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GASTRITE CHRONIQUE A HELICOBACTER PYLORI AU CHU CAMPUS DE LOME


(TOGO). HELICOBACTER PYLORI CHRONIC GASTRITIS IN THE TEACHING
HOSPITAL CAMPUS OF LOME (TOGO)

Article · January 2014

CITATION READS

1 1,189

9 authors, including:

Aklesso Bagny T. Darré


CHU CAMPUS LOME Université de Lomé
50 PUBLICATIONS   77 CITATIONS    107 PUBLICATIONS   123 CITATIONS   

SEE PROFILE SEE PROFILE

Oumboma Bouglouga
University of Kara
40 PUBLICATIONS   58 CITATIONS   

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Evaluate the external quality of more clinical laboratories of Togo and other countries in Africa. Also continue some researches regarding Nutrition and metabolic illness
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J. Rech. Sci. Univ. Lomé (Togo), 2014, Série D, 16(3) : 495-502

GASTRITE CHRONIQUE A HELICOBACTER PYLORI


AU CHU CAMPUS DE LOME (TOGO).
HELICOBACTER PYLORI CHRONIC GASTRITIS IN THE TEACHING HOSPITAL
CAMPUS OF LOME (TOGO)

BAGNY A*1, DARRE T2, BOUGLOUGA O1, LAWSON-ANANISSOH LM1,


KAAGA YL1, El- HADJ R1, KOTOSSO A3, AMEGBOR K2,
NAPO KOURA G2, REDAH D.1
1- Service d’Hépato gastroentérologie, CHU Campus, Lomé
2- Service d’Anatomopathologie-cytologie, CHU Tokoin, Lomé
3- Service de maladies infectieuses et tropicales, CHU Tokoin

(*) Correspondance : Dr BAGNY Aklesso.


E-mail : ybagny@yahoo.fr

(Reçu le 24 Août 2014 ; Révisé le 14 Octobre 2014 ; Accepté le 25 Octobre 2014)

RESUME

But : évaluer le profil clinique, endoscopique et histologique des gastrites chroniques à


Helicobacter pylori. Méthodologie : étude prospective sur 6mois (1er janvier au 30 juin
2011) dans le service d’Hépato-gastroentérologie du CHU Campus de Lomé ; étaient
inclus des patients ayant consulté dans le service pour un symptôme faisant évoquer une
atteinte gastrique et qui avaient présenté à la gastroscopie une gastrite avec biopsies
pour examen histologique. Résultats : la fréquence des gastrites à Helicobacter pylori
était de 53,4% dans notre étude. L’âge moyen des patients était de 45,48 ans ± 20,64 et
un sex-ratio de 0,92. L’épigastralgie était le motif de réalisation de la gastroscopie le
plus fréquent (48,8%). Un facteur d’accalmie était retrouvé chez plus de la moitié de
nos patients (53,5%). Les gastrites érythémateuses (36,2%) et les gastrites érosives
(27,6%) étaient les lésions les plus rencontrées. L’Hélicobacter pylori était présent dans
53,4% des cas avec une inflammation chronique modérée (77,6%) dans la plupart des
cas. L’atrophie glandulaire était modérée dans 46,7% des cas avec une différence
significative (p=0,018) entre les patients infectés par Hélicobacter pylori et les patients
non infectés. Dans 45,2% des cas on notait une métaplasie intestinale avec une
différence significative (p=0,00032) entre les gastrites chroniques à helicobacter pylori
et sans helicobacter pylori. Conclusion : les gastrites chroniques demeurent dans nos
milieux africains, dont le Togo, une affection digestive très fréquente dans laquelle
l’Hélicobacter pylori trouve sa part d’étiologie. Dans presque la moitié des cas de notre
série, il est responsable de lésions pré cancéreuses que sont l’atrophie glandulaire et la
métaplasie intestinale.

Mots clés: gastrites chroniques, Hélicobacter pylori, gastroscopie, histologie.

