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Cahier N° 4
I
La ville
exaltation et distanciation
Etudes de littérature portugaise et brésilienne
sous la direction de
Anne-Marie Quint
ÉTUDES LITTÉRAIRES
Coimbra : le mythe carnavalisé
OlindaKLEIMAN
(Université Charles-de-Gaulle - Lille IH)
Il est intéressant d'observer que les autos que je viens de citer ont
tous trois pour cadre la ville du Mondego, ou tout au moins sa
région, comme c'est le cas de Serra da Estrela. Ce sont, à ma
connaissance, les seules où Coimbra soit citée. Il n'est pas non plus
sans intérêt, pour notre propos, de savoir que l'année 1527 fut une
année de recrudescence de la peste et que la cour se vit obligée de fuir
Lisbonne pour trouver refuge à Coimbra, où elle séjourna de juillet
à décembre, après un bref passage par Almeirim et une longue
Faut-il voir une simple coïncidence dans le fait que la Farsa dos
Almocreves débute elle aussi conjointement par une complainte sur
la pauvreté à Coimbra et par une mise en cause d'un homme
d'église, en la personne du Chapelain ? Par ailleurs, autre point de
convergence avec la pièce précédente, on semble tout d'abord
s'acheminer vers un portrait plutôt positif de la ville, pour, au bout
du compte, le voir se transformer en une peinture extrêmement
critique. Ainsi, dans les premiers vers, le Chapelain prétend-il
évoluer dans un cadre non seulement plaisant, mais encore et surtout
lénifiant. Les célèbres rivages du Mondego, lieu de promenade qui
firent le charme de Coimbra jusqu'à nos jours, sont vus ici comme
un remède contre les angoisses du quotidien :
Pois que nâo posso rezar,
por me ver tâo esquipado,
por aqui, por este amado,
quero um pouco passear,
por espaçar meu cuidado10,
11. V. 6-9.
12. Menéndez y Pelayo, Antologi'a de poêlas liricos castellanos, Madrid, 1903,
vol. XI, p. 283-288.
13. C. M. de Vasconcelos, Romances Velhos em Portugal, Porto, Lello e Irmào,
1980, p. 83 sq. (Réimpression de l'étude tout d'abord parue dans la revue Cultura
Espanola, Madrid, 1907-1909).
14. Ibid., p. 84-85.
15. Marques Braga, édition critique de la Farsa dos Almocreves, in Obras
Complétas de Gil Vicente, Lisbonne, Sa da Costa, t V, 6e éd. 1978, p. 332, note aux
vers 1-2.
16. A. Durân, Romancero général, Madrid, Biblioteca de Autores Espanoles, 1945,
L 16, vol. II, p. 36.
17. Eugenio Asensio, "Romance «perdido» de Inès de Castro", in Cancionero
musical luso-espanol, Salamanca, Sociedad espanola de la Historia del Libro, 1989,
p. 31-40. Le texte du romance se trouve reproduit p. 37-38.
18 LA VILLE: EXALTATION ET DISTANCIATION
18. C. M. de Vasconcelos, Op. cit., p. 85 ; Marques Braga, op. cit.. p 332. note au
vers 3.
COIMBRA : LE MYTHE CARNAVALISE 19
20. « E [Priapo] fu per certo industrioso molto,/ Massime nel piantar porri e
radici ». Giovanni Mauro, Capitula in Iode del Priapo, cité par Jean Toscan, Le
carnaval du langage, le lexique erotique des poètes de l'équivoque de Burchielïo à
Marino (XVC-XVIIC siècles), thèse présentée devant l'Université de Paris III
(1978), Lille, Atelier de Reproduction des Thèses, Université de Lille III, 1981,
4 tomes, p. 1453.
21. Cf. Toscan, Op. cit., p. 1460 sq. Les connotations scabreuses qui se rattachent
au chou sont connues de Jean Claude Carrière, Les mots et la chose, le grand livre
des petits mots inconvenants. Le pré aux clercs, Belfond, Paris, 1991, p. 39 et, dans
le domaine lusophone, de Mario Souto Maior, Dicionârio do palavrâo e termos
afins, Recife, Guararapes, 1980, qui renvoie par ailleurs à Albino Lapa pour le
contexte portugais.
22 Augustin Redondo, "Sociabilités et solidarités/ ségrégations festives : carnaval
aristocratique et carnaval populaire à Madrid vers le milieu du XVIIe siècle",
Solidarités et sociabilités en Espagne, Besançon, Annales littéraires de l'Université,
1991, p. 73.
23. Je me contenterai par conséquent d'indiquer un exemple particulièrement
explicite : « Antes, galân porfiado,/ que destoquéis mi tocado,/ tocad al lugar
vedado/ do se goza el alegria,/ que me tocô mi ti'a. § En destocar no seâis bobo/,
mas gozad del dulce robo,/ que si va sin came el lobo/, haréis que de vos me n'a.
Que me tocô mi lia ». In Pierre Alzieu, Robert Jammes, Yvan Lissorgues, Floresta
de Poesi'as Erôticas del Siglo de Oro, Toulouse le Mirail, France-Ibérie Recherche,
1975, p. 95. Un peu plus tard, le Gentilhomme présentera d'ailleurs le Chapelain
comme un connaisseur en matière de mezinhas de coelhos (v. 73) et de missas de
caca (v. 636), ce qui va tout à fait dans le même sens.
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Paris, éd. hispano-americanas, 1968. Cf. aussi ces quelques vers, susceptibles
d'illustrer la démonstration : « Marica, la de la viuda,/ y Perico, el del Doctor,/ [...]
Muchos juegos comenzaron,/ mas ninguno les armôy sino solo el del argolla/ que le
tienen devociôn. [...] Entré Perico en diez rayas J Y por la postrera écho ;/ la bola
llegô cansada/ y en la barra se encerrô ». In Àlzieu, op. cit., p. 286-7.
31. Dicionârio Novo, Rio de Janeiro, Nova Fronteira ; cf. aussi Mario Souto Major,
Dicionàrio dopalavrâo e termos afins, op. cit.
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