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Chapitre

II : Théorie des coûts


2 Séances (12 et 18 mai 2020)



Avant de développer en détail la théorie des coûts, il est opportun que vous compreniez
quel est l’intérêt de l’étude des coûts pour comprendre le comportement du producteur.

L’étude de la théorie de la production nous a permis, à travers les trois programmes de


choix, de déterminer la combinaison optimale des inputs (K*,L*) permettant au
producteur de maximiser son profit. Autrement dit, la théorie de production nous a
permis de déterminer la demande des inputs, par le producteur à l’optimum, ce qui
permet de répondre à la question : comment produire ? c’est-à-dire : quelle est la
meilleure façon (technologie) de doser le capital et le travail afin d’atteindre le maximum
de profit. L’étude de la fonction de production a mis en lumière l’éventail des possibilités
qu’offre la technique quant à l’utilisation et la combinaison des facteurs, pour réaliser un
produit donné .

La demande des inputs dépend de leurs prix sur le marché, mais aussi de la quantité
utilisée de ces inputs, laquelle est fonction de la quantité à produire. D’où la nécessité de
déterminer la quantité que le producteur est prêt à produire ou à offrir sur le marché.
Or, par définition le producteur rationnel n’accepterait de produire que si la production
est rentable. En d’autres termes, il n’accepterait d’offrir des biens ou services sur le
marché que si le prix de vente de sa production couvre au moins la totalité de ses coûts.
D’où la nécessité de connaître et étudier les coûts du producteur afin d’expliquer ses choix
en termes de quantités à offrir sur le marché. Ainsi, la théorie des coûts permet d’étudier
le choix par le producteur du niveau d’output à offrir sur le marché.
Donc, si la théorie de la production nous permet de déterminer la demande des inputs, la
théorie des coût nous permettra de déterminer l’offre individuelle de chaque producteur.
Quel est maintenant l’intérêt de la fonction d’offre ? Comme vous vous en rappelez
certainement, la théorie microéconomique nous permet, entre autres, d’expliquer la
formation et la variation des prix. Or, les prix résultent de la confrontation de l’offre et de
la demande sur un marché. Ainsi, on a vu comment la théorie du choix du consommateur,
en déterminant la demande individuelle de chaque consommateur, nous a permis
d’obtenir la demande du marché. Alors la théorie des coûts nous permettra d’obtenir
l’offre du marché en faisant la somme des offres individuelles (de chaque entreprise).


Section I. La fonction de coût total

Comme pour les agents économiques (consommateur ou producteur), la théorie
microéconomique utilise des fonctions mathématique (fonction d’utilité, fonction de
production, fonction de profit, etc.) afin d’expliquer leurs comportements et leurs choix.

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I.1. Définition de la fonction de coût

Fondamentalement, les producteurs sont appelé s à transformer des inputs, acquis par eux
sur les marchés, en outputs ou produits qu’ils vendent également sur les marchés.
L’acquisition des inputs entraîne des dépenses, ou coûts. L’étude des dépenses du
producteur ressemble en quelques sortes l’analyse des dépenses du consommateur.
L’analogie est en effet très grande : tandis que le consommateur alloue, en fonction de ses
préférences, son budget entre les divers biens et services, le producteur répartit sa
dépense entre les différents facteurs dont il a besoin, compte tenu des possibilités qu’offre
sa fonction de production.

Comme nous l’avons déjà supposé dans la théorie de la production, le producteur utilise
deux inputs : le travail L et le capital K. Ces inputs étant rares, il doit les payer pour pouvoir
les utiliser. On avait posé, pour simplifier, que le coût du travail est représenté par le
salaire (w indique le coût d’une unité de travail qui peut être un employé, 1 heure de
travail ou une semaine de travails selon les cas). Le coût du capital n’est pas le cout d’achat,
mais il correspond à la charge financière (r : intérêt) que devrait payer le producteur s’il
avait à emprunter pour payer l’utilisation d’une unité du capital qui est évalué de manière
monétaire. Ainsi, le coût d’une unité du capital est en quelques sorte le loyer de cette unité.

