Vous êtes sur la page 1sur 18

Économie rurale

Agricultures, alimentations, territoires


336 | juillet-août 2013
336

Le prix des paniers est-il un frein à l’ouverture


sociale des AMAP ? Une analyse des prix dans sept
AMAP de la Région Rhône-Alpes
Is the price of grocery baskets an impediment to social openness for AMAPs ?

Patrick Mundler

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/economierurale/3983
DOI : 10.4000/economierurale.3983
ISSN : 2105-2581

Éditeur
Société Française d'Économie Rurale (SFER)

Édition imprimée
Date de publication : 15 juillet 2013
Pagination : 3-19
ISSN : 0013-0559

Référence électronique
Patrick Mundler, « Le prix des paniers est-il un frein à l’ouverture sociale des AMAP ? Une analyse des
prix dans sept AMAP de la Région Rhône-Alpes », Économie rurale [En ligne], 336 | juillet-août 2013, mis
en ligne le 15 juillet 2015, consulté le 20 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/
economierurale/3983 ; DOI : 10.4000/economierurale.3983

© Tous droits réservés


Le prix des paniers est-il un frein à l’ouverture
sociale des AMAP ?
Une analyse des prix dans sept AMAP de la Région
Rhône-Alpes
Patrick MUNDLER ● Université Laval, Québec
patrick.mundler.1@ulaval.ca

Au sein des diverses modalités de circuits courts, les Associations pour le maintien de l’agriculture
paysanne (AMAP) occupent une place spécifique du fait de leurs principes de fonctionnement
basés sur l’engagement réciproque entre un groupe de consommateurs et un agriculteur. Leur
développement a connu un essor spectaculaire dans plusieurs régions françaises, suscitant
différentes interrogations. Parmi les questions en suspens figure le prix payé par les amapiens
pour leurs paniers et les services qui leur sont associés. L’article montre que les prix relevés dans
les AMAP étudiées sont peu élevés. Le prix des paniers proposés n’apparaît donc pas comme un
frein à leur développement auprès de populations disposant de faibles revenus. Au contraire, en
favorisant l’approvisionnement en produits frais, mais à cuisiner, ces systèmes peuvent contribuer
à faire baisser le budget consacré à l’alimentation en comparaison de l’achat de produits préparés.
MOTS-CLÉS : réseaux alternatifs alimentaires, AMAP, circuits courts, marchés, prix des produits
alimentaires
Is the price of grocery baskets an impediment to social openness for AMAPs?
Among the various forms of direct sales, French “Associations for the Maintenance of a Peasant
Agriculture” (AMAPs, the French equivalent to CSA) hold a particular place due to their operational
principles based on the reciprocal engagement of a group of consumers and a farmer. Their
development has seen spectacular growth in many French regions, provoking many questions.
Among them is the question of the price paid by AMAP members for their baskets and the services
associated with them. The article shows that the prices paid per basket in the studied AMAPs are
only slightly elevated. The price of AMAP deliveries does not appear to be an impediment to their
development in populations with limited incomes. To the contrary, by favoring provisioning of fresh
products which require preparation, these systems could contribute to a lowered the food budget
in comparison to the purchase of prepared foods. (JEL: L31, Q12, Q13)
KEYWORDS: alternative food networks, AMAP, CSA, direct sales, local foods, markets, price of food
products

Lpartesl’objet
circuits courts alimentaires font
d’un intérêt croissant de la
des consommateurs et l’offre dans
(INRA–European Coordination Office,
1998), la relation directe avec le produc-
teur étant vécue comme une garantie de
ce domaine s’est beaucoup diversifiée ce point de vue, cela même en l’absence
(Chiffoleau, 2008). En France, les produits de tout signe officiel de qualité (Mundler,
issus de ces circuits sont associés à une 2007 ; Pouzenc et al., 2008). Sur le plan
image de qualité et de sécurité sanitaire scientifique, ces formes de distribution

ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT฀2013฀•฀3


AMAP : analyse des prix des paniers

sont étudiées comme des alternatives aux 2000 ; Hinrichs, 2000 ; Swanson, 2000)
modèles de production et de consomma- sous le terme de Community Supported
tion de produits standards insérés dans des Agriculture (CSA). On trouve aujourd’hui
filières agro-industrielles et soutenus par des mouvements comparables dans plus de
les politiques agricoles (Hinrichs, 2000 ; 30 pays (Urgenci, 2012).
Lyson, 2004 ; Watts et al., 2005 ; Maye et En France, le mouvement est plus ré-
al., 2007 ; Deverre, Lamine, 2010). cent2, mais il s’est développé rapidement
Parmi les diverses formes de vente dans plusieurs régions. En Rhône-Alpes, la
directe, les Associations pour le maintien première AMAP a été créée en 2004. Leur
de l’agriculture paysanne (AMAP) se dis- nombre s’est rapidement élevé, on comp-
tinguent par la volonté d’inscrire la relation tait 223 AMAP en juillet 2012 représen-
commerciale entre agriculteurs et consom- tant plus de 8 000 familles et un peu plus
mateurs dans une relation solidaire. Cela de 300 agriculteurs partenaires selon les
les place à l’intersection d’un triple mouve- chiffres de l’Alliance PEC Rhône-Alpes.
ment : celui de la relocalisation de l’agricul- Même si le fonctionnement concret
ture, celui des circuits courts et celui de la peut différer d’un pays à l’autre, tous ces
solidarité (Mundler, 2009). Une AMAP est mouvements partagent la revendication de
une association, formalisée ou non, fondée se situer en dehors des règles habituelles
sur un engagement mutuel entre un groupe du marché (Fieldhouse, 1996 ; Hinrichs,
de consommateurs et un agriculteur. Chaque 2000), les bénéfices en termes d’éduca-
consommateur s’engage par contrat à ache- tion et de « capital social » étant même
ter en début de saison une part de la produc- largement mis en évidence (Cooley, Lass,
tion qui lui est livrée périodiquement à un 1998 ; Sharp et al., 2002). En France, les
prix constant considéré comme « rémunéra- AMAP ont l’ambition, outre la fourniture
teur » pour l’agriculteur. L’engagement des de produits alimentaires de qualité et sans
consommateurs se poursuit dans l’anima- intermédiaire, de modifier les relations
tion de l’association (animation des lieux classiques de marché. Les promoteurs des
de distribution, du dispositif d’information, AMAP insistent sur leur volonté de tisser
etc.) et peut aller jusqu’à une participation de nouveaux rapports sociaux au travers
ponctuelle aux travaux de l’exploitation. Le de liens solidaires entre consommateurs et
producteur de son côté s’engage « à fournir agriculteurs.
des produits de qualité dans le respect de la
Dans leur projet politique, les mouve-
charte de l’agriculture paysanne »1.
ments faisant la promotion des AMAP3
Le principe est né au Japon à la fin des
années 1950, sous le nom de teikei qui « ex-
prime l’esprit d’un système de vente directe 2. Les jardins d’insertion du réseau « Cocagne »
furent les premiers à proposer la vente de paniers
de produits fermiers locaux tel qu’il a été de légumes sous forme d’abonnement dès le
forgé dans la société japonaise » (Amemiya, début des années 1990. La première AMAP fut
2007). Dans le même temps, des groupes créée en 2001 dans le Var. Autour de cette initia-
comparables se formaient en Suisse et en tive se crée l’Alliance Provence Paysans Écolo-
Allemagne, puis à partir de 1985 dans le gistes Consommateurs (Alliance PEC Provence)
qui dépose le concept d’AMAP (AMAP©) en
Massachusetts aux États-Unis (Fieldhouse, 2003 auprès de l’Institut national de la propriété
1996 ; Cooley, Lass, 1998 ; Cone, Myhre, intellectuelle. Pour une histoire plus complète des
AMAP, voir Minvielle, Consales, 2006 ; Mundler,
2007 ; Lamine, 2008 ; David-Leroy, Girou, 2009.
1. Charte d’Alliance Provence sur les AMAP, 3. Le Mouvement interrégional des AMAP (MI-
p. 2, http://allianceprovence.org/IMG/pdf/Charte_ RAMAP) a entre autres été fondé pour travailler
AMAP.pdf. sur la démocratisation des AMAP.

