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PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

COUVERTURE
TUILE COURBE OU
DE TUILE(DITE
CREUSE CREUSE
TUILE
DITE "CANAL"
CANAL)
Une
Textecouverture
Chapeau d'origine romaine, commune à l'Europe du sud et au monde
méditerranéen, qui n'a cessé d'évoluer.

MIDI-PYRÉNÉES

Riusto consendre mod dit nullandreet, secte tinci tem irit nullut
verat. Enibh euis at. Rostie tem zzriure molesed ex euguer
sequamet, quatuer sectem quat iliquat, sum zzrillum nonsecte
feum vel iure duisi eu feugiamet, si.

2
[ PRÉSENTATION ]
La diffusion de la couverture de tuile »» Pose
»» Emprise géographique canal est liée à l’évolution de la cou- La couverture est réalisée sur un voli-
En Midi-Pyrénées, la tuile creuse verture romaine avec l’abandon de la geage plus ou moins jointif. Les tuiles
recouvre un vaste territoire. La cor- tegula dès le Haut Moyen-Âge. sont posées à sens inversées selon
rélation de données climatiques (alti- leur usage en courant ou en couvert.
tudes inférieures à 800 M), zones »» Milieu Les tuiles de courant (ou canal)
d’enneigement faible) et de gisement La tuile canal est le matériau de cou- sont posées sur leur face convexe
de matériaux à proximité (terrains verture commun à tous types de bâti- avec têtes (grand galbe) en haut, et
argileux, vallées limoneuses) est à ments (habitat urbain et rural, édifices queues (petit galbe) en bas du sens
l’origine de la délimitation de l’aire. religieux et publics). de pente du versant de toiture. Les
tuiles de couvert (de chapeau), sont
»» Définition posées sur leur arête dans le galbe
La tuile courbe d’argile cuite (dite [ PRINCIPE CONSTRUCTIF ] des tuiles de courant, en sens inverse
tuile canal) de forme tronconique a avec têtes en partie inférieure, et
une longueur courante de 35 cm à »» Matériau queues en partie supérieure.
45 cm, et une largeur moyenne de Après malaxage de l’argile, pressage,
15 cm en queue (petit galbe) à 25 cm moulage ou façonnage et séchage,
en tête (grand galbe). La couverture les tuiles sont cuites à une tempé-
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est constituée de deux couches de rature de 800°C à 1200°C. La teinte


tuiles (courant ou canal et couvert ou des tuiles dépend de la teneur en
chapeau), reposant sur un voligeage. oxydes de l’argile.
La tuile est moulée à plat dans un
moule trapézoïdal sans fond sur lit de
4
sable ou de cendre, puis galbée sur
1. Carte de l'aire de couverture en tuile canal
une forme (posette) avant séchage et
2. Vue générale Montesquieu-Volvestre, 31
cuisson. L’épaisseur de la tuile canal 3. Modules de tuile courante et de tuile faîtière
3 varie de 10 à 8 mm. 4. Toiture tuile canal, moulin, Montesquieu-Volestre, 31
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX COUVERTURE DE TUILE CREUSE DITE "CANAL" P2

»» Points singuliers vent. La couverte en tuile canal est L’étanchéité au niveau des souches
Faitage, arêtier, noue, égout de sujette au fil du temps à un glisse- de cheminée ou des lanterneaux est
toiture, génoise. ment qui impose des remaniements un point délicat de ce type de couver-
Le faîtage est réalisé avec une périodiques. ture. Elle est réalisée en raccord au
ligne de tuile en chapeau scellée au mortier sous un cordon de la souche
mortier. Autrefois on utilisait une tuile saillant sur les rangs de tuiles.
de grand moule (60 à 80 de longueur, Les tuiles faîtières sont posées en
35 cm de largeur en tête pour réali- général queue face au vent dominant.
ser des faîtes sans scellement (Tarn
notamment). [ USAGE, ÉVOLUTION ET
La tuile canal est peu adaptée à TRANSFORMATION ]
la réalisation des noues (défaut
1
d’étancheité), elles sont couram- »» Usage
ment réalisées en zinguerie. Les Tous types de bâtiments.
[ DESCRIPTION DE MISE EN
ouies de tête des tuiles de couvert
de la ligne d’égout de toiture sont
OEUVRE ]
»» Evolution, transformation
parfois fermées au mortier. La tuile
Le support et le débord de toiture A partir du milieu du XIXe siècle,
de courant de la ligne d’égout de
(avant-toit, corniche, génoise…), les tuiles canal ont souvent été rem-
toiture est parfois saillante pour éloi-
ainsi que le dispositif de collecte des placées par les tuiles plates méca-
gner le jet d’eau de ruissellement de
eaux (dalles et chéneaux), sont mis niques à emboîtement (originaires de
la façade. Les couvertures en tuile
en oeuvre préalablement à la couver- Marseille), moins coûteuses et plus
canal présentent souvent un avant-
ture. Avant leur pose, l’état de chaque faciles à poser, sur liteaux. Après la
toit de 40 à 80 cm. La génoise est un
tuile doit être vérifié : la tuile est fêlée Seconde Guerre mondiale, des tuiles
type de corniche liée à l’emploi de la
si elle ne rend pas un son clair. Une courbes à emboîtement, en terre cuite
tuile canal, constituée de 2 à 4 rangs
tuile doit supporter le poids d’un ou en béton, relativement peu coû-
à débords progressifs de tuiles, en
homme sans casser. teuses, sont apparues sur le marché.
quinconce ou galbes inversés.
La pose s’opère depuis l’égout L’apparition de tuiles de courant à
jusqu’au faîtage, chaque versant talon a permis d’introduire la pose
»» Outils
après l’autre. Une première rangée sur liteau à l’instar de la tuile plate.
Pose manuelle, marteau, truelle. de tuiles (de courant), est alignée La fixation au crochet des tuiles de
au cordeau. Des casseaux de tuile couvert évite leur glissement au fil
»» Métiers assurent le calage. des saisons.
Couvreurs, maçons Le recouvrement des tuiles s’effec-
tue au tiers ou au quart supérieur (le
»» Performance pureau, partie visible de tuile, sur
La résistance des couvertures de deux tiers ou trois quarts de sa lon-
tuiles canal est généralement assez gueur).
bonne, face à la pluie, à la neige et Dans le cas d’un pan de toiture tra-
au vent. Une tuile imparfaitement pézoïdal ou irrégulier, les rangs de
cuite peut se fêler, et subir des infiltra- tuiles sont décalés en dents de scie 2
tions d’eau. Les vieilles tuiles, parfois en rive pour épouser la forme du
poreuses, sont gélives ; la terre cuite toit. Les rangées de pente parallèles
est peu résistante aux chocs (chutes sont si possible perpendiculaires au
de branches…). faîtage.

»» Pathologie »» Détails importants


Une trop faible pente ou un recouvre- Le mortier de pose des tuiles doit être
ment de tuiles insuffisant peuvent pro- relativement maigre pour éviter sa 3
1. Toiture tuile canal avec gênoise, St. Léonard, 32
voquer des infiltrations par remontée dilatation et être compatible avec la
2. Détail de pose, tuile de courant saillante en égoût de
des eaux. La pose à sec ou la faible terre cuite, tout en étant suffisamment toiture, ouie de tuile de couvert fermée au mortier,
résistance du mortier de scellement résistant pour ne pas se désagréger St.Léonard,32

facilite l’arrachement des tuiles au avec le temps. 3. Toiture tuile canal avec chéneau en zinc, Gramont, 82

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Jean-Loup MARFAING - CAUE de Haute-Garonne
Date : août 2011
Crédits photos : CAUE 31, CAUE 32, CAUE 82 - Création graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

ESSENTAGE D'ARDOISE
Plaqué contre les murs, l’essentage d’ardoise habille l’architecture de
moyenne montagne.

MIDI-PYRÉNÉES

1
1. Carte localisant l’essentage d’ardoise en
Midi-Pyrénées

2
[ PRÉSENTATION ] 2. Sur le pignon nord d'une grande maison de la Montagne Noire, Tarn

L’essentage se retrouve sur tout type de bâtiments, aussi bien des maisons
»» Emprise géographique
d’habitation que les bâtiments agricoles, des châteaux et des églises, des
Tarn : La localisation de l’essentage bâtiments publiques, etc.
correspond à la zone de
prédominance du schiste : Montagne
Noire, Plateau d’Anglès, Monts de
Lacaune, Le Ségala et les Monts
d’Alban.

»» Définition
L’essentage désigne le revêtement
d’ardoise d’une paroi verticale. Il
protège les constructions et contribue
à leur étanchéité. Le terme de
bardage, parfois utilisé, est plutôt à
réserver au revêtement de bois.
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»» Milieu
Les zones de moyenne montagne
où le schiste constitue le principal
matériau de construction sont celles
qui adoptent l’essentage d’ardoise.
Les constructions qui ont reçu
un essentage sont généralement
3
couvertes d’ardoise.
3. Au chevet de l'église de Sauveterre, Tarn
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ESSENTAGE D'ARDOISE P2

De la même façon, l’essentage


contribue à l’isolation thermique.

»» Pathologie de vieillissement

Avec le temps, les points d’ancrage


des clous finissent parfois par pré-
senter des faiblesses et l’ardoise peut
être amenée à se fendre.

1. Les maisons des rues d'Arfons sont recouvertes


d'essentage d'ardoise
2. L'essentage s'arrête au droit des ouvertures, Arfons
3. Les bâtiments agricoles peuvent aussi être recou-
verts d'essentage, Arfons

[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]

»» Dimensions et épaisseurs
Les dimensions des plaques
d’ardoise sont fonction des blocs
sortis de carrière. Avant le 19e siècle,
l’ardoise était extraite localement,
dans de petites carrières exploitant
principalement la surface du substrat.
À partir de la seconde moitié du
19e siècle, l’exploitation de grandes
carrières avec des moyens modernes
a permis de débiter des plaques plus
importantes qu’auparavant.
L’ardoise est utilisée en plaques
qui peuvent varier de 5 à 20 mm
d'épaisseur.
2
»» Aspect
Dans le Tarn, l’ardoise adopte une
couleur gris bleu foncé.

»» Outils
Masse, burin, ciseau, massette,
enclume, taillant, marteau

»» Métiers
Aujourd’hui, seuls des couvreurs spé-
cialisés peuvent encore intervenir
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pour remplacer quelques plaques sur


des murs anciens recouverts d’essen-
tage.

»» Performances
Les parois recouvertes d’essen-
tage offrent une bonne étanchéité et
isolent le bâtiment face aux intempé-
ries. 3
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ESSENTAGE D'ARDOISE P3

[ DESCRIPTION DE MISE EN
ŒUVRE ]

»» Orientation
Les murs ouest et nord, les plus
exposés aux intempéries, sont exclu-
sivement ceux qui bénéficient d’es-
sentage. Celui-ci est le plus souvent
mis en place à un mètre ou deux de
la base du mur, pour permettre d’éva-
cuer l’humidité due aux remontées
capillaires fréquentes sur des maçon-
neries anciennes, construites sans
fondation.

En agglomération, les pignons* émer-


geants des constructions mitoyennes
peuvent en être recouverts.
1
1. Les deux principaux types d'essentage, Arfons, Tarn »» La pose
La plus ancienne technique utilise
des plaques de petites dimensions et
de largeur irrégulière (environ 20 à 30
cm). Le recouvrement se calcule sur
deux ou trois rangs.
Les clous sont alors fixés sur la partie
de la plaque qui va être recouverte
par le rang supérieur. Les trous sont
percés au moment de la pose, en
fonction des possibilités offertes par
la maçonnerie.

Le second grand type de mise en


œuvre consiste à assembler des
plaques de grandes dimensions. Leur
hauteur s’échelonne entre 80 et 120
cm pour une largeur de 45 à 75 cm.
Sur un même rang, les plaques sont
2
assemblées bord à bord. D’un rang à
2. Clou forgé à tête ronde maintenant une plaque d'ardoise, Arfons, Tarn
l’autre elles sont placées en recouvre-
ment sur quelques centimètres seule-
ment.
La largeur des plaques n’est pas
constante, elle est fonction des
blocs sortis de carrière. Le pureau*
peut être indifféremment régulier ou
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dégressif. Chaque plaque est fixée


par deux ou trois clous visibles en
façade.
Ces deux techniques peuvent se
retrouver au sein d'une même
construction voire d'une même paroi ;
elles signent dans ce cas une reprise
3
3. A côté de l'ardoise, l'essentage peut être en matériaux synthétiques, Montredon-Labessonnié, Tarn ultérieure.
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ESSENTAGE D'ARDOISE P4

»» Détail important
Une pièce de bois appelée chanlatte
ou un rang de mortier, placé sous le
rang d’ardoise inférieur, permet de le
maintenir incliné et de rejeter l’eau de
ruissellement loin de la base du mur.

»» Particularité
L’essentage s’interrompt soit au droit
de l’encadrement de l’ouverture, soit
au droit de l’ouverture elle-même.

[ USAGE, EVOLUTION,
TRANSFORMATION ]

»» Usage
Dans le Tarn, les constructions
situées à l’interface de la Montagne
Noire et de la plaine offrent la parti-
cularité d’associer l’essentage à des
couvertures de tuile canal.

»» Evolution
Dans le troisième quart du 20e siècle,
l’essentage d’ardoise a souvent été
remplacé par des plaques d’amiante
2
ciment, entraînant de ce fait la raré-
faction de cette particularité construc-
tive.

Les difficultés posées par la restau-


ration de l’essentage sont aujourd’hui
cruciales pour la préservation de cette
technique traditionnelle. La perte du
savoir-faire de la pose des plaques
n’est pas étrangère à l’absence d’en-
tretien et de remplacement.
* Voir glossaire $
1. Un carrier dégageant de grandes plaques dans
l'ardoisière de Limatge, Dourgne, Tarn
2. Le chanlatte incline le premier rang d'ardoise pour
éviter que l'eau ne ruisselle à la base du mur
3. L'essentage recouvre l'encadrement de bois de la
petite baie d'évier, Arfons
3

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Sonia SERVANT, CAUE du Tarn
Date : février 2012 - Création graphique : Pauline REDOULÈS
Crédits photos : CAUE du Tarn / Inventaire général, Région Midi-Pyrénées
pratique techniques et matériaux

Assainissement
individuel par filtres
plantés
tarn, 2012

L'assainissement individuel par filtres plantés est une des


techniques d'assainissement potentielles.
L'assainissement par les plantes peut représenter une alterna-
tive écologique intéressante, pouvant être réalisée aussi bien
en construction neuve qu'en réhabilitation.

[ présentation ]

L’épuration par filtres plantés est un dispositif où les eaux usées passent au
travers d’un substrat (sable, gravier, pouzzolane) pour être filtrées et oxygé-
nées par l’action de micro-organismes et de plantes aquatiques.

Depuis septembre 2002, les Ministères de l'Environnement et de la Santé


donnent des agréments à de nouveaux systèmes d'assainissement. Il existe à
ce jour deux systèmes d'assainissement par filtres plantés agréés :
- Jardin d'assainissement (Aquatiris)
- Système Autoépure (Innovea)
Une étude particulière est obligatoire avant la réalisation d'un tel système.

La réalisation doit être faite par le dépositaire du système agréé. L'autoconstruc-


tion peut parfois être difficile à faire accepter pour ces solutions d'assainisse- 1
ment, contacter le Service Public d'Assainissement Non Collectif (SPANC) dès
les premières réflexions.
à SAVOIR

Les toilettes sèches sont particulière-


ment adaptées à un système d'assainis-
sement par filtres plantés.
Dans les eaux usées domestiques la
pollution organique provient pour environ
50% des excréments rejetés dans les
toilettes à eau. Le principe des toilettes
sèches est de ne pas souiller l'eau pour
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évacuer les excréments et/ou urines. Un


apport de copeaux de bois ou de sciure
remplace la chasse d'eau, permettant de
diminuer les pollutions des eaux usées et
donc de simplifier la filière d'assainisse-
ment par filtres plantés..

1. Détail d'un bassin JARDIN ASSAINISSEMENT à


GAILLAC (81) - L'Artifex
2 2. Exemple de filtres plantés à VAOUR (81) - Epurscop
techniques et matériaux ASSAINISSEMENT individuel par filtres plantés P2

[ fonctionnement d'un système par filtres plantés ]

1. Exemple de schéma 1
de principe de fonc-
tionnement de filtres
plantés

La phytoépuration consiste à épurer les eaux usées en les faisant passer dans à NOTER
plusieurs bassins filtrants, étanches et plantés de végétaux adaptés. L'étan-
Pour les résidences secondaires, les
chéité des bassins est assurée grâce à une membrane plastique, des buses hébergements touristiques et autres sites
en béton, ou de l'argile recouverte de chaux. Dans chaque bassin, le substrat ayant des fréquentations variables, il est
particulièrement recommandé de choisir
permet le développement des végétaux, il est constitué soit de granulés, soit de
un système d'assainissement adapté à
gravier + sable (et parfois de pouzzolane) ou de sable + terre végétale, suivant l'usage de l'habitation.
la nature du sol et les techniques employées. Selon la conception du système, certains
Les plantes n'assurent pas directement l'épuration, c'est en fait le résultat filtres plantés peuvent accepter des
variations d'apports en eaux usées
d'une activité bactérienne (les bactéries se nourrissent des eaux usées et se
(surcharges ponctuelles) et peuvent être
fixent dans le substrat). Le rôle des plantes est d'améliorer le substrat, de l'aérer une solution pour les hébergements
grâce à la rhizosphère (tiges et racines des plantes). touristiques.
Se renseigner auprès du SPANC

Avantages Inconvénients
Bonne intégration paysagère - Participe à l'aménagement Demande une certaine pente du terrain et une surface
paysager du jardin adaptée aux besoins
Sensibilise et responsabilise les usagers vis-à-vis de leurs Demande un réel investissement au départ de la part
eaux usées, puisque ce système est visible. du propriétaire pour se documenter, concevoir, réaliser,
choisir la flore adaptée, régler le dispositif...
Dispositif d’épuration efficace et sans odeur, sans produc- Seulement 2 systèmes réglementaires à ce jour
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tion de boues.
Faible coût d’installation si le système est réalisé en auto- Pas d’élimination des germes fécaux des eaux vannes.
construction (autorisation à voir avec le SPANC) Seules solutions : chauffage de l’eau, traitement aux UV
ou traitements chimiques
Faible coût de fonctionnement selon les systèmes Besoin d’un entretien minimum régulier (faucardage des
roseaux chaque année)
Faible technicité de la maintenance
Valorisation des végétaux faucardés (en compost)
techniques et matériaux ASSAINISSEMENT individuel par filtres plantés P3

[ liste de quelques végétaux pouvant être utilisés pour une installation


d'assainissement par filtres plantés ]

Liste (non exhaustive) de végétaux qui peuvent être utilisés dans des systèmes de filtres plantés, pour l’épuration des eaux usées
domestiques. Ces plantes sont toutes vivaces et se trouvent, pour la plupart, à l’état sauvage dans le département du Tarn ou
dans les jardineries spécialisées

Acore (Acorus calamus) Baldingère (Phalaris arundinacea)

Rhizomateuse, caduque Hauteur : de 80 à 150 cm


Hauteur : 1 m et plus Rhizomateuse, envahissante
Rustique Très rustique
Pousse aisée Longues feuilles rubanées
Feuilles parfumées Variété ‘Picta’ au feuillage panaché

Phragmites roseau (Phragmites aus-


Alisma (Alisma plantago-aquatica)
tralis communis)
Hauteur : 40 à 100 cm
De 1 à 4 m de haut
Petites fleurs blanches tout l’été, beau
Var ‘Variegatus’ : feuillage rayé de jaune
feuillage d’été
Inflorescence plumeuse en été et à l’au-
Aime les décharges d’eaux chargées de
tomne
matière organique
A rhizomes, très productive
Plante envahissante, qui se resème faci-
Résiste aux changements de régime
lement
hydrique
Végétation toute l’année
Renoncule flammette (Ranunculus
Souci d’eau (Caltha palustris)
flammula)
Hauteur : de 10 à 60 cm De 10 à 70 cm de haut
Floraison jaune d’or au printemps Floraison de juin à octobre

Oseille d’eau (Rumex hydrolapa-


Laîche (Carex acutiformis)
thum)
Plante atteignant 1 m de haut
Bonne colonisation De 1 à 2 m de haut
Floraison au printemps Rustique
Nombreuses autres espèces

Iris jaune (Iris pseudacorus) Sagittaire (Sagittaria sagittifolia)

Hauteur : jusque 1 m
De 40 à 80 cm de haut
Jolie floraison en mai-juin
Belles feuilles sagittées
Propriétés bactéricides
Fleurs blanches en été
Rhizomes à développement lent
Déphosphatante
Forme une touffe dense

Epiaire des marais (Stachys palus-


Jonc (Juncus sp.)
tris)

De 40 à 80 cm de haut
De 25 à 100 cm de haut
A rhizomes, difficiles à arracher
Floraison estivale
Fleurs brunes serrées en boule
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Menthe aquatique (Mentha aqua-


Massette (Typha sp.)
tica)

De 2 à 3 m de haut
Hauteur : de 20 à 75 cm
Très envahissante : bien s’assurer de
Odeur forte
pouvoir en contrôler le développement avant
Petites fleurs lilas
de la planter
Plante envahissante, se propageant rapi-
Epi floral cylindrique attrayant
dement
Avides d’eau : capables d’assécher une
Végétation toute l’année
mare, de l’obstruer totalement.
techniques et matériaux ASSAINISSEMENT individuel par filtres plantés P4

Rôle du SPANC

Le SPANC (Service Public d'Assainis- en savoir +


sement Non Collectif) doit effectuer le
contrôle des installations : CONTACTS
- Pour les installations existantes, un
diagnostic de bon fonctionnement et »» Votre commune ou votre communauté de communes, pour connaître le SPANC dont vous
d’entretien dépendez
- Pour les installations en projet de
»» EPUR NATURE : www.epurnature.fr
construction, un contrôle de conception,
d’implantation et de bonne exécution »» Bureau d'études EPURSCOP, représentant EPUR NATURE
- Un contrôle périodique de l’installation, Planquade, 81 800 GRAZAC, Tél : 09 64 07 08 25, courriel : epurscop@laposte.net
tous les 8 ans (maximum tous les 10 ans). www.epurscop.fr

Votre projet doit donc être validé par »» AQUATIRIS : http://www.aquatiris.fr/


le SPANC de votre commune. »» Bureau d'études L'Artifex, représentant AQUATIRIS
L'Isle, 81 210 ROQUECOURBE, Tél : 05 63 75 88 92, courriel : celine.almeras@aquatiris.fr
www.lartifex.fr
»» Association EAU VIVANTE
Tél : 02 97 31 29 17 - courriel : eauvivante56@gmail.com
http://eauvivante.net/
»» Contact local d'EAU VIVANTE : Bernard et Patricia FABRE
Domaine des Cailloutis, 81 140 ANDILLAC, Tél : 05 63 33 97 63, 06 89 93 24 74
courriel : bernard.fabre81@orange.fr
Vous accueilleront sur rendez-vous

bibliographie
1
»» " Fosse septique, roseaux, bambous - traiter écologiquement ses eaux usées " de Sandrine
Cabrit-Leclerc, édition Terre Vivante, 2010
»» " Un petit coin pour soulager la planète : toilettes sèches et histoires d'eau " de Christophe
Elain, édition Goutte de Sable, 2006
»» Dossier " La phytoépuration " - revue Habitat naturel n° 38, mai-juin 2011
»» Dossier " Assainissement écologique : les solutions " - revue La Maison écologique n°62,
avril-mai 2011

textes réglementaires

»» Arrêté du 7 septembre 2009 fixant les prescriptions techniques applicables aux installations
d’assainissement non collectif de moins de 20 EH
»» Agément du 20 décembre 2011, relatif à la filière Jardin Assainissement d'AQUATIRIS
»» Guide d'utilisation de la filière JARDIN d'ASSAINISSEMENT
»» Agrément du 4 juillet 2012, relatif à la filière Autoépure d'EPUR NATURE, réseau INNOVEA

2 »» Agrément du 12 mai 2011, relatif à la filière Autoépure d'EPUR NATURE, réseau INNOVEA
»» Guide d'utilisation de la filière AUTOEPURE

liens utiles

»» Site interministériel sur l'assainissement non collectif


»» Association des Techniciens de l'ANC du Tarn
»» Télécharger la liste des SPANC du Tarn
»» Le CAUE du Tarn a réalisé un dossier thématique " Assainissement individuel " sur son site

3 »» Le CAUE du Tarn a réalisé une fiche-pratique sur l'assainissement non collectif - généralités
»» Le CAUE de Tarn-et-Garonne a réalisé une fiche-pratique sur les toilettes sèches
1. Exemple de filtres plantés à CRESPIN (81) - Epurscop »» Revue Habitat Naturel : www.habitatnaturel.fr
2. Exemple de filtres plantés à PARISOT (81) - Epurscop
»» Revue La Maison écologique : www.la-maison-ecologique.com
3. Exemple de filtres plantés à VIVIERS LES MON-
TAGNES (81) - Epurscop

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Lucie CUQUEL, CAUE du Tarn
Date : juillet 2012
Crédits photos : EPURSCOP et AQUATIRIS, CAUE du Tarn - Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

COUVERTURE EN LAUZE
CALCAIRE CALÉE SUR
LITEAU
Terre de contraste entre plaine et montagne

Ce mode de couvrement très ancien utilise des pierres de


formes irrégulières portées par de fortes charpentes

MIDI-PYRÉNÉES

1
1. Carte localisant les couvertures de lauzes calcaire
calées sur liteaux en Midi-Pyrénées
2. G
rangette à couverture de lauzes calcaire à Gignac,
Lot

[ PRÉSENTATION ]

»» Emprise Géographique :
Lot : Bouriane, Causses de Limogne
et Causses de Martel. Aveyron : ville-
franchois. Tarn et Garonne : Causse
de Caylus et notamment Ginals et
Lacapelle-Livron

»» Définition :
Mode de couverture réalisé avec des
pierres plates épaisses de calcaire
(lauzes), calées entre les liteaux sur
de fortes charpentes.
2
»» Milieu :
[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]
Les couvertures en lauzes de calcaire
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

sont encore présentes en milieu rural, »» Matériaux :


sur des habitations, des granges ou
Les lauzes de calcaire étaient à l’origine extraites sur des séries géologiques
des annexes agricoles de fermes
litées et des bancs de surface facilement exploitables qui fournissaient les réa-
isolées ou de villages.
lisations locales. Leur qualité dépend du type de gisement et des couches d’ex-
tractions exploitées. La couleur claire au sortir de la carrière s’oxyde à l’air avec
le temps et prend des nuances grises.
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX COUVERTURE EN LAUZE CALCAIRE CALÉE SUR LITEAUX P2

»» Modules, Dimensions »» Outils


Le couvreur peut avoir à sa disposition des lauzes de récu- Masse, massette, ciseau, taillant,
pération ou des lauzes neuves qui doivent être retaillées.
Les pierres sont extraites et clivées en dimensions variées »» Métiers
(format allant de 20 à 60 cm, avec une épaisseur de 3 à 6 A l’origine non spécialisé, ce travail est aujourd’hui plutôt
cm) et sont ensuite re-travaillées sur le chantier pour leur réalisé par des couvreurs, leurs compétences concernant
donner une forme plus régulière dont l’arête est adoucie. la sélection des pierres, la taille des lauzes et leur calage
sont primordiales.
»» Type de pose
Les lauzes sont posées à faible inclinaison, avec un »» Performances (thermique, acoustique, étan-
pureauµ* des 3/4 ou 4/5 et calées entre des liteaux* épais, chéité…) :
sur des charpentes à chevrons* formant ferme. Elles tra- Le poids des lauzes contribue à une bonne résistance à
vaillent en tas de charge et c’est leur fort recouvrement l’arrachement des couvertures. Ce mode de couvrement
qui les empêche de glisser. La pente donnée au toit est offre une forte inertie mais la sous-face de la couverture
d’autant plus forte que la taille des lauzes disponibles est doit rester accessible et bien ventilée.
petite.
»» Pathologie de vieillissement (matériau/technique)
»» Évacuation des eaux
Ce matériau peut être réemployé mais les lauzes
Ce système est utilisé sur des charpentes à forte pente anciennes deviennent difficiles à trouver.
(entre 120 et 150 %) qui accélèrent l’évacuation des eaux. Les principales causes de vieillissement sont liées à la
Ce sont les conditions de pose, d’inclinaison, de chevau- qualité de la pierre plus ou moins gélive.
chement et de blocage des pierres qui doivent assurer le Les dégradations les plus importantes sont aussi dues au
bon écoulement des eaux. manque de maintenance des couvertures, aux problèmes
d’étanchéité et à l’infiltration de l’eau qui dégrade les
»» Traitement des points particuliers voliges* et les bois de charpentes. Les toitures doivent être
• les égouts sont constitués par des rangs de grandes si nécessaire nettoyées et les lauzes débarrassées des
pierres plates posées en tas de charge, qui s’appuient feuilles, des mousses ou des lichens qui peuvent maintenir
directement sur le mur gouttereau*, en avant de la l’humidité et nuire à l’écoulement des eaux.
sablière*, avec un débord de 5 à 10 cm. Ces pierres
contribuent au blocage de la charpente et couvrent toute
l’épaisseur du mur.
• Les rives* sont réalisées avec les mêmes lauzes que les
longs pans et dans leur continuité, mais posées en tas
de charge sur l’épaisseur du mur.
• Le faîtage* est constitué par de grandes lauzes scel-
lées au mortier de chaux, légèrement inclinées dans le
sens des vents de pluie dominants et recouvrant chaque
versant de 15 à 20 cm.
1

1. Détail du pignon de la soue avant travaux, Lot


2. Maison à Lacapelle Livron, Tarn et Garonne
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

2
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX COUVERTURE EN LAUZE CALCAIRE CALÉE SUR LITEAUX P3

[ DESCRIPTION DE MISE EN ŒUVRE ]

»» Travaux préparatoires
L’organisation du chantier repose sur un travail préalable
de tri des différentes lauzes nécessaires à la réalisation de
la couverture et sur l’organisation du stockage à proximité.
Les lauzes sont reprises une à une pour vérification de la
qualité des pierres et des opérations de taille sont néces-
saires pour leur donner une forme plus ou moins régulière.
Des liteaux espacés d’une dizaine de centimètres sont
fixés horizontalement sur les chevrons.
Le poids de cette couverture se reporte sur les murs dont
la qualité est essentielle à la stabilité de l’ensemble.
1

»» Mise en œuvre
Les pierres plates sont regroupées suivant leurs dimen-
sions et leur planéité.
La pose commence par la réalisation de l’égout, avec les
lauzes les plus grandes qui sont scellées au mortier de
chaux sur le mur. Les premiers rangs correspondant au
couvrement de l’épaisseur du mur sont posés en tas de
charge.
La mise en œuvre de la couverture se poursuit avec un
blocage des pierres entre les liteaux. Les lauzes sont ,
inclinées vers l’extérieur avec un dévers d’environ 15 %
et posées avec un fort recouvrement, par rangs succes-
sifs décalés latéralement pour recouvrir les joints. Chaque
lauze est calée si nécessaire par l’intérieur avec de petits
éléments.
Les pureaux sont équilibrés pour obtenir une ligne de
pente extérieure régulière et les lauzes sont retaillées si
besoin au fur et à mesure de la pose.
Le scellement du faîtage avec des pierres plus grandes
termine l’ouvrage.
2

1. Détail de Lauzes calcaires, Aveyron


[ OUVRAGES ASSOCIES ]
2. Croquis de pose sur charpent des lauzes calcaires,
Lot
3. Grange à la mansart avec brisis en lauzes dans la
»» Les lucarnes : région de Limogne-en-Quercy, Lot

De dimensions modestes, elles sont


implantées entre deux chevrons et
se réduisent souvent à une simple
ouverture en triangle ou à un relève-
ment ponctuel de la couverture dans
le sens de la pente.

»» Les toits à la mansart :


Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

Ce type de mise en œuvre a servi,


dans le secteur de Limogne, à la
réalisation des toitures de grandes
granges, avec des charpentes dont
les brisis* sont couverts en lauzes
calcaire et le terrasson* en tuiles
canal.
3
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX COUVERTURE EN LAUZE CALCAIRE CALÉE SUR LITEAUX P4

[ USAGE, ÉVOLUTION ET
TRANSFORMATION ]

»» Usage (typologie, période d’apparition et d’emploi,


usage contemporain, motifs de disparition …) :
Ces toitures ont permis d’utiliser les ressources locales
sans recours à des matériaux manufacturés.
Elles sont surtout conservées sur de petits bâtiments
ruraux annexes, pigeonniers, fournils, grangettes. Mais les
nombreuses toitures de tuiles qui offrent encore plusieurs
rangs de lauzes calcaires à l’égout (les Gaoulières dans
le Lot), témoignent de la forte diffusion de ce mode de
couverture. Cette technique de pose se retrouve aussi, de
manière ponctuelle, dans les secteurs où sont utilisées des
lauzes de schiste. 1

Les travaux de restauration soutenus par des politiques


publiques de valorisation du patrimoine rural (fonds
Denieul dans le Lot) ont permis de retrouver les savoir-faire
traditionnels et les couvertures de lauzes calcaire sont
reconnues comme emblématiques dans certaines régions.
Ce mode de couvrement sur charpente est cependant
très coûteux et difficile à réaliser. Il souffre parfois de pro-
blèmes concernant l’approvisionnement et la qualité des
matériaux, ou la fiabilité de la mise en œuvre. Il a ainsi des
difficultés à être réalisé sur de grandes surfaces et n’est
jamais utilisé dans la construction neuve.
2

»» Évolution, transformation (matériau/technique/tech-


niques de remplacement…) :
En voie de disparition, les couvertures de calcaire très
lourdes ont été remplacées par des couvertures de tuiles
plates ou à emboîtement, qui ont permis d’alléger le poids
sur les charpentes.
Ces toitures de lauzes calcaire sur charpente ont besoin
d’être régulièrement suivies et reprises partiellement
lorsque certains éléments ont glissé. La sous-face de
la couverture doit rester accessible et bien ventilée et ce
mode de couvrement, non compatible avec une isolation,
ne doit pas permettre d’habiter les combles. 3

* Voir glossaire $ 1. Ensemble rural sur le causse de Limogne-en-Quercy,


Lot
2. Détail de toiture restauré à Limogne-en-Quercy, Lot
3. Grangette causse de Limogne-en-Quercy, Lot

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Laurence TOULET - CAUE du Lot
Date : avril 2012
Crédits photos : CAUE 12,46, 82
Charte graphique : Pauline REDOULES
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

OSSATURE EN
PAN-DE-BOIS
Utilisé dès le Moyen Age jusqu'au 19e siècle, le pan-de-bois offrait l'avantage
d'être économique, sain, solide, durable et léger.

