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CHAPITRE 1
4
En 2010, à l’âge de trente ans, elle avait démissionné
de son poste de professeur des écoles, trop stressée
par les réflexions blessantes et menaçantes de certains
élèves. Elle ne s’était pas mariée, consacrant tout son
temps à ses élèves, persuadée d’exercer le plus beau
métier du monde. Dans un état dépressif, elle avait
pris du poids en se vengeant sur la nourriture. Sa
tenue était devenue négligée et, malgré un âge tout à
fait correct pour espérer trouver l’homme de sa vie,
personne ne la regardait plus. C’était son amie
Caroline, qui l’avait secouée puis poussée à retrouver
sa ligne et incitée à changer de métier. Célia était
consciente qu’elle devait beaucoup à sa meilleure
amie. Sa silhouette retrouvée, elles avaient alors
parcouru les magasins pour lui recomposer sa garde-
robe. Ainsi transformée, elle s’était jetée sur les
petites annonces dans l’espoir de trouver un travail
qui lui conviendrait.
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Lorsqu’elle se leva pour descendre au terminus de la
place Jeanne d’Arc, la femme qui se trouvait à ses
côtés pendant le trajet, lui tapota le bras :
- Madame, vous oubliez votre livre !
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patron n’était pas encore arrivé. Elle sortit de son sac,
le jeu de clés qu’elle avait toujours sur elle et entra.
Elle alluma toutes les pièces, rangea son manteau au
vestiaire, puis se dirigea ensuite vers le coin cuisine,
afin d’y déposer son repas qu’elle avait préparé le
matin même et en profita pour brancher la cafetière et
faire couler un café.
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souhaitait prendre rendez-vous pour le faire évaluer.
C’était du travail pour Antoine, l’associé de Bertrand,
son patron et Célia lui laissa un mot sur son bureau
afin qu’il prenne contact avec cette femme.
Elle se leva pour éteindre la cafetière et s’en versa une
bonne tasse, qu’elle ramena avec elle et déposa sur
son bureau. Tout en sirotant son café, elle sortit de son
sac à main le livre trouvé dans l’autobus, qui avait
comme titre « L’enlèvement de mon fils ».
Curieusement, il n’y avait pas le nom de l’auteur,
juste son prénom : Marie. Pas de nom d’éditeur non
plus. Célia en déduisit que ce livre avait été autoédité.
Sur la couverture, une photographie de femme. Peut-
être celle de l’auteure ?
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vers dix heures trente. Il embrassa Célia
chaleureusement et ôta son blouson avant de se
précipiter vers la cafetière pour prendre lui aussi un
café bien chaud.
- Alors, quoi de neuf ?
- Un message d’une madame Clément qui veut vendre
son appartement. Elle voudrait prendre rendez-vous
pour le faire estimer. Je t’ai mis un mot sur ton bureau
avec ses coordonnées.
- Et Bertrand ?
- En rendez-vous, ce matin avec un couple pour
l’achat d’une maison.
- C’est tout ?
- C’est tout !
- Bien, je vais appeler cette dame.
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sa pause du déjeuner, pour commencer à lire les
premières pages de ce récit.
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La jeune fille présenta ses papiers. Elle s’appelait
Jessica Duguet, elle avait vingt ans. Elle expliqua
qu’elle était étudiante à la fac de pharmacie, et que
jusqu’à présent, elle vivait en colocation avec une
autre étudiante. Mais cette dernière avait décidé
d’arrêter ses études et, de ce fait, elle ne pouvait plus
assurer seule le loyer de l’appartement. Elle précisa
qu’elle avait une bourse de trois cent cinquante euros
et que ses parents lui en versaient deux cent cinquante
par mois.
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Célia rechercha sur son ordinateur l’annonce
concernant le studio, puis elle lui demanda de
s’approcher pour regarder les photos sur l’écran.
Jessica semblait intéressée.
- Ça m’irait très bien !
- Si vous avez le temps, je vous le fais visiter ce
matin ?
- Oui, je veux bien merci.
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maman qui semblait d’accord, demanda à sa fille de
lui passer la personne de l’agence immobilière.
La jeune fille tendit son téléphone à Célia en lui
disant :
- Ma mère veut vous parler !
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Les premières pages du récit, racontaient brièvement
la petite enfance de Marie jusqu’à son adolescence.
Elle était née en 1975. Ses parents ouvriers, habitaient
dans les quartiers pauvres de Toulouse et avaient fait
leur possible pour lui offrir une vie plaisante. Le
matin, avant de partir travailler, sa maman la déposait
chez une voisine qui l’amenait à l’école, retournait la
chercher à seize heures trente et la gardait jusqu’à son
retour le soir. Tous les jours de la semaine étaient
ainsi réglés. Son père, lui, faisait des heures
supplémentaires pour pouvoir boucler les fins de mois
difficiles. Ils vivaient chichement, selon leurs moyens.
Marie l’avait accepté jusqu’à l’âge de quinze ans.
Ensuite, elle avait commencé à leur demander de
l’argent de poche, car disait-elle, toutes ses copines en
avaient. Ses parents avaient fait ce qu’ils avaient pu,
mais aux yeux de la jeune fille, ce n’était pas assez.
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À dix-sept ans, elle fréquentait avec d’autres
lycéennes, l’un des lieux les plus prisés par les
étudiants, la terrasse d’un café proche de la place du
Capitole. Un après-midi de mai, elles remarquèrent
que le serveur était nouveau et pas mal physiquement.
Aussitôt, il s’en suivit des interrogations sur son âge,
ses origines, ses goûts musicaux, etc... Marie
remarqua ce sourire irrésistible lorsqu’il la regardait.
Très fière d’avoir été repérée par un si beau garçon,
elle ne résista pas longtemps, quand il l’invita à sortir
avec lui.
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cherchaient à se marier en France, pour prendre la
nationalité. Elle n’avait pas écouté et s’était retrouvée
enceinte à dix-huit ans, l’année de son bac. Sachant
que ses parents feraient tout pour empêcher un
mariage prématuré, elle promit d’obtenir son bac en
priorité, ce qu’elle fit. Elle était maintenant majeure et
n’avait plus besoin du consentement de ses parents
pour se marier. Vexés, ils avaient refusé de se rendre
au mariage.
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À la naissance de leur fils, Yanis, les parents de Marie
demandèrent à voir leur petit-fils, mais ils se
heurtèrent à un refus de la part de leur fille.
Elle avait fait une demande à la crèche la plus proche
pour faire garder son fils et ainsi chercher du travail,
mais elle s’y était pris trop tard, elle devait donc
passer par une nourrice si elle voulait travailler.
Devant les sommes astronomiques demandées pour la
garde du bébé, elle fut vite découragée.
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l’aide. Il décida de la laisser faire, sachant qu’elle se
heurterait certainement à un refus.
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crèche et fit sa demande pour son fils. Là encore, elle
essuya un refus, un CDD ne représentait pas un
emploi stable, elle devait être embauchée
définitivement.
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Elle avait été bernée comme une débutante, telle était
leur réponse.
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Caroline était mariée, mais lui consacrait beaucoup
de son temps. Elle tenait une boutique de vêtements
pour femmes dans le centre-ville et passait souvent à
l’agence lui rendre une petite visite avant de rouvrir
son magasin. Parfois, elles déjeunaient ensemble à
l’agence ou au restaurant. Elle insista auprès de
Célia :
- Alors, tu es d’accord pour venir samedi soir chez
nous ? Tu verras, je te présenterai quelqu’un de bien,
tu vas craquer !
- D’accord, je viendrai
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quant à sa rencontre avec un possible mari dans les
connaissances de son amie. Elle n’avait pas sa
prestance, mais elle était restée sa seule amie depuis le
lycée.
Bertrand venait de rentrer. Il annonça avec bonne
humeur que la maison de Gratentour était vendue. Il
s’étonna de l’absence d’Antoine.
- Notre bel Antoine n’est pas rentré de déjeuner ?
- Il ne devrait pas tarder, il avait l’évaluation d’un
appartement sur Toulouse. Une femme qui souhaite
vendre.
- D’accord, rien de spécial ?
- Ma foi non, c’est plutôt calme aujourd’hui.
- Bon, si on me demande, vous savez où je suis.
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rester, pour discuter de leur journée réciproque,
jusqu’à ce qu’elle parte à dix-huit heures. Seul un
client intéressant pouvait les faire sortir à une heure
tardive. Elle avait frappé à la porte de Bertrand, quand
ce fut l’heure de partir, elle leur souhaita une bonne
soirée, et s’en alla en direction de la place Jeanne
d’Arc pour prendre son bus.
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En descendant de l’autobus, elle s’arrêta pour prendre
son pain à la boulangerie et grimpa prestement les
escaliers jusqu’au troisième étage. Pour cette soirée,
elle allait faire réchauffer une soupe qu’elle avait
préparée la veille avec pleins de bons légumes. Puis,
sans même consulter le programme de télévision, elle
s’installa dans son fauteuil préféré pour pénétrer à
nouveau dans la vie de Marie à travers son journal.
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courte vie de femme mariée, elle me rassura en me
disant que de nombreuses femmes se trouvaient dans
ma situation. Elle me proposa de les rencontrer lors
d’une réunion prévue au sein d’une association créée
pour ce genre de cas. Elle m’expliqua qu’il était
nécessaire d’écouter le récit de ces femmes avant de
voir un avocat. J’ai donc donné mon accord, pour
participer à la prochaine réunion qui avait lieu huit
jours plus tard.
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CHAPITRE 2
31
- Non, rassurez-vous, juste un problème d’héritage
familial en Espagne. Je pense être de retour mardi,
sinon je vous appelle. Bon, je me sauve, j’ai juste le
temps de boucler une valise et je prends la route.
- Allez-y, et soyez prudent.
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qu’Antoine n’émettrait pas d’objection à ce qu’elle
vienne travailler le matin, car elle avait un rendez-
vous chez son coiffeur l’après-midi et elle comptait
s’acheter une robe pour la soirée chez Caroline.
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- Il est parti en Espagne, une histoire d’héritage. Il
pense être là mardi, sinon il rappellera. Nous devons
donc être présents tous les deux demain !
- Très bien, j’espère pour lui qu’il ne s’agit pas d’un
héritage à problèmes ! Tu souhaites venir le matin ou
l’après-midi ?
- Si cela ne te dérange pas, je préfère le matin, car
j’avais pris un rendez-vous chez mon coiffeur l’après-
midi et je suis invitée à une soirée demain soir.
- Un rendez-vous galant ?
- C’est mon amie Caroline qui m’a invitée. Elle va
certainement essayer de me caser, comme à son
habitude !
- Qui sait, elle t’a peut-être trouvé l’homme idéal ?
- Je ne me fais aucune illusion.
- Bien, sinon rien d’autre ?
- Bertrand n’a pas laissé de directives en ce qui te
concerne, si tu as des rendez-vous, tu peux y aller sans
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crainte, j’ai de quoi m’occuper avec ce qu’il m’a
laissé, j’en ai pour la matinée.
- Étant donné que nous devons venir travailler
demain, je vais sortir pour m’occuper de deux ou trois
choses et je reviens en début d’après-midi.
Après son départ, Célia attaqua la frappe de son
premier rapport. Elle travailla énergiquement jusqu’à
midi, interrompue uniquement par des appels
concernant des renseignements sur des annonces de
location, vues sur le site de l’agence. Puis, comme elle
le faisait à chaque fois qu’elle se trouvait seule
pendant l’heure du déjeuner, elle ferma la porte de
l’agence et baissa le rideau. Elle se dirigea ensuite
vers la cuisine pour faire réchauffer son déjeuner dans
le micro-ondes.
Pressée de lire la suite du récit de Marie, elle engloutit
son repas en un quart d’heure. Elle fit place nette sur
son bureau et sortit le livre de son sac. En ôtant le
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marque-page, elle entrait à nouveau dans la vie de
Marie.
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y a une dizaine d’années de cela. Depuis, je parcours
les villes de France pour parler de mon histoire et
donner de précieux conseils aux femmes à qui l’on a
enlevé un enfant. Voici les deux points que je voulais
aborder :
Le premier point est : comment prévenir un
enlèvement ?
- Si les risques de déplacement illicite de l’enfant par
le conjoint sont imminents, vous devez déposer une
demande d’interdiction de sortie du territoire
français. En effet, dans un couple marié, il faut l’aval
des deux parents pour faire sortir un enfant mineur.
Si l’un des deux s’y oppose, en déposant une demande
d’interdiction de sortie du territoire français, le
conjoint n’aura donc pas l’autorisation de partir avec
l’enfant.
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possibilités d’empêcher le départ de mon fils à
l’étranger. J’avais tellement confiance en Elias ! Rien
ne laissait supposer qu’ils ne reviendraient pas.
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votre enfant. Puis de prendre un avocat, qui restera
en liaison permanente avec le ministère de la Justice
et le ministère des Affaires Étrangères. Enfin, il faut
savoir que cela va prendre du temps, parfois
beaucoup de temps. Personnellement, je n’ai eu la
permission de voir mon fils qu’au bout de deux
années. Je ne veux pas vous démoraliser, mais il faut
que vous sachiez qu’il va vous falloir beaucoup de
patience. Si vous avez des questions, j’y répondrai
dans la mesure de mes connaissances. Je vais vous
recevoir une par une dans une petite salle à côté,
d’ici une heure. Pour celles qui veulent partir, je vous
souhaite bonne chance dans vos démarches.
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et raconter son histoire. Chaque femme qui prenait la
parole avait, à peu près, vécu la même chose.
Certaines avaient déjà entamé des actions
d’approche avec le ministère des Affaires Étrangères,
afin d’obtenir la permission d’une visite à leur enfant.
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compris que la partie était loin d’être gagnée.
Néanmoins, ils me consolèrent en m’assurant qu’ils
allaient se battre avec moi. Les jours qui suivirent
furent très difficiles, je ne devais surtout pas craquer
au travail. Pour conserver mon emploi, il me fallait
mettre mes problèmes personnels de côté. Cet emploi
était vital si je voulais avoir une chance d’obtenir la
garde de mon petit Yanis.
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Elle rangea soigneusement le livre, encore secouée
par ce qu’elle venait de lire.
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demande pour obtenir une aide à domicile. Si c’est
une question de sentiments, je peux comprendre qu’il
vous soit difficile de rester dans ces lieux sans la
présence de l’être aimé. La question est, avez-vous
des enfants ?
- Oui, j’ai deux enfants qui ont eux-mêmes deux
enfants chacun, pourquoi cette question ?
- Parce que si vous souhaitez vendre votre
appartement, il vous faut l’autorisation de vos enfants,
même si c’est pour faire l’acquisition d’un autre
logement. Le conseil que je peux vous donner, c’est
de prendre rendez-vous le plus rapidement possible
avec votre notaire qui vous donnera toutes les
explications à ce sujet. Tout dépend aussi du régime
sous lequel vous vous êtes mariés. Avez-vous prévenu
votre notaire du décès de votre femme ?
- Non, personne ne m’en a rien dit, il faut le faire
absolument ?
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- Faites-le très vite monsieur, car je crois que vous
n’avez qu’un an pour faire cette démarche.
L’homme parut très contrarié ;
- Ce qui veut dire que je ne peux pas décider moi-
même de vendre mon bien sans l’autorisation de mes
enfants ? C’est complètement aberrant ! Ce ne sont
pas eux qui ont peiné pour payer le crédit de notre
appartement. Vous êtes certaine de cela ?
- Je comprends votre colère et ce que vous pouvez
ressentir, c’est pourquoi, je vous incite à voir votre
notaire au plus vite monsieur.
- Je vais vous écouter et prendre rendez-vous avec
mon notaire dès aujourd’hui. Ensuite, je reviendrai
vous voir pour vous tenir au courant de ce qui m’a été
dit durant cet entretien. Je vous remercie beaucoup
mademoiselle pour vos conseils avisés. Mais, je viens
de me rendre compte que je ne me suis même pas
présenté, je suis monsieur Beaugrand. Oui, mon nom
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fait souvent sourire, car je ne suis ni beau, ni grand,
mais c’est ainsi.
- Moi, c’est Célia et je suis très heureuse d’avoir fait
votre connaissance. C’est avec plaisir que je vous
recevrai dans notre agence après votre entretien avec
votre notaire. Quant à votre nom, je trouve qu’il vous
va bien, car vous n’êtes pas si mal !
- Vous êtes une jeune femme très bien élevée Célia, à
très bientôt.
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- Voilà ! J’ai pu faire tout ce que j’avais prévu, je suis
donc tranquille pour demain.
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- Non, je vais aller avec cette dame pour visiter son
appartement qu’elle souhaite mettre en vente. Je ne
pense pas rentrer avant ton départ, je te laisserai mon
rapport de visite sur ton bureau ce soir. À demain !
- À demain Antoine.
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Elle trouva un article sur la « mission d’aide à la
médiation internationale pour les familles » créée au
ministère de la Justice, mais seulement en 2001. Ce
qui voulait dire que pour Marie, cette mission
n’existait pas encore. Un autre article parlait du droit
de visite de l’épouse en pays étranger. Il était
conseillé de prendre un second avocat sur le territoire
où se trouvait l’enfant, pour faire constater ses droits
et demander par la même occasion, la garde de
l’enfant.
Après avoir parcouru les différents articles traitant de
ces enlèvements illicites d’enfants, elle tenta une
recherche pour essayer de localiser Marie. Par son
livre, elle espérait trouver un lien qui lui donnerait au
moins un renseignement sur son nom de famille. Mais
peut-être avait-elle divorcé depuis et repris son nom
de jeune fille ? Etait-ce aussi son intérêt de divorcer si
elle voulait récupérer son enfant ? La suite du récit de
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Marie, lui permettrait peut-être de faire des recherches
plus approfondies.
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- Désolée, mais nous avons une cliente qui voudrait
visiter une maison affichée en vitrine, en vue de
l’acheter. Elle préfère attendre un responsable plutôt
que de revenir.
- Bon, je serai là dans une demi-heure, fais-la
patienter !
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Devant le mutisme de cette cliente, Célia n’était pas
très à l’aise et ne savait pas quelle attitude adopter.
Elle fit semblant de s’affairer sur son ordinateur tout
en regardant l’heure qui tournait. À un moment, sa
visiteuse se leva et demanda où se trouvaient les
toilettes. Célia l’accompagna et attendit son retour, en
surveillant afin qu’elle ne s’introduise pas dans la
partie privée de l’agence.
Avant qu’elle ne soit ressortie, Antoine poussait la
porte et regardait Célia d’un œil interrogateur. Elle lui
fit signe que la personne était aux toilettes. Il s’installa
et constatant qu’il était presque dix-huit heures :
- Tu peux y aller Célia, je fermerai et je laisserai mon
compte-rendu sur ton bureau.
- Merci Antoine, à demain.
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Célia l’informa que le responsable était arrivé. Afin de
ne pas les déranger, elle sortit par la porte de derrière,
heureuse de ne pas être obligée de rester le temps de
l’entretien avec Antoine.
Mai 1994
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À ce moment, je me suis posé la question. Il était
évident que mon fils ne me reconnaîtrait pas, étant
donné qu’il était parti à l’âge de trois mois. Comment
réagirait-il si j’avais l’autorisation d’aller le voir ?
En attendant, mes parents me poussaient à demander
le divorce et la garde de mon fils. Pour le divorce, je
devais m’informer au préalable, afin de ne pas
commettre d’impair.
