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Revue numismatique

Le monnayage d'argent de Serdica après la réforme de Dioclétien


Georges Gautier

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Gautier Georges. Le monnayage d'argent de Serdica après la réforme de Dioclétien. In: Revue numismatique, 6e série - Tome
33, année 1991 pp. 97-111;

doi : https://doi.org/10.3406/numi.1991.1957

https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_1991_num_6_33_1957

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Georges GAUTIER*

LE MONNAYAGE D'ARGENT DE SERDICA


APRÈS LA RÉFORME DE DIOCLÉTIEN

(PL IX-XI)

Résumé.
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présent
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Dioclé-
de et
la

tien senior et Sévère César. Les monnaies sont étudiées sous la forme d'un corpus et
rapprochées des espèces en or et en bronze argenté. Elles sont réparties en deux
émissions consécutives. Les rares liaisons de coins constatées laissent entrevoir une
production d'ampleur significative à l'origine.

Dernier atelier à entrer en service après la réforme de 294, Serdica


produit l'argent et le bronze argenté à partir de 304. Pour K. Pink 1,
l'ouverture de l'atelier suit en effet l'arrêt de la production à
Thessalonique. Le numismate autrichien, qui tentait en 1930 de reconstituer les
émissions d'argent de la première tétrarchie, estimait alors que Serdica
succédait à Thessalonique au cours des dernières années de cette même
période. Les auteurs plus récents, tels que C. H. V. Sutherland 2 ou J.-P.
Callu 3 n'ont pas remis en cause cette analyse. Ils avancent, l'un 303/304,
l'autre 304 pour la date d'ouverture de l'atelier de Serdica. Selon C. H. V.
Sutherland les raisons d'une telle décision sont sans doute à rechercher
dans l'importance de cette ville. Importance militaire du fait de sa situa-

* Consulat général de France, Londres.


1. K. Pink, Die Silberpràgung der Diocletianischen Tétrarchie, NZ, 1930, p. 9-38.
2. C. H. V. Sutherland, RIC, VI, Londres, 1967, p. 54-59 et 486-497.
3. J.-P. Callu, La politique monétaire des empereurs romains de 238 à 311, Paris,
(BEFAR, 214) 1969, p. 382.
Revue numismatique, 1991, 6e série, XXXIII, p. 97-111.
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tion géographique mais aussi administrative ainsi qu'en témoignerait, dès


le début de la production, la présence des lettres SM (Sacra Moneta)
devant celles qui identifient le nom de la cité dans la désignation de
l'atelier à l'exergue des monnaies, qu'il s'agisse de l'argent ou du bronze
argenté. Jusqu'à présent aucune frappe en or n'a été signalée à Serdica
pour la première tétrarchie. C. H. V. Sutherland est enfin tenté de voir,
dans l'ouverture du nouvel atelier la conséquence d'une réorganisation
militaire à l'occasion du passage de Dioclétien en route vers Rome pour y
célébrer ses vicennales en 303, ou lors de son retour vers Nicomédie à la
mi 304. Si tel fut le cas, l'absence de tout monnayage d'or émis pour
l'occasion s'explique mal. J.-P. Callu se borne pour sa part à noter que
Serdica, plus proche de la frontière danubienne que Thessalonique,
obtient vers 304 sa succession. P. Bruun4 retient également 304 pour le
début de la production des espèces réformées à Serdica. N. Mouchmov5
n'abordait enfin pas les problèmes de datation dans son essai de
classement des émissions de cet atelier.
A ce stade, et en l'absence d'indices chronologiques plus précis, nous
nous contentons, comme J.-P. Callu, de voir dans l'ouverture de l'atelier
la conséquence d'une réorganisation administrative dictée par des
impératifs sans doute militaires. La date de 304 nous semble d'autant plus
plausible que Thessalonique émet encore très vraisemblablement des
argentei en 303, dans le cadre de la seconde partie de l'émission TSA-A,
au cours de laquelle le nombre d'officines est porté, dans l'atelier, de trois
à quatre. Le style, la facture, enfin le type de revers des exemplaires qui
en sont issus sont extrêmement proches en effet des frappes de Serdica
pour la première tétrarchie. L'existence d'une quatrième officine à
Thessalonique n'était pas encore connue lors de la publication des ouvrages
précités. La documentation dont nous disposons nous permet par ailleurs
d'affirmer qu'aucun hiatus n'a lieu dans la production ďargentei à
Serdica entre l'ouverture de l'atelier en 304 et la troisième tétrarchie. De
fait, si l'on accepte comme base de classement la chronologie
actuellement admise pour les années 304-307, la production des argentei peut se
répartir entre deux émissions.
— 304/Mai 305. Première émission pour les membres de la première
tétrarchie.
- Mai 305/307. Seconde émission dont la première partie (Mai 305/
Juillet 306), comporte des frappes pour les deux nouveaux augustes et les
deux nouveaux césars ainsi que pour Dioclétien senior, jusqu'à la
mort de Constance Chlore.

