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SALLE DES CONCERTS – CITÉ DE LA MUSIQUE

Jazz loves Disney


Samedi 22 décembre 2018 – 20h30
Dimanche 23 décembre 2018 – 11h et 16h30

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P H I L H A R M O N I E D E PA R I S
MUSÉE DE LA MUSIQUE

EXPO
SITIO
JUSQ N
27 JA U ’ AU
NV
2019 IER

Licences E.S. n°1-1083294, E.S. n°1-1041550, n°2-1041546, n°3-1041547 –

La joie de vivre du cinéma

Réservez dès maintenant


01 44 84 44 84 - PHILHARMONIEDEPARIS.FR

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WEEK-END COMÉDIES MUSICALES (2)

Tandis que l’exposition que leur consacre le Musée de la musique se pour-


suit, les grandes comédies musicales s’invitent pour un second week-end à la
Philharmonie.

Dès vendredi soir, à 20h30, Thomas de Pourquery et ses amis musiciens et


chanteurs sont sur scène pour chanter des airs fameux de comédies musi-
cales parmi lesquelles Grease et Les Demoiselles de Rochefort.

Spectacle familial au programme samedi 22 et dimanche 23, à 15h, avec


les cinq musiciens chanteurs de la compagnie La Boîte à sel. Leur spectacle
Revers revisite l’œuvre enchanteresse de Lewis Carroll avec une Alice cham-
pionne de tennis, qui ne rêve que de victoires et de médailles.

Petits et grands sont encore à l’honneur ce même samedi à 17h avec le


spectacle Let’s Move!, au cours duquel Jeanne Dambreville, Sylvain Groud
et le CCN de Roubaix – Hauts-de-France revivent, avec la participation
rythmée et chantée du public, les grands standards de la comédie musicale.

Toujours le samedi, à 15h et à 20h30, ainsi que le dimanche (16h30), un trio


d’artistes fabuleux –  Gene Kelly, Donald O’Connor, Debbie Reynolds  –
nous entraîne dans l’éblouissant Singin’ in the Rain, présenté en ciné-concert
dans la version originale sous-titrée, avec 3D Orchestra, dirigé par Ernst
van Tiel. Signalons, ce samedi-là à 19h, une rencontre avec Patricia Ward
Kelly, l’épouse et la biographe de Gene Kelly.
Licences E.S. n°1-1083294, E.S. n°1-1041550, n°2-1041546, n°3-1041547 –

Les jazzmen eux aussi sont de la partie. Ainsi David Enhco, Bastien Ballaz,
Jon Boutellier, Pierre Desassis, Fred Nardin, Patrick Maradan et Romain
Sarron –  ces jeunes qui forment le noyau dur du bouillonnant Amazing
Keystone Big Band – réinterpréteront lors de trois concerts (samedi à 20h30
et dimanche à 11h et à 16h30) les musiques du Livre de la jungle, de La Belle
au bois dormant, des Aristochats, etc., en compagnie de leurs invités Sarah
McKenzie, Hugh Coltman, Myles Sanko et China Moses.

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WEEK-END COMÉDIES MUSICALES (2)

Vendredi 21 décembre – 20h30 Samedi 22 décembre – 15h00 & 20h30


Dimanche 23 décembre – 16h30
CONCERT

PETITE HISTOIRE SUBJECTIVE CINÉ-CONCERT

DE LA COMÉDIE MUSICALE SINGIN’ IN THE RAIN


JOHN GREAVES, JEANNE ADDED, BABX, 3D ORCHESTRA
SANDRA NKAKÉ, CAMÉLIA JORDANA, L, ERNST VAN TIEL, DIRECTION
THOMAS DE POURQUERY, CHANT
ARNAUD ROULIN, CLAVIERS
Singin’ in the Rain
DAVID AKNIN, BATTERIE
Film de Stanley Donen et Gene Kelly
États-Unis, 1952
SYLVAIN DANIEL, BASSE, ÉLECTRONIQUE
Musique de Nacio Herb Brown
SÉVERINE MORFIN, ALTO
JULIEN LEFÈVRE, VIOLONCELLE, GUITARE Samedi, à 19h, rencontre avec
Patricia Ward Kelly.
Samedi 22 décembre – 15h00
AC T IVIT É S CE WEEK-END
Dimanche 23 décembre – 15h00 EN LIEN AVEC COMÉDIES MUSICALES (2)