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CHAPITRE 3
57
le bureau d’Antoine pour les consulter plus tard et se
remit aussitôt au travail.
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- Je vais vous faire faire une visite virtuelle sur mon
ordinateur, dans un premier temps. Si vous voulez me
suivre. Installez-vous à mes côtés.
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- Je peux vous rappeler, je vais essayer de voir avec
ma mère ?
- Rappelez-moi aujourd’hui jusqu’à treize heures
ensuite, c’est mon collègue qui prend le relais à partir
de quatorze heures.
- D’accord, je fais mon possible pour vous rappeler
avant votre départ. Merci.
Célia regardait le couple sortir en pensant que cet
appartement représentait certainement beaucoup pour
eux. Puis, elle s’en retourna à son travail.
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préfecture. Célia releva aussitôt l’horaire pour s’y
rendre. Peut-être avait-elle trouvé le moyen de
rencontrer Marie ? La jeune fille n’avait pas rappelé.
Elle laissa un mot sur le bureau d’Antoine au sujet de
la visite du jeune couple, puis elle commença à ranger
ses affaires.
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pour avancer dans son récit avant que la coiffeuse ne
s’occupe d’elle.
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se sentent rassurés. Peut-être ont-ils peur que je fasse
une bêtise s’ils me laissaient partir ?
J’ai vingt ans, l’âge où, en principe, on ne pense qu’à
s’amuser, aller danser, voir des spectacles, aller au
cinéma. Mais je reste dans ma chambre à regarder
les photographies prises avec Elias et notre bébé et à
relire le peu de lettres qu’il m’a écrites. J’ai parfois
envie de mourir, je n’imagine pas ma vie sans mon
fils.
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toujours pas pourquoi Elias a agi de cette façon.
Nous nous aimions vraiment et faisions des projets
pour Yanis. Que peut-il faire là-bas ? Est-ce qu’il
travaille ? Qui garde mon enfant ? Et pourquoi
refuse-t-il de m’envoyer des photos ?
Juillet 1995
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un menteur hors pair, qui a déjà trouvé chaussure à
son pied et n’ose pas me le dire, car nous sommes
toujours mariés ? Mes parents ont peur pour moi. Ils
me disent de m’accrocher à mon travail, car c’est la
seule solution pour moi si je veux obtenir la garde du
petit. Je sais qu’ils ont raison et je me suis décidée à
demander le divorce et la garde du petit. Mon avocat
m’a déjà prévenue que ce serait long et difficile, mais
je suis prête à attendre le temps qu’il faudra, pourvu
que mon fils me revienne.
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problèmes familiaux. Il a eu un regard interrogateur,
mais comprenant que je ne lui livrerais pas l’objet de
mes soucis, il a néanmoins répondu « j’attendrai que
vous acceptiez de vous confier et ensuite, je
renouvellerai mon invitation ». Je lui ai répliqué de
me laisser un peu de temps. Il a souri, comprenant
que tout espoir n’était pas perdu.
***
Quelque chose avait touché l’épaule de Célia, elle
releva la tête et reconnut sa coiffeuse qui l’invitait à
passer au shampoing.
- Et bien dites-moi, votre roman à l’air passionnant,
vous avez à peine réagi quand je vous ai touché
l’épaule.
- Désolée, oui, c’est passionnant effectivement !
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temps d’aller faire les magasins à Toulouse, si elle
prenait le bus, elle décida d’appeler un taxi. « Une
fois n’est pas coutume, se dit-elle ! ».
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Elle se dirigea ensuite vers les rues commerçantes et
s’empressa d’entrer dans les boutiques qu’elle avait
l’habitude de fréquenter. Ignorant à quel genre de
soirée son amie Caroline l’avait invitée, elle décida
d’essayer plusieurs robes de soirée. Elle jeta
finalement son dévolu sur une robe à fines bretelles,
assez moulante, mais pas trop non plus. Elle opta pour
une couleur bleu nuit. Pour parfaire sa tenue, elle
choisit un petit boléro blanc.
À la sortie du dernier magasin où elle venait d’acheter
une jolie paire d’escarpins, elle constata qu’elle allait
être en retard chez Caroline, si elle revenait sur
Castelginest. En effet, son amie habitant Toulouse, il
serait plus facile de passer se changer à l’agence
immobilière, elle pourrait ainsi se rendre à pied à cette
soirée.
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L’agence était encore éclairée, signe qu’Antoine était
toujours sur les lieux. Elle décida de passer par la
porte qui donnait sur la ruelle et pénétra sans bruit
dans le vestiaire. Célia trouva étrange de n’entendre
aucun bruit, Antoine devait s’être endormi. Elle
décida de ne pas le réveiller et s’introduisit dans les
toilettes pour se changer. En sortant revêtue de sa robe
nouvellement achetée, elle se dirigea vers le lavabo
pour retoucher son maquillage. Elle termina par
quelques gouttes de parfum derrière le lobe des
oreilles et sur les poignets, puis elle rangea ses
vêtements dans son vestiaire.
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travail, mais en général, ce n’était que quelques
minutes et, au moindre bruit, il relevait la tête. Le
grincement de la porte de son vestiaire aurait dû le
réveiller !
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l’homme qu’elle souhaitait lui présenter. Elle trouva
Célia effondrée à son bureau, les larmes avaient fait
couler son maquillage et taché sa jolie robe. Mais
c’était là le dernier de ses soucis, elle était très
inquiète pour Antoine.
À l’arrivée de la police, une ambulance suivait. Un
médecin était entré et avait constaté qu’Antoine était
dans le coma suite au traumatisme crânien qu’il avait
subi. Il fut emporté rapidement dans l’ambulance.
Quant à Célia, elle fut confrontée à un long
interrogatoire :
- Antoine était-il marié, sinon avait-il de la famille sur
Toulouse ? Avait-on volé quelque chose dans
l’agence ?
Elle avait répondu de son mieux :
- Non, Antoine n’était pas marié, elle ne savait pas s’il
avait de la famille dans la région, il était plutôt discret
sur sa vie privée. Mais peut-être avait-il un répertoire
téléphonique sur son portable où figurent les numéros
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de téléphone de sa famille ? Enfin, elle n’avait pas
remarqué s’il y avait eu vol.
Avant de partir, les policiers lui demandèrent de
passer au commissariat, le plus tôt possible pour faire
sa déposition.
Elle récupéra ses affaires au vestiaire et referma le
rideau de l’agence. La soirée était fichue et Caroline
en était consciente. Toutefois, elle l’encouragea à
venir prendre un verre chez elle pour se remonter.
Ensuite, ils la raccompagneraient chez elle. Célia
suivit son amie sans dire un mot.
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- Je m’appelle Thomas, je suis l’ami qui devait vous
être présenté, je suis navré de faire votre connaissance
dans ces circonstances.
- Merci pour le verre, j’en avais bien besoin. Caroline
m’avait dit que vous étiez une personne irrésistible,
elle est trop mère poule avec moi et elle veut à tout
prix me caser. Je suis vraiment désolée de me
présenter dans cet état pour une première rencontre,
mais Antoine est un collègue de travail depuis déjà
plus de trois années et il est très attachant. Quand je
l’ai vu avec tout ce sang sur le visage, j’ai eu peur
qu’il soit mort. J’espère qu’il va sortir du coma
rapidement. D’un autre côté, je suis heureuse d’avoir
eu l’idée de passer par l’agence pour me changer,
sinon il aurait pu rester là encore plusieurs heures
avant qu’il ne soit découvert.
- Vous êtes bouleversée. Si vous le souhaitez Célia, je
me propose de vous raccompagner, je comprends très
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bien que vous n’ayez pas trop envie de vous amuser
ce soir.
- Vraiment, cela ne vous dérangerait pas ?
- Non, je vais juste prévenir nos hôtes et je vous
accompagne.
- Pouvez-vous me rapporter un autre verre ?
- Aucun problème !
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CHAPITRE 4
79
Elle se jeta sur le téléphone pour appeler l’hôpital, elle
s’en voulait de s’être saoulée au lieu de prendre des
nouvelles de son collègue. Quand on décrocha enfin
elle se mit à bafouiller :
- Bonjour, je voudrais avoir des nouvelles d’Antoine,
c’est mon collègue de travail, il a été agressé hier
soir !
- Bonjour madame, quelle est la personne dont vous
souhaitez avoir des nouvelles ?
- Heu… Oui, excusez-moi. Je voulais avoir des
nouvelles de la santé d’Antoine Eymard, il a été
agressé hier soir et l’ambulance l’a amené chez vous.
- Êtes-vous de la famille ?
- Non, je viens de vous dire que je suis sa collègue de
travail, je suis celle qui l’a découvert inanimé et qui a
prévenu la police.
- Si vous n’êtes pas de la famille, je ne peux pas vous
donner d’informations par téléphone.
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- Mais enfin, c’est impossible, je voulais savoir s’il
était sorti du coma, je dois appeler notre patron pour
l’informer de l’hospitalisation d’Antoine, il faut que je
puisse lui dire ce qu’il en est ?
- Écoutez, venez à l’hôpital, et si aucun membre de sa
famille n’a pu être prévenu, on vous donnera peut-être
l’autorisation de le voir.
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- Non, il est en Espagne pour un rendez-vous chez un
notaire. Une histoire d’héritage. Je tenterai de
l’appeler dès que j’aurai pu voir Antoine. Si je
l’appelle maintenant, il va me harceler de questions
auxquelles je ne pourrai pas répondre.
- Nous arrivons, je vous accompagne.
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Thomas revenait avec les cafés au moment où Célia
venait de se rasseoir :
- Alors ? Vous avez pu avoir des informations ?
- Une infirmière va venir me voir, il faut attendre. Si
vous souhaitez partir Thomas, je ne vous en voudrai
pas, je suppose que vous avez autre chose à faire !
- Rassurez-vous, rien d’urgent aujourd’hui, j’ai tout
mon temps.
- C’est gentil à vous, merci.
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- L’Espagne n’est pas le bout du monde, tout de
même !
- Non, mais il y a des endroits où l’on ne capte pas et
il n’y a que sur son portable que je peux le joindre.
Merci encore.
88
siennes, elle enfila une paire de gants que la femme de
ménage rangeait dans un coin du vestiaire.
89
urgence. Elle trouva plusieurs appels en absence et le
message le plus récent, datait de la veille à dix-sept
heures. Célia mit le son et écouta.
« Bonsoir monsieur. Hier dans la soirée, ma femme
vous a demandé de venir visiter notre maison en vue
de la vendre. Pouvez-vous me rappeler très vite ».
91
- Ce n’est pas faux. Ils ont sans doute écouté les
messages du portable d’Antoine. A cette heure-ci, ils
ont peut-être découvert l’auteur du dernier message.
- Ils font leur travail, soyez sans crainte. Il faut
maintenant vous changer les idées et je vous propose
d’aller déjeuner quelque part !
- C’est très gentil à vous, mais je ne suis pas certaine
d’être de bonne compagnie aujourd’hui.
- J’insiste Célia ! Allez, je vous emmène. Finalement,
elle se laissa guider à travers les rues de la ville. Il lui
suggéra un restaurant chinois et elle trouva l’idée
excellente.
- Je veux bien, il y a longtemps que je n’ai pas mangé
chinois.
92
toutefois le dessert, ayant trop abusé des rouleaux de
printemps. À la sortie du restaurant, Thomas lui
proposa de faire quelques pas :
- Pour la digestion, c’est essentiel. Ensuite, je vous
raccompagnerai.
93
d’enfants vers les pays étrangers. Elle se pressa pour
tenter d’interroger quelques femmes. Accostant l’une
d’elles :
- S’il vous plaît madame, savez-vous si Marie est ici
dans cette manifestation ?
- Marie qui ?
- Je ne connais pas son nom de famille, elle s’appelle
Marie et son fils se prénomme Yanis, il a été enlevé
par son père !
- Non, je ne connais pas, je vais demander à mes
amies.
La femme fit le tour du défilé et demanda de faire
passer le message : une femme cherchait Marie dont
le fils Yanis avait été enlevé par son père. Elle revint
vers ses amies et voyant que Célia était toujours là, lui
annonça que le message circulait dans la foule. Célia
remercia et resta à leurs côtés, songeuse, pendant que
Thomas suivait à quelques pas. Il s’approcha d’elle et
lui demanda :
94
- Avez-vous pu retrouver votre amie ?
95
pour l’aider, pourtant cette femme m’a profondément
émue.
96
- Pourquoi faites-vous cela pour moi ? Vous ne me
connaissez pas et pourtant, vous êtes resté auprès de
moi toute la journée ?
- Peut-être que je ne suis pas insensible à votre
personne, et puis je suis très heureux d’avoir passé
cette journée auprès de vous.
- Merci Thomas. Je vais rentrer et essayer à nouveau
d’avoir des nouvelles d’Antoine et de mon patron.
- À bientôt Célia.
98
- Je ne le sais pas. Je suis venue travailler le matin et
Antoine venait l’après-midi. Je suis passée à l’agence
dans la soirée, car j’étais invitée chez une amie à
Toulouse et c’est moi qui l’ai trouvé effondré sur son
fauteuil, le visage en sang !
- Vous avez dû être effrayée ? C’est vous qui avez
appelé la police ?
- Oui, ils sont arrivés avec une ambulance. J’ai été
interrogée et je dois passer demain matin faire ma
déposition au commissariat.
- Vous avez pu voir Antoine ?
- Non, on a accepté de me donner des nouvelles, mais
je n’ai pas eu l’autorisation de lui rendre visite, car je
ne suis pas de la famille. J’ignore s’ils ont réussi à
joindre quelqu’un de son entourage, ils ne disent rien.
- Bon, écoutez Célia, demain matin, vous allez comme
prévu au commissariat faire votre déposition. Ensuite,
vous passerez à l’agence, vous mettez un mot sur la
porte « Fermé pour agression ». Sur la boîte vocale du
99
téléphone de l’agence, vous laisserez le même
message. Je ne peux pas être là avant mardi fin de
matinée, je vous rappellerai d’ici là pour prendre des
nouvelles, du moins si vous en avez. Je suis désolé de
vous laisser vous débrouiller toute seule, mais je ne
peux pas faire autrement.
- Ça ira Bertrand, je ferai ce que vous dites, je vous
tiens au courant, bonsoir.
100
CHAPITRE 5
102
Vous habitez Castelginest, rue des Ecoles, c’est bien
ça ?
- Oui, tout à fait !
- Vous êtes la personne qui a découvert monsieur
Antoine Eymard inanimé suite à une agression, dans
une agence immobilière du centre-ville de Toulouse
nommée « Agence Bertrand Sévirac », agence dans
laquelle vous et monsieur Antoine Eymard êtes
employés. C’est bien ça ?
- En fait, monsieur Antoine Eymard est l’associé de
monsieur Bertrand Sévirac, et je suis l’assistante de
ces messieurs.
104
cause d’agression ». Elle prit enfin connaissance des
appels laissés sur ce même répondeur, mais rien
d’urgent.
106
- Je suis d’accord avec toi. Si j’avais les clés de sa
maison, j’aurais certainement trouvé un répertoire
téléphonique, mais il doit les avoir avec lui ou c’est la
police qui les aura prises.
- C’est possible aussi, peut-être histoire de voir si sa
maison n’a pas été cambriolée ?
- En tout cas ici, on n’a rien pris, j’ai regardé partout.
- Et Thomas ? Tu l’as revu ?
- Oui, il a été très gentil, il est venu hier matin pour
voir si j’allais bien. Ensuite, il m’a accompagnée à
l’agence et nous sommes allés déjeuner dans un
restaurant chinois.
- C’est vrai ? Je suis heureuse que vous ayez pu faire
connaissance. Et samedi soir, quand il t’a
raccompagnée cela s’est bien passé ?
- Ne m’en parle pas, j’avais trop bu, j’étais saoule. Il a
été obligé de me porter pour monter les escaliers.
J’avais vraiment honte hier matin lorsqu’il m’a
raconté mes exploits.
107
- S’il est revenu prendre de tes nouvelles, c’est qu’il
n’est pas insensible à ton charme, sinon il se serait
abstenu.
- J’avoue que j’avais tellement l’esprit préoccupé par
cette agression, que je ne me suis même pas posé la
question. Pour moi, la soirée de samedi était ratée,
j’en avais fait mon deuil.
- Tu verras, je suis certaine qu’il va te rappeler. C’est
quelqu’un de bien. Bon, je t’emmène pour déjeuner ?
- Allons-y !
108
Pour cela, elle se rendit à la mairie espérant obtenir
des renseignements.
On lui confia que l’association existait toujours, mais
qu’elle ne pourrait s’y rendre que sur rendez-vous.
Selon les dires de la femme qui l’avait reçue,
l’association avait connu beaucoup de problèmes,
comme une détérioration des locaux, un vol de
matériel et des agressions physiques sur le personnel.
La responsable de l’association avait demandé
d’autres locaux moins exposés au vandalisme et aux
agressions. Il lui fut octroyé deux bureaux en ville, à
condition qu’ils ne soient pas ouverts au public sans
rendez-vous. Elle avait donc accepté ces conditions et
pouvait dorénavant recevoir ses visiteuses en nombre
restreint.
109
prendre sa retraite, car il s’était écoulé vingt années
depuis que Marie avait poussé leur porte. Elle décida
donc de rentrer chez elle et de prendre contact avec
cette personne.
111
sur les horaires de bureau. Il était trop tard pour
joindre cette personne.
Elle décida alors d’aller prendre une douche, puis elle
se préparerait un plateau repas et passerait sa soirée
devant la télé. Elle avait tout son temps, demain
matin, elle pouvait faire la grasse matinée. Elle sortait
de la salle de bains une serviette-éponge sur la tête et
après avoir revêtu son pyjama préféré, quand la
sonnerie de l’interphone se fit entendre. Très étonnée,
car elle n’attendait personne à cette heure-ci, elle ne
répondit pas tout de suite, pensant que quelqu’un
s’était sans doute trompé d’appartement. Mais la
sonnerie retentit à nouveau et cette fois, elle répondit :
- Oui ?
- Célia ? C’est Thomas ! Je venais aux nouvelles.
- Heu… Oui, c’est-à-dire que je sors de la douche et je
ne suis pas en tenue pour vous recevoir !
- Vous êtes en robe de chambre ou en pyjama, c’est
ça ?
112
- En pyjama avec une serviette sur la tête.
- Si cela vous dérange, je reviendrai plus tard, sinon
de mon côté, aucun souci, j’ai l’habitude de voir ma
sœur dans cette tenue. À vous de décider !
Célia réfléchit un moment, avait-elle vraiment envie
de passer sa soirée toute seule ? Non, pas vraiment !
- C’est d’accord, je vous ouvre !
113
- Peut-être pas, mais lorsque je vous ai vue en pleurs à
l’agence immobilière, je vous ai trouvée magnifique !
- Oui, bien sûr, avec mon maquillage qui avait coulé
sur mes joues et taché ma robe, c’est certain, je devais
être très attirante. Arrêtez de vous moquer de moi !
- Bon, je ne vais pas vous déranger davantage, je
voulais juste prendre de vos nouvelles et peut-être
dîner avec vous, mais je n’insiste pas. Si vous pensez
que je veux juste faire le joli cœur, il est préférable
que je parte.
- Attendez Thomas, je suis désolée. Je suis un peu
nerveuse en ce moment, il ne faut pas m’en vouloir.
J’avoue que je n’ai pas très envie de sortir ce soir,
mais si vous voulez, on peut dîner ici ?
- J’en serais très heureux !
