Vous êtes sur la page 1sur 14

Lumières (philosophie)

1
Les Lumières sont un mouvement culturel, philosophique, littéraire et intellectuel
e
qui émerge dans la seconde moitié du XVII siècle avec des philosophes comme
Spinoza, Locke, Bayle et Newton, avant de se développer dans toute l'Europe,
notamment en France, au XVIIIe siècle. Par extension, on a donné à cette période le
nom de siècle des Lumières.

Par leur engagement contre les oppressions religieuses et politiques, les membres de
ce mouvement qui se voyaient comme une élite avancée œuvrant pour un progrès du
monde, combattant l’irrationnel, l’arbitraire, l’obscurantisme et la superstition des
siècles passés, ont procédé au renouvellement du savoir, de l’éthique et de
l’esthétique de leur temps. L’influence de leurs écrits a été déterminante dans les
grands événements de la fin du XVIIIe siècle que sont la Déclaration d'indépendance
2
des États-Unis et la Révolution française .

Le mouvement de renouveau intellectuel et culturel des Lumières reste, au sens


strict, européen avant tout, et il découle presque exclusivement d’un contexte
spécifique de maturation des idées héritées de la Renaissance. La pensée des
Lumières s’est étendue à l’Europe, quoique la traduction de ce terme, dans les autres
langues européennes, ait toujours privilégié l'idée d'une « illumination » provenant Image de couverture de
l'interprétation par Voltaire de l'œuvre
de l’extérieur, alors que le terme français privilégie le fait que les Lumières viennent
d'Isaac Newton, Éléments de la
de soi-même. De manière très générale, sur les plans scientifique et philosophique,
philosophie de Newton, mis à la
les Lumières voient le triomphe de la raison sur la foi et la croyance ; sur les plans portée de tout le monde(1738). Le
politique et économique, le triomphe de labourgeoisie sur la noblesse et le clergé. manuscrit du philosophe assis, qui
traduit l'œuvre de Newton, semble
« éclairé » par une « lumière » quasi-
divine venant de Newton lui-même,
lumière réfléchie par le miroir tenu
par une muse, en réalité la
traductrice de l'œuvre de Newton,
Émilie Du Châtelet, maîtresse et
collaboratrice de Voltaire.
Sommaire
Thématiques de la philosophie des Lumières
Révolution dans les sciences et programme de la philosophie des Lumières
Évolution de la réflexion scientifique
Liberté individuelle et contrat social
Valeurs et représentations sociales des Lumières
Changement de représentation
Idéal du philosophe
Idéal encyclopédique : tout connaître
Critique de l’organisation sociale
Sensibilité des Lumières
Acteurs et portée
Philosophes des Lumières
Portraits
Représentants des Lumières
Diffusion des Lumières
Encyclopédie
Salons et cafés
Académies, bibliothèques et loges
Marchands ambulants et presse
Influence de la Philosophie des Lumières dans les changements politiques
Impact des Lumières, sur la Révolution américaine
Impact des Lumières sur la Révolution française

Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes

Thématiques de la philosophie des Lumières

Révolution dans les sciences et programme de la philosophie des Lumières

Évolution de la réflexion scientifique


e
Le mouvement des Lumières a été, en grande partie, un prolongement des découvertes de Nicolas Copernic au XVI siècle, peu
diffusées de son vivant, puis surtout des théories de Galileo Galilei (1564-1642). Une quête d’axiomes, de certitudes éprouvées, se
poursuivit dans le mouvement ducartésianisme tout au long du XVIIe siècle [réf. nécessaire].

Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) développa les mathématiques et le calcul infinitésimal. Sa philosophie des monades se
démarquait également de celle de René Descartes. Les philosophes britanniques comme Thomas Hobbes et David Hume, adoptèrent
une démarche empirique, mettant l’accent sur les sens et l’expérience dans l’acquisition des connaissances, au détriment de la raison
pure.
3
Baruch Spinoza prit parti pour Descartes, surtout dans son Éthique . Il se démarqua pourtant de son aîné dans son Traité de la
réforme de l'entendement (Tractatus intellectus amendatione), où il montra que le processus de perception engage non seulement la
raison, mais aussi les sens et l’intuition. La conception de Spinoza était centrée sur une vision de l’Univers où Dieu et la Nature ne

4
4
font qu’un. Cette idée deviendra centrale au siècle des Lumières , depuis Isaac
Newton (1642-1727) jusqu’à Thomas Jefferson (1743-1826).

Un changement notable fut l’émergence de la philosophie naturaliste à travers toute


l’Europe, incarnée parIsaac Newton. Ses idées, sa réussite indéniable à confronter et
assembler les preuves axiomatiques et les observations physiques en un système
cohérent, source de prédictions, donnèrent le ton de tout ce qui allait suivre son
exemplaire Philosophiae Naturalis Principia Mathematica (1687). Pour montrer le
progrès entre l’Âge de la Raison et le mouvement des Lumières, l’exemple de
Newton reste en effet indépassable, en ce que le scientifique utilisa des faits
observés empiriquement, comme la dynamique des planètes de Johannes Kepler ou
l’optique, pour construire une théorie sous-jacente expliquant ces faits a priori : la
théorie de la gravitation universelle. Ce mouvement correspond à l’unification d’un
pur empirisme, comme celui de Francis Bacon et de l’approche axiomatique de
Descartes (1596-1650).

La croyance en un monde intelligible ordonné par le dieu chrétien a représenté le Fragment du frontispice de
plus fort élan du questionnement philosophique sur la connaissance. D’un côté, la l’Encyclopédie de Diderot et
D’Alembert : on y voit la Vérité
philosophie religieuse se concentrait sur la piété, la toute-puissance et le mystère de
rayonnante de lumière ; à droite, la
la nature ultime de Dieu ; de l’autre, des idées telles que le déisme soulignaient que
Raison et la Philosophie lui arrachent
le monde était visiblement compréhensible par la raison humaine et que les lois le son voile (peint par Charles Nicolas
gouvernant l’étaient tout autant. L’image de Dieu comme « Grand Horloger » Cochin et gravé par Benoît-Louis
pénétra alors les esprits, tandis que les observateurs du monde prenaient conscience Prévost en 1772.
que ce dernier semblait bel et bien parfaitement ordonné et que, dans le même
5
temps, on réalisait des machines de plus en plus sophistiquées et précises . À cet
égard, il est intéressant de souligner la critique de cette théologie naturelle portée par Buffon, le célébrissime naturaliste du
e
XVIII siècle, dans son œuvre monumentale Histoire naturelle. Buffon rejette l'attitude qui consiste à attribuer à l’intervention divine,
surnaturelle, ce que la science ne sait pas – pas encore – expliquer. Cette critique lui valut d’affronter la Sorbonne qui, dominée par
l’Église catholique, n’eut de cesse que de vouloir le censurer. En 1751, il est ainsi sommé de se rétracter sur « des propositions
contraires à la croyance de l’Église », pour avoir proposé un âge de 74 000 ans à la Terre, quand on admet alors le récit biblique
comme vérité scientifique et la datation de notre planète à environ 6 000 ans. Hostile par ailleurs au système de classification de son
6
contemporain suédois non moins célèbre,Linné, il n’est pas loin de penser que l’ordre n’existe pas dans la nature.

