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INTRODUCTION 

« Que j’ai bien raison de me plaindre de notre civilisation imparfaite. IMPARFAITE !!! J’ai
prouvé au contraire qu’elle est très parfaite en ce qu’elle pousse la perfidie, la rapine,
l’égoïsme et tous les vices au suprême degré »

L’histoire du socialisme utopique est constituée de nombreux acteurs et de nombreuses


théories aussi différentes les unes des autres.

Utopiste par excellence du XIXème siècle, Charles Fourier se distingue par l’étrangeté de sa
pensée qui justement l’a fait connaitre. L’ambition intellectuelle de Fourier est tellement
démesurée que personne jusqu’ici n’a vraiment réussi à assimiler l’ensemble de sa doctrine.

Les trois penseurs que sont Fourier Proudhon et Saint Simon vérifient un « carré
philosophique » qui comprend science nouvelle ; travail ; industrie et religion réactualisée.
Même si Fourier le vérifie dans une moindre mesure, il reste proche de ses confrères autant
dans le temps que dans la pensée. Le passage du saint simonisme au fouriérisme est très
fréquent, cependant Fourier réprouve saint Simon pour son penchant qu’il juge trop
industrialiste.

François Marie Charles Fourier est né le 7 avril 1772 à Besançon d’un père notable et
marchand de draps aisé et d’une mère issue d’une famille de commerçants bisontins. Il fait de
bonnes études jusqu’à l’âge de 16ans chez les ecclésiastiques du collège de Besançon. En
1791 il entre en apprentissage à Rouen puis à Lyon. Malgré son aversion pour le commerce, il
est obligé, à la suite de cruels revers de fortune, de travailler comme commis-marchand ou
commis-voyageur à Lyon. Il meurt le 10 octobre 1837 à Paris alors qu’il n’est que tout
récemment reconnu. C’est dans les années 1840 que le fouriérisme était considéré en France
comme l’un des courants les plus importants du socialisme naissant.

Critique de la société, il pose en 1808 les bases d’une réflexion sur une société
communautaire dans son ouvrage Théorie des quatre mouvements et des destinées générale,
qu’il poursuivit sous forme d’un grand traité dit de l’Association domestique et agricole. Cet
ouvrage est publié, bien qu’inachevé, en 1822.

Toute sa réflexion tend à créer une société idéale. Celle-ci prend forme de collectivités
appelées Phalanstère, peuplées d’harmoniens. Fourier tente d’atteindre l’harmonie par le biais
de la psychologie de groupe, groupes assemblés en phalanges, de la satisfaction des passions
et d’une nouvelle théorie du travail.

Le texte étudié est tiré du traité d’association domestique agricole. Grand critique de la
société industrielle, il discerne plusieurs conséquences de ce qu’il nomme « l’anarchie
industrielle ». Le chômage, le parasitisme, le système des échanges en sont quelques
exemples. Le parasitisme est le sujet de notre texte.

Fourier nous dresse un « tableau des improductifs en civilisation », c'est-à-dire ceux qui
travaillent en deçà de leur potentiel de production. Il y range une grande partie de la société en
diverses catégories telles que: les parasites domestiques, sociaux, accessoires et involontaires.

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En considérant la partie constructive et non plus négative de son œuvre, on peut en dégager la
forme de socialisme à laquelle il inspire.

L’objet de l’exposé est de comprendre comment, en critiquant la société, Fourier élabore-t-il


une utopie fondée sur des principes visant à améliorer la production ??

PLAN :

Les parasites domestiques éliminés par le démantèlement de la cellule familiale


La cellule familiale
Les institutions domestiques
Les parasites sociaux éliminés par un retour à l’industrie naturelle
L’anarchie industrielle
L’industrie naturelle
Les parasites accessoires et involontaires éliminés par a mise en place d’un ordre social idéal
Une cohésion sociale par le travail
Disparition des structures répressives

LES PARASITES DOMESTIQUES ÉLIMINÉS PAR LE


DÉMANTÈLEMENT DE LA CELLULE FAMILIALE

Dans la guerre qu’il mène contre la société civilisée, Fourier soutien que les
contraintes émotionnelles les plus intolérables sont celles qu’imposent l’institution
du mariage et de la vie de famille. Des tirades contre les « vices » moraux inhérent
au système familial aux évocations satyriques des joies de la vie domestique,
Fourier n’hésite pas à ébranler un des piliers de la société moderne.
(Parasite sociaux)

LE CADRE FAMILIAL

 (*1 ) « ¾ des femmes de la ville »  « 1/2 des femmes de la campagne »

Ces chiffres paraissent difficiles à vérifier, en effet, le 1er recensement où les actifs sont
comptés en en tant qu’individus et non plus dans le cadre de la cellule familiale n’a lieu qu’en
1896. Les recensements les plus anciens ont classé en « non actifs » des individus travaillant à
temps partiels ou occasionnellement. On estime la population active à 60,1% de la population
en âge de travailler entre 1840 et 1845.