On continuera à supposer que les prix des inputs, w et r, sont donnés, fixés à l’avance, et
ne peuvent être négociés ni à la hausse ni à la baisse. Aucun producteur pris
individuellement ne peut les modifier, il les prend tels qu’ils sont. Ainsi, chaque
combinaison productive possède un coût qui est égal à la somme des dépenses en travail
et en capital :

-La dépense en travail (coût du travail) = w.L

-La dépense en capital (coût du travail) = r.K

Donc, pour pouvoir acheter et utiliser une combinaison donnée A(KA,LA), le producteur
doit dépenser en travail (w.LA) et en capital (r.KA). Le coût total de la combinaison A est
égal à la somme des deux coûts, celui du travail et celui du capital : C(TA) = w.LA + r.KA.

Pour une combinaison B, son coût total : CT(B) = w.LB + r.KB.

Pour une combinaison C, son coût total : CT(C) = w.LC + r.KC.

Et ainsi de suite…

Pour chaque combinaison productive il existe un niveau de dépenses, donc de coût total.

Exemple1 : Supposons que w = 20 et r = 40.

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Combinaisons Travail Capital Coût total
w L wL r K rK CT= wL +
rK
A 20 4 80 40 1 40 120
B 20 10 200 40 5 200 400
C 20 2 40 40 2 80 120
D 20 14 280 40 3 120 400
E 20 1 20 40 5 200 220
F 20 6 120 40 7 280 400
G 20 6 120 40 0 0 120

Pour calculer le coût total de chaque combinaison, il suffit de remplacer les quantités de
K et L dans l’expression de CT = wL + rK.

CT(A) = 20.4 + 40.1 = 120 => Pour utiliser 4 unités de travail et 1 unité de capital, le
producteur doit payer un coût total de 120.

CT(E) = 20.1 + 40.5 = 220 => En utilisant de 1 unité de travail et 5 unités de capital, le
producteur supporte un coût total de 220.

CT(F) = 20.6 + 40.7 = 400 => L’utilisation de 6 unités de travail et 7 unités de capital coûte
400.

On remarque que les combinaisons A, C et G ont le même coût total, donc elles
appartiennent à la même droite d’Isocoût qui représente le coût 120.

De même, les combinaisons B, D et F ont le même coût total, donc elles appartiennent à la
même droite d’Isocoût qui représente le coût 400.

La combinaison productive en indiquant les quantités utilisées des inputs, indique par la
même occasion la quantité d’output correspondante quand on remplace K et L dans la
fonction de production. Autrement dit, si la quantité d’output à produire vient à changer,
les quantités utilisées des inputs changera, ce qui implique un nouveau coût total.

On sait que grâce au programme de minimisation, pour chaque niveau d’output


(contrainte de production), il existe une combinaison optimale qui permet de le produire
au moindre coût. A chaque fois, que la quantité produite changera, la combinaison
optimale changera et le coût minimum également :

Q1 ®® (K1*,*L1) ®® CT1min

Q2 ®® (K2*,*L2) ®® CT2min

Q3 ®® (K3*,*L3) ®® CT3min

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Q4 ®® (K4*,*L4) ®® CT4min

Et ainsi de suite…

Les coûts de production se déterminent à partir de la variation du volume de la


production, les autres éléments étant considérés comme constants (prix des facteurs de
production). Pour tout niveau de production, il existe une combinaison optimale des
facteurs et un niveau minimal du coût de production. La relation qui relie la quantité
d’output produite au coût total correspond à la fonction de coût total.

Définition : La fonction de coût total est une relation mathématique qui indique pour
chaque niveau de production le coût minimal supporté par le producteur. Formellement,
ce coût minimal s’écrit comme une fonction des quantités produites Q : CT = CT(Q).

I.2. Construction de la fonction de coût



Par définition, la fonction de coût total indique pour chaque niveau d’output Q, le coût
total minimum. Dès lors, on peut en déduire l’expression de la fonction de coût total à
partir de la résolution de minimisation du coût sous contrainte de production :