ABSTRACT

Purpose: Evaluate the clinical, endoscopic and histological profile of the chronic
gastritis with Hélicobacter pylori (HP). Methodology: Cross-sectional descriptive
survey over six months (1st January - 30th June 2011) in the service of Hepato-
gastroenterology of the Lomé Campus teaching hospital. It included patients of the two
sex having presented chronic gastritis explored by endoscopy and histology. Results: the
frequency of the gastritis with HP was of 53.4%. The mean age was 45.48 ans ±20.64;
and a sex-ratio was 0.92. The epigastralgy was the most frequent reason for the
realization of the gastroscopy (48.8%). A factor of lull was found at more half of our

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BAGNY A. & al.

patients (53.5%). The erythematous gastritis (36.2%) and the erosive gastritis (27.6%)
were the lesions most met. The HP was present in 53.4% of the cases with a moderate
chronic ignition (77.6%) in most case. The glandular atrophy was moderate in 46.7% of
the cases with a significant difference (p=0,018) between the patients infected by HP
and the not infected patients. In 45.2% of the cases its noted an intestinal metaplasy
with a significant difference (p=0, 00032) between the chronic gastritis with HP and
without HP. Conclusion: the chronic gastritis remain in our African mediums,
particulary in Togo, a frequent digestive disease in which HP finds its share of etiology.
Adequate measures must be taken for an early diagnosis and a good assumption of
responsibility of the HP gastritis in order to limit its complications.

Keywords: chronic gastritis, Hélicobacter pylori, gastroscopy, histology.

INTRODUCTION gastrique, chez qui une gastrite avait été


retrouvée à la gastroscopie, et chez qui

P lusieurs études indiquent que hélicobacter l’examen anatomo-pathologique des biopsies


pylori a un rôle dans la pathogénie des avaient révélé une gastrite chronique à
gastrites chroniques (GC) (ZAITOUN AM et Hélicobacter pylori. Tous les patients ont eu 5
al, 1994 et POTET F. et al, 1993). La biopsies gastriques pour examen histologique
prévalence d’hélicobacter pylori est plus élevée dont deux biopsies au niveau de l’antre
dans les pays en développement par rapport gastrique à 2 cm du pylore, une au niveau de
aux pays industrialisés (ZAITOUN AM et al, l’angle de la petite courbure gastrique et 2
1994). autres biopsies au niveau du corps gastrique.
Plusieurs classifications surtout anatomo- Le prélèvement a été fixé au formol à 10% puis
cliniques et endoscopiques lui ont été inclus en paraffine. Les prélèvements étaient
consacrées pour évaluer l’évolution des lésions coupés à 4 μm et colorés par l’Hématoxyline
(ZAITOUN AM et al, 1994). Beaucoup de Eosine et Giemsa modifié et au PAS Bleu
travaux (POTET F. et al, 1993 et Alcalin. L’Hématoxyline Eosine nous a permis
GARFUNKEL L, 1995) à travers le monde de voir la morphologie, le PAS Bleu Alcalin à
avaient été effectués sur ce sujet, et notamment la recherche de foyers de métaplasie intestinale
en Afrique celle de ATTIA et al. (2001) en malpighienne et le Giemsa pour visualiser l’HP
Côte d’Ivoire ; DIARRA et al. (2007) au Mali; au fond des cryptes et au niveau du pôle
HOUNTONDJI et al. (1996) au Bénin. Au supérieur des cellules. Chez nos malades,
Togo peu d’études ont porté sur la GC à l’HP plusieurs paramètres étaient précisés et gradués
(DARRE T. et al, 2013). Le rôle par l’examen histologique selon la
physiopathologique de l’infection à HP dans la classification du Sydney système. Nous
genèse du cancer gastrique est bien établi (SU n’avons pas inclus de l’étude, les patients
Y. et al, 2014), ces GC posent donc un présentant une hémorragie digestive haute avec
problème de santé publique en Afrique et au saignement actif au cours de l’examen
Togo. Il nous a semblé donc utile de mener endoscopique, les malades sous antibiothérapie
cette étude en vue d’étudier les aspects ou antisécrétoire dans le mois précédant
cliniques, endoscopiques et histologiques des l’examen endoscopique et aussi ceux qui
GC au CHU-Campus de Lomé. avaient un estomac opéré. Pour chaque patient,
étaient précisé l’âge, le sexe, le motif de
PATIENTS ET METHODES l’examen, les antécédents, les aspects
endoscopiques et histologiques. La
Il s’agissait d’une étude prospective sur 6mois gastroscopie était réalisée par un endoscopiste
(1er janvier au 30 juin 2011) dans le service expérimenté à l’aide d’un vidéo gastroscope
d’Hépato-gastroentérologie du CHU Campus FUJINUN EG-250 WR. L’examen
de Lomé. Etait inclus dans l’étude tout patient histologique de tous nos prélèvements était
ayant consulté dans le service pour un réalisé par un seul anatomopathologiste
symptôme faisant évoquer une atteinte expérimenté. Les données étaient analysées par
le logiciel SPHINX V5, les comparaisons
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Gastrite chronique à helicobacter pylori au CHU Campus de Lomé (Togo).