4 •฀ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT 2013


RECHERCHE
Patrick MUNDLER

affichent leur détermination à diffu- C’est donc à cette question du prix des
ser ce mode de distribution dans diffé- paniers qu’est consacré cet article. Après
rents contextes géographiques et sociaux une brève présentation des quelques élé-
(Alliance Provence, 2009). Si les « ama- ments identifiés dans la littérature sur les
piens » ne font pas partie des populations pratiques en vigueur dans différents pays
les plus aisées, on sait en revanche qu’ils et réseaux pour établir des prix équitables,
ont en moyenne des revenus moyens et nous présenterons les résultats issus d’un
disposent d’un haut niveau de formation suivi hebdomadaire des prix et contenus
(Mundler et al., 2006 ; Lamine, 2008). des paniers au printemps 2008 dans sept
L’accès aux AMAP à des populations plus AMAP de la Région Rhône-Alpes, avant
défavorisées est de fait un enjeu fort pour de discuter en conclusion des résultats du
ces réseaux, revendiquant l’inscription de point de vue de l’ouverture sociale des
leurs pratiques dans le champ de l’écono- AMAP.
mie alternative et solidaire, dont la fina-
lité n’est pas le profit, mais la réponse à
des besoins collectifs (Maréchal, 2000). À la recherche du juste prix
Parfois critiquées pour l’élitisme de leur
démarche, l’aptitude des AMAP à fournir Les modalités d’établissement d’un prix
des produits alimentaires à un prix régulier « juste » ou « équitable » ont posé question
et comparable (voire moindre) à ceux pra- dans tous les pays dans lesquels des sys-
tiqués dans les réseaux classiques de distri- tèmes d’abonnement à des paniers pério-
bution alimentaire fait partie des questions diques à vocation solidaire ont été mis en
qui leur sont constamment posées, notam- place. Ainsi, au Japon, les principes6 des
ment par les collectivités territoriales qui Teikei insistent fortement sur l’esprit de
les soutiennent. don/contre-don qui doit animer la relation
Si l’engagement réciproque – carac- entre les consommateurs et les producteurs
téristique de la relation entre producteurs (Amemiya, 2007 ; Tateno, 2011), spécifi-
et consommateurs dans les AMAP – peut cité trop souvent négligée en France dans
être un moyen mutuel de s’assurer contre les comparaisons qui sont faites entre Tei-
la volatilité des prix alimentaires4, les prix kei et AMAP (Maréchal, 2011). Aux États-
payés pour les produits et les services Unis et au Canada, les études consultées
associés restent très mal connus. Définis montrent le souci des mouvements liés aux
conjointement par les consommateurs et CSA7 d’aider les producteurs à déterminer
l’agriculteur pour l’ensemble de la saison, leurs prix, en sachant mesurer leurs coûts
les prix des paniers5, dont la composition de production. Selon les résultats d’une
peut varier d’une semaine sur l’autre, ne recherche de Tegtmeier et Duffy (2005),
donnent que peu d’informations sur ce les agriculteurs ne fixent pas leurs prix en
que paie le consommateur. Pour Pilleboue fonction des prix de marché ou de leurs
et Pouzenc (2007), c’est là l’innovation
majeure des AMAP, elles réintroduisent
« l’opacité » dans la fixation du prix et 6. Les Teikei s’appuient sur dix principes fondateurs.
c’est la confiance qui est, selon ces auteurs, Ces principes ont été rédigés par Teruo Ichiraku en
1978. Teruo Ichiraku est un des fondateurs de l’as-
« l’étalon de l’échange ».
sociation de l’agriculture biologique du Japon. Il
fut l’un des initiateurs du mouvement des Teikei et
en a rédigé les dix principes. Ils ont été présentés
4. Volatilité qui pénalise d’abord les populations en français par Hiroko Amemiya (2007).
ayant les revenus les plus bas (Boussard, 1987). 7. Au Québec, cette forme d’agriculture s’appelle :
5. Qui vont de 6,5 à 15 euros dans nos enquêtes. Agriculture soutenue par la communauté (ASC).

ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT฀2013฀•฀5


AMAP : analyse des prix des paniers

coûts de production, mais en estimant AMAP : « Une AMAP est une Associa-
intuitivement le consentement à payer des tion pour le maintien d’une agriculture
consommateurs. Il en ressort une certaine paysanne ayant pour objectif de préser-
sous-estimation au regard des prix de mar- ver l’existence et la continuité des fermes
ché, ces résultats confirmant ceux d’une de proximité dans une logique d’agricul-
série d’enquêtes réalisées dans le Nord-Est ture durable, c’est-à-dire une agriculture
des États-Unis (Lass et al., 2001) ou au paysanne, socialement équitable et éco-
Canada (Equiterre, 2003, 2005). logiquement saine, de permettre à des
La rapide analyse que nous pouvons consommateurs d’acheter à un prix juste
faire des expériences étrangères, montre des produits d’alimentation de qualité de
le rôle central laissé aux agriculteurs dans leur choix, en étant informés de leur ori-
la fixation des prix. Les consommateurs gine et de la façon dont ils ont été produits,
semblent peu investis sur ce point précis et et de participer activement à la sauvegarde
inscrivent leur participation aux différents et au développement de l’activité agricole
systèmes de paniers dans un mouvement locale dans le respect d’un développement
durable. »
plus général de consommation engagée et
de soutien à des formes d’agriculture alter- Le prix fait ensuite l’objet d’un des dix-
native (Kolodinsky, Pelch, 1997 ; Cooley, huit principes fondateurs des AMAP, le
Lass, 1998 ; O’Hara, Stagl, 2002 ; Fung, principe n° 14 : « La définition à chaque
2003 ; Hochedez, 2008). Le prix payé saison d’un prix équitable entre produc-
apparaît secondaire, la qualité (gustative et teur et consommateurs ». Ce principe est
sanitaire) des produits, la relation directe et enfin défini dans la section consacrée aux
la solidarité avec les agriculteurs arrivent principes de fonctionnement des AMAP
en tête des motivations affichées. sous le titre : « Le coût des produits four-
nis ». On remarquera ici l’usage du mot
1. Le coût des paniers dans la charte « coût » qui situe à nouveau la question
des AMAP du point de vue du consommateur. Selon
cette section de la charte, ce coût doit être
En France, l’ambition est un peu différente, défini conjointement par le producteur et
si l’on se réfère à la charte des AMAP8. les consommateurs. Est ensuite distingué
Dans son préambule précisant les objec- le cas du producteur qui ne vend pas ex-
tifs de l’association, la question du prix clusivement à l’AMAP et qui devra alors
est d’abord centrée sur le consommateur : « définir précisément le mode d’évaluation
« L’association Alliance […] souhaite de ses produits dans le cadre de l’AMAP
permettre aux consommateurs de manger par rapport aux prix qu’il est susceptible
sainement à un prix juste et accessible et de pratiquer ailleurs » de celui qui tra-
qu’ils puissent définir et contrôler ce qu’ils vaille exclusivement en AMAP et pour
ont dans leur assiette. » Ce point est repris lequel « un mode de calcul devra prendre
ensuite dans la définition de ce qu’est une en compte les charges de l’exploitation et
définir les recettes qui doivent être déga-
gées annuellement ». Pour le producteur ne
8. La charte des AMAP date de 2003. Elle a
été rédigée par l’Alliance Paysans Écologistes livrant pas exclusivement en AMAP, il est
Consommateurs Provence, qui a également dépo- précisé qu’il « pourra appliquer une réduc-
sé la propriété du concept AMAP à l’INPI sous tion par rapport aux prix pratiqués sur les
le nom d’AMAP© enregistré le 4 août 2003 sous marchés, ou avec les distributeurs ». Dans
le n° 03 3 239 886. C’est donc cette charte que tous les cas enfin, la charte insiste sur le
nous analysons. Elle est consultable sur le site de
l’Association : http://allianceprovence.org/IMG/ fait que « le mode de calcul devra être tota-
pdf/Charte_AMAP.pdf. lement transparent ».

