythermalgie : érythème cyanique et œdème des pieds prédominant sur les orteils 92-13
92.14 Phénomène Arlequin au cours d’un syndrome douloureux paroxystique : érythème néonatal caractéristique par
son caractère strictement délimité à un hémicorps associé à une pâleur controlatérale 92-13
93.8 Trichotillomanie : alopécie non cicatricielle, non squameuse et non inflammatoire linéaire du sommet du crâne
93-7
93.9 Trichotillomanie : alopécie non cicatricielle, non squameuse et non inflammatoire en aire circulaire touchant avec
prédilection le sommet du crâne et épargnant l’occiput et la lisière frontale 93-7
93.10 Cutis verticis gyrata : cuir chevelu épaissi et parcouru de bourrelets et de sillons 93-10
93.11 Prurigo des épaules et des bras au cours de troubles dépressifs 93-12
93.12 Excoriations névrotiques du visage au cours de troubles du spectre obsession-compulsion 93-12
93.13 Lacérations cutanées répétées de l’avant-bras au cours de comportement parasuicidaire 93-14
93.14 Brûlures répétées au cours de comportement parasuicidaire 93-15
93.15 Acrocyanose au cours d’une anorexie mentale 93-17
94.1 Taches café au lait multiples du tronc au cours d’une neurofibromatose de type 1 94-2
94.2 Lentigines axillaires au cours d’une neurofibromatose de type 1 94-2
94.3 Examen histologique d’un neurofibrome cutané : prolifération dermique composée majoritairement de cellules
de Schwann 94-3
94.4 Neurofibromes cutanés profus au cours de la neurofibromatose de type 1 : multiples tumeurs rosées ou brunes,
sessiles ou pédiculées de la face antérieure du tronc 94-3
94.5 Neurofibromes sous-cutanés au cours de la neurofibromatose de type 1 : multiples nodules cutanés profonds et
bombants d’un membre 94-3
94.6 Neurofibrome plexiforme au cours de la neurofibromatose de type 1 : voussure congénitale du flanc gauche sur-
montée d’une large macule pigmentée à contours émiettés 94-4
94.7 Neurofibrome plexiforme au cours de la neurofibromatose de type 1 : voussure congénitale du dos et hypertri-
chose en regard 94-4
94.8 Neurofibrome plexiforme au cours de la neurofibromatose de type 1 : volumineuse tumeur pendulaire localisée
sur l’hémitronc droit surmontée d’une large macule pigmentée à contours émiettés 94-4
94.9 Hamartome anémique au cours de la neurofibromatose de type 1. Macules pâles rondes ou polycycliques de l’hé-
mithorax gauche (ellipse). Noter les taches violines associées (flèches). Après friction mécanique, l’absence de
rougeur des macules permet la reconnaissance de leur caractère « anémique » 94-5
94.10 Xanthogranulomes juvéniles multiples du tronc au cours de la neurofibromatose de type 1 : papules en dôme à
surface lisse ou mamelonnée de couleur jaune orangé 94-5
94.11 Hyperpigmentation généralisée du dos au cours de la neurofibromatose de type 1 94-6
94.12 Exemple de tumeur glomique : nodule rouge de la région sous-unguéale proximale associé à un décollement lon-
gitudinal de la tablette unguéal en regard 94-6
94.13 Nodules de Lisch au cours de la neurofibromatose de type 1 : petits nodules jaune brun en saillie sur la face
antérieure et inférieure de l’iris 94-7
94.14 Coupe frontale séquence T1 en saturation de la graisse avec injection de gadolinium. Hypertrophie du nerf op-
tique droit dans sa portion préchiasmatique, rehaussé après injection de gadolinium. Coupe axiale, séquence
flair. Hyper-signal ovoïde du globus pallidus interne et du globus pallidus externe gauche et de la partie posté-
rieure du thalamus gauche, correspondant à des OBNI 94-7
94.15 Neurofibromatose segmentaire (anciennement neurofibromatose de type 5) : association d’une tache café au lait
et de neurofibromes limitée à une jambe 94-10
94.16 Schwannome cutané : tuméfaction cutanée brune et pileuse de l’abdomen au cours d’une neurofibromatose de
type 2. Gros plan de la lésion 94-13