MIDI-PYRÉNÉES

[ PRÉSENTATION ] 2

»» Emprise géographique 1. Carte localisant les constructions en pan-de-bois en Midi-Pyrénées

Tout le territoire de Midi-Pyrénées. 2. Détail de l'étage en pan-de- bois d'une maison, Sorèze, 81

L'ensemble des départements du 3. Élévation de façades sur rue, Gaillac, 81 - Dessin CAUE du Tarn

Tarn et de l'Ariège. L’Astarac, la


Lomagne et les alentours de Savi- »» Milieu
gnac dans le Gers. Cahors, Montcuq, Le bois et la terre étant des ressources locales et bon marché, on retrouve ce
Saint Céré, et Figeac dans le Lot. type de construction aussi bien en milieu urbain que rural. Néanmoins, il fut par-
Petits Causses et Monts de Lacaune ticulièrement utilisé pour les maisons de ville car le montage rapide de l’ossa-
en Aveyron, Rivière-Basse, Rustang, ture en bois était adapté aux contraintes des chantiers urbains et a pu répondre
Magnoac dans les Hautes-Pyrénées. à la grande période de reconstruction consécutive à la guerre de Cent ans.
Sud du département, Lomagne rurale
et ponctuellement dans les centres
anciens dans le Tarn-et-Garonne.

»» Définition
Une ossature en pan-de-bois, généra-
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

lement en chêne, constitue la structure


du bâtiment. On peut trouver le pan-
de-bois aussi bien en façade qu’en
parois intérieures. Un remplissage
constitué le plus souvent de briques
ou de torchis* assure le rôle de protec-
tion et d’isolant. Il peut être aussi com-
posite, galets, petits moellons, tuileaux
liés à la terre, ou de dalles de pierre. 3
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX OSSATURE EN PAN-DE-BOIS P2

[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ] Les pièces porteuses sont de section plus importante


que les bois de structure. Les sablières* de plancher ont
»» Soubassement et rez-de-chaussée la section la plus importante, ce qui est particulièrement
Lorsque le rez-de-chaussée est en pan-de-bois, un significatif au rez-de-chaussée.
solin* maçonné ou des appuis en pierre peuvent proté-
ger la structure de l’humidité. Les édifices en pan-de-bois »» Aspect et finition
peuvent avoir un soubassement, ou, comme c'est fré- Le remplissage ainsi que les bois de structure ont souvent
quent, un rez-de-chaussée maçonné. La maçonnerie est été protégés et recouverts par un enduit* de terre, puis
en moellons, ou hétérogène, avec un mélange de moel- de terre et de chaux et de sable. Des encoches à l'hermi-
lons de pierre, de galets ou de briques, parfois en pierre nette sur le bois en permettaient l'accroche. L'enduit lissé
de taille. pouvait aussi recevoir un décor peint. Dans les maisons
les plus soignées, l'encadrement des baies était sculpté
de motifs en saillie. Les abouts de solives et les sablières
de chambrée pouvaient aussi s'orner de motifs sculptés.
Le hourdis* de brique dessinant des motifs pouvait être
destiné à être apparent.

»» Outils
Scie, hache, doloire, herminette, maillet en bois, marteau,
coins, ciseau à bois, fil à plomb.

»» Métiers
Le pan-de-bois était réalisé par le charpentier.

»» Performances
Le pan-de-bois permettait, grâce au remplissage en
torchis qui offrait de bonnes qualités thermiques, d’assurer
une meilleure protection aux variations de températures
extérieures.
La construction en pan-de-bois avait l’avantage d’être rela-
tivement souple et d’offrir de multiples possibilités pour
créer des ouvertures.
Modulable et transformable, elle pouvait évoluer selon le
goût du temps. La structure pouvait être démontée, modi-
1
fiée et remontée avec des bois en réemploi de l’ancienne
»» Matériaux constructifs structure.
Pour les périodes les plus anciennes, l'essence de bois est
le chêne. A l'époque moderne, d'autres essences peuvent »» Pathologie du vieillissement
être employées : résineux, peuplier... Après l'abattage et Dégradation des pièces de bois due à l’humidité qui stagne
le sciage, plusieurs étapes précèdent l'assemblage préa- dans les assemblages et aux enduits ciment.
lable : le traçage, l'établissage et le façonnage des assem- Attaques des champignons et des insectes xylophages.
blages.
La maison peut être entièrement en pan-de-bois ou de
construction mixte (rez-de-chaussée et/ou pignons maçon-
nés). La maçonnerie est alors constituée de matériaux
locaux.
Le remplissage entre l’ossature pouvait être du torchis*
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

(terre argileuse additionnée d’eau et de fibres végétales),


de la brique de terre crue ou cuite, des moellons, des
galets, du tuileau ou de fines plaques de pierre.

»» Épaisseurs et dimensions 2 3
L’épaisseur des murs des étages en pan-de-bois dépend
de la section des bois et varie selon les époques. Murs 1. Soubassement et rez-de-chaussée, Sorèze, 81

épais d’environ 20-30 cm pour la fin du Moyen Age, ils 2. Torchis et pan-de-bois recouverts d'un enduit, Sorèze, 81

sont de 15 à 18 cm à la période moderne pour les étages. 3. Hourdis de brique, Labruguière, 81


TECHNIQUES ET MATÉRIAUX OSSATURE EN PAN-DE-BOIS P3

[ DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE ] »» Le remplissage

»» Pan-de-bois et charpente Le remplissage n’intervient que dans une deuxième phase.


Pour le remplissage en torchis*, des éclisses horizontales
Le bois était mis en œuvre vert. ou insérées en diagonales participent à la cohésion de
La construction en pan-de-bois utilise des bois courts, l'ensemble.
permettant de dissocier les niveaux. Les structures des
murs sont composées d'éléments verticaux, des poteaux, LE TORCHIS*
corniers, de baies ou intermédiaires, et de pièces de bois
« Le torchis est le matériau le plus répandu en milieu rural. Mélange
horizontales, sablières, sablière intermédiaire, entretoises. de terre, d’argile et de paille, on lui adjoint parfois du sable ou de la
Des contreventements* obliques, les décharges, en croix chaux lorsque l’argile est trop grasse. »
de Saint-André ou en écharpe étaient assemblées aux Les saisons jouaient un rôle important dans l’utilisation de la terre : on
sablières. Ceci forme un ensemble homogène, capable l’extrayait manuellement au début de l’automne et elle était trans-
portée et stockée pendant tout l’hiver à proximité de l’emplacement
d’accepter les transformations. de la future maison. La bonne période pour mettre en place le
torchis était d’avril à octobre pour éviter les périodes de gel.
La terre était humidifiée plusieurs jours à l’avance avant son utili-
sation.
La composition et les techniques de pose du torchis pouvaient être
variables comme par exemple un mélange de terre et de pailles
courtes formant des galettes empilées sur le barreaudage (barreaux
de bois, ou éclisses, qui viennent se caler entre les montants ver-
ticaux de l’ossature) ou de longues gerbes de foin trempées dans
un mélange de terre argileuse saturée en eau (la « barbotine ») et
tressées sur le barreaudage.
Lorsque le remplissage était sec, la façade était recouverte d’un
enduit (mélange de terre, de chaux et de sable du pays) y compris
sur les pans-de-bois sur lesquels on pratiquait des encoches à
l’herminette pour faciliter l’accrochage.

1. Système constructif du pan-de-bois - Schéma CAUE des Hautes-Pyrénées

Les éléments de structure sont le plus souvent assem-


blés à tenon* et mortaise* et chevillés. Les planchers et
charpentes de toiture sont indissociables des structures
qu’ils maintiennent et sur lesquelles ils répartissent leurs
charges. Lorsque la maison est pourvue d’un rez-de- 2 3
2. Torchis et éclisses, 82 3. Torchis et éclisses, 81
chaussée maçonné, les solives reposent directement sur
les murs.
Le remplissage en brique pouvait être enduit* ou être
apparent. Enduit, le hourdis est composé d’assises de
Après la pose des solives du plancher, la structure du pan-
brique rectilignes. Lorsqu'il dessine des motifs en épis, en
de-bois de l’étage est assemblée au sol et chevillée pour
chevrons, en losange ou autres motifs géométriques, il
être ensuite hissée et prendre place en élévation.
pouvait être destiné à être apparent.
L’opération peut s’effectuer étage par étage. La couverture,
avec un avant-toit saillant, était ensuite mise en place pour
la protéger des intempéries.

La structure peut être de plusieurs types. A la fin du Moyen


Age, elle est à décharges de croix de Saint-André. Les
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croix peuvent être uniques par hauteur d’étage ou être


superposées, par deux ou trois. A partir du 16e siècle,
elle peut être à grille, c’est-à-dire composée uniquement
de poteaux ou de poteaux et de décharges en écharpe,
parfois soutenues par des tournisses.
4 5
4. Remplissage en tuf, Saint-Antonin Noble Val, 82
5. Deux types de hourdis de brique, Sorèze, 81
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX OSSATURE EN PAN-DE-BOIS P4

[ OUVRAGES ASSOCIÉS ]

»» Angles et piliers
Au rez-de-chaussée, les poteaux cor-
niers portent la sablière et reposent
sur des dés en pierre ou un solin
maçonné. Les têtes de mur maçon-
nées, le plus souvent en encorbel-
lement, peuvent être soignées et en
pierre de taille. L’encorbellement peut
alors suivre différents profils, effilés, en
quart-de-rond ou adoucis en doucine.

»» Baies et encadrements
Linteaux*, appuis et piédroits des
ouvertures sont en bois.

»» Éléments associés
1
Galerie, placard, cloison, cage d'escalier.

»» Liaison mur toiture


L’avant-toit est largement débordant
afin de protéger les façades des
intempéries.

[ USAGE, ÉVOLUTION ET
TRANSFORMATION ] 3

»» Usage
Le pan-de-bois est employé dans les
habitations et les bâtiments agricoles.
Il offrait la possibilité de superposer
des étages en encorbellement*, ce qui
permettait de gagner de la place dans
les niveaux supérieurs tout en laissant
2 3
un passage assez large en rez-de-
chaussée pour la rue.

»» Évolution, transformation
EN SAVOIR +
Les exigences thermiques tendent
à rendre incontournable le complé- BIBLIOGRAPHIE
ment d’isolation des parois, mais elles
»» BÉA (Adeline), Labruguière intra muros et son architecture en pan-de-bois, Coll. Guides du Patrimoine du
peuvent engendrer des dégâts en per-
Tarn, Patrimoine en Montagne Noire, CAUE du Tarn-Un Autre Reg’Art, 2009, 36 p.
turbant les équilibres hygrométriques
»» BÉA (Adeline), SERVANT (Sonia), « Un chantier ouvert : les maisons en pan-de-bois », Sorèze, Coll. Guides
des bois. Disparition des enduits de du Patrimoine du Tarn, Patrimoine en Montagne Noire, CAUE du Tarn-Un Autre Reg’Art, 2007, p. 12-17.
protection au profit du bois apparent.
»» NAPOLÉONE (Anne-Laure), « Les demeures médiévales en pans de bois dans le sud-ouest de la France : État
* Voir glossaire $ de la question », Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, hors série 2008, La maison au
1. Rez-de-chaussée maçonné avec tête de mur en Moyen Âge dans le Midi de la France, p. 113-146.
encorbellement en pierre de taille, Labruguière, 81
»» CASEL (Thomas), COLZANI (Joseph), GARDERE (Jean-François), MARFAING (Jean-Loup), " Maisons
2. Pigeonnier, Seissan, 32
d'argile en Midi-Pyrénées", Coll. Architecture, paysage et territoire, URCAUE Midi-Pyrénées, Editions PRIVAT,
3. Décor sculpté sur la sablière et sur les abouts de 2000, p. 48-51.
solives et détail de l'about de solive, Sorèze, 81

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : J.-F. GARDERE CAUE du Gers - Adeline BEA et Catherine PINOL CAUE du Tarn
Date : août 2011 - Mise à jour : juillet 2012 - Charte graphique : Pauline REDOULÈS
Crédits photos : CAUE 32, 82, CAUE du Tarn / Inventaire général, Région Midi-Pyrénées
pratique techniques et matériaux

voûte en
encorbellement
Dites aussi en tas de charge*, ces voûtes sont réalisées majoritairement en
pierre sèche, sans coffrage, ni étaiement.

midi-pyrénées

1. Carte localisant les voûtes en encorbellement en Midi-Pyrénées


2. Voûte en encorbellement sur le Causse de Limogne, Varaire, Lot.
3. Pigeonnier sur le Causse de Limogne, Varaire, Lot.

[ PRésENtATION ]

»» Emprise géographique
Ariège : Haut-Couserans, Haute-Ariège, autour de Foix
et la partie orientale du Plantaurel. Aveyron : Grands
causses. Lot : Bouriane, Causses du Lot (surtout causse
de Limogne). Tarn-et-Garonne : Causses du Quercy,
Rouergue.

»» Définition
Voûte réalisée avec une maçonnerie de matériaux empilés
par rangs successifs, sans coffrage* ni étaiement*, et dont
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l'assise* supérieure présente un surplomb par rapport à


l'assise inférieure.

»» Milieu
En milieu rural, la voûte en encorbellement* se retrouve
sur des annexes agricoles (cazelles, pigeonniers, citernes,
granges, …), dans des fermes isolées ou des villages. En
milieu montagnard, elle est utilisée pour les cabanes des
bergers en estives (cabanes d'orris). 3
techniques et materiaux voute en encorbellement P2

[ principe constructif ]

»» Matériaux constructifs
Les pierres sont extraites sur des séries géologiques
litées, dont la nature dépend des ressources disponibles
à proximité. Dans le Lot, le Tarn-et-garonne et l'Aveyron,
le calcaire est généralement utilisé. En Ariège, il s'agira
principalement de schistes, calschistes ou granit dans les
zones de haute montagne, et de grès dans la partie est du
Plantaurel.
Plus rarement, on trouve des voûtes de briques foraines
hourdées au mortier.

»» Modules et dimensions
1
Les pierres sont extraites et clivées en dimensions variées,
puis retaillées sur le chantier pour obtenir une forme plus
régulière. Elles sont ensuite triées par épaisseur. Leurs
dimensions doivent permettre un entrecroisement des
joints* par la longueur des blocs et une stabilité de l’empi-
lement par leur largeur.

»» Type de pose
Les pierres sont empilées à sec, en assises successives
posées avec un léger dévers vers l’extérieur. Le montage
de la voûte se fait sans coffrage depuis le départ jusqu’à
l’axe au sommet. Chaque assise avance sur la précé-
dente avec un léger porte-à-faux représentant un tiers de
la longueur de la pierre. Les deux tiers restant assurent
le contrepoids nécessaire à la stabilité de l'ouvrage. Les
joints sont régulièrement croisés.

»» Evacuation des eaux


Elle est assurée par le devers vers l'extérieur et par la cou-
verture.

»» Traitement des points particuliers


2
Dans certaines formes de voûtes en coupole*, le sommet
est parfois laissé ouvert, pour la ventilation ou l’éclaire-
ment. La stabilité est assurée par une surcharge de poids
sur l’arrière des éléments.

»» Outils
Masse, massette*, ciseau*.

»» Métiers
A l’origine non spécialisé et lié aux activités agricoles, ce
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travail est aujourd’hui plutôt réalisé par des maçons dont


les compétences portent sur la sélection, la taille et le
calage des pierres.

»» Performances
3
Ce mode de couvrement permet des portées de 2 à 4
1. Variante de voûte en brique foraine, pigeonnier à Moissac, Tarn-et-Garonne.
mètres et peut être exécuté dans des configurations 2. Coupe sur une cabane en pierre sèche avec voûte en encorbellement.
variées : sur des constructions à étage (pigeonniers, 3. Causses du Quercy, Lot.
grandes cazelles), en coupole à partir d’un plan circulaire,
techniques et materiaux voute en encorbellement P3

ou à deux versants à partir d’un plan orthogonal.


Il offre une forte inertie* due à l’épaisseur du recouvre-
ment de l’ouvrage par une couche de terre, mais ses
performances thermiques et acoustiques propres sont
moyennes.
Ce système est destiné à être protégé par une couverture
assurant son étanchéité : une couverture de lauzes (dans
le Lot, l'Aveyron et le Tarn-et-Garonne), ou une épaisse
couche de terre et de cailloux enherbés (en Ariège, dans
la zone de haute montagne).

»» Pathologie de vieillissement
Les principales causes de détérioration sont liées à un
défaut d'étanchéité de la couverture, à l'usage de pierres
plus ou moins poreuses et gélives, à une mauvaise mise
en œuvre, à la poussée des matériaux ou à des murs d’as-
sise déstabilisés.

[ Description de mise en oeuvre ]

»» Travaux préparatoires
Les pierres nécessaires à la réalisation de l'ouvrage sont 3
triées et leur stockage est organisé à proximité, suivant
leurs dimensions.

»» Mise en oeuvre
La réalisation débute par une assise horizontale dans la
continuité des murs et se poursuit avec des pierres empi-
lées, légèrement inclinées vers l’extérieur. Chaque pierre
est calée sur l’assise inférieure avec un débord vers l’inté-
rieur. La pose est réalisée par rangs successifs qui sont
décalés latéralement pour recouvrir les joints du rang infé-
rieur.
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Les débords sont réglés en fonction de la dimension des


pierres, pour définir la forme de l’intrados* et obtenir une
ligne de pente intérieure régulière. Les pierres sont retail- 4
lées si besoin au fur et à mesure pour obtenir une régu- 1. Cabane au Puech de Berniche, Martiel, Aveyron.
larité des assises et un bon ajustement. La structure est 2. Voûte et couverture dégradées, Bouriane, Lot.
montée jusqu’à ce que les derniers rangs se rejoignent. 3. Cabane d'orri et son girbage en couverture, Ariège.
Ceux-ci sont souvent plus décalés avec un porte-à-faux 4. Outils : têtu (1), massette (2), chasse de tailleur de pierre (3), ciseau à pierre (4),
pioche (5), barre à mine (6), masse de carrier (7). Extrait du carnet pratique Restau-
plus grand, nécessitant un blocage important des pierres rer la pierre sèche, APICQ.
sur l’arrière.
techniques et materiaux voute en encorbellement P4

De grandes pierres plates, posées à plat sur l’ensemble,


au sommet, font office de faîtage*. Leur poids contribue à
la stabilisation de la structure.

[ ouvrages associes ]

»» Lucarnes
Des ouvertures de toits peuvent être réalisées par un
ouvrage maçonné, au niveau de la rive* ou au milieu du
long pan. La structure de ces ouvrages est généralement
construite avec des monolithes adaptés.

»» Lanterneaux
1
L’absence de clé de voûte* dans ce mode construc-
tif permet de conserver, dans les voûtes circulaires, une
ouverture au sommet pour l’éclairage ou la ventilation.
Celle-ci est alors couverte par un lanterneau*.

[ USAGE, EVOLUTION, TRANSFORMATION ]

»» Usage
Cette mise en œuvre est fréquemment utilisée pour le
couvrement des constructions en pierres sèches, tels
que petits bâtiments ruraux annexes, pigeonniers, four-
nils, grangettes, cabanes d'orris. L'utilisation de briques
foraines concerne des ouvrages tels que des pigeonniers.
Les travaux de restauration peuvent être soutenus par des
politiques publiques de valorisation du patrimoine rural
(fonds Denieul dans le Lot), permettant de retrouver des
savoir-faire traditionnels.
Ce mode de couvrement, nécessitant une mise en œuvre
longue, est aujourd’hui très coûteux et ne peut être réalisé 2

qu'à petite échelle. Réservé à la restauration de bâti-


ments à valeur patrimoniale, il n’est jamais utilisé dans la
construction neuve.

»» Evolution, transformation
En voie de disparition, les voûtes en encorbellement* sont
parfois remplacées par des voûtes maçonnées montées
avec un coffrage.
*Voir glossaire$

1. Lucarne sur une cabane d'orri à Goutets, Ariège.


2. Pigeonnier et son lanterneau, Camboulan, Aveyron.
3. Cabane en pierre sèche à Camon, Ariège.

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Laurence TOULET, CAUE du Lot - Laurelyne MEUNIER, CAUE de l'Ariège
Date : juin 2012
Crédits photos : CAUE 09, 12, 46, 82 - Charte graphique : Pauline REDOULÈS
pratique techniques et matériaux

couverture en
ardoise ou lauze de
schiste
Pierre naturelle, ce matériau durable permet une intégration harmonieuse
dans le paysage.

midi-pyrénées

1
1. Carte localisant les toitures en ardoise et en lauze en
1. Carte
2 localisant les toitures en ardoise et en lauze en Midi-Pyrénées
Midi-Pyrénées.
2. Toiture en ardoises posées à pureau dégressif, Ariège.

[ PRésENtATION ] [ principe constructif ]


»» Emprise géographique »» Matériaux constructifs
Ariège : Haut-Couserans et Haute- L'ardoise et la lauze sont un schiste argileux au grain très fin et très dur qui
Ariège (ardoise), vallée du Vicdes- se présente en couches successives, extrait dans des carrières locales à ciel
sos (lauze). Aveyron : nord Aveyron, ouvert. Des pierres de toutes dimensions sont débitées. Elles ne sont pas «nor-
Ségala, Rougier de Marcillac, Causse malisées», variant en épaisseur, longueur et aspect.
Comtal, Lévézou, Monts de Lacaune. Leur aspect présente des différences de matière et de couleur, selon les
Haute-Garonne : pointe Sud du régions et les filons d’extraction : teintes grises argentées, bleutées, verdâtres
département. Lot : la lauze se situe ou brunes (suivant la teneur en fer), tons sombres (quartz et mica) ou clairs
au Nord du Ségala. Hautes-Pyré- (feldspath).
nées : ¾ sud du département. Tarn :
Montagne Noire, Plateau d’Anglès,
Monts de Lacaune, Ségala et Monts
d’Alban. Tarn-et-Garonne : pointe
Nord du département.

»» Définition
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

Système de couverture, composé de


pierres plates de schiste, appelées
ardoises pour les plus fines et lauzes
pour les plus épaisses.

»» Milieu 1. Carte localisant les toitures en ardoise et en lauze en Midi-Pyrénées


Zone de moyenne montagne, milieu 3
2. Toiture en ardoises àposées à pureau dégressif, Ariège 4
rural ou urbain, bâtiments agricoles 3. Après extraction, les blocs de schiste sont fendus en plaques minces de 12 à 15 mm.

et habitations. 4. Les ardoises sont coupées et les arêtes affinées. Elles sont ensuite trouées pour leur fixation.
techniques et matériaux couverture en ardoise ou lauze de schiste P2

»» Epaisseur et dimensions
D’une manière générale, les dimensions ne sont ni nor-
malisées ni calibrées. Les pierres sont extraites et clivées
en dimensions variées. L’épaisseur en moyenne d’une
ardoise (Ariège) varie de 4 mm à 2 cm, pour une longueur
de 20 cm à 60 cm. Pour une lauze (Lot), l’épaisseur atteint
2 à 3 cm, avec une longueur de 20 à 80 cm.

»» Aspect et finitions
En Ariège, l’ardoise possède une couleur légèrement
argentée. Elle contient des petites incrustations de pyrite,
sulfure de fer jaune d’aspect métallique. A l’échelle régio-
1
nale, l’aspect de surface de la pierre est irrégulier.
Les bords sont travaillés sur le chantier pour leur donner
une forme rectangulaire (Hautes-Pyrénées), en anse de
panier* (Ariège, Hautes-Pyrénées), trapézoïdale ou en
écaille (Lot). L’arête est adoucie pour faciliter l’écoulement
de l’eau.

»» Type de pose
A l’origine les dalles étaient fixées avec des chevilles de
bois de chêne ou d’acacia, sur des voliges* épaisses réa-
lisées en planches de châtaigniers ou de peuplier. Plus
2
récemment, pour améliorer la durée des ouvrages, elles
sont clouées.
Les pierres sont posées en recouvrement à pureau*
dégressif. Elles se chevauchent sur au moins 1/3 de leur
hauteur afin de préserver l’étanchéité de la toiture. Les
grandes ardoises sont disposées en rive* et à l’égout*
assurant une meilleure résistance au soulèvement. De
plus, cela permet l’utilisation d’ardoises de différentes
tailles et limite les pertes de matière première.

»» Traitement des points particuliers


• Les arêtiers* et les rives sont réalisés avec des dalles de
grande dimension.
• Les noues* raccordant différents pans de toitures, font
l’objet de mise en œuvre particulière. Dans le Lot, elles 3
sont réalisées en lauzes, sans bande soline, avec un
mouvement tournant constitué d’éléments plus petits.
• Le faîtage* est constitué, dans le nord du Lot, de tuiles
canal ou à emboîtement scellées au mortier de chaux.
Des épis de faîtage* en pierre taillée ou en poterie
vernissée soulignent l’élancement de la toiture. Dans
d’autres départements, le faîtage est traité en lignolet*
(ardoises entrecroisées).
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• Les égouts sont réalisés comme les arêtiers avec de


grandes dalles. Une disposition archaïque subsiste
dans le nord du Lot, où les lauzes sont posées en tas
de charge* (comme les lauzes calcaire), avec une faible
inclinaison et un fort recouvrement, sur au moins l’épais- 4
seur du mur.
1. Toiture imposante, Lot
2. Lignolet, Hautes-Pyrénées
»» Outils 3. Lauze de schiste empilée sur volige, hameau de Saint Martin de Montbon, Aurelle-
Verlac, Aveyron
Masse, burin, ciseau*, massette*, enclume, taillant*, marteau.
4. Faîtage en tuiles et épi de toiture, Tarn-et-Garonne
techniques et matériaux couverture en ardoise ou lauze de schiste P3

»» Métiers
Aujourd’hui, des équipes de couvreurs spécialisés sont
nécessaires pour réaliser ce type d’ouvrage. Leurs com-
pétences associent à la fois la taille de la pierre, la pose et
la réalisation des ouvrages de raccordement, en collabora-
tion avec les charpentiers.

»» Performances
Le schiste est un matériau durable de par sa composition
minérale. Si le recouvrement entre chaque ardoise est
suffisant et les fixations en état, l’installation procure une 1
étanchéité fiable.
Le poids des lauzes contribue à une bonne résistance à
l’arrachement des couvertures. Ce mode de couvrement
est utilisé sur des volumes de combles qui assurent une
certaine protection thermique et acoustique, mais cet
espace tampon doit être complété par une isolation pour
les volumes habités.

»» Pathologie de vieillissement
Les principales causes de vieillissement sont liées aux
fixations par chevilles de bois et aux clous en fer qui 2
rouillent et finissent par casser. 1. Chantier de rénovation d'une toiture en ardoise, Ariège
Parfois, certaines ardoises de mauvaise qualité se délitent 2. L'absence d'entretien amène une dégradation rapide de la couverture puis de la
charpente, Tarn
et favorisent la pénétration de l’humidité, qui dégrade la
3. Toiture à pureau dégressif, Ariège
volige et les bois de charpente.
4. Ardoises posées au crocher, Tarn
Ce type de toiture nécessite un entretien régulier : reca-
lage des ardoises, nettoyage des feuilles, mousses ou
lichens qui peuvent maintenir l’humidité et nuire à l’écou-
lement des eaux.

[ Description de mise en oeuvre ]

»» Les travaux préparatoires


• Tri des ardoises ou lauzes, vérification de la qualité des
pierres, ajustement des éléments suivant leur dimension 3. Le coyau est un système constructif traditionnel. L’absence d’entrait libére la totalité
et leur forme afin de traiter les points singuliers de la du volume du fenil, mais les poussées en pied de chevron doivent être reprises par les
murs. Cela oblige à positionner la panne sablière à l’intérieur du mur. La rupture de
couverture et stockage à proximité du chantier. pente du coyau permet alors de couvrir le mur dans son épaisseur et de rejeter plus loin
»» La pose les eaux de pluies. (Schéma CAUE du Tarn)

• Fixation des pierres les plus grandes par clouage à l’égout du toit, en bas de
pente et sur les arêtiers.
• Pose des ardoises en rangs successifs décalés latéralement.
• Réalisation du faîtage avec des ardoises plus petites.

»» Particularités
4
• Dans le Tarn deux techniques de pose ont été identifiées. La plus ancienne
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met en oeuvre des ardoises droites, épaisses d’environ 1 cm et fichées dans


du mortier de chaux. La pose est à pureau dégressif et à pose brouillée
(ardoise de largeur hétérogène). La stabilité et l’étanchéité du faîtage sont
1. Charpente et volige destinées à recevoir des
assurées par une épaisse couche de mortier, parfois protégée par un rang
ardoises, Lot
de tuile. Les rives du toit sont aussi verrouillées par un épais rang de mortier. 2. L'absence d'entretien amène une dégradation rapide
La technique de pose actuelle, utilisée depuis le milieu du XXe siècle, met en de la couverture puis de la toiture

oeuvre des ardoises taillées en écaille, clouées sur le voligeage et croche- 3.


5
tées. Les clous sont généralement en inox et les crochets en cuivre. La pose 4. Toiture à pureau dégressif, Ariège
5. Ardoises posées au crochet, Tarn
s’effectue de bas en haut et la hauteur d’un rang d’ardoise est constante.
techniques et matériaux couverture en ardoise ou lauze de schiste P4

[ OUVRAGES ASSOCIES ]

Descentes d’eau pluviale en zinc, arrêts de neige en châ-


taigner, crochets à neige, ouvertures de toit : lucarnes*,
outeau*, capucine*, chatière…

[ USAGE, EVOLUTION, TRANSFORMATION ]

»» Usage
Tout type de bâtiment, agricole comme habitation.
Les travaux de restauration des toitures en ardoise et en
lauze peuvent être soutenus par des politiques publiques 2
de valorisation du patrimoine rural ("fonds Denieul" dans
le Lot, "opération ardoises" en Ariège). Cela permet de
retrouver un savoir-faire traditionnel et de valoriser ces toi-
tures.
Des entreprises se sont spécialisées dans ce type de
rénovation, mais malgré la rationalisation des chantiers,
ce mode de couvrement reste coûteux. Plutôt réservé à
la restauration des bâtiments traditionnels, il est rarement
utilisé dans la construction neuve.

»» Evolution, transformation
La mécanisation facilite l'extraction dans les ardoisières.
L’ardoise est extraite en gros blocs découpés avec un fil
3
diamanté. Ils sont ensuite transportés jusqu'à l’atelier de
transformation. L'intervention humaine reste nécessaire
pour toute la partie fendage.
La pose, comme la qualité du matériau doivent être
conformes aux normes et DTU en vigueur.

Le "recyclage" des ardoises en place est possible. Les


ardoises anciennes sont récupérées et posées sur de nou-
velles voliges, ce qui permet de garder l'aspect ancien du
toit. Toutefois, certaines ardoises peuvent présenter des
faiblesses et seront rempacées par des neuves qui se 4
mélangeront aux anciennes. Un tri doit être mené, entraî-
nant un surcoût.
*Voir glossaire$

5
1. Pose d'ardoises à pureau dégressif
2. Barre à neige, Ariège
3. Capucine, Ariège
4. Toiture rénovée. Mélange d'ardoises de récupération et de neuves, Ariège
1 5. Outeaux, Haute-Garonne

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : CAUE de l'Ariège, CAUE du Lot, CAUE du Tarn
Date : août 2011 - Mise à jour : juin 2012
Crédits photos : CAUE 09, 12, 46, 65, 81, 82 - Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

MUR EN BRIQUE DE
TERRE CRUE
L'un des plus ancien matériau de construction façonné par l'homme.

MIDI-PYRÉNÉES

[ PRÉSENTATION ] 2

»» Emprise géographique »» Matériaux constructifs • La «motte», plus massive, de section


Gers : Savès Toulousain, Haut Terre argilo calcaire mélangée à de d'environ 30 x 15 x 12 que l'on trouve
Astarac. l'eau et parfois à des fibres végétales. dans le sud de l'Astarac, le Magnoac
Hautes-Pyrénées : Magnoac. et les coteaux de Bigorre, souvent
Ariège : Basse-Ariège. »» Matériaux d'hourdage* associée à des galets dont l'appa-
Haute-Garonne : Nord du département. reillage en damier offre un bel
Mortier de terre argileuse parfois
Tarn et Garonne : Lomagne, Val de aspect ornemental.
enrichi à la chaux.
Garonne, Bas Quercy, plaines et
terrasses Montalbanaises, plaines et »» Épaisseur et dimensions
terrasses de l'Aveyron, coteaux de
On trouve différents modèles suivant
Monclar.
les régions. En Midi-Pyrénées il existe
trois types principaux :
»» Définition
• La brique plate ou brique «verte»,
Mur appareillé* par assemblage des
briques, jointes entre elles par un régulière, aux arêtes nettes est
mortier* de terre identique à celui qui présente dans le pays Toulousain
a servi pour leur fabrication. et Montalbanais. Ses dimensions
d'environ 40 x 28 x 5 cm, sont très
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»» Milieu proches de celles des briques


Indifféremment en milieu rural et «foraines» auxquelles elles sont
urbain. généralement associées.
• La seconde, plus ancienne, de
[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ] dimensions plus variables, environ
3
37 x 19 x 9 cm, est employée dans 1. Carte localisant les constructions en briques de terre
crue en Midi-Pyrénées
»» Fondations les vallées du Tarn, de la Gesse
2. Grange en adobes avec soubassement et mur Ouest
Socle en pierre, galets ou briques de et dans de nombreuses vallées en galets, Trie sur Baïse, 65

terre cuite ancrés dans le sol. Gersoises. 3. Mur en mottes de terre et galets, 65
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN BRIQUE DE TERRE CRUE P2

»» Aspects de finition
Les murs sont généralement protégés par un enduit à la
chaux. Les chaînes d'angles, les soubassements et les
encadrements de baies sont souvent réalisés en briques
cuites ou en pierres.

