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Comparaison des
consommations volumiques
(L/100 km) d’un véhicule Diesel
et d’un véhicule à allumage
commandé de performances
équivalentes (congrès SIA Moteurs
Diesel 13 et 14 juin 1990)
1. Conception des moteurs pour assurer une bonne utilisation des moyens quelles que soient
les variations de demandes du marché (essence ou Diesel, petite
Diesel d’automobiles ou grosse cylindrée).
Cela suppose d’avoir déterminé au départ l’ensemble des
moteurs de la famille, et notamment les versions correspondant au
dimensionnement le plus important. Ces dernières sont souvent les
1.1 Dimensionnement général versions Diesel, du fait de leurs plus faibles puissances spécifiques.
de la base moteur La cote de base, dans le dessin d’un nouveau moteur, est l’entraxe
entre deux cylindres voisins, qui détermine notamment l’alésage
maximal réalisable.
1.1.1 Carter-cylindres
Cet entraxe sera choisi en fonction de la gamme de moteurs sou-
Un constructeur automobile souhaite généralement utiliser le haitée par le constructeur : positionnement par rapport aux familles
même carter-cylindres – ou au moins un carter-cylindres réalisable de cylindrées supérieures ou inférieures déjà existantes, contraintes
avec les mêmes moyens de production – pour les différentes d’encombrement sur véhicule. La longueur du moteur est particu-
versions essence et Diesel d’une famille donnée de moteurs, d’une lièrement limitée dans le cas d’un montage transversal du groupe
part pour accroître la rentabilité de l’investissement, d’autre part moto-propulseur GMP (ensemble moteur + transmission).
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mandé d’adopter une bielle dite tête de vipère, de réalisation un La pression maximale sur le coussinet :
peu plus coûteuse. Selon la charge demandée au moteur, le dia-
mètre de l’axe de piston peut varier entre 0,30 et 0,45 fois l’alésage. p max = F max /S
■ Le dépassement du piston au-dessus du carter-cylindres doit ne doit pas dépasser une valeur qui dépend de la technologie du
être égal à l’épaisseur du joint de culasse serré diminuée de la dis- coussinet.
tance minimale entre piston et culasse (0,6 à 0,7 mm en injection On admet environ 400 bar pour des coussinets Al-Sn, 700 à
directe où l’on cherche généralement à minimiser cette distance ; 750 bar pour des coussinets Cu-Sn-Pb (bronze au plomb), 1 000 bar
compte tenu des rattrapages de jeux et des dilatations, des valeurs pour des coussinets dits sputter obtenus par une pulvérisation
plus faibles peuvent conduire à des contacts intempestifs entre cathodique sous vide d’Al-Sn sur un support bronze au plomb.
piston et culasse). Il faut de plus tenir compte des tolérances de ● Calcul de la pression moyenne sur le couissinet
réalisation.
On calcule de même la pression moyenne sur un cycle moteur :
La distance entre piston et culasse à froid peut être contrôlée en
disposant plusieurs billes de plomb sur le dessus du piston ; après T
1
avoir remonté et serré la culasse avec son joint, on vire alors le p moy = --------- F (t ) dt
moteur à la main et on le démonte afin de mesurer l’épaisseur des ST 0
billes de plomb écrasées lors du passage au point mort haut. Il est avec T période correspondant à un cycle moteur,
nécessaire de répartir les billes de plomb en plusieurs endroits sur
le dessus du piston afin de s’affranchir du basculement de ce F (t ) effort sur le coussinet à l’instant t.
dernier. La pression moyenne ne doit pas non plus dépasser certaines
valeurs dépendant de la nature du coussinet : environ 100 bar pour
des coussinets Al-Sn, 150 bar pour des coussinets Cu-Sn-Pb (bronze
1.1.2 Vilebrequin au plomb).
Comme nous avons vu qu’en première approximation on pouvait
L’optimisation du dimensionnement du vilebrequin (longueurs et prendre L man = E /4, les critères ci-dessus de pression maximale et
diamètres du maneton et du tourillon, largeur des bras, masse des de pression moyenne sur le couissinet nous permettent de déter-
contrepoids) doit prendre en compte : miner S. On en déduit une première valeur du diamètre de maneton :
— la pression maximale supportable par les coussinets de mane-
tons et de tourillons ; D = S /L man
— la résistance à la flexion du vilebrequin ; Il faut vérifier que ce diamètre de maneton autorise le passage
— les vibrations de torsion. de la bielle à l’intérieur du cylindre.
