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Barthes - Modernité de Michelet
Barthes - Modernité de Michelet
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MODERNITÉ DE MICHELET
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804 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
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MODERNITÉ DE MICHELET 805
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806 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
DISCUSSION
M. VlALLANEIX
Je remercieM. Barthesde son témoignage, et je demandeà ceux qui veulent
prendrela parole de se désigner...(silence)Ce discoursserait-ilsans réplique?
Roland Barthesl'a dit lui-même,il y a bien deux voix qui peuvents'opposer
l'une à l'autre.
M. Pomeau
II est décourageantpour un éditeurde Michelet!
M. Viallaneix
Non, parce qu'un éditeurdes œuvresde Micheletest un naïf, qui travaille
pour l'aveniret lance la bouteilleà la mer.
M. Barthes
Est-ce qu'elles se vendent? Ce seraitla question.
M. Pomeau
Je ne sais pas. Il y a un critère,actuellement: c'est la vente en livresde
poche. D'après certainséléments,la vente de Michelet en livres de poche
confirmeraitce que vous nous avez dit.
M. Barthes
En tout cas, ce qui est le plus connu de lui, du niveau d'une semi-culture
de masse, c'est l'Histoirede la Révolution.Je pense qu'effectivementtous les
livresde la dernièrepériodesont des livresmerveilleusement distractifs
et, si
je puis dire,voluptueux...
Mlle Orr
Le mélangede stylesdont vous avez parlé est peut-êtrece qui intriguele
plus chez Micheletet ce qui attireraenfinun plus grand public. Dans ses
livres,on voit face à face des contradictions
frappantes,et il semble en être
conscient.Par exemple,dans la « Préfacede 1869 », il reconnaîtque sa « flam-
me » l'a amené à soutenirtrop d'erreursdans l'Histoiredu Moyen Age. Or
à la page suivanteil loue sa méthode« passionnante» qui faitrevivrel'histoire.
C'est un cas psychologiqueou stylistiquetrès curieuxparce qu'il développe
presque spontanément une pensée et son opposé sur un ton chaque fois aussi
naïf et insistant.
M. Seebacher
Les questionsd'éditionet de publicité,c'est un peu l'histoirede la poule et
de l'œuf! Qui est-cequi va commencer ? Est-cequ'on va attendreque le public
ait envie de Micheletpour éditerdes livres,ou est-ce que des éditeursvont
avoir le couragede sortirun certainnombrede livresà peu près complètement
inconnus?
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MODERNITÉDE MICHELET 807
M. Picard
Je voudraisdire combienje suis sensible aux dernièresaffirmations de M.
Barthes concernantle style petit-bourgeoiset le pathos, qui, au stade où
nous sommesde la critique,risquentd'êtreun écran,et un écran très dange-
reux...Je crois que votreremarqueest d'autantplus importantequ'elle peut
se généraliserà la plupartdes grandsméconnusde la fin du siècle dernier.
Je pense en particulierà JulesVerne,par exemple.On peut parler,à propos
de JulesVerne,d'un pathos comparableà celui que vous venez d'évoquer,et
c'est dommage,car cela nous empêche d'accéder à un autre type de système
signifiantqu'à celui que constituela linéaritédu style,si bien que nous mécon-
naissonsen un sens ou un autreune œuvrecommecelle de JulesVerne.
M. Barthes
C'est trèsvrai. Je dirai qu'on est moinsinjusteenversJulesVerne qu'envers
Michelet.D'abord, sur le plan des tirages,JulesVerne est certainement un des
auteursles plus traduitset les plus vendus dans le monde entier,et d'autre
part, sur le plan de cette espèce d'excitationcritique qui peut entourerun
auteur,il y a eu beaucoup de livres.Enfin,il y a un « jules-vernisme » plus
ou moinslatent.
M. Picard
Très suspect!
M. Barthes
Tout snobismeest ambigu! Il ne faut pas oublier que MmeVerdurinétait
une personnequi aimaitDebussy et Wagner,et non pas AmbroiseThomas. Il
faut accepterces choses-là! Tandis que pour Michelet il n'y a pas encore
cetteespèce d'excitationcritique,de tentativeun peu excentrique,qui entoure
l'œuvrede JulesVerne.Et peut-êtreest-ce là que je suis un peu pessimiste:
je le sens vraimenttombé dans une trappe. Certes,il y a quelques michelé-
tistes,il y a Serres! Enfinil y a des gens qui aimentMichelet,qui aiment
le textede Michelet,qui ont un rapportpersonnel,« erotique», si je puis dire,
avec le textede Michelet,mais ce sont des isolés. Cela n'a pas encorefranchi
la barrière...
Il y a ici des professeurs ; ils peuvent donc apporterleur témoignagelà-
dessus : au niveau de ce que Micheletaurait sans doute appelé la jeunesse
étudiante,vraiment,je ne pense pas que Michelet ait la moindreexistence!
(protestationsdans la salle)
M. le Président
Est-ce que ces bruitsdiverspourraientse matérialiser ?
dans une intervention
M. Berchet
Je voudraisvous demanderquelle distinction vous faitesréellemententrece
que vous appelez le pathos,que vous rangez dans le démodé,et ce que vous
appelez le partipris,qui, lui, est un signe de modernité.
Je voudraisconnaîtrevotre opinion là-dessus,parce que ça me paraît une
des grandeséquivoques de Michelet.
M. Barthes
Tout ce que j'ai dit sur la valeurvientd'un arrière-fond nietzschéen,qui est
l'évaluation; or, à mon avis, Micheletsort instantanément du pathos chaque
fois qu'il pose ses valeursà lui, qui sont des valeurscorporelles.Ainsi,quand
il parle d'un roi qu'il n'aime pas, il trouvel'adjectifde valeur,et là, ce n'est
plus de l'idéologie.Le partage est assez facile à faire.
M. Berchet
Ce que je voulais dire c'est qu'en arrière-fond il y a contradiction, chez
Michelet,entrele pathos,peut-êtreaussi la valeur,et ce que vous appelez le
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808 REVUE D'HISTOIRELITTÉRAIREDE LA FRANCE
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MODERNITÉDE MICHELET 809
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