»» Outils
Pelle et pioche pour l'extraction de la terre. Moules en bois
pour la fabrication. Truelle, cordeau, fil à plomb pour la mise
en œuvre.

»» Métiers
Polyvalent agricole ou maçon spécialisé dans la fabrication
et la pose des briques.

»» Performances
Très bonne inertie* thermique, régule la température et
l'humidité intérieure, sa densité atténue la réverbérations
des sons.

»» Pathologie du vieillissement
L'eau par ruissellement, les remontées d'humidité,
l'écartement des murs par des tassements du sol ou des
poussées de charpente. La disparition de l'enduit sous
l'effet des intempéries. 1

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1. Liaison mur/poutre
2. Détail soubassement et chaînage d'angle, 31
2 3. Grange en adobes, 32
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN BRIQUE DE TERRE CRUE P3

[ DESCRIPTION DE MISE EN ŒUVRE ]

La terre nécessaire à la fabrication des adobes est de pré-


férence composée d'argile et de sable. Elle était extraite
sur place à la pioche, puis pétrie et mélangée avec de
l'eau et parfois avec de fines fibres végétales (foin, lin,
balle d'avoine ou de blé). L'ajout de fibres permettait de
limiter le retrait au séchage et assurait une meilleure cohé-
sion de la brique.
1
Elle était ensuite moulée manuellement dans un cadre en
bois sans fond. Pour faciliter le démoulage, le moule était
humidifié et saupoudré de sable, on le remplissait alors
avec une masse de terre suffisante en tassant les angles
et en raclant l'excédent.

Une fois démoulées on faisait sécher les briques à l'air 1


en les laissant toutefois à l'ombre les deux premiers jours
afin d'éviter les fissures, puis on les retournait sur chant
pour accélérer le séchage. En période froide la production
devait cesser.

L'appareillage* se fait brique par brique, jointes entre elles


par un mortier de terre identique à celui qui à servi à leur
fabrication. Généralement, les murs exposés aux intempé-
ries étaient maçonnés en briques cuites, pierres ou galets.
Les murs en adobes* étaient protégés par un enduit de terre
parfois enrichi à la chaux ou à la balle d'avoine ou de blé. 2

3
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1. Mur en mottes de terre et galets, 65


2. Schéma d'un moule de fabrication, CAUE du Gers
3. Encadrement en briques et linteaux en pierre à la Salvetat Blemontet, 82
4. Petit bâtiment isolé à Mauboussin, 31
4 5. Mur en briques de terre crue et galets, 81
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN BRIQUE DE TERRE CRUE P4

[ OUVRAGES ASSOCIÉS ]

Pour ce type de construction, des matériaux plus résis-


tants sont employés pour le parties de mur devant être
plus solide : soubassement, angle, encadrement de baie,
façades exposées aux intempéries.

»» Angles et piliers
Les chaînes d'angles sont renforcées par des briques
cuites et parfois des pierres.

»» Baie et encadrement
Généralement les encadrements sont réalisés en bois,
plus rarement en pierre. Dans les régions des adobes
plates, ils sont souvent réalisés en briques foraines.

»» Éléments associés
Cheminées, piliers, fours à pain.

»» Liaison sur mur toiture


Un large débord de toiture protège le mur de la pluie. 1

[ USAGE, ÉVOLUTION ET
TRANSFORMATION ]

»» Usage
Bâtiments d'habitation, bâtiments agricoles modestes mais
aussi des granges.

»» Évolution, transformation
Vers le milieu du 20ème siècle, apparaît dans la région de
Mièlan en Astarac, une production très localisée de briques
de terre de section 31 x 17 x 15 cm, compressées au
moyen de presse en bois avec moule en fonte. Aujourd'hui
les presses sont en acier, manuelles ou automatisées. Le
format de brique le plus courant étant 29,5 x 14 x 9 cm.
Ce bloc de terre compressée ou BTC*, très résistant et
d'une grande souplesse d'utilisation, offre la possibilité de
réaliser des ouvrages complexes tels que voûtes, arcs,
coupoles* ou murs courbes. Il permet de composer avec
des blocs de teintes différentes.
* Voir glossaire $

1. Détail d'un débord de toiture


2. Centre de terre la Valette, 31 - Architecte : J. Colzani

3 3. Briques de terre crue, fabrication Argiléo, Sainte Marie, 32

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Jean-François GARDÈRE, CAUE du Gers - Date : septembre 2012
Crédits photos : CAUE 31, CAUE 32, CAUE 65, CAUE 81, CAUE 82, Argiléo
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

MUR EN PIERRE
ÉQUARRIE
Ces maçonneries réalisées à partir de pierres faciles à retravailler offrent
souvent un appareillage régulier.

MIDI-PYRÉNÉES

1 2
1. Carte localisant les constructions en pierres équarries 3. Grange foraine en moellons de calcaire à Arbéost,
en Midi-Pyrénées Hautes-Pyrénées
2. Maison rurale à bolet à Cestayrols, Tarn

[ PRÉSENTATION ] [ PRINCIPE CONSTRUCTIF ] apparentes, joints* fins et réguliers


avec mortier clair teinté par les sables
»» Emprise géographique »» Fondations locaux.
Lot : ensemble des régions et surtout Lits de gros moellons* calés dans une
Quercy-blanc, Limargue, Causses du Lot. tranchée horizontale peu profonde »» Outils
Tarn : paysage de causses , le (50 cm) sauf dans le cas d'ouvrages Marteau et ciseau*, cordeau, fil à
plateau Cordais, le massif de la à encastrer dans la pente du terrain. plomb.
Grésigne, le nord des collines du
Centre, la plaine Castraise et l’ouest »» Matériaux constructifs »» Métiers
du ségala Carmausin. Calcaire, grès, pierres issues de Maçon spécialisé, tailleur de pierre
Hautes-Pyrénées : vallée des gaves, micro-carrières locales ou en réem- pour les éléments spécifiques.
haute vallée de l’Adour, vallée d’Aure, ploi, blocs équarris sur 5 ou 6 faces,
vallée de la Barousse. dimensions et poids adaptés à une
Le Tarn et Garonne : Causse de manipulation manuelle.
Caylus, Quercy Blanc, Pays de Serre
et Lomagne en partie. »» Hourdage
Haute Garonne : Haut-Savès.
Mortier* de terre et de chaux*.
Aveyron : ensemble du territoire.
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Gers : le Savès et la Lomagne.


»» Épaisseurs et dimensions

»» Définition Murs épais de 50 à 80 cm, construc-


tions à étage en degré, avec mur plus
Mur monté par empilement de pierres
mince au niveau supérieur.
équarries* assemblées au mortier*.
»» Aspect de finition
»» Milieu
Les pierres équarries et soigneuse-
Indifféremment en milieu rural et urbain.
ment assisées* sont souvent laissées 3
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN PIERRE ÉQUARRIE P2

»» Performances La pose des éléments est réalisée à


Thermique, acoustique, étanchéité : joints verticaux croisés et le liaison-
bonne inertie* suivant l'épaisseur des nement est assuré par l'alternance de
murs, perméabilité à l'eau et à l'air boutisses et de parpaings*.
variant avec la nature de la pierre, La mise en œuvre de chaque rang
étanchéité dépendant de l'orienta- est suivie par la préparation du lit
tion et renforcée par l'enduit éventuel d'attente horizontal. Le beurrage*
(façades nord et ouest). éventuel des joints est fait au fur et à
mesure de la pose.
»» Pathologie de vieillissement
La réalisation des chaînes d'angle et
Matériau/technique :
des ébrasements* des baies suit l'élé-
• problème de qualité de la mise en vation du mur, avec la pose de pierres 3
oeuvre, absence de boutisses*, taillées posées au fil à plomb et au [ USAGE, ÉVOLUTION ET
• gonflement du remplissage par infil- cordeau. TRANSFORMATION ]
tration d'eau, Une finition éventuelle peut être réa-
• déstabilisation par le tassement du lisée par un enduit de protection, »» Usage
sol ou la poussée du couvrement. mais la qualité de l'appareillage* et la Typologie, période, motif : tous bâti-
finesse des joints permettent de lais- ments agricoles ou bâtiments d'habi-
[ DESCRIPTION DE MISE EN ser la pierre apparente. tation dans les régions où la pierre
ŒUVRE ] est facile à travailler, usage réservé à
des ouvrages plus emblématiques si
Les moellons sont en préalable la pierre doit être importée.
équarris pour leur donner une
forme régulière et une face appa- »» Évolution, transformation
rente dressée*. L'approvisionnement Matériau/technique : disparition des
et le tri des matériaux sont organi- carrières locales de pierre et de sable,
sés sur place, les encadrements ou transformation des usages entraînant
éléments spécifiques sont préparés 2 une demande d'étanchéité intérieure
indépendamment. et extérieure, éclatement des arêtes
Le travail commence par la réalisation [ OUVRAGES ASSOCIÉS ] pour permettre un rejointoiement* sur
de tranchées et mise en œuvre de des maçonneries très ajustées, fra-
fondations sur le bon sol. »» Angles et piliers
gilisation des pierres par sablage et
Les murs sont montés avec 2 pare- Chaînage d'angle en pierres taillées suppression des enduits de protection
ments* extérieurs dressés verticale- à angle droit sur 4 ou 5 faces, grands et des marquages décoratifs au profit
ment et un blocage interne en petites monolithes pour piliers. des pierres apparentes.
pierres liées au mortier. * Voir glossaire $
Le choix des pierres doit permettre un »» Baie et encadrement
appareil régulièrement assisé. Linteau avec une seule pierre ou
arc segmenté ou linteau bois, arc de
décharge, jambage pierres taillées ou
monolithes.

»» Éléments associés
Niche, placards, évier, cheminée,
banquette, mangeoire, escalier, gale- 4
1. Alternance de lits de pierres calcaires et de briques
1 rie, colombages. cuites à Caumont, Tarn et Garonne

L'empilement des pierres se fait rang par 2. Assemblage de blocs de grès et de calcaire,
»» Liaison mur toiture Limargue, Lot
rang sur un lit de pose au mortier de chaux 3. Appareil composite calcaire et terre cuite, Montpezat,
à bain soufflant*, avec peu de calage en Corniche* en pierre, rangs de Gers
fonction de la régularité des pierres. génoises* en briques et tuiles. 4. Maçonnerie de calcaire soigneusement assisé,
Causses du Lot

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Laurence TOULET, CAUE du Lot et JF GARDÈRE, CAUE du Gers - Date : août 2012
Crédits photos : CAUE 32, CAUE 46, CAUE 65, CAUE 81, CAUE 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

MUR EN BAUGE
Mobilisant les qualités de la terre crue, ce système constructif est à la fois
discret et mal connu.

MIDI-PYRÉNÉES

1
2 1. Chapelle de Marguestaud, Aucamville, 82
2. Carte localisant les constructions de mur en bauge en Midi-Pyrénées

[ PRÉSENTATION ] »» Définition »» Matériaux d'hourdage*


»» Emprise géographique Technique de construction en terre Absence de mortier* de liaison.
massive où la terre, parfois mélangée Cependant, parfois, disposition d'un
Système constructif plus rare que les
à des fibres végétales, est empilée lit de bruyère ou de morceau de
autres techniques de terre crue. Tech-
directement (sans coffrage) en tuiles cassées entre les couches pour
nique difficile à identifier et facilement
couches successives filant sur tout le assurer leur cohésion.
confondue avec le pisé, d'où une car-
pourtour de l'édifice. Technique très
tographie mal aisée :
ancienne qui a vraisemblablement »» Épaisseur et dimensions
• Haute-Garonne : Nord du départe- précédé celle du pisé. Horizontalité et régularité des hau-
ment,
teurs de couches très aléatoires,
• Gers : Lomagne et Armagnac, »» Milieu variant de 8 à 75 cm selon le type de
• Tarn : Plaine Gaillacoise et Est Albi- Principalement conservé en milieu bauge.
geois, rural, exceptionnellement en milieu Épaisseur de mur importante à la
• Tarn-et-Garonne : Plaine Montal- urbain. base (de 65 à 105 cm voire plus),
banaise, Coteaux de Monclar, de sauf pour un type de mise en oeuvre
Lomagne et du Bas-Quercy. [ PRINCIPE CONSTRUCTIF ] où le mur peut être plus fin (28 cm).
Présence fréquente d'un fruit* au bas
»» Fondations de l'ouvrage.
Montées directement du sol ou, plus
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rarement, sur solin* en maçonnerie*


de pierre.

»» Matériaux constructifs
Terre débarrassée des plus gros
cailloux, mélangée ou non, selon la
mise en oeuvre, à de la paille, du foin
3 4
ou de la bruyère à la cuisson.
3. Ferme fortifiée, Sainte-Christie d'Armagnac, 32 4. Grange, plaine du Tarn, 81
TECHNIQUES ET MATERIAUX MUR EN BAUGE P2

»» Aspects de finition [ DESCRIPTION DE MISE EN


Protection du mur par un enduit*. OEUVRE ]
Dans le cas d'une absence d'enduit,
lecture des couches, des mottes Ce système constructif offre une
et/ou de l'outil servant à compac- multitude de variantes. La terre est
ter les flancs ou à retailler le mur. triée pour lui retirer les plus grosses
pierres. Mouillée, elle est ensuite
»» Outils malaxée et peut être modelée sous 3
forme soit de "pains" parallélépipé- 3. Détail de mur, Génébrières, 82 (© pays Midi-Quercy
Pas d'outils spécifiques, mais proches
diques, soit de "galettes" allongées. © inventaire général, Région Midi-Pyrénées)
du monde agricole : fourche, paroir*, 4. Détail d'ouvertures, Génébrières, 82 (© pays Midi-
Sinon, elle est mise en oeuvre direc-
croc de fumier... Quercy © inventaire général, Région Midi-Pyrénées)
tement à la fourche. Juilles, 32
Ces techniques sont mieux connues,
»» Métiers
notamment, grâce aux études de
Maçon ou polyvalent agricole. l'architecte Alain Klein menées sur la
région et aux travaux du Service de
»» Performances l'Inventaire du Pays Midi-Quercy.
Très bonne inertie thermique, régu-
lation du taux d'humidité de l'at-
[ OUVRAGES ASSOCIÉS ]
mosphère, sa densité atténue la 4
réverbération des sons. »» Baie* et encadrement
En général, les linteaux* sont en bois La bauge a pu être repérée dans les
et les jambages* en briques foraines, rez-de-chaussée de fermes, des logis
mais on trouve aussi des encadre- et des chais. La partie en bauge a
ments entièrement en bois, entiè- souvent une hauteur limitée à celle
rement en briques foraines ou une d'un étage ou d'un homme. L'étage
absence d'encadrement. peut être en pan-de-bois ou en adobe.

»» Éléments associés »» Évolution, transformation


1
En général, les points singuliers du La bauge a été utilisée jusqu'à la
1. Ferme fortifiée, Juilles, 32
bâtiment (soubassement, angles...) première moitié du XXe siècle. Elle
2. Ferme, Vaïssac, 82 (© pays Midi-Quercy © inventaire
sont également traités en terre crue. est ensuite dépréciée, liée dans les
général, Région Midi-Pyrénées)
esprits à une notion de pauvreté.
»» Liaison mur toiture Parfois caché sous un enduit ou un
crépis au ciment, il est alors difficile
Large débord de toiture pour protéger
de repérer ce système constructif.
le mur de la pluie.
Actuellement, il ne bénéficie pas de
véritables recherches pour un usage
[ USAGE, ÉVOLUTION ET contemporain. Aux États-Unis en 1996,
TRANSFORMATION ] D. Easton a mis au point une machine
2 à projeter de la terre. En Bretagne en
»» Usage 2001, ont été menés des essais de
»» Pathologie de vieillissement Typologie : fermes modestes le plus "bauge préfabriquée" (blocs moulés de
Maçonnerie sensible à l'eau sous souvent avec une petite partie habi- grandes dimensions et transportés sur
toutes ses formes, en particulier lors tation, dépendances agricoles, petits chantier). L'immeuble Salvatierra, opé-
de la disparition de l'enduit de pro- abris dans les champs, mais aussi ration exemplaire au Nord de Rennes,
tection : ruissellement, condensation ponctuellement maisons fortes, a ainsi été créé et plusieurs fermes des
ou remontées capillaires. Pathologie* églises, chapelles. environs ont été réhabilitées. Mais cette
également liée à l'écartement des Historique : on retrouve des traces technique peut-elle s'apparenter à la
murs par des tassements de sols significatives à partir du XVIe, mais bauge, sachant qu'on utilise des cof-
(retrait-gonflement des argiles) ou l'essentiel du patrimoine bâti date de frages* ?
des poussées de charpente. la seconde moitié du XIXe siècle. * Voir glossaire $

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Philippe PIEUX, CAUE de Tarn-et-Garonne
Date : août 2012 - Crédits photos : CAUE 32, CAUE 81, CAUE 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

MUR EN PIERRE TAILLÉE


DRESSÉE
Apanage des constructions médiévales et des réalisations exceptionnelles,
la pierre de taille a aussi été employée dans des bâtiments plus modestes.

MIDI-PYRÉNÉES

2
[ PRÉSENTATION ]
1. Carte localisant la pierre de taille dressée en Midi-Pyrénées
2. Maison avec les deux pigeonniers en avant-corps en pierre de taille, Puylaroque, Tarn-et-Garonne
»» Emprise géographique
Lot : la pierre de taille se trouve
surtout dans les villes et la région du »» Milieu
Limargue, autour de Latronquière. Elle est surtout employée en milieu urbain, mais aussi dans des constructions
Tarn-et-Garonne : elle est employée exceptionnelles en milieu rural et pour tout bâtiment rural sur le secteur de
dans une partie du Quercy blanc et Latronquière (Lot).
plus particulièrement à Lamagistère.
Tarn : elle peut être repérée de
manière significative en milieu urbain,
sur le plateau cordais ou dans le
bassin sédimentaire castrais, à
Labruguière ou à Castres.
Gers : elle est localisée en pays
d'Auch, Ténarèze, en Lomagne, ainsi
qu'à Lectoure. Plus ponctuellement,
en Astarac, Bas Armagnac et Rivière
basse.

»» Définition
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

Le mur est monté d’assises*


régulières de pierres de taille à
arêtes vives et avec des joints fins.
L’appareil* est assisé et réglé. La
pierre est dite dressée* lorsqu’elle
est taillée pour obtenir des surfaces 3
planes. 3. Façade en pierre de taille sur la cour d’honneur de la fin du XVIIIe siècle, Sorèze, Tarn
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN PIERRE TAILLÉE DRESSÉE P2

[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]
»» Fondations
Le mur est monté sur le rocher affleurant ou à partir de
gros blocs posés et calés dans une tranchée de fondation.

»» Matériaux constructifs
On utilise les pierres locales faciles à tailler comme le
calcaire, le grès et le calcaire gréseux. Les blocs sont
taillés sur 5 ou 6 faces et ajustés. Dans le Tarn-et-Garonne,
on emploie la pierre de Septfonds, un calcaire jurassique,
pour des pièces monolithes. Dans le Tarn, la pierre la plus
employée est le grès, appelé localement grès de Navès,
dans le bassin sédimentaire de Castres. Dans le Gers, le
calcaire de Lectoure est particulièrement réputé.

»» Hourdage*
Un mortier fin de sable et de chaux.

»» Épaisseurs et dimensions
En fonction des hauteurs d’assises, on distingue le grand 2
appareil (+ 35 cm), le moyen appareil (20 - 35 cm), le petit 2. Détail d'un linteau signé Comiac, maître maçon, Ségala, Lot

appareil (- de 20 cm ). Dans le cas des murs fins, de 30 à


50 cm, les pierres sont imbriquées. Pour les murs épais, de »» Aspect de finition
60 à 80 cm, les parements* sont liés par une fourrure* de
Le mur peut être laissé nu ou être enduit et même recevoir
remplissage. Le mur est souvent amaigri avec l’élévation
un badigeon. Le choix de la finition relève d’une intention
des étages.
esthétique et de protection.

»» Outils
Marteau, scie, ciseau, têtu, broche, cordeau, fil à plomb.
1. Partie centrale d'une maison, Saint-Amans-Soult, Tarn

»» Métiers
Maçon spécialisé, tailleur de pierre. Deux étapes dans le
métier : taille des pierres en carrière et pose.

»» Performances
Une bonne inertie* est fonction de l'épaisseur des murs
mais la perméabilité à l'eau et à l'air peut varier avec la
nature de la pierre.

»» Pathologie de vieillissement
La pathologie est liée à la nature de la pierre, sensible
aux attaques de l’eau et des sels. Un autre élément est la
déstabilisation par le mouvement du sol ou la poussée du
couvrement.

[ DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE ]


Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

»» La pose
L’extraction et la taille de la pierre sont préalables. Le
travail commence par la réalisation de tranchées et la mise
en oeuvre de larges fondations.
Les pierres sont posées sur des lits soigneusement réglés,
avec deux parements extérieurs en pierre de taille et un
remplissage intérieur en moellons ou en chutes de taille.
1
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN PIERRE TAILLÉE DRESSÉE P3

2
2. Décors portés sur le linteau d'une maison, Limargue, Saint-Céré, Lot

[ OUVRAGES ASSOCIES ]

»» Angles
Les chaînes d’angle utilisent des blocs d’un module
supérieur à celui utilisé pour les murs.
La technique permet aussi la construction de piliers,
monolithes dans le Tarn-et-Garonne.

»» Baie et encadrement
Le linteau est monolithe, en plate-bande* ou appareillé en
arc.

1 3. Façade sur rue d'une maison, La Romieu, Gers


1. Maison à couverts sur la place, Saint-Clar, Gers

Le travail est soigné, avec un appareil très régulièrement


assisé. Les pierres sont réglées avec un calepinage* en
rangs horizontaux réguliers.
Chaque pierre est posée dans son sens originel, sur un
lit de pose au mortier fin de sable et de chaux, avec des
cales de pierre ou de bois pour régler l'épaisseur des
joints.
Elles sont ajustées au fil à plomb et au cordeau et les
joints verticaux sont croisés entre chaque rang de pierres.
Le liaisonnement est assuré dans l'épaisseur du mur par
l'alternance de boutisses*. Un blocage interne conforte la
cohérence de l'ensemble avec des petites pierres liées au
mortier.
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

Les chaînes d'angle et les encadrements des baies sont


réalisés avec des pierres taillées de même nature qui
sont croisées par une pose alternativement parralèle et
perpendiculaire au nu extérieur du mur et ajustées au fil à
plomb et au cordeau.
La finition consiste à réaliser des joints arasés ou en creux.

3
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN PIERRE TAILLÉE DRESSÉE P4

»» Évolution, transformation
La disparition des carrières locales de pierre et de sable
ont réduit son utilisation. En place, les pierres sont
fragilisées par le sablage et les arrêtes sont abîmées
par le rejointoiement. La mise en œuvre de pierre de
taille dressée est aujourd'hui réservée à des réalisations
exceptionnelles ou à la restauration des monuments
historiques.
*Voir glossaire $

Les piédroits sont souvent montés en même temps que le


mur, parfois avec un autre matériau. Les appuis peuvent
être saillants et moulurés. Dans le sud du Tarn, les
encadrements des ouvertures peuvent être en granit.

»» Éléments associés
Niche, placards, évier, cheminée, escalier, piliers, balcon.

»» Liaison mur toiture


Corniche* en pierre moulurée, en terre cuite, ou génoise*.

[ USAGE, ÉVOLUTION ET
TRANSFORMATION ]

»» Usage
2  
1. Partie centrale de la façade, Lamagistère, Tarn-et-Garonne
Elle est surtout utilisée dans les édifices publics et 2. Décor et lucarne, Saint-Céré, Lot

religieux, châteaux, maisons nobles ou bourgeoises.


Dans le Tarn, à Cordes, elle se retrouve dans les maisons
médiévales ou dans les faubourgs, de même qu'autour de
Castres.
Dans le Lot, des bâtiments d'habitation, mais aussi
granges et annexes agricoles sur le secteur spécifique de
Latronquière, sont en pierre de taille.

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Adeline BEA, CAUE du Tarn - Laurence TOULET, CAUE du Lot
Date : septembre 2012 - Charte graphique : Pauline REDOULÈS
Crédits photos : CAUE Gers/Lot/ Tarn et Garonne/Tarn, Inventaire général, Région Midi-Pyrénées
pratique techniques et matériaux

couverture eN
chaume
Le chaume est aujourd'hui rarement utilisé. Pourtant, il s'agit d'un matériau à
haute performance énergétique.

midi-pyrénées

1. Carte localisant les ouvrages en chaume en Midi-


Pyrénées.

2
[ présentation ]

»» emprise géographique
Il en subsite peu en Ariège hormis
dans la commune d’Ercé et ses alen-
tours. Son emploi s’est maintenu
assez tardivement dans les Hautes-
Pyrénées en vallées d’Azun, de Luz
et avec ampleur à Campan. Dans
cette vallée, le matériau de rempla-
cement, comme le schiste*, n’était
naturellement pas ou très peu présent
dans le sol.
Dans le Lot, la Bouriane, les Causses
de Martel et le Segala sont concernés
par ce type de couverture.
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

»» Définition
3
Le chaume est la tige sèche ou paille
des graminées cultivées comme le
seigle ou le froment. La graine était 2. Maison grange »» Milieu
quartier "les Ba" à
semée et la récolte faite manuelle- Campan, Hautes- Le chaume a couvert jusqu’à la fin du XIXe siècle les toits
ment. Après le battage, la plus belle Pyrénées des granges et des maisons rurales modestes. Seuls les
3. Loge couverte en
paille était préparée et conservée chaume, Bouriane,
propriétaires aisés pouvaient acheter et faire poser l’ar-
pour réaliser ou réparer son toit. Lot doise.
techniques et matériaux couverture en chaume P2

[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]

»» Matériaux
Dépouillée de ses grains, la touffe est peignée à l’aide d’un
râteau en bois à longues dents (la pincha) pour enlever les
herbes et les saletés. Des gerbes régulières sont liées et
mises à l’abri dans l’attente de leur emploi (les clues)*.
Le seigle était cultivé en abondance pour la farine. Sa
paille imputrescible et souple est préférée à celle du
froment. 1

»» Type de pose
La longueur de la paille, variable selon le lieu et le type de
culture, dicte la technique de pose. Elle se fait toujours du
bas du toit vers le haut. Une des techniques employées
consiste à nouer les gerbes déliées sur des barres, puis à
fixer cette préparation sur la charpente.

Une autre technique de mise en œuvre, en vallée de


Campan dans les Hautes-Pyrénées notamment, consiste
à étaler régulièrement le chaume sur la charpente en
couche d’environ 40 cm d’épaisseur. On progresse rang
par rang, tous les 20 cm.
La pente des toits facilite l'écoulement des eaux de pluie.
Elle peut aller jusqu'à 130% en vallée de Campan. Ainsi,
le séchage du toit est rapide. 2

Chaque botte est placée dans le sens de la pente, la tête


en haut, l’extrémité des brins réglée à l’aide d’une plan-
chette en bois à la surface grainée munie d’une poignée
(la paleto)* pour faire une pente uniforme.

»» Traitement des points particuliers


Pour protéger le chaume au niveau des pignons, le mur est
monté saillant par rapport au toit fini, à redents (penàus)*.
Chaque degré est couvert d’une dalle de schiste appelée
"labasse" posée inclinée vers l’avant et vers l’extérieur de
manière à rejeter l’eau de pluie hors du toit.
Cette large dalle couvre le joint entre le chaume et le mur
pour une meilleure étanchéité. En Ariège, l'étanchéité 3
entre le chaume et le mur est réalisée avec de la terre
glaise.
Au faîte du toit, les attaches des deux dernières couches
sont apparentes. L’étanchéité est traditionnellement réali-
sée selon la technique du lignolet* : côté vents dominants,
la rive de tête fait saillie sur l’autre versant.
4
1. Technique de pose
»» Outils des gerbes sur la
- L’étrier (cay) dont le crochet se plante dans l’épaisseur barre de noisetier
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

du toit de paille permet la progression de l’ouvrier au fur et 2. Couverture à Ercé,


Ariège
à mesure de l’avancée du travail, rang par rang.
3. Schéma du principe
- Le serre-joint, pris sur la latte de la charpente et la constructif, dessin du
baguette de noisetier en surface, permet de serrer la paille CAUE des Hautes-
Pyrénées
et facilite la « couture » du chaume.
4. Paleto, dessin du
- La grosse aiguille en bois (l’agulha)* permet la CAUE des Hautes-
« couture » du chaume. Pyrénées
5. Etrier, dessin du
- La planchette en bois (la paleto) nivelle la paille. CAUE des Hautes-
Pyrénées 5
techniques et matériaux couverture en chaume P3

»» Métier
Cette technique ne faisait pas l'objet d'une formation spé-
cifique. Chacun pouvait récolter sa paille, la préparer, la
conserver et couvrir ou réparer son toit avec l’aide des
voisins. Toutes les opérations étaient bien maîtrisées.
Aujourd’hui, la paille trop courte et moissonnée mécani-
quement, n’est pas utilisable. La tradition a disparu et si
l’on veut un toit de chaume, il faut importer la paille et faire
travailler un chaumier.

»» Performances
La mise en œuvre du chaume induit une épaisseur qui lui
confère des qualités d'isolant naturel. Thermiquement, son
coefficient correspond à une couverture classique avec 1
une isolation de 100 mm. Phoniquement, il est excellent.
Aujourd'hui, grâce à des outils plus performants, la pose
est plus compacte. Ainsi le chaume est étanche aux cou-
rants d’air ce qui rend pratiquement impossible la combus-
tion. Le toit de chaume est léger 25 à 35 kg/m². Il permet
une charpente légère, moins coûteuse. Il est insensible au
gel, à la grêle, au vent.

»» Pathologie de vieillissement
Le toit qui reçoit le chaume doit obligatoirement être pentu
pour éviter la stagnation de l’eau et donc le pourrissement
de la paille.
Tous les ans, la couverture doit être révisée et rapiécée.
Sa durée de vie est alors d’une cinquantaine d’années. Le
faîtage* en lignolet est fragile, il est souvent remplacé par
une bande de zinc posée « à cheval » sur le faîte.

1. Epaisseur du toit de
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

chaume à Castetmau,
Hautes-Pyrénées
2. Grange à Lesponne,
avec faîtage en zinc,
Hautes-Pyrénées
3. Ensemble grange-
habitation à Ercé,
Ariège
4. Vestige de toit en
chaume, Ségala, Lot
5. Granges, les Angles,
5 Tarn 3
techniques et matériaux couverture en chaume P4

[ DESCRIPTION DE MISE EN ŒUVRE ]

»» Travaux préparatoires
La structure de la charpente qui supporte le chaume est
simple. Tous les 20 cm environ, des lattes sont clouées
en travers des chevrons*. Elles servent, avec la baguette
de noisetier, à la fixation de la paille.

»» Mise en œuvre
Retenu par l’étrier, le chaumier progresse sur le toit. La
grosse aiguille (l'agulha) où est enfilé le lien, traverse la
paille. Il s'agit de passer derrière la latte et remonter à la
surface pour faire un noeud sur la baguette de noisetier.
Un serre-joint permet de stabiliser et fixer l'ensemble.
1
Ainsi, la couche de chaume est maintenue par pincement
et « cousue ». La couche suivante protège les attaches de
celle qui vient d’être fixée.
mur pignon à redents ou penaus

[ USAGE, EVOLUTION, TRANSFORMATION ] pierre unique par degré

»» Usage
L’utilisation du chaume pour la couverture, a été très lauze de
répandue jusqu’à la fin du XIXe siècle. Les progrès de schiste avec
l’agriculture, l’apparition de nouveaux matériaux et la débord
crainte de la propagation des incendies dans les bourgs.
ont contribué à la disparition de ce procédé constructif.

