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Crédits
Recherche et rédaction : Julie Brodeur
Recherche et rédaction antérieures, extraits des guides Ulysse Acapulco, Cancún et la Riviera Maya,
Guadalajara, Huatulco et Puerto Escondido, Los Cabos et La Paz et de Comprendre le Mexique : Anne
Bécel, Marc Berger, Estaban Cardena, Pierre Daigle, Denis Faubert, Olivier Gougeon, Stéphane Guimont-Marceau,
Olivier Jacques, Sarah Kresh, Claude-Victor Langlois, Judith Lefebvre, Alain Legault, Laila Maalouf, Marc Rigole,
Françoise Roy, Alain Théroux, Caroline Vien
Éditeur : Daniel Desjardins
Correcteur : Pierre Daveluy
Adjointe à l’édition : Annie Gilbert
Infographistes : Pascal Biet, Judy Tan, Philippe Thomas
Photographies des pages couverture : Première de couverture, La Catedral Metropolitana, sur le zócalo à México
: © iStockphoto.com/bpperry ; Quatrième de couverture, Le site archéologique d’Uxmal : © iStockphoto.com/hanoded
; Guanajuato : © Marc Rigole ; La plage d’Akumal, sur la Riviera Maya : © iStockphoto.com/shalamov ; Le Ferrocaril
Chihuahua al Pacífico : © iStockphoto.com/Holger Mette
Photographies de la page de titre : Une rue de Guanajuato : © Marc Rigole ; Des gratte-ciel modernes à México :
© iStockphoto.com/abalcazar ; Des sombreros : © iStockphoto.com/nayuco ; Un bas-relief de Palenque : ©
iStockphoto.com/Alexandra Draghici
Cet ouvrage a été réalisé sous la direction de Claude Morneau.

Remerciements

Guides de voyage Ulysse tient également à remercier le gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt
pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Guides de voyage Ulysse est membre de l’Association nationale des éditeurs de livres.

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interdites sous peine de poursuite judiciaire.
© Guides de voyage Ulysse inc.
Tous droits réservés
ISBN 978-2-76582-684-2 (version numérique ePub)
Le meilleur du Mexique
Pour admirer les plus beaux vestiges
précolombiens
Maya
Chichén Itzá est l’un des sites archéologiques les mieux restaurés et les plus
importants au pays par le nombre et la qualité de ses structures, temples et palais
Cliquez ici
Entourée d’une jungle luxuriante, magnifiquement conservée, Palenque abrite les
vestiges parmi les plus éloquents laissés par la civilisation maya à l’époque
classique Cliquez ici
Érigé sur une falaise surplombant la mer turquoise, Tulum dévoile de belles
structures, de magnifiques paysages et un lieu idyllique propice à la baignade
Cliquez ici
Le site d’Uxmal, paisible et agréable, est entouré de forêts et présente une
architecture de style Puuc saisissante Cliquez ici
Aztèque
Au cœur du centre historique de México, le Templo Mayor fut le plus grand
temple de la capitale aztèque de Tenochtitlán et dévoile ses impressionnants
vestiges et artéfacts Cliquez ici
Unique en son genre, le fascinant centre cérémoniel aztèque de Cuauhtinchan
abrite un temple sculpté à même la falaise Cliquez ici
Teotihuacán
L’une des plus grandes cités de l’Amérique préhispanique, Teotihuacán
impressionne par l’ampleur de ses dimensions et ses temples massifs Cliquez ici
Toltèque
Ancien cœur commercial, politique et religieux de la civilisation toltèque, Tula est
considéré comme l’un des plus importants empires mésoaméricains Cliquez ici
Olmèque
Cholula est doté d’un site «surnaturel» où la pyramide, dédiée au dieu olmèque de
la pluie, est littéralement dominée par une église Cliquez ici
Le Museo de Antropología de Xalapa abrite l’une des plus impressionnantes
collections d’artéfacts et d’éléments architecturaux provenant de sites
archéologiques précolombiens, dont plusieurs têtes colossales olmèques Cliquez
ici
Zapotèque
Les spectaculaires ruines de Monte Albán, véritable carrefour des civilisations
préhispaniques, sont juchées au sommet d’une montagne nivelée par l’homme
Cliquez ici

Pour arpenter les plus jolies villes coloniales


Cholula est perchée à plus de 2 000 m d’altitude, avec pour toile de fond le
majestueux volcan Popocatepelt Cliquez ici
Agréable malgré son étendue, Guadalajara recèle des bâtiments coloniaux parmi
les plus beaux du Mexique Cliquez ici
Installée au cœur d’une vallée splendide, avec d’incroyables dénivelés qui en font
une ville à étages, Guanajuato bénéficie d’une ambiance détendue et d’une scène
culturelle vibrante, et se révèle ainsi l’une des villes les plus agréables du
Mexique Cliquez ici
Le centre historique de Mérida, capitale étatique et culturelle du Yucatán, est l’un
des plus importants du pays Cliquez ici
Éblouissante capitale de l’État du Michoacán, Morelia affiche une richesse
architecturale étonnante qui se caractérise par l’utilisation d’une pierre rosée
Cliquez ici
La magnifique ville d’Oaxaca, dynamique, culturelle et gastronomique, a de quoi
ravir les voyageurs Cliquez ici
Splendide ville cosmopolite près des plus hauts volcans au pays, Puebla se
démarque par ses bâtiments ornés d’azulejos colorés Cliquez ici
Comptant une forte population autochtone, la charmante et décontractée San
Cristóbal de las Casas se laisse explorer à pied Cliquez ici
San Miguel de Allende bénéficie d’un climat printanier, d’une scène culturelle
active, d’excellentes tables et d’une ambiance détendue Cliquez ici
Le centre historique de la dynamique et sécuritaire Santiago de Querétaro
présente une architecture d’une impressionnante richesse Cliquez ici
Dans un environnement splendide, les rues paisibles bordées de bâtiments
coloniaux de Zacatecas se parcourent aisément à pied Cliquez ici
En plus de sa richesse architecturale, Pátzcuaro, qui a également été une capitale
purhépecha, possède toujours un caractère autochtone palpable et bénéficie d’une
situation enviable, tout près du Lago de Pátzcuaro Cliquez ici
Ville coloniale fort attrayante, littéralement accrochée à flanc de montagne, Taxco
dévoile un environnement d’une saisissante beauté que l’on peut embrasser du
regard à bord d’un téléphérique Cliquez ici

Pour choisir les plages les plus remarquables


Playa del Amor : pour son sable blanc, sa situation à couper le souffle, entre les
rochers du Finisterra à Los Cabos Cliquez ici
Bahía Maguey : pour son ambiance détendue et ses nombreux services Cliquez
ici
Playa San Agustinillo : pour la beauté saisissante des lieux et les balades Cliquez
ici
Playa La Ropa : pour la baignade, le charme et l’ambiance familiale le long de la
baie de Zihuatanejo Cliquez ici
Playa Mermejita : pour son côté sauvage, la promenade, les bains de soleil et
pour apercevoir des baleines et des dauphins Cliquez ici
Parque Nacional Islas Marietas/ Playa del Amor : pour la découverte de la
magnifique et mystérieuse « plage cachée » Cliquez ici
Sayulita : pour son cadre chaleureux de village de pêcheurs, les nombreux
services, la baignade et le surf Cliquez ici
Playa Delfines : pour son sable fin, son étendue et sa situation avantageuse dans la
zone hôtelière de Cancún Cliquez ici
Playa Norte : pour son sable blanc et doux, bordé par des eaux turquoise calmes
Cliquez ici
Playa del Carmen : pour sa beauté, ses clubs de plage et son animation
perpétuelle Cliquez ici
Tulum : pour la plage paradisiaque de la zone archéologique et l’ambiance
bohème de la zona hotelera Cliquez ici

Pour vivre des expériences uniques


Traverser les Barrancas del Cobre le long du chemin de fer panoramique qu’est
le Ferrocaril Chihuahua al Pacífico, aussi appelé El Chepe Cliquez ici
Nager avec les requins-baleines, ces immenses poissons inoffensifs, dans la
Bahía de los Ángeles ou près de l’Isla Holbox Cliquez ici
Prendre part à une excursion d’observation des baleines grises dans la Laguna
Ojo de Liebre, au cours laquelle il est parfois possible de toucher les baleines,
qui sont de nature curieuse et sociable Cliquez ici
Encourager votre luchador favori lors d’une partie de lucha libre à México
Cliquez ici
Naviguer sur le Río Grijalva, entre les parois vertigineuses et verdoyantes du
célèbre Cañón del Sumidero Cliquez ici
Se joindre à la foule en liesse au cours du carnaval de Veracruz, l’un des plus
courus au pays Cliquez ici
Commander une délicieuse création culinaire au comptoir le plus achalandé du
Mercado Coyoacán, à México Cliquez ici
Observer les tortues au Santuario de la Tortuga Marina Xcacel/Xcacelito,
considéré comme le lieu de nidification de tortues marines le plus important du
Mexique Cliquez ici
Visiter le Santuario Mariposa Monarca El Rosario ou la Reserva de la Biosfera
Mariposa Monarca, impressionnants sites d’hivernage de millions de papillons
monarques Cliquez ici
Découvrir les vestiges mayas de Palenque avec, pour toile de fond, la jungle
peuplée de singes hurleurs enthousiastes Cliquez ici

Pour explorer les plus beaux cenotes


Río Secreto est un formidable parcours guidé de cenotes qui emprunte les dédales
de ces grottes sous-marines Cliquez ici
Kantun Chi abrite quatre cenotes propices à la baignade, des sentiers dans la
jungle et un parcours dans une rivière souterraine formée par deux cenotes Cliquez
ici
L’entreprise Hidden Worlds propose des sorties au Cenote Takbelum, qui figure
parmi les plus beaux cenotes où l’on peut faire de la plongée-tuba Cliquez ici
Surtout réputé pour la plongée sous-marine, le splendide Cenote Dos Ojos se
laisse aussi découvrir en plongée-tuba ou simplement par une baignade
rafraîchissante Cliquez ici
Calme et peu fréquenté, le Cenote Sac Actún est l’un des cenotes les plus
appréciés des visiteurs et des plongeurs. Sous les stalactites, ses cavernes abritent
une eau limpide Cliquez ici

Pour plonger dans les meilleurs sites


Plongée-tuba
Protégés et relativement peu fréquentés, les récifs coralliens au large de Puerto
Morelos foisonnent de vie Cliquez ici
Paamul bénéficie de sa sérénité et de la proximité des formations coralliennes,
accessibles en quelques battements de palmes Cliquez ici
La Laguna Yal-Ku, où se mêlent eaux douce et salée, grouille de vie et est idéale
pour initier les enfants Cliquez ici
Mer limpide, tortues, raies et proximité des récifs expliquent la popularité
croissante de la Bahía de Media Luna d’Akumal Cliquez ici
À Xel-Há, cinq rivières souterraines se rejoignent pour se jeter dans la mer. Si la
visibilité est parfois réduite en raison du mélange des eaux salée et douce, les
poissons, eux, sont au rendez-vous Cliquez ici
Sur l’Isla Mujeres, le Club de Playa Garrafón de Castilla est un petit site
agréable, sécuritaire et idéal pour la famille Cliquez ici
Le Parque Chankanaab abrite des cavernes et tunnels creusés dans le calcaire,
passionnants à explorer Cliquez ici
La Bahía San Agustín, protégée par des rochers, abrite des eaux plutôt calmes et
poissonneuses grâce à ses récifs coralliens Cliquez ici
Playa Carrizalillo suit les contours d’une splendide petite anse aux eaux calmes et
azurées Cliquez ici
Dotée de cavernes à explorer, Playa del Amor est baignée par des eaux d’une
limpidité parfaite abritant une riche vie marine, notamment des otaries Cliquez ici
Le magnifique Parque Nacional Islas Marietas recèle des poissons tropicaux et
autres raies, dauphins et tortues marines Cliquez ici
Les sites de plongée-tuba de Playa Manzanillo (sauvage) et de Playa Las Gatas,
accessibles par bateau depuis Zihuatanejo, sont aussi propices à l’observation des
dauphins et des baleines Cliquez ici
Plongée sous-marine
Le récif de Manchones abrite le Museo Subacuatico de Arte (MUSA), dont les
étonnantes sculptures immergées abritent déjà nombre de coraux et autres animaux
marins Cliquez ici
Le récif Chankanaab, facile à atteindre depuis la plage, abrite mille et une
espèces colorées ainsi que des statues immergées Cliquez ici
Idéal pour les débutants, le récif Yucab se prête parfaitement à la photographie
sous-marine Cliquez ici
Avec ses magnifiques falaises descendants jusque dans les abîmes, le récif Santa
Rosa est un incontournable pour les plongeurs d’expérience Cliquez ici

Pour parcourir des paysages saisissants


Explorer la péninsule de Baja California, du nord au sud, pour ne rien manquer de
son environnement majestueux Cliquez ici
Entreprendre le tour de la péninsule du Yucatán pour profiter des plages bordées
d’une mer limpide, des villes coloniales accueillantes et des sites archéologiques
impressionnants Cliquez ici
Parcourir l’île de Cozumel en voiturette pour en explorer les plages et les attraits
tout en admirant de magnifiques paysages, à son rythme Cliquez ici
Traverser les Barrancas del Cobre le long du chemin de fer panoramique qu’est
le Ferrocaril Chihuahua al Pacífico, aussi appelé El Chepe Cliquez ici
Longer la côte Pacifique entre Puerto Vallarta et Zihuatanejo, où la route offre les
plus beaux panoramas entre les baies sauvages et les montagnes de la Sierra
Madre Cliquez ici

Pour s’offrir un long séjour


Les villages qui bordent la Laguna de Chapala bénéficient d’un paysage
magnifique, d’un climat parfait, d’infrastructures bien développées et d’une
importante communauté internationale qui vit en harmonie avec la population
locale Cliquez ici
Comme les vacanciers, les voyageurs au long cours et les retraités sont de plus en
plus nombreux à succomber aux charmes de la Riviera Maya, où de nombreux
établissements disponibles en location dans des villes et villages sécuritaires
donnent sur les eaux calmes et turquoise de la mer des Caraïbes Cliquez ici
L’Instituto Allende et l’Escuela de Bellas Artes attirent à San Miguel de Allende
une sympathique communauté d’artistes venus de partout dans le monde Cliquez ici
Guanajuato, Puebla, Santiago de Querétaro, Morelia, Mérida et Guadalajara
sont des villes coloniales particulièrement accueillantes, qui, à des échelles
différentes, offrent un cadre de vie des plus agréables, caractérisé par une scène
culturelle riche et une ambiance conviviale et animée
Sur la côte ouest, la destination soleil la plus prisée pour les longs séjours
demeure Puerto Vallarta, qui promet des vues à couper le souffle dans un paysage
dramatique de falaises se jetant dans l’océan, des plages splendides et tous les
services et infrastructures souhaités Cliquez ici
Près des États-Unis, la Baja California est également une destination de choix pour
les longs séjours. La région de Los Cabos réserve les panoramas les plus
impressionnants, des plages idylliques et une douceur de vie inégalée Cliquez ici
Avec sa forte population autochtone, son ambiance cosmopolite et son cadre
simple et amical, San Cristóbal de las Casas s’avère une ville fascinante et
plaisante où il fait bon poser ses pénates Cliquez ici
Le portrait
Géographie et climat
Un pays maritime
Les côtes du Mexique, uniques au monde, s’étendent sur plus de 20 000 km, l’une
baignée par l’océan Pacifique et le golfe de Californie, à l’ouest, et l’autre, par la mer
des Caraïbes et le golfe du Mexique, à l’est. Elles bénéficient d’écosystèmes différents
(couleur de l’eau et du sable, température, faune, flore….). Le récif corallien qui
s’étend du nord de la péninsule du Yucatán jusqu’au Honduras est le deuxième au
monde par sa longueur, après la Grande Barrière d’Australie.
L’océanographe Jacques Cousteau en est même venu à qualifier le golfe de Californie
d’aquarium du monde, en raison de l’éventail de vie marine qui s’y trouve. Ce golfe,
qui sépare la péninsule de Basse-Californie du Mexique continental, est surnommé «
mer de Cortés » par les Mexicains, à la mémoire du conquistador qu’ils considèrent
encore comme leur ancêtre maudit.
La côte du Pacifique, traditionnellement tournée vers l’Orient grâce à ses ports
importants, fut la première au pays à voir naître d’importantes stations balnéaires.
Montagneuse et au climat tropical semi-aride, elle regorge de plages de sable doré,
souvent bordées de falaises. La côte des Caraïbes, plus ouverte à l’influence afro-
antillaise et imprégnée de la culture maya, est baignée par une mer aux eaux turquoise,
délimitée de plages au sable blanc.
Acapulco, sur la côte Pacifique. © iStockphoto.com/Jodi Jacobson

Le Mexique urbain et sa mégapole


Le Mexique est un pays de grandes villes. Les régions métropolitaines de Tijuana, León,
Toluca, Ciudad Juárez, Torreón, Querétaro, Aguascalientes, La Laguna, Cuernavaca,
Acapulco, Tampico, San Luis Potosí, Morelia, Mexicali, Chihuahua et Mérida comptent
au moins un million d’habitants chacune. Puebla, Monterrey et Guadalajara comptent
pour leur part plusieurs millions d’habitants.
L’agglomération de México, qui compte plus de 20 millions d’habitants, se classe parmi
les plus grandes villes du monde. En plus de son centre historique des plus importants,
la vibrante capitale est ponctuée de larges avenues et de quartiers agréables, qui
regorgent de musées et dévoilent de magnifiques bâtiments coloniaux. Elle subit
néanmoins les fléaux typiques des mégapoles tels que la pollution, le trafic intense et
l’étalement urbain.

Au début du XXe siècle, près de 90% des Mexicains vivaient en zone rurale. En 1960,
les citadins deviennent majoritaires. Aujourd’hui, environ 78% des Mexicains vivent en
milieu urbain. Bien que la population autochtone habite encore surtout en zone rurale,
elle devient elle aussi de plus en plus urbaine. Ainsi, selon l’Institut national de
statistique et de géographie (INEGI), en l’an 2000 environ 12% des Mexicains parlant
une langue autochtone avaient émigré de leur communauté d’origine, généralement pour
travailler dans les villes. Ces chiffres témoignent du développement industriel, de la
croissance des grandes agglomérations et de l’exode rural qui y est lié.

Le nord
Le nord du Mexique se caractérise par un climat désertique, sauf du côté du golfe du
Mexique. Plus encore qu’une région climatique, le nord est marqué, sociologiquement et
physiquement, par la présence d’une interminable frontière avec les États-Unis. Au
nord-ouest, l’étroite Basse-Californie, plus longue péninsule au monde, s’étire sur une
distance de plus de 1 000 km. L’ossature montagneuse qui la traverse est le
prolongement de la Sierra Nevada américaine.

Le Gran Desierto de Altar, dans le nord du Mexique. © iStockphoto.com/memo06dic

Le plateau central
Le Mexique est traversé du nord au sud par deux chaînes de montagnes baptisées Sierra
Madre occidentale et Sierra Madre orientale. Entre ces deux échines se dresse un haut
plateau qu’on nomme l’Altiplano, berceau de la civilisation aztèque, dont l’altitude
oscille entre 1 000 m et 3 000 m. La plupart des grandes villes sont situées sur ces
hauteurs, jouissant d’un climat sec et plus tempéré que sur le littoral. Au Mexique,
l’altitude détermine essentiellement la température. Le pays présente d’autres systèmes
topographiques mineurs comme la chaîne californienne (Basse-Californie) et la Sierra
Madre du Sud (Oaxaca et Chiapas), où se rejoignent la Sierra Madre occidentale et la
Sierra Madre orientale.

La péninsule du Yucatán
Le Mexique, essentiellement montagneux, présente pourtant une portion de territoire
complètement plate, pratiquement au niveau de l’océan : la péninsule du Yucatán.
Contrairement à la côte ouest, la péninsule du Yucatán, terre des Mayas, abrite une vaste
plaine côtière. Divisée en trois États (Yucatán, Campeche et Quintana Roo), cette
péninsule se caractérise par son sol calcaire percé de cenotes. Partout sur la péninsule,
l’eau de surface s’écoule rapidement dans un véritable réseau souterrain de rivières et
d’étangs aux eaux fraîches et transparentes. Les Mayas considèrent encore les cenotes,
ces rivières et puits d’accès qui parsèment l’hydrographie occulte du territoire, comme
sacrés. La péninsule est baignée d’un côté par les eaux du golfe du Mexique (et la baie
de Campeche) et de l’autre par la mer des Caraïbes.
Un cenote près de Valladolid, au Yucatán.
© iStockphoto.com/JoseIgnacioSoto

C’est également au Yucatán que se trouve le cratère de Chicxulub (180 km de diamètre),


qui marque l’endroit de l’impact de l’astéroïde dont la chute, à l’époque du crétacé,
aurait causé la disparition des dinosaures.

Les différents climats


La Cordillère orientale sert de paravent aux vents humides venant du golfe du Mexique,
ce qui rend le climat beaucoup plus aride à l’ouest qu’à l’est du pays. Jouissant d’un
des plus hauts taux d’ensoleillement au monde, si l’on exclut les grands déserts, le
Mexique possède une saison sèche de neuf mois, allégée par des étés aux pluies
torrentielles mais sporadiques. Si la lumière était cotée à la Bourse, le berceau de la
tequila serait un des pays les plus riches de la planète.
Les dépressions tropicales, qui deviennent souvent des cyclones, sont fréquentes le long
des côtes (surtout le long du golfe du Mexique et de la péninsule du Yucatán), de juin à
octobre, s’intensifiant à partir du mois d’août. Classés au cinquième rang (la plus haute
intensité) de l’échelle Saffir Simpson, les ouragans Hilda et Janet en 1955, Gilbert en
1988, Wilma en 2005 et Dean en 2007 dévastèrent une partie de la Riviera Maya sur la
péninsule du Yucatán, tandis que Paulina, en 1997, ravageait la côte sud du Pacifique
mexicain.

Le Popocatépetl (au fond à droite), vu de México. © iStockphoto.com/abalcazar

Le tropique du Cancer, parallèle de 23° 26’ 15” de latitude nord, traverse la partie
septentrionale du pays et la Basse-Californie méridionale. Il sert également de division
en deux autres zones climatiques, l’une subtropicale et l’autre tropicale (humides ou
arides selon leur longitude par rapport à la Sierra Madre orientale). Au nord du
tropique du Cancer, les températures sont plus froides l’hiver, tandis qu’au sud, elles
demeurent presque constantes à longueur d’année. Elles varient considérablement en
fonction de l’altitude. Les terres chaudes comprennent les plaines côtières jusqu’aux
versants situés à moins de 900 m au-dessus du niveau de la mer. Ce sont celles du golfe
du Mexique qui sont irriguées par deux fleuves importants du pays, le Pánuco et le
Grijalva. Fleuve au plus grand débit du pays, l’Usumacinta trace la frontière avec le
Guatemala.

Le Mexique sur la ceinture de feu


Le Mexique, situé en bordure de la ceinture de feu du Pacifique, qui comprend 75% des
volcans émergés de la planète (actifs ou éteints), enregistre un haut degré d’activité
sismique. Les tremblements de terre, qui frappent surtout l’ouest, s’expliquent par la
subduction de trois plaques océaniques (dont la principale est celle de Cocos, qui longe
la côte Pacifique). Le pays compte plusieurs volcans actifs, dont le Popocatépetl et le
Volcan de Feu (volcan de Colima). Le Citlaltépetl (pic d’Orizaba), aujourd’hui inactif,
est le plus haut sommet du pays. Il culmine à 5 700 m et est couronné de neiges
éternelles.
Les tremblements de terre, bien que fréquents, font généralement peu de ravages, en
raison de la solidité des bâtiments, dont les codes de construction obéissent à de
rigoureuses normes antisismiques. Néanmoins, le 19 septembre 1985 au matin, México
fut secouée par un puissant tremblement de terre de magnitude 8,2 sur l’échelle de
Richter. On établit le bilan officiel du séisme à 10 000 décès, chiffre très conservateur,
car les bâtiments complètement détruits étaient au nombre de 30 000 (quelque 68 000
édifices ayant subi, en outre, des dommages partiels).
Plusieurs analystes considèrent que ce désastre naturel a servi de catalyseur de la
conscience sociale du pays. Face à l’ampleur du désastre, la société civile s’est
organisée, faisant preuve d’une grande solidarité, et le groupe surnommé les Topos
(Taupes) est maintenant présent à travers le monde lors des travaux de sauvetage à la
suite d’un tremblement de terre. La plupart des édifices qui se sont écroulés avaient été
bâtis par le secteur public. Les autorités gouvernementales furent soupçonnées de ne pas
avoir respecté les normes antisismiques qui régissent l’industrie mexicaine du bâtiment
dans le but de détourner des fonds.

Histoire
L’époque précolombienne
Le territoire du Mexique actuel a été découvert et habité par des groupes de chasseurs-
cueilleurs nomades ayant traversé le détroit de Béring il y a plus de 30 000 ans. La
douceur du climat et le sol volcanique en firent une terre fertile, apte à l’agriculture.
C’est ainsi que s’y développèrent des sociétés très avancées, complexes et sédentaires,
qui s’établirent tour à tour, parlant des langues différentes. Elles ont entre autres laissé
des vestiges importants comme la ville de Teotihuacán, les têtes olmèques, les
gigantesques statues de Tula, sans compter les spectaculaires pyramides mayas.
Le préclassique ancien (2500 à 1500 av. J.-C.) marque le début de la civilisation
mésoaméricaine : on assiste à l’apparition de la poterie et des premiers villages
agricoles. C’est à cette époque que commence à rayonner la civilisation maya, une des
plus anciennes du continent. Durant le préclassique moyen (XIVe siècle au IVe siècle
av. J.-C.), la culture olmèque s’étendra pour sa part à travers toute la Mésoamérique.
Les anthropologues avancent que les Olmèques seraient à l’origine du calendrier
mésoaméricain et de l’écriture en hiéroglyphes, qui plus tard sera perfectionnée par les
Mayas.

Un bas-relief maya du site archéologique de Yaxchilán. ©


iStockphoto.com/TonyBaggett

Bien que les origines de la civilisation maya remontent à la préhistoire, les premières
constructions mayas importantes datent du préclassique (1500 av. J.-C. à 250 de notre
ère). Les civilisations des basses terres (sud du Mexique et Guatemala actuels)
érigèrent des cités-États telles que Copán, Tikal et Palenque. Elles connurent leur plus
grand essor à la période classique, surtout entre les VIIe et IXe siècles de notre ère,
mais furent soudainement abandonnées entre la fin du IXe siècle et le début du XIe
siècle, pour des raisons qui demeurent nébuleuses. Parmi les hypothèses expliquant le
déclin de cette grande civilisation, notons l’épuisement des sols fragiles dû à une
densité de population trop forte, ou encore les troubles sociaux liés aux guerres entre
cités et aux incursions de guerriers mexicas (aztèques) venus du Tabasco, porte d’entrée
de la péninsule du Yucatán.
Principales civilisations de l’époque précolombienne
Quelques sites
Civilisation Chronologie
archéologiques

Yucatán :
Mayapán, Chichén Itzá,
Établissement : 2000 av. J.-C. Uxmal

Apogée : entre 300 et 900 de notre ère. Quintana Roo :


Maya Coba, Tulum, Muyil
Déclin : à partir de 1000 de notre ère jusqu’à la chute de Mayapán,
en 1450 de notre ère. Campeche : Calakmul

Chiapas : Palenque,
Yaxchilán

Établissement : 2000 av. J.-C. Tabasco : La Venta

Olmèque Apogée : entre 1200 av. J.-C. et 600 av. J.-C. Veracruz : Tres Zapotes,
Laguna de los Cerros, San
Déclin : à partir de 600 av. J.C. jusqu’à 200 av. J.-C. Lorenzo

Établissement : 1500 av. J-C.

Apogée : 950 à 1500 de notre ère.


Oaxaca : Zaachila, Monte
Mixtèque
Déclin : après la Conquête, certains Mixtèques se sont soumis aux Negro
Espagnols, d’autres ont lutté et, récemment, plusieurs ont émigré
aux États-Unis.

Établissement : 1500 av. J.-C.


Oaxaca :
Apogée : 200 av. J.-C. à 250 de notre ère.
Zapotèque Monte Albán, Mitla, San
Déclin : dès l’an 1000 de notre ère jusqu’à la mort du dernier roi José Mogote
zapotèque, en 1563.

Établissement : 300 av. J.-C.

Teotihuacán Apogée : entre 150 et 450 de notre ère. México : Teotihuacán

Déclin : dès 500 de notre ère.

Établissement : 750 de notre ère.

Toltèque Apogée : 900 de notre ère. México : Tula

Déclin : destruction de Tula en 1168.

Établissement : 1200 de notre ère, fondation de Tenochtitlán en


1325. México :
Aztèque
Tlatelolco, Templo Mayor,
(Mexica) Apogée : 1440 à 1520. Malinalco
Déclin : dès la colonisation espagnole, en 1520.

Au début de la période postclassique, qui s’étend du Xe au XVIe siècle, le centre du


Mexique est dominé par Tula, capitale des Toltèques. À Oaxaca, au XIIIe siècle, les
Mixtèques, qui ont des visées expansionnistes, se mettent à coloniser les vallées où
habitaient les Zapotèques.
En 1325, les Mexicas, mieux connus sous le nom d’Aztèques, fondèrent Tenochtitlán,
qui deviendra la capitale de l’État le plus vaste que n’eût jamais connu la
Mésoamérique. L’actuelle México fut littéralement construite sur les ruines de cette cité
fastueuse et rondement administrée qui a ébloui les Espagnols.
Bijou d’urbanisme de l’Empire aztèque, Tenochtitlán fut construite sur une île du lac
Texcoco, asséché par la suite. À l’arrivée des Européens, cette ville au découpage
symétrique possédait un système d’égouts et était sillonnée de canaux sur lesquels était
pratiquée la culture du maïs sur des chinampas (radeaux d’osier couverts de limon).
Reliée aux rives du lac par des chaussées, la ville traversée de larges artères était
divisée en quatre quartiers (campan).
Au centre était érigé le Templo Mayor, dont les ruines spectaculaires ont été excavées à
côté de l’actuelle cathédrale métropolitaine. La religion polythéiste, empreinte
d’animisme et de chamanisme, était au cœur de la civilisation aztèque. Dans cette
société, fortement hiérarchisée, chacun avait son rôle, incluant plus ou moins de pouvoir
et de noblesse (dignitaires, prêtres, guerriers, marchands, paysans). Perçus comme un
honneur, les sacrifices humains dédiés aux dieux étaient fréquents et ne se limitaient pas
aux prisonniers ou aux ennemis, mais aussi à la population de Tenochtitlán (dignitaires,
guerriers, femmes et enfants). En plus de mourir dans la gloire, les individus qui
s’offraient en sacrifice ennoblissaient leur famille.

Quetzalcóatl : du mythe au symbole collectif


La figure de Quetzalcóatl, le serpent à plumes, est au cœur de l’histoire du
Mexique. Le nom de cette déité vient de quetzal (un oiseau très coloré à longue
queue de la région maya) et coatl (serpent). Le mythe raconte qu’à l’époque de la
création du monde, ce dieu s’est incarné pour montrer aux hommes à bien
gouverner et leur a fait don, entre autres, du maïs, du calendrier et des livres. Dieu
des sciences et de la sagesse, patron de l’aube, des marchands et des métiers, il est
présent, toujours sous des traits similaires, dans toutes les grandes cultures
mésoaméricaines. Il était vénéré tant des Toltèques, dont la civilisation date d’un
millénaire avant Jésus-Christ, que des Aztèques, qui ont jeté les bases de leur
domination quelque 2 200 ans plus tard. La légende parle d’une descente aux enfers
par laquelle Quetzalcóatl aurait assuré le salut de l’humanité détruite. Les experts
ne s’entendent pas sur la véracité historique de cette croyance, mais l’idée a
longtemps circulé que Moctezuma croyait que Cortés était une manifestation de
Quetzalcóatl. C’est pourquoi son empire aurait été détruit si facilement par les
conquistadors. L’écrivain mexicain Carlos Fuentes a comparé cette divinité
essentielle, à cause de son rôle civilisateur, à Prométhée, Moïse et Ulysse de
l’Odyssée.

Tête de Quetzalcóatl à Chichén Itzá. © iStockphoto.com/msymons


Au moment de la Conquête, on trouvait à Tenochtitlán des marchés spécialisés, des
latrines publiques, des aqueducs et de nombreux temazcallis (aussi nommés
temaccallis ou temazcales), un bain de vapeur traditionnel.
Prélevant de nombreux tributs et impôts (en denrées de toutes sortes ainsi qu’en vies
humaines, destinées aux sacrifices) à travers leur empire, les Aztèques se firent de
nombreux ennemis. Ces peuples, lassés de la domination aztèque, ont joué un rôle
essentiel dans la Conquête qui permit la naissance de la Nouvelle-Espagne.

La Conquête : la chute de Tenochtitlán


En 1519, l’Espagnol Ferdinand (Hernán) Cortés part de Cuba pour débarquer d’abord à
Cozumel, une île au large de la péninsule du Yucatán. Ensuite, il pénètre dans la baie de
Campeche, où il débarque à Tabasco puis à Veracruz. Les indigènes qui virent le long
de la côte son contingent, formé notamment de chevaux et de centaines de soldats, se
demandaient quelle était cette créature étrange, au corps humain, mais dotée d’une tête
et de pattes ressemblant à celles des cervidés, et si les deux parties ne faisaient qu’une.
Les conquistadors, profitant de l’épouvante des autochtones et des griefs des tribus
soumises aux Aztèques qui habitaient le Mexique central, conclurent vite des alliances.
Les Tlaxcaltèques, ennemis jurés de Tenochtitlán, chef-lieu de l’Empire aztèque, furent
de fidèles alliés.
Cortés rencontra aussi une esclave autochtone qui facilitera son entrée à Tenochtitlán. Il
doit en grande partie sa victoire au Nouveau Monde à Malintzin, alias La Malinche, qui
sera son interprète (tant pour la langue que pour les mœurs mayas et aztèques) et sa
maîtresse. Elle lui donna un fils, Don Martín Cortés, reconnu comme le premier Métis
du Mexique.
L’empereur qui régnait à l’arrivée de Cortés, Moctezuma (aussi nommé Montezuma),
était un homme raffiné, respecté de son peuple. Il essaya, par l’intermédiaire de ses
émissaires, de décourager les Espagnols, qui avançaient vers la capitale de l’Empire
comme une marée de métal depuis la côte, de prendre la cité. Pour les convaincre, il
envoya en gage de paix de somptueux objets en or et en argent, des manteaux de plumes
multicolores, qui, au lieu de flatter les intrus, ne firent qu’exacerber leur convoitise.
Toutefois, il les laissa entrer à Tenochtitlán, le moment venu, car il croyait à la
prophétie de Quetzalcóatl (voir Cliquez ici), selon laquelle des hommes barbus à la
peau blanche, incarnant le dieu revenu d’exil, viendraient un jour de l’Est.
Cortés fut donc reçu en dignitaire à la cour de Moctezuma. Toutefois, après avoir joui
de cinq jours d’hospitalité princière, il trahit son hôte, le faisant prisonnier. L’assurant
que son empire garderait sa souveraineté, il quitta la ville pour regagner la côte et
combattre les troupes de Pánfilo Narváez. Ces troupes étaient envoyées pour freiner
Cortés, dont la conquête du Nouveau Monde s’effectuait sans l’aval de ses supérieurs.
Durant son absence, ses officiers massacrèrent une partie de la noblesse autochtone. La
population aztèque se souleva alors contre eux et assiégea les Espagnols au palais.

Les autochtones : une main-d’œuvre inféodée


Dès la Conquête, et jusqu’au XVIIIe siècle, de grandes propriétés agricoles
(incluant leur population) furent concédées en guise de récompense aux colons
espagnols par les vice-rois. Semblables aux seigneuries européennes, ces
encomiendas regroupaient des paysans autochtones travaillant la terre (blé, canne à
sucre, maïs) et offrant des tributs en tout genre en échange de la protection du
propriétaire. Les grands propriétaires d’encomiendas se voyaient également
chargés d’une mission de civilisation et d’évangélisation de leur main-d’œuvre. Au
fil du temps, le labeur exigé aux autochtones passa de la production agricole et de
l’élevage à l’exploitation minière. Leurs conditions de travail se dégradèrent alors,
et leur situation se rapprocha de l’esclavagisme.
L’Hacienda Yaxcopoil, au Yucatán.
© iStockphoto.com/Alija

Le système des encomiendas céda graduellement sa place à celui des haciendas.


Ce système de production, tout aussi inégal, domina la structure socioéconomique
du pays jusqu’à la Révolution (1910). Comme les encomiendas, les haciendas
étaient de grandes propriétés agricoles (aux mains des colons espagnols et de
certains Créoles) organisées comme de petites villes. Victimes de péonage, un
cercle vicieux de servage pour dette qui se transmettait souvent de génération en
génération, les autochtones se voyaient aliénés à l’hacienda où ils vivaient et
travaillaient. Devant obligatoirement effectuer leurs achats de base au magasin de
l’hacienda et souvent rembourser la dette contractée par leurs parents, ils se
trouvaient complètement inféodés au domaine. Ils vivaient ainsi dans de piètres
conditions, installés autour des bâtiments luxueux où logeaient les propriétaires
terriens. Certaines haciendas se sont spécialisées dans l’élevage, la production de
tequila ou de café, par exemple.
À la veille de la Révolution, le Mexique comptait environ trois millions de
familles de peones (autochtones en servage de dette dans une hacienda). Le
soulèvement de ces paysans qui exigeaient la restitution des terres et de leur liberté
fut l’élément déclencheur de la Révolution mexicaine et des réformes agraires qui
s’en suivirent. Il leur faudra pourtant attendre la refonte du Code agraire de 1934
pour que les terres des haciendas soient complètement démantelées et distribuées
aux paysans.
Aujourd’hui, les vestiges des quelque 8 000 haciendas que comptait le pays, d’une
richesse architecturale indiscutable, représentent une importante valeur
patrimoniale et touristique.

Le 24 juin 1520, Cortés entre de nouveau à Tenochtitlán, au milieu de révoltes


indigènes. Commence alors un siège terrible : encerclés, les Espagnols ne peuvent plus
tenir. Cortés ordonne à Moctezuma de persuader son peuple de les laisser partir.
Moctezuma obtempère, mais il est ensuite lapidé par la foule en colère et meurt de ses
blessures. Cuauhtémoc devient alors empereur.
Les vestiges de Tenochtitlán à México. © iStockphoto.com/javarman3

Les Espagnols, à bout de victuailles, décidèrent de tenter une sortie, pendant la nuit
pluvieuse du 30 juin 1520, laquelle passera à l’histoire sous le nom de Noche Triste.
Aux côtés de leurs alliés autochtones, ils s’enfuient, chargés de l’or dérobé au palais.
Des 1 000 combattants tlaxcaltèques participant à la bataille, seule une centaine
survécut au massacre. Bernal Díaz del Castillo, soldat et principal historien de la
Conquête, affirme que plus de la moitié des Espagnols furent massacrés ou périrent
noyés dans les canaux de cette Venise précolombienne, construite au milieu d’un lac. On
raconte que Cortés éclata en sanglots à l’ombre d’un cyprès de marais (ahuehuete,
arbre national du Mexique).
Hernán Cortés. © iStockphoto.com/GeorgiosArt

L’ayant échappé de justesse, Cortés, voyant ses troupes décimées et l’or perdu, décide
de rallier tous les ennemis des Aztèques pour se constituer une armée, qui attaque alors
Tenochtitlán. Le siège durera près de trois mois. Les hostilités détruisent une partie de
la cité et font entre 120 000 et 240 000 morts chez les Aztèques, ce qui entraîne la
reddition de Cuauhtémoc, le 13 août 1521. Le dernier tlatoani (empereur) aurait
d’ailleurs demandé à Cortés de le tuer avec son propre poignard. Cortés préféra le
torturer (la légende veut qu’on lui brûlât les pieds) dans l’espoir qu’on lui révélât
l’emplacement des trésors impériaux. Soupçonné de trahison par Cortés, Cuauhtémoc
mourut par pendaison en 1525.
Cortés ordonne à Moctezuma de persuader son peuple de les laisser partir. © Jean-
Michel Moreau (1741-1814), Bibliothèque du Musée de l’Homme. Réserve D 28 R
27 1780 t.2, Paris.

Après avoir été impliqué dans une série d’intrigues et de trahisons, Cortés retournera en
Castille réclamer le poste de gouverneur de Nouvelle-Espagne, mais il n’obtint qu’un
titre de marquis, se voyant céder des terres lointaines à Oaxaca. Il mourut le
2 décembre 1547 dans sa contrée natale.

La Nouvelle-Espagne (1531-1821)
Une fois Tenochtitlán conquise, s’établit pendant le règne du roi d’Espagne, Charles
Quint, un vaste empire colonial dénommé la Nouvelle-Espagne. Cet empire s’étendra
jusque dans le sud-ouest des États-Unis actuels (Californie, Arizona, Nouveau-Mexique
et Texas). On y fonde celles qui seront ses principales villes : México (dont le
cimetière souterrain est la somptueuse Tenochtitlán), Guadalajara, Puebla et Monterrey.
Dès l’an 1535, on confie l’administration du territoire à un vice-roi, Antonio de
Mendoza, nommé par Charles Quint.
La colonisation espagnole va bon train. Les missionnaires, dont le plus remarquable fut
Bartolomé de las Casas, ardent défenseur des autochtones, viennent au pays afin
d’évangéliser la population. L’Espagne s’enrichit considérablement grâce à
l’exploitation des mines d’argent, alors les plus riches au monde. On introduit la culture
de la canne à sucre et du café, tandis qu’un intense et très complexe processus de
métissage prend place.
La population autochtone succombe néanmoins aux épidémies (particulièrement celles
de petite vérole) et aux travaux forcés auxquels elle est soumise. On estime qu’avant
l’arrivée des Blancs, le Mexique central comptait 25 millions d’habitants, dont il n’en
restera qu’un million vers 1650.

Bartolomé de las Casas. Huile sur toile par Félix Parra (1845 - 1919).
© Museo Nacional de Arte, México

Durant les trois siècles de vice-royauté, les indigènes ne furent pas entièrement soumis.
De très nombreuses révoltes marquèrent la période coloniale (de 1550 à 1590, les
Chichimèques se soulèvent; en 1761, le Maya Jacinto Canek prend la tête d’un
mouvement armé). Bien qu’on eût promulgué en 1542 les Lois Nouvelles visant à
améliorer la condition des indigènes, une ère convulsée s’ensuivit, marquée par
l’exploitation des richesses et la conversion des autochtones au christianisme.
L’établissement d’haciendas et d’encomiendas (régimes fonciers apparentés aux
seigneuries), qui furent abolies en 1720, règlementa la soumission des autochtones, sans
pour autant que ne soit institué un régime d’esclavage.

Miguel Hidalgo y Costilla. © Posada, José Guadalupe (1852-1913), United States


Library of Congress

Selon un recensement de 1793, la colonie espagnole compte près de


4 500 000 habitants. Toutefois, ses fondations commencent à se fissurer. En 1799, des
colons séditieux ourdissent la Conspiration des Machettes visant à expulser les
Espagnols, et en 1800, on découvre une conspiration indépendantiste dont les
instigateurs aboutissent devant les tribunaux. La rivalité s’avive entre Espagnols et
Créoles (Blancs nés en Amérique, jouissant de moins de privilèges que ceux nés en
Espagne). Les mouvements d’indépendance qui, déjà, secouaient les Amériques sont la
toile de fond sur laquelle se jouera la révolte finale contre la mère patrie.

L’indépendance
Le 16 septembre 1810, dans la ville de Dolores Hidalgo, un curé créole du nom de
Miguel Hidalgo y Costilla invite les citoyens de sa paroisse à l’insurrection contre les
Espagnols en proclamant, du haut de la chaire : « Vive le Mexique, vive la Vierge de
Guadalupe, vive Ferdinand VII, à bas le mauvais gouvernement! » La date de cet
événement historique, connu sous le nom de Grito de Dolores (le cri de Dolores),
correspond aujourd’hui à la Fête de l’indépendance au Mexique. Après avoir tenté de
s’emparer de México, Miguel Hidalgo y Costilla sera exécuté en 1811. Toutefois, le
mouvement qu’il avait amorcé prend de l’ampleur sous la coupe de José María Morelos
y Pavón, qui mènera la guerre d’indépendance (1811-1815) aux côtés d’autres
révolutionnaires.

Le Congrès d’Anáhuac.
© (Inconnu), Ayuntamiento Morelia

Morelos organisera en 1813 le congrès de Chilpancingo (aussi nommé Congrès


d’Anáhuac), premier organe législatif du Mexique, où il présentera un document
fondamental de l’histoire politique du pays : Sentimientos de la Nación. Morelos,
capturé par les monarchistes, sera jugé par l’Inquisition, puis exécuté le 22 décembre
1815. Signé en août 1821, le traité de Córdoba, qui établit l’existence d’une nation
souveraine du Mexique, entre en vigueur le 28 septembre suivant. L’Espagne ne
reconnaîtra toutefois la perte du joyau de sa couronne que le 28 décembre 1836.
Les Créoles, auparavant exclus du pouvoir politique et économique (les fonctions
lucratives étant réservées aux Espagnols), deviennent dès lors maîtres du pays. Le
Mexique gagne officiellement son indépendance face à l’Espagne, et à toute autre
nation, gouvernement ou monarchie. La religion catholique y est déclarée comme la
seule valable. Le gouvernement est divisé en trois branches : législatif, exécutif et
judiciaire. Il sera composé de représentants de chaque province. La monarchie est
abolie et le gouvernement libéral, nouvellement établi, tente d’améliorer le sort des
ouvriers. Les distinctions de castes sont déclarées hors-la-loi. Enfin, les points de
contrôle et les tributs imposés aux autochtones disparaissent.

Guerre américano-mexicaine
En 1836, le Texas proclame son indépendance : la guerre éclate entre le Mexique et son
voisin du nord. Elle durera de 1846 à 1848, se terminant par la signature du traité de
Guadalupe Hidalgo, par lequel le Mexique reconnaît comme sa frontière nord le Río
Grande (que lui-même appelle le « Río Bravo »). Les Mexicains doivent donc céder
plus de 40% de leur territoire aux États-Unis, soit le Texas, la Californie, l’Arizona et
le Nouveau-Mexique.
Les troupes américaines envahissent le pays de 1847 à 1848. Après la bataille de
Chapultepec, le 14 septembre 1847, les forces d’occupation hissent le drapeau
américain sur le Palais national. Après la guerre, deux factions politiques, libéraux et
conservateurs, continuent à s’affronter, et le dictateur Antonio López de Santa Anna
monte au pouvoir. En 1854, les libéraux prennent les armes sous la direction de Juan
Álvarez. En 1855, ils renversent Santa Anna et s’installent à la tête du gouvernement.
Les Américains remportent la bataille de Chapultepec. © United States Library of
Congress

On assiste à la promulgation des Lois de Réforme, qui affectent les intérêts de différents
groupes, particulièrement l’Église, et à l’entrée en vigueur, en 1857, de la nouvelle
Constitution mexicaine. Benito Juárez, un indigène zapotèque né le 21 mars 1806, qui
présidait alors la Cour suprême sous le règne d’Ignacio Comonfort, devient président en
1858 (il le sera jusqu’à sa mort, en 1872). Presque un accident de la nature, Juárez
représente un cas unique, symbolisant à lui seul l’âme mexicaine et les défis que devrait
affronter la nation. Peu de héros ont la stature, dans l’imaginaire collectif d’une nation,
de celui que ses concitoyens actuels surnomment le Benemérito de las Américas (le très
digne d’honneur des Amériques), ou le père du Mexique moderne.
Le Mexique d’alors était écartelé entre deux forces contraires : les centralistes et les
fédéralistes. Alors qu’il était encore ministre de la Justice et de l’Éducation, Benito
Juárez commença à s’attaquer aux privilèges du clergé (l’un des principaux
propriétaires terriens) et de l’armée. Il promulgua ensuite sa célèbre « Loi sur la
nationalisation des biens de l’Église », qui jetait les bases de la laïcité au Mexique,
ayant réussi à surmonter l’opposition féroce des forces conservatrices déterminées à
miner son gouvernement.

La guerre des Castes


La guerre des Castes, qui éclata en 1847 et dura jusqu’à la fin du XIXe siècle, était un
conflit armé pendant lequel les Mayas du sud et de l’est du Yucatán se soulevèrent
contre la population blanche et métisse au pouvoir dans l’ouest de la péninsule. Le
Yucatán avait à l’époque des visées indépendantistes et son gouvernement était miné par
les conflits internes. Il y eut même un projet d’annexion aux États-Unis qui échoua, mais
les piètres conditions de vie des autochtones menèrent à leur soulèvement, qui
commença par le massacre des Blancs et des Métis et se poursuivit avec l’assassinat
successif des chefs rebelles. La révolte fit 250 000 morts et ne prit fin qu’avec l’arrivée
des troupes fédérales qui occupèrent la capitale maya de Chan Santa Cruz en 1901.

L’intervention française
En 1862, les Français envahissent le Mexique. Ils imposent comme chef suprême
l’empereur autrichien Maximilien de Habsbourg. Benito Juárez, anti-monarchique
jusqu’à la moelle, mena le mouvement de résistance, dont le coup de théâtre fut la
suspension du paiement de la dette extérieure (la France étant l’un des créanciers du
Mexique). Secondé par l’Espagne et l’Angleterre (la guerre de Sécession battait son
plein, appauvrissant le grand voisin du Nord), Napoléon III, jouissant de la bénédiction
papale, se mit en frais d’établir au Mexique un empire « latin » catholique qui
contrebalancerait le pouvoir grandissant des Américains protestants.
La France dut continuer sa bravade sans ses alliés, à la suite de leur retrait. C’est
Benito Juárez, pourtant, qui eut le dessus : Maximilien mourut fusillé à Querétaro. Cet
épisode presque surréaliste de l’histoire nationale (la noblesse européenne s’éventant à
l’ombre des fromagers et des avocatiers) est dépeint avec brio par Fernando del Paso
dans son roman-fleuve Des nouvelles de l’empire (1987).

Le porfiriato
Héros de la guerre menée contre les Français, francophile malgré le fait qu’il ait chassé
de son pays ceux qui parlaient la langue de Molière, le général Porfirio Díaz devient
président du Mexique. Il gouvernera de 1876 à 1911. L’ordre et le progrès deviennent
ses chevaux de bataille. Il se propose de moderniser le pays, établissant une dictature
déguisée. Les voleurs de grands chemins disparaissent, le pays s’industrialise et, pour
la haute bourgeoisie, c’est la Belle Époque. Ce long règne tenu de main de fer apporte
une période ininterrompue de tranquillité et d’ouverture aux investisseurs étrangers.
En contrepartie, les politiques du porfiriato (mandats présidentiels de Porfirio Díaz, de
1876 à 1911) creusent un fossé encore plus profond entre les très riches et une classe
moyenne arriviste qui réclame sa part du gâteau. Si les pauvres sont laissés pour
compte, le mécontentement gronde aussi chez les moins démunis. Une source vive
d’eaux empoisonnées que personne n’a remarquée bouillonne sous l’apparente stabilité.
Bien qu’alors le Mexique se targuât de tenir des élections libres, les pratiques
antidémocratiques étaient de mise. Ainsi, Díaz (utilisant un système de subterfuges) est
systématiquement réélu. Le suffrage truqué, la grogne des Métis et de la classe moyenne
instruite (qui lorgnaient la position des riches), la baisse du prix de l’argent et du
pouvoir d’achat, tout cela préparait le terrain pour une révolution.

La Révolution mexicaine
La Révolution mexicaine (1910-1920), la première du XXe siècle, a fait un million de
morts sur une population de 10 millions. Porfirio Díaz, qui avait d’ailleurs plaint son
pays en déclarant « Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si proche des États-Unis! »,
voulait se présenter à la présidentielle de 1910 après 30 ans au pouvoir. Son
adversaire, Francisco Madero, ne recueillit que quelques centaines de voix à travers le
pays. Les citoyens crièrent à la fraude : c’est le début de la Révolution mexicaine.
Alors que Francisco (Pancho) Villa prenait les armes à Chihuahua, les troupes
d’Emiliano Zapata avançaient au sud, revendiquant des terres pour les paysans
autochtones affamés. En 1911, sous l’assaut des révolutionnaires, Ciudad Juárez
(aujourd’hui une des villes les plus violentes au monde) capitule. Porfirio Díaz, qui
tient à éviter une guerre civile, préfère s’exiler en France.
Pancho Villa (au centre) et sa troupe. © Horne, W. H. (photographe), domaine public

La Révolution, allumée par une contestation électorale doublée de demandes des


paysans autochtones et du mécontentement de la classe moyenne, dégénéra vite en une
lutte de pouvoir acharnée. Tous les acteurs principaux y périrent : Francisco Madero,
déclaré président, fut assassiné en 1913 sous les ordres de Victoriano de la Huerta, qui
prend alors le pouvoir. Dès 1914, ce dernier fut à son tour chassé et forcé à l’exil par
les troupes de Pancho Villa et d’Emiliano Zapata, menées par Venustiano Carranza. À la
suite de conflits internes, Villa et Zapata se tournèrent contre Carranza, mais leurs
troupes sont défaites par Álvaro Obregón. Zapata fut assassiné sous les ordres de
Carranza en 1919.
En 1917, Venustiano Carranza accède à la présidence du pays et promulgue la nouvelle
Constitution mexicaine. Cette constitution ne fait pas l’unanimité et Carranza se voit
renversé puis assassiné en 1920. Élu président (1920-1924) à la suite de Carranza,
Álvaro Obregón arrive à rassembler, pour quelques années, les différentes forces
révolutionnaires et à appliquer des réformes agraires. Il sera à son tour assassiné en
1928, après avoir été réélu à la présidence.
Entre 1924 et 1928, Plutarco Elías Calles dirige la République et instaure les mesures
drastiques de laïcisation de l’État stipulées par la Constitution de 1917. S’ensuit la
guerre des Cristeros, un important conflit qui enflammera le centre et l’ouest du pays,
surtout l’État de Jalisco. La population paysanne catholique se soulève alors contre ces
mesures jusqu’en 1929, date à laquelle un arrangement entre le gouvernement et l’Église
est adopté. Malgré cette entente leur garantissant l’amnistie, les insurgés seront
sévèrement châtiés.
Sous Calles, qui fonda en 1929 le Parti national révolutionnaire, prédécesseur du Parti
révolutionnaire institutionnel (PRI), les politiques de réforme agraire et de défense des
travailleurs s’intensifièrent. Il dut s’exiler en 1936 sur ordre du nouveau président
Cárdenas. Cárdenas avait réussi à étouffer les querelles religieuses et voyait d’un
mauvais œil la présence intrusive de Calles dans la politique nationale.

