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Déchet médical

Symbole du risque infectieux, qui peut être apposé


sur les contenants de certains déchets médicaux
présentant ce type de risque.

Les déchets médicaux représentent les


déchets issus des activités de soin
prodiguées dans différentes structures
médicalisées, notamment dans les
structures hospitalières. Comme les
déchets vétérinaires qui leur sont parfois
assimilés, pour des raisons de
biosécurité et de d'hygiène et de santé
publique, le suivi de leur production,
transport, gestion et élimination
nécessite des précautions écologiques
et sanitaires actuelles. Ils sont soumis à
des réglementations spécifiques.

Nature et classification

Système de tri des déchets médicaux dans un


hôpital en fonction de leur dangerosité
Les déchets médicaux désignent d'une
manière générale les déchets issus d'une
activité de soin à l'hôpital, dans des
structures médicalisées ou de recherche,
ou encore qui sont produits lors de la
réalisation de campagnes de santé
publique, telles que des campagnes de
vaccination.

Ils sont souvent classés en deux


catégories principales, selon leur degré
de dangerosité : d'une part, les déchets
médicaux assimilables aux déchets
ménagers (comme les emballages), sans
risque direct pour la santé des personnes
ou pour l'environnement qui représentent
environ 80 % de la production totale et
d'autre part, les déchets médicaux
présentant un risque infectieux ou
sanitaire pour les 20 % restants.

Les déchets médicaux à risque sont


répertoriés en fonction de leurs
provenances[1],[2].

Les déchets liés aux actes de soin


représentant les dispositifs médicaux
usagés, comme des compresses, des
seringues et comprenant les objets
tranchants ou piquants, comme les
aiguilles ou les bistouris. Les objets
piquants et tranchants représentent
1 % du total du volume des déchets
médicaux.
Les déchets d'origine humaine, comme
les liquides et matières biologiques,
tels que l'urine, le sang, des pièces
anatomiques issues de l'activité de
chirurgie, des cadavres d'animaux de
laboratoire utilisés dans la recherche
médicale. Ces derniers représentent
15 % du total des déchets médicaux.
Les éléments ordinairement inertes
contaminés par un agent infectieux ou
radioactif.
Certaines molécules
médicamenteuses comme les produits
chimiothérapeutiques cytotoxiques, les
dérivés iodés, les antiseptiques, les
sérums, les vaccins ou les produits
médicamenteux périmés. Les déchets
médicamenteux représentent 3 % du
volume des déchets et les substances
cytotoxiques 1 %.
Les produits comme les réactifs de
laboratoire contenant des
formaldéhydes ou des benzènes, de
même que les réactifs utilisés en
radiologie pour le développement des
photographies, les métaux lourds,
comme le plomb, ou encore certains
gaz sont ici considérés comme des
déchets médicaux.

En France …

En France, le vocable déchets d'activités


de soins à risques infectieux et assimilés
(ou DASRI) regroupe trois catégories de
déchets :

les déchets d'activités de soins des


établissements de santé ;
les déchets médicaux sont des
déchets diffus spécifiques, issus de
l'exercice libéral médical ou vétérinaire
et des laboratoires d'analyses
médicales ; produits en quantités
faibles et géographiquement dispersée
(cabinets de soins, dispensaires,
infirmeries, domiciles des malades,
laboratoires) ;
les déchets de soins des ménages, de
tests à domicile et des personnes en
automédication (diabétiques,
insuffisants rénaux, insuffisants
respiratoires, porteurs de micro-
organismes).

Un décret no 97-1048 considère comme


DASRI les déchets de soins qui :

soit « présentent un risque infectieux


du fait qu'ils contiennent des
microorganismes viables ou leurs
toxines, dont on sait ou dont on a de
bonnes raisons de croire qu'en raison
de leur nature, de leur quantité ou de
leur métabolisme, ils causent la
maladie chez l'homme ou chez
d'autres organismes vivants ».
soit relèvent de l'une des catégories
suivantes :
Matériels et matériaux piquants
ou coupants destinés à l'abandon,
qu'ils aient été ou non en contact
avec un produit biologique,
Produits sanguins à usage
thérapeutique incomplètement
utilisés ou arrivés à péremption,
Déchets anatomiques humains,
correspondant à des fragments
humains non aisément
identifiables (Entreposage et
contrôle de l'élimination
réglementé en France par l'Arrêté
du 14 octobre 2011 [3]).