étaient éffectué par le test de khi2 de Fisher, et notamment les enseignants, les militaires, les
p˂0,05 était considéré comme significative. secrétaires de bureau.

RESULTATS Sur le plan clinique, les motifs de consultation


dans notre étude étaient dominés par
Notre étude a porté sur des patients reçus du 1er l’épigastralgie dans 48,3% des cas (Tableau I).
janvier au 30 juin 2011 dans l’unité Un facteur d’accalmie a été retrouvé chez plus
d’endoscopie digestive du service d’Hépato- de la moitié (53,5%) des patients à type de
Gastro-entérologie du CHU campus de Lomé. pansement gastrique (34,5%), ou de repas
Durant cette période, 217 gastroscopies avaient (19%). Sur l’ensemble des patients inclus ;
été effectuées dont 58 avaient répondu à nos 76,9% avaient au moins un antécédent
critères d’inclusion, ce qui représente une personnel ou familial d’ulcère gastrique ou
fréquence de 53,4% de gastrite chronique à HP. duodénal. L’éthylisme chronique était retrouvé
L’âge moyen de nos patients était de 45,48 ± chez 13,8% des patients. L’hypertension
20,64 ans avec des extrêmes de 12 et 90 ans. artérielle (17,2%) et le diabète (10,3%) étaient
Parmi les 58 patients ayant répondu à nos les pathologies chroniques les plus fréquentes.
critères d’inclusion, 28 étaient de sexe L’examen clinique était normal chez la plupart
masculin et 30 de sexe féminin soit un sex-ratio de nos patients sauf chez 20,7% chez qui nous
de 0,92. Les catégories socioprofessionnelles avions noté une sensibilité épigastrique ou une
étaient dominées par la couche socio- altération de l’état général.
économique à niveau de vie moyen (63,8%)

Tableau I : Répartition des patients selon les motifs de consultation.

Motif de consultation Effectif (n) Pourcentage (%)

Epigastralgie 28 48,3
Troubles dyspepsiques* 19 32,8
hématémèse 6 10,3
Eructation 5 8,6
Méléna 3 5,2
* satiété précoce, plénitude postprandiale, éructation, ballonnement.

L’endoscopie digestive haute réalisée chez tous de Sydney (Tableau III). L’intensité de
les patients avait noté que le siège de l’inflammation chronique déterminée par la
prédilection des lésions était majoritairement densité cellulaire était modérée chez 45
antral (53,4%), ou antro-fundique (41,4%) avec patients (77,6%). L’activité cellulaire des
une différence statistique non significative lésions retrouvées était légère dans la majorité
(p=0,19), le fundus n’était concerné que dans des cas (50%). Aucun cas de gastrite sévère n’a
5,2% des cas. Macroscopiquement, les gastrites été retrouvé. L’atrophie glandulaire était
érythémateuses (36,2%) étaient les lésions modérée dans 46,5% des cas. La majorité
majoritairement retrouvées suivies des gastrites (74,1%) des patients ne présentait pas
érosives (27,6%) (Tableau II). Tous nos d’épithélium intestinal au niveau de la
malades avaient bénéficié d’une biopsie muqueuse gastrique. La gastrite folliculaire a
gastrique avec examen histologique. Les été absente dans 87,9% des cas mais présente
résultats étaient présentés selon la classification dans 10,3% des cas.

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Tableau II : Répartition des patients selon l’aspect macroscopique


de la gastrite à la gastroscopie.