Liberté individuelle et contrat social

Cette constance à rechercher et énoncer des lois, à déterminer les comportements particuliers, fut également un élément important
dans la constitution d’une philosophie où le concept d’individualité prévalait, dans le sens où l’individu avait des droits basés sur
d’autres fondements que la seule tradition. On parle alors d’avènement du sujet pensant, en tant que l’individu peut décider par son
raisonnement propre et non plus sous le seul joug des us et coutumes. Ainsi, John Locke rédigea ses deux Traités du gouvernement
civil dans lesquels il avance que le droit de propriété n’est pas familial, mais totalement individuel et légitimé par le travail consacré
au terrain concerné, ainsi que de sa protection face à autrui. Une fois l’idée émise qu’il y avait des lois naturelles et des droits
naturels, il devenait possible de s’aventurer dans les domaines nouveaux qu’on appelle maintenantéconomie
l’ et la politique.

Dans son célèbre essai Was ist Aufklärung?, Emmanuel Kant donne des Lumières la définition suivante : « Les Lumières c’est la
sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son
entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une
insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s’en servir sans la conduite d’un autre. Sapere
aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! eTlle est la devise des Lumières ».
Les Lumières se basent donc sur la croyance en un monde rationnel , ordonné et compréhensible, exigeant de l’homme
l’établissement d’une connaissance également rationnelle et organisée. Cela commence par l’idée que les lois gouvernent, aussi bien
les cieux, que les affaires humaines et que le pouvoir du Prince émane de la loi et non l’inverse. La conception de la loi en tant que
contrat social théorisée par Jean-Jacques Rousseau comme relation réciproque entre les hommes, plutôt qu’entre les familles ou des
groupes, devint de plus en plus remarquable, accompagnée du souci de la liberté individuelle comme réalité imprescriptible – le seul
droit tiré de Dieu. Le mouvement des Lumières créa ou réinventa donc les idées de liberté, propriété et rationalité, telles qu’on les
connaît toujours aujourd’hui et telles qu’introduites dans cette philosophie politique : l’idée et le désir d’être un individu libre, liberté
d’autant plus garantie que l’État assure la stabilité des lois.

Pour comprendre quels changements interviennent réellement entre « l’Âge de Raison » et le « mouvement des Lumières », la
e
comparaison entre Thomas Hobbes et John Locke est une bonne approche. Hobbes, qui traverse les trois quarts du XVII siècle, a
entrepris de classer de façon systématique les émotions humaines, ce qui l’amena à construire un système rigide garantissant par
coercition la stabilité du chaos primaire – qui est la source de son travail (voir le Léviathan). À l’inverse, Locke voit en la Nature la
source de l’unité et de tous les droits, que l’État doit s’assurer de reprendre et de protéger, non pas d’étouffer. Ainsi, la « révolution »
culturelle entre les deux siècles fait intervenir la relation de l’homme à la Nature.

Cette recherche aboutit, enFrance, à la formulation des droits de l'homme, qui trouve son expression dans la déclaration des droits de
l'homme et du citoyen de 1789, qui influencera largement les déclarations de droits lors des siècles suivants, et entraînera dans son
sillage des bouleversements politiques dans le monde entier. Tant en France qu'aux États-Unis, les libertés d'opinion, de religion, de
pensée, d'expression tiennent une place fondamentale.

Valeurs et représentations sociales des Lumières

Changement de représentation

Les valeurs essentielles défendues par les hommes des Lumières dans toute l’Europe
sont la tolérance, la liberté et l’égalité. Ces valeurs débouchent, en Angleterre, en
Amérique et en France, sur la définition de nouveaux droits naturels et sur une
séparation des pouvoirs politiques. À ces valeurs s'ajoutent le goût de la Nature et le
culte de la raison.

« Aujourd’hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires :


celles de nos pères, celles de nos maîtres, celle du monde. Ce qu’on nous
dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières. »
7
— Montesquieu
L'étude des articles d'astronomie de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert montre
que c'est une représentation héliocentriqueet une philosophie mécaniste qui assurent Jean-Jacques Rousseau.
8
la cohérence de l'ouvrage et imprègne l'esprit des Lumières.

Idéal du philosophe

La figure idéale des Lumières est le philosophe, homme de lettres avec une fonction sociale qui exerce sa raison dans tous les
domaines pour guider les consciences, prôner une échelle de valeurs et militer dans les problèmes d’actualité. C’est un intellectuel
engagé qui intervient dans la société, un « honnête homme qui agit en tout par raison » (Encyclopédie), « qui s’occupe à démasquer
des erreurs » (Diderot).

Le rationalisme des Lumières n’exclut en aucun cas la sensibilité. Raison et sentiment dialoguent au sein même de la philosophie des
Lumières. Les penseurs des Lumières peuvent être capables de rigueur intellectuelle mais aussi de sensibilité.

9
9
Malgré des controverses sur les limites de leur position , beaucoup ont dénoncé de
manière percutante l'asservissement des Noirs. Parmi les figures des Lumières à
avoir critiqué l’esclavage et/ou la colonisation, on compte, entre autres,Montesquieu
dans De l'esprit des lois, Denis Diderot dans le Supplément au voyage de
Bougainville, Voltaire dans Candide et Guillaume-Thomas Raynal et son Histoire
philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans
les deux Indes, véritable encyclopédie de l’anticolonialisme au XVIIIe siècle auxquels
ont collaboré, parmi d’autres, Diderot etd’Holbach.

