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République Algérienne Démocratique et

Populaire

Ministère de l’Aménagement du Territoire


et de l’Environnement

Plan National d’Actions


pour l’Environnement
et le Développement Durable
(PNAE-DD)

Janvier 2002
REMERCIEMENTS

Le Plan d’Actions National pour l’Environnement et le Développement Durable


(PNAE-DD), qui s’inscrit dans une démarche programmatique décennale, a été élabo-
ré grâce à la généreuse contribution de la Commission Européenne à travers son pro-
gramme EC-LIFE et au programme METAP administré par la Banque Mondiale.

La préparation du PNAE-DD a été rendue possible grâce à l’excellent esprit de coopé-


ration qui a animé les différentes équipes impliquées dans ce projet, au niveau du Mi-
nistère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, de la Banque Mon-
diale et de l’Office de Coopération Technique Allemande (GTZ).

La Banque Mondiale a coordonné l’ensemble des activités et du financement liés à la


préparation du PNAE-DD. Elle a joué un rôle déterminant dans le développement du
cadre méthodologique et apporté un soutien continu dans les domaines institutionnel
et juridique. Elle a enfin procédé à la révision et contribué à la restructuration du rap-
port final.

Le présent rapport et les rapports intermédiaires ont également bénéficié de l’apport


décisif des experts et de l’expérience de la GTZ, sous-traitant de la Banque Mondiale
pour fournir une assistance technique au Ministère de l’Aménagement du Territoire et
de l’Environnement.

Qu’ils trouvent ici, en mon nom et celui du Gouvernement Algérien, mes remercie-
ments les plus sincères.

Mes remerciements vont également aux consultants algériens et étrangers, aux cadres
du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, à ceux des diffé-
rents départements ministériels et notamment ceux représentés au niveau du Comité
National de Suivi du Projet qui ont contribué, par les informations fournies, leurs ana-
lyses et leurs capacités de proposition, à l’élaboration de ce rapport.

Mes remerciements vont enfin aux universitaires, cadres d’entreprises et de bureaux


d’études, cadres d’agences et institutions environnementales diverses, représentants
d’associations écologiques, qui ont participé à maints débats au sein des ateliers de
concertation qui ont été organisés, et contribué ainsi à enrichir ce Plan d’Actions pour
les années à venir.

Le Ministre de l’Aménagement
du Territoire et de l’Environnement

CHERIF RAHMANI

- ii -
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS II
SOMMAIRE III
PRÉAMBULE VI
ABRÉVIATIONS VII
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES X
RÉSUMÉ XI
A. Les faits xi
B. Les analyses xii
C. Les objectifs et actions prioritaires xiv

I. INTRODUCTION 24
A. Objectifs 24
B. Approche 25

II. ENJEUX ET DÉFIS 27


A. Trois décennies de developpement économique et social (1970-2000) 27
a. Un développement économique fondé sur une planification
centralisée (1970-1985) 27
b. Manifestation des faiblesses du système dès 1986 28
c. Les réformes économiques des années 90 30
B. Performance Environnementale 31
a. Crise économique – crise écologique: les facteurs explicatifs 31
b. Le cadre législatif et institutionnel 32
c. Le financement de la protection de l’environnement 34
C. Grands enjeux et défis 36

III. NATURE ET ÉTENDUE DES PROBLÈMES


ENVIRONNEMENTAUX 39
A. Introduction 39
B. Les prédispositions du territoire et du climat 39
C. Les terres 40
a. L’érosion hydrique 40
b. L’érosion éolienne 41
c. La salinisation 41
D. Les eaux douces 41
E. Les zones marines et côtières 43
a. La dégradation du littoral 43
b. La dégradation de la qualité des eaux marines 44
F. La biodiversité 44
G. Les forêts 45
H. L’écosystème steppique 46
I. L’écosystème saharien 47

- iii -
J. Les zones urbaines 48
a. La pollution des ressources en eau 48
b. Pollution croissante de l'air 50
c. La prolifération des déchets ménagers 51
K. Les zones industrielles 53
a. Les eaux usées industrielles 53
b. La pollution atmosphérique d’origine industrielle 54
c. Les déchets spéciaux 54
L. Patrimoine archéologique et hIstorIque menacé 55
M. Les problèmes globaux 57

IV. IMPACTS ÉCONOMIQUES DES PROBLÈMES


ENVIRONNEMENTAUX 59
A. Introduction 59
B. Cadre méthodologique 59
a. Approche par coûts des dommages et coûts de remplacement 59
b. Hypothèses principales 61
C. Estimation du Coût de la dégradation de l’environnement 62
a. Santé et qualité de vie 62
b. Capital naturel 63
c. Pertes économiques 65
d. Environnement global 66
D. Coûts de replacement 68
E. Analyse de priorités 69
a. Introduction 69
b. Rapports CDR/CDD et classement des priorités. 70

V. CADRE STRATÉGIQUE DÉCENNAL 2001-2011 72


A. Introduction 72
B. Les objectifs tratégiques 73
a. Améliorer la santé et la qualité de vie du citoyen 73
b. Conserver le capital naturel et améliorer sa productivité 74
c. Réduire les pertes économiques et améliorer la compétitivité 75
d. Protéger l’environnemental global 76
C Domaines et nature des interventions stratégiques 76
a. Pour améliorer la santé et la qualité de vie du citoyen 76
b. Pour conserver le capital naturel et améliorer sa productivité 81
c. Pour réduire les pertes économiques et améliorer la compétitivité 86
d. Pour protéger l’environnement global 86
D. Tableau récapitulatif de la stratégie environnementale 88
a. Santé et qualité de vie 88
c. Compétitivité et efficacité économique 89
d. Environnement global 90

VI. PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004 91


A. Actions à court et moyen terme 91
a. Santé et qualité de vie 92
b. Conservation et amélioration de la productivité du capital naturel 95
c. Compétitivité et efficacité économique 97

- iv -
d. Environnement global 97
a. Santé et qualité de vie 99
b. Conservation et amélioration de la productivité du capital naturel 102
c. Compétitivité et efficacité économique 104
d. Environnement global 105
B. Plan de financement 106
a. La nécessaire approche réglementaire et ses limites 107
b. La tarification des ressources et la politique des prix 108
c. Le développement de la fiscalité environnementale 110
d. L’apport de la coopération internationale 112
D. Mise en œuvre, suivi et évaluation 113
a. Mise en œuvre d’une gouvernance environnementale 113
b. Coordination, suivi et évaluation du PNAE-DD aux différents
niveaux 115
E. Plan d’actions prioritaires à très court terme 116

VII. CONCLUSIONS 118


BIBLIOGRAPHIE 129
ANNEXE 1 136
ANNEXE 2 139

-v-
PRÉAMBULE

Le Gouvernement algérien s’est engagé, dans le cadre du premier Rapport National


sur l’État et l’Avenir de l’Environnement (RNE 2000), à préparer une Stratégie Natio-
nale de l’Environnement et un Plan National d’actions pour l’environnement et le dé-
veloppement durable (PNAE-DD).

Une unité d’exécution du projet a été installée au sein du Ministère de l’Aménagement


du Territoire et de l’Environnement. Un Comité National de Suivi du projet, constitué
des représentants des départements ministériels, ayant à des degrés divers des respon-
sabilités environnementales, a également été mis en place. Un atelier de lancement du
PNAE-DD a été organisé avec la participation des départements ministériels,
d’agences et institutions environnementales, d’entreprises et bureaux d’études,
d’universités et centres de recherche ainsi que d’associations écologiques.

Une équipe de consultants algériens a préparé des documents de référence en matière


de pollution industrielle et urbaine, de pollution atmosphérique, de ressources hydri-
ques, de ressources naturelles, de gestion des zones côtières, de patrimoine archéolo-
gique et historique, de santé publique, et d’aspects institutionnels et juridiques.

Le Rapport National sur l’État et l’Avenir de l’Environnement expose les facteurs de


vulnérabilité d’ordre physique et institutionnel et dresse l’état de l’environnement. Il
définit les grandes lignes d’une stratégie nationale de l’environnement en cohérence
avec les priorités socio-économiques du pays, et propose un programme d’urgence. Le
RNE 2000 a été adopté par le Conseil des Ministres du 12 août 2001.

D’importants investissements environnementaux ont également été consentis par le


gouvernement dans le cadre du Plan Triennal de Relance Economique (2001-2004).

Le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement a également pré-


paré et diffusé un RNE – Grand public permettant aux acteurs socio-économiques et
aux citoyens de participer à un large débat organisé au niveau des communes, villes et
wilayas. Le débat, lancé officiellement le 12 mai 2001, est destiné à accroître la parti-
cipation de larges segments de la société pour une meilleure protection de
l’environnement et à développer l’éco-citoyenneté. D’importants séminaires interna-
tionaux ont également été organisés : « Gestion intégrée des déchets solides » (mars
2000), « Instruments économiques dans le domaine de l’environnement » (mai 2001),
« Environnement et pollution industrielle » (mai 2001). Le processus de consultations
ainsi conçu est destiné à être continué et renforcé au cours de la mise en œuvre des ac-
tions prioritaires et à la faveur de l’affinement de la stratégie décennale qui sous-tend
le PNAE-DD.

La version du PNAE-DD ici présentée est la version finale du programme d’action du


Gouvernement dans le domaine de l’environnement à court et moyen terme.

- vi -
ABREVIATIONS

AEP Approvisionnement en Eau Potable


AEPI Alimentation en Eau Potable et Industrielle
AGEP Agence Nationale de Gestion de l’Eau Potable
ALD Dinars algériens (notation internationale)
AME Accords Multilatéraux sur l’Environnement
ANAT Agence Nationale de l’Aménagement du Territoire
ANB Agence Nationale des Barrages
ANID Agence Nationale de l’Irrigation et du Drainage
ANN Agence Nationale (de conservation) de la Nature
ANRH Agence Nationale des Ressources Hydrauliques
APEP Association de Protection de l'Environnement d'Annaba
APRUE Agence pour la Promotion et la Rationalisation de l’Utilisation
de l’Énergie
ARCE Association de Recherche sur le Climat et l'Environnement
AREA-ED Association de Réflexion, d'Echange et d'Action pour
l'Environement et le Développement
BAD Banque Africaine de Développement
BEI Banque Européenne d’Investissement
BHC Bureaux d’Hygiène Communaux
BID Banque Islamique de Développement
BIRD Banque Internationale de Reconstruction et de Développement
BM Banque Mondiale
BV Bassin Versant
CAP Contrôle sur l’état d’Avancement du Projet
CCCC Convention Cadre sur les Changements Climatiques
CDD Coût des Dommages
CDR Coût de Remplacement ou de Remédiation
CFC Chlorofluorocarbones
CHU Centre Hospitalo-Universitaire
CNERU Centre National d’Etude et de Recherche Urbaines
CNSP Conseil National de Suivi du Plan
CNTS Centre National des Technologies Spatiales
CNUED Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Dévelop-
pement Durable
CO Monoxyde de Carbone
CO2 Dioxyde de Carbone
COV/VOC Composés Organiques Volatils / Volatile Organic Compounds
CPI Contrôle de la Pollution Industrielle
DALY Disability Adjusted Life Years /
Années d’incapacité du fait de la pollution de l’air ou de l’eau
DBO Demande Biologique en Oxygène
DCO Demande Chimique en Oxygène
DEM Deutsche Mark
DGE Direction Générale de l’Environnement
DGF Direction Générale des Forêts
DHW Directions de l’Hydraulique de Wilaya

- vii -
DRS Défense et Restauration des Sols
EAC Exploitations Agricoles Collectives
EAI Exploitations Agricoles Industrielles
EIE Etude d’Impact sur l’Environnement
ENACTA Entreprise Nationale du Contrôle Technique Automobile
ENAD Entreprise Nationale des Détergents
ENIEM Entreprise Nationale des Industries Electroménagères
ENIP Entreprise Nationale des Industries Pétrochimiques
EPA Eau Potable et Assainissement
EPEOR Entreprise de Production d’Eau d’Oran
EPIC Établissement Public à caractère Industriel et Commercial
ERE Éducation Relative à l’Environnement
FEDEP Fonds National pour l’Environnement et la Dépollution
FEM Fonds Mondial pour l’Environnement
FIDA Fonds International pour le Développement Agricole
FNRDA Fonds National de Régulation et de Développement Agricole
FNUAP Fonds des Nations Unies pour la Population
FNMVTC Fonds National de Mise en Valeur des Terres par Concession
GES Gaz à Effet de Serre
GIPEC Groupe Industriel du Papier et de la Cellulose
GNL Gaz Naturel Liquéfié
GPL Gaz Propane Liquide
GTZ Office Allemand pour la Coopération Technique /
Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GmbH)
ha hectare
hab. habitant
HCDS Haut Commissariat au Développement de la Steppe
HCEDD Haut Conseil à l’Environnement et au Développement Durable
HCT Haut Commissariat au Tourisme
IDH Indicateur de Développement Humain
IG Inspection Générale
INSP Institut National de la Santé Publique
IWE Inspections de Wilaya de l’Environnement
kWh kilowattheure
MATE Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement
MEDA Mediterranean Economic Development Area
MEDPOL Réseau de surveillance de la pollution marine en Méditerranée
mén. Ménage
METAP Programme Environnemental d’Assistance Technique pour la
Méditerranée
MO Matière Organique
MRE Ministère des Ressources en Eau
MTH Maladies à Transmission Hydrique
N Azote
NACE Nomenclature générale des Activités économiques des
Communautés Européennes
NO Monoxyde d’Azote
NOx Oxyde d’Azote
NTIC Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication

- viii -
ODS Ordre De Service
OGM Organismes Génétiquement Modifiés
OMC Organisation Mondiale du Commerce
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONG Organisation Non Gouvernementale
OPI Office des Périmètres Irrigués
PAM Plan d’Aménagement Côtier
PEC Programmes sectoriels en cours
PER Prestations Ecologiques Requises
PIB Produit Intérieur Brut
PME Petites et Moyennes Entreprises
PMH Petite et Moyenne Hydraulique
PMI Petites et Moyennes Industries
PNAE-DD Plan National d’Actions pour l’Environnement et le
Développement Durable
PNR Plan National de Reforestation
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PNUE Programme des Nations Unies pour l’Environnement
PO Plan d’Opération
POS Plan d’Occupation des Sols
q quintal
RAP Rapport sur l’état d’Avancement du Projet
RIDE Recueil d’Informations et de Données Environnementales
RNE Rapport National sur l’état et l’avenir de l’Environnement
S&E Système de Suivi et d’Évaluation
SAO Substances Appauvrissant la Couche d’Ozone
SAU Surface Agricole Utile
SHNAN Société d'Histoire Naturelle de l'Afrique du Nord
SIE Système d’Information Environnemental
SIG Systèmes d’Informations Géographiques
SNAL Schéma National d’Aménagement du Littoral
SNAT Schéma National d’Aménagement du Territoire
SNE Stratégie Nationale de l’Environnement
SO2 Dioxyde de soufre
SPP Schéma de Planification de Projet
STEP Station d’épuration des eaux usées
t tonne
UE Union Européenne
UF Unité Fourragère
UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UNESCO/BIE Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la
Culture / Bureau International de l’Éducation
USD Dollars des Etats-Unis (notation internationale)
VET Valeur Économique Totale
ZDD Zones de Développement Durable

- ix -
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

Tableaux

Tableau 1 (Résumé) Actions prioritaires

Tableau 2.1 Les dépenses de protection de l’environnement en pourcentage du PIB

Tableau 3.1 Superficies affectées par la désertification


Tableau 3.2 Maladies à transmission hydrique, 1992-1996 (‰)
Tableau 3.3 Nombre de cas liés à la morbidité respiratoire et mortalité

Tableau 4.1 Impact de la dégradation environnementale sur la santé et la qualité


de vie
Tableau 4.2 Impact de la dégradation environnementale sur le capital naturel
Tableau 4.3 Pertes économiques liées à la dégradation de l’environnement
Tableau 4.4 Vue d’ensemble des coûts des dommages
Tableau 4.5 Coûts de remplacement par catégorie économique
Tableau 4.6 Coûts de remplacement par secteur environnemental
Tableau 4.7 Classement par catégorie économique
Tableau 4.8 Classement par secteur environnemental
Tableau 6.1 Le principe du pollueur payeur est déjà en voie d’application
Tableau 6.2 Coopération Internationale
Tableau 6.3 Mise en place d’une gouvernance environnementale à plusieurs
niveaux

Tableau A2-1 Coûts des dommages


Tableau A2-2 Coûts de remplacement
Tableau A2-3 Réduction de DALYs suite à un meilleur accès à l’eau potable et à
l’assainissement

Figures

Figure 4.1 Coûts des dommages par secteur environnemental en % du PIB


Figure 4.2 Coûts des dommages par catégorie économique en % du PIB

Figure 6.1 Schéma cumulatif suggérant le financement des actions dans le temps

Figure A2-1 Coûts des dommages / Coûts de remplacement (CDD/CDR) par


catégorie économique
Figure A2-2 Coûts des dommages par secteurs environnementaux
(Bénéfices potentiels)
Figure A2-3 Coûts de remplacement par secteurs environnementaux
Figure A2-4 CDD/CDR par secteurs environnementaux
Figure A2-5 Coûts des dommages par secteurs environnementaux (détail)

-x-
RÉSUME

A. LES FAITS passé, notamment dans les domaines


de la rationalisation de l’utilisation des
1. L’Algérie se trouve dans une ressources naturelles; de l’aménage-
phase de « transition environnemen- ment du territoire; de l’efficacité et de
tale » concomitante à celle de sa la transparence des dépenses publi-
« transition économique ». Les enjeux ques; des systèmes d’incitations, de
et défis qui se présentent à l’Algérie, prix et des instruments économiques ;
de même que la nature et l’étendue des de la sensibilisation et de l’association
problèmes environnementaux rencon- des populations et des usagers aux
trés montrent clairement que la dégra- processus décisionnels; de la participa-
dation écologique du pays, notamment tion du secteur privé; de la capacité des
en ce qui concerne le capital naturel institutions environnementales et de la
(dont une partie n’est pas renouvela- capacité de coordination intersecto-
ble), a atteint un niveau de gravité qui rielle; et de la qualité de la gouver-
risque non seulement de compromettre nance des institutions publiques.
une bonne partie des acquis économi-
ques et sociaux des trois dernières dé- 3. Par conséquent, les solutions à
cennies, mais également de limiter les apporter à ces problèmes doivent né-
possibilités de gains de bien-être des cessairement avoir un ancrage dans les
générations futures. réformes économiques et institution-
nelles en cours du pays. La libéralisa-
2. L’analyse et le processus de tion de l’économie, entamée depuis le
préparation du PNAE-DD ont égale- milieu des années 80, a visé à déman-
ment montré que l’ampleur des pro- teler le système rigide d’économie ad-
blèmes écologiques était étroitement ministrée: les réformes importantes ont
liée au processus de développement visé la fiscalité et les prix, la libéralisa-
économique et social du pays. Malgré tion des échanges internationaux, la
des richesses naturelles appréciables et parité du dinar, la suppression des sub-
des investissements massifs dans le ventions ainsi que des mesures visant à
développement du capital physique et attirer l’investissement étranger.
humain, il est évident aujourd’hui que
les causes principales de la crise éco- 4. A elles seules, toutes ces me-
logique sévère que vit l’Algérie sont sures, menées à bien, produiront des
fondamentalement d’ordre institution- effets écologiques positifs considéra-
nel et sont étroitement liées à la ca- bles; elles doivent être jugées dans leur
rence des politiques et programmes du

- xi -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

ensemble comme le premier pan de la 7. La mise en œuvre durant près


stratégie nationale de l’environnement. de trois décennies de l’option de déve-
Cependant, l’approfondissement et le loppement fondée sur la planification
caractère durable de ces effets nécessi- centralisée de même que
tent, en plus, que la stratégie de l’intensification de l’exploitation des
l’environnement définisse des objectifs ressources naturelles ont certes permis
de qualité ainsi que le type et la nature d’améliorer la qualité de vie des ci-
des interventions environnementales à toyens, mais au prix de déséquilibres
mettre en œuvre en tant qu’élément écologiques importants qui menacent
fondamental de la stratégie et des plans le développement futur du pays.
d’actions nationaux pour le dévelop-
pement économique et social. 8. Le recensement des problèmes
fait apparaître:
5. L’Algérie a décidé d’investir · des ressources en eau limitées
dans le développement durable. Ceci et de faible qualité: la situation
constitue le principe fondamental de la s'explique par une politique
stratégie de l’environnement et du reposant exclusivement sur
PNAE-DD et signifie que l’Algérie l’offre; une gestion de la de-
entend donner une place prépondérante mande non favorisée par une
aux aspects sociaux et écologiques tarification adaptée; une ges-
dans ses choix de modèles de société et tion irrationnelle des infras-
de développement économique, et tructures engendrant d’impor-
rompre par conséquent de manière tantes déperditions de res-
irréversible avec les politiques et mé- sources (taux de fuite de
thodes des trois dernières décennies. l’ordre de 50 %); le rejet de
quantités abondantes d’eaux
usées non traitées. Le pro-
B. LES ANALYSES blème de l’allocation des res-
sources (disponibilité estimée
6. Pour donner un contenu tan- à 383 m3/hab./an), aggravé par
gible et opérationaliser le principe du celui de leur qualité (taux
développement durable, l’analyse dé- d’épuration quasiment nul et
taillée des problèmes écologiques absence de régulation crédi-
entreprise dans le cadre de la prépa- ble), laisse envisager une
ration du PNAE-DD (nature, étendue, grave crise de l’eau;
coûts socio-économiques et analyse
des priorités) a permis de mettre en · des ressources en sols et en
évidence quatre objectifs stratégiques couvert végétal en dégradation
de qualité, en étroite liaison avec le constante: les pratiques cultu-
programme de réformes économiques rales, les facteurs naturels
en cours: l’amélioration de la santé et (érosion hydrique et éolienne,
de la qualité de vie; la conservation et sécheresse récurrente) n’expli-
l’amélioration de la productivité du quent qu’en partie la perte
capital naturel; la réduction des pertes substantielle de terres produc-
économiques et l’amélioration de la tives et l’extension de la déser-
compétitivité; enfin, la protection de tification; une politique agri-
l’environnement régional et global. cole inadaptée et déconnectée
de la politique rurale,
l’absence de droits de proprié-
té et/ou d’usage clairs,

