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MARS 2020

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SOMMAIRE

L’élection de tous les possibles Le bilan de Gérard Collomb

Les programmes

Les candidats

Un scrutin historique ..................................................................................4


Élections métropolitaines, mode d’emploi ........................................5
2020, année de tous les possibles..........................................................6

Métropole
La bataille des circonscriptions ...............................................................8
Les candidats .................................................................................................12
Le bilan des années Collomb..................................................................22
Les défis du prochain président ...........................................................24

Programme : les propositions des candidats..................................28

Lyon
Une vague de renouvellement dans les arrondissements .........38
Les candidats .................................................................................................41

Agglomération
Villeurbanne prête à passer au vert ?.................................................48
La fin de la banlieue rouge ? ..................................................................50

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Lyon Capitale : 51 avenue Maréchal Foch 69006 LYON - Tél. 04 72 98 05 00
Directeur de la publication : Didier Maïsto • Directeur exécutif : Philippe Vives

Hors-série Lyon Capitale “spécial élections” mars 2020


Directeur de la rédaction : Chiêu An Thai (mathieu.thai@lyoncapitale.fr)
LES ESPRITS LIBRES
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Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 3


DÉCRYPTAGE

ÉLECTIONS MUNICIPALES ET MÉTROPOLITAINES

Un scrutin historique
En 2020, les candidats essuient les plâtres d’un scrutin métropolitain
qu’ils peinent à installer dans l’esprit des électeurs malgré des enjeux
primordiaux pour le quotidien des habitants de l’agglomération.

P
our la première fois, les électeurs vont être mites. Et c’est celui qui a été retenu pour la mé-
clairement impliqués dans la désignation tropole”, s’étouffe Stéphane Guilland, porte- SEULE
de leurs élus métropolitains. Il était temps parole d’Étienne Blanc. La campagne, elle, met CERTITUDE,
au vu de l’incroyable arsenal de compétences en avant d’autres limites : celles de la métropole GÉRARD
dont dispose la métropole ; version survitaminée et de la ville de Lyon. Le dynamisme de l’agglo- COLLOMB NE
du Grand Lyon et de la Courly, ses ancêtres, avec mération a créé des emplois, embelli la ville, SERA PLUS
3,5 milliards d’euros de budget annuel. Cette mais créé insidieusement des effets pervers. Les MAIRE DE LYON.
nouveauté démocratique est à saluer, mais ses prix de l’immobilier ont grimpé jusqu’à devenir IL NE VISE,
modalités d’application n’ont pas permis un prohibitifs pour les classes moyennes. Les dépla- EN 2020, QUE LA
choc de simplification. Les électeurs sont appelés cements sont devenus un casse-tête, notamment PRÉSIDENCE DE
aux urnes pour un double scrutin, municipal et pour les automobilistes qui passent 100 heures LA MÉTROPOLE.
métropolitain, dont certains découvriront le de plus dans les bouchons qu’en début de man-
principe en entrant dans leur bureau vote. Les dat. Ces phénomènes se mesurent un peu
candidats comme les observateurs sont débous- partout en France et Lyon ne fait clairement pas
solés. Et les sondages n’ont pas permis d’y puiser exception. Comme dans d’autres classements,
un regain de clairvoyance. Cette élection est l’agglomération figure même sur le podium
donc historique pour le suspense qu’elle main- d’un officieux palmarès dont elle se passerait
tient. Une première depuis 2001. Seule certitude, bien. La campagne se joue sur la réponse appor-
Gérard Collomb ne sera plus maire de Lyon. Il tée à ces défis, ainsi qu’à celui du réchauffement
ne vise, en 2020, que la présidence de la métro- climatique. Les écologistes veulent changer de
pole, cette collectivité qu’il a créée et dont il veut logiciel et sortir de la course à l’attractivité. Gé-
être le premier président élu. Pour le reste, tous rard Collomb y voit une impasse qui mènerait à
les scénarios sont sur la table. Y compris celui l’effondrement de l’économie. Lui propose des
d’une élection qui déboucherait sur un blocage accommodements raisonnables de son modèle
institutionnel. “À Lyon, cinq listes peuvent ga- lyonnais qui tient lieu tout à la fois de bilan et de
gner un arrondissement. La loi PML (Paris- programme. Au milieu, François-Noël Buffet et
Lyon-Marseille) avec ses primes majoritaires David Kimelfeld adoptent une posture hybride
marchait bien à l’époque du bipartisme, mais qui peine à infuser dans une campagne métro-
© Tim Douet

avec le tripartisme, il montre clairement ses li- politaine. > PAUL TERRA

4 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


Élections métropolitaines,
mode d’emploi
L’élection métropolitaine est une grande première. Elle suscite de
nombreuses interrogations chez les électeurs. Le mode de scrutin,
organisé sur 14 circonscriptions, ne simplifie pas la donne.

‘ Qu’est-ce que la métropole ? élus. Un pour 15 000 habitants à Lyon et Villeurbanne


La métropole de Lyon existe officiellement depuis le contre un pour 1 172 habitants à Curis-au-Mont-d’Or. À
1er janvier 2015, date à laquelle le Grand Lyon, ex-Courly, a partir du 22 mars 2020, un élu représentera, en moyenne,
absorbé les compétences, principalement sociales, du 8 700 habitants. Dans une poignée de circonscriptions, des
conseil général. Lyon est la seule agglomération à avoir communes, principalement celles du Val de Saône, ne
procédé à ce type de fusion en France. seront pas représentées à la métropole.

‘ Comment se déroulera le vote ? ‘ Pourquoi ces 14 circonscriptions ?


Les 15 et 22 mars, les électeurs de l’agglomération sont La métropole a été découpée en 14 “super-
appelés à voter pour un double scrutin : municipal et arrondissements” censés englober des bassins de vie.
métropolitain. Pour donner une existence physique aux Villeurbanne est la seule ville-circonscription. Lyon est
élections métropolitaines, la préfecture du Rhône a opté divisée en six. “Ce découpage permet de prendre en compte les
pour une organisation spatiale distincte : deux tables avec territoires dans leur diversité”, justifie Gérard Collomb qui a,
les bulletins, deux isoloirs et deux urnes. en grande partie, rédigé la loi.

‘ Quel est le mode de scrutin ? ‘ À quoi servent les circonscriptions ?


Pour la première fois, les Lyonnais vont élire leurs élus La création de la métropole devait enlever une couche du
métropolitains au suffrage universel direct à deux tours. millefeuille administratif français. Cinq ans après l’entrée
C’est le même mode de scrutin qu’aux municipales à Lyon. en vigueur de la métropole, le conseil métropolitain
Au premier tour, il faut obtenir la majorité absolue pour s’apprête à en créer une autre officieusement : la conférence
l’emporter. Au second tour, toutes les listes qui ont recueilli territoriale des maires. C’est dans cette instance que les
plus de 10 % peuvent se maintenir. La liste qui obtient le maires qui ne siègent pas au conseil métropolitain
plus de voix l’emporte. La spécificité du scrutin réside dans pourront porter la voix des communes.
la présence d’une prime majoritaire qui octroie 50 % des
sièges en jeu au candidat qui arrive en tête du second tour. ‘ Comment sera élu le président de la
Les candidats ont donc tout intérêt à faire des alliances. métropole ?
Si les conseillers métropolitains sont élus au suffrage
‘ Pourquoi les maires des petites universel, le président de la métropole est toujours choisi
villes critiquent-ils le scrutin ? par ses pairs dans un troisième tour. Un mode de scrutin
Dans la version actuelle de la métropole, tous les maires de qui ouvre la porte aux “combinazione”. L’hypothèse d’une
l’agglomération siégeaient au conseil métropolitain. Ce qui absence de majorité tout au long des six ans de mandat est
engendrait une grande disparité dans la représentativité des même envisagée par de nombreux candidats.

QUI FAIT QUOI ?


Métropole Ville de Lyon
59 communes 9 arrondissements
Budget : 3,4 milliards d’euros Budget : 685 millions d’euros
Nombre d’habitants : 1,38 million Nombre d’habitants : 515 000
Nombre d’agents : 9 200 Nombre d’agents : 7 300
• Assistantes maternelles
• Collèges • Police municipale
• Voirie, Propreté • Crèche, écoles maternelles et primaires
• Logement, RSA, Ehpad, personnes âgées • Permis de construire
• Culture : Nuits de Fourvière, musée des Confluences • Sport
• Métro, tramway • Carte d’identité
• Développement économique • Culture : Bibliothèques, opéra, théâtre des Célestins

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 5


DÉCRYPTAGE

LES SCÉNARIOS

2020, année
de tous les possibles
Pour l’emporter, les candidats à la présidence de la métropole
devront se trouver des alliés du fait du mode de scrutin. De
nombreux scénarios sont plausibles.

L
e constat abolit les frontières parti- lomb le laisse entendre depuis des mois. liste PS au moins et peut-être avec David
sanes et les haines recuites qui ja- Ce que la droite a longtemps mollement Kimelfeld qui multiplie les attentions à
lonnent la campagne : “Personne démenti avant de cerner, dans la dernière leur égard. Ce bloc hypothétique pèse
ne peut gagner seul.” Il vaut pour Lyon ligne droite, le piège qui leur était tendu : plus de 40 %, ce qui en cas de triangulaire
comme pour la métropole. Après les être satellisés dans cette campagne. Ils leur permet de jouer gagnants. Le mode
votes des 15 et 22 mars, les élus désigneront jurent aujourd’hui que rien ne sera pos- de scrutin avec des primes majoritaires
le premier d’entre eux dans leurs assem- sible. À défaut d’être majoritaires, ils am- qui permettent d’obtenir automatique-
blées respectives dans un troisième tour bitionnent de constituer le groupe d’élus ment la moitié des sièges en jeu dans un
souvent opaque. Il est fort probable que le plus important à la métropole pour arrondissement ou une circonscription
rien ne soit réglé avant. Si Gérard Collomb tenter d’en emporter la présidence à la métropolitaine incite clairement aux fu-
fait la course en tête dans les sondages, il majorité relative, au troisième tour du sions de listes. Les quelques heures dont
manque de réserves de voix en vue du troisième tour. À moins qu’une majorité disposent les candidats dans l’entre-
second tour. Les Républicains, en troisième ait réussi à se créer avant. Les écologistes deux-tours compteront doubles.
position, ont le même écueil. De quoi peuvent être en mesure de se concocter
en faire des alliés objectifs ? Gérard Col- un périmètre d’alliance gagnant avec la

Métropole
Sources : Lyon Mag - Opinion Way des 30/10, 27/11 , 27/12, 30/01, 26/02, Le
Les alliances possibles Progrès/France Info -Ipsos du 14/11 et Mag2Lyon – BVA du 14/02.

Les candidats et leurs scores obtenus dans les sondages (en moyenne)

FRANÇOIS-NOËL BUFFET 
BRUNO BERNARD  LES RÉPUBLICAINS
EÉLV
GÉRARD COLLOMB 44%
LREM
42%

16,5 %
20,6 %
30%
27,1 %

40%

12,5 %
1 %
DAVID KIMELFELD
DENIS BROLIQUIER
ENSEMBLE AVANT TOUT
LES CENTRISTES
10 %
RENAUD PAYRE
LA GAUCHE UNIE

ANDRÉA KOTARAC 
NATHALIE * Nathalie Perrin-Gilbert ne pré- RASSEMBLEMENT
PERRIN-GILBERT  sente des candidats que sur les
GRAM - LFI 3,3 %* six circonscriptions lyonnaises.
NATIONAL 10 %

6 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


Le 27 mars, au lendemain de l’élection du président de la
métropole, les conseillers municipaux désigneront le
maire de Lyon pour les six prochaines années

© MAXPPP
Ville de Lyon Sources : Lyon Mag - Opinion Way des 30/10, 27/11 , 27/12, 30/01, 26/02 ;

Les alliances possibles Ifop-Fiducial pour Lyon Capitale du 16/01 et Mag2Lyon – BVA du 14/02.

Les candidats et leurs scores obtenus dans les sondages (en moyenne)

ÉTIENNE BLANC
GRÉGORY DOUCET LES RÉPUBLICAINS
EÉLV
YANN CUCHERAT 37%
LREM
40%

18,2 %
21 %
30% 18,5 %

28%

9,5 %
1 %
GEORGES KÉPÉNÉKIAN
ÉRIC LAFOND
RESPIRATIONS
LES CENTRISTES
9 %
SANDRINE RUNEL
LA GAUCHE UNIE

NATHALIE AGNÈS MARION


PERRIN-GILBERT  RASSEMBLEMENT
GRAM - LFI 8,7 % NATIONAL 9,5 %

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 7


SCRUTIN MÉTROPOLITAIN

Métropole
Un saut dans l’inconnu
I
maginé par Gérard Collomb en 2014 dans au coup du lapin sorti du chapeau. La droite se
le confort du clivage droite gauche, le scrutin laissera-t-elle séduire ? Son candidat, François-
métropolitain est rendu totalement illisible Noël Buffet, jure que non. Mais en 2001 et
par la décomposition de l’offre politique de 2020. en 2014, il n’avait pas non plus vu venir la tra-
“Personne ne peut gagner tout seul”, pointe-t- hison de ses camarades. Une absence de majorité
on dans chaque staff de campagne. Gérard au soir du second tour ne tient plus de la
Collomb et les écologistes font la course en science-fiction. Ce qui pourrait être préjudiciable
tête, mais dans leur sillage une poignée de can- à l’heure où la métropole a devant elle des
didats se partagent 50 % des intentions de défis immenses à relever : la transition envi-
vote. Conçu pour enfin faire émerger une ma- ronnementale, la révolution numérique, une
jorité claire, le scrutin ne devrait pas honorer crise du logement et des mobilités à résoudre.
sa promesse. Et c’est encore dans un troisième Passées au révélateur de son attractivité, les
tour opaque que pourrait se décider le nom limites du modèle lyonnais sont apparues. Et
du premier président élu de la métropole de l’enjeu du scrutin est là. Faut-il changer d’orien-
Lyon. Gérard Collomb, qui en fait l’aboutisse- tation, comme le prônent les écologistes, corriger
ment de sa carrière politique, a su par le passé les erreurs à la marge, comme le pensent David
se trouver des alliés de circonstance pour ren- Kimelfeld et François-Noël Buffet, ou continuer
verser des rapports de force défavorables. La sur la voie tracée depuis 2001, comme le
magie opérera moins facilement. À sa gauche, propose Gérard Collomb ? Électeurs, vous avez
les écologistes et les socialistes ne croient plus deux tours pour répondre à cette question.

La bataille des circonscriptions


Lyon Ouest Lyon Centre
Gérard Collomb (LREM), maire de David Kimelfeld (Ensemble avant
Lyon Lyon
tout), président de la métropole et
Lyon Thomas Rudigoz (Ensemble avant Lyon maire du 4e arrondissement
Nord Centre
tout), député LREM Nord Fabien Bagnon (EÉLV), ancien
Lyon Lyon
Ouest Philippe Meunier (LR), conseiller président de La Ville à vélo
régional Ouest Denis Broliquier (Les Centristes),
Lyon Lyon
Est Les autres candidats : Bertrand Est maire du 2e arrondissement
Artigny (EÉLV), Thibaut Monnier Les autres candidats : Pierre
Lyon Lyon
Lyon Sud-Est (RN), Raphaël Debu (Gauche Chambon (LREM), Jean Perrot
unie), Adrien Drioli (LFI-Gram), Lyon Sud-Est (RN), Marc Degrange (LR),
Sud Sud
Anne-Marie Chambon (LO), Laurence Boffet (LFI-Gram),
Christelle Madeleine (Les Florestan Groult (Gauche unie),
Centristes). Charly Champmartin (LO).

Dans son fief, Gérard Sur les terres de David


Collomb est défié par l’un Kimelfeld, EÉLV a investi
de ses anciens protégés, Fabien Bagnon, une figure
Thomas Rudigoz. L’ancien de la cause écologique à
maire du 5e arrondissement Lyon, et pense pouvoir
est l’un des plus fervents l’emporter. David Kimelfeld
soutiens de David Kimelfeld. mise lui sur son
Les Républicains ont investi enracinement croix-
Philippe Meunier, conseiller roussien, un arrondissement
régional en charge de la dont il est maire depuis près
sécurité, pour donner la de dix ans.
réplique à l’ancien ministre
de l’Intérieur.

8 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


Lyon Nord Lyon Est
Lyon
Pascal Blache (LR), maire du Carole Burillon (LREM),
Lyon 6e arrondissement Lyon conseillère municipale
Centre Centre Lyon
Nord Richard Brumm (LREM), adjoint et Nord Pierre Bérat (LR), conseiller
Lyon vice-président de la métropole Lyon régional et municipal
Ouest Catherine Panassier (Ensemble Ouest Guy Corazzol (Ensemble avant
Lyon Lyon
Est avant tout), maire du tout), adjoint et conseiller
3e arrondissement et présidente Est métropolitain
Lyon de Grand Lyon habitat Lyon Les autres candidats : Isabelle
Lyon Sud-Est Les autres candidats : Florence Lyon Sud-Est PetiotVasselin (EÉLV), Raphaël
Sud Sud
Delaunay (EÉLV), Jacky Copede Boulbes (RN), Chantal Helly (LO),
(RN), Martine Souvignet (LFI- Quentin Picard (Gauche unie),
Gram), Arthur Duvivier (Gauche Régis Favier (Les Centristes)
unie), Matthieu Sausset (Les
Centristes), Hélène Rivière (LO). Cette circonscription
englobe la partie du
Depuis son passage à La 3e arrondissement à l’est de
République en Marche, la Part-Dieu. Un territoire où
Gérard Collomb s’imagine les attentes sont
pouvoir gagner une hétérogènes : préserver
circonscription initialement l’esprit village de Montchat
taillée pour la droite. Pour et insérer des immeubles de
l’emporter, il présente une bureau sur l’est du quartier
liste marquée à droite avec d’affaires. Politiquement, le
l’avocat sarkozyste Richard scrutin est rendu indécis par
Brumm et l’ancienne LR les divisions de la majorité
Laurence Balas. sortante.

Lyon Sud Lyon Sud-Est


Lyon
Nathalie Perrin-Gilbert (LFI- Agnès Marion (RN), conseillère
Centre Lyon Gram), maire du 1er arrondissement Lyon régionale
Nord Centre Lyon
Renaud Payre (Gauche unie), Nord Michel Le Faou (Ensemble avant
Lyon directeur de Sciences-Po Lyon tout), vice-président de la
Ouest Lyon
Lyon
Christophe Geourjon (LREM), Ouest métropole et adjoint à Lyon
Est conseiller municipal et Lyon Louis Pelaez (LREM), conseiller
métropolitain Est municipal et métropolitain
Lyon Les autres candidats : Myriam Les autres candidats : Stéphane
Lyon Sud-Est Lyon
Picot (Ensemble avant tout), Lyon Sud-Est Guilland (LR), Nathalie Dehan
Sud
Thomas Dossus (EÉLV), Jean- Sud (EÉLV), Matthieu Azcue (LFI-
Claude Lassalle (LR), Justine Gram), Sandrine Runel (Gauche
Dufour (RN), SaïdiAli Chellali (Les unie), Marie-Christine Pernin (LO),
Centristes), Olivier Minoux (LO). Stéphane Sacquepée (Les
Centristes).
Alors que la plupart des
candidats estiment que le Le 8e arrondissement porte
7e arrondissement s’est les stigmates d’une majorité
résolument ancré à gauche, métropolitaine qui a implosé
Gérard Collomb mise sur en vol. Des élus sortants
Christophe Geourjon, sont répartis sur trois listes :
transfuge de l’UDI. Il pense Louis Pelaez, Michel Le Faou
que son profil collera avec et Sandrine Runel. Et aucun
les nouveaux habitants de d’entre eux n’envisage de se
Gerland. À gauche, le duel rapprocher des autres au
entre Nathalie Perrin-Gilbert second tour. Dans une
et Renaud Payre sera scruté. probable quadrangulaire,
En 2014, ils avaient fondé le voire quinquangulaire, Les
Gram. Six ans plus tard, ils Républicains comme les
ont sombré dans une écologistes s’imaginent
détestation réciproque. régler leurs querelles
intestines.