Idéal encyclopédique : tout connaître

Cette époque cultive un goût particulièrement prononcé pour les écrits totalisants qui
rassemblent l’ensemble des connaissances de leur temps, les bilans généraux du
savoir. Cet idéal va trouver sa réalisation dans l'Encyclopédie de Diderot et
D’Alembert, publiée entre 1750 et 1770, dont le but était de sortir le peuple de
l’ignorance par une diffusion très large du savoir.

Critique de l’organisation sociale


Le mouvement des Lumières est, sur toute sa durée, le substrat de deux pressions
sociologiques antagonistes : d’une part, une forte spiritualité accompagnée d’une foi L’Histoire des deux Indesde l’abbé
Raynal, encyclopédie de
traditionaliste en la religion et l’Église ; d’autre part, la montée d’un mouvement
l’anticolonialisme au XVIIIe siècle
anticlérical critiquant les divergences entre théorie religieuse et pratique, qui s’est
surtout manifesté en France.

L’anticléricalisme ne fut pas la seule source de tension en France : certains nobles contestaient le pouvoir monarchique et la haute
bourgeoisie souhaitait bénéficier des fruits de sesefforts. La libéralisation des mœurs engendrait la contestation de l’absolutisme et de
10
l’ordre ancien. Le courantjanséniste en France fut aussi, selon Dale K. Van Kley, une source de division .

Le système judiciaire se révélait archaïque. Même si le droit du commerce avait été codifié au XVIIe siècle, le droit civil n’était pas
unifié ni codifié.

Tel est l’arrière-plan social et juridique dans lequel s’exerce la critique et se développe la contestation, qu’un auteur comme Voltaire a
pu incarner.

Exilé en Angleterre entre 1726 et 1729, il y étudie les travaux de John Locke, Isaac Newton et la monarchie anglaise. Il se rend
e
populaire par sa dénonciation des injustices (affaires Calas, Sirven, de La Barre, Lally-Tollendal). Le milieu du XVIII siècle
11
correspond à l’apogée de la philosophie des Lumières .

Pour Voltaire, il est clair que si le Prince obtient du peuple qu’il croie en des choses déraisonnables, alors ce peuple fera des choses
12
déraisonnables . Ce constat simple a introduit ce qui devait être la principale critique faite aux Lumières, et que devait formuler la
13
pensée romantique : la construction raisonnable crée autant de problèmes qu’elle en résout .
14
Selon les philosophes des Lumières , le point crucial du progrès intellectuel consistait en la synthèse de la connaissance, éclairée par
la raison humaine, afin de créer une autorité morale qui serait seule souveraine. Le point de vue contraire se développa, mettant en
avant le fait que de façon intrinsèque, ce processus serait corrompu par le poids des conventions sociales, montrant ainsi la « nouvelle
vérité » raisonnable comme une mauvaise imitation de la Vérité immanente et insaisissable

Le mouvement des Lumières trouva alors un certain équilibre, entre l’appel à la liberté « naturelle » et liberté
la de cette liberté, c’est-
à-dire la reconnaissance d’une autonomie de la Nature face à la raison. Correspondent à ce stade les réformes de plusieurs
monarchies, par l’intermédiaire de lois nouvelles allant dans le sens des sujets et d’une réorganisation parcellaire de la société. L’idée
d’un ordre éclairé entre également dans la pensée scientifique avec, par exemple, le travail du biologiste
Carl von Linné.
En Allemagne, Emmanuel Kant, se montra critique à la fois par rapport aux
prétentions de la Raison (critique de la raison pure), mais aussi à celles de
l’empirisme anglais (critique de la raison pratique). Par rapport à la métaphysique
très subjective de Descartes, le philosophe allemand souhaita développer une vision
plus objective de cette branche de laphilosophie.

Les grands penseurs de la fin du mouvement des Lumières (Adam Smith, Thomas
Jefferson ou encore le jeuneGoethe) adoptèrent dans leurs pensées le schème, dérivé
d’une métaphore biologique, des forces d’auto-organisation et d’évolution.
L’achèvement des Lumières est alors pressenti, avec le constat suivant : le Bien est
le fondement de la Nature, mais celle-ci n’est pas ordonnée par elle-même. Bien au
contraire, c’est la raison et la maturité humaine qui doivent en trouver la constante
structure, en retirer la stabilité naturelle. Le romantisme en prendra le contre-pied
parfait. Voltaire

Sensibilité des Lumières


« D’une façon générale, la sensibilité des Lumières porte à une sentimentalité morale : le temps de l’ironie voltairienne passé, on veut
s’apitoyer, avec Rousseau (la Nouvelle Héloïse, 1761) et les tableaux de Greuze, chercher le beau et le bon éternels. Plus le siècle
s’avance, plus la littérature et l’art répudient la gratuité des formes, la légèreté, regardées comme aristocratiques et mondaines, pour
aller vers le sérieux, l’authentique et le naturel, c’est-à-dire vers ce qui est conforme à la morale utilitaire du public bourgeois d’où le
goût croissant pour le néoclassicisme, qui met en avant l’antique, non pas l’antique allégorique de l’époque classique mais un antique
15
historique plus sobre, à la façon du peintreDavid » .
16
Ceci se traduit dans les réflexions sur l'urbanisme . La ville des Lumières est le
fruit des efforts conjoints des pouvoirs publics et des architectes soucieux de réaliser
des bâtiments administratifs ou utiles (hôtels de ville, hôpitaux, théâtres,
intendances) tout en aménageant des perspectives, des places, fontaines,
17
promenades… . L'Académie royale d'architecture reste un des centres de la
réflexion sur la théorie : pour elle le beau est ce qui plait. Pour l'abbé Laugier, au
18
contraire, ce qui est beau est conforme à la raison . Le modèle naturel de toute
architecture est la cabane primitive soutenue par quatre troncs d'arbre, avec quatre Projet de reconstruction de l’Opéra
parties horizontales et un toit qui deviennent respectivement colonnes, entablements, de Paris d’Étienne-Louis Boullée,
frontons. Le modèle du temple grec se répand alors jusque dans le décor et le 1781
mobilier. Ce paradigme se traduit par un changement de style au milieu du siècle : le
rococo est abandonné, la Grèce antique et Palladio deviennent les principales
références du style néo-classique.

L’université de Virginie, inscrite au patrimoine mondial de l’Humanité défini par l’UNESCO, a été fondée par Thomas Jefferson sur
le projet de son ami, Du Pont de Nemours, philosophe français émigré. Ce dernier dessina les plans d’une partie du campus en
suivant les valeurs des Lumières.