SAMEDI ET DIMANCHE
SPECTACLE JEUNE PUBLIC
Visite guidée à 11h
REVERS EXPOSITION
COMÉDIES MUSICALES
COMPAGNIE LA BOÎTE À SEL
FLAVIE ÉDEL-JAUME, COMÉDIENNE, CHANTEUSE SAMEDI
CÉLINE GARNAVAULT, COMÉDIENNE, CHANTEUSE Visite-atelier du Musée à 14h30
RÉMI FOUCARD, MUSICIEN, CHANTEUR CHANTONS, MAINTENANT !
KIM GIANI, MUSICIEN, CHANTEUR DIMANCHE
THOMAS SILLARD, MUSICIEN Un dimanche en chanson à 14h
LES CLASSIQUES DU DESSIN
ANIMÉ
Atelier-exposition à 14h30
COMÉDIES MUSICALES EN
FAMILLE
Réservez dès m
E T AUS S I CE WEEK-END
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Enfants et familles
Concerts, ateliers, activités au Musée…
Adultes
Ateliers, visites du Musée…

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Samedi 22 décembre – 17h00 Samedi 22 décembre – 20h30
E X P O 23 décembre
Dimanche SITIO
SPECTACLE PARTICIPATIF EN FAMILLE 11h00 N
J U S Q & 16h30
LET’S MOVE! 27 JA U ’ AU
NV
2019 IER
CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE CONCERT
ROUBAIX – HAUTS-DE-FRANCE JAZZ LOVES DISNEY
SYLVAIN GROUD, CHORÉGRAPHE
SARAH MCKENZIE, HUGH COLTMAN,
JEANNE DAMBREVILLE, CHEFFE DE CHŒUR MYLES SANKO, CHINA MOSES, CHANT
LAURIANE MADELAINE, DANSEUSE, THE AMAZING KEYSTONE BIG BAND
TRANSMETTEUSE
DAVID ENHCO, TROMPETTE
JEREMY MARTINEZ, DANSEUR, TRANSMETTEUR
BASTIEN BALLAZ, TROMBONE
JOANA SCHWEIZER, DANSEUSE, TRANSMETTEUSE
JON BOUTELLIER, SAXOPHONE
CYBILLE SOULIER, DANSEUSE, TRANSMETTEUSE
PIERRE DESASSIS, SAXOPHONE
JULIEN-HENRI VU VAN DUNG, DANSEUR,
FRED NARDIN, PIANO
TRANSMETTEUR
PATRICK MARADAN, CONTREBASSE
CHRISTIAN ANGER, ACCORDÉON
ROMAIN SARRON, BATTERIE
JEAN-PIERRE GUILLOUET, TROMBONE
MÉLANIE BOUVRET, SOUBASSOPHONE
Récréation musicale à 16h pour
SIMON DESLANDES, TROMPETTE les enfants dont les parents assistent
MAXIME GUILLOUET, PERCUSSIONS au concert du dimanche 23 décembre
JOANA SCHWEIZER , PIANO à 16h30.

Licences E.S. n°1-1083294, E.S. n°1-1041550, n°2-1041546, n°3-1041547 –

La joie de vivre du cinéma

Vous avez la possibilité de consulter les programmes de salle en ligne,


vez dès maintenant 5 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante :
www.philharmoniedeparis.fr
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PROGRAMME

Steamboat Willie

The Bare Necessities – extrait du Livre de la jungle


You’ve got a friend in me – extrait de Toy Story
Hakuna Matata – extrait du Roi Lion
Prince Ali – extrait d’Aladdin
Avec Hugh Coltman

Everybody wants to be a cat – extrait des Aristochats


Beauty and the Beast – extrait de La Belle et la Bête
Someday my prince will come – extrait de Blanche-Neige et les sept nains
Avec Myles Sanko

Try everything – extrait de Zootopia


Why don’t you do right – extrait de Qui veut la peau de Roger Rabbit ?
When you wish upon a star – extrait de Pinocchio
Avec China Moses