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 9


SCRUTIN MÉTROPOLITAIN

LA BATAILLE DES CIRCONSCRIPTIONS

Villeurbanne Rhône Amont


Prosper Kabalo (LREM), adjoint et Christophe Quiniou (LR), maire de
vice-président de la métropole Meyzieu
Bruno Bonnell (LREM), député Hélène Geoffroy (PS), maire de
Bruno Bernard (EÉLV), chef Vaulx-en-Velin
d’entreprise Andrea Kotarac (RN), ancien
Cédric Van Styvendael (PS), ancien conseiller régional
directeur d’Est métropole habitat Les autres candidats : Claire
Dany Morsilli (LR), chef d’entreprise Brossaud (EÉLV), Isabelle Perriet-
Les autres candidats : Michèle Morel Roux (LREM), Thomas Spreux (LO),
(RN), Capucine Moreaux (Les Nacer Denfir (DVG), Hervé Bocquet
Centristes), Christian Dadat (UPR). (DVD).

La présidence de la David Kimelfeld ne présente


métropole pourrait se décider pas de candidats dans cette
à Villeurbanne. Le vainqueur circonscription, mais soutient
de cette circonscription la socialiste Hélène Geoffroy.
devrait rafler une douzaine de L’ancienne ministre de
sièges sur les 17 en jeu. La François Hollande se présente
campagne a mis en avant des hors des murs de la Gauche
divisions à une échelle unie, la plateforme d’alliance
industrielle. La majorité s’est du PS. La droite mise sur ses
scindée en deux listes : les maires pour asseoir sa
socialistes et les marcheurs mainmise sur l’Est lyonnais.
de Prosper Kabalo. En se
lançant, Bruno Bonnell a créé
une dissidence au sein de
LREM. Dans ce contexte,
Bruno Bernard semble en Porte des Alpes
position de force et Gilles Gascon (LR), maire de Saint-
Priest et conseiller régional
s’appuiera sur la dynamique Izzet Doganel (LREM), adjoint à
municipale de Béatrice Bron
Vessiller. Jean-Michel Longueval (Gauche
unie), maire de Bron
Les autres candidats : Véronique
Moreira (EÉLV), Rémi Berthoux
(RN), Françoise Ritter (Ensemble
avant tout), Michel Piot (LO).
Plateau Nord
Philippe Cochet (LR), maire de
Caluire-et-Cuire La gauche et le PS perdent
Emmanuelle Pelluet (LREM), progressivement leur
conseillère municipale à Rillieux-la- mainmise sur la première
Pape couronne de l’agglomération.
Les autres candidats : Séverine Gilles Gascon, en position de
Hémain (EÉLV), Cecilia Sanchez
(Ensemble avant tout), Cécile Bène force à Saint-Priest, fait figure
(RN), Marc Cachard (Gauche unie), de favori. Il mène une
Farouk Cherif (LFI), Marie Beni (Les campagne agressive sur le
Centristes). thème d’une métropole de
Cette circonscription ne Lyon qui ne prend pas assez
devrait pas échapper aux en considération l’Est
Républicains qui dirigent lyonnais.
deux des trois villes qui
composent le plateau nord.
Surtout qu’à Rillieux-la-Pape
et Caluire-et-Cuire, LREM n’a
pas su trouver de candidat
capable de les menacer dans
leurs communes.

10 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


Ouest Val de Saône
Pascal Charmot (LR), maire de Yves-Marie Uhlrich (UDI-LR), maire
Tassin-la-Demi-Lune d’Écully
Julien Ranc (LREM), conseiller Marc Grivel (Ensemble avant tout),
municipal à Tassin-la-Demi-Lune maire de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or
Les autres candidats : André Renaud George (LREM), maire de
Valentino (Gauche unie), Hélène Saint-Germain-au-Mont-d’Or
Dromain (EÉLV), Alain Godard (RN), Les autres candidats : Christophe
Alain Galliano (Ensemble avant Boudot (RN), Jérémy Camus
tout), Tristan Teyssier (LO). (EÉLV), Pierre Robin (Gauche unie),
Emilio Ruiz Colechar (Les
La principale bataille va se Centristes), Muriel VanderDonckt
jouer à Tassin-la-Demi-Lune, (LO).
une ville qui concentre les
Les alliés d’hier sont les
enjeux de la circonscription :
ennemis d’aujourd’hui. Les
la ligne E du métro et
maires Synergies ont implosé
l’Anneau des Sciences. Le
entre pro-Collomb et
duel métropolitain est aussi
partisans de David Kimelfeld.
celui des municipales.
Yves-Marie Uhlrich, le maire
UDI d’Écully, veut les mettre
d’accord et sa commune pèse
un tiers des électeurs.
Portes du Sud
Nathalie Frier (LREM), maire de
Saint-Fons
Michèle Picard (PCF-Gauche unie),
maire de Vénissieux
Yves Blein (LREM dissident), député
Lônes et coteaux
Les autres candidats : Christophe François-Noël Buffet (LR), sénateur
Girard (LR), Pierre Athanaze (EÉLV), et conseiller métropolitain
Noël Dudukdjian (LO), Saliha Jean-Luc Da Passano (Ensemble
Mertani (Les Centristes). avant tout), maire d’Irigny et vice-
président de la métropole
C’est probablement la Jean-Charles Kohlhaas (EÉLV),
circonscription la plus conseiller régional
Les autres candidats : Roland
indécise. Le RN est attendu Crimier (LREM), Antoine Mellies
haut. Son candidat était (RN), Christiane Charnay (Gauche
présent au deuxième tour des unie), Jean Pouly (Les Centristes),
législatives sur un territoire Cécile Faurite (LO).
similaire. Les communistes L’Anneau des Sciences est au
tireront aussi haut la liste de cœur des débats dans une
la Gauche unie depuis leur circonscription que
bastion de Vénissieux. LREM l’autoroute urbaine doit
se présente divisé entre les couper en deux entre Oullins
candidats de Collomb, et Saint-Genis-Laval. Seul
Nathalie Frier, la maire de Roland Crimier (LREM) en fait
Saint-Fons, et Yves Blein, la promotion. Jean-Luc Da
député de la circonscription. Passano parie sur sa notoriété
Ce dernier a reçu le soutien dans un Sud-Ouest lyonnais
de David Kimelfeld qui n’est où il est élu depuis 1985.
toutefois pas réciproque. François-Noël Buffet a mis le
paquet sur sa circonscription
en promettant son Central © Tim Douet
Park à Oullins et un nouveau
tracé pour l’Anneau des
Sciences.

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 11


MÉTROPOLE LES CANDIDATS

LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE

Gérard Collomb :
le dernier round
Fort de sa notoriété et d’un bilan consolidé depuis 2001, Gérard
Collomb est le favori pour présider la métropole, une collectivité qu’il
a créée et sur laquelle il veut laisser son empreinte. Mais il est affaibli
politiquement. Il a perdu une partie de son équipe et s’avance sans
réserve de voix au second tour.

D
ans les années 1980, Gérard Collomb a Lyon. Son destin national prend une tournure ‘ Gérard Collomb,
cultivé, à son insu, une image de loser ironique à l’été 2014. Arnaud Montebourg et 72 ans
de la politique lyonnaise. Municipales Benoît Hamon sont virés du gouvernement. • Né à Chalon-sur-
après municipales, il a encaissé les désillusions Gérard Collomb s’imagine déjà à Bercy et fait Saône
et les brimades. Les plus dures venant de son campagne. François Hollande met son veto et • Professeur agrégé
de Lettres classiques
propre camp. Au parti socialiste, il est méprisé confie le ministère de l’Économie à Emmanuel en 1970
par les instances nationales. Sous Mitterrand, Macron. “Je n’ai jamais rêvé d’être ministre, • Entre au conseil
les gouvernements se font sans lui. Idem sous contrairement à ce que beaucoup ont pu dire”, municipal en 1977
Jospin. Gérard Collomb enraie la spirale des tempère aujourd’hui Gérard Collomb. • Devient député en
défaites en 1995 en prenant le 9e arrondissement. 1981, puis sénateur
Il en fait son laboratoire, celui d’un socialisme en 1999
L’aventure En Marche
pragmatique. Sur les anciennes friches industrielles • Élu maire en 2001 puis
Mais le maire de Lyon n’en nourrira aucune en 2008 au 1er tour.
du quartier de l’Industrie, il mise sur Bruno rancœur envers le ministre de l’Économie de Réélu en 2014
Bonnell et Infogrames. Jean-Michel Aulas suivra François Hollande. Il est séduit par le réformiste • Devient en 2015
en installant le siège de la Cegid. Sous Raymond Macron. Il sera son premier soutien et se lance à le 1er président de la
Barre, il se montre un opposant constructif. corps perdu dans l’aventure En Marche. Em- métropole de Lyon,
collectivité qu'il a créée.
En 2001, les planètes s’alignent pour Gérard manuel Macron devenu président, Gérard Col-
Collomb. L’après-Barre vire au vaudeville. La • Dès 2016, participe à
lomb est nommé ministre de l’Intérieur. Une la création d'En Marche
droite se divise entre Michel Mercier et Charles tâche qu’il accepte “pour rendre service”, dit-il. avec Emmanuel Macron
Millon. Minoritaire en nombre de voix, Gérard Une nomination qu’il regrette aujourd’hui. • Nommé ministre de
Collomb devient maire de Lyon grâce au système Sans son concepteur, le système Collomb se l'Intérieur en 2017.
électoral par arrondissement, à la tête d’une liste fissure. En son absence, une partie de ses majorités • Quitte ses fonctions
gauche plurielle. Les premiers mois du mandataire municipales et métropolitaines savourent la en 2018 et redevient
sont hésitants. Et puis Gérard Collomb trouve maire de Lyon.
nouvelle méthode de travail. Sentant sa ville lui
la recette de sa “movida” : les berges du Rhône, échapper, Gérard Collomb revient à Lyon, mais
les Nuits sonores et Vélo’v. En 2008, il met en ne la reconnaît plus totalement. En position de
miettes Dominique Perben et s’offre une élection faiblesse, il fait l’impasse sur la présidence de la
dès le premier tour. Ce triomphe, il le savoure. Il métropole qu’il laisse à David Kimelfeld. Il consi-
met aussi en lumière un nouveau visage de dère que les élus lui doivent tout et ne pardonne
Gérard Collomb : plus autocratique et plus pas à ceux qui ne s’alignent pas. “Humainement,
droitier. Une tendance qui va se confirmer cela touche, forcément, de voir des amis partir.
d’année en année. En 2014, il est facilement J’ai connu une période difficile”, glisse Gérard
réélu, ayant conforté, entre-temps, son image Collomb. Une année et demie de bras de fer
de maire bâtisseur à la Confluence. La vague s’engage avec David Kimelfeld. En jeu : l’investiture
bleue se fracasse sur le système Collomb. LREM pour le scrutin métropolitain. À l’automne,

Destin national “HUMAINEMENT, CELA TOUCHE,


Mais aux yeux des cadres de Solférino, cela ne
suffit toujours pas. François Hollande nomme FORCÉMENT, DE VOIR DES AMIS
trois Lyonnais dans ses gouvernements : Najat PARTIR. J’AI CONNU UNE
Vallaud-Belkacem, Thierry Braillard et Hélène
Geoffroy. Autant de vexations pour le maire de PÉRIODE DIFFICILE”
12 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020
Dans cette campagne, Gérard
Collomb mise sur lui : sa marque
et son bilan. Il parie que dans une
élection difficilement lisible, sa
notoriété peut s’avérer décisive.

© AFP
Emmanuel Macron tranche en faveur du maire de Lyon. “JE N’AI JAMAIS RÊVÉ
Un an après que ce dernier a quitté le gouvernement sans
ménagement. “Sur le terrain, les gens nous disent qu’ils D’ÊTRE MINISTRE,
aiment Collomb, qu’ils l’apprécient, mais ils n’ont pas digéré
son départ”, pointe Michel Le Faou, tête de liste de David
CONTRAIREMENT À CE QUE
Kimelfeld sur la circonscription Lyon Ouest. Gérard Collomb BEAUCOUP ONT PU DIRE”
retient, les demandes de selfies dans la rue. Depuis son
passage au ministère, il a vu sa popularité démultipliée. urbain à la Confluence. “Le projet le plus écologiste de cette
Dans cette campagne, le maire de Lyon mise sur lui : sa campagne”, avance-t-il dans une vision un brin surannée de
marque et son bilan. Il parie que dans une élection difficilement l’environnement.
lisible, sa notoriété peut s’avérer décisive. “Il dit : « Votez pour Mais électoralement, le Gérard Collomb de 2020 n’est plus
moi et ce sera comme avant. » Les gens sont plutôt contents de celui de 2014. Le passage à La République en Marche lui a
son action. Il a donc tout intérêt à parler de son bilan plus que ouvert quelques portes à sa droite, mais en a fermé plus à sa
de son projet”, valide un habitué des campagnes lyonnaises. gauche. En six ans, il a presque perdu un tiers de son électorat.
Gérard Collomb ne dit pas autre chose : “Il faut que l’on Les sondages le placent au premier tour entre 25 et 30 %, mais
continue dans cette voie et pas que l’on en change ou que l’on en font un colosse aux pieds d’argile. Pour gagner, il devra
essaie autre chose.” Cette continuité se retrouve aussi dans son s’allier. Ses œillades à la droite ne sont pas des plus discrètes.
programme. Il porte les grandes infrastructures dont il s’était Fin mars, ce pourrait être le prix à payer s’il veut devenir le
pourtant toujours tenu à l’écart. Il s’est ainsi emparé de premier président élu au suffrage universel de la métropole de
l’Anneau des Sciences avec une vigueur nouvelle. Il en fait le Lyon. Une collectivité qu’il a créée et dont il veut écrire le
prix à payer, 3 à 4 milliards d’euros, pour faire sauter le premier chapitre de l’histoire. > PAUL TERRA
bouchon de Fourvière et transformer l’autoroute en boulevard

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 13


MÉTROPOLE LES CANDIDATS

LES RÉPUBLICAINS

François-Noël Buffet,
une élection pour briser
la malédiction
En 2001 et en 2014, François-Noël Buffet avait vu la présidence de la
métropole se refuser à lui, trahi par une partie des siens.

F
rançois-Noël Buffet tente de conjurer le “C’EST LA FORCE TRANQUILLE.
mauvais sort qui le lie à la présidence de
la métropole. En 2001 et en 2014, ses CE N’EST PAS TOUJOURS CELUI
candidatures s’étaient soldées par de cuisants
échecs. Lors des troisièmes tours, il était censé
QUI FAIT LE PLUS DE BRUIT QUI
être majoritaire en voix, mais Gérard Collomb SE FAIT LE MIEUX ENTENDRE”
avait su retourner les maires de centre droit et
certains LR. Son parti lui a redonné une chance
et l’a investi. Les Républicains misent sur son
profil plus rassembleur et rond que celui plus ‘ François-Noël Buffet,
soit des élus de droite ou de gauche, tous s’accor-
hâbleur d’Alexandre Vincendet qui postulait. 56 ans
dent à dire que c’est un gros bosseur”, rapporte
C’est aussi le pari d’une campagne qui se jouera • Né à Lyon
Stéphane Guilland. À la haute assemblée où il
dans la discussion plus que dans des actions • Avocat
est élu depuis 2004, il s’est spécialisé sur les ques-
coup-de-poing. “François-Noël Buffet, c’est la
tions d’immigration. Localement, il mène cam- • Élu conseiller municipal
force tranquille. Ce n’est pas toujours celui qui fait d'Oullins en 1990.
pagne sur sa vision de la métropole de demain.
le plus de bruit qui se fait le mieux entendre”, veut • Maire de la commune de
Elle serait moins centrée sur Lyon et placée dans
croire Gilles Gascon, maire LR de Saint-Priest et 1997 à 2017
une vision plus large qui englobe l’aire urbaine
tête de liste sur la circonscription porte des • Sénateur du Rhône
de Lyon. “Il a compris que cette collectivité n’était
Alpes. Le choix du sénateur est finalement celui depuis 2004.
pas une entité unique. Il sait que les besoins ne
d’une élection qui se jouera sur trois tours. Mais • Candidat face à Gérard
sont pas les mêmes d’un territoire à l’autre. Il a
ce postulat a enfanté des doutes sur le premier Collomb en 2014 pour la
une vraie vision d’aménagement du territoire sur présidence du Grand Lyon
étage de la fusée Buffet. Certains de ses colistiers
l’équilibre entre l’est et l’ouest. Gérard Collomb • Soutient François Fillon
s’exaspèrent ainsi depuis des mois de le voir
ne voit que Lyon et il a siphonné les finances au à la présidentielle de 2017
mener une campagne de sénateur souterraine
profit de la ville centre. Avec François-Noël Buffet,
quand ils pensent qu’un surplus de visibilité ne
les communes n’auront plus à venir quémander
leur ferait pas de mal. “Ce scrutin est une pre-
des investissements auprès d’un Gérard Collomb
mière. Je pense que lui n’avait pas compris qu’il
qui achète des voix”, assène Christophe Quiniou,
devrait nous cornaquer. De notre côté, nous
maire de Meyzieu.
n’avions pas intégré que nous ne serions pas to-
talement maîtres de notre campagne comme aux
municipales”, juge à la Salomon une tête de liste “La confraternité,
LR. François-Noël Buffet, malgré des critiques c’est la haine vigilante”
nourries, n’a pas varié. “C’est quelqu’un de Ce choix du municipalisme s’est retrouvé dans
constant dans ses idées avec des principes et une ses investitures, 13 hommes et une seule femme
vision. Dans les péripéties de ces dernières années pour faire la part belle aux maires, ce qui lui a
au sein de LR, il a su garder le cap. Il est le bon aussi valu un procès en misogynie. David Kimel-
candidat parce qu’il nous faut quelqu’un de solide feld l’a ainsi affublé du surnom de “major
sur ses convictions, mais aussi capable d’ouver- d’hommes”. Mais, stratégiquement, le pari pour-
ture”, salue Pierre Bérat, qui mène la liste sur la rait être gagnant. Le candidat LR à la présidence
circonscription Lyon Est. de la métropole théorise que le scrutin se déci-
C’est aussi et surtout son sérieux qui est mis en dera encore à partir de l’échelon municipal et
avant. “Techniquement, il est bon. Quand il que les électeurs feront des choix conformes. Son
prend un dossier, il le gère bien. Au Sénat, que ce salut passera donc par l’addition des quatorze

14 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


François-Noël Buffet, malgré des
critiques nourries, n’a pas varié.
© Antoine Merlet

“FRANÇOIS-NOËL BUFFET REDOUTE


UNE ALLIANCE COLLOMB-BLANC QUI SE
FERAIT SUR SON DOS”
intérêts particuliers de ses colistiers. Mais de ses rait sur son dos. Il a dénoncé publiquement les
échecs passés, il a gardé cette maxime : “La manœuvres de son alter ego. Alors que le jeu de
confraternité, c’est la haine vigilante.” Cet état chaises musicales approche, François-Noël Buf-
d’esprit a accompagné sa campagne et celle de fet ne veut pas rester debout. Une situation qui
ses candidats. François-Noël Buffet redoute par lui a été trop familière par le passé.
exemple une alliance Collomb-Blanc qui se fe- > PAUL TERRA ET JUSTIN BOCHE

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 15


MÉTROPOLE LES CANDIDATS

LISTE ENSEMBLE AVANT TOUT

David Kimelfeld, la voie


du troisième homme
Coincé dans les sondages comme dans le positionnement politique
entre les écologistes et les listes LREM officielles, le président sortant
pourrait être un faiseur de rois. Et il ne retournera pas vers son ancien
mentor Gérard Collomb.