La place Stanislas de Nancy est le cœur d’un ensemble urbanistique classique, inscrite depuis 1983 sur la liste du patrimoine mondial
de l’UNESCO, ainsi que d’autres places de cette ville comme la place de la Carrière et la place d’Alliance, autour desquelles
s’articulent administrations et services de l’époque.

Claude Nicolas Ledoux (1736-1806), membre de l'Académie d'architecture est sans doute l’architecte dont les projets incarnent le
mieux l’utopie d’un habitat totalement rationnel. Il dirige, à partir de 1775, l’édification de la Saline royale d'Arc-et-Senans, dans le
Doubs, véritable cité usinière.

geoisies [réf. nécessaire] .


Les Lumières n’ont touché que les élites aristocratiques et les fractions montantes des bour
L’écho, dans ces milieux dominants, est certes considérable en Angleterre et en
France, mais plus restreint en Allemagne et en Italie ; le public éclairé est très peu
nombreux en Espagne ou en Russie, où seuls quelques intellectuels, hauts
fonctionnaires et grandes familles participent au mouvement. Le peuple, lui, n’est
pas touché : l’immense majorité des paysans, même français, n’a jamais entendu
parler de Voltaire ou de Rousseau.

Malgré tout, les Lumières ont ébranlé les certitudes anciennes. Et l’ébranlement ne
s’est pas arrêté aux portes du social et du politique : les Lumières ont inspiré la
génération révolutionnaire. Ce qui ne signifie nullement qu’elles aient consciemment
appelé de leurs vœux la Révolution de 1789.

La Rotonde de l’université de
Acteurs et portée Virginie, dessinée par Thomas
Jefferson.

Philosophes des Lumières

Portraits
19
Les humanistes de la Renaissance, les philosophes des Lumières , s’intéressent à divers domaines : l’Américain Thomas Jefferson
avait reçu une formation juridique mais pratiquait également l’archéologie et l’architecture. Benjamin Franklin eut une carrière de
diplomate et de physicien. Condorcet écrivit sur des sujets aussi dif
férents que le commerce, les finances, l’éducation ou la science.

Les origines sociales des philosophes sont diverses : beaucoup sont issus de familles
bourgeoises (Voltaire, Thomas Jefferson), d’autres de milieux plus modestes
(Emmanuel Kant, Benjamin Franklin, Denis Diderot) ou encore de la noblesse
(Montesquieu, Condorcet). Un certain nombre d’entre eux avaient reçu une
éducation religieuse (Denis Diderot, Louis de Jaucourt) ou une formation juridique
(Montesquieu, Thomas Jefferson).

Les philosophes constituaient des réseaux et communiquaient par lettres. On connaît


la correspondance violente entre Rousseau et Voltaire. Les grands esprits du
e
XVIII siècle se rencontraient et discutaient dans les salons, les cafés ou les
académies. Les penseurs et les savants formaient une communauté internationale.
Ben Franklin, Tom Jefferson, Adam Smith, Hume ou Galiani séjournèrent plusieurs
années en France.

Parce qu’ils critiquaient l’ordre établi, les philosophes étaient poursuivis par les La cour de Frédéric II de Prusse
autorités et devaient recourir à des subterfuges pour éviter la prison. François-Marie avec le philosophe Voltaire.
Arouet prit le pseudonyme de Voltaire. Thomas Jefferson rédigea en 1774 un rapport
destiné aux délégués de Virginie du Premier Congrès continental, qui se réunissait
pour discuter des griefs des colonies à l’égard de la Grande-Bretagne. En raison du contenu du texte, il fut contraint de le publier
anonymement. La Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient valut à Denis Diderot d’être emprisonné au fort de Vincennes
20
pour sa remise en cause de la religion . Accusé d’avoir rédigé des pamphlets contre le régent Philippe III d’Orléans, Voltaire fut
emprisonné à la Bastille. Montesquieu publia de façon anonyme les Lettres persanes en 1721 en Hollande. De 1728 à 1734, il visita
plusieurs pays d’Europe.

Face à la censure et aux difficultés financières, les philosophes recouraient souvent à la protection d’aristocrates et de mécènes :
Malesherbes et la marquise de Pompadour, favorite de Louis XV, soutinrent ainsi Diderot. Marie-Thérèse Geoffrin (1699-1777)
subventionna une partie de la publication de l’Encyclopédie. Elle organisait un salon bihebdomadaire, recevant des artistes, des
savants, des gens de lettres et des philosophes, de 1749 à 1777. L’autre grand salon de l’époque des Lumières était celui de Claudine
de Tencin. Dans les années 1720, Voltaire dut s’exiler en Angleterre où il s’enquit des idées de John Locke.
21
Les philosophes luttaient généralement moins contre le pouvoir royal que contre l’hégémonie ecclésiastique et nobiliaire : dans sa
22
défense de Jean Calas, Voltaire défendait ainsi la justice royale contre les excès d’une justice provinciale jugée plus fanatique . Bien
des monarques européens – Charles III d'Espagne, Marie-Thérèse et Joseph II d’Autriche, Catherine II de Russie, Gustave III de
Suède – lisaient et appréciaient les philosophes. Comme Voltaire, qui fut accueilli à la cour de Frédéric II de Prusse ou Diderot, qui
23
fut accueilli à la cour de Catherine II, les philosophes comme d’Holbach se montraient favorables au despotisme éclairé dans
l’espérance de voir leurs idées se répandre le plus rapidement possible en touchant directement à la tête de l’État. La suite des
24
événements devait montrer aux Philosophes les limites de leurs ambitions chez des souverains « plus despotes qu’éclairés » . Seul
25
Rousseau revendiqua avec constance l’égalité politique, qui devint par la suite un idéal révolutionnaire.

Représentants des Lumières

France : Pierre Bayle, Émilie du Châtelet, Étienne Bonnot de Condillac, Nicolas de Condorcet, Denis Diderot, D'Alembert, Olympe
de Gouges, Vincent de Gournay, D'Holbach, Fontenelle, Claude-Adrien Helvétius, Marquis de La Fayette, Antoine Laurent de
Lavoisier, La Mettrie, Louis de Jaucourt, Choderlos de Laclos, Marquis de Sade, Marivaux, Jean-François Marmontel, Molière,
Pierre Louis Moreau de Maupertuis, Montesquieu, François Quesnay, Restif de la Bretonne, Antoine Destutt de Tracy, Anne Robert
Jacques Turgot, Voltaire, Buffon, Jean-Jacques Rousseau.