6 •฀ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT 2013


RECHERCHE
Patrick MUNDLER

Différents documents rédigés par les diviser par le nombre de paniers livrables
Associations Alliance traitent encore annuellement.
de cette question du prix. Ainsi, dans le Cette question du prix du panier a don-
premier guide édité pour la création des né lieu à de nombreuses discussions dans
AMAP (Alliance, 2003), deux modalités certains départements ou dans certaines
de fixation des prix des paniers sont pro- AMAP. Les consommateurs se trouvent en
posées, selon que le producteur fournit effet en tension entre leur désir de soute-
exclusivement ses produits en AMAP ou nir « leur » agriculteur et le fait que leur
non. Dans le premier cas, il est suggéré engagement dans la durée et l’abaissement
d’appliquer la formule suivante : « charges des coûts de commercialisation doivent se
fixes de l’exploitation + coûts des produc- retrouver dans le prix du panier. À notre
tions (dépendant de ce que veulent manger connaissance, la fixation d’un prix cal-
les consommateurs) + salaire du paysan, le culé sur la base des coûts de production
tout divisé par le nombre de consomma- (intégrant la rémunération du producteur)
teurs ». Il n’est nulle part fait référence à la n’a été mise en œuvre que dans quelques
productivité de l’exploitation. AMAP créées directement en soutien à
Lorsque le producteur possède plusieurs l’installation d’un agriculteur maraîcher.
débouchés, « fixer un prix d’abonnement Mais ces exemples restent rares et ne
relève alors d’une estimation faite par le concernent que le maraîchage. Par ailleurs,
producteur en se basant sur les prix prati- d’autres propositions (non abouties) ont
qués sur les marchés locaux et en y opérant parfois été faites comme celle de calcu-
une réduction d’environ 20 % ». Le guide ler un revenu pour le producteur égal à la
préconise toutefois de veiller à ne pas fixer moyenne des revenus des consommateurs
des prix trop faibles et d’inclure dans le engagés dans l’AMAP.
contrat une participation ponctuelle, mais L’ensemble de ces éléments permet de ti-
obligatoire aux travaux de la ferme (par rer quelques enseignements. On notera tout
exemple, une journée tous les six mois), d’abord la place prépondérante du consom-
ce qui est fait dans certaines AMAP, mais mateur dans la charte initiale des AMAP,
n’est pas généralisé. prééminence qui constitue sans doute une
Un second guide (Alliance Rhône- spécificité du mouvement français.
Alpes, 2008) intitulé : « Paysan en Amap : Par ailleurs, on trouve constamment
un nouveau métier. Guide des bonnes pra- dans les textes fondateurs une distinc-
tiques du Paysan en Amap » revient dans tion entre producteurs ne livrant qu’à des
le détail sur la fixation d’un prix équitable. AMAP (et qui devraient pouvoir être ré-
Contrairement aux textes antérieurs, il est munérés sur la base de leurs coûts réels)
suggéré ici que le producteur « reste maître et producteurs pour lesquels les AMAP
de la politique de prix », en insistant sur la sont un débouché parmi d’autres et qui
double qualité du prix qui doit être trouvée devraient pouvoir, grâce à l’internalisa-
pour les paniers : être rémunérateur pour tion d’une partie des coûts de commer-
le producteur et juste pour le consomma- cialisation par les consommateurs, vendre
teur. Mais l’auteur du guide fait également moins cher que sur leurs autres marchés (le
le constat qu’en pratique c’est le plus sou- chiffre de 20 % étant fréquemment cité).
vent la référence au prix de marché qui Pour les premiers, l’application stricte
reste utilisée. Il reprend par conséquent la des principes amènerait à ce que les prix
proposition consistant à partir d’un objec- des paniers soient totalement déconnectés
tif global de chiffre d’affaires (incluant des prix de marché, ce qui présenterait le
la rémunération des producteurs) pour le risque de payer les paniers plus chers aux

ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT฀2013฀•฀7


AMAP : analyse des prix des paniers

agriculteurs les moins productifs9. Pour et l’adéquation au prix convenu relèvent


les seconds, ils devraient pouvoir vendre concrètement de la responsabilité des agri-
moins cher aux AMAP, ce qui repose sur culteurs. Sur ce point, les entretiens ont
l’hypothèse implicite que les prix de vente révélé diverses pratiques de fixation des
sur les marchés refléteraient bien les coûts prix : les producteurs se réfèrent soit aux
de production et permettraient donc une prix pratiqués sur les marchés ou dans les
juste rémunération du travail. autres modes de commercialisation qu’ils
Ainsi, les principes apparaissent pour pratiquent, soit aux mercuriales diffusées
partie contradictoires, à la fois dans la par des réseaux professionnels. Certains
lettre : la façon dont les prix de marché pratiquent de façon plus intuitive, se réfé-
servent ou non de référence ; et dans l’es- rant à leur expérience ou à des comparai-
prit puisque le mouvement revendique des sons avec d’autres agriculteurs. Ceux qui
échanges équitables et aspire à sécuriser citent explicitement leurs coûts de produc-
les revenus des agriculteurs qui s’engagent tion comme base de calcul, sont les agri-
dans ce système. Comme nous allons le culteurs qui transforment leurs produits
voir dans la section suivante, les pratiques (principalement les agriculteurs transfor-
concrètes de fixation des prix s’éloignent mant leur lait en fromage). Le poids que
assez sensiblement de ces principes. représentent les AMAP dans l’ensemble de
leurs débouchés n’apparaît pas comme un
2. Un prix co-décidé, élément permettant de distinguer les pra-
un contenu relevant de l’agriculteur tiques de fixation du prix entre les agricul-
teurs interrogés.
L’étude dont nous présentons les résultats Le tableau 1 résume les modes de fixa-
ici10 s’appuie sur deux modes d’enquête : tion des prix pour les 14 producteurs inter-
des entretiens avec divers acteurs des rogés11.
AMAP étudiées et des relevés de prix (cf. Les producteurs se déclarent satis-
infra). Sur le plan qualitatif, les entretiens faits du système. Certains avantages des
ont été conduits avec 14 producteurs et AMAP justifient pleinement selon eux un
16 consommateurs, ils ont permis de saisir prix inférieur aux prix de marché : écoule-
les représentations et pratiques concernant ment total de la production, gain de temps,
les prix des paniers et leur fixation. diminution du gaspillage, etc. Sur un plan
Si le prix des paniers est bien issu d’une théorique, Olivier et Coquart (2010) notent
négociation entre les consommateurs et que les coûts de transaction restent proba-
le producteur (tel groupe souhaite dispo- blement plus élevés en AMAP que sur les
ser d’un panier à 10 euros, tel autre d’un marchés classiques, mais qu’ils peuvent
panier à 15 euros), le contenu des paniers être largement pris en charge par les
consommateurs.
9. À aucun moment, les textes internes ne posent Les consommateurs rencontrés expri-
la question du prix en termes de productivité (du ment quant à eux leur satisfaction à propos
travail ou du capital). Or la production d’un grand
des produits qu’ils reçoivent tant en quan-
nombre de produits, afin d’offrir une large gamme
aux consommateurs des AMAP, entraîne des dif- tité qu’en qualité. De précédents travaux
ficultés concrètes d’organisation du travail et de (Mundler et al., 2006 ; Lamine, 2008 ;
financement des investissements spécifiques qui David-Leroy, Girou, 2009) ont montré
seraient nécessaires pour chaque produit (Perez,
2004 ; Mundler et al., 2008).
10. Les entretiens et les relevés de prix ont été 11. Au total, 18 producteurs livrent les 7 AMAP
réalisés par Albane Audras, dans le cadre de son enquêtées (cf. infra). Il manque ici un producteur
Mémoire de fin d’études (Audras, 2008). de bœuf et porc et trois producteurs de volailles.