E
n politique, il est très rare que le mot LE MAIRE DE LA CROIX-ROUSSE
sortant rime avec dissident. Cette in-
congruité, David Kimelfeld, actuel pré- ÉTAIT UN BON SOLDAT DE LA
sident de la métropole de Lyon, s’en serait bien
passé. Mais La République en Marche lui a
“COLLOMBIE” OÙ LES GALONS
préféré Gérard Collomb en application d’un S’OBTIENNENT PAR LOYAUTÉ
principe de précaution électoral. Le parti pré-
sidentiel a misé sur la marque Collomb. Un
PLUS QUE DANS LES URNES
pari que valident, dans une certaine mesure,
les sondages. En revanche, les stigmates de la ba- porte l’antithèse du modèle lyonnais. Il promet ‘ David Kimelfeld,
taille que se sont livrée le maire de Lyon et le pré- d’en atténuer les effets pervers : flambée des prix 58 ans
sident de la métropole font planer le spectre de de l’immobilier, manque d’équipements de • Né à Lyon
la perte de Lyon. David Kimelfeld n’a pas rendu proximité et difficulté pour se déplacer. Il attaque • Infirmier puis chef
les armes quand l’arbitrage parisien est tombé. Gérard Collomb sur le fond, mais aussi sur la d'entreprise
Ses soutiens sont restés derrière lui. Il en a même forme. Quand il lui a succédé à la métropole de • S'encarte au Parti
engrangé de nouveaux : Hélène Geoffroy, la Lyon, en juillet 2017, David Kimelfeld a impulsé socialiste au début des
années 1980
maire PS de Vaulx-en-Velin, ou Prosper Kabalo, une nouvelle gouvernance, impliquant plus lar-
• Élu conseiller
candidat LREM à Villeurbanne. Georges Képé- gement les élus. C’est le ferment sur lequel se d'arrondissement en
nékian s’est lancé à Lyon contre Gérard Collomb sont construits les soutiens à sa candidature. “Je 2001 dans le 4e
pour reformer leur tandem d’intérimaires. La gère les collèges depuis le début du mandat et Gé- • Devient vice-président
détermination de David Kimelfeld est aussi rard Collomb ne m’a jamais rencontré quand il en charge du
nourrie par des sondages qui lui permettent présidait la métropole. Il ne m’a parlé qu’une développement
économique au Grand
d’être toujours en vie dans la dernière ligne seule fois dans un couloir pour me demander Lyon en 2008
droite, celle où tout se décantera. combien de collèges nous avions dans l’agglomé-
• Maire du 4e en 2011
ration”, se lamente Éric Desbos (Modem). après la démission de
L’antithèse du modèle Comme d’autres élus métropolitains, il a préféré Dominique Bolliet.

lyonnais le style Kimelfeld. Si le président de la métropole • Élu Premier secrétaire


a globalement suivi le fil conducteur du plan de du PS dans le Rhône en
L’absence d’étiquettes, David Kimelfeld s’ima- mandat, il a imposé, par petites touches, sa patte. 2012
gine même qu’elle pourrait lui être bénéfique. Il a amorcé un virage plus social en créant no- • Devient 1er vice-
Dans l’entourage de Gérard Collomb, on s’in- tamment des places d’hébergement pour les mi- président de Gérard
quiète, en effet, du poids du 49-3 et du contexte Collomb au Grand Lyon
neurs non accompagnés. Fin février, il a aussi
social pour les candidats En Marche. À ceux qui cultivé sa différence en faisant sortir la métropole
• Soutient Emmanuel
lui intentent un procès en trahison de son men- Macron en 2017 et
et le Sytral du contrat Rhônexpress, contre l’avis quitte le PS
tor politique, David Kimelfeld rappelle qu’il a de Gérard Collomb. • Élu président de la
proposé à Gérard Collomb de reprendre la pré- métropole en 2017 lors
sidence de la métropole à son retour du minis- du départ de Gérard
tère de l’Intérieur. Une manière aussi de pointer
Un bon soldat Collomb au ministère
que Gérard Collomb, de peur d’être mis en mi- de la “Collombie” de l'Intérieur.
norité, a refusé l’obstacle. Aujourd’hui, David À la présidence de la métropole, David Kimel-
Kimelfeld balaie la main toujours tendue par le feld s’est “révélé”, selon le terme d’un de ses col-
maire de Lyon en soulignant que leurs orienta- laborateurs. De 2001 à 2017, le maire de la
tions politiques sont désormais trop différentes. Croix-Rousse était un bon soldat de la “Collom-
Sa candidature, il l’a construite en négatif de celle bie” où les galons s’obtiennent par loyauté plus
de Gérard Collomb. Depuis quelques mois, il que dans les urnes. Jamais un mot plus haut que

16 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


David Kimelfeld pense être sur
une position d’équilibre : plus
vert que Gérard Collomb et plus
réaliste que les écologistes.

DAVID KIMELFELD SE RETROUVE SOUS LE FEU


ROULANT DES CRITIQUES DE SES ADVERSAIRES
ET DANS UNE SITUATION INCONFORTABLE EN
VUE D’UNE ALLIANCE DE SECOND TOUR
l’autre et, plus important, jamais une divergence publique. Gé- lonté de préparer un rapprochement avec les écologistes.
rard Collomb en fait son dauphin en 2014. Il lui avait confié la Dans cette campagne, David Kimelfeld se retrouve sous le feu
fédération socialiste du Rhône deux ans plus tôt. Ses camarades roulant des critiques de ses adversaires et dans une situation
apprécient l’homme, mais retiennent, pour finir, qu’aucune inconfortable en vue d’une alliance de second tour. Lui refuse
grande décision n’avait été prise. Ce reproche ressurgit au- tout rapprochement avec Gérard Collomb et François-Noël
jourd’hui. Il est principalement porté par Gérard Collomb qui Buffet qu’il trouve trop à droite. Les écologistes et les socialistes
a justifié son retour par le retard pris sur certains dossiers. Le se tiennent à distance de lui en raison de son appartenance à
maire de Lyon rappelle à longueur de campagne que les appels La République en Marche, que son statut de dissident n’adoucit
d’offres de l’Anneau des Sciences auraient été lancés à la ren- même pas. David Kimelfeld pense être sur une position d’équi-
trée 2019 s’il n’était pas parti. Il raille la volte-face de son ancien libre : plus vert que Gérard Collomb et plus réaliste que les éco-
protégé sur ce dossier à 4 milliards d’euros : “Le 15 décembre, logistes. Il creuse dans cette campagne la troisième voie. Elle
il figurait encore dans les documents de la métropole.” Les éco- fait de lui, au mieux, le troisième homme. Malgré de bons
logistes qui sont opposés à ce projet ne lui en savent pas gré scores dans les sondages, il ne semble pas aujourd’hui en po-
pour autant. Ils tournent en dérision le temps qu’il a mis à ap- sition de conserver la présidence de la métropole, sauf par des
préhender la nocivité du projet. François-Noël Buffet, sénateur jeux d’alliance de troisième tour alambiqués. Mais il note que
LR et élu à Oullins, ne digère pas, quant à lui, le contre-pied de Gérard Collomb n’est pas mieux loti. À ce jour, c’est déjà un
David Kimelfeld sur le barrage de Francheville en pleine cam- succès pour lui. Même si c’est une victoire à la Pyrrhus.
pagne. Une décision qui n’est mue, selon lui, que par une vo- > PAUL TERRA

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 17


MÉTROPOLE LES CANDIDATS

EUROPE ÉCOLOGIE - LES VERTS

Bruno Bernard, un
écologiste en équilibre
Choisi pour sa connaissance des mécanismes électoraux et un
positionnement équilibré, Bruno Bernard se prépare à gouverner,
dopé par des sondages qui font d’EÉLV l’alternative la plus crédible à
Gérard Collomb.

“P
ersonne ne naît écologiste. Surtout “JE SENS QUE MON DISCOURS
dans le milieu d’où je viens où ce
n’était pas la culture”, s’amuse Bruno PREND AVEC LES ENTREPRISES.
Bernard. Lui est tombé dans le socialisme quand
il était petit. Il est le fils de Roland Bernard, an-
ELLES ONT VU QUE JE SUIS
cien sénateur et proche de François Mitterrand. PRAGMATIQUE”
Au retour de son ascension rituelle de la Roche
de Solutré, l’ancien président de la République rité socialiste sur le sujet. Dans sa campagne mé- ‘ Bruno Bernard,
passait la nuit chez les Bernard. Le genre d’en- tropolitaine, Bruno Bernard s’attèle à rassurer 49 ans
fance qui creuse un sillon. Bruno Bernard s’en- des milieux économiques qui perçoivent Europe • Né à Sainte-Foy-lès-
gage d’abord en politique chez les socialistes Écologie-Les Verts comme une menace. “Je sens Lyon
avant de bifurquer. “J’ai adhéré aux Verts que mon discours prend avec les entreprises. Elles • Fils de Roland
en 2002. C’était un cheminement long. Sur les ont vu que je suis pragmatique et qu’elles pour- Bernard, ancien
sénateur PS et proche
sujets sociaux, je ne me retrouvais plus au PS, que ront continuer à travailler. Mais, naturellement, de François Mitterrand
j’ai quitté en 1996”, retrace-t-il. elles préfèrent des candidats comme Gérard Col- • Ingénieur diplômé en
lomb ou David Kimelfeld”, admet-il. Les son- mécanique des
Homme de l’ombre dages confirmant la dynamique des Verts, la structures.
Avec les écologistes, il s’implante à Villeurbanne, peur des écolos s’invite dans la dernière ligne • Chef d'une entreprise
droite de la campagne. “Nos adversaires de désamiantage.
ville où il a obtenu son diplôme d’ingénieur et
où il dirige aujourd’hui une entreprise de dés- commencent à dire n’importe quoi sur Grenoble. • S'engage auprès
Ça nous crédibilise et montre que l’on peut ga- d'EÉLV en 2002.
amiantage qui emploie 25 salariés. Il y décroche
son premier mandat en 2008 dans une majorité gner. Dans leurs discours, ils se disent plus verts • Candidat aux
socialiste et écologiste qui va se fissurer quand que nous, mais ils expliquent que les Verts au municipales à
pouvoir, ce ne serait pas bon. Leur message est Villeurbanne en 2008.
EÉLV chipe un canton au PS, déclenchant l’ire
de Jean-Paul Bret. Leur liste autonome échouant compliqué à lire”, balaie Bruno Bernard. Il sa- • Candidat en 2014 sur
une liste autonome du
en 2014, Bruno Bernard perd ses mandats. Il va voure aussi de voir ses rivaux venir sur son ter- PS.
alors s’investir dans le mouvement, redevenant rain : “Les autres candidats parlent d’écologie,
• Intègre direction
un homme de l’ombre. Il prend en main EÉLV mais nous restons à 20 % dans les sondages. C’est nationale du parti EÉLV
dans la région. “Quand on est entrepreneur, on la preuve que, sur ces thématiques, nous sommes en 2016.
a plutôt des appétences à s’occuper de l’organisa- les seuls à être crédibles.” Bruno Bernard s’ima-
tion. Il a progressé dans le parti, car il est bon dans gine désormais en position de gouverner : “Je
ce domaine. Gérer une collectivité, ce n’est pas très suis prêt, la probabilité d’y arriver est forte.” Les
loin de gérer une entreprise, il faut des compé- conquêtes municipales de Lyon et Villeurbanne
tences en ressources humaines, en administration lui ouvriraient, en effet, un boulevard vers la rue
et en finances. Il a ce profil. Bien plus qu’un in- du Lac.
tellectuel de telle ou telle cause environnementale
qui serait incapable de gérer une collectivité. C’est
Connaissance de la science
un gage de sérieux”, pointe Jean-Charles Kohl- électorale
haas, candidat EÉLV à Oullins et dans la circons- Dans la galaxie écologiste, il ne s’est pas fait
cription Lones et coteaux. connaître par sa radicalité environnementale. “Je
Aujourd’hui, les écologistes tentent de s’ouvrir le suis beaucoup plus que l’image que je peux ren-
de nouveaux horizons. Le duo Bernard-Vessiller voyer, mais dans cette campagne et à Lyon, il faut
investit le terrain de la sécurité à Villeurbanne avoir une certaine forme de modération. Cepen-
pour mieux souligner les errements de la majo- dant, cela ne veut pas dire que je n’ai pas des ob-

18 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


© Antoine Merlet
Bruno Bernard s’imagine
désormais en position
de gouverner : “Je suis
prêt, la probabilité d’y
arriver est forte”

autres partis ou en interne et à la recherche de


DANS CETTE CAMPAGNE, LES compromis”, souligne Jean-Charles Kohlhaas.
ÉCOLOGISTES JOUENT LES Des compétences qui peuvent être décisives.
Dans cette campagne, les écologistes jouent les
PREMIERS RÔLES, AVEC 20 % premiers rôles, avec environ 20 % des intentions
DES INTENTIONS DE VOTE de vote. Un score qui les place en force domi-
nante d’un bloc de gauche qui pourrait trouver
un espace gagnant.
jectifs très élevés”, assure-t-il. C’est par sa connaissance de la La victoire de Bruno Bernard se nouera dans des discussions
science électorale que Bruno Bernard s’est imposé chez les Verts d’appareil autour d’un front uni contre La République en
jusqu’à devenir délégué national en charge des élections. Marche et Gérard Collomb. Un candidat que son père avait
“Étienne Tête était un grand spécialiste de la négociation élec- lancé à Lyon en 1977. Le fils se propose de l’envoyer à la retraite
torale et Bruno est du même niveau. Mais il n’est pas que dans quarante-trois annuités plus tard.
la sauce électorale. Il participe aussi aux discussions avec les > PAUL TERRA

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 19


MÉTROPOLE LES CANDIDATS

RASSEMBLEMENT NATIONAL

Andréa Kotarac,
plus si insoumis
Dans le terreau local lyonnais peu favorable au RN, Andréa Kotarac
espère passer de deux à pas loin de dix élus au conseil métropolitain.
Et pourquoi pas prendre une ville comme Givors avec son ami de
faculté Antoine Mellies.

D
e ses dix ans à La France insoumise, il a

© Antoine Merlet
gardé son écharpe rouge. Il est le pre-
mier à avoir “franchi la frontière”, selon
ses mots, et explique avoir ouvert la voie à
d’autres insoumis. Un positionnement oppor-
tun pour le RN qui a changé son nom pour de-
venir un “parti de rassemblement” au-delà de
l’extrême droite. Dès son ralliement en pleine
campagne européenne en 2019, Kotarac, prise
de guerre, est propulsé sur les tribunes aux côtés
de Marine Le Pen. Son départ a renforcé la théo-
rie de l’alliance des extrêmes. Des rouges bruns.
Celle de l’éventail politique se rejoignant par les
deux bouts. L’ancien insoumis assure “ne pas
avoir changé”. “Je suis toujours un homme de
gauche, c’est La France insoumise qui a changé”,
répète-t-il à l’envi. Né en Haute-Savoie d’un père
serbe et d’une mère iranienne, il s’engage en po-
litique en 2006 au moment des manifestations
contre le CPE. Puis il lance le Front de gauche
avec Jean-Luc Mélenchon. En 2012, il devient
coresponsable des jeunes lors de la campagne
présidentielle. Le fondateur de La France insou-
mise tape à l’époque à bras raccourci sur le FN. “J’AI AGI PAR VÉRITABLE
“C’était Front contre Front. Mais moi je préfère CONVICTION PARCE QUE
la campagne de 2017 où Mélenchon n’a plus pro-
noncé les mots droite et gauche. On a retiré les J’AI TOUT PERDU LÀ-DEDANS.
drapeaux avec la faucille et le marteau et subs- DES AMIS, MON MANDAT”
titué La Marseillaise à L’Internationale. C’était
fondateur. On parlait à tous les Français”, ex- comme un saut dans le vide. J’ai agi par véritable ‘ Andréa Kotarac, 
plique aujourd’hui le candidat frontiste. conviction parce que j’ai tout perdu là-dedans. 30 ans
Des amis, mon mandat.” Elliott Aubin, son an- • Né à Evian
La ligne souverainiste cien camarade, réfute la thèse de la vanne ou- • Master en droit public
Lors de la défaite au premier tour de la présiden- verte entre les deux Fronts : “Il est parti tout seul. international
tielle en 2017, il n’apprécie pas l’appel au “front Il n’a pas construit un réseau d’anciens de LFI au • Rejoint le Front de
gauche en 2008
républicain”. Première rupture : “Ce front aboutit FN. Il s’est seulement égaré et vendu par oppor-
• Juriste à Vénissieux
toujours à mettre des libéraux au pouvoir pour tunisme. Dire qu’on a changé et pas lui, c’est de entre 2014 et 2016
qu’ils cassent tout.” La fracture définitive a lieu la com’ parce que tout nous oppose au RN. Avant • Élu régional de 2015
avant les européennes, donc. Les tenants de la ça, en interne, on ne l’a jamais entendu se battre à 2019. 
ligne souverainiste de La France insoumise quit- pour sa ligne. Pourtant, c’est ça la vie d’un parti.” • Quitte son mandat en
tent le navire. Andréa Kotarac aussi, mais lui, En 2014, les deux hommes avaient dressé une 2019 après avoir rejoint
contrairement aux autres, opte pour le RN. Un lourde charge contre le FN dans un article inti- le Rassemblement
national. 
choix qui intervient après un voyage à Yalta dans tulé “La machine infernale”. Une machine dont
une conférence pro-Poutine où il sympathise Andrea Kotarac est aujourd’hui le nouveau lea-
avec les émissaires de Marine Le Pen : “C’était der dans la métropole. > JUSTIN BOCHE

20 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


LA GAUCHE UNIE

Renaud Payre réactive


le clivage gauche/droite
L’universitaire lyonnais a tenté de ressusciter la gauche plurielle en
attaquant frontalement La République en Marche.

L
e directeur de Sciences Po Lyon a décidé “LA GAUCHE,
de mettre les mains dans le cambouis de
la politique locale. Une première pour À CHAQUE MOMENT OÙ
l’universitaire de 44 ans qui naît à Grenoble
dans une famille “fondamentalement à gauche”
ELLE A ÉTÉ UNIE, A ÉTÉ AU
où ses deux parents oscillent entre socialisme et RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE
communisme. “Je me suis forgé politiquement
sur l’idée que droite et gauche, ce n’était pas la
EN LUTTANT CONTRE LES
même chose. La gauche unie, c’était à la maison”, INÉGALITÉS”
ironise-t-il. Son militantisme, d’abord, est autant

© Antoine Merlet
politique que scientifique, avec une thèse sur le
municipalisme et la transformation sociale par
les communes. Il crée la première filière Science
Po à Lyon-II, à Bron, avant de devenir directeur
de Sciences Po Lyon. Il hésite longtemps à s’en-
carter dans un parti. Le fait une fois, au PS,
après l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007. “J’ai
été déçu. J’avais déjà l’idée que ça passerait par
quelque chose de plus large”, commente le
candidat aux métropolitaines.