- Laissez-moi cinq minutes, je vais changer de tenue
et je reviens. Ensuite, vous m’aiderez en cuisine !
114
Elle revint très vite, vêtue d’un jean et d’un pull tout
simple, ses cheveux attachés en queue-de-cheval.
Thomas la regardait avec le sourire.
- Quoi ?
- Ne m’en veuillez pas Célia, mais vous êtes adorable
dans cette tenue et je ne me moque pas !
116
Elle avait envie d’appeler Caroline pour lui raconter
sa soirée, puis elle renonça, voulant garder ce secret
encore un moment. Elle pensa un instant reprendre la
lecture du récit de Marie, mais elle n’arriverait pas à
se concentrer. Elle se leva pour éteindre le téléviseur
et se dirigea vers son lit, espérant ne plus faire de
cauchemars.
117
CHAPITRE 6
119
Lorsqu’elle pénétra dans l’hôpital de Purpan, elle se
présenta à l’accueil en expliquant qu’elle avait été
autorisée à rendre visite à son collègue de travail. Elle
nomma l’infirmière qui lui avait donné cette
autorisation.
120
- J’avoue que je ne connais pas ses proches, je pensais
que la police avait peut-être trouvé quelque chose sur
le répertoire de son portable ?
- Je ne savais pas que la police détenait son portable,
on va les appeler. Vous êtes certaine de cela ?
- Oui, j’étais là quand la police est arrivée, ils ont pris
le portable sur le bureau de mon collègue.
- Très bien, nous allons nous renseigner. Voilà, nous y
sommes, vous pouvez entrer, mais ne restez pas trop
longtemps !
122
- Mais vous, vous ne connaissez personne de ma
famille ?
- Malheureusement non, tu étais plutôt discret sur ta
vie privée ! Mais j’y pense, notre patron a
certainement un dossier personnel sur toi, je le vois
cet après-midi, je vais lui demander s’il y a des
indications concernant ta famille sur ton dossier. De
ton côté, tu as peut-être un répertoire téléphonique
chez toi, si tu as les clés de ta maison, je vais trouver
quelque chose.
123
quart d’heure. Bertrand, notre patron, viendra
certainement dans la soirée. À très bientôt Antoine !
- À bientôt Célia, j’espère que vous reviendrez me
voir !
- Oui, promis. Dès demain si l’on me donne la
permission.
124
Célia était troublée, elle était certaine qu’Antoine
avait toujours ses clés sur lui et cela lui semblait très
étonnant. Elle s’arrêta en cours de route pour s’acheter
un sandwich et une bouteille d’eau, puis bien décidée
à trouver ces fameuses clés, elle n’attendit pas
l’arrivée de Bertrand pour pénétrer dans l’agence
immobilière.
126
- Quand la police est arrivée à l’agence après mon
appel, une ambulance suivait. Ils ont aussitôt emmené
Antoine à l’hôpital de Purpan. Un policier m’a
questionnée et, en partant, il a pris le portable
d’Antoine. J’ai pensé qu’il allait sans doute essayer de
contacter la famille, en cherchant sur le répertoire du
mobile. Mais lorsque je suis arrivée à l’hôpital, les
infirmières m’ont révélé qu’Antoine n’avait eu aucune
visite. J’ai été très surprise que la police n’ait pas fait
le nécessaire. Puis j’ai pensé aux clés de
l’appartement d’Antoine. Si elles étaient dans ses
affaires, nous pourrions alors nous rendre chez lui et
voir s’il disposait d’un répertoire téléphonique et
ainsi, prévenir nous-mêmes son entourage familial.
- Oui, c’est une très bonne idée, vous avez ces clés ?
- Non, j’ai fouillé dans les vêtements d’Antoine et sa
table de nuit, elles ne s’y trouvaient pas. J’ai alors
demandé aux infirmières si c’était elles qui les avaient
rangées. Elles ne les avaient pas non plus.
127
- Très bizarre, tout ça !
- N’est-ce pas ? Mais ce n’est pas tout : lorsque je suis
arrivée tout à l’heure, j’ai immédiatement fouillé son
bureau et là non plus, pas de clés ! J’ai eu soudain
comme une intuition et je suis entrée dans votre
bureau. Je me suis dirigée vers le meuble où vous
rangez les dossiers du personnel, il avait été forcé et le
dossier d’Antoine a disparu.
Bertrand se dirigea aussitôt vers son bureau pour
constater que Célia avait raison.
- Bon sang, mais qui a pu faire ça ?
- Antoine a fait une visite chez une femme qui voulait
vendre son appartement, il a laissé le dossier sur mon
bureau. Puis il y avait un message enregistré par un
homme qui n’a pas laissé son nom, juste un numéro
de téléphone. Mais c’était sur la messagerie
personnelle d’Antoine, je ne sais pas s’il y a un
rapport. Je vais vous faire écouter ce message.
128
Bertrand écouta attentivement et lui demanda :
- Vous avez essayé d’appeler le numéro de ce type ?
- Non, car je n’étais pas censée être au courant de ce
message laissé sur le portable d’Antoine !
- Oui, très juste. Bon, je vais essayer d’appeler, nous
verrons bien où ça nous mène.
- Est-ce qu’il ne serait pas préférable de tenter
d’identifier son interlocuteur en passant par
l’opérateur ?
- Je ne pense pas que l’on accepterait de nous
répondre. Seule la police pourrait avoir accès à ce
genre de renseignements. Je vais tenter de chercher
dans mon répertoire téléphonique, si je peux trouver
l’intermédiaire adéquat. En attendant, je vous laisse
dépouiller le courrier et prendre note des messages
laissés à l’agence.
131
- Non, nous n’avons jamais parlé travail depuis que
nous nous sommes vus, excepté à propos de
l’agression d’Antoine bien entendu.
- Il travaille dans une banque au coin de la rue. Les
demandes de crédits passent par lui. Tiens justement,
le voilà qui arrive.
132
- Votre patron veut porter plainte ou pas ? demanda
Thomas.
- Pour l’agression, certainement et peut-être pour vol
de documents au bureau. Mais en ce qui concerne le
téléphone et les clés d’Antoine, à part lui, qui peut
porter plainte à sa place ? Si au moins nous avions un
indice sur la personne qui l’a agressé, mais rien pour
le moment.
- Pourquoi voler son dossier personnel, c’est vraiment
curieux ? rétorqua Caroline.
- Oui, car si c’était l’adresse d’Antoine que l’on
voulait, il suffisait de regarder dans la poche intérieure
de sa veste, c’est là qu’il met toujours son portefeuille,
comme la plupart des hommes d’ailleurs. Que peut
contenir son dossier qui soit si important ?
133
- Vous devriez prendre des congés, le temps que les
choses se passent. Je vois bien que vous n’êtes pas
rassurée.
- Je ne peux pas laisser Bertrand dans la panade.
Antoine n’est pas prêt de revenir au bureau tant qu’il
n’aura pas recouvré la mémoire et, si la mémoire lui
revient, il se souviendra de son agresseur et il aura
alors certaines formalités à remplir qui lui prendront
un peu de son temps. Dans un sens, c’est bien, car
nous aurons le fin mot de l’histoire, mais cela peut
aussi le mettre en danger.
- Je suis d’accord avec elle, répondit Caroline. Cette
affaire est vraiment curieuse !
- Désolée de vous ennuyer avec mes histoires, je ne
suis pas de joyeuse compagnie, je vais rentrer, déclara
Célia.
- Je vais vous raccompagner, proposa Thomas, mais
avant, venez prendre un verre, histoire de vous
changer les idées.
134
- Il a raison, il faut que tu chasses ces idées noires,
essaie de passer une bonne soirée, c’est ton amie qui
te le demande.
- D’accord, d’accord ! Je vous suis Thomas.
Elle embrassa Caroline et passa la porte de la boutique
avec le sourire.
Thomas l’entraîna dans une brasserie moderne tout
près de la boutique de Caroline. Ils s’installèrent au
fond dans un petit coin tranquille. Célia commanda un
thé et Thomas un demi-panaché. Une fois servis, il
proposa :
- Si vous avez peur de rester seule, vous pouvez venir
chez moi. En tout bien tout honneur, bien entendu. Je
dispose d’une chambre d’ami. Je vous propose de
vous accompagner chez vous, vous prenez quelques
vêtements de rechange et je vous héberge le temps
qu’il faut.
- C’est très gentil à vous, mais actuellement, j’ai
besoin de comprendre l’agression dont a été victime
135
Antoine. Est-ce que cela le concerne personnellement
ou l’agence en général ? Je suis consciente que je ne
suis pas facile à vivre en ce moment, je suis trop
contrariée. Quand le voile sera levé sur cette affaire, je
pense que j’irai beaucoup mieux.
- Comme vous voudrez. N’oubliez pas que je suis là.
- Merci, sans vous et Caroline, je serais complètement
perdue.
- Je vais vous raccompagner, mais n’hésitez pas à
m’appeler, vous avez ma carte de visite.
136
Elle se sentait exténuée et alla s’affaler sur son
canapé. Tout à côté d’elle, le livre de Marie attendait.
Elle tendit la main et décida de lire la suite de la vie
de Marie, qui avait été sans nul doute, bien plus
difficile que la sienne.
***
Septembre 1996
139
Célia, les larmes aux yeux, avait eu son compte
d’émotions pour la journée et referma le livre. Il
fallait absolument qu’elle puisse obtenir un rendez-
vous avec madame Lambert, à l’association pour
tenter de retrouver la trace de Marie. Puis, elle se
prépara pour aller dormir.
140
CHAPITRE 7
144
*
Vers midi, Caroline appela pour lui proposer de
déjeuner avec elle. Cette dernière lui expliqua qu’elle
allait se rendre à l’hôpital pour rendre visite à son
collègue en prenant sur son temps de repas, mais elle
promit de la rappeler ensuite.
147
- Allez-y Célia, nous nous verrons plus tard et vous
me raconterez.
Célia demanda :
- Avez-vous trouvé un répertoire téléphonique ?
149
- Il y a juste un annuaire téléphonique du département
et quelques cartes de visite, mais pas de répertoire
papier. Je vais chercher dans celui du téléphone fixe.
153
L’après-midi s’étira lentement, juste quelques coups
de fil. Peu avant la fermeture, elle vit entrer Thomas.
Aussitôt, elle retrouva le sourire.
- Bonsoir Célia, Caroline m’a raconté votre journée
mouvementée. Je vais vous accompagner à l’hôpital et
ensuite, je vous emmène au restaurant cela vous
changera les idées.
- Vous êtes mon ange gardien. Mais je vous assure
que tout va bien.
- Je ne changerai pas d’avis, je ne vous lâche plus !
- Très bien. Alors je vais fermer et nous pourrons
partir.
*
158
Elle descendit de la voiture et sentit la tête qui lui
tournait un peu. Etait-ce le vin ou l’amour qui la
grisait, ou peut-être les deux ? En poussant la porte de
son appartement, elle savait déjà qu’elle allait avoir
beaucoup de difficultés pour trouver le sommeil, après
ce qu’il venait de se passer.
159
Novembre 1996
***
161
Célia referma le livre. Elle était révoltée et se mit à
penser tout haut :
- Quel imbécile cet Étienne, comment peut-on être si
odieux devant le malheur des autres ? Et ses collègues
ne valaient guère mieux. Une vraie bande d’abrutis !
Ma pauvre Marie, que la vie est injuste avec vous.
162
CHAPITRE 8
164
Célia ouvrit l’agence, passa au vestiaire et mit en
route la cafetière. Puis, comme à son habitude, elle
alluma son ordinateur pour consulter les messages
destinés à l’agence. Elle prit quelques notes et se leva
pour se servir un café.
167
La sonnerie s’éternisa puis une voix féminine
décrocha :
- Oui ?
- Bonjour, je voulais parler à monsieur Eymard, s’il
vous plaît. Je suis Célia, sa collègue de travail.
- Vous savez qu’en principe, les portables sont
interdits dans les hôpitaux ?
- Oui, je sais, mais je suis inquiète pour lui, est-ce
qu’il va bien ?
- Il va bien, mais c’est l’heure des soins, je vous
suggère de rappeler plus tard.
- Merci, excusez-moi, je passerai le voir plus tard.
168
Elle s’acquitta du mieux qu’elle put des nombreux
coups de fil et messages destinés à Bertrand. Puis,
plusieurs personnes qui avaient trouvé porte close
durant deux jours, vinrent s’informer sur l’agression
dont ils avaient été victimes. Elle prit aussi quelques
rendez-vous pour des visites d’appartement. Elle était
exténuée, lorsque Thomas poussa la porte d’entrée.
Elle se pressa de fermer l’agence et s’installa avec
plaisir sur le siège passager de sa voiture.
Elle ne put s’empêcher de lui parler aussitôt du
message destiné à Antoine. Sur la route qui les menait
à l’hôpital, il était songeur :
- Je pense que cet appel était une menace, il faut en
parler à la police.
- Je vais faire en sorte qu’Antoine puisse écouter ce
message et ensuite, il décidera de ce qu’il veut faire.
- Je comprends, tu veux que la démarche vienne de
lui ?
169
- Bien entendu, je me suis suffisamment distinguée
auprès de la police l’autre jour, lorsque nous avons
visité son appartement.
*
Célia frappa à la porte de la chambre et passa la tête
pour s’assurer qu’elle ne dérangeait pas. Un sourire
illumina le visage d’Antoine. Thomas entra à son tour
et le salua :
- Je suis heureux de vous revoir, comment allez-
vous ? Les souvenirs reviennent ?
- Un peu comme un puzzle, quelques pièces que l’on
ne parvient pas à insérer dans un cadre. Elles arrivent
dans le désordre.
172
- Nous allons partir et te laisser prendre ton repas
tranquillement, mais à la moindre alerte, n’hésite pas
à te confier aux infirmières, elles sauront quoi faire.
- Ne vous inquiétez pas, partez déjeuner, je serai
vigilant.
- Antoine, dis-moi tu, s’il te plaît !
- D’accord, désolé.
*
173
- Hein… ? Oui, non, enfin cela concerne le travail.
Asseyons-nous en terrasse, il fait si beau et passons
notre commande, j’ai faim !
175
Elle lui communiqua l’appel menaçant envers Antoine
et lui précisa qu’elle avait peur pour lui, car s’il était
autorisé à quitter l’hôpital, il ne devait pas rentrer
chez lui. Il y eut un long silence puis Bertrand lui
répondit :
- Je vais m’en occuper, ne vous en faites pas. Je vais
prendre les dispositions qui s’imposent. Je serai au
bureau demain matin.
180
rejoindre, après avoir mis quelque chose au four.
Célia demanda :
- Que nous as-tu préparés de bon ?
- Un soufflé au fromage, des coquilles St Jacques et
une salade verte.
- Tu m’as gâtée, j’adore les coquilles St Jacques.
Quant au soufflé, je serais bien incapable de le réussir.
C’est ta maman qui t’a appris à cuisiner ?
- Non, maman ne cuisinait pas beaucoup, mais elle
avait des dizaines de livres de cuisine. J’ai commencé
à en ouvrir un, puis un autre, et j’y ai pris goût. Faire
la cuisine me détend. Et toi, tes parents ?
- Ils sont retraités, eux aussi. Ils se sont retirés au pays
basque après être tombés amoureux de cette région
suite à un voyage organisé. J’essaie de les voir dès
que j’ai quelques jours de congé.
- Je vois que là encore, nous avons des points
communs. Nos vacances se passent chez nos parents.
181
Un peu plus tard, ils s’installèrent pour un tendre
dîner en se racontant leur vie.
183
famille afin de pouvoir aider un peu sa mère. J’avoue
que je ne comprends pas pourquoi il me raconte sa
nouvelle vie. Est-il conscient que cela me fait
souffrir ? Ou peut-être n’a-t-il personne à qui se
confier ?
De mon côté, j’ai renoncé à avoir toute relation avec
un homme pour l’instant, j’ai trop peur de me
tromper encore une fois.
***
Célia referma le livre. Vaincue par la fatigue, elle se
glissa sous ses draps.
184
CHAPITRE 9
185
- Comment allez-vous vous organiser pour vous
occuper de lui et de vos rendez-vous à l’agence ?
- J’ai fait appel à un collègue et ami qui fera les visites
à ma place. Vous lui laisserez les coordonnées des
clients et il vous déposera chaque soir le compte-
rendu de ses visites. Voici sa carte. Dès la semaine
prochaine, il viendra se présenter.
- Pas de problème Bertrand, nous allons nous en
sortir. Prenez bien soin d’Antoine.
186
La sonnerie s’éternisa et Célia était prête à raccrocher,
certaine que le personnel était déjà parti en cette veille
de week-end, quand une voix fatiguée lui répondit :
- Madame Lambert, bonjour.
- Bonjour madame. Voici ce qui m’amène. J’aimerais
retrouver une personne qui est passée par votre
association en 1993, à la suite de l’enlèvement de son
fils.
- Je vous arrête tout de suite, votre demande remonte à
vingt ans et je ne dispose pas des archives de
l’époque. Et de toute façon, même si je disposais
d’informations sur ces personnes, je ne pourrais pas
les divulguer pour cause de confidentialité.
- Je comprends, j’avais espoir de retrouver cette
femme qui s’appelle Marie et dont l’enfant, un petit
garçon prénommé Yanis, avait été enlevé par son père
tunisien. En effet, Marie a écrit un livre sur son
histoire et je suis en train de le lire.
187
- C’est intéressant ce que vous me dites. Savez-vous
chez quel éditeur a été publié ce livre ?
- Il n’y a pas d’éditeur, c’est apparemment de
l’autoédition. Je pense qu’elle a tout simplement fait
imprimer son livre par un imprimeur de la région.
Tout ce que je sais d’elle, c’est son prénom : Marie et
le titre de son livre est « l’enlèvement de mon
enfant ». Je ne l’ai pas encore terminé, mais j’aimerais
vraiment savoir ce qu’elle est devenue.
- Mais où vous êtes-vous procuré ce livre ?
- Je l’ai trouvé sur la banquette d’un autobus.
Quelqu’un l’aura oublié !
- Écoutez, je vous propose de terminer ce livre, il vous
en apprendra peut-être plus sur ce qu’est devenue
cette Marie. Ensuite, recontactez-moi et nous
prendrons rendez-vous. Nous verrons s’il y a une
possibilité de la retrouver.
188
Célia lui laissa son nom et son numéro de téléphone,
puis raccrocha pensive. Cette femme avait raison,
peut-être que Marie dévoilait-elle l’endroit où elle vit
actuellement, vers la fin de son livre ?
189
Enchantée à l’idée de cette bonne soirée annoncée,
elle se mit à chantonner tout en terminant un peu de
classement. Elle tournait le dos à la porte d’entrée, le
nez plongé dans ses dossiers, quand la sonnerie de
cette même porte tinta.
192
Un cri la fit s’arrêter et elle se sentit tirer vers l’arrière
par le col de sa veste. La voiture la frôla et alla
s’encastrer dans un réverbère. Célia était tétanisée
quand la personne qui l’avait sauvée d’une mort
certaine, se mit à lui parler gentiment, ce qui la fit
redescendre sur terre :
- Vous l’avez échappé belle mademoiselle.
Apparemment, les freins de cette voiture ont lâché,
j’espère que le conducteur n’est pas blessé !
194
Il appela le garçon de café et commanda deux
cognacs. Célia se remettait peu à peu, mais semblait
chercher quelque chose. Régis devina ce qui
l’inquiétait et lui annonça :
- Si c’est votre bouquet de fleurs que vous cherchez, il
a été écrasé par la voiture qui vous a frôlée.