La résolution algébrique passe par l’utilisation du Lagrangien L.
=> L(L,K,l) = wL + rK + l(`Q – Q(K,L)).
Les conditions de premier ordre s’obtiennent en annulant les dérivées partielles
premières du Lagrangien. Il en résulte :
LL = w - 𝜆QL = 0 => w = 𝜆QL (1)
LK = r – 𝜆QK = 0 => r = 𝜆QK (2)
L𝜆 =`Q – Q(K,L) = 0 => Q(K,L) =`Q (3)
En appliquant la loi de l’optimum : (1)/(2) => QL/QK = w/r.
Ici, contrairement à ce qu’on a fait précédemment pour trouver les quantités de K* et L*,
on va plutôt chercher les expressions des demandes optimales des inputs K* et L* (comme
on a déjà fait pour les expressions des demandes marshalliennes). On suit la même
démarche de recherche de K* et L*, mais sans utiliser des valeurs chiffrées, juste des
variables.
En réaménageant l’égalité QL/QK = w/r, on écrit K en fonction de L => K =f(L) (4)
En remplaçant K par son expression dans la contrainte de production :
(4) => (3) on obtient l’expression de L* => L*(w,r,Q) (5)
En remplaçant L* par son expression K =f(L) : on obtient la valeur de K* => K*(w,r,Q).
Il suffit alors de remplacer K* et L* par leurs expressions dans l’équation du coût pour
obtenir la fonction de coût total CT :

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CT = C(K*,L*) = rK*(w,r,Q) + wL*(w,r,Q) + f = CT(w,r,Q), où f représente le niveau des coûts
fixes (coûts qui restent constants même si la production change).
Comme les prix des facteurs r et w, sont des données qui s’imposent au producteur, on
peut les considérer comme des constantes. Par conséquent, la seule variable qui reste est
la quantité d’output Q => Ainsi, le coût total devient une fonction de la seule variable Q :
CT = CT(Q).

Application 1 :

Soit un producteur dont la technologie est représentée par la fonction de production
suivante : Q(K,L) = K1/3L2/3.
Écrire sa fonction de coût total sachant que les coûts fixes s’élèvent à 300.

Réponse :

Afin d’obtenir l’expression de la fonction de coût total, nous devons résoudre le
programme de choix du producteur sous contrainte de production : Q = 𝑄#.
Dans ce cas le programme de choix du producteur s’écrit :


Comme nous cherchons les expressions de K* et L*, nous allons garder w, r et à l’état
général (pas de valeurs chiffrées). On remplacera juste la fonction de production par son
expression :

Min CT = wL +rK
s.c
K1/3L2/3 = 𝑸% .

Le lagrangien de ce programme s’écrit : L(L,K,l) = wL + rK + l (𝑄# - K1/3L2/3).

Les conditions de premier ordre s’obtiennent en annulant les dérivées partielles
premières du Lagrangien. Il en résulte :
LL = w – (2/3).𝜆.K1/3L-1/3 = 0 => w = (2/3).𝜆.K1/3L-1/3 (1)
LK = r – (1/3).𝜆.K L = 0 => r = (1/3).𝜆.K L
-2/3 2/3 -2/3 2/3 (2)
#
L𝜆 = 𝑄 - K L = 0 => K L = 𝑄
1/3 2/3 1/3 2/3 # (3)
En appliquant la loi de l’optimum : (1)/(2) :
=> w/r = [ (2/3).𝜆.K1/3 L-1/3]/[ (1/3).𝜆.K-2/3 L2/3]
En simplifiant par 3 et 𝜆, on obtient : w/r = [2K1/3L-1/3]/[K-2/3L2/3].
=> w/r = 2.K1/3.K2/3.L-1/3.L-2/3 => w/r =2 K. L-1=> K/L = (1/2).(w/r)
=> K = (1/2).(w/r).L (4)

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Remplaçons K par son expression dans la contrainte de production :
(4) ⟹ (3) => ((1/2).(w/r).L)1/3L2/3 = 𝑄#.
=> (1/2)1/3.(w/r) 1/3.L1/3L2/3 = 𝑄# => (1/2)1/3.(w/r) 1/3.L = 𝑄#.
=> L* =(1/2)-1/3.(w/r) -1/3 𝑸% . (5)
En remplaçant L* par son expression : (5) ⟹ (4) => K* = (1/2).(w/r).L*
=> K* = (1/2).(w/r).(1/2)-1/3.(w/r) -1/3 Q % => K* = (1/2). ).(1/2)-1/3.(w/r).(w/r) -1/3.Q % .
=> K* = (1/2)2/3.(w/r) 2/3.𝐐 % .