“LREM contre la démocratie”


C’est aujourd’hui dans le berceau du macronisme
qu’il s’engage pour la première fois. “Dès 2017,
j’ai dit que si le clivage gauche/droite disparaissait,
cela se ferait contre la démocratie. Qu’est-ce
qu’on a vu depuis deux ans ? Une très forte aug-
mentation de la violence et des tensions dans le
pays. L’utilisation du 49.3 est la dernière illustration
de cette violence politique incarnée par un gou- Lac et sur la ville de Lyon dans une métropole ul- ‘ Renaud Payre,
vernement qui a pourtant une très large majorité”, tratechnocratique contre les communes. Ils ont 44 ans
analyse-t-il. C’est ce contexte qui le pousse à laissé la ville aux mains des promoteurs immobiliers • Né à Grenoble). 
réactiver la gauche plurielle rebaptisée Gauche en portant une attractivité à tout crin qui ne • Diplômé de l'IEP de
unie à travers le mouvement “madame Z”, même profite qu’à un petit nombre. Ce modèle va dans Grenoble
sans EÉLV qui quitte rapidement le navire. “La le mur”, critique-t-il. Renaud Payre y oppose • Crée la filière de
gauche, à chaque moment où elle a été unie, a science politique de
“un projet fondé sur le bien commun, la redistri- Lyon II à partir de 2003.
été au rendez-vous de l’Histoire en luttant contre bution, les services publics et une augmentation • Directeur de Sciences
les inégalités. Et aujourd’hui, je sens une envie de globale du pouvoir d’achat”. Une position proche Po Lyon depuis 2014
gauche de projet face aux quadras et à leur de celle d’EÉLV avec qui un accord de second • Fonde le Gram avec
clivage entre archaïsme et modernité qui a mis tour semble inéluctable, même s’il critique leur Nathalie Perrin-Gilbert
tout le monde à la rue.” “dissociation entre l’écologie et le social”. Sauf en 2011 avant de le
quitter en 2018. 
contrition totale de David Kimelfeld, aucune al- • Engage le projet
Une envie de gauche liance avec des marcheurs n’est envisagée ac- “madame Z” en 2019
Ses adversaires désignés sont donc Gérard Col- tuellement. “Si fusion de liste il doit y avoir au pour réunir la gauche. 
lomb et David Kimelfeld, même si une alliance deuxième tour, on regardera à gauche et rien
avec ce dernier a longtemps été envisagée. “Leur qu’à gauche”, conclut Renaud Payre.
modèle de développement a été centralisé rue du > JUSTIN BOCHE

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 21


CHRONOLOGIE

LES TROIS MANDATS À LA LOUPE

Le bilan des
années Collomb
1er mandat 2e mandat
‘ Vélo’v
LES RÉUSSITES

En 2005, Lyon innove avec un


service de vélos en libre-service,
fourni par JCDecaux en échange
d’espaces publicitaires. Les vélos
rouges vont booster la pratique de la
bicyclette comme moyen de
transport à Lyon. Quinze ans plus
tard, les Vélo’v sont électriques et la
cité compte près de 1 000 kilomètres
de pistes cyclables.

‘ La Confluence
C’est avec ce quartier que Gérard
Collomb gagne ses galons de maire-
bâtisseur et laisse sa trace dans
l’histoire de Lyon. Il aménage d’abord
les docks avec un immeuble signature,
le cube orange. Vient ensuite le centre
commercial et, de l’autre côté de la
darse, des habitations. En faisant
travailler des architectes de renom,
‘ Les berges du Rhône Gérard Collomb change l’image de
Lyon. Le quartier sera finalisé lors du
‘ Carré de Soie À quelques mois des municipales
mandat suivant avec une densification
Sur d’anciennes friches industrielles, de 2008, Gérard Collomb abat son
joker : les berges du Rhône. Le des constructions, mais aussi plus de
Gérard Collomb lance le Carré de végétation.
Soie. Autour de l’hippodrome, il crée succès populaire est immédiat. Les
un centre commercial et prolonge la Lyonnais redécouvrent leur fleuve.
ligne A du métro pour en faire un Lors des mandats suivants, il décline
nouveau hub. C’est de ce nouveau l’idée sur la Saône avec des
quartier que part le développement aménagements plus intimistes et un
de la métropole vers l’est. Et les projet retardé : l’esplanade Saint-
aménagements se poursuivent Antoine.
encore avec des immeubles de
bureaux et de logements.
‘ La vidéosurveillance
Comme il l’avait fait à son arrivée
‘ Les Nuits sonores dans le 9e arrondissement en 1995, ‘ Le coût de L’OL Land
Ce festival de musique électro va Gérard Collomb cible la sécurité
C’est la grande bataille du deuxième
tordre le cou à l’image de ville comme une priorité. Une manière de
mandat. Elle est politique, juridique et
bourgeoise de Lyon. L’événement casser l’image angéliste accolée au
populaire, tant l’OL Land cristallise les
symbolise la dynamique nouvelle PS à l’époque. Il multiplie par trois le
critiques. Mais Gérard Collomb apporte
impulsée par la majorité de gauche nombre de caméras de
un soutien sans faille à Jean-Michel
plurielle qui met en avant une vidéosurveillance au cours de son
Aulas, le président de l’OL. Et aussi un
nouvelle génération. Elle est ici premier mandat. Les statistiques de
concours financier à un projet réputé
incarnée par Vincent Carry. la délinquance chutent.
100 % privé. Les différentes
collectivités présidées par Gérard
Collomb financent les aménagements
à hauteur de 200 millions d’euros.

‘ La braderie des bijoux de famille ‘ Un pouvoir contesté


Dès son premier mandat, Gérard Collomb vend à Sa réélection dès le premier tour
la découpe le patrimoine municipal pour financer en 2008 marque pour de nombreux
ses nouveaux projets. En décembre 2004, la ville anciens compagnons de route de
cède la rue Grôlée à un fonds de pension Gérard Collomb un avant et un après.
américain pour 87 millions d’euros. Trois reventes Nathalie Perrin-Gilbert dénonce la
plus tard, les anciens biens municipaux viennent première un virage autocratique, un
d’être cédés dans une opération chiffrée à exercice solitaire du pouvoir. Six ans
700 millions d’euros. À chaque mandat, des plus tard, David Kimelfeld et Georges
bijoux de famille seront cédés : l’Hôtel-Dieu ou la Képénékian forgent le même constat
salle Rameau. et en tirent les mêmes conclusions

22 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


De la Confluence à Gerland en passant par le Carré de Soie ou la Part-Dieu,
Gérard Collomb s’est révélé en maire bâtisseur. Depuis 2001, il a façonné
une nouvelle image de Lyon et de la métropole. Avec une méthode qui ne
passe pas toujours pour ses opposants.

3e mandat
‘ La Duchère
En parallèle des logements à
10 000 euros de la Confluence, Gérard
Collomb n’oublie pas son
9e arrondissement. À la Duchère, il
prône la mixité sociale. Des barres HLM
sont rasées et remplacées par des
immeubles d’une taille plus humaine à
destination des classes moyennes. Le ‘ Le développement
taux de logements sociaux diminue à économique
mesure qu’il augmente dans le reste de En 2019, plus de 16 000 emplois ont
la ville. Même dans les quartiers les été créés dans la métropole de Lyon.
plus chics, des appartements HLM sont Timide au cours des premiers
intégrés aux programmes immobiliers. mandats, l’implantation de grandes
‘ L’Hôtel-Dieu entreprises a pris une plus grande
C’est le grand projet lyonnais du ampleur. À ses opposants qui
troisième mandat, avec la rénovation l’accusent de siphonner les territoires
‘ Festival Lumière de la place des Terreaux. Porté par le voisins, Gérard Collomb assure que la
Pour mettre en valeur une invention privé, il symbolise un partenariat théorie du ruissellement fonctionne.
lyonnaise, Gérard Collomb lance le public-privé devenu de plus en plus
festival Lumière. Il le confie à Thierry présent au fil des ans.
Frémaux, directeur de l’Institut
Lumière. En dix ans, la manifestation
est devenue d’envergure nationale. Elle ‘ Gerland
devrait trouver son prolongement lors Le quartier est celui qui a le plus
du mandat à venir avec la réalisation
‘ La Part-Dieu changé au cours des deux derniers
Dans le quartier d’affaires, Gérard mandats avec les ZAC du Bon Lait,
de la cité du Cinéma, un prolongement
Collomb redessine la skyline en Nexans et des Girondins. Au sud, le
de l’Institut Lumière.
soutenant des projets de tours : Biodistrict s’étend progressivement. La
Oxygène puis Incity et bientôt Silex et première pierre du Circ a été posée il y
To-Lyon. Il en fait le deuxième quartier a quelques semaines. Gerland est
d’affaires de France derrière La devenu un quartier d’affaires. Le
Défense. Le plan Part-Dieu se déménagement de l’OL a été bien
poursuivra durant le prochain mandat amorti par l’arrivée, réussie, du Lou
avec le réaménagement de la gare et rugby.
du centre commercial.

‘ Les prix vertigineux


de l’immobilier
L’attractivité de la métropole attire de
nouveaux habitants, 60 000 par an,
avec un effet indésirable sur le prix de ‘ Les hausses d’impôt LES ÉCHECS
l’immobilier : +203 % sur les vingt À chaque début de mandat, Gérard Collomb a relevé les taux d’imposition, comme il
dernières années. Après une pause, au s’y était engagé lors de ses campagnes électorales. Le tour de vis de 2014 est rendu
moment de la crise financière de 2008, plus indigeste par le taux d’exécution du plan de mandat : 75 %. Il a donc surtout
la courbe s’emballe. Sans que Gérard permis à la collectivité de faire des provisions.
Collomb tente d’enrayer le
phénomène.

‘ Le plan piscine fantôme ‘ Le statu quo des grandes


‘ Une proximité gênante avec À chaque campagne, Gérard Collomb infrastructures
le milieu des affaires a présenté un plan piscine qu’il n’a Durant les années Collomb, les grands
jamais honoré. Aucune n’a été projets d’infrastructures n’ont pas
Toutes les grandes opérations urbaines
construite alors que la demande vraiment avancé. Il a techniquement
ont permis à une poignée de chefs
augmente, surtout lors des pics de obtenu le déclassement de l’A6-A7,
d’entreprises de réaliser de juteuses
canicule. Seule grande mesure : le mais sans les aménagements
affaires : Jean-Christophe Larose à la
lifting de la piscine du Rhône, nécessaires, l’Anneau des Sciences ou
Confluence, Jean-Michel Aulas à
accompagné d’une révision à la hausse un contournement à l’est, il ne va
Décines-Charpieu et Olivier Ginon à
des tarifs. D’une manière générale, la résoudre aucun problème de mobilité.
Gerland. Le dossier Rhônexpress, dans
construction d’équipements publics Alors que ceux-ci sont plus que jamais
lequel Gérard Collomb a demandé à ce
(écoles, crèches, gymnases) n’a pas su prégnants. En un mandat, le temps
que Vinci soit ménagé, a aussi mis en
accompagner celle de logements. perdu dans les bouchons par les
lumière sa proximité avec les milieux
économiques. Mais à qui profite-t-elle automobilistes est passé de 43 à
le plus ? 141 heures.

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 23


ANALYSE

Métropole
Les défis du prochain
président
La métropole de Lyon a encore apporté, au cours des six dernières années,
la preuve de son dynamisme. Mais derrière les premières places dans les
palmarès, l’agglomération et la ville de Lyon sont confrontées à une crise de
croissance. Les nouveaux arrivants ont mis en lumière une thrombose des
déplacements, la difficulté à se loger et un manque d’équipements publics.
© AFP

Lyon asphyxié
par les bouchons
Avec 12 000 habitants de plus par an en moyenne, l’agglomération voit son
réseau routier se saturer au fil des années

A
u fil du mandat, la situation s’est tion dans le monde entier, ils ont passé bloqué, toute l’agglomération thrombose.
fortement dégradée dans les près de 100 heures supplémentaires dans Nous avons bien fait de réduire la place
transports. En 2013, l’étude Inrix les embouteillages. “La circulation auto- de la voiture, mais nous n’avons peut-être
estimait que les Lyonnais perdaient mobile s’est détériorée, car nous avons pas assez de solutions alternatives”, sou-
46 heures dans les bouchons chaque voulu restreindre la place de la voiture en lignait Jean-Luc Da Passano, vice-prési-
année. Six ans plus tard et toujours selon ville. Nous sommes aux capacités mini- dent de la métropole chargé des grands
Inrix, une société qui analyse la circula- males et aujourd’hui dès qu’un endroit est ouvrages, dans un dossier spécial trans-

24 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


port de Lyon Capitale. Avec Gérard Col-
lomb, il a participé à la mise en place, de 180 000 SALARIÉS QUI VIVENT HORS DE
manière plus empirique que dogma- L’AGGLOMÉRATION VIENNENT Y
tique, d’un système de régulation par la TRAVAILLER. CETTE PRESSION
congestion. Depuis 2001, entre les ré- EXTÉRIEURE GÉNÈRE DÉSORMAIS DES
aménagements de certains axes comme
Garibaldi ou Mermoz, les bus en site
NUISANCES SUR L’ENSEMBLE DU
propre ou les tramways, le nombre de TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN
voiries a été restreint. La taille critique a
été atteinte. Mais dans le même temps, environs. Dans l’Est, les édiles évoquent lesquels Gérard Collomb témoigne au-
la métropole a gagné 12 000 habitants la pression exercée par le développement jourd’hui d’une détermination qu’on ne
par an en moyenne. Et chaque jour, du Nord Isère et de la plaine de l’Ain. La lui a pas connu pendant l’essentiel de ces
180 000 salariés qui vivent hors de l’ag- liaison avec Saint-Étienne, tous modes trois mandats. La plupart de ses rivaux
glomération viennent y travailler. Cette de transport confondus, ne s’est pas ar- proposent de mettre l’accent sur les
pression extérieure génère désormais des rangée. La pression externe souligne les modes doux ou le réseau TCL. Voiture
nuisances sur l’ensemble du territoire besoins en grandes infrastructures : An- ou transports en commun, c’est l’enjeu
métropolitain. Dans le Val de Saône, les neau des Sciences, contournement est- de cette campagne. Et donc des dix ans à
maires se plaignent du flot de véhicules ouest, nœud ferroviaire ou lignes de venir.
qui viennent le matin de Trévoux et des métro voire de RER. Autant de sujets sur

Les crises du logement


La métropole est confrontée à une fièvre du marché de l’immobilier,
+ 203 % en vingt ans, et à un dynamisme démographique qui crée une
pénurie de logements.

L
e phénomène est national. Dans tiré la sonnette d’alarme dès 2018 : “Ce
© Antoine Merlet

toutes les métropoles françaises, phénomène des classes moyennes qui ont
les prix de l’immobilier grimpent du mal à se loger dans la ville-centre se
en flèche et, en la matière, Lyon excelle. produit dans toutes les métropoles at-
Quand Gérard Collomb accède à la tractives. Le marché ne se régulera pas
mairie de Lyon, en 2001, l’immobilier tout seul. Les prix de l’immobilier de-
est considéré comme plutôt bon marché viennent inquiétants.” Il pointait aussi
dans la ville. L’agglomération est dans le une conséquence visible à Paris “où des
ventre mou du classement national : 7e écoles ferment parce qu’il n’y a plus de
sur 17. Aujourd’hui, la métropole est sur familles”. Pour permettre aux classes
le podium. Le prix médian au mètre moyennes d’acheter un appartement
carré dans Lyon atteint désormais neuf dans Lyon, la collectivité a créé un
4 570 euros tous arrondissements confon- officie foncier dont la dotation est encore
dus. Avec des pics de fièvre à plus de trop chiche pour enrayer la loi du marché.
5 500 euros dans le 2e et le 6e. Sur le “David Kimelfeld ne veut pas être le pré-
mandat, les prix ont bondi de 37 % à sident de la métropole à 10 000 euros le
Lyon et de 23 % dans l’agglomération. mètre carré, mais il l’est déjà”, cingle Re-
À une tendance nationale s’ajoutent des naud Payre, candidat PS. Gérard Collomb
particularismes locaux. Dans les grandes continue, lui, de lire la montée des prix
opérations comme la Confluence, la col- n’est pas suffisant et il n’a pas été respecté. de l’immobilier comme un indicateur
lectivité fait le choix de ne lancer de nou- La raréfaction des fonciers entraîne une attestant de la bonne santé de l’agglo-
veaux bâtiments que quand le précédent surenchère entre les promoteurs. Les mération. Et sans conséquence : “Quand
a été commercialisé. Tout le contraire prix du foncier explosent et se répercutent une ville a la dynamique de Lyon, l’hy-
d’un choc de l’offre alors que la demande sur celui de la vente aux particuliers. percentre devient plus cher, mais on peut
n’a jamais été aussi forte. En un mandat, Victimes, les classes moyennes, qui depuis se loger dans de nouveaux quartiers (...).
l’agglomération lyonnaise a intégré l’équi- une petite dizaine d’années sont Si vous habitez au Carré de Soie, vous
valent de la ville de Valence. Le rythme contraintes de se loger toujours un peu êtes à vingt minutes de la Presqu’île et de
de construction imaginé par la majorité plus loin dans l’agglomération à chaque la Part-Dieu.”
métropolitaine, 8 500 logements par an, naissance d’enfant. David Kimelfeld avait

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 25


MÉTROPOLE LES DÉFIS DU PROCHAIN PRÉSIDENT

SÉCURITÉ/PROPRETÉ

Une ville en colère


Sur le front de la sécurité et de la propreté, de nombreux collectifs
d’habitants dénoncent une situation qui s’est aggravée. Un sentiment
partagé par les élus de tous bords.
© Antoine Merlet

Le collectif Presqu’île en colère a obtenu


un arrêté d’interdiction de circuler les
vendredis et samedis et le déploiement
de barrages policiers dans le centre-ville

C “LES GENS FONT PART DE LEUR


es derniers mois, des collectifs
“en colère” ont émergé un peu
partout dans la ville. Ils récla- SENTIMENT D’EXASPÉRATION
ment généralement plus de tranquillité ET ÉVOQUENT UNE IMPUISSANCE
publique, de propreté et de sécurité pour
leurs quartiers. C’est le cas par exemple PUBLIQUE”
route de Vienne (8e) ou à la Guillotière
(7e). Ce dernier quartier cristallise l’at- linquance est devenue insupportable à brandir des chiffres plus alarmants.
tention. Et plus particulièrement la place tous les riverains”, reconnaît Jean-Yves “Lyon n’est plus une ville paisible. L’insé-
Gabriel-Péri. “C’est le symbole XXL. Sécheresse, adjoint à la sécurité. Sur l’en- curité se développe. Les coups et blessures
Cette place a toujours eu un goût oriental semble de la commune, l’élu s’adresse un ont augmenté de 19 %, les vols avec vio-
qui plaît aux Français. Il y a toujours eu modeste satisfecit : “Nous avons une pe- lence de 6 %. Les gens font part de leur
des dysfonctionnements avec des ven- tite tendance baissière, de l’ordre de 3 ou sentiment d’exaspération et évoquent une
deurs à la sauvette, mais c’était toujours 4 %, mais je ne suis pas un fanatique des impuissance publique”, attaquait Étienne
contenu. Mais l’arrivée de beaucoup de statistiques.” Ça tombe bien, la préfecture Blanc, candidat LR à Lyon, lors de la pré-
jeunes migrants a créé des formes de dé- du Rhône ne les diffuse plus. Ce qui sentation du volet sécurité de son pro-
linquance nouvelles et massives. Cette dé- n’empêche pas d’autres candidats de gramme. Le Rassemblement national

26 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


évoque “un ensauvagement de la ville”. qui se fait au vu et au su de tous pour as- dresser une contravention pour un cra-
“La situation n’est pas dramatique, mais surer la paix sociale”. Laquelle serait à chat ou un papier jeté dans la rue ? Il fau-
nous avons des points de fixation de dé- l’origine d’un sentiment d’insécurité en dra aussi verbaliser les gens qui
linquance et d’intranquillité publique qui hausse à Lyon. Un phénomène qui se déménagent en laissant leur matelas sur
n’existaient pas auparavant. Des gros mesure aussi à l’échelle métropolitaine. les trottoirs.” Jean-Yves Sécheresse admet
bastions d’insécurité comme La Duchère Et partout en France, à Villeurbanne ou qu’en matière de propreté, l’évolution n’a
ne dysfonctionnent plus. En cours de à Vénissieux, la campagne se mène sur le pas été favorable et flèche d’autres solu-
mandat, nous avons même réussi à faire thème de la sécurité. tions : “Nos rues ne sont pas toujours
revenir la police municipale qui ne pou- À Lyon, à la sécurité se conjugue aussi le propres. Il faut nettoyer plus souvent la
vait plus y aller. Mais nous avons eu une problème de la propreté. Les opposants ville. Le centre de Barcelone est propre, car
dispersion de la délinquance. Les dealers dénoncent une ville de plus en plus sale. des agents nettoient en permanence. Il
vont vers les consommateurs. Ce ne sont “Je constate une dégradation depuis dix faut revoir le système des tournées à cinq
pas toujours des faits graves qui se pro- ans. Les agents métropolitains font bien passages par jour dans des quartiers
duisent, mais ces actes entraînent une leur travail et ce n’est pas un problème de comme la Guillotière.” Sandrine Runel,
protestation légitime des Lyonnais”, re- nombre de tournées, mais de réduction candidate PS, propose d’ailleurs de
connaît Jean-Yves Sécheresse. Philippe du nombre de déchets à la masse”, cible concentrer les moyens sur ce secteur.
Meunier, candidat LR sur la circonscrip- Philippe Meunier. Là aussi, l’élu LR pro-
> PAUL TERRA
tion Lyon ouest, celle de Gérard Col- pose une tolérance zéro avec des contra-
lomb, dénonce “cette impunité du trafic ventions : “Avez-vous déjà vu un agent

ÉQUIPEMENTS

Une dynamique plus forte


que les investissements
Alors que les écoles ou d’autres services publics manquent dans les
communes, la métropole a sous-investi dans ce mandat.