Il déposa devant elle le verre de cognac que le garçon
de café venait d’apporter.
- Buvez, vous verrez, vous vous sentirez beaucoup
mieux après.
Elle porta le verre à ses lèvres, fit une grimace, mais
le vida sans se faire prier. L’alcool semblait lui faire
du bien, un peu de couleur revint sur ses joues. Elle
remercia encore Régis pour sa gentillesse. Se sentant
redevable, elle lui laissa sa carte en lui promettant de
l’inviter à déjeuner. Il prit la carte, paya l’addition et
la laissa repartir.
195
Chez Caroline et Gabriel, son mari, un apéritif les
attendait dans le salon, tandis que le couvert était déjà
mis dans la salle de séjour. Caroline attrapa Célia par
le bras et l’entraîna un peu à l’écart.
- Alors dis-moi, comment vas-tu ? Tu arrives à
reprendre le dessus ?
- Tout d’abord, je tenais à m’excuser, car je n’ai rien
apporté. J’avais acheté un beau bouquet de fleurs,
mais… Elle lui raconta ce qu’il venait de lui arriver.
196
Pendant que les deux femmes parlaient de
traumatismes, leurs compagnons étaient à la cuisine et
semblaient s’entendre à merveille. Célia se sentait en
famille, comme si les deux couples étaient amis
depuis longtemps.
Au dîner, le foie gras d’oie était à l’honneur,
accompagné d’une salade verte, puis d’un plateau de
fromages de la région : tome des Pyrénées,
Rocamadour, Laguiole, Cabécou etc… Et enfin un
dessert : le fénétra- spécialité Toulousaine, à base
d’amandes, de citrons confits et de marmelade
d’abricots. Le tout fut arrosé des vins de circonstance
gardés jalousement par leur hôte.
198
- Nous nous sommes endormis sur ton canapé, je fais
un bien piètre petit ami. Pour me rattraper, j’ai préparé
du café, je pense que nous allons en avoir besoin.
- Je crois aussi. Mais rassure-toi, tu es un petit ami
adorable, surtout ne change pas !
199
- Je te propose de nous voir demain pour le déjeuner.
Je viendrai te chercher. Pour aujourd’hui, je crois que
nous avons besoin de nous reposer, la nuit a été
courte.
- Tu as raison, je tombe de fatigue !
Novembre 1997
201
de travail, cela devient primordial pour obtenir un
boulot intéressant.
***
202
Le soleil entrait à flot dans la chambre de Célia, elle
se leva tranquillement, rien ne pressait, on était
dimanche. Elle se prépara un bon petit-déjeuner et
téléphona ensuite à Bertrand pour avoir des nouvelles
d’Antoine. Il paraissait optimiste après une première
entrevue avec l’hypnotiseur :
- Je vous avoue Célia, que je ne croyais pas beaucoup
en ce genre de thérapie, mais j’ai été agréablement
surpris après cette première visite. Il a tenté tout de
suite de stimuler la mémoire d’Antoine, sans l’amener
directement sur le jour de son agression. Il a réussi à
lui faire dire pourquoi les numéros de téléphone de sa
mère et de son fils n’étaient pas enregistrés sur son
téléphone portable. Antoine a répondu qu’il se
souvenait les avoir effacés pour protéger sa famille
quand il avait reçu des menaces.
- Je suis heureuse pour lui, j’espère que ces séances
vont beaucoup l’aider. Il n’a rien dit d’autre au sujet
de ces menaces ?
203
- Non, il tente de se rappeler, mais je lui ai conseillé
de se reposer jusqu’à sa prochaine séance.
- Merci beaucoup pour ces bonnes nouvelles, passez-
lui le bonjour de ma part, je vous souhaite un bon
dimanche.
*
204
s’informer sur ce qu’avait été leur vie respective avant
de se rencontrer ?
205
Dans la soirée, il la déposa devant son domicile, sans
lui demander cette fois de monter chez elle. Célia crut
voir dans son regard qu’il semblait à la fois gêné pour
son comportement de la veille au soir, et en même
temps heureux qu’elle ait décidé de le laisser entrer
chez elle pour la nuit. Elle décida qu’il était grand
temps de parler à Caroline afin d’en savoir plus sur
Thomas.
206
CHAPITRE 10
208
être aussi, les demandes pour visiter un logement ou
une maison ?
- J’ai déjà déposé sur le bureau d’Antoine, les visites à
faire, par ordre de proximité par rapport à l’agence. Je
vous suggère de faire les deux visites sur Toulouse,
puis vous pourriez ensuite, faire visiter deux
appartements en location, pour des jeunes mariés. S’il
y avait le moindre problème, vous m’appelez ici.
- Pas de problème, je vous dis à plus tard Célia ?
- À plus tard André !
212
Régis était à l’heure. Il avait le sourire en passant la
porte, apparemment heureux de déjeuner avec Célia.
Il l’aida à fermer l’agence immobilière et l’invita à
monter dans sa voiture.
- J’espère que vous serez bien installée dans ma vieille
guimbarde, c’est une voiture de collection
aujourd’hui, ma Golf va avoir vingt-trois ans, mais je
l’entretiens du mieux que je peux.
- Ne vous inquiétez pas, elle me parait en très bon état
et je suis sûre qu’elle est très confortable.
- Je vous emmène dans un bistrot sympa, qui s’appelle
le Bistrot de l’Étoile. C’est une cuisine traditionnelle
et on y mange très bien.
- Je suis curieuse de découvrir cet endroit.
213
pouvant la conseiller en lui promettant qu’elle allait se
régaler.
215
- Et vous Régis ? Avez-vous quelqu’un dans votre
vie ?
- J’avais une femme dans ma vie, mais au moment où
nous nous sentions prêts à accueillir un enfant, elle
n’est pas arrivée à débuter une grossesse. Nous avons
fait tous les deux des analyses, et il s’est avéré qu’elle
était stérile. Elle n’a pas supporté le verdict. Je lui ai
alors proposé l’adoption qu’elle a refusée
catégoriquement. Elle a fait dépression sur dépression
et elle a fini par basculer. Elle est dans un
établissement psychiatrique depuis quatre ans.
- C’est terrible ! A-t-elle une chance de guérir ?
- Je ne pense pas. Quand je vais lui rendre visite, elle
ne me reconnaît pas, elle ne parle pas ou, tout du
moins, elle dit des choses incohérentes.
- Je suis désolée !
- Bon, nous ne sommes pas venus ici pour nous
apitoyer sur notre sort. Voici les plats qui arrivent,
régalons-nous.
216
Ils mangèrent l’un et l’autre de bon appétit. Cette
trêve leur permit de s’imprégner de tout ce qui s’était
dit juste avant. Et c’est Célia qui relança la
discussion :
- Je suppose que dans votre cas, il n’est pas facile de
refaire sa vie ? Avez-vous tout de même une amie qui
vit avec vous peut-être ?
- J’ai une amie, oui, mais nous ne vivons pas
ensemble, c’est compliqué. De mon côté, j’ai une
femme qui est internée et dont je ne peux pas
divorcer, et mon amie Valérie, de son côté, a deux
fils. Le premier, elle l’a eu avec son ex-mari, le
second quant à lui était de son ex-mari et de sa
seconde épouse. Cette femme est décédée en mettant
au monde un autre enfant mort-né. L’ex-mari s’est
donc retrouvé avec un fils sans maman. Puis, il est
décédé à son tour, et c’est ma Valérie qui en a la
charge aujourd’hui. C’est pour cela que notre vie est
compliquée.
217
- Effectivement, ça ne doit pas être simple. Et ces
enfants, ils se comportent comment avec vous ?
- Ils commencent seulement à m’accepter, alors que je
suis avec elle depuis deux ans. Le premier, Baptiste, a
six ans et, le second, Jules, a trois ans.
- C’est étrange, votre histoire ressemble étonnamment
à celle de Marie, une femme qui a écrit un livre sur
l’enlèvement de son fils par son mari. J’aimerais
beaucoup la rencontrer, mais j’ignore son nom et où
elle habite.
218
Lorsqu’ils ressortirent du restaurant, ils avaient le
sourire. Régis lui confia :
- Je suis très heureux d’avoir fait votre connaissance,
j’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir
pour un dîner, pourquoi pas avec Thomas ?
- Cela me ferait plaisir si votre amie pouvait venir
aussi. En tout cas, vous savez où je travaille et vous
avez le numéro de téléphone.
219
En fin d’après-midi, Célia se présenta au cabinet du
psychiatre recommandé par Thomas. L’immeuble
était plutôt bourgeois. Elle s’annonça à l’interphone et
la porte s’ouvrit. La salle d’attente était grande, très
belle, avec une grande cheminée toute en marqueterie
sculptée. Elle ne servait plus qu’en décoration
d’ailleurs. Un plafond très haut était lui aussi décoré
de nombreuses sculptures. De très grandes fenêtres
illuminaient la pièce. Une seule personne était assise
et attendait son tour. Quelques revues étaient empilées
sur une grande table basse. Célia avait pour habitude
d’apporter sa propre lecture lorsqu’elle se rendait chez
un médecin. Elle avait dans son sac le livre de Marie
qu’elle sortirait, si l’attente devenait trop longue. En
attendant, elle se mit machinalement à compter les
carreaux des fenêtres. Lorsqu’elle s’en rendit compte,
elle cessa aussitôt. Elle espérait toujours se
débarrasser de ce TOC, cette manie de compter tout
220
ce qui l’entourait dès qu’elle était assise sans rien
faire.
Elle glissa la main dans son sac et attrapa son livre et
se plongea à nouveau dans le récit de Marie.
***
Été 1998
***
224
- Je ne comprends pas, ce ne sont que des calmants et
des somnifères ? Il n’a rien prescrit d’autre ? Par
exemple, je ne sais pas, des séances de relaxation, du
yoga, enfin quelque chose de plus naturel que ces
produits chimiques ?
- Je suis aussi surprise que toi. Les calmants, ce n’est
pas ce que je souhaitais, j’ai besoin de me calmer sans
doute, mais je pense qu’il y a d’autres façons de se
détendre. Et l’addition est plutôt salée !
- Je connais des personnes qui sauront t’orienter vers
des méthodes plus modernes, qui consistent en des
séances de relaxation de groupe. Laisse tomber ces
médicaments, je t’appellerai pour te donner les
coordonnées de ce centre.
- Merci beaucoup. Le simple fait de parler à une
personne normale, me fait me sentir mieux.
- Pourquoi ? Tu penses que le psy n’était pas normal ?
- Je ne sais pas, quand on entre dans leur cabinet, on a
l’impression d’être dans un autre monde. Il semble
225
vouloir décortiquer nos moindres paroles, nos
moindres gestes. Un peu comme un vétérinaire qui
examine un singe, à travers les barreaux de sa cage.
- Tu sais que tu es drôle quand tu veux ?
- Bon, je compte sur toi pour les coordonnées du
centre de relaxation ?
- Tout à fait !
- Je me sauve, à plus tard.
226
CHAPITRE 11
227
précisa qu’il laisserait les documents à taper sur son
bureau dans la soirée.
230
peinture. Il est souvent invité au sein d’associations
culturelles.
- Habitudes très bourgeoises, tout ça !
- Oui, mais cela fait partie de son travail, il est très
sollicité par toutes ces personnalités. Je pense que
c’est pour cette raison qu’il n’en parle pas. Il sait que
tu es une personne qui n’a aucun rapport avec celles
qu’il est obligé de fréquenter.
- Il est certain que ce n’est pas mon univers. Il risque
de s’ennuyer très vite avec moi.
- Au contraire, il s’intéresse à toi justement parce que
tu ne leur ressembles pas, tu es quelqu’un de simple et
sans artifice.
- Merci Caroline, j’avais besoin d’en savoir plus sur
lui. J’avais peur qu’il me cache quelque chose.
- Non, je t’assure, fais-lui confiance. Si je peux te
donner un conseil, prends le taureau par les cornes,
bouscule-le un peu.
231
- D’accord, je vais t’écouter ! Je te laisse, car c’est
déjà l’heure de retourner travailler.
- Tiens-moi au courant, d’accord ?
- D’accord, sans problème.
233
- Bien, pour ma part, André a dû me laisser du
courrier à taper, je vais m’y mettre tout de suite.
- Je l’ai vu hier soir, il avait l’air très heureux de
travailler pour nous.
- Il n’est pas très bavard, mais il semble bien connaître
le monde de l’immobilier.
- Il a surtout beaucoup à faire. Il est commercial dans
notre domaine, mais les visites de maisons ou
d’appartements qu’il effectue pour nous, est en plus
de son travail.
- Il va continuer à travailler pour nous pendant
l’absence d’Antoine ?
- Bien entendu, notre ami ne pourra certainement pas
reprendre ses activités avant au moins un mois. Je vais
vous laisser travailler. De mon côté, je dois rendre
visite à une personnalité, qui cherche une villa à louer
pour les vacances. A plus tard !
234
Célia poussa un grand soupir et se concentra sur son
travail. Aux alentours de midi, elle vit arriver Thomas.
La veille, elle lui avait parlé de Régis avec lequel elle
était allée déjeuner. Il avait grimacé devant cette
révélation, puis il comprit qu’elle avait voulu
remercier son sauveur, se sentant redevable. Elle lui
parla de l’histoire de Régis et de sa proposition d’un
dîner avec sa compagne et Thomas. Il allait rappeler
pour fixer une date.
237
- Quelqu’un va vous prendre ce soir pour vous
accompagner chez vous. Une voiture restera en
surveillance devant votre domicile. Pour Antoine, il
sera protégé aussi. N’ayez crainte, ils vont l’avoir ce
malade.
- Avouez que cette menace fiche la trouille !
- Je sais. Cela me fait peur aussi, mais on va trouver
ce type.
238
seulement, elle pénétra dans sa salle de bains pour
prendre une bonne douche.
*
Décembre 1998
241
augmentation de salaire pour le printemps prochain,
il a l’air content de mon travail. Mes collègues qui
ont plus d’ancienneté que moi, ont eu une prime plus
importante, ils travaillent dur et le méritent. Nous
sommes tous heureux de travailler ici, l’ambiance est
bonne. Mes cours d’anglais progressent, je me
débrouille pas mal.
***
242
En se levant ce jeudi matin, elle jeta un coup d’œil à
la fenêtre pour s’assurer que la voiture banalisée de la
police était toujours garée devant son bâtiment. Ce
n’était pas la même voiture, mais cela suffit à la
tranquilliser. Ce premier jour de congé, allait être
chargé. Elle avait quelques derniers achats à faire pour
son départ le lendemain. Choisir le cadeau qui
convenait pour sa mère et faire l’acquisition de tenues
plus légères, car en ce début de juin, les températures
frôlaient déjà les vingt-huit degrés et enfin, boucler sa
valise avant le dîner prévu dans un restaurant choisi
par Thomas. Elle sortit de chez elle tout en inspectant
les alentours, puis s’avança vers la voiture banalisée.
L’officier de police lui ouvrit la porte arrière de la
voiture et lui demanda à quel endroit il devait la
déposer. Un peu gênée d’utiliser les services de la
police pour aller faire ses achats, elle donna l’adresse
de l’agence immobilière. Elle en profiterait pour
243
interroger Bertrand sur la santé d’Antoine et pour
s’informer sur le portrait de son agresseur.
244
pas suivie par cet homme. Vous pouvez en faire une
photocopie et la garder sur vous.
245
Lorsqu’elle pénétra enfin dans le petit magasin de son
amie, elle était essoufflée d’avoir marché trop vite.
Caroline s’en inquiéta :
- Tu as couru ?
- Non, j’ai marché vite, c’est tout
- Toujours peur de rencontrer l’agresseur d’Antoine ?
- Un peu oui. Mais maintenant, j’ai sa photo, Bertrand
l’a reçue hier de son ami policier et j’en ai fait une
photocopie.
- Je peux voir ?
- Oui, tu peux même en faire une copie aussi.
246
- C’est sans doute vrai. A part ça, tes préparatifs pour
ton départ ?
- Justement, j’ai besoin de quelques vêtements plus
légers et aussi quelque chose de classique, sans être
trop voyant.
- Je vais te trouver ça. Assieds-toi un instant, je
reviens.
Pendant que Caroline se dirigeait vers l’arrière-
boutique, Célia jeta un œil à travers la vitrine qui
donnait sur la rue. Tout semblait calme. Elle était dans
ses réflexions, quand son amie revint avec les bras
chargés.
- Allez, viens, suis-moi dans la cabine d’essayage, je
t’ai trouvé des tenues sympas.
- Avec tout ce que tu as choisi, j’en ai pour au moins
une heure dans cette cabine !
- Laisse-toi faire, cela fait du bien au moral d’essayer
un tas de robes, prends ton temps.
247
Elle dut reconnaître, que passer chaque vêtement
choisi par Caroline, la mettait en valeur et lui donnait
du plaisir. Elle ressortit de la cabine avec trois robes,
quelques tee-shirts et débardeurs. Son amie la félicita
pour ses choix :
- Te voir sourire en quittant ma boutique, c’est le plus
beau cadeau que tu puisses me faire.
- Tu avais raison, faire des achats vestimentaires
donne autant de plaisir que de piocher dans une boîte
de bons chocolats. Je vais te laisser mes emplettes
pour le moment, car j’ai encore quelques petites
choses indispensables à acheter. Je passe les prendre
ensuite !
- Pas de problème, je te les garde.
250
Je me demande toujours pourquoi il se confie à moi,
après ce qu’il m’a fait. Je pense que cela confirme ce
que je pensais déjà, il n’a pas d’ami.
Avec Sylvain, ça ne va plus. Il ne fait aucun effort
pour retrouver du travail. J’en ai parlé à Vanessa,
une collègue de travail avec qui je m’entends bien.
Elle m’a conseillé de partir de chez lui. Elle propose
une colocation chez elle, le temps de me trouver un
logement. Je crois que je vais accepter, car je ne
supporte plus les beuveries de Sylvain et je ne
souhaite pas donner du souci à mes parents.
***
251
Célia venait de comprendre que, malgré son travail
qui lui plaisait, Marie avait une vie ennuyeuse et que
son compagnon, Sylvain, ne lui apportait rien de bon.
Sa demande pour travailler bénévolement à
l’association, prouvait qu’elle avait besoin de côtoyer
ces femmes à qui l’on avait enlevé leur enfant.
Elle referma le livre et alla s’habiller, Thomas n’allait
pas tarder.
253
CHAPITRE 12
254
Lorsque ses parents étaient partis à Biarritz pour leur
retraite, ils avaient vendu leur maison de Castelginest.
Célia en avait été profondément peinée, car c’était la
maison de son enfance, mais elle comprenait fort bien
qu’ils n’avaient pas eu d’autre choix. Leur départ
l’avait bouleversée, pourtant, elle avait déjà trente ans
et était tout à fait capable de se débrouiller seule. Elle
pensait souvent que si elle avait eu un frère ou une
sœur, la séparation aurait été moins difficile.
256
Ensuite, Célia invita ses parents à déjeuner au
restaurant. Elle avait réservé dans en endroit qui avait
un petit sas à l'entrée, bien discret, et plein de charme.
Puis, ils furent agréablement reçus par la maîtresse de
maison, qui leur proposa des rillettes de crabe royal en
gelée d'huîtres ; une barbue sauvage rôtie au jus de
viande et herbes fraîches et des frites de polenta... et
enfin la fraise de Plougastel : cubes de fraise et citron-
bergamote.