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 L’utilisation de la main d’œuvre féminine va croissant. En 1806, on compte 42% de
femme dans la population active agricole.

Selon Fourier les facultés des femmes sont comprimées dès l’enfance, une foi libérée les
femmes surpasseront les hommes en dévouement, en loyauté et en noblesse. Fourier est un
des premiers à réfléchir sur le statu de la femme, ses arguments n’ont pas de visées
humanitaire mais strictement utilitaires, selon lui : « L’extension des privilèges de la femme
est un des principes de tous progrès sociaux »

 (*2)La question de l’éducation et de l’instruction des enfants occupe une place de 1ere
importance dans tous les projets de Fourier sait d’expérience à quel point l’éducation
traditionnelle bride les passions et dénature les facultés de l’enfant. Il envisage donc
une révision complète du système éducatif qui viserait à utiliser les passions de
l’enfant dans le cadre d’un travail productif.

Dans sa théorie l’énergie des enfants peut-être mise à profit par et pour la société :

Les enfants, qui seraient naturellement rebelles, obstinés, obscènes et surtout irrésistiblement
attirés par la saleté, l’excrément e le danger seraient employés au ramassage des ordures,
l’entretient des routes, le nettoyage des abattoirs et des lieux d’aisances.

Contrairement à Rousseau, Fourier pense que le père n’est pas « l’instituteur naturel de
l’enfant ». Pour lui la famille est déficiente en tant qu’unité économique et éducative.

Bien entendu, le mariage étant le fondement de la cellule familiale, il est lui aussi l’objet de
critiques virulentes.

2) LES INSTITUTIONS DOMESTIQUES

 (*l.45-51) Selon Fourier, ces distractions sont faites pour combler les
frustrations qui sont issues des rapports sexuels dans le cadre du mariage
monogame.

Il s’agit donc ici de mettre en relief l’improductivité liée à ces distractions, qui sont-elles
même le résultat de la vie conjugale.

 (* l 45) La “Saint Lundi” Il est ici fait référence à une coutume du XIXème
siècle qui consiste à chômer le lundi. Celle-ci existe surtout dans l'industrie à
caractère artisanal, ce jour est employé aux activités politiques et syndicales.
Cette circonstance lui vaut les foudres des élites. Fourier y voit une perte de
productivité d'autant plus qu'il n'approuve pas les activités syndicales qu'il juge
inutiles. Ce qui nous ramène à son système idéal qui rejette toute notion de
politique comme nous le verrons au cours du développement

Les critiques de Fourier sur la division du travail s’articulent autours de sa critique du


système familial.

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Par exemple, la cuisine familiale occupe chaque mère, tandis qu’un repas commun ne
nécessitera que 12 personnes pour le préparer.

Fourier préconise la mise en commun des fours, granges et greniers : ainsi «3 fours
communaux éviteraient le déboisement inhérent à l’alimentation d’un feu par foyer

On comprend bien que ce mode de vie en collectivité diminuerait le cout en travail des taches
ménagères par foyer, augmentant ainsi la productivité de chaque individu. Il élimine ainsi les
parasites cités au point (*3).

Contrairement aux us de la société traditionnelle, Fourier met au travail femmes et enfants par
le démantèlement de la cellule familiale, éliminant ainsi ceux qu’il qualifie de parasite
domestiques.

La famille en tant qu’unité disparait au profit du phalanstère, centre de vie et de production. Il


serait selon Fourier la solution aux affres du capitalisme.

