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Ch0 : Généralités sur la CAO

1. Historique
La conception assistée par ordinateur est née aux États-Unis aux environs de 1950 au
moment où la General Motors et le Massachusetts Institute of Technology ont
imaginé de converser avec un ordinateur par d’autres méthodes que la carte perforée,
le ruban magnétique et le ruban perforé.

En 1960, après un projet très élaboré, General Motors et IBM ont groupé leurs efforts
pour mettre sur pied le premier écran graphique et ont abouti au projet nommé DAC 1
(Design Augmented by Computer).
L’équipement comprenait un tube cathodique de grandes dimensions, un crayon électronique,
un projecteur de microfilm, le tout branché sur un calculateur IBM 7094 ; le prototype de tube
a ensuite été commercialisé, uniquement pour la CAO, sous l’appellation IBM 2250.
Pour la première fois, un dessinateur en carrosserie pouvait communiquer avec un
ordinateur en utilisant son propre langage : le dessin.
L’utilisation de ce matériel faisait appel à une équipe de trente personnes comprenant des
ingénieurs mathématiciens, des spécialistes en programmation, des spécialistes en définition de
pièces de carrosserie et des spécialistes en commande numérique.
Cette équipe mettait en place la logique, la théorie mathématique et la méthode d’utilisation,
afin d’élaborer un système intégrant l’ensemble des opérations depuis la conception
jusqu’à la matérialisation tridimensionnelle.
L’idée était de passer directement du croquis et des sections de principe du concepteur à la
définition numérique sans réaliser le tracé précis de la pièce employé jusque-là en étude de
carrosserie.
La définition numérique était déclenchée à partir de concepts géométriques mis à la disposition
de l’utilisateur sous forme de menus affichés sur l’écran.
L’utilisation opérationnelle de ce genre de matériel a commencé en 1965.
La diffusion des consoles graphiques IBM 2250, Control Data Gelac 418, Charactron et SC
4020 de Stromberg Carlson dans les bureaux d’études des grandes sociétés automobiles et
aéronautiques a donné naissance au Computer Aided Design (CAD).

Depuis, de nombreux systèmes ont été mis en exploitation dans bien d’autres domaines, que ce
soit aux États-Unis ou en Grande-Bretagne.

Certains utilisateurs commercialisent leur système :


- Lockheed: CADAM (Computer Graphics Augmented Design and Manufacturing);
- Mac Donell Douglas : Unigraphics;

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- CAD, Centre de Cambridge ; Polysurf, Gino F. ;
- Dassault, par sa filiale Dassault Systèmes : CATIA.

Mais la plupart des systèmes de CAO sont développés et commercialisés par des sociétés
spécialisées (Autodesk, Cisigraph, Computer-Vision, Hewlett-Packard, IBM, Intergraph, etc.).

2. Principes de la CAO

2.1. Introduction dans le processus de conception :

Afin d’examiner comment les bureaux d’études peuvent bénéficier des possibilités offertes par
les systèmes CAO, il est nécessaire de connaître les problèmes relatifs aux calculs divers et les
différentes tâches du travail de conception.

2.1.1 Analyse des tâches du projeteur :

En analysant dans le détail le travail du projeteur, on met en évidence des temps élémentaires
de :
- réflexion : recherche de l’idée ; le projeteur utilise son acquis technique et sa capacité
de création à élaborer les grandes lignes du projet ;
- calcul : de poids, de performances (mécaniques, électriques, hydrauliques, etc.), de
résistance de matériaux (calculs de poutres, d’arbres, de parois, d’engrenages, etc.) ;
- consultation : de normes (y compris les normes d’entreprise), de catalogues divers, de
fichiers de pièces existantes ;
- tracé : représentation souvent tridimensionnelle, avec au moins deux projections,
d’éléments qui ne peuvent quelquefois être parfaitement définis pour une production
ultérieure que si l’on utilise des courbes et surfaces paramétriques complexes ;
- écritures diverses : des nomenclatures, références, spécifications et cartouches ;
- suivi de la réalisation des prototypes et des essais puis contacts divers avec les ateliers
de production et les fournisseurs.

2.1.2 Méthode conventionnelle de travail dans un bureau d’études :

Le processus de conception est décomposé en trois phases plus ou moins bien marquées suivant
les secteurs d’activité :
- l’avant-projet : recherche de solutions ;
- le projet : choix et développement d’une solution ;
- l’étude définitive : industrialisation du projet.