- xii -
RÉSUME

· l’incohérence de la politique et autres poussières dans cer-


foncière, et un développement taines activités industrielles en
urbain et industriel sans sont les principales causes. Si
« garde-fous » n’ont pas favo- la collecte des déchets urbains
risé l’investissement visant à est plus ou moins bien réali-
la conservation des ressources sée, l’absence de décharges
naturelles. En conséquence, contrôlées et l’insuffisance des
l’érosion affecte ou menace aires affectées au dépôt des
douze (12) millions d’hectares déchets sont à l’origine de
dans les zones montagneuses, nombreuses nuisances. Les
la forêt a reculé d’un (01) mil- déchets industriels dangereux
lion d’hectares entre 1955 et ne sont pas encore soumis à
1997 et huit (08) millions traitement et restent stockés de
d’hectares de steppes sont dé- manière rudimentaire;
sertifiés ou sensibles à la dé- · un cadre institutionnel et juri-
sertification; plus graves en- dique déficient: les problèmes
core, mais mal cernées, les environnementaux sont aggra-
conséquences néfastes sur les vés par des mécanismes ré-
fonctions et services écologi- glementaires fragmentés et peu
ques liées à ces déperditions appliqués et de faibles moyens
sont difficiles à estimer. d’exercice de la puissance pu-
· une frange côtière en dégrada- blique. Bien que le pays ait fait
tion: l’explosion démographi- des progrès en créant un Mi-
que (triplement de la popula- nistère de l’Aménagement du
tion depuis 1962), une urbani- Territoire et de l’Environne-
sation accélérée (31 % de la ment et en préparant et pro-
population en 1966; près de mulguant des textes législatifs
60 % en l’an 2000), une politi- et réglementaires, les institu-
que de développement qui a tions environnementales res-
privilégié les sites faciles à tent sous-encadrées et sous-
aménager dans la zone littorale financées et ne disposent pas
sans considérations environ- encore de la crédibilité et du
nementales ont conduit à la pouvoir nécessaires à
dégradation de la frange cô- l’exécution convenable de
tière, d’un patrimoine naturel leurs missions. Les moyens de
côtier unique et de surveillance et de suivi de la
l’écosystème marin; qualité des écosystèmes restent
très limités. Les liens intersec-
· des pollutions industrielles et toriels entre départements mi-
urbaines en progression sont à nistériels et institutions envi-
l’origine de sérieux problèmes ronnementales sont lâches. Le
de santé publique; les eaux rôle de la société civile est
usées domestiques, les sec- marginal.
teurs du transport, de
l’industrie et de l’énergie à 9. Ces problèmes environnemen-
travers l’utilisation notamment taux ont des impacts négatifs non seu-
de l’essence plombée et du lement sur l’activité et l’efficacité éco-
diesel, et les émissions de par- nomique, mais également sur la santé
ticules et de dioxyde de soufre et la qualité de vie de la population, et

- xiii -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

sur la résilience et la durabilité du 11. En comparant les coûts des


capital naturel du pays. Une analyse dommages et les coûts de remplace-
des impacts socio-économiques liés à ment, sous forme de ratios indiquant
la dégradation de l’environnement a l’efficacité relative de différentes me-
été effectuée dans le cadre de la sures2, il a été possible de guider la
préparation du PNAE-DD. Ce genre préparation de la stratégie environne-
d’analyse économique, entrepris pour mentale et des actions prioritaires.
la première fois en Algérie, a déjà Ainsi résulte le classement suivant par
permis aux autorités ordre d’efficacité décroissante: gestion
environnementales de focaliser inefficace de l’énergie et des matières
l’attention du gouvernement et des premières, pollution de l’air et de
autorités financières sur les coûts l’eau, dégradation des sols, des forêts
sociaux et l’impact budgétaire résul- et de la biodiversité, déchets, et enfin
tant de « négligences environnementa- dégradation du littoral et du patrimoine
les ». Vu les difficultés liées à archéologique. Il est très important de
l’estimation de certains impacts, ainsi noter que ce classement, reposant sur
que le manque de données fiables et une notion de rentabilité économique,
systématiques, il est important de noter ne représente qu’un des critères utilisés
que les résultats de l’analyse consti- pour déterminer les priorités
tuent un point d’ancrage nouveau et d’intervention du PNAE-DD. Des cri-
doivent être considérés comme des or- tères d’ordre politique et social ont
dres de grandeur, appelés à être affi- également été appliqués.
nés et complétés dans le futur.
10. L’analyse a permis d’estimer
d’une part le coût « social » des dom- C. LES OBJECTIFS ET
mages liés à la dégradation de ACTIONS PRIORITAIRES
l’environnement, et d’autre part le coût
de « remplacement » destiné à atténuer 12. Les leçons tirées des analyses
ce coût social. Le coût des dommages démontrent clairement que l’étendue et
donne une idée des avantages « per- la gravité des problèmes environne-
dus » suite à un manque d’actions en- mentaux en Algérie affectent:
vironnementales. Ce coût ainsi évalué · la santé et la qualité de vie de
est de l’ordre de 5 % à 7 % du PIB al- la population,
gérien1 (lié, par ordre de sévérité, à la
dégradation des ressources naturelles, · la productivité et la durabilité
la gestion inefficace de l’énergie et des du capital naturel,
matières premières, la dégradation du · l’efficacité de l’utilisation des
littoral et du patrimoine archéologique, ressources et la compétitivité
et la gestion des déchets domestiques de l’économie en général et
et industriels). Les coûts de remplace- · l’environnement global.
ment, de leur côté, fournissent une es-
timation des investissements nécessai- 13. Par conséquent, ces quatre ca-
res pour restaurer (ou maintenir) un tégories servent d’objectifs stratégi-
environnent d’une qualité acceptable ques de qualité aux actions préconi-
pour la société. Ainsi évalués, les coûts sées.
de remplacement ont été estimés à
2,5% à 3% du PIB algérien (hors coûts
liés à l’environnement global).
2 Ce ratio mesure les coûts sociaux enrayés (ou béné-
1 1998 ayant été utilisée comme année de référence. fices escomptés) par unité d’investissements.

- xiv -
RÉSUME

14. Les objectifs nationaux de la - promouvoir une agri-


stratégie environnementale sont donc culture durable à travers
les suivants (résultats attendus à une production agricole à
moyen et long termes): haute valeur ajoutée, le
· Améliorer la Santé et la Quali- développement du com-
té de vie du citoyen merce et l’amélioration du
- améliorer l’accès des ci- taux de couverture des im-
toyens aux services d’ali- portations par les exporta-
mentation en eau potable tions;
en mettant l’accent sur la - développer une politique
gestion intégrée de la res- rurale afin d’augmenter le
source (gestion de l’offre, nombre d’emplois, les ex-
de la demande et de la portations et garantir la
conservation de la res- conservation des ressour-
source), l’intégration de ces,
technologies qui augmen- - adopter des technologies
tent l’efficacité de son uti- de production adaptées,
lisation; gérer de manière ration-
- améliorer le service public nelle les eaux d’irrigation,
de l’assainissement, gérer développer des directives
rationnellement les sta- opérationnelles pour la ré-
tions d’épuration, déve- utilisation des eaux épu-
lopper les services d’assai- rées dans le domaine agri-
nissement en milieu rural; cole;
- améliorer la qualité de l’air - contrôler la pollution d’o-
dans les grandes villes rigine agrochimique,
(élimination de l’essence - améliorer les systèmes de
plombée, promotion du gestion des sols afin de
GPL-carburant, améliora- diminuer l’empiétement;
tion de la qualité du diesel) - augmenter la couverture
et aux abords des zones forestière et le nombre de
industrielles; zones protégées;
- combattre la pollution aux - enrayer la désertification
points chauds industriels par l’introduction d’un
en introduisant les contrats système adapté de gestion
de performance environ- des parcours, protéger les
nementale; espaces oasiens en régle-
- diminuer la production de mentant les pompages et
déchets et introduire leur en réhabilitant les sys-
gestion intégrée; tèmes d’irrigation tradi-
- développer la gestion envi- tionnels;
ronnementale des villes, - protéger les écosystèmes
développer les espaces fragiles avec une attention
verts, protéger le patri- particulière pour la biodi-
moine culturel. versité;
· Conserver le Capital naturel et - développer une stratégie de
améliorer sa productivité gestion du littoral et intro-
duire des programmes

- xv -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

- coordonnés de prévention tamment dans le secteur


de manière à combattre la de l’énergie;
dégradation des zones cô- - éliminer l’utilisation des
tières. substances appauvrissant
· Réduire les Pertes économi- la couche d’ozone.
ques et améliorer la compétiti-
vité 15. La réalisation de ces objectifs
- rationaliser l’utilisation des nationaux repose sur la mise en œuvre
ressources en eau, l’usage de mesures institutionnelles et d’ac-
des ressources énergéti- compagnement ainsi que sur des in-
ques et l’utilisation des vestissements prioritaires.
matières premières dans · Les mesures institutionnelles
l’industrie; sont particulièrement impor-
- augmenter le recyclage des tantes et recouvrent divers as-
déchets (matières se- pects:
condes) et la récupération - élaboration et mise en œu-
des matières premières; vre de lois (déchets, litto-
- améliorer la gestion envi- ral), adaptation d’autres
ronnementale, la maîtrise lois (environnement, urba-
des coûts de production, nisme), application de lois
l’image de marque et la existantes (maîtrise de
valeur marchande des en- l’énergie, eaux), clarifica-
treprises; tion des droits de propriété
- améliorer l’efficacité de et/ou d’usage des ressour-
l’activité portuaire; ces naturelles;
- transformer (éventuelle- - renforcement des capacités
ment fermer) les entrepri- du MATE, des départe-
ses publiques les plus pol- ments ministériels secto-
luantes et les moins via- riels, des agences environ-
bles financièrement. nementales, des villes, des
communes, des entreprises
· Protéger l’Environnement glo- et autres agents socio-
bal économiques pour plani-
- augmenter la couverture fier et gérer des program-
forestière, sa densité et sa mes d’actions environne-
biodiversité; mentales;
- augmenter le nombre - dans ce cadre, mise en
d’aires protégées, les zo- place d’un programme de
nes humides et les zones formation aux matières de
de développement durable l’environnement;
(aménagement intégré - renforcement du réseau de
agro-sylvo-pastoral); surveillance et de suivi de
- protéger les oasis contre la qualité des écosystèmes
les rejets domestiques et la (air, eaux, sols) ainsi que
salinisation; des capacités de contrôle
- réduire les émissions de et d’exercice de la puis-
gaz à effet de serre, no- sance publique ;

- xvi -
RÉSUME

- adaptation des tarifs exis- actions nécessaires dans différents


tants (eau, déchets, etc.) et domaines. Au total, le coût estimé des
mise en place d’instru- actions de court et moyen terme
ments économiques de s’élève à quelque 970 millions USD
gestion de l’environne- sur trois ans (environ 320 millions
ment (fiscalité environne- USD par an). Ce montant comprend 50
mentale, institutions finan- millions USD pour des activités de na-
cières à l’instar du Fonds ture institutionnelle et 920 millions
de l’Environnement et de USD d’investissements. Il correspond
la Dépollution – FEDEP). à un investissement annuel de 0,69%
· Les mesures d’accompagne- du PIB de 1998 compte non tenu de
ment comprennent des campa- certaines actions et dépenses institu-
gnes de sensibilisation et tionnelles en cours, et permettra de ré-
d’éducation (effets des pollu- duire une partie des coûts de dégrada-
tions sur la santé, hygiène, tion de l’environnement qui sont de 5 à
etc.); la formulation d’un cadre 7% du PIB actuellement.
participatif pour associer les
populations locales, les rive- 17. Le plan d’actions prioritai-
rains et autres partenaires à la res à très court terme. Parmi les me-
gestion intégrée des ressources sures nécessaires à la mise en œuvre
en eau et autres ressources na- du plan d’actions à court et moyen
turelles; le renforcement du terme, les premières actions à engager
rôle des ONG et de la partici- ont une valeur test; elles tiennent
pation des femmes; la diffu- compte de la capacité d’absorption des
sion de l’information; l’insti- institutions du pays en général et de
tutionnalisation d’un méca- celles liées à l’environnement en parti-
nisme permanent de coordi- culier, et sont de nature à asseoir la
nation intersectorielle chargé crédibilité de l’ensemble du PNAE-
d'assurer la mise en œuvre ain- DD. Bien ciblées, ces actions permet-
si que le suivi et l'évaluation tent d’introduire des méthodologies et
régulière du PNAE-DD. outils de protection nouveaux et effi-
caces pour lesquels l’environnement
· Des investissements ciblés re- institutionnel est propice, et de déclen-
laient ces mesures, tant à long cher une dynamique nouvelle. Elles
terme (10 ans) qu’à court et ont trait à:
moyen terme (3-5 ans).
· des actions d’amélioration de
16. Le plan d’actions prioritaires la gouvernance environne-
(dont une synthèse est fournie au Ta- mentale (généralisation de la
bleau 1 en fin de ce résumé) doit con- formation, mise en place de
tribuer à court et moyen terme aux programmes de sensibilisation,
précédents objectifs stratégiques par la mise en œuvre des dispositions
mise en œuvre de mesures en appui du relatives à l’environnement
programme gouvernemental de soutien stipulées dans la Loi de finan-
à la relance économique, mesures pour ces 2002, mise en place du
lesquelles les conditions institutionnel- Fonds National de l’En-
les aptes à en garantir la crédibilité et vironnement et de la Dépollu-
le succès sont bien avancées. Aux ac- tion (FEDEP);
tions financées par ledit plan triennal
de relance viennent s’ajouter d’autres

- xvii -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

· des actions pilotes d'accompa- contexte un rôle déterminant.


gnement de haute valeur dé-
monstrative dans les domaines 19. La mise en œuvre du PNAE-
suivants: gestion intégrée des DD nécessite également un renforce-
déchets urbains, promotion de ment de la gouvernance environne-
l’utilisation de l’essence sans mentale aux différents niveaux d’o-
plomb, amélioration de l’accès rientation, de décision et d’exécution
des citoyens à l’eau potable, de la politique environnementale
amélioration du service public (HCEDD, départements ministériels,
de l’assainissement, dépollu- agences environnementales, wilayate,
tion des plages et revitalisation communes, structures décentralisées,
des espaces ruraux. Ces ac- entreprises, etc.) par des programmes
tions combineront des pro- de formation et d’amélioration des ca-
grammes de formation, la mise pacités institutionnelles. L’association
en œuvre d’instruments éco- du secteur privé pour promouvoir son
nomiques et financiers et rôle de prestataire de services environ-
l’association du plus grand nementaux, la participation locale et
nombre de partenaires. Avec notamment celle des communautés po-
l’appui de partenaires étran- tentiellement bénéficiaires d’une
gers et de la coopération inter- bonne gestion de l’environnement
nationale, elles sont sus- (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, etc.),
ceptibles d'assurer au PNAE- le renforcement du rôle de la société
DD un démarrage favorable. civile et des ONG par des actions
d’information, de sensibilisation et
18. Financement du programme leur participation à la maturation des
d’actions prioritaires. Le finance- projets locaux, tout cela revêt une im-
ment du PNAE-DD exigera, d’une portance particulière pour mobiliser le
part, de rationaliser les dépenses pu- partenariat le plus large possible et as-
bliques environnementales afin de les surer une exécution optimale du plan
rendre plus efficaces et, d’autre part, d’actions.
de mieux appliquer les instruments ré-
glementaires, d’avoir recours aux ins- 20. L’organisation de la coordina-
truments économiques et de dévelop- tion, du suivi et de l’évaluation est es-
per la fiscalité environnementale de sentielle tant pour la mise en œuvre du
manière à rapprocher les dépenses de PNAE-DD que pour l'évaluation des
ceux qui en sont à l’origine et alléger niveaux de réalisation et de perfor-
ainsi la pression sur le budget de mance aux différentes échéances. Le
l’État. La mise en œuvre rapide des rôle du Comité Interministériel, ins-
dispositions de la Loi de finances pour tance de pilotage pour assurer ces dif-
l’année 2002, dont certaines sont très férentes missions, et celui de l’Unité
favorables à l’environnement (revalo- d’Exécution du Projet (UEP), entité
risation de la taxe d’enlèvement des permanente au sein du Ministère de
ordures ménagères et de la taxe sur les l’Aménagement du Territoire et de
activités polluantes, institution d’une l’Environnement chargée d'organiser
taxe additive sur la pollution atmos- et de suivre sur le terrain la réalisation
phérique, de taxes incitatives au dés- des projets spécifiques, sont d’une im-
tockage des déchets dangereux et hos- portance capitale.
pitaliers, etc.), jouera dans ce

- xviii -
RÉSUME

Tableau 1: Actions prioritaires à court et moyen terme


OBJECTIFS MESURES INSTITUTIONNELLES ET
INVESTISSEMENTS
STRATÉGIQUES D’ACCOMPAGNEMENT
A. Santé et qualité de vie
- Améliorer - Poursuivre le programme relatif à la réhabilitation des ré- - Réhabilitation des
l’accès des ci- seaux AEP réseaux de distribu-
toyens à l’eau - Définir et mettre en application le système tarifaire tion d’eau potable
potable - Introduire un régime concessionnaire (expérience pilote) dans 10 villes (64
- Achever l’étude relative au plan national de l’eau (0,2 mil- millions USD)*
lion USD) - Expérience pilote de
- Effectuer une étude d’évaluation des ressources en eau gestion rationnelle
dans les Hauts Plateaux (0.2 million USD) des ressources en eau
- Renforcer les capacités de gestion dans le domaine de (système de comp-
l’AEP (Agences de bassin, Algérienne des Eaux, commu- tage, tarification,
nes) (2 millions USD) économie,…) à El
- Apporter un appui à la mise en place des agences de bas- Oued (5 millions
sin (1 million USD) USD).
- Améliorer le - Poursuivre le programme relatif à la réhabilitation des sta- - Réalisation de sta-
service public tions d’épuration défectueuses tions de lagunage (78
de l’assainisse- - Introduire un régime concessionnaire (expérience pilote de millions USD)*
ment gestion de stations) - Réalisation de sta-
- Renforcer les capacités de gestion dans le domaine de tions d’épuration
l’assainissement (Organisme National de pour protéger l’Oued
l’Assainissement, Communes) (2 millions USD) Cheliff (82 millions
USD)
- Gérer rationnel- - Mettre en œuvre la Loi relative à la gestion des déchets - Éradication des dé-
lement les dé- - Renforcer l’Agence Nationale des Déchets (1 million charges sauvages et
chets solides USD) introduction de la
ménagers et les - Mettre en œuvre les conclusions de l’étude nationale stra- pratique de la dé-
déchets spé- tégique de gestion des déchets urbains (1.25 millions charge contrôlée
ciaux USD)* dans 21 villes (70,5
- Mettre en œuvre les Plans Communaux de gestion des dé- millions USD)*
chets urbains. - Appui à
- Mettre en œuvre un système efficace de recouvrement des l’introduction de dé-
coûts charges contrôlées
- Introduire un régime concessionnaire (expérience pilote) dans 19 villes et ag-
- Poursuivre le programme arrêté pour la ville d’Alger glomérations du Sud
- Généraliser le programme de formation à l’intention des algérien (7 millions
communes et autres acteurs (0,5 million USD) USD)**
- Elaborer le Plan National de gestion des déchets spéciaux - Opérations pilotes de
(projet CPI) collecte et de recy-
- Élaborer une étude relative à la réutilisation des déchets clage de déchets
huileux et autres déchets en cimenteries (0,25 million d’emballage (2 mil-
USD) lions USD)
- Élaborer une étude relative à la gestion des déchets liés - Réalisation d’un cen-
aux activités de soins et renforcement des capacités à cet tre d’enfouissement
effet (0,4 million USD) technique des dé-
chets spéciaux (10,5
millions USD)

- xix -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

OBJECTIFS MESURES INSTITUTIONNELLES ET


INVESTISSEMENTS
STRATÉGIQUES D’ACCOMPAGNEMENT
A. Santé et qualité de vie
- Collecte des huiles
usagées (12 millions
USD)
- Conditionnement des
boues de raffinerie
(2,5 millions USD)
- Expérience pilote de
gestion de déchets
liés aux activités de
soins de santé (1 mil-
lion USD)
- Combattre la - Promulguer la Loi relative à la protection de - Elimination des pol-
pollution indus- l’environnement lutions aux points
trielle - Finaliser les décrets relatifs aux EIE, aux procédures chauds :
d’autocontrôle et d’auto-surveillance, aux normes de qua-
lité des différents milieux récepteurs a) élimination de la
pollution par le SO2
- Mettre en œuvre les contrats de performance environne- à l’unité
mentale et les tester dans le cadre du projet CPI d’électrolyse de zinc
- Élaborer des outils de gestion environnementale adaptés à de Ghazaouet (24
la petite et moyenne entreprise (0,3 million USD) millions USD)
- Mettre en place le Fonds de l’Environnement et de Dépol- b) traitement des pol-
lution (FEDEP) lutions engendrées
- Renforcer la formation dans les entreprises et les PME à la par les unités du
gestion environnementale (0,5 million USD) Groupe Industriel du
- Mettre en place un Centre National des Technologies pro- Papier et de la Cellu-
pres de l’Environnement (6,5 millions USD) lose (3 millions
USD).
c) Maizerie de
Maghnia (2 millions
USD).
d) Dépollution
d’unités polluantes
du bassin Hamiz-El
Harrach (15 millions
USD).
e) Dépollution
d’unités polluantes
dans l’agglomération
d’Alger (15 millions
USD).
- Améliorer la - Mettre en œuvre les mesures de promotion fiscale des car- - Généralisation de
qualité de l’air burants les moins polluants l’utilisation de
urbain - Élaborer une étude relative aux économies d’énergie dans l’essence sans plomb
le secteur industriel (0,5 million USD) (95-155 millions
- Renforcer le réseau de surveillance épidémiologique (1,2 USD) selon les op-
millions USD) tions
- Renforcer les capacités de contrôle technique des véhicu- - Promotion de
les (0,25 million USD). l’utilisation du GPL-
carburant (47 mil-
lions USD)

- xx -
RÉSUME

OBJECTIFS MESURES INSTITUTIONNELLES ET


INVESTISSEMENTS
STRATÉGIQUES D’ACCOMPAGNEMENT
A. Santé et qualité de vie
- Expérience pilote de
promotion du gaz na-
turel carburant (2
millions USD).
- Renforcer la - Mettre en place le Conservatoire National des Métiers de
gouvernance l’Environnement (2 millions USD)
environnemen- - Mettre en place l’Observatoire National de
tale l’Environnement et du Développement Durable (5 mil-
lions USD)
- Mettre en place le Système d’Information Environnemen-
tale (2,5 millions USD)
- Réaliser un programme de sensibilisation environnemen-
tale (2 millions USD)
- Elaborer et mettre en œuvre la Charte Environnementale
Communale.

- Autres Actions: - Adopter un cadre réglementaire relatif à la gestion des es- - Réalisation de parc
a/ Développer des paces verts verts urbains (6 mil-
espaces verts - Mettre en place une Ecole de paysagistes (0.5 million lions USD).
USD) - Opérations pilotes de
- Vulgariser la notion d’espaces verts auprès des bureaux verdissement (2 mil-
d’études (0,2 million USD) lions USD).

b/ Améliorer la ges- - Mettre en place une Ecole des Métiers du Patrimoine - Restauration des si-
tion du patrimoine Culturel (2 millions USD) tes et monuments
culturel historiques de la Val-
lée du M’zab (2,5
millions USD)*
- Protection et mise en
valeur de l’ensemble
Timgad, Vallée de
l’Oued El-Abiod,
Gorges du Ghoufi (5
millions USD)
- Réhabilitation et res-
tauration de la Cas-
bah d’Alger (5 mil-
lions USD).
- Protection des vesti-
ges archéologiques
de Tipaza (2.5 mil-
lions USD).