Angleterre : Anthony Collins, John Locke, Edward Gibbon, William Godwin, Henri Saint Jean de Bolingbroke, Samuel Johnson,
James Oglethorpe, William Paley, Joseph Priestley, William Wilberforce, Mary Wollstonecraft .

Écosse : James Boswell, David Hume, Francis Hutcheson, James Burnett, Lord Monboddo, Adam Smith, James Watt [réf. nécessaire].

Irlande : George Berkeley, Richard Cantillon, John Toland.


26 27
Allemagne : Johann Joachim Christoph Bode, Friedrich Heinrich Jacobi , Johann Gottlieb Fichte , Johann Gottfried von Herder,
28
Emmanuel Kant , Gotthold Ephraim Lessing, Moses Mendelssohn, Friedrich Nicolai, Leibniz, Friedrich Melchior Grimm, Karl
Leonhard Reinhold.

Pologne : Hugo Kołłątaj, Jean Potocki, Ignacy Krasicki.

Portugal: Marquis de Pombal, Luis Antonio Verney, António Nunes Ribeiro Sanches, Francisco de Oliveira, Duarte Ribeiro de
Macedo, Matias Aires Ramos da Silva Eça.

États-Unis : John Adams, Samuel Adams, Benjamin Franklin, Alexander Hamilton, John Jay, Thomas Jefferson, James Madison,
Thomas Paine, George Washington.

Italie : Cesare Beccaria, Ferdinando Galiani, Mario Pagano, Giambattista Vico, Pietro Verri, Alessandro Verri, Antonio Genovesi,
Carlo Goldoni, Giuseppe Parini, Gaetano Filangieri

Espagne : Leandro Fernández de Moratín, Gaspar Melchor de Jovellanos, Antonio José Cavanilles, Lorenzo Hervás y Panduro,
Benito Jerónimo Feijoo, Pedro Rodríguez de Campomanes, José Celestino Mutis

Russie : Nikolaï Novikov, Mikhaïl Lomonossov

Roumanie : Ion Budai-Deleanu, Ienăchiţă Văcărescu, Anton Pann, Samuil Micu, Gheorghe Șincai

Suisse (Genève) : Jean-Jacques Rousseau

Diffusion des Lumières

29
29
Les progrès de l’alphabétisation et de la lecture permettent le développement de ce qu’on a appelé un « espace public », les débats
intellectuels et politiques dépassent le cercle restreint de l’administration et des élites, impliquant progressivement des secteurs plus
larges de la société. Le processus de diffusion des idées nouvelles est amplifié par le progrès des techniques de diffusion de
l’information. Les passages de l’Encyclopédie sont lus par la noblesse et la haute bourgeoisie dans des salons, les personnes présentes
donnent leur avis sur les écrits des philosophes. Les journaux et la correspondance permirent des échanges plus rapides dans toute
l’Europe, réalisant une nouvelle forme d’unité culturelle.

Encyclopédie

Un second changement important dans le mouvement des Lumières par rapport au


siècle précédent, trouve son origine en France, avec les Encyclopédistes. Ce
mouvement intellectuel défend l’idée qu’il existe une architecture scientifique et
morale du savoir, une structure prévalente et ordonnée et que sa réalisation est un
30
moyen de libération de l’homme . Denis Diderot et D’Alembert publient à partir de
1751 l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.

Le processus de diffusion des idées nouvelles se trouva amplifié par le progrès des
techniques de diffusion de l’information. Les passages de l’Encyclopédie sont lus
par les nobles, les ducs, et les bourgeois dans des salons, les personnes présentes
donnent leur avis sur les écrits des philosophes. Les journaux et la correspondance
permirent des échanges plus rapides dans toute l’Europe, réalisant une nouvelle
forme d’unité culturelle. Ceci ne fut pas sans poser des questions sur la liberté
d’accès et de diffusion de ces informations. On connaît le rôle joué par la presse
dans la diffusion des idées, pendant la Révolutionfrançaise notamment. Jean le Rond d’Alembert.

Salons et cafés

Ce sont d’abord les cafés, où on lit et on débat, comme le café Procope, à Paris qui
sont le rendez-vous nocturne des jeunes poètes ou des critiques qui discutent
passionnément des derniers succès de théâtre ou de librairie.

Mais ce sont surtout les salons mondains, ouverts par tous ceux qui ont quelque
ambition, ne serait-ce que celle de paraître. Ils sont caractérisés par la mixité
intellectuelle ; les gens s’y expriment, y trouvent une occasion de satisfaire leur soif
de savoir et y entretiennent leur vision du monde. Mais il faut y être introduit. Les
Une soirée chez Madame Geoffrin
grandes dames reçoivent artistes, savants et philosophes. Chaque hôtesse a son jour,
de Gabriel Lemonnier
sa spécialité et ses invités de marque. Le modèle est l’hôtel de Madame de Lambert,
au début du siècle.

Les gens de talent s’y retrouvent régulièrement pour confronter leurs idées ou tester sur un public privilégié leurs derniers vers.
Mondaines et cultivées, les créatrices de ces salons animent les soirées, encouragent les timides et coupent court aux disputes. Ces
fortes personnalités, très libres par rapport à leurs consœurs, sont souvent elles-mêmes écrivaines et épistolières.

e
La mixité est particulièrement réussie en France, au XVIII , dans ces « États Généraux de l’esprit humain » où s’épanouit la
philosophie des Lumières. Des femmes cultivées, intelligentes y sont de véritables partenaires avec qui on peut remettre en question
des idées religieuses, politiques, scientifiques, qui sont capables de donner un élan aux débats ; on cite par exemple l’intervention
d’Anne Dacier dans la querelle des Anciens et des Moderneset les œuvres d’Émilie du Châtelet.

Académies, bibliothèques et loges


Les Académies étaient des sociétés savantes qui se réunissaient pour s’occuper de
Belles-lettres et de sciences et contribuer à la diffusion du savoir. En France, après les
e
fondations monarchiques du XVII siècle (Académie française, 1634 ; Académie des
inscriptions et belles-lettres, 1663 ; Académie royale des sciences, 1666 ; Académie
royale d'architecture, 1671), naissent encore, à Paris, l’Académie royale de chirurgie
(1731) et la Société royale de médecine (1776). Le clergé et, dans une moindre mesure,
la noblesse y prédominent.