À
Lyon comme un peu partout dans la LES BESOINS EN ÉQUIPEMENTS
métropole, les grues du privé ont été plus
rapides que celles de la puissance pu- PUBLICS QUI COMMENÇAIENT
blique. Dans cette course, les grands perdants
sont les habitants. Les besoins en équipements
À ÉMERGER SONT DÉSORMAIS
publics qui commençaient à émerger en fin de UNE RÉALITÉ
mandat précédent sont désormais une réalité as-
similée par la plupart des candidats. Georges Ké- des constructions le temps de remettre les ser-
pénékian a intitulé sa liste Respirations, une vices publics à l’équilibre. Même dans les monts
manière de souligner qu’il veut enrayer la fréné- d’Or ou dans l’Ouest lyonnais, des territoires
sie du développement de la ville. Il veut d’ailleurs cossus, le manque d’équipements publics est
doubler le budget consacré aux écoles. Les pointé alors que la population augmente. Les
groupes scolaires sont, en effet, exposés au boom communes ont aussi souffert de la création de
démographique. Trois écoles provisoires, en pré- la métropole. Avant le 1er juillet 2015, les muni-
fabriqué, ont été utilisées sur ce mandat et le be- cipalités percevaient une dotation de solidarité
soin en construction varie de cinq à dix selon les du Grand Lyon et des subventions du départe-
différents candidats. Les écologistes veulent car- ment. Ces dernières sont passées à la trappe.
rément changer de modèle de développement. David Kimelfeld les a relancées dans les derniers
Pour offrir aux habitants une qualité de vie que mois de son mandat. Ce que ses opposants ont
l’attractivité métropolitaine leur a enlevée, ils perçu comme une manœuvre électorale. Le
veulent déconcentrer la métropole. Arrêter d’ha- mauvais taux d’exécution du plan de mandat –
biller la Part-Dieu pour répartir sur l’ensemble seuls 75 % des dépenses prévues ont été réali-
du territoire les zones d’activités. Ils font des sés – parachève ce sentiment d’être victime de
tours le symbole d’une ville invivable. À Villeur- son succès.
banne, Béatrice Vessiller promet un moratoire

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 27


LES PROPOSITIONS DES CANDIDATS

Demandez
le programme !
Pour vous, Lyon Capitale a passé au crible les propositions des
candidats métropolitains et lyonnais.

Dans l’ordre (de gauche à droite et de haut en bas) : Sandrine Runel (Gauche unie), François-Noël
Buffet (Les Républicains), Gérard Collomb (LREM), Agnès Marion (RN), Nathalie Perrin-Gilbert (LFI-
Gram), Renaud Payre (Gauche unie), David Kimelfeld (Ensemble avant tout), Bruno Bernard (EÉLV), Éric
Lafond (Les Centristes), Georges Képénékian (Ensemble avant tout), Denis Broliquier (Les Centristes),
Yann Cucherat (LREM), Étienne Blanc (Les Républicains), Grégory Doucet (EÉLV), Andréa Kotarac (RN).

L
e modèle lyonnais passé au révélateur de son at- Pour les figures libres, les programmes sont globale-
tractivité a montré ses limites et c’est naturelle- ment tous marqués du sceau de la continuité. À l’excès
ment sur celles-ci que les candidats se sont peut-être pour Gérard Collomb qui a décidé d’abolir la
penchés : le logement, la mobilité, la sécurité et le bien- frontière entre le bilan et le programme. À ses habituels
vivre. Les épisodes caniculaires, tout comme le score des pavés, il a préféré, en 2020, un document resserré. Les
écologistes aux européennes, ont fait émerger l’envi- mauvaises langues diront qu’il ne peut, cette année,
ronnement et l’adaptation au réchauffement climatique s’appuyer sur les services de la métropole. À l’inverse de
comme des priorités. L’écologie constitue en 2020 une son rival David Kimelfeld. Lequel semble avoir décou-
forme de tronc commun : “débitumer” les cours de ré- vert une planche à billets dans les sous-sols de la rue du
création, créer des îlots de fraîcheur, amener du bio ou Lac. Il propose d’augmenter tous les budgets d’inves-
du local dans les cantines, et planter des arbres, dans des tissement, de créer de nouvelles aides, de doubler le
proportions plus ou moins réalistes, jusqu’à 100 000 par nombre de lignes de métro et de tramway sans toucher
an pour Étienne Blanc sur la seule ville de Lyon, par au levier fiscal. Avec ses 400 propositions, il a au moins
exemple. Les candidats ont aussi fait le constat que les le mérite de balayer large. Les écologistes ont, par exem-
habitants n’étaient plus en demande de grands projets, ple, fait des impasses dans leur programme. Le social,
mais de proximité. Ironie du sort à l’heure où la métro- qui pèse un tiers du budget, est traité en quelques lignes
pole s’apprête à ne plus accueillir un représentant de sans que soit jamais mentionné le RSA, principal poste
chaque commune qui la compose, les candidats pro- de dépense. Un manque qu’ils combleront peut-être
posent des projets par quartier. par des alliances.

28 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


Sécurité
La quasi-totalité des candidats veut augmenter
les effectifs de la police municipale.

Les Républicains

‘ Doublement des effectifs de police municipale et


multiplication par trois des caméras de
vidéosurveillance.
‘ Redéploiement des policiers municipaux sur le
terrain pour permettre aux effectifs “nationaux” de
se concentrer sur leurs missions.
‘ Création d’une police métropolitaine, ce que
permet désormais la loi. Elle viendrait en renfort des
polices municipales à la demande des maires des
59 communes.

Rassemblement National

‘ Financement de formation pour les policiers


municipaux et création d’une école nationale de la
La République En Marche police municipale.
‘ Création d’une brigade des transports en
commun.
‘ À la ville de Lyon, augmentation des effectifs de
la police municipale pour pouvoir instaurer des ‘ Multiplication des effectifs de police municipale
patrouilles municipales 24 heures sur 24 (une heure par deux.
du matin aujourd’hui) ‘ Création d’une application sur Smartphone pour
‘ Recrutement d’une quinzaine d’agents pour déclarer une agression.
exploiter les images de vidéosurveillance, dont le
réseau sera étendu.
‘ Vice-présidence dédiée à la sécurité à la
métropole. Mutualisation des achats et des
formations.
La gauche unie

Ensemble avant tout ‘ Instauration d’un comité métropolitain de


sécurité et de prévention de la délinquance qui
regroupera la justice, la police, l’Éducation
‘ Création d’une police métropolitaine de nationale, les associations et les régies de quartier.
300 agents (24 heures sur 24 et sept jours sur ‘ Appel à des médiateurs de rue, notamment la
sept) en renfort des polices municipales de chaque nuit à Lyon où se concentrent les difficultés.
commune. Une unité serait dédiée à la vie nocturne.
‘ Création d’une police équestre pour les parcs
métropolitains et les berges et d’une police des
transports en commun.
‘ À Lyon, augmentation des effectifs de la police Europe Écologie - Les Verts
municipale de 10 % et multiplication par deux du
nombre d’agents qui patrouilleront la nuit.
‘ Implantation dans tous les quartiers lyonnais
d’antennes de police municipale. Demande auprès
de l'État de renforts de police nationale. Envoi de
Lyon en commun plus de médiateurs sur le terrain.
‘ Mise en place d’un dispositif d’appel à l’aide
dans les transports en commun.
‘ Recrutement de 150 policiers municipaux et de ‘ Recours à la vidéoverbalisation pour sanctionner
25 médiateurs les infractions routières.

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 29


LES PROPOSITIONS DES CANDIDATS

Transports
C’est le gros enjeu du mandat à venir : écarter la circulation de transit et
offrir aux habitants des alternatives à la voiture.

La République En Marche Europe Écologie - Les Verts

‘ Grands projets : nœud ferroviaire lyonnais, Lyon- ‘ Augmentation de 20 % des transports en
Turin ou ligne E du métro impulsée en 2014. commun en priorisant les lignes fortes existantes
comme C3 ou C6.
‘ Prolongement de la ligne B (2030) toujours plus
au sud et de la ligne A jusqu’à Meyzieu. ‘ Création des liaisons express sur l’autoroute
A6-A7 ou le périphérique. Ligne de tramway, T8,
‘ Ligne circulaire de tramway le long du boulevard
reliant les différentes banlieues est en rocade.
urbain est, entre Saint-Fons et Vaulx-en-Velin.
‘ Un Réseau express vélo (REV) avec
‘ Passage en boulevard urbain de l’autoroute A7 à
450 kilomètres de piste sécurisés et continus. D’ici
la Confluence.
à 2026, 250 kilomètres autour d’axes structurants
‘ Deux fois plus de pistes cyclables. nord-sud ou est-ouest qui mailleront l’agglomération.
‘ Péage pour les véhicules qui transitent entre ‘ À Lyon, le système “superblock” rendra plus
Villefranche et Givors grâce à un système de lecture difficile la circulation à l’intérieur des quartiers pour
des plaques minéralogiques. les automobilistes en transit.

Les Républicains
Ensemble avant tout

‘ Baisse de 30 % du tarif de l’abonnement TCL.


‘ 10 milliards d’euros pour le métro.
Prolongement de la ligne A jusqu’à Meyzieu, la ligne ‘ Prolongation de la ligne E du métro à Craponne
B de Rillieux à Feyzin et la D de Limonest à la zone avec un terminus à la Part-Dieu.
commerciale de la porte des Alpes. ‘ Extension de la ligne B, au nord, vers Caluire-et-
Cuire et Rillieux-la-Pape.
‘ Gratuité des TCL pour les moins de 11 ans et
‘ Multiplication par deux des parcs relais.
20 euros par mois pour les moins de 25 ans.
Gratuité en cas de pics de pollution. ‘ Mise en service sur le périphérique Bonnevay
d’une ligne circulaire en bus à haut niveau de
‘ 600 kilomètres de pistes cyclables et service en site propre.
1 000 kilomètres de voiries apaisées : une
appellation qui englobe les zones 30 et la
piétonnisation.
‘ Des autoroutes à vélo pour relier Lyon à la La gauche unie
première et à la seconde couronne : cours
Gambetta, avenues Mermoz et Berthelot, cours
Vitton et Zola (Villeurbanne). ‘ Création d’un métro léger, avec un coût de
900 millions d’euros, réalisé le temps d’un mandat.
Construit en aérien, il relierait Tassin, Saint-Fons, Bron
et Vaulx-en-Velin avant de terminer sa course à la
Doua.
Lyon en commun ‘ Gratuité du réseau TCL pour les scolaires, les
étudiants et les bénéficiaires des minima sociaux.
‘ Mise en place de la gratuité des transports en ‘ Poursuite de la requalification de l’autoroute A7 à
commun le lundi et les jours de pics de pollution. la Confluence.

‘ Transformation du périphérique Laurent- ‘ Transformation du périphérique Laurent-Bonnevay


Bonnevay en boulevard urbain avec un espace en boulevard urbain dont la partie villeurbannaise
réservé aux modes doux. pourrait être couverte.

Les Centristes Rassemblement National

‘ Création de trois lignes d’aérotram, dont une qui ‘ Gratuité des transports en commun en période
relierait Francheville à Perrache à la place du de canicule.
métro E. ‘ Prolongement de la ligne A jusqu’à l’aéroport
de Saint-Exupéry avec des stations à Décines-
‘ Ouverture de 50 parcs relais, dont certains
Charpieu et Meyzieu.
seront associés à des espaces de coworking.
‘ Création d’un abonnement global de transport
‘ Multiplication par deux de la capacité de la comprenant les TCL, la SNCF, les Vélo’v et des
ligne D du métro. trottinettes.

30 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


© Antoine Merlet

Saint-Genis Laval, au cœur du tracé de l’Anneau des Sciences

Un Anneau des Sciences qui clive


Depuis le début des années 1990, le projet de bouclage du périphérique s’invite dans les campagnes municipales et
métropolitaines. Avant de sombrer dans les marécages administratifs. En 2020, ce projet qui consiste à créer une
infrastructure routière enterrée entre le 9e arrondissement et Oullins vit des heures décisives. Même si son financement n’est
pas encore trouvé et qu’il coûte la bagatelle de 4 milliards d’euros. Ce projet est le plus gros point de clivage de la campagne.
Les écologistes expliquent depuis des mois qu’ils feront de l’abandon de ce projet un préalable à toute alliance de second tour.
C’est déjà un succès, tous leurs alliés potentiels ont fait volte-face sur le sujet. Gérard Collomb est aujourd’hui le seul à
défendre, mordicus, l’Anneau des Sciences. Il pense que les avancées technologiques, voiture électrique ou à hydrogène,
rendront le projet compatible avec l’urgence climatique.
© Etienne Bouy

© Tim Douet

Vaporetto, saison III RER pour tous


Tous les six ans, les candidats lyonnais se redécouvrent C’est la solution miracle dégainée par tous les candidats pour
une passion pour les navettes fluviales. Jusqu’à présent, améliorer la mobilité dans la métropole : créer un RER à la
l’envie leur passe généralement comme elle est venue, lyonnaise. Au sud de l’agglomération ou dans le Val de Saône, le
une fois qu’ils sont élus. Le Sytral a toujours refusé train s’est déjà imposé comme un mode de déplacement
d’étudier ce mode de transport, le jugeant trop lent et quotidien. Les parcs relais sont d’ailleurs victimes de leur succès.
trop coûteux par rapport à sa possible clientèle. En six Les différentes listes dressent le même constat : les infrastructures
ans, la technologie a progressé et les candidats imaginent existent et 80 % des habitants de la métropole habitent à moins
pouvoir atteindre une vitesse de croisière de de cinq minutes d’une gare. Mais devant le RER à la lyonnaise se
20 kilomètres par heure. À ce rythme, des navettes dresse un obstacle à 2 milliards d’euros au minimum : il faut
fluviales pourraient apporter une réponse à la saturation décongestionner le réseau ferroviaire, le tristement célèbre nœud
du Val de Saône aux heures de pointe. Dans Lyon, les lyonnais. Ce qui ne sera pas fait avant 2040. En attendant, une
fleuves pourraient aussi être utilisés pour la livraison du bataille décisive du rail pourrait être gagnée : une tarification
dernier kilomètre. unique entre les TCL et la SNCF.

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 31


LES PROPOSITIONS DES CANDIDATS

Urbanisme
Pour changer le visage de Lyon, les candidats veulent verdir la ville et
partir à la conquête des fleuves.

Projet d’aménagement de la rive droite du Rhône (Les Républicains)

Piscine flottante sur le Rhône (Kimelfeld) Réaménagement de la rive droite du Rhône (EÉLV)

Europe Écologie - Les Verts

Les Républicains Europe Écologie - Les Verts

‘ Aménagement de la rive droite du Rhône avec ‘ Réaménagement de la rive droite du Rhône en


des quais flottants de 150 mètres. Trois seront diminuant la place de la voiture (création de la ligne
installés durant le mandat : un à Perrache, dédié à T7 du tramway) avec un nombre de voies divisé par
l’artisanat, un autre à Bellecour, tourné vers des deux, à moyen terme, sur l’ensemble des quais du
activités sportives, et le dernier, à la hauteur de Rhône, de la Confluence au tunnel de la Croix-
l’Opéra, consacré à la culture. Rousse.
‘ Création de bassins flottants sur les fleuves pour ‘ Construction de deux nouvelles piscines, à la
permettre aux Lyonnais de se rafraîchir durant l’été. Confluence et dans le quartier des États-Unis.

Ensemble avant tout La République En Marche

‘ Reconquête des fleuves : piscine flottante sur le ‘ Achèvement des dossiers impulsés lors de ses
Rhône et la Saône, logements étudiants sur le trois premiers mandats : Confluence, Part-Dieu et
Rhône, ainsi que des équipements publics comme Carré de Soie. Le prochain dossier, il veut l’ouvrir
des gymnases ou des espaces de coworking. dans l’est, en bordure du boulevard urbain est.
‘ Opérations de réaménagement de grande
ampleur comme avec l’esplanade de l’Hôtel-Dieu.
‘ Pour lutter contre l’insécurité à la Guillotière : Les Centristes
démolition du Clip, piétonnisation de la rue de
Marseille débarrassée d’un tram renvoyé sur les
quais du Rhône. ‘ Refonte totale du centre d’échanges de
Perrache pour apaiser le quartier. Les voiries
seraient toutes enterrées, laissant en surface la
place à une esplanade de huit hectares.
Lyon en commun

‘ Abandon du projet Part-Dieu.

32 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


Logement
Densifier ou répartir sur d’autres territoires, ce sont les différentes
approches pour répondre au manque de logement.

La gauche unie Lyon en commun

‘ Encadrement des loyers pour permettre aux ‘ Encadrement des loyers pour enrayer la
classes moyennes de continuer à se loger dans le spéculation foncière.
cœur de la métropole. ‘ Augmentation du budget de l’Office foncier
‘ Construction de 9 000 logements par an, dont solidaire qui passerait de 4 à 40 millions d’euros.
6 000 sociaux, soit une hausse de 50 % par rapport Cet outil permet de faire baisser le prix de
au mandat précédent. l’immobilier neuf.
‘ Création d’un office foncier métropolitain ‘ Fin de la vente du patrimoine immobilier de la
crédité de 20 millions d’euros chaque année pour ville de Lyon, accélérateur de gentrification à ses
permettre de produire des logements plus yeux.
abordables.

Les Républicains Ensemble avant tout

‘ Absorption du boom démographique à venir en ‘ Construction de 50 000 logements pour créer


s’appuyant sur les territoires voisins. un choc de l’offre.
‘ Impulsion d’un grand plan d’acquisition de ‘ Encadrement du prix de vente de logements
foncier pour permettre de mettre sur le marché des neufs dans des ZAC de son territoire.
logements accessibles aux classes moyennes (70 ‘ David Kimelfeld veut s’appuyer sur l’Office
millions par an) foncier solidaire qu’il a créé pour faire baisser le
coût de vente des logements.