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Les pourcentages du temps passé, dans chacune des activités élémentaires, sont variables.
L’examen du déroulement de ces tâches fait apparaître les problèmes suivants :
- l’établissement de la liasse complète des plans définitifs demande un délai important ;
- le délai du projet est souvent incompatible avec la mise en route des moyens de
fabrication, empêchant plusieurs itérations de l’étude ;
- quand l’étude correspond à un ensemble, le projet est étudié comme un tout et les
plans de détails, issus de ce projet, ne font pas toujours l’objet d’un remontage ;
- si le projet est très complexe, le responsable du bureau d’études rencontre des difficultés
de synchronisation des différentes parties de l’étude ;
- si le projet est une reprise d’une étude déjà réalisée, un temps précieux est perdu au
départ pour reporter sur la planche du projeteur les éléments qui sont conservés.
La recherche d’une solution à ces problèmes nous amène tout naturellement à introduire
l’automatisation des tâches fastidieuses en supprimant, au passage, les
erreurs humaines. La qualité, le coût et le délai de l’étude s’en trouvent améliorés.

2.1.3 Tâches automatisables :

L’automatisation des tâches, dans un bureau d’études, comprend trois parties :


- l’aide à la création ;
- l’aide à la matérialisation précise ;
- l’aide à la gestion du poste du projet : prise en compte des modifications, élaboration de
la banque d’informations relative aux études et aux documentations diverses.

2.2. Possibilités de la CAO :

Les possibilités d’un système sont très grandes. Les limites n’apparaissent qu’au moment où
l’on parle du logiciel associé à ces systèmes informatiques.
Ce logiciel comprend :
- le logiciel de base (par exemple processeur graphique)
- les logiciels d’application presque toujours écrits en fonction des applications
spécifiques.
Cet ensemble correspond aussi à un investissement, mais il est toujours très difficile de l’évaluer
au moment de poser le problème.

2.2.1 Création d’éléments, familles d’éléments :

Grâce à un langage de description et de manipulation de formes, on peut créer des objets utilisés
pour la CAO.

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Si l’objet existe déjà, on est amené à l'utiliser.
La création d’un élément (objet) doit donc commencer aussitôt après le cahier des charges, de
façon à bâtir un composant directement à l’ordinateur, sans passer par une saisie d’informations
fastidieuse.
Le langage de description doit permettre l’étiquetage du composant créé de façon à pouvoir le
stocker sur support de stockage (mémoire).
Avec les logiciels les plus modernes, on peut définir une famille de composants à l’aide d’un
modèle paramétré et d’une table de valeurs associées, comme dans un catalogue.

2.2.2 Stockage d’éléments :

L’utilisation d’un langage de gestion de données permet de stocker, pour une période plus ou
moins longue, tout ou partie des éléments (objets, composants) créés, que ce soit entre deux
temps élémentaires de conception ou à la fin du travail.
Après validation, le fichier des éléments peut être relu en vue d’autres applications à l’intérieur
d’un autre groupe d’études ou dans un secteur de fabrication.

2.2.3 Utilisation d’éléments déjà créés :

Le travail de l’utilisateur se limite à l’appel du nom correspondant aux éléments à représenter.


En quelques secondes, il peut positionner l’image de l’élément sur l’écran. Cette approche est
très utile quand il s’agit de modifier les paramètres d'un élément.

2.2.4 CIM ou Production intégrée par ordinateur :

Du fait des avantages procurés par la réutilisation des définitions établies au niveau du bureau
d’études, on assiste à une intégration croissante des techniques de conception assistée par
ordinateur et des techniques de fabrication assistée par ordinateur. L’ensemble est regroupé
sous le sigle CFAO.
Cette intégration peut contenir aussi :
- la technologie de groupe : regroupement des éléments par familles ;
- l’étude du démontage et du remontage de mécanismes ;
- l’étude des outillages complets ;
- la gestion de production (GPAO) ;
- la maintenance des produits (GMAO) ;
- la documentation (PAO).

On parle alors de CIM (Computer Integrated Manufacturing)

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2.3. Systèmes CAO :

2.3.1 Description :

2.3.1.1. Les possibilités d’un système CAO :

Elles sont fonction de :


- la puissance de l’ordinateur ;
- nombre d’utilisateurs connectés au même moment sur l’unité centrale ;
- la vitesse de transfert des informations entre unité centrale, disque et périphériques ;
- nombre et du type de périphériques à la disposition de l’utilisateur pour entrer les
données et sortir les résultats ;
- la puissance du logiciel.

2.3.1.2. Les principales caractéristiques d’un matériel de CAO :

Elles sont les suivantes :


- taille de la mémoire vive (RAM) ;
- rapidité des processeurs (en Mips ou en Mflops) ;
- taille de l’écran ;
- nombre de nuances et rapidité d’affichage de la carte graphique ;
- facilités de communication (nombre de ports, présence de cartes pour branchement sur
un réseau, ou de modem) ;
- système d’exploitation que peut supporter la machine ;
- la taille en disque est moins importante car il est maintenant facile de changer l’unité de
disque.