Ces sociétés provinciales regroupent les représentants de l’élite intellectuelle des villes
françaises. Leur composition sociale révèle que les privilégiés y occupent une place
moindre qu’à Paris : 37 % de nobles, 20 % de gens d’Église. Les roturiers constituent
43 % des effectifs : c’est l’élite des possédants tranquilles qui siège là. Marchands et
manufacturiers sont peu présents (4 %).
La Lecture de Fragonard
Voisines des Académies, souvent peuplées des mêmes hommes avides de savoir, les
bibliothèques publiques et chambres de lecture se sont multipliées, fondées par de riches
particuliers ou à partir de souscriptions publiques. Elles collectionnent les travaux scientifiques, les gros dictionnaires, offrent une
salle de lecture et, à côté, une salle de conversation. Toutes ces sociétés de pensée fonctionnent comme des salons ouverts et forment
entre elles des réseaux provinciaux, nationaux, européens, échangeant livres et correspondance, accueillant les étrangers éclairés,
lançant des programmes de réflexion, des concours de recherche. On y parle physique, chimie, minéralogie, agronomie,
démographie. Dans les Treize colonies britanniques en Amérique du Nord,James Bowdoin (1726-1790), John Adams (1735-1826) et
John Hancock (1737-1793) fondent l’American Academy of Arts and Sciences à Boston durant la Guerre d'indépendance des États-
Unis. En 1743, Benjamin Franklin fonde la Société philosophique américaine. Au début du XIXe siècle, Thomas Jefferson avait l’une
des plus riches bibliothèques privées du pays. Parmi les réseaux éclairés, le plus développé est celui de la franc-maçonnerie, quoique
réservé aux couches supérieures.

Née en Angleterre et en Écosse, la franc-maçonnerie, groupement à vocation humaniste et initiatique, concentre tous les caractères
des Lumières : elle est théiste, tolérante, libérale, humaniste, sentimentale. Elle connaît un succès foudroyant dans toute l’Europe où
l’on compte des milliers de loges en 1789. Les milieux civils, militaires et même religieux, liés aux appareils d’État, sont tout
e
particulièrement gagnés. Ni anticléricales (elles le seront au XIX siècle) ni révolutionnaires, les loges ont contribué à répandre les
idées philosophiques et l’esprit de réforme dans les lieux politiquement stratégiques. La discussion intellectuelle l’emporte sur le
caractère ésotérique ou sectaire. Surtout, les élites y font, plus encore que dans les Académies, l’apprentissage du primat de l’égalité
des talents sur les privilèges de la naissance.

Marchands ambulants et presse

La diffusion des idées des Lumières est également permise grâce aux différents marchands ambulants. En effet, ces derniers, allant de
province en province, colportaient les informations et, par extension, les idées aux analphabètes.

La presse a facilité la diffusion des textes philosophiques (notamment l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert), et a déclenché les
processus de la réflexion chez le peuple. La presse contribue enfin à la constitution de l’opinion publique, malgré la censure, toujours
active. Le Journal des Sçavans, le Mercure de France, les périodiques économiques comme les Éphémérides du citoyen rédigées par
Nicolas Baudeau du parti des Économistes (parti des philosophes politiques ou les Physiocrates comme aussi François Quesnay),
sont en fait plutôt ce que nous appellerions des revues. Par le recensement d’ouvrages et par les abonnements collectifs des sociétés
de pensée, un public éloigné des centres de création peut prendre connaissance des idées et des débats, des découvertes du mois,
sinon du jour.

Influence de la Philosophie des Lumières dans les changements politiques


e 31
Dès la fin du XVII siècle, John Locke avait défini la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif . Montesquieu reprit
l’idée de séparation des pouvoirset l’étendit à un troisième pouvoir, le pouvoir judiciaire dans De l'esprit des lois (1748).
Dans les années 1750, on tenta, en Angleterre, enAutriche, en Prusse et en France, de « rationaliser » les monarchies et leurs lois.

L’idée lumineuse d’un gouvernement « rationnel » s’incarna dans la Déclaration d’Indépendance américaine et, dans une moindre
mesure, dans le programme des Jacobins au cours de la Révolution française. On peut citer également la Constitution américaine de
1787.

Impact des Lumières, sur la Révolution américaine

Cultivé et instruit, Thomas Jefferson, planteur originaire de Virginie, est très marqué par
le philosophe anglais John Locke et par Jean-Jacques Rousseau. Il préside à
l’élaboration de la Constitution de Virginie au début de 1776, et en reprend certaines
dispositions lorsqu’il procède à la rédaction de la déclaration d'indépendance des États-
Unis, proclamée le 4 juillet 1776 au congrès de Philadelphie. Il a l’occasion de
rencontrer les personnalités des Lumières lors de son séjour en Europe. Arrivé au cours
de l’été 1784, il succède à Benjamin Franklin comme ambassadeur des États-Unis et
fréquente les salons littéraires et les libraires de la capitale.

L’influence de la philosophie des Lumières transparaît ainsi nettement dans la


Déclaration d'indépendance des États-Unis, qui proclame que les hommes ont été créés
égaux en droit et qu'ils peuvent s’opposer à la tyrannie. La Constitution des États-Unis
d'Amérique (1787) reprend les principes de Montesquieu de la séparation des pouvoirs
législatif, exécutif et judiciaire, qui forment la base de toutedémocratie.

Thomas Jefferson, rédacteur de


Impact des Lumières sur la Révolution française la Déclaration d'Indépendance
À mesure que se développe l’esprit philosophique, dans les salons, lescafés ou les clubs, des États-Unis.
32
l’autorité monarchique se délite, sapée tant par l’opposition aristocratique que par des
tentatives de réformes sans lendemain.

Pendant la période révolutionnaire, les idées des philosophes inspirent les débats politiques. La plupart des députés de l’Assemblée
nationale sont des bourgeois cultivés qui se sont nourris des valeurs de liberté et d’égalité. Par exemple, Robespierre est un
rousseauiste convaincu. Pourtant, la plupart des philosophes français sont morts avant d’avoir vu l’œuvre de la Révolution française,
sauf Condorcet, Louis Sébastien Mercier et l'abbé Raynal. Les deux premiers proches des Girondins en l'an II connaîtront des
déboires avec la Révolution. Seul le troisième ne sera jamais inquiété et aura même droit à un buste après sa mort en 1796 en
hommage à ses écrits contre l'esclavage des Noirs aboli le 16 pluviôse an II. Il était par ailleurs l'oncle d'un conventionnel régicide,
Simon Camboulas.