Ces déchets sont alors aussi considérés


comme des déchets dangereux. La Loi
Grenelle II prévoit que les déchets
médicaux dangereux produits à domicile
(seringues, etc) produits à domicile
soient gratuitement récupérés par les
officines de pharmacie.

Production et gisement

Au niveau mondial …

Au niveau mondial, la production


annuelle des déchets médicaux en 1995
représentait de 1,1 à 12 kg par personne
dans les pays industrialisés, de 0,8 à 6 kg
par personne dans les pays émergents
ou en développement et de 0,5 à 3 kg par
personne dans les pays les moins
avancés[4].

Total de la production des volumes de déchets


médicaux en kg par lit par région établi en 1997
selon des données de l'OMS[5]
7-10
3-6
3
1.8-2.5
1.4-2
1.3-3

Selon le rapport de l'OMS Safe


Management of Wastes from Health-Care
Activities[6], la production par lit de soin
par pays classe l'Amérique du Nord en
première position, représentant un taux
de production de 7 à 10 kg par lit de soin.
Celle en Europe de l'Ouest et en
Amérique latine avoisine de 3 à 6 kg par
lit de soin. Celle de l'Asie de l'Est, de
l'Europe de l'Est ou du Moyen-Orient
représente quant à elle de 1,3 à 4 kg par
lit de soin[4].

En France …

Selon l'Ademe[7], une seule des


catégories est bien connue, c'est celle
des déchets d'activités de soins à
risques infectieux des établissements de
santé (145 000 tonnes en 2001 selon les
plans régionaux et une enquête
téléphonique auprès des DRASS et
DDASS. On estime grossièrement que
5 000 à 10 000 tonnes de déchets
médicaux diffus sont produits par
l'activité libérale. Le gisement des
déchets de soins des ménages n'a
jamais été évalué.

Il y aurait donc au moins 155 000 tonnes


par an de déchets d'activités de soins à
risques infectieux produites en 2001,
déchets diffus non compris.

Origines …
Les déchets médicaux sont en grande
partie produits par les structures de soin
direct[8], notamment par les centres
hospitaliers universitaires, les hôpitaux
périphériques, les cliniques ou les
dispensaires de soins externes. À titre
d'exemple, la production quotidienne de
déchets médicaux en 1993 représentait
de 0,2 à 8,7 kg par lit[9], selon la taille de
la structure ou de l'activité de soin
désignée.

Les activités de soin les plus


génératrices de déchets médicaux
infectieux sont les unités d'urgence
(hospitalières ou mobiles), les unités de
chirurgie et d'obstétrique, les centres de
dialyse, les établissements de collecte de
sang et les unités de long-séjour.

Par ailleurs, les établissements en


relation avec le domaine de la santé
comme les laboratoires d'analyse
médicale, les laboratoires de recherche,
les industries biomédicales ou encore les
morgues sont classés parmi les
producteurs importants de déchets
médicaux.

Risques associés aux déchets


médicaux

En matière de santé publique …


Les risques associés aux déchets
médicaux à risque s'adressent en
premier lieu aux professionnels de la
santé, aux personnels de maintenance,
ou aux techniciens évoluant dans les
structures de soins. Les risques
concernent également les personnes
soignées dans les structures et in
extenso, n'importe quelle personne
pouvant être en contact avec ces
déchets.

Les problèmes de santé inhérents aux


déchets médicaux à risques sont
fonction de leurs natures[10]. Le principal
risque est la contamination par des
germes pathogènes pouvant conduire à
une infection. Certains déchets
médicaux peuvent être vecteurs de virus
ou de bactéries et être responsables de
contamination inter-humaine,
notamment par le virus du sida, de
l'hépatite B et C. C'est le cas des
dispositifs médicaux souillés par des
liquides biologiques (urines, matière
fécale, sang) ou des objets piquants et
tranchants usagés, ces derniers
présentant par ailleurs le risque de
blessure majorant le risque d'une
contamination. Une élimination non
appropriée des dispositifs médicaux à
usage unique, comme les aiguilles ou les
seringues, peut entraîner le risque de
recycler le dispositif pour réemballage et
réutilisation, provoquant le risque de
contamination si le matériel était
déstérilisé ou souillé[11].