94.17 Schwannome cutané : tuméfaction nodulaire cutanée et hypertrichose en regard située sur l’hémifront droit au
cours d’une neurofibromatose de type 2 94-13
94.18 Schwannomatose (anciennement neurilemnomatose) : volumineuse tumeur nodulaire de la face latérale de
l’avant-bras 94-13
95.1 Pourcentage de patients atteints par chacune des lésions de sclérose tubéreuse de Bourneville en fonction du
temps 95-1
95.2 Macules hypopigmentées lancéolées du thorax au cours d’une sclérose tubéreuse de Bourneville 95-2
95.3 Macules blanches en confettis et lancéolées du dos et plaque « peau de chagrin » paradorsale gauche (flèches) au
cours d’une sclérose tubéreuse de Bourneville 95-2
95.4 Angiofibromes du visage au cours d’une sclérose tubéreuse de Bourneville : multiples petites élevures à surface
lisse et brillante, de couleur rose, rouge et brun, et prédominant sur le sillon nasogénien et le menton 95-2
95.5 Angiofibromes débutants au cours d’une sclérose tubéreuse de Bourneville : micropapules brunes et groupées
d’une joue et de la lèvre supérieure 95-3
95.6 Plaque fibreuse du front droit au cours d’une sclérose tubéreuse de Bourneville 95-3
XXIV Table des figures
95.7 Plaque « peau de chagrin », de couleur brune, à surface fripée et granitée de la région lombaire au cours d’une
sclérose tubéreuse de Bourneville 95-3
95.8 Fibrome périunguéal au cours d’une sclérose tubéreuse de Bourneville : prolifération oblongue, charnue, de cou-
leur rosée surmontant une dépression en gouttière longitudinale de la tablette unguéale de l’orteil en regard
95-4
95.9 Fibromes muqueux gingivaux au cours d’une sclérose tubéreuse de Bourneville : élevures rosées et lisses prédo-
minant sur les papilles interdentaires 95-4
96.1 Mosaïcisme pigmentaire de type Ito : multiples macules hypopigmentées réparties de façon linéaire sur les
membres supérieurs 96-2
96.2 Mosaïcisme pigmentaire de type Ito : multiples macules hypopigmentées réparties de façon linéaire sur les
membres inférieurs 96-2
96.3 Mosaïcisme pigmentaire de type Ito : multiples macules hypopigmentées réparties de façon linéaire sur le dos.
La distinction entre peau dépigmentée et peau normale est parfois délicate comme dans ce cas 96-3
96.4 Mosaïcisme pigmentaire de type Ito du scalp : dépigmentation des cheveux de couleur orangée sur une zone
localisée occipitale 96-3
96.5 Hamartome achromique solitaire : macule achromique grossièrement rectangulaire, à bord dentelé du creux sus-
claviculaire 96-3
96.6 Mosaïcisme pigmentaire de type Ito : la différenciation avec un hamartome achromique segmentaire isolé est
parfois délicate 96-4
96.7 Lichen striatus au stade d’hypopigmentation post-inflammatoire : le caractère acquis et la persistence de lésions
rosées « lichéniennes » permettent le diagnostic 96-4
96.8 Syndrome de Pallister-Killian (tétrasomie 12p en mosaïque) : macules hypochromes à disposition linéaires sur
l’avant-bras et non systématisées sur le bras et la jambe 96-5
76.1 Principales manifestations dermatologiques et prévalence moyenne au cours du diabète sucré 76-2
86.1 Maladies malformatives et/ou génétiques, anomalies chromosomiques pouvant s’accompagner de lymphœdème
86-3
86.2 Critères diagnostiques du lipœdème et du lymphœdème primitif des membres inférieurs 86-10
86.3 Phases de la physiothérapie décongestive complète dans le traitement des lymphœdèmes 86-11
87.1 Principales dysplasies héréditaires du tissu conjonctif avec atteinte dermatologique et cardiovasculaire 87-3
87.2 Critères du diagnostic du syndrome de Marfan (critères de Gand révisés en 1996) 87-4
87.3 Classification des cutis laxa avec atteinte cardiovasculaire 87-8
87.4 Principales caractéristiques des syndromes d’Ehlers-Danlos 87-13
94.1 Fréquence, âge de début et évolutivité des manifestations cliniques de la neurofibromatose de type 1 94-8
94.2 Recommandations pour le suivi des patients NF-1 94-10