- xxi -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

OBJECTIFS MESURES INSTITUTIONNELLES ET


INVESTISSEMENTS
STRATÉGIQUES D’ACCOMPAGNEMENT
B. Conservation et Amélioration de la Productivité du Capital Naturel
- Améliorer la - Élaborer des scénarii (variantes) à même de solutionner - Traitement anti-
gestion des sols les problèmes fonciers érosif dans sept sous-
et lutter contre - Poursuivre la politique d’ouverture du domaine de l’État à bassins versants (73
la désertifica- la concession (programmes d’arboriculture fruitière) millions USD)*
tion - Réviser le code pastoral - Traitement anti-
- Réserver le régime concessionnaire (arboriculture, cultu- érosif du Bassin
res fourragères et céréalières) uniquement aux zones favo- Oued Melah-Zahrez
rables en sols et eau dans la steppe (3 millions USD).
- Elaborer un Schéma Directeur de Conservation, de Dé- - Extension du pro-
fense, de Restauration des Sols et de Lutte contre la Déser- gramme « emploi ru-
tification (0.4 millions USD). ral » aux wilayas de
- Élaborer une étude relative aux relations entre la producti- Relizane et Mosta-
vité des ressources naturelles, l’exode rural et la pauvreté ganem (11,5 millions
(0,5 million USD) USD)*
- Poursuivre le programme en cours relatif à l’emploi rural - Programme
d’aménagement in-
tégré de la steppe
dans les zones les
plus dégradées (32
millions USD)*
- Gérer rationnel- - Définir et mettre en œuvre le système tarifaire
lement les eaux - Réaliser un programme de formation et de sensibilisation
d’irrigation à l’intention des personnels techniques et de gestion de
l’ANID (Agence chargée de l’irrigation) et des OPI (Offi-
ces des Périmètres Irrigués) et des agriculteurs privés (1,5
millions USD).
- Reconstituer et - Examiner l’extension du régime concessionnaire au do- - Programme de re-
étendre le pa- maine forestier (arboriculture, élevage) constitution et
trimoine fores- - Introduire la télédétection pour la surveillance des écosys- d’extension du pa-
tier tèmes (0,3 million USD). trimoine forestier
(notamment la sube-
raie et la cédraie) (12
millions USD)
- Conserver la - Mettre en place un Centre de Développement des Res- - Création et aména-
biodiversité sources Biologiques (6 millions USD) gement de trois zo-
- Élaborer une étude sur les ressources de la biodiversité nes de développe-
(oasis, zones de montagne) (0,5 million USD) ment durable dans
- Développer les capacités institutionnelles en biosécurité les Régions Est,
(0,5 million USD) Ouest et Centre du
- Élaborer un plan de gestion de la zone humide de la Macta pays (15 millions
(3,8 millions USD) USD)*
- Protéger les - Réaliser un diagnostic de la situation des foggaras (sys- - Lutte contre le phé-
écosystèmes tème d’irrigation traditionnel dans les oasis) (1 million nomène de remontée
oasiens USD). des eaux: cas de la
Vallée de M’Zab
(protection contre les
crues et assainisse-
ment des eaux usées)
(13 millions USD)*

- xxii -
RÉSUME

OBJECTIFS MESURES INSTITUTIONNELLES ET


INVESTISSEMENTS
STRATÉGIQUES D’ACCOMPAGNEMENT
B. Conservation et Amélioration de la Productivité du Capital Naturel
- Préservation et res-
tauration de la Vallée
du Gourara (Ksours,
foggaras) (5 millions
USD)
- Protéger le littoral - Promulguer une Loi relative au littoral - Programme de
- Mettre en place le Conservatoire National du Littoral (1 conservation du litto-
million USD) ral dans des zones si-
- Elaborer un cadastre de l’occupation du littoral (0,4 mil- tuées dans les ré-
lions USD) gions Est, Ouest et
- Renforcer le Centre Opérationnel du Comité National Tel Centre du pays (24
Bahr de prévention et de lutte contre les pollutions mari- millions USD)*
nes accidentelles (0,4 millions USD). - Dépollution des pla-
- Réactiver le projet MEDPOL (réseau de surveillance de la ges : espaces côtiers
pollution marine en Méditerranée) (0,6 million USD) de Tizi-Ouzou, Bé-
- Élaborer une étude de réactualisation du SNAT (0,4 mil- jaïa et Tipaza (9 mil-
lion USD) lions USD)
- Elaborer une étude d’identification des sites et gîtes de gi-
sements de matériaux de substitution au sable des plages
et d’oueds (0,6 million USD)
- Soumettre les zones d’expansion touristique aux Études
d’Impact sur l’Environnement (0,6 million USD)
- Élaborer une étude sur les potentialités aquacoles (0,8 mil-
lion USD), corallifères et autres substances d’intérêt
commercial (0,8 million USD)

C. Compétitivité et Efficacité Economique


Voir sections A et B - Etudier les implications de l’adhésion de l’Algérie à - Dragage des ports
l’OMC et à la zone de libre-échange euro-méditerranéenne (51 millions USD)
(0,2 million USD)

D. Environnement Global
- Biodiversité - Voir section B - Réalisation d’une
- Changements - Voir sections A et B partie du programme
climatiques - Réaliser un programme d’éducation et de sensibilisation Torchères (100 mil-
pour promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables lions USD)
- Couche (0,3 million USD) - Elimination des Subs-
d’ozone tances Appauvrissant
la couche d’Ozone
(SAO) (10 millions
USD)
(*) Partie du financement prévue dans le plan triennal de relance économique.
(**) Partie du financement prévue dans le Fonds Spécial pour le Développement
des Régions du Sud.
TOTAUX
Total général Études & Renforcement institutionnel: 52,85 millions USD
Total général Investissements: 919 millions USD

Total Général : 971,85 millions USD

- xxiii -
I. Introduction

A. OBJECTIFS turelles et financières –, que s'inscrit le


présent Plan National d’Actions pour
1.01 Trente années après avoir pris l’Environnement et le Développement
en main l’exploitation et la gestion di- Durable (PNAE-DD) dont l’objectif
recte de ses ressources minières et pé- principal est de proposer une Stratégie
trolières, vingt ans après l’élaboration Nationale de l’Environnement et du
de la loi-cadre pour l’environnement Développement Durable prolongée
de 1983, et dix ans après la Conférence d’un choix d’actions prioritaires face
des Nations Unies sur l’Environne- aux enjeux et défis environnementaux
ment et le Développement (CNUED) majeurs de l’Algérie – identifiés dans
de Rio de Janeiro au Brésil, l’Algérie le premier Rapport National sur l’État
continue de faire face à des défis im- et l’Avenir de l’Environnement (RNE
portants. A un système de gestion de 2000) –, enjeux et défis qui font partie
l’économie fortement centralisé et ne intégrante du programme du gouver-
privilégiant pas les critères d’efficacité nement pour la relance économique et
économique sont venus s'ajouter les ef- sociale à court et moyen terme.
fets d’une croissance démographique
et d’une urbanisation accélérées, de 1.03 Il est par ailleurs important de
l’intensification de l’exploitation des noter que ce premier PNAE-DD algé-
ressources naturelles et de rien intègre les leçons des expériences
l’agriculture, d’une industrialisation faites par d’autres pays dans trois do-
lourde, rapide et insuffisamment maî- maines particulièrement significatifs.
trisée, pour déboucher sur une crise D’abord, la stratégie préconisée et le
économique, sociale et environnemen- plan d’actions prioritaires – malgré les
tale sans précédent. limites tenant tant à la disponibilité et à
la qualité de l’information qu’aux mé-
1.02 C’est dans le cadre de réfor- thodes d’évaluations – sont sous-
mes fondamentales visant à sortir le tendus par une analyse économique ri-
pays de cet état de crise généralisé et à goureuse et l’utilisation de critères
l’engager résolument dans la voie du d’efficacité pour guider le choix des
développement durable – en privilé- priorités.
giant notamment l’ouverture vers
l’économie de marché et la rationalisa-
tion de l’utilisation des ressources na-

- 24 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

Ensuite, l’accent est mis sur l’ap- domaines à traiter de manière priori-
profondissement des réformes de ma- taire.
nière à privilégier le renforcement des
capacités institutionnelles et le recours 1.06 L’étendue et la nature des
aux instruments économiques et fis- impacts environnementaux sont ana-
caux par rapport à des investissements lysées par secteur environnemental et
à caractère curatif. Enfin, le processus par catégorie économique. Le coût
de développement du PNAE-DD « social » lié aux dommages environ-
s’appuie sur des consultations appro- nementaux est évalué de manière éco-
fondies de tous les secteurs et de toutes nomique pour quatre grands objectifs
les parties prenantes, reflétant ainsi des de qualité qui sous-tendent la stratégie
choix sociaux optimaux. environnementale: santé et qualité de
vie; conservation et productivité du
capital naturel; efficacité et compétiti-
B. APPROCHE vité économiques; environnement glo-
bal.
1.04 L’approche adoptée consiste à
passer en revue les principaux enjeux 1.07 La méthodologie qui a permis
et défis que connaît l’Algérie de ma- de définir le cadre stratégique et de
nière à mettre en relief les défaillances faire ressortir les priorités d’action re-
institutionnelles (au sens large, c’est-à- pose notamment sur une analyse éco-
dire incluant les politiques et autres nomique permettant d’estimer, d’une
mesures d’accompagnement) ainsi que part, le coût « social » des dommages
les résultats auxquels ces dernières ont liés à la dégradation de l’environn-
mené. L’analyse passe en revue les ement et, d’autre part, le coût de
performances de l’économie et les im- « remplacement » permettant d’atté-
pacts socio-économiques tels qu’ils se nuer ce coût social. Le coût des dom-
manifestent sur la santé et la qualité de mages donne une idée des avantages
vie (des générations actuelles), sur la « perdus » à cause d’un manque d’ac-
conservation et la productivité des res- tions environnementales. Les coûts de
sources naturelles (qui conditionnent le remplacement, de leur côté, fournis-
bien être des générations futures), ainsi sent un aperçu des investissements né-
que sur l’efficacité et la compétitivité cessaires pour restaurer (ou maintenir)
des différents secteurs de l’économie un environnent d’une qualité accepta-
(qui conditionnent l’adoption de tech- ble pour la société.
nologies nouvelles et la robustesse de
la croissance économique). 1.08 En comparant les coûts des
dommages et les coûts de remplace-
1.05 Le programme du gouver- ment sous forme de ratios indiquant
nement, par ses perspectives de ré- l’efficacité relative de différentes me-
formes institutionnelles et économi- sures, il a été possible de guider la pré-
ques et l’accent qu’il met sur le déve- paration de la stratégie environnemen-
loppement durable, fait partie des élé- tale et des actions prioritaires. Ainsi
ments sur lesquels le PNAE-DD est résulte le classement suivant par ordre
construit, de même que le programme d’efficacité décroissante: gestion inef-
économique de relance qui, pour la ficace de l’énergie et des matières
première fois, de par son contenu à ca- premières, pollution de l’air et de
ractère éminemment social, met l’eau, dégradation des sols, des forêts
l’action environnementale parmi les et de la biodiversité, déchets, et

- 25 -
INTRODUCTION

enfin dégradation du littoral et du pa- sant ressortir les facteurs liés aux ca-
trimoine archéologique. Il est très im- rences institutionnelles des politiques
portant de noter que ce classement, re- et programmes du passé. Le Chapitre
posant sur une notion de rentabilité IV présente les fondements et résultats
économique, ne représente qu’un des de l’analyse économique qui sous-tend
critères parmi ceux qui ont été retenus l’ensemble du PNA-DD; ce chapitre
afin de déterminer les priorités est complété par une annexe détaillée
d’intervention du PNAE-DD. Des cri- sur la méthodologie économique et les
tères d’ordre politique et social ont principales hypothèses de travail utili-
aussi été utilisés. sées. Le Chapitre V fournit le cadre
stratégique sous-tendu par quatre ob-
1.09 Le présent rapport est organisé jectifs de qualité: amélioration de la
de la manière suivante : après un pré- santé et de la qualité de vie des ci-
ambule résumant le processus de pré- toyens; conservation et amélioration de
paration du PNAEE-DD, un sommaire la productivité du capital naturel, amé-
et le présent chapitre introductif, le lioration de l’efficacité de l’utilisation
Chapitre II fait le point sur les enjeux des ressources et de la compétitivité,
et défis auxquels est confrontée enfin, amélioration de la protection de
l’Algérie, notamment en ce qui l’environnement régional et global. Le
concerne la performance des institu- Chapitre VI présente le plan d’actions
tions environnementales et l’impact prioritaires et une discussion de son
sur la qualité de vie des citoyens, le calendrier et de son financement. En-
capital naturel et la performance de fin, le Chapitre VII (Conclusions) fait
l’économie. Le Chapitre III présente office de synthèse globale.
une analyse détaillée de l’étendue des
problèmes environnementaux, en fai-

- 26 -
II. ENJEUX ET DÉFIS

A. TROIS DECENNIES DE sur les plans physique (objet du Chapi-


DEVELOPPEMENT tre III) et économique (objet du Chapi-
ÉCONOMIQUE ET tre IV).
SOCIAL (1970-2000)
a. Un développement
2.01 Pour bien mesurer l’ampleur économique fondé sur une
des problèmes écologiques en Algérie planification centralisée
et pouvoir proposer des solutions à la (1970-1985)
fois efficaces et pérennes, il est impor- 2.03 Une planification centralisée.
tant, par delà les prédispositions du ter- Au cours des années qui ont suivi
ritoire et les facteurs de vulnérabilité l’indépendance de 1962, l’Algérie a
des ressources naturelles (eaux, opté pour un modèle de développe-
sols,…), de placer la problématique ment économique reposant sur une
environnementale dans le contexte gé- planification centralisée et un vaste
néral du modèle de développement programme de développement indus-
économique et social suivi par le pays, triel, favorisé par le redressement des
dont on peut distinguer trois phases prix du pétrole dans les années 1973-
importantes: un développement éco- 1974. Les choix réalisés par l’Algérie
nomique fondé sur une planification dans ce modèle de développement vi-
centralisée, des faiblesses qui apparais- sent principalement deux objectifs. Le
sent dès 1986 et les réformes écono- premier est de répondre aux besoins
miques entreprises à partir de 1990. sociaux pressants des populations
(éducation, santé, etc.). Le second est
2.02 Le présent chapitre analyse les de mettre en place une économie capa-
résultats du modèle de développement ble d’élargir de façon autonome ses
économique et social suivi durant les capacités de production et de résoudre
trois dernières décennies en termes de le problème de l’emploi.
performance des politiques et pro-
grammes, des institutions, et de la poli- 2.04 L’expansion du secteur in-
tique budgétaire et fiscale. Ceci permet dustriel et des hydrocarbures. L’op-
de dresser un tableau à l’échelle ma- tion pour un modèle de développement
cro-économique des grands enjeux reposant sur un système de planifica-
pour le futur et des défis qui en décou- tion et d’allocation centralisé des res-
lent tout en servant de toile de fond à sources,
des analyses sectorielles plus détaillées

- 27 -
ENJEUX ET DÉFIS

ainsi que sur une gestion administra- 53 % en 1985 (mais les deux tiers des
tive des principaux leviers de régula- analphabètes restent des femmes).
tion économique (prix, commerce ex-
térieur, régime des changes), est favo- 2.06 La négligence totale des as-
risée par la récupération3 des richesses pects écologiques. La mise en œuvre
en hydrocarbures. Ce modèle, fondé rapide de l’option de développement
sur d’importants investissements pu- fondée sur l’intensification de l’exploi-
blics au cours des années 1970, a per- tation des ressources naturelles (no-
mis l’émergence d’une base indus- tamment dans les domaines des hydro-
trielle et la prise en charge d’une partie carbures, des mines, de l’agriculture,
des besoins sociaux de la population. des pêches et des forêts) et le rôle cen-
Les investissements absorbent 78 % de tral du secteur public, sans système de
l’effort d’accumulation et profitent rationalisation économique et éco-
principalement à l’industrie (32 %) et logique, a certes permis des améliora-
aux hydrocarbures (29 %). tions sans précédent dans la qualité de
vie des citoyens algériens, mais elle l’a
2.05 Une croissance économique fait au prix de déséquilibres écologi-
et sociale. Comparativement à la situa- ques considérables qui se manifestent
tion socio-économique précaire qui très tôt sous forme de contraintes gre-
prévalait à la veille de l’indépendance, vant le développement futur du pays.
des progrès importants sont réalisés en
matière de croissance, d’emplois et de b. Manifestation des faiblesses
revenus, d’éducation, de santé et de du système dès 1986
nutrition. Les années soixante-dix en- 2.07 Les succès de la première
registrent un taux de croissance du PIB phase de développement ne parvien-
de 7,2% en moyenne annuelle, une nent pas à masquer les faiblesses struc-
amélioration du pouvoir d’achat des turelles du système d’économie admi-
ménages de 4% par an et une réduction nistrée, lesquelles tendent à se mani-
du taux de chômage de 33% en 1966 à fester dès 1986 suite à une réduction
22% en 1977. L’évaluation des bud- des ressources financières disponibles:
gets sociaux de l’État est significative
· la poursuite de la croissance
pendant cette période: 7 à 10% du PIB
souffre de déséquilibre car son
sont consacrés à l’éducation et 5 à 6%
taux est faible en dehors du
à la santé. Le taux de mortalité infan-
secteur des hydrocarbures;
tile baisse de 139 (pour 1 000 naissan-
ces) en 1970 à 67 en 1985. · les institutions financières
L’espérance de vie s’accroît de ma- (secteur bancaire) et les entre-
nière notable de 53 ans en 1970 à 64 prises publiques à caractère
ans en 1985. Le taux de scolarisation économique atteignent les li-
connaît également une évolution conti- mites de leur capacité d’orga-
nue: la fréquentation des écoles passe nisation et de développement;
de 47,2 % en 1966 à 79 % en 1985 · les finances publiques sont
dans le cycle primaire et de 10 % en fragilisées et n’assurent plus
1970 à 45 % en 1985 dans le cycle se- les fonctions de base (éduca-
condaire. Le pourcentage d’analpha- tion, santé, sécurité, dévelop-
bètes adultes passe de 76 % en 1970 à pement local) de manière sa-
tisfaisante;
· les limites de l’approche
3 Laquelle s’est traduite par la nationalisation des

ressources minières et en hydrocarbures du pays.


« administrée » d’allocation

- 28 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

· des ressources se manifestent scolarisation dans son ensem-


par de graves pénuries tant au ble s’est malheureusement ac-
niveau de la consommation compagné d’une baisse du
des ménages qu’au niveau de rendement interne du système
la disponibilité et de la qualité éducatif. La part d’analpha-
des ressources naturelles. bètes adultes a encore reculé
de 43,6 % en 1987 à 31,8 % en
2.08 Baisse du PIB et du niveau 1998. La tendance à la réduc-
de vie et augmentation du taux de tion de l’écart entre hommes et
chômage. Les contrecoups économi- femmes se confirme;
ques et sociaux des politiques menées · en matière de santé, les dépen-
sont durement ressentis: ses publiques qui étaient de
· suite à la récession écono- 5% du PIB en 1987 ne repré-
mique amorcée en 1985, le sentent plus que 3,6 % du PIB
PIB par habitant a baissé régu- en 1998. Compte tenu de la
lièrement de 1,5 % par année détérioration du système de
en moyenne, passant de soins, on observe un ralentis-
1.860,1 USD en 1985 à sement voire une régression
1.470,4 USD en 1995, stag- des indicateurs liés à l’état de
nant autour de cette dernière santé de la population. Le taux
valeur (1.520,7 USD en 1998); brut de mortalité générale,
· du fait de l’essoufflement des après avoir connu une baisse
activités, le taux de chômage continue depuis 1977, stagne
remonte de 20 % en 1990 à 29 autour de 6 ‰ depuis 1990. Le
% en 1997; taux de mortalité infantile,
après avoir baissé très forte-
· le niveau de consommation ment jusqu’au début des an-
par habitant se dégrade : pour nées 1990, a stagné et s’est
la période 1989-1994, la baisse même légèrement détérioré en-
du pouvoir d’achat est évaluée tre 1995 et 1997, passant de
à 15 % pour les non salariés et 54,9 ‰ à 56,6 ‰.
38 % pour les salariés.

2.09 Régression en matière de 2.10 La crise écologique com-


santé et d’éducation. La réduction des mence à se manifester. L’industri-
ressources de l’État entraîne une alisation, l’intensification de l’exploi-
contraction des dépenses sociales dont tation des ressources naturelles et de
les conséquences sont les suivantes : l’agriculture ainsi que la subvention (la
protection) massive des producteurs et
· en matière d’éducation, le taux consommateurs ont favorisé l’accéléra-
de scolarisation progresse len- tion de l’urbanisation, la surexploi-
tement de 79,9 % en 1987 à tation des zones côtières et l’apparition
81 % en 1998. Une satisfac- de pollutions de toutes sortes. Leur bi-
tion néanmoins: le taux de sco- lan fait l’objet du chapitre suivant.
larisation des filles a progressé
plus rapidement; elles repré-
sentent 46,5 % des effectifs
dans le cycle primaire et
53,7 % dans le cycle secon-
daire. Le maintien du taux de

- 29 -
ENJEUX ET DÉFIS

c. Les réformes économiques algériens et étrangers, et ac-


des années 90 corde de multiples avantages
2.11 L’ouverture vers l'économie aux promoteurs sur le plan so-
de marché. Depuis le début des an- cial, fiscal et douanier.
nées 1990, un vaste processus de trans- · L’ordonnance 95-22 relative à
formation profonde de l’économie est la privatisation des entreprises
progressivement mis en place, compor- publiques accorde des incita-
tant la définition d’un cadre juridique tions supplémentaires: les in-
nouveau, un ensemble de réformes vestisseurs étrangers peuvent
structurelles de l’économie, des mesu- désormais contrôler le capital
res de stabilisation macro-écono- des entreprises éligibles à la
miques et des plans de restructuration privatisation à 100% ou réali-
sectoriels, en particulier industriels. ser des investissements en par-
Ces mesures visent clairement la mise tenariat avec des personnes
en place d’une économie de marché et morales de droit privé.
l’intégration de l’économie algérienne
dans l’économie mondiale. Ainsi: 2.12 Une nouvelle dynamique est
· Un nouveau cadre juridique donnée à l’économie algérienne. La
consacre l’autonomie des en- restauration des équilibres macro-
treprises publiques afin de leur économiques a permis de donner un
permettre de fonctionner dans nouveau souffle à l’économie algé-
une économie de marché; ce- rienne: accroissement des réserves de
pendant, malgré les avancées changes, stabilisation du marché des
qu’il a pu permettre, ce cadre a changes avec la mise en place de la
rapidement atteint ses limites convertibilité commerciale du dinar,
et nécessité une réflexion sur solde positif des opérations du Trésor,
l’approfondissement des ré- inflation jugulée (19 % en 1996, envi-
formes des entreprises du sec- ron 1 % en 2001). La croissance reste
teur public, plus récemment néanmoins faible en dehors du secteur
dans des secteurs jusqu'alors des hydrocarbures. La récente abroga-
jugés stratégiques, tels par tion des deux Ordonnances de 1995
exemple l'énergie et les trans- concernant respectivement les capitaux
ports. marchands de l’État et la privatisation
des entreprises publiques et la promul-
· Le commerce extérieur est li-
gation simultanée de l’Ordonnance n°
béré, le système des prix est
01-04 du 20 août 2001 relative à
réformé (prix désormais libres
l’organisation, la gestion et la privati-
dans leur quasi-totalité).
sation des entreprises publiques, per-
· La loi de 1990 relative à la mettent un allégement du dispositif
monnaie et au crédit confère à institutionnel, évitent les chevauche-
la Banque d’Algérie son auto- ments de prérogatives et les conflits de
nomie et annonce les disposi- compétences, facilitant ainsi une accé-
tions légales garantissant lération du processus de privatisation.
l’investissement étranger. Le Il est aussi plus que jamais nécessaire
décret législatif 93-12 relatif de définir une stratégie de croissance
aux investissements précise durable intégrant des objectifs de via-
ces dispositions, consacre la bilité environnementale. Tel est
liberté d’investir et l’égalité de l’objectif essentiel du PNAE-DD.
traitement entre investisseurs

- 30 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

B. PERFORMANCE 2.16 Un modèle d’industriali-


ENVIRONNEMENTALE sation écologiquement non viable.
De plus, le processus de développe-
2.13 Après trois décennies à peine, ment s’effectue dans des conditions
l’apparition de problèmes écologiques qui ne prennent pas en compte les prio-
graves (objet du Chapitre III) et leurs rités environnementales: la logique
effets sur la croissance économique et économique des opérateurs industriels
la qualité de vie de la population (objet favorise les sites faciles à aménager,
du Chapitre IV) trouvent leur origine, proches des réservoirs de main
non pas nécessairement dans les choix d’œuvre et des facilités nécessaires au
fondamentaux de société pour lesquels fonctionnement des projets (eau, élec-
a opté le pays, mais davantage dans les tricité, matières premières). Vu la prio-
choix de politiques et mesures institu- rité donnée à l’industrie en l'absence
tionnelles et budgétaires ainsi que des systématique d'études d'impact, de vas-
systèmes d’incitation, de mise en œu- tes étendues de terres agricoles de
vre et de gestion. première qualité sont ainsi consom-
mées, et l’exploitation des ressources
a. Crise économique – crise en eau n’a jamais fait l’objet de plani-
écologique: les facteurs fication intégrée à long terme. Au ni-
explicatifs veau du choix des procédés tech-
2.14 Croissance démographique. nologiques, une part importante des
La population a été multipliée par trois unités industrielles n’a pas été dotée
en l’espace de 35 ans. Elle est passée d’équipements antipollution.
de 10 millions d’habitants en 1962 à
29,3 millions en 1998. Cette rapide 2.17 « Littoralisation ». Le déve-
croissance démographique, conjuguée loppement des activités économiques
aux effets des politiques et mesures in- sur le littoral et l’urbanisation accé-
citatives mises en place, a exercé une lérée de ce dernier ont des effets néfas-
pression très forte sur les ressources tes sur l’environnement. La pollution
naturelles, les écosystèmes et les servi- de l’eau, du littoral et de l’atmosphère,
ces, d'autant que la population est très l’accumulation de déchets toxiques au
inégalement répartie sur le territoire. niveau des unités industrielles, la géné-
Les deux tiers de la population sont en ralisation de décharges non contrôlées,
effet concentrés dans la région Nord la dégradation du cadre bâti et du cadre
du pays qui ne couvre que 4 % du ter- de vie, deviennent des réalités préoc-
ritoire. cupantes au milieu des années 1980.