4. P. Bruun, The successive Monetary Reforms of Diocletian, MN, 24, 1979, p. 129-
148.
5. N. Mouchmov, Les monnaies et les ateliers monétaires de Serdica, Sofia, 1926.
ARGENTEI DE SERDICA 99

-Juillet 306/307. Deuxième partie de la même émission, produite après


l'élévation de Sévère au rang d'auguste.
Les limites ainsi définies dans le temps, force est de constater que le
matériel à notre disposition est extrêmement réduit. K. Pink décrivait
pour la première tétrarchie huit monnaies (2 de Dioclétien, 3 de
Maximien, 1 de Constance et 2 de Galère). C. H. V. Sutherland, s'agissant de
l'ensemble du monnayage d'argent de l'atelier, cite quant à lui dix-sept
argentei.
Dans le cadre d'une étude générale du monnayage d'argent de la
réforme en cours de préparation, nous avons pu réunir trente-cinq pièces
d'argent de Serdica. Toutes ces monnaies rarissimes, voire souvent
uniques, forment le corpus qui va suivre. Elles nous sont connues par des
moulages ou des photographies. Dans de nombreux cas nous avons pu
examiner directement les spécimens en question. Ces argentei
proviennent tout d'abord de collections publiques (Berlin, Budapest, Diisseldorf,
Forli, Leningrad, Londres, Milan, Munich, Rome, Sofia, Vienne et
Washington). En outre, plusieurs collections privées auxquelles nous avons
pu avoir accès ainsi que les catalogues de vente, nous ont fourni un
appréciable complément de documentation. L'enquête menée nous a permis de
découvrir de nombreuses monnaies inédites et de combler certaines
lacunes. Le matériel rassemblé autorise la reconstitution d'un ensemble dans
lequel, nous l'espérons, de nouveaux éléments viendront tout
naturellement s'inscrire ultérieurement. Au début de cette recherche, H. A. Cahn,
que nous désirons très vivement remercier ici, nous avait communiqué la
liste des argentei de Serdica dont il avait noté la présence lors de l'examen
de diverses collections publiques.
* * *
Avant de tenter tout classement, quelques constatations peuvent être
opérées. En matière de métrologie tout d'abord, nous relevons que
Serdica émet des argentei au l/96e de livre dont le poids moyen s'établit à
3,188 g ce qui est très normal. Ce résultat a été obtenu par la pesée de
vingt-huit exemplaires sur les trente-quatre dont nous connaissons les
poids. Comme pour l'atelier d'Alexandrie 6, les monnaies brisées ou usées
ont été écartées. Rappelons qu'à Alexandrie le poids moyen de Vargen-
teus s'établissait à 3,138 g. A. Jeločnik7 avait obtenu respectivement
3,075 g pour Siscia, 3,172 g pour Ticinum et enfin 3,134 g pour Rome.
Quel que soit le poids de la livre romaine retenu comme base de calcul et
qui peut se situer actuellement entre 322,56 g (L. Naville) et 327,45 g (F.
Hultsch), soit un poids théorique variant de 3,36 g à 3,41 g pour le l/96e