Le repas fut un vrai régal et Célia promit à la
maîtresse de maison, de lui faire de la publicité, sitôt
rentrée à Toulouse. De leur côté, les parents de Célia
ne tarissaient pas d’éloge sur ce restaurant plein de
charme.
257
Sur la plage, les baigneurs étaient nombreux. Le soleil
tapait fort, ce qui décida Célia à plonger son pied dans
l’eau pour prendre la température. Elle s’élança alors
vers la mer et pénétra dans l’eau, en s’aspergeant un
peu avant de se lancer. Une heure plus tard, elle
rentrait. Ses parents la bombardèrent de questions sur
son travail et sur son collègue de travail Antoine.
258
- C’est prêt, va t’installer dans la salle à manger, ton
père est parti chercher les croissants.
259
Dans la matinée, ils sortirent tous les trois pour se
rendre au marché. Corinne avait tout prévu pour ce
dimanche spécial. Le gigot d’agneau accompagné de
légumes frais. Le fraisier commandé la veille chez le
pâtissier par son père. Célia était heureuse de se
retrouver en famille, des moments rares, ces derniers
temps.
260
souffle, l’homme remercia Célia d’être resté à ses
côtés jusqu’au bout.
- Je croyais la bouée plus près, j’ai paniqué.
Heureusement que vous étiez là. Merci beaucoup,
mademoiselle ?
- Célia, je suis en vacance chez mes parents et vous ?
- Luc, un quinquagénaire qui se croyait encore jeune
et qui vient de se faire dépasser par une charmante
jeune femme !
- Ne vous sous-estimez pas Luc, j’étais maître-nageur
il y a encore trois ans, et je m’entraîne régulièrement
en piscine. J’ai une certaine forme physique, c’est
tout.
- Au retour, laissez-moi vous offrir un verre ou une
glace, à votre choix.
- J’accepte volontiers.
262
- J’ignore qui vous êtes, mais il semblerait qu’il y ait
confusion. Je ne m’appelle pas Cécile, mais Célia et je
n’ai jamais été à la fac dans cette région.
- Bon d’accord, tu ne souhaites pas me parler, tu m’en
veux toujours de t’avoir laissé pour Bénédicte ?
- Écoutez, je ne sais pas avec qui vous me confondez,
mais je vous assure que je ne suis pas Cécile !
- Alors vous êtes son sosie parfait. Dommage que je
n’ai pas une photo sur moi, vous pourriez voir
combien vous lui ressemblez. Excusez-moi Célia.
263
En revenant au domicile de ses parents, Célia pensait
qu’elle aurait vraiment aimé voir le visage de son
sosie, tout en espérant n’avoir rien à voir avec cette
Cécile.
264
- Tu regardes trop de films maman, c’est juste une
coïncidence !
*
Ce lundi, elle se leva d’un bond et se précipita sous la
douche, elle était en retard et elle n’aimait pas ça. Elle
ferma la porte de son appartement et courut jusqu’à
l’arrêt de bus.
Elle sortit son trousseau de clés en voyant que
l’agence était encore fermée, malgré son retard d’un
265
quart d’heure. Lorsque le rideau de fer fut soulevé,
elle remarqua de suite que quelque chose d’anormal
était arrivé. Tout était sens dessus dessous, les chaises
et fauteuils étaient tombés sur le sol. Dans la cuisine,
elle trouva des restes de repas sur le bureau de
Bertrand et la photo du suspect de l’agression
d’Antoine. Devant un tel capharnaüm, elle tenta
d’appeler sur le portable de son patron, mais tomba
directement sur sa messagerie. Elle laissa un message
et appela Caroline pour lui faire part de ses
inquiétudes. Celle-ci lui répondit qu’elle arrivait tout
de suite et lui conseilla d’appeler la police. En
attendant l’arrivée de son amie ainsi que celle de la
police, elle se prépara un thé. Elle avait besoin d’y
voir clair.
267
Le coup de fil de la police arriva une heure plus tard,
l’appartement de Bertrand était vide et, lui aussi, était
dans un désordre indescriptible. Célia s’affola et leur
confia que son patron avait caché chez lui son associé
menacé de mort par son agresseur. Elle avait peur
pour eux. Ils lui proposèrent d’appeler un taxi pour
rentrer chez elle en fin de journée. Pour la rassurer, ils
lui certifièrent qu’une voiture de police ferait des
rondes autour de son bâtiment, dès ce soir. En
attendant, ils allaient mener leur enquête sur la
disparition de son patron.
268
éventuels, un rendez-vous chez son dentiste, un autre
chez son coiffeur, rien d’extraordinaire.
270
Elle sortit de l’agence en prenant soin de bien
refermer le rideau de fer. Elle se baissa pour donner
un tour de clé et, en se relevant, elle faillit tomber en
heurtant une personne qui se trouvait là. Elle allait
s’excuser, quand elle reconnut l’homme de la photo,
l’agresseur d’Antoine. Il l’attrapa et tenta de la faire
monter de force dans une voiture tandis qu’elle se
débattait en criant, pour attirer l’attention des
passants.
Soudain, elle sentit qu’on la relâchait et elle entendit
une voix qu’elle reconnut tout de suite. C’était celle
de Régis. Elle se retourna, et rencontra le regard
vainqueur de celui-ci. Son agresseur était à terre et ne
bougeait plus. Encore tremblante, elle entendit Régis
la taquiner.
- Et bien Célia, je dois dire que mon idée de venir
vous inviter à déjeuner était bonne, car je crois que
l’homme qui est à terre, ne vous voulait pas que du
bien ?
271
- Merci Régis. Effectivement, cet homme est celui qui
a agressé mon collègue l’autre jour, et il le cherche
par tous les moyens. Il est dangereux, il est sorti de
prison récemment.
273
présence de Valérie sa compagne, pour le week-end
suivant.
275
- Nous avons vécu des moments pénibles, mais vous
aussi, il me semble. Heureusement que votre ange
gardien était là, pour la seconde fois.
*
276
***
Août 1999
***
278
Célia restait pensive. Les vacances d’été approchaient,
elle allait certainement passer quelques jours chez ses
parents et ensuite ? Est-ce que Thomas allait lui
proposer de partir à deux et profiter aussi de ces
congés pour apprendre à se connaître mieux et
envisager l’avenir ?
279
CHAPITRE 13
282
À son arrivée, l’agence était fermée, signe que
Bertrand et Antoine étaient encore au restaurant.
Après avoir ouvert la porte et, en attendant leur retour,
elle décida de lire quelques pages du livre de Marie.
***
Septembre 1999
Octobre 1999
284
Janvier 2000
***
Célia leva la tête, Bertrand et Antoine revenaient. Elle
ferma à regret le livre de Marie.
Ils semblaient contents de s’être retrouvés et
plaisantaient à propos de l’amnésie d’Antoine. Elle
souriait, elle était heureuse que la bonne humeur fût
285
de retour dans l’agence. Elle proposa de leur faire un
café, ce qu’ils acceptèrent aussitôt.
289
relation n’a pas duré plus de trois ans. Ensuite, il a eu
quelques aventures, sans plus. Je pense qu’il a des
difficultés pour se déclarer, de peur que votre couple
ne dure pas à cause de son travail. Il est souvent
sollicité pour des dîners, des déjeuners, même parfois
le week-end. Il n’a pas vraiment le choix, s’il veut
conserver son poste.
- Tout cela n’est pas grave, je le comprends, mais tout
ce que je demande, c’est de ne pas être obligée d’aller
avec lui à ces dîners.
- Je vois, mais toi, est-ce que tu lui as parlé de ta vie
d’avant ?
- Il n’y a pas grand-chose à dire, tu le sais bien. Juste
quelques aventures qui n’ont pas abouti, lorsque
j’étais professeur des écoles. Mais depuis que je
travaille à l’agence immobilière, je me suis contentée
de venir à tes soirées pour me distraire, sans essayer
pour autant de trouver l’homme idéal. J’étais bien trop
déçue de mes rencontres passées.
290
- Il va pourtant falloir que vous vous décidiez à en
parler tous les deux, je ne vais pas jouer les
entremetteuses pour vos beaux yeux, répondit
Caroline en riant.
- Tu as raison, je vais essayer de le bousculer un peu.
Bon, je vais te laisser, demain matin, je dois passer au
commissariat pour témoigner de mon agression.
- Je t’accompagnerai, pas de problème.
- Merci, à demain.
***
291
Avril 2000
292
enfin respirer. Mes parents sont heureux de voir que
j’arrive à m’en sortir.
Vanessa a rencontré quelqu’un, je pense que c’est
sérieux. Bien entendu, elle est moins présente pour
moi, mais c’est naturel. Je suis heureuse pour elle,
elle le mérite.
Juillet 2000
293
J’ai un peu peur, mais il faut que je le fasse, je
penserai très fort à Yanis.
***
294
« Thomas, c’est Célia. Je voudrais que tu viennes ce
soir, il est grand temps de décider de notre avenir, ne
crois-tu pas ? ».
295
- Hélas non, l’un des enfants de Valérie, a la varicelle.
Nous préférons reporter, surtout si le second l’attrape
à son tour !
- Aucun problème, je comprends. On remet ça à plus
tard. On se rappelle ?
- Ok, on se rappelle, bonne soirée.
296
Il entra avec une bonne bouteille de vin, et un sourire
qui en disait long sur ses intentions vis-à-vis de son
hôtesse. Il lui fit des compliments sur la table déjà
dressée avec goût. Elle lui prit la bouteille des mains
et s’avança pour lui donner un long baiser. Puis, elle
lui fit signe de s’asseoir.
- Je voulais être franche avec toi, j’ai discuté avec
Caroline, car je m’interrogeais sur tes intentions et ton
passé, dont tu ne m’as jamais parlé. J’aimerais que ce
soir, nous parlions tous les deux de nos vies avant de
se rencontrer et, ensuite, de ce que nous allons décider
pour notre vie future !
- Hou là ! Tout ça en une seule soirée ?
- Oui, je voudrais que nous partions sur de bonnes
bases. Je sais que tu as un travail très prenant, que tu
as des obligations parfois contraignantes, mais dès
l’instant où je suis avertie, je suis prête à l’accepter
sans problème, à la condition bien sûr, que tu ne
cherches pas à m’inventer des excuses tordues,
297
lorsque tu es retenu quelque part. Je ne souhaite que la
vérité, même si parfois, elle pourrait être agaçante !
- Si j’ai bien compris, tu souhaites que nous
officialisions notre relation ?
- Ce n’est pas ce que tu souhaites ?
- Si, bien entendu, mais je pensais que cette demande
devait être faite par moi ?
298
promets de ne jamais te faire de réflexion
désobligeante, lorsque tu devras t’absenter pour ton
travail. Mais par contre, je souhaite rester en dehors
de tes relations professionnelles. Je préfère que nos
sorties restent très privées, juste avec nos amis.
- Je comprends, je ne t’imposerai pas ces dîners dont
j’ai horreur, qui ne servent qu’à flatter l’ego de mes
clients, mais nécessaires pour le poste que j’occupe.
Tu n’es pas de leur monde, et c’est pour cela que je
t’aime. Tu es une femme honnête, sans hypocrisie, et
ça me fait un bien terrible quand je suis auprès de toi.
- Tu ne me demandes pas ce qu’a été mon passé ?
Thomas se mit à rire à son tour :
- Je crois que nous avons la même confidente, et je
suis déjà au courant de ton passé.
- Alors, tu sais tout de moi.
299
CHAPITRE 14
300
entrer. Dans la salle, Célia remarqua Antoine qui,
apparemment, attendait sa venue. À ses côtés, une
femme qui semblait être une avocate, les invita à
s’asseoir auprès d’eux.
302
- Et moi, intervint Célia, j’ai eu la chance d’être bien
entourée pour me remettre de mes émotions, grâce à
Caroline, Thomas et Régis. Bref, si nous changions de
conversation.
S’adressant à Régis :
- Comment vont les enfants de Valérie ?
- Ils ont tous les deux la varicelle, d’ailleurs, je dois
avoir une photo sur mon téléphone portable, attendez
un instant… Voilà, regardez comme ils sont beaux !
303
boutons, on jurerait qu’ils sont en pleine forme. Vous
passerez le bonjour à Valérie de ma part.
- Ce sera fait, je vais vous laisser, je dois partir
travailler. À bientôt peut-être ?
Il serra la main à tout le monde avant de s’éloigner.
306
certain âge s’avançait vers elle timidement. Elle tenta
de la mettre à l’aise :
- En quoi puis-je vous être utile, madame ?
- Bonjour mademoiselle, voici ce qui m’amène. Je
suis veuve depuis déjà cinq ans et l’appartement que
j’occupe est bien trop grand pour moi seule.
- Vous désirez le vendre pour un autre plus petit ?
- Non, pas du tout, je souhaiterais en louer une partie !
308
Célia nota sur l’agenda d’Antoine une visite avec
madame Durant. Elle lui écrivit l’adresse et lui
expliqua brièvement de quoi il retournait.
Peu de temps après, il sortait du bureau de Bertrand,
prêt à effectuer ses visites. Il remarqua le nouveau
rendez-vous noté par Célia et il parut étonné.
- Tu m’expliqueras quand je reviendrai ?
- Pas de problème, à tout à l’heure.
***
Août 2001
311
Je pleure mon petit Yanis, j’aimerais tant le serrer
dans mes bras et lui donner tout l’amour qu’il mérite.
Je suis très fière de savoir qu’il travaille très bien à
l’école et qu’il soit aussi dévoué pour son frère et sa
sœur.
Je vais répondre à Elias et le supplier de lui dire la
vérité sur sa naissance. Il comprendra alors
pourquoi, il est moins aimé que les autres par celle
qu’il croit être sa mère.
312
si elle avait besoin de faire garder son bébé un soir
ou un week-end. Elle était ravie de ma proposition.
*
11 Septembre 2001
314
que nous sommes tous concernés, ces attentats ne
sont selon eux, que le début d’une vague de
terrorisme. Je lui rappelle que la France avait déjà
subi des attentats à Paris en 1995, dans le R.E.R., où
des bombes avaient fait plusieurs morts, ainsi que
dans la région parisienne. Bien entendu, rien de
comparable avec ces deux tours dans lesquelles plus
de cinq mille personnes se trouvaient dans leur
bureau ce matin-là, d’après les dires des journalistes.
Je lui dis pour la rassurer, que les terroristes ne
pouvaient pas être partout en même temps. Je suis
consciente que ce que je viens de lui dire est
complètement idiot, mais il semble que cela ait suffi à
la calmer. Elle me dit que j’ai raison et qu’elle me
rappellera.
Je sais que ces images que je viens de voir, sont
diffusées dans le monde entier. Je pense très fort à
Yanis, et même à Elias. Comment vivent-ils cela de
chez eux ?
315
21 Septembre 2001
***
Célia releva la tête de son livre bouleversée à son tour
par le récit de Marie. Elle venait de revivre des
évènements difficiles. Toulouse avait été
profondément choquée par ce drame et ses habitants
avaient eu beaucoup de difficultés à s’en remettre.
Quant aux attentats du 11 septembre à New-York, elle
se souvint qu’elle était restée elle aussi les yeux rivés
sur le téléviseur de ses parents, se demandant si tout
cela était réel.
318
Elle referma le livre et se leva pour ouvrir le rideau de
fer. Elle avait beaucoup de difficultés à se concentrer
sur son travail. C’est la sonnerie du téléphone qui lui
fit retrouver ses esprits. Thomas venait de rentrer de
son déjeuner avec un client et lui demandait si, à son
tour, elle avait pu déjeuner avec Caroline. Célia lui
répondit par la négative et lui confia son état d’esprit
après avoir lu la suite du récit de Marie. Thomas lui
répondit :
- Je vois, ce soir, je ne vais pas te laisser seule. Nous
irons au cinéma, puis nous dînerons en amoureux chez
toi.
- Je suis d’accord avec ton programme !
- Alors, je passe te chercher à l’agence à dix-huit
heures.
- J’ai hâte de te voir, à tout à l’heure.
319
Aux alentours de seize heures, Antoine revint, tout
sourire de ses visites.
Il lui remit ses rapports de visite et s’installa face à
elle. Il avait visiblement envie de discuter avec elle.
- Comment vas-tu Célia ?
- Très bien depuis ce matin et toi, ta journée ?
- Très bonne aussi. J’ai même déjeuné avec Caroline !
- Je comprends mieux pourquoi elle ne répondait pas
quand j’ai voulu l’inviter à midi.
- Si j’avais su que vous deviez déjeuner ensemble, je
n’aurais pas invité ton amie, je suis désolé.
- Ne le sois pas, nous n’avions rien prévu, j’appelais à
tout hasard, car Thomas n’était pas libre.
- Je vois. Il doit être très pris. Caroline m’a un peu
expliqué ses responsabilités dans la banque où il
travaille. Pas facile de trouver du temps pour sa
fiancée !
- Détrompe-toi, ce soir, il passe me chercher. Nous
allons au cinéma et ensuite nous dînerons en
320
amoureux. Si tu te tracasses pour moi, tu vois, tout va
bien !
- Alors si tout va bien pour toi, je suis content.
- Et moi, je devrais te poser la même question. Est-ce
que tout va bien pour toi ? As-tu quelqu’un dans ta
vie, à part ton fils ?
- Pas pour l’instant, je ne suis pas pressé de me
remettre en couple. Je vis au jour le jour. Je fais
parfois de belles rencontres, mais la plupart du temps,
ces jeunes femmes sont toutes mariées. Alors je laisse
tomber.
321
Après son départ, elle était songeuse. Qu’est-ce qui
avait poussé Antoine à vouloir déjeuner avec
Caroline, alors qu’ils ne se connaissaient pratiquement
pas ? Elle tenterait adroitement, de tirer les vers du
nez de son amie. Un coup de klaxon lui fit lever la
tête, Thomas était là. Elle s’habilla très vite et ferma
l’agence en un temps record, avant de se laisser
emporter vers une soirée qui s’annonçait très câline.
322
CHAPITRE 15
324
- Je suis plutôt heureuse pour lui, moi, j’ai ma
boutique et quelques amis !
- À propos d’amis, comment se fait-il que tu sois allée
déjeuner avec Antoine, l’autre fois ? Vous vous
connaissez peu pourtant ?
- Seriez-vous jalouse mademoiselle ?
- Mais non, je m’interrogeais, c’est tout !
- Nous parlions de toi, si tu veux tout savoir ! Antoine
m’a posé des questions sur Thomas, il savait que nous
étions amis, il voulait être sûr qu’il soit celui qui te
rendra heureuse. Il semble qu’il se fait du souci pour
toi. Voilà, tu sais tout !
- Antoine ? Se faire du souci pour moi ? Mais nous ne
sommes même pas amis, je ne sais rien de lui. Il nous
a même caché qu’il avait été marié et qu’il avait un
fils. Il s’est toujours comporté comme un très bon
collègue de travail et nous nous entendons d’ailleurs
plutôt bien, mais nous ne nous fréquentons pas.
325
- Il faut croire que tes fréquentes visites à l’hôpital et
ton inquiétude pour sa santé, l’ont poussé à vouloir te
connaître mieux. Il m’a posé beaucoup de questions
sur toi.
- Vraiment ?
- Il semble que tu sois entourée de personnes qui
s’intéressent beaucoup à toi !
- Mais de qui veux-tu parler ?