La Révolution française en particulier représente une application violente de la philosophie des Lumières, notamment lors de la brève
période de pouvoir des Jacobins. Le désir de rationalité révolutionnaire se coupe du rationalisme dit « spirituel » de
Descartes, jusqu'à
conduire à une tentative d’éradiquer l’Église et le christianisme dans son ensemble. Ainsi, la Convention nationale change le
calendrier, système de mesure du temps, et le système monétaire, tout en plaçant l’idée d’égalité, sociale et économique, au plus haut
33
point des priorités de l’État .

Notes et références
1. L'Académie Française et la plupart des dictionnaires écrivent le motlumières, pris en ce sens, avec une minuscule
(Dictionnaire de l'Académie(http://www.cnrtl.fr/definition/academie9/lumières), Dictionnaire TLFI (http://www.cnrtl.fr/d
efinition/lumières), dictionnaire Larousse, dictionnaire Le Robert...)
2. Josiane Boulad-Ayoub (http://revolution-francaise.net/2006/07/07/56-contre-nous-de-la-tyrannie-des-relations-ideolog
iques-entre-lumieres-et-revolution-par-josiane-boulad-ayoub): « Ainsi explicitée, adaptée, transformée, la
Philosophie a pu servir de garant aux idées et aux valeurs que la Démocratie française sur toute l’Europe, et qui, au
nom des lois de la République une et indivisible, au nom de la liberté, de l’égalité, et de la fraternité, faisait trembler
les tyrans sur les champs de bataille ou, chez elle, guillotinait le roi » et « La vie coloniale (de l’Amérique du Nord)
s’organisa autour de quatre idées inspirées par les philosophes des Lumières : les droits naturels, la hiérarchie de
lois (aucune loi des colonies n’est contraire à la Couronne ), la séparation des pouvoirs, le contrôle du contre-pouvoir .
Ces pensées influenceront les révolutionnaires français de 1789. »
3. Franc̜ois Pillon, L’Année philosophique : Bibliothèque de philosophie contemporaine, vol. 13, Paris, Félix Alcan,
1903, 308 p. (lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=MnVKAAAAMAAJ&pg=P A257&dq=Spinoza+prit+parti+D
escartes+Éthique&hl=fr&ei=Jun1TLqnK8OBlAee5bC5BQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=8&ved=0CFYQ6
AEwBw#v=onepage&q&f=false)), p. 257.
4. Antoine Eugène Genoude, La Raison du christianisme : ou, Preuves de la verité de la religion tirées des écrits des
plus grands hommes de la France, de l’Angleterre et de l’Allemagne , vol. 2, Paris, Pourrat Frères,1836, 620 p. (lire
en ligne (https://books.google.fr/books?id=ADYUAAAA YAAJ&pg=PA107&dq=Dieu+et+Nature+sont+un&hl=fr&ei=G-v
1TICdOMOclgeQg728BQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CC4Q6AEwAA#v=onepage&q=Dieu%
20et%20Nature%20sont%20un&f=false)), p. 107.
5. J. S. Flotte, Leçons élémentaires de philosophie, vol. 2, Paris, Brunot-Labbé,1819 (lire en ligne (https://books.googl
e.fr/books?id=qwg-AAAAcAAJ&pg=PA226&dq=Dieu+Grand+Horloger&hl=fr&ei=Z-f1TKmyDMP6lwfJg6HOBQ&sa=X
&oi=book_result&ct=result&resnum=7&ved=0CFMQ6AEwBg#v=onepage&q=Dieu%20Grand%20Horloger&f=false) ),
p. 226.
6. Yves Zarka (avec la collaboration de Marie-France Germain), Buffon, le naturaliste philosophe(http://www.bouquine
o.fr/products/buffon-le-naturaliste-philosophe-1), éditions Chemins de tr@verse, 2014
7. L’Esprit des lois, première partie, livre quatrième, Chap. IV « Différence des effets de l’éducation chez les Anciens et
parmi nous. »
8. Colette Le Lay, sous la direction de JacquesGapaillard, Les articles d’astronomie dans l’Encyclopédie de Diderot et
d’Alembert, Mémoire de D.E.A. d’Histoire des Sciences et des eTchniques, Faculté des Sciences et des T echniques
de Nantes Centre François Viète, 1997, lire en ligne (http://docplayer.fr/19616796-Les-articles-d-astronomie-dans-l-e
ncyclopedie-de-diderot-et-d-alembert.html)
9. Louis Sala-Molins Le Code Noir ou le calvaire de Caanan, Paris PUF 1987 ; Les misères des Lumières ; sous la
raison l'outrage, Paris, Flammarion, 1992
10. Les Origines religieuses de la Révolution française : 1560-1791 , Paris, Seuil, 2006, 572 p. (ISBN 9782020855099)
11. Patrick Cabanel, Histoire de France, 1750-1995 : Monarchies et républiques , vol. 1, Toulouse, Presses Univ. du
Mirail, 303 p. (ISBN 9782858162741, lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=R5i9J2iRbkcC&pg=P A27&dq=mil
ieu+xviiie+siècle+apogée+Lumières&hl=fr&ei=FBX3TNSzJIK88gbztICrCQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum
=6&ved=0CEAQ6AEwBQ#v=onepage&q=milieu%20xviiie%20siècle%20apogée%20Lumières&f=false) ), p. 27.
12. Voir l’article « IMPIE » dans leDictionnaire philosophique.
13. Voir Paul Bénichou, L’École du désenchantement. Sainte-Beuve,Nodier, Musset, Nerval, Gautier, Paris, Gallimard,
1992, p. 594.
14. Lise Andriès, Le Partage des savoirsXVIIIe-XIXe siècles Littérature et idéologies, Lyon, Presses Universitaires de Lyon,
2003, p. 148 (ISBN 9782729707330).
15. « La philosophie des Lumières - Encyclopédie Hachette Muiltimedia 1998 » (http://www.philonet.fr/auteurs/Lumieres.
html), sur philonet.fr
16. Michel Le Moël et Sophie Descat, L’Urbanisme parisien au siècle des Lumières: Paris et son patrimoine, Paris,
Action artistique de la ville de Paris,1997, 229 p. (lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=YWXaAAAAMAAJ&
q=L’Urbanisme+parisien+au+siècle+des+Lumières&dq=L’Urbanisme+parisien+au+siècle+des+Lumières&hl=fr&ei=IR
v3TIu2IsP-8Aaz2-XQBQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CCoQ6AEwAA) ), p. 31.
17. L. Hautecoeur, Histoire de l'architecture classique en France, T. III, 1950, T. IV, 1952.
18. Laugier, Marc-Antoine, Essai sur l'architectureParis, 1753
19. On parle parfois des Lumières (au substantif) pour désigner les penseurs, écrivains et philosophes emblématiques
de ce mouvement de pensée, ce qui peut être regardé comme unabus de langage (on préférera plutôt parler par
exemple de « philosophe des Lumières»).
20. Pierre Gamarra, L”Histoire de la laïcité, Paris, IDLivre, 2005, (ISBN 2747900576), p. 67.
21. Jacques De Cock, Politique des Lumières, Fantasques éditions, 244p. (ISBN 9782913846166, lire en ligne (https://b
ooks.google.fr/books?id=keTyGJQPpO4C&pg=PA116&dq=philosophes+Lumières+église+noblesse&hl=fr&ei=oxr3T
NPfJMKC8gbVpp2DBw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CCcQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false) ),
p. 116.
22. Gérard Lahouati, « Voltaire, la Henriade et l’histoire », Voltaire no 2, Université de Pau et des Pays de l’Adour ,
Presses Paris Sorbonne, 2002, 271p., (ISBN 9782840502555), p. 166.
23. « D’Holbach, qui a étudié à Leyde, est beaucoup plus au courant que oltaire V du développement des sciences …
tout en prônant lui aussi le despotisme éclairé » Jacques J. Natanson,La Mort de Dieu : essai sur l’athéisme
moderne, Paris, Presses universitaires de France, 1975,p. 66.
24. Ali Moussa Iye, Albert Ollé-Martin, Violaine Decang, Histoire de l’humanité : 1789-1914, coll. Histoire plurielle,vol. 6,
UNESCO, 2008, 1519p., (ISBN 9789232028150), p. 727.
25. Tanguy L’Aminot, « Politique et révolution chez Jean-Jacques Rousseau »,Studies on Voltaire and the Eighteenth
Century, vol. 324, Voltaire Foundation, 1994.
26. Jacobi fut aussi un critique des Lumières, les accusant de propager le spinozisme et l'athéisme.
27. Fichte écrit dans sa jeunesse laRevendication de la liberté de penseret défend la Révolution française.
28. Auteur de Qu'est-ce que les Lumières ?.
29. Voir Daniel Roche, Le Peuple de Paris : essai sur la culture populaire auXVIIIe siècle, Paris, Librairie Arthème Fayard,
1998 et Jean de Viguerie, « Une Forme nouvelle de vie consacrée : enseignantes et hospitalières en France auxXVIIe
et XVIIIe siècles », Femmes et pouvoirs sous l’ancien régime, sous la direction de Danielle Haase Dubosc et Éliane
Viennot, Paris, Rivages, 1991,p. 175-95.
30. Voir Jacques Domenech,L'éthique des Lumières, Vrin, 1989, (ISBN 9782711609987).
31. Adhémar Esmein, Éléments de droit constitutionnel français et comparé , Paris, Sirey, 1921, 600 p. (lire en ligne (http
s://books.google.fr/books?id=QABAAAAA YAAJ&pg=PA458&dq=Locke+séparation+exécutif+législatif&hl=fr&ei=6vL1
TNKFE4W8lQfo4IyhBg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3&ved=0CDcQ6AEwAg#v=onepage&q=Locke%2
0séparation%20exécutif%20législatif&f=false) ), p. 458.
32. Daniel Mornet, Les Origines intellectuelles de la Révolution française (1715-1787) , Paris, Armand Colin, 1933.
33. Prosper Poullet, Les institutions françaises de 1795 à 1814, Paris, Plon-Nourrit, 1907, 975 p. (lire en ligne (https://boo
ks.google.fr/books?id=XtgrAQAAIAAJ&pg=P A323&dq=éradiquer+christianisme+calendrier+républicain&hl=fr&ei=f fD1
TI7EPIW0lQfRhOWbBg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=6&ved=0CEkQ6AEwBQ#v=onepage&q&f=false) ),
p. 223.