6. G. Gautier, Le monnayage d'argent d'Alexandrie après la réforme de Dioclétien,


RN, 1984, p. 125-144.
7. A. Jeločnik, The Sisak hoard of Argentei of the early Tetrarchy, Ljubljana, 1961,
p. 33.
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de livre, nous sommes enclin à penser que Vargenteus de la réforme était


produit avec une tolérance pondérale que l'on peut estimer à environ 7%
par rapport à son poids théorique. Une telle marge de fiduciarité a déjà
été relevée par J.-P. Callu8. S. Bolin9 la fixait à environ 25% du poids
théorique ce qui est très excessif ainsi que le note à juste titre J.-P. Callu.
Selon G. Mickwitz10 cette marge pourrait équivaloir à 11,91% (7,94% à
l'est et 13,08% à l'ouest, y compris Siscia). Ces derniers chiffres, précis à
l'extrême, méritent d'être vérifiés et comparés grâce à une étude métrolo-
gique portant sur de très nombreuses monnaies en bon état et provenant
des divers ateliers, à l'image de ce que A. Jeločnik a pu réaliser en ce qui
concerne les premières émissions de Siscia, Ticinum et Rome. Nous nous
réservons donc de revenir généralement sur ce qui précède, de tels écarts
de poids n'étant pas régulièrement de mise, semble-t-il, dans toutes les
émissions de chaque atelier en service après 294.
Les axes des coins de 34 pièces sur 35 ont pu être relevés. Ils se
répartissent de la manière suivante. Vingt-sept sont orientés à 12 h, un à 11 h,
un à 1 h, et cinq à 6 h. Cette majorité d'axes à 12 h s'observe également
sur les exemplaires de la dernière émission de Thessalonique qui précède
la fermeture de cet atelier et le transfert de tout ou partie de son
personnel à Serdica.
Le style des monnaies est, comme à Thessalonique, très soigné et les
flans sont réguliers. Aucune erreur de graphie n'est à signaler. Dans un
cas toutefois (n° 19) la lettre M et celle de l'officine В ont été poinçonnées
à l'envers dans la signature. Un semblable exemple a pu être observé,
toujours à Thessalonique, dans l'émission T-S-A--A. Un argenteus de Dio-
clétien de cet atelier, conservé à l'ANS, montre en effet un A poinçonné à
l'envers dans la signature11.
Les césures des légendes d'avers sont les suivantes :
1. Dioclétien. 4. Galère.
-DIOCLET-IANVSAVG -MAXIMI-ANVSNOBC
-DIOCLETI-ANVSAVG -MAXIMIA-NVSNOBC
- DNDIOCLET-IANOBSAVG - MAXIMI-ANVSAVG
2. Maximien. -MAXIMIA-NVSAVG
-MAXIMI-ANVSAVG 5. Sévère.
-MAXIMIA-NVSAVG -SEVERV-SNOBC
3. Constance. -SEVER-VSAVG
-CONSTAN-TIVSNOBC 6. Maximin Daïa.
-CONSTAN-TIVSAVG -MAXIMIN-VSNOBC