Porfirio Díaz. © U.S. Library of Congress

Le Mexique moderne : la construction d’une démocratie


Le Parti national révolutionnaire (PNR), précurseur du Parti révolutionnaire
institutionnel (PRI), fut fondé en 1929, lorsque prirent fin les luttes et les discordes
liées à la Révolution. Ce parti nationaliste et autoritaire régnera en roi incontesté
jusqu’en 2000, grâce à des pratiques électorales frauduleuses ou coercitives. Dans cette
pseudo-démocratie, marquée par l’unipartisme, que le Prix Nobel de littérature Mario
Vargas Llosa baptise « la dictature parfaite », le pays avance.
Le président Lázaro Cárdenas (1934-1940) agglutinait dans son parti post-
révolutionnaire un large éventail de réformateurs, progressistes, communistes,
socialistes et libéraux radicaux. En 1938, il renomma d’ailleurs son parti le parti de la
Révolution mexicaine (PRM). Sous le slogan « le Mexique pour les Mexicains », il
instigua une politique de nationalisation touchant particulièrement le pétrole. Il œuvra
pour la protection des autochtones, combattit les grands propriétaires terriens,
nationalisa les chemins de fer et mit sur pied un système d’éducation publique laïque,
gratuite et obligatoire.

La gauche mexicaine
Au Mexique, la gauche a évolué à partir de ses multiples partis d’allégeance
socialiste, qui témoignent de son atomisation, dont le PPS (Parti populaire
socialiste) fondé en 1948. Aujourd’hui, le PRD (parti de la Révolution
démocratique) regroupe avec le PT (parti du Travail) la plupart des gauchistes. Le
parti a vu le jour officiellement en 1989, après la scission de l’aile plus libérale du
PRI. Au sein de leur nouvelle formation politique, les partisans aspiraient à une
véritable démocratie et à un combat direct contre la pauvreté, considérée à juste
titre comme le cancer de la nation. Ce schisme s’est produit comme un émondage
idéologique naturel, vu le glissement du centre vers la droite qui dénaturait les
valeurs historiques du PRI.
Cuauhtémoc Cárdenas (fils de l’ex-président), considérant qu’on avait trahi les
idéaux de la Révolution, fonda avec Porfirio Muñoz Ledo, en 1986, le Front
démocratique national, une coalition qui attira les partisans d’une gauche
progressiste, modérée. Date importante, car c’est alors que le prix du pétrole chuta
de façon désastreuse, entraînant le Mexique dans une crise économique sans
précédent caractérisée par un taux d’inflation record. La coalition obtint 30% des
voix au scrutin de 1988, au cours duquel le PRI fut soupçonné de fraude électorale.
D’autres petits partis tels que la Nueva Alianza (PNA) et le Mouvement citoyen
s’allièrent également aux plus grands partis au moment du suffrage. Étonnamment,
le Parti vert écologiste du Mexique (PVEM) est un parti de droite.

Cárdenas encouragea aussi le syndicalisme, bien que par la suite les syndicats soient
devenus des outils de contrôle des ouvriers. Dans ces institutions corrompues, la loi
patronale avait paradoxalement plus de poids que les demandes ouvrières. Une partie
du vote y était parfois systématiquement promise au PRI, comme dans le cas du plus
important syndicat national, la Confédération des travailleurs du Mexique (CTM).
C’est sous le mandat de Cárdenas que fut créé en 1939 le PAN (parti de l’Action
nationale), un parti de droite d’inspiration catholique qui formait l’opposition officielle.
Le successeur de Cárdenas au PRI, Manuel Ávila Camacho (1940-1946), freine alors la
répartition des terres, se réconciliant avec la bourgeoisie industrielle montante. Le
Mexique ne participera que marginalement à la Seconde Guerre mondiale. En 1946, le
PRM devient le PRI actuel, qui commence à s’épuiser et à chasser de son sein
quiconque souhaite des réformes profondes. Faisant office de parti ramasse-poussière
sans projet idéologique défini, il attire ceux qui lorgnent le pouvoir, et se déplace
lentement vers la droite libérale.
Durant les années 1950, le pays connaît un essor économique remarquable que l’on
baptisera « le miracle mexicain ». L’infrastructure nationale se développe, de grands
travaux publics sont lancés et des avantages sociaux, dont un système de santé publique
(soins médicaux universels pour tous les salariés) et de pensions, sont institués. En
1960, le gouvernement nationalisera l’électricité. Malgré la tenue d’élections, l’État
autocratique se consolide. Le parti au pouvoir a toujours la mainmise sur la marche des
choses, et ce, dans tous les domaines. Mais la société civile commence à exiger plus de
liberté. Ces revendications se soldent par la grève des chemins de fer en 1959, des
soulèvements ouvriers, le mouvement étudiant de 1968, violemment réprimé par
l’armée, et des foyers de guérilla qui éclatent dans les années 1970.
À la fin des années 1970, l’économie mexicaine montre des signes d’épuisement : c’est
le début de crises périodiques marquées par de fortes dévaluations du peso. L’État
légalise les partis d’opposition de gauche, mais il privatise de nombreuses entreprises
parapubliques. Durant le gouvernement de Carlos Salinas de Gortari (1988-1994), le
pays jouit d’une certaine reprise économique instrumentalisée sur les privatisations et
l’ouverture aux investissements étrangers. Le point culminant de cet essor est la
signature de l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), qui fait du Mexique
un partenaire commercial des États-Unis et du Canada. De cette entente trilatérale
signée avec des pays beaucoup plus riches que lui, émerge l’image d’un David donnant
la main à deux Goliath. Un peso surévalué, une dette fiscale énorme et un grave
endettement extérieur plongèrent le pays dans une crise internationale surnommée «
Effet Tequila ».

Lázaro Cárdenas en 1934.


© Aurelio Escobar Castellanos Archive

L’année 1994 marque le soulèvement, au Chiapas, d’un groupe insurgé, l’Armée


zapatiste de libération nationale (EZLN). Des effectifs à forte présence autochtone
prennent les armes et exigent l’instauration d’une démocratie participative. Cette année-
là, les meurtres du candidat officiel à la présidence de la République, Luis Donaldo
Colosio, et du sénateur José Francisco Ruiz Massieu, secouent la scène politique.
L’économie entre en récession en décembre, tandis que la poussée de la globalisation et
la consolidation d’un modèle néolibéral impriment leur marque sur le pays.
Le PRI, dont l’hégémonie a commencé à se fissurer avec la crise économique des
années 1980, perdit d’abord son gouverneur dans l’État de Basse-Californie Nord
(1989), où fut élu un candidat du PAN. Il faut attendre l’an 2000 pour que se produise
l’événement historique : le PRI perd le pouvoir après 71 ans de règne incontesté,
lorsque Vicente Fox, du PAN, remporte la présidentielle. Durant son mandat, il misa sur
la continuité des politiques économiques néolibérales de ses prédécesseurs, et les taux
d’intérêt et d’inflation connurent une baisse. On assista à la mise sur pied de certains
programmes sociaux. Il arriva aussi à un accord (officieux toutefois) avec les rebelles
zapatistes du Chiapas.
Le PAN l’emporte encore aux présidentielles de 2006, mais l’écart entre les votes
comptabilisé pour le candidat de gauche, Andrés Manuel López Obrador (à la tête
d’une coalition PRD-PT), et son adversaire du PAN, Felipe Calderón, est assez mince
pour laisser planer le doute quant au vainqueur. Avec 35,89% des voix contre 35,33%
des voix pour López, Calderón dut faire face à des accusations de fraude électorale.
Des manifestations et des sit-in paralysèrent en partie la capitale durant les semaines
suivant les élections. Les contestataires, qui exigeaient le recomptage complet du vote,
ont obtenu un recomptage de seulement 9% des bureaux de vote, avec un résultat
pratiquement inchangé.
Le mandat présidentiel de Felipe Calderón, d’allégeance conservatrice, fut surtout
marqué par le début de la lutte officielle, impliquant l’armée mexicaine, contre les
narcotrafiquants. Cette véritable guerre contre le trafic de drogue a fait jusqu’à présent
une centaine de milliers de morts.
Les Mexicains démocrates, souhaitant éradiquer la corruption qui est devenue l’image
de marque du pays, formaient l’opposition officielle, mais n’ont pas réussi à élire un
candidat de gauche. Ainsi, aux élections de 2012, ils ont exprimé leur rejet de la
violence affligeant le pays et leur déception face au PAN en portant au pouvoir le PRI,
avec son candidat Enrique Peña Nieto, et non le PRD d’Andrés Manuel López Obrador.
Le PAN, dont le gouvernement fut incapable d’instaurer un changement réel dans la
situation sociale et économique du pays au cours de ses deux derniers mandats, arriva
loin derrière le PRD.
Durant les deux dernières décennies, les élections, à un seul tour de scrutin, se sont
déroulées sur fond d’accusations de fraude électorale. Quoi qu’il en soit, certaines
pratiques antidémocratiques comme l’achat du vote moyennant un cadeau ou
l’intimidation – même si les lois électorales mexicaines stipulent que le vote est libre et
secret – ont encore largement cours au pays.
Felipe Calderón en 2009.
© World Economic Forum / Photo by Remy Steinegger

Du miracle économique aux dévaluations du peso


Après le triomphe de la Révolution, le Mexique connut une deuxième période
d’expansion industrielle qui succéda à celle du porfiriato (cette dernière était axée sur
l’industrie textile). Cet essor soudain se produisit grâce à l’industrie pétrolière,
nationalisée en 1938, et à la conjoncture de la Seconde Guerre mondiale. Par la suite,
l’économie nationale prit un caractère mixte où l’investissement provenait du secteur
privé autant que de l’État. Les secteurs stratégiques comme l’acier, l’électricité,
l’exploitation minière, les hydrocarbures et l’infrastructure routière devinrent des
industries d’État. Pour encourager le transfert de technologie, on permit à de
nombreuses entreprises internationales d’établir des filiales au pays, mais toujours en
collaboration avec le capital national. L’agriculture était fortement subventionnée par
l’État, qui devint d’ailleurs le principal intermédiaire de produits agricoles. Entre 1940
et 1970, l’économie du Mexique croissait à un taux annuel de plus de 6%, phénomène
qui reçut le nom de « miracle mexicain ».
La droite mexicaine
Le PAN, étroitement lié à l’Église catholique, et fondé en 1939 par un groupe de
mécontents opposés aux politiques présumées marxistes de Cárdenas, prêchait une
doctrine sociale de l’Église qui allait main dans la main avec un grand libéralisme
politique et économique. La privatisation était portée aux nues, et le parti
promettait de rectifier l’orientation socialiste d’alors. Il commença à attirer les
hommes d’affaires.
Toutefois, le PAN demeura longtemps une force marginale parce qu’il soutenait une
vision totalisante des grands problèmes nationaux qui éloignait les électeurs ayant
des intérêts plus spécifiques qu’une « réforme morale ». Après 1960, il se mit à
miser sur un électorat plus hétérogène, toujours soucieux des bonnes mœurs, mais
critiquant ouvertement l’intervention de l’État au sein de l’économie. Dans les
années 1980, une forte dévaluation du peso (qui n’a cessé de perdre de sa valeur
lentement depuis) et la quasi-banqueroute de l’industrie pétrolière jetaient les
bases d’une prise de pouvoir du PAN, qui promettait d’enrayer la corruption, tout
en réfutant le discours de gauche que les médias se chargeaient bien de pourfendre.
Après avoir été porté au pouvoir pendant 12 ans (2000-2012), le PAN, aujourd’hui
dans l’opposition, regroupe des conservateurs de tout acabit en une espèce de
melting pot qui s’inspire de ses principes initiaux, mais sans le discours catholique
enflammé des années 1940. Son projet de nation ne diffère guère de celui du PRI :
il s’appuie sur le néolibéralisme et la libre entreprise, limitant l’ingérence de la
part de l’État. Il bénéficie, comme le PRI, du soutien des grands consortiums du
pouvoir économique (aide cruciale durant les campagnes électorales). Le PAN
cherche la continuité, la stabilité et le retour aux valeurs traditionnelles. Durant ses
années au pouvoir, il a peu fait pour réduire la brèche grandissante entre les plus
pauvres – qui sont légion – et les plus riches. Son aile la plus conservatrice
s’accommoderait volontiers d’un recul de la laïcité et d’une plus grande censure
des médias.

Toutefois, le protectionnisme qui entravait le commerce international et l’endettement


du pays durant les années 1970 ont débouché sur une crise de la dette au début des
années 1980. La croissance économique connut une halte, de telle sorte qu’en 1983 le
pays était officiellement en faillite. Incapable de rembourser sa dette extérieure, à
l’instar de ses voisins latino-américains, il connut des flambées d’hyperinflation à la fin
des années 1980 et des dévaluations successives de sa monnaie pendant un demi-siècle.

Enrique Peña Nieto en 2013.


© Presidencia de México

Une telle débâcle poussa le gouvernement à instituer des politiques stabilisatrices


préconisées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque interaméricaine de
développement (BID) et à changer de cap, laissant les technocrates prendre les rênes de
l’économie. Leur politique se résumait ainsi : grande austérité dans les dépenses
sociales, privatisation des grandes entreprises d’État (seul le pétrole et l’électricité ont
échappé à ce que certains critiques considèrent une véritable vente aux enchères) et
dépendance des exportations de produits manufacturés (principalement aux États-Unis,
qui accaparent presque tout le commerce extérieur du pays). Depuis lors, ce modèle
néolibéral qui laisse peu de marge d’intervention à l’État et cède le passage aux
multinationales reste en vigueur.
Manifestation zapatiste à México.
© Randal Sheppard

Il existe une dizaine de multinationales mexicaines (domaines de la boulangerie, des


télécommunications, de la construction, des boissons gazeuses, etc.), mais toutes les
banques importantes, brasseries et distilleries jadis nationales, appartiennent maintenant
à des étrangers.
L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) entre le Mexique, les États-Unis
et le Canada, signé en 1992, est entré en vigueur en 1994. Beaucoup de critiques
prétendent que le Mexique, dont les entreprises jouissent d’une technologique moins
avancée que celle de ses voisins du Nord, n’a pas bénéficié de cet accord. Ses
importations ont augmenté davantage que ses exportations, la brèche entre les riches et
les pauvres s’est élargie et, jusqu’en l’an 2000, le produit intérieur brut (PIB) per
capita avait augmenté à peine de 1,7% annuellement, en moyenne. Les défenseurs du
traité misent pour leur part sur une augmentation, dans le futur, des exportations de
pétrole mexicain vers les États-Unis.
Le massacre de Tlatelolco
Dans la foulée du mouvement de contestation de Mai 1968 en France et des
manifestations contre la guerre du Vietnam aux États-Unis, les étudiants de
l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM, une des universités ayant le
plus grand nombre d’étudiants au monde) et de l’École polytechnique réclament une
société plus démocratique, le respect du scrutin, des dirigeants plus à l’écoute de
leur peuple, moins corrompus et moins autocratiques. La contestation prend
rapidement de l’ampleur. Des manifestations massives, pourtant pacifiques,
paralysent la capitale juste avant la tenue des Jeux olympiques, qui mettraient le
pays sous le feu des projecteurs, face au monde entier.

La Plaza de las Tres Culturas, à México. © iStockphoto.com/stockcam

Le 2 octobre 1968, une manifestation est violemment dispersée par un groupe


paramilitaire et l’armée fédérale. Un massacre s’ensuit, faisant officiellement une
vingtaine de morts, quoique le nombre réel de victimes eût oscillé plutôt entre 200
et 300, en plus des milliers de blessés graves. Des témoins oculaires rapportent
que les cadavres étaient entassés dans des camions à ordures.
Le samedi 12 octobre 1968, le président Gustavo Díaz Ordaz inaugurait celle que
son gouvernement baptisa L’Olympiade de la Paix, tandis que les manifestants
lançaient vers le balcon du palais du gouvernement un cerf-volant noir. Étouffée sur
le plan international, la nouvelle du massacre de Tlatelolco, perpétré au même
endroit (aujourd’hui la Plaza de las Tres Culturas) où furent tués des milliers
d’Aztèques sur ordre de Cortés en 1521, fut éclipsée par la splendeur des Jeux
olympiques. Ces événements demeurent cependant le point de départ du lent
processus de démocratisation de la société mexicaine.

Population
Pays de grandes villes et de vastes espaces verts, le Mexique affiche un taux
d’urbanisme de 78%. Parmi les principales villes du pays, notons le District fédéral
(México) (23 millions d’habitants), Guadalajara (5 millions), Monterrey (3 millions),
Puebla (2 millions).
En 2014, la population totale du Mexique était estimée à 119 426 000 habitants.
Environ 60% des Mexicains sont Métis, 10% sont Blancs et 30% sont autochtones.
Baptisé en nahuatl (langue aztèque) Méxihco (« dans le nombril de la lune »), le
Mexique est le foyer de 67 langues autochtones et sa langue officielle est l’espagnol.
La Danza de los Viejitos à Morélia. © Marc Rigole

Selon la Constitution mexicaine, tous les groupes ethniques et autochtones vivent sur un
pied d’égalité au pays. Aux yeux des Mexicains, tous les groupes autochtones sont
égaux et aucun n’est favori. Cependant, il existe une discrimination subtile qui se traduit
surtout en termes de standards de beauté et en assomptions a priori de statut
socioéconomique : plus on est blanc, plus on fait l’objet de déférence. Comme dans
plusieurs autres cultures, la blancheur de la peau est associée à la noblesse. Toutefois,
ce racisme déguisé est en voie de dissolution à long terme, car la mobilité sociale, bien
qu’embryonnaire, permet maintenant aux non-Blancs, donc aux Métis et aux autochtones,
d’accéder à des postes de pouvoir. Cette mobilité a donné lieu, au cours des dernières
décennies, à un métissage encore plus intense. Le mot raza dans la langue populaire,
lorsqu’il est utilisé par les Mexicains eux-mêmes, signifie « les gens, la populace ». Il
fait référence à la fois au concept d’hispanité et à l’appartenance autochtone et s’avère
le reflet d’un peuple fortement métissé.
Ainsi, sur une fiche signalétique mexicaine, on ne parle pas de « race » (concept
impossible à définir au Mexique), mais plutôt de « teint » (à savoir « couleur de peau »,
tez en espagnol). Là, les gradations sont très nuancées. Elles comprennent plusieurs
termes qui vont du blanc (blanco) au brun très foncé (prieto), en passant par le type
méditerranéen (apiñonado), le brun clair (moreno claro) et le brun foncé (moreno
oscuro).
Lorsque les Mexicains actuels parlent de leurs ancêtres, ils se réfèrent généralement aux
peuples qui habitaient le territoire à l’époque précolombienne. Lorsqu’ils y font
référence par ces jolis mots, nuestros antepasados, il est entendu qu’ils parlent des
autochtones, non pas des Espagnols. Voilà un paradoxe qui peut paraître étrange pour
quiconque n’est pas familiarisé avec le Mexique, où la langue du conquérant a pourtant
écrasé les langues des peuples conquis au point où aucune de ces langues n’a de statut
de langue officielle. Toutefois, certaines sont encore largement parlées et protégées par
des droits constitutionnels, étant qualifiées de « langues nationales ».

Femme de descendance maya à San Cristóbal de las Casas, dans la région du


Chiapas.
© iStockphoto.com/rramirez125

Le mot indígena représente davantage un concept sociolinguistique, voire


vestimentaire, qu’ethnique. Un recensement de l’Institut national de statistique et de
géographie (INEGI, 2012) indique que près de 6 millions de personnes de cinq ans et
plus parlent une langue autochtone.
Le maya yucatèque regroupe quelque 750 000 locuteurs, tandis que le tzotzil et le
tzeltal, variantes du maya classique, sont parlés respectivement par quelque
300 000 personnes au Chiapas. Pour sa part, le nahuatl, qui du XIVe au XVIe siècle
était lingua franca à travers toute la région mésoaméricaine, compte aujourd’hui
1 400 000 locuteurs (environ 70 000 de moins qu’en l’an 2000).
La législation mexicaine ne fait pas du nahuatl et du maya (les deux principales langues
autochtones du pays) des langues officielles dans le sens canadien ou européen du
terme, ce qui obligerait l’État à traduire tous les documents officiels en ces deux
langues. Cela poserait un problème majeur, car éventuellement il faudrait aussi inclure
les autres langues autochtones comme l’otomi, le zapotèque, le mixtèque, etc.

La problématique de l’intégration
En dépit de l’oppression dont elle est souvent victime, la population indigène
d’Amérique latine se révèle, aux yeux de l’histoire, un exemple extraordinaire de
résistance pacifique. Justo Sierra, intellectuel illustre, ministre de l’Éducation du
Mexique de 1905 à 1911, ne suggérait-il pas de mettre fin à tous les dialectes (lire «
langues autochtones ») qu’il considérait, dans un zèle nationaliste tordu, un obstacle à
l’unité nationale?
Le respect des ethnies autochtones que préconise le discours officiel ne suffit pas à
effacer la honte, la pauvreté et la marginalisation issues de 500 ans de dominance
culturelle. Dans les faits, les autochtones sont souvent victimes de discrimination, ne
serait-ce que du seul fait de parler chez eux une langue autre que celle dans laquelle
sont écrits tous les panneaux, les documents ou les étiquettes. Une langue qu’on n’entend
jamais à la télévision et rarement à la radio. Plus qu’une politique d’oppression ouverte
(qui contredirait d’ailleurs le concept, colporté haut et fort, de « mexicanité »), il y a
érosion insidieuse des modes de vie non hispaniques.
Toutefois, dans la foulée de l’ouverture d’esprit accrue des dernières décennies, on voit
surgir une plus grande sensibilité face aux revendications et à l’autonomie des peuples
autochtones. L’importance croissante de la question des droits de l’homme et de la
diversité culturelle à l’échelle mondiale, la démocratisation de la société mexicaine et
l’ouverture du pays au tourisme international ont certainement contribué à cette
évolution des mentalités. Certains gestes symboliques sont posés : en février 2010, par
exemple, dans le cadre des fastueuses célébrations commémorant le bicentenaire du
Mexique, on a présenté officiellement, et pour la première fois, une traduction de la
Constitution politique des États-Unis du Mexique (nom officiel du pays) en nahuatl.
Avec quelque peu de retard, pourrait-on dire ironiquement…
Souvent rurales, les communautés autochtones jouissent d’un certain degré d’autonomie
qui varie grandement selon l’endroit, chaque État ayant au moins un groupe ethnique
prédominant. C’est dans le sud (Oaxaca, Chiapas, les États de la péninsule du Yucatán)
que l’on retrouve les plus grandes concentrations de groupes autochtones. Le degré
d’autonomie dépend surtout de la force de revendication du groupe concerné, de son
degré d’isolement et de sa cohésion. Par exemple, dans le comté de Chamula, au
Chiapas, la population tzotzil choisit tous ses dirigeants, civils et religieux, qui
possèdent un important pouvoir décisionnel.

Les immigrants
Le Mexique n’est pas un pays particulièrement cosmopolite. Néanmoins, il a quand
même été terre d’asile au XXe siècle en raison du fait qu’il n’a pas connu de dictatures
militaires semblables à celles qui ont affligé le continent au sud de sa frontière. Sans
être une nation fondée sur l’immigration comme ses voisins septentrionaux, le pays a
ouvert grand ses portes aux victimes de la guerre civile espagnole et aux réfugiés fuyant
les dictatures sanguinaires d’Amérique du Sud, surtout celles du Cône Sud (Chili,
Argentine, Uruguay). Il s’agissait d’immigrants instruits qui ont grandement contribué au
développement de la vie nationale.

Le Mexique, pays de transit


pour les émigrés latino-américains
D’un point de vue géopolitique, l’emplacement du Mexique est unique au monde. Il
est délimité au sud par des pays beaucoup plus pauvres que lui alors que les États-
Unis, première économie du monde, le bordent au nord. Il possède donc deux
frontières servant de ligne de partage entre riches et pauvres, ce qui a engendré des
flux migratoires sans précédent dans l’histoire mondiale. Les experts calculent que,
chaque année, 100 000 migrants franchissent la frontière sud du Mexique à partir du
Guatemala. La plupart fuient le marasme économique et l’insécurité qui affectent
certains pays d’Amérique centrale, mais d’autres viennent d’aussi loin que
l’Équateur ou le Brésil.
Des sombreros à vendre à Cozumel.
© iStockphoto.com/Kenneth Wiedemann

Peu de sévices sont épargnés à ces migrants, particulièrement vulnérables en raison


de leur pauvreté, leur manque d’éducation et leur statut illégal. Cibles de choix
pour les groupes criminels qui opèrent au Mexique, ils sont entre autres victimes de
la traite de personnes, de vols, de viols, d’enlèvements et de recrutement forcé
pour travailler dans les réseaux de prostitution. Certains sont utilisés comme mula
(personne transportant sur elle ou dans son corps une drogue illégale d’un pays à un
autre, parfois à son insu) ou halcón (gardien travaillant pour le compte des
trafiquants de drogue). D’autres encore subissent des extorsions de la part des
autorités mexicaines. Selon deux centres des droits humains de Ciudad Juárez et
Saltillo, chaque année, de nombreux immigrants qui passent par le Mexique pour se
rendre aux États-Unis sont victimes d’enlèvement.

Le Mexique accueille aussi des immigrants allophones, qui arrivent au pays à la suite
d’un mariage ou pour profiter du soleil. Le coût de la vie relativement bas favorise la
migration des retraités. Les Américains, au nombre de 800 000, sont de loin le groupe
le plus nombreux. Ils forment des communautés parfois saisonnières à San Miguel
Allende, Ajijic (Lago de Chapala), Puerto Vallarta, Los Cabos, Taxco et sur la Riviera
Maya. Mentionnons aussi les immigrés originaires d’autres pays latino-américains
(environ 130 000, majoritairement d’origine guatémaltèque), quelque
140 000 Européens (dont les Espagnols représentent la moitié des effectifs), quelque
10 000 arabophones (surtout originaires du Liban) et près de 70 000 Juifs (dont 60%
vivent dans la capitale). Ces chiffres confirment que les immigrants représentent moins
de 2% de la population du pays.
Les mennonites, au nombre de 100 000, ne sont pas à strictement parler des immigrants.
Ils sont en effet établis au Mexique (surtout dans l’État de Chihuahua, où leur présence
est notoire) depuis plus de 100 ans. Ils conservent toutefois leurs coutumes et parlent,
outre l’espagnol, un dialecte bas-allemand.
Les attraits
México, le nombril de la lune
Au creux d’une vallée entourée de collines, la trépidante
mégapole de México (qui signifie « nombril de la lune » en
langue nahuatl), ou Distrito Federal, présente autant de
facettes que les innombrables quartiers qu’elle englobe.
Véritable concentré d’histoire et de culture, la capitale
nationale se laisse idéalement apprivoiser depuis son
magnifique centre historique, puis à travers des balades
dans ses quartiers limitrophes, révélant chacun leur
personnalité propre et leurs attraits incontournables.
L’immense ville, d’environ 20 millions d’habitants, recèle
des places verdoyantes et animées, de splendides
complexes religieux, d’importants vestiges archéologiques,
les meilleurs musées du pays et d’excellentes tables où
découvrir la gastronomie mexicaine, et internationale, à
son meilleur.
Le cœur de México se situe à l’endroit même où était
érigée la capitale aztèque de Tenochtitlán, sur une île du
lac Texcoco, aujourd’hui asséché. Elle incarne le carrefour
où se sont croisés, et où se côtoient toujours, les
civilisations autochtones et espagnoles.
Depuis quelques années, les efforts déployés par
l’administration de la ville en matière de réduction de la
pollution et d’amélioration de la sécurité portent leurs
fruits et les visiteurs y respirent mieux. La revitalisation
de plusieurs quartiers et l’effervescence culturelle
contribuent grandement au plaisir d’arpenter cette
capitale riche en histoire et des plus dynamiques.
Centre historique
Endroit classique pour entreprendre la visite du centre historique de la ville, le zócalo,
jadis connu sous le nom de Plaza de la Constitución, est une vaste place bétonnée,
plantée en son centre d’un immense drapeau mexicain et entourée des bâtiments et
attraits emblématiques de la métropole. Érigé directement sur les ruines de l’ancienne
cité de Tenochtitlán, qui fut rasée en 1521 par les Espagnols, le zócalo est
régulièrement animé par des événements culturels, pris d’assaut par des kiosques
ambulants et les visiteurs.
Au nord du zócalo, la Catedral Metropolitana, ou Catedral de la Asunción de María
de México , compte une quinzaine de chapelles et cinq nefs. Les travaux de
construction, qui ont débuté dès 1524, se sont échelonnés sur plusieurs centaines
d’années. D’abord érigée avec les pierres provenant du Templo Mayor (voir ci-
dessous), elle affiche un amalgame de style baroque churrigueresque, Renaissance et
néoclassique. Sa façade, achevée en 1813, se pare de sculptures à l’iconographie
évangélisatrice. À l’intérieur, les visiteurs peuvent admirer des orgues immenses, des
retables magnifiques et la statue d’un Christ noir, le Cristo del Veneno (ou Señor del
Veneno), qui, associé à des guérisons, attire une foule de dévots.
La Catedral Metropolitana (à gauche), et le Palacio Nacional (à droite) sur le
zócalo. © iStockphoto.com/stockcam
Au nord-est de la cathédrale, la Zona Arqueológica del Templo Mayor ,
accessible par la Plaza Manuel Gamio, correspond aux vestiges du Huey Teocalli («
Grand Temple » en langue aztèque), dédié notamment à Huitzilopochtli, dieu de la
Guerre et du Soleil, et à Tláloc, dieu de la Pluie. Le cœur du site, dissimulé sous le
tissu urbain, fut découvert fortuitement en 1978 par des travailleurs de la construction
qui s’affairaient dans le secteur. Investissant la zone, où se dressaient des bâtiments
coloniaux le long d’une rue, les fouilles ont mis au jour les ruines du principal
sanctuaire aztèque, au cœur de la cité, le Temple Mayor.
La Zona Arqueológica del Templo Mayor. © iStockphoto.com/stockcam

Érigé entre 1325 et 1519, ce temple à double escalier comporte plusieurs phases de
construction, les unes s’imbriquant dans les autres. Les ruines permettent d’admirer, à
travers les différentes étapes d’édification, le sanctuaire de Huitzilopochtli, des
sculptures de têtes de serpent, une représentation de Coyolxauhqui, la déesse de la
Lune, un autel dédié à Tláloc, des colonnes et cloisons de pierres crénelées et sculptées
de bas-reliefs, souvent peints de couleurs vives, une pierre de sacrifice et une sculpture
de chac-mool. La Casa de las Águilas (maison des aigles) abrite des banquettes aux
bas-reliefs colorés d’influence toltèque. Cette pièce était destinée à l’élite religieuse et
guerrière de la société aztèque.
L’excellent Museo del Templo Mayor , inauguré en 1987, expose les artéfacts
retrouvés sur les lieux et présente une maquette qui révèle concrètement l’ampleur et
l’importance de la cité et du temple. Le musée expose les pièces originales telles que le
disque sculpté à l’effigie de la déesse Coyolxauhqui, démembrée par son frère
Huitzilopochtli alors qu’elle s’apprêtait à tuer leur mère, et le monolithe de 12 tonnes
représentant Tlaltecuhtli, découvert en 2006.
Au sud du Templo Mayor, sur le côté est du zócalo, s’allonge la façade de l’immense
Palacio Nacional , avec sa suite d’auvents et de fenêtres en arcades. Hernán
Cortés l’a fait construire, telle une forteresse, dès 1521 sur le site même du Templo
Mayor, et dans les mêmes dimensions que le principal temple de Tenochtitlán. Maintes
fois transformé au fil du temps et des aléas de l’histoire, il sera entre 1562 et jusqu’à
l’indépendance, la demeure du vice-roi de la Nouvelle-Espagne. Le palais, où loge
toujours le bureau du président mexicain, abrite des trésors nationaux, dont une dizaine
de fresques peintes par le célèbre muraliste Diego Rivera. Parmi ces fresques,
l’Epopeya del Pueblo Mexicano (1929-1935) est un triptyque historique qui présente
l’ère préhispanique, la colonisation, l’indépendance et la période moderne, que l’on
admire sur les murs de l’escalier principal. D’autres fresques honorant les peuples
autochtones ornent les murs de la galerie supérieure qui encadre la principale cour
intérieure. Le palais compte également un jardin botanique et les anciens appartements
de Benito Juárez.

Fresque de Diego Rivera dans le Palacio Nacional. © Dreamstime.com/Danilo


Mongiello

Au nord du Templo Mayor, le magnifique Antiguo Colegio de San Ildefonso , une


ancienne école construite en 1588, abrite aujourd’hui un musée d’art contemporain. Les
murs du bâtiment, notamment sous les arcades bordant la cour intérieure, exposent des
fresques exécutées par certains des plus importants muralistes au pays. On y admire
entre autres la première murale de Diego Rivera, La Creación (1922), et la célèbre
œuvre de José Clemente Orozco, Cortés y La Malinche (1926).

L'Antiguo Colegio de San Ildefonso. © Dreamstime.com/Alexandre Fagundes De


Fagundes

À l’ouest du zócalo, le Museo Nacional de Arte (MUNAL) , qui loge dans un


somptueux édifice de style éclectique, l’ancien Secretaría de Comunicaciones y
Obras Públicas (1904-1911), présente des œuvres de grands maîtres mexicains et
internationaux du XVIe au XXe siècle, dont des toiles du paysagiste José María Velasco
Gómez.
Le Museo Nacional de Arte (MUNAL).
© iStockphoto.com/Holger Mette

De biais avec le MUNAL, l’élégant Palacio Postal , inauguré en 1907 par le


président Porfirio Díaz, présente une architecture éclectique aux accents plateresques et
gothiques et mérite le coup d’œil. À l’intérieur, il est possible d’admirer une exposition
sur l’histoire de la poste ainsi que de visiter le Museo Histórico Naval, avec ses
fidèles reproductions de navires de tout acabit. Situé au quatrième étage, ce dernier
offre de belles vues sur le Palacio de Bellas Artes.
Le Palacio Postal.
© iStockphoto.com/Gerardo_Borbolla

De l’autre côté de la rue, à l’ouest, se dresse, dans toute sa splendeur Art nouveau, le
Palacio de Bellas Artes . Construit de marbre blanc entre 1904 et 1934, il s’agit
de l’un des bâtiments emblématiques de México. L’intérieur de style Art déco dévoile
d’impressionnants vitraux ainsi que plusieurs murales de Diego Rivera, Rufino Tamayo,
David Alfaro Siquero et José Clemente Orozco. Les représentations du Ballet
Folklórico de México ont lieu régulièrement dans la ravissante salle de spectacle.
L’édifice abrite également l’incontournable Museo del Palacio de Bellas Artes ,
l’un des premiers musées d’art au pays, et le Museo de la Arquitectura , un musée
d’architecture contemporaine.
Le Palacio de Bellas Artes donne sur la Plaza Alameda Central , un agréable et
verdoyant parc urbain qui recèle plusieurs fontaines à thématiques mythologiques et
divers monuments tels que l’Hemiciclo a Juárez.
La Plaza Alameda Central (au centre) et le Palacio de Bellas Artes (en bas à droite).
© iStockphoto.com/SerrNovik

Du côté nord de l’Alameda Central, face à la Plaza de la Santa Veracruz, le Museo


Franz Mayer loge dans le cadre historique et charmant d’un ancien hôpital érigé
au XVIIIe siècle. Ce musée présente une riche collection d’objets décoratifs (meubles,
argenterie, céramiques) datant du XVIe au XIXe siècle, des œuvres artisanales, et
compte une somptueuse bibliothèque ainsi qu’une paisible cour intérieure, ornée d’une
fontaine.
Du Museo Franz Mayer, le Paseo de la Reforma mène, beaucoup plus au nord, à la
moderne Nueva Basílica de Santa María de Guadalupe , l’un des sites religieux
les plus visités au monde. La structure moderne en face de la nouvelle basilique
représente la scène d’apparition de la Vierge et fait entre autres office de carillon et de
cadran solaire. La colline de Tepeyac qui surplombe les lieux est l’endroit où Juan
Diego Cuauhtlatoatzin, canonisé en 2002, aurait été témoin de l’apparition de Marie
sous les traits de la Vierge de Guadalupe, en 1531. L’histoire relate que l’image de la
Vierge, telle qu’on peut la voir aujourd’hui au-dessus de l’autel, serait alors apparue
sous le manteau de Juan Diego, miraculeusement conservé ici. Sainte patronne du
Mexique, la Vierge de Guadalupe est vénérée par une foule de fidèles à travers
l’Amérique latine.

Le Templo Expiatoria a Cristo Rey (à gauche) et la Nueva Basílica de Santa María


de Guadalupe (à droite).
© iStockphoto.com/AlbertoLoyo

Près de la nouvelle basilique se dressent plusieurs autres monuments religieux dont le


Templo Expiatoria a Cristo Rey, l’ancienne basilique construite en 1709. Derrière, le
Museo de la Basílica de Guadalupe présente dans plus d’une dizaine de salles de
l’art religieux et colonial ainsi qu’une imposante collection d’œuvres reliées à la
Vierge de Guadalupe. Du côté est se trouve le plus ancien bâtiment du site, la
Parroquia Antigua de Indios, qui renferme les fondations de la première chapelle
dédiée à la Vierge de Guadalupe, construite en 1531. Tout près, il ne faut pas manquer
l’étonnant Templo del Pocito (1777), aujourd’hui le seul exemple d’édifice
baroque de forme circulaire qui subsiste de l’époque coloniale. Juchée sur la colline, la
Capilla del Cerrito commémore pour sa part le lieu de la première apparition de la
Vierge à Juan Diego.
Le petit Museo Mural Diego Rivera , à l’ouest de l’Alameda Central, abrite pour sa
part une longue murale intitulée Sueño de una tarde dominical en la Alameda
Central, peinte en 1946-1947 par Diego Rivera. Cette murale est truffée de
personnages liés à l’histoire du Mexique, notamment Benito Juárez, Porfirio Díaz,
Maximilien de Habsbourg, Hernán Cortés, Frida Kahlo et une représentation de La
Catrina tenant la main d’un Diego Rivera enfant.

Lucha libre
à l’Arena México
L’Arena México, situé à quelques rues au sud du Mercado de Artesanías La
Ciudadela, présente régulièrement des parties de lucha libre. Cette lutte (voir
Cliquez ici) hautement théâtrale rappelle l’âge d’or de la lutte professionnelle au
Canada et aux États-Unis avec la WWF (World Wrestling Federation) dans les
années 1980. Sport emblématique de la culture populaire au Mexique, l’image de la
lucha libre est associée aux cagoules que portent souvent les luchadores (lutteurs).
Les prises sont spectaculaires et les athlètes, hautement divertissants!

À l’angle nord-ouest de l’Avenida Hidalgo et du Paseo de la Reforma se dresse le


Templo de San Hipólito . De style baroque, l’église fut érigée en 1739 à l’endroit
même où de nombreux Espagnols perdirent la vie au cours d’une tentative de fuir
Tenochtitlán lors de l’événement connu sous le nom de la Noche Triste (voir Cliquez
ici). Important lieu de pèlerinage, l’intérieur de l’église abrite une statue du très vénéré
San Judas Taledo, célébré en grande pompe par les Mexicains tous les 28 octobre.
Au sud de l’Alameda, le Museo de Arte Popular œuvre pour la diffusion et la
préservation des savoir-faire traditionnels issus de toutes les régions du Mexique par le
biais d’expositions permanentes et temporaires d’artisanat et d’art populaire. On y
organise également des ateliers et des événements culturels.
En poursuivant vers le sud dans la Calle de Balderas, les amateurs d’artisanat
traditionnel mexicain pourront s’en donner à cœur joie dans le vaste Mercado de
Artesanías La Ciudadela . Ce grand marché abrite une impressionnante variété
d’échoppes et de kiosques proposant à prix honnête produits textiles, céramiques,
masques, bijoux et beaucoup d’autres pièces d’artisanat typiquement mexicaines.
Le Monumento y Museo a la Revolución.
© iStockphoto.com/Osmany Torres Martín

À l’ouest de l’Avenida Paseo de la Reforma, le Monumento y Museo a la Revolución


(1910-1938) se dresse au cœur de la Plaza de la República . Ce monument
massif aux allures Art déco fut érigé à partir de la structure abandonnée d’un palais
législatif commandé par Porfirio Díaz en 1906. Entièrement rénové en 2010 afin de
commémorer le centenaire de la Révolution et le bicentenaire de l’indépendance, le
monument comporte aujourd’hui des plateformes d’observation et des sculptures que
l’on atteint en prenant place à bord d’un ascenseur vitré situé au centre de l’édifice. La
vue à 360° depuis le sommet de la coupole est saisissante. À la base du monument se
trouvent les restes de héros (ou alliés) de la Révolution mexicaine et de plusieurs
anciens présidents: Francisco I. Madero, Venustiano Carranza, Plutarco Elías Calle,
Francisco « Pancho Villa » et Lázaro Cárdenas. L’ascenseur descend également
jusqu’aux fondations où se trouve la partie muséale qui propose des expositions
permanentes, temporaires et multimédias portant sur l’histoire de la Révolution. Devant
le monument, une fontaine est aménagée à même le sol et présente de jolis jeux de
lumière le soir venu.
Plus au nord, les amateurs d’architecture contemporaine ne manqueront pas de visiter
l’étonnante Biblioteca Vasconcelos , inaugurée en 2006. Œuvre des architectes
Alberto Kalach et Juan Palomar, la bibliothèque présente, derrière une façade plutôt
austère, un aménagement intérieur digne d’un film de science-fiction. Au-dessus du hall
où trône un imposant squelette de baleine grise, les étages, composés de mezzanines de
verre et d’acier, prennent des allures de ruche postmoderne. Baigné de lumière,
l’édifice abrite quelque 575 000 ouvrages en langue espagnole.

La Biblioteca Vasconcelos.
© iStockphoto.com/Gerardo_Borbolla

Parque Bosque de Chapultepec


Le vaste Parque Bosque de Chapultepec est une destination en soi à México. Une
journée entière est à peine suffisante pour explorer à fond ce parc verdoyant, qui recèle
des vestiges archéologiques, des plans d’eau à découvrir en pédalo et de nombreux
attraits à visiter. Le site, agréable et rafraîchissant, attire de nombreuses familles qui
viennent se détendre dans ses jardins, admirer les fontaines et les monuments, pique-
niquer à l’ombre des arbres, près des aires de jeux, et profiter des kiosques ambulants
de cuisine de rue et de souvenirs.

Vue sur México depuis le Castillo de Chapultepec. © iStockphoto.com/stockcam

Élégamment perché sur une colline, au cœur du parc, trône le Castillo de Chapultepec
. Érigé au XVIIIe siècle, cette ancienne résidence d’été du vice-roi a abrité un
collège militaire et fut la résidence de l’empereur Maximilien Ier et de Porfirio Díaz.
Depuis 1939, le château abrite le Museo Nacional de Historia . En plus de son
magnifique jardin et des vues panoramiques qu’il offre sur la ville, ce musée d’histoire
présente des peintures murales, des expositions d’artéfacts et d’objets usuels, de
l’époque de la colonisation à celle de la Révolution.
Non loin de là, le Museo de Arte Moderno (MAM) abrite pour sa part les œuvres
de grands peintres mexicains des XXe et XXIe siècles, entre autres la célèbre toile Las
dos Fridas, de Frida Kahlo, ainsi qu’une belle collection de photographies dont
plusieurs de Manuel Álvarez Bravo, et il propose aussi des expositions temporaires
d’art contemporain.
Le Museo Nacional de Antropología (MNA). © iStockphoto.com/Gerardo_Borbolla

De l’autre côté du Paseo de la Reforma se trouvent le Museo Tamayo (entièrement


dédié à l’art contemporain) et le Museo Nacional de Antropología (MNA) , l’un
des musées incontournables de México, dont les collections embrassent
l’anthropologie, l’archéologie (artéfacts provenant de la préhistoire et de nombreuses
civilisations mésoaméricaines, jusqu’à la colonisation) et l’ethnologie (œuvres
artisanales de plusieurs groupes autochtones). Il faut prévoir plusieurs heures pour
visiter ce musée, qui représente un concentré des plus intéressants vestiges
archéologiques, notamment la monumentale Piedra del Sol et l’une des têtes colossales
olmèques, et des plus belles pièces artisanales de tout le pays.

Polanco
Situé au nord-ouest du Parque Bosque de Chapultepec, le paisible et chic quartier de
Polanco, où se sont installées de nombreuses ambassades, s’avère l’un des plus
agréables et des plus sécuritaires secteurs de la ville. Le Parque Lincoln se révèle
particulièrement invitant avec son théâtre en plein air, ses arbres matures et ses étangs.
En plus des kiosques ambulants de cuisine de rue, d’excellents restaurants, boutiques
d’antiquités, d’artisanat, de design ainsi que des galeries d’art y ont pignon sur rue. En
poursuivant vers le nord, la promenade mène au Parque América et à la monumentale
église de la Parroquia de San Agustín , dont la façade constituée d’une immense
niche de pierre mérite le coup d’œil. Encore plus au nord, le tissu urbain change et les
gratte-ciel se dressent le long des rues modernes où sont érigés le Museo Jumex
(musée d’art actuel) et le Museo Soumaya . Ce dernier, qui loge dans un édifice à
l’architecture contemporaine dont l’extérieur est constitué de milliers de carreaux
d’aluminium, expose la collection de la Fondation Carlos Slim, et dévoile surtout des
œuvres européennes du XVe au XXe siècle, dont une impressionnante sculpture de
Rodin.

Le Parque Lincoln. © Thelmadatter

Zona Rosa
Près du Parque Bosque de Chapultepec, l’effervescent petit quartier de la Zona Rosa est
situé dans les limites du Paseo de la Reforma, de l’Avenida Chapultepec, de l’Avenida
de los Insurgentes et de la Calle Florencia. Cette « zone rose », cosmopolite et
éclectique, abrite un grand nombre d’œuvres d’art public, de boutiques en tout genre et
de boîtes de nuit gays. L’une des icônes de la ville de México, El Monumento a la
Independencia, connue aussi sous le nom d’El Ángel de la Independencia, s’élève
gracieusement au milieu d’un rond-point à l’angle du Paseo de la Reforma et de la Calle
Florencia. Inaugurée en 1910, cette colonne, magnifiquement illuminée le soir venu, est
coiffée de l’ange de l’indépendance, cette célèbre statue qui représente une femme ailée
tenant une couronne de lauriers.

El Ángel de la Independencia.
© iStockphoto.com/maiteali

Coyoacán
Au sud de la ville, le quartier incontournable de Coyoacán abrite des musées majeurs,
des espaces verts, des bâtiments coloniaux et un sympathique marché, le Mercado
Coyoacán . Les amateurs d’histoire pourront partir à la découverte du quartier en
faisant une visite rapide de l’ancienne résidence (1939-1940) du révolutionnaire russe
León Trotsky, aujourd’hui connue sous le nom du Museo Casa de León Trotsky . Le
musée expose entre autres des photos d’archives et des objets personnels, et compte des
pièces chargées de meubles d’époque et un jardin dans lequel on peut se recueillir sur
les tombes de Trotsky et de son épouse.

Le Museo Frida Kahlo.


© iStockphoto.com/FrankvandenBergh

À quelques rues au sud, le très populaire Museo Frida Kahlo , ou Casa Azul en
raison de sa façade d’un bleu éclatant, est aménagé dans l’ancienne demeure familiale
(1904-1958) de la plus célèbre peintre latino-américaine du XXe siècle. Cette belle
maison ainsi que les artéfacts et les œuvres qui la parsèment traduisent avec justesse,
humanité et tendresse l’univers de l’artiste, ses lieux de créativité et son quotidien. Le
jardin, la cuisine traditionnelle, le studio et les salles d’exposition constituent les points
forts de la visite.
En poursuivant vers le sud, en direction du Jardín Plaza Hidalgo , il ne faut pas
manquer d’admirer l’Antiguo Palacio de Ayantamiento de Coyoacán (XVIIIe
siècle), parfois nommé à tort Casa de Hernán Cortés. Tout juste à l’est, le très beau
Museo Nacional de Culturas Populares propose un tour d’horizon complet de la
diversité culturelle et de l’art traditionnel autochtone du Mexique. Au sud du Jardín
Plaza Hidalgo se dresse la façade plateresque de la Parroquia y Ex Convento de San
Juan Bautista (1552), qui figure parmi les plus anciennes églises de México. À
l’est, le Jardín Centenario, avec sa Fuente de los Coyotos , s’avère une halte des
plus rafraîchissantes.

Le Museo Diego Rivera Anahuacalli.


© iStockphoto.com/Hvalur

Il faut suivre l’Avenida Pacífico vers le sud pour atteindre le surprenant Museo Diego
Rivera Anahuacalli , créé et conçu par Diego Rivera pour exposer sa collection
personnelle de près de 60 000 artéfacts préhispaniques et accueillir des événements
culturels variés (théâtre, danse, concerts). L’édifice, austère et massif, est constitué de
pierres volcaniques. Sa structure rappelle les pyramides aztèques et mayas, mais
s’accompagne d’un style vaguement communiste. L’intérieur, qui incorpore aussi
plusieurs éléments architecturaux empruntés aux civilisations précolombiennes, est
impressionnant. En plus des trésors archéologiques, on y admire de grands croquis
réalisés par Diego Rivera dans l’élaboration de ses murales.
Véritable trésor d’architecture moderne dans l’ouest du quartier de Coyoacán, la
Ciudad Universitaria, vaste campus de l’Université nationale autonome du Mexique
(UNAM), est inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et comporte
plusieurs attraits incontournables. Œuvre des architectes Juan O’Gorman, Gustavo
Saavedra et Juan Martínez de Velasco, la Biblioteca Central (1956) s’avère
l’un des plus saisissants bâtiments du campus. La culture et l’esprit contemporain du
Mexique s’expriment en harmonie sur ses quatre façades couvertes de mosaïques qui
illustrent les principaux symboles propres à son histoire et à ses racines
préhispaniques.

La Biblioteca Central de l'UNAM. © Dreamstime.com/Jesús Eloy Ramos Lara

Magnifique bâtiment aux lignes pures et baigné de lumière, le Museo Universitario


Arte Contemporáneo abrite l’un des meilleurs musées d’art contemporain de
México. Le dynamisme de cette institution d’avant-garde, où l’on présente également
des concerts et divers événements culturels, ainsi que la qualité de l’espace
d’exposition réjouiront les amateurs d’art actuel. Un restaurant et une boutique-galerie
complètent bien la visite des lieux.
Le Museo Universitario Arte Contemporáneo.
© Colin Knowles

Barrio San Ángel


À l’ouest de Coyoacán et de l’Avenida de los Insurgentes Sur, le Barrio San Ángel est
un de ces quartiers qui se laissent merveilleusement bien découvrir à pied. Il recèle de
jolies places ombragées, des jardins, de belles demeures coloniales que l’on admire en
empruntant de petites rues pavées, ainsi que des monuments religieux et un excellent
marché d’artisanat.
Une rue du Barrio San Ángel. © iStockphoto.com/abalcazar

Le Templo y Ex Convento de Nuestra Señora del Carmen (1615-1626)


arbore une sobre façade herreresque et se coiffe de deux superbes dômes recouverts
d’azulejos. Les cryptes de l’église, qui méritent définitivement une visite, affichent de
magnifiques toiles et peintures murales et abritent un ossuaire. Le couvent, qui comporte
les vestiges d’un aqueduc à deux niveaux, abrite le Museo de El Carmen
(expositions permanentes et temporaires sur l’histoire et l’art religieux de l’époque
coloniale).
Tout près, l’ancien hôtel de ville, qui faisait jadis partie du vaste complexe du Convento
del Carmen, loge aujourd’hui le dynamique Centro Cultural San Ángel , qui
accueille une foule d’événements culturels, du théâtre aux expositions de photographies.
La Plaza de San Jacinto.
© Thelmadatter

Grâce à son ambiance détendue, la sympathique Plaza de San Jacinto , bordée


d’arbres et de rues pavées, rappelle les places centrales des petites villes coloniales du
Mexique. Du côté nord, le marché d’artisanat El Bazaar Sábado grouille de vie le
samedi, quand les peintres et les artisans ouvrent leurs boutiques et ateliers aux
visiteurs. Voisin du marché, le Centro Cultural Isidro Fabela/Museo Casa del Risco
(XVIIe siècle) abrite une impressionnante fontaine couverte d’assiettes et de
pièces de porcelaine (riscos) et expose une collection d’art religieux, de meubles et
d’objets de l’époque coloniale. La place est entourée de belles demeures transformées
en restaurants et galeries d’art.
À l’ouest de la place se dresse l’austère église de la Parroquia de San Jacinto
(XVIe siècle), qui renferme une agréable et verdoyante cour intérieure plantée de l’une
des plus anciennes croix sculptées au pays.
Le Museo Estudio Diego Rivera y Frida Kahlo. © iStockphoto.com/abalcazar

Plus au nord, le Museo Estudio Diego Rivera y Frida Kahlo est constitué de
quatre édifices modernes de style fonctionnaliste, en partie reliés par une passerelle.
L’ensemble, conçu par l’architecte Juan O’Gorman en 1931, a fait office de résidence et
d’atelier de Diego Rivera (1934-1957) et de Frida Kahlo (1934-1941). Bordés de
cactus élancés, les édifices abritent, dans des pièces lumineuses, des photos d’archives,
des toiles, des artéfacts provenant des collections personnelles du couple, des objets
usuels et des personnages en papier mâché plus grands que nature.
À l’est, le Museo de Arte Carrillo Gil , un excellent musée d’art contemporain,
expose les œuvres d’artistes mexicains actuels et de grands peintres modernes
européens. Il compte également l’une des meilleures sélections des œuvres du peintre
muraliste José Clemente Orozco.