Aspect de la muqueuse Effectif (n) Pourcentage (%)

Erythémateux 21 36,2
Erosif 16 27,6
Congestif 12 20,7
Hémorragique 11 19,9
Reflux biliaire 7 12,1
Atrophie muqueuse 4 6,9
Ulcération 4 6,9

Tableau III : Classification de la gastrite selon le système de Sydney

Infection à HP Antre Corps


31(53,4%) 23(39,6%) 8(13,8%)
Activité de la gastrite
Légère 20(%) 9(%)
Modérée 5(%) 4(%)
Sévère - -
Atrophie
Légère 8(%) 5(%)
Modérée 16(%) 11(%)
Sévère 1(%) -
Métaplasie intestinale
Légère 9(%) 5(%)
Modérée 1(%) -
Gastrite folliculaire
Légère 4(%) 2(%)
Modérée 1(%) -
Inflammation chronique
Légère 4(%) -
Modérée 40(%) 5(%)
Sévère 3(%) 2(%)

L’HP était retrouvé chez 53,4% des patients. était nulle dans 44,4%, ce qui représentait un
Par rapport aux autres paramètres de la peu plus légèrement le double de la proportion
classification de Sydney, on ne notait pas de en présence de l’HP avec différence statistique
différence statistique significative (p=0,21) significative (p=0,018). Il n’y avait quasiment
entre la présence (83,9%) ou l’absence (70,4%) pas eu d’atrophie glandulaire sévère en absence
d’HP en ce qui concerne la densité cellulaire. d’HP. La métaplasie intestinale était presque
L’activité cellulaire de la gastrite chronique est inexistante en l’absence d’HP dans les gastrites
passée de 48,1% en l’absence d’HP à 80,6% chroniques (96,3%). Par contre, en présence
des cas en présence d’HP avec une différence d’HP la métaplasie intestinale n’était absente
statistique non significative (p=0,43) (Tableau que dans 54,8% cas ; donc près de la moitié
IV). En absence de l’HP, l’atrophie glandulaire (45,2%) des gastrites chroniques avec présence
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d’HP ont présenté une métaplasie intestinale ; la gastrite folliculaire on ne notait pas de
avec ainsi une différence statistique différence statistique significative (p=0,84)
significative (p=0,00032). En ce qui concerne selon la présence ou non de l’HP (Tableau V).

Tableau IV : Répartition des cas de gastrite chronique selon la présence d’Helicobacter pylori.

Helicobacter pylori Effectif (n) Pourcentage (%)