8. J.-P. Callu, op. cit., p. 357.


9. S. Bolin, State and currency in the Roman Empire to 300 A.D., Stockholm, 1958.
10. G. Mickwitz, Die System des rômischen Silbergeldes im 4. Jhdt n. Chr., Helsing-
fors, 1933, p. 42-51.
11. Cf. pi. XI, A.
ARGENTEI DE SERDICA 101
S'agissant de la première tétrarchie, les mêmes césures figurent déjà à
l'avers des argentei de Thessalonique appartenant à la seconde série de
l'émission précitée.
Pour ce qui est des revers, et en exceptant Yargenteus de Dioclétien
(n° 16), tous les exemplaires présentent le type VIRTVS-MILITVM avec une
porte de camp à trois tourelles sans battants.
Les liaisons de coins relevées sont peu nombreuses et ne s'observent
qu'au cours de la première émission. Elles révèlent tout d'abord
l'utilisation d'un même coin d'avers pour Dioclétien (nos 1 et 9a) dans les officines
A et A. Un coin de revers est en outre associé à deux avers différents du
même empereur dans l'officine A (nos9a et 9b). Deux pièces des césars
Constance et Galère (nos 2 et 3) sont enfin liées par le revers dans l'officine
A. Ce nombre très restreint de liaisons pourrait indiquer, ce qui est très
vraisemblable, que la production d'argentei fut d'une réelle ampleur à
Serdica et que seuls quelques fragments de ce monnayage nous sont
parvenus jusqu'à présent. L'absence de tout matériel provenant de
trouvail es ne permet pas, hélas, d'étayer davantage cette hypothèse. Rappelons
toutefois qu'avant la découverte du dépôt de Sisak, qui a fourni en
particulier 533 argentei de Siscia et 333 de Ticinum, quelques dizaines
d'exemplaires seulement avaient été recensés pour les émissions correspondantes
de ces deux ateliers. Un autre argument en faveur d'une large production
peut être déduit du nombre de graveurs opérant simultanément et qui
semble, en l'occurrence, élevé. On notera cepandant, au cours de la
première émission, des coins d'avers de Dioclétien (n° 1) et de Maximien
(n° 12) provenant certainement de la même main et qui sont utilisés dans
des officines différentes. Un autre artiste exécute sans doute les effigies
de Galère, césar, puis auguste (nosllb et 19). L'auteur des portraits de
Maximin Daïa (nos 20 et 27) pourrait enfin être un seul et même graveur.
Les types de rubans à l'avers des monnaies sont de trois sortes.
Type 1 vč^ (3 exemplaires).
Type 2 /(!$■ (31 exemplaires).
Type 3 jft (1 exemplaire).
La règle semble être le type 2. Deux exceptions au cours de la première
tétrarchie montrent toutefois le type 1 (nos 14 et 15) ainsi qu'un argenteus
de Galère auguste, après mai 305 (n°28). Le type 3 correspond enfin à un
buste spécial de Dioclétien. L'étude d'un certain nombre de nummi de
Serdica nous enseigne qu'en matière de rubans, le type 2 est seul présent
jusqu'à la première réduction. De même, le type 3 figure sur tous les
l/32e et les aurei de Dioclétien et de Maximien frappés après l'abdication.
*
* *

Le monnayage d'argent de l'atelier peut être divisé, nous l'avons vu, en


deux émissions consécutives. La première s'étend de 304 à 305 et la
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seconde de 305 à 307. Nous distinguons dans la première émission deux


séries, en fonction des types de rubans utilisés à l'avers des monnaies
(type 2 puis type 1). La seconde émission comporte, quant à elle, deux
parties, de mai 305 à juillet 306, puis de cette date jusqu'au printemps
307. Deux séries peuvent être distinguées dans la première partie,
toujours selon les types de rubans à l'avers des argentei. La seconde partie de
l'émission est réduite à ce stade, à un seul et unique exemplaire de Sévère
auguste. Il convient de noter qu'au cours de la dernière émission
produite à Thessalonique, deux séries successives différenciées par les types
de rubans ont pu être identifiées. L'utilisation de telles marques distinc-
tives coincide d'ailleurs avec l'accroissement du nombre d'officines, alors
porté de trois à quatre. Toujours à Thessalonique, les nummi de la
réforme sont tout d'abord produits dans deux officines, A et B, puis dans
trois, Г, A, €. Aucune explication satisfaisante n'a jusqu'à présent été
fournie au sujet de cette modification des structures de l'atelier. A l'issue
du transfert à Serdica le nombre d'officines sera porté à cinq pour l'argent
et le bronze argenté dans le nouvel atelier.

Première émission (304/mai 305).

La répartition entre les cinq officines des exemplaires étudiés est


équilibrée. Sur un total de 17 monnaies, 3 proviennent de l'officine A; 4 de
l'officine В (2 avec rubans de type 2 et 2 avec rubans de type 1) ; 3 de
l'officine Г; 5 de l'officine A; enfin 2 de l'officine €. La distribution entre
les empereurs (Dioclétien 7 ; Maximien 3 ; Constance césar 2 ; Galère césar
5) indique une prédominance des monnaies frappées pour les Joviens, au
nombre de douze, par rapport à celles produites pour les Herculéens, cinq
seulement au total. La première série (rubans de type 2) compte 15
argentei, toutes les officines étant représentées, contre 2 pour la seconde
série (rubans de type 1) provenant de la seule officine B.
L'attribution des exemplaires portant la légende d'avers MAXIMIANVS
AVG à Maximien Hercule ou à Galère auguste a été réalisée sur la base de
critères stylistiques, seuls applicables en l'espèce. Le portrait de
Maximien Hercule étant à Serdica, comme dans de nombreux autres ateliers,
particulièrement caractéristique, les critères sont nets et les probabilités
de confusion très réduites.