Certains déchets médicaux présentent


également un risque de toxicité pour
l'organisme. C'est le cas des déchets de
nature chimique, cytotoxique ou
radioactive pouvant provoquer des
brûlures, des irritations, un
empoisonnement ou encore des
dérèglements physiologiques.

En 1992, en France, huit cas d'accidents


d'exposition aux virus liés à des déchets
médicaux infectieux ont été recensés[12].
Ces expositions concernaient une
contamination avérée par le virus du
sida. Aux États-Unis, le CDC a recensé
une prévalence de trente neuf cas
similaires en 1994, et de cinquante et un
cas en 1996.

Une problématique de contamination


radioactive peut se poser en cas de non-
traitement de déchets médicaux
radioactifs. En 1987, à Goiânia, ville du
Brésil, des déchets de poudre de césium
(césium 137 utilisé en traitement de
radiothérapie) provenant d'une clinique
privée fermée contaminent la population
locale provoquant l'irradiation de environ
240 personnes, dont 4 décès par
syndrome d'irradiation aiguë[13].
En matière de pollution …

environnementale

Le non-traitement des sources


radioactives à usage médical (utilisées
par exemple dans l'imagerie médicale)
peut poser une problématique en matière
de pollution radioactive. La plupart des
sources radioactives employées pour les
dispositifs médicaux sont réputées être à
courtes durées de vie, c'est-à-dire que
leur radioactivité disparaît rapidement.
Une contamination locale peut se
produire.

De même pour certains biocides


contenant des molécules peu
dégradables ou non dégradables.
Le rejet dans les égouts, dans la nature
et même l'enfouissement des déchets de
soins dans des zones non-contrôlées
peuvent être source de contamination de
l'eau destinée à la consommation, de
sols ou du réseau trophique, ou
contribuer à accroitre l'antibiorésistance.
L'incinération de certains de ces déchets
peut provoquer l'émanation de particules
de dioxine, de furane. D'autres composés
toxiques peuvent s'avérer contaminant
pour l'environnement, comme le mercure,
métal volatil à température ambiante et
très toxique quand il est méthyle
(méthyle-mercure)[14].

Aspects culturels et cas …


particuliers

Les parties de corps humains issues de


la circoncision ou de l'accouchement
peuvent dans certaines sociétés avoir
une importance religieuse et culturelle
nécessitant qu'ils ne soient pas
considérés comme des déchets
médicaux, c'est par exemple le cas du
cordon ombilical desséché et du
placenta humain (considéré comme une
sorte de double du fœtus) en Polynésie
française, qui traditionnellement est
encore enterré par la famille après
l'accouchement, dans la cour ou le jardin
de la maison, sous un nouvel arbuste ou
près de celui-ci (arbre fruitier selon la
tradition)[15]. Cette tradition est perturbée
par le développement des accouchement
dans les maternités, souvent loin de l'île
du domicile ; « Les mères venues des îles
lointaines doivent demander à la sage-
femme de congeler le placenta qu'elles
emporteront parfois quelques semaines
plus tard, dans une glacière ou dans le
"fret congélateur" d'un navire. Dans ces
conditions, il est probable que beaucoup
préféreront y renoncer »[15].

Concernant les déchets vétérinaires, la


plupart de animaux qui accouchent
mangent le placenta de leurs petits, ce
qui leur permet aussi de récupérer du fer,
des protéines et des sels minéraux.
Gestion et traitement
L'Organisation mondiale de la santé
recommande le traitement des déchets
médicaux par incinération à 800 °C.

En 2007 une note[14] de l'OMS précise


qu'il n'existe pas d'options peu couteuses
et sans conséquence sur l'environnement
pour éliminer en sécurité les déchets
infectieux. Un cas particulier est celui
des situations exceptionnelles, de crise,
de guerre, de camps de réfugiés, etc.[16]

Aspects législatifs
Cette section est vide, insuffisamment
détaillée ou incomplète. Votre aide est la
bienvenue ! Comment faire ?