Voir aussi

Bibliographie Sur les autres projets Wikimedia :

Lumières (philosophie), sur Wikimedia Commons

Articles connexes Lumières (philosophie), sur Wikisource

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen


Despotisme éclairé
Échiquier politique
Encyclopédie
Espagne des Lumières
Franc-maçonnerie
Gazette de Leyde
Humanisme
Lettres d'une Péruviennede Françoise de Graffigny
Littérature du XVIIIe siècle
Lumières écossaises
Modernité
Qu'est-ce que les Lumières ?de Kant
Rationalisme
Siècle des Lumières
Tolérance
Universalisme

Liens externes
Exposition virtuelle « Le siècle des Lumières : un héritage pour demain » (Bibliothèque nationale de France)
sur
expositions.bnf.fr
Dossier sur la littérature des Lumièressur infoplanete.com
Qu'est-ce que les Lumières ?Par Michel Foucault sur 1libertaire.free.fr
Qu’est-ce que les Lumières aujourd’hui ?- de Valéry Rasplus sur calle-luna.org
Littérature des Lumières et Révolutionsite de la Bibliothèque André-Desguine
Textes sur les Lumièressur hypo.ge-dip.etat-ge.ch
Textes sur les Lumièressur hypo.ge-dip.etat-ge.ch
Analyse de l’ouvrage de Jonathan Israel surles Lumières radicales - par larissa- gokadi sur wodka.over-blog.com

Ce document provient de «https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Lumières_(philosophie)&oldid=150092747».

La dernière modification de cette page a été faite le 4 juillet 2018 à 16:52.

Droit d'auteur : les textes sont disponibles souslicence Creative Commons attribution, partage dans les mêmes
conditions ; d’autres conditions peuvent s’appliquer . Voyez les conditions d’utilisation pour plus de détails, ainsi que les
crédits graphiques. En cas de réutilisation des textes de cette page, voyezcomment citer les auteurs et mentionner la
licence.
Wikipedia® est une marque déposée de laWikimedia Foundation, Inc., organisation de bienfaisance régie par le
paragraphe 501(c)(3) du code fiscal des États-Unis.

Vous aimerez peut-être aussi