Europe Écologie - Les Verts Rassemblement National

‘ Encadrement des loyers. ‘ Incitation fiscale à l’installation des entreprises


‘ Augmentation de la construction de logements hors de Lyon pour redynamiser les villes
sociaux. périphériques et éviter ainsi de créer des logements

© Tim Douet
‘ Renforcement de l’Office foncier solidaire, qui dans Lyon.
permet d’acheter des terrains afin de faire baisser le ‘ Recours aux bailleurs publics pour agir comme
coût de revient des immeubles. promoteurs immobiliers et ainsi faire baisser les
‘ Pour faire chuter les prix de l’immobilier, miser prix de l’immobilier.
sur les territoires voisins plutôt que
sur la densification de la métropole (1 000 euros.au
mètre carré à Saint-Étienne).

Les Centristes

La République En Marche ‘ Interdiction du changement d’usage des biens


immobiliers pour éviter que dans certains quartiers
des bureaux prennent la place de logements.
‘ Création de 20 % de logements en plus “pour
répondre à la demande comme à la montée des prix ‘ Remise sur le marché de 10 000 logements
de l’immobilier”. vacants.

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 33


LES PROPOSITIONS DES CANDIDATS

Environnement et propreté

Europe Écologie - Les Verts

‘ Des forêts urbaines dans chaque


arrondissement, à raison de 3 000 arbres par an.
‘ Îlot de fraîcheur à moins de cinq minutes à pied
pour tous les Lyonnais.
Les candidats surenchérissent sur le
‘ Piétonnisation de la presqu’île.
nombre d’arbres à planter. ‘ Passage en zone 30 en ville à l’exception des
grands axes traversants.

La République En Marche
Les Républicains

‘ Aides aux copropriétés pour l’installation de


bornes de recharge pour les voitures électriques ‘ Création d’une canopée pour remettre de
l’ombre dans la ville et création d’îlots de fraîcheur
‘ Développement de la filière hydrogène pour en disséminant 200 pots de plantes grimpantes.
permettre de faire émerger rapidement des voitures
“propres”. ‘ Plantation de 500 000 arbres dans Lyon et
création de 5 000 mini-jardins.
‘ Multiplication par cinq des panneaux
photovoltaïques. ‘ Aménagement d’un “Central Park” à Oullins,
dans le quartier de la Saulaie. Ce nouvel espace
‘ Objectif de neutralité carbone en 2050 pour la
métropole. trouverait un prolongement, de l’autre côté du
Rhône, à la plaine de Gerland.
‘ 60 000 arbres plantés durant le prochain mandat
et de nouveaux parcs dans le 9e, le 5e et dans l’est du ‘ Installation d’agents de la métropole dans les
Grand Large jusqu’à Eurexpo. mairies pour apporter des réponses aux problèmes
de voirie ou de ramassage des ordures.

Ensemble avant tout


La gauche unie
‘ Piétonnisation de la Presqu'île tous les week-
ends et extension de l'expérimentation. D’autres ‘ Sortie de la délégation de service public de
communes de la métropole pourraient suivre. Veolia pour l’approvisionnement en eau. La régie
‘ Augmentation du nombre de poubelles et serait métropolitaine.
installation de plus de toilettes publiques. ‘ Renforcement de la ZFE (zone à faibles
‘ Espaces verts à moins de cinq minutes pour émissions) en élargissant son périmètre tout
chaque Lyonnais. comme les véhicules qui en sont interdits. Les
particuliers n’en seraient plus exemptés.
‘ Création de forêts urbaines place de la
République ou Louis-Pradel. ‘ Référendum pour l’interdiction des véhicules
diesel en 2024.
‘ Lancement d’un grand emprunt
environnemental pour les particuliers afin de
financer les travaux de rénovation thermique de
Rassemblement National leur logement.

‘ Intégration au PLU (plan local d’urbanisme) des


opérations de végétalisation menées dans les
communes. Lyon en commun
‘ Remise en service des consignes de bouteilles
de verre. ‘ Retour à une régie publique de l’eau.
‘ Refus de la piétonnisation de la presqu’île. ‘ Passage de la ville de Lyon en zone 30.

34 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


Social
Le social représente un tiers du budget de la métropole, une dimension qui
ne se traduit pas dans les programmes.

La gauche unie Ensemble avant tout

‘ Rapprochement des CCAS des villes des ‘ Expérimentation d’une l’automaticité des aides
maisons métropolitaines et création d’un guichet sociales. Une demande de RSA, par exemple,
unique de la métropole dans chaque mairie. déclencherait l’attribution des aides aux logements
‘ Instauration d’une tarification sociale pour l’eau et d’autres prestations sociales.
et droit à l’eau de 10 m3 “pour les usages de ‘ Expérimentation d’un revenu de base pour les
première nécessité”. jeunes de 18 à 25 ans sans ressources.

Rassemblement National Europe Écologie - Les Verts

‘ Ouverture de places en Ehpad. ‘ Retour à une régie métropolitaine publique de


‘ Création d’une plateforme d’aide aux personnes l’eau, avec tarification progressive en fonction de la
âgées, notamment sur les enjeux numériques. consommation et gratuité des cinq premiers mètres
cubes.
‘ Réduction du budget affecté aux mineurs isolés
en mettant fin aux contrats passés avec les
associations.

La République En Marche
Lyon en commun

‘ Pour affronter le défi du vieillissement, lancement


‘ Multiplication par deux des places en résidences d’un grand plan Ehpad.

© MAXPPP
municipales pour les seniors.
‘ Meilleur accompagnement des aidants.

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 35


LES PROPOSITIONS DES CANDIDATS

Enfance-Éducation
Tous les candidats promettent du bio dans les cantines, de 60 à 100 % selon
© AFP

les listes, et de rattraper le retard pris sur la construction d’écoles

Les Centristes

La gauche unie
‘ Gratuité des activités périscolaires.
‘ Sortie des cantines de la DSP et autonomisation
des établissements pour la fourniture des repas. ‘ Construction de cinq nouveaux collèges à taille
humaine, avec moins de 600 élèves.
‘ Construction de cinq nouveaux groupes
scolaires à Lyon.
‘ Harmonisation de l’offre périscolaire.
Les Républicains Doublement de “la capacité d’accueil en centres de
loisirs” pour accueillir les enfants le mercredi et
pendant les vacances.
‘ Expérimentation de l’école hors les murs. Pour
apprendre à mieux comprendre la nature, les élèves ‘ 400 berceaux dans des crèches municipales ou
des établissements pourront faire classe une associatives.
journée par semaine dans un parc municipal.
‘ Organisation des jeux des Lyonnais pour
promouvoir la pratique sportive et favoriser le lien Lyon en commun
social dans les quartiers.
‘ Création d’une école métropolitaine de la
deuxième chance. ‘ Retour à une gestion municipale des cantines
avec la création d’une deuxième cuisine centrale.
‘ Création de 400 places de crèche.
‘ Gratuité des temps périscolaires.
Ensemble avant tout

‘ Création de 30 maisons d’assistantes


maternelles dans les quartiers où il y a une pénurie
de nounous, les zones en tension ne correspondant Europe Écologie - Les Verts
pas à celles où l’offre est la plus importante.
‘ Création de 10 nouveaux collèges, dont deux à ‘ Au niveau métropolitain, création de cinq
Lyon. À la ville, Georges Képénékian veut doubler le nouveaux collèges.
budget éducation. Il prévoit 9 nouveaux groupes
scolaires et la réhabilitation de 10 écoles. ‘ En plus de “débitumer” les cours de récréation,
création d’écoles dans le 7e, le 8e et le 9e
‘ Création de 500 places de crèche. arrondissement.
‘ Apaisement des abords des établissements en
réduisant la circulation.

La République En Marche

Rassemblement National
‘ Mise en place d’un grand plan contre le
décrochage scolaire.
‘ Encouragement des filières techniques via des ‘ Ouverture des équipements sportifs scolaires
écoles de production ou de la deuxième chance. pendant les vacances.
‘ Construction et rénovation d’une quinzaine de ‘ Ouverture des bibliothèques le dimanche et en
groupes scolaires. soirée.

36 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


Culture
Les candidats veulent revitaliser une culture qui s’est institutionnalisée.

La République En Marche Les Républicains

‘ Mise en place d’un espace d’exposition réservé à ‘ Réouverture de la galerie des Terreaux aux
des artistes émergents qui auraient carte blanche Lyonnais. Étienne Blanc en fera une annexe des
pour créer en résonance avec les grandes musées municipaux qui exposeront gratuitement
manifestations culturelles que peuvent être les une partie de leurs collections qui dorment dans les
biennales ou les grandes expositions. réserves.
‘ Création d’un festival de musique urbaine tourné ‘ Organisation tous les ans d’une grande fête de
vers les artistes lyonnais et une manifestation autour l’eau autour de jeux d’eau et de lumière.
des arts numériques. La manifestation estivale Tout
le monde dehors sera relancée.

Lyon en commun

Ensemble avant tout


‘ Déploiement de la fête des Lumières dans tous
les arrondissements.
‘ Multiplication par deux du budget culture de la ‘ Extension des horaires des bibliothèques jusqu’à
métropole pour le porter à 75 millions d’euros. 21 heures.
‘ Installation de 30 œuvres d’art dans ‘ Transformation de l’ancienne école des beaux-
l’agglomération et création d’une identité visuelle et arts en résidence d’artistes.
artistique dans les stations de métro.

La gauche unie
Europe Écologie - Les Verts
‘ Création d’un nouveau musée : la cité de l’Image
‘ À Lyon, sanctuarisation du budget de la culture. et du Film en lien avec l’Institut Lumière.

‘ Meilleure répartition de la Fête des Lumières ‘ Ouverture des bibliothèques sept jours sur sept
dans les neuf arrondissements. jusqu’à 21 heures.

Yann Cucherat et Gérard Collomb veulent créer


Lyon un festival
Capitale de musiques
• Numéro urbaines.
spécial élections - Mars 2020 • 37
MUNICIPALES

FOCUS

Lyon
Une vague de
renouvellement dans
les arrondissements
L
a campagne des municipales souffre d’un Fiducial pour Lyon Capitale chiffrait la perte Lyon
manque d’intensité par rapport aux en ligne à 57 % entre 2014 et 2020. Les derniers 516 000 habitants
années précédentes, à l’ombre du scrutin 73 conseillers municipaux
jours de campagne seront décisifs. Étienne
221 élus d’arrondissement
métropolitain. 2020 sera pourtant une année Blanc, le candidat LR, qui mène campagne
historique au conseil municipal. Gérard Collomb sous les radars, espère une remontée et mise
ne sera plus maire de Lyon, quel que soit le sur le sérieux de son programme et de son
verdict des urnes. Il s’est désigné un successeur, personnage. Les écologistes comptent sur la
l’ancien gymnaste Yann Cucherat, et demandera génération climat et un bloc de gauche qui,
aux Lyonnais de valider son choix les 15 et autour de 40 %, pourrait être gagnant. Sans
22 mars prochains. À ce stade de la campagne, réserve de voix, Gérard Collomb laisse clairement
cela n’a rien d’évident. Gérard Collomb a beau entendre qu’il pourrait s’allier avec la droite.
partager l’affiche avec son nouveau dauphin, Auquel cas, il pourrait troquer la ville de Lyon
les électeurs n’ont pas suivi. Un sondage Ifop- à la droite contre des soutiens à la métropole.

Maire : Denis Broliquier (Les Centristes)


Nombre d’habitants : 30 436
Élus au conseil municipal : 5

Lyon 2e
Denis Broliquier (Les Centristes)
Anne-Sophie Condemine (LREM)
Pierre Oliver (LR)
Valentin Lungenstrass (EÉLV)
Maire : Nathalie Perrin-Gilbert (Gram) Grégory Dayme (Respirations)
Nombre d’habitants : 29 551
Élus au conseil municipal : 4 Jean-Marie Sauboua (Gauche unie)
Nathalie Carlino (LFI-Gram)
Jean-Claude Vitau (RN)
Lyon 1er
Nathalie Perrin-Gilbert (LFI-Gram)
Mark Lavoye (LREM)
Les électeurs de la Confluence constituent la grande inconnue
Sylvain Godinot (EÉLV) du scrutin dans le 2e. Gérard Collomb estime qu’ils lui seront
Catherine Heranney (Respirations) plus favorables que ceux de l’autre côté des voûtes,
André Gachet (Gauche unie) traditionnellement acquis à la droite. Aux législatives, la
Myriam Fogel-Jedidi (LR) Confluence avait voté à 43 % pour LREM au premier tour. Denis
Jean Perrot (RN)
Elisa Chevalier (Les Centristes)
Broliquier, le maire sortant, part cette année en autonome. Il
Chantal Helly (LO) appuie sa candidature sur son projet de faire sauter le verrou
de Perrache en enterrant les voies de circulation. Il en fait une
La primaire de la gauche au premier tour alternative à l’Anneau des Sciences. Les Républicains misent sur
pourrait déterminer le vainqueur de leur projet de réaménagement de la rive droite du Rhône qui se
l’arrondissement. Nathalie Perrin-Gilbert y positionne principalement sur le 2e.
avait conquis son indépendance en 2014.
Cette année, elle sera concurrencée par les Les enjeux :
écologistes forts de leur bon résultat aux ‘ piétonnisation de la Presqu’île
Européennes de mai dernier. ‘ achèvement de la phase 2 de la Confluence
Les enjeux : ‘ reconquête des fleuves : berges flottantes ou navettes
‘ galerie des Terreaux fluviales
‘ pollution à l’école Michel Servet ‘ transformation de l’autoroute en boulevard urbain
‘ sécurité autour des Terreaux

38 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


© Tim Douet
Maire : Catherine Panassier (Modem) Maire : David Kimelfeld (LREM)
Nombre d’habitants : 101 882 Nombre d’habitants : 36 145
Élus au conseil municipal : 12 Élus au conseil municipal : 5

Lyon 3e Lyon 4e
Béatrice de Montille (LR) Sylvie Palomino (Respirations)
Grégory Doucet (EÉLV) Danielle Attias (LREM)
Georges Képénékian (Respirations) Rémi Zinck (EÉLV)
Carole Burillon (LREM) Anne Pellet (LR)
Nicolas Planchon (LFI-Gram) Gauthier Blin (Les Centristes)
Michel Dulac (RN) Aline Guitard (Gauche unie)
Françoise Deydier (Les Centristes) Alexandre Chevalier (LFI-Gram)
Stéphane Leger (Gauche unie) Marie de Kervereguin (RN)
Charly Champmartin (LO)
La Part-Dieu pose une question philosophique dans
cette campagne : le modèle de développement que Maire de l’arrondissement depuis 2011, David
souhaitent la ville et la métropole. En refusant de Kimelfeld se focalise sur la métropole en 2020.
construire de nouvelles tours, les écologistes prônent un Sans se désintéresser complètement des
moratoire sur la Part-Dieu pour apaiser un quartier qu’ils municipales. Il sera en deuxième position de la liste
estiment asphyxié. Les listes de la majorité sortante de Georges Képénékian menée par Sylvie
prévoient quant à elles des corrections du projet à la Palomino, son actuelle première adjointe. La Croix-
marge. D’ailleurs, tous les candidats veulent végétaliser Rousse est l’un de ces arrondissements où tout
cet arrondissement où la densification a rimé avec peut arriver dans un deuxième tour qui pourrait
minéralisation. Dans un scrutin indécis, celui qui abriter une quadrangulaire. Anne Pellet, élue
emportera le 3e, le plus gros pourvoyeur de conseillers Modem investie par Les Républicains, veut croire
municipaux, fera basculer l’élection. en ses chances dans ce type de configuration. Tout
comme les écologistes, conscients que la
Les enjeux : sociologie du quartier ne les désavantage pas.
‘ équipements publics
‘ plan Part-Dieu Les enjeux :
‘ réaménagement de la gare et du centre commercial ‘ logement
‘ végétalisation ‘ navettes automatiques rue Terme

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 39


LYON LES ARRONDISSEMENTS
Maire : Pascal Blache (DVD)
Nombre d’habitants : 50 596
Élus au conseil municipal : 9

Lyon 6e
Pascal Blache (LR)
Anne Brugnera (Respirations)
Ludovic Hernandez (LREM)
Jacky Copede (RN)
Florence Delaunay (EÉLV)
Maire : Béatrice Gailliout (Modem) Quentin Picard (Gauche unie)
Nombre d’habitants : 48 182
Élus au conseil municipal : 8
Matthieu Sausset (Les Centristes)
Verene Saint-André (LFI-Gram)
Lyon 5e En 2014, Pascal Blache avait été le seul maire
Yann Cucherat (LREM) d’arrondissement élu dès le premier tour. Six ans plus
Anne Prost (LR) tard, il se contenterait volontiers de virer en tête du
Béatrice Gailliout (Respirations) premier tour. L’émergence d’En Marche colle plutôt
Nadine Georgel (EÉLV)
Éric Prost (Gauche unie) bien avec la sociologie du 6e. Mais comme dans tous
Tristan Debray (LFI) les arrondissements, la majorité présidentielle offre le
Olivier Pirra (RN) spectacle de ses divisions. La députée de la
Alexandra Astier (Les Centristes) circonscription, Anne Brugnera, mène campagne
Tristan Teyssier (LO)
pour le dissident Georges Képénékian.
Aux municipales aussi la bataille sera intense entre Les enjeux :
les candidats de l’équipe sortante. Yann Cucherat se ‘ végétalisation
présente, avec l’investiture LREM, face à la maire ‘ place de l’Europe Maire : Christian Coulon (PS)
sortante du 5e, Béatrice Gailliout. Les deux font Nombre d’habitants : 85 229
Élus au conseil municipal : 12
campagne avec l’ombre portée de leurs candidats
métropolitains respectifs. Dans le 5e, Thomas Lyon 8e
Rudigoz pense pouvoir faire mieux que Gérard Charles-Franck Lévy (LREM)
Collomb. Les Républicains jugent l’arrondissement Sonia Zdorovtzoff (EÉLV)
gagnable. Étienne Blanc a même envisagé de s’y Stéphane Guilland (LR)
présenter. C’est Anne Prost, une chef d’entreprise Sandrine Runel (Gauche unie)
dans le secteur du tourisme, qui relève le défi. L’enjeu Agnès Marion (RN)
Laura Ferrari (Respirations)
du mandat à venir repose principalement sur la Mathieu Azcué (LFI-Gram)
mobilité, avec la ligne E pour désenclaver le quartier Lylia Soukehal (Les Centristes)
du Point-du-Jour. Patrice Cali (UPR)
Michel Piot (LO)
Les enjeux : Dans le 8e, le ballet des grues a marqué le mandat.
‘ ligne E du métro Mais les promoteurs immobiliers ont pris de court la
‘ rénovation thermique des logements collectivité. Tous les candidats promettent un
‘ Anneau des Sciences rattrapage, notamment en matière d’écoles. Au fil du
‘ sécurité mandat, la situation de la route de Vienne et du
quartier Moulin-à-Vent a émergé comme une priorité
des six ans à venir. Politiquement, une
quinquangulaire n’est pas à exclure au second tour
au vu de l’état de division de la majorité sortante et
de la possible présence du RN. Agnès Marion a quitté
le 7e pour venir se présenter dans l’arrondissement le
Maire : Myriam Picot (DVG) plus favorable au parti de Marine Le Pen.
Nombre d’habitants : 81 480
Élus au conseil municipal : 9 Les enjeux :
‘ équipements publics
Lyon 7 e
‘ logement
Fanny Dubot (EÉLV)
Jean-Yves Sécheresse (LREM)
‘ végétalisation
Émilie Desrieux (LR) ‘ sécurité Maire : Bernard Bochard (PS)
Nombre d’habitants : 49 774
Loïc Graber (Respirations)
Élus au conseil municipal : 9
Laurent Bosetti (LFI-Gram)
Sylvie Tomic (Gauche unie)
Saïdi Ali Chellali (Les Centristes) Lyon 9e
Justine Dufour (RN) Gérard Collomb (LREM)
Olivier Minoux (LO) Camille Augey (EÉLV)
Emmanuel Giraud (Gauche unie)
Les écologistes ont ciblé le 7e arrondissement Karine Gaudinet-Guérin (LR)
Yvon Perez (Les Centristes)
comme celui qui peut leur être le plus favorable. Ils Pierre-Emmanuel Martin (Respirations)
ont devancé LREM aux élections européennes de mai Adrien Drioli (LFI-Gram)
2019. Ils estiment pouvoir gagner des deux côtés des Thibaut Monnier (RN)
voûtes. À la Guillotière, la gentrification du quartier, Anne-Marie Chambon (LO)
qu’ils dénoncent, leur est électoralement Dans son arrondissement, Gérard Collomb s’avance
avantageuse. À Gerland, les nouvelles constructions avec assurance. Il a fait venir Fouziya Bouzerda dans le
ont amené un électorat CSP+ qui d’après un sondage 9e, ce qui peut être perçu tout à la fois comme un
Ifop-Fiducial pour Lyon Capitale leur est plutôt adoubement et une mise sous tutelle. Mais la
favorable. Ces nouveaux habitants, tous les partis les sociologie politique de l’arrondissement pourrait ôter à
revendiquent, à commencer par Gérard Collomb. À la Gérard Collomb de sa toute-puissance. La liste LREM a
Guillotière, ce sont les enjeux de sécurité qui écrasent fait une mauvaise performance aux élections
la campagne autour de la situation de la place européennes. Une dynamique qu’il veut inverser sur
Gabriel-Péri que tous les candidats veulent son équation personnelle et sa rénovation urbaine de
remodeler. la Duchère et du quartier de l’Industrie.
Les enjeux : Les enjeux :
‘ équipements publics ‘ sécurité
‘ végétalisation ‘ Anneau des Sciences
‘ sécurité ‘ équipements publics

40 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


LYON LES CANDIDATS

EUROPE ÉCOLOGIE - LES VERTS

Grégory Doucet,
un vert prêt à gouverner
La prise de conscience écologique et les marches
© Antoine Merlet

pour le climat ont depuis fait de sa force politique


la favorite des sondages à Lyon comme dans
beaucoup de grandes villes. Cette dynamique
porte le candidat à la mairie qui y ajoute un
profil qui coche presque toutes les cases de
“l’écologiste moderne” : formé en école de
commerce, passé par le milieu associatif – il a
présidé le Genepi, une association pour le dé-
cloisonnement des prisons – et le monde de
l’humanitaire (Planète enfants et développement,
Handicap international), militant de terrain. “Je
suis engagé depuis 2007 à EÉLV. Comme mes
activités associatives et mon travail me prenaient
beaucoup de temps, j’ai préféré être dans un rôle
opérationnel de militant qui me convient bien”,
explique-t-il.