Annexes

Notes et références …

1. Op. cit. Safe Management of Wastes


from Health-Care Activities - chapter
2 : Definition and characterization of
health-care waste, pages 2 à 6
2. (en) Collectif, pour le compte de
l'Environmental Protection Agency,
European Waste Catalogue and
Hazardous Waste List, Irlande,
Environmental Protection Agency,
2002, 45 p., broché, pdf
(ISBN 1-84095-083-8, lire en ligne ) :
classement des types de déchets,
section 18 relative aux déchets
médicaux, page 37
3. [Arrêté du 14 octobre 2011
(Légifrance)
http://www.legifrance.gouv.fr/affichT
exte.do?
cidTexte=JORFTEXT000024717831&
fastPos=1&fastReqId=719840266&c
ategorieLien=id&oldAction=rechText
e ] ; concernant les modalités
d'entreposage et contrôle des filières
d'élimination des déchets d'activités
de soins à risques infectieux et
assimilés et des pièces
anatomiques, modifiant les arrêtés
du 7 septembre 1999 relatifs aux
modalités d'entreposage et de
contrôle des filières d'élimination des
déchets d'activités de soins à risques
infectieux et assimilés et des pièces
anatomiques. Cet arrêté reprécise les
valeurs de seuil maximum, les
durées maximum entre productions
des déchets et élimination,
incinération, et les procédures à
respecter pour l'élimination de ces
déchets
4. Op. cit. Safe Management of Wastes
from Health-Care Activities - chapter
2 : Definition and characterization of
health-care waste, page 13
5. Op. cit. Safe Management of Wastes
from Health-Care Activities - chapter
2 : Definition and characterization of
health-care waste, page 13, Table
2.5
6. Voir références en bibliographie
7. Déchets d'activités de soins à
risques infectieux (DASRI) consulté
2010/02/19
8. Op. cit. Safe Management of Wastes
from Health-Care Activities - chapter
2 : Definition and characterization of
health-care waste, page 11, Box 2.4
9. Op. cit. Safe Management of Wastes
from Health-Care Activities - chapter
2 : Definition and characterization of
health-care waste, page 11, Table
2.4
10. Op. cit. Safe Management of Wastes
from Health-Care Activities - chapter
3 : Health impacts of health-care
waste , pages 20 et 21
11. Gestion des déchets d’activité de
soins , Pour réduire la charge de
morbidité, la gestion des déchets
d’activité de soins doit être
rationnelle et recourir à d’autres
techniques que l’incinération, OMS,
Aide-mémoire no 281, octobre 2004,
consulté le 12 mai 2011
12. Op. cit. Safe Management of Wastes
from Health-Care Activities - chapter
3 : Health impacts of health-care
waste , pages 25 à 26
13. Accidents de radioactivité , De
l'importance d'un suivi rigoureux des
sources radioactives, EDP Sciences,
consulté le 11 mai 2011. Repris de
Les accidents dus aux rayonnements
ionisants , IRNS, février 2007, p. 50
14. Les déchets liés aux soins de santé ,
Aide-mémoire no 253, OMS,
novembre 2007, consulté le 12 mai
2011
15. Saura B (2002) Enterrer le placenta;
l'évolution d'un rite de naissance en
Polynésie française . Ile en Ile
16. Durand, M. C., Van Den Noortgate, J.,
& Nothomb, C. (2003)Sales et
dangereux : Comment gérer les
déchets médicaux dans les
structures de santé de MSF ? .
Médecins sans frontières

Bibliographie …

(en) Annette Pruess, E. Giroult, P.


Rushbrook pour l'OMS, Safe
Management of Wastes from Health-
Care Activities, Genève, Organisation
mondiale de la santé, 1999, 228 p.
(ISBN 92 4 154525 9, lire en ligne
[broché / pdf])
Durand, M. C., Van Den Noortgate, J., &
Nothomb, C. SALES ET DANGEREUX:
Comment gérer les déchets médicaux
dans les structures de santé de MSF?.

Articles connexes …

Déchets d'activités de soins à risques


infectieux et assimilés
Gestion des déchets
Prion pathogène

Liens externes …

Dossier de l'Organisation mondiale de


la santé consacré au déchets
médicaux
(en) Healthcare waste management : site
de l'OMS dédié au traitement des
déchets médicaux
Portail de la médecine
Portail de l’environnement

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