Nota :
Mips = million d’instructions par seconde.
Mflops = million d’opérations en virgule flottante par seconde.

2.3.1.3. Le poste CAO de base :

Il comprend :
- un micro-ordinateur avec suffisamment de mémoire centrale ;
- un écran graphique ;
- un clavier alphanumérique (pouvant faire clavier de fonctions) ;
- une tablette et un traceur de petites dimensions.

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2.3.1.4. Les stations de travail :

Elles sont des machines techniquement dérivées des mini-ordinateurs. Elles comprennent
plusieurs processeurs32 bits, voire dernièrement 64 bits. La puissance de calcul s’étale de 40 à
400 Mips. Elles ont toutes un écran de grande dimension (17 à 20 pouces), élément
indispensable en CAO.
Le principal atout des stations de travail réside dans leur excellente capacité à être reliées en
réseau local. Dans un réseau de stations, certaines peuvent être sans mémoire de masse
(diskless) et utiliser ainsi la mémoire d’une autre station du réseau. Cette dernière fait alors
office de serveur d’informations. Elle peut également assurer la fonction de serveur de logiciels
si elle est la seule à stocker les logiciels, et elle irrigue alors les autres stations du réseau en
instructions exécutables.
Ce système a le gros avantage de ne gérer qu’une copie des logiciels, sans avoir l’inconvénient
des systèmes centraux : devoir recourir à des personnes hautement compétentes.
Les différences entre stations de travail et micro-ordinateurs s’estompent presque totalement
avec les dernières gammes de PC (Personal Computer), ceux-ci ayant le même type de circuits
électroniques que les stations.

2.3.1.5. Enfin, le poste de travail graphique :

Il peut être connecté à un gros ordinateur situé à distance et géré par un personnel spécialisé.
Le programme de contrôle graphique gère les interruptions et l’appel des routines de
visualisation tout au long du déroulement du programme spécifique à l’application.

2.3.1.6. Le système CAO le plus complet :

Il comprend :
- une unité de calculs de 1 à 64 millions de mots de 32 bit qui prend en charge tous
les calculs nécessaires à l’élaboration du modèle et qui gère l’ensemble des
périphériques ;
- une unité de disques dont la capacité de stockage atteint couramment 600 millions à
8 milliards d’octets : sur cette unité sont gardés les extraits de la base de données
centrale, les programmes (gestion des unités périphériques, contrôle graphique,
programmes d’application), les fichiers d’éléments standards que l’utilisateur peut
être amené à employer, les fichiers de travail (qui comprennent les données) et
éventuellement les résultats des gros calculs ;
- un écran graphique sur lequel l’opérateur suit le bon déroulement de son programme ;
- le poste de travail écran est équipé d’un clavier alphanumérique, d’un clavier de
fonctions (de 8 à quelques dizaines de touches), d’un écran alphanumérique sur lequel
s’inscrivent le dialogue échangé avec l’ordinateur et les messages d’erreur, d’une
tablette magnétique et d’un crayon électronique ;

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- la tablette magnétique, en général disposée devant la console graphique, est une
duplication de la zone utile de l’écran sur laquelle l’opérateur peut déplacer son crayon
électronique et réaliser les mêmes fonctions que par action directe sur l’écran ;
- sur certains systèmes, le crayon électronique est remplacé par un manche à balai ou une
sphère de contrôle qui assure les mêmes possibilités : dessin sur l’écran et pointage d’un
élément ;
- une table interactive qui peut être utilisée comme un second poste de travail autonome
et elle est, en effet, souvent équipée d’un crayon électronique, ou d’un curseur mobile
avec bouton d’enregistrement dont l’action est identique à celle du crayon électronique
sur l’écran), d’un clavier de fonctions et d’un clavier numérique. Par programme, une
partie de la table peut être réservée à la définition d’un tableau de fonctions et toute
action du curseur dans une case de ce tableau déclenche la fonction correspondante. La
traverse de a table est équipée d’une tête à dessiner (précision du dessin ± 0,2 mm) ;
- un support magnétique ou opto-magnétique externe : cassette, disque souple, CD, DVD,
qui permet à l’utilisateur d’interrompre momentanément son travail et de conserver les
résultats obtenus jusqu’à la reprise de son projet ;
- une imprimante : très utile pour la sortie de résultats sous forme de bordereaux (tableaux
de coordonnées, listes d’éléments créés, références d’éléments standards, devis, etc.) et
à la mise au point du logiciel d’application par le programmeur.