Ainsi, on obtient, non pas des valeurs numériques de K* et de L*, mais des expressions de
K* et L* fonction de w, r et Q% . Comme Q % peut prendre n’importe quelle valeur, on va la
remplacer par la quantité d’output au sens général, c’est-à-dire Q.
Ainsi, on peut récrire les demandes des inputs comme suit:
L*(w,r,Q) =(1/2)-1/3.(w/r) -1/3.Q
K*(w,r,Q)= (1/2)2/3.(w/r) 2/3.Q

Pour obtenir l’expression de la fonction de coût total, il suffit de faire la somme des
expressions de L* et K* ainsi que les coûts fixes égaux à 300 :
CT = C(K*,L*) = rK*(w,r,Q) + wL*(w,r,Q) + f

=> CT(Q) = w. (1/2)-1/3.(w/r) -1/3.Q + r. (1/2)2/3.(w/r) 2/3.Q + 300
En développant les exposants de w/r et on changeant les signes des exposants quand on
fait l’inverse on obtient => CT(Q) = w.(1/2)-1/3.w-1/3.r1/3.Q + r.(1/2)2/3.w2/3.r -2/3.Q + 300
=> CT(Q) = (1/2)-1/3.w.w-1/3.r1/3.Q + (1/2)2/3.w2/3.r.r -2/3.Q + 300
=> CT(Q) = (1/2)-1/3.w2/3.r1/3.Q + (1/2)2/3.w2/3.r 1/3.Q + 300.
En factorisant par w2/3.r1/3.Q on obtient :
=> CT(Q) =[(1/2)-1/3 + (1/2)2/3].(w2/3.r1/3.Q) + 300.
=> CT(Q) = 1,89.(w2/3.r1/3.Q) + 300.

Au final l’expression de la fonction de CT s’écrit donc : CT(Q) = 1,89.(w2/3.r1/3.Q ) + 300.
Remarque : si on vous donne les valeurs de w et r, vous ne les remplacerez dans
l’expression du CT qu’à la fin.

I.2. Typologie de la fonction de coût

Bien évidemment il existe différentes façons de classer les coûts selon les besoins de
l’analyse (coût directs, coût indirects, coût explicites, coûts implicites, coûts monétaires,
coûts non-monétaires, etc.). Pour les besoins de ce chapitre nous allons adopter une
typologie entre coûts fixes et coûts variables, laquelle est dérivée de la distinction entre
le court terme et le long terme.
Dans l’analyse des coûts, on distingue le court et le long terme. Pour rappel, le court terme
est une période qui est tellement courte qu’elle ne permet pas au producteur d’ajuster
(adapter) de manière optimale les quantités de tous les facteurs à la variation de la
production. Il s’agit notamment du capital où sa modification exige beaucoup de temps

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car, d’une part, il nécessite souvent des travaux d’aménagement, de construction de
bâtiments et d’installation de machines. Et d’autre part, il est nécessaire de vérifier si la
demande supplémentaire est temporaire ou permanente pour décider d’entreprendre un
investissement cher et risqué. En conséquence, pour distinguer entre le court terme et le
long terme, il faudrait vérifier si le capital est fixe ou variable :
A court terme => K = cste L = vble
A long terme => K= vble et L = vble

Remarque : Cette distinction entre court terme et long terme en microéconomie ne
correspond pas à un temps chronologique pré cis, qui serait identique pour tous les
producteurs (le court terme n’est pas toujours inférieur à 1 an par exemple). Elle
correspond plutô t à des « horizons » diffé rents dans la pré paration des dé cisions de
l’entreprise : raisonner à court terme, c’est envisager l’action en sachant que certaines
choses ne pourront pas ê tre changé es ; raisonner à long terme, c’est considé rer une
politique lorsque tout est flexible. D’un point de vue strictement temporel, il en ré sulte
que la « longue pé riode » sera plus courte pour un marchand de sandwishs par exemple,
que pour une usine de voitures : si on suppose qu’en courte pé riode le facteur fixe de ces
entreprises est la dimension des installations (machines, é quipements, etc.), il faut en
effet moins de temps au marchand pour modifier cette dimension qu’il n’en faut à l’usine.
Ainsi, à court terme, le producteur combine à la fois des facteurs fixes et des facteurs
variables, ce qui signifie que ses dépenses ne sont pas de même nature : une partie sera
fixe, et une autre partie sera variable.
En conséquence, à court terme, le coût total est composé de deux catégories de dépenses:
les coûts fixes (CFT) et les coûts variables (CVT). Comment faire la différence entre les
deux types de coûts ?