Xochimilco
Au sud-ouest du centre historique de México, à Xochimilco, il est possible de
prendre part à une excursion festive à bord d’un bateau dénommé trajinera, à
travers les canaux qui séparent une multitude de chinampas, ces larges îlots dédiés
à l’agriculture. Largement utilisé par les Aztèques, ce système de culture a persisté
ici jusqu’à nos jours.

Excursion en trajinera.
© iStockphoto.com/Bruno Monteny
Les environs de México
À l’écart du tumulte de la capitale, sur les hauteurs de
l’Altiplano, les environs de México regorgent d’une foule
d’attraits majeurs, tant historiques que culturels et
naturels. Culture autochtone, villes coloniales, complexes
religieux et splendides volcans raviront les voyageurs en
quête d’authenticité. Ce chapitre couvre une région très
riche en histoire, tant préhispanique, par le biais de
prestigieux sites archéologiques tels que Teotihuacán et
Tula, que coloniale, par les rayonnantes villes de Puebla et
Cholula. D’une étape à l’autre, vous voyagerez dans le
temps sur plus de deux millénaires et serez à même de
constater non seulement le haut niveau de civilisation
atteint par les humains qui ont habité cette région, mais
aussi les conséquences du choc des cultures. Du point de
vue pratique, toutes ces villes peuvent faire l’objet d’une
excursion d’une journée au départ de México. Elles
peuvent aussi s’inscrire dans un itinéraire de quelques
jours qui décrit un demi-cercle autour de la capitale; nous
vous présentons ici ces villes en suivant
approximativement un arc de cercle qui démarre au nord
de México, contourne la capitale par l’est et se termine au
sud-ouest de México. Partout vous pourrez trouver des
établissements agréables pour l’hébergement et la
restauration.
Tepotzotlán
À une quarantaine de kilomètres au nord de la capitale, la petite ville de Tepotzotlán
recèle l’un des plus importants musées d’histoire, d’art et d’ethnologie coloniale au
pays : le Museo Nacional Virreinato . Le musée loge dans la partie de l’ancien
Colegio de San Francisco Javier (1580), qui correspond à l’école et l’église.
L’intérieur de l’église dévoile une collection inégalée de retables de style baroque
churrigueresque.
Le Museo Nacional Virreinato, à Tepotzotlán. © Dreamstime.com/Jesús Eloy Ramos
Lara

Tula de Allende
Au nord de Tepotzotlán, dans l’État de Hidalgo, la ville de Tula de Allende est surtout
connue pour ses vestiges archéologiques. Située à l’intérieur du Parque Nacional de
Tula, la Zona Arqueológica de Tula serait l’ancien cœur commercial, politique
et religieux de la civilisation toltèque (entre les années 960 et 1150), considérée comme
l’un des plus importants empires mésoaméricains. Parmi les bâtiments et structures du
site (parfois nommé Tollan-Xicocotitlan), qui s’étendait probablement sur près de
10 km et hébergeait des dizaines de milliers de personnes, on retrouve deux terrains de
jeu de balle et le Templo de Tlahuizcalpantecuhtli, dédié à Quetzacóatl. Sur la
plateforme de cette pyramide se dressent quatre statues de guerriers monumentales, tels
des atlantes, derrière chacun desquels se trouve une colonne ornée de bas-reliefs à
l’iconographie guerrière, qui relatent vraisemblablement la rivalité entre les dieux-rois
Topilzin et Tezcatlipoca (voir Cliquez ici).
La Zona Arqueológica de Tula.
© iStockphoto.com/piginka

Les chercheurs ont établi l’influence de nombreux traits de l’identité, de la culture et de


la cosmogonie toltèques sur plusieurs autres civilisations. Les Aztèques, tout comme les
Toltèques, se percevaient comme des prêtres-guerriers et des fils du dieu Soleil. Les
Mayas auraient pour leur part été en relation étroite avec les Toltèques, notamment à
l’époque de la construction de Chichén Itzá. L’introduction des valeurs guerrières,
d’éléments architecturaux et la présence de statues représentant Chac-Mool, une
divinité vénérée par les Toltèques, dans de nombreux sites archéologiques mayas,
rappellent l’étendue de l’influence toltèque. À son apogée, autour du Xe siècle (entre
l’ère de Teotihuacán et celle de Tenochtitlán), sous la gouverne du roi-guerrier
Tezcatlipoca, la civilisation toltèque dominait tout le centre du Mexique.
La cité toltèque de Tula fut détruite vers 1150, à la suite à des troubles politiques
internes et d’une sécheresse. Le peuple toltèque, qui s’exila un peu partout au Mexique,
et même jusqu’au Guatemala, continua d’influencer de nombreuses tribus, dont les
Mexicas (Aztèques).
Acolman
Sur la route entre México et Teotihuacán se trouve la bourgade d’Acolman, où l’on peut
visiter le très intéressant Museo Ex Convento de Acolman , aménagé dans le
Templo y Ex Convento San Agustín Acolman, construit entre 1540 et 1570. Ce
complexe religieux, considéré comme l’un des meilleurs exemples d’architecture
plateresque en Amérique, est surtout visité en raison des peintures murales qui en ornent
les murs intérieurs, lesquelles sont les plus anciennes du genre répertoriées en
Amérique latine. Le musée expose aussi des objets de culte de l’époque coloniale.

Le Museo Ex Convento de Acolman.


© iStockphoto.com/Alexandre Fagundes De Fagundes

Zona Arqueológica de Teotihuacán


Située à moins de 50 km de México et inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO, l’ancienne cité de Teotihuacán (« l’endroit habité des dieux » en nahuatl),
l’une des plus grandes cités de l’Amérique préhispanique, impressionne par l’ampleur
de ses dimensions et ses temples massifs. Il s’agit du centre culturel, politique et
religieux de l’une des premières grandes civilisations mésoaméricaines, dont
l’influence rayonna jusqu’au Guatemala. Habitée dès 200 av. J.-C., la cité, qui s’est
surtout développée entre les Ier et VIIe siècles de notre ère, couvrait plus de 35 km2 et
hébergeait quelque 200 000 habitants à son apogée. Elle était à ce moment la plus
importante ville d’Amérique, et l’une des plus grandes du monde.

La Zona Arqueológica de Teotihuacán. © iStockphoto.com/rafal_kubiak

Vraisemblablement pluriethnique, la cité aurait été dirigée par les Mexicas (Aztèques),
les Otomis ou les Totonaques. Quoi qu’il en soit, certains éléments architecturaux de
Teotihuacán témoignent d’un lien avec la culture olmèque, et les chercheurs ont mis au
jour des preuves de la présence d’habitants d’origine maya, zapotèque et mixtèque. Il
est aussi convenu que la civilisation de Teotihuacán ait laissé des traces de son
influence un peu partout au Mexique, jusqu’au Honduras, surtout par le biais de son
expression artistique et architecturale, en particulier sur les peuples mayas de l’époque
préclassique et classique. C’est effectivement grâce aux hiéroglyphes et aux fresques
narratives mayas que les chercheurs ont pu en apprendre davantage sur Teotihuacán.
Même après sa destruction, probablement liée à des émeutes incendiaires en 650, le site
demeura un lieu sacré, et les Aztèques, dont Moctezuma, continuèrent à y faire des
sacrifices ponctuels. La récente découverte de mercure liquide, un métal rare et
difficilement accessible à l’époque, dans un tunnel sous la pyramide de Quetzalcóatl
indiquerait, selon les chercheurs, la présence d’une tombe royale.

Les Toltèques et la légende du Quetzalcóatl


Une aura de mystère entoure l’histoire du roi toltèque Topilzin, qui s’installa à Tula
vers 960. Il bénéficiait d’une telle vénération de la part de son peuple qu’il obtint
le statut de dieu, l’incarnation de Quetzalcóatl (serpent à plumes de quetzal). Il fut
cependant rapidement chassé de son trône et envoyé en exil à la suite des
tractations de son rival, Tezcatlipoca. Ce dernier, considéré comme le dieu des
nomades et des forces maléfiques, encourageait les sacrifices humains et valorisait
la guerre. Selon les écrits mayas, Topilzin, alors appelé Kukulkán (« serpent à
plumes » en langue maya), serait parvenu au Yucatán et aurait participé à la
fondation de Chichén Itzá, cité dans laquelle il introduisit des valeurs guerrières.
La légende entourant le Quetzalcóatl spécifiait qu’il devait revenir d’exil, par l’est,
et réclamer son royaume. Cette légende, perpétuée jusqu’aux Aztèques de
Tenochtitlán, était si profondément ancrée dans l’esprit du roi Moctezuma qu’il
reçut le conquistador Cortés comme s’il était l’incarnation du dieu Quetzalcóatl.
Détail de la pyramide de Quetzalcóatl à Teotihuacán. ©
iStockphoto.com/AlbertoLoyo

Teotihuacán est aussi l’un des premiers sites archéologiques à être fouillé (1864) et
restauré (1905-1910). Son artère principale, nommée Calzada de los Muertos, est
bordée des plus éloquents bâtiments religieux du site, entre autres la Pirámide del Sol
(achevée vers l’an 150, haute de 60 m), la Pirámide de la Luna et le Palacio de
Quetzalpapálotl. L’organisation urbaine de l’ancienne cité répond à une logique
astronomique précise. Ainsi, la Pirámide del Sol (pyramide du Soleil) est érigée en
harmonie avec la position du Soleil à son zénith.
Le site comprend deux musées, le Museo de Sitio de la Cultura Teotihuacana, au sud
de la Pirámide del Sol, qui présente des artéfacts et des objets usuels provenant du site,
et le Museo de Murales Teotihacanos Beatriz de la Fuente, non loin de la pyramide
de la Lune, qui expose des fresques récupérées dans divers bâtiment de l’ancienne cité.
Il est également agréable de se balader dans les sentiers bordés d’arbres fruitiers et de
cactus du Jardín Botánico Teotihuacán, près de la Pirámide del Sol.
Entre México et Puebla
À l’est de México, la route 150D mène à la ville de Puebla. Parmi les excursions et
haltes touristiques dignes de mention en périphérie de cette route, notons la capitale
étatique de Tlaxcala , qui bien que petite possède néanmoins une place importante
dans l’histoire de la colonisation espagnole. En effet, au XIVe siècle, cette cité-État
était habitée par les Tlaxcalèques, un peuple guerrier qui, malgré une culture semblable,
rivalisait farouchement avec les Aztèques de Tenochtitlán afin de préserver leur
indépendance. Cortés dut affronter les Tlaxcalèques au moment où il se dirigeait vers
Tenochtitlán, en 1519. Il a toutefois su profiter de leur rivalité avec Tenochtitlán pour
les convaincre de conclure une alliance. Cette alliance stipulait que les Tlaxcalèques
aideraient le conquistador à vaincre les Aztèques en échange du maintien de leur
souveraineté territoriale. Ils prirent part activement à la chute de Tenochtitlán : plus de
30 000 de leurs soldats accompagnaient les hommes de Cortés!

Une des murales du Palacio de Gobierno de Tlaxcala. ©


Dreamstime.com/Albertoloyo
La Basílica de Nuestra Señora de Ocotlán, à Tlaxcala. ©
iStockphoto.com/AlbertoLoyo

Lors d’une visite à Tlaxcala, il ne faut pas manquer d’admirer les magnifiques fresques
historiques du Palacio de Gobierno (érigé en 1545 et reconstruit en 1711), peintes
par Desiderio Hernández Xochitiotzin, un muraliste né à Tlaxcala. Tout près, aussi
installé autour de la jolie Plaza de la Constitución, le Museo Vivo de Artes y
Tradiciones Populares de Tlaxcala expose une grande variété de pièces d’artisanat
régional. Plus à l’est, la Basílica de Nuestra Señora de Ocotlán aurait été
construite à la suite d’un apparition mariale en 1541. L’impressionnant bâtiment,
encadré de tours immaculées, recèle un intérieur opulent de style baroque et chargé
d’une multitude de sculptures.
La Zona Arqueológica Xochitécatl. © Dreamstime.com/Valery Shanin

Quelques sites archéologiques situés en périphérie de la route México-Puebla méritent


une visite. Juchée sur un volcan éteint, la Zona Arqueológica Xochitécatl est un
ancien centre cérémoniel olmèque-xicalanca qui offre, du haut de la Pirámide de las
Flores, un magnifique panorama sur les volcans Popocatépetl, Iztaccíhuatl et Malintzi
(parfois nommé Matlalcueitl ou Matlacueye). Ce site, occupé entre 300 av. J.-C. et 900
de notre ère, présente des pyramides et un petit musée exposant les figurines féminines
dédié à la déesse Tlazolteotl de la fertilité. Tout juste à l’est, en bordure de la ville de
San Miguel del Milagro, la Zona Arqueológica Cacaxtla occupait, entre l’an 650
et 900, un lieu stratégique sur la route commerciale qui reliait Teotihuacán et les cités
établies au Tabasco et au Campeche. Aussi fondé par les Olmèques de culture
xicalanca, le site fait l’étalage de précieuses et très colorées peintures murales à
caractère narratif dans ses ruines. Il est également possible d’admirer des répliques
dans le musée attenant.

Puebla
À la différence de nombreuses villes coloniales du Mexique construites à même les
vestiges d’anciennes cités autochtones, Puebla fut fondée en 1531, sur un territoire
inoccupé, à une trentaine de kilomètres d’un des plus hauts volcans au pays, le
Popocatépetl. Son emplacement avantageux, à mi-chemin entre México et Veracruz, a
contribué au fantastique développement économique de la ville tout en lui insufflant un
dynamisme cosmopolite. Plusieurs bâtiments de la ville sont d’ailleurs recouverts
d’azulejos, ces carreaux de céramique typiquement andalous. Inscrite sur la Liste du
patrimoine mondial de l’UNESCO, Puebla revêt une importance à la fois historique,
culturelle et architecturale. C’est effectivement à Puebla que s’est déroulée la célèbre
bataille du 5 mai 1862 (Batalla de Puebla) marquant la victoire de l’armée mexicaine
républicaine, menée par Ignacio Zaragoza, contre les troupes françaises, alliées au
gouvernement conservateur. Le Cinco de Mayo est une grande célébration nationale qui
commémore cette victoire.
Une rue du centre historique de Puebla. © iStockphoto.com/robertcicchetti

La visite du centre historique de la ville débute devant la Fuente de San Miguel


(1777), une splendide fontaine soutenue par des chérubins et surmontée d’une statue de
saint Michel archange, installée dans le zócalo . Autour du zócalo, animé et bordé
d’arbres, s’alignent des terrasses, des commerces et des bâtiments coloniaux tels que le
monumental Palacio Municipal et la majestueuse Catedral Basílica de Puebla
(1575-1649), aussi connue sous le nom de Nuestra Señora de la Inmaculada
Concepción , dont les hautes tours dessinent la signature visuelle de la ville. À
l’intérieur, les peintures, l’orgue et le maître autel sont particulièrement saisissants. Le
soir venu, des jeux de lumière projetés sur la cathédrale et la fontaine mettent en valeur
les joyaux du zócalo.
La Biblioteca Palafoxiana. © Marc Rigole

Considérée comme la première bibliothèque publique d’Amérique, la Biblioteca


Palafoxiana (fondée en 1646) prend place dans une salle voûtée au fond de
laquelle se trouve un retable doré, orné de deux peintures. Installée dans l’ancien
collège San Juan (XVIe siècle), la bibliothèque dispose de dizaines de milliers
d’ouvrages, dont la plupart datent du XVe siècle. La Casa de la Cultura de Puebla, qui
organise des expositions d’arts visuels, divers événements culturels et des spectacles
de théâtre, danse et musique, loge à la même adresse.
Une promenade au nord du zócalo mène rapidement au Templo y Convento de Santo
Domingo de Guzmán, un complexe religieux qui fait partie d’un ancien couvent. Si la
façade de l’église demeure austère, à l’intérieur, la Capilla del Rosario (1650-
1690) présente une extravagante explosion de dorures, de toiles monumentales et
d’ornements, qui ne manqueront pas d’éblouir les visiteurs. Il s’agit en effet de l’un des
exemples les plus éloquents de l’architecture baroque mexicain.
La Capilla del Rosario. © iStockphoto.com/stockcam

Tout juste à l’est, le Museo Regional de la Revolución Mexicana Casa de los


Hermanos Serdán est aménagé dans l’ancienne résidence de la famille Serdán
Alatriste, précurseur de la Révolution mexicaine. En novembre 1910, au cours de l’un
des premiers événements marquant les débuts de la Révolution, la façade du bâtiment
fut criblée de balles (dont les impacts sont toujours visibles) lors d’un assaut des forces
policières, qui avaient eu vent du complot mené par la famille Serdán Alatriste. Les
membres de la famille, qui cachait dans leur demeure un dépôt d’armes, furent tués.
Derrière le Teatro Principal (inauguré en 1761, il est l’un des plus anciens théâtres
toujours en activité au pays), le Barrio del Artista est un quartier décontracté
abritant de nombreux ateliers d’artistes, des cafés et des restaurants. Le samedi est le
meilleur moment pour s’y balader, flâner, rencontrer les artistes ou se procurer une
œuvre. Tout près, le Mercado el Parián est un marché incontournable pour se
procurer des souvenirs et de l’artisanat régional.
Vue sur la cathédrale depuis la terrasse du Museo Amparo. ©
Dreamstime.com/Florian Blümm

Le Museo Amparo , situé au sud du zócalo, est considéré à juste titre comme
l’un des meilleurs musées au Mexique. Ses salles d’exposition présentent des artéfacts
précolombiens (entre autres olmèques, mayas et aztèques) dont des sculptures, des bas-
reliefs et des poteries, ainsi que des œuvres d’art de l’époque coloniale contemporaine.
L’architecture du musée révèle un amalgame très réussi des styles coloniaux et
modernes, comme en témoignent le magnifique hall et le café-terrasse sur le toit avec
vue sur la cathédrale.
C’est dans la Zona Histórica de Los Fuertes , juchée sur une colline au nord-est du
zócalo, que s’est déroulée la bataille de Puebla, le 5 mai 1862. Le Fuerte de Loreto et
le Fuerte de Guadalupe sont d’anciennes chapelles (XVIe siècle) transformées en
fortifications en 1816. Le petit musée du fort Loreto, très informatif, explique le
contexte historique de la bataille. L’endroit offre un magnifique point de vue sur la ville.
S’y trouve aussi le Museo Regional de Puebla, qui traite d’histoire et d’ethnologie.

Cholula
Perchée à plus de 2 000 m d’altitude et facilement accessible depuis Puebla, Cholula
est habitée en continu depuis quelque 2 500 ans et est considérée comme l’une des plus
anciennes villes d’Amérique. Dans ce véritable carrefour culturel et économique,
plusieurs groupes autochtones se sont tour à tour établis, notamment les Olmèques-
Xicalancas, les Toltèques et les Mixtèques. Cholula a cependant vu son influence et sa
population décliner à la suite de l’abandon de Teotihuacán, dont elle était la principale
alliée et la principale partenaire commerciale. Ce ne fut qu’une question de temps pour
que la cité reprenne sa place enviable d’épicentre culturel et commercial, pour
ultimement entretenir des liens étroits avec Tenochtitlán et son peuple ami, les
Aztèques. En 1519, Cholula, qui comptait une population d’environ 100 000 habitants, a
été prise par Cortés et ses soldats, associés aux Tlaxcaltèques. Des milliers d’habitants
ont péri au cours de cet événement sanglant, connu sous le nom du « Massacre de
Cholula ». C’est ainsi que l’on doit en partie l’important patrimoine catholique de
Cholula à Cortés, qui aurait ordonné de construire une église sur chacun des nombreux
temples autochtones de la cité.

La Gran Pirámide de Cholula.


© iStockphoto.com/AlbertoLoyo

Ainsi, l’exemple le plus frappant est le lumineux Santuario de Nuestra Señora de los
Remedios, avec, toile de fond, le majestueux volcan Popocatépelt. Bien que l’église
semble juchée au sommet d’une colline, elle est bel et bien posée directement sur la
Gran Pirámide de Cholula, un temple préhispanique dédié au dieu olmèque de la pluie
Chiconquiahuitl, érigé au Ier siècle av. J.-C. et recouvert de verdure. La Zona
Arqueológica de Cholula comprend cette pyramide, l’une des plus importantes
au monde en termes de volume, les vestiges mis au jour à son pied et un musée qui
expose entre autres choses la reconstitution de l’une des magnifiques fresques
retrouvées sur le site. Près d’une dizaine de kilomètres de tunnels permettent d’arpenter
l’intérieur de la pyramide, constituée de sept temples distincts, marquant différentes
époques de construction, qui s’emboitent à la manière des poupées russes.

Le Santuario de Nuestra Señora de los Remedios, et le Popocatépelt en arrière-


plan.
© Dreamstime.com/Jesús Eloy Ramos Lara

La montée jusqu’au Santuario de Nuestra Señora de los Remedios mérite


amplement l’effort. Important lieu de pèlerinage, l’église (1594-1864), coiffée d’un
magnifique dôme orné d’azulejos, dévoile un intérieur élégant caractérisé par un autel
néoclassique et de superbes parures dorées. Elle abrite la statue de la Virgen de los
Remedios, aussi connue sous le nom de la Vierge de la Conquête, puisqu’elle serait
apparue devant les troupes espagnoles lors de la Noche Triste (voir Cliquez ici). La
Vierge est célébrée au cours d’une grande fête traditionnelle tenue annuellement pendant
la première semaine de septembre.
Tout juste au nord, le zócalo, nommé Plaza de La Concordia , abrite le long Portal
Guerriro qui compte, sous ses élégantes arcades, des restaurants, des terrasses et
divers commerces. Parmi les autres bâtiments et attraits situés près du zócalo, notons la
Casa del Caballero Águila , plus ancien bâtiment civique de la ville, qui comporte
une entrée flanquée de deux bas-reliefs préhispaniques. Ce splendide édifice abrite le
Museo de la Ciudad de Cholula , un musée historique qui loge également une
galerie d’art. Le Convento de San Gabriel Arcángel (1529), construit par des
autochtones sur l’emplacement de l’ancien temple dédié à Quetzalcóatl, arbore pour sa
part plusieurs éléments de style gothique plateresque. Le complexe renferme la Capilla
Real (1540), une chapelle de style mauresque qui aurait été principalement utilisée
par les autochtones pendant les offices religieux.

Détail de la façade duTemplo de Santa María Tonantzíntla. © Marc Rigole

Au sud de Cholula, il faut absolument faire une halte au coloré Templo de Santa María
Tonantzíntla (XVIe siècle), dont le nom réfère à la déesse mère des Aztèques
(associée à la fertilité, au maïs et à la protection). Érigée dans un but précis
d’évangélisation, cette église très particulière se révèle être un flamboyant exemple du
style baroque mexicain, fusion de l’art hispanique alors en vogue avec les thèmes
indigènes. D’ailleurs, sa décoration est surchargée, truffée de dorures, de personnages
et d’un amalgame de symboles autochtones et espagnols. Non loin de là, une autre église
incarne la quintessence du style baroque mexicain et mérite le détour : le Templo de
San Francisco Acatepec (XVIIe siècle), qui présente une extraordinaire façade
recouverte de carreaux de céramique colorés, fabriqués par des artisans de Puebla et
connus sous le nom d’azulejos de Talavera. L’intérieur n’est pas en reste et dévoile un
opulent décor.
Le Templo de San Francisco Acatepec.
© Marc Rigole

Entre Cholula et Cuernavaca


Entre Cholula et Cuernavaca se dressent les volcans Iztaccíhuatl et Popocatépetl,
protégés par un parc national. Autour du Popocatépetl furent érigés aux tout débuts de la
colonisation une quinzaine de monastères dominicains et augustins voués à
l’évangélisation des autochtones. Ce réseau de complexes religieux bien conservés,
nommé La Ruta de los Conventos, figure sur la Liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO.
L’Ex Convento de San Juan Bautista, à Tlayacapan. © Dreamstime.com/Jesús Eloy
Ramos Lara

Parmi les exemples les plus éloquents, notons l’Ex Convento de San Mateo (1570)
à Atlatlahucan, l’Ex Convento de la Inmaculada Concepción (1535-1567) à
Zacualpan de Amilpas, le Templo y Ex Convento de San Miguel Arcángel (1529-
1550) à Huejotzingo (1525-1570), l’Ex Convento de San Juan Bautista
(1535-1541) à Yecapixtla, l’Ex Convento de Santiago Apóstol (premier monastère
augustin, fondé en 1534) à Ocuituco, ainsi qu’un autre monastère appelé Ex Convento
de San Juan Bautista (1554) à Tlayacapan , dont certains des murs sont ornés
de fresques et dont le réfectoire abrite un musée fort intéressant exposant des sculptures
et des toiles du XVIe siècle et des momies découvertes sur le site pendant sa
restauration.
L’Ex Convento de la Natividad, à Tepoztlán.
© Marc Rigole

Enfin, dans le charmant village colonial de Tepoztlán , se dresse l’Ex Convento


de la Natividad (1555-1580). Certains murs et les voûtes du couloir entourant la
cour intérieure sont ornés des fresques d’origine, étonnamment bien conservées.
L’ancien monastère abrite également le Museo Histórico de Tepoztlán , un musée
d’histoire régionale. Derrière le complexe religieux se trouve un petit musée d’art
préhispanique, le Museo de Arte Prehispánico Carlos Pellicer . Au nord du
village, qui fait partie du réseau des Pueblos Mágicos (programme de promotion
touristique et de mise en valeur de localités ayant une richesse historique et culturelle
manifeste), les visiteurs en bonne condition physique peuvent gravir la montagne
(2,5 km) qui mène à la Zona Arqueológica Tepozteco . Le site de ces vestiges
xochimilcas offre une vue à couper le souffle sur des falaises verdoyantes et
comprennent un temple pyramidal connu sous le nom de Casa del Tepozteco, érigé
entre 1150 et 1350 et dédié à Ometochtli-Tepoztécatl, dieu du pulque et de la fertilité.
La cathédrale de Cuernavaca.
© iStockphoto.com/Robert_Ford

Cuernavaca
Cuernavaca, capitale de l’État de Morelos, est célèbre pour son climat d’éternel
printemps qui attire depuis des lustres de nombreux (et célèbres) vacanciers venus de
México et des environs ainsi que de l’étranger. Établie dès 1500 av. J.-C., elle fut
habitée par des groupes olmèques, toltèques et tlahuicas, puis conquise par les Aztèques
sous le règne de Moctezuma. Cortés et les colons espagnols ont pour leur part pris
possession de la ville en 1521.
Près du zócalo, nommé Plaza de Armas , et du Jardín Juárez sont érigés
quelques bâtiments historiques parmi les plus importants au pays. Construit entre 1526
et 1535 sur l’emplacement d’une forteresse autochtone, le Palacio de Cortés fut la
résidence du conquistador et de sa famille au cours des premières années de l’époque
coloniale. Ce bâtiment civil à l’aspect médiéval, l’un des plus anciens au pays, a abrité
une prison, le siège du gouvernement d’État et loge aujourd’hui le Museo Regional
Cuauhnáhuac . Cet incontournable musée d’art, d’histoire et d’archéologie
expose entre autres des fresques peintes en 1930 par le célèbre muraliste Diego Rivera.

Le Museo Regional Cuauhnáhuac, à Cuernavaca. © Marc Rigole

En poursuivant vers l’ouest dans la Calle Miguel Hidalgo, on aperçoit la monumentale


cathédrale de Cuernavaca, connue sous le nom de Catedral de la Nuestra Señora de
la Asunción (1529-1552). Fondé par les premiers franciscains arrivés au pays,
le complexe religieux, entouré d’une muraille, compte une église, une cour intérieure
verdoyante ainsi que des chapelles où ont été mises au jour de magnifiques et très
anciennes fresques religieuses narratives dont celle du martyr et premier saint mexicain,
San Felipe de Jesús.
Le Museo Robert Brady occupe la Casa de la Torre, qui à l’origine faisait partie
du Convento de la Nuestra Señora de la Asunción. Aujourd’hui, cet ancien observatoire
astronomique, qui fut la demeure du collectionneur et artiste américain Robert Brady,
expose dans chacune de ses pièces colorées une impressionnante variété de meubles
d’œuvres d’art provenant de partout dans le monde, mais surtout du Mexique.
À l’ouest de la cathédrale se trouvent le Museo Morelense de Arte Popular
(MMAPO), un musée d’artisanat régional, ainsi que le luxuriant Jardín Borda , qui
invite à la détente avec ses fontaines et ses bassins où batifolent des canards.
L’ancienne demeure du riche entrepreneur minier José de la Borda fut également la
résidence d’été de l’empereur Maximilien de Habsbourg dans les années 1860.
La Zona Arqueológica Teopanzolco , située au nord de la ville, compte une
quinzaine de structures dont une importante pyramide dédié à Huitzilopochtli (dieu de la
Guerre) et à Tláloc (dieu de la Pluie), construits sur une colline formée par une coulée
de lave. Occupé par les Tlahuicas au cours de la période postclassique (1150-1521), le
site aurait servi à de nombreux sacrifices humains et aurait été conquis par les
Aztèques. La grande pyramide présente d’ailleurs des similitudes, à petite échelle, avec
le Templo Mayor, vestige de la cité de Tenochtitlán, aujourd’hui México.

La Zona Arqueológica de Xochicalco. © Marc Rigole

À une quarantaine de kilomètres au sud de la ville de Cuernavaca se trouve la Zona


Arqueológica de Xochicalco (Maison des Fleurs), inscrite sur la Liste du
patrimoine mondial de l’UNESCO. Habitée dès 200 av. J.-C., cette ancienne cité,
entourée des vestiges d’une muraille, a connu son apogée entre 650 et 900 de notre ère,
et dévoile, par son architecture et les artéfacts qu’on y a retrouvés, une relation étroite
avec Teotihuacán. À l’entrée du site, le Museo de Sitio de Xochicalco , un musée
d’archéologique et d’histoire, présente une maquette de la cité et des artéfacts tels que
des pièces de céramique et des sculptures. La structure la plus importante de la zone
archéologique est sans contredit la Pirámide de las Serpientes Emplumadas
(pyramide des serpents à plumes, ou de Quetzalcóatl), dont la base est couverte de
magnifiques bas-reliefs. Parmi les autres structures dignes de mention, notons la Gran
Pirámide, dédiée au dieu Tláloc, la Pirámide Gemela, qui abrite une peinture murale,
et l’Observatorio, dont les marches taillées à l’intérieur mènent vers une pièce où les
rayons du soleil pénètrent à travers une cheminée et projettent (du mois de mai à la mi-
août) une forme hexagonale sur le sol. La vaste cité abrite également un temazcal, une
acropole, une citerne et pas moins de trois terrains de jeu de balle.

Taxco
Fondée en 1529 par l’un des capitaines de Cortés, Taxco s’est développée à la suite de
l’exploitation d’un important filon d’argent au XVIIIe siècle par l’Européen José de la
Borda, qui fit fortune ici. Cette ville coloniale fort attrayante, littéralement accrochée à
flanc de montagne, dévoile un environnement d’une saisissante beauté. Il faut d’ailleurs
emprunter le Teleférico au nord de la ville ou grimper jusqu’au Mirador del
Cristo Monumental pour bénéficier des meilleurs points de vue. Taxco, qui fait
également partie du réseau des Pueblos Mágicos, se démarque par son ambiance
sereine, ses rues étroites et sinueuses qui suivent le relief, et qui sont bordées
d’élégants bâtiments de stuc blanc, coiffés de toits recouverts de tuiles d’argile.
Le cœur historique de la ville s’organise autour de l’agréable zócalo, aussi nommé
Plaza Borda en l’honneur de cet entrepreneur minier qui participa à l’essor de
l’endroit en injectant une partie de sa grande richesse dans les infrastructures de Taxco.
Il fit entre autres construire la Parroquia de Santa Prisca y San Sebastián , ce
bâtiment emblématique qui se dresse sur le zócalo et dont les tours élancées et le dôme
recouvert d’azulejos dominent le paysage. Érigée rapidement et achevée en 1758, cette
magnifique église en pierres rosées affiche un style baroque churrigueresque
harmonieux et expose, tant sur sa façade qu’à l’intérieur, des ornements d’un raffinement
inouï.

Taxco, capitale mondiale de l’argent


Bien avant l’arrivée des Espagnols, les Tlahuicas, les Chontales et les Nahuas ont
tour à tour pratiqué l’extraction d’argent et d’étain à Taxco. Aujourd’hui, la capitale
mondiale de l’argent compte quelque 300 boutiques et ateliers proposant des
œuvres d’orfèvrerie artisanales d’une grande qualité. Le principal marché et le
plus grand nombre de boutiques se sont installés au sud du zócalo.
Taxco. © iStockphoto.com/rafal_kubiak

À l’est du zócalo se trouve le Museo Arqueológico Guillermo Spratling , qui


expose la collection personnelle d’artéfacts de l’artiste et architecte américain William
Spratling. Ce résident de Taxco a relancé le travail artisanal de l’argent et y a réintégré
les figures et motifs préhispaniques par le biais de son atelier d’orfèvrerie, Las
Delicias.
Tout près, au nord, le Museo de Arte Virreinal , aménagé dans la charmante Casa
Humboldt (XVIIIe siècle), propose pour sa part une incursion dans l’histoire de la ville
à travers des œuvres d’art religieux provenant entre autres de la Parroquia de Santa
Prisca et des objets usuels de l’époque coloniale.
Le Centro Cultural Casa Borda, qui loge dans l’ancienne demeure de José de la
Borda, érigée en 1759 au nord du zócalo, présente des expositions temporaires et
divers événements culturels. Sur place, il faut jeter un coup d’œil à la façade arrière du
bâtiment, aux allures de forteresse médiévale.
Le Museo Casa de las Lagrimas , aussi appelée Casa Figueroa, porte bien son nom
de « maison des larmes ». L’histoire de cette demeure coloniale, construite par des
Tlahuicas littéralement réduits à l’esclavage, est ponctuée d’événements tragiques et
d’anecdotes mystérieuses.
À une cinquantaine de kilomètres au nord de Taxco, le Parque Nacional Grutas de
Cacahuamilpa abrite l’un des plus vastes réseaux de grottes au monde, jadis
utilisé comme lieu de culte par les Chontales. Des visites guidées permettent d’admirer
les impressionnantes stalactites et stalagmites.

Le Parque Nacional Grutas de Cacahuamilpa. © iStockphoto.com/v0v

Malinalco
Au sud-ouest de México, la jolie et sympathique bourgade de Malinalco, qui fait partie
du réseau des Pueblos Mágicos, mise sur plusieurs atouts pour attirer les voyageurs.
Son cadre magnifique, ses vestiges préhispaniques ainsi que son monastère datant du
XVIe siècle en font une halte de choix sur le chemin de Toluca.
Le complexe religieux de la Parroquia del Divino Salvador, qui comprend le
Convento Agustino de la Transfiguración , construit à partir de 1540, évoque une
architecture médiévale. L’église arbore une façade plateresque plutôt sobre, mais
l’intérieur du complexe religieux se distingue par la qualité et l’authenticité des
peintures murales à motifs organiques, végétaux et animaliers.
La Zona Arqueológica Cuauhtinchan.
© Dreamstime.com/Jesús Eloy Ramos Lara

À même la falaise sur les hauteurs du Cerro de los Ídolos se trouve la Zona
Arqueológica Cuauhtinchan , qui protège un ancien et fascinant centre
cérémoniel aztèque. Grimper la volée de marches pour le découvrir en vaut amplement
l’effort. Le site était vraisemblablement occupé bien avant l’arrivée des Aztèques,
comme en témoignent certains éléments de style Teotihuacán trouvés sur place. La plus
importante des structures, le Cuauhcalli (Maison des Aigles), directement sculpté dans
la falaise, est unique en son genre. Ce temple faisait probablement office de lieu
d’initiation pour l’élite de l’armée aztèque (les guerriers aigles et les guerriers jaguars).

Toluca de Lerdo
Capitale de l’État de México, la grande ville industrielle de Toluca (officiellement
Toluca de Lerdo) est perchée à plus de 2 500 m dans une vallée qui fut habitée, à
travers le temps, par divers groupes autochtones dont les Matlatzincas et les Otomíes.
Les Aztèques s’installèrent à Toluca au cours de leur conquête de la région (vers 1475).
Dès 1521, les hommes de Cortés prirent la ville et y fondèrent, quelques années plus
tard, une colonie espagnole. Aujourd’hui, le centre historique de cette ville, la plus
haute du pays avec pour toile de fond le volcan Nevado de Toluca , recèle d’élégants
édifices, dont le Palacio de Gobierno, le Palacio de Justicia, la cathédrale (1867) et
le Museo de las Bellas Artes . Ce musée, aménagé dans le magnifique Ex
Convento de la Purísima Concepción (XVIIIe siècle), présente une belle collection de
peintures et de sculptures couvrant la période du XVIe au XIXe siècle. Tout juste à l’est
se dresse le Cosmovitral Jardín Botánico , un ancien marché de style Art nouveau
converti en jardin botanique intérieur. L’attrait principal du site réside dans les
captivants vitraux colorés, conçus par l’artiste mexicain Leopold Flores, qui encadrent
de manière grandiose le bâtiment.

Zona Arqueológica Calixtlahuaca


À quelques kilomètres au nord de Toluca, l’importante cité préhispanique de Tecaxic fut
occupée dès la période préclassique par des tribus nomades. Après avoir subi
l’influence de Teotihuacán et des Toltèques, les Matlazincas s’y installèrent, jusqu’à la
conquête des Aztèques, qui ont renommé la cité « Calixtlahuaca ». La structure
principale du site est un bâtiment circulaire dédié à Ehécatl-Quetzalcóatl. Selon la
mythologie aztèque, Ehécatl serait l’une des représentations de Quetzalcóatl, associé au
vent et au souffle divin. Un petit musée expose des artéfacts trouvés sur les lieux et une
maquette.

Valle de Bravo
À l’ouest de Toluca, bordant le lac Avándaro, Valle de Bravo, qui fait partie du réseau
des Pueblos Mágicos, est une bourgade enchanteresse et un lieu de villégiature prisé
par l’élite mexicaine. Accroché à la falaise, le charmant village, ponctué de bâtiments
aux toits de tuiles, attire aujourd’hui de nombreux amateurs de vol libre, qui viennent au
Mirador de Monte Alto pour pratiquer ce sport dans des conditions idéales.
En plus d’offrir des possibilités de randonnées pédestres (le Mirador la Peña , à
environ 45 min du centre, offre des vues superbes) et d’excursions lacustres (kayak,
voile, etc.), le village abrite plusieurs attraits et bâtiments coloniaux tels que la
Parroquia de San Francisco de Asís et le Museo Arqueológico, qui présente des
artéfacts découverts dans la région.
Valle de Bravo. © Dreamstime.com/Jesús Eloy Ramos Lara
Les villes coloniales au nord-ouest de
México
Le centre du Mexique, au nord de la grande région de
México, est truffé de villes et de villages agréables qui
renferment de véritables trésors d’architecture coloniale.
Établies dans de magnifiques vallées propices à la
viniculture (entre 1 500 m et 2 000 m au-dessus du niveau
de la mer), entourées de montagnes sillonnées de filons
d’or et d’argent, ces villes ont connu un développement
important et leur dynamisme perdure encore aujourd’hui.
En prime, de nombreux sites archéologiques parsèment la
région, certains mis en valeur depuis quelques années
seulement. Partout on peut profiter de villes à échelle
humaine; même Guadalajara, qui fait partie de la
deuxième agglomération du Mexique (près de 5 millions
d’habitants), conserve encore une atmosphère de ville de
province.
De novembre à mai, on note de faibles probabilités de
pluie tandis que les températures varient relativement peu
tout au long de l’année, bien que les nuits soient en
général fraîches. La région bénéficie d’un très bon niveau
d’ensoleillement. Ces conditions favorables tiennent au
fait que toute la région se trouve sur l’Altiplano mexicain,
à une altitude moyenne de 1 800 m; elles ont permis, bien
avant l’arrivée des Espagnols, de développer une
agriculture sophistiquée et des sociétés évoluées et
hiérarchisées.
Morelia
D’abord baptisée Valladolid (1541), l’éblouissante capitale de l’État du Michoacán fut
renommée Morelia en 1828, en l’honneur du héros indépendantiste José María Morelos
y Pavón (1765-1815), qui y est né. Le centre historique de cette ville coloniale, d’une
richesse architecturale étonnante, est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO. Il compte quelque 250 édifices et monuments patrimoniaux, dont plusieurs
ont été érigés dans un style baroque à l’aide d’une pierre rosée extraite dans la région.
Véritable carrefour culturel, Morelia compte de nombreux musées et propose plusieurs
événements importants, tel le Festival Internacional de Cine de Morelia.
La Catedral de Morelia (à gauche) et le Palacio de Gobierno (à droite). © Marc
Rigole

Excellent point de départ pour explorer le centre historique de Morelia, l’agréable


Plaza de Armas comporte un kiosque antique entouré de bancs invitants à l’ombre
d’arbres matures. Les hautes tours de la splendide Catedral de Morelia s’élève
du côté est de la plaza. La durée de sa construction, qui s’étendit sur près d’un siècle
(1660 à 1744), explique l’amalgame de styles utilisés dans sa conception. À l’intérieur,
on admire de nombreux joyaux tels que de magnifiques toiles, la célèbre statue du
Señor de la Sacristía, un Christ fait de pâte de maïs et coiffé d’une couronne dorée,
ainsi qu’un orgue antique de 4 600 tuyaux. Les plus chanceux pourront assister à un
concert lors de leur visite. D’ailleurs, le Festival Internacional de Órgano de Morelia
« Alfonso Vega Núñez », qui s’y déroule en octobre, présente des concerts baroques et
modernes d’organistes internationaux. Le soir venu, la cathédrale resplendit sous les
éclairages.
Une des murales du Palacio de Gobierno.
© Marc Rigole

En face, le Palacio de Gobierno , siège du gouvernement depuis 1867, loge dans


un ancien séminaire inauguré en 1770. Il ne faut pas hésiter à y entrer pour contempler
les saisissantes murales historiques peintes par l’artiste Alfredo Zalce en 1960.
Au sud de la cathédrale, le Museo Regional Michoacano , l’un des plus anciens
musées du pays, compte une douzaine de salles traitant d’archéologie, d’histoire et
d’ethnologie. À côté du musée, l’Antiguo Palacio de Justicia abrite le Museo y
Archivo Histórico del Poder Judicial de Michoacán , le premier musée de la
magistrature au Mexique. Il renferme aussi une splendide peinture murale réalisée par
Agustín Cárdenas.
À l’est du lieu de naissance de José María Morelos y Pavón (Casa Natal de Morelos)
se trouve le Museo Casa de Morelos , un petit musée qui retrace la vie de ce héros
de l’indépendance à travers des photographies, des meubles, des archives et divers
objets d’époque ayant appartenu à Morelos.
Situé au nord-ouest de la Plaza de Armas, le Colegio de San Nicolás , l’un des plus
anciens collèges d’Amérique, est maintenant rattaché à l’Universidad Michoacana de
San Nicolás de Hidalgo. Cette université, au cœur de l’éducation au Mexique du
XVIIIe siècle, a formé Miguel Hidalgo y Costilla et José María Morelos y Pavón.

Une des cours intérieures du Palacio Clavijero. © iStockphoto.com/Latsalomao

De l’autre côté de la rue, dans une ancienne église du XVIIe siècle, prend place
l’imposante Biblioteca Pública de la Universidad Michoacana . Elle renferme
d’anciens et précieux ouvrages, en plus de présenter, sur ses voûtes et ses murs, des
toiles et des fresques fort intéressantes. Érigé en 1660 dans un style baroque, le Palacio
Clavijero avoisine la bibliothèque. Cet ancien séminaire jésuite, avec ses cours
intérieures flanquées d’arches élégantes, représente l’un des joyaux architecturaux de la
ville. Le palais abrite aujourd’hui le Centro Cultural Clavijero et compte une
dizaine de salles d’exposition dont l’une est dédiée aux artistes de la région. L’office de
tourisme de Morelia y a pignon sur rue. Dans l’escalier principal et sur la voûte, les
visiteurs peuvent également admirer une imposante murale, réalisée par l’artiste natif du
Michoacán Adolfo Mexiac, en 2002. Donnant sur la rue Valentín Gómez Farías, le
Mercado de Dulces y Artesanías Morelia propose une variété de sucreries
typiques de la région ainsi que des bijoux et des instruments de musique artisanaux.
Plus au nord, l’ancien Convento Dominico de Santa Catalina de Siena (1595) loge le
premier conservatoire d’art et de musique d’Amérique, le Conservatorio de las Rosas
, fondé en 1743. Outre son architecture magnifique et l’agréable jardin dans la cour
intérieure, le conservatoire est reconnu pour son chœur d’enfants. Devant le
conservatoire, le Jardín de las Rosas forme une jolie place publique ombragée. On
s’y rend pour prendre un verre ou un café et flâner devant les kiosques d’artisanat. Tout
près, le Museo del Estado de Michoacán propose des expositions traitant
d’histoire, d’archéologie et d’ethnologie, dont une étonnante qui présente du matériel de
laboratoire et des meubles provenant d’une ancienne pharmacie (1868).
Non loin de là, au nord-est du musée d’État, le Templo y Ex Convento del Carmen
, dont la construction débuta en 1593, figure parmi les beaux exemples d’architecture
baroque de Morelia. Aujourd’hui, les bâtiments de l’ancien complexe religieux
accueillent la Casa de la Cultura (salles d’exposition, événements culturels).

La Casa de las Artesanías. © Marc Rigole


À quelques rues à l’est de la cathédrale, la Casa de las Artesanías est aménagée
dans le complexe du Templo de San Francisco. Les amateurs d’art et artisanat seront
ravis par l’excellente qualité et le bel éventail d’œuvres à vendre ici.

L’Acueducto de Morelia et la Fuente de las Tarascas. © Dreamstime.com/Florian


Blümm

En poursuivant la balade vers l’est, on arrive rapidement à la belle Fuente de las


Tarascas (1984), qui représente l’abondance avec ses trois princesses tarasques
portant un plateau de fruits. L’une des princesses serait Erendira, qui, selon l’histoire,
aurait défendu son peuple (les Tarasques ou Purhépechas) à l’âge de 17 ans, en
attaquant un conquistador, en lui volant sa monture et en apprenant d’elle-même à
galoper pour assaillir les Espagnols. Sa fin demeure un mystère. Près de la fontaine
débute l’Acueducto , qui déploie ses quelque 250 arches sur une dizaine de rues
vers l’est. Construit entre 1728 et 1730 et en fonction jusqu’en 1910, il s’agit de l’un
des meilleurs exemples d’aqueduc au pays. De la fontaine, la large rue piétonne et
bordée d’arbres, nommée Calzada Fray Antonio de San Miguel (aussi connue sous
le nom de Calzada de Guadalupe ou Calzada de San Diego), mène au Santuario de
Nuestra Señora de Guadalupe . Derrière une façade sobre, cette église dédiée à
la Vierge de Guadalupe et érigée entre 1708 et 1716, recèle une décoration opulente,
constellée de dorures.
L’aqueduc passe devant le Bosque Cuauhtémoc, un grand parc familial où se trouve le
Museo de Arte Contemporáneo Alfredo Zalce , qui loge dans une maison érigée
en 1897. En plus de présenter les œuvres d’artistes locaux tels qu’Alfredo Zalce, le
musée expose des toiles des maîtres de la peinture mexicaine du XXe siècle tels que
Diego Rivera et José Clemente Orozco.

Le papillon monarque
Lors de sa migration printanière (vers le nord) et automnale (vers le sud), le
monarque, ce grand papillon orange, noir et blanc parcourt des milliers de
kilomètres entre le Canada et les montagnes du Michoacán, son aire d’hivernage.
Sa population est malheureusement en net déclin depuis une vingtaine d’années et
on l’aperçoit de plus en plus rarement dans les plates-bandes des jardins nord-
américains. Parmi les causes possibles de ce déclin, figurent la trop grande
utilisation d’insecticides et d’herbicides dans l’agriculture industrielle, la lente
disparition de l’asclépiade qui constitue son habitat naturel (plante dont se nourrit
exclusivement la chenille du monarque) et les phénomènes météorologiques
extrêmes liés aux changements climatiques (gel prolongé, sécheresse, inondation).
Afin de venir en aide à la population de monarques, une réserve de la biosphère a
été créée au Mexique et, en attendant que les gouvernements légifèrent pour limiter
l’utilisation d’herbicides dans les corridors de migration, les citoyens américains
et canadiens sont invités à cultiver l’asclépiade pour compenser la perte de
l’habitat naturel du monarque.
Papillons monarques au Santuario Mariposa Monarca El Rosario. ©
iStockphoto.com/AlbertoLoyo

Morelia compte aussi un planétarium, le Planetario de Morelia , au sud du Bosque


Cuauhtémoc, et un zoo, le Parque Zoológico Benito Juárez , qui, avec ses animaux
de la savane africaine, son train miniature et ses aires de jeux, plaira certainement aux
familles.
Entre México et Morelia, le Santuario Mariposa Monarca El Rosario constitue
un arrêt incontournable pour les papillons monarques qui s’y rendent par millions pour
hiverner entre les mois de novembre et mars. Les visiteurs ont le privilège de les
observer dans leur milieu naturel. Aire d’hivernage protégée, le sanctuaire d’El
Rosario fait partie de la Reserva de la Biosfera Mariposa Monarca . On y
organise des excursions guidées à cheval au sommet de la montagne où foisonnent les
papillons monarques, à un point tel qu’ils recouvrent parfois les troncs des arbres.
Le Convento Agustino de Santa María Magdalena. © Quokant

Au nord de Morelia, une excursion par la route 43 mène à deux jolies villes lacustres et
bucoliques qui abritent d’anciens couvents. À Cuitzeo, qui fait partie du réseau des
Pueblos Mágicos, le Convento Agustino de Santa María Magdalena (1550)
est magnifiquement conservé et abrite aujourd’hui le Museo de la Estampa (un
musée d’art et d’estampes). Une vingtaine de kilomètres plus au nord, dans les limites
de l’État de Guanajuato, le Convento de Yuriria (aussi connu sous le nom de
Templo y Ex Convento de San Agustín) se trouve dans le Pueblo Mágico de Yuriria.
Cet ancien couvent, aux allures d’impressionnante forteresse médiévale, a été érigé
entre 1550 et 1599.

Tzintzuntzan
Capitale du peuple Purhépecha (Tarasque) au moment de la Conquête espagnole, le
village de Tzintzuntzan constitue une étape intéressante entre Morelia et Pátzcuaro.
Dans la Zona Arqueológica Tzintzuntzan , il ne subsiste plus de l’ancienne cité
qu’une succession de cinq pyramides arrondies (appelées Yácatas), érigées au XIIIe
siècle sur une vaste plateforme. Un musée se trouve également sur le site.

La Zona Arqueológica Tzintzuntzan. © Marc Rigole

Tout près des ruines se dresse le complexe religieux de l’Ex Convento de San
Francisco , dont la construction a débuté en 1570. Le complexe abrite le Templo
de San Francisco (XIXe siècle), le Templo de la Soledad (XVIIe siècle), l’excellent
Museo Antiguo Franciscano de Santa Ana, qui renferme une belle collection d’art
local et d’artéfacts dans un bâtiment restauré avec soin, et l’Atrio de los Olivos de Don
Vasco, une cour où s’élèvent d’antiques oliviers, plantés par Vasco de Quiroga, premier
évêque du Michoacán. Plusieurs artisans se rassemblent pour vendre leurs créations au
Portales de los Artesanos de Tzintzuntzan , derrière le complexe.
Pátzcuaro
Pátzcuaro, qui a également été une capitale purhépecha, se présente comme une jolie
ville coloniale. En plus de sa richesse architecturale, elle possède toujours un caractère
autochtone palpable et bénéficie d’une situation enviable, tout près du Lago de
Pátzcuaro. Il est d’ailleurs possible d’y faire des excursions en bateau jusqu’à l’île de
Janitzio , au sommet de laquelle trône une colossale statue de José María Morelos.
À l’intérieur du monument, un escalier bordé de fresques historiques, peintes entre
autres par le muraliste Ramón Alba de la Canal, mène, tout en haut du bras tendu de
Morelos, à un belvédère offrant une vue saisissante sur le lac et les environs.