8 •฀ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT 2013


RECHERCHE
Patrick MUNDLER

Tableau 1. Modes de fixation des prix


Nombre
% vendu
Producteur Production principale d’AMAP Fixation du prix
en AMAP
livrées
1 Maraîchage AC 1 25 % - 5 % en AMAP/prix de marché
2 Maraîchage AB 8 60 % - 30 % en AMAP/prix de marché
Prix AMAP « un peu moins cher » que sur les
3 Maraîchage AC 1 30 %
marchés
4 Maraîchage AB 4 95 % Référence mercuriale, prix lissés sur l’année
Prix AMAP idem prix pratiqués dans les autres
5 Maraîchage AB 1 30 %
points de vente
6 Fromages chèvre AC 1 < 10 % Prix AMAP idem prix pratiqués sur les marchés
Fromages de vache
7 1 < 10 % Prix AMAP idem prix pratiqués sur les marchés
et pain, AB
Prix AMAP « un peu moins cher » que sur les
8 Bœuf et porc AC 3 10 %
marchés
9 Agneau AC 1 < 10 % Moyenne prix pratiqués dans la région,
10 Fruits, conversion AB 1 < 10 % Prix de marché
Intermédiaire entre prix de gros et prix de
11 Fruits AB 1 10 %
détail
Fromage de vache Prix AMAP « un peu moins cher » que sur les
12 1 1%
et chèvre marchés
Fromage de chèvre
13 2 70 % Prix pratiqués dans les autres points de vente
et pain AB
Référence mercuriale prix pratiqués à la
14 Maraîchage AB 2 25 %
ferme et au moins un produit offert
Source : l’auteur.

que les consommateurs engagés dans les bon marché étant assimilés à des produits
AMAP, inscrivent leur démarche dans une de mauvaise qualité).
approche globale. Même si l’on peut dis- La plupart d’entre eux ne s’étaient pas
tinguer divers types d’adhérents12 et des interrogés sur le prix du panier avant que la
niveaux d’engagement associatif variables, question leur soit posée. Ils estiment dans
la participation à une AMAP est motivée l’ensemble que le prix est raisonnable pour
par différents aspects (goût, qualité et eux et qu’il est juste pour le producteur.
fraîcheur des produits, aspect équitable Leur méconnaissance du prix réel se traduit
de l’échange, etc.) sans que le prix payé par une certaine contradiction. La plupart
apparaisse comme un élément déterminant mettent en avant le soutien à l’agriculteur
(Mundler et al., 2006 ; Moisière, 2007) ; comme motif d’engagement (ce qui alors
d’autant que les consommateurs associent justifierait de payer un peu plus cher) tout
fréquemment prix et qualité (les produits en estimant que l’adhésion à l’AMAP leur
permet de faire des économies. Il faut par
ailleurs souligner que le système d’abon-
12. On peut distinguer par exemple des « ama- nement, qui sépare le moment du paiement
piens » plutôt hédonistes, mettant en avant leur de celui auquel les produits sont fournis,
volonté de manger des produits sains et de proxi- contribue à ce que le rapport entre prix et
mité et des « amapiens » plus militants pour les-
quels l’engagement dans les AMAP s’inscrit sur-
contenu du panier ne soit que peu recherché
tout dans une adhésion aux démarches alternatives par les consommateurs, qui portent plutôt
(Mundler, 2007). une appréciation globale sur le système.

ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT฀2013฀•฀9


AMAP : analyse des prix des paniers

Les relations solidaires qui sont la spé- est beaucoup plus stable en viande, fro-
cificité des AMAP ne sont pas absentes des mage ou encore pain. La comparaison de
représentations concernant les avantages son prix avec d’autres modes de commer-
économiques du système AMAP. Selon les cialisation, impose donc de peser chaque
principes affichés, l’inscription dans une élément de son contenu, puis d’effectuer
AMAP suppose l’établissement de liens des relevés de prix dans les autres sys-
qui ne trouvent pas tous leur traduction tèmes de distribution en reconstituant
dans le prix des paniers : solidarité en cas virtuellement des paniers identiques. De
d’aléa, aide/bénévole sur les exploitations, fait, le processus est lourd et les références
investissement des consommateurs dans restent rares.
la distribution, dons de produits, etc. Ces La seule recherche que nous avons
pratiques existent de façon plus ou moins identifiée est celle réalisée par Cooley et
forte dans les 7 AMAP rencontrées. Si la Lass (1998) portant sur trois exploitations
participation occasionnelle aux travaux de en agriculture biologique (AB) livrant
la ferme reste marginale, l’investissement dans des CSA. Dans leur travail, Cooley et
des consommateurs dans l’organisation de Lass comparent les prix pratiqués par ces
la distribution est fréquent, ainsi que la dis- exploitations avec trois modes de distribu-
tribution gratuite de surplus de production tion : un distributeur national distribuant
qui viennent grossir les paniers. en GMS des produits issus de l’agriculture
Finalement, l’analyse des entretiens conventionnelle, deux distributeurs régio-
confirme les résultats issus de travaux pré- naux (commercialisant pour l’un des pro-
cédents (Hinrichs, 2000 ; Comte, 2005 ; duits issus de l’AB, pour l’autre des pro-
Mundler, 2007 ; Pilleboue, Pouzenc, 2007), duits conventionnels) et une épicerie locale
notamment en ce qui concerne la place distribuant des produits de l’agriculture
de la confiance dans le fonctionnement conventionnelle.
des AMAP. Comme l’avait noté Hinrichs Les comparaisons de prix se sont
(2000), les consommateurs interrogés af- étendues durant 8 mois (de mai à dé-
firment que les valeurs partagées comptent cembre 1995). Les fleurs et les herbes
plus que les contrats. La proximité avec aromatiques ont été exclues de la compa-
le producteur reste l’élément déterminant raison, ce qui ajoute un avantage non me-
de la qualité ressentie, notamment dans un suré pour le consommateur en CSA. Dans
contexte de crise sanitaire ou d’inquiétude l’ensemble, malgré des différences sen-
vis-à-vis de l’innocuité des produits pro- sibles entre les 3 exploitations, cette étude
posés par l’industrie agroalimentaire ; et concluait que les prix des paniers étaient
ce même si cette perception des consom- inférieurs à ceux reconstitués dans les trois
mateurs peut apparaître comme idéalisée autres modes de distribution : de 37 à 60 %
compte tenu de la variété des pratiques pour le distributeur de produits AB et de 6
(Dubuisson-Quellier, Le Velly, 2008). à 46 % pour les distributeurs de produits
issus de l’agriculture conventionnelle. Le
bénéfice pour le consommateur d’appar-
Le prix des paniers dans 7 AMAP tenir à un CSA était donc très net, selon
Pratiques et perceptions les auteurs de cette recherche. Rappelons
que les études concernant les revenus des
Par définition, un panier est composé de fermes livrant dans des CSA (Lass et al.,
différents produits et son contenu peut 2001 ; Tegtmeier, Duffy, 2005) montraient
varier fréquemment selon les produits de leur côté une sous-estimation des prix
concernés en légumes et fruits ; alors qu’il demandés par les producteurs au regard