2.15 Urbanisation accélérée. Con- 2.18 Des politiques agricole et ru-


juguée à une politique de développe- rale non adaptées. Dans le même
ment qui a privilégié l’industrie en pé- temps, les politiques agricole, pasto-
riphérie des grands centres urbains et à rale, rurale et forestière, souvent ina-
l’absence totale d'une politique de dé- daptées parce que privilégiant l’offre à
veloppement rural qui a favorisé travers le développement des ressour-
l’exode vers les villes, cette explosion ces et de la productivité, sans se préoc-
démographique a engendré un phéno- cuper des aspects concernant la de-
mène d’urbanisation sans précédent: le mande et la rentabilité économique,
taux d’urbanisation, de 31 % en 1966, ont un impact négatif sur la conserva-
passe à 40 % en 1977, 50 % en 1993 et tion des ressources, avec pour effets
se rapproche des 60 % en l’an 2000. une dégradation continue des sols et

- 31 -
ENJEUX ET DÉFIS

l’extension de la désertification. Plu- la politique de subvention ayant davan-


sieurs facteurs sont invoqués, par tage profité aux catégories sociales les
exemple la déconnexion des politiques plus aisées. Quant au second objectif,
agricole et pastorale de la politique ru- en plus des déséquilibres dans la struc-
rale et l’absence de droits de propriété ture de la production industrielle et
et/ou d’usage clairs des terres. L’inco- agricole, la politique inadaptée des
hérence de la politique foncière de prix n’a permis ni de rationaliser la
l’État provoque un désinvestissement consommation d’eau, ni de réduire les
de ce dernier en faveur du secteur pri- rejets et de disposer de ressources pour
vé, le morcellement et l’émiettement la réhabilitation des réseaux, ni de ré-
des exploitations du secteur privé et duire la consommation d’énergie et les
l’exploitation anarchique des res- émissions atmosphériques, ni, enfin, de
sources biologiques dans les parcours réduire la pollution des nappes phréa-
steppiques. tiques liée à une mauvaise maîtrise de
l’utilisation des engrais et pesticides.
2.19 La gestion des ressources en
eau. Cette gestion, principalement b. Le cadre législatif et
axée sur l’offre, est dépourvue de institutionnel
moyens d’évaluation, de surveillance 2.21 Un cadre législatif insuffisant
et d’adaptation. La gestion de la de- et un degré d’application limité des
mande n’est pas favorisée par une tari- lois. L’Algérie a élaboré une loi-cadre
fication appropriée et par une politique pour l’environnement en 1983, établis-
de sensibilisation des consommateurs. sant des principes généraux de gestion
Les nappes souterraines, élément fon- et de protection de l’environnement.
damental d’équilibre hydrique dans les Cependant, son application a été retar-
écosystèmes semi-arides, ont été systé- dée du fait de procédures excessive-
matiquement surexploitées, entraînant ment longues et de déficiences au ni-
le tarissement de nombreux cours veau de sa conception. Les disposi-
d’eau et l’intrusion saline dans certai- tions juridiques ne permettent pas le
nes zones côtières. Le manque de res- contrôle intégré des pollutions et la
sources financières et un système de gestion adéquate des déchets. Elles
gestion irrationnel des infrastructures sont insuffisantes pour protéger le lit-
entraînent des déperditions importantes toral et assurer l’exercice effectif de la
de ressources (fuites élevées dans les puissance publique. Le Code des Eaux,
réseaux) et le rejet de quantités abon- réaménagé en 1996, constitue une base
dantes d’eaux usées non traitées. suffisante pour une gestion rationnelle
et intégrée des ressources en eaux,
2.20 La politique de subvention. mais il est encore peu appliqué. La
Enfin, la politique de subvention des gestion rationnelle des sols et des res-
prix pour les produits de large sources biologiques nécessite égale-
consommation (eau, électricité, pro- ment une réadaptation de la législation
duits énergétiques, engrais, pesticides, foncière (clarification des droits de
etc.) visait deux objectifs. Le premier propriété) et du code pastoral (clarifi-
était de maintenir les équilibres so- cation des droits d’usage).
ciaux et d’éviter le développement de
la paupérisation. Le second était de 2.22 Un grand nombre
promouvoir le développement indus- d’institutions environnementales
triel et agricole du pays. Le premier d'efficacité limitée. La prise de cons-
objectif n’est que partiellement atteint, cience des problèmes de l’environne-

- 32 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

ment s'est effectuée de façon progres- été opérationnel. Ainsi, malgré l’exis-
sive. La démarche a consisté à créer, tence de multiples institutions, les ca-
par strates successives et par secteurs, pacités de ces dernières sont restées
un cadre institutionnel responsable de limitées dans les différents domaines:
la gestion environnementale dans le formulation de stratégies, coordination,
pays. Ainsi, la plupart des institutions études et recherches, audits et études
mises en place ont travaillé sur la base d’impacts, contrôle et surveillance de
de préoccupations étroites et compar- l’état de l’environnement. Au niveau
timentées. Il en a été ainsi: décentralisé, les capacités des munici-
· des directions et sous-direc- palités dans la gestion environne-
tions des départements minis- mentale s’avèrent très insuffisantes.
tériels ayant à des degrés di-
vers des responsabilités envi- 2.24 La création en l’an 2000 du
ronnementales sectorielles Ministère de l’Aménagement du Ter-
(notamment énergie et mines, ritoire et de l’Environnement
industrie, agriculture, forêts, (MATE) a ouvert des perspectives
ressources en eaux, transport, nouvelles. Un vaste programme de
santé publique); renforcement institutionnel et juridique
est actuellement proposé, incluant no-
· des administrations et agences tamment une nouvelle organisation du
environnementales opération- MATE et un renforcement des capa-
nelles (Direction Générale de cités humaines et techniques de veille.
l’Environnement, Direction La nouvelle structure du MATE4 inclut
Générale des Forêts, Haut huit directions: (1) la direction géné-
Commissariat au Développe- rale de l’environnement (qui comprend
ment de la Steppe, Agence Na- les directions de la politique en-
tionale de Protection de la Na- vironnementale urbaine, de la politique
ture, Agence de Promotion et environnementale industrielle, de la
de Rationalisation de l’Uti- diversité biologique, du milieu naturel,
lisation de l’Energie, etc.). des sites et des paysages, de la com-
Les changements multiples de tutelle munication, de la sensibilisation et de
qu’a connu l’administration environ- l’éducation environnementales, de la
nementale pendant une longue période planification, des études et de l’éva-
n’ont pas favorisé l’émergence de pro- luation environnementales); (2) la di-
grammes d’action durables et coor- rection de la prospective, de la pro-
donnés. grammation et des études générales
d’aménagement du territoire; (3) la di-
2.23 A partir de 1995, la création de rection de l’action régionale et de la
la DGE et d’inspections de l’environ- coordination; (4) la direction des
nement au niveau des différentes wi- grands travaux d’aménagement du ter-
layas du pays était censée densifier le ritoire; (5) la direction de la promotion
cadre institutionnel et améliorer les ca- de la ville; (6) la direction des affaires
pacités de surveillance et de contrôle juridiques et contentieux; (7) la direc-
de l’état de l’environnement. De tion de la coopération; (8) la direction
même, la création du Haut Conseil à de l’administration et des moyens.
l’Environnement et au Développement
Durable (HCEDD) était destinée à ini-
tier une démarche globale et intégrée.
Dans la réalité, le HCEDD n’a jamais 4 Décret exécutif no 01-09 du 12 Chaoual 1421

correspondant au 7 janvier 2001.

- 33 -
ENJEUX ET DÉFIS

2.25 L’émergence du mouvement · les programmes d’équipe-


associatif écologique. Les associations ments anti-pollution, principa-
écologiques se sont par contre déve- lement acquis par les grandes
loppées (plus de 200). Elles ont en gé- entreprises publiques dans les
néral un caractère local, leur domaine secteurs énergétique et indus-
d’activité principal étant la com- triel;
munication et la sensibilisation. Peu · les dépenses relatives à la col-
d’associations ont des capacités lecte et à la mise en décharge
d’intervention dans les autres domai- des déchets solides;
nes: soutien aux communautés de base,
projets de terrain, par exemple. · les dépenses de santé publique
relatives à l’environnement; et
c. Le financement de la · les dépenses de fonctionne-
protection de l’environnement ment des principales agences
2.26 Les principaux programmes environnementales.
environnementaux du gouverne-
ment. Par dépenses de protection de 2.27 Baisse des dépenses environ-
l’environnement, on entend ici essen- nementales entre 1980 et 2000. Les
tiellement les ressources économiques dépenses de protection de l’environ-
affectées aux mesures de lutte contre la nement sont indiquées en pourcentage
pollution et de protection des ressour- du PIB dans le Tableau 2.1. Les
ces naturelles. Elles sont essentielle- dépenses de protection de l’environ-
ment le fait de l’État et concernent nement, estimées à 1,18 % du PIB
principalement: dans la décennie 1980, ont baissé à
0,84 % en moyenne du PIB pendant la
· les programmes de réalisation décennie 1990. Cette baisse de 29%
de réseaux d’assainissement et s’explique par la baisse des investisse-
de stations d’épuration; ments due à la crise économique qui
· les programmes de reforesta- dure depuis plus de 10 ans.
tion, de restauration des sols,
de mise en valeur intégrée des
steppes;

Tableau 2.1 Les dépenses de protection de l’environnement en


pourcentage du PIB
Décennie 1980 / Décennie 1990 /
Domaines 1989 2000
% PIB annuel % PIB annuel
Assainissement, épuration (eau) 0,58 0,34
Restauration des sols, reforestation, steppes 0,37 0,14
Equipements antipollution (industrie, énergie) 0,04 0,15
Déchets 0,06 0,08
Santé 0,05 0,05
Fonctionnement des agences 0,08 0,08
Total 1,18 0,84

- 34 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

2.28 Les dépenses affectées aux notamment la production d’électricité


ressources naturelles. Les résultats dans les centrales thermiques, n’ont
montrent que les ressources naturelles pas procédé à des investissements
(eaux, sols, forêts, steppes) constituent environnementaux ou n’en ont pas
la part principale des investissements bénéficié. Les investissements dans le
publics, malgré une baisse sensible domaine de l’industrie, malgré une
pendant la deuxième décennie. La dé- prise de conscience réelle, restent
gradation des ressources n’a pas été encore trop localisés (seul le secteur
enrayée pour autant. Le tarissement des cimenteries est clairement engagé)
des ressources de l’État n’a pas été pour pouvoir affirmer une tendance
relayé par d’autres ressources, faute claire. La définition de politiques
d’une tarification appropriée des industrielle et énergétique durables et
ressources en eau, d’une part, et d’une leur mise en œuvre sont plus que
couverture adéquate des coûts d’assai- jamais nécessaires.
nissement des eaux usées, d’autre part
– et à défaut d'une politique impliquant 2.30 Les dépenses pour la gestion
les populations dans la protection des des déchets. La gestion des déchets
ressources naturelles. La définition de reste le parent pauvre des activités
politiques hardies de gestion ration- environnementales. Si la collecte et le
nelle des ressources naturelles s’avère transport des déchets est plus ou moins
urgente. bien assurée dans les grandes agglo-
mérations, la pratique de mise en
Des chiffres le montrent: en termes décharge contrôlée de ces déchets est
relatifs, les dépenses allouées à la inexistante. Le niveau de la taxe
protection des sols, la reforestation et d’enlèvement des déchets reste très
l’aménagement des steppes ont baissé insuffisant et ne permet pas de mettre
de 62 %, celles allouées à l’assai- en œuvre une véritable politique de
nissement et l’épuration des eaux usées gestion durable des décharges; une
de 41 % au cours de la deuxième politique cohérente reste à définir.
décennie. La tarification appropriée
des ressources et des services, la 2.31 Les dépenses environnemen-
définition de droits de propriété et/ou tales ne doivent plus être du seul
d’usage ne sont pas seulement ressort de l’État. Toute politique
nécessaires, elles sont incontournables. cohérente de préservation de l’envi-
ronnement et de développement du-
2.29 Les dépenses dans les rable a un coût. Cependant, ces coûts
secteurs industriel et énergétique. ne peuvent plus être du seul ressort de
Les dépenses environnementales dans l’État. Les usagers bénéficiaires de ser-
les secteurs industriel et énergétique vices environnementaux et consom-
ont plus que triplé au cours de la mateurs de ressources rares, les géné-
deuxième décennie. Cependant, il rateurs de pollutions, les agriculteurs,
convient d’être très prudent dans éleveurs, pêcheurs, tous les agents
l’interprétation de ces chiffres. Les économiques et sociaux dont les ac-
principaux investissements ont été tivités affectent à des degrés divers
alloués au secteur des hydrocarbures l’environnement doivent également ap-
(torchères, réhabilitation des réseaux porter leur contribution. La mise en
de transport d’hydrocarbures, etc.). place d’instruments économiques et
Cette réalité ne doit pas occulter le fait financiers efficaces et équitables devra
que d’autres secteurs énergétiques,

- 35 -
ENJEUX ET DÉFIS

faire partie intégrante des mesures 2.34 (a) Relancer la croissance


institutionnelles à mettre en œuvre. économique. L’Algérie est confrontée
à de grands défis de développement à
2.32 Un rôle peu incitatif pour le l'aube du 21ème siècle et de la
Fonds National de l’Environnement. globalisation de l’économie. La
Créé par la Loi de finances de l’année croissance doit être restaurée sur la
1992 sous la forme d’un compte d’af- base de critères d’efficacité et de
fectation spécial du Trésor, le Fonds rentabilité intégrant les préoccupations
National de l’Environnement est ali- d’équité sociale et de durabilité
menté par les ressources de la taxe sur écologique. Les bases de l’économie
les activités polluantes et le produit des doivent être diversifiées. D’autres
amendes. La taxe est perçue sur la na- sources de croissance, alternatives à
ture de l’activité et non pas sur le vo- celles reposant de manière quasi
lume des pollutions effectivement gé- exclusive sur les recettes d’exportation
nérées (non conformité au principe du des hydrocarbures, doivent être
pollueur-payeur). De plus, le Fonds ne trouvées afin de fournir des emplois à
pouvait ni prêter ni emprunter et ne une population jeune et en pleine
pouvait de ce fait intervenir ensemble expansion. Encourager le secteur privé
avec des entreprises pour effectuer des productif, attirer des investissements
opérations de dépollution. Sa récente privés nationaux et étrangers et
transformation, par la Loi de finance encourager la décentralisation
promulguée au mois de juillet 2001, en constituent autant d’instruments de re-
Fonds National pour l’Environnement lance de la croissance économique et
et la Dépollution (FEDEP) laisse pré- de transition vers une économie de
sager la possibilité de son évolution en marché. Non seulement l’origine et la
un instrument financier plus efficace. composition de la croissance écono-
mique, mais également sa qualité, sont
importantes afin d’enrayer la pauvreté
C. GRANDS ENJEUX ET et de parvenir à un développement du-
DEFIS rable. L’expérience internationale
montre clairement que les principaux
2.33 L’ampleur des problèmes éco- facteurs qui déterminent la qualité de
logiques en Algérie est intimement liée la croissance sont5: (i) une meilleure
au processus de développement éco- équité dans les investissements liés au
nomique et social du pays. Malgré des développement du capital humain
richesses naturelles considérables, les (éducation, etc.), (ii) la protection du
politiques et modèles de développe- capital naturel et sa durabilité, (iii) la
ment préconisés et mis en œuvre par le réduction de la vulnérabilité aux ris-
passé ont mené à des impasses aussi ques financiers globaux et (iv)
bien sur le plan économique et social l’amélioration de la gouvernance et le
que sur le plan écologique. De ce fait, contrôle de la corruption.
le pays fait face à d'énormes défis qu’il 2.35 (b) Allier croissance écono-
faudra relever en tirant les leçons du mique et protection de l’en-
passé et en s’inspirant des expériences vironnement. L’idée que la croissance
faites par d’autres pays. Quatre de ces économique et la protection de l'envi-
défis sont considérés comme impor- ronnement se renforcent mutuellement
tants dans la voie d’un développement
écologiquement durable, comme suit:
5 World Bank. The Quality of Growth. 2000. Oxford

University Press.

- 36 -
ENJEUX ET DÉFIS

et sont absolument nécessaires au dé- capital naturel auquel elles ont accès,
veloppement durable s’est affirmée comme les terres agricoles, les par-
depuis deux décennies. L’Algérie a fait cours, les eaux d’irrigation souterrai-
siennes les recommandations du Som- nes).
met de Rio. Se situant en phase de
transition vers l’économie de mar- 2.37 (d) Améliorer la gouvernance
ché, elle doit saisir l’occasion de réali- et la transparence des institutions
ser aussi sa transition environnemen- environnementales. La mise en œuvre
tale en intégrant les éléments clés du de politiques publiques efficaces de
développement durable dans sa politi- développement durable suppose une
que de redéploiement économique. meilleure gouvernance. Les réformes
Plutôt que freiner la croissance, il ap- réglementaires et institutionnelles, le
paraît désormais préférable d'en chan- renforcement des capacités humaines
ger la nature et de préserver le patri- et techniques, l’efficacité des instru-
moine naturel. Pour entrer dans une ments économiques et financiers, mais
logique de développement durable, il aussi l’amélioration de la coordination
est nécessaire de construire une straté- intersectorielle à tous les niveaux,
gie à la fois bénéfique pour constituent des éléments essentiels
l’environnement et le développement pour la mise en œuvre de la stratégie.
et d’initier des politiques, des régle- Les actions de sensibilisation et
mentations et des incitations économi- d’éducation jouent aussi un rôle clé
ques qui intègrent les considérations pour induire une large participation,
environnementales dans le processus impliquer la société dans la poursuite
de décision. d’objectifs de développement durable
et obtenir progressivement l'adhésion
2.36 (c) Endiguer la pauvreté et et la contribution de tous au recouvre-
développer la solidarité. En plus de ment des coûts de services environne-
l’essoufflement de l’économie et de la mentaux de meilleure qualité.
crise écologique que connaît le pays,
au moins un Algérien sur cinq vit au- En conséquence, la politique environ-
jourd'hui en situation de pauvreté (se- nementale devra viser à:
lon les critères du pays) comme le sou-
ligne le rapport de la « Conférence Na- 2.38 Réduire les problèmes de
tionale de Lutte contre la Pauvreté et santé et améliorer la qualité de la
l’Exclusion » organisée par le Gouver- vie. L’Algérie est confrontée au défi
nement Algérien le 28 octobre 2000. d'améliorer la santé publique des ci-
En plus des effets de la croissance toyens dans un contexte de dégradation
économique et des programmes socio- de l’environnement. Des programmes
économiques ciblant les populations d’hygiène et d’éducation bien conçus,
les plus démunies (emploi rural, sécu- un meilleur accès à l’assainissement,
rité sociale, fourniture de services di- une meilleure gestion des déchets et
vers, etc.), le traitement des problèmes des pollutions atmosphériques ainsi
écologiques permettra de contribuer au qu'une combinaison équilibrée d’ac-
minimum (i) à l’amélioration de leur tions préventives et curatives sont de
santé (grâce par exemple à l’accès à nature à induire des résultats intéres-
l’eau potable, à l’assainissement, à des sants.
sources d’énergie plus propres) et (ii) à
l’amélioration de leurs sources de re-
venus (par une meilleure rentabilité du

- 37 -
ENJEUX ET DÉFIS

2.39 Améliorer la protection et la et scientifique permettront à l’Algérie,


productivité des ressources naturel- dans un cadre régional, de tirer profit
les. Préserver les ressources naturelles et de partager l’expérience des pays du
pour assurer un développement à long Maghreb (érosion des sols, déser-
terme et limiter la dépendance ali- tification, gestion rationnelle des res-
mentaire est un autre défi. La surface sources en eau, etc.) et des pays du
agricole utile (SAU), qui représentait pourtour méditerranéen pour les pro-
0,82 ha par habitant au moment de blèmes très spécifiques liés aux terri-
l’indépendance, n’est plus que de 0,25 toires qui les composent (eau, agri-
ha à l’heure actuelle et pourrait tomber culture, littoral, pollution de la mer
à 0,18 ha en 2010. Le conflit eau pota- Méditerranée). Par ailleurs, l’amélio-
ble / agriculture / industrie se posera de ration des mécanismes de financement
manière aiguë: la demande d'eau pota- multilatéral permettra également à
ble ira croissant avec l’expansion dé- l’Algérie de contribuer plus efficace-
mographique et rendra difficile les ar- ment à la protection de l’environne-
bitrages. La gestion intégrée et ration- ment global (couche d’ozone, biodi-
nelle des ressources en eau et en sols versité, changements climatiques).
n’est plus un luxe. Elle est vitale.
2.42 Bâtir des politiques, élaborer et
2.40 Optimiser la gestion et une appliquer une législation et une régle-
utilisation rationnelle des ressources. mentation crédibles, construire des ca-
Les gains qui pourraient être engendrés pacités institutionnelles solides, déve-
par la récupération des manques à ga- lopper des instruments économiques et
gner liés à la déperdition des ressour- financiers bien conçus, adopter des
ces énergétiques, des ressources en technologies plus propres et des mé-
eau, des matières premières et des res- thodologies de gestion durable des res-
sources humaines ainsi que sources naturelles, tels sont les enjeux
l’amélioration de la gestion des appa- principaux de l’Algérie à l’orée du
reils productifs sont potentiellement 21ème siècle.
énormes (voir analyse économique en
annexe). Leur récupération passe ce-
pendant par la mise en place de mesu-
res institutionnelles et initiatives per-
mettant la valorisation de ces ressour-
ces.