Pátzcuaro. © Marc Rigole

Sur la place centrale de Pátzcuaro, nommée Plaza Vasco de Quiroga , on organise


fréquemment des démonstrations de Danza de los Viejitos (danse folklorique des
« petits vieux ») et un marché d’artisanat local. À défaut d’être flanquée d’une église
traditionnelle, une statue de Don Vasco de Quiroga s’élève au centre de la plaza.
Les Purhépechas
Peuple autochtone du Michoácan, les Purhépechas (« hommes ») ont été nommés
Tarasques par les colons espagnols. Formant l’un des plus importants empires
mésoaméricains préhispaniques, ils auraient occupé le territoire dès 1500 av. J.-C.
Leur langue est un isolat, mais ils partagent plusieurs traits culturels avec les
Aztèques et ont subi l’influence de la civilisation Teotihuacán. Au moment de la
conquête espagnole, leur capitale, Tzintzuntzan, fondée en 1450, comptait environ
25 000 habitants. La civilisation Purhépecha, qui a remporté la guerre contre les
Aztèques en 1479, n’a jamais été soumise à leur domination politique ou militaire.
Cette victoire s’explique en partie grâce au savoir-faire purhépecha en matière
d’extraction et de transformation du métal, façonné en outils et en armes. Lors de la
Conquête espagnole, les Purhépechas ont opté pour la collaboration et n’ont
officiellement opposé aucune résistance. La fin de leur règne est marquée par
l’exécution de leur dernier roi, Tangaxoan II, en 1530.

Non loin de la place centrale se trouve la Basílica de Nuestra Señora de la Salud ,


érigée sur les vestiges d’un ancien centre cérémoniel préhispanique, qui abrite les
restes de l’évêque Don Vasco de Quiroga. Tout près, au sud, le Museo de Artes e
Industrias Populares loge dans l’ancien Colegio de San Nicolás Obispo. Ce
musée est consacré à l’art et l’artisanat purhépechas, renommés pour leur grande
qualité. Son voisin, le Templo y Colegio de la Compañía de Jesús , construit au
XVIIe siècle, renferme pour sa part de jolies peintures murales. Ceux qui souhaitent
faire des emplettes et voir des artisans à l’œuvre dans leur atelier se rendront à La
Casa de los Once Patios , à quelques rues au sud. Cet ancien couvent dominicain
constitué de magnifiques bâtiments coloniaux, présente le meilleur de l’artisanat local
purhépecha. La splendide bibliothèque publique se trouve au nord de la plaza, dans
l’Ex Convento de San Agustín , un couvent érigé en 1576. Le bâtiment renferme
une belle fresque historique, réalisée par le peintre Juan O’Gorman.

Uruapan del Progreso


Cité purhépecha conquise par les Espagnols en 1522, Uruapan del Progreso est
aujourd’hui la deuxième ville en importance de l’État de Michoacán et la capitale
mexicaine de la culture de l’avocat. La ville présente de beaux exemples d’architecture
coloniale, parsemés de touches mauresques et plateresques.
Au cœur de la place centrale, aussi appelée Plaza Mártires de Uruapan , se dresse
un obélisque inauguré en 1893 à la mémoire des martyrs d’Uruapan, ces patriotes qui
furent exécutés en 1865 lors de l’occupation française du Mexique. Au nord de la place,
le Museo de los Cuatro Pueblos Indígenas La Huatápera , musée d’art et de
culture purhépechas, loge dans un ancien hôpital fondé par Don Vasco de Quiroga en
1533 et mérite une visite.

Le Parque Nacional Barranca del Cupatitzio, à Uruapan. © Dreamstime.com/Jesús


Eloy Ramos Lara

À l’ouest de la place centrale s’étend le Parque Nacional Eduardo Ruiz, mieux connu
sous le nom de Parque Nacional Barranca del Cupatitzio . Cette rafraîchissante
oasis de verdure au cœur de la ville est sillonnée de sentiers et de ponts en pierre qui
traversent une rivière tumultueuse, avec cascades naturelles et bassins d’eau limpide.
Des cantines ambulantes sont garées le long des sentiers. Plusieurs kiosques d’artisanat
se trouvent près de l’entrée du parc.
La petite ville de Paracho de Verduzco , à quelques kilomètres au nord d’Uruapan,
est réputée pour le savoir-faire de ses luthiers, qui fabriqueraient les meilleurs
instruments à cordes au pays.

Villégiature et inspiration
Située à 48 km au sud de Guadalajara, Chapala a été la source d’inspiration de
poètes, de musiciens et de peintres depuis le XIXe siècle. Son cadre naturel,
rehaussé par un climat printanier tout au long de l’année, en fait un lieu de
villégiature très prisé. Cela a séduit un très grand nombre d’étrangers installés sur
les rives du grand lac éponyme de 1 690 km2. Parmi les personnalités ayant vécu à
Chapala, notons l’écrivain anglais D.H. Lawrence, qui y écrivit Le Serpent à
plumes. Selon les archives du consulat des États-Unis à Guadalajara, déjà un
millier d’Américains y résidait au début du XXe siècle. Actuellement, la
communauté d’expatriés, qui compte des dizaines de milliers de Nord-Américains
et d’Européens, double en hiver.
La présence de nombreux artistes au sein de cette communauté a favorisé la vie
culturelle de la région. Il existe une troupe de théâtre, The Lakeside Little Theatre,
qui se produit régulièrement en langue anglaise. Plusieurs peintres, graveurs,
sculpteurs et photographes organisent des expositions et des stages par le biais
d’associations telles que l’Ajijic Society of Arts (ASA).
La Laguna de Chapala. © iStockphoto.com/fuffa

Laguna de Chapala
Les rives de la Laguna de Chapala, le plus grand lac du Mexique, constituent l’une des
premières régions habitées de l’ouest du pays. Des pointes de flèche trouvées près du
lac prouvent que des groupes de nomades y arrivèrent il y a environ 6 000 ans. Mais ce
ne fut qu’au XIIe siècle que s’y établirent des habitants sédentaires. Lors de l’arrivée
des Espagnols, les moines commencèrent l’évangélisation des autochtones et
construisirent des églises et des couvents à Chapala et à Ajijic. Vers la fin du XIXe
siècle, des bourgeois mexicains et étrangers découvrirent ce bel endroit au bord du lac,
entouré de collines.

Chapala
La visite de Chapala débute au Gobierno Municipal , un intéressant édifice construit
dans le style en vogue au début du XXe siècle à l’angle de la Calle Madero et de la
Calle Hidalgo. Un peu plus loin, de l’autre côté de la Calle Madero, se dresse la
Parroquia de San Francisco de Asís, qui date du XVIIIe siècle. Ses tours
asymétriques, couronnées d’une structure pointue recouverte de tuiles jaunes, rappellent
la cathédrale de Guadalajara. À l’angle de la Calle Madero et de la Calle Ramón
Corona, ne manquez pas de jeter un coup d’œil sur la célèbre Casa Braniff , une
ancienne villa d’allure européenne, devenue un symbole de Chapala.
La Calle Madero aboutit au Malecón (promenade en front de mer aussi appelée
Paseo Ramón Corona) et au quai, long de 130 m. Situé près d’une petite plage,
l’endroit ne manque pas de charme, et des bateliers proposent diverses excursions sur
le lac. Les amateurs d’histoire ne doivent pas manquer l’excursion menant à l’Isla de
Mezcala , localisée à environ 25 km à l’est de Chapala. Un bagne fut construit sur
cette île, la plus grande du lac, vers la fin du régime colonial. L’île ayant été
transformée en forteresse pendant la guerre d’indépendance, les patriotes mexicains la
défendirent vaillamment pendant quatre ans. Mais ils furent vaincus à la suite d’un long
siège. On y observe toujours les parapets, les murs de défense et le portail néoclassique
de l’édifice historique, envahi par une exubérante végétation. À quelques pas de ce site
gisent les ruines d’une petite église en pierre.
L’exploration de Chapala se poursuit dans l’agréable Calle Ramón Corona. En partant
de la Calle Madero, vous pourrez contempler quelques beaux hôtels particuliers à la
française, des témoins d’une époque où Chapala était fréquentée par une bourgeoisie
cosmopolite. Enfin, la découverte des lieux s’achève à l’ancienne gare, localisée au
bout de l’Avenida de la Estación. Derrière sa façade, affichant un mélange de styles
Belle Époque et Art déco, cet intéressant édifice, situé au bord du lac, abrite le Centro
Cultural J. Jesús González Gallo . Construit à la fin de la Première Guerre
mondiale, il remplissait une double fonction : celle de gare riveraine desservie par les
petits bateaux à vapeur mis en service en 1885 entre les différents ports du lac et celle
de gare ferroviaire desservant la ligne Chapala-Guadalajara. Le centre culturel présente
deux expositions, l’une portant sur l’histoire de l’ancienne gare et l’autre présentant les
vestiges archéologiques de la région.
Les deux plus grandes fêtes traditionnelles des lieux sont le carnaval, tenu en février, et
les Fiestas Patronales de San Francisco de Asís, qui célébrent le patron de la ville,
entre la fin de septembre et le 4 octobre, fête de saint François d’Assise.

Ajijic
Ajijic, une pittoresque bourgade riveraine aux rues pavées et aux maisons colorées, se
trouve à 7 km de Chapala. La place principale comporte un kiosque autour duquel
d’énormes arbres couverts de feuilles ombragent des bancs en fer. Du côté nord de la
place se dresse la Capilla de Señora del Rosario, une chapelle construite au XVIIe
siècle. En poursuivant jusqu’à la rue suivante, vous parviendrez à la Calle Marcos
Castellanos, où se trouve la Parroquia de San Andrés Apóstol . Cette belle église,
construite en pierre et agrémentée d’une façade blanche soulignée de contours jaunes,
est au cœur des célébrations de la Semaine sainte. Le Malecón (promenade en front
de mer) et le quai offrent tous deux une magnifique vue sur le lac Chapala. La vie
paisible d’Ajijic se transforme lors de la Fiesta de San Andrés, une fête vouée au saint
patron du village. Ces neuf jours de fiesta trouvent leur apogée le 30 novembre, au
moment de l’allumage des castillos (feux d’artifice typiquement mexicains).

La Parroquia de San Andrés Apóstolo, à Ajijic. © iStockphoto.com/Esdelval

Tapalpa et la montagne
La sierra était habitée bien avant l’arrivée des Espagnols et même des Aztèques. Les
immenses pierres gravées de symboles préhistoriques, localisées à l’entrée de Tepec,
confirment la présence de groupes humains il y a environ 6 000 ans. Sur l’emplacement
de Tapalpa, des autochtones d’origine aztèque fondèrent le village de Tlacpacpan vers
le XIIe siècle. Pendant le régime colonial, les gisements d’or et d’argent de la Sierra de
Tapalpa attirèrent des aventuriers à la recherche de richesses. Mais bientôt ces
gisements s’épuisèrent et le fer fut alors exploité, comme en témoignent les vestiges de
la Fundidora de Ferrería de Tula (à une vingtaine de kilomètres), une fonderie
datant du XXe siècle.

Tapalpa. © Dreamstime.com/Joe Ferrer

Le pittoresque village de Tapalpa , « terre des couleurs » selon son étymologie en


langue aztèque, se trouve à 90 min au sud de Guadalajara. Située au cœur des
montagnes de la Sierra Madre Occidental, à 2 560 m au-dessus du niveau de la mer,
cette charmante bourgade est entourée de boisés verdoyants et de ruisseaux murmurants.
La place principale est entourée de belles maisons blanches aux balcons de bois
embellis de plantes suspendues. S’y dresse aussi l’ancienne église paroissiale de San
Antonio de Padua , temple à l’élégante façade de style plateresque qui fut construit
par des moines franciscains à la fin du XVIIe siècle. Juste en face, une nouvelle église
en brique harmonise son style traditionnel avec l’architecture locale.
La ville abrite plusieurs fontaines et anciens lavoirs dont la Pila del Pescado , qui
date de la fin du XIXe siècle et qui arbore un animal sculpté en guise d’écusson, la Pila
de las Culebras et la Pila Colorada . Près de cette dernière est érigé le Templo de
Nuestra Señora de la Merced (1859), dont le style est un mélange de style
néoclassique et d’éléments baroques.

Guadalajara
Guadalajara, capitale de l’État de Jalisco dont l’agglomération est la plus importante du
Mexique après celle de México, doit sa renommée à son essor commercial, à son
folklore et à l’hospitalité de ses habitants. De plus, deux symboles qui identifient le
Mexique dans le monde entier – les mariachis et la tequila – trouvent leurs origines
dans cette région.
La Plaza de Armas, à Guadalajara.
© Dreamstime.com/Arturo Osorno

La visite de Guadalajara débute au cœur de la ville, à la Plaza de Armas . Au


centre de la place trône un magnifique kiosque Art nouveau, fabriqué à Paris en
1909. Juste en face, le Palacio de Gobierno est un monument à ne pas manquer.
Construit dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, il arbore une belle façade baroque.
À l’intérieur, on contemple d’abord l’harmonieux ensemble du patio central, puis, en
montant l’escalier, se dévoile l’impressionnante fresque intitulée Padre
Hidalgo, le père de la patrie, réalisée par José Clemente Orozco, un des grands de la
peinture murale mexicaine.
En retournant vers l’Avenida Alcalde, on passe devant le Sagrario Metropolitano ,
construit dans le plus pur style néoclassique, afin de visiter la Catedral de
Guadalajara , qui date du XVIe siècle. Ses célèbres tours à carreaux jaunes et
bleues, édifiés à la suite d’un séisme en 1818, sont devenues le symbole de la ville. À
l’intérieur, l’élégant plafond à nervures dorées attire l’attention, ainsi que l’ensemble
harmonieux de style néoclassique. Avant de sortir, il faut regarder au-dessus de l’entrée
principale pour apercevoir l’imposant orgue de fabrication française qui a réussi à
échapper aux avatars de l’histoire.

La Rotonda de los Hombres Ilustres.


© iStockphoto.com/Elenathewise

À côté de la cathédrale, la Rotonda de los Hombres Ilustres offre un agréable


espace vert ombragé en pleine centre-ville. Située au milieu du parc, cette rotonde à 17
colonnes striées, sans chapiteaux, rend hommage aux personnages qui ont contribué à la
grandeur de Guadalajara. Des sculptures en bronze complètent le décor de ce « jardin
urbain ».
Le Museo Regional de Guadalajara loge pour sa part dans un intéressant
édifice colonial, construit entre 1742 et 1758, qui abritait originalement le Seminario
Conciliar de San José, utilisé par la suite comme prison. Après avoir abrité la
bibliothèque de l’État puis un collège de garçons, le bâtiment fut finalement destiné au
musée des beaux-arts en 1918. Aujourd’hui, le musée dispose d’une quinzaine de salles
d’exposition qui ravissent les passionnés de paléontologie et d’archéologie.
La Plaza de la Liberación et la Catedral de Guadalajara. ©
iStockphoto.com/Holger Mette

Parmi les belles places de la ville, figure la Plaza de la Liberación , située


derrière la cathédrale. Elle mérite une attention toute particulière tant pour son
animation que pour la vue qu’elle offre sur les principaux monuments du berceau de la
Nouvelle-Galice. Elle commémore l’abolition de l’emprise coloniale décrétée par le
Padre Hidalgo à Guadalajara en 1810. Une statue représentant cet événement le montre
tenant les chaînes brisées de l’esclavage dans ses mains. Tout au long de l’Avenida
Hidalgo, du côté nord de la place, se succèdent une série d’importants édifices.

Le Palacio Legislativo , qui date du XVIIIe siècle, fut la résidence de l’évêque


Juan Gómez de Parada, un important bienfaiteur de la ville, puis postérieurement
destiné à la Real Fábrica de Tabaco. Depuis sa rénovation en 1982, il loge le Congrès
local.
Le Teatro Degollado.
© iStockphoto.com/Arturo Peña Romano Medina

En poursuivant un peu plus loin dans la même rue, après être passé devant le Palacio de
Justicia , on aperçoit le célèbre Teatro Degollado , l’un des plus importants
monuments de la ville. Inspiré du théâtre de la Scala de Milan, il fut construit dans un
style néoclassique à forte influence italienne. L’intérieur est tout aussi opulent avec ses
toiles et ses fresques allégoriques dont celle du plafond qui représente une scène du
Chant IV de la Divine Comédie de Dante. Le soir venu, la terrasse s’anime devant le
théâtre joliment illuminé.
Juste derrière le théâtre, la Plaza Fundadores abrite une sculpture immense (21 m de
long) représentant la fondation définitive de la ville, en 1542. À deux pas de là, en
empruntant le Paseo Degollado, on arrive à la Secretaría de Turismo. Derrière une
façade moderne se cache l’ancien siège de la Santa Inquisición, une des premières
grandes constructions de la ville.
La Inmolación de Quetzalcóatl, sur la Plaza Tapatía. ©
iStockphoto.com/Robert_Ford

En plein cœur de la Plaza Tapatía se trouve l’énorme sculpture intitulée La


Inmolación de Quetzalcóatl, au milieu d’une fontaine en forme de croix. La flamme
symbolisant le « feu nouveau » fait 25 m de haut. Quetzalcóatl est entouré de quatre
figures allégoriques représentant Aztlán, le lieu mythique où le peuple aztèque trouve
ses origines.
L’Instituto Cultural Cabañas. © iStockphoto.com/Holger Mette

S’il ne fallait visiter qu’un lieu à Guadalajara, ce serait sans conteste l’Instituto
Cultural Cabañas , le plus impressionnant monument de Guadalajara, situé au
bout de la Plaza Tapatía. Érigé par l’évêque Juan Cruz Ruiz de Cabañas y Crespo pour
accueillir les orphelins pauvres de la ville, ce magnifique édifice fut inauguré en 1810.
Depuis 1983, il abrite un des plus importants centres culturels du pays et, en 1997,
l’UNESCO l’a déclaré « patrimoine mondial ». À l’intérieur, au fond du Patio de los
Naranjos (cour des orangers), la Capilla Clementina, surnommée la « chapelle Sixtine
des Amériques », étonne vraiment. Elle est totalement recouverte d’une peinture murale
réalisée par José Clemente Orozco. Il faut prendre le temps d’explorer les recoins de ce
véritable labyrinthe. De nombreuses salles sont consacrées à l’exposition d’œuvres
d’art.
Le Mercado Libertad. © iStockphoto.com/JVT

Ceux qui apprécient l’artisanat du Mexique ne doivent pas manquer de faire un détour
par le Mercado Libertad , mieux connu sous le nom de Mercado de San Juan
de Dios. Les boutiques sont achalandées et les prix, très accessibles. On y accède en
descendant les escaliers localisés au sud de l’entrée de l’Hospicio Cabañas. Les
passionnés de mariachis trouveront la Plaza de los Mariachis tout près du marché.
Cette place est animée jour et nuit par ces sympathiques musiciens en costumes
traditionnels, qui viennent proposer une chanson contre un pourboire aux clients des
restaurants.
En suivant la Calle Liceo en direction nord, à deux pâtés de maisons du Museo
Regional, on atteint une belle demeure ancienne, la Casa Museo José López Portillo
. Aménagée dans l’ancienne résidence de l’écrivain à qui le musée doit son nom, la
Casa Museo présente des meubles et des objets d’art datant des XVIIIe et XIXe siècles.
En prolongeant la balade par la Calle San Felipe, vers l’ouest, on aboutit au Jardín de
la Reforma . Ce paisible jardin fut un champ de bataille pendant la guerre de la
Réforme au XIXe siècle. Du côté nord de la place se dresse l’Iglesia San José de
Gracia , un bel exemple d’architecture néoclassique, avec une seule tour. À l’opposé
du jardin, sur l’Avenida Alcalde, se trouve le Museo del Periodismo y las Artes
Gráficas (MUPAG) (musée du journalisme et du graphisme), également connu sous
le nom de Casa de los Perros (maison des chiens) pour les sculptures canines
embellissant sa façade. Ce lieu historique fut le site de la première imprimerie de la
ville (1793). Au début de la guerre d’indépendance, en 1810, y parut le premier journal
des insurgés. La maison est de style néoclassique et date de la fin du XIXe siècle. Elle
renferme d’intéressantes expositions illustrant le développement de la presse, de la
radio et de la télévision à Guadalajara, ainsi que des expositions temporaires.
En empruntant la Calle Reforma, toujours en direction ouest, jusqu’à l’angle de la Calle
Santa Mónica, on peut admirer le Templo de Santa Mónica , le monument
baroque le plus important de l’Ouest mexicain. Cette magnifique église, construite au
XVIIIe siècle, faisait partie d’un ensemble conventuel, démoli pendant la guerre de la
Réforme.
Pour une visite plus approfondie de Guadalajara, les amateurs d’histoire ne doivent pas
manquer le Museo de la Ciudad de Guadalajara . Le noyau de cette ancienne
demeure date du XVIIIe siècle. À l’aide d’objets, de tableaux, de maquettes et de
photos, une intéressante exposition retrace l’histoire de la ville. Le musée compte
également une bibliothèque.
La Biblioteca Iberoamericana Octavio Paz.
© iStockphoto.com/Arturo Peña Romano Medina

La charmante et animée Plaza de la Universidad abrite la Biblioteca


Iberoamericana Octavio Paz , où logeait la Real Universidad de Guadalajara à
la fin du XVIIIe siècle. Son portique monumental néoclassique fut ajouté en 1826. Son
intérieur recèle d’importantes fresques, peintes par le grand muraliste David Alfaro
Siqueiros. Des livres sur tous les thèmes, disposés dans des rayons en bois, font le
plaisir des amateurs qui s’y arrêtent pour bouquiner un peu. La vue depuis la fontaine de
la place de l’Université permet de contempler l’arcade des bâtiments de la Calle Pedro
Loza et les magasins d’allure française de l’Avenida Juárez.
Plus à l’ouest se dresse l’Ex Convento del Carmen (1758), un important centre
culturel qui comprend des salles d’exposition d’arts visuels, des galeries d’art, un ciné-
club et une petite librairie. Juste en face de l’Ex Convento, le Jardín del Carmen
offre un espace vert sous des arbres et abrite l’élégant Templo de Nuestra Señora del
Carmen , qui arbore une superbe façade néoclassique et dont l’intérieur révèle des
peintures coloniales, agrémentées de dorures, et une belle fresque sous la coupole.
Avant d’explorer l’historique quartier de Belén, il convient de faire un saut au
Santuario de Guadalupe , un lieu célèbre de Guadalajara, surtout pour ses fêtes
traditionnelles en l’honneur de la Vierge de Guadalupe, la patronne des Mexicains.

Le Museo Panteón de Belén. © jennie.kies

Cimetière inauguré en 1848, le Museo Panteón de Belén , autrefois le Panteón


de Santa Paula, constitue un élément remarquable du patrimoine historique et culturel de
la ville. Derrière son portique se profilent deux colonnades soutenant une voûte qui
couvre les niches d’importantes personnalités tapatías (du surnom des habitants de
Guadalajara) inhumées en ces lieux. Les monuments funéraires, quoique partiellement
vandalisés, témoignent de l’influence du romantisme en vogue au XIXe siècle. Au
milieu du cimetière, le mausolée aux hommes illustres est digne d’admiration.
La visite se poursuit avec l’Hospital Civil de Guadalajara de Belén, l’une des plus
importantes œuvres du grand bienfaiteur de la ville, Fray Antonio Alcalde. Cet hôpital
inauguré en 1794 offre toujours un service médical important. Sa façade, avec ses
colonnes ioniques et son fronton, mérite un coup d’œil. Accolé à l’hôpital, se trouve le
Templo de Nuestra Señora de Belén, dont la façade s’orne d’une sculpture de San
Miguel, le patron de Guadalajara, provenant du premier hôpital de la ville et datant de
1545.
Parmi les attraits à l’extérieur du centre de la ville, notons le charmant Jardín de San
Francisco , situé près de l’intersection de l’Avenida 16 de Septiembre et de
l’Avenida Prisciliano Sánchez. Au bout du jardin se dresse le Templo de San
Francisco de Asís (1580), l’une des plus vieilles églises de Guadalalajara et un
joyau d’architecture baroque. Sa façade s’agrémente de colonnes rococo et de
magnifiques sculptures. Dans l’édifice se trouvent d’admirables tableaux coloniaux et
un impressionnant autel rococo doré. De l’autre côté de l’Avenida 16 de Septiembre se
dresse la Capilla de Nuestra Señora de Aranzazú . La façade de cette chapelle
datant du XVIIIe siècle est conçue dans un style très simple, sans les classiques tours
des vieilles églises coloniales. Par contre, son intérieur se révèle être un véritable
musée d’art sacré.

Le Parque Agua Azul. © ego2005

Les voyageurs à la recherche de calme et de verdure opteront pour une balade dans
l’extraordinaire Parque Agua Azul , qui comporte une biosphère renfermant des
papillons, une volière abritant de nombreuses espèces d’oiseaux, une serre d’orchidées
(la floraison est plus abondante en mars et en octobre) et un petit lac. À travers ses
viviers, laboratoires de recherche, bibliothèque et salle d’exposition, le Parque Agua
Azul réalise une importante activité éducative auprès des habitants de la région et des
visiteurs. S’y trouve également le Museo de Paleontología , qui présente entre
autres des fossiles de mammifères de l’ère cénozoïque trouvés dans la région, tels que
des tigres à dents de sabre et des mammouths.
Les passionnés d’artisanat longeront le Parque Agua Azul, en passant devant l’important
Teatro Experimental de Jalisco, et feront quelques pas sur la Calzada González Gallo
pour atteindre l’Instituto de la Artesanía Jalisciense . Véritable paradis de l’art
populaire, cet institut présente d’extraordinaires pièces fabriquées par des artisans des
différentes régions de l’État de Jalisco.
Dans le quartier d’Analco se trouve le célèbre Centro Cultural Patio de los Ángeles
, un important centre culturel empreint d’histoire et de légendes. L’édifice actuel fut
conçu dans un style harmonieux, moderne, mais les arcs et les colonnes du patio,
sculptées il y a plus de 250 ans, correspondent à l’ancien cloître du couvent de Santa
Mónica. Selon la légende, ce cloître fut bâti par de jeunes maçons ayant disparu sans se
faire payer. Persuadées qu’en réalité c’étaient des anges qui l’avaient construit, les
sœurs le baptisèrent le « Patio de los Ángeles ».
Une fresque de la Rectoría de la Universidad de Guadalajara. ©
Dreamstime.com/William Perry

La Rectoría de la Universidad de Guadalajara , élevée en 1918, est un important


édifice représentatif du style Belle Époque en vogue au début du XXe siècle. Bien que
sa belle façade ne manque pas d’intérêt, son attrait principal réside à l’intérieur, dans
les deux grandes et puissantes fresques réalisées par José Clemente Orozco sous la
coupole et derrière la scène du Paraninfo (salle des séances).
Le Templo Expiatorio.
© iStockphoto.com/camaralenta

Dans la Calle Escorza, du côté nord du Parque Expiatorio s’élève le superbe Templo
Expiatorio , œuvre d’Adamo Boari, l’architecte de la célèbre poste centrale de
México. Cette église fut construite selon la tradition artisanale du Moyen Âge, sans
structures de fer ni béton. Sa façade de style gothique italien, ornée de mosaïques
fabriquées au Vatican, ses portes sculptées en bois et embellies de parements en bronze,
ses vitraux et son horloge allemande d’où sort un défilé d’apôtres marquant l’heure au
rythme de la musique du carillon ne manquent pas d’émerveiller les visiteurs.
Les passionnés de meubles anciens et de petites antiquités se rendent le dimanche matin
à la Plaza de la República , située le long de l’Avenida México entre l’Avenida
Chapultepec et l’Avenida General San Martín, alors que les brocanteurs et antiquaires
de Guadalajara s’y donnent rendez-vous une fois par semaine pour proposer un
intéressant choix de beaux objets, dans un endroit sympathique qu’ils appellent El
Trocadero . Tout près, l’Avenida Chapultepec offre une occasion parfaite de
flâner sur un agréable terre-plein, ponctué de fontaines et d’arbres verdoyants, ou de
faire une pause dans un de ses nombreux cafés-terrasses.
À l’ouest de l’Avenida Chapultepec, la Fuente de la Minerva demeure sans
conteste l’un des symboles les plus représentatifs de Guadalajara. Cette sculpture
monumentale, qui fait 8 m de haut, se dresse au milieu d’un beau rond-point, à
l’intersection de l’Avenida Vallarta, de l’Avenida López Mateos, de la Circunvalación
Agustín Yáñez et de l’Avenida Golfo de Cortés. Entourée de jets d’eau, Minerve, la
déesse de la Sagesse des anciens Grecs et Romains, garde fièrement l’entrée ouest de la
ville.
La municipalité de Zapopan , à l’ouest de la ville, abrite des vestiges d’un centre
cérémoniel d’autochtones venus du nord-ouest du Mexique entre les IVe et VIe siècles.
À l’arrivée des Espagnols, Zapopan était devenu un lieu sans importance. La ville fut
néanmoins fondée en 1541 et les Franciscains entreprirent l’évangélisation des
habitants. Un an plus tard, Fray Antonio de Segovia offrit, aux indigènes nouvellement
convertis au christianisme, une petite sculpture de la Vierge fabriquée avec une pâte de
maïs par des autochtones du Michoacán. Depuis ce temps, des miracles lui furent
attribués et, de nos jours, la Virgen de Zapopan attire des pèlerins de tout le Mexique.
La Zona Arqueologica El Ixtépete est située à l’intersection de la Prolongación
Mariano Otero et du Periférico Sur, au sud-ouest de la ville. Ces intéressantes ruines
précolombiennes sont constituées d’une structure principale de 6 m de haut, construite
avec un mélange d’argile et de pierres, un ensemble d’habitations et une place bordée
de deux petites structures. L’ensemble fut construit par les aïeux des Aztèques lors de
leur long pèlerinage à Tenochtitlán (aujourd’hui México), lieu signalé par les dieux
comme leur patrie définitive. C’est dans l’ouest du Mexique, dans les États de Jalisco,
Colima et Nayarit, que ceux-ci développèrent des aspects de leur première culture,
notamment les tombes à puits, la céramique « cloisonnée » et la métallurgie.
La Basílica de Nuestra Señora de Zapopan. © iStockphoto.com/camaralenta

Plus au nord, la Basílica de Nuestra Señora de Zapopan arbore une magnifique


façade. Datant du XVIIe siècle, elle fut construite par des moines franciscains,
fondateurs du couvent adjacent. Cette élégante église abrite une image vénérée de la
Vierge, confectionnée avec de la pâte de maïs. En 1606, le temple s’effondra
entièrement, mais l’image ne subit heureusement aucun dommage. Plus tard, on lui
attribua des cures miraculeuses et autres prodiges, et elle fut déclarée patronne de
Guadalajara. On emmène la Vierge durant six mois à travers les 130 paroisses de la
région et on la retourne à son temple le 12 octobre chaque année. À ce moment, elle est
accompagnée par une foule compacte de fidèles qui lui souhaitent la bienvenue. De la
mi-octobre à la mi-avril, il est donc possible d’admirer cette image à l’intérieur de la
basilique. Même si l’image de la Vierge est somme toute petite et bien humble, des
enrichissements successifs sont venus l’embellir. De nombreuses répliques de la Vierge
sont offertes dans les petites boutiques de souvenirs de la ville.
À droite de l’entrée principale de la basilique, les amateurs de traditions autochtones
voudront certainement s’arrêter au Museo de Arte Huichol Wixárika, qui présente une
exposition-vente d’artisanat et de vêtements de ce peuple du nord de l’État de Jalisco.
Un peu plus loin se dresse le Templo de San Pedro Apóstol , une belle église
néoclassique datant de la fin du régime espagnol. À l’intérieur, les amateurs de tableaux
pourront apprécier une toile de Juan Correa, un important peintre du XVIIe siècle. À
quelques pas de là, le Palacio Municipal de Zapopan, un édifice néocolonial,
s’harmonise avec l’architecture du quartier.
De retour à l’intérieur des limites de la ville même de Guadalajara, le Bosque Los
Colomos est l’endroit tout indiqué pour faire une halte rafraîchissante. Dans ce
grand parc se trouvent les sources qui alimentaient Guadalajara en eau au début du XXe
siècle. En plus des jardins empreints de sérénité, de vieux bâtiments, construits dans le
style des travaux publics en vogue à cette époque, offrent un beau témoignage
historique.
À l’est du Bosque Los Colomos se trouve le Parque Mirador Independencia , un
parc familial dont le belvédère offre une vue imprenable sur la Barranca de
Huentitán, un canyon profond de 550 m, qui suit le cours du Río Santiago. Plus au
nord, sur la Calzada Independencia, sont installés le zoo de Guadalajara, un parc de
loisirs et le planétarium. Le Zoológico Guadalajara , aménagé en bordure de la
Barranca de Huentitán, abrite de nombreuses espèces qui proviennent entre autres de la
savane africaine, de l’Australie et de l’Amazonie.

San Pedro Tlaquepaque


Compte tenu de sa localisation stratégique sur le chemin qui mène de México à
Guadalajara, San Pedro de Tlaquepaque (souvent nommée Tlaquepaque) fut le point de
passage obligatoire d’importants personnages de l’époque coloniale. Surnommée la
villa alfarera (village de potiers), Tlaquepaque est située à 7 km au sud-est du centre-
ville de Guadalajara et est réputée pour être l’un des plus importants centres d’artisanat
du Mexique. Une allure pittoresque encadre cette petite ville où la tradition est vécue au
quotidien et où l’ambiance bohème ne manque pas. On y admire El Parián , un
intéressant édifice abritant des restaurants autour d’un grand jardin central où se
produisent régulièrement des groupes de mariachis, ainsi que la Calle Independencia
et ses arcades, qui abritent de nombreuses boutiques. À quelques pas de là, le Jardín
Hidalgo est une agréable place verdoyante, particulièrement animée le dimanche. Du
côté de la Calle Morelos se dressent la Parroquia de San Pedro (XXe siècle) et le
Santuario de la Soledad (XIXe siècle). La Casa Histórica , qui commémore le
lieu où les patriotes du Jalisco proclamèrent l’indépendance de la Nouvelle-Galice,
présente des expositions d’arts visuels. Les passionnés de céramique voudront
certainement s’arrêter au Museo Regional de la Cerámica , qui renferme une
collection particulièrement riche en pièces produites selon la tradition de Tlaquepaque,
ou encore au Museo del Premio Nacional de la Cerámica Pantaleón Panduro ,
situé à l’intérieur d’un bel édifice construit en 1859 pour abriter un hôpital.

La Calle Independencia, à Tlaquepaque.


© iStockphoto.com/Elenathewise

Bien qu’une visite à Tlaquepaque soit agréable à n’importe quelle période de l’année,
il est recommandé d’y aller entre le 15 juin et les premiers jours de juillet, lors de la
fête du village. Parmi les nombreux événements organisés à cette occasion, les défilés
folkloriques, le festival de mariachis, les expositions d’artisanat et surtout le concours
national de céramique sont à ne pas manquer.

Tonalá
Bien avant l’arrivée des Espagnols, Tonalá était déjà un important lieu de commerce.
Ses habitants produisaient toutes sortes d’objets en argile qu’ils troquaient contre des
légumes et des céréales. De nos jours, Tonalá, une importante banlieue de Guadalajara
située à l’est de San Pedro Tlaquepaque, a su préserver son ambiance pittoresque et
conserve une allure rurale. L’économie de Tonalá se consolide autour de l’activité
artisanale, notamment la production et la commercialisation d’une extraordinaire
variété d’objets en argile.
Dans la ville, la place principale abrite un agréable jardin embelli d’un beau kiosque
aux arcs en pierre. À côté se dresse le Santuario del Sagrado Corazón , un
intéressant exemple du style néogothique en vogue au Mexique vers la fin du XIXe
siècle. La Presidencia Municipal, un édifice de style néocolonial, et la Parroquia de
Santiago Apóstol , une belle église datant du XVIIe siècle contribuent au charme de
la place.
Les deux musées suivants présentent d’intéressantes collections : le Museo Nacional de
la Cerámica Jorge Wilmot , qui compte plusieurs salles consacrées à l’exposition et
à la vente d’objets en argile et en céramique provenant de toutes les régions du
Mexique, et le Museo Regional Tonallan , une rustique maison villageoise (1845)
convertie en un musée ethnologique reflétant l’atmosphère traditionnelle tonaltèque.

Le Museo Nacional de la Cerámica Jorge Wilmot, à Tonalá. ©


AlejandroLinaresGarcia
Tout au bout de la Calle Hidalgo, le sommet du Cerro de la Reina est couronné
d’une petite église en pierre et d’un monument à la reine Cihualpilli qui commémore la
bataille entre les révoltés tonaltèques et l’armée du conquistador Nuño de Guzmán en
1530. Le belvédère de la colline permet de mesurer la complexité de la région de
Guadalajara.
Quoique Tonalá attire des visiteurs tout au long de l’année, une visite le 25 juillet
s’avèrera fascinante puisqu’il s’agit de la fête de saint Jacques, saint patron du village.
La Danza de los Tastoanes mérite une attention toute particulière. Cette danse,
qui date de la conquête de la Nouvelle-Espagne, représente la bataille des Espagnols
contre les Tastoanes révoltés. Sous la houlette de saint Jacques, monté à cheval et
brandissant une épée, l’armée de Nuño de Guzmán lutte contre les autochtones qui
portent des masques et des perruques. Après plusieurs heures de combat, les
autochtones remportent la bataille et on élit alors la personne qui aura l’honneur
d’interpréter le rôle de saint Jacques l’année suivante. La fête s’achève par des
castillos (feux d’artifice typiquement mexicains).

Les vignobles d’Aguascalientes


Au nord de la ville d’Aguascalientes, la zone de Montegrande bénéficie d’un
microclimat propice à la production de vin à une altitude de 2 000 m. Très
accessible, le vignoble artisanal de l’Hacienda de Letras s’avère une agréable
halte en route vers Zacatecas. On y propose des visites éducatives, des dégustations
et des événements culturels.

Tequila
Des autochtones d’origine aztèque avaient fondé une seigneurie dans la région de
Tequila avant l’arrivée des Espagnols. En 1530, Cristóbal de Oñate conquiert les
autochtones, tandis que les Franciscains s’occupent de leur évangélisation. À cette
époque, l’économie de la région était basée sur l’agriculture et l’élevage. En 1600, Don
Pedro Sánchez de Tagle, marquis d’Altamira, y installe la première distillerie de
tequila. Cette industrie devient vite l’activité principale des haciendas des environs et
les collines se couvrent alors de plantations d’agaves bleus (Agave azul tequilana
weber), la matière première de la tequila. D’élégantes demeures coloniales furent
construites et le profil de cette petite ville se transforma peu à peu. Au début de la
guerre d’indépendance, Tequila fut le quartier général des opérations dans la région.
Aujourd’hui, Tequila fait partie du réseau des Pueblos Mágicos et retient l’attention des
visiteurs venus des quatre points cardinaux. Ce fief de la célèbre boisson du même nom,
situé au pied du volcan éteint de Tequila, à 50 km au nord-ouest de Guadalajara,
constitue un attrait à ne pas manquer.
Le plaisir de la découverte de Tequila consiste à parcourir ses rues et à se laisser
envoûter par son charme. L’agréable place centrale, agrémentée d’un kiosque
d’inspiration française, s’entoure du Templo de Santiago Apóstol , construit au
XVIIe siècle et agrémenté d’une façade baroque, et du Museo Nacional de Tequila
(MUNAT) . Ce musée relate l’histoire du développement de l’industrie et de la
fabrication de la tequila à travers l’exposition d’outils utilisés autrefois et de
photographies d’archives. Un peu plus loin se trouve l’ancien quartier des
producteurs et des distilleries importantes, où il fait bon flâner. Au sud du musée, la
distillerie Casa Sauza, toujours active, organise des visites guidées de ses plantations,
avec dégustation.

Aguascalientes
Desservie par un aéroport international, la capitale de l’État d’Aguascalientes réserve
de belles surprises aux visiteurs. Son zócalo, nommé Plaza de la Patria , est
flanqué de bâtiments coloniaux comme le Palacio de Gobierno , construit en
pierres volcaniques, qui renferme des fresques peintes par le muraliste chilien Oswaldo
Barra Cunningham. Parmi les autres édifices historiques qui s’y dressent avec élégance,
notons le Palacio Municipal, le Palacio Legislativo, la magnifique Catedral Basílica
Nuestra Señora de la Asunción (1738) et le Teatro Morelos (1885).
À quelques rues à l’ouest, au bout de la Calle Venustiano Carranza, s’étend le luxuriant
Jardín de San Marco , entouré d’une balustrade de pierres roses, percée aux quatre
points cardinaux par d’élégantes arcades. À l’extrémité ouest du jardin se dresse la
façade baroque du Templo de San Marcos (1655-1765), dédié à la Vierge de
Carmen et à saint Marc. C’est d’ailleurs ici que débutent les trois semaines de
célébrations de la Feria Nacional de San Marcos , de la mi-avril au début de
mai, chaque année. En plus des concerts, spectacles, danse, tauromachie et combats de
coqs, une foule d’autres activités sont organisées au cours de cette importante fête.
Une œuvre du Museo Nacional de la Muerte, à Aguascalientes. © Rockhevy1000

Au nord de la Plaza de la Patria, le singulier Museo Nacional de la Muerte


démontre à travers des œuvres et des arteéfacts l’importance du culte de la mort dans la
société mexicaine préhispanique et moderne. À l’ouest du musée est érigé le splendide
Templo de San Antonio de Padua , célèbre pour ses dômes jaunes. Réalisé par
l’architecte Refugio Reyes Rivas en 1908, et affichant un amalgame de style néo-
Renaissance, néobaroque et néogothique, il s’agit d’un des exemples les plus éloquents
d’architecture éclectique de l’époque. En partie réalisé par le même architecte, le
Museo Aguascalientes , voisin de l’église, expose les œuvres de peintres
mexicains et internationaux.
Parmi les nombreux autres attraits de la ville, notons la Plaza Tres Centurias et son
Museo Nacional de los Ferrocarriles Mexicanos , qui présente, dans une ancienne
gare et à l’intérieur de différents wagons, plusieurs expositions sur le patrimoine
ferroviaire du Mexique. Plus à l’est, Ojocaliente Baños Termales & Spa , ouvert
depuis 1831, offre aux visiteurs un moment de détente dans ses bassins et piscines aux
eaux fortement minéralisées ainsi qu’un service de massothérapie.
Zacatecas
Juchée à 2 450 m d’altitude et entourée de collines, la capitale de l’État de Zacatecas
étale ses rues bordées de bâtiments coloniaux dans un environnement splendide. Fondée
en 1546, Zacatecas fut l’un des plus importants centre miniers au pays et un des
berceaux de la colonisation espagnole.

Zacatecas. © iStockphoto.com/elevationare

Le centre historique de la ville est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de


l’UNESCO. Au départ de la Plaza de Armas , il est possible de parcourir à pied
ces rues paisibles pour y découvrir les principaux joyaux d’architecture tels que le
Palacio de Gobierno (XVIIe siècle) et la Catedral de Zacatecas (1722-
1772), aussi connue sous le nom de Catedral Basílica de la Asunción de María de
Zacatecas, dont la façade baroque comporte des sculptures des apôtres et de véritables
dentelles de pierre rose. Non loin de la place, près de l’Ex Templo de San Agustín
(dont on reconstitue la façade d’origine à l’aide de projection le soir), les salles du
Museo Zacatecano présentent des fresques et des toiles, des œuvres d’art
populaire et religieux ainsi que de l’artisanat huichol.
Un ancien complexe religieux jésuite abrite l’Iglesia de Santo Domingo , dont
l’intérieur mérite un coup d’œil, et le magnifique Museo Pedro Coronel , un
important musée d’art qui expose des œuvres provenant de partout dans le monde, des
toiles de maîtres comme Picasso et Dalí et des sculptures de l’époque coloniale, et qui
comprend une vaste bibliothèque historique.
Derrière le complexe, les rues grimpent jusqu’au point de départ du Teleférico de
Zacatecas , un téléphérique qui mène au sommet du Cerro de la Bufa , une
colline qui accueille le Santuario de Nuestra Señora del Patrocinio (1728), érigé
en l’honneur de la Vierge Marie, patronne de la ville, et un mausolée de personnages
illustres de Zacatecas. Les visiteurs peuvent également se promener sur la Plaza de la
Revolución Mexicana , dédiée aux généraux (et héros) de la Révolution, et visiter le
Museo de la Toma de Zacatecas , qui commémore la prise de la ville par Pancho
Villa lors de la bataille de 1914. Une légende raconte qu’un escalier de marbre, dont
l’entrée est cachée, descend à l’intérieur de la colline où se trouve un palais d’or.
Au nord-ouest de la colline se trouve un autre musée important, le Museo Rafael
Coronel , aménagé dans les magnifiques ruines d’un couvent franciscain fondé en
1593. Ce musée renferme l’une des plus imposantes et des plus fascinantes collections
de masques au monde. On y expose également des objets préhispaniques et artisanaux,
des marionnettes et des peintures.
À l’est de la Plaza de Armas, le site accessible et bien aménagé de la Mina El Edén
est un incontournable pour découvrir, accompagné d’une guide, le patrimoine minier
de la ville, à travers un site minier et un musée. Un petit train conduit les visiteurs à
l’intérieur de la mine (il faut porter des vêtements chauds). L’endroit se transforme en
boîte de nuit le soir venu.
Au sud de la ville, l’ancien Collegio de Propaganda Fide de Nuestra Señora de
Guadalupe (1707) abrite, depuis 1917, le Museo Virreinal de Guadalupe , qui
propose un véritable voyage au cœur de la communauté des Franciscains et de
l’évangélisation, notamment à travers ses toiles monumentales et ses sculptures
majestueuses, du XVIIe au XIXe siècle.
La Zona Arqueológica La Quemada.
© iStockphoto.com/AlbertoLoyo

Une excursion au sud de la ville mène à la Zona Arqueológica La Quemada ,


aussi connue sous le nom de Chicomóztoc. Ces ruines préhispaniques, juchées sur une
colline, sont encore à ce jour empreintes de mystère. On atteint le site et ses structures
(temples, plateforme et pyramide) après une montée plutôt sportive.

San Luis Potosí


À une altitude de près de 2 000 m, cette ancienne ville minière fondée en 1592, mais
jadis habitée par les Guachichiles Chichimecas, a connu la richesse grâce aux gisements
d’or et d’argent du Cerro de San Pedro. Son centre historique, truffé d’élégants
bâtiments coloniaux, est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
En amorçant la visite sur la Plaza de los Fundadores, une vaste place bétonnée, on peut
apercevoir le Templo de la Compañía de Jesús , érigé en 1675, et sa voisine, la
Capilla de Loreto (1700), dont le portail baroque s’orne de colonnes torsadées.
Le Templo de la Compañía de Jesús, à San Luis Potosí. © iStockphoto.com/Avid
Creative, Inc.

Tout juste à l’est, autour de la Plaza de Armas , dotée d’une agréable gloriette et
d’espaces ombragés, se dresse la Catedral Metropolitana (ou Santa Iglesia
Catedral), construite en 1730 sur le site de l’ancienne église paroissiale de San Luis
Potosí (1593). Sa façade baroque est complètement illuminée le soir venu. Tout près, le
Palacio de Gobierno , érigé dans un style néoclassique entre 1798 et 1827, expose
de magnifiques fresques ainsi qu’une plaque commémorant le refus de Benito Juárez de
recevoir la grâce de l’empereur Maximilien en 1867. Au sud du Palacio de Gobierno se
trouve le Centro Cultural , aménagé dans la Caja Real , un bel édifice baroque
du XVIIIe siècle, dans lequel sont présentées des expositions d’œuvres de peintres
mexicains.
Donnant sur la Plaza del Carmen , le Templo de Nuestra Señora del Carmen
(1749) fait étalage d’une façade baroque surchargée, typique du style
churrigueresque. L’intérieur opulent abrite de splendides retables dorés et de
magnifiques peintures. À côté, l’ancien couvent abrite aujourd’hui le Museo del
Virreinato , qui expose des meubles et des objets des XVIIIe et XIXe siècles. Autour
de la Plaza del Carmen s’élèvent également le Teatro de la Paz (inauguré en
1894), l’un des plus importants théâtres du pays, construit dans un style néoclassique,
ainsi que le Museo Nacional de la Máscara , un musée qui expose de nombreux
masques mexicains colorés provenant de la région et d’ailleurs au pays.
Avec sa fontaine et ses îlots de verdure, le Jardín de San Francisco s’avère
l’endroit tout indiqué pour faire une pause et admirer la magnifique façade baroque du
Templo de San Francisco de Asís (1591-1692). Derrière l’église, donnant sur la
vaste Plaza de Aranzazú , une partie de l’ancien couvent (1586) abrite le Museo
Regional Potosino , un musée d’histoire. Il ne faut pas manquer de visiter l’étonnante
Capilla de Aranzazú de style churrigueresque, à l’étage du musée.
Plus au sud se dresse, telle une forteresse, le Centro de las Artes de San Luis Potosí
Centenario , qui loge dans l’ancien et massif pénitencier étatique (1884). Il
s’agit d’un excellent et très dynamique musée d’art contemporain, qui favorise les arts
visuels, les arts de la scène, les arts numériques et la musique.

Guanajuato
Véritable trésor architectural niché au cœur d’une vallée splendide, la capitale de l’État
de Guanajuato est sans aucun doute l’une des villes coloniales les plus agréables du
Mexique. Son ambiance détendue, sa scène culturelle vibrante, son dynamisme de ville
universitaire et ses nombreux attraits en font une destination de premier choix.
L’impressionnant centre historique de la ville, sillonné de ruelles pavées et de tunnels,
est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Chaque année, au mois
d’octobre, le Festival Internacional Cervantino , l’un des plus importants
événements culturels d’Amérique latine, présente des expositions, concerts, spectacles
et pièces de théâtre, produits par des artistes provenant de partout dans le monde, tout
en mettant en vedette les œuvres hispanophones.
Endroit tout indiqué pour entreprendre la visite de la ville, la petite Plaza de la Paz ,
ornée d’un monument dédié à l’indépendance, est l’une des plus anciennes places de
Guanajuato. De forme triangulaire, elle est flanquée de la Basílica Colegiata de
Nuestra Señora de Guanajuato , construite dans un style baroque entre 1671 et
1696. Au fil du temps et des travaux de conservation, se sont ajoutés des éléments
néoclassiques. À l’intérieur de l’église se trouve la statue de Nuestra Señora de
Guanajuato, offerte par Philippe II, roi d’Espagne, en 1557.
Au sud-est de la plaza, le Jardín de la Unión est un parc doté d’une belle gloriette et
entouré d’arbres dont le feuillage dense forme un véritable mur végétal. Du côté sud se
dresse l’Iglesia de San Diego , qui fut originellement construite en 1663 et rebâtie
en 1694 puis en 1780 dans un style churrigueresque à la suite des inondations. Cette
ravissante église avoisine le grandiose Teatro Juárez (1872-1903), l’un des
plus beaux théâtres du Mexique. Sa façade affiche un style néoclassique et comporte
plusieurs éléments de l’ordre dorique, tandis qu’à l’intérieur règne un éclectisme
opulent. Derrière le théâtre, un funiculaire mène au Monumento al Pípila (voir plus
loin).

Les ruelles de Guanajuato. © iStockphoto.com/Woodkern

La Calle de Sopeña conduit au Museo Iconográfico del Quijote , plus au sud. Ce


musée dédié à Miguel de Cervantes Saavedra expose près d’un millier d’œuvres
(peintures, gravures, sculptures et pièces d’artisanat) qui dépeignent l’univers de Don
Quichotte, célèbre héros du roman créé par Cervantes. Tout près du musée, l’Iglesia y
Ex Convento de San Francisco (1728) présente une superbe façade de pierres
roses.
En grimpant à travers quelques rues (ou en prenant le funiculaire derrière le Teatro
Juárez), vers l’ouest, on atteint le colossal Monumento al Pípila , érigé en
l’honneur du patriote Juan José de los Reyes Martínez, surnommé El Pípila. Son
belvédère offre une vue panoramique incomparable sur la ville.
Plus à l’ouest, le très touristique Callejón del Beso est une jolie ruelle si étroite que
deux amoureux, perchés sur des balcons de part et d’autre, peuvent s’embrasser!