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He is a tramp – extrait de La Belle et le Clochard
I wanna be like you – extrait du Livre de la jungle
So this is love – extrait de Cendrillon
Avec Sarah McKenzie

Supercalifragilistic – extrait de Mary Poppins  


Avec China Moses, Sarah McKenzie, Myles Sanko et Hugh Coltman

China Moses, Sarah McKenzie,


Myles Sanko, Hugh Coltman, voix
The Amazing Keystone Big Band
David Enhco, trompette
Bastien Ballaz, trombone
Jon Boutellier, saxophone
Pierre Desassis, saxophone
Fred Nardin, piano
Patrick Maradan, contrebasse
Romain Sarron, batterie

Présentation sous licence Disney Concerts © Tous droits réservés.

DURÉE DU CONCERT (SANS ENTR ACTE) : ENVIRON 1H15.

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LE CONCERT

Disney aime le jazz, le jazz aime Disney

D’un côté, le pionnier de l’animation, véritable génie révolutionnaire


de l’image, qui a captivé des générations de jeunes et de moins jeunes
avec ses célèbres dessins animés. De l’autre, le jazz, révolution musicale
de la charnière des xixe et xxe siècles. Cela donne une histoire d’amour
a priori improbable entre deux amants qui auront finalement passé leur
vie dans les bras l’un de l’autre. Très tôt, Disney allait se passionner pour
ce genre qui gagnerait son immense popularité à travers ses courants
swing et be bop durant les années 1930 et 1940, soit les décennies où
le réalisateur poserait les fondations de son œuvre. Les trajectoires de
ces deux succès populaires allaient rapidement se rejoindre et rester
régulièrement associées, comme lorsque le big band félin de Scat Cat
joue « Tout le monde veut devenir un cat » pendant les roucoulades de
Duchesse et O’Malley (Les Aristochats, 1970). Ou quand l’ours Baloo
chante « Il en faut peu pour être heureux » au jeune Mowgli en plein cœur
de la forêt vierge (Le Livre de la jungle, 1967), formant inconsciemment
les oreilles des bambins au jazz.

Avec un tel ancrage dans le patrimoine familial, les musiques de Disney


ne pouvaient que faire l’objet d’hommages et de réappropriations par
des musiciens de tous bords. Dans le genre pop, car l’œuvre de Disney
l’est elle-même bigrement devenue, dans le sens populaire du terme.
C’est ainsi que l’ex-Beach Boy Brian Wilson a livré un album de reprises
de thèmes musicaux (In the Key of Disney, 2011). Des stars américaines
comme Louis Armstrong, Peggy Lee, Johnny Mathis ou Bette Midler ont
aussi chanté Disney, tandis que le géant Miles Davis a laissé une version
d’anthologie de « Someday My Prince Will Come » (« Un jour mon prince
viendra »).

Côté jazz, la riche collection de classiques constituée au fil des décennies


dans les films Disney a fini par se fondre dans la propre histoire du genre
musical. Avec cette particularité de toucher autant les enfants que leurs
parents et grands-parents, trois générations qui eurent la chance de

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grandir avec les images de Walt Disney et leurs chansons éternelles, dont
les paroles demeurent intimement liées à leurs inoubliables héros animés.

Incorrigibles passionnés de swing, les sept musiciens de The Amazing


Keystone Big Band, déjà croisés à la Philharmonie de Paris dans leur
relecture de la musique de West Side Story, construisent les fondations
musicales du concert, avec en particulier à la trompette David Enhco,
fomenteur de l’adaptation jazz de Pierre et le Loup. À leurs côtés, des
voix habituées aux méandres du jazz, gorgées de chaleur soul, avec la
pianiste et compositrice australienne Sarah McKenzie et la révélation
jazz soul british Myles Sanko. On y retrouve aussi le musicien anglais
Hugh Coltman et la chanteuse américaine basée à Paris China Moses,
déjà présente sur la compilation Jazz Loves Disney initiée en 2016 par le
légendaire label Verve. Tous des enfants de Disney, qui auront à cœur de
saisir et de transmettre ce précieux héritage à un public de 7 à 77 ans.
Voire même plus large encore.