LES PARASITES SOCIAUX ÉLIMINÉS PAR UN RETOUR À


L’INDUSTRIE NATURELLE

La pauvreté est aux yeux de Fourier le vice le plus évident et le plus scandaleux de la
civilisation. L’ironie veut en outre que la pauvreté soit proportionnelle au progrès. Les
parasites sociaux sont une conséquence de « l’anarchie industrielle »

L’ANARCHIE INDUSTRIELLE

Selon Fourier, les problèmes de la société sont la conséquence des activités des marchands et
des entremetteurs commerciaux.

 (*7.) Fourier considère « les marchands et agents commerciaux » comme des


parasites sociaux car ils ne produisent rien. Ils sont même selon Fourier en lutte
des classes contre toutes les autres qui sont elles, productives.

Le commerçant doit être un subordonné, cependant il domine la vie économique du pays. Il


représente pour Fourier une sorte d’ennemis personnel

 (*8.) Employé de commerce lui-même, il constate que le prix d’une pomme


déculpe entre Bezençon et Paris. Il rend responsable de la cherté de la vie la classe
des intermédiaires. Le transport de marchandise fait donc partie de la logique
capitaliste que combat Fourier. Il envisage un système où les collectivités
produiraient elles-mêmes pour répondre à leurs propres besoins.
 Le commerce deviendrait donc inutile tout comme les 24 000 douaniers dénoncés
au point (*5)
 (*4.) L’antimilitarisme de Fourier est sans doute dû au fait que les campagnes de
l’époque ont des visées coloniales, ces dernières toujours motivées par des intérêts
économiques. Ors comme nous venons de le voir, Fourier pense que la France ou
tout autre pays, peut se suffire à lui-même par le travail de ses collectivités.

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A l’époque où le libre commerce s’érige en dogme, Fourier établit une liste des 36 crimes
du commerce tels que, par exemple : les Banqueroutes frauduleuses ou l’agiotage qui
entraine des pénuries artificielles causes de hausses des prix

Fourier préconise un retour à une industrie plus saine dite « naturelle où l’agriculture, fonction
principale, ne serait plus asservie au commerce, fonction accessoire.

B) INDUSTRIE NATURELLE

Contrairement aux Saint Simoniens, Fourier affiche ses préférences pour l'agriculture, en
particulier l'horticulture. Il propose de diversifier les activités agricoles, fruits, fleurs, légumes
et l'élevage. Les manufactures n'y seraient qu'accessoire et complément; pour défricher,
endiguer et non pour construire des usines.

 (*6) ce point met en valeur le caractère anarchique et irraisonné du système de


production pratiqué à l'époque.

Chaque producteur individuel travaille ce qui selon lui est profitable. La qualité n'est jamais
contrôlée et si les produits satisfont réellement les besoins humains, ce n'est dû qu'au hasard.

 (*9) Les “chômeurs légaux par manque d'ouvrage”.

Selon Fourier, c'est encore dû à l'anarchie industrielle: en effet l'absence de coordination entre
producteurs entraîne périodiquement des crises de surproduction qui privent de travail des
milliers d'hommes et de femmes et font s'effondrer des industries entières. Le chômage est
devenu une maladie chronique de la société industrielle.

On voit donc la pauvreté naître de la surabondance même.

Fourier trouve imbécile de proposer la souveraineté à des hommes et des femmes qui
ne demandent que l'asservissement aux riches.

LES PARASITES ACCESSOIRES ET INVOLONTAIRES


ÉLIMINÉS PAR A MISE EN PLACE D’UN ORDRE SOCIAL
IDÉAL

Fourier ne montre aucune indulgence pour les grands idéaux révolutionnaires. La


liberté, l'égalité et la fraternité ne sont que des mots vides à la lumière des réalités sociales.
Selon lui, aucun des gouvernements depuis la Révolution n'a réussit à résoudre le vrai nœud
du problème: le droit au travail des pauvres, seul moyen d'aboutir à un ordre social
plus juste.

UNE COHÉSION SOCIALE PAR LE TRAVAIL

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Toutes les institutions d'Harmonie doivent contribuer à gommer les antagonismes au
profit d'une véritable unité sociale.

 (*11) “Les riches oisifs”

Leur rang social les classe d'office parmi les parasites accessoires. L'organisation de la
phalange en série et en groupe est la garantie de l'intégration.

La série est une congrégation d'individus divers dont la passion permettra d'oublier les
différences d'âge, de fortune et d'intelligence. Les distinctions n'y seront plus fondées
sur la fortune ou le statut mais sur l'aptitude de chacun à accomplir son travail. Dans ce
système, Fourier met les riches au travail, qui s'y épanouiront autant que les pauvres.