Vue générale de Guanajuato. © Marc Rigole

En remontant cette ruelle vers le nord, on accède à quelques jolies places telles que la
Plaza de Los Angles, la Plazuela de San Fernando et la Plaza de San Roque, sur
laquelle est érigé le Templo de San Roque (1726), qui présente une façade baroque
très sobre. Le Jardín Reforma , dotée d’un magnifique portique formé d’une arche
et de colonnes, se trouve immédiatement à l’ouest.
Derrière son entrée de pierres roses finement ouvragées et sous son impressionnante
structure de métal, le très couru Mercado Hidalgo (1910) prend des airs de
cathédrale. Principal marché de la ville, ce lieu très animé abrite des kiosques de
restauration, de fleurs, de produits maraîchers et d’artisanat, le tout à bon prix.
Le Mercado Hidalgo. © Marc Rigole

Il faut emprunter la Calle Cuesta de Mendizábal vers le nord pour accéder au Museo
Regional de Guanajuato Alhóndiga de Granaditas , un musée d’art et d’histoire
aménagé dans un bâtiment historique aux airs de forteresse construit entre 1797 et 1809.
C’est ici qu’eut lieu la première victoire des insurgés contre les Espagnols, le 28
septembre 1810, lors de la guerre de l’indépendance. Avant d’être un musée, l’endroit
servit tour à tour d’entrepôt à grains, de baraque militaire et de prison. L’intérieur
présente de magnifiques fresques, peintes par José Chávez Morado.
À quelques rues à l’est, le Museo Casa Diego Rivera loge dans le lieu de
naissance du muraliste et relate sa vie tout en exposant les premières œuvres de cet
artiste incontournable. Le Museo del Pueblo de Guanajuato se trouve quant à lui
plus à l’est dans la Calle Positos, dans une belle demeure coloniale. Y sont présentées
des œuvres contemporaines, des fresques de José Chávez Morado et une variété
d’objets anciens tels que des jouets et des armes.

Construite au XVIIIe siècle, l’Universidad de Guanajuato dresse son


majestueux campus principal à l’est du Museo del Pueblo. On accède au bâtiment
néoclassique (1732) par un long escalier de pierre. Il s’agit de l’épicentre de la vie
culturelle de Guanajuato. Jouxtant l’université, le Templo de la Compañía de Jesús
(1747-1765) dévoile l’un des meilleurs exemples du style baroque churrigueresque
au Mexique. À l’intérieur sont accrochées des toiles de maîtres du XVIIIe siècle tels
que Miguel Cabrera, Baltasar Echave Orio et José Ibarra.

Le Museo de las Momias de Guanajuato.


© frankjuarez

À l’ouest du centre historique se trouve le très singulier Museo de las Momias de


Guanajuato . L’origine de la fondation du musée, lequel ne laissera personne
indifférent, remonte à la découverte d’un premier corps momifié en 1865 dans le
cimetière de Santa Paula. De façon informelle, des curieux venaient observer ce corps,
momifié de façon naturelle, exposé dans les catacombes. Petit à petit, le musée fut créé
et il expose maintenant plus d’une centaine de momies (hommes, femmes et enfants)
provenant du cimetière de Santa Paula.
Pour changer de ton, les visiteurs peuvent se rendre au Museo Exhacienda San
Gabriel de Barrera , au sud du musée des momies. Jadis vouée à l’extraction
des minerais, cette ancienne hacienda compte une habitation, une aile muséale, une
chapelle et des jardins.
Au sud de Guanajuato, près de la Mina La Valenciana , un gisement d’argent qui
fut l’un des plus importants au pays, se dresse le Templo de San Cayetano
(1788), qui affiche un style baroque churrigueresque. L’intérieur se pare d’un
magnifique autel recouvert de feuilles d’or. Il est aujourd’hui possible de visiter la
mine.

Dolores Hidalgo
La charmante ville de Dolores Hidalgo est reconnue comme le berceau de
l’indépendance mexicaine. La ville, qui fait partie du réseau des Pueblos Mágicos offre
quelques attraits intéressants. Sur sa place centrale, soit l’agréable Jardín del Grande
Hidalgo , se dresse un monument en l’honneur du père de la nation, Miguel Hidalgo
y Costilla. Celui-ci a lancé, le 16 septembre 1810, son célèbre appel à la lutte pour
l’indépendance, le Grito de Dolores, dans l’église de la Parroquia de Nuestra Señora
de los Dolores (1778), au nord de la place, dont l’intérieur recèle de superbes
retables de bois sculpté. Le soir venu, la magnifique façade de l’église est la toile de
fond d’un spectacle son et lumière qui retrace l’histoire de l’indépendance du pays.
La Parroquia de Nuestra Señora de los Dolores. © Marc Rigole

À l’ouest de la place, le Museo de la Independencia loge dans l’ancienne prison


municipale, érigée au XVIIIe siècle, et expose des objets, des documents d’archives et
des œuvres d’art populaire datant de l’époque du mouvement de l’indépendance.
Le Museo Casa de Hidalgo , situé au sud de la place centrale, dans l’ancienne
maison (1779) de Don Miguel Hidalgo, expose des meubles et des objets des XVIIIe et
XIXe siècles.

Atotonilco
Au nord de San Miguel de Allende se dresse comme une forteresse le Santuario de
Jesús Nazareno de Atotonilco (aussi connu sous le nom de Santuario de Dios
y de la Patria), fondé en 1740 par le père Luis Felipe Neri de Alfaro. Surnommé « la
chapelle Sixtine du Mexique » en raison de sa coupole, sa nef et ses voûtes recouvertes
de fresques baroques, le sanctuaire figure sur la Liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO. La bannière à l’effigie de la Vierge de Guadalupe, dont se servait Miguel
Hidalgo dans sa lutte pour l’indépendance, proviendrait de ce site.

Le Santuario de Jesús Nazareno de Atotonilco. © Patrick Denker

Au nord du sanctuaire, la Galería Atotonilco plaira aux amateurs d’artisanat. Elle


propose en effet des pièces magnifiques et d’excellente qualité provenant de partout au
Mexique.

San Miguel de Allende


Ville importante de l’État de Guanajuato, San Miguel de Allende figure à juste titre sur
la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce berceau de l’indépendance est le lieu
de naissance d’Ignacio Allende, un militaire espagnol rebelle qui, avec Miguel
Hidalgo, mena les insurgés dans les premiers moments de la lutte pour sortir du joug de
la colonie espagnole. Aujourd’hui, San Miguel de Allende attire de nombreux
voyageurs ainsi que des gens venus de partout dans le monde qui s’y installent afin de
bénéficier de son climat printanier, de sa vitalité culturelle, de la qualité de son offre
gastronomique et, de manière générale, de son ambiance détendue.
Le cœur colonial de la ville de San Miguel de Allende se trouve autour et dans les
environs de la Plaza Principal (aussi appelée Jardín Allende). Du côté sud s’élève
la Parroquia de San Miguel Arcángel (1555), véritable signature visuelle de la
ville. Au fil du temps, l’église a connu plusieurs transformations, passant d’un style
baroque plus sobre (vers 1700) à une flamboyante architecture gothique (1880-1890),
qui offre un humble clin d’œil à la Sagrada Família de Gaudí. L’édifice est flanqué
d’une autre église, la Santa Escuela de Cristo (aussi appelée Templo de San
Rafael).
La Parroquia de San Miguel Arcángel, à San Miguel de Allende. © Marc Rigole

Directement à l’ouest de la Parroquia se trouve le Museo Histórico de San Miguel de


Allende , aussi connu sous le nom de Museo Casa de Allende. Ce musée abrite le
lieu de naissance d’Ignacio Allende (1769-1811), héros de l’indépendance, et expose
photos, objets et meubles d’époque.
Détail de la façade du Museo Histórico de San Miguel de Allende. © Patrick Denker

À faible distance du musée, vers le nord, le Centro Cultural Ignacio Ramírez «El
Nigromante» loge dans un ancien couvent, renferme la fresque inachevée de
David Alfaro Siqueiros et fait partie de l’Instituto Nacional de Bellas Artes. On y
trouve des galeries d’art, des salles d’exposition et de spectacle ainsi qu’une agréable
terrasse. Derrière sa jolie façade néoclassique, le Teatro Ángela Peralta (1873),
nommé ainsi en l’honneur de cette soprano mexicaine reconnue mondialement, présente
encore aujourd’hui des pièces de théâtre, des concerts et des spectacles variés.
À une rue au nord du théâtre se trouve la Biblioteca Pública , un endroit paisible
et charmant qui mérite une visite. Sa cour intérieure invitante, ses peintures murales aux
couleurs vibrantes et son importante collection de livres en espagnol et en anglais
garantissent une halte plaisante. À quelques rues vers le nord s’aligne une quarantaine
de cafés, galeries d’art, boutiques et ateliers d’artistes dans le centre d’art et de design
qu’est la Fábrica La Aurora .
Le Templo del Oratorio.
© Marc Rigole

Les amateurs d’artisanat se rendront également au Mercado de Artesanías , situé à


quelques rues à l’est de la bibliothèque et qui compte de nombreux kiosques de cuisine
de rue et d’artisanat en tout genre. À côté du marché se dresse le Templo del Oratorio
(1712), dont la façade originale fait face à l’est et l’autre, plus moderne et de style
baroque, se présente du côté sud. En face, la façade du Templo de Nuestra Señora de
la Salud (XVIIIe siècle), qui donne sur la Plaza Allende, est sculptée tel un
coquillage et fait partie des sites emblématiques de la ville.
Le Templo de Nuestra Señora de la Salud (à gauche). © Marc Rigole

La Calle Juárez mène vers le sud au Templo de San Francisco (1778), qui s’orne
d’une magnifique façade de style baroque churrigueresque. Non loin de là, dans la Calle
San Francisco, il ne faut pas manquer de visiter La Esquina - Museo del Juguete
Popular Mexicano , un musée ludique qui expose une importante collection de
jouets anciens et artisanaux. À l’ouest de La Esquina, le gîte touristique Casa de la
Cuesta abrite une galerie d’artisanat et organise des visites sur demande de son musée
de masques, Another Face of Mexico . En continuant vers l’est, on atteint
facilement la réserve naturelle et le jardin botanique El Charco del Ingenio . Le
site dévoile une belle variété de cactus et d’autres plantes que l’on peut observer en
arpentant les sentiers pédestres.
Détail de la fresque de l’Instituto Allende. © Marc Rigole

En retournant vers La Esquina par la Calle Núñez et en poursuivant vers le sud sur
plusieurs pâtés de maisons, on arrive à l’étroit et sinueux Paseo El Chorro , un
chemin qui traverse le plus ancien quartier de la ville, et qui mène au Parque Benito
Juárez , une véritable oasis de verdure au cœur de la ville. À l’ouest du parc,
l’école d’arts visuels Instituto Allende , aménagée dans un bâtiment colonial,
ouvre ses portes aux visiteurs. L’endroit ne manque pas de charme avec sa cour
intérieure dotée d’une jolie fontaine et sa terrasse, idéale pour prendre un café ou une
bouchée tout en bénéficiant d’une vue panoramique sur la ville et la Parroquia de San
Miguel Arcángel. Il faut absolument jeter un coup d’œil à l’impressionnante peinture
murale à caractère historique qui s’étire sous les arcades et, bien sûr, flâner dans les
galeries et boutiques d’art.
La Zona Arqueológica Cañada de la Virgen. © EneasMx

À l’ouest de la ville et du lac Ignacio Allende, dans la petite bourgade d’Agustín


González, se trouvent deux attraits incontournables, le Museo de Astronomía
Prehispánica et la Zona Arqueológica Cañada de la Virgen . Depuis San
Miguel de Allende, on croise d’abord le modeste mais fort intéressant musée
d’astronomie préhispanique, qui présente, par le biais de montages photo, le fruit de
plusieurs années d’observation et de recherches et explique la fonction cosmologique
des ruines archéologiques de Cañada de la Virgen. On accède d’ailleurs facilement au
site archéologique depuis le musée. Cet ancien centre politique, religieux et
astronomique toltèque, habité entre 540 et 1050, comporte des groupes de structures
incluant des pyramides, un terrain de jeu de balle, des plateformes et des esplanades. La
Casa de los 13 Cielos, plus haute pyramide du site, servait vraisemblablement
d’horloge solaire, de calendrier et de tombeau.

Santiago de Querétaro
Habitée par le peuple otomi jusqu’à la domination aztèque en 1440, Santiago de
Querétaro, aujourd’hui la capitale de l’État de Querétaro, fut colonisée par les
Espagnols dès 1531. Ceux-ci ont alors bénéficié de l’aide d’un précieux allié, le chef
otomi Conín, qui s’est vu attribuer le rôle de gouverneur de la région. Conín divisa la
ville en deux zones distinctes, l’une pour les colons espagnols, l’autre pour les
autochtones. Inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, le centre
historique de Santiago de Querétaro correspond à la portion coloniale de la ville et
présente une architecture d’une impressionnante richesse. Au-delà du tourisme,
l’important développement économique apporte aux habitants de cette ville, dynamique
et sécuritaire, une qualité de vie parmi les plus enviables au pays.

L’agréable Plaza de Armas , cœur du centre historique de la ville, s’entoure de


terrasses et d’édifices coloniaux dont la Casa de la Corregidora . Cette ancienne
demeure du maire (corregidor) de Querétaro et de sa femme, Josefa Ortiz de
Domínguez, est devenue le Palacio de Gobierno. En 1810, la femme du maire, alias la
corregidora, prit activement part à l’insurrection qui mènera à l’indépendance du
Mexique en avertissant le prêtre Miguel Hidalgo y Costilla que les Espagnols
connaissaient ses plans de rébellion. C’est au cours de la messe suivante que le prêtre
lança son célèbre appel à la lutte pour l’indépendance, le Grito de Dolores.
L’Ex Convento de San Francisco, à Santiago de Querétaro. © Marc Rigole

Du côté ouest de la Plaza de Armas se trouve le Museo Regional de Querétaro ,


qui loge dans le splendide Ex Convento de San Francisco (1698). Premier lieu
de culte érigé dans l’État, l’ancien monastère présente une architecture baroque raffinée
et des cours intérieures paisibles. Aujourd’hui, ce magnifique musée d’archéologie,
d’histoire et d’ethnologie expose entre autres des artéfacts préhispaniques, des objets
décoratifs et usuels de l’époque coloniale, ainsi que des œuvres d’art (peinture,
poteries). Le Templo de San Francisco (1550-1640), rattaché à ce vaste complexe
religieux, fut élevé au titre de cathédrale entre les années 1865 et 1922. Pourvue d’une
horloge et d’une tour massive, l’église arbore une façade baroque aux lignes sobres.
Le Museo de Arte de Querétaro est pour sa part aménagé dans l’Ex Convento
de San Agustín , construit entre 1731 et 1745 et restauré en 1889. Avec ses arches,
ses colonnades et sa fontaine, il s’agit de l’un des plus beaux exemples de monastère
baroque au pays. Le musée accueille divers événements culturels ainsi que des
expositions permanentes et temporaires de peinture mexicaine et européenne du XVIe
au XIXe siècle. Près de l’entrée du musée, il faut aussi jeter un coup d’œil au portail
ouvragé de l’église de San Agustín, dominé par une sculpture du Christ en croix.

Le Templo de Santa Rosa de Viterbo.


© iStockphoto.com/tankbmb

À quelques rues vers le sud-ouest se dresse le Templo de Santa Rosa de Viterbo


(1752), un autre bijou d’architecture baroque. Coiffée d’un dôme coloré, cette église
se démarque pour son portique flanqué de deux arcs inversés, mais surtout par
l’exubérance de son intérieur mettant en valeur de nombreux retables recouverts d’or,
de splendides toiles, de minutieux travaux de marqueterie et de ravissantes sculptures.
En face, la Plaza Mariano de las Casas dispose d’une jolie fontaine, dont les jets
d’eau sont illuminés le soir venu.
Sur la Calzada de los Arcos, principalement entre l’Avenida Bernardo Quintana et la
Calle Ejército Republicano, se déploie l’Acueducto de Querétaro . Achevé en
1735, cet ancien aqueduc devenu l’un des lieux emblématiques de la ville est joliment
éclairé dès la tombée du jour.
L’Acueducto de Querétaro. © iStockphoto.com/tankbmb
Du golfe au sud du Mexique
C’est dans le golfe du Mexique que Hernán Cortés
débarqua en 1519, avec une dizaine de navires, quelque
500 soldats et une quinzaine de chevaux, pour établir la
Villa Rica de la Vera Cruz (à 80 km de l’actuelle ville de
Veracruz) et entreprendre la conquête du Mexique. Porte
d’entrée de la colonisation espagnole, cette région marque
également le carrefour d’importantes sociétés
précolombiennes. Entre mer et montagnes, l’État de
Veracruz, luxuriant et fertile, présente de vastes plaines
agricoles et accueille d’importantes cultures de cacao et de
café. Le relief s’élève à l’ouest avec la cordillère
néovolcanique qui abrite le Pico de Oriziba (5 676 m),
plus haut sommet du pays.
Point de rencontre entre la Sierra Madre del Sur et la
Sierra Madre Oriental, au sud de la cordillère
néovolcanique, l’État d’Oaxaca est le berceau de plusieurs
communautés autochtones, de sites préhistoriques et de
zones archéologiques fascinantes. Il est aussi l’écrin
abritant l’une des plus belles villes coloniales du pays,
Oaxaca.
À l’est, la jungle s’étend et prend ses aises dans l’État du
Chiapas, qui recèle une incroyable biodiversité et une
éblouissante richesse culturelle grâce à la présence de
villes dynamiques, tantôt coloniales, tantôt autochtones, et
de sites archéologiques mayas parmi les plus importants
du pays.
Ce chapitre est une invitation à découvrir les trésors des
États de Veracruz, du Tabasco, d’Oaxaca et du Chiapas, à
l’exception de la côte Pacifique, couverte dans le chapitre
« La côte Pacifique » (voir Cliquez ici).
El Tajín
Situé dans le nord de l’État de Veracruz, le site archéologique El Tajín, le plus
important de la côte du golfe du Mexique, a une origine nébuleuse. Plusieurs chercheurs
affirment que le site fut d’abord occupé par les Olmèques, vers 1150 av. J.-C. Les
monuments auraient été érigés par les Huastèques, descendants des Mayas, vers 600 de
notre ère, puis la cité aurait été occupée par les Tononaques entre 800 et 1200 de notre
ère, jusqu’à la domination aztèque sur la région. À son apogée, sous les Tononaques, El
Tajín comptait entre 15 000 et 20 000 habitants, plus d’une quinzaine de terrains de jeu
de balle et une centaine de structures diverses. Les bâtiments et les temples dénotent
entre autres des influences des styles Teotihuacán et maya.
El Tajín. © iStockphoto.com/AlbertoLoyo

Parmi les plus impressionnantes structures du site trône la Pirámide de los Nichos
, dont les six étages sont ornés de 365 niches, une pour chaque jour de l’année, selon
le cycle solaire. Les bas-reliefs sculptés sur les panneaux du Juego de Pelota Sur
éblouissent également par leur richesse, leur complexité et leurs qualités narratives.
Les visiteurs peuvent assister à une représentation de la danse des Voladores de
Papantla , qui se pratique sur un grand mât dressé à l’entrée du site. Au cours de
cette cérémonie rituelle totonaque, cinq danseurs grimpent au sommet du mât, puis
quatre d’entre eux, attachés par les pieds, se laissent tomber, tête première, et tournoient
autour du mât, tandis que le cinquième joue de la flûte. Un musée présente des objets
provenant pour la plupart de la Pirámide de los Nichos et d’autres sculptures, pièces et
fragments architecturaux intéressants.
Construit près du site, le Parque Temático Takilhsukut accueille des événements
culturels, entre autres le festival totonaque Cumbre Tajín au mois de mars.

Xalapa
Entourée d’un magnifique paysage dominé par la cime enneigée du volcan qu’est le
Pico de Orzizaba, Xalapa, capitale de l’État de Veracruz, abrite l’un des musées les
plus importants du Mexique. Le Museo de Antropología de Xalapa possède la
plus importante collection d’artéfacts et d’éléments architecturaux provenant de sites
archéologiques précolombiens, après celle de México. On y admire des têtes colossales
olmèques, dont celle dénommée El Rey (« le roi »), qui daterait de 3 000 ans et qui fait
environ 3 m de haut, ainsi que d’étonnantes caritas sonrientes, soit des figurines ou des
masques souriants d’origine totonaque.

Xalapa. © iStockphoto.com/GERARDO HUITRON

Les énigmatiques Olmèques


Apparue simultanément dans divers foyers de la Mésoamérique vers 2000 av. J.-C.,
et particulièrement présente entre 1200 av. J.-C. et 400 av. J.-C. sur la côte du golfe
du Mexique (La Venta, San Lorenzo, Tres Zapotes), la culture olmèque rayonna
pendant quelque temps à travers tout le Mexique, le Belize, le Guatemala et
jusqu’au Costa Rica. Les Olmèques sont d’ailleurs souvent perçus comme la
civilisation-mère du Mexique.

Des têtes olmèques au Museo de Antropología de Xalapa. © Jorge Díaz

Les scientifiques ont statué que l’on doit à ce peuple influent l’invention du
calendrier mésoaméricain et de l’écriture hiéroglyphique (à la base de l’écriture
maya). L’étude des vestiges archéologiques indique que la société olmèque,
antérieure aux Mayas, était technologiquement avancée, connaissait l’astronomie et
avait développé dans ses villes des réseaux de canalisation en pierre, une
hiérarchie sociale, une architecture (pyramides, terrains de jeu de balle) et un art
typiques de la région.
Parmi les formes d’art olmèques les plus marquantes, notons les têtes colossales
qui peuvent peser jusqu’à 25 tonnes, les stèles ouvragées et les nombreuses
représentations de la figure mythique du jaguar.
Si l’existence de la société olmèque a été révélée en 1862 par la découverte, à
Hueyapan (l’actuel Tres Zapotes), des têtes colossales, il faut attendre les années
1940 et 1950 pour statuer officiellement de son ancienneté et de son importance
capitale. Les vestiges découverts ont pour la plupart été enfouis dans les anciennes
cités. Les chercheurs avancent que les Olmèques auraient détruits eux-mêmes leurs
villes au moment de leur chute.
Les artéfacts les plus importants de la civilisation olmèque ont été transférés dans
différents musées de la région, dont ceux de La Venta et de Xalapa.

Veracruz
On visite Veracruz, établie en front de mer, davantage pour son ambiance agréable et
détendue que pour son architecture, quelque peu dépareillée ou pour ses plages, trop
polluées pour s’y baigner. Son port historique fut la porte d’entrée des conquistadors...
et le lieu de transit d’innombrables richesses qui prirent le large vers l’Espagne.
Fondée par Hernán Cortés en 1519, Veracruz est le plus ancien établissement européen
au Mexique et fut maintes fois mise à sac par les pirates.
Dans la vieille ville, le zócalo (parc central), souvent nimbé de musique, est un
lieu de rassemblement vibrant où l’on peut observer, le soir venu, des couples prenant
part au célèbre danzón. Il s’agit d’une danse d’origine cubaine pratiquée en plein air
par des couples élégamment vêtus accompagnés d’un orchestre. Autour du zócalo se
dressent de splendides édifices coloniaux tels que le Palacio Municipal, la cathédrale
et le Portal de Miranda.
Le Faro Venustiano Carranza.
© iStockphoto.com/jejim

Parmi les attraits situés près du centre historique, notons le Museo de la Ciudad, qui
traite de l’histoire locale, le Museo Histórico Naval (musée d’histoire maritime) et
le Baluarte de Santiago , un ancien bastion qui abrite une petite exposition de bijoux
anciens. Au bout du malecón , soit la promenade en front de mer, s’élève
l’impressionnant Faro Venustiano Carranza, de facture néoclassique.
Le Baluarte de Santiago, à Veracruz. © iStockphoto.com/abalcazar

Situé sur une petite île dans la partie nord du port de Veracruz, le Fuerte de San Juan
de Ulúa est un fort datant de 1535 qui a servi de prison et qui accueille
aujourd’hui un musée. Son histoire, qui met en scène les conquistadors espagnols, les
pirates et l’armée française, est palpitante.
Au sud du port, les visiteurs ne manqueront de faire une pause à l’Acuario de
Veracruz , l’un des plus importants aquariums d’Amérique latine. On y admire
une foule d’espèces marines (dont certaines dans des bassins tactiles), mais aussi des
mammifères et des oiseaux, qui évoluent dans différents écosystèmes que l’on traverse
en suivant un sentier.
L’Acuario de Veracruz. © golo

Tlacotalpan
Au sud de Veracruz, en bordure du Río Papaloapan, se trouve la très jolie ville
coloniale de Tlacotalpan, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Restaurée avec soin, elle dévoile, le long de ses larges rues paisibles, une architecture
singulière constituée de maisons à colonnade et de portiques à arcades aux couleurs
éclatantes. Tlacotalpan est célèbre pour les importantes festivités entourant la
célébration de sa sainte patronne, la Virgen de la Candelaria, au début du mois de
février. Au cours de cette fête, on organise la procession de l’image de la sainte, des
défilés et une course de taureaux dans les rues de la ville.
Tlacotalpan. © scanudas

San Lorenzo de Tenochtitlán


Les vestiges de la plus ancienne cité précolombienne du Mexique se trouvent à San
Lorenzo de Tenochtitlán. Les Olmèques y ont habité de 1300 à 900 av. J.-C. Le site
comme tel est plutôt dénudé, les principaux artéfacts ayant été transférés entre autres au
musée de Xalapa, mais le musée qui se trouve sur place présente de belles pièces, dont
une tête colossale, et mérite une visite.

Villahermosa
L’État du Tabasco, sillonné par de majestueux fleuves et largement couvert de lacs, de
marais et de forêts humides, bénéficie d’un climat tropical. Berceau de la civilisation
olmèque, ce territoire constitue également le carrefour des peuples maya et aztèque, qui
ont tour à tour façonné l’identité locale. Sa population maya a d’ailleurs vu débarquer
sur ses côtes les conquistadors dès 1518. C’est à cet endroit, à l’embouchure du fleuve
Grijalva, que fut fondée l’une des plus anciennes villes en Amérique, Santa María de
Victoria. En raison de sa vulnérabilité devant les attaques de pirates, la ville fut
transférée plus loin dans les terres, en bordure du fleuve Grijalva, sur l’emplacement de
l’actuelle Villahermosa.
Le Museo de Historia de Tabasco à Villahermosa. © Alfonsobouchot

Aujourd’hui, Villahermosa, capitale de l’État du Tabasco, présente un visage moderne


tout en conservant son cœur historique. Parmi ses attraits incontournables, on retrouve
le Museo de Historia de Tabasco , qui loge dans la magnifique Casa de los
Azulejos, un bâtiment historique datant de 1889 et orné à l’intérieur comme à
l’extérieur d’innombrables carreaux de céramique. Le musée recèle une foule de pièces
de collection (toiles, photographies, objets usuels et décoratifs), qui reflètent la vie
quotidienne au Tabasco entre les XVIe et XXe siècles.

Maison typique du XIXe siècle, la Casa Museo Carlos Pellicer Cámara expose des
objets ayant appartenu à Carlos Pellicer (1897-1977), un poète moderne natif de
Villahermosa et associé au Grupo de los Contemporáneos. En 1976, il fut élu sénateur
du Tabasco pour le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI).
Le Parque Museo de La Venta. © Olivier Bruchez

Situé au nord-ouest du centre-ville, le Parque Museo de La Venta est un


important parc éco-archéologique. Il abrite une aire zoologique peuplée d’animaux de
la région (jaguars, singes, crocodiles, etc.) et un sentier bordé de plusieurs pièces
d’archéologie provenant du site de La Venta (à quelque 60 km à l’ouest de
Villahermosa), entre autres des stèles, des têtes colossales et une mosaïque en
serpentine.
À Comalcalco, au nord de Villahermosa, il ne faut pas manquer de visiter l’Hacienda
La Luz , un véritable musée vivant du chocolat. De la culture du cacaoyer à la
fabrication du chocolat en passant par l’histoire et la dégustation, les visites guidées se
révèlent fort intéressantes et offrent un portrait complet de l’importance de la
production du cacao dans cette région du Mexique.

Oaxaca
Oaxaca est à la fois l’un des États les plus pauvres et les plus spectaculaires du pays.
Comme le Chiapas, il abrite une importante population autochtone. On y parle plus
d’une quinzaine de langues et les possibilités ethnotouristiques sont vastes, surtout au
nord de la belle capitale, Oaxaca (de Juárez). Le site archéologique majeur de Monte
Albán se trouve aussi tout près de ce centre urbain. L’artisanat et la gastronomie
d’Oaxaca se révèlent être d’une qualité exceptionnelle. La côte de l’État d’Oaxaca est
décrite dans le chapitre « La côte Pacifique ».

Splendide ville coloniale, dynamique et cosmopolite, Oaxaca (1529) présente de


nombreux attraits et vaut un séjour; de plus, les visiteurs y sont chaleureusement
accueillis. Autour de son zócalo sont alignés des restaurants et d’impressionnants
édifices tels que la Catedral de Nuestra Señora de la Asunción (dont la façade
donne sur l’Alameda de León), et le Palacio de Gobierno, qui abrite le Museo del
Palacio et ses expositions à caractère culturel et historique. Au sud du zócalo se
tiennent les très animés Mercado de Benito Juárez et Mercado de 20 de
Noviembre , qui étalent dans la bonne humeur leurs kiosques de produits maraîchers,
de petits plats cuisinés (idéals pour les découvertes culinaires) et d’artisanat.

La Catedral de Nuestra Señora de la Asunción, à Oaxaca. © Dreamstime.com/Arturo


Osorno
Le Mercado de Benito Juárez.
© Christopher Holden

Dans les environs immédiats du zócalo, le Museo Textil de Oaxaca , qui occupe
une partie bien restaurée de l’ancien monastère de Santo Domingo Soriano, mieux
connu sous le nom d’Ex Convento de San Pablo (1529), représente une halte des plus
agréables. Les visiteurs profitent de sa jolie cour intérieure et des expositions de
broderies et de vêtements artisanaux ainsi que des explications sur leurs
caractéristiques et leur processus de fabrication. On y tient également des expositions
d’art contemporain. Le majestueux Teatro Macedonio Alcalá, qui se dresse tout près,
mérite le coup d’œil.
Deux musées avant-gardistes sont situés à proximité, le Museo de los Pintores
Oaxaqueños (MUPO) et le Museo de Arte Contemporáneo de Oaxaca (MACO)
. Ils proposent plusieurs activités et événements culturels, en plus de tenir des
expositions d’art contemporain.
Bien aménagé dans une maison coloniale, le petit Museo de Arte Prehispánico de
México Rufino Tamayo présente pour sa part une belle variété de stèles, poteries
et autres artéfacts provenant des sites archéologiques de la région.

La Basílica de Nuestra Señora de la Soledad.


© iStockphoto.com/alantobey

Plus à l’ouest, la massive et baroque Basílica de Nuestra Señora de la Soledad


(1682-1697) est dédiée à la sainte patronne de la ville, Notre-Dame de la Solitude. De
l’autre côté de la Plaza de la Danza trône le Templo y Ex Convento de San José .
Il faut s’y rendre après la tombée du jour, au moment où de magnifiques jeux de lumière
sont projetés sur ces bâtiments historiques.
Oaxaca, avec le Templo y Ex Convento de San Domingo. ©
iStockphoto.com/alantobey

Au nord, un immense complexe religieux abrite le Templo y Ex Convento de San


Domingo , dont la construction débuta vers 1555. À l’intérieur de cette splendide
église baroque, les murs brillent de l’éclat des milliers de feuilles d’or. Le complexe
religieux comporte aussi plusieurs cours intérieures et un monastère qui loge un
important musée, le Museo de las Culturas de Oaxaca . Ce beau musée
anthropologique et archéologique est l’un des plus importants au pays et couvre entre
autres la période préhispanique, exposant de saisissants artéfacts provenant du site de
Monte Albán. Depuis le musée, on peut apercevoir le Jardín Etnobotánico de Oaxaca
et ses multiples variétés de cactus. D’excellentes visites guidées sont proposées à
ceux qui souhaitent s’y promener.
Un crâne de Monte Albán au Museo de las Culturas de Oaxaca. © Greg Willis

À côté du complexe religieux, le moderne, interactif et très bien aménagé Museo de


Filatelia de Oaxaca présente beaucoup plus qu’une simple collection de timbres!
On y découvre des lettres originales de Frida Kahlo à son médecin, de surprenantes
boîtes postales créées par des artistes, une cour intérieure où prendre un café, et même
un orgue antique dans les locaux accessibles de l’Instituto de Órganos Históricos de
Oaxaca, qui partage le bâtiment.
En juillet a lieu à Oaxaca La Guelaguetza , un festival autochtone haut en
couleur qui attire, depuis ses origines préhispaniques, une foule de participants de
toutes les régions de l’État d’Oaxaca venus danser et jouer de la musique traditionnelle.

Monte Albán
À 10 km à l’ouest de la ville d’Oaxaca, juchées au sommet d’une montagne nivelée par
l’homme, se dressent les spectaculaires ruines de Monte Albán, inscrites sur la Liste du
patrimoine mondial de l’UNESCO. Dès 500 av. J.-C., cette ancienne cité a été tour à
tour sous l’influence des Olmèques, occupée par les Zapotèques, conquise par
Teotihuacán, abandonnée, récupérée par les Mixtèques, qui en auraient été chassés par
les Aztèques, tout juste avant que les conquistadors n’y construisent des fortifications
vers 1520. Les Zapotèques, qui habitaient le lieu au moment de son apogée (entre 200 et
800 de notre ère), auraient façonné les terrasses accueillant des sépultures et des
maisons, érigé les principaux édifices et temples de la Gran Plaza et construit
des conduites d’eau. Certains chercheurs estiment qu’en l’an 800, la population de
Monte Albán comptait 50 000 habitants.

Monte Albán. © iStockphoto.com/Jacques van Dinteren

En plus de l’excellent Museo de Sitio de Monte Albán , installé près de l’entrée


du site, il ne faut pas manquer de visiter la Tumba 104 . Avec ses magnifiques
fresques représentant des déités, il s’agit de l’une des tombes zapotèques parmi les plus
importantes du site. Le site étant perché à près de 2 000 m, la vue panoramique depuis
l’Edificio E et la Plateforma Sur s’avère un autre incontournable de Monte
Albán. Près de la Plateforma Sur se trouve l’énigmatique Galería de los Danzantes
, une suite de stèles d’influence olmèque ornées de bas-reliefs qui présentent des
images d’humains caractérisés par des difformités. Les théories concernant la nature
exacte de ces représentations, qui sont datées et nommées, sont multiples : sacrifices,
prisonniers torturés, chamans ou encore traité visuel de médecine.
Vu que le site est dégagé et que le climat est chaud et humide, mieux vaut prévoir s’y
rendre tôt le matin. Il faut compter aussi plusieurs heures pour parcourir l’endroit en
compagnie d’un guide pour tirer le maximum de la visite de cette cité unique.

Les autres sites archéologiques d’Oaxaca


Inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, les sites de Yagul et de Mitla
se trouvent à moins de 50 km au sud-ouest de la ville d’Oaxaca. Ils présentent tous deux
des zones archéologiques précolombiennes et un réseau de grottes préhistoriques qui
comportent des peintures rupestres. Les graines et fragments d’épis de maïs découverts
dans ces grottes datent de 10 000 ans et se révèlent être les plus anciennes traces de
domestication de plantes du continent américain.
Selon certains chercheurs, le site de Yagul était habité dès 1400 av. J.-C. et se trouvait
sous l’autorité de Monte Albán au moment où cette cité connaissait son apogée.
Cependant, l’occupation de Yagul se poursuivit bien au-delà de la chute de Monte
Albán. C’est au cours de la période suivant ce déclin, et jusqu’en 1500, qu’ont été
érigés les principaux édifices, temples et structures formant la cité-État zapotèque de
Yagul. Aujourd’hui, la Zona Arqueológica de Yagul abrite les vestiges d’une
forteresse au sommet d’une colline, qui offre une belle vue sur la vallée de Tlacolula.
On y trouve notamment le Palacio de los Seis Patios , qui forme un labyrinthe de
murs bas et massifs, avec un magnifique terrain de jeu de balle et plusieurs tombes et
autres structures décorées de grecques, ces ornements aux motifs géométriques répétitifs
qui embellissent les frises.
La Zona Arqueológica de Mitla.
© iStockphoto.com/abalcazar

Comme Yagul, la Zona Arqueológica de Mitla est le site d’une ancienne cité-État
zapotèque qui s’est principalement développée à la période postclassique (950-1521),
à la suite du déclin de Monte Albán. Sa particularité réside dans son emplacement, au
cœur d’une ville, et à son amalgame de styles architecturaux précolombiens (zapotèques
et mixtèques) et coloniaux. Ainsi, les Espagnols ont érigé l’Iglesia San Pablo avec
les matériaux provenant des temples zapotèques qu’ils détruisaient. Mitla présente
également de splendides murs ouvragés et recouverts de grecques raffinées, notamment
sur la façade et à l’intérieur de l’impressionnant Palacio du Grupo de las
Columnas .

Los Caminos del Mezcal


La route du mezcal traverse six municipalités dans la région des Valles Centrales,
reconnue comme le berceau du mezcal. Plusieurs distilleries ouvrent leurs portes
aux visiteurs qui souhaitent déguster et se procurer leurs produits. Les distilleries
artisanales et industrielles de Santa María del Tule, San Jerónimo Tlacochahuaya,
Teotitlán del Valle, Tlacolula de Matamoros, San Pablo Villa de Mitla et Santiago
Matatlán se trouvent le long d’une route ponctuée de magnifiques champs d’agaves,
la plante utilisée dans la fabrication du mezcal.

L’agave entre dans la fabrication du mezcal. © iStockphoto.com/Esdelval

Accessible depuis Mitla, la formation géologique nommée Hierve el Agua est


d’une beauté saisissante. Il s’agit d’une source d’eau fortement minéralisée qui a formé
des bassins (dans lesquels on peut se baigner) littéralement perchés sur un promontoire
rocheux. L’eau de la source s’est écoulée lentement le long de la falaise depuis des
millénaires, créant d’étonnantes chutes pétrifiées appelées Velo de Novia (voile de
mariée). La vue sur la vallée et les montagnes y est spectaculaire. Le site est agrémenté
de cabines pour se changer, de casse-croûte et de cabañas.
Au nord-ouest d’Oaxaca, le projet écotouristique et ethnotouristique Pueblos
Mancomunados permet aux visiteurs de séjourner en immersion dans certains
villages zapotèques tels que Benito Juárez, La Nevería, Latuvi, Lachatao, Amatlán,
Yavesía, Llano Grande et Cuajimoloyas. Tous ces villages ont mis en place des
infrastructures touristiques efficaces et réservent un accueil chaleureux dans une
ambiance familiale. On peut parcourir la route reliant les villages à pied, à vélo, en
voiture ou à cheval et faire des randonnées pédestres guidées dans les environs.

Amatlán, un des Pueblos Mancomunados. © Oisin Prendiville

Tuxtla Gutiérrez
Les voyageurs friands de tourisme culturel et de plein air doivent impérativement
visiter le Chiapas. Cette région montagneuse, couverte de pins et de forêts humides
luxuriantes, abrite une biodiversité foisonnante, de superbes villes coloniales,
d’importantes ruines mayas et de nombreuses communautés autochtones qui représentent
le quart de la population de l’État.
Tuxtla Gutiérrez, capitale de l’État de Chiapas, s’avère un bon point de départ pour
explorer la région. Quelques attraits méritent une visite, dont le Zoológico Miguel
Álvarez del Toro , l’un des plus importants zoos d’Amérique latine. On y observe
entre autres des animaux originaires d’Amérique du Sud, tels que le jaguar et le tapir,
dans un magnifique cadre naturel à flanc de colline.
Autre incontournable de la ville, le Jardín de la Marimba accueille tous les soirs,
sous sa jolie gloriette, des groupes de musique festifs qui font danser petits et grands.
Les résidents s’y retrouvent dans la bonne humeur, profitant de l’ambiance plaisante et
sécuritaire ainsi que des kiosques alimentaires de toutes sortes, installés autour du parc.
Le Museo Regional de Antropología e Historia de Chiapas présente pour sa part
des artéfacts provenant des sites archéologiques mayas, zoques et olmèques de la
région, ainsi qu’une exposition historique et artistique couvrant l’époque coloniale. Il
renferme l’une des plus anciennes tombes mésoaméricaines abritant les restes d’un
dignitaire.

Chiapa de Corzo
À quelques kilomètres au sud-est de Tuxtla Gutiérrez, de l’autre côté du Río Grivalva,
se trouve la plus ancienne ville de l’État, Chiapa de Corzo, qui fait partie du réseau des
Pueblos Mágicos. Selon les vestiges archéologiques trouvés dans cette petite ville, son
occupation remonte à 1250 av. J.-C. et son âge d’or précolombien se situe entre 700 av
J.-C. et 200 de notre ère. Des Zoques, influencés par les cultures olmèques et mayas,
s’y sont entre autres établis et y ont laissé leurs traces. Les fouilles ont mis au jour le
plus ancien calendrier mésoaméricain de compte long (datant de 35 av. J.-C.) et l’une
des plus anciennes tombes trouvées dans une pyramide (datant entre 700 av. J.-C. à 500
av. J.-C.). La tombe et le squelette du dignitaire qu’elle contient sont exposés à Tuxtla
Gutiérrez au Museo Regional de Antropología e Historia de Chiapas (voir plus haut).
Malheureusement, peu de structures et de plateformes subsistent aujourd’hui. Au sud de
la ville, la Zona Arqueológica Chiapa de Corzo permet d’en voir quelques-unes.
La Fuente de La Pila, à Chiapa de Corzo.
© iStockphoto.com/Arturo Peña Romano Medina

Cette paisible ville coloniale présente quelques attraits dignes de mention. Construite
en brique en 1562, l’harmonieuse Fuente de La Pila aligne en cercle ses huit arcs
mauresques sur la place centrale. L’ensemble, flanqué d’arcs-boutants et de tourelles
rappelle la couronne d’un souverain. Tout près, au bord du Río Grijalva, s’élève la
belle Iglesia Santo Domingo de Guzmán (1554), blanche et rouge, de facture
romane et mauresque. Bien conservée, elle abrite une énorme cloche de cuivre datant de
1576.
Le meilleur moment pour visiter Chiapa de Corzo est au mois de janvier, lorsque se
déroule la Fiesta Grande de Enero , une célébration inscrite sur la Liste du
patrimoine mondial de l’UNESCO. D’origine préhispanique, l’événement s’échelonne
sur plusieurs jours et intègre des éléments catholiques tels que les offrandes faites à
divers saints par les Parachicos et des danseurs portant des masques à l’effigie des
colons espagnols.
Le Cañón del Sumidero.
© iStockphoto.com/DC_Colombia

Chiapa de Corzo est aussi le point de départ des excursions en bateau sur le Río
Grijalva, entre les parois vertigineuses et verdoyantes du célèbre Cañón del Sumidero
. Les excursions guidées permettent de voir des chutes et une faune abondante
(crocodiles, singes, oiseaux aquatiques).

Le mouvement zapatiste
L’Ejército Zapatista de Liberación Nacional (EZLN), ou Armée zapatiste de
libération nationale, est un groupe révolutionnaire toujours actif qui milite pour
l’amélioration de la qualité de vie, des soins de santé et une éducation autonome
dans les communautés autochtones du Chiapas. Le jour de l’entrée en vigueur de
l’ALENA, en 1994, marque le début de la révolte armée des zapatistes qui, sous
leurs désormais célèbres cagoules, prennent le contrôle de plusieurs villes dont
San Cristóbal de las Casas. Parmi leurs revendications, figurent le droit des
autochtones à la terre, au travail, à la santé, à l’éducation et à la démocratie, ainsi
que le rejet du néolibéralisme. Après quelques semaines d’affrontement contre
l’armée fédérale, une trêve est proclamée et un dialogue s’amorce entre les
militants zapatistes avec leur porte-parole, le sous-commandant Marcos, et le
gouvernement.
Ces échanges aboutissent à la signature de l’accord de San Andrés, en 1996, qui
devaient apporter des changements constitutionnels, assurer l’autonomie et protéger
les droits des groupes autochtones. L’accord n’est toutefois pas ratifié et la
constitution demeure inchangée. L’EZNL va toutefois de l’avant en appliquant les
principes de l’accord et crée une quarantaine de municipalités autonomes dans cinq
régions du Chiapas, dont la forêt Lacandón. Ces communautés autonomes sont
autogérées et ont leurs propres services de santé et d’éducation. En guise de
représailles, le gouvernement augmente sa présence militaire autour des
municipalités zapatistes et va même jusqu’à développer, soutenir et armer des
paramilitaires qui sèment la violence au nom de la contre-insurrection. Cette
violence atteint son paroxysme lors du massacre d’Acteal, en 1997, au cours
duquel 45 villageois sont assassinés (dont des femmes enceintes et des enfants) par
des paramilitaires, sous les yeux de l’armée fédérale.
Murale illustrant un caracol dans la région du Chiapas.
© sari_dennise

L’arrivée au pouvoir de Vicente Fox (PAN) en 2001 marque la reprise du dialogue


entre le gouvernement et l’EZNL. C’est à ce moment que le sous-commandant
Marcos entreprend la très médiatisée Marcha del Color de la Tierra, à travers 12
États, pour prendre la parole devant le Congrès au nom des peuples autochtones du
Mexique. Les zapatistes bénéficient alors d’un soutien populaire extrêmement
important, tant au Mexique qu’à travers la communauté internationale.
Malheureusement, malgré l’ouverture et les engagements du président Fox, les lois
modifiées excluent toujours les revendications autonomistes.
Aujourd’hui, les communautés zapatistes vivent tant bien que mal leur idéal de
société dans les cinq territoires organisés de manière hiérarchique, de la
communauté jusqu’au centre régional où se trouve le caracol (escargot). Le
caracol est l’instance décisionnelle régionale dirigée tour à tour par des élus de
différentes communautés zapatistes. L’escargot symbolise le lent changement vers
la gestion autonome et collective, vers l’autodétermination. Mais le relatif statu
quo qui leur permet de s’émanciper est encore ponctuellement mis à mal par des
actes violents des paramilitaires et, de plus en plus, par les narcotrafiquants.
Voici les caracoles zapatistes qui subsistent, chacun abrite plusieurs municipalités :
Caracol de la Relidad : région de Montes Azules
Caracol de Oventik : région de Los Altos, San Cristóbal de las Casas
Caracol de la Garrucha : région d’Ocosingo (nord)
Caracol de Morelia : région d’Ocosingo

San Cristóbal de las Casas


À l’est de Chiapa de Corzo, perchée à plus de 2 000 m d’altitude, la splendide ville
coloniale à forte population autochtone de San Cristóbal de las Casas charmera
assurément les voyageurs. Cosmopolites et nimbées d’une ambiance décontractée, les
rues de la ville sont jalonnées de bâtiments colorés abritant d’excellents restaurants,
des pensions sympathiques, des musées et des boutiques. Le centre historique de la ville
abrite la Plaza de la Paz et le Parque Central , situés de part et d’autre de la Calle
Guadalupe Victoria. Ces deux espaces publics s’entourent de magnifiques bâtiments,
entre autres la Catedral de San Cristóbal , dotée d’une façade d’un jaune éclatant, et
le Palacio de Gobierno , qui arbore une multitude d’arcs d’un blanc immaculé.

San Cristóbal de las Casas. © Dreamstime.com/Arturo Osorno

Depuis le centre historique, une agréable balade mène à l’Iglesia de Nuestra Señora
de Guadalupe , qui trône au sommet d’une colline, au bout d’une longue volée de
marches. Les gravir nécessite un effort amplement récompensé par la vue imprenable
sur la ville qu’offre le parvis de l’église.
La Catedral de San Cristóbal.
© iStockphoto.com/elnavegante

Accessible à pied depuis la Plaza de la Paz, le Templo y Ex Convento de Santo


Domingo de Guzmán mérite définitivement une visite. Achevée en 1666, cette
église de style baroque arbore une impressionnante façade, ornée de reliefs finement
sculptés. L’intérieur se révèle tout aussi spectaculaire, avec des murs dorés richement
parés de toiles et un superbe retable. Un excellent marché d’artisanat se tient
régulièrement sur la place de l’église.
Parmi les plus importants musées de la ville, notons les fort intéressants Museo de
Trajes Regionales et Centro de Textiles del Mundo Maya , qui donnent
l’occasion d’admirer plusieurs vêtements traditionnels de différentes communautés
autochtones du Chiapas. Aménagé dans une splendide demeure (1891), le musée d’art et
d’anthropologie de l’Asociación Cultural Na Bolom est flanqué d’un invitant jardin.
Enfin, il ne faut pas manquer le Museo del Café , qui loge dans une agréable
maison coloniale. Géré par une coopérative de petits producteurs de café du Chiapas,
ce lieu rassembleur et convivial présente une exposition sur l’histoire du café au
Mexique et le développement des coopératives. Il est possible de s’attabler dans la
charmante cour intérieure du musée pour déguster leurs produits et prendre une
bouchée.

Orquídeas Moxviquil. © Jeff B

Au nord de la ville, Orquídeas Moxviquil propose dans ses jardins luxuriants


une incursion paisible dans l’univers exubérant des orchidées. Dans un environnement
bucolique, un sentier de 2 km, au long duquel il est possible d’observer plusieurs
espèces d’oiseaux, mène aux jardins d’orchidées et à la serre aux airs troglodytiques.

Entre San Cristóbal de las Casas et Palenque


À 10 km au nord de San Cristóbal de las Casas, le village maya-tzotzil de San Juan de
Chamula s’avère un véritable carrefour du commerce et de la spiritualité mayas au
Chiapas. Ainsi, l’Iglesia de San Juan Bautista est très fréquentée par les
communautés environnantes. Elle conserve toutefois son aura de mystère et les visiteurs
qui pénètrent dans la vaste salle, jonchée d’aiguilles de pin et enfumée par
d’innombrables cierges, peuvent y observer, sans prendre de photo, les rituels religieux
étonnants (mêlant chamanisme, animisme et catholicisme) des fidèles et les statues de
saints placées le long des murs. Réputé pour la qualité de son artisanat, San Juan de
Chamula est également un excellent endroit pour se procurer des vêtements et
accessoires brodés à la main, surtout lors du marché du dimanche .

L’Iglesia de San Juan Bautista à San Juan de Chamula. © Rob Young

Plusieurs attraits touristiques jalonnent la route entre San Cristóbal de las Casas et le
site archéologique de Palenque. La route passe par la ville d’Ocosingo depuis laquelle
il est possible d’accéder à la Zona Arqueológica de Toniná . Cette ancienne cité
maya, jadis rivale de Palenque, dévoile aujourd’hui d’intéressantes ruines dont des
pyramides, un terrain de jeu de balle et plusieurs autres structures, ornées de gravures et
de sculptures datant de l’époque classique (VIe au IXe siècle de notre ère).
Sur la route vers Palenque, au nord d’Ocosingo, une halte rafraîchissante aux Cascadas
de Agua Azul s’impose. Un sentier ombragé des plus agréables mène au sommet
de cette magnifique série de cascades aux eaux turquoise. Les visiteurs peuvent s’y
baigner et bénéficient d’une foule de services (guides locaux, boutique d’artisanat,
restaurants, cabañas).
Plus au nord, située à 20 km du site archéologique de Palenque, la Cascada de Misol-
Há est une jolie chute d’une hauteur d’environ 30 m. Une agréable passerelle conduit
vers une grotte que l’on peut explorer derrière la chute. Des cabañas et un restaurant
accueillent les visiteurs qui peuvent aussi faire trempette dans le bassin au pied de la
chute.

Zona Arqueológica de Palenque


Plus accessible que jamais grâce à la proximité de son aéroport international,
l’incontournable site archéologique de Palenque est protégé par un parc national et est
inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il demeure ainsi, fort
heureusement, entouré d’une jungle luxuriante qui cache encore des milliers de
structures et d’où retentissent les appels tonitruants des singes hurleurs. Cette ancienne
cité, magnifiquement conservée, a connu son apogée entre les VIe et VIIIe siècles, et
compte parmi les vestiges les plus éloquents laissés par la civilisation maya à l’époque
classique.

La Zona Arqueológica de Palenque. © iStockphoto.com/rafal_kubiak

Parmi les bâtiments hautement raffinés de Palenque, mentionnons le Templo de las


Inscripciones, le Palacio et sa tour d’observation (El Observatorio), l’Acueducto, le
Conjunto de las Cruces (Templo de la Cruz, Templo del Sol et Templo de la Cruz
Foliada). La technique unique utilisée pour l’érection des structures de Palenque
apporte un effet de légèreté et de délicatesse caractérisé par la présence d’arches, de
galeries et de multiples ouvertures.
Les visiteurs qui s’y rendent tôt dans la journée auront l’avantage d’arpenter le site dans
la tranquillité et la fraîcheur du matin. Découvrir des ruines partiellement recouvertes
de végétation au fil d’un sentier qui s’enfonce dans la jungle de Palenque est
définitivement l’un des moments forts de tout voyage au Mexique.

Peuple Lacandón
Habitant dans la forêt tropicale qui porte leur nom, notamment aux abords du Río
Usumacinta, les Lacandones ont vécu en autarcie jusqu’au début du XXe siècle.
Isolés de l’influence et de l’autorité espagnoles, ils partagent plusieurs éléments
culturels avec les Mayas, dont le dialecte et le culte aux divinités. Au moment de
leur découverte par les Occidentaux, les temples des sites de Yaxchilán et de
Bonampak étaient fréquentés par les Lacandones, qui y célébraient certains rituels
ancestraux. Aujourd’hui, l’une des communautés Lacandón parmi les plus
importantes demeure dans le village Lacanjá Chansayab, près du site archéologique
de Bonampak, et y gère une entreprise écotouristique florissante.