2.41 Contribuer à améliorer la


qualité de l’environnement régional
et global. La conscience des limites
planétaires a progressé au cours de la
dernière décennie et il est devenu évi-
dent que la solution des problèmes
globaux passe non seulement par des
actions locales, mais aussi par des ac-
tions concertées, tant au niveau régio-
nal que mondial. L’amélioration du
fonctionnement du système de recher-
che-développement, mais aussi l’inten-
sification de la coopération technique

- 38 -
III. NATURE ET ETENDUE DES PROBLÈMES
ENVIRONNEMENTAUX

A. INTRODUCTION duite à moins de 100 km en Oranie).


On passe ensuite, au-delà de l’Atlas
3.01 Les problèmes environnemen- tellien, à un climat semi-aride (plu-
taux en Algérie ont des impacts néga- viométrie se situant entre 100 et 400
tifs directs sur l’activité et l’efficacité mm) qui concerne une bande de 300 à
économiques, sur la santé et la qualité 350 km de large. Enfin, et sur plus de
de vie de la population, sur la produc- 1.000 km en poursuivant vers le Sud,
tivité et la durabilité du patrimoine na- c’est la zone aride où la pluviométrie
turel du pays. Tandis que l’analyse tombe à moins de 100 mm d’eau par
économique de ces problèmes fait an.
l’objet du Chapitre IV, l’objectif du
présent chapitre est de recenser ces 3.04 Un territoire différencié: les
problèmes, d’analyser l’étendue de chaînes de relief, qui accentuent la ra-
leurs impacts et de cerner leurs causes pidité de l’assèchement climatique à
principales. mesure qu'on avance vers le Sud, dé-
terminent par leur disposition parallèle
au littoral les trois ensembles très con-
B. LES PREDISPOSITIONS trastés qui se partagent le territoire al-
DU TERRITOIRE ET DU gérien:
CLIMAT · l’ensemble tellien du Nord (4
% du territoire): il s’agit de
3.02 L’Algérie est l’un des plus l’espace le plus favorisé par le
grand pays du continent africain avec climat, les ressources marines
une superficie de 2.381 km2. Toutefois et les richesses de ses diverses
les ressources naturelles y sont limitées plaines et vallées côtières,
et fragiles, du fait de conditions clima- mais également le plus convoi-
tiques et de leur distribution inégale à té et soumis à diverses pres-
travers le territoire. sions (peuplement, activités);
3.03 Un territoire essentiellement · les hauts plateaux (9 % du ter-
aride et semi-aride: la portion du ter- ritoire): ils occupent l’espace
ritoire qui reçoit plus de 400 mm de compris entre l’Atlas tellien et
pluie se limite à une bande de 150 km l’Atlas saharien et
de large à partir du littoral (bande ré-

- 39 -
NATURE ET ETENDUE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

sont caractérisés par de hautes a. L’érosion hydrique


plaines et un climat semi-aride 3.07 L’état des lieux. L’érosion des
(céréaliculture à faible rende- sols en Algérie affecte les systèmes na-
ment, agro-pastoralisme); turels, cultivés ou pâturés. L’érosion
· le Sahara (87 % du territoire): hydrique (pluviométrie supérieure à
ensemble totalement aride ou 400 mm) touche principalement les
hyper-aride. sols de l’Algérie du Nord et menace 12
millions d’hectares dans la zone mon-
3.05 Des ressources naturelles tagneuse. L’Ouest du pays est la zone
mal réparties, limitées, fortement la plus affectée (Annexe 1). La dégra-
menacées: privilégiée sur le plan cli- dation des sols engendre d'importantes
matique, la zone tellienne ne comprend pertes de fertilité qui sont estimées à 4
que 2.500.000 hectares de surface quintaux de blé/hectare sur la SAU la-
agricole utile (SAU), soit le tiers seu- bourée, 100 unités fourragères/ha (1
lement des 7.500.000 hectares de SAU UF = 1 kg orge) dans les jachères et
dans le pays. Mieux dotés en espaces 300 UF/ha dans les parcours de
plats, les Hauts Plateaux détiennent les l’Algérie du Nord.
deux tiers de la SAU, mais cet avan-
tage est réduit à néant du fait de 3.08 Les facteurs anthropiques fa-
l’aridité et des faibles ressources hy- vorisant l’érosion. En plus des fac-
drauliques. Lourdement pénalisé par la teurs naturels liés au régime pluvio-
sécheresse du climat, l’immense Saha- métrique, au relief, à la nature des
ra offre l’avantage de disposer de res- formations géologiques et à la couver-
sources hydrauliques (nappes fossiles ture végétale, l’intensité de l’érosion
profondes exploitables à hauteur de 4,9 est conditionnée par les facteurs an-
milliards de m3/an), mais cet atout est thropiques suivants:
en contradiction avec l’exiguïté des
sols susceptibles d’être mis en valeur. · Le statut foncier. Du fait de la
complexité des problèmes fon-
3.06 Outre les spécificités du milieu ciers, les transformations né-
naturel et du climat, la croissance dé- cessaires des systèmes de pro-
mographique, l’urbanisation et les po- duction en vue d’une meilleure
litiques de développement menées du- protection des terres contre
rant trois décennies (voir Chapitre II, l’érosion ne sont pas favori-
paragraphes 2.13 à 2.19) ont exercé sées. Dans le secteur public,
des pressions dommageables sur l’en- les terres agricoles ont subi di-
vironnement. L’Algérie connaît au- verses modalités de gestion.
jourd’hui des problèmes écologiques Le droit de jouissance accordé
majeurs. tant pour les Exploitations
Agricoles Industrielles (EAI)
que pour les Exploitations
C. LES TERRES Agricoles Collectives (EAC)
est considéré comme un droit
Fragiles et limitées, les terres sont en abstrait qui n’est ni un droit de
constante dégradation. L’érosion hy- propriété, ni un droit locatif.
drique et éolienne, mais aussi des fac- Ceci entraîne un manque d'in-
teurs liés à l’activité humaine sont les térêt du paysan pour la terre,
principales causes de cette dégrada- celle-ci n'étant pas considérée
tion.

- 40 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

· comme un bien propre voie de totale désertification, et plus de


qu’ilconvient de protéger et de 7 millions d’hectares sont directement
valoriser. A l'évidence, les menacés par le même processus.
droits de propriété ne sont ni
clairement définis ni, par c. La salinisation
conséquent, convenablement 3.10 Ce phénomène touche princi-
distribués. Dans le secteur pri- palement les plaines agricoles irriguées
vé, l’émiettement des terres lié de l’Ouest du pays où certains sols, to-
aux héritages empêche toute talement stérilisés, ont atteint des ni-
possibilité de modernisation de veaux de dégradation irréversibles, no-
l’agriculture par le remem- tamment dans les périmètres de la Mi-
brement d’exploitations via- na, de Habra et de Sig. L’irrigation in-
bles. Ceci accélère ainsi le contrôlée, le manque d’entretien des
phénomène de l’érosion. réseaux de drainage ont provoqué la
· Les techniques de production. remontée de la nappe phréatique ainsi
Les labours superficiels, le que l’accroissement et l’extension de
dry-farming, la jachère inté- la salinité.
grale, l’utilisation de la char-
rue à disque sur les terres pen-
tues n’ont pas contribué à ré- D. LES EAUX DOUCES
duire l’érosion des sols.
La question des ressources en eau est
· La gestion des bassins ver- une préoccupation de premier plan. En
sants. La Défense et Restaura- raison de l’aridité de la majeure partie
tion des Sols (DRS) a été pra- du territoire, les ressources en eau sont
tiquée sur les terres domania- limitées. Les ressources potentielles
les ou communales dégradées. liées au volume annuel des pluies que
Mais son application reçoivent les bassins versants ne sont
indifférenciée sur tous les ty- en outre que partiellement mobilisa-
pes lithologiques, un entretien bles. Le gestion défaillante de ces res-
insuffisant et la non-participa- sources aggrave la situation.
tion des populations locales
aux projets ont été les prin- 3.11 Des ressources en eau limi-
cipales raisons de son échec. tées. Les ressources en eau de l'Algérie
Les réseaux de banquettes non sont limitées. Elles sont évaluées à
plantées, parcourus par les ani- 19,2 milliards de m3, dont 12,4 mil-
maux, n’ont pas résisté au liards de m3 d’eau de surface, 1,9 mil-
temps, aux grosses pluies et liards de m3 d’eaux souterraines du
aux pratiques paysannes (non- Nord et 4,9 milliards de m3 d’eaux
respect des terrains traités). souterraines exploitables dans le Sud.
Dans le même temps, au sur- Actuellement, les disponibilités en eau
plus, les barrages se sont en- par habitant sont d’environ 640 m3. En
vasés. réalité, elles se limitent à 383
m3/hab./an compte tenu du fait que
b. L’érosion éolienne seuls 4,7 milliards de m3 d’eau de sur-
3.09 L’érosion éolienne concerne face sont mobilisables dans les barra-
principalement les zones arides et ges. Ce ratio ne sera plus que de 261
semi-arides. Près de 500.000 hectares m3/habitant/an en 2020 pour une popu-
de terres en zones steppiques sont en

- 41 -
NATURE ET ETENDUE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

lation de 44 millions d’habitants. Les · L’envasement des barrages.


ressources en eau sont en outre carac- L’envasement des barrages re-
térisées par une irrégularité dans présente 500 millions de m3,
l’espace et le temps et une persistance soit plus de 10 % de la capaci-
des périodes de sécheresse (Annexe 1). té totale des barrages en ex-
ploitation (4,5 milliards de
3.12 Un problème accru dans la m3). Selon l’Agence Nationale
région d’Oranie. Avec des disponibi- des Ressources Hydrauliques
lités en eau de 330 m3 par habitant, la (ANRH), sur les 35 bassins
région d’Oranie souffre d'un grave versants de barrages étudiés, 8
problème d'alimentation en eau. Mal- sont érodables sur près de 40
gré l’étendue des terres irrigables, la % de leur superficie. Sur la
grande irrigation ne pourra pas se dé- base des taux d'envasement
velopper au-delà des périmètres exis- découlant de levés bathymétri-
tants de Habra et Sig. L’alimentation ques effectués par l’Agence
en eau potable et industrielle de la mé- Nationale des Barrages
tropole régionale nécessitera des trans- (ANB), 7 barrages auront per-
ferts du bassin du Chéliff (projets Gar- du 50 % de leur capacité en
gar et Kérrada); à terme, même le des- l’an 2000. Et on pourrait pas-
salement de l’eau de mer pourrait ser à 17 barrages d'ici 2050.
s’avérer nécessaire. Cependant, la mo- L'envasement est donc un pro-
bilisation et l’allocation intersectorielle blème grave. Des procédés
des ressources en eau dans l’Oranie techniques existent (suréléva-
doit plus que jamais se faire sur des tion de barrages, gardes d'en-
bases de rationalité économique et éco- vasement, dragages), mais
logique ; en particulier, la valeur ajou- l'aménagement intégré des
tée de l’eau d’irrigation doit au moins bassins versants reste la meil-
couvrir le coût marginal de mobilisa- leure solution si les popula-
tion de l’eau à long terme. Avec la tions riveraines y sont asso-
baisse croissante de la disponibilité de ciées et en tirent profit.
la ressource par habitant, cette démar-
che vaudra également à terme, pour la · Les pertes dans les réseaux.
région Centre et la zone métropolitaine Les pertes dans les réseaux de
d’Alger, ainsi que pour la région des distribution sont de l'ordre de
Hauts Plateaux, dans la perspective du 40 %, soit environ 420 mil-
rééquilibrage de l’occu-pation du terri- lions de m3 par an. En ce qui
toire. concerne les eaux d'irrigation,
50 % des eaux sont perdues,
3.13 Une gestion défaillante des soit environ 150 millions de
ressources en eau. La gestion actuelle m3 sur la base d'une moyenne
du service public d’eau potable (cou- des quotas alloués au cours des
pures d’eau, pertes apparentes dans les cinq dernières années. Le coût
réseaux, tarification, etc.) ne sensibi- du m3 récupéré est approxima-
lise pas les citoyens à la rareté de l’eau tivement de 20% par rapport
et aux coûts du service. C'est dire au coût du m3 mobilisé. En
qu'une politique de gestion et de pro- même temps qu’il faudra ra-
tection de ressources limitées est plus tionaliser la politique des prix
que jamais nécessaire. Les défis sont de l’eau, il est nécessaire de
multiples: récupérer ces eaux afin
d’améliorer la situation

- 42 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

d’approvisionnement, de dif- total) y sont concentrées. L'ouverture


férer l'horizon de rupture de économique qui s'annonce et l'option
l'offre et de la demande et PME-PMI risquent d'accentuer ce phé-
d'éviter la réalisation de nou- nomène. Dans le secteur agricole, les
velles infrastructures de mo- meilleures terres (soit 1.632.000 hecta-
bilisation et de traitement. res) sont situées dans la région littorale
et drainent une population relativement
importante attirée par les emplois agri-
E. LES ZONES MARINES ET coles. Le tourisme balnéaire est un au-
COTIERES tre secteur important, marqué par son
caractère national et sa concentration
3.14 Le littoral est incontestable- spatio-temporelle. En 1997, plus de 13
ment une zone stratégique pour millions d'estivants ont séjourné au
l’avenir et le développement futur du moins 24 heures sur la côte. L'évolu-
pays. Le développement des zones cô- tion socio-économique et les compor-
tières n'a pas été inscrit dans une poli- tements économiques font que la pres-
tique d’aménagement du territoire sion exercée sur le littoral ne cesse de
sous-tendue par une logique de fonc- s'accroître (Annexe 1).
tionnement solidaire des espaces, ce
qui s'est traduit par une accélération de 3.17 Erosion côtière et surexploi-
la dégradation du littoral, d’un patri- tation. L’érosion côtière, l’extraction
moine naturel côtier unique et de de sable, l’envasement des ports et la
l’écosystème marin. surexploitation halieutique sont autant
de phénomènes qui augmentent la dé-
a. La dégradation du littoral gradation de la région littorale.
3.15 Evolution de la population
côtière. Près des deux tiers de la popu- · L’érosion côtière. L’érosion
lation algérienne réside sur 4 à 4,5 % côtière va de pair avec l'amin-
du territoire national, et ce sur une cen- cissement et le recul des pla-
taine de kilomètres allant des côtes ges. L’importance de l’érosion
vers l’arrière-pays. Les wilayas littora- côtière se traduit par sa valeur
les qui occupent 2 % du pays concen- naturelle (patrimoine côtier) et
trent plus de 40 % de la population. En son utilité socio-économique
1977, il y avait six villes côtières de (tourisme balnéaire). Sur 250 à
plus de 100.000 habitants. Au- 300 kilomètres de plages, 80%
jourd’hui, ce chiffre a été multiplié par connaissent une situation
deux. Cette situation s'explique par des d'érosion plus ou moins impor-
facteurs naturels (eaux, sols, climat), tante, explicable par la conju-
mais aussi par des facteurs historiques gaison de divers facteurs: pé-
(héritage colonial, investissements riode de pénurie sédimentaire
post-indépendance) qui ont drainé des naturelle, piégeage des sédi-
flux migratoires importants au détri- ments par les barrages et les
ment des régions intérieures. ports, extraction abusive de
sable, pollutions, mauvaise oc-
3.16 Evolution des activités sur le cupation du rivage, etc.
littoral. Une proportion importante de · L’extraction de sable. En
l'industrie nationale est localisée sur le 1997, on estimait à 10 millions
littoral. Selon un recensement de 1993, de m3 le volume de sable ex-
5.242 unités industrielles (ou 51 % du trait au cours des dernières

- 43 -
NATURE ET ETENDUE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

décennies, avec pour consé- des populations urbaines, pôles indus-


quences l'érosion des plages, triels) qui arrivent dans les enceintes et
la dégradation des sols et des les rades portuaires est estimé à 1 mil-
nappes phréatiques (intrusion lion de m3/jour. Les flux de pollution
marine, infiltration de pol- vers les ports révèlent des charges im-
luants), la diminution de res- portantes: 88.000 tonnes/an de DBO5
sources hydriques, etc. et 186.000 tonnes/an de DCO. En ce
· L’envasement des ports. Pour qui concerne la pollution par les mé-
les 18 principaux ports natio- taux lourds, 5 ports dépassent les nor-
naux, le volume d’ensablement mes pour le mercure, 3 pour le plomb,
et d’envasement est estimé à 4 pour le cuivre, 4 pour le zinc et 1
20 millions de m3. En l'ab- pour le chrome. Pour les HCT (hydro-
sence d'une politique de dra- carbures totaux), la quasi-totalité des
gage et d'entretien régulier des grands ports présentent des pics qui
ports, ceux-ci vont, à terme, dépassent de loin les normes de réfé-
s’envaser et s’ensabler, avec rence. Enfin, 5 ports dépassent la va-
pour principale conséquence la leur limite pour la pollution micro-
réduction des tirants d'eaux au bienne (>100.000 E. coli/100 ml). En
niveau des bassins, ce qui en- dehors des zones portuaires, de nom-
gendrera des surcoûts impor- breux sites sont interdits à la baignade
tants liés à la gêne de la navi- en raison d'une mauvaise qualité bacté-
gation. rienne des eaux: 135 plages sont inter-
dites de baignade sur 409 plages ayant
· Surexploitation halieutique. fait l'objet d'analyses en 1996.
De 1990 à 1996, la flottille de
pêche est passée de 1.548 à
2.500 unités. La biomasse ha- F. LA BIODIVERSITE
lieutique en zone côtière est de
l’ordre de 500.000 tonnes, le 3.19 La flore. L'Algérie possède
stock de pêche est évalué à 5.402 taxons végétaux avec une impor-
160.000 t par an. La produc- tante richesse floristique (0,58) – pro-
tion annuelle est passée de che de celle du bassin méditerranéen
91.000 tonnes en 1990 à (0,62). 540 espèces fourragères et 646
135.000 t en 1994 et 113.000 t espèces médicinales composent la
en 2000. Sur la base d’une flore. La diversité floristique marine se
évaluation des stocks (campa- compose essentiellement de 600 espè-
gne Thalassa effectuée en ces d’algues. Certaines espèces ont un
1982), on peut déduire une intérêt économique: plantes aroma-
surpêche du poisson bleu et tiques et médicinales, espèces textiles,
une sous-pêche du poisson espèces résistantes et adaptées à la sa-
blanc (les résultats restent tou- linité et l’aridité. Cette diversité floris-
tefois à confirmer). tique, répartie dans les différents éco-
systèmes (forêts, steppes, zones sauva-
b. La dégradation de la qualité ges, déserts, mer, massifs montagneux,
des eaux marines etc.) est menacée par certaines prati-
3.18 La pollution des eaux mari- ques agricoles, par la construction
nes. Les apports telluriques de pol- d’infrastructures, par l'urbanisation et
luants sont importants. Le volume par la déforestation.
d’eaux usées non traitées (eaux usées

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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

3.20 La faune. En termes de diver- veurs, forestiers, pêcheurs,


sité faunistique, 47 espèces de mammi- aménageurs, éducateurs, etc.)
fères sur 107 inventoriées sont mena- des secteurs public et privé, en
cées et protégées, et 68 espèces d'oi- particulier dans les zones
seaux sur 336 sont protégées; il en va « tampons » où la pression
de même pour 39 espèces de rapaces. démographique et les risques
Le recensement des reptiles n'existe d’empiétement sont impor-
pas, mais 8 espèces sont cependant tants.
protégées. La diversité faunistique ma-
rine est également à signaler: corail
rouge unique en Méditerranée, mais G. LES FORETS
aussi 40 espèces de poissons cartilagi-
neux et 200 espèces de poissons os- 3.22 L’état des lieux. La destruc-
seux (dont 50 exploitées). Les actions tion progressive des couverts forestiers
entreprises consistent essentiellement est liée à des facteurs anthropiques,
en la création d'aires protégées confor- quelquefois naturels (pathogènes), et
mément au décret n° 83-459 portant ce malgré la réalisation d’importants
statut type des parcs nationaux. Il programmes forestiers. L’état des
existe ainsi 17 aires protégées dont forêts est très variable mais, de ma-
neuf parcs nationaux, quatre réserves nière générale, les espèces nobles
naturelles et quatre réserves cynégéti- régressent par rapport aux espèces
ques. Un programme d'élargissement rustiques (Annexe 1). En 1997, la
des aires protégées à d'autres zones est surface boisée globale était de
en cours. Les zones humides n’ont pas 3.970.000 hectares. La surface détruite
encore fait l’objet de plans de protec- entre 1955 et 1997 est de 1.030.000
tion adéquats (Annexe 1). hectares (soit 24.000 ha/an). Le taux de
déforestation est de 21% en 42 ans, et
3.21 Les facteurs expliquant la c’est surtout la forêt en bon état qui
dégradation de la biodiversité in- disparaît (58% en 42 ans). La forêt est
cluent: remplacée par des broussailles et des
· tous les facteurs qui contri- reboisements qui présentent des signes
buent à la dégradation des fo- de dégradation plus ou moins récents.
rêts, du couvert végétal, de la
qualité des ressources en eaux 3.23 Les facteurs contribuant à la
et en sols; déforestation sont les suivants
· l'absence d’une politique cohé- · Les incendies. De 1985 à
rente de protection et de suivi, 1994, 920.000 ha de couverts
qu’il s’agisse de ressources forestiers ont brûlé, dont
« in situ » ou « ex-situ »; 477.629 ha en dix ans
(301.780 ha de forêts, 91.566
· le développement insuffisant ha de maquis et 82.746 ha de
des connaissances, de l’ensei- broussailles), soit l’équivalent
gnement et de la recherche re- de 30.000 ha/an de vraie forêt.
latifs à la biodiversité; Malgré les capacités de régé-
· le manque de programmes de nération de la forêt, les incen-
sensibilisation et de participa- dies représentent un véritable
tion à l’intention du plus grand fléau auquel très peu d’espèces
nombre de partenaires (ges- peuvent résister.
tionnaires, agriculteurs, éle-

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NATURE ET ETENDUE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

