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Le ciment prend de la hauteur

Traditionnellement en cette période de l’année, le prix du ciment chute sur le marché des
matériaux de consturction. Mais cette année, ceux qui s’attendaient à une baisse
du prix du ciment risquent d’être déçus.

Le coût de ce produit qui est assujetti au prix du baril du pétrole connaît une tendance
haussière. Sur les marchés de la capitale, les stocks de ciment s’épuisent à cause de
l’explosion des chantiers, du faible niveau de l’importation, etc.

Grossistes comme détaillants s’accordent pour expliquer la hausse du prix par la forte
demande du produit en ce moment. La hausse en cette période est un phénomène atypique
dans notre pays. Habituellement, c’est en début d’hivernage qu’on constate la
pénurie de ciment. Au moindre frémissement du marché, certains commerçants
n’hésitent pas à ajuster le prix des produits de forte demande. Le secteur du bâtiment
connaît en ce moment un boom extraordinaire avec des nombreux chantiers ouverts un peu
partout dans le pays.

Ainsi, l’offre est très en deçà de la demande. Le prix d’un sac de ciment sur les
marchés de la capitale varie entre 5 750 et 6000 Fcfa. La tonne est livrée par les grossistes
entre 110 700 et 120 000 Fcfa. La différence est consécutive à la diveristé des sources
d’approvisionnement. Notre pays n’étant pas producteur de ciment, les opérateurs
économiques sont obligés d’importer la marchandise de la Côte d’Ivoire, du
Sénégal et du Togo.

Or sur ces marchés le prix du ciment est miné en ce moment par une forte tension à cause de
la flambée du prix des hydrocarbures. L’évolution du prix du ciment est donc indissociable
du prix du baril du pétrole. La montée d’adrénaline a obligé les industriels
sénégalais à réajuster deux fois à la hausse le prix carreau du ciment, entraînant du coup
une hausse de 7% du prix du produit sur le marché de ce pays.

Selon nos confrères du quotidien national sénégalais “Le Soleil†, citant à ce sujet le
directeur général de la Sococim industrie, une filiale du groupe Vicat basée au Sénégal,
Marc Leising, le prix de la tonne de ciment (sortie usine) qui est actuellement à 53.450 Fcfa hors
taxe et 63.360 Fcfa TTC n’est pas sur le point de subir un quelconque changement. “La
baisse du prix du ciment ne me parait pas envisageable dans l’immédiat†.

Il impute cette situation à la hausse constatée sur le prix du baril du pétrole. Le ciment est
directement assujetti pour la moitié de son prix au baril du pétrole qui subit des hausses, a-t-il
ajouté. « Quand on fabrique un produit manufacturé dont le coût rapporté à
l’énergie est supérieur à 50%, c’est clair que tant que l’énergie augmentera, le prix
du ciment augmentera », a-t-il poursuivi.

Une capacité de 500.000 tonnes. L’approvisionnement du marché sénégalais est


assuré par deux cimenteries : la Sococim qui a une production actuelle de 2.200.000 tonnes de
ciment et les Ciments du Sahel qui ont une capacité de 650.000 tonnes. Mais la filiale du groupe
Vicat ambitionne de porter sa production à 3 millions de tonnes dès 2009. Un objectif qui entre
dans le cadre d’un nouveau programme d’investissement 2007-2009 pour lequel sont
engagés 100 milliards de Fcfa.

La flambée du prix du carburant a porté un sérieux coup aussi au transport de la


marchandise. Il ressort de nos entretiens avec les importateurs rencontrés à Faladjé que de
plus en plus, les transporteurs rechignent à aller prendre rien que le ciment au Sénégal, tant
qu’ils n’ont pas d’autres marchandises à transporter à l’aller. Motif invoqué :
“le voyage ne nous rapporte rien†à cause du prix élévé du carburant. Le transport de
“le voyage ne nous rapporte rien†à cause du prix élévé du carburant. Le transport de
chaque tonne de ciment varie entre 40 000 et 45 000 Fcfa la tonne.

Pourtant notre pays peut rompre avec le cycle infernal de l’importation. Tout simplement en
produisant du ciment sur place. Et ce sont les atouts qui manquent le moins. Le Mali dispose de
l’un des importants gisements de calcaire, une matière nécessaire à la fabrication du
ciment. Le calcaire est disseminé partout au Mali.

 Dans la région de Kayes, il y a les gisements de calcaire de Gangonterie à 42 km du village de


Diamou ; d’Astro à 5 km de Gangonterie ; de Kareya à 60 km de Kayes ; de
Kanamankounou à 40 km de Kayes et le gisement de Toukoto.

 A Mopti, il y a le gisement de calcaire de Hombori dans le village de Diamou et les calcaires de
Douentza.

 A Tombouctou, il y a celui de Bal-El-Eri à 21 km au Nord-Ouest de Goudam.

 Dans la région de Koulikoro, il y a le gisement de Sonitiéni à 20 km de Kati, les calcaires de


Doïla près du village de Einana.

 Dans la région de Sikasso, il y a les calcaires de Dandresso, Gao au pied du Mont Sariéré,
les calcaires de Mekoré et Komangou.

Les réserves de calcaire permettent aujourd’hui à notre pays de construire aujourd’hui


trois usines de ciment de 500.000 tonnes de capacités chacune, selon le pétro-chimiste, Dr
Amadou Sangaré.

Signalons que la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) a créé, il y a trois ans,
une société de production de ciment qui cherche financement depuis. Car les difficultés de
construction d’une cimenterie dans notre pays est liée à plusieurs facteurs endogènes et
exogènes.

Le coût élevé de l’énergie est indexé par les investisseurs comme une entrave à cette
réalisation. A cette difficulté s’ajoute le défi de la mobilisation du financement. Les
investisseurs sont plus tôt regardant sur la rentabilité de l’entreprise. Notre pays est
entouré de pays producteurs. Dans ces conditions, seul un partenariat solide public-privé peut
offrir au marché malien de réelle opportunité aux investisseurs.

A. O. DIALLO - L’Essor

20 Février 2008.

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