Situé entre le site archéologique et la ville de Palenque, l’Aluxes Ecoparque


Palenque est à la fois un refuge d’animaux et un centre de conservation aménagé
dans des écosystèmes naturels sillonnés de sentiers d’où l’on peut observer plusieurs
espèces de la faune et de la flore régionales. En compagnie d’un membre du personnel,
il est souvent possible d’interagir avec les animaux (cajoler des bébés crocodiles,
devenir le perchoir d’oiseaux pensionnaires). On trouve sur place une cafétéria.

Zona Arqueológica de Yaxchilán et Bonampak


Au sud de Palenque, de part et d’autre de la route 307, se trouvent deux sites
archéologiques qui méritent le détour, Yaxchilán et Bonampak. Lovée au creux d’un
méandre du Río Usumacinta, à la frontière avec le Guatemala et accessible seulement
en bateau (lancha) depuis la petite ville de Frontera Corozal, l’ancienne cité maya de
Yaxchilán émerveille tous ceux qui la découvrent. En excursion guidée ou autonome,
l’exploration de ces superbes ruines moussues, perdues dans la jungle luxuriante, doit
s’inscrire dans l’itinéraire de tout amateur de culture maya!

La Zona Arqueológica de Yaxchilán. © iStockphoto.com/AlbertoLoyo

Habitée dès 350 de notre ère, Yaxchilán a connu son apogée à l’époque classique tardif
(600 à 800 de notre ère). Si le site se démarque par son emplacement magnifique, il a
également la particularité d’abriter de nombreuses sculptures, stèles et autres linteaux
ornés de bas-reliefs et de hiéroglyphes qui relatent avec un grand raffinement les détails
de la vie des Mayas, les événements importants, les exploits des rois, les batailles
(notamment la rivalité avec Palenque), les alliances (avec Tikal), etc. La zone
archéologique compte trois groupes de structures, la Gran Plaza, la Gran Acrópolis et
la Pequeña Acrópolis. Un long escalier de pierres mène au groupe du Gran Acrópolis,
où se trouve l’impressionnant Edificio 33, le plus saisissant et le mieux préservé de
l’ancienne cité.
Jadis sous la domination de Yaxchilán, l’ancienne cité maya de Bonampak est
aujourd’hui célèbre pour les splendides fresques colorées qui ornent les murs des trois
salles du Templo de las Pinturas. Signées par les artistes et dépeignant une bataille,
une cérémonie de victoire et un rituel d’automutilation, elles sont les fresques mayas les
mieux conservées, quoique les couleurs en soient un peu défraîchies. Le site, érigé entre
580 et 800 de notre ère, est représentatif de la période classique tardive.

Une des fresques du Templo de las Pinturas, à Bonampak. © iStockphoto.com/mofles

Laguna Miramar
Au sud-ouest de Bonampak, la Laguna Miramar se trouve dans la Reserva de la
Biosfera de Montes Azules, qui abrite près de 30% des espèces de mammifères du
pays. Ce lac aux eaux douces et turquoise est entouré d’une jungle épaisse et abrite une
faune et une flore exubérantes. Le Centro Ecoturístico Emiliano Zapata gère
l’hébergement et les excursions guidées (notamment en canot) au cours desquelles il est
possible d’apercevoir des singes hurleurs, des toucans et des crocodiles.

Comitán de Domínguez et ses environs


Propre et paisible, la ville coloniale de Comitán de Domínguez, jadis habitée par les
Tzetals (descendants des Mayas), puis conquise tour à tour par les Aztèques et les
Espagnols, fait partie du réseau des Pueblos Mágicos. Devant le Parque Central se
dressent le Palacio Municipal et l’Iglesia de Santo Domingo, dont la jolie façade
jaune est flanquée d’une tour d’inspiration mauresque. À côté de l’église, le Centro
Cultural Rosario Castellanos (1552) a changé maintes fois de vocation au fil du temps.
Avant de devenir un centre culturel et artistique, cet ancien monastère a été utilisé
comme quartier général à l’époque de la Révolution, siège du gouvernement du Chiapas
et comme école. Le bel édifice expose plusieurs murales à caractère historique, peintes
par des artistes locaux. Parmi les autres bâtiments qui méritent un coup d’œil, notons la
très élégante et immaculée Iglesia de San José, érigée entre 1910 et 1924 dans un style
néogothique, ainsi que la colorée Iglesia de San Caralampio, qui affiche un style
néoclassique.

Le Centro Ecoturístico Cadena de Cascadas El Chiflón. © Eduardo Robles Pacheco

Plusieurs excursions peuvent être organisées au départ de la ville de Comitán, entre


autres la visite du Centro Ecoturístico Cadena de Cascadas El Chiflón , qui
protège une impressionnante succession de chutes et de bassins d’eau turquoise. Le site,
très bien aménagé, comporte un centre d’interprétation, des aires de baignade, une
tyrolienne, un restaurant ainsi que des cabañas pour ceux qui voudraient y séjourner.
L’agréable sentier qui longe la rivière est ponctué de belvédères et grimpe jusqu’à la
plus haute cascade, dénommée Velo de Novia (voile de mariée), à 120 m.
La région située au sud-ouest de Comitán abrite pour sa part de véritables trésors
naturels. Le Parque Nacional Lagunas de Montebello et le Parque Natural
Ecoturístico Tziscao sont ponctués d’un chapelet de lacs d’eau douce qu’il est
possible d’explorer à bord de radeaux ou de kayaks. On y trouve des sites
archéologiques comme la Zona Arqueológica de Chinkultic , qui compte également
un cenote.

Tapachula
La ville moderne de Tapachula est facilement accessible de Puerto Chiapas, qui
accueille depuis 2005 les bateaux de croisière. Autour du Parque Central Miguel
Hidalgo se trouvent le Museo Arqueológico del Soconusco , aménagé dans la
Casa de la Cultura (ancien hôtel de ville), un superbe bâtiment néoclassique, et
l’Iglesia de San Agustín, érigée en 1818. La ville est également dotée d’un centre des
sciences, la Casa de Ciencia y Cultura, qui abrite l’intéressant Planetario de
Bachilleres .
À une dizaine de kilomètres de Tapachula, la vaste Zona Arqueológica de Izapa
se présente comme le plus important centre cérémoniel maya de la côte Pacifique
mexicaine. Fondé en 1500 av. J.-C., ce centre est aussi l’un des plus anciens. Les
chercheurs avancent que des groupes mixe-zoques, en perpétuelles relations avec les
Mayas, l’auraient habité. Aujourd’hui, cette zone expose des monticules, des
plateformes et de nombreuses stèles dont le style et la datation dénotent également une
influence olmèque.

Reserva de la Biósfera El Triunfo


Dans les montagnes de la Sierra Madre, la biodiversité de la réserve naturelle d’El
Triunfo rivalise avec celle de la forêt amazonienne. On y compte près de 400 espèces
d’oiseaux, une cinquantaine d’espèces de reptiles, plus de 110 espèces de mammifères
et plus de 2 000 variétés de plantes et d’arbres. Il s’agit d’un véritable refuge faunique
pour plusieurs espèces menacées et endémiques du Chiapas dont le jaguarondi
(yaguarundi) et le tapir. Les visiteurs qui souhaitent se rendre et séjourner dans la
réserve doivent prendre part à une excursion guidée depuis Tuxtla Gutiérrez.
La Reserva de la Biósfera El Triunfo. © Roberto González
La péninsule du Yucatán
La péninsule du Yucatán, qui repose sur un sol calcaire
ponctué de puits naturels appelés cenotes, est divisée en
tiers : l’État de Campeche, à l’ouest, échappe toujours au
tourisme de masse; l’État de Quintana Roo est un long
couloir qui suit le littoral à l’est, où se trouvent
notamment Cancún et la Riviera Maya (entre Puerto
Morelos et Tulum); au nord, l’État de Yucatán avance
dans le golfe du Mexique.

La variété et la beauté des mondes sous-marin et terrestre


constituent la grande richesse de la péninsule du Yucatán,
l’une des destinations touristiques les plus courues de
l’hémisphère Nord. Parcourir la région donne un aperçu
de l’ampleur de ses richesses et de son histoire, et ce, aussi
bien dans les splendides villes coloniales que dans les sites
archéologiques, témoins grandioses de l’histoire du peuple
maya. D’une incroyable diversité, la péninsule du Yucatán
dévoile de magnifiques paysages et écosystèmes parsemés
de mangroves, de cenotes, de récifs de coraux, de plages
exceptionnelles, de savanes arborées et de jungle touffue.
La péninsule du Yucatán ravira les aventuriers et les
esprits curieux ayant un penchant pour la plongée, les
parcs écotouristiques, l’histoire et les multiples facettes de
la culture maya, toujours bien vivante dans ce magnifique
coin de pays.
Campeche
Ancien village maya aujourd’hui capitale de l’État du même nom, la ville côtière de
Campeche est inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et présente une
architecture aux influences Renaissance et baroque. Son port, le plus important de la
péninsule à l’époque coloniale, joua un rôle stratégique dans le transfert de richesses et
de denrées vers l’Espagne. Sa prospérité fit en sorte que la ville fut fréquemment
attaquée par des pirates et des corsaires (français, hollandais et anglais), attaques qui
furent à l’origine de l’édification des magnifiques fortifications.
Campeche. © iStockphoto.com/AlbertoLoyo

Parmi les vestiges qui ont survécu aux aléas du temps, sept bastions (baluartes) sur les
huit d’origine abritent aujourd’hui divers musées et attraits que l’on peut visiter en
suivant le Circuito Baluartes . S’y trouvent le Museo de la Arquitectura Maya
dans le Baluarte de la Soledad, qui présente notamment des stèles ouvragées et de
superbes bas-reliefs, le Museo de la Ciudad, dans le Baluarte San Carlos, qui expose
des artéfacts illustrant l’histoire de Campeche, le Museo de Barcos y Armas, installé
dans les anciennes chambres des sentinelles du Baluarte San José el Alto, qui possède
des reproductions d’armes et des navires miniatures, et le Jardín Botánico X’much
Haltún, dans le Baluarte de Santiago.
À l’est de la ville se trouve le Fuerte San Miguel, qui abrite le très intéressant Museo
de la Cultura Maya . Le fort dispose de canons et offre une vue splendide sur
Campeche et la mer.

Edzná
Figurant parmi les plus importantes villes mayas de la péninsule du Yucatán entre les
années 400 et 900, Edzná comptait jadis quelque 70 000 habitants. Aujourd’hui, le site
archéologique d’Edzná présente de nombreux édifices et temples de styles Péten,
Chenes et Puuc, dont l’impressionnante acropole qui renferme un temple pyramidal de
cinq étages, que les visiteurs peuvent gravir. Sur le site, on peut également admirer des
masques de stuc, un juego de pelota et d’anciens canaux. Le site se trouve à une
soixantaine de kilomètres au sud-est de la ville de Campeche.

Uxmal
En excellent état de conservation, l’impressionnant site archéologique d’Uxmal fait
partie d’un chapelet d’anciennes cités mayas situées entre les villes de Campeche et de
Mérida, et qui ont connu leur apogée à la fin de la période classique, soit entre 600 et
900 apr. J.-C. Cette région ponctuée de collines est le berceau du style Puuc (qui
signifie littéralement « colline » en maya), que l’on reconnaît aux longs bâtiments en
pierre dotés d’une façade dont la partie supérieure présente des motifs géométriques et
des masques de Chaac, dieu de la Pluie.

Uxmal. © iStockphoto.com/hanoded
La visite d’Uxmal s’avère des plus agréables. En plus d’être bien conservé et de
présenter une architecture saisissante, le site, entouré de forêt, est moins fréquenté que
Chichén Itzá, et les visiteurs sont autorisés à grimper sur de nombreux temples et
structures. Il s’agit là d’un véritable privilège! Parmi les édifices les plus
spectaculaires, notons la Pirámide del Adivino, une haute pyramide aux bords arrondis
composée de cinq temples, le Palacio del Gobernador et les structures formant le
Cuadrángulo de Las Monjas.

Ruta Puuc
D’autres petits sites archéologiques mayas, tels Kabah, Sayil et Labná, se trouvent tout
près, au sud d’Uxmal, et forment la Ruta Puuc. Ils comportent tous d’intéressantes
structures (arches, palais, temples, façades sculptées) dans un cadre plus sauvage. À
l’est du site de Labná, les Grutas de Loltún méritent définitivement une visite. Ces
vastes grottes comportent des peintures rupestres mayas.

Mérida
Magnifique ville coloniale bâtie sur le site d’une ancienne cité maya, Mérida est la
capitale étatique et culturelle du Yucatán. D’une richesse architecturale extraordinaire,
sa partie historique est l’une des plus importantes au pays.
Mérida. © iStockphoto.com/compassandcamera

À l’est de la Plaza Grande (aussi nommée zócalo), se dresse la Catedral de San


Ildefonso , qui fut érigée entre 1562 et 1599 avec les pierres provenant des temples
mayas détruits. Il s’agit de la plus ancienne cathédrale du continent américain. Voisin de
la cathédrale, le musée d’art contemporain qu’est le Museo Fernando García Ponce-
Macay mérite une visite. Au nord de la Plaza, le Palacio de Gobierno abrite
d’impressionnantes peintures murales, tandis qu’à l’ouest le Palacio Municipal, peint
en rose, dévoile sa haute tour d’horloge. Au sud de la Plaza Grande, la Casa de
Montejo fut construite entre 1542 et 1549 pour le gouverneur Francisco de
Montejo. La maison coloniale, bien restaurée et garnie de meubles d’époque, abrite un
musée et une boutique d’artisanat.
La Casa de Montejo, à Mérida.
© Charles Pence

Au nord de la Plaza Grande, on emprunte la Calle 60, puis le Paseo de Montejo afin
de poursuivre la promenade urbaine au cœur d’un splendide ensemble d’architecture
coloniale. S’y trouve l’élégant Palacio Cantón, de style baroque et néoclassique, qui
abrite le Museo Regional de Antropología de Yucatán .
Plus au nord, un bâtiment à l’architecture contemporaine et organique accueille le Gran
Museo del Mundo Maya , qui présente des expositions faisant appel à divers médias
et traitant d’une foule d’aspects de la civilisation maya.

Izamal
À mi-chemin entre Mérida et Chichén Itzá, Izamal, la « ville jaune », s’avère une halte
en tout point charmante. Construite sur le site d’un ancien et important centre religieux
maya, elle se distingue par la cohabitation de bâtiments coloniaux et de plusieurs
vestiges archéologiques datant de la période classique, dont la pyramide Kinich
Kakmó , qui offre une belle vue sur la petite ville. Le splendide Convento de San
Antonio de Padua , lui-même érigé sur les ruines d’une ancienne pyramide maya,
renferme le plus vaste atrium au monde, après celui du Vatican. Il abrite aussi une statue
de la Vierge d’Izamal, sainte patronne du Yucatán, offerte par le pape Jean Paul II lors
de sa visite en 1993. Le site, jadis sacré pour le peuple maya, est devenu un lieu de
pèlerinage catholique.

Le Convento de San Antonio de Padua, à Izamal. © iStockphoto.com/OGphoto

Chichén Itzá
On ne peut oublier de visiter la grande ville archéologique de Chichén Itzá, inscrite sur
la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, lors d’un séjour dans la péninsule du
Yucatán. Sur un site parmi les mieux restaurés de la péninsule, et aussi l’un des plus
importants, s’étalent de nombreux temples et palais témoins de l’époque où Chichén Itzá
régnait sur tout le nord de la péninsule.
Le meilleur moment pour découvrir les charmes de la cité de Chichén Itzá est tôt le
matin, avant les grandes chaleurs du jour, et surtout avant l’arrivée des cars remplis de
touristes. Si vous êtes de passage lors de l’équinoxe de printemps ou d’automne, vous
pourrez assister à la « descente du serpent » sur El Castillo (pyramide de Kukulcán).
Coiffé d’un temple, El Castillo domine tous les autres par sa hauteur (24 m). Ce temple
pyramidal conjugue les cultures maya et toltèque et arbore plusieurs symboles
cosmologiques.

El Castillo domine le site de Chichén Itzá. © iStockphoto.com/SerrNovik

Sur le site s’étend entre autres le plus vaste juego de pelota (terrain de jeu de pelote)
jamais découvert dans le monde maya. La réverbération du son, à l’intérieur du terrain
de jeu, est impressionnante.
À quelques kilomètres des ruines de Chichén Itzá, vous pourrez admirer le
spectaculaire Cenote Ik Kil , où la baignade est possible.
À 18 km à l’ouest de Pisté sur la route 180 Libre se trouve le Parador Ecoturístico
Yokdzonot , qui abrite un superbe cenote bien aménagé pour la baignade, un
restaurant et une aire de pique-nique sous palapa. Cet endroit charmant est bien géré
par une coopérative formée de villageois mayas.
El Observatorio Chichén Itzá. © iStockphoto.com/ventdusud

Juego de pelota
Le juego de pelota ou pok-ta-pok fut pratiqué d’abord par les Olmèques et plus
tard repris par les Mayas. On sait que le jeu se déroulait à l’intérieur d’un terrain
de forme géométrique particulière, aux dimensions variées et aux murs de pierres.
Sur chacun des deux murs longitudinaux bordant le terrain, était scellé au centre un
monumental anneau de pierre. Les adversaires devaient s’échanger une balle dure,
d’un diamètre d’environ 15 cm, sans la faire tomber au sol et sans se servir de
leurs mains ou de leurs pieds, puis la lancer à travers l’anneau de pierre pour
s’inscrire au pointage.
L’enjeu? Certains affirment qu’à l’époque maya les vainqueurs avaient le privilège
d’offrir des sacrifices aux dieux. D’autres prétendent que, lorsque la culture
guerrière des Toltèques s’est fondue à celle des Mayas, la victoire a pris une tout
autre signification. Parfois, les perdants se voyaient trancher la tête, mais d’autres
fois l’équipe gagnante, dans un suprême honneur, était sacrifiée aux dieux.
Le juego de pelota de Chichén Itzá. © iStockphoto.com/123455543

Valladolid et ses environs


La ville coloniale de Valladolid, deuxième ville en importance au Yucatán, mérite le
détour. L’âme de cette ville demeure profondément yucatèque, une synthèse des cultures
maya et espagnole.
Le populaire Cenote Zaci et son sympathique restaurant mexicain sont situés
littéralement au centre de la ville. Ce cenote propice à la baignade est profond, semi-
ouvert et entouré de hautes parois flanquées d’escaliers.
L’un des plus importants et des plus beaux monastères du Yucatán, le Convento de San
Bernardino de Siena , que les habitants appellent « Convento de Sisal », demeure
l’attrait le plus fréquenté par les touristes mexicains à Valladolid. Vous trouverez, à
l’intérieur de cette forteresse-église, des cryptes, des catacombes et des chapelles.
L’église est pratiquement restée dans son état d’origine.
Le Convento de San Bernardino de Siena.
© Dreamstime.com/Czuber

Située à moins de 20 km au nord de Valladolid, Ek Balam est l’une des plus


impressionnantes cités précolombiennes de la péninsule du Yucatán. Depuis des siècles,
la ville, dont le nom signifie « jaguar noir », l’un de ses souverains, était enfouie sous
une épaisse végétation tropicale. Elle abrite en tout plus de 40 structures dont
l’Acrópolis, qui, avec sa configuration hétéroclite d’escaliers, de chambres et de
temples, présente les trouvailles les plus impressionnantes du site.

Parque Nacional Río Lagartos


Au nord d’Ek Balam, sur la côte, s’étendent les mangroves et les marais salants
foisonnant de vie du Parque Nacional Río Lagartos. Il est possible de prendre part à une
excursion en bateau, au départ du village de San Felipe, pour observer
l’impressionnante colonie de flamants roses qui y niche.

Isla Holbox
Située à la pointe nord-ouest du Yucatán, la petite île de Holbox fait partie de la
Reserva Ecológica Yum-Balam. Du côté sud de l’île, vous trouverez le débarcadère et
des mangroves, refuges d’une faune très variée qui compte plus de 150 espèces
d’oiseaux. Le côté nord de l’île est une longue plage de 35 km qui s’ouvre sur une mer
riche de multiples espèces de poissons. Si la plage est splendide, le sable et la mer ne
sont toutefois pas aussi beaux que sur la Riviera Maya, par exemple.

Cancún
Récente et plutôt fonctionnelle, la ville de Cancún possède toutefois un charme bien à
elle, et il est agréable de s’y balader, surtout autour du Parque Las Palapas, dont la
grande place s’anime régulièrement (particulièrement les dimanches soir) grâce aux
concerts en plein air et aux familles venues s’y rencontrer, danser, flâner et manger.
Le verdoyant et rafraîchissant Parque Urbano Kabah , abrite des coatis et des
tortues. De larges sentiers bien aménagés permettent d’admirer une flore variée et
colorée. On y trouve un étang, une aire de jeux et la réplique d’un camp traditionnel que
les Mayas dressaient durant la période de récolte du latex (chiclé).

La zone hôtelière de Cancún. © iStockphoto.com/rebelml

Dans la zone hôtelière, l’Interactive Aquarium Cancún rassemble sous un même


toit un aquarium exotique avec des bassins tactiles où l’on peut toucher des raies et des
étoiles de mer, et moyennant des frais supplémentaires, jouer avec les dauphins ou les
otaries, ou encore observer des requins. Un spectacle son et lumière met en vedette les
dauphins et leurs prouesses.
Le Museo Maya de Cancún. © David Stanley

En continuant vos pérégrinations vers le sud, vous pourrez apercevoir le magnifique


Museo Maya de Cancún , installé à même les vestiges de San Miguelito,
accessible par un sentier balisé. Le musée présente de superbes artéfacts mayas
provenant du Quintana Roo et des États limitrophes, où vivait également le peuple
maya.
Un coati. © iStockphoto.com/agustavop

Playa Delfines , une très belle plage, est l’une des plus grandes de la zone hôtelière.
En face s’étend la Zona Arqueológica El Rey , le plus important site maya de
Cancún.
L’Interactive Aquarium Cancún.
© Dreamstime.com/Alexandre Fagundes De Fagundes

C’est à Punta Nizuc que se trouve l’une des expositions sous-marines du Museo
Subacuático de Arte (MUSA) . Il s’agit de statues de personnages locaux ou
d’archétypes du Mexicain moderne, en taille réelle, réalisées par l’artiste Jason
deCaires Taylor. On en retrouve aussi au récif de Manchones entre l’Isla Mujeres et
Cancún. Le MUSA a pour vocation de protéger l’écosystème marin de Cancún. Il attire
les plongeurs à l’écart des sites naturels et les œuvres elles-mêmes sont vouées à se
transformer avec le temps en hôtes pour les coraux et la faune marine.

Isla Mujeres
Si près de Cancún mais si différente, l’Isla Mujeres (l’île des Femmes) évoque un
paradis ensoleillé, bordé à l’ouest de sable blanc et d’une mer turquoise. Les habitants
ont su préserver jusqu’à présent la dimension humaine de leur île, et ce, malgré
l’inévitable étalement urbain. L’Isla Mujeres est très appréciée pour la beauté de ses
plages, de ses récifs de corail, de ses paysages et de son ambiance bon enfant.
La ville d’Isla Mujeres. © Dreamstime.com/Lunamarina

Playa Norte s’étend du côté nord de la ville d’Isla Mujeres. Son sable est blanc et
doux sous les pieds, et la mer, turquoise et calme, crée un magnifique paysage. La plage
est cependant très prisée par les visiteurs. On y trouve des cafés, des restaurants, des
hamacs et des palapas.
Sur la côte ouest de l’île, Tortugranja est une ferme de tortues vouée à l’élevage,
à l’étude et à la sauvegarde de différentes espèces de tortues marines. Chaque année, on
y élève et protège des milliers de petites tortues jusqu’à ce qu’elles atteignent une taille
suffisante pour retourner à la mer sans danger.
Bien plus qu’un simple musée, le Museo Capitán Dulché regroupe une agréable
plage privée (accès aux palapas moyennant l’achat de consommations), un intrigant «
resto-bar-bateau » ainsi que des jardins ponctués d’œuvres d’art et d’antiques pièces de
navires. Le musée, intéressant et étonnamment fourni, traite de la vie du capitaine
Ernesto Dulché Escalante à travers une collection de plus de 150 photos et de plusieurs
modèles réduits de navires.
Les cenotes
La plateforme calcaire du Yucatán renferme le réseau de rivières et de grottes sous-
marines le plus long au monde. Ces grottes peuvent atteindre plusieurs dizaines de
mètres de profondeur et sont remplies d’une couche inférieure d’eau salée et d’une
couche superficielle d’eau douce. En certains endroits, le phénomène de
dissolution du calcaire a causé un effondrement de terrain et la création de puits
naturels appelés cenotes (terme d’origine maya qui signifie une dépression
karstique fermée occupée par un petit lac).
Les Mayas considéraient ces puits comme un moyen de communication avec les
dieux et d’accès au Xibalbá (l’inframonde), le gouffre représentant une bouche.
Utilisés jadis comme réserves d’eau douce, les cenotes servaient donc également
de lieux de culte où des offrandes et des victimes sacrificielles étaient jetées.
D’ailleurs, on a découvert des objets en or au fond du Cenote Sagrado de Chichén
Itzá, notamment.
Aujourd’hui les cenotes de la région font le bonheur des baigneurs, mais surtout
des plongeurs de tous les niveaux. La clarté de leur eau permet en effet une grande
visibilité pour observer la faune aquatique qu’ils abritent. Bien que de nombreux
cenotes soient accessibles à partir de la route 307 et de la Ruta de los Cenotes à
partir de Puerto Morelos, pour une expérience plus riche et mieux encadrée, il est
conseillé de prendre part à une excursion organisée par l’un des nombreux centres
de plongée de la région.
Plongée dans un cenote de la Riviera Maya. ©
iStockphoto.com/Predrag Vuckovic

Le Club de Playa Garrafón de Castilla loue de l’équipement de plongée-tuba et


permet d’admirer les poissons au milieu de quelques coraux en toute tranquillité, à deux
pas du Parque Natural Garrafón, mais dans un cadre plus naturel et pour une fraction du
prix. Bien que modeste, le site est très agréable, sécuritaire et idéal pour initier votre
petite famille à la plongée-tuba, puisque les récifs sont accessibles de la plage.
Le Parque Natural Garrafón est situé près de la pointe sud de l’île, juste avant le
sanctuaire maya. Un forfait d’un jour comprend habituellement le transport depuis
Cancún, les repas, les boissons, l’équipement de plongée-tuba ainsi que l’accès à la
tyrolienne, aux kayaks, aux aires de jeux et de détente et au site de Punta Sur. Un
agréable sentier pédestre longe la côte jusqu’à la pointe sud et offre des vues
panoramiques.
La Punta Sur d’Isla Mujeres. © Dreamstime.com/Alyaksandr Stzhalkouski

Le sanctuaire maya, qui s’élève sur le site de Punta Sur (pointe sud de l’île), est
un petit édifice de style Tulum probablement consacré à Ixchel, la déesse maya de la
Lune et de la Fécondité. Autour du sanctuaire, on a disposé çà et là sur la pointe une
dizaine de sculptures contemporaines . Or, ce qui est le plus impressionnant ici,
c’est la falaise qui tombe dans la mer et qui donne une impression de bout du monde. En
soirée, la vue des lumières de Cancún à l’horizon est superbe.
Le récif de Manchones, au large de Punta Sur, abrite l’une des expositions sous-
marines du Museo Subacuático de Arte (MUSA) , que l’on peut atteindre en
prenant part à une excursion de plongée sous-marine ou de plongée-tuba. Les sculptures
abritent déjà nombre de coraux et d’animaux marins.
Puerto Morelos
À 36 km au sud de Cancún se trouve la ville de Puerto Morelos, qui marque le début de
la région touristique de la Riviera Maya, laquelle s’étend, toute en plages et en
complexes récréotouristiques et hôteliers, jusqu’à Tulum. Malgré son récent
développement touristique, Puerto Morelos demeure plus authentique et décontractée
que ses voisines. La plage, longue et large, est protégée par un récif corallien, idéal
pour la plongée sous-marine et la plongée-tuba.
Le Ya’ax Che Jardín Botánico Dr Alfredo Barrera Marín est en fait un agréable
sentier naturel qui permet de découvrir les richesses écologiques de la région, loin des
hordes de touristes. Vous y verrez, en plus des plantes, arbres et fleurs de la région, des
singes-araignées (atèles), des iguanes, environ 150 espèces d’oiseaux, un intéressant
petit temple maya et un campement traditionnel de chicleros.
Le Croco Cun Zoo est à la fois une ferme d’élevage de crocodiles et un zoo
interactif voué à la conservation des animaux de la région. Accompagnés de guides, les
visiteurs peuvent toucher à plusieurs animaux, dont des bébés crocodiles.

Playa del Carmen


Ville animée et touristique, Playa del Carmen est, par sa situation géographique, le point
de départ idéal pour visiter la région. Les paquebots de croisière jettent l’ancre
fréquemment devant la ville, ce qui est très joli à voir le soir, quand ils brillent de tous
leurs feux.
Principale artère piétonne de la ville, fermée à la circulation automobile entre la Calle
1 et la Calle 40, la Quinta Avenida , jalonnée d’excellents restaurants, d’hôtels et de
boutiques en tout genre, est devenue le symbole du dynamisme de Playa del Carmen.
La Quinta Avenida, artère principale de Playa del Carmen. ©
iStockphoto.com/YinYang

Bordant une plage publique près du quai des traversiers pour Cozumel, l’animé Parque
Fundadores abrite le Portal Maya, impressionnante œuvre du sculpteur José
Arturo Tavares, et dispose d’un grand mât servant à la cérémonie rituelle de la danse
des voladores.
La plage qui borde la ville de Playa del Carmen est superbe et l’accès en est gratuit.
Pour ceux qui désirent une place avec parasol, il suffit de s’installer devant l’un des
nombreux clubs de plage (ou beach clubs) moyennant le plus souvent quelques dollars
ou une consommation.

Isla Cozumel
Plus grande île du Mexique, entourée d’une mer turquoise et d’un spectaculaire chapelet
de récifs coralliens, l’Isla Cozumel demeure un paradis pour les plongeurs.
À San Miguel, l’activité se concentre sur la Plaza Principal , le grand parc de la
ville. Le dimanche soir, vous aurez le bonheur d’y entendre des groupes de musique
(rock ou latine).
Le Museo de la Isla de Cozumel , situé au nord de la Plaza Principal, a été
aménagé dans un hôtel chic construit en 1936. Les récifs coralliens, la civilisation maya
et l’histoire de Cozumel font partie des thèmes abordés.

Récif corallien d’Isla Cozumel, paradis des plongeurs. ©


iStockphoto.com/BrianLasenby

La côte ouest regroupe les plus belles plages, les complexes hôteliers et les sites de
plongée. L’étonnante Stingray Beach propose des activités interactives avec des
raies convenant à toute la famille.
Au sud du muelle de Puerta Maya (embarcadère), Discover México retrace
l’architecture des différentes régions du pays au travers de reproductions miniatures de
bâtiments fameux. La visite se déroule dans un agréable et grand jardin ombragé. Le site
abrite une salle d’exposition d’art populaire mexicain et une boutique de souvenirs.
À 10 km au sud de San Miguel se trouve l’un des plus beaux sites de l’île, le Parque
Chankanaab , qui propose de nombreux services, attraits et activités (location
de kayaks à fond transparent, palapas, musée, cantines). La lagune de Chankanaab, «
petite mer » en langue maya, est un aquarium naturel alimenté en eau de mer par des
canaux souterrains.

La plage près du Parque Chankanaab, sur l’Isla Cozumel. © Ed Schipul

Les cavernes et tunnels creusés dans le calcaire sont passionnants à explorer en


plongée-tuba. Facile à atteindre depuis la plage, le récif Chankanaab attire des
foules de plongeurs avec ses mille et une espèces colorées. Sous l’eau, on peut
examiner le corail, une statue en bronze du Christ, une statue de Chac Mool et une statue
de la Vierge.
Au sein du parc, Dolphin Discovery offre la possibilité de nager et d’interagir avec
des dauphins, des otaries et des lamantins.
Parmi les autres plages de la côte ouest, notons Playa San Francisco , considérée
comme l’une des plus belles plages de l’île, la plage du Playa Mia Grand Beach
Park , très animée, familiale et populaire auprès des visiteurs d’un jour, la plage du
Mr. Sancho’s , où l’on peut faire des randonnées à cheval, et la plage du Nachi
Cocom Beach Club , la meilleure option pour les voyageurs cherchant la tranquillité.
À l’extrémité sud de l’île, la Costera Sur débouche au Km 27 sur la Playa y Parque
Ecoturístico Punta Sur . En traversant cette réserve naturelle, vous croiserez El
Caracol, un petit monument maya qui serait un temple érigé en l’honneur de la déesse
Ixchel. Plus au sud, on ne peut manquer le Faro Celaraín , un phare construit en 1901,
qui offre de son sommet une jolie vue sur toute la pointe, et son petit Museo Cultural y
de Navegación, consacré à l’histoire de la navigation et situé à l’intérieur de la maison
du gardien du phare.
La côte orientale présente pour sa part de petites plages et des restaurants sans artifice
où il fait bon s’arrêter pour casser la croûte, entre autres Playa Rastas et Playa
Bonita . Cette dernière, lovée dans une anse entourée de rochers, convient à la
baignade et au surf.

San Gervasio. © iStockphoto.com/MichaelRReeves

San Gervasio , le site archéologique le plus important de l’île, aurait été habité par
les Mayas des années 300 à 1500. C’était sûrement à cette époque la capitale de l’île.
On y trouve un groupe de petits sanctuaires et de temples érigés en l’honneur d’Ixchel,
déesse maya de la Lune et de la Fécondité.
La multitude de récifs, leur grande beauté et l’extrême diversité de la faune et de la
flore marines ont fait la réputation de Cozumel. Du débutant au plongeur chevronné,
l’île reçoit annuellement des centaines de milliers de plongeurs. Le récif Palancar
, sans aucun doute le plus spectaculaire en raison de son étendue, de ses grottes et
tunnels, et de ses bancs de poissons fabuleux, attire à lui seul des milliers de nageurs
chaque année.
Le récif Yucab se prête parfaitement à la photographie sous-marine d’espèces qui
restent immobiles pour éviter le courant. C’est un endroit idéal pour les débutants.
Le populaire récif Santa Rosa , surnommé « le mur », de même que le récif
Colombia , offrent aux plongeurs intermédiaires et chevronnés de magnifiques
falaises descendant jusque dans les abîmes.

Entre Playa del Carmen et Tulum


Les amateurs d’aventure, tout comme les familles avec enfants, se retrouvent dans le
parc « tout inclus », à la fine pointe de la technologie, Xplor , qui propose la plus
longue tyrolienne de la Riviera Maya, un itinéraire en véhicule tout-terrain passant par
des grottes et des rivières, ainsi qu’un circuit en rivière souterraine à parcourir à la
nage ou en radeau.

Xcaret. © iStockphoto.com/Roberto A Sanchez

Situé à 6 km au sud de Playa del Carmen, Xcaret est le parc écotouristique le


plus visité du Mexique. Vers l’an 600, Xcaret (mot maya signifiant « petite crique »)
était une ville avec son centre cérémoniel, un grand marché et le principal port
desservant Cozumel. Parmi les activités et attraits du site, notons la plongée-tuba, la
croisière en radeau, l’aquarium de corail avec bassins tactiles, des aires destinées aux
animaux sauvages, un site archéologique, un village et un cimetière mayas ainsi qu’une
jolie chapelle. Le village maya propose de l’artisanat de qualité et des spectacles
(cérémonies, danse et musique) en après-midi. On présente chaque soir dans un superbe
amphithéâtre le spectacle Xcaret México Espectacular , une grande fresque
historique et musicale.
Río Secreto est un formidable parcours de cenotes, encadré par un guide qui
conduit de petits groupes dans les dédales de ces grottes sous-marines.
Paamul est une très jolie petite plage, conviviale, bien à l’abri dans une baie idéale
pour la plongée-tuba ou sous-marine. Le récif n’est pas loin et une grande variété de
poissons tropicaux peut y être observée.
À 22 km au sud de Playa del Carmen se trouve Kantun Chi , un parc écologique
qui abrite quatre cenotes propices à la baignade et accessibles par des sentiers dans la
jungle, ponctués de vestiges mayas et fréquentés par des singes hurleurs. On propose
une visite de la rivière souterraine formée par deux cenotes. On peut s’y balader, y
nager et même y faire de la plongée-tuba ou encore du kayak.
La plage d’Akumal. © iStockphoto.com/shalamov

La plage d’Akumal , qui fait 15 km de long, est bordée d’un côté par la mer et de
l’autre par un chapelet d’immeubles en copropriété, d’hôtels et de villas. On y trouve un
centre de villégiature et une zone résidentielle à l’atmosphère agréable et au caractère
authentique. Au nord, la tranquille Bahía de Media Luna, d’environ 500 m de long, est
parfaite pour la voile, le surf et la plongée-tuba.
La Laguna Yal-Ku est située juste au nord de la Bahía de Media Luna. Jadis peu
visité, l’endroit est de plus en plus populaire auprès des plongeurs. L’abondance de
poissons ainsi que les eaux peu profondes et sécuritaires font de la lagune Yal-Ku un
site idéal pour initier les enfants.
Le Centro Ecológico Akumal sensibilise les visiteurs à la protection et à la
conservation des sites naturels de la région, tels les cenotes, les plages, la mangrove,
etc. Le centre est aussi promoteur d’un programme de protection des récifs de corail et
des tortues marines, et gère un programme de compostage des déchets. De mai à
octobre, il organise des sorties éducatives, les Turtle Walks .
Reconnu pour son parcours à pied qui emprunte un véritable labyrinthe souterrain,
Aktun Chen propose une plongée guidée avec masque et tuba dans un cenote
couvert aux fonds exceptionnels, ainsi qu’un réseau de 10 tyroliennes, des ponts
suspendus et un petit zoo.
Entre le village de Chemuyil et le site de Xel-Há, au bout d’une route de terre
apparaissent la jolie plage de Xcacel et le Santuario de la Tortuga Marina
Xcacel/Xcacelito. La plage est considérée comme le lieu de nidification de tortues
marines le plus important du Mexique. L’accès en est parfois limité du début mai à la fin
octobre.
À Chemuyil, une expérience familiale à ne pas manquer est la visite interactive du
Jungle Place – Spider Monkey Conservancy , un centre d’hébergement et de
protection des singes-araignées. Avec une approche pédagogique et respectueuse des
animaux, il invite les visiteurs à interagir et à jouer avec les singes ou encore à les
nourrir.

Xel-Há. © Captain DJ
Xel-Há vaut résolument le détour. Plus grand « aquarium naturel » du monde et
vieux de 125 000 ans, Xel-Há (qui veut dire « où naît l’eau »; prononcer Chel-Ha) fut
notamment le port de commerce de la ville maya de Cobá pendant la période classique.
Au total, cinq rivières souterraines s’y rejoignent pour se jeter dans la mer. En plus de
la plongée-tuba, notons, parmi les installations et activités, l’accès aux superbes
sentiers dans la jungle (praticables en poussette), la descente de rivière sur tube le long
des mangroves, la randonnée à vélo pendant laquelle on peut parfois observer des
agoutis et des coatis et les tyroliennes.
Si l’archéologie vous intéresse, sachez que la Zona Arqueológica de Xel-Há est
située du côté ouest de la route 307, à quelques centaines de mètres de l’entrée du parc
de Xel-Há. Le site est paisible et charmant. Apportez votre maillot, car on peut s’y
baigner.
Idéal pour les familles, le parc Hidden Worlds abrite un excitant réseau de
tyroliennes de toutes sortes. On y organise des sorties au Cenote Takbelum, l’un des
plus beaux cenotes pour la plongée-tuba, et des activités de tyrolienne dans des grottes
aux stalactites impressionnantes (et parfaitement naturelles). Relié au plus vaste réseau
de cenotes de la péninsule du Yucatán, ce site de plongée sous-marine très populaire
comprend deux cenotes partiellement couverts. La plongée-tuba permet d’observer des
poissons et des formations rocheuses. La beauté du Cenote Dos Ojos fut
immortalisée dans le film IMAX Journey into Amazing Caves, paru en 2001.
Le Cenote Dos Ojos. © iStockphoto.com/diegocardini

Le Cenote Sac Actún est l’un des cenotes les plus appréciés des visiteurs et
des plongeurs. Il est possible de s’aventurer dans les cavernes en nageant dans une eau
limpide sous les stalactites. L’endroit s’avère calme et peu fréquenté.
En face de la Bahía Soliman, un peu au sud du restaurant Oscar & Lalo, se trouve le
Labnaha Eco-Park , aussi nommé A Magic Mayan World. Il s’agit d’un «
écoparc » dans le sens propre du terme : un nombre limité de visiteurs, des profits qui
sont investis dans la protection de la faune et de la flore, le souci concret d’être
authentique et de préserver la beauté des lieux. On y propose des excursions en petits
groupes pour la plongée sous-marine en cenote, mais la visite classique du parc inclut
deux tyroliennes, une sortie en canoë, la plongée-tuba dans le Cenote Labnaha et la
visite du fascinant réseau souterrain qui relie les cenotes.

Tulum
La région de Tulum se divise en trois zones distinctes : la zone archéologique (zona
arqueológica de Tulum), la ville (Tulum Pueblo) et la plage (Tulum Playa ou zona
hotelera).
Tulum (mot maya signifiant « mur ») a connu son apogée entre l’an 900 et l’an 1540,
soit au moment du déclin des grandes villes de l’intérieur. C’était l’un des seuls centres
cérémoniels encore en activité quand les Espagnols arrivèrent au Mexique au XVIe
siècle. La zone archéologique se trouvant sur une falaise qui surplombe la mer,
vous pourrez y admirer de magnifiques paysages et vous baigner dans la mer.

La zone archéologique et la plage de Tulum. © iStockphoto.com/InStock

Parmi les bâtiments les plus impressionnants, notons le temple des Fresques, dont les
fresques colorées représentent l’univers tel que l’imaginaient les Mayas. Face à la mer,
au point le plus élevé, vous verrez le Castillo. Tout à côté se trouve le temple du Dieu
descendant. Quelques autres structures de moindre importance sont disséminées aux
alentours.

Il règne toujours une ambiance décontractée sur Tulum Pueblo et l’on y trouve tous
les services nécessaires aux voyageurs, une artère commerciale dotée de belles
boutiques d’artisanat et de bons restaurants. Le village est relié à la plage par une
agréable voie cyclable (et pédestre) en retrait de la route. Cette voie de 2 km, qui n’est
malheureusement pas éclairée le soir, débute à l’intersection de l’Avenida Tulum et de
la route 109, qu’elle suit jusqu’à Tulum Playa.

Tulum Monkey Sanctuary. © Cecilia Schubert

Sur la route menant à Cobá, ne manquez pas de visiter le Tulum Monkey Sanctuary
, qui, en plus d’abriter une population de singes-araignées, offre un agréable sentier
de randonnée dans la jungle. Il est possible d’y apercevoir des cerfs, des canards, des
dindons, des chevaux et des ânes. Le sentier mène jusqu’à un pont suspendu ainsi qu’à
des grottes et des cenotes que les visiteurs peuvent explorer. Deux cenotes sont
propices à la baignade et à la plongée-tuba.
Tulum Playa (zona hotelera) se trouve entre les ruines et l’entrée de la Reserva de
la Biosfera Sian Ka’an. Elle présente, dans une ambiance bohème, un chapelet continu
de restaurants, boutiques, cabañas et hôtels, petits ou moyens (pas de tout-inclus ni de
mégacomplexes), qui donnent sur la magnifique plage ou sur la jungle. Cette plage
bordée de palmiers s’avère plus sauvage en direction sud, vers la Reserva de la
Biosfera Sian Ka’an.
Cobá
Témoin muet de l’élégance intemporelle de la glorieuse époque maya, à jamais
disparue mais pas tout à fait oubliée, la Zona Arqueológica de Cobá se dresse
solennellement à 44 km à l’ouest de Tulum. On suppose qu’entre 800 et 1100 apr. J.-C.
Cobá, alors à son apogée, comptait environ 55 000 habitants et rivalisait de prestige
avec la splendide cité de Tikal, au Guatemala. D’ailleurs, contrairement à Chichén Itzá,
où prime un mélange d’architectures maya et toltèque, l’architecture de Cobá est du
style Petén qui caractérise Tikal.
L’attrait principal de l’ancienne ville, Nohoch Mul (temple du Dieu descendant),
détient le titre de la plus haute pyramide du Yucatán. On n’en atteint le sommet, à 42 m,
qu’après avoir gravi 120 marches. Au sommet, vous pourrez admirer une fresque
représentant le Dieu descendant. À côté de la pyramide se trouve une stèle haute de 4 m
où sont gravés des hiéroglyphes qui indiquent la date du 30 novembre de l’an 780 de
notre ère. Elle porte l’illustration de personnages des différentes classes sociales
mayas.

Reserva de la Biosfera Sian Ka’an


Le nom maya de Sian Ka’an signifie grosso modo « le lieu où le ciel naît ». Cette
réserve abrite trois villages mayas et couvre une superficie de 652 000 ha le long de la
côte au sud de Tulum. La Reserva de la Biosfera Sian Ka’an, formée de forêts
tropicales, ponctuée de cenotes, parsemée de savanes, bordée de dunes et de lagunes,
se blottit en face d’une barrière de corail qui s’allonge sur un peu plus de 100 m dans la
mer.
Pélicans dans la Reserva de la Biosfera Sian Ka’an. © iStockphoto.com/kalimf

Ce fascinant mélange d’exubérance végétale et marine, sert d’habitat naturel à 350


espèces d’oiseaux dont le toucan, la spatule et le pélican. Même si les animaux fuient
généralement à la moindre alerte, vous aurez peut-être le privilège d’apercevoir un
puma, un ocelot, un jaguar, des singes, des crocodiles ou des tortues marines qui
batifolent dans l’eau des lagunes.
Vous devrez recourir à une agence qui organise des excursions pour visiter la réserve.
Basée à Tulum, l’agence Community Tours Sian Ka’an organise plusieurs excursions,
notamment des tours de bateau ou de kayak sur les eaux de la lagune, des randonnées
dans la jungle, une visite thématique sur la fabrication traditionnelle de la gomme à
mâcher, une partie de pêche et la descente de rivière en veste de flottaison.
Facilement accessible, le site archéologique de Muyil , aussi nommé Chunyaxche,
est situé à 22 km au sud de Tulum. L’endroit était habité par les Mayas dès 300 av J.-C.
et on estime qu’à son apogée sa population s’élevait à 50 000 habitants et que l’on y
dénombrait plus de temples qu’à Tulum. Aujourd’hui, même si un seul groupe de
bâtiments sur les trois que compte le site est ouvert au public, la visite du lieu et de la
nature environnante demeure des plus fascinantes.
Peut-être dédié à la déesse Ixchel, l’impressionnant Castillo est érigé sur cinq étages.
Son architecture rappelle celle des temples de la région du Petén (Guatemala). Du site
archéologique, un sentier bien entretenu d’un kilomètre, parallèle au sacbe, mène à
travers la jungle à une plateforme d’observation d’où les visiteurs ont une superbe vue
panoramique sur la lagune, qu’on atteint en poursuivant sa marche dans le sentier. On
trouve aux abords de la lagune une aire de pique-nique et un quai auquel sont amarrés
quelques bateaux. Les visiteurs peuvent faire un tour de bateau sur la lagune.

Laguna de Bacalar
Juste au nord de Chetumal, capitale tranquille de l’État de Quintana Roo, les eaux
turquoise de la Laguna de Bacalar, calmes et invitantes, accueillent les voyageurs en
quête d’un lieu de villégiature authentique et paisible. Des hôtels et des restaurants
bordent la lagune à Bacalar, où le Fuerte San Felipe abrite un petit musée sur l’histoire
locale et la piraterie.

La Laguna de Bacalar. © descubriendoelmundo


Ruta Río Bec
S’étalant à l’ouest de Chetumal, la Ruta Río Bec est jalonnée de sites archéologiques
mayas de la fin de l’époque classique (600 à 900 de notre ère) qui dévoilent une
architecture et un style propres à cette région. Le style Río Bec se caractérise entre
autres par l’ajout aux édifices d’imposantes tours décoratives et de masques
représentant le dieu de la création, nommé Itzamná. Parmi les sites les plus intéressants,
notons Kohunlich , Xpujil , Becán et Chicanná .
Deux autres sites archéologiques importants affichent un style différent et se trouvent
plus à l’ouest de la route. Le premier, Calakmul , était l’une des plus anciennes
et des plus influentes cités mayas de cette région qui s’étendait jusqu’à l’actuel
Guatemala et au Belize. Sa situation géographique, au cœur d’une forêt humide
protégée, ainsi que son importance politique et économique en font un lieu
extraordinaire à visiter. Un second site, nommé Balamkú , renferme une fantastique
frise relatant la cosmologie maya.

Calakmul. © iStockphoto.com/Fernando Pallarés


La côte Pacifique
De l’État d’Oaxaca à celui de Nayarit, la côte pacifique du
Mexique est jalonnée de magnifiques plages léchées par de
puissantes vagues ou caressées par les eaux paisibles de
baies splendides. Le panorama, avec pour toile de fond la
Sierra Madre qui s’étire le long de l’océan, est saisissant.
Ce chapitre vous convie à explorer cette côte, tantôt
sauvage, tantôt animée, mais toujours accessible grâce aux
nombreux aéroports qui la ponctuent et à la Carretera
Pacífico, qui permet de la parcourir en voiture.