»» Evolutions, transformations
Aujourd’hui, la prise en compte du patrimoine et la volonté
de rénovation respectueuse en a fait renaître l’usage. Il
est utilisé sur des constructions neuves pour ses qualités
environnementales.
lien en noisetier
En Ariège, le chaume a été remplacé par l’ardoise à
pureau* dégressif ou parfois de la tôle. La paille de seigle
rarement cultivée sur le territoire, a été remplacée par du
roseau en provenance de Camargue sur les projets de gerbe de chaume
restauration ou neuf.
*Voir glossaire$

panne sablière

1. Pose du chaume à Ercé, Ariège


2. Schéma de couverure, dessin du CAUE des Hautes-Pyrénées
3 3. Le roseau de camargue remplace parfois la paille de seigle, Ercé, Ariège

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Claudine Couget, CAUE des Hautes-Pyrénées
Date : juillet 2012 - Crédits photos : CAUE 09, CAUE 46, CAUE 65 - Charte graphique : Pauline REDOULÈS
pratique TECHNIQUES ET MATERIAUX

charpente à ferme
assemblée
Ce système constructif assure naturellement par son volume une protection
thermique et acoustique.

mIDI-PYRENEES

[ presentation ]

»» Emprise géographique
Toute la région est concernée

»» définition
Structure constituée de fermes, de
pannes* et de chevrons*. Une ferme
est composée par l'assemblage de
plusieurs pièces de bois massifs. Les 2
arbalétriers*, l'entrait* et le poinçon* 1. Carte localisant les charpentes à fermes
assemblées
forment le réseau principal tandis
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

2. Saint-Clar, Gers
que les contre-fiches*, les jambes de
force*, les diagonales et les potelets* [ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]
forment le réseau secondaire.
»» Matériaux
»» milieu Les essences de bois utilisées sont hors-sève. Les résineux peuvent être
Les charpentes à fermes sont utili- locales : le chêne, le châtaignier, le coupés toute l'année. Les grumes
sées dans tous les milieux, urbain pin. Les arbres au feuillage caduc sont coupées dans leur longueur
comme rural, habitations ou bâti- comme le chêne ou le châtaignier et les billes sont débitées dans une
ments agricoles doivent être abattus en hiver pour être scierie.
techniques et matériaux charpente à ferme assemblée P2

1. Croquis charpente
(CAUE Lot)
2. Charpente à Larreule
(Hautes-Pyrénées)
3. Utilisation de la
bisaiguë
4. Volume dégagé
1 par la charpente à
Barbazan-Dessus
(Hautes-Pyrénées)
1 5. Cazillac (Lot)

»» Modules, dimensions
La charpente se compose de fermes
reliées par différentes pannes. L'en-
traxe entre chaque ferme est d'envi-
ron 3,20m soit 10 coudées pour des
portées entre 7 et 10m. L'ensemble
est communément réalisé avec
2 4
des sections de bois de 18 à 20 cm
d'épaisseur.
»» Métiers »» Pathologie de vieillissement
»» Type de pose Le charpentier réalise et pose les (matériau / technique)

Aucun coffrage et étaiement ne sont assemblages qui constituent la char- Les dégradations les plus importantes
nécessaires à la mise en oeuvre de pente. Il intervient à la suite du maçon sont essentiellement dues au manque
ces techniques constructives de et avant le couvreur. Ouvrier haute- de maintenance des charpentes et
charpente. ment qualifié, il a des compétences aux problèmes d’étanchéité de la
Les charpentiers utilisent une chèvre* précises. couverture qui laissent s’infiltrer l’eau.
comme outil de levage pour hisser les Toutefois, les charpentes à fermes
fermes* assemblées au sol. »» Performances (thermique, acous- présentent souvent des faiblesses
tique, étanchéité…) au niveau des assemblages, ce qui
»» Outils Formant un vide au-dessus de la provoque des cassures. On observe
construction, ce système constructif également des fléchissements de
L’herminette, hache au tranchant per-
assure naturellement par son volume pièces trop sollicitées ou sous dimen-
pendiculaire au manche, qui sert au
une protection thermique et acous- sionnées.
dégrossissage des ouvrages sculp-
tés, au dressage de la face supé- tique, notamment lorsqu’il y a un
rieure des poutres, au façonnage et plafond fixé aux entraits de fermes.
au creusage. La doloire, hache au
tranchant parallèle au manche qui
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

sert à amincir les pièces de bois. Les


ciseaux, gouges et bédanes au tran-
chant plat, arrondi ou de biais, utilisés
pour le mortaisage, l’entaillage… La
bisaiguë, outil de dégrossissage et de
retouche des assemblages, est aigui-
sée à ses deux extrémités : sur le plat
pour former un large ciseau, en bec
de burin pour former un bédane. … 3 5
techniques et matériaux charpente à ferme assemblée P3

[ DESCRIPTION DE MISE EN
ŒUVRE ]
Le charpentier trace une épure,
dessin technique qui représente la
projection sur trois plans de la char-
pente. Elle montre les coupes, les
assemblages, permet le calcul des
côtes et des angles des pièces à réa-
liser et l’estimation du cubage de bois
nécessaire. Une équipe aux ordres du
charpentier réalise les différents élé-
ments en atelier. Puis les éléments
sont assemblés en atelier ou sur le
site, de préférence par temps sec et à
l’abri de la pluie.
En couronnement de maçonnerie sont
disposées les pannes sablières* sur
lesquelles, après calage et/ou scelle- 1

ment, les fermes sont mises en place


d’un bout à l’autre de la construction. [ OUVRAGES ASSOCIES ]
Les pannes sont les éléments de
liaison des fermes. Dans le sens de »» Aspect, finition
la pente, espacés de 50 cm environ, Les éléments de charpente en bois
les chevrons répartissent le poids de sont laissés bruts. La pose de outeau*
la toiture. à intervalles réguliers favorise la ven-
Parmi les différentes formes géomé- tilation des combles, évitant les sur/
triques constituées, le triangle est la sous pressions en cas de tempête.
forme la plus « stable », il est indé-
formable. C’est pourquoi il est indis- 3
pensable de trianguler la charpente.
Le bois offrant des résistances aux 1. Charpente à Bressols ( Tarn et Garonne)
forces en présence, les fermes fonc- 2. Outeau
tionnent par compression ou traction 3. Bressols (Tarn et Garonne)
de chaque élément constitutif. 2 4. Eléments de charpente, Aspet (Haute-Garonne)

»» Couverture associée
La charpente est évidemment très
liée au type de couverture qui assure
le couvert du bâtiment. En Aveyron,
la couverture de lauze de schiste
était autrefois la plus répandue. Mais
elle peut être remplacée par une
couverture en tuiles mécaniques,
tuiles canal, ou bardeaux de bois. La
couverture est mise en place sur un
platelage constitué de voliges* ou de
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

liteaux* de bois. Le scellement des


tuiles varie en fonction de la pente
de la toiture. Les tuiles canal sont
simplement posées et maintenues
en place sous l’action de leur propre
poids. Elles sont scellées lorsque la
pente de la toiture augmente. Les
tuiles mécaniques sont maintenues
4 en place par emboîtement.
techniques et matériaux charpente à ferme assemblée P4

[ USAGE, EVOLUTION ET
TRANSFORMATION ]
»» Usage (typologie, période d’ap-
parition et d’emploi, usage contem-
porain, motifs de disparition …)
Ce procédé est communément utilisé
pour la réalisation d’habitations, ou de
bâtiments agricoles. Deux procédés
se démarquent : l’entrait bas et l’en-
trait retroussé, choisis en fonction de
l’usage que l’on souhaite donner aux
combles. L’entrait retroussé libère un
volume facilement utilisable contrai-
rement à l’entrait bas qui constitue
un obstacle pour une utilisation des
1
combles.
Généralement l’emploi de ces tech- les châtaigneraies ne sont quasi-
niques est considéré comme sécu- ment plus exploitées, ce matériau est
laire puisque connu depuis le Moyen donc remplacé par du chêne ou du
Age. pin. La technique a toutefois évolué
vers des fermettes industrialisées de
»» Évolution, transformation (maté- faibles sections, moins coûteuses,
riau / technique / techniques de (généralement en pin) assemblées
remplacement…) par clouages et agrafes métal-
Autrefois, les charpentes étaient réa- liques. Celles-ci sont positionnées en
3
lisées essentiellement avec du bois moyenne tous les 80 cm et reçoivent
de châtaignier. Mais en Aveyron, une couverture en tuiles. »» Restauration
Il s’agit d’évaluer, de diagnostiquer
puis de consolider, restaurer ou
changer des pièces.
Seules les fermes totalement
abîmées sont déposées et changées.
Les savoir-faire des charpentiers
tiennent essentiellement dans leur
capacité à s’adapter à chaque tech-
nique de charpente et à proposer des
solutions adaptées à chaque situation
pour une restauration.
*Voir glossaire$

1. Charpente à Montgis-
card (Haute-Garonne)
2. Le Verdier (Tarn)
3. Charpente à fermes
(Aveyron)
4. Le Causé (Tarn et
2 Garonne) 4

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Claudine COUGET, CAUE des Hautes-Pyrénées, Pauline RAMIS, CAUE de l 'Aveyron - Date : juin 2011
Crédits photos : CAUE 12, CAUE 31, CAUE 32, CAUE 46, CAUE 65, CAUE 81, CAUE 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

MUR EN PIERRE BRUTE


HOURDÉE
Terre de contraste entre plaine et montagne
Les maçonneries en pierre brute sont utilisées aussi bien pour des édifices
urbains enduits que pour des bâtiments ruraux.

MIDI-PYRÉNÉES

1
2

1. Carte localisant les maçonnerie en pierre brute en Midi-Pyrénées


[ PRÉSENTATION ] 2. Détail de maçonnerie en pierre brute dans le Lot

»» Emprise géographique »» Hourdage* »» Performances (thermique, acous-


Ensemble départements Midi-Pyré- Mortier de terre argileuse, parfois tique, étanchéité…)
nées. enrichi à la chaux Bonne inertie* suivant épaisseur de
Épaisseurs et dimensions : murs l'ouvrage, étanchéité à l'eau et à l'air
»» Définition Mur monté par assem- épais de 50 à 80 cm, constructions à renforcée par le mortier et l'enduit
blage des pierres avec un mortier* qui étage avec mur plus mince au niveau intérieur et/ou extérieur, variant avec
joue un rôle prépondérant. supérieur la dimension des pierres et l'exposi-
»» Milieu : »» Aspect de finition tion.
Pierres assisées* laissées appa- »» Pathologie de vieillissement
Indifféremment en milieu rural et
rentes, finition* assurée par le dres- (matériau/technique):
urbain.
sage* du liant plus ou moins visible Mauvaise qualité de l'appareillage* ou
sur la face extérieure, couleur donnée absence de boutisse*.
PRINCIPE CONSTRUCTIF
par la patine*, le grisement du calcin*, Disparition de l'enduit de protection et
»» Fondations les lichens ou la teinte du liant, délitage* des pierres par éclatement
Pierres brutes avec joints larges et sous l'action du gel, gonflement du
Pose dans une tranchée sur lits de
inégaux, protection par un enduit* à remplissage par infiltration d'eau.
gros moellons* calés.
la terre ou à la chaux* teinté par les Déstabilisation par le tassement du
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»» Matériaux constructifs
sables locaux sol ou la poussée du couvrement .
Calcaire et calcaire gréseux, grès ou »» Outils
schiste, pierres issues de carrières
Marteau et ciseau*, cordeau, Fil à
de proximité ou en réemploi, modules
plomb.
suivant les ressources locales avec
»» Métiers
peu d'intervention de taille, forme irré-
gulière des éléments utilisés bruts ou Polyvalent agricole ou spécialisé.
plus ou moins équarris*, poids adapté
à une manipulation manuelle.
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN PIERRE BRUTE HOURDÉE P2

[ DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE ]

Les matériaux sont approvisionnés sur place et les moel- sable ou et de chaux. Les éléments sont disposés à joints
lons sont triés et nettoyés. verticaux décalés, avec ou sans calage complémentaire
Le chantier commence par la réalisation de tranchées et la suivant la régularité des pierres.
mise en oeuvre de fondations sur le bon sol. Les chaînes d'angle et les ébrasements* des baies sont
Les maçonnerie sont montées avec deux parements* exté- réalisés avec des pierres taillées sur mesure, ou parfois
rieurs dressés* verticalement en rangs plus ou moins régu- des éléments en réemplois, posés au fil à plomb et au
lièrement assisées. cordeau.
Un blocage interne est réalisé au fur et à mesure en petites Les maçonneries peuvent être laissées en pierres appa-
pierres liées à la terre, avec des liaisonnements par bou- rentes. Mais le plus souvent les joints larges et inégaux et
tisses ou parpaings* régulièrement répartis. le dosage approximatif du mortier nécessite une finition
La pose des pierres se fait par calage sur un lit* de pose assurée par un enduit de protection et valorisée par des
épais réalisé avec un mortier de terre argileuse ou de marquages au badigeon* de chaux.

[ OUVRAGES ASSOCIES ]

»» Angles et piliers :
Chaînage d'angle en pierres taillées à angle droit sur 4 ou
5 faces, grands monolithes pour piliers.
»» Baie* et encadrement
Linteau* avec une seule pierre ou arc segmenté* ou linteau
bois, arc de décharge*, jambage* idem angles.
»» Éléments associés
Niche, placards, évier, cheminée, banquette, mangeoire,
escalier. 1 2
Liaison mur toiture
Grandes pierres plates saillantes (lauzes), rangs de
génoises* en briques et tuiles.

1. Gers
2. Hautes-Pyrénées
3. Lamontelarie, Tarn
* Voir glossaire $ 4. Missecle, Tarn 3 4

[ USAGE, ÉVOLUTION ET TRANSFORMATION ]

»» Usage (typologie, période, motifs …) :


• Maçonneries laissées apparentes sur les bâtiments agricoles ou plus souvent enduites pour les bâtiments d'habitation,
• utilisation ponctuelle de moellons de nature différente (pierres ferrugineuses ou gréseuses par exemple) dans les murs
en pierres apparentes,
• choix de roches qui peuvent être de nature géologiques différentes pour faciliter la taille des éléments d'angles et d'en-
cadrement,
• usage très fréquent de pierres en réemploi.

»» Évolution, transformation (matériau/technique) :


• Disparition des carrières locales de pierres et de sables,
• suppression, à l'occasion des travaux de restauration des enduits de protection et des marquages décoratifs au profit
des pierres apparentes.
• Système pénalisé par son coût, parfois remplacé par des éléments de plaquage artificiels.

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Laurence TOULET - CAUE du Lot
Date : juillet 2011
Crédits photos : CAUE 46, 32, 81et 65
Charte graphique : Pauline REDOULES
pratique techniques et matériaux

enduit extérieur
à la chaux ou à la
terre
Cet enduit* s'adapte parfaitement à une maçonnerie ancienne en mouvement et
sensible à l'humidité.

midi-pyrénées

[ PRésENtATION ]

»» Emprise géographique 1. Carte localisant


Utilisés couramment dans la construction depuis l'utilisation de l'enduit
extérieur à la chaux
l’antiquité, les enduits extérieurs sont présents sur ou à la terre en Midi-
l’ensemble du territoire régional. Pyrénées
2. Enduit teinté dans la
Les enduits de terre sont situés sur la zone de bâti en terre masse, Hautes-Pyré-
crue. nées
3. Maison bourgeoise
enduite et couverte
»» Définition d'un badigeon, Lot

Revêtement mural, composé d’une ou plusieurs couches, 4. Maison rurale enduite


dont les détails de
destiné à assurer la protection de la maçonnerie et à façade sont marqués
améliorer l’esthétique de la construction. par un badigeon
3
teinté, Lot
L’enduit est principalement composé d’un ou plusieurs
liants qui peuvent être minéraux (terre), artificiels (chaux*),
ou les deux. Ils sont par la suite mélangés à un agrégat
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(sable local de rivière ou plus récemment de carrière) et


de l’eau. Le dosage varie selon les caractéristiques du
liant* et de son support. L’enduit peut être complété par
un badigeon* qui améliore la protection du mur et apporte
une touche colorée à la façade.

»» Milieu
Milieu rural et urbain.
4
techniques et materiaux enduit extérieur à la chaux ou à la terre P2

[ principe constructif ]

»» Matériaux
La chaux*, matière de couleur blanche ou grise, est obtenue par cuisson des
roches calcaires plus ou moins chargées en matières hydrauliques. Selon la
pureté du calcaire, on parle de chaux aérienne* ou hydraulique*. Pour une
utilisation dans le bâtiment, elle doit être ''éteinte'' car elle est avide d’eau et
brûle tout corps organique qui entre en contact avec elle. Une chaux éteinte se
présente en poudre ou en pâte.
1
La chaux aérienne contient moins de 8% d’argile. Elle est utilisable pour
maçonner, enduire, badigeonner et peindre. Elle est particulièrement adaptée
aux enduits en milieux secs et aux badigeons. La chaux hydraulique provient
de calcaires argileux. Elle contient entre 8% et 20 % d’argile. Elle n’est utilisable
que pour la réalisation d’enduits ou en maçonnerie.

La terre, composée d’argile, de sable et de limon est un bon matériau pour


réaliser des enduits. D’abord tamisée puis broyée, elle est mélangée à de
l'eau, des liants, des fibres végétales ou autrefois des fibres animales (poils
d’animaux). 2

»» Type de pose
• L'enduit à la chaux
Traditionnellement, l’application du mortier se fait à la
main. Une à trois couches sont nécessaires, selon la
nature du support. Le temps de séchage est d’environ 2
semaines pour les chaux à tendance hydraulique et plus
de trois semaines pour les chaux à tendance aérienne.
• L'enduit à la terre
Il doit être élaboré de préférence à partir de la même terre
que celle qui constitue le mur. Pour que les différentes
couches soient de plus en plus poreuses et perméables
à l’air, leur résistance doit être décroissante en partant du
support. Pour une bonne protection, le mur doit bénéficier
3
d’un large débord de toiture et d’un soubassement
maçonné à la chaux qui empêche les remontées
d’humidité.

»» Aspect et finitions
Les finitions traditionnelles : projeté au balai (aujourd’hui
rare), lissé, relevé à la truelle ou taloché.
Selon la nature du bâtiment, l'enduit sera simplement
taloché (grange) ou bien agrémenté d'une couche de
finition, parfois complétée d’un badigeon coloré par des
pigments naturels locaux, pour un habitat bourgeois.
Souvent, les façades sont enduites car la maçonnerie,
composée de moellons assemblés avec un mortier de
terre-chaux, est vulnérable aux intempéries et n’a pas
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vocation à être apparente, contrairement aux murs en


pierre de taille et pans de bois sculptés, qui ont été conçus 4
pour être vu. Le mortier* (de chaux ou de terre) vient
alors en léger retrait ou au nu des pierres, mais jamais en 1. Enduit à la chaux lissé, Tarn-et-Garonne
2. Enduit à la chaux sur structure à pans de bois, Tarn-et-Garonne
surépaisseur.
3. Ensemble bâti enduit. L'enduit de la partie habitation est recouvert d'un badigeon
alors que la grange est recouverte d'un enduit à la chaux plus simple, Ariège
La couleur de l’enduit est donnée par le sable local ou 4. Maison traditionnelle en pierre recouverte d'un enduit à la chaux, Hautes-Pyrénées
par un badigeon de chaux composé de pigments naturels
(terres) ou, plus récemment, d’oxydes.
techniques et matériaux enduit extérieur à la chaux ou à la terre P3

»» Outils
Truelle*, taloche, lisseuse, gamatte, pelle, seau.

»» Métiers
Maçon ou ouvrier agricole.

»» Performances
L’enduit à la chaux (chaux-sable) est un mélange «élastique» qui s’adapte
parfaitement à une maçonnerie ancienne en mouvement et sensible à 1

l’humidité. Il constitue la «peau» du bâtiment et le protège des intempéries, tout


en conservant une perméabilité au gros-œuvre. Son élasticité naturelle limite
la fissuration à condition que le type de pose et le dosage du mortier soient
adaptés au support.

L'enduit à la terre a des propriétés mécaniques très spécifiques. Il absorbe


l’humidité ambiante ou, au contraire, évapore son humidité interne en fonction
de l’équilibre hygrométrique.

»» Pathologie du vieillissement
• Décollement, cloquage et gonflement de l’enduit liés à une mauvaise
adhérence au support et aux couches entre elles.
• Fissurations liées à un mauvais dosage (faïençage).
• Apparition de taches et bactéries (efflorescence, spectres…).
• Décollement de l’enduit de terre dû à une terre trop riche en argile ou au
contraire trop pauvre en stabilisant.
2

[ Description de mise en oeuvre ]

Avant toute intervention, il est nécessaire de réaliser un


diagnostic, permettant de choisir la bonne intervention
en accord avec le bâtiment. Le professionnel qualifié doit
réaliser un sondage de l’enduit (nature, état), relever la
présence éventuelle de pathologies (humidité, fissure…),
et analyser la typologie du bâtiment et les décors.
Dans certains cas il est possible de réaliser une reprise de
l’ancien enduit et d’unifier l’ensemble par un badigeon. Un
"rapiéçage" permet de prolonger la vie d’un enduit plein de
charme.

En général, pour la rénovation d’une façade, on procède


au piquage de l’ancien enduit lorsqu’il est défectueux ou
inadapté, puis au dépoussiérage. L’humidification du
support facilite l’adhésion du gobetis* (première couche)
: le mortier est jeté à la truelle de façon à «salir» le mur
pour une bonne accroche de la deuxième couche. Il est
suivi d’un corps d’enduit (mortier relevé à la truelle ou
taloché). Une couche de finition peut être réalisée de la
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même façon en privilégiant, pour les bâtiments bourgeois,


un sable plus fin pour une mise en valeur de la façade. La
surface de l’enduit est granuleuse et sa texture comporte 3
des agrégats de 0,3 à 1 cm.
1. Cloquage et décollement de la dernière couche d'enduit, Ariège
Un badigeon ou lait de chaux posé «a fresco»* (lorsque 2. Chantier de restauration, réfection d'un enduit à la chaux, Ariège
l’enduit est encore frais) peut venir améliorer la protection 3. Mise en valeur de la façade par la texture et la couleur de l'enduit, Hautes-Pyrénées
et l’esthétique de la façade en redessinant les éléments de
décors existants avant l’intervention.
TEChniques et materiaux enduit extérieur à la chaux ou à la terre P4

• Pour garantir les qualités d'un enduit (respiration, perméabilité) adapté


aux constructions anciennes, sa préparation et sa projection doivent être
manuelles.
Le passage en machine est relativement compliqué sans l’ajout d’adjuvants.
La raison de ces conditions tient à la composition du mortier : chaux naturelle,
sable, eau. Ce mélange est très collant et inadapté aux machines à projeter.
Si le produit vendu est compatible au passage en machine, cela signifie qu’il
contient des adjuvants (naturels ou pas) favorisant sa projection mais pouvant 1
nuire à ses qualités (respiration, perméabilité…). Des normes européennes
permettent de s’y retrouver : on préférera pour les enduits la chaux hydraulique
NHL 3.5, ou 2 et la chaux aérienne CL80 ou Cl 90 mélangées à un sable de
granulométrie variable et si possible local et à de l’eau. Le dosage dépend
du support et parfois plusieurs essais sont nécessaires pour trouver la bonne
formule.
• Terre : pour une bonne mise en oeuvre de l’enduit, les murs doivent être
2
d’abord dépoussiérés puis grattés pour aplanir la surface avant d'être 1. Enduit sur mur en terre crue, Tarn-et-Garonne
légèrement humidifiés. 2. Enduit à la terre, chaux et sable sur structure à pans
Certains supports comme le torchis*, nécessitent une préparation spécifique. de bois, Tarn
3. L'enduit du mur est restauré à l'identique. L'enduit
Lors de l’application, il convient de bien lisser le torchis puis d’effectuer un
d'origine est encore présent sur le choeur de l'église
striage à la truelle en quadrillant la surface à enduire pour faciliter l’accrochage et sert de référence, Ariège
et l’adhérence. 4. Façade restaurée avec un enduit traditionnel badi-
geonné, Ariège
L’enduit est généralement appliqué en deux passes
successives, un corps d’enduit épais et rugueux et une
couche de finition lissée, d’une épaisseur plus faible. Il est
ensuite possible d’appliquer un badigeon.
Sur une ossature bois, l’enduit recouvre entièrement les
pans de bois. Seuls les éléments en saillie ou sculptés
restent apparents ou sont badigeonnés.

[ USAGE, EVOLUTION, TRANSFORMATION ]

»» Usage
• Terre : dans les bâtiments d’habitation.
• Chaux : dans les bâtiments d’habitation, les bâtiments
agricoles et le petit patrimoine. 3

»» Évolution, transformation
• Enduit à la terre : appliqué en intérieur, il permet
d’atténuer l’effet de paroi froide mais un complément
d’isolation des murs de façade est nécessaire.
• Les enduit à la chaux : la tendance au "décroûtage"
qui consiste à enlever l’enduit pour laisser un système
constructif apparent, fragilise ce dernier (pans de bois,
pierre, briques...) en supprimant la protection qu’exerçait
l’enduit et en exposant aux intempéries le mur. De plus,
cela nuit à l’authenticité du patrimoine et au savoir-faire
traditionnel.
La mise en œuvre doit être aujourd’hui en accord avec
le DTU qui n’est pas incompatible avec la démarche
patrimoniale .
*Voir glossaire$ 4

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : CAUE de l'Ariège, CAUE des Hautes-Pyrénées - Date : août 2011
Crédits photos : CAUE 09, CAUE 12, CAUE 46, CAUE 81, CAUE 82, CAUE 65
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
pratique techniques et matériaux

pavage et calade
Empierrements plus ou moins élaborés, ces traitements de sol sont dits
"debout", du fait de la forme et de la pose de leurs éléments constitutifs.

midi-pyrénées

[ PRésENtATION ]

»» Emprise géographique
L'ensemble de Midi-Pyrénées est
concerné.

»» Définition
Traitement de sol fini, en extérieur ou
en intérieur, mettant en œuvre des
matériaux épais ou posés de chant*, 2
fichés dans une forme* de terre, de
sable ou de mortier maigre*. 1. Carte localisant les calades et les pavages en Midi-Pyrénées

Dans le cas du pavage, les matériaux 2. Calade de schiste dans une ancienne cours de ferme, Saint Jean du Castillonnais, Ariège.

utilisés sont des pavés ou des blocs


épais, généralement calibrés, de
pierre ou de terre cuite. [ principe constructif ]
Dans le cas de la calade, les maté-
»» Matériaux constructifs
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

riaux sont bruts et posés de chant. Il


s’agit de pierres ou de galets. Pierres issues de carrières ou de l’épierrement des terres, dont la nature
dépend donc du sol environnant (pierre calcaire, schiste, granite) ; galets issus
»» Milieu des lits des rivières ou des champs ; terre cuite.
Usage en milieu rural et urbain,
aussi bien pour des espaces publics »» Modules et dimensions
(rues, places…) que privés (cours de Dans le cas de la calade : pas de norme, modules de taille réduite présentant
fermes, de châteaux, étables, salles une certaine épaisseur.
communes…). Dans le cas du pavage : modules plus réguliers et calibrés, voire taillés.
techniques et materiaux pavage et calade P2

»» Type de pose
Les matériaux sont fichés verticalement, de chant, dans un
lit de pose souple. Les modules sont posés serrés côte à
côte. La pose est d’autant plus soignée que l’on recherche
de meilleures performances en matière de portance, sta-
bilité ou évacuation des eaux. Une recherche esthétique,
décorative peut guider la pose en alternant les tailles, les
formes et les couleurs de matériaux pour créer des motifs
sur le sol.

»» Outils
Les outils correspondent aux principaux gestes : la dame,
ou demoiselle selon sa taille, pour compacter le sol ; le
piochon pour creuser la terre et y enfoncer les modules
dans le cas de la calade ; le maillet, mailloche ou massette
pour régler leur enfoncement ; le tétu pour les calibrer.

»» Métiers
La mise en œuvre de petits éléments permettait à tous, en 1
auto-construction, de réaliser ce type de sol. Aujourd’hui,
il s’agit d’un réel savoir-faire. Les professionnels s’appe-
laient autrefois caladiers, aujourd’hui caladeurs ou maçons
caladeurs pour la calade, et paveurs pour le pavage.

»» Performances
Ce système constructif met en œuvre de petits modules
donnant à l’ensemble une élasticité : il a donc une bonne
résistance à la compression puisque l’application d’une
lourde charge enfonce les modules plus profondément et
renforce le frottement des uns contre les autres. Il assure
une bonne perméabilité hydraulique en laissant l’eau
s’écouler dans le sous-sol : l’humidité du sol s’évacue
naturellement par évaporation.
Les qualités décoratives sont reconnues, elles offrent une
variété dans les textures de sol. Néanmoins, ce type de
sol peut présenter un relatif inconfort pour la marche. En
cas de pluie les galets peuvent être glissants.

»» Pathologie de vieillissement
Les pathologies sont liées à la portance qu’offre le support
sur lequel sont posés les éléments. Si la forme n’est pas
suffisamment compactée, le sol s’affaisse et devient alors
discontinu, rendant ainsi la marche plus difficile. Le net-
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

toyage peut s’avérer délicat.


Le mortier de pose peut aussi être en cause. Il peut se
déliter suite à une infiltration progressive des eaux de
pluie, les éléments risquent alors de se détacher de l’en-
semble.

1. Recherche esthétique pour signaler la porte d'entrée, cour de ferme à Ibos, Hautes-
Pyrénées.
2. Pavage en roche du Rougier de Camarès, Belmont-sur-Rance, Aveyron.
3 3. Calade qui se délite, Montauban, Tarn-et-Garonne.
techniques et materiaux pavage et calade P3

[ Description de mise en oeuvre ]

»» Travaux préparatoires
Après examen du site pour déterminer le sens d’écoule-
ment des eaux et les pentes, le sol est excavé ou rem-
blayé de la hauteur nécessaire à la mise en œuvre. Cette
hauteur tient compte de l’épaisseur du matériau à poser
et de son lit de pose. Elle est matérialisée par un cordeau.
Ce fond est damé pour obtenir un support stable.
Dans le cas de la calade, les modules sont triés par tailles :
les plus gros serviront aux rives ou au fil d’eau, les moyens
au remplissage et les plus petits pour le calage final.
1

»» Lit de pose
Le fond de forme est rempli par une couche meuble de
terre, de sable ou de mortier de chaux naturelle.

»» Mise en oeuvre 2

Elle débute par la mise en place des pourtours de l’ou-


vrage, constitués par des éléments de plus grosse taille
(grosses pierres ou galets, bordures taillées en pierre ou
terre cuite). On procède ensuite au remplissage par les
3
pavés ou les éléments de moyenne taille dans le cas de
la calade. Les modules sont placés, serrés les uns contre
les autres. Ils sont ensuite enfoncés au maillet dans le lit
de pose jusqu’à obtenir le niveau de sol fini voulu. La pose
s'opère rang par rang en croisant les joints.
Enfin, dans le cas de la calade, les éléments les plus
petits, appelés « bouchons », sont enfoncés de force
à la massette pour venir combler les espaces entre les
modules.
1

»» Jointoiement
Une fine couche de sable ou de terre peut être épandue
au balai sur l’ouvrage, puis mouillée finement à l’arrosoir
pour favoriser sa pénétration entre les éléments. Comme
les éléments sont jointifs, cette étape n’est pas obligatoire.

[ ouvrages associes ]
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Les nez de marche, pas d’âne, caniveaux, bordures…


4 viennent compléter la réalisation des calades ou des
pavages, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur.

1. Les lignes d'eau forment un dessin, Abbaye de Sorèze, Tarn.


2. Coupe sur calade avant damage, schéma CAUE des Hautes-Pyrénées.
3. Coupe sur calade après damage, schéma CAUE des Hautes-Pyrénées.
4. Plan de calade, schéma CAUE des Hautes-Pyrénées.
5 5. Les bordures en pierre cernent la calade, Saurat, Ariège.
techniques et materiaux pavage et calade P4

[ USAGE, EVOLUTION, TRANSFORMATION ]

»» Usage
De manière générale, ces empierrements sont utilisés
pour toute surface boueuse et soumise à un piétinement :
chemins, parvis d’églises, abords des abreuvoirs, lavoirs…
Les calades étaient couramment réalisées dans les rues
des villages et les cours de ferme. Les pavages, plus
urbains, ont fait l’objet d’ordonnances pour leur normalisa-
tion, à travers l’Histoire.

»» Evolution, transformation
L’augmentation de la circulation automobile et l’instabilité
des piétons sur ces surfaces irrégulières ont poussé à les
recouvrir de bitume ou à les faire disparaître. On constate
aujourd’hui un regain d’intérêt, notamment dans les zones
piétonnières des centres anciens.
Les normes d’accessibilité pour les personnes à mobilité
réduite impliquent l’aménagement de surfaces planes,
c’est pourquoi de nouveaux modèles de pavés appa-
raissent, tel que le « pavé confort ».
2
La réalisation de calades est aujourd'hui moins fréquente
et le plus souvent à but décoratif voire de mémoire. On
constate également une perte de savoir-faire dans des
mises en oeuvre où les galets sont noyés dans le ciment,
perdant ainsi les qualités de perméabilité et l’esthétique du
système.
*Voir glossaire$

1. Pavage moderne, Ax-les-Thermes, Ariège.


2. Calade enduite de bithume, Caussou, Ariège.
3. Calade intérieure avant restauration, Gignac, Lot.
4. Calade intérieure après restauration, Gignac, Lot. 4

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Laurelyne MEUNIER, CAUE de l'Ariège
Date : mars 2013 - Crédits photos : CAUE 09, 46, 65, 81, 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

MUR EN BRIQUE CUITE


DITE "FORAINE"
La maçonnerie de brique foraine est sans nul doute le système constructif
le plus emblématique de la région.

