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communisme
et capitalisme
(1973-1992)
Lafin de l'ère maoïsteestmarquéepar une lutte pour
le pouvoir entre une tendancegestionnaire,incarnée
par Zhou Enlai puis Deng Xiaoping, et une tendance
extrémistemenéepar la « bandedesQuatre
À lamortdeZhouEnlaiet deMaoZedong,en1976,
s'ouvre une courte période de transition. Mais, en 1978,
la ligne du pragmatiqueDengXiaopingl'emporte
définitivement et la Chine se lance dans une politique
de modernisation de son économie, au prix
de l'abandonde nombreuxprincipesmarxisteset
d'une ouvertureauxcapitauxet auxtechniques
de l'Occident.Ladécollectivisationdescampagnes,
la libération desprix et la renaissance
d'un secteurprivé
bouleversent une société tiraillée entre un retour
aux valeurs anciennes confucéennes et le modèle
capitaliste.Maisle pouvoirresteentièremententre
lesmainsd'un Particommunistetout-puissant
qui contrôleétroitement la vie politique et culturelle
du pays,malgréla contestationd'une grandepartie
de l'intelligentsia.
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Xiaoping, c'est un obscur dirigeant, Hua Guofeng, qui est désigné
comme Premier ministre par intérim en février, un choix surprenant
qui n'est qu 'un compromis de circonstance entre les deux tendances
qui s'affrontent pour le pouvoir.
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• La réforme économique
Avec Deng Xiaoping s'ouvre depuis décembre 1978 une ère de
profondes réformes économiques qui vont rapidement bouleverser
le pays. Cette nouvelle politique, dite de modernisation, prend sur
bien des points le contre-pied du système antérieur : réhabilitation
de la notion de profit avec notamment la réintroduction d'un petit
marché libre, puis d'un véritable secteur privé ; assouplissement
de la planification et mise en place du « système de responsabilité »,
liant plus directement la rémunération à la production, permet-
tant ainsi le retour à l'exploitation familiale en agriculture et une
large autonomie de gestion aux dirigeants d'entreprise ; ouverture
de la Chine aux techniques et aux capitaux étrangers (surtout occi-
dentaux).
Jusqu'en 1984-1985, l' accent est surtout mis sur la décollectivisa-
tion des campagnes, entraînant la disparition des communes popu-
laires. Le retour à l'exploitation familiale et la commercialisation
des produits agricoles provoquent une augmentation spectaculaire
de la production et des revenus paysans entre 1979 et 1985. Cette
libéralisation des campagnes s'étend d'ailleurs aux autres activités
économiques (artisanat, commerce, transports, petites industries
rurales) alors que dans le secteur urbain et industriel, les réformes
restent très limitées : plus grande autonomie de décision accordée
à quelquesentreprisesd'État, créationen 1979de quatre«zones
économiques spéciales» (Z.E.S.) dans les provinces méridionales,
des zones franches pour attirer les investisseurs étrangers grâce
notamment à des exonérations fiscales, des exemptions douanières.
En octobre 1984, le IIIe plénum du XIIe Comité central du P.C.C.
décide d'étendre cette politique de modernisation à l'ensemble
de l'économie chinoise, notamment au secteur urbain. Le champ
de la planification est considérablement réduit (on supprime, par
exemple, les livraisons obligatoires de quotas de produits agricoles
à l'État) et on libéraliseprogressivementles prix agricoleset
industriels. Dans les villes, la restructuration du pouvoir dans les
entreprises en 1984 et la généralisation du « système de responsa-
bilité » en 1987 transforment le secteur industriel où se développe
la concurrence. L'autofinancement, les prêts bancaires et les inves-
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tissements étrangers (ouverture de quatorze autres villes côtières
aux capitaux extérieurs en 1984) prennent le relais des subventions
gouvernementales. Ces réformes se traduisent aussitôt par une
nette augmentation de la production, notamment industrielle, et par
une élévation d'ensemble du niveau de vie de la population, mais
aussi par une forte hausse des prix, un lourd déficit du commerce
extérieur (en raison d'une brusque augmentation des importations)
et une accentuation des déséquilibres régionaux entre les provinces
en plein développement et celles restées en grande partie à l'écart
de ces transformations.
Un moment ralenties par un net durcissement du régime suite
aux graves événements de Tian An Men en 1989, les réformes vont
reprendre dèsle début de l' année 1992 à la suite d'un voyage de Deng
Xiaoping dans les provinces méridionales, louées pour leur réussite
économique. Entérinées par le XIVe congrès du P.C.C. en octobre
1992, elles donnent naissance à une notion nouvelle, « l'économre
de marché socialiste », expression qui sera même introduite dans la
Constitution en mars 1993.
• Le « socialisme à la chinoise »
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« L'ouverture » de la Chine U RSS
- Yantai CORÉE
Qingdao DÜiSü)
Mer
Lianyungang Jaune
Xi'an
Nantong
JAPON
Wuhan
Nanjing Shanghai
Chongqing Ningbo
Merde Chine
Wenzhou orientale
CHINE
Fuzhou
tuilin
Shantou
Canton
Xiamen
Shenzhen TAIWAN
Beihai Zhuhai
Hong Kong
acao
Zhanjiang
VièTNAM
Hainan
Merde Chine
méridionale
LAOS 400 km
PHILIPPINES Source: Le Monde, Fr nov. IBI
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L'impossibledémocratisation?
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Jusqu'en 1986, la Chine ne connaît qu'une « démaoïsation »
limitée et contrôlée par le P.C.C. avec une alternance de petites
accélérations et de sérieux coups de freins. Ainsi après un bref
« printemps de Pékin » en 1979, pendant lequel le régime semble
tolérer une certaine liberté d'expression, les écrivains contestataires
sont-ils rapidement rappelés à l'ordre et les chefs du « mouvement
démocratique » réduits au silence. En 1983 est lancée une grande
campagne contre la « pollution spirituelle », suivie en 1985 d'une
autre campagne contre la « littérature polluante », c' est-à-dire contre
les mauvaises influences occidentales auxquelles on attribue, par
exemple, le développement de la délinquance et de la criminalité.
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