· Le surpâturage. La forêt sert l’insuffisante maîtrise des ac-


de parcours permanent pendant tions, l’absence de traditions
la saison des neiges pour les sylvicoles, et surtout la non-
éleveurs du Nord. Elle est aus- association des communautés
si terre de transhumance pour locales en fonction de leurs in-
les troupeaux steppiques. On térêts, n’ont pas permis de trai-
dénombre en forêt 960.000 ter les problèmes complexes
bovins, 600.000 caprins et 4,2 posés par la gestion et la
millions d'ovins. Des études conduite moderne des peuple-
montrent que la charge pasto- ments forestiers.
rale est au moins quatre fois
supérieure aux capacités
d’équilibre.
H. L’ECOSYSTEME
· Les coupes de bois. Suite à la STEPPIQUE
hausse du prix du bois, les
coupes illicites de bois de 3.24 L’état des lieux. La steppe
chauffage, de bois d’œuvre algérienne s’étend sur 20 millions
pour la construction et de bois d’hectares et la surface des parcours
d’ébénisterie (cèdre, chêne, est évaluée à 15 millions d’hectares.
orme, frêne, etc.) sont en aug- De manière générale, les « bons sols »
mentation. Ces coupes tou- sont constitués par les lits d’oueds. La
chent les arbres ayant les ca- sédentarisation croissante des éleveurs
ractéristiques phénotypiques et (notamment autour des points d’eau)
génétiques les meilleures et ainsi que l’utilisation de moyens de
éliminent les meilleurs por- transport mécaniques et de citernes
teurs de graines. entraînent une exploitation intensive
· Les insuffisances institution- des pâturages, leur dégradation pro-
nelles. Malgré des reboise- gressive et, pour finir, la désertification
ments importants (972.000 ha (Annexe 1-H). A l’aide d’images
selon un bilan réalisé en 1997), satellites, la Direction Générale des
le taux de réussite est relati- Forêts (DGF) a établi, avec le concours
vement bas (42%). Le barrage du Centre National des Technologies
vert (106.000 ha de reboise- Spatiales (CNTS), une carte de
ment en pin d’Alep) n’a eu sensibilité liée à la désertification. Le
qu’une réussite de 36%. Les Tableau 3.1 répertorie ces différentes
réalisations du programme de zones.
grands travaux ne sont pas pri-
ses en compte. La conception
centralisée des interventions,
Tableau 3.1 Superficies affectées par la désertification
Types de zones ha

Zones désertifiées 487.902


Zones très sensibles 2.215.035
Zones sensibles 5.061.388
Zones moyennement sensibles 3.677.680
Zones peu/pas sensibles 2.379.170

- 46 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

3.25 Pertes de productivité. Les · Régime juridique des terres.


pertes de productivité des sols dégra- Les terres steppiques ont été
dés en milieu steppique sont impor- considérées pendant longtemps
tantes. Selon une étude du Haut Com- comme des terres « arch » et
missariat au Développement de la étaient perçues comme
Steppe (HCDS), la production totale de propriété privée par les grou-
la steppe, qui était de 1,6 milliard pes et personnes qui les ex-
d'unités fourragères en 1978, n'atteint ploitaient. Lorsqu'en 1975,
plus aujourd'hui que le tiers, soit en- suite au remaniement du Code
viron 530 millions d'unités fourragères. pastoral, les terres steppiques
furent reversées au domaine de
3.26 Les facteurs contribuant à la l’État et que celui-ci conféra
désertification sont les suivants: un droit d’usage aux éleveurs,
· Croissance de la population ce statut ambigu de « terre
steppique. La population step- sans maître » entraîna un dé-
pique est passée de 1.255.000 sinvestissement tant de la part
habitants en 1968 à près de 4 de l’État que des éleveurs,
millions en 1996. Durant la avec des conséquences néfas-
même période, la population tes comme la dégradation des
nomade a régressé de 540.000 parcours et la non-régénération
à 200.000 personnes. Cette ré- des ressources.
gression est due au fait que la
transhumance diminue au pro-
fit de déplacements de très I. L’ECOSYSTEME
courte durée (augmentation du SAHARIEN
surpâturage).
3.27 Les parcours pré-sahariens et
· Augmentation du cheptel step-
sahariens sont peu productifs et ne
pique. Le cheptel steppique est
satisfont que 50% de la demande glo-
passé d’un équivalent-ovin
bale. Le taux de couverture de la végé-
pour 4 ha en 1968 à un équiva-
tation est très faible (de 0 à 20%).
lent-ovin pour 0,78 ha, provo-
Cette végétation très adaptée à la sé-
quant un pâturage excessif. La
cheresse et à la géomorphologie carac-
végétation, composée d’alfa,
téristique de la région reste menacée
de sparte et d’armoise, ré-
par l’érosion éolienne, le surpâturage,
gresse progressivement jus-
l’extension de la céréaliculture et
qu’à l’apparition généralisée
l’arrachage des espèces ligneuses, et
de la croûte calcaire.
surtout par une érosion génétique.
· Extension des surfaces culti-
vées. Les surfaces cultivées 3.28 La vulnérabilité des oasis.
sont passées de 1,1 million Les oasis constituent des écosystèmes
d’hectares en 1968 à 2,1 mil- très particuliers (caractères physiques,
lions d’hectares en 1990 à la climatiques, écologiques et sociaux
suite de défrichements sur des spécifiques). Elles sont formées par la
sols fragiles situés en dehors superposition de deux systèmes, l’un
des terres fertiles des fonds naturel en limite d'amplitude bio-
d’oueds ou de dayates6. écologique et l'autre artificialisé; tous
deux sont fortement conditionnés par
6
Dayates: zones d’épandage des crues.

- 47 -
NATURE ET ETENDUE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

les ressources hydriques (Annexe 1). J. LES ZONES URBAINES

3.29 Les facteurs contribuant a la 3.30 L’urbanisation accélérée, la


dégradation des oasis sont les sui- croissance démographique, la densité
vants: de population et les changements de
· La salinisation. Les terres des modes de consommation ont engendré
oasis subissent un phénomène une dégradation constante du cadre de
de salinisation dû aux eaux vie (pollutions des ressources en eaux,
d’irrigation, généralement si- pollutions de l’air, déchets solides,
tuées au niveau des dépres- etc.), exposant l’environnement à des
sions (problème du drainage) risques de pollution permanente tout
et au manque d'entretien du ré- en portant atteinte à la salubrité et la
seau de drainage. santé publique.
· Les eaux usées. L’augmen- a. La pollution des ressources en
tation du volume des eaux eau
usées dans les centres urbains
menace la productivité de cer- 3.31 Aux problèmes alarmants de
taines palmeraies (phénomène disponibilité pour subvenir aux besoins
de remontée des eaux). de la population, s’ajoutent des pro-
blèmes de qualité aggravés par le rejet,
· Autres problèmes. Les oasis des décennies durant, des eaux usées
sont également confrontées à domestiques.
d’autres problèmes comme des
difficultés nouvelles liées à 3.32 Les eaux usées domestiques.
l'accession à la propriété fon- Le volume annuel d’eaux usées reje-
cière agricole; un puisage trop tées est estimé à 600 millions de m3.
important; une exploitation di- Les eaux usées proviennent essentiel-
recte des parcelles en mono- lement des agglomérations situées dans
culture et l’abandon des terres les principaux bassins telliens, ce qui
à la suite de baisses de rende- constitue une source importante de
ments; un manque de technici- pollutions portant préjudice non seu-
té au niveau des exploitations lement au littoral, mais également aux
et une urbanisation anarchique ressources en eau (qui sont déjà rares).
menaçant la qualité esthétique La dégradation des ressources en eau
de certains Ksours. commence ainsi à atteindre des propor-
· Pompage excessif. Les fogga- tions inquiétantes notamment dans la
ras, système d’irrigation origi- région tellienne où se situe la plus
nal, ancestral et patrimoine grande partie des potentialités en eau.
unique, sont menacées par le Si, par leurs rejets d’eaux usées, les
pompage excessif des grands agglomérations côtières causent un
exploitants et le manque d’en- préjudice au littoral, celles de
tretien. L’agriculture tradition- l’intérieur du pays et notamment celles
nelle sous les palmiers qui en situées dans les bassins telliens portent
dépend risque également de préjudice, au-delà du littoral, aux res-
disparaître. sources en eau déjà rares. Les principa-
les raisons de cet état de fait sont évo-
quées ci-après (cf. Annexe 1):

- 48 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

· Raccordement aux réseaux – le prix de l’eau étant lui-


publics d’égouts. Depuis même très fortement subven-
1970, des efforts soutenus sont tionné – ne tient pas compte du
faits en matière de raccorde- principe du pollueur-payeur et
ment des eaux usées domesti- reste trop faible pour pouvoir
ques aux réseaux publics couvrir les frais de gestion.
d’égouts. En 1995, 85% de la · L’assainissement rural. En
population urbaine était rac- matière d'assainissement rural,
cordée au tout-à-l'égout. un important programme
· Les systèmes d’épuration. La d'aménagement de bassins de
mise en place de systèmes décantation a été lancé en
d'épuration n'a pas bénéficié 1987 pour les petites et
du même effort que celui moyennes localités. Ce pro-
accordé au raccordement des gramme s'est traduit par la ré-
eaux usées domestiques aux alisation de 435 bassins con-
réseaux publics d’égouts. Ain- cernant 31 wilayas et 404 loca-
si, dans le cadre de program- lités. La population totale rac-
mes sectoriels centralisés et cordée à ces bassins est d’un
décentralisés réalisés essentiel- million d’habitants. Aucun
lement depuis 1980, 45 sta- bassin n'est pris en charge par
tions d’épuration d'eaux usées les communes bien que leur
domestiques ont été réalisées, entretien consiste en un curage
dont 28 sont à réhabiliter et 9 à une à deux fois par an.
réformer. Le programme en · La pollution des bassins. Les
cours concerne 11 stations. La cartes de qualité des eaux pu-
capacité estimée des stations bliées par l’Agence Nationale
construites est l'équivalent de des Ressources Hydrauliques
4 millions d'habitants, soit (ANRH) montrent que des
17% de la population raccor- tronçons importants de cours
dée à un réseau d'assainisse- d’eau dans les bassins de Taf-
ment. Le rendement épuratoire na, Macta, Chéliff, Soumam et
est quasi nul du fait du non- Seybouse sont aujourd’hui
fonctionnement de la majorité pollués. Pour certains de ces
de ces stations pour les raisons bassins, des systèmes
suivantes: i) aucune politique d’épuration ont été réalisés ou
claire de gestion, d'exploi- sont en cours; pour d’autres
tation et de maintenance de ce bassins comme le Chéliff, le
type d'équipements n'a été dé- Seybouse ou le Kébir, le sous-
finie; ii) les responsabilités équipement est flagrant. Le
respectives des entreprises de bassin du Chéliff où résident 2
l’eau et des communes n’ont millions d’habitants est ainsi
jamais été clarifiées; iii) les exposé à une pollution qui ris-
moyens financiers nécessaires que de remettre en cause le
pour couvrir les coûts d'épura- transfert envisagé vers la ré-
tion ne peuvent être réunis gion d’Oranie et même
dans le cadre de la tarification l’alimentation en eau potable
actuelle. La redevance d'assai- de la quasi-totalité des agglo-
nissement, qui équivaut à 20% mérations desservies par les
du montant de la facture d’eau nappes de la vallée.

- 49 -
NATURE ET ETENDUE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

Tableau 3.2 Maladies à transmission hydrique, 1992-1996 (‰)

Type de Incidence
1992 1993 1994 1995 1996
MTH moyenne
Choléra 0,39 0,06 0,47 0,02 0,00 0.19
Typhoïde 9,68 9,03 16,36 16.21 14.68 13.19
Dysenteries 7.72 7,78 9,24 11,09 9.78 9,13
Mal. virales 13,55 11,78 8,90 11,86 10.98 11,41

cédés techniques non adaptés, le phé-


· Contrôle et surveillance de la nomène de cross-connexion et l'habitat
qualité de l’eau. Le suivi de la précaire expliquent la persistance des
qualité des eaux de surface et MTH.
souterraines est assuré par les
stations de surveillance et les b. Pollution croissante de l'air
laboratoires de la DGE (mesu-
res physico-chimiques et bac- 3.34 L’origine de la pollution de
tériologiques), les stations de l’air. Les pollutions de l'air pro-
surveillance de l’ANRH (me- viennent essentiellement des sources
sures physico-chimiques de mobiles (véhicules de transport) et à un
base) et les laboratoires moindre degré de la combustion des
d’hygiène de wilaya relevant déchets ménagers à l'air libre (voir
du Ministère de la Santé (me- aussi Annexe 1)7.
sures microbiologiques).
La pollution atmosphérique urbaine
Faute d’un programme national de
surveillance et de coordination inter- 3.35 La pollution liée au trafic au-
sectoriel, le rendement global de ce ré- tomobile. La pollution liée au trafic
seau reste très limité. L’absence de automobile est le principal facteur de
normes de qualité pour les milieux ré- la pollution atmosphérique urbaine et
cepteurs, le manque de moyens au ni- affecte la plupart des grandes agglo-
veau des inspections de l’environne- mérations (Alger, Oran, Constantine et
ment et le retard pris dans le déploie- Annaba). Les mesures réalisées dans
ment d’une véritable police de l’eau l'agglomération d'Alger indiquent que
sont des facteurs supplémentaires la concentration de plomb (1 µg/m3)
expliquant le faible exercice de la puis- était en 1985 deux fois supérieure à la
sance publique. valeur indicative de l'OMS. Elle a en-
core augmenté avec la croissance ra-
Les problèmes de santé liés à la pide du parc automobile. En ce qui
pollution de l’eau concerne les fumées noires, les mesu-
res effectuées en 1985 indiquaient une
3.33 Les maladies à transmission concentration 3 fois supérieure à la va-
hydrique (MTH) restent un problème leur indicative de l’OMS.
de santé publique en Algérie. Leur in-
cidence moyenne (nombre par millier)
7
pour les années 1992-1996 est indi- Il est à noter qu’une évaluation précise de la pollu-
tion de l’air doit passer par une étude systématique et
quée dans le Tableau 3.2. L’in- détaillée couvrant au moins les éléments suivants : (i)
suffisance des ressources en eau, la identification de la nature et des sources de la pollu-
non-conformité des réseaux d’AEP et tion; (ii) estimation des concentrations des polluants;
(iii) identification des populations exposées ; (iv) éva-
d'assainissement, l'utilisation de pro- luation des impacts.

- 50 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

Avec un parc automobile en constante Les effets sur la santé publique


progression depuis 1985 (5% par an) et
se caractérisant par une certaine vétus- 3.37 Aucune étude épidémiologique
té (70 % du parc a plus de 15 ans établissant des corrélations claires en-
d’âge), les concentrations d'oxyde tre la pollution atmosphérique et la
d'azote (NOX), de monoxyde de car- santé publique n’a été effectuée jus-
bone (CO) et de composés organiques qu’à présent. Néanmoins, l'étude des
volatiles (COV) sont en nette augmen- priorités sanitaires effectuée en 1996
tation. L'absence d’une législation adé- par l’Institut National de la Santé Pu-
quate (normes d’émissions) et d'une blique (INSP) permet d'avoir une idée
politique de contrôle de ce type de du profil épidémiologique de certaines
pollution est responsable de pathologies respiratoires liées à
l’accroissement de ces émissions. Le l’environnement. Le Tableau 3.3 indi-
contrôle technique des véhicules est que le nombre de cas de morbidité res-
envisagé, mais tarde à être mis en piratoire et quelques taux de mortalité.
place. L'introduction de l'essence sans Les spécialistes considèrent que 25%
plomb a été engagée, mais n'a pas bé- de ces cas sont imputables à la pollu-
néficié des investissements et incita- tion atmosphérique.
Tableau 3.3 Nombre de cas liés à la morbidité respiratoire et mortalité

Morbidité Mortalité
Maladies
(nombre de cas) (taux pour 100 000 hab.)
Bronchite chronique 353 600 16,69
Cancers du poumon 1 522 2,74
Asthme 544 000 1,97

tions fiscales nécessaires à sa c. La prolifération des déchets


généralisation. De plus, aucune ménagers
politique de sensibilisation à ce type de 3.38 La croissance démographique
pollution n'a encore été mise en œuvre. et le développement urbain ont pro-
voqué la prolifération des déchets – dé-
3.36 La combustion des déchets. chets dont la gestion n’est pas encore
La combustion des déchets ménagers maîtrisée – avec toutes les implications
est également un élément significatif en résultant pour les écosystèmes et la
de la pollution d'origine urbaine. A ti- santé publique.
tre d'exemple, le niveau de pollution
est largement supérieur à la valeur li- Les déchets ménagers urbains
mite dans un rayon de 10 km autour de
la décharge d'Alger. Ce type de pollu- 3.39 La quantité de déchets mé-
tion locale est un problème qu'il nagers. Les quantités de déchets ur-
convient de traiter dans le cadre d'une bains, de 0,5 kg/hab./j, sont estimées
politique globale des déchets ména- sur la base des statistiques officielles
gers. de population par wilaya ainsi que sur
des ratios de production de déchets

- 51 -
NATURE ET ETENDUE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

par habitant. Dans les zones très urba- opérateurs et des utilisateurs, les quel-
nisées, le taux de déchets urbains est ques expériences de compostage ne se
légèrement supérieur (0,64 kg/hab./j), sont pas avérées concluantes. La quan-
car il est tenu compte des déchets in- tité de déchets recyclables est évaluée
dustriels peu toxiques qui sont mis en comme suit: métaux 100.000 t/an, pa-
décharge. Pour le cas d’Alger, la quan- pier 385.000 t/an, verre 50.000 t/an,
tité de déchets urbains est de 0,75 plastiques 130.000 t/an.
kg/hab./jour. La quantité de déchets
ainsi produits s’élève à 5,2 millions de 3.43 Une réglementation insuffi-
tonnes par an, soit 10,5 millions de m3 sante. Un décret fixant les conditions
mis en décharge chaque année. d'enlèvement et de traitement des dé-
chets solides urbains a été promulgué
3.40 La collecte. Actuellement, la en 1984. En 1987, deux circulaires re-
collecte des déchets incombe aux ser- latives au programme de réalisation de
vices communaux. A cause du manque décharges contrôlées ont été diffusées.
de moyens financiers, de formation des La réglementation est insuffisante et ne
gestionnaires et de directives précises, prévoit pas de schéma rationnel de trai-
la fonction « assainissement et voirie » tement des déchets en fonction de la
n’est pas assurée dans les meilleures taille des différentes agglomérations.
conditions. En effet, le ramassage est La taxe d'enlèvement des ordures mé-
effectué à l'aide de véhicules en mau- nagères est restée trop longtemps insi-
vais état, à partir d'éléments le plus gnifiante et son niveau de recouvre-
souvent non standardisés (niches de ment est inconnu. Les programmes de
béton, conteneurs métalliques, etc.) et sensibilisation ne font pas l'objet d'une
dans des conditions de programmation politique soutenue et continue. En ce
peu rigoureuses. qui concerne les déchets urbains, force
est de constater qu'à l'exception de la
3.41 L’absence de décharges con- décharge d'Alger pour laquelle des me-
trôlées. Selon l’inventaire partiel éla- sures conservatoires ont été prises, au-
boré par la DGE en 1996, on observe cune démarche globale n'a été entre-
une prise en charge déficiente des dé- prise à ce jour. Les budgets alloués
chets urbains liée à la quasi-absence de servent le plus souvent à acquérir des
décharges « contrôlées » ainsi qu'une équipements de ramassage tandis que
prolifération des décharges sauvages. les questions concernant le choix de
Sur les 281 décharges recensées, on site, la gestion des installations, la
peut évaluer à environ 2.500 ha l'aire formation des opérateurs ou la sensibi-
totale dévolue aux déchets, ce qui re- lisation du public ne sont pas traitées.
présente près de 70% des besoins to-
taux estimés. Un nombre important de 3.44 Une gestion défaillante. La
wilayas semble souffrir du manque de gestion non rationnelle et insuffisante
surfaces affectées aux déchets. des déchets solides se traduit par la
pollution des nappes phréatiques,
3.42 Les déchets recyclables. Les l’apparition d’émanations gazeuses, la
déchets recyclables ne font pas l'objet prolifération de moustiques et de ron-
d'une action organisée de tri, de récu- geurs, des impacts sur la santé publi-
pération et de recyclage, malgré l'exis- que dus aux incinérations des déchets
tence d'une forte activité informelle. dans les décharges, des pertes écono-
Compte tenu du manque d’information miques (matériaux non recyclés, ab-
et de sensibilisation à l'attention des sence de compostage, perte de

- 52 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

terrains, etc.) et des pertes esthétiques et 19 sont à l’étude. Les capacités


(dégradation des paysages). d'épuration des effluents industriels re-
présentent environ 20 millions de
m3/an, soit quelque 10% du volume
K. LES ZONES d’eaux résiduaires générées. Les deux
INDUSTRIELLES grands « points chauds » en matière
d'eaux usées industrielles sont les en-
L’Algérie est aujourd’hui confrontée à treprises SIDER (Annaba) et GIPEC
de sérieux problèmes de pollution in- (production de pâte de papier à Mosta-
dustrielle. Le parc industriel national ganem et Bab Ali). Un projet de la
est ancien et vétuste, fréquemment Banque mondiale a été mis en place
inefficace et polluant. Il faut noter en pour l'entreprise SIDER. Un décret in-
outre que le processus d’industriali- terdisant le déversement des effluents
sation s’est effectué dans des condi- liquides industriels dans le milieu natu-
tions ne tenant pas compte des impéra- rel et les réseaux d’assainissement a
tifs écologiques. Les pollutions engen- été promulgué en 1993 (Décrets exécu-
drées par le rejet d’eaux industrielles tifs n° 93-160, 93-161), mais il ne
non traitées, les émissions atmosphéri- semble pas avoir eu l’effet escompté.
ques et la production de déchets spé- Le Code des eaux récemment amendé
ciaux (dont la gestion est inadaptée) prévoit des incitations financières pour
menacent très sérieusement la qualité encourager les industriels à installer
des écosystèmes. des systèmes d’épuration. Des incita-
tions sont également prévues pour les
a. Les eaux usées industrielles mesures d’économie de l’eau. Le déca-
3.45 La pollution engendrée par lage entre les textes et la réalité reste
les eaux usées industrielles. On es- important.
time que les entreprises industrielles
génèrent annuellement plus de 220 3.47 La pollution agrochimique.
millions de m3 d’eaux usées, 55.000 La pollution des ressources hydriques
tonnes de DBO5, 135.000 tonnes de (de surface et souterraines) par les en-
matières en suspension, et 8.000 ton- grais, notamment les nitrates, est très
nes de matières azotées. Comme les importante. La zone de la Mitidja a fait
eaux usées domestiques, les effluents l’objet d’un suivi de 1985 à 1993,
industriels contribuent de façon nota- montrant que la nappe souterraine pré-
ble à la pollution des cours d’eaux et sentait dans ses parties Est et Ouest des
des barrages. C'est le cas notamment teneurs importantes en nitrates, no-
pour les barrages de Beni Bahdel, tamment dans la région de Réghaïa
Bakhada, Lekhal et Hamam Grouz. Il (200 mg/l en 1993). La zone du haut
en est de même pour les oueds de Taf- Chellif (270 mg/l) et la nappe de Sidi
na, Seybouse, Soumam, Cheliff et Me- Bel Abbès (60-196 mg/l) ont fait éga-
kerra (Annexe 1). lement l’objet, durant la même pé-
riode, d’investigations de la part de
l’ANRH. L’ANRH a également procé-
3.46 L’épuration des eaux usées
dé en 1990 à la détermination des te-
industrielles. Selon une enquête du
neurs en nitrate au niveau de quelques
bureau d'études EEC réalisée en 1996,
barrages du Nord Algérien (Ghrib,
la situation en matière d'épuration des
Khedarra, Hamiz et Derdeur) ainsi que
eaux usées résiduaires est la suivante:
des oueds les alimentant. Il a été ob-
42 stations sont fonctionnelles, 15 sont
servé que les fortes teneurs
à l'arrêt, 9 sont en cours de réalisation

- 53 -
NATURE ET ETENDUE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

apparaissaient en saison chaude crire le problème, mais cela reste tou-


(étiage) et pouvaient atteindre 56 mg/l tefois incomplet. En ce qui concerne
tout en restant globalement inférieures les oxydes d’azote, les centrales de
à la norme OMS. Un risque d’eutroph- production électrique et, dans une
sation des plans d’eau a été rapporté. moindre mesure, les raffineries de pé-
La politique de subvention des pro- trole et les complexes GNL consti-
duits agrochimiques qui a été menée tuent, après le trafic automobile, les
est largement responsable de cette si- principales sources d'émissions.
tuation. Néanmoins, avec la suppres-
sion de la subvention, le ratio c. Les déchets spéciaux
d’utilisation des engrais et des produits
phytosanitaires est en très nette dimi- 3.49 La production de déchets
nution, ce qui peut entraîner à terme spéciaux. La production de déchets
une amélioration de la situation. spéciaux8 est de l'ordre de 180.000
tonnes/an ainsi répartie: 9.500 t de dé-
chets biodégradables; 6.500 t de dé-
b. La pollution atmosphérique
chets organiques; 48.000 t de déchets
d’origine industrielle
inorganiques et 55.000 t de déchets
3.48 La pollution atmosphérique peu toxiques. Ces déchets sont princi-
d’origine industrielle. La pollution palement produits dans les wilayas
atmosphérique d’origine industrielle d’Annaba (36%), Médéa (16%), Tlem-
est constituée essentiellement d'émis- cen (15%) et Oran (14%) (Annexe 1).
sions de poussières, de dioxydes de En ce qui concerne les huiles usagées,
soufre (SO2) et d'oxydes d’azote 140.000 tonnes d’huiles sont annuel-
(NOX). Les émissions de poussières lement commercialisées par
ont pendant longtemps été très impor- l’entreprise NAFTAL. 8% seulement
tantes à l’intérieur et au voisinage des sont récupérées en vue d'un recyclage
cimenteries; sur certains sites, les à l'étranger. Les huiles usagées qui
concentrations étaient jusqu’à 10 fois sont rejetées dans les stations-service
supérieures aux valeurs de référence. ainsi que les vidanges sauvages consti-
Le programme en cours visant à équi- tuent un problème environnemental
per l'ensemble des cimenteries en élec- important. Les autres déchets spéciaux
trofiltres devrait permettre de remédier sont:
à la situation. Le complexe sidérurgi-
· les déchets liés aux activités de
que ENSIDER reçoit la même atten-
soins: 125.000 t/an dont
tion dans le cadre d'un programme fi-
33.000 t considérées comme
nancé par la Banque mondiale. Le sec-
toxiques et 22.000 t comme in-
teur minier (complexe de Djebel Ouk)
fectieuses;
et les plâtreries sont également, mais à
un degré moindre, responsables · les déchets agrochimiques
d’émissions de poussières. Après la (pesticides, insecticides péri-
fermeture (dans le cadre d'un projet fi- més) qui constituent un stock
nancé par la Banque mondiale) de de 2.200 t;
l'unité d’acide sulfurique d’ASMIDAL · les déchets amiantés qui sont
(principale responsable d’émissions de estimés à 7.000 t/an.
SO2), c'est le complexe d'électrolyse de
zinc de Ghazaouet qui constitue le
principal point chaud pour ce type
d’émissions. Des investissements ont 8
Etude B.C Berlin, Rapport Evaluation des déchets
été récemment consentis pour circons- dangereux en Algérie, 1994.