MIDI-PYRÉNÉES

1
1. Grange circulaire en brique foraine, Bressols, 82
2
2. Carte localisant les constructions en brique cuite en Midi-Pyrénées

[ PRÉSENTATION ] ou sensibles : piliers, chaînages*, fours spécifiques dans des "tuileries"


encadrements, corniches*, façades installées sur les gisements.
»» Emprise géographique
exposées...
Basses vallées, terrasses et coteaux »» Hourdage*
de la Garonne, du Tarn et de l’Avey-
[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ] Les briques sont montées à rupture
ron soit : les pays toulousains, albi-
de joint*, en boutisses* et/ou panne-
geois et montalbanais, Basse Ariège »» Fondations resses* selon l'épaisseur recherchée.
en Ariège, région du Savès dans le
Souvent peu profondes, quelquefois, Réalisation de voûtes, notamment
Gers, moitié Nord du département de
sur une assise* de pierre, mais aussi, pour les caves.
la Haute-Garonne, Coteaux de Mont-
plus rarement, sur cave voûtée ou non.
clar, Gaillacois, Lauragais et ville de
»» Matériaux d'hourdage
Cahors dans le Lot.
»» Matériaux constructifs Chaux*, sable et terre, selon les dis-
»» Définition Terre argileuse fine et sans défaut ponibilités financières ou techniques.
(graviers...) pour résister à la cuisson,
Murs montés par pose à plat de
moulée, séchée et cuite dans des »» Epaisseur et dimensions
briques de grande dimension, avec
mortier*. Progressivement normalisées vers
40 x 28 x 5 cm.
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»» Milieu
La foraine est plus pratiquée de
manière exclusive en ville. En
campagne, la brique de terre crue
s'impose pour des raisons d'économie
(proximité, énergie, autoconstruction). 3
La foraine est alors, le plus souvent, 3. Détail de mur Renaissance, à Cahors, 46
réservée aux éléments complexes 4. Hangar sur piliers, région du Savès, 32 4
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN BRIQUE CUITE DITE "FORAINE" P2

»» Aspects de finition »» Liaison sur mur toiture


Faces lisses, tons variés selon les Simple débord de chevrons en queue
provenances (du brun orangé au de vache* ou corniche : génoise*
crème) et la cuisson, finition très ou variantes décoratives (quarts de
variable selon les époques, les ronds, doucines*, modillons*, denti-
nécessités techniques et les effets cules*…).
recherchés : depuis la brique nue et
bien cuite avec simples joints* plus [ USAGE, ÉVOLUTION ET
ou moins épais jusqu’aux enduits* TRANSFORMATION ]
sur des briques plus médiocres, en
passant par les badigeons* et les »» Usage
eaux-fortes*.
Tous programmes, de la maison aux
D’abord taillée, poncée (humide), la
dépendances agricoles, aux petits
brique sera employée moulée pour les
édifices (puits, pigeonniers...) comme
détails et les décors à partir du XVIIIe s.
aux grandes réalisations (monu-
1 ments, quais...).
»» Outils
Truelle*, mais aussi marteau et [ OUVRAGES ASSOCIÉS ] »» Évolution, transformation
ciseau*, fil à plomb.
Concentration et industrialisation des
»» Angles et piliers
gisements et des briqueteries. Concu-
»» Métiers Réalisation par pose alternée pour les rence de la brique creuse et des pro-
Maçon spécialisé. angles et pour les piliers. Piliers ronds duits espagnols.
possibles à partir de modules taillés Usage souvent limité aux qualités
»» Performances ou moulés. esthétiques (parements*) ou à la
Qualités thermiques et acoustiques réhabilitation. Quelques recherches
variables selon l’épaisseur de l’ou- »» Baie et encadrement de mise en oeuvre en double mur.
vrage, isolant médiocre mais bonne Au-delà des linteaux* droits clavés * Voir glossaire $
inertie, perméabilité à l’air moyenne, (platebandes*), nombreuses variantes
étanchéité conditionnée par les joints d’arc selon les époques : brisé,
et les enduits éventuels. plein cintre*, anse de panier*, arc
segmentaire.
»» Pathologie* de vieillissement Feuillures* taillées dans les encadre-
Très résistant dans le temps mais ment pour recevoir menuiseries et
faces sensibles à l'humidité et aux volets. Parfois, encadrement bois en
remontées de salpêtre : veiller à un campagne, mais aussi encadrement
bon drainage. Stabilité assurée par la en pierre pour des édifices plus pres-
dimension de l'assise des murs et la tigieux ou dans les zones de transi-
qualité du sol. tion pierre/brique. Utilisation de la
pierre également pour des éléments
spécifiques : pierres gafonnières*,
[ DESCRIPTION DE MISE EN
balcons, décor.
OEUVRE ]
»» Cloisons
Approvisionnement de matériaux,
outils de levage, échafaudage Briques posées sur champs, hour-
(boulins*). dées et enduites au plâtre.
2
Réalisation de tranchées pour fonda-
tions. »» Éléments associés
1. Détail de porte-fenêtre XIXe, vallée de la Lèze, 09
Briques taillées ou moulées pour les Niche, éviers, placards, potagers, 2. Façade de maison de maître néoclassique,
ébrasements* de baies*. cheminées, mangeoires. Roquemaure, 81

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Philippe PIEUX, CAUE de Tarn-et-Garonne
Date : mai 2011 - Crédits photos : CAUE 09, CAUE 32, CAUE 46, CAUE 81, CAUE 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
pratique TECHNIQUES ET MATERIAUX

BARDAGE EN BOIS
Le bardage bois est un système de clôture en façade des granges et locaux
d'exploitation simple et rustique, mais aussi un dispositif de régulation clima-
tique et des motifs ornementaux.

Midi-pyrénées

1 2

[ PRésENtATION ] [ PRINCIPe consTrucTIf ]

»» Emprise géographique »» Matériau


En Midi-Pyrénées, un vaste terri- Ce sont des planches de volige pour le bardage jointif (sapin ou peuplier), des
toire recouvrant l’ensemble des aires liteaux de châtaignier pour les claustras.
rurales boisées dans tous les dépar- En Ariège, on utilise surtout le châtaignier et le peuplier. Les planches ne sont
tements, mais plus particulièrement pas traitées, contrairement aux claustras qui peuvent être peints.
les zones de montagne et de piémont
des Pyrénées, ainsi que les contre- »» Pose
forts du Massif Central. Le bardage jointif vertical est posé planches bord à bord. Assurant une protec-
tion sommaire contre la pluie, il est cloué sur des pièces de charpentes ou des
»» Définition traverses de bois. Les bardages des pignons* très exposés au vent et à la pluie
Le bardage bois est constitué d’un peuvent être réalisés en voliges posées en clins horizontaux.
assemblage de planches d’épaisseur Le claustra est réalisé en liteaux de châtaigniers selon des dispositifs de poses
variable (voliges) ou d’un claustra simples (échelonnage horizontal, pose croisée) ou plus complexes à panneaux
de liteaux*. Le claustra de liteaux, et motifs ornementaux géométriques. Il est réservé aux façades protégées des
apparition tardive (XIXe siècle) liée intempéries et bien exposées des greniers et fenils. Les liteaux ne sont jamais
au développement des techniques entrelacés.
de sciage (scie à ruban) ne concerne
qu’une aire limitée des piémonts des
Pyrénées centrales.
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»» Milieu
Bardage et claustras assurent le clôt
des greniers ou fenils de granges et
de fermes isolées ou regroupées
dans les villages. En montagne, le
bardage, réservé aux espaces de 3 4
1. Carte de l'aire du bardage bois 3. Grenier séchoir, Tarsac 32
stockage et de séchage, est toujours
2. Bardage jointif pour le grenier, à barraudage pour la
édifié sur un soubassement en pierre.
4. Traitement courant en pignon, fenil de grange 09
ventilation du fenil et claustra de porte, Fougaron 31
techniques et matériaux bardage en bois P2

»» Outils
Marteau, tenaille, scie, pose par
clouage

»» Métiers
Ouvrages vernaculaires des paysans
ou de charpentiers pour certains
claustras.

»» Performance
Economie d’ouvrage et réparations
très facile, excellente ventilation des
greniers à claustra.

»» Pathologie
La mise en oeuvre par clouage étant 4
trés simple, les désordres sont facile-
ments réparés. [ description de mIse en oeuvre ]

»» Travaux préparatoires
Liée au matériau et à la tech-
niqueaux conditions climatiques : Le bardage ou le claustra nécessitent la mise en œuvre d’une ossature secon-
Les bardages de voliges, laissés daire qui est chevillée ou clouée sur les pièces de charpente et de plancher.
brut de sciages, sur les façades Seule la pose de claustra requiert une ossature à bois sciés réguliers. On
exposées aux intempéries et au utilise en général des bois de section de chevron* (6 x 8 cm).
fortes variations d'exposition solaire,
peuvent connaître un vieillissement »» Mise en oeuvre
en quelques années, gauchissement, Bardage de voliges* et liteaux de claustras sont assemblés par clouage.
dégradation de la fibre du bois.
[ usage, évoluTIon et transformation ]

»» Types de bâtiments
Greniers, fenils, granges, cloisons de distribution de petits locaux de service en
rez-de-chaussée de granges.

»» Période d'apparition et diffusion de la technique


1 Le bardage bois est en usage dès le Moyen Age, y compris pour la construction
de « masures », son usage sera limité à partir du XIXe siècle aux corps de bâti-
ments d’exploitation. Le claustra en liteaux n’apparaît qu’au XIXe siècle.

»» Evolution / Transformation
Le caractère très décoratif du claustra associé à ses performances de ventila-
tion a favorisé son évolution comme ouvrage soigné et ornemental. Certains
2 riches propriétaires en Comminges pour la réalisation des claustras de greniers
des dépendances de leurs maisons ont emprunté le système méditerranéen de
la persienne à lame.
La constrution semi industrielle de séchoirs à tabac marque une étape de
l'évolution du système constructif au début du XXe siècle. Depuis une dizaine
d'années, le bardage bois est devenu trés fréquent dans l'architecture contem-
poraine en Midi-Pyrénées.
*Voir glossaire $
1. Fenil, pose à espacement large, Surba 09 3. Bardage et architecture d'aujourd'hui, Barbazan 65

2. Séchoir à tabac, Calvignac 46 4. Dépendances de maison de village, Beauchalot 31


3

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Jean-Loup Marfaing, CAUE de Haute-Garonne
Date : juin 2012 - Crédits photos : CAUE 09, 31, 32, 46 et 65
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

MUR EN PISÉ
Le pisé permet de réaliser, grâce à un coffrage, des murs en terre crue com-
pactée par couches successives.

MIDI-PYRÉNÉES

1 2
1. Carte localisant les constructions en pisé en Midi- 3. Soubassement en galet, Burg, 65
Pyrénées
2. Ferme en L, Bernadets Débat, 65

[ PRÉSENTATION ] [ PRINCIPE CONSTRUCTIF ] »» Aspect et finition


Les enduits* étaient réservés aux mai-
»» Emprise géographique »» Soubassement sons d’habitation. Lorsque le pisé est
Tarn : la plaine du Tarn, le Gaillacois, Réalisé en maçonnerie de gros moel- bien sec les façades sont couvertes
le Carmausin l’Albigeois et le Ségala. lons* ou de galets et de chaux*, ce dis- d’un enduit au mortier* de sable et de
Hautes-Pyrénées : zone des côteaux. positif, d’une hauteur variant entre 50 chaux. Les murs exposés aux intem-
Hautes-Garonne : la Vallée de la Garonne. et 80 cm, permet de renforcer la base péries sont parfois protégés par un
Tarn-et-Garonne : la Lomagne, les des murs contre les rejaillissements long pan de toiture qui descend au
coteaux de Monclar, la plaine de Garonne d’eau et les remontées capillaires. plus près du sol, ou bien construits
en partie et ponctuellement autour de avec des matériaux plus résistants.
Lafrançaise. »» Matériaux constructifs
Gers : l’Astarac et le Savès. La terre utilisée est extraite sur place
pendant l’été ou l’automne lorsque
»» Définition son taux d’humidité est naturellement
Technique de construction en terre bon. Il s’agit d’une terre sableuse,
coffrée. La terre argileuse et granu- à peine argileuse contenant des
leuse est compactée à la main par cailloux et des graviers. La couche de
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

couches successives dans un cof- terre végétale, impropre à la construc-


frage* en bois sous forme de blocs tion n’est pas utilisée.
constitués les uns après les autres,
la construction avançant au fur et à »» Épaisseurs et dimensions
mesure de l’élaboration de ces blocs. Les murs sont épais de 50 à 60 cm,
parfois renforcés par des chaînes
»» Milieu d’angles en pierre de taille ou en
Limité aux zones rurales. briques cuites. Les constructions ne
dépassent généralement pas un étage. 3
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN PISÉ P2

»» Outils
Les banches*, constituées de planches
clouées formant deux parois verticales,
le pisoir* en bois utilisé pour compac-
ter la terre, les traverses appelées «
clés » qui permettent de maintenir le
coffrage en place. Le fil à plomb et les
pelles.

»» Métiers
Le maçon ou le charpentier fournit et
pose les coffrages*. Pour le remplis-
sage et le compactage, il était géné-
ralement aidé par une main d’œuvre
locale.

»» Performances
Très bonne inertie* thermique, régule
l’humidité présente dans l’atmos-
phère, sa densité atténue la réverbé-
ration des sons.

»» Pathologie du vieillissement
Quand le matériau est bien protégé il
vieillit bien. Toutefois sur les façades
3
exposées aux intempéries la disparition
de l’enduit entraîne une érosion natu-
relle sur une faible épaisseur de terre.
Lorsque les reprises de banchées ne
sont pas alternées cela donne des
alignements de joints* verticaux sur
plusieurs hauteurs de banchées qui
occasionnent des faiblesses particulière-
ment dans les angles des bâtiments.
Sous l’effort d’une poutre de plancher ou
d’une ferme* le mur peut être ponctuel-
lement écrasé, ce qui nécessite la mise
en place d’une semelle de répartition en
bois pour répartir les charges.
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1. Différentes étapes de la construction d'un mur en pisé 3. Détails de construction d'un mur en pisé
2 2. Joints verticaux superposés, Castex, 32 4. Érosion du mur exposé aux intempéries, Chélan, 32
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN PISÉ P3

[ DESCRIPTION DE MISE EN ŒUVRE ]

La terre, de consistance presque sèche, est mise en


œuvre sous forme de blocs relativement imposants et bien
horizontaux d’environ 3 à 4 m de long sur 60 à 90 cm de
haut pour une épaisseur de 50 à 60 cm. Elle est jetée à la
pelle dans un coffrage en bois constitué de « banches » puis
elle est compactée à l’aide d’un « pisoir » en bois par deux
ou trois hommes installés à l’intérieur du coffrage. Le rem-
plissage se fait par couches successives de terre d’environ
8 cm, donnant aux parois un aspect lamellisé.
Le remplissage terminé, le coffrage est démonté pour être
remonté à côté. L’opération se répète ainsi jusqu’à réali-
ser plusieurs hauteurs de banches. Entre chaque assise
le chantier est arrêté pendant une dizaine de jours pour
laisser sécher la terre. La durée du chantier s’étale sur plu-
sieurs mois. 1

Chaque région a ses variantes :

Dans les vallées du Tarn, du Tarn et Garonne et de la Garonne, on distingue un type de pisé par couches filantes sur
toute la longueur des façades sans aucune marque de trous ou de joints. Le coffrage était maintenu depuis le sol par des
perches verticales et obliques qui assuraient la stabilité.

Plus au sud dans l’Astarac et le Magnoac et une partie de la Bigorre, les banchées sont ponctuées tous les 3 ou 4 m par
des joints verticaux sans mortier. On peut nettement repérer les hauteurs de banches grâce aux petits orifices dont on
perçoit encore la trace. Ils correspondent à l’emplacement des pièces de bois qui traversaient le mur pour maintenir les
banches. La création d’ouvertures était délicate. Lors de la construction, il fallait placer des cadres en bois à l’intérieur
des banches, à l’emplacement prévu pour chaque ouverture. Une fois l’ensemble des murs achevés on retirait la terre
présente à l’intérieur des cadres.

Dans le nord du Tarn et l’Albigeois, les murs sont absents de trous laissés par les traverses. Les banchées se terminent
par des raccords obliques. Les joints sont soulignés par un cordon de mortier de chaux appliqué sur une faible épaisseur
qui a pour but d’assurer l’étanchéité et favoriser l’accroche de l’enduit. Les encadrements des ouvertures ainsi que les
chaînes d’angles sont majoritairement en moellons ou briques de terre cuites.

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1. Détail de banchées, Castex, 32


2. Trous de clés, Castex, 32
2 3. Ferme en L, Castex, 32
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX MUR EN PISÉ P4

[ OUVRAGES ASSOCIES ] [ USAGE, ÉVOLUTION ET


TRANSFORMATION ]
»» Baies et encadrements
Selon les régions les linteaux* et les jambages* seront »» Usage
bâtis en bois ou en briques de terre cuite, plus rarement en Bâtiments d’habitation, bâtiments agricoles modestes mais
pierre de taille. Ces encadrements ne se trouvent que du aussi de grandes granges.
côté extérieur.
»» Évolution, transformation
»» Liaison mur toiture Aujourd’hui la production est mécanisée. La terre est
Un large débord de toiture permet de rejeter l’eau de pluie malaxée mécaniquement, elle est ensuite versée dans
le plus loin possible des murs. Les chevrons* reposent sur des coffrages métalliques par des engins de levage à
une pièce de bois noyée dans le haut du mur qui limite les godets puis compressée à l’aide d’un fouloir pneumatique.
efforts de poinçonnement. L’épaisseur varie entre 30 et 50 cm.
Les nouvelles techniques de mise en œuvre rendent
possible la réalisation de murs courbes et permettent de
composer avec des blocs de couleurs différentes ce qui
confère au matériau une esthétique résolument contempo-
raine et contribue à son renouveau.
* Voir glossaire $

1. Débord de toiture Chélan, 32


2. Bâtiment agricole, Estampures, 65
3. Mur accumulateur, Éco-centre Pierre et Terre, Riscle, 32
4. Construction neuve, Nord Montauban, 82 4

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Jean-François GARDÈRE, CAUE du Gers - Date : avril 2012
Crédit photos : CAUE 32, CAUE 65, CAUE 81, CAUE 82, Association Pierre et Terre
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
pratique techniques et matériaux

mur en galet hourdé


Matériau naturel en abondance en Midi-Pyrénées, le galet est recherché
pour ses effets esthétiques.

midi-pyrénées

1
1. Carte localisant les ouvrages en galets hourdés en
Midi-Pyrénées
2

[ présentation ] est abondant dans les lits des rivières


et dans le sol et s’impose comme
une évidence en tant que matériau.
Il constitue de nombreux murs et
»» Emprise géographique pavages. Un souci de recherche
En Ariège, la Basse-Ariège est esthétique s’allie à la maîtrise d’une
concernée par les constructions technique d’appareillage pour pro-
en galets. Dans les Hautes-Pyré- duire des spécificités locales dépen-
nées, les constructions en galets se dantes des formes, des calibres et
repèrent dans la région du piémont, des couleurs des galets employés.
les vallées de l’Echez, de l’Adour, de En combinaison avec des matériaux
l’Arros, de la Baïse et des Nestes et différents, briques ou schistes*, les
dans les serres d’altitudes modestes réalisations présentent une grande
qui les séparent. Dans le Lot, ce prin- diversité de motifs.
cipe constructif est présent autour du Son emploi se généralise à partir du
e
Puy Brun, Girac et Bretenoux. Dans XIX siècle avec l’industrialisation de
le Tarn, ce système de construction la production de la chaux*, notam-
est identifié dans la vallée de l’Agoût ment hydraulique. 3

et du Tarn (technique mixte). Dans le


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Tarn et Garonne, on le trouve dans »» Milieu


la plaine de la Garonne. Extrait directement des ressources
naturelles du terroir, le galet est utilisé
»» Définition autant en ville qu’à la campagne, sur
Le galet est présent en Midi-Pyré- les bâtiments publics comme sur les
nées dès l’Antiquité notamment dans bâtiments privés.
le béton romain, en remplissage de 2. Mur de galets colorés à Ibos, Hautes-Pyrénées
murs entre deux parements* (Arènes 3. Grange à Tarsac, Gers
de Purpan ou remparts à Toulouse). Il 4. Mur mixte galets et terre crue, ferme Brens, Tarn 4
techniques et matériaux MUR EN GALET HOURdé P2

[ principe constructif ] formes et les épaisseurs. Les petits [ DESCRIPTION DE MISE EN


galets viennent stabiliser et combler ŒUVRE ]
les interstices. Plus les galets sont
réguliers, plus l'appareil peut être fin.
»» Fondations Quand il n’est pas prévu d’enduire les Les galets sont posés de manière à
Les massifs de fondations sont murs et que ce sont des murs ''vus'', éviter l’alignement vertical des joints
montés en utilisant les galets comme l’aspect esthétique est soigné : diffé- qui provoquerait une fissuration (coup
des moellons*, à un niveau légère- rents motifs sont dessinés. de sabre). Quand ils sont posés de
ment inférieur au sol fini. manière oblique, on alterne le sens
»» Métiers (en épi ou en fougère), pour équilibrer
Cette technique ne requiert pas une les poussées.
qualification spécifique. Toutefois, le Enfermée entre les deux faces exté-
maçon doit adapter son savoir-faire à rieures, une garniture mortier/galet (la
ce type de matériau. fourrure) se fait sans souci d’ordre. A
intervalles réguliers, une rangée de
galets plats faisant boutisse »» Performances galets plats, de briques ou de schistes
(la boutisse)* lie les deux faces et
fourrure elles sont comparables à celles de
réassoit l'assise.
la pierre froide. La forte présence du
En partie basse, le schiste est privilé-
mortier rend ce système constructif
gié car il fait barrage aux remontées
schistes faisant boutisse dépendant de la nature de ce dernier.
d'humidité. Un fil est tendu entre les
deux extrémités du mur pour contrôler
l’alignement des galets, tandis que l’on
l'alignement vertical des joints
s’assure de la verticalité à l’aide du fil
est évité
1 à plomb.
A Toulouse et dans la région toulou-
»» Matériaux saine (vallée de la Garonne) jusqu'à
la limite du Lot-et-Garonne, on ren-
les galets sont employés sans inter-
contre de nombreux bâtiments et murs
vention de taille.
de clôture réalisés sur le système dit
Ils sont le produit d’érosion lié à un
« à la planche ». Il s'agit d'une alter-
transport sur une certaine distance 2
nance d'assises de galets en épi ou
dans les rivières. Par frottement,
non, avec des galets de parement . Ils
la roche d’une grande dureté est
sont bloqués contre des banches* et
devenue lisse et arrondie. Son façon-
hourdis au mortier de chaux, avec une
nage met en évidence son histoire : la
ou deux assises de briques foraines
taille du galet est d'autant plus impor-
faisant boutisses reprenant la planimé-
tante qu'il a été déposé en amont par
trie. Le rythme est d’environ 50 cm de
une eau de torrent. Plus il roule vers
hauteur. Des assises en adobe* sont
l’aval et endure le transport fluvial,
parfois incorporées dans le montage.
plus sa taille diminue. Son aspect est
Il en résulte une planéité du mur où
défini par son origine, sa couleur par
les encadrements en brique foraine
ses constituants minéraux.
s’alignent avec la maçonnerie en
galets. Dans le Tarn-et-Garonne des
»» Hourdage
villes et villages comme Verdun-sur-
Hourdés* au mortier* de chaux Garonne, Grisolles, Bessens, Dieu-
hydraulique, les murs sont bâtis pentale, sont particulièrement riches
sur 40 cm à 60 cm d’épaisseur par d'exemples. En Haute-Garonne, on
3
assises* successives.
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peut citer la commune de Carbonne.


L’utilisation des galets est parfois
»» Aspect de finition associée aux mottes de terre en
La forme et le calibre du galet dictent damier des murs de l’Astarac.
le type d’appareil*, irrégulier ou régu-
1. Coupe et élévation d'un mur en galets - schéma du
lier. Les murs de gros galets sont CAUE des Hautes-Pyrénées
montés comme des murs de pierre, 2. Mur mixte galets-moellons à Girac, vallée de la
disposés en quinconce au fil des Dordogne

rangées, en mariant entre elles les 3. Façade en galets, dans le Lauragais, Haute-Garonne
4 4. Grange au lieu-dit les Pujols, Ariège
techniques et matériaux MUR EN GALET HOURdé P3

[ OUVRAGES ASSOCIES ]

»» Angles et piliers
Les angles de murs sont chaînés
à l'aide de gros galets allongés, de
briques foraines (courant en Haute-
Garonne) ou de pierres taillées. Il
s'agit de former des tirants horizon-
taux pour éviter à la structure bâtie
de se dissocier. Les têtes de murs
de clôture sont bâties de manière à
évacuer l'eau de pluie. La pointe est
constituée d'une rangée de galets
resserrés, chapeautée par une
rangée de galets obliques.

»» Baie et encadrement 1 2
Ils sont réalisés en brique foraine ou
plus rarement en bois.

1. Chaînage d'angle en galets à Ibos dans les Hautes-Pyrénées


»» Liaison mur-toiture
2. Chaînage d'angle en brique à Tarsac dans le Gers
Elle se fait en brique foraine sous 3. Alternance briques et galets à Dieupentale dans le Tarn-et-Garonne
différentes formes :
- simple débordement de carreau
de terre cuite
- génoises* ou corniches* plus tra-
vaillées. L'ouverture dans le mur est
l'occasion supplémentaire de faire
preuve d'originalité.
La contrainte technique de la
portée est résolue avec l'aide d'un
matériau et d'une mise en oeuvre
adaptés : terre cuite, schiste, pierre
taillée ou bois. Avec ces matériaux,
l'artisan peut exploiter avec astuce
la propriété mécanique, la forme et
la couleur.

4. Motif de petits et grands galets avec alternance d'un


lit horizontal et d'un lit en épi (ou fougère ou en arête
de poisson) - dessin CAUE des Hautes-Pyrénées
5. Motif de petits et grands galets : alternance d'un lit
horizontal et deux lits horizontaux de petits galets
(double arête de poisson) - dessin CAUE des
Hautes-Pyrénées
6. motif feuilles de fougères avec alternance d'un lit de
schiste ou de brique
3
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

4 5 6
techniques et matériaux MUR EN GALET HOURdé P4

[ USAGE, EVOLUTION ET
TRANSFORMATION ]

»» Usage
Ce système constructif est utilisé
dans les bâtiments mais aussi dans
les murs de clôture. Son emploi a été
généralisé dans des ouvrages liés
au chemin de fer (murs de soutène-
ment de la voie encaissée entre la
gare Matabiau et celle de St Agne).
Le galet comme matériau de
construction a été employé jusqu’à
e
la première moitié du XX siècle.
Puis il a été abandonné peu à peu 1

après la première guerre mondiale.


Des techniques industrielles vont
produire des matériaux par trans-
1. Mur en assises alter-
formation mécanique des matières
nées avec galets en
premières : blocs agglomérés de épi à Lescure dans
le Tarn
ciment, de terre. L’emploi de ces
2. Maison de ville à
nouveaux matériaux, plus faciles et Dieupentale dans le
plus rapides à mettre en oeuvre, va Tarn et Garonne

entraîner la quasi disparition d’un 3. Mur en gabion à


Tarbes dans les
savoir-faire. Hautes-Pyrénées

»» Evolution, transformation
Le motif des murs en assises alter-
nées et les galets en épis est
souvent repris pour son effet esthé-
tique dans l’architecture « néo-tou-
e
lousaine » du XX siècle. Le galet va
toutefois être encore employé pour 2
une recherche esthétique sur un
soubassement, une partie de mur…
Sa mise en oeuvre, en maçonne-
rie ou en parement, techniquement
facilitée par le béton comme liant
est alors originale. Aujourd’hui, le
gabion (cage métallique qui retient
la pierre) permet la réalisation de
murs massifs et stables. la mise
en oeuvre est simple et rapide. Les
cages sont remplies en carrières et
livrées prêtes à poser.
Parallèlement, la technique tradi-
tionnelle du mur de galet hourdé à
la chaux connaît un renouveau : le
patrimoine est pris en considération
et rénové avec soin.
* Voir glossaire $ 3

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Claudine Couget, CAUE des Hautes-Pyrénées
Date : juin 2012 - Crédits photo CAUE 09, CAUE 31, CAUE 46, CAUE 65, CAUE 81, CAUE 82-
Charte graphique : Pauline REDOULèS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

COUVERTURE EN LAUZE
CALCAIRE EMPILÉE SUR
VOÛTE
Terre de contraste entre plaine et montagne

Réalisés à partir des ressources géologiques locales, ces couvrements


s'apparentent aux techniques de maçonnerie en pierre sèche.

MIDI-PYRÉNÉES

1
2

1. Carte localisant les couvertures de lauzes calcaire empilées sur voûte en Midi-Pyrénées
2. Cazelle à restaurer sur le Causse de Gramat, Lot

[ PRÉSENTATION ] [ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]


»» Emprise Géographique »» Matériaux
Lot : Bouriane, Causses du Lot, Tarn- Les lauzes de calcaire étaient à l’origine extraites sur des séries géologiques
et-Garonne : Causse de Caylus et litées et des bancs de surface facilement exploitables qui fournissaient les réa-
notamment Ginals et Lacapelle-Livron lisations locales. Leur qualité dépend du type de gisement et des couches d’ex-
Aveyron : Grand Causses et ponc- tractions exploitées. La couleur claire au sortir de la carrière s’oxyde à l’air avec
tuellement le Villefranchois. le temps et prend des nuances grises.

»» Définition »» Modules, Dimensions


Mode de couverture réalisé avec Le couvreur peut avoir à sa disposition des lauzes de récupération ou des
des pierres plates épaisses de cal- lauzes neuves qui doivent être retaillées.
caire (lauzes) assisées et calées par Les pierres sont extraites et clivées en dimensions variées (format allant de 20
empilement sur une forme de pente à 60 cm, avec une épaisseur de 3 à 6 cm environ) et sont ensuite retravail-
(pose dite par extension «en tas de lées sur le chantier pour leur donner une forme plus régulière dont l’arête est
charge*»). adoucie.
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

»» Milieu »» Type de pose


Les couvertures en lauzes de calcaire Les lauzes sont posées à sec, avec une faible inclinaison, en assises suc-
sont encore présentes en milieu rural, cessives et avec un pureau* variable qui définit la silhouette du toit. Elles sont
sur des annexes agricoles (cazelles, calées les unes sur les autres et travaillent en tas de charge, leur poids et leur
pigeonniers, citernes, granges…), fort recouvrement les empêchant de glisser. La pente donnée au toit est d’au-
dans des fermes isolées ou des vil- tant plus forte que la taille des lauzes disponibles est petite.
lages, mais aussi sur des monuments Cette mise en œuvre est fréquemment utilisée pour le couvrement des toitures
(absides d’églises). portées par une voûte en coupole ou demi-coupole.
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX COUVERTURE EN LAUZE CALCAIRE EMPILÉE SUR VOÛTE P2

»» Évacuation des eaux »» Métiers


Ce système est utilisé sur des toits à forte pente (entre 50 A l’origine non spécialisé, ce travail est aujourd’hui plutôt
et 150 %) qui accélèrent l’évacuation des eaux. Ce sont les réalisé par des maçons, leurs compétences concernant
conditions de pose, d’inclinaison, de chevauchement et de la sélection des pierres, la taille des lauzes et leur calage
blocage des pierres qui doivent assurer le bon écoulement sont primordiales.
des eaux.
»» Performances
»» Traitement des points particuliers Le poids des lauzes contribue à une bonne résistance à
• les égouts sont constitués par des rangs de grandes l’arrachement des couvertures. Ce mode de couvrement
pierres plates, souvent plus épaisses, qui s’appuient offre une forte inertie qui est due à l’épaisseur du support.
directement sur le mur gouttereau et sont scellées avec
un débord de 5 à 10 cm. »» Pathologie de vieillissement
• Le faîtage est réalisé avec une grande pierre plate Ce matériau peut être réemployé mais les lauzes
épaisse posée sur le sommet de l'édifice et servant de anciennes deviennent difficiles à trouver.
dalle de recouvrement. Elle est souvent surmontée par Les principales causes de vieillissement sont liées à la
un empilement de pierres plates ou un épi de faîtage. qualité de la pierre plus ou moins poreuse et gélive.
Les toitures doivent être, si nécessaire, nettoyées et les
»» Outils lauzes débarrassées des feuilles, des mousses ou des
lichens qui peuvent maintenir l’humidité et nuire à l’écou-
Masse, massette, ciseau, taillant, cordeau, gabarit.
lement des eaux.

[ DESCRIPTION DE MISE EN ŒUVRE ]

»» Travaux préparatoires extérieure homogène qui définit la silhouette de la toiture


L’organisation du chantier repose sur un travail préalable et peut être contrôlée par un gabarit (pour les formes en
de tri des différentes lauzes nécessaires à la réalisation de cloche par exemple). Les lauzes sont retaillées si besoin
la couverture et sur l’organisation du stockage à proximité. au fur et à mesure pour obtenir une régularité des assises
Les lauzes sont reprises une à une pour vérification de la et un bon recouvrement des joints.
qualité des pierres et sont seulement équarries pour leur La réalisation du faîtage avec des pierres plus grandes
donner une forme plus ou moins régulière. Les pierres couvrant la dernière assise termine l’ouvrage.
plates sont regroupées suivant leurs dimensions et leur
planéité.
Dalle de recouvrement sommitale
Lorsque la réalisation de la couverture est indépendante lestée d'un épi de faîtage
de celle de la voûte, un blocage est préalablement réalisé
sur cette voûte avec un mortier de terre ou un mortier
maigre de chaux et de cailloux. Ce blocage renforce la sta-
Voûte en encorbellement
bilité de la voûte et définit une forme de pente qui peut être Blocage définissant
la forme de pente
différente de la forme de la voûte. Il permet de donner à la
toiture sa forme originale (forme cloche, pyramidale...).
Lauzes de couverture
»» Mise en œuvre calées à sec
La pose commence par la réalisation de l’égout, avec des
lauzes rectangulaires plus grandes et plus épaisses qui
sont posées à plat avec un débord pour faire larmier* par
rapport au nu du mur.
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

La mise en œuvre de la couverture se poursuit avec des


lauzes qui sont inclinées vers l’extérieur avec un dévers
d’environ 15 % et posées à sec avec un fort recouvrement.
Chaque lauze est calée et bloquée si nécessaire par l’ar-
rière en utilisant en complément des éléments plus petits.
La pose est réalisée par assises successives qui sont
décalées latéralement pour recouvrir les joints du rang
inférieur.
Les pureaux* sont réglés pour obtenir une ligne de pente
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX COUVERTURE EN LAUZE CALCAIRE EMPILÉE SUR VOÛTE P3

1 2
1. Chantier école de restauration d'une caselle, Lot
2. Four à pain et fournil accolés à Corn (après travaux), Lot

[ OUVRAGES ASSOCIES ]

»» Les lucarnes
Des ouvertures de toits peuvent être réalisées par un
ouvrage maçonné au niveau de la rive ou au milieu du long
pan.

»» Les épis de faîtage


La pierre sommitale est parfois surmontée par une pierre
dressée qui forme un épis de faîtage.

»» Les lanterneaux
Certaines couvertures conservent une ouverture au
sommet, qui est alors couverte par un lanterneau porté sur
une base maçonnée et formé de pierres debout surmon- 1
tées d’un chapeau en pierres empilées.

Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

2 3 4

1. Cabane à Caylus, Tarn-et-Garonne


2. Caselle sur le Causse de Limogne, Lot
3. Pigeonnier avec lanternau sur une aire à
battre à Montvalent, Lot
4. Pigeonnier carré restauré à Lunegarde,
Lot
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX COUVERTURE EN LAUZE CALCAIRE EMPILÉE SUR VOÛTE P4

[ USAGE, ÉVOLUTION ET TRANSFORMATION ]

»» Usage »» Évolution, transformation


Ces toitures ont permis d’utiliser les ressources locales En voie de disparition, les couvertures de calcaire en
sans recours à des matériaux manufacturés. lauzes empilées, lourdes et délicates à réaliser, ont été
Elles sont surtout conservées sur de petits bâtiments remplacées par des couvertures de tuiles plates ou à
ruraux : annexes, pigeonniers, fournils, grangettes... emboîtement qui ont permis d’améliorer l’étanchéité du
bâtiment.
Les travaux de restauration soutenus par des politiques Ces toitures ont besoin d’être régulièrement suivies et
publiques de valorisation du patrimoine rural (fonds reprises partiellement lorsque certains éléments ont gelé.
départemental "Patrimoine Remarquable" dans le Lot) Les techniques de pose de lauzes scellées au mortier ne
ont permis de retrouver les savoir-faire traditionnels et les sont pas utilisées dans la région de Midi-Pyrénées, car
couvertures de lauzes calcaires sont reconnues comme les pierres disponibles sont tendres et friables et doivent
emblématiques dans certaines régions. rester ventilées en sous-face.
Ce mode de couvrement est cependant très coûteux et L’utilisation de mortier et de ciment pour coller les pierres
nécessite un savoir-faire très particulier. Il souffre parfois et palier aux difficultés du calage conduit à accélérer la
de problèmes concernant l’approvisionnement, la qualité dégradation du matériau. L’insertion d’une étanchéité com-
des matériaux ou leur taille, ou encore la fiabilité de la plémentaire n’est pas souhaitable car se créent alors des
mise en œuvre. problèmes de condensation qui nuisent à la pérennité de
Il a ainsi des difficultés à être réalisé sur de grandes sur- la voûte support.
faces, reste réservé à des bâtiments à valeur patrimoniale
et n’est jamais utilisé dans la construction neuve.