Fin du clivage gauche/droite


Il réfléchit un temps à engager sa formation po-
litique dans le projet “madame Z” de Renaud
Payre pour former “un grand rassemblement
écologiste”. Mais renonce rapidement. “J’ai du
Favori des sondages, Europe Écologie- respect pour ceux qui portent la Gauche unie.
Mais j’ai décidé de partir quand j’ai compris
Les Verts a revu sa matrice pour gagner la qu’ils n’avaient pas de projet politique autre que
l’union de la gauche. Pour moi, l’union est un
ville. Une refonte totalement assumée par moyen, pas un projet. Faire entrer la ville en
Grégory Doucet qui souhaite dépasser – transition, ça, c’est un projet”, commente-t-il
aujourd’hui. Le virage de son mouvement est
lui aussi – le clivage gauche/droite. aussi sémantique : plus question de clivage
gauche/droite. “Cette distinction n’est pas si

L
‘ Grégory Doucet,  ongtemps, les écologistes ont été une simple, confesse Grégory Doucet. Une certaine
46 ans force d’appoint. Des faiseurs de rois qui gauche a longtemps été productiviste. Dans le
• Né à Paris pouvaient se vendre en cas de deuxième même temps, nous ne rejetons pas les termes de
• Diplômé de l'école tour. Le vent dans le dos depuis les dernières création d’entreprises, plutôt portés historiquement
supérieure de commerce par la droite. Pour nous, aujourd’hui, le clivage
de Rouen
européennes, malgré un score inférieur à celui
• Travaille dans
de 2009 (3e, 13,48 %), EÉLV assume désormais est entre ceux qui acceptent les limites de la
l'économie sociale et de devenir un parti de gouvernement. Grégory planète et ceux qui ne s’en préoccupent pas.
solidaire et l'humanitaire Doucet en est l’incarnation. En 2017, alors que L’écologie politique, c’est penser les limites du
• Arrive à Lyon en 2009 sa formation est atomisée à la présidentielle monde.”
pour rejoindre Handicap puis aux législatives – elle ne compte aucun dé- Le rouge-vert des dernières années s’est fortement
International 
puté –, il décide de prendre la fédération du patiné pour rassurer les inquiets de “l’écologie
• EÉLV depuis 2007
Rhône : “L’écologie politique a été mise de côté punitive”. Reste à savoir avec qui ils gouverneront
• Élu secrétaire EÉLV après les accords de deuxième tour. Gérard Col-
Lyon en 2017
alors que les scientifiques tiraient déjà la sonnette
d’alarme en 2017. C’était la fin de notre parti lomb ? Impossible, tant à cause de son soutien à
pensé comme une minorité agissante qui concluait l’Anneau des Sciences que de son appartenance
des accords pour infuser de l’intérieur, comme à LREM. Ce dernier blocage, par parallélisme
c’était le cas à Lyon. On s’est usé à faire ça et les des formes, ferme aussi la porte à David Kimelfeld
“L’ÉCOLOGIE et Georges Képénékian, tout juste claque-t-elle
petits pas n’ont avancé à rien. Quand j’ai été élu
POLITIQUE A secrétaire de EÉLV Rhône, j’ai tout de suite dit moins fort sur les doigts. Il reste un peu de rose
ÉTÉ MISE DE que notre ambition était de gagner Lyon et la dans le vert, mais dans ces proportions en 2020.
CÔTÉ ” métropole.” > JUSTIN BOCHE

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 41


LYON

LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE

Yann Cucherat,
au nom du mentor
Candidat surprise de La République en Marche à la ville de Lyon, Yann
Cucherat a été adoubé par Gérard Collomb. Une ombre tutélaire qui
lui a rapidement valu l’étiquette de “marionnette”, même si l’ancien
gymnaste s’en défend.

M
ultimédaillé mondial de gymnas-

© Antoine Merlet
tique, Yann Cucherat a gravi très
rapidement les échelons de la “Col-
lombie”. Élu pour la première fois en 2014, il a
été désigné par Gérard Collomb pour lui succé-
der à la mairie de Lyon. Un mentor qu’il rencon-
tre en 2009 alors qu’il est nommé sportif
lyonnais de l’année. Le baron local lui propose
déjà de le rejoindre. Yann Cucherat refuse et
poursuit sa carrière de sportif avant d’accepter
lors de la campagne suivante.

Discrétion
“Il est arrivé sur la pointe des pieds. C’était
quelqu’un de discret et il l’est toujours”, se sou-
vient Zorah Ait-Maten, adjointe aux affaires so-
ciales et aux solidarités. Une discrétion qu’il
compense par une véritable force de travail, in-
dique cette proche. “Je me suis toujours construit
sur ça. En gym, je n’avais pas de talent particulier. didat. Son air naïf et son allure tirée à quatre “EN GYM, JE
Le labeur m’a fait avancer. C’est un sport où l’on épingles qui lui donnent un air de bon élève le
font passer sous les radars.
N’AVAIS PAS
ne peut pas se cacher”, explique Yann Cucherat.
“La gymnastique, c’est un sport exigeant aussi. C’est pourtant lui qui est choisi face à de vieux DE TALENT
Lui l’est envers les autres, mais surtout envers lui- grognards comme Jean-Yves Sécheresse ou Fou- PARTICULIER.
même. C’était notre capitaine et il s’est imposé ziya Bouzerda. Une désignation raillée par ses LE LABEUR
naturellement”, se remémore son ancien coéqui- adversaires autant que par ses amis qui pointent M’A FAIT
pier Cyril Tommasone. Après trois années à ar- “son manque d’épaisseur politique” et voient en
penter les clubs et associations locaux, il est lui “une marionnette” facile à sacrifier lors d’un AVANCER”
chargé de plancher sur le programme sport accord de second tour. “Au moins dans le sport,
d’Emmanuel Macron en 2017. il y avait des règles, répond-il. En politique, ce
Quand Gérard Collomb quitte Lyon pour le mi- n’est pas le cas. Moi, je me fixe les miennes et reste
nistère de l’Intérieur, c’est lui qui prononce le dans mon couloir. Je ne coche peut-être pas toutes
discours en hommage à son mentor. “L’homme les cases, mais comme quand j’étais sélectionneur,
Lyon, la ville Collomb”, ose-t-il face à un conseil si je n’ai pas toutes les compétences, je vais les ‘ Yann Cucherat, 
municipal narquois et gêné. Il ajoute : “Cette ville chercher là où elles sont. Je sais d’où je viens et je 40 ans
existait avant vous, mais en la chérissant comme suis lucide sur ce que je suis. Je me suis toujours • Né à Lyon
vous l’avez chérie, vous l’avez faite belle. Comme confronté à des athlètes du monde entier pour • Gymnaste. Participe à
le regard de l’amant embellit la femme aimée et franchir les obstacles. Je continue de le faire ici de- 4 J.O. Deux médailles
la rend aux yeux de tous plus désirable encore.” puis six ans.” Yann Cucherat explique avoir voté mondiales en 2005
“parfois à gauche, parfois à droite et toujours (argent et bronze)
“Ma femme va être jalouse”, glisse alors, amusé,
pour Gérard Collomb”, mais son positionne- • Conseiller technique
Gérard Collomb à sa voisine. Dans la majorité sportif
de Georges Képénékian, il hérite des grands évé- ment politique reste insondable. “Je fais ça pour
les Lyonnais parce que je suis comme eux, leur • S'engage en politique
nements comme le 8 décembre, en plus des en 2014 sur la liste de
sports. Une marque de confiance. Alors que la prolongement”, répète le candidat en guise de ré- Gérard Collomb
scission est consommée entre Collomb, Képé- ponse. Il assure qu’il saura “trancher” quand il • Nommé adjoint aux
nékian et Kimelfeld, personne ne l’imagine can- faudra le faire. > JUSTIN BOCHE Sports

42 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


LES RÉPUBLICAINS

Étienne Blanc, le changement


dans la continuité
ce travail souterrain sera payant dans les derniers
© Antoine Merlet

jours de la campagne quand ses adversaires res-


teront engoncés dans leurs querelles intestines.

Grand argentier de Wauquiez


À son déficit de notoriété, le nouveau venu à
Lyon (il était maire de Divonne-les-Bains jusqu’à
l’automne 2018) oppose son sérieux. Il mène
une campagne méthodique. Il a été le premier à
présenter ses listes puis son programme. Il a
construit une plateforme de propositions hy-
bride. Il a poussé les murs de sa famille politique
pour faire de l’écologie sa priorité, mais il mé-
nage certains fondamentaux de la droite. Sur la
sécurité, il veut doubler les policiers municipaux
et rapprocher leurs missions de celles de la police
nationale. Étienne Blanc met aussi en avant son
image de bon gestionnaire en soulignant les
300 millions d’euros d’économies réalisées à la
région où il est le grand argentier de Laurent
Wauquiez. Il a purgé les écuries d’Augias de la
droite lyonnaise en lançant une nouvelle géné-
ration : “Nous avions pris l’engagement de re-
nouveler nos listes, l’engagement est tenu.” Un
Le candidat des Républicains mène une peu trop peut-être aux yeux de certains cadres
LR qui redoutent que l’inexpérience des candi-
campagne à son image : sérieuse. Il veille dats se retourne contre Étienne Blanc dans un
à ne pas égratigner Gérard Collomb scrutin municipal qui fait la part belle à l’incar-
nation et à la proximité.
autant pour ne pas effaroucher un Dans sa campagne, Étienne Blanc prend tou-
jours soin de ne pas égratigner Gérard Collomb,
électorat de droite qui a pu être infidèle en partant du principe que c’est l’une des clés
que pour ne pas insulter l’avenir. pour faire revenir au bercail des électeurs de
droite satisfaits des trois mandats du maire de
Lyon. “Lyon est au bout d’un exercice, et ce n’est

L
‘ Étienne Blanc, ongtemps, la confiance affichée par
pas une critique, de politiques qui ont été décidées
65 ans Étienne Blanc empruntait à la méthode
ces trente dernières années. Gérard Collomb n’a
• Né à Givors Coué. Mi-février, crédité de 15 % d’inten-
pas été un socialiste de rupture”, pointe le premier
• Avocat tions, Étienne blanc annonçait qu’une vague de
vice-président de la région. Saluer le choix de
• Maire de Divonne-les- fond allait se lever pour le hisser à l’hôtel de ville.
l’ancien ministre de poursuivre l’action de Mi-
Bains de 1991 à 2019 Les derniers sondages valident son intuition.
chel Noir et de Raymond Barre est une manière
• Député de l'Ain de À l’entame de la dernière ligne, il s’apprêterait à
2002 à 2016 déguisée pour Étienne Blanc de faire son auto-
doubler Yann Cucherat, le candidat LREM à la
• 1er Vice-président au promotion. Il l’affirme : il veut “tourner la page
conseil régional depuis
peine malgré le parrainage appuyé de Gérard
dans la tranquillité”. D’ailleurs, son projet phare,
janvier 2016 Collomb. Ou à cause. Étienne Blanc avait long-
l’aménagement de la rive droite du Rhône, s’ins-
temps imaginé se servir des divisions du camp
crit dans une forme de continuité. Si le climat
En Marche comme d’un marchepied. Il a rapi-
vire à l’orage pour la droite lyonnaise, Étienne
dement fait une croix dessus, comprenant que
IL A PURGÉ la brouille Collomb-Kimelfeld saturait l’espace
Blanc aura une issue de secours : s’allier à Gérard
LES ÉCURIES Collomb qui est demandeur. Dans l’opération,
médiatique. Il a alors fait le choix d’une cam-
il pourrait récupérer la mairie de Lyon sur le
D’AUGIAS pagne de terrain. “J’ai participé à plus de
tapis vert des billards à trois bandes.
DE LA 300 réunions d’appartement”, souligne-t-il,
> PAUL TERRA
rappelant aussi qu’il a construit son programme
DROITE avec les Lyonnais. Étienne Blanc escompte que

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 43


LYON

LYON EN COMMUN

Nathalie Perrin-Gilbert,
première opposante
contestée
La maire du 1er arrondissement a assuré qu’elle ne briguera pas un
nouveau mandat dans les pentes. C’est depuis le 7e qu’elle souhaite
désormais prendre la ville de Lyon à Gérard Collomb.

E
n décembre 2018, Lyon Capitale titrait :

© Tim Douet
“Et si c’était elle ?” Alors première oppo-
sante à Gérard Collomb, Nathalie Perrin-
Gilbert avait 15 000 bonnes raisons d’incarner
l’alternative principale de la gauche à Lyon. Forte
d’une assise solide dans le 1er arrondissement,
elle obtient rapidement l’investiture de La France
insoumise et se rapproche de Raphaël Gluck-
smann, fondateur de Place publique qu’elle ac-
cueille plusieurs fois à Lyon. Finalement, Place
publique s’engage avec la Gauche unie de Re-
naud Payre, le directeur de Sciences Po avec qui
elle a fondé le Gram en 2014 avant de se brouil-
ler. C’est donc dans une gauche divisée en trois
entre elle, le PS et EÉLV que la maire du 1er
aborde ces élections.

Première opposante
Son engagement politique débute aux côtés de
Gérard Collomb en 1995. Élue maire du 1er ar-
rondissement en 2001, quand son mentor de-
vient maire de Lyon, elle est perçue comme son
héritière avant son émancipation entre 2008
et 2014, puis la rupture totale. D’épigone, elle de-
vient première opposante au “modèle Collomb”.
Pendant six ans, Perrin-Gilbert fait le job. Elle
critique la “dilapidation du patrimoine lyon-
nais”, la proximité de Collomb avec les grands “ON DIT SOUVENT AUX FEMMES QUI
patrons lyonnais comme Aulas et Ginon sur les S’AFFIRMENT QU’ELLES SONT
dossiers du parc OL et de Gerland, s’engage AUTORITAIRES”
contre la fermeture des bains-douches du 1er et
la cession de la salle Rameau. Elle obtient même une élue qui sollicite régulièrement les avis”, dé- ‘ Nathalie
des victoires sur la vente des halles de la Marti- fend Elliott Aubin, son adjoint dans le 1er arron- Perrin-Gilbert, 48 ans
nière et la fermeture de l’école Levi-Strauss. dissement. • Née à Lyon
Nathalie Perrin-Gilbert ne cache plus son désir • Diplômée en histoire et
sciences de l’information
Gouverner avec qui ? de gouverner la ville. Mais avec 13 % des inten- et de la communication.
À gauche comme à droite, ses opposants, dont tions de vote, cette volonté passera nécessaire- • Élue conseillère
quelques anciens alliés, lui reprochent “une ment par une alliance des gauches face à municipale et
conception solitaire du pouvoir”, bien loin des Collomb. Rien d’inenvisageable d’un point de communautaire en 1995
sur les listes PS.
valeurs collaboratives qu’elle porte. “Un récit vue programmatique. Les blocages s’annoncent
• Maire du
pour m’affaiblir”, répond-elle. “On dit souvent plus personnels avec Renaud Payre, le PS et les 1er arrondissement
aux femmes qui s’affirment qu’elles sont autori- écologistes qu’elle a malmenés depuis six ans, depuis 2001
taires. Quand c’est un homme, la critique est tou- pointant leur participation à la majorité du • Soutient Jean-Luc
jours plus légère. Moi, je côtoie quotidiennement maire de Lyon. > JUSTIN BOCHE Mélenchon en 2017

44 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


RASSEMBLEMENT NATIONAL

Agnès Marion veut faire


exister le RN à Lyon
Agnès Marion souhaite mettre en place localement le rassemblement
des forces frontistes avec Andréa Kotarac (ex-LFI). Un RN dans lequel
elle incarne le trait d’union entre ancienne et nouvelle générations.
‘ Agnès Marion, 
© Antoine Merlet

42 ans
• Née à Sallanches
• Maîtrise Lettres
classiques et modernes,
• Éditrice
• Milite au FN depuis
1997
• Se présente en 2007
aux législatives sur la
10e circonscription du
Rhône
• Conseillère
d'arrondissement du 7e
depuis 2014
• Élue au conseil
régional en 2015

C
onseillère d’arrondissement dans le 7e et “J’ÉTAIS SIMPLE MILITANTE,
conseillère régionale, Agnès Marion va
reprendre le flambeau de Christophe
COLLEUSE D’AFFICHES. JE ME
Boudot au Rassemblement national à Lyon. PRÉSENTE RÉELLEMENT POUR LA
Originaire de Haute-Savoie, l’élue RN grandit à PREMIÈRE FOIS EN 2007”
Avignon avant de s’installer à Lyon pour ses
études de lettres. Elle entre très rapidement au
candidats à Lyon est aujourd’hui de 42 ans. C’est
FNJ, tendance Front du Sud, dans les an-
mon âge. Je suis en quelque sorte le point d’équi-
nées 1990, alors qu’elle est à la faculté. “J’étais
libre et un peu la maman du mouvement, ici”,
simple militante, colleuse d’affiches. Je me pré-
note-t-elle. Pour avoir plus de chance d’être élue,
sente réellement pour la première fois en 2007,
elle a décidé de quitter le 7e arrondissement pour
au moment le plus compliqué pour le FN, dans
le 8e, réputé plus favorable au RN. C’est d’ailleurs
la 10e circonscription du Rhône”, explique-t-elle.
de cet arrondissement qu’était ressorti le seul élu
Elle participe ensuite à la refondation du parti
RN à la ville : Christophe Boudot. L’électorat ur-
avec Marine Le Pen. Pendant dix ans, elle assure
bain de Lyon, qui a plébiscité Emmanuel Ma-
la transition entre les historiques du parti fron-
cron en 2017, demeure toujours défavorable à
tiste, dont Bruno Gollnisch qui lui a mis le pied
son parti. Tout l’enjeu pour elle sera de conserver
à l’étrier, et la jeune génération incarnée à la mé-
au moins un siège au conseil municipal.
tropole par Andréa Kotarac. “L’âge moyen de nos
> JUSTIN BOCHE

45 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


LYON

ENSEMBLE AVANT TOUT

Georges Képénékian veut


tourner la page Collomb
C’est contre la liste de Gérard Collomb avec qui il a partagé l’essentiel
de son combat politique que Georges Képénékian va se présenter aux
municipales. Une affirmation autant qu’un déchirement.