94.3 Critères diagnostiques de schwannomatose 94-12
82.A Critères diagnostiques de la maladie de Cowden (selon l’International Cowden Consortium, 2000) 82-4
v x
Vasculite livédoïde de Winkelmann 84-10 Xanthélasma 83-1
Vitamines (carences en) 77-3 Xanthomes éruptifs 76-8
Vol vasculaire (syndrome de) 90-9
y
w Yersinioses 79-11
Waardenburg (syndrome de) 97-15
Walker-Murdoch (signe de) 87-4 z
Wallenberg (syndrome de) 92-3 Zinc (carences en) 77-13
Walzel (signe de) 81-3
Table des matières
Préface
Avant-propos
GLANDES ENDOCRINES
74 Thyroïde, surrénales, hypophyse et parathyroïdes
Isabelle Raingeard, Didier Bessis
THYROÏDE 74-1
Hyperthyroïdie 74-1
Manifestations dermatologiques 74-2
Manifestations extracutanées 74-5
Explorations paracliniques 74-5
Traitement 74-5
Hypothyroïdies acquises de l’adulte 74-5
Manifestations dermatologiques 74-5
Manifestations extracutanées 74-6
Explorations paracliniques 74-7
Traitement 74-7
Affections dermatologiques associées à des maladies thyroïdiennes 74-7
SURRÉNALES 74-8
Hypercorticismes 74-8
Manifestations dermatologiques 74-8
Manifestations extracutanées 74-10
Diagnostic biologique 74-10
Traitement 74-11
Déficits en glucocorticoïdes 74-11
Manifestations dermatologiques 74-11
Manifestations extracutanées 74-12
Diagnostic biologique 74-12
Traitement 74-12
Phéochromocytome 74-12
HYPOPHYSE 74-13
Acromégalie 74-13
Manifestations dermatologiques 74-13
Manifestations extracutanées 74-13
Diagnostic biologique et morphologique 74-14
Traitement 74-14
Hypopituitarisme 74-15
Manifestations dermatologiques 74-15
Manifestations extracutanées 74-15
XXXVI Table des matières
PARATHYROÏDES 74-16
Hyperparathyroïdies 74-16
Manifestations dermatologiques 74-16
Manifestations extracutanées 74-16
Diagnostic biologique et morphologique 74-16
Traitement 74-17
Hypoparathyroïdies 74-17
Manifestations dermatologiques 74-17
Manifestations extracutanées 74-17
Diagnostic biologique 74-17
Traitement 74-17
Références 74-17
75 Hormones sexuelles
Antoine Bennet, Delphine Vezzosi, Philippe Caron
Physiopathologie des hyperandrogénies 75-1
Hyperandrogénies féminines 75-3
Manifestations cliniques 75-3
Étiologies 75-5
Démarche diagnostique 75-8
Bilan paraclinique 75-8
Autres cas de manifestations d’hyperandrogénie 75-9
Cas particuliers d’hyperandrogénie 75-10
En période d’installation de la ménopause 75-10
En cas de prise d’une contraception œstroprogestative 75-10
Au cours de la grossesse 75-10
Chez l’enfant 75-10
Traitement 75-11
Alopécie androgénogénétique masculine 75-12
Peau et ménopause 75-12
Peau et contraception orale 75-12
Pathologies cutanées et stéroïdes sexuels féminins 75-13
Références 75-13
76 Diabète sucré
Didier Bessis
Classification et prévalence des manifestations dermatologiques du diabète 76-2
Dermatoses significativement associées au diabète 76-2
Dermopathie diabétique 76-2
Acanthosis nigricans 76-3
Nécrobiose lipoïdique 76-4
Sclérose des extrémités avec enraidissement articulaire (cheiroarthropathie diabétique) 76-5
Papules de Huntley ou épaississement granité des doigts 76-5
Sclérœdème de Buschke 76-5
Bulloses des diabétiques 76-6
Dermatoses perforantes acquises 76-6
Dermatoses infectieuses liées au diabète 76-6
Infections mycosiques 76-7
Infections bactériennes 76-7
Dermatoses dont l’association au diabète est discutable 76-8
Prurit 76-8
Xanthomes éruptifs 76-8
Érythrose faciale 76-8
Granulome annulaire 76-8
Capillarites purpuriques et pigmentaires 76-9
Xanthochromie 76-9
Table des matières XXXVII
APPAREIL DIGESTIF
79 Tube digestif
Emmanuel Delaporte, Frédéric Piette
Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin 79-1
Dermatoses réactionnelles 79-2
Lésions granulomateuses spécifiques 79-7
Manifestations carentielles 79-9
XXXVIII Table des matières
Coronaropathie 83-1
Complications cutanées liées à la prise en charge des coronaropathies 83-2
Affections pulmonaires 83-5