Deuxième émission.

Première partie (Mai 305/ Juillet 306).


Les argentei répertoriés sont au nombre de dix-sept, parmi lesquels
figurent plusieurs monnaies inédites et d'un intérêt considérable. Il s'agit
tout d'abord d'une pièce de Dioclétien (n° 16) au type des monnaies de
l'abdication. Elle est conservée à Berlin et provient de l'officine A. Son
ARGENTEI DE SERDICA 103

apparition bouscule nos connaissances et les idées jusqu'à présent


retenues en matière de monnayage d'argent après la réforme. L'existence
d'une telle monnaie n'est pourtant pas illogique puisque Serdica
témoignait déjà de frappes parallèles en or et en bronze argenté pour Dioclétien
et Maximien. Cet argenteus s'inscrit donc parfaitement dans le cadre de la
production de l'atelier. Tant à l'avers qu'au revers, ses légendes
reprennent celles des aurei du même type déjà publiés 12. L'abréviation BS pour
Beatissimo senioři est en effet la même que celle utilisée pour Maximien
sur un aureus de la collection du Cabinet des Médailles de Paris13. La
forme parallèle FS pour Felicissimo senioři apparaît sur un autre aureus
d'Oxford au nom de Dioclétien14. L'utilisation faite dans les deux cas
d'un point séparatif pour marquer, au revers de ces aurei, comme de
Y argenteus de Berlin, l'abréviation de la légende PROVIDDEORVMQ-
VIESAVGG, n'est pas moins significative. L'indication d'une officine de
production souligne également le caractère régulier de cette monnaie.
Comme dans le cas des nummi correspondants frappés pour l'abdication,
cette marque d'officine est placée dans le champ du revers entre les deux
figures 15. Sur l'or aucune marque d'officine ne figure et le seul chiffre £,
indiquant la taille au l/60e, est présent au revers à la même place. Cet
argenteus confirme en outre le caractère systématique de la production de
l'atelier dans les trois métaux à partir de 305. Sa facture, en dépit de son
poids assez faible (2,41 g.) qui s'explique par l'absence d'un fragment
important de l'exemplaire, montre bien que nous sommes en présence
d'une monnaie taillée au l/96e. Comme celle d'un monnayage d'argent
pour l'atelier de Lyon 16, la découverte de cette pièce souligne clairement
combien le matériel dont nous disposons est lacunaire. On ne peut donc,
de ce fait, exclure la frappe ďargentei comparables pour Maximien. Plus
généralement, nous constatons enfin que le monnayage d'argent de la
deuxième tétrarchie est encore très peu connu. En nous fondant sur les
résultats de nos recherches en cours nous sommes toutefois en mesure
d'avancer que des argentei ont été également produits à Siscia et à An-
tioche'
pour les augustes Constance et Galère et pour Maximin Daïa césar.
Non moins important est Vargenteus de Sévère césar de la collection de
Leningrad qui s'inscrit, à l'identique, dans le cadre de la première partie
de la seconde émission. Le coin d'avers de cette pièce est certainement dû
au même graveur que celui d'un aureus d'Oxford 17. L'existence d'une

12. RIC, p. 487 et 494.


13. BN, 5,12 g; 12 h, pi. XI, B.
14. Oxford, 5,30 g; 6 h, pi. XI, С
15. Cf. nummi E, F, G, H, pi. XI.
16. G. Gautier, Un monnayage d'argent de l'atelier de Lyon après la réforme de
Dioclétien, BSFN, 1988, p. 477-480.
17. Oxford, 5,34 g; 12 h, pi. XI, D.
104 GEORGES GAUTIER