En plus de ses paysages idylliques, la côte Pacifique offre


aux visiteurs les meilleurs spots de surf au pays. Une
communauté de surfeurs de tout acabit se côtoie dans
d’agréables bourgades et de tranquilles villages de
pêcheurs. Plusieurs de ces villages à l’ambiance
décontractée et conviviale permettent encore aujourd’hui
aux voyageurs de séjourner directement devant l’océan et
de déguster les produits de la mer à faible coût. De plus,
on y déniche souvent des marchés d’artisanat qui méritent
le détour.
La côte Pacifique dévoile également une nature
exubérante, où alternent montagnes, lagunes et forêts
formant des écosystèmes d’une grande richesse. Des parcs
nationaux protègent ainsi une foule d’animaux dont des
centaines d’espèces d’oiseaux, des crocodiles, des
fourmiliers, des tortues et des félins. Les sportifs pourront
explorer les lagunes en kayak, s’adonner à la plongée-tuba
dans les baies les plus calmes ou encore prendre part à
une randonnée à cheval dans un cadre enchanteur.
Bahías de Huatulco
Dans l’État d’Oaxaca, les Bahías de Huatulco, où se rencontrent la mer, les montagnes
et la jungle, représentent un bel exemple de développement écotouristique réussi.
Facilement accessible grâce à l’aéroport international situé entre la ville et la dizaine
de baies qui épousent la côte, cette zone balnéaire possède de nombreux atouts qui
plairont aux vacanciers : ambiance bon enfant, plongée-tuba, plongée sous-marine,
équitation, navigation de plaisance, pêche, motomarine, randonnée pédestre, vélo,
observation des oiseaux, nourriture hors pair, hôtels de tout premier ordre. La
construction de complexes touristiques s’est effectuée en grande majorité dans le
respect de l’environnement. Les plages, bordées de superbes formations rocheuses, sont
magnifiques, mais, en raison des fortes vagues et des ressacs, la baignade n’y est pas
toujours possible.
Huatulco. © iStockphoto.com/CharlieRamos

Huatulco se compose de trois agglomérations distinctes, chacune ayant son charme


propre : La Crucecita , à l’intérieur des terres, reproduit un village mexicain type
concentré autour d’une place centrale, d’une église (qui abrite la plus grande peinture
murale mexicaine représentant la Vierge de Guadalupe) et d’un agréable marché
d’artisanat; Santa Cruz de Huatulco est une petite ville portuaire dotée d’une plage
et d’une marina attirante qui recèle tous les services; et Tangolunda, qui s’avère le
secteur le plus développé, où se trouvent les principaux complexes hôteliers de bord de
mer et le terrain de golf.
L’église de La Crucecita. © Daniel Lobo

Parmi les lieux les plus propices à la baignade, notons Playa Entrega , située dans
la Bahía Santa Cruz , qui accueille quelques fois par mois les bateaux de croisière.
Les amateurs de plongée sous-marine et de plongée-tuba opteront pour la Bahía San
Agustín tandis que les surfeurs trouveront les meilleurs spots à la Bahía
Conejos et la Bahía Chahue . Reconnue pour ses restaurants de fruits de mer
sympathiques et son ambiance détendue, la plage de la Bahía Maguey propose
plusieurs sports nautiques.
Le Parque Nacional Huatulco. © iStockphoto.com/CharlieRamos

Plusieurs de ces baies (dont San Agustín, Chachacual, Riscalillo, Cacaluta, Maguey et
Organo) sont protégées par le Parque Nacional Huatulco . Les voyageurs qui
souhaitent observer les oiseaux se rendent en bateau à la Bahía Chachacual .
L’écosystème du parc, caractérisé par une forêt tropicale sèche, abrite près de 300
espèces d’oiseaux, plus d’une centaine d’espèces de mammifères (dont des fourmiliers
et des félins tels que les ocelots et les jaguarondis) et 400 espèces de papillons.
À l’est de la Bahía Conejos, La Bocana marque le point de rencontre du Río
Copalita avec le Pacifique, à l’extrémité est de la zone de villégiature. La plage est
dotée d’installations touristiques et de restaurants. Toujours vers l’est en quittant La
Bocana, vous atteindrez, environ 6 km plus loin, à la limite est de la station balnéaire de
Huatulco, le village de Copalita , un petit bled paisible niché à l’intérieur des terres
sur le Río Copalita, et qui abrite le Parque Eco-Arqueológico Copalita . Récemment
mis au jour, ce joli site archéologique fut occupé dès 900 av. J.-C. En plus d’un
intéressant musée, on y trouve un sentier qui mène à un ancien terrain de jeu de balle, à
quelques structures et au sommet d’une falaise sur laquelle est posée une pierre
sacrificielle.
Entre Huatulco et Puerto Escondido
À 50 km à l’ouest de l’aéroport de Huatulco se trouve la bourgade de Puerto Ángel.
Son port, construit vers 1850 pour le transport maritime du café et du bois, a été
pendant une courte période le port le plus achalandé de l’État. Après le boom du
développement touristique (1960-1980), l’endroit a quelque peu perdu de son lustre. Si
sa plage principale n’est pas recommandée pour la baignade, les environs disposent
néanmoins d’agréables baies aux eaux plus calmes. Du côté est, les baies abritent Playa
Estacahuite (baignade et plongée-tuba, service de restauration et location), Playa
La Mina (baignade et plongée-tuba, sans service), Playa La Boquilla (baignade
et plongée-tuba, service de restauration) et Playa La Tijera (plongée-tuba, sans
service).
À l’ouest de Puerto Ángel s’étend la célèbre plage de Zipolite , qui, bien qu’elle
compte aujourd’hui plusieurs établissements de moyenne et haute gamme, a su
conserver son atmosphère décontractée et accueille toujours les nudistes. On s’y rend
pour pratiquer le surf dans un spot magnifique et vivre le farniente avec une
sympathique communauté de voyageurs. Le site offre encore la possibilité de loger
directement sur la plage sans se ruiner. La longue plage de Zipolite est rarement propice
à la baignade, mais tout près, la baie qui abrite Playa del Amor , une plage nudiste,
est paisible et parfaite pour se baigner.
Un surfeur à Playa San Agustinillo. © Dreamstime.com/Carlos Sanchez Pereyra

À quelques kilomètres à l’ouest de Zipolite, le petit village de pêcheurs de San


Agustinillo abrite la magnifique Playa San Agustinillo , où la Sierra Madre
plonge dans l’océan. Généralement propice au surf, la baie, ouverte et bordée de
rochers, n’est pas spécialement reconnue pour la baignade, mais les eaux de la section
ouest, où se trouve Playa Rinconcillo semblent plus calmes. San Agustinillo est
desservi par des restaurants, des hôtels et des agences de location d’équipement de
sports nautiques.
Mazunte. © iStockphoto.com/abalcazar

Tout juste à l’ouest de San Agustinillo, la communauté de Mazunte présente un


intéressant projet de développement écotouristique. En effet, la population de Mazunte
et de San Agustinillo, dont l’économie reposait presque exclusivement sur le commerce
de viande et d’œufs de tortue, a dû la transformer en 1990 à la suite de l’adoption de
lois fédérales protégeant les tortues marines. C’est ainsi que l’on y érigea le Centro
Mexicano de la Tortuga , un musée dynamique dont les expositions traitent de la
recherche et de la protection des tortues marines et d’autres espèces menacées
d’extinction. On y trouve des bassins avec de nombreuses espèces de tortues, un jardin
botanique et un café-boutique. Avec l’aide de l’entreprise écoresponsable Body Shop,
la communauté utilisa aussi ses ressources naturelles dans la conception de la ligne de
produits de soins corporels Cosméticos Mazunte . Il est possible de se procurer les
produits à la boutique du village.
Le Centro Mexicano de la Tortuga, à Mazunte. © Jen Wilton

Playa Mazunte , la plage principale, s’avère un bon spot pour les surfeurs
expérimentés et est un site idéal pour assister au coucher du soleil. Plus à l’ouest, la
petite Playa Riconcito se veut familiale et propice à la baignade. Un agréable
sentier sur la péninsule rocheuse de Punta Cometa relie Playa Riconcito et Playa
Mermejita , une belle plage sauvage qui convient à la promenade et au bain de
soleil, et qui est située encore plus à l’ouest. La péninsule offre une vue splendide sur
l’océan et, selon la saison, il n’est pas rare d’y apercevoir des baleines et d’autres
mammifères marins tels les dauphins.
En route vers Puerto Escondido, on arrive au village de La Ventanilla (la formation
rocheuse rappelle une « fenêtre », d’où son nom), qui propose des excursions
d’observation de la faune à bord d’embarcations naviguant à travers les mangroves.
D’une riche biodiversité, les mangroves abritent des crocodiles, des tortues et plusieurs
espèces d’oiseaux aquatiques.

Puerto Escondido
Puerto Escondido, le « port caché », est un havre tropical parfaitement serti autour
d’une baie en fer à cheval où la température annuelle moyenne est de 28°C, rarement
sous 22°C ou au-dessus de 31°C.
La municipalité comme telle s’étend au-delà de la Bahía Principal en direction du sud-
est jusqu’à Playa Zicatela, une plage de surf réputée à travers le monde; mais aussi sur
les flancs de la colline qui se dresse au nord de la baie, là où les résidents du principal
secteur de la ville contemplent les magnifiques plages qui s’étirent en contrebas; et
enfin vers l’ouest jusqu’à des anses idylliques – Playa Puerto Angelito, Playa
Manzanillo, Playa Carrizalillo – et Playa Bacocho, une autre large étendue sablonneuse
en bordure du majestueux Pacifique.

Puerto Escondido. © iStockphoto.com/haak78

En dehors des limites de Puerto Escondido, le paysage se compose de lagunes


exotiques et typiques ainsi que de sources chaudes, sans oublier les sommets imposants
de la Sierra Madre del Sur au nord, où s’étendent des plantations de café accrochées
aux pentes abruptes de même que des villages aux racines précolombiennes regorgeant
de vestiges archéologiques fascinants et imprégnés des traditions encore vivantes des
descendants de leurs architectes d’antan.
Puerto Escondido exsude un charme particulier : la ville est un port actif et un centre de
commerce régional depuis longtemps, et ce, bien avant qu’il ne soit découvert par les
amants du soleil de l’extérieur de l’État et du pays. Bien que le tourisme constitue ici
une industrie de tout premier plan, secondée par la pêche et l’agriculture, la ville
conserve des proportions viables malgré le va-et-vient constant, propre aux petites
villes côtières du Mexique.
Jusqu’à maintenant, cet exploit d’équilibre s’avère un succès, ce qui auréole les lieux
d’une atmosphère chaleureuse et détendue qui fait le plus grand plaisir de la population
locale et des visiteurs.
Le centre-ville de Puerto Escondido se trouve en fait sur les flancs de la colline qui
se dresse du côté nord de la Carretera Costera. Tout au long de l’Avenida Oaxaca et sur
les artères transversales, à l’est comme à l’ouest, vous attendent des commerces de
toutes sortes. Une bonne façon de s’imprégner de l’atmosphère de ce secteur résolument
peu touristique de Puerto Escondido consiste à prendre un taxi jusqu’au Mercado
Benito Juárez (authentique et éclectique marché mexicain local) pour ensuite
redescendre la colline à travers les rues de la ville jusqu’à la zone touristique du bord
de mer. Les meilleurs jours pour s’y rendre sont les mercredi et samedi. On y trouve des
produits maraîchers, des kiosques de nourriture, des objets usuels et des pièces
d’artisanat exclusives.
L’église de Puerto Escondido révèle un intérieur de simple stuc blanc rehaussé d’un
autel affichant une image de sa sainte patronne, la Virgen de Soledad. Du petit square
aménagé devant l’église, vous aurez une superbe vue sur le port de Playa Principal, en
contrebas. Il s’agit d’un endroit paisible accessible par l’escalier se trouvant tout juste
après l’extrémité ouest de l’Adoquín. Situé dans la Bahía Principal, l’Adoquín
correspond à une section de l’Avenida Pérez Gasga, la principale artère qui longe Playa
Principal et qui se transforme en mail piétonnier amusant et animé en soirée. Bordé de
restaurants, d’hôtels, de boutiques, de bars et d’agences d’excursions, il s’agit d’un
passage incontournable dans le cadre de toute visite de Puerto Escondido.
Occupant la portion ouest de la Bahía Principal, Playa Principal, plus appropriée pour
la promenade que pour la baignade, est un bon point de départ pour des excursions en
bateau. À l’extrémité ouest de la Bahía Principal s’étire une promenade en front de
mer qui longe le pied des falaises escarpées jusqu’à un magnifique belvédère. Vous
ne pourrez toutefois emprunter cette promenade qu’à marée basse, tout en sachant
qu’elle présente des sections plus difficiles, quoique le belvédère puisse aussi être
atteint à pied en empruntant le Camino al Faro (chemin du phare), qui se détache de
l’Avenida Pérez Gasga à l’extrémité ouest de la Bahía Principal.
Playa Marinero occupe, quant à elle, la portion est de la Bahía Principal. Elle
convient aux bains de soleil et à l’observation des pêcheurs en matinée, mais la
baignade y est quelque peu hasardeuse. Elle compte quelques restaurants offrant des
tables directement sur le sable. À Punta del Morro, près des rochers qui se dressent à
l’extrémité est de la plage, les vagues sont encore un peu plus fortes, de sorte que l’on y
pratique le surf et le bodyboard (pratiqué sur une planche plus courte).
Mirador Punta del Morro est le nom donné à la petite colline rocheuse qui sépare
Playa Marinero de Playa Zicatela. Ce belvédère est juste assez élevé pour offrir de
splendides vues et des couchers de soleil à couper le souffle.

Playa Zicatela. © no rain corp.

Playa Zicatela se présente comme une étendue apparemment sans fin de sable
farineux, engagée dans un affrontement perpétuel, et pour ainsi dire surnaturel, avec
l’impitoyable Pacifique. Les forces déployées dans cette bataille produisent les
fabuleuses vagues qui ont fait de Zicatela une destination de rêve pour les surfeurs des
quatre coins du globe. La mer est ici très dangereuse et on enjoint instamment les
visiteurs de ne pas s’y baigner. L’action se concentre autour d’El Cafecito, où les
surfeurs se réunissent le matin, autour de la ligne de démarcation entre les sections de
surf et de bodyboard de la plage, plus ou moins en face du poste de secours des
sauveteurs. Les surfeurs sont des lève-tôt et l’atmosphère d’El Cafecito, aux environs
de 6h ou 7h, est chargée d’anticipation. La plage est magnifique et bordée d’excellents
restaurants, de sorte qu’il n’est pas si difficile de rester hors de l’eau d’autant plus
qu’elle ne se prête pas à la baignade.
Playa Manzanillo et Playa Puerto Angelito sont, dans l’ordre, les deux
premières plages à l’ouest de Playa Principal et elles partagent une petite baie bordée
de restaurants-palapas, dotés de hamacs et garnis de chaises et de parasols de plage.
Manzanillo est la plus tranquille des deux et on y pratique le volleyball de plage, mais
toutes deux attirent beaucoup de monde, surtout les fins de semaine, plutôt familiales, ce
qui contribue à créer une merveilleuse atmosphère de fête. Ces plages se prêtent à la
baignade, au bodyboard et à la plongée-tuba.

Playa Carrizalillo. © Fido


Playa Carrizalillo épouse les contours d’une petite anse parfaite et splendide à
souhait, à l’ouest de Playa Principal, que vous pouvez atteindre en taxi ou à pied. L’eau
calme et azurée est idéale pour la baignade, la plongée-tuba et l’initiation au surf. Il y a
quelques palapas sur la plage où l’on vend de la nourriture et loue des bodyboards
ainsi que l’équipement nécessaire à la pratique de la plongée-tuba. Playa Carrizalillo
s’impose comme la plage la moins bondée et la plus paisible de Puerto Escondido.
Parfaite pour une balade, Playa Bacocho est une longue plage composée de sable
doré mi-grossier, donnant directement sur le Pacifique, à l’ouest de la Bahía Principal.
Il y a des clubs de plage à l’extrémité est de la plage, autrement complètement déserte.
Notez que la mer y est trop violente pour la baignade et qu’il n’y a aucun sauveteur.

Entre Puerto Escondido et Acapulco


La Laguna de Manialtepec est la plus rapprochée des deux grandes lagunes qui
se dessinent à l’ouest de Puerto Escondido. Plusieurs agences d’excursions y proposent
des visites au départ de Puerto Escondido. Il s’agit d’un lieu propice à l’observation
des oiseaux, à l’exploration en kayak et aux excursions en bateau.
La Laguna de Manialtepec.
© Dreamstime.com/Captaindebris

Aguas Termales Atotonilco Rancho est un bel endroit agrémenté de sources


chaudes en bordure d’une rivière à quelques kilomètres de San José Manialtepec. On
peut s’y rendre depuis Puerto Escondido, en prenant part à une excursion guidée, et y
faire de l’équitation. Vous y bénéficierez de bains fumants dans les sources, entrecoupés
de plongeons rafraîchissants dans l’eau de la rivière – un fortifiant éprouvé de longue
date.
Certaines agences de Puerto Escondido proposent des excursions en bateau dans les
lagunes du Parque Nacional Lagunas de Chacahua . Ces lagunes sauvages,
situées près de la côte, attirent de nombreux oiseaux aquatiques et migrateurs (ibis,
spatules, hérons) et leurs mangroves attirent les crocodiles et les tortues luths.

Acapulco
C’est en 1532, lors de l’exploration de la côte du Pacifique, que les conquistadors
espagnols découvrent la baie d’Acapulco et la baptisent « Puerto Marqués », connu
aujourd’hui sous le nom d’Acapulco. Après la période coloniale, cependant, le petit
port sombre dans l’oubli et la stagnation, et ce n’est qu’à l’aube du XXe siècle que la
baie d’Acapulco suscite un regain d’intérêt. Cette fois, c’est la beauté de son site, alliée
à son emplacement idéal, pas trop loin de México, qui lui assure ce renouveau. Entre
les années 1930 et 1960, un nombre impressionnant de personnalités de tout ordre
(vedettes, hommes d’État, écrivains, millionnaires, etc.) défilent sur les lieux et
succombent littéralement au charme de la « perle du Pacifique ». Le panorama, avec ses
plages de sable doré blotties au creux d’une baie entourée d’une impressionnante chaîne
de montagnes, la Sierra Madre del Sur, est mémorable.
Acapulco. © iStockphoto.com/Jodi Jacobson

Concurrencée par les développements de la côte de la péninsule du Yucatán, et minée


par la hausse de violence liée aux organisations criminelles et aux narcotrafiquants,
Acapulco n’en demeure pas moins une destination soleil incontournable. En effet, le
soleil y serait garanti! On invite cependant les vacanciers à s’y rendre en avion, à
organiser leur transfert avec le personnel de leur hôtel et à éviter de conduire une
voiture dans la région. La zone hôtelière, comprise entre la baie et deux rues plus à
l’intérieur des terres à partir de l’Avenida Costera Miguel Alemán, parallèle aux
plages, est sécuritaire.
Près de l’aéroport se trouve la zone hôtelière de grand luxe Punta Diamante , qui
abrite de somptueux hôtels et restaurants, un terrain de golf et des boutiques haut de
gamme. Du côté de la Bahía de Puerto Marqués, Playa Revolcadero offre un
panorama superbe, mais la force des vagues y est telle que l’on peut rarement s’y
baigner.
En poursuivant vers le nord on atteint l’Avenida Costera Miguel Alemán ,
communément appelée « La Costera », qui longe toute la baie d’Acapulco. Outre une
série de tours hôtelières, s’y alignent d’impressionnantes plages au sable fin dont Playa
Icacos et Playa Condesa (très animées, baignade possible), Playa Hornitos
et Playa Hornos (baignade possible), ainsi que Playa Tamarindo et Playa
Dominguillo (on y observe les pêcheurs).
Enfin, Playa Honda et Playa Larga , quant à elles, marquent l’entrée de la péninsule
de Las Playas et se terminent ainsi à l’extrémité ouest de la baie. Sur la péninsule
même se suivent Playa Caleta et Playa Caletilla , toutes deux propices à la
baignade.
En ce qui concerne l’Avenida Costera Miguel Alemán elle-même, il s’agit d’une artère
très fréquentée, et une véritable nuée de taxis ainsi que de nombreux vieux autobus
bruyant la parcourent à toute heure. Malgré la pollution qu’engendre un tel défilé, les
visiteurs appréciant l’animation seront ravis d’y trouver des boutiques, restaurants,
bars, hôtels, boîtes de nuit et bien d’autres commerces encore.

Le Fuerte San Diego.


© iStockphoto.com/Robert_Ford
Situé à proximité de la vieille ville, le Fuerte San Diego mérite une visite, car
il constitue le plus imposant vestige colonial d’Acapulco. Érigé au début du
XVIIe siècle, il fut entièrement détruit en 1776 par un violent tremblement de terre.
Reconstruit en 1778, il permit aux Espagnols de défendre leurs précieuses cargaisons
en provenance d’Asie (surtout des Philippines) contre les attaques répétées des pirates
anglais et hollandais. Un siècle plus tard, le site servit également aux troupes
républicaines en lutte pour l’indépendance du pays. En parfait état, sa double enceinte à
la Vauban a été bien restaurée.
Avant de pénétrer au cœur même de la forteresse, il est agréable de faire le tour du
chemin de ronde afin de mieux admirer l’ensemble de la construction. En effectuant
ainsi le tour complet des remparts, vous arriverez face à la passerelle menant à
l’intérieur de la forteresse, qui abrite aujourd’hui le remarquable Museo Histórico de
Acapulco , qu’il ne faut en aucun cas manquer de visiter. Consacrez-y un après-
midi, car il est particulièrement instructif quant à l’histoire de la ville et ses relations
commerciales avec l’Asie.

Un plongeur à La Quebrada.
© iStockphoto.com/rickeyre
Nul ne saurait quitter la magique Acapulco sans avoir observé au moins une fois les
célèbres clavadistas. C’est en empruntant un chemin du nom de La Quebrada que
vous accéderez au sommet des falaises d’où vous pourrez admirer d’athlétiques
Mexicains exécutant des plongeons d’une hauteur de 25 m à 35 m dans les eaux du
Pacifique. Le soir, ils plongent avec des torches enflammées en main et offrent un
spectacle saisissant!

Zihuatanejo et Ixtapa
Installées dans de splendides baies bordées par la Sierre Madre et offrant des couchers
de soleil d’une beauté émouvante, les stations balnéaires voisines de Zihuatanejo et
d’Ixtapa possèdent un charme complètement différent. Zihuatanejo se veut authentique,
paisible et décontractée, tandis qu’Ixtapa se révèle plus moderne, achalandée (elle
attire de nombreux touristes mexicains) et ponctuée de nombreux complexes hôteliers
dont certains très luxueux. Au sud de l’aéroport international qui dessert les stations se
trouve la belle Playa Blanca (restauration et services, mais pas de baignade) à partir
de laquelle on peut apercevoir, au large, les fantomatiques Morros de Potosí , ces
rochers blancs (couverts de guano) qui émergent de l’océan et accueillent des colonies
d’oiseaux. Plus au sud, le tranquille village de Barra de Potosí est agréablement
situé entre une jolie plage et une lagune qui foisonne de vie. Il est possible d’y faire du
kayak et de l’équitation.
Zihuatanejo. © iStockphoto.com/Arturo Peña Romano Medina

Au nord de l’aéroport, avant d’atteindre Zihuatanejo, ne manquez pas de faire une pause
à la paisible Playa Larga . On ne s’y baigne, pas mais la plage est magnifique, peu
fréquentée et on y trouve quelques restaurants et hôtels.
Situées au nord de Playa Larga, Playa Manzanillo (sauvage) et Playa Las Gatas
(service de restauration) sont accessibles par bateau depuis le quai municipal de
Zihuatanejo et demeurent à l’écart des foules. Elles sont propices à l’observation des
mammifères marins (dauphins et baleines), à la pratique de la plongée-tuba et du surf.
Parmi les meilleures plages de la baie de Zihuatanejo, notons la charmante Playa La
Ropa . Cette plage à l’ambiance familiale et décontractée est l’une des rares
plages qui convient à la baignade. La petite Playa Madera , où il est parfois
possible de faire trempette, est aussi calme et appréciée des voyageurs. Enfin, l’animée
Playa Principal (ou Playa del Puerto) se trouve au centre de la ville et offre un bon
choix de restaurants et de splendides panoramas. Depuis le quai, plusieurs entreprises
et des marins proposent des excursions de pêche et font le taxi jusqu’aux plages des
alentours. Agréable pour flâner, la plage ne convient toutefois pas à la baignade.
La plaisante ville de Zihuatanejo se prête bien au lèche-vitrine et au farniente. Sa
promenade en front de mer (malecón), nommée Paseo del Pescador , permet de
faire de belles trouvailles. La ville abrite aussi le tout petit (mais très intéressant)
Museo Arqueológico de la Costa Grande , qui expose des artéfacts
précolombiens ainsi que des œuvres d’artistes locaux.

Vue sur l’Isla Ixtapa depuis la plage. © iStockphoto.com/Ashley_Minkus

À Ixtapa, Playa El Palmar , la plage principale, est idéale pour les randonnées
matinales, le surf et l’observation des dauphins et des baleines. La marina propose des
services de location d’équipement pour tous les sports nautiques imaginables! La
station balnéaire compte deux terrains de golf, et certains établissements hôteliers sont
accrochés aux falaises surplombant l’océan. Au nord de la petite péninsule de Punta
Ixtapa s’étend la belle Playa Quieta , à l’ambiance familiale et souvent propice
à la baignade. Non loin, au large, se trouve l’Isla Ixtapa . Accessible en bateau-
taxi depuis Playa Linda (au nord de Playa Quieta), elle est renommée pour la plongée-
tuba et abrite une jolie plage qui convient à la baignade.

De Manzanillo à Puerto Vallarta


La portion de la côte Pacifique située entre Manzanillo et Puerto Vallarta, nommée
Costalegre (côte joyeuse), porte bien son nom! De belles découvertes attendent les
voyageurs en quête de paix et d’authenticité.
Dotée d’un aéroport international (Aeropuerto Internacional Playa de Oro), la ville de
Manzanillo , capitale de la pêche au marlin, s’étend sur deux baies bordées de
majestueuses montagnes. Le centre-ville et le port commercial, très fréquenté, donnent
sur la baie de Manzanillo, tandis que les meilleures plages et les hôtels plus luxueux se
trouvent le long de la baie de Santiago. Les surfeurs apprécient Playa Miramar , et
Playa Azul , située près du centre-ville historique, attire les visiteurs en quête d’un
restaurant sympathique où s’attabler devant un magnifique coucher de soleil.

Le volcan de Colima. © iStockphoto.com/drferry

Plusieurs agences d’excursions proposent des visites de la ville de Colima ,


capitale de l’État du même nom. Non loin du volcan de Colima , toujours en
activité, et du site archéologique La Campana (dont certains artéfacts datent de
1500 av. J.-C.), cette charmante ville coloniale et luxuriante mérite certainement un
détour. Sa place centrale, le Jardín Libertad , s’orne d’une invitante gloriette et
s’entoure de splendides bâtiments dont le Portal Medellín, l’impressionnante Catedral
de Colima et le Palacio de Gobierno. Colima recèle aussi d’intéressants musées, entre
autres le Museo Regional de Historia de Colima, le Museo Universitario de Artes
Populares et la Pinacoteca Universitaria Alfonso Michel.
Le Jardín Libertad, à Colima. © Hugo Enrique Preciado Farias

De retour sur la côte Pacifique, en route vers Puerto Vallarta, vous verrez les villages
de Barra de Navidad et Melaque, qui entourent de part et d’autre la Bahía de Navidad.
Barra de Navidad est un sympathique village bordé par deux lagunes et l’océan. Il
abrite de beaux complexes hôteliers, plusieurs restaurants et possède un superbe
malecón, parfait pour une balade et une séance de lèche-vitrine. Ne manquez pas les
marchés du mercredi et du samedi! De l’autre côté de la Laguna del Tule, le village de
Melaque est un lieu de prédilection pour les retraités mexicains, et la partie ouest de la
plage principale convient à la baignade.
Au nord de Melaque, l’accueillant petit village de pêcheurs de La Manzanilla
offre une ambiance bon enfant et sans prétention. En plus de sa plage, qui convient au
bodyboard et à la baignade, on y trouve des restaurants et des résidences hôtelières.
Plusieurs retraités américains et canadiens passent l’hiver ici. Un circuit pédestre
nommé Camino del Arte de La Manzanilla propose de faire découvrir les œuvres
d’artistes qui résident au village (toute l’année ou en partie).
La Costa Careyes. © Dreamstime.com/Otto Dusbaba

Plus au nord se dévoile la saisissante Costa Careyes , occupée entre autres par
de luxueux établissements hôteliers intimes au charme chic-rustique. Plusieurs des
petites baies et anses sont propices à la baignade et au kayak. Derrière cette côte
s’étend la Reserva de la Biosfera Chamela-Cuixmala, où la forêt tropicale sèche
abrite une flore et une faune abondantes et diversifiées.

Puerto Vallarta
Avantageusement située au creux de la Bahía de Banderas avec pour toile de fond
les massifs rocheux de la Sierra Madre, la station balnéaire de Puerto Vallarta se révèle
être beaucoup plus qu’une simple destination soleil. Ville dynamique, généralement
sécuritaire et animée de jour comme de soir, elle offre de splendides plages, des
activités de plein air dont une multitude de sports nautiques, un parc aquatique, un zoo
et un jardin botanique.
La Parroquia de Nuestra Señora de Guadalupe et la Bahía de Banderas, à Puerto
Vallarta.
© iStockphoto.com/rolfe_tessem
Viejo Vallarta , le secteur historique (aussi nommé Zona Romántica) de cette ville
coloniale aux paisibles rues pavées, est ponctué de magnifiques bâtiments au cachet
indéniable, notamment la magnifique Parroquia de Nuestra Señora de Guadalupe
. Ce quartier est traversé par une rivière où trône l’Isla Cuale , une petite île
verdoyante accessible par de petits ponts et dotée d’un agréable marché et de quelques
cafés.
À l’embouchure du Río Cuale se trouve Playa Los Muertos , qui attire une foule
bigarrée composée de familles mexicaines et de touristes provenant de partout dans le
monde et parmi lesquels la communauté gay est particulièrement bien représentée. À
l’extrémité sud de la plage débute le malecón et se trouve le Muelle de Playa Los
Muertos , le quai d’où partent de nombreux bateaux-taxis et sur lequel s’élève une
magnifique structure rappelant une voile. Jalonné de sculptures et de divers commerces,
le malecón, très animé, est aussi idéal pour faire des emplettes, s’attabler dans un
excellent restaurant ou contempler le soleil plonger doucement dans l’océan.

Le Muelle de Playa Los Muertos.


© David Stanley

Depuis le Muelle de Playa Los Muertos, il est possible d’atteindre des plages plus
sauvages et intimes au sud de la ville, comme Playa Yelapa et Playa Las Ánimas
, ou de prendre part à des excursions de plongée-tuba autour des rochers du Parque
Marino de Los Arcos .

Playa Yelapa. © iStockphoto.com/chrishowey

Au nord de la section historique se trouve la marina, qui s’entoure d’un terrain de golf
et d’un quartier huppé, tout juste flanqué par l’aéroport international. Puis, le Río
Ameca marque la limite de la station balnéaire avec la frontière de l’État de Nayarit et
le secteur de Nuevo Vallarta, qui abrite de nombreux complexes hôteliers le long d’une
belle plage animée offrant tous les services. La baignade y est généralement possible.

De Nuevo Vallarta à San Blas


Facilement accessible depuis l’aéroport international de Puerto Vallarta, mais encore
épargnée du tourisme de masse, la portion côtière de l’État de Nayarit comprise entre
Nuevo Vallarta et San Blas se révèle être une destination soleil de choix. Entre les
luxueux complexes hôteliers et les simples huttes installées sur la plage, sans oublier
les pensions familiales sympathiques, chacun y trouvera chaussure à son pied!
Bucerías. © iStockphoto.com/InStock

Dans la partie nord de la Bahía de Banderas se trouvent deux sympathiques villages.


Bucerías offre un charme décontracté, de jolies boutiques, une plage bien
entretenue et de bons restaurants. Son voisin, La Cruz de Huanacaxtle , abrite une
marina et attire les amateurs de plongée-tube et de surf.
En poursuivant vers la péninsule de Punta de Mita, où sont installés plusieurs hôtels de
luxe, on croise l’une des plages les plus appréciées du secteur de Puerto Vallarta, Playa
Destiladeras . L’endroit, propre et paisible, est desservi par un bon restaurant. Il
est possible de s’y baigner et d’y faire du bodyboard.
La Playa del Amor, dans le Parque Nacional Islas Marietas. © Christian Frausto
Bernal

Les îles du Parque Nacional Islas Marietas , au large de Playa Destiladeras,


comptent plusieurs plages splendides dont l’unique et énigmatique Playa del Amor
, qu’on appelle aussi la « plage cachée » en raison de sa particularité géologique.
Accessible à marée basse, à la nage ou en kayak, cette plage est en effet située au fond
d’un vaste puits relié à l’océan par un tunnel. Le trou aurait été formé au cours d’essais
militaires organisés par le gouvernement mexicain au début du XXe siècle. Aujourd’hui
aire protégée, le parc abrite plusieurs espèces d’oiseaux tels que le fou à pattes bleues,
et dans ses eaux nagent des poissons tropicaux, des raies, des dauphins et des tortues
marines, ce qui en fait un site de choix pour la plongée-tuba! Les excursions touristiques
vers les îles comprennent généralement le transport en bateau, l’équipement de plongée-
tuba et le repas.
Chaleureux village de pêcheurs à l’ambiance détendue, Sayulita dispose de tous
les services imaginables et offre une panoplie d’activités. D’abord, sa superbe plage,
ponctuée de restaurants en plein air, est propice à la baignade et au surf. Il est possible
de faire une randonnée à cheval dans les montagnes de la Sierra Madre, des excursions
dans la jungle, de la plongée-tuba et de la pêche. Les amateurs d’art et d’artisanat ne
seront pas en reste puisque la ville recèle de nombreuses boutiques et galeries. Une
excellente sélection de restaurants et d’établissements hôteliers de toutes catégories
complète le portrait de cette destination à ne pas manquer.

Sayulita. © iStockphoto.com/beklaus

À une heure de l’aéroport de Puerto Vallarta, San Francisco , souvent appelé San
Pancho, est un autre village authentique, accessible et charmant, qui se démarque par la
qualité de son accueil et des services offerts aux voyageurs, qui peuvent s’adonner au
kayak de mer, à la randonnée pédestre, au golf, le surf et à la baignade.
Dans une plaine agricole fertile, au pied des montagnes de la Sierra Madre, la ville de
La Peñita de Jaltemba est certes plus étendue que les villages de Sayulita et de San
Francisco, mais n’en offre pas moins un cadre paisible et agréable. Chaque jeudi, son
marché en plein air (produits maraîchers et artisanat) attire les foules! Au sud du Río
Arroyo Guinea se déploient la plage animée de Rincón de Guayabitos, une station
balnéaire populaire, et celle de Los Ayala, plus tranquille et en retrait. Toute deux
feront le bonheur des baigneurs.
Plus au nord, la Bahía de Matanchén abrite Las Islitas , un spot de surf très prisé
pour ses longues vagues. Puis suit la ville de San Blas , nichée entre deux rivières.
Il s’agit d’un point de chute parfait pour explorer les alentours, riches en attraits
naturels et touristiques. La plage principale de San Blas, la vaste Playa el Borrego ,
bénéficie d’une large section peu profonde. Il est agréable de se promener dans les
jolies rues de la ville, qui présente quelques beaux exemples d’architecture coloniale
ainsi que des ruines intéressantes, dont celles de La Contaduría (ancien fort) et de
l’Iglesia Nuestra Señora del Rosario . Des excursionnistes proposent des sorties
guidées à bord d’embarcations motorisées à travers les mangroves peuplées de
crocodiles et d’oiseaux aquatiques. D’autres agences se spécialisent dans l’organisation
d’excursions d’observation des baleines (novembre à avril) ainsi que de randonnées
pédestres.

Iglesia Nuestra Señora del Rosario.


© Dreamstime.com/Dorien Windt
Depuis San Blas, il est aussi possible de prendre part à une visite guidée de l’île de
Mexcaltitán , point de départ hypothétique du long périple entrepris par les Aztèques
qui prit fin avec la fondation de la ville lacustre de Tenochtitlán, aujourd’hui México.
Aujourd’hui surnommée la « Venise du Mexique », car on se déplace en bateau à travers
ses rues inondées pendant la saison des pluies, l’île est entièrement urbanisée et vouée
à la pêche à la crevette ainsi qu’au tourisme. Près de la place principale s’élèvent une
jolie église et un petit musée d’histoire et d’archéologie.

Une vue aérienne de l’île de Mexcaltitán.


© Comisión Mexicana de Filmaciones
Baja et le nord du Mexique
Entre le désert de Sonora, les montagnes de la Sierra
Madre, les « canyons du cuivre » et les collines arides
plantées de cactus géants, le nord du Mexique dévoile une
nature grandiose et austère, tout à fait digne d’un décor de
film western. De plus, le territoire abrite des sites
préhistoriques et précolombiens uniques en leur genre.

Le nord du Mexique, relativement pauvre, partage sa


frontière avec la plus grande puissance mondiale, les
États-Unis. Si la présence active et violente de cartels de la
drogue et autres organisations criminelles éloigne le
tourisme de masse, la région possède toutefois des attraits
majeurs qu’il est possible de visiter en paix. Voyager dans
cette région nécessite de respecter certaines règles de
sécurité, notamment dans les déplacements (s’y rendre par
avion, se déplacer de jour, éviter les lieux peu fréquentés,
rester attentif dans les transports). Voici une sélection de
destinations et d’attraits qui vous fera découvrir la
touristique Baja California et l’impressionnante région
nord du Mexique.
Baja California et la côte nord-ouest
Jumelée à la Californie des États-Unis, avec laquelle elle partage 240 km de frontière,
la Baja California est une péninsule longue d’environ 1 300 km qui s’étire
langoureusement entre l’océan Pacifique et la mer de Cortés, appelée aussi « golfe de
Californie ». Elle est traversée du nord au sud par la Carretera Transpeninsular
(autoroute 1). En plus d’être le parfait rendez-vous des amateurs de plein air, cette
destination touristique recèle une faune unique, des paysages époustouflants et des
plages idylliques.
Un bâtiment du Centro Cultural Tijuana. © Omar Bárcena

Plus grande ville de la péninsule et quatrième en importance au pays, Tijuana se trouve


au nord-ouest, aux portes des États-Unis et de la ville de San Diego, située juste de
l’autre côté de la frontière. Malgré une urbanisation chaotique, cette ville de tous les
excès, avec son statut de zone franche, attire de nombreux visiteurs qui profitent des
boutiques de l’Avenida Revolución pour dénicher de l’artisanat et des vêtements à bas
prix. Tijuana abrite aussi plusieurs musées d’intérêt, dont le Museo de Las Californias,
à thématique historique, et El Cubo, un espace multidisciplinaire annexé au Centro
Cultural Tijuana , qui accueille des expositions d’art contemporain et des
événements culturels.

Baja Med
Tendance culinaire issue de Tijuana, Baja Med est une intéressante fusion de la
cuisine mexicaine, méditerranéenne et asiatique. Si le tout peut sembler étonnant,
les saveurs s’harmonisent parfaitement, en toute fraîcheur. S’appuyant sur les
produits et ingrédients locaux et souvent biologiques, cette cuisine fait la part belle
aux poissons et fruits de mer ainsi qu’aux légumes, vins et olives du Valle de
Guadalupe.

Au sud de Tijuana, Rosarito se présente comme une station balnéaire festive, populaire
et très fréquentée. Une foule d’activités nautiques y sont proposées et l’on peut s’y
adonner à l’équitation et même faire des balades à dos de chameau! En poursuivant vers
le sud, les visiteurs croiseront Ensenada, l’un des plus importants ports du pays. En
hiver, il est possible d’y observer les baleines au large. Ensenada est le point de départ
idéal pour arpenter la magnifique route des vins du Valle de Guadalupe (plus
de 60 vignobles), dont les paysages verdoyants, qui s’étalent au pied des montagnes,
charmeront les amateurs de produits viticoles de qualité.

Les vignobles du Valle de Guadalupe. © Photo by Adam Jones, Ph.D./Global Photo


Archive/Flickr

Du côté du golfe de la Californie, Bahía de Los Ángeles est l’endroit idéal pour une
excursion de pêche et pour nager avec les requins-baleines, ces immenses poissons
inoffensifs, au cours des mois d’août, septembre et octobre.

Rencontre avec des baleines grises dans la Laguna Ojo de Liebre. ©


iStockphoto.com/Andrea Izzotti

De la mi-février à la mi-mars, des excursions d’observation des baleines grises


sont organisées dans la Laguna Ojo de Liebre, depuis Guerrero Negro (du côté
ouest de la péninsule). Au cours de ces sorties, il est parfois possible de toucher les
baleines qui, visiblement, semblent bien apprécier les caresses.
L’oasis de San Ignacio.
© iSotckphoto.com/Sam Camp

En poursuivant vers le sud, à mi-chemin entre Tijuana et Cabos San Lucas, il ne faut pas
manquer de faire un arrêt à San Ignacio , une merveilleuse oasis bordée de dattiers.
La jolie ville abrite une mission érigée par les Dominicains en 1768. Construit en
pierres volcaniques, ce majestueux édifice domine la paisible place. Non loin de San
Ignacio, sur la côte du golfe de la Californie, la petite ville minière de Santa Rosalía
a de quoi surprendre les visiteurs qui s’y arrêtent. Vers la fin des années 1880, une
entreprise française s’est installée à Santa Rosalía pour exploiter la mine de cuivre.
Encore aujourd’hui, les bâtiments aux façades de bois, une rareté au Mexique, et
l’église, dessinée par nul autre que Gustave Eiffel, rappellent l’influence française sur
la bourgade. Un traversier relie Santa Rosalía et Guaymas, dans l’État de Sonora.
Le Parque Nacional Bahía de Loreto. © iStockphoto.com/Sam Camp

Plus au sud sur la côte, nichée dans un magnifique paysage montagneux ponctué de
cactus, et bordée d’une baie aux eaux turquoise, Loreto a beaucoup à offrir aux
visiteurs. Protégé par le Parque Nacional Bahía de Loreto, l’endroit est calme et se
prête bien aux randonnées de vélo de montagne et aux activités nautiques telles que le
kayak de mer, la plongée, l’observation des baleines et l’exploration des îles qui
émergent au large, où il est possible de faire du camping sauvage. Jadis capitale de
l’État, la jolie petite ville, plus ancienne de la péninsule de Baja California, se parcourt
aisément à pied et abrite la Misión de Nuestra Señora de Loreto Conchó , érigée en
1740.
Les peintures rupestres de la Sierra de San Francisco. © iStockphoto.com/yourmap

Dans les montagnes environnantes de la Sierra de San Francisco se trouvent des grottes
dont les parois sont ornées de peintures rupestres parmi les plus admirables au
monde et dont certaines dateraient de 9 000 ans.
La Paz. © iStockphoto.com/Sam Camp

Capitale de la Baja California Sur, La Paz a beau être le centre économique de la


péninsule, elle n’en demeure pas moins paisible, accessible et nimbée d’une
atmosphère détendue. Érigée entre le désert et une mer aux eaux limpides, cette ville
coquette, quadrillée de rues invitantes, comporte un agréable malecón, jalonné
d’excellents restaurants et de boutiques originales. Autour du zócalo, aussi appelé
Jardín Velasco, se trouvent la cathédrale (1861) et un musée d’anthropologie.
Depuis La Paz, plusieurs entreprises organisent des excursions en bateau vers la
réserve naturelle de l’Isla Espíritu Santo, où nagent de nombreuses et joueuses otaries,
des dauphins, des raies majestueuses et une multitude de poissons colorés.
Des traversiers font la navette entre La Paz et Mazatlán ou Topolobampo, dans l’État de
Sinaloa.
À la pointe sud de la péninsule, la région de Los Cabos enserre deux petites
villes séparées l’une de l’autre par une trentaine de kilomètres de rivage : San José del
Cabo et Cabo San Lucas. Les côtes de Los Cabos sont baignées par la rencontre de
l’océan Pacifique et de la mer de Cortés. Elles sont pourvues de magnifiques plages de
sable blanc qui s’étendent à perte de vue. Tout au bout, à la fin des terres, la péninsule
plonge dans la mer en laissant derrière elle un amoncellement de roches fascinant qui
confèrent à l’endroit une véritable atmosphère de bout du monde.

La Misión de San José, à San José del Cabo.


© iStockphoto.com/memo06dic

Dotée d’une ambiance détendue et conviviale, la mignonne petite ville de San José del
Cabo abrite la Misión de San José , une jolie église d’allure sobre et aux douces
couleurs jaune paille et blanc. En face de l’église, le zócalo reçoit les visiteurs et les
habitants de la ville qui viennent s’y détendre à toute heure du jour. Plus à l’est s’étend
la Plaza Teniente José Antonio Mijares , un agréable jardin fréquenté par les
artistes, qui apporte un peu de fraîcheur au centre de la ville.
Sur le boulevard Antonio Mijares s’élève le Palacio Municipal (1891), qui présente
une jolie architecture néoclassique. Le plus vieux quartier de San José, grosso modo
situé entre la Calle Degollado et la Calle Hidalgo, au nord de Zaragoza, s’avère aussi
le secteur le plus joli et le plus intéressant. Un charme certain émane de ses petites rues,
dont certaines ne sont pas revêtues, et de ses vieilles maisons à étage peintes de
couleurs chaudes, qui portent sur leur toit, en guise de coiffe, une terrasse enjolivée de
bougainvillées. Qui plus est, le quartier commence à se peupler de bons restaurants et
de jolies boutiques, ce qui ajoute à son charme.

Les cactus cardères et Pitahaya


Vous en verrez partout! Le cactus cardère peuple littéralement les plaines de la
Baja California. Bien qu’une foule d’autres espèces de cactus, d’arbres et de
plantes, comme les yuccas, poussent sous le chaud soleil de la région, vous
reconnaîtrez facilement le cactus cardère. Les longues colonnes (jusqu’à 18 m de
haut) qui lui servent de tronc et de branches s’allongent en pointant vers le ciel,
parfois en petits groupes, souvent en bandes serrées. Les plus gros sont âgés de
quelques centaines d’années et pèsent plus de 10 tonnes.

Un cactus cardère. © iStockphoto.com/drferry


Il existe deux sortes de cactus Pitahaya : le Pitahaya dulce, formé de colonnes
minces qui s’élèvent verticalement, et le Pitahaya agria, dont les branches très
épineuses courent près du sol. Leurs fruits se ressemblent et, comme leur nom le
laisse deviner, l’un est sucré et l’autre un peu plus amer.

L’Estero de San José s’étend juste à l’est de la ville. Il s’agit d’une zone
écologique protégée, au cœur de laquelle le Río San José, une petite rivière, coule
depuis la Sierra de la Laguna jusqu’à la mer de Cortés. Bordé par une belle palmeraie,
ce territoire attire une foule d’oiseaux. Avant de se jeter dans la mer houleuse, la rivière
s’élargit considérablement en créant une belle nappe d’eau aux multiples petites
criques, en partie séparée de la mer par une étroite bande de sable qui ferme la plage
Costa Azul. L’endroit est tout simplement magnifique. Les visiteurs peuvent s’y balader
à pied ou louer une embarcation pour y naviguer tranquillement.
La portion entre San José del Cabo et Cabo San Lucas est sillonnée par une belle route
ponctuée de paisibles plages de sable blanc, de belvédères et bordée de terrains de golf
et d’hôtels, dont d’immenses et luxueux complexes. Lovée à la pointe d’une longue
péninsule, dans la Bahía San Lucas , Cabo San Lucas possède un charme certain
et de magnifiques attraits naturels.
Au centre d’un petit parc à l’entrée de la ville, un grand marlin sculpté dans la pierre
représente bien l’un des principaux attraits de Cabo, la pêche aux gros poissons. Le
Paseo de la Marina compte un musée marin, des boutiques, des bars et des restaurants
et bourdonne en soirée d’une animation particulièrement fébrile. La Marina est un
endroit des plus agréables qui grouille d’activités tournées vers la mer. Longeant la
marina, le Malecón , une voie piétonne revêtue, côtoie la mer sur une bonne
distance et permet de déambuler tranquillement et de s’arrêter dans l’un des restaurants
flanqués de jolies terrasses. Dans la ville, le zócalo, vaste et joli avec son kiosque et
ses arbres, accueille, le soir, les amoureux et les familles.
Le Malecón de Cabo San Lucas.
© iStockphoto.com/SPrada

La Bahía San Lucas constitue un refuge pour plusieurs espèces d’oiseaux, de


mammifères marins et de poissons. Elle offre donc aux amateurs la possibilité
d’observer une faune diversifiée (poissons tropicaux, pélicans, otaries) et assez peu
farouche qui se laisse approcher. Une excursion en bateau vous permettra de voir de
plus près la zone appelée Finisterra . Vous pourrez admirer les rochers du Cerro
del Vigía, qui ferment la péninsule de Baja California, et sillonner les eaux qui
marquent la rencontre entre deux mers : la mer de Cortés et l’océan Pacifique. Parmi les
formations rocheuses les plus spectaculaires, notons la Ventana del Pacífico
(fenêtre sur le Pacifique), El Arco , dont l’ouverture d’une rondeur presque
parfaite est percée à même le cap qui plonge dans la mer, l’Alfil , dont la silhouette
ressemble étrangement au contour de la péninsule de Baja, et la Bruja (sorcière), dont
le profil tout à fait reconnaissable s’offre en permanence aux flots du Pacifique.
El Arco. © iStockphoto.com/fallbrook

Playa del Amor compte parmi les plus beaux attraits de Cabo. Cette superbe
plage de sable blond est baignée par deux mers et lovée entre les roches du Finisterra.
Le site s’avère idéal pour la plongée-tuba et la plongée sous-marine, puisque l’eau du
côté de la Bahía San Lucas est d’une limpidité parfaite et abrite une riche vie marine.
Attention toutefois, du côté du Pacifique il n’est pas recommandé de se baigner, la mer
étant dangereuse; la plage porte d’ailleurs de ce côté le nom de Playa del Divorcio
(plage du divorce)! Vous pourrez y admirer à loisir les aspérités de la pierre et la
végétation qui s’y accroche, observer les otaries qui se tiennent sur les rochers des
alentours ou explorer l’une des cavernes creusées par le ressac. Bref, un lieu idéal pour
la détente et l’exploration!
Longue plage de sable blanc qui entoure presque toute la Bahía San Lucas, la très jolie,
populaire et festive Playa El Médano propose les formations rocheuses du
Finisterra comme toile de fond. Ses eaux tranquilles sont propices à la baignade, mais
sur de courtes distances, puisque les nageurs doivent partager l’espace avec les
nombreux bateaux et motomarines.
Longer la côte Pacifique en direction nord, vers Todos Santos, offre une belle occasion
d’admirer des scènes grandioses : entre la mer, qui se brise sur des rochers escarpés, et
la montagne, le désert se hérisse de majestueux cactus. Todos Santos est une jolie
et agréable petite ville où plusieurs artistes venus du nord ou d’ailleurs au Mexique ont
choisi de s’établir. On y trouve donc de nombreuses galeries d’art et d’artisanat. Face
au zócalo s’élève l’Iglesia Nuestra Señora del Pilar (1748), dont le parvis offre
une belle vue sur les environs. Derrière l’église se dresse l’Hotel California, qui
attire les inconditionnels du rock qui prétendent qu’il a inspiré la chanson mythique du
même nom au groupe américain The Eagles.
Un peu plus loin dans la Calle Obregón, le dynamique Centro Cultural abrite un petit
musée d’histoire locale qui renferme toutes sortes d’objets permettant de se faire
une bonne idée de l’histoire de la région. Le hall d’entrée du Centro Cultural se pare
d’une belle fresque datant de 1930, au fort caractère révolutionnaire.
Todos Santos s’anime au mois de février pendant la Fiesta de Artes, un festival qui
attire des artistes de tous les courants, et au mois d’octobre lors des célébrations
religieuses et culturelles de la Fiesta de la Virgen del Pilar.
Les visiteurs qui veulent se rendre dans l’État de Sinaloa, de l’autre côté du golfe de la
Californie, peuvent prendre le traversier à La Paz. Ils débarqueront au port de
Topolobampo (Los Mochis) ou de Mazatlán.
La ville portuaire et balnéaire de Mazatlán est surtout reconnue pour son Carnaval
, l’un des plus importants au monde, qui a lieu au mois de février et dont les
festivités s’étendent sur plus d’une semaine. La ville est aussi appréciée pour ses
plages, avec pour toile de fond les îles de Pájaros et de Venados, son très joli malecón
et sa zone touristique appelée zona dorada, avec hôtels, boutiques et restaurants. Ne
manquez pas de visiter l’Acuario Mazatlán , qui est beaucoup plus qu’un simple
aquarium! On y propose en effet une foule d’activités et d’installations dont un musée,
un sentier parcourant un jardin botanique abritant des aires zoologiques (oiseaux,
grenouilles, crocodiles), de la plongée avec des requins, des otaries et des raies, des
spectacles animaliers et des bassins tactiles.
Los Mochis offre pour sa part quelques attraits dignes de mention, entre autres le très
agréable Jardín Botánico Benjamín F. Johnston (dans le Parque Sinaloa), un vaste
espace verdoyant qui recèle aussi les vestiges de la Casa Grande Mansión. Ce
bâtiment appartenait jadis à l’Américain Benjamin Francis Johnston, qui a implanté un
important moulin à canne à sucre à Los Mochis. Près de là se trouve le Museo
Regional del Valle del Fuerte, un musée d’art contemporain et un très dynamique
promoteur de la culture régionale.

Le Ferrocaril Chihuahua al Pacífico traverse les Barrancas del Cobre. ©


iStockphoto.com/Holger Mette

C’est à Los Mochis que débute le chemin de fer panoramique qu’est le Ferrocaril
Chihuahua al Pacífico , aussi appelé El Chepe, qui traverse les paysages à
couper le souffle des Barrancas del Cobre (les « canyons du cuivre » : une
vingtaine de canyons dont les sommets frôlent les 3 000 m d’altitude) et qui termine son
périple d’une quinzaine d’heures à Chihuahua, dans l’État du même nom. Il est possible
de faire des arrêts dans quelques petites villes, dont Creel, dotées d’hôtels et de
services touristiques, afin de mieux profiter du périple.

De Chihuahua à Monterrey
Capitale étatique fondée en 1709, la ville de Chihuahua possède des attraits
majeurs, entre autres le Museo Histórico de la Revolución , installé dans la «
Quinta Luz », l’ancienne résidence du héros de la Révolution mexicaine Pancho Villa.
Le musée traite de l’histoire de ce personnage et de la Révolution par le biais de
photographies, murales, meubles et objets, dont la voiture dans laquelle Pancho Villa se
trouvait lorsqu’il fut assassiné à Hidalgo del Parral, en 1923.