Syndrome des ongles jaunes 83-5
Hippocratisme digital et ostéoarthropathie hypertrophiante pneumique 83-6
Références 83-9
84 Ulcères vasculaires
Olivier Dereure
Ulcères macrovasculaires 84-1
Ulcères d’origine veineuse 84-1
Ulcères d’origine artérielle 84-3
Ulcères mixtes 84-5
Ulcères de causes microvasculaires 84-5
Angiodermite nécrotique (ou nécrosante) 84-5
Ulcères microvasculaires par occlusion primitive de la lumière artériolaire 84-6
Ulcères microvasculaires par anomalie pariétale 84-10
Vasculite livédoïde de Winkelmann (vasculite hyalinisante segmentaire) 84-10
Oxaliurie primitive et secondaire 84-11
Syndrome de Sneddon et autres syndromes ischémiques cutanéocérébraux 84-11
Vasculites 84-11
Références 84-12
85 Affections veineuses
Didier Bessis
Thromboses veineuses superficielles 85-1
Manifestations cliniques 85-1
Enquête étiologique 85-2
Maladie postphlébitique 85-4
Syndrome cave supérieur 85-4
Références 85-4
86 Lymphœdèmes des membres
Stéphane Vignes
Lymphœdèmes primitifs 86-1
Définition 86-1
Facteurs déclenchants 86-2
Génétique et lymphœdèmes primitifs 86-2
Lymphœdèmes secondaires du membre supérieur 86-3
Définition et épidémiologie 86-3
Délai d’apparition 86-3
Facteurs de risque de développement d’un lymphœdème du membre supérieur 86-4
Causes des lymphœdèmes secondaires du membre inférieur 86-4
Cancers gynécologiques 86-5
Filariose 86-5
Maladie de Kaposi 86-5
Pathologies rhumatologiques 86-5
Autres causes 86-6
Examen clinique 86-6
Topographie du lymphœdème 86-6
Lourdeur, douleurs 86-6
Peau et phanères 86-6
Appréciation du volume du lymphœdème 86-6
Cas particulier des lymphœdèmes génitaux 86-7
Examens complémentaires 86-7
Complications 86-7
Complications infectieuses 86-7
Complications psychologiques et qualité de vie 86-8
Lymphangiosarcome 86-8
XL Table des matières
REINS
90 Insuffisance rénale chronique et dialyse
Didier Bessis, Camille Francès
Prurit 90-1
Dermopathie fibrosante néphrogénique, fibrose systémique néphrogénique 90-2
Table des matières XLI
Terrain 90-2
Aspects cliniques cutanés 90-2
Manifestations systémiques 90-2
Données biologiques 90-3
Anatomopathologie 90-3
Pronostic et traitement 90-4
Physiophathologie 90-4
Mesures préventives 90-5
Calcifications et nécroses cutanées 90-5
Calcinose métastatique (metastatic calcinosis cutis) 90-5
Artériolopathie calcique 90-6
Panniculite calcifiante 90-7
Dermatoses perforantes acquises 90-7
Maladies bulleuses 90-8
Dermatose bulleuse des hémodialysés (pseudoporphyrie cutanée tardive) 90-8
Porphyrie cutanée tardive 90-8
Photosensibilisations médicamenteuses 90-8
Amylose à bêta-2-microglobuline 90-8
Troubles de la pigmentation 90-9
Troubles des phanères 90-9
Complications des fistules artérioveineuses pour hémodialyse 90-9
Complications vasculaires 90-9
Complications allergiques 90-9
Autres complications cutanées associées à la dialyse 90-10
Références 90-10
91 Maladies rares rénales et cutanées
Didier Bessis
Syndrome de Birt-Hogg-Dubé 91-1
Léiomyomatoses familiales cutanées et utérines 91-3
Syndrome Nail-Patella 91-6
Lipoatrophie partielle acquise (syndrome de Barraquers-Simons) 91-7
Syndrome branchio-oto-rénal 91-8
Syndromes mammo-rénaux 91-9
Hyperoxalurie primitive 91-9
Cystinose infantile 91-10
Références 91-11
SYSTÈME NERVEUX
92 Système nerveux central et périphérique
Céline Girard
Système nerveux central 92-1
Tumeurs cérébrales 92-1
Maladie de Parkinson 92-2
Syndrome de section médullaire 92-2
Syringomyélie 92-3
Neurosyphilis 92-3
Syndrome neurotrophique trigéminal 92-3
Système nerveux périphérique 92-4
Neuropathies sensitives et sensitivo-motrices congénitales ou acquises 92-4
Neuropathies périphériques accompagnées de troubles trophiques 92-6
Prurit brachioradial 92-7
Prurit anogénital et scrotal neuropathique 92-8
Notalgie paresthésique 92-9
Syndrome du canal carpien 92-9
Système nerveux autonome 92-9
XLII Table des matières