- Antoine pensait que Régis se trouvait souvent sur
ton chemin, un brave type d’après lui. Mais il semblait
perplexe en ce qui concerne votre couple avec
Thomas.
- Pour quelles raisons ?
- Parce que vous n’êtes pas du même monde. Je lui ai
expliqué que Thomas n’aimait pas le monde qui
l’entourait, mais que cela faisait partie de son travail
de les fréquenter. Il a semblé dubitatif, il a répondu
qu’il gardait un œil sur toi.
326
- Ce qui veut dire que j’ai maintenant deux anges
gardiens, répondit Célia en riant.
- Tu as beaucoup de chance d’être si bien entourée de
personnes qui te veulent du bien. Bon, si nous allions
voir dans l’arrière-boutique ce qui pourrait te convenir
le mieux pour tes vacances ?
- Allons-y !
327
***
Novembre 2001
Janvier 2002
329
Pour la première fois depuis longtemps, j’ai accepté
de sortir avec l’un de mes collègues. Il m’a proposé
un dîner dans un restaurant, dont il tient à garder le
nom secret pour le moment. Il ne sait rien de ma vie,
je n’ai parlé à personne du drame que j’ai vécu. Je
verrai plus tard, si c’est une personne à qui l’on peut
se confier ou pas.
***
Tout à coup, elle leva la tête et s’aperçut que le bus
arrivait. Le conducteur n’était pas le même, il devait
sans doute remplacer le chauffeur habituel pendant ses
vacances. Elle prit place et se replongea dans le livre
de Marie.
330
***
Mai 2002
Août 2002
Septembre 2002
334
Bonjour,
Je viens d’apprendre que tu es ma maman. Ce n’est
pas papa qui me l’a dit, c’est ma mère, enfin, celle
qui est la femme de papa. Je comprends mieux
pourquoi elle ne m’aime pas. J’ai demandé à papa
pourquoi il n’avait rien dit, il m’a répondu que c’était
de sa faute, qu’il m’avait enlevé à toi. J’aimerais te
connaître, maintenant que je sais que tu es ma
maman, et que tu as dû souffrir d’être loin de moi,
autant que je souffre ici, de ne pas être accepté par
ma famille. Papa n’est pas méchant avec moi, mais il
travaille très dur et, quand il rentre le soir, il est si
fatigué, que nous n’avons pas le temps de parler. Il
m’a dit qu’il n’avait pas l’argent pour me payer
l’avion pour venir te voir. Si tu as envie de me voir,
peut-être as-tu l’argent pour me faire venir ?
Réponds-moi s’il te plaît.
Yanis
335
Je suis en larmes, mon petit Yanis veut venir me voir.
Je me précipite pour prendre de quoi écrire pour lui
répondre. Je vais tout faire pour le faire venir et, si ce
n’est pas possible, je partirai là-bas, pour aller le
voir.
***
Célia releva la tête, ses yeux étaient embués de
larmes. Soudain, elle se rendit compte qu’elle arrivait
à destination. Elle se leva d’un bond pour demander
l’arrêt du bus. Il était temps ! La porte s’ouvrit, et une
grande bourrasque l’accueillit à sa descente. Un orage
se préparait. Elle rentra rapidement chez elle, juste
avant le déluge.
À peine arrivée dans son appartement, elle entendit le
tonnerre gronder et de nombreux éclairs zébraient déjà
un ciel tout noir.
Après s’être mise à l’aise, elle sortit ses achats du sac
plein à craquer des vêtements achetés chez Caroline.
336
Elle chantonnait en les rangeant dans son armoire. Ce
soir, elle dînerait seule, Thomas était pris.
337
Elle venait de se rendre compte, qu’en perdant ce
livre, elle perdait aussi son espoir de retrouver Marie.
Maintenant, c’était fichu. Elle se sentait fautive de
n’avoir pu terminer ce récit. Comment savoir la fin de
l’histoire de la vie de Marie ?
Une solution peut-être : téléphoner au dépôt des
autobus, au cas où ?
Quelqu’un décrocha, elle expliqua la raison pour
laquelle elle téléphonait. Après avoir pris les
renseignements sur la ligne de bus que prenait Célia,
on lui demanda son numéro de téléphone et il lui fut
répondu que tout serait fait pour retrouver ce livre,
mais qu’il y aurait de fortes chances, qu’il ait été
ramassé par l’un des voyageurs.
339
- Chaque imprimeur a un logo particulier, vous
souvenez-vous de ce logo ?
- Je ne m’en souviens pas !
- Vous rappelez-vous s’il y avait un numéro ISBN ?
- Je ne crois pas, je ne me souviens que du titre, c’est
« L’enlèvement de mon fils ».
- Je vais chercher sur internet et je vous rappelle.
- Merci beaucoup Régis, je m’en veux beaucoup, car
je ne l’avais pas terminé.
- Ne vous inquiétez pas, je vais chercher, et je vais
trouver. Vous pouvez dormir tranquille. Je vous
rappelle.
342
Elle décida d’aller prendre sa douche et, ensuite, elle
téléphonerait à l’association, dans l’espoir de trouver
des informations la concernant. Si elle avait de la
chance, elle pourrait prendre rendez-vous avec la
responsable.
Au bout de cinq sonneries, une personne décrocha.
Célia se présenta et demanda à parler à la responsable
de l’association. On lui répondit qu’elle avait déjà un
rendez-vous ce matin, et qu’ensuite, elle s’en allait à
midi. Elle demanda, s’il était possible d’obtenir un
rendez-vous avant la fin de semaine prochaine. Son
interlocutrice lui demanda de patienter un instant,
puis :
- Je peux vous proposer jeudi à quatorze heures.
- Ça m’irait très bien !
- Voilà, c’est noté. À jeudi madame.
346
- Célia, ne m’en veux pas, Anne est arrivée sans
prévenir, comme à son habitude et je n’ai pas pu faire
autrement que de la garder pour le dîner.
- Alors il ne fallait pas venir me chercher. Je pensais
que ta sœur aurait été curieuse de rencontrer l’amie de
son frère, mais au lieu de cela, à part bonjour, elle ne
m’a pas adressé la parole de la soirée. Et de plus, elle
n’a pas donné un coup de main, ni pour mettre la
table, pendant que nous étions aux fourneaux, ni pour
débarrasser. Alors oui, je suis en colère ! Ta sœur est
une parfaite égoïste, et si tu dois la recevoir chez toi
encore quelques jours, il est inutile de venir me
chercher.
- Je comprends que tu sois en colère, mais Anne a
toujours été ainsi, ce n’est pas seulement avec toi. Elle
aime se donner de l’importance en fréquentant le beau
monde.
- Grand bien lui fasse, mais ce sera sans moi !
347
Il resta les bras ballants en la regardant partir. Elle
était en colère par sa faute. Il savait qu’Anne pouvait
se montrer dédaigneuse envers les autres femmes,
mais il ne s’était pas rendu compte qu’avec sa sœur,
ils avaient laissé Célia de côté, pendant qu’ils riaient
de bon cœur.
348
CHAPITRE 16
349
Elle appela Caroline :
- Célia ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? C’est plutôt rare de
t’avoir au téléphone un dimanche !
- Je voulais juste savoir si tu étais chez toi aujourd’hui
ou pas ?
- Oui, mais nous avons des invités, tu veux te joindre
à nous ?
- Non, tu es gentille, j’avais besoin de parler. Mon
week-end avec Thomas est tombé à l’eau, à cause de
sa sœur !
- Je vois, elle a encore fait des siennes, c’est ça ?
- Je t’en parlerai plus tard, mais il m’a beaucoup
contrariée. Je passerai te voir mardi. Excuse-moi de
t’avoir dérangée un dimanche.
- Non, tu ne me déranges pas. Mais je comprends que
tu n’aies pas envie de venir déjeuner avec nos amis.
Tu dois parler à Thomas au plus vite, ne laisse surtout
pas Anne diriger votre vie. On se voit mardi ?
350
- Oui, passe me chercher vers midi à l’agence, si tu
veux bien.
351
- Et bien, hier, j’ai fait le tour des imprimeurs de
Toulouse, la plupart ne s’occupaient pas d’impression
de livres. Il a fallu faire un tri. Mais dès lundi, je me
remets au travail, car aujourd’hui, impossible !
- C’est très sympa à vous. Vous êtes en famille
aujourd’hui ?
- Non, Valérie est partie chez ses parents avec les
enfants, elle rentre ce soir.
- Et vous ? Vous n’allez pas avec elle chez ses
parents ?
- Non, Valérie ne leur a pas parlé de moi pour le
moment, car d’après elle, étant donné que je suis
marié et dans l’impossibilité de divorcer, elle pense
que ses parents ne m’accepteraient pas.
- C’est insensé ! Comment construire un avenir dans
le mensonge ?
- C’est bien ce que je pense, j’attends de voir si elle se
décide un jour à leur parler de moi.
352
- Si vous êtes seul, venez donc partager mon repas, ce
serait avec joie !
- Vraiment ? Vous aussi, vous êtes seule aujourd’hui ?
- Et oui, un petit contretemps avec Thomas, je vous
expliquerai. Alors ?
- C’est d’accord ! J’arrive. Vous me laissez votre
adresse ?
- Castelginest, vous connaissez ? J’habite « rue des
écoles ». Appelez-moi quand vous arrivez, et je
descendrai.
- À tout de suite Célia.
Pendant ce temps, elle sortit de son réfrigérateur les
poivrons farcis qu’elle avait faire cuire la veille et
prépara rapidement une entrée avec des crudités. Elle
installa ensuite le couvert sur la table de la salle de
séjour.
353
l’appartement et la complimenta sur sa propreté et la
décoration.
- Venez Régis, nous allons prendre un apéritif.
- Avec plaisir. Alors comme ça votre Thomas n’était
pas libre aujourd’hui ?
- Je crois que, comme pour vous, quelques problèmes
familiaux perturbent notre couple.
Célia lui raconta sa triste soirée de la veille. Elle lui
confia qu’elle s’était sentie frustrée d’avoir été tenue à
l’écart durant toute la soirée. Après avoir entendu une
telle description de la sœur de Thomas, il prit un air
navré et lui répondit :
- J’espère pour vous qu’il va prendre la bonne
décision, sinon, votre couple risque d’éclater, s’il fait
passer sa famille avant vous. C’est un peu ce qui se
passe pour moi et croyez-moi, ce n’est pas facile tous
les jours.
- J’aurai une discussion avec lui, car nous devons
partir en vacances ensemble. Les premiers jours, nous
354
serons chez ses parents, puis ensuite chez les miens.
J’espère vraiment qu’il n’y aura pas de problème.
Maintenant, j’avoue que j’ai une petite appréhension.
- Il n’y a pas de raison, si vous n’êtes que tous les
deux, la sœur ne vous embêtera pas.
- Je verrai bien, allons déjeuner maintenant !
356
- Très bien. Anne voulait aller chez nos parents avec
nous, je ne pensais pas que cela pourrait te déranger.
Je vais revoir cela avec elle.
- Thomas, si ta sœur n’avait pas été aussi odieuse avec
moi, j’aurais sans doute accepté que nous
l’emmenions avec nous chez tes parents, mais si elle
se comporte de la même façon quand nous serons à
Argelès, je crains le pire. Je ne voudrais surtout pas
qu’il y ait des histoires devant tes parents. Est-ce que
tu peux comprendre cela ?
- Oui, bien entendu, je vais lui parler, promis.
- Alors appelle moi quand ce sera fait, n’oublies pas
que nous devons partir samedi.
- Je te rappellerai demain. Bonsoir.
357
demande sans se révolter. En aucun cas, elle ne serait
une femme soumise, qui s’efface derrière son mari !
359
Ce lundi matin, elle se traînait littéralement pour sortir
de son lit. Elle prit une douche presque froide pour se
réveiller. Elle se prépara un thé bien fort, elle devait
être en forme pour attaquer sa dernière semaine de
travail. En poussant la porte de l’agence, elle vit
qu’Antoine était déjà là. Il l’accueillit avec un grand
sourire.
- Bonjour Célia, as-tu passé un bon week-end ?
- Pas vraiment non, mais je te remercie de t’en
inquiéter.
363
- Quel accueil ! Il a de la chance que tu ne sois pas
partie après avoir pris une telle claque de la part de sa
sœur. Si tu tiens vraiment à lui, il va falloir que tu lui
fasses comprendre que s’il veut t’épouser, il doit te
mettre en avant, vis-à-vis de sa famille et pas le
contraire.
- Sa sœur veut venir avec nous chez leurs parents.
- Holà, il ne faut pas qu’il cède, sinon je ne donne pas
cher de ta peau, elle risque de monter la tête à ses
parents contre toi.
- C’est pour cette raison que j’attends sa réponse ce
soir. Et, en fonction de ce qu’il va me répondre,
j’aviserai.
- Ne gâche surtout pas tes vacances pour cela.
J’espère que vous aviez choisi un autre endroit pour
ces vacances ?
- Nous devions aller ensuite chez mes parents pour
quatre à cinq jours, puis en Vendée, où j’avais réservé
pour nous deux à St-Gilles-Croix-de-Vie.
364
- Je connais, c’est un super endroit. Tiens-moi au
courant.
- D’accord, je te dirai.
*
366
- Mais tu repartirais comment ? Tu n’as pas de voiture
voyons !
- Ne te préoccupe pas de cela, je sais très bien me
débrouiller quand il le faut.
- Je te promets que tout se passera bien. Allez Célia, je
t’aime et tu le sais.
- Justement, j’attends de toi que tu saches me le
montrer, si on cherchait à me nuire.
- On part toujours samedi alors ?
- À condition que tu ne me laisses pas seule jusque-là.
- Je viendrai demain, si tu veux bien de moi.
367
Elle rentra chez elle, persuadée qu’elle avait pris la
mauvaise décision. Elle s’affala sur son canapé,
alluma son téléviseur et essaya de se concentrer sur
une série policière américaine. Elle grignota quelques
gâteaux secs, puis avala un grand verre de coca.
368
- Dans ces conditions, je suis d’accord. À bientôt !
Se sentant soutenue par Régis pour la recherche de
Marie, elle se sentit mieux et alla se coucher, sans
somnifère cette fois.
*
372
- J’oubliais, je t’ai ramené des rapports de visite à
taper. Je pars déjeuner avec un client, je serai de
retour vers seize heures.
- Alors bon appétit avec ton client ou ta cliente, et à
tout à l’heure
373
Les deux femmes fermèrent l’agence et s’engagèrent
vers la place du Capitole, là où les nombreuses
terrasses étaient déjà envahies à cette heure de la
journée. Elles s’installèrent sous les parasols de la
terrasse d’une « saladerie ». Pendant le repas,
Caroline écoutait son amie lui relater sa conversation
avec Thomas.
374
Ensuite, tu verras selon l’attitude de ton futur mari, si
ce mariage doit se faire ou pas. J’aime beaucoup
Thomas, mais je t’aime encore plus, toi mon amie. Et
la seule chose que je veux pour toi, c’est ton bonheur !
375
Le soir même, Thomas était au rendez-vous. Pendant le
dîner, il fut charmant, tendre et semblait vouloir
reconquérir Célia. Celle-ci, toujours amoureuse de lui, se
retrouva très vite dans ses bras. À la façon qu’il avait de se
comporter, elle pensa qu’il avait déjà oublié l’objet de leur
désaccord. Elle ne chercha pas à le contrarier et l’invita à
rester pour la nuit. Il ne se fit pas prier et en profita pour
lui déclarer à nouveau ses sentiments.
376
directrice de l’association où Marie était entrée pour
la première fois en 1993.
À l’accueil, on la fit attendre un moment, puis une
femme d’un certain âge, s’avança vers elle.
- Vous êtes Célia Carron ?
- Oui, elle-même,
- Allons dans mon bureau.
378
- J’ai fait des recherches, suite à votre appel et, ce que
vous venez de me révéler sur son identité, correspond
tout à fait, à ce que j’ai découvert. Effectivement, elle
est venue dans cette association, pendant trois années.
Ensuite, elle est partie à la frontière espagnole, dans
l’attente de pouvoir reprendre son fils.
- Super, elle a donc pu le retrouver, c’est magnifique.
Je suis heureuse pour elle.
380
- Je vous comprends et comme vous avez perdu son
livre, je vous laisse celui que j’ai acheté, vous pourrez
ainsi en terminer la lecture. Je vais vous donner
l’adresse de l’association, allez-y avec le livre, elle
comprendra pourquoi vous êtes là.
381
le rappeler pour lui raconter son entretien avec la
responsable de l’association.
382
CHAPITRE 17
383
- Heureusement que la durée du voyage n’est pas
longue, soupira Célia.
Comme Thomas ne semblait pas vouloir lui tenir la
conversation, elle décida de fermer les yeux, pour lui
faire croire qu’elle s’était endormie. Son
comportement l’agaçait énormément, elle espérait que
cela ne durerait pas.
384
La ville était déjà envahie de touristes. La chaleur
atteignait les vingt-cinq degrés à l’ombre, et
nombreux étaient ceux qui se faisaient bronzer sur les
plages. Thomas contourna les axes principaux, pour se
diriger vers une zone un peu plus éloignée et plus au
calme. Il s’arrêta enfin devant une petite maison de
plein pied avec, sur le devant, une jolie pelouse
entourée de fleurs odorantes. Au centre, une table et
des chaises avaient été installées, surmontées d’un
grand parasol.
385
Pendant le déjeuner, Gisèle, la maman de Thomas,
était aux petits soins avec elle et Jacques, le papa, très
charmant. Au moment de débarrasser la table, Célia
allait se lever, quand Gisèle lui fit le geste de rester
assise. Elle fit un signe à sa fille qui voulait dire, lève-
toi. Anne s’était levée avec un demi-sourire vers Célia
et avait suivi sa mère dans la cuisine. Gênée par cette
situation, Célia n’osait pas regarder en direction de
Jacques, son futur beau-père. Elle se contenta de faire
semblant d’écouter la conversation qui s’était engagée
entre Thomas et son père. Néanmoins, elle avait
entendu des bruits de voix étouffées dans la cuisine,
certaine que le ton était monté entre la mère et la fille.
Un instant plus tard, les deux femmes revenaient avec
un plateau, sur lequel une cafetière et quatre tasses
avaient été déposées, ainsi qu’un sucrier et des petites
cuillères. Gisèle servit le café et Anne revint avec un
mug rempli de thé.
386
La vaisselle fut ensuite mise dans le lave-vaisselle et
c’est alors qu’Anne proposa à son frère de se rendre à
la plage pour une baignade. Célia attendait que
Thomas lui demande son avis, mais il n’en fut rien. Il
lui dit simplement :
- Va mettre ton maillot de bain, et n’oublies pas de
prendre des serviettes, je suis impatient d’aller me
baigner.
387
courir vers la mer. Un peu déconcerté, il courut pour
la rattraper.
391
refusa, prétextant qu’elle était trop fatiguée. Ils
décidèrent alors de rester avec Anne, mais
encouragèrent leur fils et Célia à y aller sans eux. Il
eut une hésitation, mais devant le regard de Célia, il se
souvint de ce qu’elle lui avait dit en arrivant à
Argelès, et prit la bonne décision :
- Bon, alors nous y allons tous les deux !
*
Le lendemain matin, après un petit-déjeuner copieux,
Thomas proposa à Célia, de faire une balade en ville
et, par la même occasion, de flâner au marché « petite
poste », parmi les étals tous plus appétissants les uns
des autres. Elle s’empressa bien sûr d’accepter la
récréation ! Ils déambulèrent tranquillement à travers
la ville et Thomas en profita pour lui conter l’histoire
d’Argelès.