-Les coûts fixes : Ce sont des frais indépendants du volume de production, ils
représentent au coût d’utilisation des facteurs fixes par le producteur. Ils ne sont pas liés
à l’activité dans la mesure où même si l’activité de l’entreprise n’a pas encore commencé
ou elle est suspendue pour une raison ou une autre, elle doit supporter ces frais. Ces coûts
fixes sont donc des charges supportées par le producteur qu’il produise zéro ou un
nombre infini d’unités. Parmi ces coûts fixes on trouve les frais d’amortissement, les
loyers, les frais d’administration, la publicité, les assurances, certains honoraires d’avocat
ou d’experts comptables, etc.
La courbe des CF est parallèle à l’axe des abscisses. Elle est exprimée : CF = F (F = niveau
des dépenses engagées en coûts fixes).

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Graphique 1

Vous remarquez à travers le graphique 1 que la quantité produite soit égale à 0 ou à 20,
le montant de charges fixes est identique, ne change pas : CFT(Q = 0) = CFT(Q = 20). Les
couts fixes sont indépendants du niveau d’output.

-Les coûts variables : Par opposition, les coûts variables CV(Q) dépendent du niveau de
production, ils correspondent aux dépenses entraînées par l’utilisation des facteurs
variables, c’est-à-dire ceux dont le producteur peut, au cours de la période de production,
ajuster la quantité en fonction de la production. Les coûts variables comme le nom
l’indique, varient avec le niveau d’activité : ils augmentent avec la hausse de production,
et vice versa. Dans cette catégorie on retrouve les frais dépensés pour les matières
première, l’énergie, les consommations intermédiaires, la main d’œuvre, etc.

La fonction de coût variable total (CT) est croissante par rapport au niveau de production,
comme le montre le graphique ci-dessous : si la production est nulle, le producteur ne
supporte aucune charge variable. En revanche, plus l’output à produire est important,
plus le producteur utilisera des facteurs variables, et plus élevés seront ses charges
variables.


Graphique 2

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Parmi les coûts variables, on distingue ceux qui varient proportionnellement en rapport
avec la production (matières premières, énergie, consommations intermédiaires,…),
c’est-à-dire qu’ils varient exactement avec le même pourcentage ; et ceux qui varient non-
proportionnellement (heures supplémentaires payées à un tarif supérieur aux heures
normales), qui varient soit plus fort que la production (coût variables plus que
proportionnels), soit moins fort (coût variables moins que proportionnels) .

-Coût variables proportionnels (CVP) : Dans le cas des facteurs de production qui
varient proportionnellement, les dépenses engagées représentent des coûts variables
qui sont représentés par une fonction linéaire croissante de la quantité produite : CVP =
CVP(Q), avec CVP’(Q) > 0. Soit X un facteur variable, son CVP(X) = x.px est proportionnel
au niveau de la production Q dans un rapport 𝜆Q, 𝜆 représente le rapport de
proportionnalité (CVP = 𝜆Q). Graphiquement, la courbe représentant le coût variable
proportionnel sera une droite qui part de l’origine.

Graphique 3

-Les coûts variables non-proportionnels (CVNP) : correspondent aux dépenses qui
croissent avec la quantité produite mais à un rythme variable : dans un premier temps, la
croissance se fait à un rythme ralenti (CVNP’’ < 0) jusqu’au point d’inflexion (CVNP’’ = 0),
puis au-delà de ce point la courbe a un rythme de croissance rapide (CVNP’’ > 0). Ces CVNP
expriment la loi des rendements décroissants. En d’autres termes, les coûts variables non-
proportionnels croissent d’abord moins vite que la production, ensuite ils continuent
d’augmenter, mais plus vite que l’output. Pourquoi cette évolution ?