Pascal Bertin

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Disney et le jazz : une histoire bien rythmée

Walt Disney découvre le jazz

Élevé dans le Missouri, au cœur de l’Amérique profonde qui ignore la


révolution musicale alors naissante dans le sud et sur la côte est, le jeune
Walt Disney (1901-1966) est d’abord fan de chansons folk et de ragtime,
qu’il entend dans les fêtes de village. Paradoxalement, c’est sans doute
pendant l’année qu’il passe comme ambulancier de la Croix-Rouge,
dans la France de l’immédiate après-guerre, qu’il entend ses premiers
morceaux de jazz. Quelques groupes ont en effet traversé l’Atlantique et
participent à la diffusion de ce nouveau genre en jouant dans les camps et
les hôpitaux militaires où Walt est stationné. Cette découverte deviendra
une passion, qui le suivra toute sa vie.

Mickey fou de jazz et le grand jazz band des Silly Symphonies

Sorti en 1927, Le Chanteur de jazz, avec Al Jolson, est le premier film


parlant de l’histoire. Le fait que Walt Disney accède à la célébrité l’année
suivante avec la création de Mickey, héros du premier cartoon sonore,
Steamboat Willie, est bien connu. Ce que l’on sait moins, c’est que, six
mois plus tard, la célèbre souris rend à son prestigieux devancier un
hommage plus direct avec Le Fou de jazz. Mickey va de cour de ferme
en cour de ferme proposer son spectacle ambulant et joue (du jazz, bien
sûr !) sur un piano à roulettes.

Dès 1929, Carl Stalling, le compositeur du studio Disney, convainc Walt de


lancer une série de cartoons sans héros récurrents et mettant en avant la
musique. Ce sont les Silly Symphonies, récompensées par de nombreux
Oscars et utilisant souvent des standards du jazz. L’un des plus réussis
est Jazz Band contre Symphony Land (1935). Dans ce court-métrage,
le héros est un prince-saxophone (son père règne sur l’île du Jazz) qui
rencontre une princesse-violon (dont la mère est la reine du pays de la
Symphonie). L’amour triomphe de tout – notamment des fausses notes –,
et un « pont de l’harmonie » finit par relier les deux rives musicales,
classique et contemporaine !

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Un Fantasia du jazz

Le projet de Fantasia (1940) est né de la rencontre entre Walt et le chef


d’orchestre star Leopold Stokowski afin de mettre la musique classique
à la portée du grand public et de promouvoir l’ancêtre du son stéréo
mis au point par les techniciens du studio Disney. Walt nourrit beaucoup
d’ambition pour ce film et pour les suivants, qu’il imagine déjà pour
rendre hommage aux musiques d’essence américaine comme le jazz.
L’échec initial de Fantasia (qui ne sera reconnu comme un chef-d’œuvre
que plusieurs décennies plus tard) l’en empêche, mais plusieurs des
titres qu’il envisageait d’inclure l’ont été d’une manière ou d’une autre
dans des longs-métrages des années 1940, souvent moins connus que
les grands classiques.

Ainsi, dans l’anthologie musicale La Boîte à musique (1946), Benny Goodman


et son orchestre interprètent deux jazz interludes : All The Cats Join In
et After You’ve Gone. Et dans Mélodie Cocktail (1948), Bumble Boogie
adapte en version jazzy le célèbre Vol du bourdon. Dans les années 1980,
le projet Musicana essaie de relancer l’idée initiale de Walt, sans parvenir
à aboutir. C’est finalement avec Fantasia 2000, sorti, comme son nom
l’indique, en l’an 2000, que Roy E. Disney a pu en partie réaliser le rêve
de son oncle. L’une des séquences les plus réussies du film est en effet
la célèbre Rhapsody in Blue de George Gershwin, parfaite synthèse des
musiques classique et jazz, qui a emporté l’adhésion des critiques, des
musiciens et du grand public.