*
« La ville d’Argelès-sur-Mer doit son nom à la terre
argileuse sur laquelle elle est construite. La commune
393
est implantée sur un territoire de presque 6000
hectares. Il s’étend du massif des Albères, au niveau
de la frontière espagnole, jusqu’au cœur de la plaine
du Roussillon et la rivière Le Tech. Le sommet le plus
important d’Argelès, est le pic des Quatre Termes, un
peu plus de 1000 m.
394
Gisèle était déjà aux fourneaux, tandis que Jacques
préparait l’apéritif. Célia se proposa pour donner un
coup de main en cuisine, mais sa future belle-mère, lui
répondit :
- Ça va aller, je vais m’en sortir. Si vous voulez, vous
pourrez mettre la table après l’apéritif ?
- Avec grand plaisir !
395
Quelques minutes plus tard, on la vit passer dans le
couloir avec son nécessaire de toilette. Sa mère lui
demanda :
- On t’attend pour prendre l’apéritif ou pas ?
- Non, après la douche, je vais me baigner.
396
- Je n’ai pas de secret. Je suis l’assistance du directeur
d’une agence immobilière et de son associé.
- Et quelles sont vos fonctions ?
- Je reçois les clients ou futurs clients. Je les conseille
quand ils en ont besoin. Parfois, je leur fais visiter
l’appartement ou la maison qui les intéresse, quand
mon patron ou son associé, sont pris par d’autres
engagements.
- Et ce travail vous plaît ?
- Beaucoup, nous faisons parfois de belles rencontres.
- C’est-à-dire ?
- Je vous cite l’exemple d’une dame veuve, qui est
venue me voir pour savoir si elle avait le droit de
louer deux de ses chambres à des étudiants.
- En voilà une drôle d’idée ?
- Elle avait lu dans les journaux, que beaucoup de
parents d’étudiants, n’avaient pas les moyens de payer
le loyer d’un appartement pour leur enfant. Comme
397
elle vivait dans un grand appartement, elle voulait
aider ces étudiants à sa manière.
- Et, elle a pu louer ?
- C’est à l’étude actuellement. J’ai trouvé cette femme
très généreuse.
- Généreuse certes, mais peut-être très imprudente !
Imaginez qu’elle tombe sur des jeunes sans scrupules,
qui la dépouillent de tout ce qu’elle a ?
- C’est pour cette raison que c’est à l’étude. Les
jeunes seront sélectionnés par l’agence,
renseignements pris auprès de leurs établissements.
- Hum ! Et vous gagnez bien votre vie ?
399
de passer des vacances tranquilles, mais certainement
pas perturbées par sa sœur. Il répondit simplement :
- Célia est ma future épouse, et il est normal que je
sois auprès d’elle pendant nos vacances.
- Vous comptez vous marier quand ?
- Quand nous l’aurons décidé.
400
Le regard des parents allait de Thomas à Anne et
ensuite vers Célia. Ils semblaient attendre une réaction
de Célia, qui visiblement, n’avait pas l’intention
d’intervenir. Thomas, lui, restait stupéfait devant la
méchanceté de sa sœur.
- Je crois, Anne, que c’est toi qui es très forte pour
semer la zizanie dans la famille. Je voudrais bien
savoir ce que tu as contre elle ?
- Elle n’est pas de notre milieu, et elle n’a aucune
classe. Tu aurais pu trouver mieux, non ?
- J’ai choisi Célia, justement parce que je n’aime pas
le monde que je fréquente. Toute cette hypocrisie,
cette façon de toiser les gens qui ne vivent pas comme
eux.
401
- Vous savez très bien que je vous aime, cela n’a rien
à voir !
- Je crains qu’il te faille faire un choix mon fils. Si tu
veux te marier avec Célia et que tu refuses d’y inviter
nos connaissances, nous ne serons pas présents non
plus !
402
raisons : la première, est que je ne veux pas que tu te
fâches avec tes parents à cause de moi. La seconde,
est que je n’accepterai jamais d’être une femme
soumise, qui accepte, en baissant la tête, les réflexions
blessantes de sa belle-famille. Je vais appeler un taxi,
et prendre mes bagages.
- Enfin Célia, tu as vu l’heure qu’il est ? Où comptes-
tu aller ? demanda Thomas.
- Ça, c’est mon problème !
403
- Ta proposition tient toujours pour aller chez ta
mère ?
- Bien entendu, tu as des ennuis ?
- Oui, je pars, je vais appeler un taxi pour m’emmener
à la gare.
- Très bien, quand tu seras à la gare, appelle-moi, pour
me donner l’heure d’arrivée de ton train.
- Mais il est tard, je ne vais pas demander à ta maman
de venir me chercher à la gare à cette heure-ci ?
- C’est moi qui viendrais te chercher, je suis venu
passer le week-end chez ma mère.
- Mais ce n’était pas prévu ?
- Je n’étais pas sûr, mais j’avais envie de la voir.
Appelle vite ton taxi !
- Heu, d’accord, j’appelle !
406
presque des excuses à Thomas, obligé d’accepter une
vie qui n’était pas la sienne.
Après l’avoir écoutée, Antoine répondit :
- Ici, tu seras reçue comme une princesse, ne
t’inquiètes pas. Demain, je dois repartir sur Toulouse,
mais je vais voir avec Bertrand, pour prendre quelques
jours de congé. Je pense revenir mercredi soir, de
cette façon, je t’emmènerai chez tes parents.
- Mais Antoine, je peux prendre le train, pour aller
chez eux !
- Si Bertrand m’accorde une semaine de congés, je t’y
emmènerai avec plaisir. Voilà, nous arrivons.
407
CHAPITRE 18
410
allions nous marier et qu’ils devaient m’accepter, telle
que je suis.
- Qu’entendez-vous par là ?
- Je ne suis pas du même milieu que cette famille et
leur fille me l’a bien fait comprendre. Thomas a dit
que pour lui ce n’était pas un problème s’il ne
fréquentait pas leur milieu. Ce qui a eu pour
conséquence, la colère de son père, qui a répondu que
dans ces conditions, ils ne viendraient pas au mariage,
s’ils ne pouvaient pas inviter leurs connaissances.
- Il a quand même tenu tête à ses parents !
- Oui, c’est vrai. Mais je sais qu’il les aime beaucoup
et, s’il ne devait pas les revoir à cause de notre
mariage, tôt ou tard, nous aurions certainement
divorcé. J’ai préféré rompre avant le mariage. Je suis
certaine qu’il trouvera une femme du même monde
qu’eux et qu’il sera finalement plus heureux.
- Vous l’aimez toujours ?
- Je ne sais pas, j’ai été très déçue !
411
Antoine qui avait écouté son récit, ajouta :
- Tu as tout ton temps pour y réfléchir. Ici, tu es chez
toi, et je sais que maman va bien s’occuper de toi. Tu
vas te détendre et visiter la ville. Je pars demain matin
et je vous appelle, dès mon arrivée.
*
Après le petit-déjeuner, Célia fila à la salle de bains et
se prépara pour sortir avec Valentine.
Le marché était grand et plaisant. Elle avait pris le
bras de madame Eymard comme elle l’aurait fait avec
sa maman, et les deux femmes déambulaient
joyeusement entre les étals. Avant d’acheter quoi que
ce soit, Valentine lui demandait toujours si elle aimait
ou pas. Quand le panier qu’elle tenait sur son bras,
commençait à se faire lourd, Valentine le posait, afin
de régler le commerçant. Célia profita de cet instant,
pour le lui prendre discrètement. Valentine ne dit rien,
mais sembla apprécier cette initiative. Elles rentrèrent
412
ensuite, bras dessus bras dessous, ravies de cette belle
matinée.
Au moment de préparer le repas de midi, Célia
proposa son aide pour éplucher les légumes. Valentine
voulut refuser, mais accepta finalement.
413
- Moi aussi, et si Antoine le veut bien, quand il sera de
retour, j’aimerais qu’il m’accompagne jusqu’à cette
association, pour rencontrer cette femme étonnante.
J’ai eu tellement d’émotions en lisant son livre, que
j’avais l’impression de la connaître. J’avoue que
parfois, elle m’a fait pleurer.
- Je suis certaine que mon fils vous y accompagnera
avec plaisir, nous ne sommes pas loin de la frontière
espagnole, vous pourrez aisément faire l’aller et retour
dans la journée.
***
414
Novembre 2002
Décembre 2002
416
Janvier 2003
***
417
Célia referma le livre. Elle avait envie d’aller se
baigner, mais elle ne savait que faire de son livre, elle
n’avait pas envie de le voir s’envoler à nouveau.
Elle repéra une famille sur la plage, dont la maman
était en train de lire un roman. Elle s’approcha de la
femme et lui demanda :
- Bonjour madame, est-ce que vous accepteriez de me
garder mon roman, le temps que j’aille me baigner ?
Je ne compte pas y rester longtemps, juste le temps de
faire quelques brasses pour me rafraîchir.
- Oui, bien sûr, j’adore lire moi aussi. Je comprends
très bien que vous teniez à votre livre. Allez-y sans
crainte, je vous le garde !
- Merci beaucoup madame.
420
Elle s’était un peu perdue en revenant, puis elle
reconnut une petite place qui se situait à deux pas de
la maison de madame Eymard. Quand la maison fut
en vue, elle se sentit soulagée et sonna à la porte.
422
vais simplement rester un peu plus chez eux et je
rentrerai de mes vacances avec une semaine d’avance.
- Je vous propose d’attendre l’arrivée de mon fils
avant de prendre une décision. Il sera là demain soir,
vous appellerez vos parents mercredi.
- Vous avez raison, attendons l’arrivée d’Antoine.
*
Le lendemain soir, Antoine débarquait peu avant dix-
neuf heures. Il avait le sourire en entrant. Après avoir
embrassé sa mère, il s’avança vers Célia et l’embrassa
sur les joues.
- Grâce à toi Célia, je viens de négocier des congés
avec Bertrand, je pourrai donc t’emmener chez tes
parents sans aucun problème.
- Je te remercie, mais j’aurais préféré que tout le
monde ne soit pas au courant de ma rupture avec
Thomas. À cause de moi, Bertrand va devoir se
débrouiller avec l’agence.
423
- N’aie aucun souci pour cela, André va venir lui
prêter main forte. Et puis, nous sommes en août, c’est
une période très calme. Alors, quoi de neuf depuis
dimanche soir ?
426
- Tu me l’as proposé, alors j’accepte, mais tu seras
obligé de rester au moins une journée chez eux, car ils
voudront te connaître.
- Aucun problème, tu me feras visiter la ville ?
- Bien entendu !
428
- Non, elle était déjà levée avant moi. Mais je pense
qu’après notre départ, elle ira certainement se
recoucher un peu.
- Elle est adorable, tu as beaucoup de chance d’avoir
une maman comme elle !
- Oui, j’en suis conscient, surtout après ce que tu nous
as raconté sur les parents de Thomas ! Est-ce que tu
lui as téléphoné ?
- Non. Il m’a laissé plusieurs messages sur mon
téléphone portable, mais je n’ai pas répondu. Je crois
que c’est mieux ainsi. Tu m’avais averti, suite à cette
soirée avec sa sœur Anne, Thomas semblait vouloir
lui parler pour l’avertir de notre futur mariage, mais je
pense sincèrement, qu’il n’aura jamais gain de cause
avec sa famille. Finalement, il est à plaindre.
- Ne t’en fais pas, tu finiras par oublier. Cette petite
balade en Espagne va te changer les idées. Allez,
viens, allons embrasser maman avant de partir.
429
Valentine avait préféré les laisser seuls pour prendre
leur café. Elle s’affairait dans la salle de séjour
lorsqu’elle les entendit entrer.
- Alors vous êtes prêts à partir pour l’Espagne ?
- Nous sommes prêts, répondit Antoine.
- Je vous souhaite bonne chance Célia pour votre
rencontre avec Marie. S’il y avait le moindre
problème, surtout appelez-moi !
- Je t’appellerai de toute façon, maman.
432
la mauvaise volonté. J’ai donc utilisé l’espagnol,
quand cette femme m’a fait comprendre qu’elle ne
connaissait pas notre langue.
- Tu parles espagnol ?
- Oui, ce n’est pas la plus compliquée des langues. Pas
toi ?
- Non, je ne suis pas très bonne. Heureusement que tu
es venu avec moi.
- Allez, viens, on va découvrir à quoi ressemble
Marie !
433
- Que puis-je faire pour vous ?
435
Marie lui fit un grand sourire au moment où elle passa
la porte de l’association.
437
essayer de lui démontrer le contraire aujourd’hui. Elle
n’était certes pas aussi jolie que son amie Caroline,
mais elle avait la beauté du cœur et une façon bien à
elle, de montrer ses sentiments à ceux qui
l’entouraient. Elle avait les pieds sur terre et savait ce
qu’elle voulait. Il était certain que Célia et Marie
allaient devenir de vraies amies. Il avait hâte, lui
aussi, de connaître le combat de cette femme.
438
- Je pense que le fait d’avoir retrouvé Marie, m’a sans
doute donné du tonus et une furieuse envie de vivre.
Mais je te confesse que, il y a quelques années, j’étais
maître-nageur dans une piscine.
- Vraiment ? Et tu as laissé tomber pour quelle
raison ?
- Lorsque je suis arrivée à l’agence pour travailler
avec toi et Bertrand, je n’avais plus beaucoup de
temps pour cela. Mais je vais le plus souvent possible
m’entraîner en piscine.
- Je comprends mieux. En tout cas, je te félicite pour
ta performance. Et tu as d’autres secrets à confier ?
- C’est l’hôpital qui se moque de la charité !
- Que veux-tu dire ?
- Je veux dire, monsieur, qu’avant ton agression, nous
ne connaissions rien de ta vie privée. Nous avons
découvert avec surprise, Bertrand et moi, que tu avais
été marié et que tu avais un enfant. Alors, as-tu toi
aussi d’autres secrets que tu tais ?
439
Antoine se mit à rire et lui confia :
- Je ne parlerai qu’en présence de mon avocat. Si nous
pensions à remonter pour nous sécher et nous changer.
Il est déjà treize heures.
- Allons-y.
- Oui, mais cette fois, attends-moi, j’aurais l’air moins
ridicule !
- D’accord.
Célia plongea, et nagea ensuite tranquillement à ses
côtés jusqu’à la plage.
441
- Hélas non, je l’avais perdu entre-temps. Mais la
responsable de l’association a réussi à en retrouver la
trace chez un imprimeur, et l’a ensuite commandé.
Elle me l’a gentiment confié pour que je puisse en
terminer la lecture. Je me suis arrêtée au passage où
Yanis était venu passer un Noël avec vous.
- Je vois. Je vais vous raconter la suite … Il s’est
écoulé encore quelques mois avant que je puisse en
avoir la garde définitive. Depuis, nous ne nous
quittons plus. Yanis a maintenant vingt ans, il termine
ses études pour travailler dans la restauration. Mon
mari José, travaille comme cuisinier dans ce
restaurant, c’est pour cette raison que je vous ai
amenés ici.
- Yanis avait donc dix ans lorsque vous avez pu le
reprendre avec vous ?
- Oui, cela n’a pas été simple pour lui de reprendre
l’école en Espagne. Mais il était si heureux de pouvoir
vivre avec moi, qu’il était prêt à tout.
442
- Et vous n’êtes pas revenue en France ?
- Disons que, pendant les quelques mois où je suis
venue ici, en attendant d’aller chercher Yanis en
Tunisie, j’ai fait la connaissance de José, qui n’était
autre que le frère d’une amie qui tenait l’association
où je travaille aujourd’hui. Nous sommes tombés
amoureux et de ce fait, je suis restée. Deux ans plus
tard, nous avons eu une petite fille, que nous avons
nommé Loretta.
- Et vos parents sont restés en France ?
- Dès qu’ils ont eu l’âge de prendre leur retraite, ils
sont venus nous rejoindre en Espagne.
- C’est magnifique, je suis tellement contente pour
vous !
- Mais vous ne m’avez pas présenté votre ami ?
- C’est vrai, excusez-moi. Antoine m’a gentiment
proposé de m’accompagner pour vous rencontrer,
puisque nous étions chez sa maman à Perpignan et
nous sommes partis tôt ce matin.
443
- Et vous vivez ensemble à Toulouse ?
- Non, nous ne vivons pas ensemble, Antoine est juste
un ami, nous travaillons tous les deux pour la même
agence immobilière à Toulouse.
- Vous devez vraiment lui être très attaché Antoine,
pour lui avoir proposé de l’accompagner ici.
- Oui, très. Grâce à elle, j’ai survécu à une agression.
Elle m’a trouvé sans connaissance dans l’agence un
samedi soir, elle a aussitôt appelé les secours. Je suis
resté amnésique plusieurs semaines, mais je m’en suis
sorti. Je sais que je lui dois beaucoup. Si elle n’était
pas intervenue ce soir-là, mon état se serait sans doute
aggravé. D’après les médecins, si l’on ne m’avait
découvert que le lendemain matin, je ne serais peut-
être pas sorti du coma.
- Je comprends que vous teniez beaucoup à elle. Vous
êtes venus seuls tous les deux ? Vous n’avez pas de
femme ou mari ?
444
Célia prit la parole :
- Je viens de rompre avec mon fiancé, sa famille ne
m’appréciait pas. J’ai préféré partir avant le mariage.
- Je vous donne entièrement raison, il ne faut jamais
se laisser dominer, jamais. Et vous Antoine ?
- Je suis divorcé depuis trois ans. J’ai un petit garçon
de six ans. C’est sa maman qui en a la garde, je le vois
un week-end sur deux et à la moitié des vacances.
- Dites-moi, vous non plus vous n’avez pas eu
beaucoup de chance, on dirait ?
Marie s’interrompit, les plateaux de fruits de mer
arrivaient. Célia et Antoine restèrent bouche bée,
devant le choix des crustacés : palourdes, pétoncles,
coques, clovisses et oursins, ainsi que crevettes et
tourteaux.
Le repas se termina avec d’énormes coupes glacées.
447
CHAPITRE 19
448
- Il y a un petit changement, j’ai rompu avec Thomas.
C’est un ami qui va m’accompagner chez vous.
- Mais, que s’est-il passé ?
- Je t’expliquerai demain, ce serait trop long par
téléphone. Tout ce que je peux te dire, c’est que la
sœur et les parents de Thomas ont été odieux avec
moi. Je les ai quittés dimanche soir.
- Mais où étais-tu depuis dimanche soir ?
- Chez la maman d’Antoine, l’associé de mon patron.
Elle habite Perpignan et comme Antoine était chez
elle, je l’ai appelé, pour lui demander s’il pouvait
m’accompagner chez vous. Je lui ai raconté ce qu’il
s’était passé chez les parents de Thomas, il m’a alors
proposé de prendre le train jusqu’à Perpignan et il est
venu me chercher à la gare. J’ai été très bien reçue par
sa maman, elle avait même préparé une chambre pour
moi.
- Mais pourquoi nous préviens-tu seulement
maintenant ?
449
- J’avais besoin de faire le point, d’être un peu seule,
j’étais trop déçue et très en colère contre Thomas, qui
m’a si mal défendue auprès de ses parents. C’est pour
cette raison que j’ai préféré rompre avant le mariage.
- Mais tu n’étais pas seule, d’après ce que je viens de
comprendre ?