* Voir glossaire $

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Laurence TOULET - CAUE du Lot
Date : Juillet 2013
Crédits photos : CAUE 46, CAUE 82
Charte graphique : Pauline REDOULES
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

COUVERTURE
EN TUILE PLATE
La tuile plate est un module de terre cuite léger adapté aux grandes toitures
comme aux détails.

MIDI-PYRÉNÉES

[ PRÉSENTATION ]

»» Emprise géographique
Lot : Causses de Gramat, Causses
de Martel, Bouriane, Quercy Blanc,
Nord du Limargue et du Ségala.
Gers : Rivière basse et Pardiac.
Tarn-et-Garonne : pointe Nord-Est
du département.
Haute-Pyrénées : pointe Nord-Ouest.
Dans les zones où elle est présente,
on trouve également d’autres maté-
riaux (tuile canal, ardoise, lauze et
tuile mécanique dite "de Marseille").
Elle peut également apparaître ponc-
1
tuellement hors de cette emprise 1. Maison rurale, Causses de Martel, 46
géographique sur des ouvrages spé- 2. Carte localisant les couvertures de tuiles plates en Midi-Pyrénées
cifiques tels que les pigeonniers. 3. Étable-grange, Caylus, 82

»» Définition
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

La tuile plate est mise en œuvre sur une toiture à forte pente (entre 100 et
150%) dite "celtique". Elle est de petit format, d’où une grande quantité d’élé-
ments par mètre carré (de 60 à 70). Elle est reconnaissable dans le paysage
non seulement par sa couleur brune mais aussi par les grandes lignes horizon-
tales qu’elle dessine sur les toits.

»» Milieu
3
Rural et villageois.
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX COUVERTURE EN TUILE PLATE P2

[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]

»» Matériaux
La tuile plate est réalisée à partir de terre cuite, matériau
abondant en Midi-Pyrénées. Elle y est pourtant peu pro-
duite car relativement peu présente. Toutefois, elle fait
aujourd'hui partie des produits proposés par l’industrie.
Dans le bâti ancien, le petit modèle, de 17 cm x 28 cm, est
le plus répandu. Aujourd’hui, on trouve des moules de plus
grandes dimensions. Elle est d’une épaisseur de 15 à 22 mm.

A l’origine, il existait deux façons de fabriquer des tuiles


plates : la fabrication en pâte molle et celle en pâte dure. 1
La première consiste à mouiller largement l’argile, voire
même à la laisser tremper plusieurs jours, et à la malaxer
abondamment avant de la faire cuire. On obtenait alors
une homogénéité d’aspect et de matière.
La deuxième consiste à mouiller avec parcimonie l’argile et
à la malaxer mécaniquement avant de presser la pâte.
Aujourd’hui, la première méthode tend à disparaître.

»» Évacuations des eaux


L’évacuation des eaux est assurée par la forte pente de
la toiture, complétée éventuellement par la présence d’un
coyau* en bas de pente (voir fiche charpente à fermes 2
assemblée $).

»» Traitements des points singuliers


Égout*
Il est formé :
• soit par un à trois rangs de pierres plates scellées au
mortier*, ayant une légère pente vers l’extérieur et sup-
portant le premier rang de tuiles,
• soit par une corniche* réalisée en terre cuite appelée
génoise* simple, composée d’un rang de tuiles canal pris
entre deux rangs de briques pleines disposées de manière
à obtenir un débord d’une vingtaine de centimètres, 3 Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

4 5
1. Schéma de pose de tuiles plates sur liteaux* 4. Grange, Justin, 32
2. Détail d'égout, Causse de Gramat, 46 5. Couverture de grange, Durban, 46
3. Toit à la Mansart, Loze, 82
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX COUVERTURE EN TUILE PLATE P3

1 2 3

• soit, dans le Lot, par un débord des chevrons* dont l'extrémité est alors
souvent chantournée* en doucine*.

Noue*
Elle est traditionnellement réalisée au mortier de chaux* mais elle peut être en
zinc.

Arêtier*
Il est réalisé :
• soit en tuiles canal posées en recouvrement, scellées au mortier et formant
ainsi un couvre-joint,
• soit à joint* vif c’est-à-dire en coupant la tuile suivant la pente de l’arêtier de
façon à obtenir une arête vive. La tuile taillée étant souvent irrégulière, une
embarrure* peut être réalisée.

Solin*
Il est traditionnellement réalisé au mortier bâtard. Cependant, il est possible de
compléter l’étanchéité à l’aide de bandes de zinc noyées dans le mortier. 4

Rive* en pignon*
Plusieurs réalisations sont possibles :
• soit le chevron de rive est scellé en retrait, le crépi du mur pignon se termine
sous les tuiles scellées,
• soit le chevron de rive est scellé avec un léger débord, ce qui est préférable
pour une maçonnerie apparente. Le scellement au mortier de la tuile de rive
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

doit former une goutte d’eau pour éviter les salissures du mur,
• soit la rive vient buter contre le pignon maçonné et s’apparente à un solin.

Faîtage*
5
Il est exécuté à l’aide de tuiles canal se chevauchant dans le sens opposé aux 1. Pigeonnier, Montaigu, 82
vents dominants et scellées au mortier bâtard. Aux extrémités du faîtage, il 2. Pigeonnier, Solomiac, 32
existait souvent des épis* en pierre ou en terre cuite qu’il faut conserver. 3. Pigeonnier, Le Verdier, 81
4. Arêtier et solin de cheminée, Causses de Martel, 46
5. Détail d'arête et de faîtage, Lot, 46
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX COUVERTURE EN TUILE PLATE P4

»» Métier
Couvreur.

»» Performances
L’étanchéité est assurée par la pose à triple recouvrement.
Ce système constructif n’apporte aucune isolation ther-
mique mais permet une ventilation naturelle des combles
et des greniers.

»» Pathologie* de vieillissement
1
La porosité de la terre cuite en fait un matériau vulnérable
à la pluie et donc au gel. Les conséquences peuvent être
une détérioration du lattis* de pose, entraînant des défor-
mations de la couverture, un éclatement sous l’effet du gel
et le développement de mousses et lichens.
Son deuxième point faible tient à son accrochage par un
ergot qui la rend sensible au vent et peut engendrer un
glissement des éléments.

[ DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE ]

»» Travaux préparatoires
Un lattis horizontal est cloué sur les chevrons. L’espace-
ment des lattes tient compte du chevauchement des tuiles. 2

1. Tuiles mécaniques en remplacement de tuiles plates, Caylus, 82


»» Mise en oeuvre
2. Remplacement partiel en tuiles mécaniques, Gourdon, 46
Les tuiles plates sont posées à triple recouvrement et s’ac- 3. Remplacement en tôle, Rocamadour, 46
crochent par leur ergot au lattis. La mise en œuvre d’une
couverture en tuile plate commence toujours par la pose
de l’égout.

[ OUVRAGES ASSOCIÉS ]

Ouvertures de toit : lucarne*, outeau*...

[ USAGE, ÉVOLUTION ET
TRANSFORMATION ]
»» Usage
3
Typologie : la couverture en tuile plate concerne tous types
de bâtiments dans les zones où elle est dominante. Ail- Les tuiles plates sont souvent un matériau de substitution
leurs, elle apparaît ponctuellement pour des édifices parti- à la lauze calcaire ou au chaume.
culiers tels que tours ou pigeonniers ou pour des ouvrages Au XXe siècle, elles sont remplacées elles-mêmes par
spécifiques (brisis* de toit à la Mansart* dans le Quercy, l’ardoise ou la tuile mécanique dite "de Marseille", voire
croupe de toit en tuiles canal à l'Ouest du Gers). aujourd'hui par la tuile romane.

»» Évolution, transformation Ce matériau n’est pas menacé de disparition, mais son


Les premières tuiles plates apparaissent dans le nord et prix de revient assez élevé (fourniture et pose) le destine
le centre de la France à la fin du XIe siècle. Elles étaient plutôt aux restaurations* et aux constructions neuves de
fabriquées dans des tuileries produisant également des qualité.
carrelages. * Voir glossaire $

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Laurelyne MEUNIER, CAUE de Tarn-et-Garonne
Date : août 2012 - Crédits photos : CAUE 32, CAUE 46, CAUE 81, CAUE 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
pratique techniques et matériaux

mur en pierre sèche


Habile empilement de pierres sans mortier, ce système constructif est celui
des emblématiques gariottes, cazelles et autres orris.

midi-pyrénées

1 2
1. Carte localisant les constructions en pierre sèche en Midi-Pyrénées
2. Cabane en pierre sèche, Causses, Aveyron
[ PRésENtATION ]
3. Détail de maçonnerie en pierre sèche, Tarn-et-Garonne

»» Emprise géographique [ principe constructif ]


Ariège : Haut-Couserans et Haute-
»» Fondations »» Outils
Ariège. Aveyron : Causses. Haute-
Garonne : Luchonnais. Lot : Causses Ouvrage souvent appuyé directement Pioche, barre à mine, massette*,
(Martel, Gramat, Cajarc, Limognes, sur la roche qui affleure, sinon pierres marteau pour retaille sommaire.
Lalbenque). Hautes-Pyrénées : plus larges calées dans une tranchée,
contreforts pyrénéens. Tarn-et- à l'exclusion de tout mortier. »» Métiers
Garonne : Causses du Quercy, Polyvalents agricoles.
Rouergue. »» Matériaux constructifs
Pierres trouvées à l'état naturel, »» Performances
»» Définition issues de l'épierrement des champs Faibles ; qualités thermique et
Mur monté sans mortier*, par ou de micro-carrières locales. acoustique suivant épaisseur
empilement de pierres qui sont Modules suivant les ressources de l'ouvrage ; étanchéité selon
stabilisées les unes par rapport aux géologiques locales (plaquettes, l'exposition du pan de mur et qualité
autres par leur forme et leur poids. blocs...). de la pose, grande perméabilité* à
l'eau et à l'air mais variant avec la
»» Milieu »» Epaisseurs et dimensions
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.

nature du remplissage de petites


Exclusivement en milieu agricole Murs épais de 60 à 90 cm à la base, pierres.
diffus et villages ruraux. avec amincissement progressif dans
leur élévation. »» Pathologie de vieillissement
Constructions le plus souvent de Problème de tassement du sol,
plain-pied, parfois à un étage, hauteur délitage* de la pierre par le gel dans
jusqu'à 4,5 m, plus en pignon*. les micro-fissures ou la porosité du
matériau, déstabilisation par poussée
»» Aspect de finition du couvrement, effet de glissement
Pierres nues, patine* et grisement du en chaîne des pierres.
calcin*, lichens.
fr

3
techniques et matériaux mur en pierre sèche P2

[ Description de mise en oeuvre ]

»» Travaux préparatoires
Les pierres nécessaires à chaque étape de la construction
sont triées par qualité, dimensions et formes. Le stockage
est organisé à proximité du chantier. Soit la base du
mur s'appuie directement sur le sol rocheux, soit elle
est constituée par une tranchée dont le fond horizontal
s'appuie sur un sol stable. Plus large que le mur, cette
fondation est ensuite remplie avec les pierres les plus
grosses, calées avec soin par des pierres de qualité. Elle 1 2
offre ainsi une assise* uniforme et très stable. Suivant la
nature de l'ouvrage, des repères peuvent être matérialisés,
avec une perche au centre et un cordeau pour une
construction de plan circulaire par exemple.

»» Mise en oeuvre
Les lits* d'assises sont réalisés rang par rang sur toute
la largeur du mur. Les pierres sont disposées à plat dans
leur sens originel, avec la tranche la plus épaisse vers la
face extérieure du mur, la plus grande dimension dans
l'épaisseur du mur et la surface légèrement inclinée vers
l'intérieur. Elles sont fréquemment croisées pour servir de
boutisses* et l'intérieur du mur est bloqué avec soin par 3
1. Détail de pignon, Causses de Martel, Lot
des pierres plus petites et de la terre (en Ariège), jusqu'à
2. Toue de Doumblas, Arrens, Hautes-Pyrénées
mise à niveau de l'assise. De larges pierres traversantes
3. Cabane d'orris, Ariège
servant de parpaings* sont régulièrement disposées pour
liaisonner les deux parements*. Les joints* sont toujours
croisés entre les assises empilées successivement et les
»» Eléments associés
parements sont posés avec un léger retrait, pour obtenir
un fruit* progressif proportionnel à la dimension prévue Intégrés dans l'épaisseur des murs : niche, cheminée,
pour l'ouvrage. banquette, mangeoire.
La progressivité de la réalisation et la dimension des
éléments utilisés rendent ces ouvrages réalisables par »» Liaison mur toiture
une personne seule (sauf dans le cas d'éléments associés Grandes pierres plates saillantes (lauzes).
comme les monolithes) et en toute saison (pas d'utilisation
d'eau, pas de risque de gel ni de conditions de séchage). [ USAGE, EVOLUTION, tRANSFORMATION ]

[ OUVRAGES ASSOCIES ] »» Usage


Cabanes ou abris de bergers, bâtiments agricoles
»» Angle et pilier modestes mais aussi grandes granges.
Contructions arrondies pour éviter les pierres d'angles,
sinon chaînages qui peuvent être en pierres taillées à »» Evolution, transformation
angle droit sur 2 faces (dans le Lot). Grands monolithes Technique reprise pour de petits bâtiments ou des
pour piliers (dans le Lot). constructions emblématiques du patrimoine rural
traditionnel.
»» Baie et encadrement Disparition des savoir-faire pour les grands bâtiments :
Linteau* avec une seule pierre ou linteau bois, arc transformation avec étanchéité intérieur et extérieur
de décharge*, jambage* en pierre, parfois taillée ou (éclatement des arêtes pour rejointoiement*).
monolithe. * Voir glossaire$

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Laurence TOULET, CAUE du Lot - Laurelyne MEUNIER, CAUE de l'Ariège
Date : juin 2012 - Crédits photos : CAUE 09, CAUE 46, CAUE 12, CAUE 65, CAUE 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

DALLAGE
Réalisation de sols en dalles de pierre et/ou terre cuite.

MIDI-PYRÉNÉES

2
1. Carte localisant les dallages en pierre ou en terre cuite en Midi-Pyrénées
2. Sol des couverts de la Place Nationale, Montauban, 82

[ PRÉSENTATION ] Ils diffèrent des pavages ou calades* réalisés avec des éléments plus compacts
(cf. fiche "Pavage et calade").
»» Emprise géographique
Totalité de la région Midi-Pyrénées »» Milieu
avec les nuances suivantes : dallages
Les dallages sont utilisés en zones rurales et urbaines, pour toutes construc-
en pierre majoritairement présents
tions (habitations, bâtiments publics, petits édifices), plus rarement pour des
dans les départements de l’Aveyron,
constructions à vocation agricole où les sols sont généralement en terre battue.
Ariège, Hautes-Pyrénées et Lot.
Le dallage pierre est souvent utilisé en extérieur (places, escaliers) ce qui est plus rare
Dallages en terre cuite plus fréquents
pour la terre cuite qui a des performances moindres (sensibilité au gel, aux chocs).
dans les départements de la Haute-
Garonne, Tarn-et-Garonne, Gers,
Basse Ariège et Volvestre. [ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]

»» Matériaux
»» Définition
Traitement de sol fini, en intérieur • Matériau pierre : généralement issu de carrières proches, mais parfois
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

ou extérieur, comprenant la pose de éloignées selon les disponibilités locales et la qualité recherchée (ex.
dalles sur support (terre, empierrement marbre des Pyrénées) ou provenant de prélèvements de dalles sur site.
ou autre, voire ossature) pour usage Les matériaux varient selon la géologie des lieux : calcaire (Aveyron, Ariège,
piétonnier presque exclusivement. Gers, Haute-Garonne, Lot, Tarn-et-Garonne), schiste (Aveyron, Lot, Pyré-
Les dalles sont des éléments posés nées), granite (Tarn, Pyrénées).
à plat en terre cuite ou en pierre, • Matériau terre cuite (issu de production locale) : les dalles en terre cuite sont
de format le plus souvent carré ou constituées d’un matériau identique à la brique foraine c'est-à-dire une terre
rectangulaire, et dont le rapport argileuse, fine, moulée, séchée et cuite dans les fours à des températures
épaisseur/surface assure la rigidité. plus élevées que pour la brique.
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX DALLAGES P2

1 2

»» Modules et dimensions
Les modules sont plus ou moins façonnés selon la qualité du matériau.
• Dalles en pierre : épaisseur minimale de 45 à 50 mm, parfois 100 à 120 mm,
voire 160 mm pour des utilisations spécifiques (voir paragraphe "Usage, évolu-
tion, transformation"). La pose peut être en opus incertum* ou en opus romain*.
Il existe aussi des dallages très géométriques avec pose régulière à joints*
décalés. Le façonnage s’apparente alors à la taille de pierre. Largeur des dalles
très variable, longueur/largeur : minimum 30/30 jusqu'à 100/150, voire au-delà.
• Dalles en terre cuite : pose à joints décalés ou en diagonale à 45° avec 3
parfois effet de damier. On trouve également des modules polygo-
naux (hexagonaux et octogonaux). Les formats de dallage en terre cuite
sont généralement plus petits que les formats pierre et moins variés.
Jusqu'au XVIIe siècle, les dallages en terre cuite sont de format plus réduit.
Formats carrés de 29/29 à 36/36, formats rectangulaires, longueur/largeur :
20/40, 27/39.

»» Type de pose
Dalles posées à plat sur support en terre compactée ou sur sable, parfois mélan-
gés de chaux*. Pose avec joints au mortier* chaux et sable (largeur maximale : 5
mm) ou pose à joints vifs*.

»» Aspect et finition
Finition brute de pose, prenant un aspect poli ou bouchardé* pour la pierre, à
grain fin en surface pour la terre cuite. Des effets de dessin sont parfois obtenus
grâce à des poses élaborées comme les poses en damiers ou en bandes avec
différenciations de couleurs.
Les dalles en pierre calcaire peuvent présenter des effets de brillance dûs à
l’usure de leur surface.
Des provenances diverses de l’argile sont à prendre en compte, notamment 4

pour sa couleur. Les rouges proviennent des argiles les plus courantes et plus
riches en fer, les beiges de marnes correspondant à des dépôts plus anciens.
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

1. Sol de l'église, Verdun-sur-Garonne, 82


2. Sol du parvis d'une chapelle, Castelnau-Montmiral, 81
3. Sol de bolet, Lacapelle-Livron, 82
4. Sol d'une maison, Gignac, 46
5 5. Coupe sur dallage - Dessin : CAUE 82
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX DALLAGES P3

»» Outils
Outils employés suivant les étapes de mise en œuvre des dallages :
• le piochon pour la préparation des sols (creuser la terre, enfoncer les dalles)
et la dame ou demoiselle (compacter le sol avant pose des dalles),
• le maillet ou massette et le niveau pour régler l’enfoncement et la surface finie.

»» Métiers
La mise en œuvre des dallages pouvait être réalisée par des artisans maçons 1
pour les petits modules (pierre et terre cuite). Par contre, la pose de grands
éléments nécessite l’intervention des caladiers ou maîtres maçons, par
exemple pour les grands dallages parfois rencontrés dans les édifices religieux.

»» Performances
La pierre présente une bonne tenue dans le temps, le calcaire se durcit par la
formation du calcin* renforçant ainsi sa résistance à l’abrasion, au frottement et
aux intempéries.
2
La terre cuite peut présenter une bonne durabilité posée en extérieur si elle est
protégée par une toiture (ex. : auvent, porche d’église, couverts).

La particularité de cette technique est aussi de bien résister à l’humidité et


aux effets néfastes de remontée d’eau par capillarité, les dallages présentant
rarement des fissures ou altérations dues à l’eau. Ceci est certainement dû au
mode de pose à la chaux, terre, parfois sable ou gravier, qui apporte une bonne
perméabilité du sol, une bonne respiration des joints et de la forme de pose
sous dallage.
3
»» Pathologie de vieillissement 1. Dallage en marbre dans une rue, Saint-Béat, 31
Les pathologies sont de deux ordres : 2. Dalle en marbre (serpentine) sous bolet, Cahus, 46
3. Dalles en granit, Lacourt, 09
• cas de portance insuffisante (mauvais compactage ou réglage du support) :
4. Plafond d'une maison XIXe, Montauban, 82
déformation et fissures,
• infiltrations des eaux de pluie ou remontées capillaires, en surface ou par le
mortier de pose : délitage* des matériaux, notamment en cas de gel.
Pour l'entretien, les dalles endommagées peuvent être remplacées à l'unité par
des modules identiques.

[ DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE ]

»» Mise en oeuvre
La mise en œuvre la plus courante est celle sur support
plein, à savoir la pose sur une forme à même le sol com-
posée de terre, chaux, petits graviers, aplanie avant pose
des dalles. Celles-ci sont ensuite posées et encastrées de
façon très régulière afin d'obtenir une surface plane pour
sol fini.
Des cas particuliers existent, à savoir :
• la pose sur ossature pour les dalles de terre cuite ("plan-
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

cher/dalle" en terre cuite) : pose des dalles en terre cuite


ou planche bois sur solives bois, d'axe à axe, formant
des travées de 40 à 45 cm environ, recouvertes d'un tout
venant (terre, chaux, éléments végétaux) et pose d’une
dernière couche de dalles pour finition, 4
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX DALLAGES P4

• le cas particulier de la pose d'appui à appui pour les


dalles en pierre : celles-ci ont un très grand format (type
pierre de Septfonds) et sont posées à chaque extrémité
sur des appuis en pierre, formant ainsi une sorte de
dalle auto-portante.

[ OUVRAGES ASSOCIÉS ]

Les marches d’escaliers, nez de marches, formes de cani-


veau, fils d'eau, bordures ou autres sont des ouvrages
qui viennent compléter la réalisation d’un dallage, sur des
espaces extérieurs ou intérieurs (cf. fiche "Pavages et
calades").
On peut citer pour exemple le cas d'une composition sous
des couverts où on lit clairement l’association d'un dallage 1
à d’autres éléments de sol qui permettent de créer un
ensemble homogène.

[ USAGE, ÉVOLUTION ET TRANSFORMATION ]

»» Usage
Le dallage permet la réalisation de sols intérieurs et extérieurs praticables, solides et finis. Les dallages anciens méritent
d'être conservés ou réemployés.

»» Évolution, transformation
Les dallages existent toujours en tant que solution de traitement de sol pour des aménagements extérieurs et intéri-
eurs, certaines carrières ayant été ré-ouvertes pour satisfaire à la demande, pour des aménagements d'espaces publics
notamment.
On constate aussi que les matériaux de synthèse (pierre reconstituée, bétons divers, etc.) produits industriellement rem-
placent les matériaux naturels. Ils répondent à des normes strictes en termes de résistance aux intempéries, trafic, usure.
Ils permettent l'application de techniques nouvelles et de nouveaux effets esthétiques (dalles sur plots...).
Le développement des transports favorise l'utilisation de matériaux de provenance lointaine notamment pour les espaces
publics. Cette tendance entre en concurrence avec l'usage de matériaux locaux et peut conduire à une banalisation des
aménagements.
* Voir glossaire $

1. Dalles porteuses du palier dans un ancien couvent, Saint-Antonin-Noble-Val, 82


2. Dessin de piliers et dallages de la Place Nationale, Montauban, 82 - Dessin : CAUE 82
3. Vue en perspective de piliers et dallages de la Place Nationale, Montauban, 82 -
Dessin : CAUE 82

2 3

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Dominique LEGRAND et Philippe PIEUX, CAUE de Tarn-et-Garonne
Date : avril 2013 - Crédits photos : CAUE 09, CAUE 31, CAUE 46, CAUE 81, CAUE 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

ARC DIAPHRAGME
Ce système constructif permet l'adaptation et l'économie de moyens dans un
territoire où manque le bois de charpente.

MIDI-PYRÉNÉES

[ PRÉSENTATION ]

»» Emprise géographique
Larzac, Causses, vallée de la Sorgue,
St Affrique, Rougiers, Lévézou, Mon-
tagne Noire.
Dans toute la région pour l'architec-
ture "savante".

»» Définition
Ensemble de maçonnerie porteur
d'une charpente, formé par un mur
transversal au bâtiment, monté sur un
grand arc.
2
1. Carte localisant les arcs diaphragmes en Midi-Pyrénées
»» Milieu
2. Grange, La Cavalerie, 12
Grandes fermes, mas, jasses* : milieu
rural et agricole. »» Modules et dimensions
Habitations : milieu urbain. Les arcs* (brisés ou en plein cintre*) maçonnés sont disposés à intervalles
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

réguliers formant ainsi des travées. L’espace entre chaque arc est en partie
[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ] déterminé par la longueur des poutres de bois utilisées pour supporter la
volige*. La travée considérée comme un véritable gabarit, permettait d’estimer
»» Matériaux la longueur de la jasse, la largeur étant constante.
Les arcs diaphragmes* sont réalisés Les arcs font en moyenne entre 50 cm à 1 m d'épaisseur et sont espacés de
en pierre, le plus souvent en calcaire, 3 à 4 m formant ainsi une charpente de pierre. La dimension des arcs varie en
matériau principal des Causses, fonction du type de construction (petites dimensions dans les bâtiments agri-
parfois en schiste*, en gneiss*, en coles et dimensions importantes dans les habitations).
grès ou en brique. Le nombre de travées varie en général de 3 à 5 mais pouvait aller jusqu’à 9.
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ARC DIAPHRAGME P2

»» Aspect de finition
Les moellons* sont équarris*, taillés
plus ou moins grossièrement.

»» Type de pose
La mise en œuvre des arcs néces-
site un cintre* en bois. Les pierres
sont assemblées avec du mortier* de
chaux* et sable mais on trouve aussi
des arcs en pierre sèche.

»» Outils
Pointe, ciseau, massette*, taillant*…

»» Métiers
Maçon, tailleur de pierre, charpentier.

1
»» Performances
Ce système de charpente présente
les mêmes performances qu’une
charpente en bois, notamment pour le
contreventement* de la toiture.
De plus, les arcs permettent de répar-
tir le poids des poussées vers les
murs ou les contreforts*. Ce système
permet d’économiser le bois.

»» Pathologie de vieillissement
Aucune pathologie propre n'a été
signalée. En règle générale, si les
murs soutenant les arcs ne se sont
pas effondrés ou écartés, les arcs
restent en place. Les problèmes sont
donc extérieurs au système lui-même.

Des dégradations peuvent néanmoins


2
avoir lieu par disparition ou défaut
de la couverture et donc créer des
problèmes d’étanchéité, d’infiltration
d’eau ou de gel des pierres.
Des dégradations d’ordre technique
ou de mise en œuvre peuvent aussi
expliquer l’effondrement de certains
arcs.
Mais comme on peut le constater
sur les illustrations, les arcs se main-
tiennent.
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1. Arc brisé, Le Lévézou, 12


2. Arc en pierre sèche, Saint Beauzely, 12
3. Arc en plein cintre, Sorèze, 81 3
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ARC DIAPHRAGME P3

[ DESCRIPTION DE MISE EN
OEUVRE ]

»» Travaux préparatoires
L’organisation du chantier commence
par la préparation des matériaux, des
mortiers et du cintre en bois chargé
de recevoir l’arc. Le mortier est réalisé
à base de chaux et sable. Les moel-
lons utilisés pour l’arc sont grossière-
ment taillés.

»» Mise en oeuvre
La mise en œuvre des arcs se fait à
la belle saison. Les moellons sont
positionnés sur le cintre et jointés
1
avec du mortier.
1
Selon les secteurs et dans les
causses de l'Aveyron, la forme de
l’arc conditionne en partie la construc-
tion : les arcs en plein cintre per-
mettent l’édification d’un étage ; par
contre il est moins courant pour les
arcs en ogives* d'avoir un second
niveau. Néanmoins, les arcs d’ogives
répondent mieux aux problèmes liés à
la poussée et au poids.

[ OUVRAGES ASSOCIÉS ]

»» Contrebutement*
Le contrebutement de la poussée des
arcs diaphragmes est assuré soit par
des contreforts (ou encoulos), soit par
le mur (d’une largeur importante) ou
par les bâtiments adossés.
2
Quand il y a des contreforts, ils ont le
plus souvent une forme triangulaire
ou de talus dans le prolongement
de l'arc diaphragme. Ils peuvent être
présents sur un seul côté, au nord
comme au sud, et même parfois à
l’intérieur.

»» Couverture
Les arcs supportent des pannes*
parfois de faible section, associées
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ou non à des chevrons* qui, avec la


volige, constituent la charpente. Les
structures en bois sont en chêne ou
en pin. La couverture est en lauze
calcaire du pays ou en tuile canal.

1. Structure de jasse, Millau, 12


2. Structure de jasse, Millau, 12
3 3. Grange, Le Lévézou, 12
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ARC DIAPHRAGME P4

»» Plancher et stockage »» Évolution, transformation


On remarque souvent une poutre Abandonnés au XXe siècle, les arcs diaphragmes sont remplacés par des char-
horizontale en bois ou du moins le pentes en bois de pin ou de chêne. L’approvisionnement en bois n’est plus,
vide laissé par celle-ci dans le mur depuis plusieurs dizaines d’années, un problème dans les Causses.
de l'arc diaphragme. En revanche, l'approvisionnement en pierre est plus difficile aujourd'hui pour
Cette poutre n’a aucun impact sur le une mise en œuvre, notamment en grès du Rougier.
système constructif en lui-même. Elle
permet de porter un plancher créant »» Restauration
ainsi une zone de stockage. Il faut penser à consolider, quand ils existent, les contreforts associés aux
arcs. On restaure les arcs, après dépose de la couverture et de la maçonnerie
[ USAGE, ÉVOLUTION ET jusqu'à l'extrados*. Puis on reconstruit la maçonnerie.
TRANSFORMATION ] Le démontage des arcs est très peu pratiqué lors d'une restauration.
* Voir glossaire $
»» Usage
En Aveyron, les arcs diaphragmes
ont pour originalité de concerner
toutes les structures : bâtiments agri-
coles, grange, jasses (bâti emblé-
matique des Causses) comme les
habitations.

Ce système, qui fait partie intégrante


du style caussenard, fut à la base
mis en œuvre pour pallier au manque
de bois, mais on considère que l’in-
fluence de l’architecture méditerra-
néenne y est pour beaucoup.
Cette technique s’est ensuite propa-
gée dans des zones abondantes en
bois, les artisans se sont donc trans-
mis les savoir-faire, du Causse au
Rougier ou au Lévézou.

Cette technique, connue en France


dès l'époque romane, est utilisée en
Aveyron depuis le XVIe siècle.
Néanmoins, son emploi est plus
généralisé au XIXe siècle.

1. Arc diaphragme réinterprété, anciens abattoirs (XIXe),


Finhan, 82 1

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Pauline RAMIS, CAUE de l'Aveyron
Date : mars 2013 - Crédits photos : CAUE 12, CAUE 81, CAUE 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

CHARPENTE À CHEVRON
FORMANT FERME
Ce dispositif économique permet de dégager des grands volumes de stockage.

MIDI-PYRÉNÉES

[ PRÉSENTATION ]

»» Emprise géographique
Aveyron, Lot et Tarn : Nord Aveyron, 2

Quercy, Lévézou, Ségala, Monts de 1. Carte localisant les charpentes à chevron formant ferme en Midi-Pyrénées

Lacaune. Massif pyrénéen : Haut 2. Détail d'une charpente à chevron formant ferme, Millau, 12

Couserans, Haute Ariège, Hautes


Pyrénées, Haute Garonne.
Aujourd’hui, il est remplacé par le chêne (pièces longues). En Ariège, on utilise des
»» Définition bois non équarris* appelés "perches", l'entrait étant remplacé par un simple "joug".
Charpente en bois sans panne*,
»» Modules et dimensions
composée uniquement de chevrons*
rapprochés formant arbalétriers*, Les charpentes à chevrons doivent respecter des dimensions précises. Les
d'entraits* retroussés et liteaux* ou de portées sont d'environ 5 à 6 m et les chevrons sont généralement espacés de
voliges* jointives permettant le contre- 60 cm pouvant aller jusqu’à 1 m, la section ne dépassant pas 15/15 cm. Ils sont
ventement*. coupés dans la longueur du tronc de l’arbre de manière à dégager deux sections.
La section s’amenuise au fur et à mesure de la hauteur. On économise ainsi le bois.
»» Milieu
»» Aspect de finition
Les charpentes à chevrons sont uti-
lisées dans tous les milieux : urbain Les éléments de charpente en bois sont laissés bruts.
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comme rural, habitations et bâtiments


agricoles. »» Type de pose
Ce système constructif demande une pente d’environ 80%. La mise en œuvre
[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ] est facilitée par l’utilisation de petites sections. On peut ainsi monter la char-
pente sans outil de levage important ou par la force de l’homme.
»» Matériaux
Les charpentes à chevrons étaient à »» Outils
l’origine en châtaignier (pièces courtes). Herminette*, doloire*, ciseaux*, gouges*, bisaiguë*…
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX CHARPENTE À CHEVRON FORMANT FERME P2

»» Métiers
Ce sont des charpentiers qui réalisent ce type d’ouvrage.
Toutefois, ils travaillent en collaboration avec les maçons et
les couvreurs.

»» Performances
Le rapprochement des chevrons, associé à la volige,
permet un bon contreventement. Les chevrons répar-
tissent régulièrement le poids de la toiture vers les murs,
créant ainsi un équilibre des poussées dans la structure.
La facilité de mise en œuvre de ce système est un de ses
atouts majeurs.