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Graphique 4

L’observation de la courbe du coût variable non-proportionnel montre qu’elle est de
forme : « S inversé ». Deux phases sont à distinguer :

-Phase I : le coût variable non-proportionnel croît à un rythme ralenti. Pourquoi ? Dans
cette phase, la Productivité marginale du travail PmL est croissante, ce qui signifie qu’à
mesure que le producteur augmente sa production, il embauche des travailleurs de plus
en plus efficaces, ce qui lui permet de produire plus avec moins d’inputs. En conséquence,
les charges augmenteront, mais moins vite que la production. Ceci explique pourquoi les
coûts augmentent mais moins vite, d’où le rythme ralenti.

-Phase II : le cout variable non-proportionnel croît à un rythme accéléré. Pourquoi ? Dans
cette phase, la Productivité marginale du travail PmL devient décroissante, ce qui signifie
qu’à mesure que le producteur augmente sa production, il embauche des travailleurs de
moins en moins efficaces, ce qui fait qu’il produise moins d’output avec plus d’inputs. En
conséquence, les charges augmenteront, mais plus vite que la production. Ceci explique
pourquoi les coûts augmentent de plus en plus vite, d’où le rythme accéléré.
En résumé, le coût variable non-proportionnel croît toujours avec la production, mais à
un rythme variable : ralenti en phase de rendements marginaux croissants, et accéléré
quand les rendements marginaux sont décroissants. Bref, la forme du coût variable non-
proportionnel s’explique par la LRMD.

Ainsi, de ce qui précède, on en déduit que le coût variable total est la somme du coût
variable proportionnel et du coût variable non-proportionnel :
CVT(Q) = CVP(Q) + CVNP(Q)
La forme de la courbe du coût total (CVT) est identique à celle du coût variable non
proportionnel car celle du coût variable non-proportionnel est une droite qui ne change
pas de signe ou de rythme. Ainsi, la somme d’un CVNP croissant à un rythme ralenti et un
CVP croissant donne un coût variable total croissant à un rythme ralenti. De même, la

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somme d’un CVNP croissant à un rythme accéléré et un CVP croissant donne un coût
variable total croissant à un rythme accéléré. Par conséquent, la courbe du CVT est une
fonction croissante de la quantité d’output, passant par l’origine, et qui évolue selon deux
phases également : d’abord, croissante à un rythme ralenti, puis croissante à un rythme
accéléré.

Ainsi, à court terme, le coût total CT(Q) est une fonction croissante du niveau de
production (CT’ > 0). Il est composé de deux catégories de dépenses : les coûts fixes (CF)
et les coûts variables (CV)

Graphique 5

Sur ce graphique, on représente ensemble els 3 courbes :

-La courbe de coût fixe total (CF) : come expliqué avant, elle représente un montant de
charges qui est fixe quelle que soit la quantité d’output. La courbe CF est une droite
parallèle à l’axe des abscisses.

-La courbe de coût variable total CV : lorsque la production est nulle, le coût variable total
est égal à zéro. La courbe est d’abord croissante à un rythme ralenti, puis croissante à un
rythme accéléré. Elle passe par l’origine et représente donc la somme du CVP et CVNP.

-La courbe du coût total : est obtenue en faisant pour caque niveau de quantité donné la
somme du CF et CV correspondants. Ainsi, chaque point de la courbe de coût totale a pour
abscisse une quantité donnée Q, et son ordonnée est la somme des valeurs de CF(Q) et
CV(Q). En d’autres termes chaque point de la courbe du CT correspond à la somme
verticale (pour chaque quantité Q fixée) des valeurs de CF et CV correspondant à Q. C’est

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la raison pour laquelle les courbes de CV et de CT sont parallèles car l’écart entre les deux
courbes n’est autre chose que les CF qui sont constants par définition.
La courbe de coût total (CT) est obtenue par une simple addition des deux courbes pour
chaque niveau de production. Comme la courbe de coût fixe est horizontale, sa somme
avec la courbe de CV conduit à ce que la courbe de CT prenne la même forme que celle du
CV. Dès lors, la courbe de CT est également toujours croissante en fonction de la
production (CT’(Q) > 0), mais à un rythme variable : d’abord croissante à un rythme
ralenti avec CT’’(Q) < 0, ensuite croissante à un rythme accéléré avec CT’’(Q) > 0.


Graphique 6

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