Ces calculs sont généralement faits sur ordinateur en maillant le
vilebrequin en éléments finis et en calculant les contraintes dans ■ Résistance à la flexion
chacun des éléments. Toutefois, un prédimensionnement approxi- Calculons les contraintes critiques dans le bras reliant le tourillon
matif peut être fait par des méthodes de calcul simples que nous no 1 au maneton no 1 (les plus proches du volant moteur), qui est
allons décrire ci-après, dans le cas le plus fréquent en automobile le bras le plus sollicité.
qui est celui d’un vilebrequin à 5 paliers pour un moteur à Le maneton est soumis à une force F, le tourillon à une réaction
4 cylindres et ligne. R 1 = F /2.
L’entraxe cylindres peut se décomposer comme suit : Le vilebrequin est assimilable à une poutre équivalente dont la
E = L tour + L man + 2L bras hauteur est celle de la section critique reliant les gorges du maneton
et du tourillon et la largeur peut être considérée comme étant égale
avec E entraxe cylindres (distance entre les axes de deux au diamètre du tourillon.
cylindres consécutifs), Le moment fléchissant est alors M = R 1 × b où b désigne la dis-
L tour largeur utile du tourillon + 2 × largeur des gorges, tance entre le milieu du tourillon et le milieu du bras. connaissant F,
L man largeur utile du maneton + 2 × largeur des gorges, il est alors possible de calculer la contrainte dans la section critique,
en considérant que la présence des gorges introduit un facteur de
L bras largeur du bras entre maneton et tourillon. concentration de contraintes K T = 6 pour un rayon de gorge de
En première approximation, on peut prendre : 1,35 mm et K T = 4 pour un rayon de gorge de 2,5 mm.
L tour = L man = L bras Afin de pouvoir déterminer la tenue à la fatigue, on calculera
l’effort, le moment fléchissant et la contrainte aux deux points morts
c’est-à-dire que l’on divise l’entraxe en 4 parties égales. hauts et aux deux points morts bas du cycle moteur, d’où 4 valeurs
de contraintes c 1 , c 2 , c 3 , c 4 . On peut en déduire :
■ Prédimensionnement du maneton
— une contrainte moyenne c moy = (c 1 + c 2 + c 3 + c 4)/4 ;
● Calcul de la pression maximale sur le coussinet
— une contrainte maximale c max ;
On calcule l’effort maximal F max qui résulte de la pression des — une contrainte minimale c min .
gaz sur le piston et des forces d’inertie dues au mouvement
On négligera les contraintes dues à la torsion.
alternatif du piston et de la bielle ; sur un moteur Diesel suralimenté,
cet effort maximal est généralement obtenu au point de couple Ces contraintes peuvent alors être placées dans un diagramme
maximal. de Goodmann. On peut considérer que le trajet de charge entre
c max et c min doit être inclus dans les limites du diagramme de
La surface sur laquelle s’exerce cet effort est la surface projetée
Goodmann avec un coefficient de sécurité de 1,5.
du coussinet, c’est-à-dire :
La limite de rupture R m peut être prises égale à 800 MPa pour
S = L1 × D une fonte GS galetée et à 1 200 MPa pour un vilebrequin en acier.
avec S surface projetée du coussinet, Ces critères doivent permettre de voir si le bras est suffisamment
dimensionné (si ce n’est pas le cas, on procédera par itération) et
L1 largeur utile du maneton (largeur totale diminuée de la
de déterminer le diamètre du tourillon.
largeur des gorges, du chanfrein sur le coussinet, des
tolérances, ce qui représente généralement environ
3 mm),
D diamètre du maneton.