»» Pathologie de vieillissement
Les principales causes de dégradation liées aux matériaux
et aux conditions climatiques sont :
• les cassures dues à des défauts du bois ; 1

• le pourrissement des appuis des chevrons ;


• les infiltrations notamment dues au manque de jointoie-
ment des lauzes ou tuiles canal et entraînant un pourris-
sement des bois ;
• la dégradation des bois due aux parasites et aux champi-
gnons (varie en fonction des bois et de leur composition).

Les principales causes de dégradation liées à la technique


sont :
• le fléchissement causé par le sous-dimensionnement
des bois, les surcharges ou les entraxes trop importants ;
• les cassures dues aux surcharges ou au sous-dimen-
sionnement des sections ;
• les charpentes à chevrons s’abîment souvent au 2

niveau des assemblages notamment entre l’entrait et le


chevron, c’est le point faible des charpentes à chevrons ;
• la faiblesse du contreventement.
Les dégradations les plus importantes sont essentielle-
ment dues au manque d'entretien des charpentes et aux
problèmes d’étanchéité de la couverture qui laissent s’infil-
trer l’eau.

[ DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE ]

»» Travaux préparatoires
Une équipe aux ordres du charpentier réalise les différents
éléments en atelier (chevrons et entraits).

»» Mise en oeuvre
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Les éléments sont assemblés sur le site de préférence


par temps sec et à l’abri de la pluie. Après calage ou scel-
lement, les chevrons engagés dans la maçonnerie* sont
reliés à la base par une sablière*, puis par la volige ou des
liteaux. La pose se fait d’une extrémité à l’autre.

1. Croquis de charpente à entraits retroussés et volige


2. Charpente de grange-étable, Le Lévézou, 12
3. Détail de charpente à chevrons et liteaux, Viazac, 46 3
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX CHARPENTE À CHEVRON FORMANT FERME P3

Les charpentes à chevrons formant ferme fonctionnent par


compression du chevron et traction de l'entrait.
Afin d’équilibrer la maçonnerie et la charpente, des jambes
de force d’environ 60 à 70 cm sont souvent insérées dans
le mur.

[ OUVRAGES ASSOCIÉS ]

»» Couverture
La charpente est évidemment très liée au type de couver-
ture qui assure le couvert du bâtiment. La couverture est
mise en place sur un platelage* constitué de planches ou
de liteaux de bois.
Sur les charpentes à chevrons, on retrouve principalement
une couverture en lauze de schiste ou calcaire, dont la
finition est souvent laissée brute, une partie sciée et une
partie travaillée à l’herminette.

En Ariège, couvertes en chaume à l'origine, elles seront


renforcées pour recevoir une couverture d'ardoise.
Dans le Lot, la couverture sera réalisée également en tuile
plate.

Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

1. Charpente "à petits bois", Salles-la-source, 12


2. Ferme, Quercy Blanc, 46
3. Détail de liaison avec le mur couvert avec coyau - Croquis : CAUE 65 3
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX CHARPENTE À CHEVRON FORMANT FERME P4

[ USAGE, ÉVOLUTION ET La restauration d’une telle charpente ne nécessite pas for-


TRANSFORMATION ] cément le démontage en totalité de la charpente. Seuls les
chevrons abîmés sont déposés entièrement. Ce sont donc
»» Usage des interventions de renfort ou de reprise. La charpente
Cette technique est communément utilisée pour la réali- est retaillée et les pièces abîmées sont éliminées.
sation de bâtiments et annexes agricoles mais aussi des Les charpentes à chevrons ou toutes charpentes non-
maisons d’habitation. clouées sont plus simples à restaurer car le système d’as-
L’entrait retroussé libère un plus ample volume favorisant, semblage et de répartition des charges permet de déposer
dans les structures agricoles, le stockage de la paille et, seulement les sections abîmées.
dans les habitations, l’aménagement de chambres sous la Ainsi, le système continue de fonctionner même si une
couverture. partie de la structure ne joue plus son rôle porteur.
Ce système ancien est avéré dans le Midi dès la seconde
moitié du XIIIe siècle. Les savoir-faire des charpentiers tiennent essentiellement
dans leur capacité à proposer des solutions adaptées à
»» Évolution, transformation chaque charpente.
* Voir glossaire $
Sous l’Ancien Régime, le système évolue, on emploie
des chevrons plus longs avec une inclinaison plus forte
de la toiture. Les charpentes à chevrons ayant une portée
limitée, leur usage disparaît au profit des charpentes ayant
une portée plus grande.
Il arrive aussi, quand le bois le permet, d’utiliser des che-
vrons courbes ou des planches de champs suivant le dis-
positif des charpentes "à petit bois" (Philibert Delorme),
jouant sur la forme de la charpente en berceau ou dite en
carène.
En Aveyron, les châtaigneraies ne sont quasiment plus
exploitées, ce matériau est donc remplacé par du chêne
ou du pin. De plus, le châtaignier est généralement com-
mercialisé pour la menuiserie, le bois n’est donc pas
adapté à un usage pour la charpente.
Aujourd'hui, les charpentes à fermettes fonctionnent sur
le même principe mais ne permettent pas de dégager un
volume utile en combles.

»» Restauration
Il s’agit d’évaluer, diagnostiquer puis consolider ou restau-
rer les pièces à changer ou à conserver.
Au cours des restaurations, on renforce l’assemblage
entrait-chevron par un assemblage en queue d’aronde* 1
réalisé par l’extérieur. 1. Grange-étable, Viazac, 46

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Pauline RAMIS, CAUE de l'Aveyron
Date : décembre 2012 - Crédits photos : CAUE 12, CAUE 46
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
pratique TECHNIQUES ET MATéRIAUX

COUVERTURE
Tuile courbe ou
DE Tuile(dite
creuse creuse
tuile
dite "canal"
canal)
Une
Textecouverture
Chapeau d'origine romaine, commune à l'Europe du sud et au monde
méditerranéen, qui n'a cessé d'évoluer.

Midi-pyrénées

Riusto consendre mod dit nullandreet, secte tinci tem irit nullut
verat. Enibh euis at. Rostie tem zzriure molesed ex euguer
sequamet, quatuer sectem quat iliquat, sum zzrillum nonsecte
feum vel iure duisi eu feugiamet, si.

2
[ PRésENtATION ]
La diffusion de la couverture de tuile »» Pose
»» Emprise géographique canal est liée à l’évolution de la cou- La couverture est réalisée sur un voli-
En Midi-Pyrénées, la tuile creuse verture romaine avec l’abandon de la geage plus ou moins jointif. Les tuiles
recouvre un vaste territoire. La cor- tegula dès le Haut Moyen-Âge. sont posées à sens inversées selon
rélation de données climatiques (alti- leur usage en courant ou en couvert.
tudes inférieures à 800 M), zones »» Milieu Les tuiles de courant (ou canal)
d’enneigement faible) et de gisement La tuile canal est le matériau de cou- sont posées sur leur face convexe
de matériaux à proximité (terrains verture commun à tous types de bâti- avec têtes (grand galbe) en haut, et
argileux, vallées limoneuses) est à ments (habitat urbain et rural, édifices queues (petit galbe) en bas du sens
l’origine de la délimitation de l’aire. religieux et publics). de pente du versant de toiture. Les
tuiles de couvert (de chapeau), sont
»» Définition posées sur leur arête dans le galbe
La tuile courbe d’argile cuite (dite [ PRINCIPe consTrucTIf ] des tuiles de courant, en sens inverse
tuile canal) de forme tronconique a avec têtes en partie inférieure, et
une longueur courante de 35 cm à »» Matériau queues en partie supérieure.
45 cm, et une largeur moyenne de Après malaxage de l’argile, pressage,
15 cm en queue (petit galbe) à 25 cm moulage ou façonnage et séchage,
en tête (grand galbe). La couverture les tuiles sont cuites à une tempé-
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

est constituée de deux couches de rature de 800°C à 1200°C. La teinte


tuiles (courant ou canal et couvert ou des tuiles dépend de la teneur en
chapeau), reposant sur un voligeage. oxydes de l’argile.
La tuile est moulée à plat dans un
moule trapézoïdal sans fond sur lit de
4
sable ou de cendre, puis galbée sur
1. Carte de l'aire de couverture en tuile canal
une forme (posette) avant séchage et
2. Vue générale Montesquieu-Volvestre, 31
cuisson. L’épaisseur de la tuile canal 3. Modules de tuile courante et de tuile faîtière
3 varie de 10 à 8 mm. 4. Toiture tuile canal, moulin, Montesquieu-Volestre, 31
techniques et matériaux COUVERTURE DE TUILE CREUSE DITE "CANAL" P2

»» Points singuliers vent. La couverte en tuile canal est


L’étanchéité au niveau des souches
Faitage, arêtier, noue, égout de sujette au fil du temps à un glisse-
de cheminée ou des lanterneaux est
toiture, génoise. ment qui impose des remaniements
un point délicat de ce type de couver-
Le faîtage est réalisé avec une périodiques.
ture. Elle est réalisée en raccord au
ligne de tuile en chapeau scellée au mortier sous un cordon de la souche
mortier. Autrefois on utilisait une tuile saillant sur les rangs de tuiles.
de grand moule (60 à 80 de longueur, Les tuiles faîtières sont posées en
35 cm de largeur en tête pour réali- général queue face au vent dominant.
ser des faîtes sans scellement (Tarn
notamment).
La tuile canal est peu adaptée à [ usage, évoluTIon et
la réalisation des noues (défaut transformation ]
1
d’étancheité), elles sont couram-
»» Usage
ment réalisées en zinguerie. Les
[ description de mIse en Tous types de bâtiments.
ouies de tête des tuiles de couvert
de la ligne d’égout de toiture sont
oeuvre ]
parfois fermées au mortier. La tuile »» Evolution, transformation
Le support et le débord de toiture
de courant de la ligne d’égout de A partir du milieu du XIXe siècle, les
(avant-toit, corniche, génoise…),
toiture est parfois saillante pour éloi- tuiles canal ont souvent été rem-
ainsi que le dispositif de collecte des
gner le jet d’eau de ruissellement de placées par les tuiles plates méca-
eaux (dalles et chéneaux), sont mis
la façade. Les couvertures en tuile niques à emboîtement (originaires de
en oeuvre préalablement à la couver-
canal présentent souvent un avant- Marseille), moins coûteuses et plus
ture. Avant leur pose, l’état de chaque
toit de 40 à 80 cm. La génoise est un faciles à poser, sur liteaux. Après la
tuile doit être vérifié : la tuile est fêlée
type de corniche liée à l’emploi de la Seconde Guerre mondiale, des tuiles
si elle ne rend pas un son clair. Une
tuile canal, constituée de 2 à 4 rangs courbes à emboîtement, en terre cuite
tuile doit supporter le poids d’un
à débords progressifs de tuiles, en ou en béton, relativement peu coû-
homme sans casser.
quinconce ou galbes inversés. teuses, sont apparues sur le marché.
La pose s’opère depuis l’égout
jusqu’au faîtage, chaque versant L’apparition de tuiles de courant à
»» Outils talon a permis d’introduire la pose
après l’autre. Une première rangée
Pose manuelle, marteau, truelle. de tuiles (de courant), est alignée sur liteau à l’instar de la tuile plate.
au cordeau. Des casseaux de tuile La fixation au crochet des tuiles de
»» Métiers assurent le calage. couvert évite leur glissement au fil
Couvreurs, maçons Le recouvrement des tuiles s’effec- des saisons.
tue au tiers ou au quart supérieur (le
»» Performance pureau, partie visible de tuile, sur
La résistance des couvertures de deux tiers ou trois quarts de sa lon-
tuiles canal est généralement assez gueur).
bonne, face à la pluie, à la neige et Dans le cas d’un pan de toiture tra-
au vent. Une tuile imparfaitement pézoïdal ou irrégulier, les rangs de
cuite peut se fêler, et subir des infiltra- tuiles sont décalés en dents de scie 2
tions d’eau. Les vieilles tuiles, parfois en rive pour épouser la forme du
poreuses, sont gélives ; la terre cuite toit. Les rangées de pente parallèles
est peu résistante aux chocs (chutes sont si possible perpendiculaires au
de branches…). faîtage.

»» Pathologie »» Détails importants


Une trop faible pente ou un recouvre- Le mortier de pose des tuiles doit être
ment de tuiles insuffisant peuvent pro- relativement maigre pour éviter sa 3
1. Toiture tuile canal avec gênoise, St. Léonard, 32
voquer des infiltrations par remontée dilatation et être compatible avec la
2. Détail de pose, tuile de courant saillante en égoût de
des eaux. La pose à sec ou la faible terre cuite, tout en étant suffisamment toiture, ouie de tuile de couvert fermée au mortier,
résistance du mortier de scellement résistant pour ne pas se désagréger St.Léonard,32

facilite l’arrachement des tuiles au avec le temps. 3. Toiture tuile canal avec chéneau en zinc, Gramont,

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Jean-Loup MARFAING - CAUE de Haute-Garonne
Date : août 2011
Crédits photos : CAUE 31, CAUE 32, CAUE 82 - Création graphique : Pauline REDOULÈS
pratique tECHNIQUES ET MATéRIAUX
t

VOUTE
VOUTE CLAVEE
CLAVEE
Ouvrage trés technique de maçonnerie lourde, répondant à de fortes
contraintes d'humidité ou de résistance au feu, c'est un système constructif
réservé à l'édification d'assises solides des corps de bâtiment.

Midi-pyrénées

[ PRésENtATION ]

»» Emprise géographique
En Midi-Pyrénées, essentiellement
réservé à l'habitat urbain dans tous
les départements, mais dans le Lot
elle est aussi présente dans l'archi-
tecture rurale du Quercy Blanc, des
Causses de Lalbenque, à Cajarc, 2
dans la Limogne, les Causses de
Martel, la Bouriane, le sud du Ségala [ PRINCIPe consTrucTIf ]
et du Limargue.
»» Matériau
»» Définition Seuls les claveaux en pierre de taille aux lits en coupe oblique d’appui des cla-
veaux contigus sont appareillé à sec. Les autres matériaux (pierre équarrie,
La voûte est un organe de couvre-
moellon, brique) sont jointoyés au mortier. Eléments plus ou moins irréguliers,
ment maçonné construit entre appuis.
pierre équarrie, moellon, ou éléments modulaire, brique, le terme de claveau
Les voûtes clavées sont constituées
devient alors extensif. La distinction entre voûte clavée et voûte à blocage est
d’un appareillage d’éléments assem-
essentiellement liée à la régularité modulaire du matériau, au dispositif rayon-
blés selon un plan de coupe rayon-
nant de sa pose et à la part plus ou moins importante du mortier de liaison des
nant entre appuis. L’intrados désigne
éléments.
la face inférieure curviligne de la
voûte, l’extrados sa face supérieure.
»» Pose
Les formes courantes de voûtes
clavées sont la voûte en berceau sur Dans l’architecture rurale et domestique, seule est d’usage la voûte assisée à
un axe longitudinal en appui sur deux joints transversaux alternés à mi claveau.
parois parallèles et la voûte d’arêtes,
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

compénétration de deux voûtes en »» Points singuliers


berceau d'axes perpendiculaires. La partie médiane de la voûte clavée exerce une poussée de basculement vers
le haut des reins de la voûte (soit les parties inférieures de la voûte, sensible-
»» Milieu ment jusqu’au tiers du tracé de l’intrados). Pour compenser cette poussée, on
Ce couvrement est réservé aux caves charge souvent les reins d’un blocage sur l’extrados.
et rez-de-chaussée, rare en étage. Avec les éléments modulaires à lits en coupe parallèles (briques notamment),
l’appareillage régulier et rayonnant est réalisé par variation de l’épaisseur du
1. Aire géographique de la voûte clavée
2. Cellier, voûte en berceau, joints à bain souflant, 81
joint (mince à l’intrados, large à l’extrados).
technique et materiaux voute clavee P2

»» Outils [ description de mIse en oeuvre ]


Les outils du maçon ou du tailleur de
pierre »» Travaux préparatoires
La mise en œuvre des voûtes clavées nécessite la réalisation préalable d’un
»» Métiers cintre (coffrage support de l’intrados). Pour une voûte en berceau à long déve-
Maçons expérimentés, tailleurs de loppement linéaire, la mise en œuvre est fractionnée sur un cintre déplacé
pierre successivement (cintre glissant). Le cintre est constitué d’un voligeage (ou
couchis) assemblé sur une forme (profil charpenté en pièce de bois de section
»» Performance variant selon la portée du cintre).
Couvrement adapté à des charges
lourdes et à des ambiances très »» Mise en oeuvre
humides (couvrement des caves) Le montage des lits est réalisé des sommiers de la voûte vers la clef. L’intra-
dos en appareillage régulier peut être laissé apparent ou recevoir un enduit de
»» Thermique-Acoustique parement après décintrement. Si la voûte reçoit un sol, ses reins sont remplis
La masse importante de la voûte, son de matériaux divers (tout venant, débris de chantier), l'ensemble recevant un
épaisseur, les matériaux utilisés dans dispositif de régalage horizontal en forme de sol du niveau supérieur.
sa construction, sa sous face curvi-
ligne, valent à cet ouvrage de remar-
quables qualités d’isolations.

»» Pathologie
Les désordres courants ont pour
origine l’écartement des appuis ou la
désagrégation des joints. 4

Liés au matériau et aux conditions


climatiques : les pathologies liées
aux matériaux ont pour origine l'eau
(remontées capillaires, infiltrations,
condensation...) qui dissous les mor- 5 6 7

tiers et les fragilise. [ usage, évoluTIon et transformation ]


Liés à la technique : les voûtes »» Usage
produisent des poussées latérales.
L’excavation réduisant les risques de basculement des parois d’appuis, ses per-
L’équilibre de la voûte ainsi compro-
formances en charge, en isolation thermique, son adaptation aux ambiances
mis se traduit par une ouverture entre
humides en font un mode de couvrement particulièrement adapté aux caves.
claveaux à l’intrados pour la partie
Mais la voûte est aussi restée longtemps un mode de couvrement privilégié
médiane de la voûte ou à l’extrados
pour les parties de bâtiments exposés au risque d’incendie, notamment en rez-
des reins (désordre plus grave que la
de-chaussée des maisons de ville. La charge des étages supérieur et l’aligne-
descente de clef ou de claveaux dans
ment continu des maisons riveraines renforçe la stabilité des murs d’appuis.
la partie médiane).
»» Evolution, transformation
A partir du XIXe siècle sous influence de la maçonnerie catalane l’apparition
des planchers à voûtains ou entrevous en série de berceaux segmentaires sur
solives introduit une solution mixte voûte / plancher. Ces planchers à voûtains
sont réalisés en briques de petit module jointées au plâtre en appuis sur solives
de bois, puis sur poutrelles en fer (IPN). Le plancher en hourdis de blocs de
terre cuite ou d’aggloméré de béton sur poutrelles de béton armées constitue la
forme finale de cette évolution avec la disparition de l’appareillage clavé.
3. Voûte d'arête sur croisée d'ogives, Toulouse, 31 5. Deux travées de voûte d'arête sur croisée d'ogives,
4. Voûte en berceau et arc doubleau, Toulouse, 31 Montauban, 82
3 6. Voûte de brique en berceau enduite, Toulouse, 31 7. Voûte en berceau, en pierre taillée, Toirac, 46

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Jean-Loup MARFAING - CAUE de Haute-Garonne
Date : juin 2012 - Crédits photos : CAUE 31, 32, 46, 81 et 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

OUVERTURE ET
ENCADREMENT
Les ouvertures et les encadrements sont les éléments essentiels d'une
façade, à laquelle ils apportent rythme et caractère.

MIDI-PYRÉNÉES

1. Carte : les ouvertures et les encadrements sont bien évidemment présents partout en Midi-Pyrénées
2. Façade à travées de la demeure de Tauziès, Gaillac, 81
[ PRÉSENTATION ]

»» Emprise géographique
Toute la région est concernée.

»» Définition
Une ouverture est un percement
dans un mur : porte, fenêtre, baie
de comble ou jour*. Généralement
les ouvertures sont pourvues d’un
encadrement qui les lie à la paroi.
L’encadrement est composé des
piédroits ou jambages, situés de
part et d’autre, qui portent le linteau
ou l’arc, et qui reposent sur l’appui.
L’ouverture est généralement
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

destinée à être fermée par une


menuiserie.

»» Milieu
Indifféremment en milieu rural et
urbain. 3

3. Les mots usuels, croquis CAUE du Lot


TECHNIQUES ET MATÉRIAUX OUVERTURE ET ENCADREMENT P2

[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]

»» Matériaux
Les encadrements sont construits en matériaux très variés : pierre (calcaire,
grès, granit), brique, bois.
Dans le cas d'une maçonnerie, les pierres ou les briques sont liées par un
mortier de terre ou de chaux.

»» Dimensions
Dans l’architecture traditionnelle, les ouvertures sont généralement de forme
verticale. Les dimensions et les formes sont liées à la fonction (porte charre-
tière, porte cochère, oculus pour ventiler les combles, baies d'aération, ...).

»» Aspect et finition
Sur les façades enduites, seuls les encadrements des ouvertures sont appa-
1
rents et en relief ou non. Un enduit lissé et/ou un badigeon* peuvent être appli-
qués pour les mettre en valeur.

»» Outils
Massette*, scie, ciseau*, broche*, fil à plomb, pour les encadrements de pierre
et de brique ; marteau, scie, hache, doloire*, herminette*, ciseau à bois, fil à
plomb, pour les encadrements de bois.

»» Métiers
Maçon et tailleur de pierre, pour les encadrements de brique et de pierre ; char-
pentier, pour les encadrements de bois.
2
»» Pathologie de vieillissement
Les linteaux et appuis de pierre gélive peuvent éclater. Lorsque les arcs de
décharge* n’ont pas été montés pour soulager les linteaux du poids de la
maçonnerie, ces derniers peuvent se fendre. Les pierres gafonnières* fragili-
sées lors de la pose des gonds sont souvent éclatées. Les bois des encadre-
ments doivent être protégés des intempéries et des insectes xylophages.

[ DESCRIPTION DE MISE EN ŒUVRE ]

»» La pose
Les encadrements de pierre sont couramment en pierre de taille. De façon
générale, dans les maçonneries hourdées, les matériaux utilisés pour les enca-
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

drements sont plus résistants. Dans les zones de montagne, le matériau de


l’encadrement, granite, grès, calcaire, marbre ou bois est souvent différent de
celui mis en œuvre dans les maçonneries de schiste ou de gneiss. Les linteaux
peuvent être monolithes ou clavés, en arc ou en plate-bandes*.
Dans les constructions en pan-de-bois, les bois de structures font aussi office
de linteaux et de piédroits*.
1. Porte à l'encadrement de brique, 17e siècle, Gaillac, 3. Porte à l'encadrement en pierre de grès, 19e siècle,
81 Saint-Amans-Soult, 81
2. Porte à l'encadrement de bois, 18e siècle, Sauve- 4. Encadrements et enduits, croquis CAUE 82
terre, 81 3
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX OUVERTURE ET ENCADREMENT P3

Dans les murs en brique, celles employées pour les encadrements sont plus
résistantes et la pierre est dévolue au scellement des gonds.
Au 19e siècle, l’installation des contrevents* nécessite l’aménagement d’une
feuillure* dans l’encadrement. Côté extérieur, les linteaux viennent reposer sur
les piédroits, souvent sur une largeur de 10 à 20 cm. Côté intérieur, l'arrière
linteau est fréquemment en bois, en particulier pour les ouvertures de petites
dimensions (voir schéma page 1).

»» Formes et décors
Les percements et les encadrements participent de l’organisation de la façade
à travers le rythme des ouvertures, composé ou non. Les baies sont générale-
1 ment rectangulaires et verticales mais d’autres formes ont été adoptées selon
les périodes et les fonctions.

Au Moyen Âge, par exemple, on retrouve des baies géminées*, à remplages*,


avec écoinçons* et jours* associés, à meneau* et/ou à traverse*. Dans les
constructions anciennes, les ouvertures sont ébrasées, c’est-à-dire que l’ou-
verture est plus large à l’intérieur qu’à l’extérieur, généralement pour assurer
un meilleur apport de lumière, faciliter l’ouverture des menuiseries et, le cas
échéant, l'implantation de volets intérieurs. Ces pans latéraux obliques sont
appelés ébrasement.

Au 18e siècle, le couvrement de la baie suit habituellement un tracé segmen-


taire*. Dans l’encadrement, plusieurs matériaux peuvent être associés : brique
et pierre ; bois et pierre ; brique, pierre et bois... Lorsque les encadrements sont
2 moulurés, on parle de chambranle. Des cadres rapportés en bois ou en terre
cuite contribuent au décor de la baie. L’appui peut être saillant et mouluré. Un
décor sur le linteau ou sur la clef de l’arc témoigne d’une certaine aisance du
propriétaire. La date de construction ou de restauration du bâtiment peut aussi
être portée sur la pierre.

1. Baie géminée du Moyen Âge en calcaire, Lauzerte, et à piédroit commun, linteau monolithe de tracé
82 segmentaire*, Causse du Quercy, 46
2. Maison du 16e siècle, Montricoux, 82 5. Double linteau gravé dégageant un jour d'imposte*,
Gorses, 46
3. Fenêtre à l'encadrement en pierre calcaire avec
menuiserie à petits carreaux et feuillure pour les 6. Décor sculpté et date gravée sur la clé du linteau,
volets, Ségala, 46 Escoussens, 81

3 4. Porte et fenêtre à l'encadrement de pierre calcaire


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4 5 6
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX OUVERTURE ET ENCADREMENT P4

[ OUVRAGES ASSOCIÉS ]

Balcon, garde-corps, lambrequins*, marquise*, cordon


d’appui* contribuent à la mise en valeur de la baie. Menui-
serie et contrevents sont indissociables de la baie.

[ USAGE, ÉVOLUTION, TRANSFORMATION ]

»» Évolution et transformation
Les baies* suivent également l’évolution des goûts et des
3
modes d'habiter. Elles peuvent être alors obturées, agran-
dies, transformées, déplacées. La perte des savoir-faire
engendre parfois le recouvrement ou le remplacement des
matériaux traditionnels. L’époque contemporaine, grâce à
des procédés techniques nouveaux tels que le béton armé
ou les poutres métalliques, a vu apparaître des ouvertures
de grandes dimensions qui, si elles sont bien conçues et
proportionnées peuvent parfaitement s'intégrer au bâti
ancien, voire le valoriser.
* Voir glossaire $

2 4

1. Balconnet au garde-corps en fonte reposant sur des corbeaux en pierre sculptée, 3. Portail à l'encadrement en brique et pierre, Gaillac, 81
Sorèze, 81
4. Porte charretière à l'encadrement de granit surmontée d'un arc de décharge en
2. Encadrement en bois sur le pignon d'une grange, Les Caous, 65 bâtière, Lauresses, 46

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Adeline BÉA et Sonia SERVANT, CAUE du Tarn - Date : juin 2014
Crédits photos : CAUE 81 / Inventaire général Région Midi-Pyrénées, CAUE 46, 65, 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

PLANCHER EN BOIS
Cloisonnement horizontal, cet ouvrage de charpentier participe à la stabilité
et au confort d'une construction.

MIDI-PYRÉNÉES

[ PRÉSENTATION ]

»» Emprise géographique
2
Ce type d'ouvrage est présent sur l'en-
semble du territoire de Midi-Pyrénées. L'ossature secondaire est
composée de solives* de sections
»» Définition plus faibles assemblée ou posées
Un plancher en bois est une structure perpendiculairement aux poutres.
porteuse constituée de pièces de
charpente horizontales, qui sépare Le remplissage lorsqu'il est positionné
une construction en plusieurs niveaux. sur les solives est constitué de terre,
La partie supérieure est appelée de chaux souvent mélangés à des
plancher et la sous-face plafond. végétaux séchés. Lorsqu'il est en
garnissage entre les solives il est
»» Milieu réalisé en plâtre.
Ce type d'ouvrage se retrouve indiffé-
remment en milieu rural ou en milieu Le revêtement de sol recouvre
urbain. Il est plus ou moins élaboré l'ensemble du plancher. Il est constitué
en fonction de la qualité de l'édifice. de lames de bois ou de carreaux de
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

terre cuite.
[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]
Parfois un lattis de bois est fixé sous
»» Matériaux constructifs les solives pour accrocher un enduit 3
L'ossature primaire du plancher est de plâtre.
1. Carte localisant les planchers en bois en Midi-
formée par des poutres de fortes sec- Pyrénées

tions. Les essences utilisées sont »» Épaisseur et dimensions 2. Plancher à solives reposant sur lambourdes, Mon-
tauban, 82
généralement le chêne, le châtaignier, Les poutres ont des portées* d'environ
3. Plancher constitué de pièces porteuses grossière-
le peuplier ou le sapin. 5 m pour des sections de 30 à 50 cm. ment équarries, Villeneuve, 09
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX PLANCHER EN BOIS P2

La portée des solives est d'environ 3 m. L'écartement


entre chaque solive est de 15 à 20 cm pour les planchers
anciens disposés "à plein pour vide", et de 35 à 60 cm
pour les planchers usinés. Les lames de bois qui consti-
tuent les planchers les plus communs ont une épaisseur
d'environ 3 cm. Pour les lames de parquet l'épaisseur est
inférieure à 3 cm.

»» Aspects de finition
Pour les planchers les plus anciens, les poutres et les
solives, de section presque carrée, sont en bois de brin*
(équarries à la doloire*). A partir du milieu du XIXe siècle la
scie permet de réaliser des tailles plus régulières de section
plus haute que large.

Les sous-faces des planchers sont généralement laissées


1
brutes, elles sont parfois chaulées ou recouvertes d'un
enduit au plâtre.
Les lames de bois ou les carreaux de terre cuites sont Plancher en bois
simplement cirés.
Sous face en plâtre

»» Outils
Hache, doloire, herminette pour le façonnage des pièces
porteuses. Scie, rabot, et marteau pour la réalisation du
parquet.

»» Métiers
L'ossature du plancher est réalisée par le charpentier, la
pose du parquet par le menuisier.

»» Performances Poutre maîtresse


Lattis de bois Solive
Chaque élément constitutif d'un plancher joue un rôle 2
bien spécifique. Dans les constructions à pan de bois les
planchers sont liés à la structure et participent à la stabilité
générale en maintenant l'écartement des murs.

Dans les ouvrages maçonnés, les poutres maîtresses


encastrées dans les murs jouent un rôle important de
tirant en empêchant les murs de s'écarter, notamment
lorsqu'elles sont renforcées aux extrémités par des ancres*
métalliques qui traversent le mur.

Parfois des liernes* ou étrésillons* sont disposés entre les


solives pour s'opposer aux déformations.

3
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

1. Plancher à travure composée, Auch, 32


2. Schéma d'un plancher, CAUE 65
3. Détail de l'encastrement des solives dans le mur, Biran, 32

4 4. Ancres en about de poutre, Lapanousse, 12


TECHNIQUES ET MATÉRIAUX PLANCHER EN BOIS P3

Les matériaux de remplissage, grâce à leur densité,


améliorent la qualité thermique et phonique entre les
étages et participent au raidissement du plancher.

Le revêtement de sol assure une fonction décorative mais


il doit surtout résister à l'usure.

Le plafond, lorsqu'il est constitué d'une couche de plâtre,


assure une protection contre les incendies et crée une
barrière efficace contre les poussières. Il permet aussi de
bénéficier d'une surface plus lumineuse.

Lors de modification pour la création d'un escalier ou pour


1
le passage d'un conduit de cheminée, les planchers en
bois offrent une grande souplesse de mise en œuvre.

»» Pathologie du vieillissement
Altération et déformation des pièces de structure dues aux
charges permanentes élevées.
Pourrissement ou rupture des abouts de poutres.
Défaillance des appuis.
Fragilisation par l'attaque d'insectes xylophages ou de
champignons due à un fort taux d'humidité ou a une
pénétration d'eau.
Déformation des lames de parquet et usure de la surface.

[ DESCRIPTION DE MISE EN ŒUVRE ] 2

Le plancher est dit à travure* simple lorsque les solives


Planches
portent directement de mur à mur sans appuis intermé-
diaires. Dans ce cas les appuis les plus courants se font
soit par encastrement direct des solives dans le mur, soit
par un retrait du mur porteur ménagé à chaque étage qui
permet de poser les solives sur la maçonnerie.
Dans les édifices les plus anciens, pour éviter le pourris- Poutre maîtresse
Solive 3
sement des bois dans la maçonnerie, les solives reposent
sur une lambourde* (ou poutre muralière) plaquée le long Planches Carreau de terre cuite
du mur, soutenue par des corbeaux* en pierre ou en bois.
Dans le cas d'un mur à pan de bois les solives reposent
sur la sablière* basse.

Lorsque le plancher est à travure composée, les solives Remplissage de gravois


sont soutenues par une ou plusieurs poutres espacées Lames de bois refendues
4
d'environ 3 à 4 m appelées poutres maîtresses. Ces
poutres sont ancrées dans deux murs porteurs opposés Lames de parquet Lambourde
dans un trou d'environ 25 cm de profondeur, préparé par
le maçon. Parfois une semelle en bois positionnée sous la
poutre contribue à répartir les charges.
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Les appuis des solives sur les poutres sont réalisés selon
Lattis enduit de plâtre
des dispositifs différents : Auget en plâtre 5

• directement par simple repos bout à bout ou à mi-bois,


sur les côtés de la poutre par assemblage à paume* ou 1. Sous-face de plancher à éclisses posées sur solives, 32

à queue d'aronde*, 2. Sous-face de plancher en lattis de plâtre, 32


3. Croquis : plancher commun, CAUE 32
• par l'intermédiaire de lambourdes boulonnées de part et
4. Croquis : plancher avec aire de remplissage, CAUE 32
d'autre de la poutre ou portées par des étriers métalliques. 5. Croquis : plancher à auget, CAUE 32
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX PLANCHER EN BOIS P4

Les planchers les plus simples sont constitués de planches


jointives généralement en châtaignier, en peuplier ou en
sapin directement clouées sur les solives. Elles sont de
grandes longueurs (de 3 à 5 m) et de différentes largeurs. La
sous face est parfois enduite à la chaux ou laissée brute. Ces
planchers présentent l'inconvénient de laisser s'échapper le
bruit et la poussière par le retrait créé entre chaque lame.