- 54 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

3.50 L’absence de classification et les industriels à diminuer la production


de réglementation. Il n’y a pas, pour de déchets à la source et à internaliser
l’instant, de classification des déchets les coûts ne sont pas disponibles (voir
spéciaux. Une réglementation appro- toutefois le Tableau 6.2).
priée concernant les déchets spéciaux
et les substances chimiques toxiques 3.52 L’absence de politique claire
(tant pour leur transport que pour leur de lutte contre la pollution d’origine
gestion) n’est pas finalisée à ce jour. industrielle. Il est souvent fait réfé-
L’absence de classification et de ré- rence à des facteurs techniques pour
glementation n’a pas incité les indus- expliquer les émissions d'origine in-
triels à adopter une procédure claire dustrielle (par exemple surexploitation
d'élimination de leurs déchets. La plu- et/ou vétusté de certaines unités, man-
part des déchets spéciaux y compris les que de maintenance, manque de maî-
plus toxiques sont, à l’heure actuelle, trise dans les paramètres de marche de
stockés au niveau des producteurs dans certaines installations). En réalité, les
des conditions qui ne sont pas toujours émissions d’origine industrielle sont
adéquates. Ils sont aussi, parfois, dues à une absence de politique claire
déposés dans les décharges publiques. de lutte contre les pollutions d'origine
Seuls certains déchets spéciaux ont fait industrielle. En effet, le constat est le
l'objet d'une réglementation spécifique: suivant:
· les PCB: un décret de 1986 in- · absence de normes nationales
terdit à l'avenir leur achat, ces- de rejet (aucune contrainte sur
sion ou utilisation; il fixe les les industriels n’est exercée);
conditions de détention, de · pas d’inspection ni de con-
transport et de stockage de trôles réguliers effectués par
ceux qui sont déjà sur le mar- une structure officielle
ché; adéquatement équipée;
· les huiles usagées : leur col- · manque de motivation des
lecte et leur utilisation sont ré- producteurs (inexistence d’in-
glementées; le décret interdit citations économiques et fi-
leur rejet dans la nature et fait nancières à même de faire
obligation aux sociétés distri- supporter aux pollueurs les
buant les huiles neuves de les coûts de la dégradation de
récupérer après usage. l'environnement et les effets
sur la santé publique);
3.51 Le manque de gestion. Le · aucune politique de sensibili-
problème de la gestion des déchets sation.
spéciaux reste entier car ces derniers
sont soumis à des réglementations spé-
cifiques peu précises; les responsabili- L. PATRIMOINE
tés et obligations des différents inter- ARCHEOLOGIQUE ET
venants (administration, producteurs HISTORIQUE MENACE
de déchets, transporteurs, gestionnaires
des installations de traitement et d'éli- 3.53 Le patrimoine archéologique,
mination) ne sont pas définies ; les témoin matériel de l’histoire, acquiert
schémas de traitement pour chaque ca- une place de plus en plus importante
tégorie de déchets ne sont pas établis, dans toute politique de développement
les instruments susceptibles d'inciter économique, social et culturel.

- 55 -
NATURE ET ETENDUE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

Jusqu'à ces dernières années, ce patri- 3.55 La dégradation du patri-


moine n'a pas fait l'objet d'une atten- moine archéologique et historique.
tion soutenue et n'a pas donné lieu à la Des atteintes naturelles et anthropiques
définition d'une politique de préserva- entraînent la dégradation du patrimoine
tion et de promotion. archéologique et historique.
3.54 La richesse du patrimoine
archéologique et historique. L'Algé- 3.56 Les atteintes naturelles. Les
rie a inscrit sur son sol les traces de ci- atteintes naturelles sont importantes
vilisations diverses qui ont fécondé son pour le patrimoine archéologique et
passé: historique localisé dans le Sahara:
vents de sable et pluies érodant les
· la préhistoire: gravures rupes- peintures et gravures rupestres, des-
tres du Tassili, de l’Ahaggar et quamations en « pelures d’oignons »
de l’Atlas saharien; des roches gravées ou peintes (dues
· la protohistoire: monuments aux variations de température). L’effet
funéraires (dolmens, crom- de l'infiltration des eaux de pluie a été
lechs et tumulus); observé dans les vestiges de monu-
· la période antique: vestiges ar- ments historiques, éliminant le liant
chéologiques très nombreux; des pierres de taille et provoquant l'ef-
civilisation punique, royaumes fondrement de parois entières (cas des
berbères (Andalouses, Khroub, monuments de la période islamique:
Medracen, Sig); civilisation Kalaa des Beni Hammad, Mansourah,
romaine avec des vestiges de Ksours sahariens, etc.). Le sel de mer a
villes de cette période (Tipaza, également un rôle dans la dégradation
Timgad, Djemila, etc.); du patrimoine archéologique et histori-
que, car il ronge les sites et monuments
· l’époque médiévale (très im-
historiques côtiers (Tipaza, Cherchel,
portante pour l'histoire algé-
Tigzirt, Hippone). Tout aussi néfastes
rienne): les vestiges de cette
sont les tremblements de terre, qui
époque sont encore utilisés et
ébranlent les structures et sites des
intégrés à la vie sociale, cultu-
monuments historiques (Tipaza, Cher-
relle et religieuse du pays.
chel, Nador).
Ainsi en est-il des mosquées
de Tenes, Tlemcen, Sidi Okba,
3.57 Les atteintes anthropiques.
Collo, Mostaganem et des ves-
Les atteintes anthropiques sont de deux
tiges archéologiques de Tlem-
ordres: d’une part, le développement
cen, Béjaia, Benia, de la Qalaa
urbain qui s’effectue au détriment du
des Beni Hammad et de la val-
parc archéologique: lotissements sur le
lée du Mzab;
périmètre archéologique de Mansourah
· les époques moderne et con- (Tlemcen), extension de villes nouvel-
temporaine: Casbah d’Alger, les au détriment des vestiges (Tipaza);
palais et autres édifices d’autre part, les pillages de pierres de
d’Oran, Constantine et Anna- taille (sites de Tebessa, Tipaza, Cher-
ba, les constructions dues à chel, Djemila, Timgad) et les dépréda-
l’Émir Abdelkader et les té- tions diverses (graffitis, découpage de
moins de la lutte armée de peintures et gravures par les touristes,
1954-1962. etc.).

- 56 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

Dans tous les cas, la dégradation du 3.59 Les substances appauvris-


patrimoine ar-chéologique et histori- sant la couche d’ozone (SAO): en ra-
que est le résultat de l'intervention in- tifiant la convention de Vienne et le
suffisante de l'État qui n'a pas fait ap- protocole de Montréal, l’Algérie a en-
pliquer avec rigueur les textes portant gagé un programme sérieux de réduc-
sauvegarde du patrimoine (quasi- tion des SAO. Deux projets ont été ré-
inexistence d'une police du patrimoine) alisés dans les domaines de la réfri-
et n'a pas dégagé les ressources hu- gération et des aérosols. Le programme
maines (absence d’une école du patri- en cours, constitué de 21 projets (ré-
moine) et financières nécessaires à la frigération, aérosols, mousses, sol-
préservation et à la restauration des si- vants) permettra d’éliminer 1 300 ton-
tes et monuments (voir Annexe 1). nes de CFC, soit 60 % de la consom-
mation annuelle nationale.

M. LES PROBLEMES 3.60 La biodiversité: les processus


GLOBAUX de dégradation des sols, de désertifica-
tion, les pollutions marines, mais aussi
L’Algérie a engagé différents pro- certaines pratiques culturales ont for-
grammes et participe à la protection de tement endommagé le stock de res-
l’environnement global. Les princi- sources génétiques. En adhérant à la
pales actions menées concernent le Convention sur la diversité biologique,
changement climatique, les substances l’Algérie s’est engagée, dans une pre-
appauvrissant la couche d’ozone, la mière phase, à élaborer une Stratégie
biodiversité et les eaux marines inter- Nationale et un Plan d’utilisation dura-
nationales. ble, de préservation et de conservation
de la biodiversité dans le cadre d’un
3.58 Les changements climati- financement du Fonds mondial de
ques: l’Algérie a signé la Convention l’Environnement.
Cadre sur les changements climatiques
et souscrit pleinement aux engage- 3.61 Les eaux marines internatio-
ments y stipulés, en particulier la stabi- nales: l’Algérie a adhéré à la Conven-
lisation des émissions à effet de serre. tion de Barcelone relative à la protec-
La politique volontariste basée sur tion de la Mer Méditerranée, qui a un
l’utilisation maximale du gaz naturel caractère régional important, et à ses
(90% de la production électrique) et différents protocoles. Un programme
l’effort entrepris par l’entreprise SO- de lutte et de prévention des pollutions
NATRACH pour réduire les quantités par les hydrocarbures a été mis en
de gaz brûlés au niveau des torchères place dans le cadre d’un don du Fonds
sont autant d’actions qui s’inscrivent mondial de l’Environnement au profit
dans les préoccupations internationa- des pays du Maghreb: acquisition de
les. L’adoption récente d’une loi rela- matériel de lutte, remise en marche de
tive à la maîtrise de l’énergie permettra stations de déballastage, équipements
également la mise en œuvre de et produits de laboratoires, formation
programmes d’économie de l’énergie de personnel. Parallèlement, sous
dans divers domaines. Enfin, l’Algérie l’égide du PAM, un plan
renforce ses capacités pour la mise en d’aménagement côtier pilote (PAC),
œuvre de la Convention Cadre au tra- qui concerne une zone littorale qui
vers de deux programmes financés par s’étend du Mont Chenoua à Cap Dji-
le Fonds mondial de l’Environnement. net, devra permettre de définir des

- 57 -
NATURE ET ETENDUE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

opérations de lutte contre les pollu-


tions, de réhabilitation de sites natu-
rels, de mécanismes et instruments de
gestion intégrée des zones côtières.

- 58 -
IV. IMPACTS ÉCONOMIQUES DES PROBLÈMES
ENVIRONNEMENTAUX

A. INTRUDUCTION ritaires en liaison avec d’autres aspects


d’ordre politique et social9.
4.01 Les enseignements du chapitre
précédent, notamment au niveau de
l’analyse des causes de la dégradation B. CADRE
environnementale, démontrent que MÉTHODOLOGIQUE
l’étendue et la gravité des problèmes
environnementaux en Algérie affectent a. Approche par coûts des
la santé et la qualité de vie de la popu- dommages et coûts de
lation, la productivité et la durabilité remplacement
du capital naturel de même que l’effi- 4.03 Conceptuellement, l’identifica-
cacité de l’utilisation des ressources et tion des priorités repose sur l’analyse
la compétitivité de l’économie. La de l’efficacité des mesures (institu-
transition environnementale qui en dé- tionnelles et investissements) visant à
coule se trouve clairement reliée à la atténuer la dégradation de l’en-
transition socio-économique dans la- vironnement et sur la mise en place
quelle le pays s’est engagé. d’un système de prévention et de
contrôle permettant de maintenir une
4.02 Cela signifie qu’il ne s’agit pas qualité de l’environnement acceptable
simplement d’investissements anti- (en principe reflétée par les lois et
pollution ou de mesures préventives standards mis en place). Sur le plan
ponctuelles. Une stratégie réfléchie pratique, ceci nécessite l’évaluation et
(objet du Chapitre V) doit non seule- la comparaison des coûts de dégrada-
ment viser des objectifs de qualité tion de l’environnement, qu’on appel-
sous-tendus par une vision du futur, lera coûts des dommages (CDD), et
mais également proposer un train de des coûts d’atténuation de cette dégra-
mesures à court et moyen terme et dation, qu’on appellera coûts de remé-
identifier la « voie critique » pour les
mettre en œuvre (objet du Chapitre
VI). C’est dans cette optique que s'ins- 9
Il convient de noter que, selon la disponibilité et la
crit l’analyse économique, objet du qualité des données et suite à des incertitudes liées
aux processus environnementaux et, dans certains
présent chapitre, dont l’objectif princi- cas, au manque de méthodes d’estimation,
pal est d’éclairer les choix stratégiques l’évaluation économique ne peut que suggérer des or-
et l’efficacité relative des actions prio- dres de grandeur permettant d’éclairer les choix
futurs.

- 59 -
IMPACTS ÉCONOMIQUES DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

diation ou coûts de remplacement tière de qualité environnemen-


(CDR). tale; et enfin
(e) analyse des priorités sur la
4.04 De manière générale, l’analyse base de ratios coûts de rem-
économique comprend plusieurs étapes placement / coûts des dom-
dont le détail apparaît à l’Annexe 2: mages (CDR/CDD)11.
(a) identification, répertoriage et
quantification physique des 4.05 Sur le plan pratique, l’évalu-
dommages (polluants atmos- ation est faite dans un premier temps
phériques, eaux usées, érosion par secteur environnemental (eau, air,
des sols, production de dé- sols, forêts, biodiversité, déchets, litto-
chets, etc.); ral, archéologie, énergie et environne-
(b) classement économique selon ment global). L’évaluation des dom-
trois grandes catégories: (i) mages pour chaque domaine de
impacts sur la santé et le cadre l’environnement comporte les élé-
de vie (pertes d’aménités); (ii) ments suivants:
pertes de productivité (agricole
ou autres) et dégradation du Eau
capital naturel; (iii) pertes · Santé et qualité de vie (morbi-
économiques10 ayant un im- dité, qualité de la ressource)
pact sur la compétitivité et · Capital naturel (pertes de la
l’efficacité de l’activité écono- ressource)
mique;
· Pertes économiques (habitants
(c) évaluation économique (utili- mal desservis)
sant le système des prix) et
Air
expression des dommages en
part du PIB algérien (%) afin · Santé et qualité de vie (morta-
d'obtenir des valeurs compara- lité et morbidité)
bles pouvant être considérées · Capital naturel (pertes agrico-
comme des indicateurs d’avan- les dues à la pollution de l’air)
tages « perdus » du fait d’une
absence ou d’une insuffisance Sols, Forêts, Biodiversité
d’actions environnementales – · Santé et qualité de vie (faible
et fournissant par conséquent incidence environnementale)
une indication des bénéfices
environnementaux potentiels;
(d) estimation (et expression en 11
Il est important de relever que, dans le cas présent,
pourcentage du PIB) des coûts l’analyse s'effectuant essentiellement à l’échelle
de remplacement sur la base macro-économique, l’utilisation de ratios CDR/CDD
permet de relativiser l’effort que doit consentir la so-
d’un certain nombre d’hypo- ciété pour atteindre une certaine qualité de l’en-
thèses concernant les objectifs vironnement par rapport à la totalité du coût social
que se fixe la société en ma- de dégradation qui peut être estimé. En ce sens, le
critère CDR/CDD peut être interprété comme un in-
dicateur d’efficacité relative de différents pro-
10
Les pertes économiques ainsi définies (hors pertes grammes de protection de l’environnement. En ce
de productivité et hors dégradation du capital naturel) sens, il reste éloigné d’un pur critère coûts-bénéfices
représentent un manque à gagner lié à la mauvaise Le critère coûts-bénéfices reste réservé à l’analyse
gestion des ressources naturelles (par exemple : fuites économique de projets pour lesquels il est plus facile
dans les canalisations d’eau, pertes de revenus touris- d’identifier et d'imputer les bénéfices de diverses op-
tiques, gestion inefficace de l’énergie et des matières tions d’investissement ; il sert plutôt à évaluer la ren-
premières). tabilité interne des projets.

- 60 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

· Capital naturel (dégradation gériens. De manière générale, les prin-


des sols, déforestation, biodi- cipales hypothèses utilisées sont les
versité, empiètement urbain) suivantes:
Déchets · Les coûts des dommages in-
cluent l’impact sur la santé et
· Santé et qualité de vie (salubri- la qualité de la vie (mortalité,
té, pollution) morbidité, perte de productivi-
· Pertes économiques (potentiel té, cadre de vie/récréation),
de récupération non réalisé) l’impact sur le capital naturel
(pertes de productivité et/ou de
Littoral, Archéologie
ressource, coûts indirects liés à
· Santé et qualité de vie (pollu- la dégradation de la ressource)
tion due aux accidents chimi- et le coût d’opportunité dû à
ques) une gestion inefficace des res-
· Capital naturel (empiétement sources.
du littoral) · Certains impacts – comme la
· Pertes économiques (pertes de perte des fonctions écologi-
revenus touristiques liées à la ques des forêts – n’ont pas pu
dégradation du littoral et du être évalués et, ainsi, seule
patrimoine archéologique) une fraction du coût écolo-
gique total a été prise en
Énergie, Matières Premières, Compéti-
compte. Par conséquent, les
tivité
résultats obtenus indiquent
· Pertes économiques (manque dans plusieurs cas des valeurs
d’efficience, image de mar- plancher plutôt que des valeurs
que) plafond.
Environnement Global · Dans certains cas - par exemple
· Environnement global (gaz à pour les déchets industriels -,
effet de serre) le coût des dommages n’a pas
pu être évalué. En consé-
Les évaluations effectuées sont ensuite quence, le coût de traitement,
regroupées au sein de quatre catégories de dépollution ou de restaura-
économiques: santé et qualité de vie, tion a été retenu comme ap-
conservation et amélioration du capital proximation.
naturel, compétitivité et efficacité éco- · Le tarif payé pour certains ser-
nomique, environnement global. vices – par exemple la collecte
des déchets urbains – est par-
b. Hypothèses principales fois utilisé comme approxima-
4.06 Il convient de signaler que tion de la « disposition à
l’évaluation des coûts des dommages payer » des ménages pour une
et des coûts de remplacement pour les amélioration de la salubrité
différentes catégories de problèmes publique.
environnementaux a été sujette à de · Toutes les estimations sont
nombreuses hypothèses et simplifica- présentées en valeurs annuel-
tions. Les estimations qui en résultent les. Concernant les coûts de
sont nécessairement grossières et indi- remplacement, certains inves-
catives. Dans bien des cas, les estima- tissements initialement conçus
tions reposent sur les avis d’experts al- pour une période de 10 ans

- 61 -
IMPACTS ÉCONOMIQUES DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

ont été annualisés moyennant 4.09 L’eau. Le manque d'eau pota-


un taux d’escompte de 10%. ble et d'assainissement ainsi que la pol-
· Toutes les estimations sont lution de l’eau entraînent des domma-
exprimées en parts au PIB12 ges sur la santé humaine, le cadre de
(%), ce qui permet d'obtenir un vie et les écosystèmes. L’impact du
indicateur unifié. manque d’eau potable et
d’assainissement sur la mortalité et la
· 1998 constitue l’année de réfé- morbidité a été estimé en termes
rence pour tous les calculs. d’années perdues du fait des incapaci-
tés résultant de la pollution (Disability
Adjusted Life Years ou DALY). En
C. ESTIMATION DU COUT Algérie, le manque d’accès à l’eau po-
DE LA DEGRADATION DE table et à l’assainissement est estimé
L’ENVIRONNEMENT entraîner la perte d’environ 205.500
DALYs annuellement, soit
4.07 Cette section présente les ré- l’équivalent de près de 320 millions de
sultats de l'évaluation des coûts des dollars ou 0,69% du PIB (voir Annexe
dommages (les détails sont fournis à 2). Outre les impacts sur la santé,
l’Annexe 2) sur la santé et la qualité de l’hypothèse est faite, par analogie avec
vie, la dégradation du capital naturel et des enquêtes menées dans d’autres
l’efficacité et la compétitivité écono- pays, qu’une partie de la population
mique. Tous les résultats sont expri- algérienne serait disposée à payer près
més en % du PIB algérien de 1998. de 54 ALD par an pour préserver la
qualité des cours d’eau à des fins ré-
a. Santé et qualité de vie créatives. Le total de cette « valeur ré-
4.08 Cette catégorie regroupe les créative » est toutefois minime et
coûts des dommages sur la santé et la s’élève à moins de 0,01% du PIB.
qualité de vie liés à la dégradation de
l’eau, de l’air, des sols, des forêts, de 4.10 L’air. Les plus importants
la biodiversité, des déchets, du littoral dommages liés à la pollution de l’air
et du patrimoine archéologique. Ainsi concernent la santé. L’étude traite

Tableau 4.1 Impact de la dégradation environnementale sur la santé et la


qualité de vie

Domaines % du PIB
Eau (morbidité, dégradation de la qualité de la ressource) 0,69%
Air (morbidité, mortalité) 0,94%
Sols, Forêt, Biodiversité (pauvreté) 0,15%
Déchets (salubrité, pollution) 0,19%
Littoral (accidents chimiques) 0,01%
Total 1,98%

estimé, le total des coûts des domma- l’impact de la pollution dans sa dimen-
ges s’élève à 1,98% du PIB. Les résul- sion extérieure (pollution de l’air ur-
tats par secteur de l’environnement bain essentiellement dans les grandes
sont présentés au Tableau 4.1 villes) et sa dimension intérieure (pol-
lution de l’air dans les habitations).
12
47,2 milliards USD en 1998.