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2. Mise au point
expérimentale
des moteurs Diesel IDI
2.1 Prédéfinition du système d’injection
au banc électrique
Il s’agit de déterminer la pompe d’injection et les injecteurs per-
mettant :
— d’injecter le débit demandé en pleine charge pendant une
durée d’injection qui ne doit pas être excessive (ne pas dépasser 35
Figure 20 – Fixation du porte-injecteur au moyen d’une bride à 40 degrés vilebrequin) sinon on risque de diminuer le rendement
(culasses à 4 soupapes par cylindre) et d’augmenter les fumées ;
— d’avoir une durée d’injection aussi longue que possible au
ralenti afin de diminuer le bruit ;
Cette solution, qui permet d’obtenir des pressions d’injection — d’optimiser le taux d’introduction (on appelle taux d’introduc-
très élevées, augmente la puissance spécifique du moteur ; mais tion le débit instantané injecté, en cm3/s, qui est variable au cours
elle présente l’inconvénient de conduire à un encombrement de de l’injection) en charge partielle afin d’optimiser le rendement et
culasse important, ce qui est souvent rédhibitoire vis-à-vis des les émissions de polluants (fumées HC, CO, NOx ) à l’échappement ;
architectures sous capot retenues pour les véhicules automobiles — de contrôler la pression résiduelle dans les tubes haute pres-
actuels et futurs. sion (pression régnant dans ces tubes entre deux injections) afin
d’éviter des phénomènes de cavitation (pouvant engendrer des
problèmes de tenue en endurance) et des défauts d’agrément de
1.3.4 Positionnement de la bougie de préchauffage conduite lors des transitoires.
Les principaux paramètres sur lesquels on peut agir sont les
Bien que le moteur Diesel à injection directe ait une meilleure suivants :
aptitude au démarrage à froid que le moteur à préchambre, du fait — diamètre du piston de pompe d’injection ;
de ses moindres dissipations thermiques, la bougie de préchauffage — loi de came de la pompe d’injection ;
reste indispensable aux moteurs de faible cylindrée unitaire (moins — loi de débit hydraulique de l’injecteur en fonction de la levée
de 600 cm3 par cylindre) pour assurer des démarrages corrects à d’aiguille ;
basse température (– 20 oC). — dimensionnement des clapets et freins de réaspiration à l’entrée
Comme nous l’avons vu au paragraphe 1.2.8 concernant les des tubes haute pression ;
moteurs à préchambre, il convient de placer l’extrémité du nez de — dimensionnement des tubes haute pression.
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π
1 nD v 2
N D ⁄ N = ----- ------- ------2- d α
π 0 N V
avec v vitesse de piston pour l’angle α (m/s),
n D /N indice de swirl correspondant à la levée de soupape
pour l’angle α du vilebrequin (cette levée dépend de
la loi d’arbre à cames qu’il faut donc connaître),
α angle de vilebrequin (rad).
Figure 34 – Influence de l’excentration de l’injecteur
sur les émissions d’oxydes d’azote
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et l’indice de swirl est alors donné par : conventionnelle de 8 mm, on utilise aussi pour caractériser la per-
méabilité, la valeur de αK pour une levée conventionnelle de 8 mm.
2CG
nD ⁄ N = ------------2 Là non plus, nous ne recommandons pas l’utilisation de ce para-
ρQ mètre que l’on peut rencontrer dans la littérature.
avec ρ masse volumique de l’air (kg/m3).
Q et G sont mesurés en soufflerie.