C’
est le duel fraternel de cette élection.
La fin d’une route entamée côte à côte
il y a plus de quarante ans avec Gérard
Collomb. Georges Képénékian naît à Lyon dans
le quartier du Grand Trou. Ses parents armé-
niens ont quitté leur pays au début des an-
nées 1920 lors du génocide pour s’installer en
France : “Je suis de cette génération née en France
qui a apporté de l’espérance aux Arméniens en
s’intégrant pleinement tout en conservant cette
double culture.” Des origines qui marquent son
parcours à venir. “Je me suis construit dans la
lutte contre les injustices. En rejoignant le parti
socialiste arménien pour la reconnaissance du gé-
nocide. Mais aussi en devenant médecin parce
que la maladie est une injustice”, explique-t-il.

Premier ami
C’est lors d’une manifestation avec son parti
qu’il rencontre Gérard Collomb à Lyon dans les
années 1970. Le début “d’un attachement pro-
fond” entre les deux hommes. Le maire de Lyon
lui propose de rejoindre ses rangs dès 2001. Ké-
pénékian refuse avant d’accepter finalement
en 2008 d’être son directeur de campagne. La
vague Collomb emporte Dominique Perben et
Georges Képénékian est propulsé adjoint à la
culture puis premier adjoint en 2014. C’est tou-
dans sa pratique du pouvoir. Il a toujours fait ça ‘ Georges
jours avec son ami qu’il rejoint le mouvement Képénékian, 70 ans
avec ses proches. J’ai fait l’erreur de penser que je
d’Emmanuel Macron et quitte le PS. Appelé au
ne passerais pas sur le gril comme les autres.” Avec • Né à Lyon
ministère de l’Intérieur, Gérard Collomb le choi-
David Kimelfeld à la métropole, ils décident • Chirurgien urologue
sit pour lui succéder à la mairie de Lyon. “C’était
alors de faire face au baron sans renier leur passé • Devient adjoint à la
une marque de confiance. Mais j’ai très vite vu la culture en 2014
commun : “Nous sommes le changement dans
complexité du poste et je dois avouer que j’ai très • Maire de Lyon en 2017
la continuité. Je n’ai pas de comptes à régler avec
mal dormi les trois premiers mois. Il faut se ren- pour remplacer Gérard
Gérard Collomb. Nous avons l’expérience de cette Collomb.
dre compte de ce que cela implique de trancher
ville qui aime plus le rassemblement que la rup-
un dossier, de gérer une majorité. J’ai résolu ce • Rend son écharpe en
ture parce qu’elle a payé cher ses moments de ré- octobre 2018
problème en décidant de fonctionner dans la
volte. Gérard Collomb l’a transformée avec nous,
concertation.” Une première opposition à Gé-
maintenant nous disons qu’il faut l’habiter. Qu’il
rard Collomb, à qui la pratique solitaire du rôle “JE N’AI PAS
faut renforcer son ADN parce que c’est ce qui fait
de maire était fortement reprochée. L’opposition
et la majorité applaudissent.
sa force.” Du Collomb sans Collomb donc, assis DE COMPTES
sur une pratique du pouvoir “plus partagé”. Le À RÉGLER
En 2018, le maire de Lyon reprend son poste,
jeu des alliances du second tour pourrait malgré
comme convenu. Mais les relations se dégradent
tout réunir les anciens alliés et peut-être recréer AVEC
très vite entre les deux hommes : “Au bout de GÉRARD
les anciennes affections.
quinze jours, il me fait comprendre que ce n’est
plus comme avant. Gérard Collomb est exclusif
> JUSTIN BOCHE
COLLOMB”
46 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020
LA GAUCHE UNIE

Sandrine Runel, une gauche


en reconstruction
Après la dislocation du PS qui a suivi le quinquennat Hollande et
l’apparition d’En Marche, le parti des éléphants amorce sa
reconstruction par le bas sans vraiment changer de formule.
‘ Sandrine Runel,
© Antoine Merlet

40 ans 
• Née à Nîmes
• Études de Sciences
politiques et
d'urbanisme à
Montpellier
• Fait la campagne
de Georges Frêche 
en 2004
• Arrive à Lyon en 2005
pour travailler au sein
de la Fédération
nationale des
associations d’accueil et
de réinsertion sociale
• Élue au conseil
général du Rhône
en 2008
• Élue conseillère du
8e arrondissement et
conseillère
métropolitaine en 2014

D’ “ON A PERDU 70 % DE NOS CADRES


abord engagée au Parti socialiste dans
le Montpellier de Georges Frêche, ET MILITANTS. MAIS LOCALEMENT,
Sandrine Runel quitte en 2005 l’Hé-
rault pour Lyon, où elle travaille dans une asso- LE DÉPART DE COLLOMB A ÉTÉ UNE
ciation de lutte contre les expulsions et à l’Ofpra. RESPIRATION POUR TOUT LE MONDE”
D’un baron à l’autre, elle arrive dans un PS local
entièrement dévoué à Gérard Collomb. En 2016, Poser une première pierre
contrairement à beaucoup de strausskhaniens Coincée entre un centre LREM qui a préempté
– courant dont elle fait partie –, elle choisit de le bloc social-démocrate et une gauche idéologique
rester au PS quand les vannes du parti se et écologiste, l’Union de la gauche est sur un
déversent vers En Marche : “Ça a été difficile à chemin de crête. Il s’agit d’assumer un bilan
vivre. On a perdu 70 % de nos cadres et militants. municipal depuis 2001, auquel elle a participé à
Mais localement, le départ de Collomb a été une la ville comme à la métropole, et de se démarquer
respiration pour tout le monde. Chacun a retrouvé de LREM et du “modèle Collomb”. “Il y a eu une
sa parole.” Cette liberté a eu un prix, le PS sort dérive mégalo portée par Gérard Collomb, qui a
exsangue de la victoire de LREM. préféré des tours vitrées et de l’attractivité au
L’Union de la gauche réalise 6,19 % aux euro- quotidien des Lyonnais. Nous, nous sommes une
péennes de 2019, sous la houlette de Raphaël gauche moderne, qui n’agit plus seule. Qui ne
Glucksmann. C’est ce même rassemblement parle plus de grand soir, mais de grand soir égali-
(communistes, Place publique, Génération.s) taire.” Cette reconstruction de la gauche “pourrait
que souhaite rejouer le PS en mars à Lyon et prendre du temps”, admet l’élue du 8e.
dans la métropole. > JUSTIN BOCHE

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 47


AGGLOMÉRATION

MUNICIPALES

Villeurbanne prête
à passer au vert ?
À quelques jours du premier tour, Béatrice Vessiller apparaît en
position de force pour offrir aux écologistes leur première ville de la
métropole, en attendant peut-être que Lyon suive. La majorité PS
s’est scindée en deux et La République en Marche aussi.

T
ous les indicateurs sont au vert pour les ville a été bien administrée. Je ne souhaite pas une PRINCIPAUX
écologistes à Villeurbanne. Leur candi- rupture sévère, mais il faut donner de nouvelles CANDIDATS
date, Béatrice Vessiller, laboure la ville de- priorités”, explique Prosper Kabalo, candidat à la Bruno Bonnell
puis 2001, année où elle est entrée au conseil ville comme à la métropole. Il fait aussi cam-
municipal et au Grand Lyon. Elle a aussi été pagne sur sa bonne gestion en répétant qu’il est
conseillère générale à Villeurbanne. Elle avait ravi l’adjoint aux finances de la ville la mieux gérée
son canton aux socialistes. En mars prochain, de France. Mais il n’est pas en position de force.
Béatrice Vessiller entend passer à l’échelon su- Le PS comme les écologistes refusent tout
périeur : la ville. Un scénario de plus en plus pro- rapprochement avec lui. Et réciproquement.
bable. Même si un sondage place le PS devant Surtout que les deux partis à sa gauche ont prévu
au 1er tour, Yannick Jadot, le patron des écolo- de se rejoindre au second tour et pourraient for-
gistes de passage à Villeurbanne, n’a pas fait dans mer un bloc majoritaire. La menace ne viendra
le détail : “Pour Béatrice Vessiller, c’est quasiment pas, en tout cas, des Républicains. Pour la droite, Béatrice Vessiller
réglé. Il suffit de faire campagne et de ne pas dire cette campagne est un chemin de croix. Jean-
Prosper Kabalo
de bêtises.” Aux élections européennes, Europe Wilfried Martin, le premier candidat investi, a
Écologie-Les Verts a talonné la liste LREM. Jean- jeté l’éponge. LR a alors soutenu Marc Atallah
Paul Bret ne repart pas et son absence annihile en binôme avec Emmanuelle Haziza. Jusqu’à ce
la traditionnelle prime au sortant. La majorité que cette dernière démissionne, refusant d’être
socialiste s’est scindée en deux. “Ces derniers présente sur la liste métropolitaine de François-
mois ont été pénibles. Jean-Paul Bret était la clé Noël Buffet avec 14 têtes de liste masculines. Imi-
de voûte de toute l’équipe municipale. Du mo- tée quelques minutes plus tard par l’éphémère
ment où il a annoncé qu’il ne repartait pas, tout candidat Atallah. À la ville, Clément Charlieu,
l’édifice est tombé”, nous confiait il y a quelques candidat sans étiquettes à l’origine, s’y colle et
semaines un adjoint sortant. Cédric Van Styven- Dany Morsilli à la métropolitaine. “C’est un ci- Cédric
Van Styvendael
dael, ancien directeur de l’office HLM villeur- metière indien là-bas. Il y en a toujours deux
bannais, a été investi. Sur ses épaules repose une pour se liguer contre le troisième”, s’étouffe Fran-
responsabilité plus large qu’une simple élection çois-Noël Buffet, le candidat à la présidence de
municipale. Yann Crombecque peignait ainsi le la métropole.
paysage cet automne : “Villeurbanne est la ba-
taille centrale de 2020 pour nous, les socialistes. La sécurité au cœur Clément Charlieu
Nous sommes tournés sur la défense de l’héritage des débats
de Jean-Paul Bret et, au-delà, de ce qu’a été le so- À l’heure de rendre le scrutin métropolitain et
cialisme à Villeurbanne depuis près d’un siècle. municipal illisible, La République en Marche ne
Aux municipales, le bilan compte. Je ne suis ni s’est pas fait prier. Bruno Bonnell, le député En
défaitiste ni optimiste béat.” Pour mettre toutes Marche de Villeurbanne, s’est lancé dans la
les chances de leur côté, les socialistes ont scellé course avec Emmanuelle Haziza, transfuge des
une alliance qui n’avait rien d’évident avec les in- Républicains, sans solliciter l’avis de son parti,
soumis. Mais dans les urnes, ils affronteront, en
plus des écologistes, une poignée d’adjoints sor-
tants qui, dans le sillage de Prosper Kabalo, ont “C’EST UN CIMETIÈRE INDIEN
rejoint En Marche. Leurs destins sont devenus LÀ-BAS. IL Y EN A TOUJOURS
irréconciliables.
Ils ne partagent plus guère qu’une partie de l’ac- DEUX POUR SE LIGUER CONTRE
tion municipale. “Je suis solidaire du bilan. La LE TROISIÈME”
48 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020
Aux élections européennes, Europe Écologie-Les Verts
a talonné la liste LREM. Jean-Paul Bret ne repart pas et
son absence annihile la traditionnelle prime au sortant.

© Antoine Merlet
“NOUS AVONS UN VRAI le cou à ces adversaires qui ne manquent pas de pointer l’échec
du laboratoire grenoblois en matière de tranquillité publique.
PROBLÈME DE SÉCURITÉ, Dans la majorité sortante, le bilan sécuritaire est aussi lu néga-
MAIS VILLEURBANNE, tivement. “Nous avons un vrai problème de sécurité, mais Vil-
leurbanne, ce n’est pas Chicago”, tempère Prosper Kabalo. Le
CE N’EST PAS CHICAGO” dauphin de Jean-Paul Bret, le socialiste Cédric Van Styvendael,
admet aussi des difficultés s’agissant de tranquillité publique :
mais en recevant le soutien du responsable départemental. De “Il ne serait pas raisonnable de se présenter devant les électeurs
quoi faire enrager Prosper Kabalo, le candidat officiel. sans proposition sur ce sujet.” Le candidat socialiste rejette la
Le député villeurbannais s’est lancé, estimant que l’investiture responsabilité sur la baisse des effectifs de la police nationale
donnée par son parti à l’actuel premier adjoint de Jean-Paul sur la commune quand la population a, elle, augmenté.
Bret était hors sujet. Bruno Bonnell trouve Prosper Kabalo trop
à gauche et surtout trop comptable du bilan. Notamment en Démographie galopante
matière de sécurité. “Nous voulons éradiquer la drogue à Vil- Et c’est d’ailleurs l’autre sujet qui agite la campagne : l’urbani-
leurbanne. Cela prendra du temps, mais je ne peux pas accepter sation de la ville. “Les constructions se poursuivent à un rythme
de baisser les bras quand les habitants me disent qu’on deale de- effréné. La ville a gagné 25 000 habitants en vingt ans. Il faut
vant leur immeuble ou l’école de leurs enfants”, justifie Bruno ralentir la cadence pour opérer un rattrapage sur les services pu-
Bonnell. Il ne décolère pas d’avoir vu l’actuel adjoint à la sécu- blics”, suggère Béatrice Vessiller en pensant notamment à des
rité, présent sur la liste Kabalo, opposer au sentiment d’insé- écoles. Elle dessine là une vraie ligne de clivage avec ses rivaux
curité un débat sur la législation du cannabis. “Quand on parle que sont les socialistes et les marcheurs. “Il faut entendre les
de sécurité aux habitants, on entend tout le reste. À Villeur- habitants qui se plaignent de la densification de la ville. Le PLU
banne, la situation est vraiment catastrophique. Elle s’est dé- (plan local d’urbanisme) prévoit la construction de 400 loge-
gradée sur les dix dernières années. Il y a des zones de non-droit. ments par an. Nous en sortons aujourd’hui 900. Il y a donc une
La municipalité a laissé faire pour s’acheter la paix sociale”, ex- marge. Mais celui ou celle qui prendra la responsabilité de stop-
plique Dany Morsilli, la candidate LR sur la circonscription per les constructions devra assumer celle de la flambée des prix”,
métropolitaine villeurbannaise. Comme d’autres candidats, tempête Cédric Van Styvendael. Un point sur lequel ils devront
elle avance le chiffre de 60 points de vente de drogue dans la se mettre d’accord dans l’entre-deux-tours. Celui des deux qui
commune. Un nombre confirmé par des élus de la majorité. virera en tête devrait être le prochain maire de Villeurbanne.
Les écologistes font aussi campagne sur ce thème. Une manière > PAUL TERRA
pour Béatrice Vessiller d’affirmer sa fermeté et ainsi de tordre

Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020 • 49


AGGLOMÉRATION

MUNICIPALES

La fin de la banlieue
rouge ?
Les bastions communistes vacillent. À Vénissieux, l’insécurité et la
paupérisation constante de la ville mettent Michèle Picard en situation
délicate. À Givors, la menace est incarnée par le Rassemblement
national qui rêve de décrocher la ville.

L
a banlieue rouge se détricote élection après élection.

© Tim Douet
Vaulx-en-Velin, Pierre-Bénite et Grigny sont tombées
en 2014. Six ans plus tard, les deux dernières communes
gérées par les communistes chancèlent. C’est à Givors que la
menace est la plus grande. Le candidat RN Antoine Mellies voit
les planètes s’aligner : Les Républicains n’ont pas de candidat
et, surtout, le mandat a été rythmé par l’agenda judiciaire de
l’ancien maire, Martial Passi, condamné en appel à six mois de
prison avec sursis et un an d’inéligibilité pour prise illégale d’in-
térêts et recel. Condamnation confirmée en cassation. “Dans
la ville, personne n’en parle à part mes opposants”, veut croire
Christiane Charnay, la maire communiste. Un front républi-
cain de second tour reste à ce jour hypothétique en raison des
haines recuites à gauche. Mohamed Boudjellaba, le candidat
EÉLV, est à l’origine des déboires judiciaires de Martial Passi.
“Le niveau de rejet de la maire et des communistes est tel que
même en cas de front républicain, nous pouvons gagner la ville”,
anticipe Antoine Mellies.

Dispersion des candidatures


À Vénissieux, autre bastion rouge, la maire Michèle Picard et
son équipe sont attaquées de toutes parts. Les Verts sont sortis Yves Blein, candidat
LREM à Vénissieux
de la majorité. Le leader des socialistes a rallié Yves Blein, le dé-
puté LREM de la circonscription. À droite, Christophe Girard
(LR) et Damien Monchau (RN) surenchérissent dans leur “LES VÉNISSIANS VEULENT
couloir sécuritaire. Michèle Picard reconnaît elle-même que la
situation s’est dégradée. Mais elle renvoie la faute à l’État. “Les DU RENOUVELLEMENT
Vénissians veulent du renouvellement après quatre-vingt-cinq
ans de gestion communiste. La ville est sentie par les habitants
APRÈS QUATRE-VINGT-
comme emprisonnante”, attaque Yves Blein. Michèle Picard CINQ ANS DE GESTION
reste, elle, droite dans ses bottes : “À chaque fois, nous remplis-
sons le contrat passé avec les Vénissians.” Plus que leur bilan,
COMMUNISTE”
c’est la dispersion des candidatures qui pourrait sauver les
communistes. Comme en 2014. > PAUL TERRA

LREM, la menace fantôme arranger, les investitures sont arrivées très tardivement.
“Dans l’agglomération, LREM est surtout composé d’anciens
Le potentiel électoral de La République en Marche laissait socialistes. C’est ce qui explique nos difficultés à trouver de
entrevoir après les élections législatives de grandes bons candidats dans des villes de droite. Nous n’avons pas
conquêtes aux municipales de mars 2020. Mais trois ans plus les profils”, déplore un cadre local LREM, pointant la
tard, l’offre protéiforme du parti présidentiel peine à s’ancrer responsabilité du bilan de Caroline Collomb à la tête de la
dans le réel faute de main-d’œuvre. Dans des communes fédération autant que les conséquences de la brouille
comme Caluire-et-Cuire ou des municipalités de l’Ouest, la Collomb-Kimelfeld. Les Républicains devraient donc
sociologie épouse celle, très diverse, d’En Marche. Les maires maintenir leurs positions dans la plupart des communes qu’ils
de droite vont affronter des candidats peu implantés dans un gèrent. Une perspective inespérée pour eux après la déroute
scrutin qui fait la part belle à l’incarnation. Pour ne rien des élections européennes.

50 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020


SOIRÉE ÉLECTORALE

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