- Maman, je vous expliquerai cela demain, ce soir, je
vais me coucher tôt, car nous partons de bonne heure
demain matin.
- D’accord, alors à demain, nous vous attendons.
451
- Tu as raison. Ils pensent certainement que je ne me
marierai jamais ; et qu’ils n’auront pas de petits-
enfants.
- Si ce n’est pas indiscret, tu as quel âge Célia ?
- Trente-trois ans, pourquoi ?
- C’est un âge tout à fait raisonnable pour avoir des
enfants, à condition de trouver le bon mari.
- Oui, et ça ne se trouve pas sous le pied d’un cheval,
n’est-pas ?
- Et ce Régis, auquel tu semblais être très attachée ?
- Régis ? Mais il est déjà pris et je le considère comme
un ami. Nous avons appris à nous connaître, nous
avons beaucoup parlé tous les deux. C’est une bonne
personne et de plus, il m’a quand même sauvé la vie
par deux fois, ça ne s’oublie pas !
- Et tu n’aurais pas un petit faible pour lui ?
- Non Antoine, tu te trompes. C’est juste de l’amitié,
Régis n’est pas mon type d’hommes.
- Et quel est ton type d’hommes ?
452
- En tout cas, pas un homme qui se laisse mener par le
bout du nez comme Thomas ou même Régis.
- Pourquoi Régis ?
- Parce que c’est sa compagne qui décide toujours de
leur emploi du temps, du jour où il peut venir chez
elle, par exemple. C’est une situation plutôt difficile
pour lui, mais il semble l’accepter. Ce qui veut dire
qu’il est trop faible de caractère.
- Donc, ton type d’hommes, c’est celui qui ne dira pas
oui, à toutes tes demandes ?
- Je n’exigerai jamais de quelqu’un, une chose qu’il
consentira uniquement pour me faire plaisir. J’estime
que dans un couple, il doit y avoir des concertations
sur les choix de l’un et l’autre, non ?
- Tu as parfaitement raison. Alors cherche vite celui
qui te conviendra.
- Tu te moques de moi ?
- Non, pas du tout. Je t’encourage à ne pas baisser les
bras, au contraire !
453
Plus tard, Antoine s’arrêta à une station-essence sur
l’autoroute pour faire le plein puis, ils en profitèrent
pour faire une pause-café et dévorer des croissants.
Enfin, vers douze heures trente, ils entrèrent dans la
ville de Biarritz.
*
454
questions sur le fait que tu étais dans les environs, au
même moment que moi.
- Ce n’était pas prévu !
457
- Je ne peux pas y aller tous les week-ends, car à
l’agence, nous travaillons le samedi aussi, à tour de
rôle.
- Pourtant, Célia ne travaille pas le samedi ?
- Non, cela reste exceptionnel. En général, nous nous
débrouillons Bertrand et moi.
- Notre fille semble beaucoup vous apprécier. Vous
êtes celui qui s’est fait agresser dans l’agence
immobilière ?
- Oui, et je dois beaucoup à Célia qui a réagi très vite
pour appeler les secours.
- Je me souviens qu’elle semblait complètement
bouleversée de vous savoir dans le coma. Vous allez
mieux maintenant apparemment ?
- Tout est rentré dans l’ordre, je vous remercie, et tout
cela grâce à votre fille.
- Est-ce que vous connaissiez Thomas ?
- Je l’ai vu deux ou trois fois, effectivement !
- Il vous semblait quelqu’un de bien ?
458
- Oui, ils avaient l’air très amoureux tous les deux !
- Et vous savez pourquoi Célia a rompu avec lui ?
- Oui, monsieur, mais je crois que c’est plutôt votre
fille qui devrait répondre à cette question !
- Vous avez raison, je suis tellement désolé pour elle,
elle est si dévouée, si gentille, mais sans doute pas
assez méfiante.
- C’est vrai, mais quand on la connaît bien, on
remarque qu’elle est tout à fait capable de prendre de
bonnes décisions, même si elles sont parfois tardives,
car il est vrai qu’elle donne sa confiance facilement.
- Bien, je vais voir ce qu’elles font et je reviens.
460
- Ne vous inquiétez pas, je suis bien entourée à
Toulouse et je ne suis pas prête à retomber dans ce
genre de piège. Si nous mangions maintenant, j’ai une
faim de loup ?
462
Célia s’approchant d’Antoine :
- N’aie pas peur, il t’a simplement adopté. S’il te
propose de l’appeler par son prénom, c’est que tu lui
plais.
- Alors tant mieux.
464
- Quelque chose ne va pas maman, tu ne parles pas
beaucoup ce matin ?
- J’étais en train de penser que tu avais eu beaucoup
de chance qu’Antoine se trouve chez sa maman à
Perpignan, au moment où de ton côté, à Argelès, tes
futurs beaux-parents te faisaient comprendre que tu
n’étais pas digne de leur fils. Aurait-il eu vent du
caractère très spécial de la famille de ton futur
époux ?
- Bon, ça va, je vais te raconter ce qui s’est passé la
veille de notre départ en vacances.
465
- Je comprends mieux. Antoine se doutait que tu
rencontrerais des problèmes avec ta belle-famille. Il
voulait être présent au cas où.
- Je crois que tu as raison, je me suis posé la question
aussi.
- Tu penses qu’il est amoureux de toi ?
- Je l’ignore. Il est vrai qu’il a beaucoup changé
depuis son agression. Il s’est soudain rapproché de
moi, mais je pense que c’est parce qu’il se sent
redevable, envers moi.
- En tout cas, il semble être quelqu’un de bien !
répondit Corinne.
- Oui, certainement. Mais actuellement, je suis un peu
déroutée par cette rupture avec Thomas. Je pensais
vraiment que nous aurions pu être heureux. C’était
trop beau.
- Allez n’y pense plus. Après le déjeuner, vas faire un
tour, change-toi les idées !
466
- Tu as raison, j’irai à la plage. Pourquoi ne viendrais-
tu pas avec moi ?
- Tu sais que je crains les chaleurs trop fortes.
- Prenons un parasol et une glacière ?
- D’accord ! Nous irons ensemble. Mais ne compte
pas sur ton père, tu sais que les plages, il les aime
lorsqu’elles sont désertées des touristes.
- En temps normal, moi aussi. Mais actuellement, j’ai
besoin de voir du monde.
*
468
vagues ne sont pas très fortes, mettez des gilets de
sauvetage, avant de grimper sur ce bateau.
Les enfants l’écoutèrent et repartirent avec leur bateau
pneumatique sur la plage.
Corinne qui avait regardé la scène, pensait que sa fille
aurait dû continuer son métier de maître-nageur. Dans
l’eau, elle était dans son élément.
471
- Elle s’appelait Cécile Laforêt, mais elle a
certainement changé de nom en se mariant.
- Si elle est mariée, alors !
- Je n’en suis pas certain, mais je le pense, il y a plus
de sept ans que nous ne nous voyons plus.
- Merci Guillaume, pour ces précisions, rétorqua
Célia. Je comprends mieux cette méprise.
475
- Et tu as eu raison. Rappelle-moi de t’écouter, la
prochaine fois que je m’apprête à faire une bêtise.
- Tu peux compter sur moi. À bientôt Célia.
- À bientôt Antoine.
477
- D’accord, alors j’attendrai.
479
CHAPITRE 20
482
Une fois la porte refermée, il avait retrouvé le sourire.
- Nous ne sommes pas au bord de la mer, mais s’il y a
une piscine à notre disposition, ça me convient très
bien. Allons chercher nos bagages.
484
charmante avec elle. Est-ce que cette maman s’était
doutée que son fils était tombé amoureux d’elle ?
Et puis cette rencontre avec Guillaume à Biarritz au
sujet de Cécile. Cette jeune femme l’intriguait, qui
était-elle pour lui ressembler autant ?
485
dégustation des coquillages et surtout les huîtres très
goûteuses de Brétignolles-sur-mer.
488
Celui de Régis était plutôt positif, il avait été adopté
par les enfants de Valérie et partait deux semaines
avec eux en vacances.
Enfin, celui de Bertrand datait de la veille et lui
demandait si elle pouvait reprendre le travail lundi,
car Antoine avait un problème familial.
490
Après avoir raccroché, elle se sentit un peu seule. Elle
appela ses parents pour leur dire qu’elle était bien
arrivée et leur souhaita de passer une bonne fin de
séjour.
Et comme à chaque fois qu’elle déprimait, elle se
vengea sur les sucreries. Elle se dirigea vers son
congélateur, attrapa une crème glacée et alla s’affaler
sur son canapé.
492
rendez-vous avec elle, pour lui parler de sa rencontre
avec Marie.
***
Mars 2003
493
Mai 2003
494
Juin 2003
Juillet 2003
495
À notre descente d’avion, les autorités tunisiennes,
nous attendaient. Nous les avons suivies dans une
salle de réunion de l’aéroport. Mon avocat leur a
alors fourni tous les documents demandés et, bien
entendu nos papiers d’identité. Ensuite seulement, un
officier de police est allé chercher Yanis qui nous
attendait dans une autre salle. Dès qu’il m’a vue, il
s’est mis à courir vers moi et m’a serrée très fort
contre lui. Et moi, je pleurais de joie en embrassant
encore et encore, ce fils qui m’avait été enlevé à l’âge
de trois mois et me revenait enfin, à dix ans. Ensuite,
nous avons repris l’avion pour l’Espagne. Mon amie
Vanessa allait arriver, ainsi que mes parents, pour
quelques jours de vacances. Quant à moi, j’avais
décidé de rester en Espagne avec mon fils, car dans
l’intervalle, j’avais rencontré José, le frère de la
responsable de l’association et avec lequel j’espérais
bien refaire ma vie.
***
496
Célia était très émue à la lecture de ces dernières
pages du récit de Marie. Elle avait hâte de la revoir,
elle et sa petite famille. Elle referma le livre les yeux
embués.
*
499
- Bonjour Célia, est-ce que vous me permettez de
déjeuner à votre table ?
- Avec plaisir madame Lambert, je suis heureuse de
vous voir.
- Vous venez de rentrer de vacances ?
- Oui, j’ai repris le travail ce matin.
- Avez-vous pu aller en Espagne pour tenter de
trouver Marie ?
- Oui, j’ai pu la voir, je vais vous raconter cette belle
journée.
502
Elle ouvrit la portière sans un regard vers celui qu’elle
avait aimé, et se dirigea vers l’agence, pour
tranquilliser son patron, et attendre que la voiture soit
partie. Ensuite seulement, elle alla rejoindre son arrêt
de bus. Thomas n’avait pas essayé de la suivre et cela
la rassura. À sa descente de l’autobus, elle regarda
autour d’elle encore une fois et fut soulagée de ne voir
aucune voiture connue devant son bâtiment.
503
CHAPITRE 21
504
- Bonjour Célia, nous allons partir tous les deux,
chacun de notre côté, pour des rendez-vous urgents.
Ne vous attendez pas à nous revoir avant la fin
d’après-midi. Je vous ai laissé de quoi vous occuper
et, si nous rentrions après votre départ ce soir, vous
trouverez sur votre bureau plusieurs dossiers à
enregistrer demain matin. Vous l’avez compris, vous
allez être seule aujourd’hui.
505
Peu avant midi, elle eut la surprise d’avoir Caroline au
téléphone.
- Depuis quand es-tu rentrée ?
- Depuis hier. Et toi ? Je te croyais encore en
vacances ?
- Nous sommes rentrés hier aussi. Rappelle-toi, je
t’avais dit que Gabriel devait partir à Londres, la
dernière semaine d’août.
- Oui, je me souviens maintenant. As-tu profité de ces
vacances ?
- Si tu es libre à déjeuner, je passe te prendre et nous
en discuterons.
- D’accord, je t’attends, mais je ne pourrai pas
m’absenter longtemps, car je suis seule à l’agence
aujourd’hui.
- Alors j’arrive tout de suite.
508
- Et qu’as-tu fais ensuite ? Tu es allée chez tes parents
à Biarritz, comme prévu ?
- C’est Antoine qui a tenu à m’y accompagner, il est
resté une journée avec nous, puis il est reparti chez sa
mère à Perpignan.
- Vraiment sympa Antoine !
- Oui, je sais ce que tu vas me dire, il m’a déclaré
qu’il était amoureux de moi, le soir même où il était
rentré sur Perpignan.
- Et ? Que lui as-tu répondu ?
- Que pour l’instant, ma rupture avec Thomas était
trop fraîche et que je ne savais plus très bien où j’en
étais.
- Mais est-ce que tu penses, maintenant que ta relation
avec Thomas est terminée, que tu pourrais être, toi
aussi, amoureuse d’Antoine ?
- Je ne sais pas. Je l’aime beaucoup, car il y a
maintenant plus de trois ans que nous nous
connaissons, et j’avoue que j’ai eu très peur lorsqu’il
509
s’est fait agresser, mais de là à dire que c’est de
l’amour, je l’ignore.
- Et Régis, as-tu des nouvelles de lui ?
- Si j’en crois le dernier message que j’ai eu de lui, il
semblait heureux, car il partait en vacances avec
Valérie et ses enfants, pour une quinzaine de jours.
- Et il t’a dit où il partait ?
- Non, mais je suis très contente pour lui, si les choses
s’arrangent avec Valérie, il semble très attaché à elle.
- Et Thomas, il a tenté de te revoir ?
- Oui, je l’ai vu hier, en quittant l’agence. Il
m’attendait. Je lui ai demandé de ne plus me relancer
que c’était terminé.
- Il a fait le mauvais choix en acceptant d’emmener sa
sœur avec vous. C’est une vraie garce, cette fille.
J’espère qu’il aura compris la leçon cette fois.
- Je vais être obligée de rentrer à l’agence Caroline,
car j’ai beaucoup de travail.
- Oui, bien sûr, on s’appelle ?
510
- D’accord, mais cette fois, tu me racontes tes
vacances, car aujourd’hui, nous n’avons parlé que de
moi.
- Promis.
*
Ni Bertrand, ni André, n’ayant montré le bout de leur nez
à dix-huit heures, elle décida alors de fermer l’agence.
521
- Je suppose que tu veux dire que, ce pas-grand-chose,
n’était pas ce que tu espérais ?
- Tout à fait. J’aime bien la plage, mais à condition de
ne pas y rester des heures, c’est plus fort que moi, je
ne sais pas rester à ne rien faire. La bronzette, ce n’est
pas pour moi. Les restaurants, j’aime bien, mais pas à
tous les repas. Ce n’est pas parce qu’on est en
vacances, qu’il ne faut rien faire du tout, une petite
salade composée, c’est vite fait. Et puis le casino et
les discothèques, ne m’intéressent pas du tout.
- Je te comprends. Moi, j’aime visiter quand je suis en
vacances. Si c’est en bord de mer, je vais nager et
faire des mini-croisières, acheter du poisson à la criée,
etc.. Tu l’as dit à Gabriel que tu t’ennuyais ?
- Il le sait, mais mon avis ne compte pas beaucoup, car
il veut conserver son standing, tu comprends.
- Je sens que tu t’es disputée avec lui ou je me
trompe ?
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- Non, tu ne t’es pas trompée. Il m’en veut de ne pas
faire d’efforts pour ses amis.
- Quel genre d’amis est-ce ?
- Un genre que tu n’apprécierais pas. Des personnes
qui ont une haute opinion d’elles-mêmes, si tu vois ce
que je veux dire. ?
- Très bien, le genre : tous les gens sont des imbéciles,
sauf moi, c’est cela ?
- Tout à fait. Je suis heureuse d’être rentrée chez moi
et retrouver ma boutique.
523
la rencontrer pour la connaître mieux. Je te tiendrais
au courant.
Caroline quitta Célia après minuit. Elle était ravie
d’avoir pu passer un bon moment avec sa meilleure
amie.
*
527
Avant de partir, Antoine prit les mains de Célia dans
les siennes et lui confia :
- J’espère que lorsque tu iras en Espagne pour
retrouver Marie à tes prochaines vacances, tu me feras
une petite place dans ta valise. J’aimerais être là pour
rencontrer sa famille.
- Je le souhaite aussi Antoine. D’ici là, nous aurons
appris à nous connaître.
528
CHAPITRE 22
530
- Bonjour, Marie m’avait donné votre description, je
n’ai donc pas eu de difficultés pour vous reconnaître.
- Bonjour Vanessa, je suis très heureuse de vous
rencontrer. Votre fille n’est pas avec vous ?
- Je vois que Marie vous a aussi parlé de ma petite
famille ? Venez, nous allons bavarder en route et je
vous présenterai ma fille Harmonie. Elle a onze ans
maintenant et le dimanche, elle va souvent retrouver
sa meilleure amie Pauline qui habite près de chez
nous. Avec Kévin, nous avons eu un garçon, trois ans
après Harmonie, il est parti avec son père voir le
match de football.
- Marie disait dans son livre qu’elle était la marraine
d’Harmonie ?
- Oui, c’est pour cette raison que nous ne nous
sommes jamais perdues de vue. Même depuis qu’elle
a décidé de partir en Espagne définitivement, nous
allons la voir le plus souvent possible pour les
vacances.
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- Vous devez être très fière d’avoir une amie comme
Marie, quel courage il lui a fallu pour obtenir la garde
de son fils.
- Elle n’a jamais baissé les bras effectivement.
Pourtant, elle a eu des moments de désespoir, elle en a
bavé croyez-moi !
- J’ai lu ces moments difficiles qu’elle a vécus dans le
récit de sa vie.
- Et vous Célia, être vous mariée ? Avez-vous des
enfants ?
- Non, par pour l’instant. J’ai rompu récemment avec
celui que je pensais être mon futur mari. Mais sa
famille n’était pas du même monde que moi et je
sentais bien que je n’étais pas la bienvenue. Plutôt que
de priver mon futur mari de sa famille, j’ai préféré
arrêter là.
- Décision difficile, mais vous avez eu raison. Mieux
vaut être célibataire que d’avoir à supporter une belle-
famille horrible. Nous arrivons.
532
Vanessa venait de s’arrêter devant une petite
résidence de quatre étages. Elle composa son code
secret à la porte d’entrée, qui s’ouvrit
automatiquement. Elles grimpèrent deux étages et
Vanessa ouvrit la porte de son appartement. Celui-ci
était agréable et décoré avec goût. S’adressant à
Célia :
- Installez-vous, je vais chercher des boissons
fraîches.
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Célia imaginait le pire, lorsque le taxi la déposa
devant l’entrée de l’hôpital, elle se précipita à
l’accueil. Elle donna le nom d’Antoine et fut dirigée
vers les soins intensifs. On lui demanda si elle était de
la famille, cette fois, elle ne se laissa pas intimider et
déclara qu’elle était sa petite amie. On l’informa
qu’elle devrait patienter, les médecins s’occupaient de
lui.
Dans la salle d’attente, le temps lui semblait long, elle
ne tenait pas en place et marchait de long en large.
Elle sortit un instant pour aller se chercher une
boisson au distributeur et revint s’asseoir. Elle
angoissait et se sentait responsable de n’avoir pas
entendu Antoine l’appeler lorsqu’elle allait monter
dans le taxi.
539
sortir demain. Téléphonez-nous demain, en fin de
matinée.
FIN
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Remerciements à ma famille et mes amis et tout
particulièrement à Marie, pour sa patience, sa gentillesse
et ses précieux conseils.
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Protégé par Copyright France, le 1er mai 2015
Référence du dépôt : L2Y41F5
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