telle monnaie pouvait être raisonnablement envisagée dès lors qu'une


frappe semblable pour Sévère auguste était déjà connue (n°29).
Exception faite de l'argenteus de Dioclétien senior dont les rubans du
buste à l'avers sont de type 3, la première partie de l'émission comporte
16 exemplaires avec rubans de type 2 dont nous faisons une première
série et un seul avec rubans de type 1, unique témoin pour l'heure d'une
seconde série (n°28). La répartition entre les deux parties de l'émission
des argentei de Galère et de ceux de Maximin Daïa césar est impossible à
opérer. Toutes les monnaies de ces deux corégents ont donc été placées,
par commodité, dans la première partie de l'émission.
Les dix-sept exemplaires catalogués dans la première partie sont
distribués entre les officines de la manière suivante : 2 pour l'officine A ; 4 pour
l'officine В ; 6 pour l'officine Г ; 5 pour l'officine A. On notera, sans en
tirer de conclusion, que l'officine € n'est pas pour l'heure attestée. A cet
égard, l'argenteus cité par C. H. V. Sutherland (RIC VI, p. 494, lib)
comme étant à Vienne et attribué à Galère, n'existe pas. Une telle
mention résulte sans aucun doute d'une confusion avec la pièce de Maximien
Hercule (n° 12) provenant de l'officine €. Le bronze argenté continue
pour sa part d'être produit dans les cinq officines 18. Le nombre
d'exemplaires pour Galère auguste s'élève à 10, contre 3 pour Constance, 2 pour
Maximin Daïa césar, 1 pour Sévère césar et enfin 1 pour Dioclétien
senior. Le nombre des monnaies de Galère s'explique sans doute par le
fait que Serdica est au centre de la partie de l'empire directement
contrôlée par le nouveau chef de la lignée jovienne.

Deuxième partie (Juillet 306/Printemps 307).


Cette partie de l'émission correspond à la mise en place de la troisième
tétrarchie après la mort de Constance Chlore. Seul Yargenteus de Sévère
auguste conservé à Londres y figure pour l'officine A (n° 29). En
comparant les exemplaires de la seconde émission avec le monnayage d'or et le
bronze argenté de l'atelier pour la même période, on peut très
logiquement envisager l'existence, après juillet 306, à Serdica, de frappes en
argent au nom de Constantin césar19 qui compléteraient celles que nous
connaissons pour Galère, Sévère et Maximin Daïa.
*
* *

Ouvert en 304, l'atelier de Serdica produit jusqu'en 307 sans


discontinuer des argentei taillés au l/96e de livre parmi lesquels se trouve une
frappe exceptionnelle pour Dioclétien après son abdication. Il constitue
en outre l'unique témoignage d'un atelier central qui, sous le contrôle de

18. RIC, VI, p. 488 et 495.


19. RIC, VI, p. 488-489 et 496-497.
ARGENTEI DE SERDICA 105

Galère, s'efforce de poursuivre avec rigueur, après mai 305 et jusqu'en


307, la mise en œuvre du système monétaire de la réforme dans toutes ses
espèces et sous ses différentes formes, alors même que l'édifice tétrar-
chique, tel qu'il était conçu à l'origine, s'apparente de plus en plus à une
fiction. Lorsqu'on mesure enfin, en fonction du matériel actuellement
disponible, le caractère somme toute négligeable de la production ďargen-
tei au cours des dernières années de la première tétrarchie, puis surtout
après mai 305, dans l'ensemble des autres ateliers en service, la valeur
d'exemple et sans doute l'aspect hautement symbolique du monnayage
correspondant à Serdica, méritent d'être soulignés 20. Une trouvaille qui
contiendrait de nombreux argentei de Serdica nous en apprendrait
beaucoup à ce sujet. Formulons le vœu de voir se produire bientôt une telle
aubaine et acceptons-en d'ores et déjà l'augure.

CATALOGUE

Première émission : (304-Mai 305).


Cinq officines: «SM«SDA», В, Г, A, €.
Avers : Les bustes sont sans exception laurés à droite.
Revers : Porte de camp à trois tourelles sans battants.
Première série : Rubans de type 2.
Officine A
1 A/ DIOCLETI-ANVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM'SDA- 2,99g; 12 h RIC, la (un exemplaire, Hirsch
16/5/1912 n° 1856, non retrouvé)
Budapest.
2 A/ CONSTAN-TIVSNOBC
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM'SDA* 2,91g; 12 h RIC, 2a (cet exemplaire cité)
Pink p. 30
Mouchmov n°921a
Cohen 320 (M. Rollin).
Vienne 39993 (ex Voetter).