3.2 Optimisation du système
■ Rapport Cu / Ca
de combustion au banc moteur
Pour simplifier le calcul et avoir tout de même une bonne approxi-
mation du taux de swirl, on a souvent utilisé le rapport Cu /Ca, où
Cu désigne la vitesse tangentielle de l’écoulement (m/s) et Ca la 3.2.1 Détermination du système d’injection
vitesse débitante de l’air dans le cylindre (m/s), pour une levée
conventionnelle de la soupape proche de la levée maximale (le débit
étant plus important, la rotation de l’air créée lors des fortes levées ■ Rappel sur les différences entre injection directe
a un poids plus important pour le swirl finalement obtenu au point et injection indirecte
mort bas). Pour des moteurs autour de 0,4 L de cylindrée unitaire, Dans le cas de l’injection indirecte, l’injecteur a une section for-
on avait coutume de prendre une levée de 8 mm. tement variable en fonction de la levée d’aiguille, qui atteint des
On peut écrire : valeurs de l’ordre de 0,9 mm. La pompe joue donc un rôle primor-
dial pour contrôler le taux d’introduction instantané du carburant
2 3 injecté, l’injecteur agissant en première approximation comme une
π D f
Cu ⁄ Ca = 0,7 ------ ---------- soupape de régulation de pression : si la pompe refoule davantage
4 Q
de carburant, l’aiguille de l’injecteur se lève plus haut et libère ainsi
Nous ne recommandons pas de prendre ce paramètre pour une plus grande section de passage ; elle n’arrive en butée que sur
déterminer le swirl, mais il est bon de connaître son existence pour des points de forte charge. Il y a donc relativement moins de varia-
la bonne lecture de certaines publications. tions de pression d’injection en fonction de la charge.
Par ailleurs, la chambre de combustion réalise un puissant
mélange entre l’air et le carburant, d’abord par les vitesses d’écou-
3.1.2 Détermination de la perméabilité lement élevées dans la préchambre lors de la remontée du piston
puis, dans une deuxième étape, par l’expulsion des gaz partielle-
Pour une levée donnée de la soupape, lorsque l’on applique ment brûlés dans la chambre principale au travers du canal de
comme on vient de le voir une dépression de 25 mbar, un débit- transfert : le mélange étant assuré par action aérodynamique, il
masse Q m passe au travers de la section de passage dégagée par n’est pas nécessaire d’obtenir une pulvérisation fine du carburant,
la soupape. En appliquant la loi de Bernoulli (on considère le fluide qui peut être injecté sous des pressions relativement faibles (de
comme incompressible ici sans erreur significative car on est très l’ordre de 350 à 400 bar).
loin de la vitesse du son), la section effective de passage est alors
donnée par : Dans le cas de l’injection directe, le mélange par action aérody-
namique est beaucoup moins efficace (swirl dans le bol beaucoup
Qm
S e = -------------------
- plus faible que dans une préchambre, pas de deuxième étape de
2 ρ ∆p mélange). Il est donc nécessaire d’injecter sous haute pression (plus
de 1 000 bar), pour assurer une pulvérisation fine du carburant, et
avec Se section effective de soupape pour la levée considérée par plusieurs trous simultanément, pour répartir spatialement le
(m2), carburant dans la chambre. L’aiguille de l’injecteur a une levée faible
Q m débit d’air mesuré (kg/s), (0,3 mm) et découvre très rapidement la pleine section des trous :
∆ p différence de pression de part et d’autre de la soupape il n’y a pas à proprement parler de section variable et, de façon sim-
(2 500 Pa soit 25 mbar). plifiée, le système d’injection ressemble à des trous de section
constante au travers desquels la pompe pousse le carburant. Si la
On définit alors la perméabilité αK par le rapport de cette sec- pompe refoule un débit supérieur, cela se traduira par une augmen-
tion effective à la section transversale du cylindre, de façon à avoir tation simultanée de la pression et de la durée d’injection. Pour une
une valeur qui traduise la qualité aérodynamique indépendam- pompe d’injection donnée, la pression d’injection dépendra direc-
ment de la cylindrée du moteur : tement de la section des trous de passage et variera en fonction du
régime et de la charge (figure 41).