Absent 27 46,5
Légère 17 29,3
Modérée 12 20,7
Sévère 2 3,4
Total 58 100

Tableau V : Helicobacter pylori et gastrite folliculaire

Gastrite folliculaire Absence d’HP Présence d’HP


n % n %

Absente 24 88,89 27 87,10


Légère 3 11,11 3 9,68
Modérée 0 0 1 3,22
Total 27 100 31 100

DISCUSSION diffère de l’étude d’ATTIA et al. (2001) en


Côte-d’Ivoire qui a été une étude rétrospective
Cette étude prospective menée sur une période réalisée sur une période de 2 ans. Tout comme
de six mois (1er Janvier au 30 Juin 2011) dans le cadre d’étude, le type et la durée vont
l’unité d’endoscopie du service d’Hépato- influence sur les données de l’étude notamment
gastroenterologie du CHU Campus de Lomé, la taille de l’échantillon. Durant notre période,
nous amène à analyser essentiellement les la fréquence des gastrites chroniques à HP
aspects épidémiologique, clinique, endos- positif ayant répondu à nos critères d’inclusion
copique et histologique des GC à HP. Comme a été de 53,5%. Par contre en Côte-d’Ivoire,
celles d’ATTIA et al. (2001) et d’ILBOUDO et durant une période de deux ans, ATTIA et al.
al. (1997), elle s’était déroulée dans l’unité (2001) avaient retrouvé une fréquence de
d’endoscopie digestive du service d’Hépato- 74,4%. Cette différence pouvait s’expliquer par
gastro-entérologie au CHU Campus de Lomé la durée plus longue de cette étude. L’âge
(Togo). Le cadre d’étude a une influence sur le moyen de nos patients était 45,5 ans et était
recrutement des malades à travers sa situation comparable aux résultats rapportés respecti-
géographique, sa capacité d’accueil et son vement dans les séries de DIARRA et al (2007)
accessibilité. Cette influence va donc induire au Mali (41 ans), ATTIA et al. (2001) en Côte-
une diversité des études basée sur la diversité d’Ivoire (39,3 ans) et ILBOUDO et al (1997) à
des types de malades recrutés. Notre étude était Ouagadougou (35,5 ans).
une étude prospective descriptive réalisée sur
une période de six (6) mois. Elle se rapproche Dans notre étude, tout comme pour d’autres
de celle d’ILBOUDO et al. (1997) au Burkina- auteurs africains (HOUNTONDJI A et al ,1996
Faso qui était une étude prospective également et ILBOUDO D et al, 1997), l’HP atteignait
sur une période de six (6) mois. Par contre, elle presque autant d’hommes que de femmes, avec
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un sex-ratio environ égale à 1. En dehors est en conformité avec la littérature qui dit
d’ATTIA et al. (2001) en Côte-d’Ivoire, qui qu’au cours de la gastrite chronique, l’examen
avaient rapporté une sex-ratio supérieure à la clinique est pauvre (ZAITOUN AM et al, 1994
nôtre (sex-ratio = 2), nos résultats étaient et DIARRA et al, 2007).
comparables à ceux de POTET et al. (1993) en Du point de vue endoscopique, le siège de
France et de DIARRA et al. (2007) au Mali qui prédilection des lésions de la GC chez nos
avait respectivement retrouvé dans leurs études patients était antral (53,4%). Notre résultat est
une légère prédominance masculine avec des comparable à celui d’ATTIA et al. (2001) en
sex-ratios respectives de 1,1 et de 1,26. Ces Côte-d’Ivoire qui ont rapporté eux-aussi une
résultats montrent que le sexe n’est pas un prédominance antrale et fundique des lésions
facteur favorisant de la GC. respectivement (46% et 39,7%). Ceci est
également conforme aux données de la
La catégorie socioprofessionnelle la plus littérature selon lesquelles la gastrite prédomine
touchée était les couches socio-économiques à dans l'antre et peut s’étendre à la zone fundique
niveau de vie moyen dans 63,3%. Par contre, (ZAITOUN AM et al, 1994 ; ATTIA KA et al,
ILBOUDO et al. (1997) à Ouagadougou 2001 et DARRE T. et al, 2013).
avaient retrouvé une prédominance de la Macroscopiquement, dans notre étude comme
couche socio-économique faible (43,3%). Cette dans celle d’ATTIA et al. (2001), les gastrites
différence serait plus liée à un problème de érythémateuses étaient les lésions majori-
moyens financiers pour la couche socio- tairement retrouvées respectivement (36,2% et
économique faible qui honore difficilement le 42,2%). Sur le plan histologique, la densité
bilan demandé à cause du coût élevé des bilans cellulaire qui était à la base du diagnostic des
au CHU Campus de Lomé qui était sans doute GC, traduit également l’ancienneté des lésions
le centre hospitalier public le plus cher du pays. inflammatoires. Cette densité cellulaire était
modérée chez 77,6% des patients et témoigne
Dans notre étude comme dans celle de de l’ancienneté du temps d’exposition au
DIARRA et al. (2007), les motifs de facteur favorisant notamment le portage de
consultation étaient dominés par l’épigastralgie l’HP. L’activité cellulaire des lésions
respectivement dans 48,3% et 92% des cas. En retrouvées dans notre étude était de 65,5% des
Côte-d’Ivoire, ATTIA et al. (2001) avaient cas. Ce résultat est comparable à celui d’autres
retrouvé aussi une prédominance auteurs notamment DARRE et al (2013) au
d’épigastralgie (64,7%) conformément aux Togo et HOUNTONDJI et al. (1996) au Bénin
données de la littérature (ZAITOUN AM et al, qui avait retrouvé respectivement une
1994 et POTET F et al, 1993). Cinquante trois fréquence de 52,2% et 76,2%. Par contre,
virgule cinq pour cent (53,5%) de nos patients ATTIA et al. (2001) et DIOMANDE et al.
avaient signalé avoir un facteur d’accalmie soit (1991) avaient rapporté une fréquence
les repas ou la prise d’un médicament en beaucoup plus élevée respectivement de 81,4%
particulier les pansements gastriques. Ceci et 96%. Si nous considérons les cas de GC à
expliquerait le retard des consultations pour des HP positif, l’activité cellulaire était plus intense
symptômes digestifs souvent banals avec des avec une proportion de 80,6% des cas.
facteurs d’accalmie. Soixante seize virgule HOUNTONDJI et al, (1996); DIOMANDE et
neuf pour cent (76,9%) de nos patients avaient al. (1991) avaient également noté cette
un antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal. croissance dans leurs études respectives
L’HP est fortement incriminé dans la survenue (78,7% ; 100%). La présence de l’HP dans la
d’ulcère gastrique ou duodénal. La promiscuité muqueuse gastrique serait à l’origine de la mise
et les mauvaises conditions d’hygiène jouent en place des moyens de défense de cette
également un rôle favorisant important dernière parmi lesquels on a la prolifération des
(MEGRAUD F, 2003). polynucléaires neutrophiles. Dans notre étude
comme dans celle de DARRE et al (2013) au
L’examen clinique s’était révélé normal chez la Togo, l’atrophie glandulaire était respecti-
majorité (79,3%) de nos patients. Ce résultat vement présente chez 83% des patients. Par