Chihuahua. © iStockphoto.com/Esdelval

L’impressionnante cathédrale (1725) de Chihuahua dresse sa splendide façade


baroque sur la Plaza de Armas. Le soir venu, on y projette un spectacle son et lumière.
À quelques rues, le Palacio de Gobierno , un bâtiment aux allures austères, renferme
une série de splendides murales dont l’une présente la mort de Miguel Hidalgo, ce
prêtre et leader de la guerre d’indépendance du Mexique (1810-1821). Vu qu’il est
considéré comme le « père de la nation », un autel à l’intérieur du bâtiment, l’Altar de
la Patria, commémore l’endroit où il fut fusillé par les Espagnol en 1811. À côté du
Palacio se trouve la Casa Chihuahua, un centre culturel et patrimonial, dont les
activités et les expositions portent sur l’histoire, l’archéologie et les arts. Installé dans
une demeure de style Art Nouveau, le Centro Cultural Universitario Quinta Gameros
présente une collection étoffée de meubles d’époque.
Au sud de la ville, près du Río Chuvíscar, on peut apercevoir les majestueux vestiges
d’un ancien aqueduc (1751) qui s’étendent sur près de 5 km.
Paquimé. © DiSchamelrider

Les amateurs d’histoire et d’archéologie ne manqueront pas de faire une excursion aux
ruines pueblos de Paquimé , situées près de la ville de Casas Grandes, à quelque
240 km au nord de Chihuahua. Le peuple Pueblo, qui disparut à l’arrivée des
Espagnols, occupa le site dès 700 de notre ère et y prospéra au cours des XIVe et XVe
siècles. La zone présente les ruines d’innombrables habitations délimitées par d’épais
murs d’adobe, toujours visibles. Les habitants de Paquimé auraient entretenu des
relations commerciales et culturelles à la fois avec les Pueblos du sud des États-Unis et
les différents groupes autochtones du sud du Mexique et de l’Amérique centrale.
Capitale du Nuevo León, Monterrey , entourée de montagnes, est située dans un
cadre d’une beauté saisissante. Le Cerro de la Silla, qui lance ses quatre pointes
rocheuses caractéristiques vers le ciel, apporte une touche dramatique au paysage.
Fondée en 1596, la ville est aujourd’hui un centre économique et industriel des plus
importants. Jeune et dynamique, Monterrey est également considérée comme la capitale
culturelle du nord du Mexique et un endroit où la qualité de vie est parmi les meilleures
au pays.
Près de la splendide Catedral Metropolitana de Nuestra Señora de Monterrey, le
Barrio Antiguo est le quartier historique de Monterrey. Les visiteurs s’y rendent le
jour (le secteur n’est pas recommandé le soir venu) et déambulent dans les rues pavées
parmi les édifices anciens dont les façades ont été admirablement préservées.
Non loin de là, le Museo de Arte Contemporáneo de Monterrey se distingue
par ses expositions d’avant-garde de grande qualité et la beauté de ses installations. Le
musée borde la Macroplaza , ce long parc compris entre le Río Santa Catarina et
le Palacio de Gobierno, qui présente un intéressant amalgame de monuments,
bâtiments, fontaines et autres éléments architecturaux de facture coloniale et moderne. À
l’est du Palacio de Gobierno, une promenade piétonne longe le magnifique Paseo de
Santa Lucía , un canal de 2,5 km aux eaux turquoise, achevé en 2007.
Le canal se termine dans le Parque Fundidora , un vaste parc urbain aménagé sur le
site d’une ancienne fonderie (1900). En plus d’exposer un intéressant patrimoine
industriel, dont de hautes cheminées, le parc abrite des musées, un amphithéâtre, un
centre d’art et un parc thématique. Ancien haut fourneau converti en musée et restaurant,
le Museo del Acero Horno 3 est un excellent centre interactif de sciences et
technologies qui mérite qu’on s’y attarde. Une promenade, installée au sommet de la
structure, permet de bénéficier d’une superbe vue. Les plus courageux pourront
descendre en combinant les joies de la tyrolienne et de la descente en rappel, et
traverser ensuite un pont suspendu.
Le Museo del Acero Horno 3, à Monterrey. © Berenice Garcia

Plusieurs excursions incontournables sont organisées autour de Monterrey. Elles mènent


entre autres vers les Grutas de García , de magnifiques grottes découvertes en
1843, qui s’étendent sur 3,5 km sous le massif du Cerro del Fraile. Avec ses
belvédères offrant des vues saisissantes sur la ville et ses aires de jeux qui plaisent aux
enfants, le Parque Ecológico Chipinque est pour sa part l’endroit idéal pour faire de
belles randonnées pédestres à proximité de Monterrey.
Les grands thèmes
Loisirs et plein air
Les peuples de la Mésoamérique préhispanique pratiquaient un sport rituel, le jeu de
balle ou jeu de « pelote ». Les anthropologues estiment qu’il date de 3 000 ans. Il porte
plusieurs noms selon la zone géographique où on le pratiquait : ulama, tlachtli ou
ullamalitzi en nahualt, la langue des Aztèques, pits en maya classique, pok ta pok en
maya péninsulaire, taladzi en zapotèque. Tous les sites archéologiques majeurs du
territoire mexicain comportent un espace pour le jeu de pelote, dont les origines
remontent au deuxième millénaire avant Jésus-Christ.
Ce sport se pratiquait avec une balle de caoutchouc que se relançaient deux équipes, sur
un terrain généralement en forme de H. L’iconographie et certains récits anciens
illustrent des joueurs se renvoyant la balle ou munis de bâtons. Comme au soccer
(football), l’usage des mains pour renvoyer la balle était interdit, mais les pieds non
plus ne devaient pas toucher la balle. Celle-ci ne pouvait être envoyée en zone adverse
qu’au moyen des genoux, des coudes, des hanches ou des fesses. Le but du jeu était
d’empêcher que le ballon, qui pesait jusqu’à trois kilos et plus, ne touche le sol. Le jeu
de pelote était beaucoup plus qu’une joute sportive. Symbole religieux et divinatoire, il
servait aussi à résoudre des conflits entre adversaires et faisait également figure de
tribunal. Les archéologues croient qu’il impliquait des sacrifices humains pour l’équipe
perdante ou gagnante.

Le football
S’il y a un sport qui enflamme la passion des Mexicains, c’est bien le football (fútbol)!
Il s’agit d’un sport universel qui allie la force physique à la stratégie et qui peut se
pratiquer de façon rudimentaire dans la rue, par des enfants (et des plus grands)
provenant de tous les milieux sociaux. En termes de popularité, il est l’équivalent du
hockey pour les Canadiens ou du football américain pour les citoyens des États-Unis.
Les parties importantes, disputées dans le cadre de championnats, mobilisent le pays
tout entier.
Il existe plusieurs tournois nationaux et continentaux de football professionnel,
fidèlement suivis par les partisans. La Ligue mexicaine de football comprend quatre
divisions : la Liga MX, la Liga de Ascenso, la Segunda División et la Tercera División.
Les trois premières catégories regroupent à elles seules une soixantaine d’équipes.
L’équipe nationale participe généralement à la Coupe du monde et aux Jeux olympiques.
Le Mexique a participé à 14 Coupes du monde, remporté neuf trophées continentaux
pour la Coupe d’or de la CONCACAF et une médaille pour la Coupe des
Confédérations de la FIFA, obtenue en 1999. Les plus grandes victoires de l’équipe
nationale sont celles du Coupe du monde Sub-17 en 2005 et sa médaille d’or lors des
Jeux olympiques de Londres en 2012. En 1970, le Mexique a été l’hôte de la Coupe du
monde, deux ans après avoir accueilli les Jeux olympiques de 1968.
Avec ses quelque 100 000 sièges, le stade Aztèque (Estadio Azteca), situé à México,
est l’un des plus grands stades au monde en termes de capacité (nombre de spectateurs
assis).
Dans le nord du pays, la popularité du baseball et du basketball s’explique par la
proximité des États-Unis.

La tauromachie
Legs controversé de l’Espagne, la tauromachie a fait son entrée au Mexique dès le début
du XVIe siècle. En 1527, Juan Gutiérrez de Altamirano, un cousin de Hernán Cortés,
importe un couple de taureaux et de vaches de la province de Navarre. Le 13 août 1529,
a lieu la première corrida pour commémorer l’anniversaire de la prise de Tenochtitlán,
après une guerre d’usure et un siège qui avait réduit ses habitants à la famine.
Depuis 2011, plusieurs États mexicains ont déclaré la corrida patrimoine culturel
immatériel. L’État d’Aguascalientes, qui accueille la plus grande foire de tauromachie
au pays, soit la célèbre fête foraine, bovine et équine de San Marcos, a été le chef de
file de cette initiative. Les États de Hidalgo, Guanajuato, Zacatecas, Querétaro et
Tlaxcala ont depuis emboîté le pas. Ces décrets ont pour objectifs la protection, la
promotion et la valorisation de la tauromachie. Ils protègent la tenue des corridas, qui
ont fait l’objet, comme partout d’ailleurs, de campagnes visant leur abolition en raison
de la cruauté envers les animaux. Les gouvernements de ces États sont tenus de diffuser
toutes les manifestations culturelles, sociales et économiques liées à la tauromachie.

La charrería
Équivalent mexicain du rodéo, la pittoresque charrería est considérée par plusieurs
comme le sport national. Haute en couleur, cette démonstration d’habileté physique et
manifestation du folklore mexicain a donné naissance au personnage archétypal du
charro. Le spectacle officiel comprend toujours des prétendues escarmouches
(escaramuzas), à savoir des chorégraphies réalisées au trot ou au galop par des femmes
montant en amazone et habillées en Adelita, le personnage féminin emblématique de la
Révolution mexicaine.
Un spectacle de charrería. © iStockphoto.com/GomezDavid

La boxe
La boxe jouit au Mexique d’une grande popularité. À preuve, le Mexique compte le plus
grand nombre de champions du monde dans cette discipline. Chez les hommes,
Salvador Sánchez, Ricardo López (alias El Finito), Rubén Olivares (alias El Púas),
Raúl Macías (alias El Ratón) et Érik « le Terrible » Morales ont laissé leur marque
dans les annales de ce sport. Chez les femmes, on a vu illuminer le ring des boxeuses
mythiques comme Ana María Torres (alias La Guerrera) et Jackie Nava, entre autres.
Les boxeurs de l’heure sont Saúl Álvarez (alias El Canelo) et Julio César Chávez
Junior.

La lutte
La lutte (lucha libre) est un sport ou un spectacle (selon l’œil qui la regarde) qui jouit
d’une longue et solide tradition au Mexique, surtout au sein des classes populaires. Mis
à part la question de savoir s’il s’agit d’un sport ou d’une manifestation pittoresque (ou
vulgaire) du « showbiz », elle représente au pays un passe-temps non négligeable. Elle
a engendré des héros presque mythiques (qui sont toujours masqués) comme El Santo,
le lutteur au masque d’argent, et son rival Blue Demon, qui ont acquis une célébrité
telle qu’ils font maintenant partie du patrimoine national.

Des masques de lutteurs. © iStockphoto.com/maodesign

Même en niant leur valeur sportive, on ne peut cesser d’admettre que les
représentations de lutte constituent un spectacle haut en couleur, plein d’acrobaties. Au
Mexique, la lutte n’est pas seulement un sport accessible à tous, mais aussi un
événement collectif qui frise tantôt l’hystérie, tantôt la magie du cirque, où le public
participe activement.

L’écotourisme
Avec son extraordinaire biodiversité et sa géographie particulière qui présente déserts,
forêts tropicales, cimes de volcans enneigés, mangroves, récifs coralliens et chaînes de
montagnes, le Mexique possède un énorme potentiel d’activités écotouristiques. Bien
qu’elle ne capte actuellement que 5% du tourisme au pays, il s’agit d’une industrie qui
se développe lentement mais sûrement. On trouve aujourd’hui à loger, le plus souvent
dans des chalets ou de petits bungalows, dans des endroits parfois difficiles d’accès ou
éloignés des centres touristiques de masse.
Plusieurs agences de voyages régionales ou nationales organisent des excursions pour
observer la migration des baleines au large des côtes du Pacifique (de décembre à
avril), pratiquer la plongée sous-marine et la plongée-tuba dans les récifs coralliens
(les deuxièmes au monde après la Grande Barrière), visiter les sanctuaires de
reproduction du papillon monarque à Michoacán, admirer les cascades de la Huasteca
(dans la partie centrale de la Sierra Madre orientale), faire du parapente dans les zones
montagneuses d’Orizaba (État de Veracruz), l’El Salto (État de Guanajuato), de Tapalpa
(État de Jalisco) ou dans le Valle de Bravo (État de México).
Les sports extrêmes comme le rafting et le kayak sont de plus en plus populaires. Les
rapides de la rivière Lacanja (au Chiapas) comme ceux de la rivière Tampaón (San Luís
Potosí), ceux des rivières Filobobos et La Antigua (Veracruz) et ceux de la rivière
Amacuzac (Morelos) sont devenus des destinations populaires pour le rafting.
Les aires protégées qui couvrent le territoire du Mexique sont réparties en 41 réserves
de biosphère, 66 parcs nationaux, 38 zones de protection de la faune, 18 sanctuaires et 5
monuments naturels.

La faune et la flore
La biodiversité, sceau du Mexique
Le Mexique, de plus en plus conscient de la richesse que représente la grande variété
de ses écosystèmes, développe en ce moment une stratégie globale de conservation. Il a
signé en 1992 l’Accord international sur la diversité biologique et, à travers certains
organes comme la Commission nationale de la biodiversité (CONABIO), il a établi un
programme de protection à plusieurs volets qui vont de l’éducation du public à
l’établissement de zones protégées en passant par les campagnes spécifiques à une
espèce comme celle visant à sauver la tortue marine par la surveillance des lieux de
ponte. Le commerce d’espèces animales exotiques est contrôlé. Le pays compte 176
aires protégées (parcs nationaux, réserves, sanctuaires) administrées par la Commission
nationale des zones naturelles protégées (CONANP).

Une richesse naturelle inouïe


Avec plus de 700 espèces connues, le Mexique contient le plus grand nombre
d’espèces de reptiles au monde. Il arrive deuxième pour ce qui est du nombre
d’espèces de mammifères, quatrième pour les espèces d’amphibiens et la variété
de plantes. Il compte également plus de 1 000 espèces d’oiseaux dont une centaine
sont endémiques. Deuxième pays au monde en termes de variété d’écosystèmes, il
se classe au quatrième rang pour le nombre total d’espèces vivantes qu’il abrite.

Un Tamandua du Mexique.
© iStockphoto.com/MikeLane45

Parmi les espèces animales endémiques, citons le jaguar (qui a une place importante
dans les légendes et les mythes du pays), le tatou à queue nue, le lamantin, le singe
hurleur, le quetzal, le cacomixtle (un genre de raton), le pejelagarto (une sorte de
brochet crocodile), le marsouin du golfe de Californie et le xoloitzcuintle (aussi appelé
« chien nu du Mexique »), une race de chien sans pelage très ancienne et rare. Bien sûr,
la protection de l’environnement, comme partout ailleurs, fait face aux graves défis
posés par les intérêts du capital et l’appât du gain à court terme.
Le Centre de surveillance de la conservation de la nature (UNEP-WCMC), une agence
du programme des Nations unies pour l’environnement, a inventé le concept de
mégadiversité et accordé ce statut à 17 pays dans le monde, dont le Mexique. Bien que
les pays mégadivers, mis ensemble, occupent moins de 10% de la surface terrestre, ils
abritent pourtant 70% des espèces trouvées sur Terre.
Avec ses 200 000 espèces végétales et animales, le Mexique est non seulement classifié
comme pays mégadivers, mais il affiche aussi une des plus grandes richesses
biologiques par mètre carré, préservant à lui seul de 10% à 12% de la biodiversité
mondiale. L’historien américain Daniel Boorstin, dans son bijou d’érudition intitulé Les
découvreurs, parle du choc idéologique que causa la découverte de cette véritable
pléthore d’animaux inconnus rapportée par les conquistadors, navigateurs et
explorateurs du XVIe siècle.
Malgré cette abondance peu commune de ressources naturelles, le Mexique, comme de
nombreux pays tropicaux, accuse un grand retard économique. Le fait que la moitié de
sa population vit dans des conditions matérielles précaires prouve que le
développement est une question de gestion et de politique, et qu’il a peu à voir avec les
dons de la nature. C’est ce manque d’opportunité qui fait du Mexique un pays de
diaspora. Pourtant les premiers Européens à fouler son sol y avaient vu un Eldorado.
Un caracara du Nord.
© iStockphoto.com/EcoVentures-Travel

Animaux emblématiques du Mexique


Le caracara du Nord, l’oiseau emblématique du pays, fait partie de la famille des
falconidés et apparaît sur le blason ornant le centre du drapeau national qui représente
un mythe très ancien. Une légende aztèque veut que les Mexicas aient erré des centaines
d’années en quête d’un endroit, signalé par les dieux, pour y fonder leur capitale
Tenochtitlán. Le signe divin tant attendu, annoncé par le dieu Huitzilopochtli (à savoir
un aigle dévorant un serpent, perché sur un figuier de Barbarie), leur apparut au terme
d’un très long pèlerinage sur une île lacustre. C’est pourquoi le chef-lieu de l’Empire
aztèque était situé au milieu du lac Texcoco.
Le papillon monarque, le jaguar et le quetzal figurent au palmarès des animaux
fortement symboliques au Mexique. L’extraordinaire papillon monarque met un terme à
sa longue migration pour venir se reproduire dans les forêts du Michoacán. En hiver,
l’écorce des arbres dans les forêts des hautes terres de cet État situé au nord-ouest de
México est couverte d’un frémissant tapis orange et noir.
Arts et société
L’architecture
Une vingtaine de sites à travers le Mexique sont inscrits sur la Liste du patrimoine
mondial de l’UNESCO en raison de leur valeur architecturale, tandis qu’une douzaine
d’autres figurent sur la liste d’attente et autant y sont inscrits comme sites naturels. Ils
témoignent de la valeur architecturale des bâtiments érigés par les Espagnols : les
cathédrales de toutes les villes mexicaines, les mairies et maisons de gouverneurs, les
couvents et monastères, ainsi que les haciendas sont tous des joyaux de l’architecture
espagnole. À cela, il faut ajouter l’architecture préhispanique, qui nous a légué des
merveilles comme les centres cérémoniels ou urbains de Teotihuacán, Monte Albán, El
Tajín, Uxmal, Chichén Itzá ou Palenque, sans compter la ville de Paquimé, dans le nord-
ouest du pays, où l’on peut encore voir les vestiges d’une cité aux logis multifamiliaux,
avec leurs murs en pisé.

Palenque. © iStockphoto.com/ChepeNicoli

Il ne subsiste malheureusement que peu de vestiges de la grande cité aztèque de


Tenochtitlán, sur laquelle fut érigée México. Il suffit cependant de lire les écrits des
premiers conquistadors pour comprendre sa splendeur. Bernal Díaz del Castillo, témoin
oculaire de la Conquête, dans sa célèbre chronique Historia verdadera de la conquista
de la Nueva España, écrivit ceci : « En voyant tant de villes et villages construits sur
l’eau, et d’autres localités reposant sur la terre ferme, nous avons été pâmés.
Certains pensaient qu’il s’agissait d’un sortilège, comme ceux qu’on décrit dans le
livre d’Amadis, car il y avait de grandes tours, des temples et des pyramides érigées
sur l’eau. D’autres se demandaient si tout cela n’était pas qu’un songe. »

Art churrigueresque
Caractérisée par une spectaculaire surcharge ornementale, l’architecture de style
baroque churrigueresque foisonne d’éléments décoratifs dorés, aux motifs réalistes.
L’origine de son nom provient de la famille espagnole Churriguera, dont les trois
frères sculpteurs se sont principalement démarqués par leurs réalisations
architecturales dans la ville de Salamanque, au XVIIIe siècle. Fait curieux, leurs
œuvres, plutôt sobres, s’avèrent peu représentatives de ce courant artistique,
pourtant nommé en leur honneur. En réalité, d’autres architectes espagnols, comme
Pedro de Ribera, incarnèrent ce style flamboyant qui fut très en vogue dans les
bâtiments religieux des villes coloniales mexicaines, comme le Templo de la
Compañía de Jesús (voir Cliquez ici) à Guanajuato.
Templo de la Compañía de Jesús, à Guanajuato. © Marc Rigole

La Conquête a emmené dans son sillage les styles architecturaux gréco-romains, où


l’influence arabe est manifeste (n’ignorons pas que l’Espagne s’est retrouvée pendant
des siècles sous occupation maure). Souvent, dans un intense effort d’évangélisation,
les églises, qui à l’époque coloniale poussaient comme des champignons, étaient
construites par-dessus les bâtiments rituels polythéistes autochtones. Des monastères et
d’autres constructions combinant les éléments de style précolombien et européen
(médiéval ou de la Renaissance), tel le style Tequitqui (« maçon » en nahuatl), voient le
jour. Les cathédrales et bâtiments municipaux seront plutôt de style baroque, néo-
baroque et maniériste. D’influence andalouse, les fermes seigneuriales (haciendas)
étaient d’architecture mozarabe, Renaissance espagnole et baroque.

Au XIXe siècle, le style néoclassique répond aux objectifs de la nation républicaine


naissante. On construit des édifices comme l’Hospice Cabañas à Guadalajara, dont les
murs se parent de murales phénoménales. Le romantisme favorisa la combinaison
d’éléments empruntés à l’Europe médiévale (incluant ses influences mauresques) et aux
civilisations précolombiennes. L’architecture coloniale mexicaine embrasse donc
plusieurs styles : gothique, plateresque, baroque, baroque sobre ou de transition,
ultrabaroque, salomonique et churrigueresque. Elle se caractérisait par de hautes
fenêtres, la présence d’arches ogivales, de rosettes et de vitraux, l’utilisation du plâtre
et de la pierre de taille (surtout pour le baroque), des murs très épais, des patios
intérieurs et l’inclusion d’éléments autochtones dans la décoration (comme les surfaces
plates sculptées au biseau). Un exemple classique d’architecture coloniale est l’ancien
couvent de Saint-Augustin, à Acolman, de style plateresque et datant du XVIe siècle.
Toutes les cathédrales et tous les couvents du Mexique, chacun en son style, sont de
brillants exemples d’architecture coloniale mexicaine.
Plus tard, l’Art nouveau et l’Art déco firent leur apparition (un bel exemple est le Palais
des beaux-arts à México). Le besoin d’amalgamer le style néoclassique et les symboles
préhispaniques témoignait d’un désir d’exprimer une identité nationale. Les édifices
dont les façades sont en tezontle (pierre volcanique), telle la Capilla Concepción
Tlaxcoaque ou le Palais du gouvernement à México, en sont de claires manifestations.
Parmi les architectes modernes, on ne pourrait garder sous silence les noms de José
Villagrán García, Juan O’Gorman (le Frank Lloyd Wright mexicain, dont l’œuvre
maîtresse est la façade de la bibliothèque centrale de l’Université nationale autonome
du Mexique) et Luis Barragán. Ce dernier incarne la « mexicanité » par l’usage de
lignes géométriques et de couleurs vives où prédominent le fuchsia, le bleu ciel et le
mauve, des coloris qu’on retrouve dans les paysages naturels du Mexique (le rose et le
violet des bougainvilliers ou des jacarandas, l’azur du firmament).

La littérature
Pays de grands écrivains, le Mexique peut se vanter d’avoir vu naître le lauréat du prix
Nobel de littérature 1990, le poète et essayiste Octavio Paz. Son poème Pierre de soleil
(1957) et Le labyrinthe de la solitude (1950), un brillant essai sur la « mexicanité »,
sont ses livres les plus connus. Néanmoins, c’est une femme, religieuse de surcroît,
Sœur Juana Inés de la Cruz (1651-1695), qui est le premier génie littéraire national.
Avant elle, le poète autochtone du XVe siècle Netzahualcóyotl fut une figure importante
de la culture précolombienne.
Octavio Paz en 1988. © Jonn Leffmann

Parmi les auteurs classiques, citons Amado Nervo et Manuel Acuña. Des romanciers
comme Mariano Azuela ou Agustín Yáñez décrivent dans leurs œuvres Los de abajo
(1916) et Al filo del agua (1947), devenues incontournables, l’époque convulsée de la
Révolution. Dans le contexte du conflit armé, ils abordent brillamment le sujet de la
pauvreté de la paysannerie. Ramón López Velarde et José Juan Tablada s’ouvrent pour
leur part à la poésie moderne, alors que du courant réformiste du milieu du XXe siècle
est issu un groupe littéraire de poètes baptisé les Contemporáneos. Ce groupe, qui vit
le jour avec Xavier Villaurrutia, Gilberto Owen, Carlos Pellicer et Salvador Novo,
innove avec une poésie moderne, éloignée de la métrique traditionnelle.

La Malinche
La figure indigène emblématique de la Conquête est sans aucun doute La Malinche.
Alonso Hernández Puertocarrero, membre de l’expédition de Cortés issu de la
noblesse, fit cadeau à ce dernier de cette jeune autochtone qui lui avait été « donnée
». Cortés, la sachant très utile, l’utilisa pour faciliter ses contacts avec les
populations locales. Elle apprit vite l’espagnol et, parlant déjà plusieurs langues
régionales, ne tarda pas à devenir interprète (voir Cliquez ici). À la fois symbole
de trahison et de victime consentante, parce qu’elle partageait le lit du conquérant,
avec qui elle eut un fils, reconnu comme le premier Métis du Mexique, elle
contribua largement à la Conquête et elle est considérée par plusieurs comme la
mère symbolique du peuple mexicain.

La Malinche, sur une murale du Palacio de Gobierno, à Tlaxcala. © Wolfgang


Sauber

Cette notion de victime consentante traversera d’ailleurs toute l’histoire du


Mexique. Elle hante encore son inconscient collectif. Fondamentale pour
comprendre le tempérament national, elle explique partiellement la tolérance face à
la corruption, qui est traitée avec un grand fatalisme. Le concubinage de La
Malinche et du conquistador ne durera pourtant pas longtemps, car devenu veuf de
sa première femme, Catalina Juárez, Cortés retourna temporairement en Espagne y
épouser en secondes noces Juana de Zúñiga (1529). On retrouve fréquemment
l’esprit de La Malinche dans les œuvres d’art, les célébrations et les manifestations
cultuelles mexicaines. On retrouve son image dans d’innombrables œuvres, entre
autres La Aprendiz de bruja (1983) de l’écrivain cubain Alejo Carpentier, le
recueil de nouvelles L’oranger (1993) de Carlos Fuentes, le récit Malinche (2006)
de Laura Esquivel, le poème La Malinche (1972) de Rosario Castellanos et
l’opéra La noche triste (1989) de Jean Prodromidès. En arts visuels, notons la
célèbre fresque Cortés y La Malinche (1926) de José Clemente Orozco, dont
l’iconographie dépeint clairement le rapport de force des colonisateurs et l’union
des peuples espagnol et autochtones, dont le métissage donnera naissance au
Mexique moderne.

Parmi les prosateurs, le plus connu est indubitablement Carlos Fuentes, célèbre pour sa
polyvalence et considéré comme le père de l’essor littéraire latino-américain. Dans La
región más transparente (1958), Fuentes examine un sujet abordé pour la première fois
dans la littérature nationale, la vie complexe et moderne d’une mégapole comme
México. Dans Aura (1962), il offre au lecteur un exemple raffiné de littérature
fantastique. Fernando Del Paso, avec son chef-d’œuvre Noticias del Imperio (1987),
apporte à la littérature mondiale un roman historique des plus imagés, qui dépeint le
court règne de Maximilien au Mexique et la folie de Charlotte de Belgique. Juan José
Arreola fait pour sa part irruption sur la scène littéraire nationale comme premier
nouvelliste mexicain expérimental, avec les récits imprégnés de surréalisme, de thèmes
fantastiques, de parodies et d’humour noir de Confabulario (1952) et de La Feria
(1963).
Les romans et chroniques des chefs de file des nouvelles générations, Xavier Velasco,
Daniel Sada, Jorge Volpi, entre autres, s’inscrivent dans la foulée de la littérature
contemporaine, qui aborde une multitude de thèmes et souscrit à tous les courants
littéraires. Avec Diablo guardián (2003), Velasco aborde le sujet de la prostitution et
de la drogue qui préoccupe la société mexicaine. De son côté, Sada, auteur du roman
Casi nunca (2008), explore à fond les possibilités de la narration à un rythme effréné,
par des prouesses langagières mélangeant la prosodie (étude du rythme) de la poésie et
les expressions du langage familier.
Les sujets abordés dans la littérature mexicaine sont souvent traités avec la touche
magique ayant caractérisé l’essor de l’art latino-américain moderne. On y retrouve la
richesse mythologique des traditions autochtones ainsi que des éléments d’hagiographie,
des exploits de personnages légendaires dont la vie frise souvent le mythe.
L’idiosyncrasie du Mexique, avec ses couleurs, son désert, sa religiosité, sa
problématique sociale centrée sur la pauvreté, les inégalités, le monde autochtone, les
déboires politiques d’une société en voie de démocratisation, les magnicides, la
corruption, la migration et le crime organisé, donne certainement matière à écrire.

Juan Rulfo. Domaine public

Toutefois, les deux chefs-d’œuvre qu’a donnés le pays à la littérature universelle sont le
recueil de nouvelles Le llano en flammes (1953) et le roman Pedro Páramo (1955) du
monumental écrivain Juan Rulfo (1917-1986). Le llano en flammes porte sur la guerre
des Cristeros (voir Cliquez ici), aussi nommée la Guerra Cristera, une confrontation
armée ayant fait rage de 1926 à 1929 entre l’Église et les révolutionnaires fédéraux.
Rulfo racontera que l’image de « la plaine en flammes » lui venait des troupes
gouvernementales parcourant la campagne durant la nuit, flambeaux à la main. Ces
troupes s’opposaient aux fanatiques catholiques qui criaient « Vive le Christ Roi » à
leur approche.

La peinture
Les débuts de l’art pictural mexicain se perdent dans la nuit des temps. Dans des grottes
de Basse-Californie, on retrouve des peintures rupestres datant de 7 500 ans. Les
cultures précolombiennes accordaient une grande importance aux fresques. À preuve,
les dessins ornant les codex aztèques (dont le plus célèbre est le Codex Moctezuma) et
mayas, la céramique et les tenues traditionnelles, sans compter les murales qui décorent
les temples et pyramides de Bonampak, Teotihuacán, Cacaxtla ou Monte Albán.
À l’époque coloniale et durant la vice-royauté, la peinture murale visant à embellir les
couvents et les résidences des nantis connut un grand essor. Les œuvres étaient réalisées
surtout par des peintres autochtones travaillant sous la direction d’un prélat. Ces artistes
très habiles, aux côtés de maîtres européens et néo-hispaniques, ont enrichi leurs
pinceaux de l’art baroque et maniériste. Ils nous ont laissé des chefs-d’œuvre de
peinture religieuse. Parmi les noms à retenir figurent ceux de Baltasar de Echave Rioja,
qui a peint L’église militante (environ 1685) et Le triomphe de l’Église et de
l’Eucharistie (1675), de Cristóbal de Villalpando, à qui l’on doit La lactation de
Santo Domingo (environ 1690), et de Juan Correa, qui a autographié La Pâques de
Marie (1698).

Frida Kahlo (1907-1954)


Que serait la peinture mexicaine du XXe siècle sans des toiles comme Autoportrait
au collier d’épines et colibri ou Autoportrait au singe, toutes deux de 1940, ou
encore La colonne brisée, peinte en 1944? Symboliste, expressionniste,
hyperréaliste, naïve, surréaliste, tous les qualificatifs s’appliquent à cette artiste
aussi passionnée qu’inclassable que fut Frida Kahlo. Un corps brisé par la
poliomyélite et un accident d’autobus à l’âge de 18 ans (survenu le 17 septembre
1925) la rendra non seulement incapable de mener à terme une grossesse tant
attendue, mais la laissera en proie à de grandes douleurs physiques. Ce corps lésé
qui apparaît sur un de ses tableaux, hors de son corps tel un objet surnuméraire, se
mire sans cesse sur le canevas comme s’il s’agissait d’un miroir où par magie, sous
le pinceau coloré de sa porteuse, il se parait des couleurs de cette terre où les
plates-bandes fleurissent toute l’année. Les tableaux de Frida sont comme un jardin
des merveilles traversé par la souffrance. Des singes, des cerfs à queue blanche
ayant son propre visage, des araignées colorées, des xoloizcuintles (chiens nus
mexicains), des déités précolombiennes, des papillons monarques, des fœtus, des
callas (souvent en gerbes blanches), tout ce qui est typique du Mexique traverse son
œuvre comme dans un défilé de fantômes bienveillants.
Frida Kahlo en 1932. Domaine public

Le XIXe siècle est marqué par le paysagisme et l’art du portrait. On retiendra pour la
richesse de leur palette les noms, entre autres, de Santiago Rebull, José Obregón et
Julio Ruelas, qui, avec des tableaux comme La mort de Marat (1875) ou La découverte
du pulque (1869), traitent avec dramatisme les événements historiques. Le paysagiste
ayant la plus grande renommée au XIXe siècle est José María Velasco Gómez, qui a
laissé sur toile des paysages exquis où sont dépeints les volcans, les villages et les
agaves des hautes terres semi-arides que l’on croirait sortis du roman Au-dessous du
volcan de Malcolm Lowry, publié en 1947. Les toiles à sujets fantastiques de Julio
Ruelas (1870-1907), qui seront reprises plus tard par le surréalisme, apparaissent
comme un point de rupture du style paysagiste.

C’est toutefois au XXe siècle que l’art pictural mexicain se déploie dans toute sa
splendeur. Aucun autre pays d’Amérique latine n’a apporté de si grands noms à la
peinture mondiale. Diego Rivera, David Alfaro Siquieros et José Clemente Orozco, les
trois piliers du muralisme, ont exercé, avec leur « art public », une influence décisive
sur les générations suivantes. Leurs impressionnantes murales, commanditées par les
gouvernements postrévolutionnaires (et même les États-Unis), présentent un amalgame
de thèmes, ancestraux, autochtones et modernes. Elles constituent un retour aux sources.
Le chef-d’œuvre d’Orozco, L’homme de feu (murale peinte en 1938 et 1939), qui orne
les murs de l’Institut Cabañas à Guadalajara, fait partie d’une série de fresques
dépeignant l’histoire violente de la Conquête et de la colonie.

De surcroît, on ne saurait omettre au XXe siècle les noms suivants : Dr. Atl, Rufino
Tamayo, Frida Kahlo, José Guadalupe Posadas (un génie de l’illustration et de la
gravure ayant créé le personnage du squelette qui traversera tout l’art contemporain du
pays), Manuel Felguérez, Saturnino Herrán, Francisco Toledo, María Izquierdo, José
Luis Cuevas, Rafael et Pedro Coronel, Raúl Anguiano et Juan Soriano. Parmi ces
grands peintres modernistes, Rufino Tamayo (1899-1991), maître de l’abstraction
figurative, a laissé des œuvres comme Trois personnages (1970), où le traitement des
couleurs vives s’allie à des formes à cheval entre le figuratif et l’abstrait. Avec des
œuvres comme Nos anciens dieux (1916), Herrán a pour sa part dépeint magistralement
le passé autochtone du Mexique.
Chez les surréalistes, Leonora Carrington, Britannique installée au Mexique, et
Remedios Varo Uranga ont capturé, sur leurs toiles regorgeant d’êtres surnaturels, des
symboles cabalistiques, des alchimistes et des mages, membres d’un bestiaire
fantastique. En peinture comme en littérature, la créativité est foisonnante.
Parmi les artistes visuels qui se démarquent au Mexique, notons également le
photographe de premier ordre Manuel Álvarez Bravo, qui a dépeint par de dramatiques
clairs-obscurs le monde paysan et autochtone.

La sculpture
La sculpture mexicaine puise elle aussi ses racines dans son passé précolombien,
comme en témoignent les géants de Tula (qui rappellent les statues de l’île de Pâques)
et les monumentales têtes olmèques exhibées entre autres à Villahermosa. Chez les
sculpteurs métis et créoles du XVIIe siècle, le classicisme européen prédomine.
Jusqu’au tournant du XIXe siècle, les sculpteurs s’évertuent à représenter tantôt des
scènes religieuses ou bibliques, tantôt des allégories symbolisant les mouvements
d’insurrection ayant secoué le pays. Parmi les œuvres de cette époque se trouvaient des
statues de personnages préhispaniques, de membres de cette aristocratie qui voyait
s’amenuiser son pouvoir et de la bourgeoisie montante, des chefs et caudillos
révolutionnaires. Plus tard, on glissera subrepticement de la sculpture à teneur
religieuse aux motifs civils, d’abord ceux affichant un caractère nationaliste, pour
développer ensuite des courants propres à la sculpture contemporaine.

Une tête olmèque. © iStockphoto.com/Quasarphoto

Au XXe siècle, plusieurs peintres se démarquent par leurs œuvres sculpturales : c’est
le cas de Juan Soriano, José Luis Cuevas, Enrique Carbajal dit Sebastián (créateur de
plusieurs sculptures urbaines monumentales) et Leonora Carrington.
Une statue de Sebastián près de Cabo San Lucas. © iStockphoto.com/wwing

La musique
Divers genres musicaux, dont certains sont associés à une danse, ont fleuri au Mexique.
Ils s’inspiraient souvent de la musique classique européenne de l’époque, comme la
valse mondialement connue Sur les vagues de Juventino Rosas, ou des rythmes
originaires de la musique folklorique comme le huapango ou le son huasteco.
Des joueurs de marimba.
© iStockphoto.com/Jorgeinthewater

Bien que l’opéra n’y ait jamais connu un grand essor, la musique d’orchestre compte
d’illustres représentants, dont les compositeurs Manuel M. Ponce et José Pablo
Moncayo (avec son fameux Huapango, inspiré du son traditionnel de Veracruz et joué
pour la première fois en 1941, et que plusieurs considèrent comme le second hymne
national du Mexique). Arturo Márquez est l’auteur de nombreux danzones (voir Cliquez
ici) pour orchestre de chambre. Sa composition la plus célèbre est le Danzón número 2,
devenu un classique du répertoire latino-américain. On ne saurait passer sous silence
Consuelo Velázquez, qui a composé Bésame mucho, chanson qui, à l’échelle mondiale,
a fait l’objet du plus grand nombre d’arrangements.
Les Espagnols ont introduit au pays les instruments à cordes, dont le seul connu chez les
peuples précolombiens était l’arc percuteur. Davantage rythmique que mélodique, la
musique préhispanique cherchait principalement à créer une atmosphère. Plus tard, ce
sont les rythmes d’origine antillaise qui devinrent populaires. Le boléro (ballade
accompagnée de guitare), grand favori du public, a connu un âge d’or entre 1940 et
1960. Des trios pour guitare et voix comme Los Panchos ont fait époque. Le son lui
aussi, né de la confluence autochtone, espagnole et africaine, figure parmi les rythmes
importants. Il s’agit d’un genre musical (mesure à six croches) dont l’instrumentation
varie selon les régions.
Les instruments de musique populaire ou folklorique varient d’ailleurs énormément d’un
État à l’autre : cordes et accordéon dans le nord; la harpe, le requinto (guitare à quatre
cordes), le tambourin et la jarana (guitare à huit cordes) à Veracruz; le marimba, genre
de gros xylophone, au Chiapas et au Yucatán.
La musique ranchera, un genre musical qui s’apparente à la musique western nord-
américaine, a connu son essor dans le nord du Mexique à compter de la Révolution.
Cette composition lyrique, chantée généralement en solo par une voix masculine ou
féminine, peut être accompagnée de divers instruments (principalement des cordes et un
accordéon). Des chanteurs ou interprètes contemporains tels que Vicente et Alejandro
Fernández interprètent des classiques de la musique ranchera. Le style norteño, aussi
populaire dans le nord du pays, s’inspire de la polka d’Europe de l’Est, jouée
essentiellement sur des instruments traditionnels comme l’accordéon et le bajo sexto
(guitare à 12 cordes). Le huapango classique, dont l’origine est très ancienne,
correspond au trio violon, huapanguera (guitare à 8 cordes) et jarana huasteca (petite
guitare à 5 cordes). D’une métrique très complexe, il s’allie habituellement à la danse à
claquettes.
La Plaza de los Mariachis à Guadalajara. © Liz Saldaña

On ne saurait aborder la musique mexicaine sans mentionner sa création la plus


emblématique. Originaire de l’État de Jalisco à la fin du XIXe siècle et développé entre
autres par l’ensemble Mariachi Vargas de Tecalitlán (1949-1950), le mariachi est
aujourd’hui inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Le terme mariachi
réfère à la fois au style et au groupe composé d’au moins quatre musiciens vêtus de
costumes inspirés des charros (genre de cowboys à la mexicaine) et qui met en vedette
la voix (bien forte et portante), la vihuela (petite guitare à cinq cordes), le guitarrón
(basse acoustique), la guitare, le violon et la trompette. Parmi les airs folkloriques les
plus populaires, notons Las Mañanitas, Serenata huasteca et Jarabe tapatío.
Empreintes d’émotions, les chansons au caractère lyrique abordent principalement des
thèmes reliés à la condition humaine, à l’amour et au patriotisme. Inspirés par la
chanson italienne du tournant du XIXe siècle, des compositeurs comme Agustín Lara et
María Grever ont créé de nombreuses pièces, telles que Jurame (1927), venues enrichir
le répertoire des chansons classiques du mariachi. Aujourd’hui, il est encore d’usage
de louer les services d’un mariachi pour donner une sérénade ou célébrer un
événement. La Plaza de los Mariachis (voir Cliquez ici), à Guadalajara, s’avère un
endroit privilégié pour assister à une prestation, et les clients des restaurants qui
bordent la place n’ont qu’à faire leur demande spéciale aux musiciens qui la
présenteront en échange d’un pourboire.
Le Mexique n’a pas échappé pas à la modernité musicale. Après que des groupes de
rock nationaux (comme Los Locos del Ritmo et les Teen Tops) eurent connu une grande
popularité dans les années 1950 et 1960, de nouveaux groupes comme Maná, El Tri,
Molotov, Caifanes, Jaguares et Café Tacuba firent irruption sur la scène contemporaine.
Julieta Venegas, Natalia Lafourcade, Juan Gabriel, Luis Miguel et Lila Downs (qui
revisite l’héritage autochtone) ont eux aussi fait leur marque. Carlos Santana est
incontestablement le guitariste, auteur-compositeur et chanteur mexicain le plus célèbre
à l’étranger. Dans le domaine du jazz, on peut mentionner Eugenio Toussaint, le
trompettiste Rafael Méndez, le pianiste et compositeur Juan García Esquivel, ainsi que
les percussionnistes Tino Contreras et Antonio Sánchez.

La danse
C’est probablement la danse qui fournit les meilleurs exemples du métissage culturel
entre hispaniques et autochtones. Plusieurs danses traditionnelles puisent leurs racines
dans les carnavals, organisés par les élites durant l’ère coloniale, auxquels Métis et
indigènes se voyaient refuser l’accès. Pour satiriser le faste de ces bals, les castes
populaires ont commencé à se masquer, parodiant les costumes somptueux des Blancs,
ornés de paillettes, de miroirs et de perles. C’est le cas de la danse des vieillards de
Michoacán, des chinelos de Morelos, des Parachicos du Chiapas et du carnaval de
Tlaxcala. D’autres danses obéissent à des considérations rituelles, comme la « danse
des chevreuils », dans le nord-ouest du pays, qui imite le rituel de la chasse chez les
Yaquis et les Mayos.
La danse des petits vieux de Michoacán.
© Eneas De Troya

Le danzón, rythme originaire de Cuba, né à la fin du XVIIIe siècle, s’est répandu


comme une traînée de poudre un siècle plus tard, ayant débarqué au Yucatán pour
ensuite conquérir Veracruz. C’est la plus populaire des danses de salon, et México a
vite succombé à son charme. Elle se caractérise par son rythme lent et le couple doit
exécuter les pas requis à l’intérieur d’un petit carré imaginaire.
Le jarabe est une danse à claquettes folklorique à cadence vigoureuse, dont il existe
plusieurs versions. On y distingue l’influence du flamenco andalou et de la valse. Le
plus connu est le jarabe tapatío (ce dernier mot est le surnom des habitants de
Guadajalara), dansé au son d’un mariachi.
C’est durant le porfiriato (mandats présidentiels de Porfirio Díaz, de 1876 à 1911),
régime friand de sophistication, branché sur l’Europe, que des danses ayant des liens de
parenté avec la polka et la mazurka d’Europe de l’Est se sont répandues dans le nord du
pays.
Chaque État possède une danse folklorique qui lui est propre, adaptée au genre de
musique popularisé dans la région. Parmi les danses non folkloriques, celles que l’on
qualifie de latines « tropicales », originaires des pays donnant sur la mer des Caraïbes
(salsa, merengue, son, cumbia), sont très populaires dans les salles de danse et durant
les célébrations comme les mariages et les anniversaires. Elles donnent l’occasion de
socialiser. Au Mexique, le fait de savoir danser compte parmi les atouts personnels,
encore davantage chez les hommes que chez les femmes.

Le cinéma
La production cinématographique mexicaine a connu son âge d’or au siècle dernier,
avec la création des studios Churubusco, donnant au monde, durant les années 1940 et
1950, des chefs-d’œuvre comparables aux classiques d’Hollywood. L’œuvre d’Emilio
Fernández, María Candelaria (1943), a d’ailleurs remporté la Palme d’or au Festival
de Cannes en 1946. Situés à México, les studios Churubusco, la plus grosse entreprise
cinématographique d’Amérique latine, et aussi la plus ancienne, ont ouvert leurs portes
en 1945. Depuis 1958, leur financement dépend du gouvernement fédéral. Environ 95%
des films produits au Mexique depuis 2000 utilisent les services proposés par les
studios Churubusco. Les thèmes abordés dans la cinématographie mexicaine
classique sont les disparités sociales, la vie des laissés-pour-compte et des paysans, les
amours contrariées, les événements entourant la Révolution, l’évolution des mentalités
face à la religion et la modernisation du pays.
Une exposition d’affiches du Festival international du film de Guadalajara en 2011.
© Enrique Vázquez

Parmi les actrices et acteurs mondialement réputés de ce boom cinématographique,


figurent Dolores del Río, Pedro Armendáriz, Pedro Infante et Jorge Negrete (deux
chanteurs qui ont joué dans plusieurs comédies musicales à la mexicaine), Ignacio
López Tarso, Silvia Pinal, María Félix, Katy Jurado et Fernando Soler.

Les principaux carnavals du Mexique


Le carnaval de Veracruz (février)
Tenu à Veracruz durant les neuf jours précédant le mercredi des Cendres, ce
carnaval très populaire, haut en couleur, est le plus important du pays en termes de
nombre de visiteurs. Il a vu le jour à l’époque de Maximilien, dans les années
1860. Son point culminant est le « brûlage de la mauvaise humeur » le premier soir,
sur la place centrale de la ville. Durant les jours qui suivent, on met le feu à des
personnages de papier mâché (représentant des idées abstraites, les péchés
capitaux, des politiciens et dirigeants mal aimés). Les mascarades, chars
allégoriques et défilés se succèdent au son de la harpe, du marimba et de la jarana.
Les spectacles de danzón en plein air en font aussi partie.

Un personnage allégorique en flammes au carnaval de Veracruz. © Emilio


Labrador

Le carnaval de Tlaxcala, aussi nommé Papalota de Xicohténcatl (février)


La ville coloniale de Tlaxcala est l’hôtesse de ce fastueux carnaval, un des plus
anciens du pays puisqu’il remonte au XVIIe siècle. Festivité satyrique où se
manifeste le syncrétisme religieux de traditions précolombiennes et catholiques, il
met en vedette des danseurs surnommés huehues en l’honneur de Huehuetéotl, dieu
aztèque du Feu et de la Sagesse. Toutefois, les huehues, qui parcourent les rues en
petits groupes appelés camadas, sont en réalité des représentations des
propriétaires d’haciendas de l’époque coloniale. Ils portent des masques en bois
représentant souvent des visages de vieillards et des capes très colorées, ornées de
paillettes, ou des complets-vestons très élégants ainsi que des souliers en cuir
verni.
Danseurs au carnaval de Tlaxcala. © Larry Lamsa

Le carnaval de Campeche (février, mars)


La première version de ce magnifique carnaval, si l’on en croit les archives du
gouverneur de l’époque, a été tenue en 1588 à San Francisco de Campeche. Il a lieu
dans la ville fortifiée, au bord de la mer, et consiste en une série de bals populaires
dans lesquels les spectateurs peuvent constater l’influence marquée du folklore
afro-antillais, manifeste dans certaines danses comme la Guaranducha. Le clou du
carnaval est le couronnement de rois souffrant de handicaps de toutes sortes, une
cérémonie unique au monde qui témoigne de la volonté de célébrer une fête où tous
sont les bienvenus. Le plus beau char allégorique du défilé est orné d’arrangements
floraux.
Le carnaval de Mazatlán (février)
Trois jours avant le mercredi des Cendres, plus de 600 000 personnes assistent au
défilé inaugural de ce célèbre carnaval le long de la promenade de la station
balnéaire de Mazatlán. La ville est alors ornée de monigotes, ces gigantesques
personnages en papier mâché. Le clou du spectacle est le couronnement des reines
du carnaval. Au nombre des festivités, figure aussi le brûlage d’un personnage
connu que le public désigne comme ayant commis des actes répréhensibles. En
2013, c’est à une représentation de l’épidémie d’influenza qui affecta sérieusement
l’industrie touristique, et à une représentation de la bataille navale durant laquelle
les Français faillirent débarquer dans le port, que les organisateurs ont mis le feu.
Dans le cadre de cette grande fête populaire, des artistes de renommée mondiale
sont invités à se produire en spectacle, attirant les foules. On assiste aussi à la
remise d’un prix national de poésie. Le son de la tambora, un tambour couronné
d’une cymbale, accompagne les festivités, lesquels comprennent deux défilés avec
des costumes très élaborés; la tambora est l’instrument clé du genre musical
nommé banda, populaire dans le nord du Mexique.

Le Mexique a lui aussi son Jerry Lewis (ou son Louis de Funès) : le comédien du grand
écran Mario Moreno (1911-1993), alias Cantinflas. Il a développé un style tellement
sui generis que le verbe cantinflear en est venu à signifier « parler pour ne rien dire ».
Aux côtés de Tin Tan (Germán Valdés, 1944-1973), lui aussi Mexicain, il est la grande
figure de la comédie hispanophone.
Après une période de creux, en grande partie parce que le gouvernement avait cessé de
financer l’industrie cinématographique jusque dans les années 1990, il y a eu
récemment, avec l’avènement du Nouveau cinéma mexicain, résurgence de cet art à
l’échelle nationale, grâce au travail de directeurs tels qu’Arturo Ripstein, Felipe
Cazals, Alejandro González Iñárritu, Guillermo del Toro, Carlos Reygadas et Alfonso
Cuarón. Ripstein nous a donné des classiques comme Le Château de la pureté (1972),
La reina de la noche (1994) ou Carmin profond (1996). Le plus connu des réalisateurs
mexicains, Alejandro González Iñárritu, a tourné des films à grand succès qui pourtant
abordent des sujets difficiles, mais traités avec une grande profondeur, comme Amours
chiennes (2000), 21 Grammes (2003), Babel (2006) et Biutiful (2010). Puis, en 2015,
son film Birdman a remporté trois Oscars. Il est aussi le premier parmi ses
compatriotes à avoir obtenu le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes, en 2006.
Mario Moreno, dit Cantinflas, en 1964.
© Iberia Airlines

Alfonso Cuarón a pour sa part signé des longs-métrages comme Y tu mamá también
(2001) et Gravity (2013), ce dernier lui ayant permis de remporter sept Oscars, dont
celui du meilleur réalisateur. Guillermo del Toro, qui s’inscrit dans le courant du
cinéma fantastique, a aussi atteint la célébrité, notamment en tournant le film d’horreur
Cronos (1993) et Le labyrinthe de Pan (2006) ainsi qu’en participant à la scénarisation
du film Le Hobbit : La désolation de Smaug (2013) et à la production du film
d’animation La légende de Manolo (2014). Son style très particulier, amalgame de
l’iconographie religieuse, des insectes, des créatures monstrueuses et des antiquités,
compte parmi les plus originaux du cinéma mexicain. La légende de Manolo aborde
d’ailleurs la mort de façon typiquement mexicaine. Festive et colorée, elle représente le
cœur de ce film d’animation.
Des acteurs comme Salma Hayek, Gabriel García Bernal et Diego Luna sont maintenant
des personnalités bien connues du grand écran.
Luis Buñuel
Que serait le cinéma sans Luis Buñuel, citoyen espagnol naturalisé Mexicain, qui
s’est fait le champion du surréalisme dans le septième art? Quel cinéphile averti
oublierait ses œuvres Un chien andalou (1929) ou L’Âge d’or (1930),
coscénarisées avec Salvador Dalí? Le film Los Olvidados (1950) a même été
déclaré « Mémoire du monde » par l’UNESCO en 2003. Le charme discret de la
bourgeoisie (1972), quant à lui, s’est vu décerner l’Oscar du meilleur film étranger
en 1973.

Le théâtre
On sait par les missionnaires de la Conquête que les Aztèques étaient friands de théâtre,
où figuraient la musique et la danse. La vice-royauté favorisa un théâtre séculaire qui
calquait les goûts et les modes d’Espagne. Les guerres du XIXe siècle entraînèrent une
diminution de la production théâtrale, mais on passa quand même du classicisme
européen au romanticisme. Tandis que pointaient des velléités nationalistes, des
dramaturges comme Ignacio Rodríguez Galván (1816-1842) introduisaient dans leurs
pièces les légendes du Nouveau Monde. C’est après la Révolution mexicaine que le
théâtre tourne définitivement le dos à l’Espagne, cherchant à mettre en valeur l’identité
et le mode d’expression mexicain. En abordant des thèmes qui reflétaient la société
mexicaine de l’époque, le réalisme des années 1950 cèdera le pas à un théâtre plus
expérimental, plus osé.
Le Teatro Juárez à Guanajuato. © Marc Rigole

Le premier grand dramaturge mexicain est incontestablement Rodolfo Usigli (1905-


1979), dont la pièce El Gesticulador (1938) fut censurée, car elle critiquait le
gouvernement révolutionnaire qui s’institutionnalisait. Toutefois, on ne saurait passer
sous silence la présence, entre autres, d’Emilio Carballido, avec Rosalba y los llaveros
(1950) et Rosa de dos aromas (1985), d’Elena Garro, avec La señora en su balcón
(1960) et d’Hugo Arguelles avec Los cuervos están de luto (1965).
Chez les contemporains, dont la plupart subissent l’influence de dramaturges étrangers,
on retiendra, notamment, des noms comme Enrique Gutiérrez Ortiz Monasterio, qui,
avec Las chicas del tres y media floppies (2005), présente un dialogue entre deux
prostituées, ou Alejandro Ricaño, qui, avec Más pequeños que el Guggenheim, Prix
national de dramaturgie 2008, a écrit une tragi-comédie touchante. De jeunes
dramaturges, comme David Olguín, explorent la descente aux enfers avec des pièces
comme Belice (2002), qui a remporté le Prix national de dramaturgie en 2001, et
Siberia (2010), représentation poétisée d’un crime présenté sous forme de thriller.
Dans la foulée du drame profond avec un traitement nettement littéraire, notons l’œuvre
d’Edgar Chías De insomnio y medianoche (2009), qui a obtenu le Prix national de
littérature José Fuentes Mares.
Le théâtre comique pour grand public est toujours populaire, mais le pays manque de
spectateurs plus exigeants, aptes à apprécier des œuvres plus littéraires.

Détail de la murale de l’Instituto Allende, à San Miguel de Allende. © Marc Rigole

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