4S
α K = ----------e2- Si on veut augmenter le taux d’introduction instantané, il faut
πD augmenter considérablement la pression d’injection, et l’on se
trouve vite limité dans ce domaine par la tenue du système d’injec-
■ Perméabilité moyenne tion. La seule solution consiste alors à augmenter la section des
De même que l’on a défini un taux de swirl moyen sur l’ensemble trous de l’injecteur, ce qui n’est pas sans inconvénient pour la pul-
de la levée de la soupape lorsque le piston se déplace entre le point vérisation aux faibles charges.
mort haut et le point mort bas, on peut définir une perméabilité L’autre particularité de l’injection directe est que la chambre de
moyenne αK m : combustion se trouve dans le piston et n’est donc pas fixe par rap-
1 port à l’injecteur. comme on souhaite injecter le carburant à l’inté-
α Km = ---------------------------------------------------------------- rieur du bol, on ne dispose que d’une durée limitée : si l’on injecte
π
1 1 2 v 3
------- trop tardivement, le piston est redescendu, les jets frappent la lèvre
----- - ----- d α
π 0 αK V du bol ou passent même au-dessus de celle-ci, et la combustion se
dégrade, ce qui se traduit par une augmentation rapide des fumées.
■ αK pour une levée conventionnelle Dans la pratique, cette durée d’injection ne doit pas excéder 35 à
40o de rotation du vilebrequin.
De façon à avoir un calcul simple et comparatif, et de la même
manière que l’on a défini le swirl par le rapport Cu /Ca pour une levée
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Le dessin de détail (rayons de raccordement de la lèvre, embrè- Si les meilleurs résultats sont obtenus pour un dépassement
vement de soupapes) doit être fait en liaison avec le fournisseur de d’injecteur trop important (supérieur à 4 mm), on retouche la
pistons, qui a généralement des préconisations et des solutions forme intérieure du bol de piston, notamment au-dessous de la
pour éviter les problèmes de fissuration thermique évoqués lèvre.
ci-dessus. À noter que l’enfoncement de l’injecteur et l’angle de nappe ont
■ Optimisation en pleine charge souvent des effets similaires : en première approximation, on
pourra combiner ces deux paramètres en un seul, en considérant
La première optimisation à effectuer sur un moteur à injection le point d’impact théorique des jets sur le piston (intersection entre
directe est celle de la pleine charge, afin d’obtenir une bonne utili- les axes des trous d’injecteur et la paroi du bol lorsque le piston est
sation de l’air : pour un niveau de fumées de 3 unités Bosch (UB) [5] au PMH). Ce point d’impact doit généralement être situé juste
la richesse limite doit pouvoir atteindre la valeur d’environ 0,7 à au-dessous de la lèvre.
1 500 tr/min et 0,75 entre 2 500 tr/min et le régime de puissance
maximale (ce qui reste toutefois inférieur à 0,85 que l’on atteint en ■ Optimisation aux charges partielles
injection indirecte). L’optimisation en pleine charge étant faite, on ne remet que pas
À partir de la définition d’injection obtenue au banc électrique ou peu en cause la dimension des trous d’injecteurs, le swirl, le
(§ 3.2.1), on effectue un affinage du diamètre des trous (ou du débit rapport profondeur/diamètre du bol. Par contre, on cherche à mini-
hydraulique, ce qui est plus précis) sur le point de puissance maxi- miser les fumées sur les isovitesses, d’abord sans, puis avec EGR.
male, en relevant la fumée et la durée d’injection, pour une avance Les solutions qui conduisent aux fumées les plus basses aux
à l’injection optimale. charges partielles sont généralement celles qui tolèrent les taux
Puis on regarde quelles sont les richesses limites et les perfor- d’EGR les plus élevés ; il convient de vérifier que ces taux d’EGR
mances obtenues sur l’ensemble des régimes pour différents taux plus élevés ne conduisent pas à des instabilités de combustion et
du swirl, différents angles de nappe, différents dépassements permettent effectivement une amélioration du compromis oxydes
d’injecteurs et différentes formes de bol de piston (optimisation du d’azote/particules. Les effets de parois étant moins importants, la
rapport profondeur/diamètre du bol et du diamètre de bord de qualité de la pulvérisation devient primordiale : on peut essayer de
lèvre). L’optimisation du swirl et des dimensions du bol se fera en l’améliorer en optimisant plus finement les trous d’injecteur
gardant en tête que l’augmentation des fumées à forte charge est (rapport longueur/diamètre, forme d’entrée qui peut être modifiée
plus généralement due : par hydroérosion), les caractéristiques de la pompe de façon à
modifier la pression d’injection, le tarage des injecteurs (deux
— à l’impact des jets sur les parois aux faibles régimes ; la péné-
valeurs de tarage sont à optimiser dans le cas des injecteurs à
tration des jets étant par ailleurs sensible à la densité de l’air, on
doubles ressorts). On est quelquefois aussi conduit à retoucher la
peut confirmer par variation de celle-ci que l’on a ou non un impact
forme intérieure du bol de façon à modifier l’aérodynamique créée
excessif. Si c’est le cas, on peut augmenter le diamètre du bol de
lorsque le piston arrive au point mort haut.