Des chiens, des singes, des chats… et un alligator :


la ménagerie jazz des studios Disney

Pour toute une génération d’artistes de jazz, qui ont grandi dans les années
1930 à 1950, les standards Disney, de « Quand on prie la bonne étoile » à
« Bella Notte », font partie de leur apprentissage musical, et il n’y a rien
de surprenant à ce qu’ils aient eu envie de les reprendre à leur façon.
Quant à Walt, c’est en entendant la légendaire Peggy Lee interpréter
avec sensualité « Why Don’t You Do Right » avec l’orchestre de Benny
Goodman qu’il a l’idée de lui proposer le rôle de Peg, la chienne star de
la fourrière dans La Belle et le Clochard (1955). Elle y interprète « Il se

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traîne » (« He’s a Tramp »), devenu depuis un standard. Et, juste retour des
choses, dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (1988), l’époustouflante
Jessica Rabbit arrive sur la scène du cabaret en susurrant « Why Don’t
You Do Right », comme le faisait Peggy Lee (sa voix est celle d’Amy Irving)
quelque quarante années plus tôt. Certains titres ont décidément une
histoire aussi rythmée que leur musique !

Si toutes les chansons de Disney peuvent être « mises en jazz », plusieurs


grands classiques en font une utilisation plus directe. Pour Le Livre de la
jungle (1967), en pleine Beatlesmania, Walt Disney refuse de faire appel
aux quatre gars de Liverpool comme le souhaitent ses équipes au profit
de ce son plus Dixieland qui a sa préférence. Il contacte donc Louis Prima
qui, avec sa femme Gia Maione, vient d’enregistrer un album de chansons
« jazzifiées » d’après Mary Poppins, Let’s Fly With Mary Poppins. Avec
son orchestre, le « king of the swingers » apporte tant de dynamisme et
son propre « scat » au Roi Louie que le personnage, d’abord secondaire,
prend de plus en plus d’importance. Les compositeurs, les célèbres frères
Sherman, intègrent même son surnom dans le premier vers de la chanson
« Être un homme comme vous » : « Now I’m the king of the swingers.
Oh, the Jungle VIP1 ».

Bob et Dick Sherman sont évidemment aussi les auteurs des chansons
mythiques des Aristochats (1970), qui placent un orchestre de jazz dans
le cadre (un peu anachronique !) du Paris de la Belle Époque. Le rôle de
Scat Cat, qui chante le fameux « Tout le monde veut devenir un cat »,
est écrit pour Louis Armstrong, qui a remporté un grand succès avec son
Disney Songs The Satchmo Way. Hélas, ce dernier est déjà trop malade
et ne peut venir aux enregistrements (il décèdera peu après). C’est donc
un autre grand jazzman, Scatman Crothers, qui le remplace au pied levé
mais avec un égal talent.

Enfin, ce panorama des grands classiques ne serait pas complet sans La


Princesse et la Grenouille (2009) des réalisateurs de La Petite Sirène et
Vaiana, la légende du bout du monde. Le conte des Frères Grimm est

1  Dans la version française : « Je suis le roi de la danse. Oh, la jungle est à mes

pieds ».

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transposé à La Nouvelle-Orléans et dans les bayous de la Louisiane de
1910. Randy Newman compose et dirige le Dirty Dozen Brass Band dans
une série de chansons au fort esprit Dixieland. Tiana, la princesse changée
en grenouille, fait la connaissance de Louis (son nom est évidemment un
hommage au grand « Satchmo »), un alligator trompettiste qui rêve de
devenir humain afin d’intégrer un jazz band. Il n’hésite pas à chanter :
« Il y avait Louis Armstrong / Mister Sidney Bechet / Terminé : ils sont
dépassés ! / L’ex-alligator va se lâcher / Écoute… », et il enchaîne avec
un solo de trompette ! La fin du film offre d’ailleurs un clin d’œil compris
des seuls initiés : Louis joue au milieu d’un orchestre nommé The Firefly
Five Plus Lou2.