20. Nous tenons à remercier ici tous ceux qui nous ont apporté leur aide dans cette
recherche en nous fournissant la documentation nécessaire ou en nous prodiguant leurs
conseils.
106 GEORGES GAUTIER

3 A/ MAXIMIA-NVSNOBC
R/ VIRTVS-MILITVM
même coin que le n° 2 (Constance)
•SM'SDA» Poids et axe RIC, 2b (cet exemplaire cité)
inconnus
Vente Hamburger, 19/10/1925; n° 1680.

Officine В
4 A/ DIOCLETI-ANVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM-SDB* 3,12g; 12 h RIC, la (cet exemplaire cité)
Vienne 37914 (ex Herzfelder).
5 A/ MAXIMIA-NVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM-SDB* 3,13g; 12 h RIC, 2b cite un exemplaire à
Vienne. Il s'agit de la pièce de
Galère auguste n° 19.
Rudapest.
Officine Г
6 A/ DIOCLET-IANVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM-SDr- 3,48g; 6h RIC —
Cohen 520 (M. Gnecchi)
Rome (Gnecchi).
7 A/ DIOCLETI-ANVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM'SDf* 3,07 g; 6 h RIC —
Munich (cf. Munchener Jahrbuch, 1973, 261, 22).
8 A/ CONSTAN-TIVSNOBC
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM«SDI~« 3,01g; 12 h RIC —
Milan (Laf franchi 20284). Cet argenteus pourrait être celui qui
figurait dans la vente A. Hess, avril 1913, n° 1912.

Officine A
9 A/ DIOCLETI-ANVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM'SDA* RIC la
a) Vienne (trouvé à Carnuntum).
3,30g; 12 h RIC la (cet exemplaire cité)
même coin d'avers que le n° 1.
même coin de revers que le n° 9b.
b) Londres 3,39 g; 12 h
même coin de revers que le n° 9a.
10 A/ MAXIMIA-NVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM'SDA* 3,17g; 12h RIC —
Dusseldorf (ex Vente Hirsch 63, 1969, n° 2907).
ARGENTEI DE SERDICA 107

11 A/ MAXIMIA-NVSNOBC
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM»SDA« RIC —
a) Coll. privée 3,08 g ; 6 h
b) Washington 3,07 g; 12 h
Officine €
12 A/ MAXIMI-ANVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM«SD€' 3,14g; 12 h RIC, lb (cet exemplaire cité)
Mouchmov n° 909, pi. XI
Vienne 37886 (ex Herzf elder).
13 A/ MAXIMI-ANVSNOBC
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM'SD€' 2,91g; 6 h RIC, 2b (cet exemplaire cité)
Mouchmov n° 911
Vienne 39020 (ex Voetter).
Deuxième série: Rubans de type 1.
Officine В
14 A/ DIOCLETI-ANVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM-SDB' 3,37g; 12h RIC —
Coll. privée.
15 A/ MAXIMIA-NVSNOBC
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM'SDB» 2,97 g ; 12 h RIC, 2b (cet exemplaire cité)
Mouchmov n° 906, pi. X.
Vienne 39021 (ex Voetter).

Deuxième émission : (Mai 305-307).


Cinq officines: «SM-SDA*, В, Г, A, €.
Avers: Les bustes sont, sauf exception laurés à droite.
Revers: Sauf exception, porte de camp à trois tourelles sans battants.
Première partie : (Mai 305-Juillet 306).
Première série: Rubans de type 2 et 3.
Officine A
16 A/ DNDIOCLET-IANOBSAVG Rubans de type 3
R/ PROVID-DEORVMQVIESAVGG