10 •฀ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT 2013


RECHERCHE
Patrick MUNDLER

des prix de marché. Complétée par un deux magasins de producteurs (points de


questionnaire portant à la fois sur les moti- vente collectifs). Ces relevés ont permis
vations des consommateurs et sur leurs d’obtenir pour chaque mode de distribu-
représentations concernant le prix payé, tion une fourchette de prix, présentée dans
l’étude de Coley et Lass a permis de mettre les tableaux et graphiques qui suivent sous
en évidence la méconnaissance, voire les termes prix mini et prix maxi.
l’apparent désintérêt concernant le prix du Précisons que les produits biologiques
panier : les consommateurs estimant qu’ils n’ont pu être relevés de façon systématique
payaient leurs produits à un prix similaire dans les relevés de linéaires des GMS, ces
à celui du commerce traditionnel. derniers n’étant que peu présents dans les
rayons au printemps 2008 (à l’exception de
1. Relevés de prix et comparaisons la volaille et des fruits). Précisons égale-
ment que nos relevés comparatifs ont com-
Notre recherche a mis en œuvre une mé- mencé à un moment plus difficile pour les
thodologie comparable, avec toutefois maraîchers et les arboriculteurs, puisqu’à
quelques différences. L’étude quantitative cette date (mois de mars) ils n’ont encore
s’est déroulée pendant 13 semaines, du que peu de choix dans les produits qu’ils
3 mars au 30 mai 200813. Pendant cette proposent. De ce point de vue, il serait
période, les compositions et les prix des sans doute intéressant de pouvoir effectuer
paniers de légumes et d’autres produits ont le même travail de comparaison, soit sur
été relevés chaque semaine dans 7 AMAP une année complète comme avaient pu le
(quatre se situaient à Lyon, deux dans faire (mais sur beaucoup moins de paniers)
l’Ain et une en Isère). Ces AMAP (voir Cooley et Lass (1998), soit sur une période
tableau 2) ont été choisies afin de refléter plus courte, mais plus favorable pour les
la diversité des AMAP rencontrées dans producteurs : été et début d’automne.
ce bassin de consommation. En parallèle,
Chaque semaine les paniers des AMAP
de manière à reconstituer le même panier
ont donc été reconstitués dans les divers
que l’AMAP dans d’autres circuits de
circuits de vente et les prix ont ensuite été
commercialisation, les prix minimum et
comparés afin de voir comment se situent
maximum des produits proposés dans les
les prix en AMAP par rapport aux prix
paniers des 7 AMAP ont été relevés de
pratiqués dans les différents modes de dis-
manière hebdomadaire dans divers cir-
tribution. Comme Cooley et Lass (1998),
cuits de commercialisation de la région
nous avons fait l’hypothèse qu’un consom-
lyonnaise : deux marchés conventionnels,
mateur effectue l’ensemble de ses achats
deux marchés biologiques, deux grandes
dans un seul lieu. Nous estimons que ce
ou moyennes surfaces (GMS), deux maga-
choix méthodologique n’altère pas nos
sins spécialisés en produits biologiques et
résultats, compte tenu de la modestie des
sommes en jeu. En revanche, il est évident
13. Les relevés réguliers se sont étendus sur qu’en pratique, le contenu des paniers ne
13 semaines (1 AMAP), 11 semaines (4 AMAP ne sera pas le même dans le cas où le consom-
fonctionnant pas pendant la période de vacances mateur le construit lui-même. C’est d’ail-
scolaires), 7 semaines (1 AMAP) et 5 semaines
(1 AMAP) en fonction de la date de démarrage
leurs une des spécificités fréquemment
des distributions. En ce qui concerne les relevés citées par les consommateurs à propos des
de prix dans les autres modes de distribution, tous AMAP : elles obligent à prendre l’inté-
ont pu être faits de façon régulière au cours des gralité du panier et laissent donc moins de
13 semaines de l’étude, à l’exception des maga- liberté aux consommateurs pour choisir
sins de producteurs pour lesquels les moyennes
sont calculées sur 6 semaines.
leurs produits et/ou moduler leurs achats.

ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT฀2013฀•฀11


AMAP : analyse des prix des paniers

Tableau 2. Présentation des AMAP de l’étude


AMAP Produits proposés Prix des paniers de légumes
AMAP 1 Légumes (AC14) ; fromages de chèvre (AC) 10 €
Légumes (AB) ; fromages de chèvre (AC) ; volailles
Deux paniers proposés :
AMAP 2 (AC) ; viande bovine, de porc (AC) et d’agneau (AC) ;
10 et 15 €
fruits (AB)
Deux paniers proposés :
Légumes (AB) ; pain et viennoiserie (AB) ; fromages de
AMAP 3 6,5 et 10 €
chèvre (AB) ; viande bovine (AB) et de porc (AB)
8 et 12 € à partir de fin juin
Légumes (AB) ; fromages de vache (AB) ; pain (AB) ;
Deux paniers proposés :
AMAP 4 et 5 fromages de chèvre (AC) ; viande bovine et de porc
10 et 15 €
(AB) ; volailles (AB)
Deux paniers proposés :
Légumes (AB) ; fruits (conversion AB) ; fromages de
AMAP 6 6,5 et 10 €
vache et chèvre ; pain (AB) ; œufs (AB)
8 et 12 € à partir de fin juin
AMAP 7 Légumes (AB) ; pain (AB) 7€

Source : l’auteur.

Outre la lourdeur des relevés hebdoma-


14
– notons enfin l’influence sur certains
daires, les principales difficultés furent les résultats de la présence dans les paniers
suivantes : d’herbes aromatiques comme la cibou-
– certains produits présents dans les pa- lette, la menthe ou le persil. Ces produits,
niers n’étaient pas proposés dans un ou parfois vendus en GMS sous la forme de
plusieurs des circuits de distribution dans sachets contenant de très petites quanti-
lesquels les relevés comparatifs étaient tés, ont dans ce mode de distribution un
effectués (exemple : le chou-rave n’était prix au kilo plus élevé que sur les mar-
pas vendu en GMS) ou n’étaient pas pré- chés où ils sont vendus sans emballage.
sents à certains moments (exemple : le Leur présence contribue donc, parfois
cresson n’était pas proposé dans certains fortement, à l’avantage calculé pour cer-
magasins en début de saison). Dans ce tains paniers15.
cas, c’est toujours le prix le moins élevé L’objectif de cette recherche n’étant pas
qui a servi de référence ; de comparer les résultats entre les AMAP,
– en production fromagère, plusieurs pro- mais de comparer les modes de distribu-
duits sont uniques, créés par les produc- tion alimentaire entre eux, tous les paniers
teurs qui leur ont donné un nom parti- ont été ramenés à un prix unique de 10 eu-
culier. Ces produits ne se retrouvant pas ros par semaine afin de garantir l’anony-
dans les autres commerces, ce sont les mat, tant des AMAP que des producteurs.
prix des fromages les plus ressemblants On remarque dans le tableau 2 que chaque
qui ont été relevés ; AMAP a contractualisé avec plusieurs pro-
ducteurs (entre 2 et 4 selon les cas). Toutes
– les prix étaient parfois affichés à la pièce
reçoivent chaque semaine un panier de lé-
et non au kg (salades…), il a fallu dans
gumes au moins. Pour les autres produits,
ce cas recalculer un prix moyen au kg ;

15. Dans leur étude, Colley et Lass (1998) ont


choisi de les exclure. Pour notre part, nous avons
14. AC : agriculture conventionnelle ; estimé que ces produits faisaient partie du panier
AB : agriculture biologique. et ils ont donc été pris en compte.

12 •฀ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT 2013


RECHERCHE
Patrick MUNDLER

le rythme de distribution peut être diffé- Dans le tableau 3, les cases grisées cor-
rent (une fois par mois pour certaines li- respondent aux moyennes pour lesquelles
vraisons de viande, par exemple). Au total, les prix des paniers pour les 7 AMAP ont
les comparaisons ont pu être effectuées été plus élevés que les prix relevés dans
pour des paniers de légumes, de fruits, de d’autres circuits de commercialisation.
viandes, de fromages et de pain. Comme Pour chaque produit, le nombre de paniers
indiqué dans le tableau 1, les produits is- concernés est indiqué dans la première
sus de l’agriculture biologique (AB) sont colonne. Ainsi, pour les légumes, les ré-
majoritaires. sultats moyens correspondent à ceux de
11 paniers proposés chaque semaine dans
2. Des paniers compétitifs les 7 AMAP. Ces 11 paniers concernent
6 producteurs différents, certains produc-
Les résultats moyens obtenus durant les teurs proposant deux paniers dans la même
13 semaines de suivi, et ce pour chaque AMAP ou commercialisant dans deux
type de panier, sont présentés dans le ta- AMAP ayant participé à l’étude. Sur ces
bleau 3. Pour bien analyser les données 11 paniers, 8 sont en AB. Pour les autres
recueillies, il faut rappeler les différences produits, le nombre de paniers corres-
entre productions. Au contraire des paniers pond aux formules proposées par les pro-
de légumes et de fruits, dont la composi- ducteurs. Ainsi, en viande de bœuf et de
tion varie en fonction de la saison, les pro- porc, les 16 paniers concernent 2 produc-
ducteurs de viande, de fromages ou de pain teurs (l’un en AB, l’autre non) et trois des
proposent différentes formules de paniers 7 AMAP. Ces producteurs proposent diffé-
dont le contenu ne change pas (ou très peu) rentes formules qui constituent donc autant
au cours de la saison. de paniers possibles.