Walt, un amateur de jazz Dixieland

Ce nom fait en fait référence au mythique orchestre interne du studio


Disney, le Firehouse Five Plus Two (Les Cinq Pompiers Plus Deux), fondé
en 1949 par cinq animateurs, dont les légendaires Frank Thomas et Ward
Kimball3. Ils jouent le soir pour se changer les idées après une journée de
dur labeur. Facétieux, ils se coiffent d’un casque de pompier et sont vite
rejoints par deux membres de plus, d’où le nom qu’ils donnent à leur jazz
band ! Walt, qui adore leur musique façon Dixieland, les présente lors
de l’une de ses émissions de télévision, et les voilà lancés. Pendant plus
de vingt ans, ils vont mener une véritable carrière parallèle, enregistrant
près d’une quinzaine d’albums, mélanges de reprises classiques, de titres
tirés des films Disney et de leurs propres créations. Ils s’auto-parodient
même dans le cartoon L’Art de la danse (1953) : Dingo y prend un cours
sur l’histoire de la danse, des origines… jusqu’au jazz enflammé joué par
des personnages qui ne sont autres que les caricatures des animateurs
eux-mêmes ! Une mise en abîme qui a dû faire sourire Walt.

Peut-être ce dernier écoute-t-il parfois leurs disques dans son appar-


tement privé de Main Street, à Disneyland, en Californie. Il lui arrive en

2 Jeu de mots sur « Firefly » ou « luciole », allusion au personnage de Ray la Luciole,

et « Lou » pour « Louis ».


3 Membres de la garde rapprochée de Walt, les fameux « 9 Old Men », géants du

cinéma d’animation.

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effet souvent d’y dormir afin de pouvoir, dès l’aube, se promener seul
dans « son » parc. En 1966, il inaugure un nouveau « land », New Orleans
Square, en compagnie du maire de La Nouvelle-Orléans, qui apprécie
la reconstitution du Vieux Carré Français. « On s’y croirait, murmure-t-il
à Walt, qui répond du tac au tac : – Non, ici c’est bien plus propre ! » Il
aime tellement cette partie du parc qu’il veut y faire construire un second
appartement, surplombant la place et assez vaste pour accueillir sa famille
et celle de son frère et associé, Roy O. Quoi de plus agréable, à la fin
d’une longue journée, que de siroter un cocktail en écoutant l’orchestre
de jazz Dixieland qui jouera en bas ? Ce projet4 ne verra malheureusement
pas le jour car Walt décède quelques mois plus tard. Mais le jazz reste
associé à l’ambiance de New Orleans Square ainsi qu’à celle de plusieurs
attractions, dont America Sings. De 1974 à 1988, elle a présenté – ses
interprètes étant des animaux audio-animatroniques ! – toute l’histoire
musicale de l’Amérique, de l’Indépendance à l’ère du jazz. Réalisant
sans doute d’une certaine façon ce qui avait été le rêve de Walt pour la
suite de Fantasia !

© The Walt Disney Company

4L’espace prévu pour les deux appartements a été par la suite converti
en galerie d’art.

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LES INTERPRÈTES

Sarah McKenzie voyage est également évident sur le


Un an après avoir conquis le cœur des dernier titre de l’album, « Road Chops »,
fans de jazz avec We Could Be Lovers, une composition originale dont l’exu-
son premier album (Impulse! Records), bérance traduit à merveille le vertige
Sarah McKenzie revient, en 2017, avec que l’on ne peut manquer d’éprou-
Paris in the Rain. Comme pour son pré- ver à parcourir le globe. Ce morceau
cédent disque, la chanteuse, pianiste, instru­mental témoigne par ailleurs
compositrice et arrangeuse australienne de la maestria dont Sarah McKenzie
a collaboré avec le producteur Brian fait preuve au piano. Abordant la tra-
Bacchus (Norah Jones, Lizz Wright et dition jazz comme un domaine dont
Gregory Porter). Il en résulte un album l’exploration lui permet d’exprimer sa
fascinant alternant standards et compo- propre voix, Sarah McKenzie cherche
sitions originales, qui met une nouvelle une nouvelle fois à élargir sa palette
fois en évidence son incroyable musi- sonore avec cet album où elle porte
calité. Sarah McKenzie s’est installée à une attention particulière aux textures.
Paris l’an dernier, après avoir obtenu son Plongeant leurs racines dans la tradi-
diplôme du Berklee College of Music tion du Great American Songbook,
de Boston. Le morceau qui donne son les compositions de Sarah McKenzie
titre à l’album est une belle déclaration sont pour beaucoup dans l’énergie
d’amour à la Ville Lumière. Les pérégri- contagieuse qui émane de Paris in the
nations de Sarah McKenzie constituent Rain. En matière d’arrangements, elle
le véritable fil conducteur de Paris in the cite George Shearing comme l’une de
Rain, l’artiste s’étant inspirée à la fois de ses plus grandes influences.
son départ pour les États-Unis et de sa
découverte des pays européens, où son Hugh Coltman
métier de musicienne lui a donné l’occa­ Le parcours et le début de la carrière
sion de séjourner. Reprendre « When de Hugh Coltman l’amènent loin des
in Rome » de Cy Coleman et Carolyn sphères du jazz. Il mène depuis vingt
Leigh, « Triste » d’Antônio Carlos Jobim ans un projet blues, The Hoax, avec
et « Tea for Two » de Vincent Youmans lequel il continue de tourner, et publie
et Irving Caesar apparaît par exemple en parallèle deux albums solo résolu-
comme la façon idéale d’évoquer ses ment pop chez Mercury (Stories From
voyages en Italie, au Portugal et en the Safe House en 2008 et Zero Killed
Angleterre. Ce thème du carnet de en 2012), qui font découvrir ce chanteur

