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Excusez-moi mon français. J’interprète un sujet qui, bien qu’étant mexicain, touche
de nombreuses transversalités en Amérique latine.

La llorona (“La femme en pleurs”, Ce n'est pas une bonne traduction en français).

Il existe plusieurs versions.

La légende plus populaire raconte que, au milieu du XVIe siècle, les habitants du
Mexique prenaient l'habitude de se réfugier dans leurs foyers à l'heure du couvre-
feu. Les survivants de l'ancienne Tenochtitlán en particulier fermaient portes et
fenêtres, et toutes les nuits certains se réveillaient au son des pleurs d'une femme
qui déambulait dans les rues.

Ceux qui s'enquirent de la cause des pleurs durant les nuits de pleine lune dirent
que la lumière leur permettait de voir que les rues se remplissaient d'un brouillard
épais au ras du sol. Ils voyaient aussi une personne semblable à une femme, vêtue
de blanc et le visage recouvert d'un voile, parcourant les rues à pas lents dans
toutes les directions de la ville. Mais elle s'arrêtait toujours sur la grand place du
<Zócalo>, pour s'agenouiller et lever son visage vers l'est, puis elle se levait et
reprenait sa route. Arrivée sur la rive du lac de Texcoco, elle disparaissait. Peu se
risquèrent à s'approcher de la manifestation fantomatique: mais ils apprenaient des
révélations effrayantes, ou mouraient.

1) Cette mystérieuse femme serait la déesse Cihuacóatl, vêtue comme une dame
de cour précolombienne, qui criait lors de la Conquête du Mexique: <Oh, mes
enfants! Où pourrais-je vous emporter pour ne pas tous vous perdre?> en annonce
de terribles événements, et ces <terribles événements> étaient les meurtres, viols et
actes criminels des conquérants espagnols sur les populations d'origine. Ce que le
spectre criait et pleurait, c’était le présage des terribles événements qui
marqueraient la conquête espagnole sur le peuple originel. Et comment pourrait-elle
sauver ses "enfants". La déesse Cihuacoatl, 10 ans avant l’arrivée des Espagnols,
avait prévu le malheur des Mexicains pour les apparitions dans l’ancien lac de
Texcoco. La divinité a pleuré et a crié de manière angoissée pour le malheur qui
allait tomber à ceux de sa race: <Où irez-vous...Où puis-je vous emmener pour que
vous puissiez vous échapper à ce destin funeste...mes enfants, vous êtes sur le
point de vous perdre>

(La déesse Cihuacóatllle était à la fois déesse de la terre, déesse de la fertilité et de


l'accouchement (Quilaztli), déesse guerrière (Yaocíhuatl) et mère (Tonantzin) des
Aztèques et de leurs dieux, Tonantzin en nahuatl désignant notre mère vénérée.
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Selon cette version, les larmes et les cris du spectre, la déesse Cihuacoatl, étaient
dus à l’incapacité de sauver les habitants, les "fils" de l’Empire mexicain
précolombien.

2) Au Mexique, une autre version indique que La llorona est l’âme de La Malinche
(1502-1529), qui a traduit la langue des Mexicains au conquérant Hernán Cortés et
encore peine pour avoir prétendument trahi les siens lors de la conquête du
Mexique.
Cette autre origine de La Llorona raconte qu'une femme autochtone -La Malinche-
tombe amoureuse d'un Espagnol avec lequel elle a trois enfants mais, en raison de
sa situation, il ne propose jamais de mariage, -(¿une violence epistémica et
structurelle?)- ce qui est courant à l'époque, est abandonnée par son mari
colonisateur. Malinche, lorsqu'elle apprend la trahison, a noyé ses enfants dans la
rivière. Puis, réalisant ce qu'il avait fait, il se suicide. Depuis lors, son fantôme erre
sur les rives des rivières en disant "Oh, mes enfants!".

(Il y a au moins deux versions de La Malinche. Je prends celle-ci)

Cette version de la Malinche, je la critique puis elle est imprégnée pour la politique
du savoir de la colonisation: trahison d’une femme mexicaine, et meurtre de ses
enfants par elle-même, quand elle est abandonnée par un espagnol représentant de
la colonisation.

Il y a dans cette légende de la Malinche un déplacement: la déesse Cihuacoatl, son


spectre, pleure et crie pour "ses" enfants morts (ses fils de la <terre mexicaine
précolombienne>) quand sa prophétie s’accomplit), par le génocide perpétré par les
colonisateurs. C’est-à-dire, la mort des <fils originaires de la terre mexicaine
précolombienne> par les colonisateurs, se déplace vers des enfants morts par leur
propre mère qui est une femme colonisée et trader des fils de son terre .
C’est-à-dire: qu’elle ne peut pas être la femme, la Malinche, ni ses enfants... enfant,
sans l’oppresseur. Car c’est l’oppresseur qui donne le statut de femme, d’enfants et
de famille.
C’est une horreur : je ne suis pas d’accord avec cette interprétation
Leurs larmes et leurs cris pour avoir tué leurs enfants montrent que les
colonisateurs se soustraient à leur responsabilité meurtrière et la déplacent vers le
colonisé.

Les années ont passé et dans différentes régions géographiques différents livres,
romans, avec la figure de <La Llorona> ont été écrits. En tout, c'est pareil: une
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femme abandonnée tue ses enfants et sa pitié pour eux, où il est assuré qu'elle
semble toujours fantomatique, gainée dans sa robe vaporeuse, jetant dans les airs
son cri terrible, errant, par terre, villes et rivières.La version écrite par les
colonisateurs, par les vainqueurs, a triomphé.

Mon interprétation de <La llorona> n’est pas la version colonisatrice.

Je pourrais dire que ceux qui ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour prévenir
d'éventuels crimes futurs, qui se sont battus pour éviter les crimes de ses
oppresseurs, comme il l'a fait dans le cas d'espèce Cihuacóatl, ou ceux qui se sont
battus contre la conquête, ils n’auront pas besoin d’être conquis pour exister.
Mon interprétation repose sur la version anticolonialiste, celle de la déesse
Cihuacoatl : elle pleure la mort de <les enfants de sa terre> que même avec sa lutte,
elle n’a pas pu éviter.

Tendresses amilicales
Norberto

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