Berlin.
108 GEORGES GAUTIER

17 A/ CONSTAN-TIVSAVG Rubans de type 2


R/ VIRTVS-MILITVM
•SM-SDA- 3,33g; 12 h RIC — (Le n° lia, cité d'après
Vienne, se réfère en fait à un
exemplaire de l'officine Д).
Berlin (ex Dressel).
Officine В
18 A/ MAXIMIA-NVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM-SDB- 3,23g; 12h RIC —
Coll. privée.
19 A/ MAXIMIA-NVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SW-SDa- 3,01g; 12h RIC, lib (cet exemplaire mal lu).
Vienne 37884 (ex Herzfelder).
20 A/ MAXIMIN-VSNOBC
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM-SDB- 2,56g; 12 h RIC —
Mouchmov 971 (cet exemplaire).
Vienne 25099.
Officine Г
21 A/ CONSTAN-TIVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM-SDr- 3,14g; 12h RIC —
Munich.
22 A/ MAXIMIA-NVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM-SDr- 3,09g ; 12h RIC, lib
Budapest.
23 A/ MAXIMI-ANVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM-SDr- RIC, lib
a) Londres (de Salis) 3,38 g; 12 h.
b)Forli (Piancastelli 469) 3,43 g; 12 h.
c) Vienne 37885 (ex Herzfelder). Mouchmov, 907 (cet
exemplaire).
24 A/ SEVERV-SNOBC
R/ VIRTVS-MILITVM
•S[M-S]Dr- 3,12g; 12hRIC —
Leningrad.
Officine A
25 A/ CONSTAN-TIVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM-SDA- 3,39 g; 12 h RIC — (cf. n° 17 supra)
Mouchmov 922, pi. XI
Vienne 38993 (ex Voetter).
ARGENTEI DE SERDICA 109

26 A/ MAXIMI-ANVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM«SDA« RIC, lib
a) Londres (Webb) 3,30 g ; 12 h
Pink, p. 30, cite cet exemplaire qu'il attribue à Maximien
Hercule.
b) Coll. privée 3,03 g ; 12 h
c) Sofia 2354
Mouchmov 908, cite cet exemplaire qu'il attribue à Maximien
Hercule.
27 A/ MAXIMIN-VSNOBC
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM'SDA' 3,07 g; lh RIC, 22 (cet exemplaire)
Mouchmov 972, pi. XI (cet
exemplaire).
Vienne 25098.
Deuxième série: Rubans de type 1.
Officine В
28 A/ MAXIMIA-NVSAVG
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM'SDB* 3,11g; 11 h RIC, lib (cet exemplaire).
Mouchmov 910 (cet exemplaire).
Vienne 37886 (ex Herzfelder).
Deuxième partie : (Juillet 306/Printemps 307).
Officine A
29 A/ SEVER-VSAVG Rubans de type 2.
R/ VIRTVS-MILITVM
•SM'SDA' 3,16g; 12 h RIC, 21 (cet exemplaire).
Mouchmov 962 (cet exemplaire).
Londres (ex Glendining 20/11/1969, n° 351; ex Schulman
5/3/1923, n° 2602 (Vierordt); ex Hirsch 10/5/1909, n° 2537
(Weber).
по GEORGES GAUTIER
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ARGENTEI DE SERDICA 111

Note Additionnelle

Le présent article était à l'impression lorsque l'existence de deux nouveaux argentei


de Serdica conservés au Musée National à Belgrade et provenant de la collection Wei-
fert a été portée à notre connaissance. Le premier est une pièce de Galère césar (Wei-
fert 5634; 3,21 g. ; 12 h) provenant de l'officine A avec rubans de type 2. Cette
monnaie, dont un seul autre exemplaire était jusqu'à présent connu, prend place sous le
№ 3 b dans le catalogue. Le second argenteus, de Galère auguste (Weif ert 5640 ; 3,29 g. ;
12 h) également de l'officine A avec rubans de type 2, nous fournit une variante
supplémentaire qui reçoit le № 17 bis. Jusqu'à présent l'officine A n'était en effet attestée
que pour Dioclétien senior et Constance auguste, dans la première partie de la seconde
émission.

3b 17bis
Les deux nouvelles pièces n'offrent aucune liaison de coin avec les autres argentei
figurant au catalogue. Sur le plan de la métrologie, notons qu'il s'agit de deux
monnaies de bonne conservation et que leurs poids ne modifient aucunement les conclusions
tirées ci-dessus dans le domaine considéré.

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