façon à avoir une plus grande longueur libre de jet ;
— au recouvrement des jets les uns sur les autres à haut régime, Nous avons décrit les principaux paramètres à considérer et les
ce qui crée des zones à forte température où la richesse est trop phénomènes physiques qui y sont attachés, tant en pleine charge
élevée ; on peut alors réduire le swirl. qu’aux charges partielles. Nous ne pouvons pas décrire une procé-
dure universelle, l’optimisation de chaque chambre de combustion
Le swirl optimal est généralement plus élevé à bas régime qu’à
est un cas d’espèce, et l’on est obligé d’opérer par passes succes-
haut régime (figure 43). Si l’on ne dispose pas d’un système de
sives, en affinant au fur et à mesure l’étendue de variation des para-
swirl variable, on peut essayer de mettre le swirl le plus élevé pos-
mètres. La démarche générale consiste à regarder la sensibilité des
sible à haut régime avant remontée des fumées par recouvrement
différents paramètres sur les fumées de pleine charge, à essayer de
des jets.
trouver une explication physique sur le fait que tel ou tel paramètre
est plus sensible que les autres, puis à imaginer une modification
qui agisse sur ce phénomène physique.
4. Conclusion
Nous avons vu au cours des paragraphes précédents que le
dimensionnement général d’un moteur Diesel dépendait des choix
faits pour le système de combustion, qu’il s’agisse d’injection
directe ou indirecte : hauteur du piston et du carter-cylindres, archi-
tecture de culasse ; positionnement de l’injecteur et de la bougie,
pression maximale dans la chambre de combustion dimensionnant
l’attelage mobile et la base moteur, refroidissement, disposition des
conduits d’admission dans la culasse.
On ne peut entreprendre le dessin d’un nouveau moteur Diesel
sans disposer d’une solide base de données, établie à partir d’essais
sur des moteurs similaires ou sur des monocylindres expérimen-
taux.
Les calculs de mécanique et de thermique permettent ensuite de
gagner beaucoup de temps sur les aspects tenue en endurance,
pour lesquels on ne peut toutefois pas se passer d’essais de vali-
dation.
Les informations obtenues précédemment permettent d’aborder
Figure 43 – Swirl optimal en fonction du régime : influence du swirl la conception d’un avant-projet, d’avoir une estimation des dimen-
sur les fumées pour différents régimes sionnements importants. Beaucoup de travail reste ensuite à faire
pour affiner la définition et obtenir des dessins de détail.
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De même, en ce qui concerne la partie essais de développement, compréhension du fonctionnement des moteurs Diesel, et le
même si nous ne pouvons donner une démarche universelle, nous pourquoi des dimensionnements choisis. À partir de là, il ne faut
avons montré sur des exemples le genre des raisonnements à pas considérer que les valeurs indiquées sont immuables, même si
suivre qui peuvent servir de fil conducteur dans une démarche elles peuvent constituer un bon point de départ.
expérimentale, notamment pour l’optimisation de la combustion Nous avons la certitude que, malgré les années d’efforts faits par
qui, aujourd’hui, n’est pas accessible par le calcul. tous les constructeurs du monde, il reste encore un champ impor-
Toute innovation doit s’appuyer sur une bonne connaissance des tant pour l’innovation et l’amélioration des moteurs.
phénomènes physiques de base ; nous avons exposé notre
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P
O
U
Moteurs Diesel d’automobiles R
Conception et mise au point E
par Jean-Pierre POUILLE N
Chef du service Combustion-Dépollution Diesel
Direction de la Mécanique-Renault
S
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