2.3.2 Évolution de la CAO :

Les récentes évolutions de la CAO se sont développées à partir de 1986, le nouveau système
PRO-ENGINEER de Parametric Technology Corp. ayant fait figure de précurseur.
De tels systèmes sont aujourd’hui répandus et utilisables en milieu industriel. Ces évolutions
consistent essentiellement à utiliser les techniques d’intelligence artificielle pour le
développement des logiciels.
Parmi les trois techniques disponibles de façon générale (systèmes experts, knowledge based
systems et object-oriented systems), cette dernière a été privilégiée par les fournisseurs
informatiques de CAO.
Le principe est de modéliser un produit en le considérant comme un objet à part entière, et non
plus en le réduisant à son expression géométrique. Cet objet possède bien sûr un modèle en
géométrie spatiale. Mais les différentes dimensions qui le définissent sont reconnues comme
telles par le système, et non plus comme un attribut textuel ou numérique sur un plan.
On peut associer, à un objet, un nombre indéfini de propriétés non dimensionnelles, telles qu’un
matériau, une classe de qualité,…
Lorsque l’on duplique, déplace ou modifie un objet, le système conserve la trace de ces
manipulations et de ces procédés en tant que tels et ne se contente pas de stocker les résultats
comme informations mortes et détachées du mode d’obtention, comme c’est le cas avec un
système CAO traditionnel.
Ce type de système donne des possibilités très étendues pour gérer le développement de produits
industriels depuis leur conception jusqu’à leur livraison chez le client et leur maintenance. Il

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permet aussi bien de traiter toutes les étapes du cycle de vie d’un produit, que de gérer en bonne
cohérence une gamme entière de produits et leurs constituants.

2.3.3 Mode d’utilisation :

La CAO est une méthode de travail en temps réel et en mode interactif où l’utilisateur dialogue
avec l’ordinateur pendant que celui-ci déroule son programme. Cette possibilité de piloter
l’ordinateur entre deux séquences de calcul se réalise par actions combinées du logiciel et du
matériel.

2.3.3.1 Actions du logiciel :

Le programme se présente comme une suite de commandes. L’action de l’opérateur se résume


soit au choix d’une de ces commandes, soit à l’entrée d’une information attendue par le
programme dans un format fixé à l’avance.
Une commande peut se lancer :
- à partir d’une touche sur un clavier ;
- par le choix dans un menu disposé sur une tablette magnétique ou dans une zone
spécialisée d’une table interactive ;
- par la sélection sur l’écran d’un symbole mnémonique (ou icône) ;
- par le déroulement d’une succession de menus arborescents sur l’écran.
Toute erreur de l’opérateur est sanctionnée par l’apparition d’un message ou d’une procédure
de secours lui permettant de reprendre la séquence qui n’a pu être comprise par le programme.
Par contre, de nombreux paramètres s’introduisent directement par une action directe sur le
matériel. Cette dernière procédure est préférée au dialogue à la machine à écrire.
L’utilisateur n’aime pas les programmes trop inutilement détaillés et ne souhaite pas taper à la
machine.

2.3.3.2 Actions du matériel :

Elles se matérialisent par un signal généré par l’un des dispositifs mis à la disposition de
l’utilisateur ; ce signal est envoyé à l’ordinateur et interprété par le programme comme une
réponse de l’utilisateur.
Plusieurs actions sont possibles :
- l’enfoncement d’une touche d’un clavier ;
- l’impulsion sur le bouton d’enregistrement d’un curseur se déplaçant sur la tablette ou
la table interactive ;
- le contact du crayon électronique dans une zone du menu affiché sur l’écran ou la
tablette ;
- le contact direct du doigt sur l’écran ;

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- enfin, l’entrée vocale qui est maintenant proposée sur certains systèmes.
Les possibilités offertes par ces dispositifs sont infinies.
Si le temps de traitement du signal, c’est-à-dire le temps de réponse du système, n’excède
pas en moyenne 0,1 à 1 s, on a un processus de conception très performant et très motivant
pour l’utilisateur.
Ce temps de traitement dépend de la puissance du matériel choisi et de sa charge à un instant
donné.

3. Logiciels de CAO :

Les domaines d’application de la CAO sont nombreux et il est difficile d’en établir une liste
exhaustive. Chaque fois que le processus de création est associé à la construction d’une figure,
on peut en effet, assister le concepteur en mettant à sa disposition un système graphique. On
trouve donc des applications de la CAO dans des bureaux d’études de produit, dans des bureaux
d’études de moyens de production (machines catalogues, machines spéciales, outils de presse,
matrices de forge, moules, etc.) et dans les bureaux d’architecte et d’ingénierie de bâtiments ;
la CAO est aussi un outil très intéressant pour certains laboratoires de recherche.
Parmi les domaines où la CAO est utilisée, on cite :
- Architecture et travaux publics
- Circuits électriques et électroniques
- Mécanique
- Physique et chimie
- Industries du vêtement et de la chaussure
- Médecine
- Domaine artistique

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