Tableau 3. Prix moyens minimum et maximum de divers produits proposés en AMAP dans divers modes
de distribution (moyenne sur 13 semaines)

Prix marché Prix marché Prix GMS Prix magasin Prix magasin
conventionnel biologique conventionnel bio spécialisé de producteurs
Prix
Paniers mini maxi mini maxi mini maxi mini maxi mini maxi
AMAP
Légumes
10 8,19 10,89 11,34 14,27 10,26 20,99 14,54 16,81 12,58 13,87
(11 paniers)
Bœuf et porc
10 9,05 10,25 10,70 12,92 7,11 10,18 16,28 17,23 9,12 11,67
(16 paniers)
Volaille
10 7,77 12,12 10,03 12,79 5,69 10,12 13,39 14,51 9,18 10,34
(5 paniers)
Agneau
10 10,94 13,41 14,08 15,01 10,52 12,54 19,06 19,70 13,27 15,56
(9 paniers)
From. chèvre
10 8,67 10,76 8,78 11,07 9,45 14,03 12,76 13,02 10,22 11,06
(13 paniers)
Fruits
10 6,01 9,35 11,27 13,87 7,70 17,46 11,42 12,97 8,21 9,19
(5 paniers)
Pain
10 8,44 9,02 7,96 9,09 8,73 9,19 10,15 11,91 8,94 9,64
(9 paniers)
Source : l’auteur.

ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT฀2013฀•฀13


AMAP : analyse des prix des paniers

Graphiques 1 et 2. Évolution du prix des paniers au cours des 11 semaines de l’étude pour chaque mode
de distribution

Graphique 1. Comparaison avec prix mini conventionnel Graphique 2. Comparaison avec prix mini bio
14 18

12 16
14
10
12
8 Prix panier AMAP 10 Prix panier AMAP

6 8
prix marché prix marché bio MINI
6
4 convenionnel MINI
4
2 Prix GMS Prix magasin Bio
convenionnel MINI 2 spécialisé MINI
0 0
semaine 1
semaine 2
semaine 3
semaine 4
semaine 5
semaine 6
semaine 7
semaine 8
semaine 9

semaine 1
semaine 2
semaine 3
semaine 4
semaine 5
semaine 6
semaine 7
semaine 8
semaine 9
semaine 10
semaine 11
semaine 12
semaine 13

semaine 10
semaine 11
semaine 12
semaine 13
Source : l’auteur.

Nous n’avons pas distingué dans ce pesées (fin mai), de nombreux produits
tableau les produits issus de l’AB de ceux frais avaient fait leur apparition : petits
issus de l’AC, dans la mesure où, dans les pois, oignons frais, mesclun, courgettes…
AMAP étudiées, aucune différence signifi- La comparaison avec les différents
cative de prix n’a pu être constatée entre pa- modes de distribution au cours des se-
niers issus de l’agriculture conventionnelle maines de l’étude aboutit à une certaine
et paniers issus de l’agriculture biologique. convergence. Les graphiques 1 et 2, repré-
Dans 63 % des cas, les prix des paniers sentent (en moyenne pour les 11 paniers
sont plus faibles que les prix relevés dans de légumes) l’évolution du prix mini au
les autres modes de distribution. Les prix cours des 13 semaines pour chaque mode
les plus bas se situent en général sur les de distribution16. Sur la base d’un prix du
marchés traditionnels et en GMS (produits panier AMAP de 10 euros, seuls les prix
issus de l’agriculture conventionnelle), les minimums sur les marchés traditionnels
prix minimums sont en moyenne inférieurs sont systématiquement plus bas. Les pics
de 13 % aux prix des paniers en AMAP ; constatés dans les prix en GMS s’ex-
à l’inverse, les prix des paniers en AMAP pliquent par le contenu des paniers avec la
sont presque systématiquement plus bas présence d’herbes aromatiques (ciboulette,
que les prix relevés dans les circuits com- oseille et persil). Les prix mini en maga-
mercialisant des produits biologiques. sins spécialisés ou sur les marchés de pro-
duits issus de l’AB sont systématiquement
Les résultats montrent également des
plus chers que les paniers AMAP.
différences sensibles entre produits. Le
pain et dans une moindre mesure les fruits En ce qui concerne les autres produits
sont généralement plus coûteux en AMAP que les légumes, les comparaisons ont été
(mais ils sont en AB), alors que les paniers réalisées sur les différents paniers propo-
de légumes, les viandes et les fromages sés par les agriculteurs par rapport aux prix
sont en général moins chers. moyens relevés sur la période de l’étude.
Nous n’avons pas distingué les viandes
Le contenu des paniers de légumes bovine et de porc (du fait qu’elles sont
varie fortement au cours de l’étude. Les
premières pesées ayant eu lieu en mars,
16. Nous n’avons ici comparé que les prix MINI.
les produits disponibles sont des légumes En ce qui concerne les prix MAXI, ils sont pour
d’hiver (salades, choux, poireaux, carottes, tous les modes de distribution, plus élevés que les
pommes de terre…). Lors des dernières paniers des AMAP.

14 •฀ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT 2013


RECHERCHE
Patrick MUNDLER

proposées ensemble dans les paniers par En ce qui concerne les fruits et le pain,
les deux producteurs). Comme indiqué nos comparaisons sont limitées par l’offre
dans le tableau 3, les prix sont légèrement plus faible. Les paniers de fruits sont en
plus chers en AMAP que sur les marchés général peu variés et les AMAP ne repré-
conventionnels (de 3,5 %) et que dans les sentent qu’une très faible part de la com-
GMS (de 13,5 %), ces dernières proposant mercialisation des rares producteurs pré-
régulièrement des promotions à faible prix. sents dans les AMAP17. Nos comparaisons
Les prix restent cependant moins élevés ne portent que sur les paniers d’un seul
en AMAP par rapport aux marchés biolo- producteur (en AB) pour lequel les AMAP
giques (de 18,1 %) et aux magasins biolo- représentent moins de 10 % de ses débou-
giques (de 67,6 %). En ce qui concerne la chés. En moyenne, les prix sont moins
viande d’agneau, les prix des paniers sont élevés en AMAP par rapport aux prix
avantageux, puisqu’en moyenne aucun des marchés biologiques (de 25,7 %), des
panier n’a un prix inférieur dans un autre GMS (de 25,8 %), mais aussi par rapport
circuit de commercialisation. aux prix des produits biologiques vendus
Deux AMAP sur les sept avaient passé en GMS (de 26,7 %) et aux prix en maga-
un contrat pour de la volaille (fournie par sin biologique (de 22 %). À l’inverse, les
trois producteurs). Le prix des poulets en prix en AMAP sont plus élevés que ceux
AMAP variait de 6,50 € à 8,60 € le kilo et des marchés conventionnels (de 23,2 %)
celui des pintades de 7,50 € à 9,20 €, les et des magasins de producteurs (de 13 %).
prix les plus élevés étant ceux des produits Ces résultats sont cohérents avec les pra-
certifiés en agriculture biologique. En s’en tiques du producteur, qui explique fixer
tenant aux moyennes, les prix des volailles en AMAP des prix qui se situent entre ses
sont plus chers en AMAP que sur les mar- prix de détail et ses prix de gros.
chés conventionnels (de 0,5 %), qu’en Deux producteurs de pain en agri-
GMS (de 20,9 %) et que dans les magasins culture biologique livrent dans trois des
de producteurs (de 2,4 %). En revanche, les sept AMAP de notre enquête. En moyenne,
prix en AMAP sont moins élevés que les les prix relevés en AMAP sont plus élevés
prix des marchés biologiques (de 14,1 %), que les prix des marchés conventionnels
ainsi que les prix des produits biologiques (de 12,7 %), des marchés biologiques
vendus en GMS (de 5,1 %) et que les ma- (de 14,8 %), des GMS (de 10,4 %) et des
gasins spécialisés en produits biologiques magasins de producteurs (de 7,1 %). Par
(de 39,5 %). rapport aux prix des magasins de produits
biologiques, les prix en AMAP sont par
En production fromagère, notre com-
contre 10,3 % moins élevés.
paraison porte sur les fromages de chèvre,
principaux fromages présents dans les *
AMAP de l’étude. On remarque très clai- **
rement que les prix en AMAP sont moins Globalement, les résultats présentés dans
chers que dans les GMS (de 17,4 %), les la section précédente montrent que les
magasins biologiques (de 28,9 %) et les prix des paniers dans les 7 AMAP étu-
magasins de producteurs (de 6,4 %). À diées restent peu élevés, même si les gains
noter cependant que les prix des marchés pour les consommateurs apparaissent plus
conventionnels et biologiques sont en faibles que dans l’étude conduite sur ce
revanche légèrement inférieurs, respecti-
vement de 2,8 % et de 0,7 % par rapport
17. Les AMAP ont des difficultés à trouver des
aux prix des AMAP, ce qui constitue une fruits (si possible en AB). Ce problème a été sou-
exception. vent cité dans les entretiens.

ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT฀2013฀•฀15


AMAP : analyse des prix des paniers

point en Amérique du Nord (Cooley, Lass, On peut donc en conclure que les dif-
1998). Seuls les marchés conventionnels ficultés rencontrées par les AMAP pour
– qui semblent d’ailleurs rester le lieu pri- s’ouvrir à des milieux sociaux variés
vilégié d’approvisionnement en fruits et s’expliquent par des barrières plus sociolo-
légumes pour les populations les plus dé- giques qu’économiques, elles s’expliquent
favorisées (Mundler et al., 2006) – et les en quelque sorte par les difficultés rencon-
GMS offrent fréquemment des produits à trées par les populations plus défavorisées
des prix plus faibles, mais cette comparai- à s’ouvrir aux AMAP. De ce fait, il se peut
son ne tient aucun compte des différences que les efforts faits par certaines AMAP
éventuelles de qualité18 (produits issus de d’adapter le prix des paniers aux revenus
l’AB, fraîcheur…) qui sont pourtant mises des familles19 ne soient pas la réponse
en avant par les amapiens concernant les adéquate à l’ouverture sociale visée, sauf
avantages qu’ils retirent du système AMAP. peut-être pour les populations les plus en
De ce point de vue, il n’y a pas de raison difficulté. L’installation d’AMAP dans les
pour que le prix des paniers proposés en quartiers plus populaires, la collaboration
AMAP soit un frein au développement de avec des services sociaux, l’éducation à
ce mode de commercialisation auprès de l’alimentation, voire une adaptation des
populations disposant de faibles revenus. modes de fonctionnement à d’autres re-
Au contraire, en favorisant l’approvision- présentations sociales, semblent être des
nement en produits frais, mais à cuisiner, réponses plus adaptées aux objectifs de
ces systèmes peuvent contribuer à faire démocratisation des AMAP. Ceci se maté-
baisser le budget consacré à l’alimentation. rialise d’ailleurs dans les difficultés plus
Par ailleurs, les travaux analysant le fortes rencontrées par les AMAP localisées
régime alimentaire des populations défa- dans les quartiers populaires pour fidéliser
vorisées insistent sur le fait que celui-ci, les consommateurs, tandis que dans des
évalué en termes de densité énergétique quartiers plus « bourgeois », on constate
et de densité nutritionnelle, est de moins encore des listes d’attente de plusieurs
bonne qualité que la moyenne de la popu- mois alors que la densité de l’offre com-
lation : moins de fruits et légumes, moins merciale en circuits courts s’est renforcée
de poisson (Caillavet et al., 2005). Para- au cours des dernières années.
doxalement, si la sensibilité aux varia- Pour les producteurs, le suivi des prix
tions de prix est forte dans les populations des paniers nous indique que si ce débouché
défavorisées, leur flexibilité aux substitu- améliore la prévisibilité des ventes sur la
tions entre produits reste faible. Les effets saison, il ne constitue dans la grande majo-
de substitution permis par des politiques rité des cas qu’un débouché parmi d’autres
contribuant à baisser les prix des produits et à un prix sensiblement équivalent. Les
favorables à une alimentation équilibrée AMAP atteignent-elles alors leur objectif
ont plus d’effet sur les populations plus ai- de soutien à l’agriculture paysanne ? Une
sées qui modifient davantage leur manière précédente recherche (Mundler et al., 2008)
de consommer (Lacroix et al., 2009). conduite auprès d’un peu plus de 50 petites
exploitations en circuits courts avait montré
18. Rappelons que, pour les GMS, la comparaison
s’est faite pour l’essentiel avec des produits non
issus de l’agriculture biologique, alors que la plus 19. On relève trois types de mécanisme de solida-
grande partie des paniers observés était en AB. rité pratiqués dans certaines AMAP : l’étalement
Selon l’UFC-Que choisir (2008), qui a calculé des paiements, des prix de paniers différenciés
l’écart de prix sur plusieurs produits entre « bio » (solidarité interne), des paniers subventionnés
et « non-bio », cet écart est important (de 38 à dans le cadre d’une organisation avec des services
150 %) pour de nombreux produits. sociaux (solidarité externe).

16 •฀ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT 2013


RECHERCHE
Patrick MUNDLER

que les résultats dégagés par ces exploita- dynamique très différente de celle du com-
tions restaient souvent modestes (même merce classique du point de vue de la per-
s’ils apportaient satisfaction aux agricul- ception de ce qu’est un prix. Alors que, de
teurs rencontrés lors de ces enquêtes), plus en plus, les formes traditionnelles de
sans que puisse être constatée une diffé- distribution fondent leur communication
rence entre exploitations livrant en AMAP sur les prix bas, voire même « cassés » ou
et celles commercialisant dans les autres « massacrés », contribuant à créer l’im-
modalités de circuits courts. En revanche, pression que le déboursement est un sacri-
mais ce constat s’étend à presque toutes fice sans contrepartie (Zilerberg, 2008),
les formes de circuits courts, ces modes de le système AMAP situe le consommateur
commercialisation permettent aux agricul- dans une dynamique inverse en inscrivant
teurs d’être à l’abri des problèmes posés par la relation dans la durée et en reliant le
la volatilité des prix des matières premières prix payé, non seulement aux produits qui
agricoles sur la gestion de leur exploitation. seront livrés, mais également à un contexte
Nous noterons enfin que le système spécifique et, selon tous nos interlocuteurs,
AMAP inscrit le consommateur dans une mutuellement valorisant. ■

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Alliance Paysans Écologistes Consommateurs travaux dans les domaines économique,


(2003). Guide à la création d’une AMAP, 34 p. sociologique et nutritionnel. INRA, rapport
Alliance Provence, Réseau national des AMAP de recherche, 36 p.
(2009). Guide pratique : comment garantir Chiffoleau Y. (2008). Les circuits courts en
l’accès aux AMAP pour tous, 28 p. agriculture : diversité et enjeux pour le
Alliance Paysans Écologistes Consommateurs développement durable. In Maréchal G.
Rhône-Alpes (2008). Paysan en Amap : un (dir.), Les circuits courts alimentaires : bien
nouveau métier. Guide des bonnes pratiques manger dans les territoires, Dijon, Educagri
du Paysan en Amap, 95 p. Éditions, p. 21-30.
Amemiya H. (2007). Le teikei, la référence Cone C. A., Myhre A. (2000). Community-
japonaise de la vente directe de produits Supported Agriculture: A Sustainable Al-
fermiers locaux. In Amemiya H. (dir.), ternative to Industrial Agriculture? Human
« L’agriculture participative. Dynamiques Organization, vol. 59, n° 2, p. 187-197.
bretonnes de la vente directe », Rennes, Comte E. (2005). Les Associations Pour le
Presses universitaires de Rennes, p. 21-48. Maintien de l’Agriculture Paysanne en ré-
Audras A. (2008). Les prix en AMAP : réali- gion Rhône-Alpes, Observations, Analyse
tés et perceptions en Rhône-Alpes. Étude et Perspectives de développement. ISARA
quantitative et qualitative sur les prix des Lyon, ENSAR. Mémoire de fin d’études,
paniers d’AMAP de la région lyonnaise. 92 p. + annexes.
Lyon, Isara Lyon, Mémoire de fin d’études, Cooley P. J., Lass D. A. (1998). Consumer
73 p. + Annexes. Benefits from Community Supported Agri-
Boussard J.-M. (1987). Économie de l’agricul- culture Membership. Review of Agricultural
ture. Paris, Economica, 310 p. Economics, vol. 20, n° 1, p. 227-237.
Caillavet F., Darmon N., Lhuissier A., Ré- David-Leroy M., Girou S. (2009). AMAP. Re-
gnier F. (2005). L’alimentation des popula- plaçons l’alimentation au cœur de nos so-
tions défavorisées en France. Synthèse des ciétés. Escalquens, Dangles, 151 p.

ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT฀2013฀•฀17


AMAP : analyse des prix des paniers

Dubuisson-Quellier S., Le Velly R. (2008). Les Lass D. A., Rattan S., Sanneh N. (2001). The
circuits courts entre alternative et hybrida- economic viability of community suppor-
tion. In Maréchal G. (dir.), « Les circuits ted agriculture in the Northeast. Amherst,
courts alimentaires. Bien manger dans les University of Massachusetts, Department of
territoires », Dijon, Educagri, p. 103-112. Resource Economics, 28 p.
Deverre C., Lamine C. (2010). Les systèmes Lyson T. A. (2004). Civic Agriculture. Recon-
agroalimentaires alternatifs. Une revue de necting Farm, Food, and Community. Med-
travaux anglophones en sciences sociales. ford, Massachusetts, Tufts University Press,
Économie rurale, n° 317, p. 57-73. 136 p.
Equiterre (2003). Guide québécois et canadien INRA (Europe) – European Coordination Of-
sur les coûts de production relatifs à la for- fice (1998). La sécurité des produits alimen-
mule de l’agriculture soutenue par la com- taires. Eurobaromètre n° 49, 70 p.
munauté (ASC). Montréal, Equiterre, 28 p.
Maréchal J.-P. (2000). Humaniser l’économie.
Equiterre (2005). 4 modèles économiques, viable
Paris, Desclée de Brouwer, coll. « Sociologie
et enviable d’ASC. Montréal, Equiterre, 30 p.
économique », 173 p.
Fieldhouse P. (1996). Community Shared Agri-
Maréchal G. (dir.) (2008). Les circuits courts
culture. Agriculture and Human Values,
alimentaires. Dijon, Educagri, 213 p.
vol. 13, n° 3, p. 43-47.
Maréchal G. (2011). La comparaison entre une
Fung A. G. (2003). Partner Satisfaction and
Renewal Likelihood in Community Sup- pratique française – l’AMAP et sont inspirateur
ported Agriculture (CSA): a Case Study of le teikei. In Amemiya H. (dir.), « Du Teikei aux
the Equiterre CSA Network. Thesis submit- AMAP. Le renouveau de la vente directe de
ted to the Faculty of Graduate Studies and produits fermiers locaux », Rennes, Presses
Research in partial fulfilment of the requi- universitaires de Rennes, p. 275-288.
rements for the degree of Master of Science. Maye D., Holloway L., Kneafsey M. (dir.)
Département d’agro-économie, Université (2007). Alternative Food. Geographies. Re-
McGill, 106 p. + annexes. presentation and Practice. Howard House,
Hinrichs C. C. (2000). Embeddedness and local Wagon Lane, Bingley BD 16 1 WA, UK.
food systems: notes on two types of direct Emeral Group, 358 p.
agricultural market. Journal of Rural Studies, Minvielle P., Consales J.-N. (2006). Le déve-
n° 16, p. 295-303. loppement des AMAP dans les Bouches du
Hochedez C. (2008). Le bonheur est dans le Rhône : de nouveaux SIAL. Communication
panier. Réseaux alimentaires alternatifs et au 3e Congrès International de la Red SIAL,
commercialisation des produits issus de « Alimentation et Territoires », 18 p.
l’agriculture biologique : l’exemple suédois. Moisière X. (2007). Les circuits courts alimen-
Géocarrefour, vol. 83, n° 3, p. 225-233. taires à Rennes Métropole. Rennes, mémoire
Kolodinsky J. M., Pelch L. L. (1997). Factors de Master 2 Géographie Aménagement So-
influencing the decision to join a community ciété Environnement, département de Géo-
supported agriculture (CSA) farm. Journal graphie, Université de Rennes 2, 89 p.
of Sustainable Agriculture, vol. 10, n° 2/3,
Mundler P., Angelucci M.-A., Comte E., Neyrat S.
p. 129-141.
(2006). Fonctionnement et reproductibilité
Lacroix A., Muller L., Ruffieux B. (2009). des AMAP en Rhône-Alpes. Lyon, ISARA,
Impacts des politiques de prix sur les choix 56 p. + annexes.
de consommation des populations à faibles
revenus. Une approche expérimentale. Jour- Mundler P. (2007). Les AMAP en Rhône-
née du département SAE2, « Politiques nu- Alpes, entre marché et solidarité. Ruralia,
tritionnelles, régulation des filières alimen- n° 20, p. 185-215.
taires et consommation », 4 p. Mundler P., Ferrero J.-M., Jan A., Thomas R.
Lamine C. (2008). Les AMAP : un nouveau (2008). Petites exploitations diversifiées en
pacte entre producteurs et consommateurs ? circuits courts. Soutenabilité sociale et éco-
Paris, Yves Michel, 163 p. nomique. Lyon, ISARA, 28 p.

18 •฀ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT 2013


RECHERCHE
Patrick MUNDLER

Mundler P. (2009). Les Associations pour le Non-Farmers. (On-line) Journal of Exten-


maintien de l’agriculture paysanne : solida- sion, vol. 40, n° 3.
rité, circuits courts et relocalisation de l’agri- Swanson P. (2000). Community Supported
culture. Pour, n° 2001, octobre, p. 155-162. Agriculture. Nebguide, Université du Ne-
O’Hara S. U., Stagl S. (2002). Endogenous pre- braska, http://digitalcommons.unl.edu/cgi/
ferences and sustainable development. Jour- viewcontent.cgi?article=1925&context=ext
nal of Socio-Economics, n° 31, p. 511-527. ensionhist, consulté le 7 mars 2011.
Olivier V., Coquart D. (2010). Les AMAP. Une Tateno H. (2011). Le Teikei, une loi de la va-
alternative socio-économique pour les pe- leur différente de celle du marché. In Ame-
tits producteurs locaux ? Économie rurale, miya H. (dir.), « Du Teikei aux AMAP. Le
n° 318-319, p. 20-34. renouveau de la vente directe de produits
Perez J. (2004). Community Supported Agricul- fermiers locaux », Rennes, Presses universi-
ture on the Central Coast: The CSA Grower taires de Rennes, p. 265-273.
Experience. Center for Agroecology & Sus- Tegtmeier E., Duffy M. (2005). Community
tainable Food Systems, University of Cali- Supported Agriculture (CSA) in the Mid-
fornia, Santa Cruz. Center Research Brief 4, west United States: a regional characteriza-
4 p. tion. Leopold Center for Sustainable Agri-
Pilleboue J., Pouzenc M. (2007). A.M.A.P. et culture, 23 p., http://www.leopold.iastate.
P.V.C. : vers de nouvelles formes périur- edu/pubs/staff/files/csa_0105.pdf, consulté
baines d’agriculture et de consommation le 7 mars 2011.
alimentaire ? Communication au colloque UFC (2008). Produits biologiques. Un Boom à
« Les agricultures périurbaines, un enjeu
risque. Que choisir, n° 482, p. 16-23.
pour la ville, vers des projets de territoire »,
Nanterre, 10 au 12 octobre, 16 p. Urgenci (2012). The international network of
community supported agriculture. www.
Pouzenc M. (dir.), Buhler E.-A., Coquart
urgenci.net (retrieved september 2012).
D., Girou S., Fontorbes J.-P., Mondy B.,
Olivier V., Pilleboue J., Vincq J.-L. (2008). Watts D. C. H., Ilbery B., Maye D. (2005).
Les relations de proximité agriculteurs- Making re-connections in agro-food geo-
consommateurs : points de vente collectifs graphy: alternative systems of food provi-
et AMAP en Midi-Pyrénées. Toulouse, UMR sion. Progress in Human Geography, n° 29,
Dynamiques Rurales. 267 p. p. 22-40.
Sharp J., Imerman E., Peters G. (2002). Com- Zilerberg E. (2008). Nouvelles métriques de
munity Supported Agriculture (CSA): prix : rendre l’échange profitable. L’expan-
Building Community Among Farmers and sion Management Review, n° 130, p. 42-51.

ÉCONOMIE RURALE 336/JUILLET-AOÛT฀2013฀•฀19

Vous aimerez peut-être aussi