Des planchers plus lourds permettant d'améliorer l'isola-


tion acoustique sont composés d'une aire* en remplissage
de gravois d'environ 10 cm d'épaisseur, parfois mélangée 1
à des végétaux séchés. Cette aire isolante est soutenue
par un lattage de bois refendu posé sur les solives. Le sol
qui recouvre l'ensemble est constitué, selon les cas, de
lames de bois posées sur lambourdes ou de carreaux de
terre cuite scellés au mortier de chaux.

Un dispositif plus léger apparu vers la fin du XIXe siècle


consiste à mettre en œuvre un hourdis de plâtras, souvent
en forme de auget*, en garnissage entre les solives. Pour
le soutenir un lattis de bois jointif ou à claire voie est cloué
sous les solives et enduit de plâtre.
2
Le revêtement de sol est constitué d'un parquet générale-
ment en chêne posé sur des lambourdes. Les lames, (ou
frises) de petites dimensions, sont assemblées à rainures [ OUVRAGES ASSOCIÉS ]
et languettes, ce qui atténue l'effet de retrait du bois entre
chaque lame. Différents motifs sont réalisés suivant la Les trémies* ménagées dans les planchers par des solives
coupe ou l'orientation des lames. Les plus simples à lames d'enchevêtrure destinées au passage d'un escalier, d'un
parallèles sont dits "à l'anglaise", les plus complexes à conduit de cheminée ou à l'ouverture d'une trappe.
lames posées en chevrons sont "à bâton rompus" ou "en
point de Hongrie". [ USAGE, ÉVOLUTION ET
TRANSFORMATION ]

»» Usage
Les planchers en bois permettent de diviser une
construction en plusieurs niveaux pour tout type de
bâtiment et de fonction (habitation, bâtiment agricole...)
avec une grande souplesse d'adaptabilité aux contraintes
ou au changement d'utilisation (surcharge, passage d'un
escalier, isolation...)

»» Évolution, transformation
Lors d'une restauration ou d'une mise aux normes liée à
la sécurité ou aux exigences thermiques, les planchers
anciens sont souvent démolis au profit de procédés
contemporains moins onéreux (béton armé, acier). Ces
transformations, lorsqu'elles sont réalisées dans le respect
et la mise en valeur du bâti existant, apportent une réelle
3
revitalisation à l'édifice. Toutefois la conservation des
planchers traditionnels doit être envisagée de préférence.
1. Parquet à bâtons rompus, Bruniquel, 82
2. Parquet à point de Hongrie, Rodez, 12
* Voir glossaire $
3. Plancher à lames larges, 46

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Jean-François GARDÈRE, CAUE du Gers - Date : juillet 2014
Crédits photos : CAUE 09, CAUE 12, CAUE 32, CAUE 46, CAUE 65, CAUE 82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

ESCALIER MAÇONNÉ
VOUTE CLAVEE
Courant dans l'architecture savante, l'escalier maçonné est rare en intérieur
dans l'architecture paysanne. En extérieur, il est emblématique des construc-
tions des Pyrénées et des contreforts du Massif Central.

MIDI-PYRÉNÉES

[ PRÉSENTATION ]

»» Emprise géographique
Dans le Lot, le Tarn-et-Garonne,
l'escalier maçonné est lié à un type
d'habitat traditionnel, la maison à
bolet, avec le logement à l'étage et
l'accès extérieur. Assez fréquent au
nord et au sud de la région, l'escalier
maçonné est plus rare ailleurs sauf
sous la forme de perrons.

»» Définition
L'escalier est un organe structurel de 2
distribution d'un bâtiment ayant pour
fonction la circulation verticale entre
niveaux de planchers. Si les escaliers
intérieurs maçonnés sont peu nom-
breux dans l'architecture paysanne,
leur résistance aux intempéries est à
l'origine de leurs présence en exté-
rieur, notamment sur les terroirs d'ar-
chitecture de pierre.
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Les escaliers en pierre de taille ont


été développés essentiellement dans
l'architecture savante, avec des com-
binaisons très variées suivant leur
3
destination, en intérieur et en exté-
rieur. 1. Carte de l'aire des escaliers maçonnés
2. Illustration de ferme à bolet, Aujols, (46)
3. Escalier à volée double, Lacroix-Falgarde, (31)
4. Escalier courbe, Montauban, (82) 4
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ESACLIER MAÇONNÉ P2

[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]

»» Parties et règles de base


L'escalier est constitué d'une struc-
ture porteuse maçonnée et d'un
emmarchement. La maçonnerie
porteuse peut être massive sur
toute l'emprise au sol de l'escalier
ou évidée (voûte). Il existe un autre
dispositif de structure porteuse qui
consiste à bâtir un mur d'échiffre*.
Ce mur est parallèle au mur d'appui
(mur de façade du bâtiment ou mur
de cage d'escalier). Les marches sont
constituées d'éléments monolithes,
posés sur le mur d'échiffre et encas-
trés dans le mur d'appui de l'escalier.

En revanche, sur les maçonneries


massives dans toute l'emprise de 1
la volée, les marches peuvent être
La pente d'un escalier détermine les
bâties en appareil de petits modules
dimensions de la trémie qui assure
(briques, moellons, pierres de tailles)
l’échappée (hauteur d’homme libre au
montés sur la paillasse inclinée de
dessus de la ligne de foulée).
la maçonnerie. Les règles de dimen-
sionnement d'un escalier maçonné
(inclinaison, ligne de foulée, échap-
pée...) ont les mêmes bases que
celles appliquées pour un escalier en
bois.

La marche d’un escalier est consti-


tuée d’un giron, élément horizontal, et
d'une contremarche, élément vertical.
Sa dimension est déterminée par la
pente de l'escalier. Chaque giron est 2 3
décalé en aplomb du giron précédent
et du giron suivant, selon une hauteur
en principe constante. La conception
de l’escalier est basée sur la longueur
du pas naturel (foulée), soit une
soixantaine de centimètres.

La « formule de Blondel » (la somme


de deux hauteurs de marche + un
giron = 64,8 cm) est un mode de
calcul dans la pratique traditionnelle.
Toutefois le résultat de cette addition
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

peut varier de 62 à 65 cm pour un


escalier commode à l’usage. Cette
somme détermine la pente d’une
volée d’escalier entre deux paliers.

4 5
L’escalier est établi dans un espace
1. Escalier sur mur d'échiffre
dédié à son développement vertical 2. Croquis d'un escalier en équerre avec palier (Xavier Martinet CAUE 31)
sur plusieurs niveaux, la cage d’es- 3. Escalier et cheminée, à Ginals (82)
4. Escalier extérieur en dalles de pierre, à Parisot (82)
calier, ou intégré dans les pièces. 5. Escalier en pierre de taille, à Bruniquel (82)
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ESACLIER MAÇONNÉ P3

[ TYPES D'ESCALIERS ]

Les escaliers maçonnés sont géné-


ralement à volée droite sur massif
plein de maçonnerie ou sur voûte.
Dans les terroirs d'architecture de
pierre, l'emmarchement est constitué
d'une seule grande pierre, d'une dalle
taillée, ou de grandes dalles en giron,
en limitant le nombre de joints pour
éviter la dégradation des marches.

»» Particularités techniques
L'escalier suspendu adopte un prin-
cipe d'encastrement et de superpo-
sition. Ce système est plutôt mis en
oeuvre dans l'architecture savante et
plus exceptionnellement dans les ter-
1
ritoires ruraux et les régions de pierre.

La voûte sarrazine est un principe de


montage effectué avec des briques
minces, hourdées au plâtre. Il est
monté au fur et à mesure, sans cof-
frage, ce qui impose une ligne de
pente assez raide.

»» Le perron
Pour rattraper les différences de
niveau entre l'extérieur et l'intérieur
des maisons sur le pas de porte d'en-
trée, l'aménagement d'un perron est
très fréquent. Son emmarchement est
simplement constitué de deux ou trois 2 3
marches, souvent avec un retrait de
largeur et retour d'angle par marche. Voûte de répartition
Mais il peut parfois prendre un carac-
tère plus ornemental: ce sont souvent
des perrons à volée double avec un
garde-corps maçonné à balustres, ou
en ferronnerie.

»» Le bolet
Grand escalier extérieur donnant
accès aux pièces d'habitation sur
cave, cellier ou remise, c'est un
élément typologique caractéristique
de l'architecture quercynoise (Cf. Voûte de fond
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Page 1). On rencontre beaucoup plus


rarement des escaliers maçonnés
extérieurs dans les hautes vallées
pyrénéennes où l'escalier en bois
protégé d'une toiture est beaucoup
plus fréquent. 4

1. Perron à Villaudric (31)


2. Perron à Saint Girons (09)
3. Escalier en pierre de taille, à Saint Lizier (09)
4. Croquis d'un escalier en voûte sarrasine (J.F. Gardère CAUE 32)
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ESCALIER MAÇONNÉ P4

»» Métiers
Maçons, tailleurs de pierre, plâtriers

»» Performance
Les escaliers maçonnés sont les
seuls escaliers anciens adaptés à
la réalisation d'une distribution exté-
rieure exposée aux intempéries avec
une bonne résistance à l'usure.

»» Pathologie
Leurs maçonneries sont soumises
aux désordres courants de toute
maçonnerie (dégradation des joints,
fissures liées à des défauts de fonda-
tion), auxquels il faut ajouter les effets
de liaisonnement insuffisant entre la
maçonnerie de l'escalier et celle de
la façade du bâtiment. L'usure des
marches pourra nécessiter leur rem-
placement. La rampe reste l'élément
le plus sensible aux dégradations
sauf pour les garde-corps maçonnés.

[ USAGE, ÉVOLUTION ET TRANSFORMATION ]


»» Types de bâtiments
Dans l'architecture paysanne, l'escalier maçonné est quasi exclusivement un
escalier extérieur. Il est donc présent dans les sites d'habitat de montagne, sur
1
les terrains en forte pente, sans présenter des caractères typologiques carac-
téristiques. En revanche, les escaliers extérieurs constituent un élément remar-
quable de l'habitat du Quercy. L'escalier à bolet est associé à un large palier
couvert permettant divers usages domestiques.

»» Évolution / Transformation
Les escaliers maçonnés traditionnels n'ont connu aucune évolution notable.
Mais l'escalier en béton peut-être considéré comme leur dérivé, dans la mesure
où ce type d'escalier est adapté à une distribution verticale intérieure ou exté-
rieure. Cependant, la mise en oeuvre d'un escalier en béton n'a aucun rapport
avec les mises en oeuvre d'un escalier maçonné traditionnel.

*Voir Glossaire $
1. Escalier en béton conçu par Fabien Castaing Architecte à Toulouse (31)
2. Escalier recomposé, à marches suspendues en tôle, Blajan (31)
2 3. Escalier extérieur de la Villa Gardinal, conçu par Pierre Lafitte Architecte Toulouse (31)

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Jean-Loup MARFAING - Xavier MARTINET - CAUE de la Haute-Garonne
Date : Avril 2015 - Crédits photos : CAUE 31, 09, 81,82
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHN
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX

ESCALIER EN BOIS
VOUTE CLAVEE
Dispositif de circulation verticale le plus courant entre deux niveaux de sol
ou de planchers, l'escalier en bois fait l'objet d'une très grande diversité de
types, du plus simple, apparenté à l'échelle, au plus savant, ouvrage de
menuisier spécialisé.

MIDI-PYRÉNÉES

[ PRÉSENTATION ]

»» Emprise géographique
L'ensemble du territoire de Midi-Pyré-
nées.

»» Définition
L'escalier est un organe structurel et
de distribution d'un bâtiment ayant
pour fonction la circulation verticale,
il se développe sur la hauteur entre
paliers de deux plans de niveaux de
sols. Ouvrage de menuiserie, d'une
grande diversité de types, l'esca-
lier en bois, à l'intérieur du bâtiment,
présente souvent un caractère orne-
mental, exprimé dans le détail de sa
rampe d'appui, le choix d'une concep- 3
tion savante.
»» Destination
Les escaliers en bois sont couram-
ment aménagés à l’intérieur des bâti-
ments. En extérieur, protégés des
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

intempéries, ils peuvent desservir des


galeries ou coursives en étage.

Les escaliers en bois ne sont pas


uniquement réservés à la distribution
2
des pièces d’habitation, des escaliers
1. Carte de l'aire de diffusion de l'escalier en bois
2. Marches en bois de fruitier, Mane (31) simples, en général à volée droite,
3. Escalier, rampe à balustre, XVIIIe, Saint-Araille, (31) sont aussi présents dans les bâti-
4. Escalier à deux volées droites, rampe à barreaux
droits couplés, XVIIIe, Sauveterre du Comminges (31) ments d’exploitation agricole. 4
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ESCALIER EN BOIS P2

[ PRINCIPE CONSTRUCTIF ]

»» Parties et règles de base

Incliné selon la pente de l’escalier,


le limon est la pièce de support des
marches d’une volée. Porteur, le
limon prend appui sur ses extrémi-
tés, en crémaillère il est découpé sur
son arête supérieure pour recevoir les
marches et contremarches. Les faux
limons sont de simples pièces d’as-
semblages des marches, ils reposent
ou sont scellés sur des éléments de
maçonnerie de la cage d’escalier.

Les escaliers les plus simples sont


constitués de volées à marches
droites. Des escaliers plus savants
sont conçus à volées courbes de
marches gironnées.
1
La marche d’un escalier est consti-
tuée d’un giron, élément horizontal, et Pour ces escaliers à giron variable, la sur plusieurs niveaux. L'escalier peut
d'une contremarche, élément vertical. formule de Blondel s’applique sur la aussi être aménagé dans une pièce
Chaque giron est décalé en aplomb ligne de foulée, soit le tracé théorique d’habitation avec une simple trémie
du giron précédent et du giron parallèle passant à une cinquantaine dans le plancher supérieur. La pente
suivant selon une hauteur en prin- de centimètre du limon. détermine les dimensions de la trémie
cipe constante (hauteur de marche). qui assure l’échappée de l’escalier
Le giron présente couramment une La cage d’escalier est un espace (hauteur d’homme libre au dessus de
astragale (nez-de-marche), saillante spécifique développé verticalement la ligne de foulée).
de 2 à 3 cm sur sa contremarche. La
conception de l’escalier est basée sur
la longueur du pas naturel (foulée),
soit une soixantaine de centimètres.

La « formule de Blondel » (la somme


de deux hauteurs de marche + un
giron = 64,8 cm) coïncide avec la
pratique immémoriale des charpen-
tiers - menuisiers. Toutefois le résul-
tat de cette addition peut varier de 62
à 65 cm pour un escalier commode
à l’usage. Cette somme détermine
la pente d’une volée d’escalier entre
deux paliers.

Pour les escaliers à volée courbe


Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

les marches présentent des arêtes


convergentes sur le limon du côté
du noyau ou du jour de l’escalier.
Du côté central de la volée courbe,
la partie étroite du giron s’appelle le
collet, à l’autre extrémité sa partie
large s’appelle la queue de marche. 2

1. Escalier à double volée avec palier intermédiaire


2. Escalier à volée courbe (Croquis Dominique Legrand - CAUE 82)
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ESCALIER EN BOIS P3

[ TYPES D'ESCALIERS ]

»» Escaliers à volées droites


Les escaliers les plus simples sont
les escaliers à volées droites, aux
cotés parallèles et rectilignes. L'esca-
lier à volée droite est fréquent dans
les bâtiments d’exploitation. Pour
les accès aux combles, l’échelle de
meunier à forte pente est en général
sans contremarche. Les trois types
d’escaliers à volées droites dans les
maisons d’habitation sont l’escalier
droit, l’escalier tournant à deux volées
et repos (palier intermédiaire), l’esca-
lier à repos et retour en équerre.

L’escalier droit n’est en principe 2


aménagé que dans une pièce d’ha-
bitation de grande dimension. Il
est alors souvent encloisonné. Cet
encloisonnement présente l’avantage
d’assurer une certaine isolation ther-
mique entre les deux niveaux d’habi-
tation et permet d’éviter la réalisation
d’une rampe d’appui.

La rampe d’appui est un élément


délicat. C’est sur sa réalisation que
se concentre essentiellement l’as-
pect monumental de l’escalier. L’as-
semblage de la rampe d’appui sur
le limon doit être particulièrement
soigné (barreaudage encastré), la
rampe étant fréquemment sollicitée
par les mouvements de tractions des
usagers de l’escalier. 3

L’escalier à deux volées est le dis- sitif de volée de départ courte (trois
positif le plus courant quand la cage à cinq marches) suivie d’un repos,
d’escalier est aménagée dans un puis d’une volée droite principale en
espace de distribution (corridor/ équerre.
couloir traversant). La largeur de ce
couloir coïncide alors soit à l’addition Ornée, la rampe d’appui de cet esca-
des deux largeurs de volées si les lier fréquent dans les maisons de
volées sont rampe sur rampe, soit à maître des XVIIe et XVIIIe siècles, par-
cette addition plus la largeur de jour ticipe au décor de la salle. Le repos
d’espacement entre les deux volées. peut être remplacé par un quartier
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tournant de marches gironnées. Ces


L’escalier à repos de retour en types d’escaliers, d’une facture rela-
équerre ou à quartier tournant est tivement simple, étaient réalisés par
un escalier d’angle. Ce type, adapté des charpentiers-menuisiers sauf
à une implantation dans une grande dans les vallées pyrénéennes où
pièce d’habitation, présente souvent les savoir-faire des métiers du bois
1 un caractère ornemental. Les plus étaient largement diffusés dans les
1. Saverdun (09) monumentaux adoptent un dispo- familles montagnardes.
2. Brassac (81)
3. Montauban (82)
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX ESCALIER EN BOIS P4

»» Escaliers à volées courbes


La réalisation des escaliers à volées
courbes, dont l’essor au XIXe siècle
dans les campagnes est relativement
limité, constitue toujours un élément
ornemental majeur de la maison. Sa
fabrication est réservée à des arti-
sans menuisiers spécialisés ou des
fabriques locales. Les escaliers à
volées courbes sont souvent réalisés
en bois d’essence noble (fruitiers). Ils
sont en général aménagés dans une
cage d’escalier et leur développement
correspond à une révolution complète
(paliers d’étages superposés). Les 2
escaliers à vis sur limon hélicoïdal
à jour central font partie des catalo- [ USAGE, ÉVOLUTION ET
gues des fabricants du XIXe siècle. TRANSFORMATION ]
Ils étaient essentiellement réservés à »» Types de bâtiments
des dessertes de service.
Dans l'architecture paysanne, l'esca-
lier à volée droite est très largement
Tous ces escaliers se développent
dominant. Dans les maisons des pro-
autour d’un jour (vide central) plus
priétaires ruraux et dans les riches
ou moins important. Ils ne présentent
maisons de villages, au XIXe siècle,
jamais de repos intercalaire, mais
les vestibules d'entrée et cages d'es-
une volée courbe unique, en combi-
caliers à volées courbes et rampes
nant successivement des séries de
ornementales deviennent un élément
marches droites, de marches balan-
privilégié de distinction sociale.
cées et de marches gironnées. L’es-
calier est balancé quand les séries de
»» Evolution / Transformation
marches gironnées débutent dans les
parties droites de la volée de marche. L'escalier en bois est toujours l'esca-
Ainsi le rétrécissement excessif lier le plus courant. Sa fabrication 3

des collets est évité dans les partie artisanale perdure en marge d'une
tournantes avec une profondeur de fabrication industrielle aux catalogues
marche confortable sur la ligne de privilégiant les modèles simples, à vo-
foulée. Le limon de l’escalier balancé lée droite, à quart tournant, à vis.
en pièces de bois courbes assem-
blées, ainsi que la main courante de L'escalier en bois au XIXe siècle a
sa rampe d’appui sont les pièces de donné lieu à des déclinaisons en fonte
menuiserie les plus délicates à réali- notamment des escalier à vis. Cette
ser. fabrication de manufactures a ensuite
laissé place au XXe siècle à une pro-
duction industrielle d'escaliers de
service en tôle d'acier ou d'escaliers
ornementaux d'artisans serruriers.

*Voir Glossaire $ 4
3
1. Escalier en vis, Luchon (31)
2. Escalier à volée courbe à marches balancées, Carbonne (31)
3. Escalier à deux volées droite et repos, réalisé à Avignonet (31)
1 4. Escalier à marches suspendues en bois, conception O. Prax Architecte à Juzet de Luchon (31)

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Rédaction : Jean-Loup MARFAING - Jean-Marie BOUZAT - CAUE de la Haute-Garonne
Date : Avril 2015 - Crédits photos : CAUE 31, 09, 82, 81
Charte graphique : Pauline REDOULÈS
PRATIQUE TECHNIQUES ET MATERIAUX

CONSTRUIRE
CONSTRUIRE EN
EN
TERRE
TERRE CRUE
CUITE
Les
Tizfg"^ù&gfù&gfùcmkbzjagrfiuagfou&g"gou^&"gh$&oekbja^g^hgôiahgoihoie
besoins en réhabilitation et la recherche de matériaux écologiques et
sains
hraoinous invitent à redécouvrir la terre crue.

TARN-ET-GARONNE

REPÈRES HISTORIQUES
1
Très répandu dans de nombreuses ré- P1030490.JPG
1. Chantier d'une maison, 82, architecte : P. DELPRAT
gions du globe, utilisé en Europe jusque
dans les années 1930, le matériau "terre
crue" a vu son usage décroître par la
perte des savoir-faire et parce que sa
mise en oeuvre était incompatible avec
certains choix d’industrialisation.
1979 : constitution de l’association Située à la rencontre de la Garonne et de ses deux affluents, le Tarn et l’Avey-
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

CRATerre, à Grenoble, regroupant des ron, une majeure partie de notre territoire est caractérisée par des terres argi-
architectes. Ils seront plus tard rejoints
par des ingénieurs et des ethnologues,
leuses. Le sable calcaire est également présent dans le sol.
animant un laboratoire de recherche. Le bon dosage naturel argile-sable, situés à faible profondeur, est propice à la
1981-1985 : réalisation du "Domaine de construction en terre crue.
la terre" à l’Isle-d’Abeau, programme
de soixante-cinq logements sociaux
construits en terre crue.
En Tarn-et-Garonne, l’observation du patrimoine rend compte de la forte pré-
1983 : création du centre de terre de sence de ce matériau, souvent caché à l’intérieur des bâtiments ou sous un
Lavalette par l’architecte Joseph Colzani. enduit.
C’est le cas de la majorité du bâti rural du Moyen-Âge au début du XXe s.
TECHNIQUES ET MATERIAUX CONSTRUIRE EN TERRE CRUE P2

[ L'IMPORTANCE DU BÂTI ANCIEN EN TERRE CRUE OUVRE


À NOTER
UN CHAMP A LA RÉHABILITATION ]
Pour que les qualités de la terre crue
»» Les techniques traditionnelles restent optimales, il faut bien protéger
contre l’humidité par un soubassement
En Tarn-et-Garonne, on répertorie trois techniques traditionnelles : la maçonne- étanche et une toiture à débord ; "un bon
rie d’adobe, celle de terre massive (le pisé ou la bauge), le torchis et son pan chapeau et de bonnes bottes" .
de bois. Dans une logique écologique, il vaut
mieux améliorer une terre locale
médiocre qu’importer de très loin une
bonne terre.
Certains sols peuvent être pollués. Il faut
se renseigner sur la provenance d’une
terre avant de l’employer.

1 1. Chapelle de Marguestaud, Aucamville, 82 © Pays


Midi-Quercy © Inventaire général, Région Midi-
Pyrénées
2. Maison En Vidalot, Beaumont-de-Lomagne, 82
3. Maison à colombage XVIe, Montricoux, 82
4. Enduit terre, artisan J. TUGAYE
5. Maison enduit terre, Verfeil-sur-Seye, 82
6. Maison G, La Salvetat-Belmontet, 82
7. Maison T, La Salvetat-Belmontet, 82
8. Mur chauffant, école primaire, Nègrepelisse, 82,
architectes M. ALBIGÈS et D. STOCCO

2 3

Terre massive (cf. photo 1)


La technique du pisé consiste à compacter un mélange d'argile, de sable et
de gravier. Etalé en fine couche dans un coffrage, il est ensuite compacté au
"pisoir". Les murs en bauge sont construits en empilant des boules de terre
malléables, puis ils sont battus et taillés.
Adobe (cf. photo 2)
Une adobe est une brique de terre crue. La terre à l’état plastique est placée
4 5
dans un moule aux dimensions désirées. Après démoulage, elle est mise à
sécher à l’air libre.
QUESTIONS À
Torchis (cf. photo 3)
Sur une structure en bois, la terre, généralement mélangée à de la paille, est M. CORNILLON, propriétaire heureux
d’une maison individuelle à Saint-Sul-
étalée sur un lattis. Un enduit est passé sur la terre sèche.
pice - 81.
6 7
- Quel type de mur chauffant employez-
vous ?
De deux sortes : certains avec des
briques de terre cuite, d’autres avec des
briques d’argile compactée. Une fois les
tuyaux où circulent l’eau chaude instal-
lés, les deux systèmes sont finis avec
des enduis de terre crue.
- Pourquoi ce choix ?

»» Les nouvelles techniques Je voulais un système proche du


plancher chauffant rayonnant dont
Dans le "Traité de construction en terre" du CRATerre, j’appréciais le confort. C’est mon archi-
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

douze techniques principales d’emplois de la terre crue tecte J. Colzani qui m’a parlé des murs
chauffants.
sont définies. Elle peut être moulée, extrudée, ... La tech-
- Quels avantages y trouvez-vous ?
nique va varier suivant la teneur en eau de la terre lors de
Tout d’abord le confort, la grande qualité
la mise en oeuvre. À cela s’ajoutent des techniques plus de chauffage qu’il procure. Ensuite, c’est
contemporaines comme la maçonnerie de BTC (Brique un système économique. Même après
de Terre Comprimée). La terre crue devient élément être passé d’une alimentation par une
pompe à chaleur (PAC) eau/eau à une
d'un système de chauffage quand ces BTC, avant d'être PAC air/eau, cela reste très économique
enduites, accueillent des tuyaux comme dans le cas de avec un compteur jour/nuit.
8 murs chauffants.
TECHNIQUES ET MATERIAUX CONSTRUIRE EN TERRE CRUE P3

[ LES QUALITÉS DE LA TERRE CRUE ]


EN TARN-ET-GARONNE
Les préoccupations environnementales permettent de redécouvrir les nom-
Dans le cadre de l’appel à projet
«Regards sur notre patrimoine», le Pays breuses qualités du matériau terre crue. Son utilisation ne participe pas à l’épui-
Midi-Quercy a aussi inclus le recours aux sement des ressources ni à l’augmentation des pollutions (eau, air, sol) et des
arts plastiques (cf ill.1) et aux arts visuels
déchets, ni aux modifications biologiques. Ce matériau est :
comme supports à l’approche transver-
sale sur les matériaux traditionnels de la • écologique, il nécessite peu d'énergie et d'eau pour sa mise en oeuvre et
construction sur son territoire. Thème qui
son élimination. Issu d’une ressource locale, abondante et inépuisable, il
a une focale particulière sur la terre crue.
réduit les problèmes liés aux transports. Il est également réutilisable à l’infini,
• économique et local, il ne demande pas de transformation coûteuse. Pour
une maison individuelle, la terre des fondations et du terrassement peuvent
suffire pour construire le bâtiment. Il est un prolongement du sol et, à ce titre,
participe à l’identité paysagère et architecturale du territoire dont il est issu. Il
est mis en oeuvre par des savoir-faire et emplois locaux,
• sain, il n’est pas nocif à la réalisation, ni à l’usage du bâtiment. Il participe à
rendre l'air ambiant sain, en régulant l’hygrothermie, en absorbant les odeurs
et en filtrant certains polluants,
1
• allié du confort, il apporte une inertie nécessaire au bâtiment sous nos
1. "Le bain de pied" de Délie Duparc, 2009
climats, l’affranchit des variations des températures extérieures notamment
2. École pimaire, Veyrins-Thullein, 38, architectes M.
STEFANOVA et B. MARIELLE en été. Utilisé en mur et en plancher, il participe à l’isolation phonique. En
3. Logements sociaux, L'Isle d’Abeau, 38, architectes enduit, il ajoute au confort acoustique en diminuant la réverbération sonore.
F.H. JOURDA et G. PERRAUDIN
Associée à d’autres éléments, d’autres techniques ou employée telle qu’elle, la
4. Desert culture center, Canada, © HBBH architects
terre crue présente la même diversité que les bétons de ciment.
5. Mosquée Al Medy, Arabie Saoudite
6. École primaire, Burkina Faso, architecte D.F. KERE,
L’usage de la terre crue induit un coût global acceptable et affiche un bilan
© CRAterre carbone intéressant durant tout son cycle de vie.
7. Autriche, © M. RAUCH
8. Centre de terre, Archécologie, Lavalette, 31, archi-
tecte J. COLZANI [ LA TERRE CRUE, SOURCE DE CRÉATION ]

4 5

3 6 7

Seule ou utilisée avec d’autres matériaux (verre, bois, béton...), la terre crue offre une grande liberté
de création architecturale en mobilisant diverses techniques ou en les adaptant.
L’architecture contemporaine utilise la terre, soit en structure visible à l’extérieur, soit protégée à l’in-
térieur.
Les 8 CAUE de Midi-Pyrénées - www.caue-mp.fr

De l’observation des réalisations actuelles se dégagent certaines spécificités architecturales liées au


matériau terre :
• sa plasticité permet d’obtenir des formes douces et sensibles, qui mettent en éveil les sens, mais
aussi des effets décoratifs intéressants,
• l’alternance de couches lors de sa mise en oeuvre (pisé, adobe) est l’occasion de créer des jeux
de couleurs, de matière, d’ombres, d’horizontalité...
La terre permet une insertion paysagère prononcée. Par sa nature même et par sa couleur, on
peut parler d’"architecture organique". Le bâtiment, tel un organisme vivant, peut se fondre dans le
paysage et répondre aux besoins de ses usagers en accord avec son environnement. 8
TECHNIQUES ET MATERIAUX CONSTRUIRE EN TERRE CRUE P4

[ VERS L'ORGANISATION DE LA FILIÈRE ]

La mise en oeuvre de la terre crue nécessitait beaucoup de main d’oeuvre.


De nos jours, des outils comme les pilons pneumatiques pour le pisé ou les
presses hydrauliques pour les adobes la réduisent. Aujourd’hui, en Tarn-et-
Garonne, ce matériau est souvent utilisé en autoconstruction.
En parallèle, une filière s’organise, se professionnalise. Elle mobilise différents
acteurs : 1
• des laboratoires de recherches, pour mieux connaître les caractéristiques
des produits de certains fabriquants afin de déterminer leur capacité de mise
en oeuvre (projet Tercruso avec l’association ARESO) ; pour caractériser le
comportement thermique des matériaux dans le bâti ancien afin d’adapter les
logiciels de calcul thermique (projet BATAN) ; pour étudier la physique et la
chimie du matériau afin de mieux comprendre ses propriétés mobilisables en EN SAVOIR +
construction (laboratoires CRAterre et INSA de Lyon), BIBLIOGRAPHIE
• des briquetiers, pour adapter leurs produits à la demande actuelle et aux
résultats des études en cours, »» OUVRAGES :

• des artisans, pour ses diverses mises en oeuvre qui sont autant de métiers ; »» CRATerre, Traité de construction en
terre, Editions Parenthèses, Janvier
ils se fédèrent pour mettre en forme des règles professionnelles propres à ce 2006
matériau tenant compte des spécificités locales,
»» Cité des sciences et de l’industrie, Bâtir
• des architectes, pour les réponses qu’elle apporte en termes de développe- en terre – Du grain de sable à l’architec-
ture, Editions Belin, octobre 2009
ment durable et de créativité,
»» Union Régionale des CAUE de
• des organismes de formation, pour garantir la transmission des savoirs. Midi-Pyrénées, Maisons d’argile en
Midi-Pyrénées, Editions Privat, octobre
Mais la pérennité et le développement d’une filière n’est assurée que si elle 2000

a des débouchés. Ce n’est qu’avec une réelle demande de la part de la maî- »» Bruno Pignal, Terre crue – Techniques
de construction et de restauration,
trise d’ouvrage, particuliers et collectivités, que la terre crue verra son avenir
Editions Eyrolles, mars 2000
confirmé.
»» REVUES :
»» Ecologik n° 12, Spécial Architecture
en terre, Editions Architectures à vivre,
2 décembre 2009/janvier 2010
»» La maison écologique n°21, Tout autour
de la terre crue, Association La Maison
écologique, juin/juillet 2004

LIENS UTILES

»» Association nationale de professionnels


de la TERRE crue :
http://www.asterre.org/
»» CRATerre : http://craterre.org
»» Association La route de la terre :
contact@centredeterre.fr
1. Chantier réhabilita-
tion, 82 »» Association Régionale d’Eco-construc-
2. Maison D., 82, archi- tion du Sud-Ouest :
tecte : P. DELPRAT http://www.areso.asso.fr/

Parce qu’elle peut être utilisée en rénovation, réhabilitation, en construction »» Maisons Paysannes de France, déléga-
neuve, de manière traditionnelle ou contemporaine, la terre crue est un maté- tion Tarn-et-Garonne :
http://www.maisonspaysannes82.fr/
riau d’avenir. Elle concerne, aussi bien, des nouvelles mises en oeuvre tradition-
nelles pour l’artisanat local que les méthodes actualisées qui peuvent mobiliser »» Institut de Formation à l’ECO-construc-
tion : http://www.ifeco.fr/
le savoir-faire et les processus industriels existants du béton de ciment.
La terre crue est porteuse d’emplois valorisants. Le coût modéré du matériau »» Laboratoire Matériaux et Durabilité des
permet, aux maîtres d'oeuvre, d'allouer une partie plus conséquente du budget Constructions :
http://www-lmdc.insa-toulouse.fr
aux artisans.

Les 8 Conseils d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement de Midi-Pyrénées


Contact : CAUE 82, Hôtel du Département, 82000 MONTAUBAN - tél. : 05 63 03 80 88
Rédaction : Laurelyne MEUNIER et Jean-Pierre FONT, CAUE 82
Date : octobre 2010 - Mise à jour : novembre 2015 - Création graphique : P. REDOULÈS

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