 (* l 52 à 56)

Fourier pense pouvoir vaincre la paresse de l'ouvrier qui surgit en l'absence du patron en
éliminant tout simplement le système du patronat: l'individu faisant toujours partie de
plusieurs séries, il sera susceptible de jouer des rôles différents au cours d'une même journée.
Il sera alternativement meneur et simple exécutant.

 (*12) “Les scissicionnaires”

Ils sont pour Fourier les marginaux qui refusent l'intégration à la société par le travail. Fourier
n'envisage pas au sein de son phalanstère ces parasites accessoires puisque leur éducation leur
donne goût au groupe et les oriente vers un travail adapté à leur personnalité.

 (*11. 2eme partie) “Les prisonniers”

Ils sont eux, des parasites involontaires. Il faut bien comprendre que pour Fourier, la
criminalité n'a aucune raison d'être dans son système idéal. Il a imaginé un ensemble
d'institutions qui permettent la libre expression de la nature humaine et qui délivre
l'homme de sa sujétion à une autorité extérieure et élimine la principale de criminalité
ou de comportement antisocial.

L'utopie de Fourier n'a donc aucun besoin d'Etat, de juges, de cours, de police ou de
quelconques forces coercitives.

DISPARITION DES STRUCTURES REPRESSIVE

 (*5) “Armées de commis, garde champêtres, garde chasses, espions [...]”

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Ces fonctionnaires que Fourier qualifie de parasites accessoires n'ont plus aucune utilité
dans une société où règnent l'harmonie, l'entente et le respect.

 (*l 22) “Administrations complicatives”

Fourier imagine une administration assez lâche au sein de ces collectivités. Il envisage une
régence composée des membres les plus riches et les plus cultivés de la phalange qui
réfléchiraient aux questions techniques comme par exemple la date de la moisson. Cependant
cette régence ne durerait que la première génération de la phalange. Le texte fait sans cesse
allusion aux différents problèmes qu'oppose l'écart de richesse entre les individus.

Fourier ne pense pas supprimer les classes sociales mais plutôt réussir à les faire vivre en
harmonie. Il pense qu'à l'instar des planètes qui se déplacent et se croisent de manière
ordonnée, Dieu a donné aux hommes le moyen de trouver l'ordre social idéal: le système
newtonien.

 (*10) Fourier rejette les moralistes; philosophes, politique qu'il qualifie de


“sophistes expectants”. Selon lui, la philosophie politique de son temps n'a
aucun rapport avec ce que vivent les gens. Il affirme que la négation des
problèmes fondamentaux est faite de manière volontaire et consciente: il la
nomme “l'indifférence méthodique”.
 (*13) “Les agents de destruction positive”.

Il pourrait s'agir ici des gouvernements. Dans le régime économique qu'il rêve, les possibilités
d'arbitraire seraient réduites, au minimum. Selon lui les autorités auraient à exercer fonctions
administratives plutôt que gouvernementales. Il n'admet aucun pouvoir centralisateur.

Au sein des phalanstères, la réglementation tend à satisfaire les passions. Grâce à sa


foi en les passions et l'harmonie, Fourrier résout le problème de l'autorité en la supprimant.

CONCLUSION

Ce tableau des improductifs vise à démontrer une idée toute simple : la sous-
explotation flagrante par la société civilisée, des forces de production dont elle dispose et la
cause de la pauvreté.

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BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES GÉNÉRAUX :

_D. Barjot, J-P Chaline, A. Encrevé, La France au XIX, 1814-1914, PARIS, 2002

_F. Caron, Histoire économique de la France XIX-XX, Armand Colin, LIEGE, 1995

_G. Bouglé, Socialismes français, du socialisme utopique à la démocratie industrielle,


Armand Colin, PARIS, 1941

OUVRAGES SPÉCIALISÉS :

_F. Dagognet, trois philosophies revisitées : Saint Simon, Proudhon, Fourier, Georg
OLMS Verlag, Allemagne, 1997

_J. Beecher, Fourier, Fayard, PARIS 1993

_H. Desroche, La société festive du fouriérisme écrit au fouriérisme pratiqué, Seuil,


PARIS, 1975

WEBBOGRAPHIE :

http://www.persee.fr

http://books.google.com

8
http://rh19.revues.org

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