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british, parisien d’adoption, à un public Myles Sanko
séduit par une voix unique, puissante Pris d’amour très tôt pour la musique
et rocailleuse, et une musique pop folk soul, Myles Sanko commence sa carrière
sensible et douce. C’est une rencontre musicale en chantant et rappant aux
avec Eric Legnini lors de l’émission côtés de DJs dans les boîtes de nuit. Par
One Shot Not qui le fait basculer dans la suite, il est le frontman de groupes
l’univers jazz. Eric Legnini l’invite rapi- comme Bijoumiyo ou la machine à funk
dement à remplacer Krystle Warren sur Speedometer. Un style inclassable,
la tournée de son projet The Vox en une émotion palpable et un rapport
2012 – un remplacement qui fera place très direct avec le public, voilà ce qui
à une collaboration, puisque Hugh lui permet de réunir dans sa musique
Coltman suit le groupe d’Eric Legnini en à la fois le passé, le présent et l’avenir.
tournée pendant deux ans et enregistre En 2013, il autoproduit Born in Black &
l’album Sing Twice! en leur compagnie. White, son premier album, qui reçoit un
Une période clé dans l’élaboration de accueil extrêmement chaleureux. Avec
ce projet autour de Nat King Cole : Just Being Me, Myles Sanko revient à
Hugh Coltman trouve le moyen d’expri­ ses origines. L’histoire de la soul britan-
mer tout son talent dans ce style de nique se résume à la quête d’une iden-
musique qui connaît pourtant nombre tité à laquelle il ajoute aujourd’hui un
de références et de légendes. Une nouveau chapitre. À travers leurs instru-
forme d’émancipation par la scène, en mentations riches et des arrangements
quelque sorte, qui fait germer l’idée finement ciselés, les onze compositions
d’un projet autour d’un répertoire jazz. de Just Being Me transcendent les
Nat King Cole s’impose alors rapide- frontières stylistiques sans délaisser le
ment à lui, et il lui rend hommage à frémissement, l’explosion sensible que
travers l’album Shadows – Songs of Nat l’on attend d’un album de soul.
King Cole, grâce auquel il obtiendra la
Victoire de la voix de l’année en 2017. China Moses
En 2018, il participe au projet Autour China Moses est la fille de la chanteuse
de Chet, mais aussi au conte musical jazz Dee Dee Bridgewater, titulaire
Le Soldat rose, qui le fait remarquer de multiples Grammy Awards, et de
du grand public. En 2018, il s’attaque Gilbert Moses, légendaire metteur en
au répertoire de La Nouvelle-Orléans scène américain de théâtre, de cinéma
avec l’album remarqué Who’s Happy?. et de télévision. China Moses fait ses
premiers pas de chanteuse alors qu’elle
n’est encore qu’une adolescente (en
témoigne le clip de son premier single,

