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Bonus : BSPP Capacité Opérationnelle des Personnels

Comment maintenir en permanence la capacité opérationnelle individuelle lorsque nos jeunes


sapeurs ont été engagés sur une intervention d’ampleur, une catastrophe importante où très
clairement il y a eu un choc émotionnel très fort.

A partir de là, potentiellement, nous avons une situation qui peut faire réfléchir et peut-être porter
atteinte à l’emploi, au « réemploi », à la « réinjection » immédiate de nos jeunes sur des
interventions de ce type là où sur des scènes particulièrement traumatisantes.
C’est un soucis permanent de notre organisation.
La brigade des sapeurs-pompiers de Paris, je le dis parce que c’est quelque chose qui fait sens à une
obligation de moyen et de permanence dans la délivrance de la protection des personnes, dans une
mission de protection des biens et des personnes. On doit être disponible et présent sur le terrain
H 24, 7 jours sur 7.
Une fois que nous avons dit cela, ça repose sur des moyens matériels et surtout sur des moyens
humains. C’est le sujet, de cette prise de parole aujourd’hui.
Les camions ont les entretiendra toujours, on trouvera toujours le bon mécanicien, où le garage, ce
n’est pas un problème, il se perdra rarement . En revanche la capacité humaine : nos soldats, nos
sapeurs pompiers de Paris, il est important que lorsqu’ils remontent dans le camion, ils se sentent
bien et en mesure de conduire une opération, de conduire l’action et de délivrer les gestes auxquels
on est en droit de s’attendre.

Très clairement, aujourd’hui à la brigade, il y 3 principes qui prévallent à ce maintien de l’aptitude


individuelle opérationnelle après une intervention majeure particulièrement traumatisante.

Je peux donner une illustration : à l’occasion d’une intervention pour un attentat, mais cela peut être
aussi à l’occasion d’une intervention avec de nombreuses victimes, suite à un accident ferroviaire
où de transport de voyageurs. Cela peut être aussi à l’occasion d’un feu particulièrement dévastateur
et meurtrier dans des établissements publics où dans des hôtels, où dans des milieux hospitaliers.
C’est a dire des gens qui ont été exposés à une situation catastrophique avec de nombreuses
victimes, donc avec un choc émotionnel, potentiellement très fort. Je reviens sur le principe. Trois
principes à la brigade que nous développons de manière volontariste même si parfois on peut penser
que c’est peut être en réaction à des situations mais très clairement c’est volontariste :

- le premier échelon de cette prise en charge de nos jeunes qui reviennent d’intervention est souvent
de base. Il est souvent de proximité, c’est le chef d’agréé, le chef de garde, l’officier de permanence
avec son équipe qui revient d’intervention. Ils se regroupent et immédiatement libère la parole. Cela
est très important de demander aux jeunes, et aux moins jeunes :
• comment ils ont ressenti leur intervention ?
• comment ils l’ont faites ?
• est-ce qu’ils ont eu l’impression d’être efficace, d’être utiles ?
Cela est très important. Libérer la parole immédiatement entre nous c’est important et cela marche.

Pourquoi cela marche ? Nous développons une culture de cohésion, d’esprit de corps très fort,
d’esprit d’équipe extrêmement poussé. Cela veut dire que les gens ont confiance des uns et des
autres et confiance à tous les échelons. Cette confiance est importante parce que justement, par la
parole, par l’échange, avec ses camarades, et ses chefs, cela permet de poser les choses et de déceler
éventuellement les zones de fractures, les zones de frictions, de frottements où il faudrait peut être
faire quelque chose.
La première strate de « defusing », d’analyse un petit peu psychologique de l’état de nos
hommes avant de repartir sur une intervention. Cela se passe la plupart du temps, dans la cours,
en retour d’intervention où éventuellement, dans un local et lieu convivial où chacun échange. Cette
échelon est très important parce que je dirais que cela est le premier indicateur, le premier témoin
faible peut être du« tout va bien mais attention il y a quelque chose qu’il faut surveiller ».

- deuxième principe, deuxième niveau, c’est notre chaîne médical. Nous avons au sein de la BSPP
la chance d’avoir un service médical de prévention très important et très impliqué à tous les
échelons de l’action et de l’intervention.
Donc, lorsqu’on revient d’une intervention marquante sur le plan humain très clairement, la
consigne est de savoir exactement quel est le personnel qui a été engagé sur ces interventions et de
faire en sorte qu’il soit rencontré très rapidement par du personnel compétent médical ou
paramédical : psychiatre ou psychologue pour pouvoir échanger. Là très clairement, je crois qu’il
faut être assez incisif sur ces questions là. On est plus dans : est ce que vous avez envie ou pas.
On est plutôt dans peu importe ce que vous en pensez c’est important d’en parler.
Cela veut dire que forcement tout le monde passera devant un psychiatre ou un psychologue. Cela
est important de conduire avec énergie cette manœuvre je le dis parce que je l’ai entendu, c’est la
vérité dite par notre service médical, lorsqu’on est exposé à une situation paroxystique avec un
fort choc émotionnel, il est important dans les 15 jours qui suivent cet incident, il faut être vu,
être entendu et échanger avec un professionnel de santé qui connaît un petit peu tous les
mécanismes, tous les ressorts. Ils peuvent permettre, de rassurer et de permettre à la personne de se
ressentir à nouveau en confiance avec elle-même, avec le groupe, et avec l’extérieur. Donc au
niveau de la brigade c’est quelque chose que nous maintenons et que nous conduisons
systématiquement. C’est très important et j’en suis à mon deuxième niveau.

- le troisième niveau qui est cette fois-ci un peu moins versé sur l’humain, et plus versé dans la
compréhension des choses, c’est le niveau de retour d’expériences où là il est important aussi de
laisser parler tous les échelons qui ont été impliqués dans la manœuvre à savoir :
• les premiers intervenants
• les échelons de directions et commandement
• les échelons de commandement : État major opérationnel, c’est-à-dire un peu moins en
contact direct avec l’événement, directe c’est à dire à proximité, le terrain.

Donc ce niveau, ce principe de retour d’expériences, il se base sur deux aspects essentiels :
• Le premier aspect : dans un retour d’expériences, il faut comprendre ce qui s’est passé et
donc il faut refaire l’événement, faire parler les gens qu’ils l’ont vécu pour reconstruire cet
événement. Il est très important dans un retour d’expériences de comprendre et de regarder à
nouveau ce qui s’est passé. Tout le monde doit s’exprimer pour apporter sa pierre à l’édifice.
C’est comme cela que nous le menons.
• Ensuite, le deuxième principe essentiel dans ce retex : C’est qu’une fois qu’on a compris,
reconstruit ce qui s’est passé, c’est dans analyser les causes, les conséquences et d’en tirer
des enseignements. A partir de là, il s’agit de voir si nos principes d’actions étaient bien
adaptés à ce que nous avons vécus, si notre doctrine est toujours aussi bien adaptée où si il
faut pas la faire bouger dans certain point de contexte ou certain point de méthode. C’est la
partie enseignement tiré, pour qu’on ne recommence pas forcement les erreurs où
éventuellement les mêmes imprécisions dans la façon de mener telle ou telle chose.

C’est la troisième strate pour nous, sur la conduite de notre attention, sur la capacité à maintenir
l’aptitude individuelle opérationnelle nos personnelles.

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