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contre, POTET et al. (1993) en France a développés. Ce fort taux de prévalence de


retrouvé une atrophie glandulaire d’ordre de l’infection à l’HP dans les pays en
39%. Cette fréquence élevée dans notre étude développement confirme les données de la
s’expliquerait par le fait que l’atrophie littérature sur l’épidémiologie de l’HP
glandulaire est relativement basse dans les pays (YEONG LY et al, 2009 et MELANIE MW et
développés alors qu’elle est élevée voire très al, 2006). La gastrite folliculaire a été présente
élevée dans les pays en voie de développement dans 12,12% des cas de GC. Par contre, ce
(MELANIE MW et al, 2006). La métaplasie résultat était inferieur aux 19,8% de la série de
intestinale a été présente dans notre étude, chez DARRE (2013) et au 36,3% dans la série
25,87% de nos patients. Notre résultat est d’ATTIA et al. (2001). Ainsi, la prévalence de
comparable au résultat de DARRE et al (2013) la gastrite folliculaire est fonction de
au Togo (25%) à celui de POTET et al. (1993) l’épidémiologie de l’infection à HP dont elle
en France (25,6%). Par contre, dans l’étude demeure un marqueur fréquent et spécifique.
d’ATTIA et al. (2001) et de YEONG LY et al
(2009) la prévalence de la métaplasie CONCLUSION
intestinale était moins importante dans
respectivement 18,6% et 5% des cas. La Les gastrites chroniques demeurent dans nos
fréquence de l’infection à l’HP dans notre milieux africains, dont le Togo, une affection
étude était de 53,4%. Notre résultat est digestive très fréquente dans laquelle
comparable à celui de DARRE (2013) (Togo) l’Hélicobacter pylori trouve sa part d’étiologie.
et de HOUNTONDJI (1996) (Bénin) qui Dans presque la moitié des cas de notre série, il
avaient retrouvé eux-aussi une fréquence est responsable de lésions pré cancéreuses que
élevée de l’infection à l’HP respectivement sont l’atrophie glandulaire et la métaplasie
(51,4% et 66,5%). Par ailleurs, ILBOUDO intestinale. Des mesures adéquates doivent être
(1997) et DIOMANDE (1991) avaient rapporté prises pour un diagnostic précoce et une bonne
dans leurs études respectives une fréquence prise en charge des gastrites chroniques à
plus élevée (84,4% et 91,3%). Ces résultats hélicobacter pylori afin de limiter son évolution
seraient dûs à la fréquence de l’infection à l’HP possible vers un cancer de l’estomac.
relativement élevée dans les pays en voie de
développement par rapport aux pays

REFERENCES

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