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Time (1996, réalisé par Jean-Baptiste The Amazing Keystone
Mondino). En 1997, elle sort son premier Big Band
album, China, où figure un invité de Créé en 2010, le bouillonnant
marque, la légende du hip-hop Guru. Amazing Keystone Big Band exprime
Après deux autres albums très bien à la fois l’esprit, l’âme des grandes
accueillis et de nombreux concerts, elle formations de l’ère du swing-roi
devient une chanteuse très remarquée et l’inventivité, l’ouverture, l’inso-
sur la scène R&B émergente de la ville lente virtuosié du jazz d’aujourd’hui.
où elle a choisi de vivre, Paris. Elle En 2018, il remporte la Victoire du
anime également des émissions sur jazz du Meilleur groupe de l’année.
MTV France, Canal+ et Arte. C’est en Complices depuis le Conservatoire,
2008 qu’elle perce sur la scène interna- le pianiste Fred Nardin, le saxopho-
tionale avec l’album jazz This One’s For niste Jon Boutellier, le tromboniste
Dinah, une déclaration d’amour à son Bastien Ballaz et le trompettiste David
idole musicale Dinah Washington, en Enhco assurent la direction et les
collaboration avec le pianiste français arrangements de l’orchestre. Les
Raphaël Lemonnier. En 2012, elle pour- dix-sept cadors qui piaffent der-
suit sur sa lancée avec Crazy Blues, un rière les pupitres de cette turbu-
autre mélange de reprises jazz, blues et lente machine à jazz ne se contentent
pop. China Moses est alors considérée pas de faire allégeance, avec classe,
comme une chanteuse de standards à Count Basie, Duke Ellington ou
de jazz et de blues. Nightintales est Thad Jones. Ils considèrent surtout
la preuve que China Moses est bien que cet orchestre d’amis triés sur
plus que cela : pour la première fois, le volet leur permet d’expérimenter

Licences E.S. 1-1083294, 1-1041550, 2-1041546, 3-1041547 – Imprimeur : Impro


ce sont ses propres chansons qui sont des idées neuves tout en revisitant
mises en lumière. Elle fait fi des maisons les perles d’un répertoire insubmer-
de disques et des producteurs, des sible. The Amazing Keystone Big
sessions d’enregistrement se limitant Band perpétue cette musique ondu-
à des musiques qu’elle n’a pas créées ; latoire tout en donnant libre cours
avec Nightintales, elle montre pour la à la créativité de ses musiciens, de
première fois de quoi elle est capable. leurs arrangements, compositions et
À une époque de profonds change- soli. Ces jeunes gens ne sont pas des
ments, cette femme forte prend la place inconnus : aux trompettes, Vincent
qui lui revient. Labarre, Thierry Seneau, Félicien
Bouchot et David Enhco ; aux trom-
bones, Aloïs Benoit, Loïc Bachevillier,
Sylvain Thomas et Bastien Ballaz ; aux

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saxophones, Pierre Desassis, Kenny encore, Zaz, Madeleine Peyroux, etc.
Jeanney, Éric Prost, Jon Boutellier L’actualité de l’orchestre s’articule
et Ghyslain Regard. Côté rythmique, autour de plusieurs projets : Pierre
on retrouve Thibaut François (gui- et le Loup… et le jazz !, Le Carnaval
tare), Fred Nardin (piano), Patrick jazz des animaux, Monsieur Django &
Maradan (contrebasse), et Romain Lady Swing, Django E X T E N D E D
Sarron (batterie). Sébastien Denigues (un hommage à Django Reinhardt),
et Yanowski sont comédiens en un programme hommage à Quincy
alternance. Depuis sa création, The Jones, un programme Jazz et Cinéma,
Amazing Keystone Big Band a eu West Side Story (une adaptation jazz
l’occasion de collaborer et d’écrire pour big band et quatre chanteurs du
de la musique pour des artistes de chef-d’œuvre de Bernstein), We Love
renommée internationale tels que Ella (un hommage à Ella Fitzgerald)
Quincy Jones, James Carter, Didier et La Voix d’Ella (spectacle familial).
Lockwood, Rhoda Scott, Stochelo L’orchestre joue également un très
Rosenberg, Liz McComb, Michel large répertoire de standards jazz et
Hausser, Thomas Dutronc, Bill de compositions originales.
Mobley, Cécile McLorin Salvant ou

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