- 62 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

L’évaluation des coûts repose à la fois Les déchets spéciaux (spéciaux et liés
sur les enquêtes de santé (mortalité et aux activités de soins) ont été quant à
morbidité) conduites en Algérie et sur eux saisis en valeur basse en recourant
les estimations en termes de DALYs aux coûts de remplacement estimés à
effectuées par la Banque Mondiale13. 0,08% du PIB.
Les estimations des deux approches se
rejoignent, le total étant évalué à 4.13 Les accidents chimiques.
0,82% du PIB. La pollution de l’air en- Pour le littoral, l’impact de la pollution
traîne aussi une détérioration de la causée par les accidents chimiques
qualité de la vie. Cette perte de bien- dans les régions portuaires a été retenu.
être a été estimée à travers à la disposi- Cet impact est relativement mineur et
tion à payer des ménages algériens vi- s’élève à 0,01 % du PIB.
vant en zones urbaines, industrielles et
près des décharges pour améliorer la b. Capital naturel
qualité de l’air et prévenir la dégrada-
4.14 Cette catégorie comprend
tion des immeubles. Cet impact s’élève
l’impact de la dégradation de l’envi-
à près de 0,12 % du PIB.
ronnement sur le capital naturel, c’est à
dire sur l’eau, l’air, les sols, les forêts
4.11 La pauvreté. La dégradation
et la biodiversité Le coût des dom-
des sols (bassins versants dénudés, zo-
mages à ce titre est estimé à 1,84% du
nes steppiques dégradées, etc.) a un
PIB. La répartition des coûts par sec-
impact sur les activités agricoles ainsi
teur environnemental est indiquée au
que sur les activités non agricoles et de
Tableau 4.2.
services. La perte de revenu agricole
est calculée dans la section suivante (b.
4.15 Les pertes dans les réseaux
Capital naturel). La perte de revenu
de distribution d’eau. En Algérie, les
non agricole est, quant à elle, calculée
pertes dans le système de distribution
sur la base du nombre d’emplois non
d’eau potable et industrielle sont esti-
agricoles estimés perdus. En Algérie,
mées à plus de 40 %. Les fuites dans
près de 44.000 emplois non agricoles
les réseaux d’irrigation sont évaluées à
seraient perdus chaque année à cause
plus de 50 %. De plus, l’envasement
de la dégradation des sols et des par-
des barrages entraîne une diminution
cours. Ceci représente près de 0,15 %
de leur capacité et donc une perte addi-
du PIB.
tionnelle en eau. L'évaluation écono-
mique « conservatrice » des pertes en
4.12 Les déchets. Les dommages
eau s’élève à près de 0,62 % du PIB. A
dans le domaine des déchets ont été
ceci s'ajoute que la subvention de l’eau
évalués en fonction des pertes d'améni-
entraîne une utilisation non optimale
tés causées par la collecte lacunaire
de cette ressource. En outre, près de 60
des déchets et le non-traitement des
% des ressources en eau sont absor-
déchets spéciaux. L’impact sur le ca-
bées par l’agriculture, d'où une moin-
dre de vie (en termes de pertes
dre disponibilité d’eau pour les écosys-
d’aménités) a été estimé à partir de la
tèmes – dont la survie peut ainsi être
disposition à payer des habitants (sur
menacée. Malheureusement, cet im-
la base du tarif relevé de 500
pact n’a pu être évalué dans le cadre de
ALD/ménage pour la collecte des dé-
cette étude.
chets). Cela représente 0,11 % du PIB.

13
« Fuel for Thought » La Stratégie de l’Énergie et
de l’Environnement, Banque Mondiale.

- 63 -
IMPACTS ÉCONOMIQUES DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

Tableau 4.2 Impact de la dégradation environnementale sur le capital naturel

Domaines % du PIB
Eau (pertes dans le réseau) 0,62 %
Air (pertes agricoles) 0,01 %
Sols, Forêts, Biodiversité (pertes agricoles, déforestation, empié- 1,21 %
tement urbain, pertes en biodiversité)
Total 1,84 %

4.16 L’impact de la pollution de principe, le bénéfice des services ap-


l’air sur la productivité agricole. portés par l’urbanisation (les surfaces
L’évaluation des impacts dus à la pol- en question sont perdues pour
lution de l’air repose sur les pertes de l’agriculture, mais gagnées pour
productivité agricole dans les périmè- l’urbanisation) vient en déduction de
tres des cimenteries et des centres in- l’impact sur la productivité agricole.
dustriels. Ces impacts représentent Toutefois, pour être complet, il fau-
près de 0,01 % du PIB. drait encore ajouter aux dommages les
impacts engendrés par l’urbanisation,
4.17 L’impact de la dégradation comme la pollution accrue de l’air et
des sols sur la productivité agricole. de l’eau, les nuisances sonores ou en-
L’impact de la dégradation des sols est core les encombrements. En admettant
évalué sur la base d'une estimation des que bénéfices et dommages urbains, à
pertes de productivité agricole entraî- la limite, seraient susceptibles de
nées par l’érosion hydrique, la dégra- s’annuler, il a été convenu de retenir le
dation des parcours steppiques, la sali- montant de la perte de productivité
nisation du sol et la désertification. agricole. L’empiétement du littoral n’a
Pour tous ces cas, l’évaluation de la pas pu être calculé.
production agricole manquante a été
établie en équivalents céréales (« blé 4.19 La déforestation. Malgré des
dur » pour les superficies céréalières programmes forestiers importants en-
proprement dites; « orge » pour la trepris par le gouvernement, la destruc-
paille, le chaume et les jachères, tion progressive des couverts forestiers
« céréales » en général pour les terres se poursuit, avec surtout une dispari-
irriguées, les oasis et les surfaces très tion des forêts en bon état. Environ
sensibles). Les quantités ainsi compta- 25.000 ha de forêts sont perdus chaque
bilisées ont été ensuite évaluées en année suite aux incendies, au surpâtu-
termes monétaires aux prix interna- rage, à des coupes excessives et à des
tionaux. Il découle de cette analyse des problèmes phytosanitaires. La défores-
dommages estimés à 0,65 % du PIB. tation a été évaluée sur la base des per-
tes de production de bois et de produits
4.18 L’empiétement urbain a été forestiers autres que le bois. Cette es-
évalué à quelque 10 000 ha/an sur la timation s’établit aux alentours de 0,05
base de la récente progression de % du PIB. Les pertes des fonctions
l’urbanisation. L’évaluation de écologiques liées au recul de la forêt
l’impact de la « terre » ainsi prise sur n’ont pu faire l'objet d'une évaluation
l’agriculture, faite sur la base de sa quantitative dans le cadre de la pré-
productivité maximale (deux récoltes sente étude, et ne sont retenues qu'à ti-
par an), se chiffre à 0,30 % du PIB. En tre qualitatif.

- 64 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

4.20 La perte de biodiversité. Les en zone tropicale) ont été récemment


impacts sur la biodiversité sont établies à 1,2 USD/ha, le maximum se
particulièrement difficiles à évaluer. situant à 50 USD/ha et le minimum à
Faut-il retenir la perte d’une valeur zéro (Bruner et al., 2001). Par souci de
« intrinsèque » (préservation de la bio- simplification, et en l’absence de don-
diversité comme patrimoine) ou bien nées sur la valeur éventuellement per-
celle d’une valeur « marchande » (pré- due pour l’Algérie, un coût moyen de
servation de la biodiversité pour son préservation de la biodiversité a été
potentiel pharmacologique commercia- utilisé au titre de valeur plancher. Cette
lisable) (Banque mondiale, 2000) ? valeur s'établit à 0,21 % du PIB.
Dans le premier cas, la valeur d’une
espèce sans usage médical ou pharma- c. Pertes économiques
cologique reconnu s’établit entre 44
4.22 Les pertes économiques con-
USD et 23,7 millions de USD (valeur
sistent en des gaspillages découlant
marginale correspondant à la valeur de
d’une gestion peu efficace de
la protection d’une espèce de plus).
l’environnement, de l’énergie et des
Dans le second cas, la valeur mar-
matières premières. Des pertes de mar-
chande d’une espèce particulière à
chés (tourisme) et d’image (marchés
usage pharmaceutique reconnu se chif-
extérieurs) surviennent aussi du fait
fre à 100 millions de USD par an (chif-
d’un environnement dégradé. Ces per-
fre d’affaires de deux médicaments ti-
tes économiques ont été estimées à 2
rés de l’espèce en question). Un troi-
% du PIB. Elles sont indiquées par
sième cas encore peut être retenu: celui
secteur de l’environnement au Tableau
d’une firme qui consentirait à payer
4.3.
pour protéger un espace de diversité

Tableau 4.3 Pertes économiques liées à la dégradation de l’environnement

Domaines % du PIB
Eau (habitants mal desservis) 0,18 %
Déchets (potentiel de recyclage perdu) 0,13 %
Littoral et patrimoine archéologique (revenu touristique perdu) 0,59 %
Énergie, matières, compétitivité (gestion des ressources inefficace, 1,10 %
perte d’image de marque)
Total 2,00 %

biologique afin de conserver pour 4.23 Mauvaise desserte. En raison


l'avenir l’option de tirer parti de la di- de la rareté de l’eau et de la dégrada-
versité biologique ainsi préservée. tion des ressources en eau, une partie
Dans ce cas, la valeur indiquée est de de la population algérienne n’est pas
20 USD à l’hectare (Banque Mondiale, connectée au réseau d’eau potable.
2000; Balvanera et al., 2001). L’évaluation des pertes économiques
entraînées par la mauvaise desserte des
4.21 En termes de coûts, les dé- habitants se chiffre à 0,18 % du PIB.
penses annuelles moyennes de gestion
et d’entretien des parcs naturels desti- 4.24 Potentiel de recyclage perdu.
nés à préserver la biodiversité (d’après Les déchets recyclables ne font pas
l’étude d’une centaine de parcs situés l’objet d’une action organisée

- 65 -
IMPACTS ÉCONOMIQUES DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

de tri de récupération et de recyclage de l’utilisation des matières premières


en Algérie. En conséquence, on estime a été évaluée en bloc en termes de ma-
qu’annuellement, près de 100.000 ton- tières gaspillées dans les processus de
nes de métaux, 385.000 tonnes de pa- production. Les pertes économiques
pier, 50.000 tonnes de verre et 130.000 ainsi encourues s’élèveraient à 0,07 %
tonnes de plastiques pourraient être ré- du PIB. On estime qu’une mise à ni-
cupérées. 20 % de ce potentiel de ré- veau environnementale permettrait a
cupération et de recyclage a été retenu l’Algérie une conquête plus aisée de
comme réalisable et évalué à 0,13 % marchés extérieurs. L’augmentation de
du PIB. la part des exportations (hors secteur
des hydrocarbures) s’élèverait ainsi à
4.25 Dégradation du littoral. près de 0,36 % du PIB.
L’absence d’une politique d’amé-
nagement des zones côtières reposant d. Environnement global
sur une occupation judicieuse et sé-
4.27 Les impacts globaux sur
lective du littoral de même que la
l’environnement relèvent des émis-
concentration croissante des établisse-
sions de gaz à effet de serre (GES) et
ments humains et des activités écono-
de pertes de biodiversité (celles-ci ont
miques, ont accéléré la dégradation du
été évaluées plus haut et n'intervien-
littoral, du patrimoine naturel côtier et
nent donc pas à nouveau). En Algérie,
de l’écosystème marin. L’évaluation
près de 100 millions de tonnes de CO2
des dommages liés à la dégradation du
sont émises par an. Les impacts induits
littoral repose sur les coûts engendrés
par les GES s’établissent à environ
par l’envasement des ports, évalués à
1,20 % du PIB, évalués à l’échelle in-
0,08 % du PIB, ainsi que sur la perte
ternationale (tonnes C). Ceci constitue
de revenus touristiques, estimée à 0,21
une approximation susceptible d’être
% du PIB.
révisée lorsqu’une évaluation des im-
pacts du changement climatique sur
4.25 Dégradation du patrimoine
l’Algérie sera disponible. Les impacts
archéologique. Le patrimoine arché-
sur la biodiversité renvoient à l’éva-
ologique et historique n’a pas fait
luation opérée plus haut (0,21 % du
l’objet d’une politique de conservation
PIB).
de sorte que les atteintes naturelles et
anthropiques ont entraîné sa dégrada-
4.28 Récapitulatif. Le récapitulatif
tion. Cette dernière est estimée, en
des coûts des dommages calculés à
termes de revenus touristiques perdus,
partir de la dégradation de l’environ-
à 0,30 % du PIB.
nement par catégorie économique est
présenté au Tableau 4.4. Les Figures
4.26 Mauvaise gestion de l’éner-
4.1 et 4.2 présentent ces résultats res-
gie et des matières premières et
pectivement par secteur environne-
manque de compétitivité. L’évalua-
mental et par catégorie économique.
tion des pertes économiques entraînées
Ces coûts représentent 5-7 % du PIB si
par l’inefficience énergétique repose
l’on tient compte du coût de dégrada-
sur l’estimation du gaspillage de
tion de l’environnement global
l’énergie aussi bien dans l’industrie et
(2.5 - 3.5 Milliards USD).
les ménages que dans le secteur ter-
tiaire. Appréciées en tonnes équivalent
pétrole, ces pertes sont évaluées à
quelque 0,66 % du PIB. L’inefficience

- 66 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

Tableau 4.4 Vue d’ensemble des coûts des dommages


Catégories économi- Évaluation monétaire des dommages
ques % PIB Remarques

Santé et Qualité de vie 1,98 Eau, air, sols, déchets, littoral.

Dégradation du capital na- 1,84 Eau, air, sols, forêts, biodiversité.


turel Fonctions écologiques de la forêt en sus.

Pertes économiques 2,00 Eau, déchets, littoral, patrimoine archéologique,


énergie, matières, compétitivité.
Total 5,82 % Sans l’environnement global.
Environnement global 1,20 Gaz à effet de serre (C).
(0,21) La biodiversité est déjà prise en compte sous Capital
naturel.
Voir Annexe 2 pour les sources des données, les hypothèses et le détail des calculs.

Figure 4.1 Coût des dommages par secteur environnemental en % du PIB

1,60%
1,40%
1,20%
1,00%
0,80%
0,60%
0,40%
0,20%
0,00%
Eau Sols, Forêt, Energie, Air Littoral, Déchets
Biodiversité Compétitivité Archéologie

Figure 4.2 Coût des dommages par catégorie économique en % du PIB

2,50%

2,00%

1,50%

1,00%

0,50%

0,00%
Pertes économiques Santé et qualité de vie Dégradation du capital naturel

- 67 -
IMPACTS ÉCONOMIQUES DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

D COÛTS DE ment a été, comme celle des coûts des


REPLACEMENT dommages, sujette à de nombreuses
hypothèses et simplifications. Dans de
4.29 Globalement, les coûts de rem- nombreux cas, les estimations reposent
placement sont estimés à 2,8 % du PIB sur les avis d’experts algériens et sont
algérien de 1998. Ces coûts, détaillés à donc nécessairement approximatives.
l’Annexe 2, ont permis d’évaluer les De façon générale, trois hypothèse im-
investissements requis pour maintenir plicites sont à retenir: (i) le concept de
un environnement de qualité accep- coût de remplacement utilisé
table pour la société; ils correspondent s’apparente davantage à la notion de
aux dépenses qui seraient nécessaires, coût de dépollution en fin de processus
compte tenu des coûts unitaires locaux, (approche 'end-of-pipe') qu’à celle de
pour transformer les dommages causés prévention ou de changement de
à l’environnement en de potentiels processus (ces coûts incluent par
« bénéfices » environnementaux. Les exemple des coûts de traitement, de
coûts de remplacement sont présentés nettoyage, de dépollution, de
respectivement par catégorie économi- conservation); (ii) le coût de
que et par secteur environnemental aux remplacement n’est pas néces-
Tableaux 4.5 et 4.6. sairement représentatif de la meilleur
technologie à moindre coût (least cost
Tableau 4.5 Coûts de remplacement technology); (iii) dans plusieurs cas,
par catégorie économique les coûts de remplacement estimés
correspondent à une résolution par-
Part au tielle des dommages environnemen-
Catégories économiques taux et non à une disparition totale des
PIB
impacts. Quelques exemples de mé-
Santé et qualité de vie 0,84 %
thodes utilisées pour estimer les coûts
Capital naturel 1,11 %
de remplacement sont donnés ci-après:
Pertes économiques 0,81 %
Total 2,76 % · Pour le rétablissement de la
qualité de l'eau, des coûts de
traitement des eaux résiduaires
domestiques et industrielles
Tableau 4.6 Coûts de remplacement ont été utilisés. Pour éliminer
par secteur environnemental les pertes et fuites dans les ré-
seaux d’eau potable, indus-
Secteurs Part au trielle et d’irrigation, les coûts
environnementaux PIB d’investissement nécessaires à
Eau 0,70 % la réhabilitation de ces réseaux
Air 0,23 % ont été retenus.
Sols, forêts, biodiversité 0,94 %
· Pour l’air, ont été pris en
Déchets 0,26 %
compte les coûts de promotion
Littoral, patrimoine
de l’essence sans plomb et de
archéologique 0,54 %
conversion d’une fraction du
Énergie, matières,
parc de véhicules au Gaz Pro-
compétitivité 0,09 %
pane Liquide (GPL).
Total 2,76 %
· Pour les sols, les coûts d’in-
vestissement se réfèrent aux
4.30 Il convient de signaler que coûts de traitement anti-érosif
l’estimation des coûts de remplace-

- 68 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

des bassins versants et de re- 4.32 Cette évaluation a permis


mise en état de sols dégradés. d’identifier les secteurs environnemen-
taux où la dégradation induit les dom-
· Pour les déchets, les coûts de
mages économiques les plus significa-
mise en décharge contrôlée
tifs. Si l'on se reporte à la Figure 4.1, la
des déchets ménagers, de trai-
dégradation des ressources en eau est
tement et de mise en décharge
donc considérée comme ayant le plus
des déchets spéciaux ont été
grand impact économique (1,5 % du
retenus.
PIB); viennent ensuite la dégradation
· Concernant les pertes écono- des sols, des forêts et de la biodiversité
miques liées au gaspillage de (1,4 %), la mauvaise gestion énergéti-
l’énergie et des matières, le que (1,1 %), la pollution de l’air
coût de la mise en place de po- (0,95 %), la dégradation du littoral et
litiques énergétiques efficien- du patrimoine archéologique (0,6 %) et
tes a été pris en compte. la mauvaise gestion des déchets
(0,3 %). Une fois les coûts des dom-
mages évalués, la question se pose de
E. ANALYSE DE déterminer le coût d’investissement ou
PRIORITÉS de remplacement nécessaire pour en-
rayer ces dommages et restaurer une
a. Introduction qualité de l’environnement acceptable
4.31 Le coût des dommages (ou pour la société.
coût économique et social) de la dé-
gradation de l’environnement en Algé- 4.33 L’estimation des coûts des
rie a été estimé à 5,82 % du PIB algé- dommages et des coûts de remplace-
rien de 1998 (7,02 % en tenant compte ment permet de calculer le ratio
des impacts sur l’environnement glo- CDR/CDD. Ce ratio sert de base pour
bal). Comme il été démontré précé- évaluer l’efficacité relative des diffé-
demment, ces coûts sont le résultat du rents investissements sur la base d’un
manque d’actions environnementales coût unitaire de bénéfice. Ainsi, la
et donnent donc une idée de l’ordre de connaissance, par catégorie économi-
grandeur des bénéfices potentiels qui que et par secteur environnemental, de
découleraient d’une meilleure gestion ratios CDR/CDD devrait aider à déga-
de l’environnement. En réalité, ce ne ger des priorités. Il reste que
sont pas 5,8 à 7 % du PIB qui ne sont l’utilisation de tels ratios correspond à
pas réalisés chaque année en Algérie une utilisation parmi d’autres de critè-
car, d’une part, les processus de dégra- res servant à déterminer les priorités
dation sont complexes et s’étendent sur d’intervention du PNAE-DD. En parti-
de longues périodes et, d’autre part, le culier, des critères d’ordre politique et
PIB ne sert que de référentiel afin de social ont également été appliqués.
déterminer l’ordre de grandeur écono-
mique de la dégradation de l’en- 4.34 L’objet de cette section est
vironnement. Au total, il s’agit toute- donc de déterminer les ratios CDR/
fois d’un montant non négligeable de CDD des différents domaines analysés
«bénéfices potentiels » que des ac- et de dégager des priorités (par grappes
tions environnementales bien ciblées de domaines, cas échéant).
pourraient permettre de « récupérer ».

- 69 -
IMPACTS ÉCONOMIQUES DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX

b. Rapports CDR/CDD et Tableau 4.8 Classement par


classement des priorités. secteur environnemental
4.35 En réunissant sous forme de
ratios les coûts de remplacement et les Secteurs Ratios
coûts des dommages, une classification environnementaux CDR/CDD
des divers secteurs économiques et en- Énergie, matières, com- 0,08
vironnementaux prend forme. Ces ra- pétitivité
tios jouent le rôle d’indicateurs de Air 0,24
priorités. Eau 0,47
Sols, forêts, biodiversité 0,69
4.36 Dans cette classification figu- Déchets 0,83
rent en premier les domaines dont le Littoral / patrimoine ar- 0,89
ratio CDR/CDD est le plus bas : il chéologique
s’agit des domaines pour lesquels, au Moyenne globale 0,47
vu des connaissance réunies et des
évaluations opérées, le bénéfice re-
trouvé est le plus grand compte tenu 4.38 En réunissant catégories éco-
des coûts consentis. Ainsi, pour ce qui nomiques et secteurs environnemen-
concerne les catégories économiques, taux, il est possible de préciser encore
les domaines des pertes économiques les priorités grâce à la constitution de
et de la santé apparaissent comme les « grappes » d’actions d’après les résul-
plus avantageux; ils sont suivis par le tats CDR/CDD les plus favorables,
capital naturel (cf. Tableau 4.7). compte tenu des données, critères et
calculs à disposition.
Tableau 4.7 Classement par
catégorie économique 4.39 Les économies d’énergie et
de matière (amélioration de la compé-
titivité incluse) et la lutte contre la pol-
Catégories Ratios lution atmosphérique paraissent
économiques CDR/CDD s’imposer d’un point de vue CDR/
Pertes économiques 0,41 CDD. Cela concerne la plus grande
Santé et qualité de vie 0,42 part des catégories 'pertes écono-
Capital naturel 0,60 miques' et 'santé et qualité de vie'.
Moyenne globale 0,47 Dans les deux cas, des mesures institu-
tionnelles (efficacité énergétique; meil-
leure tarification; réglementation du
4.37 Pour ce qui concerne les sec- trafic/introduction de l’essence sans
teurs environnementaux, le critère plomb) devraient être privilégiées.
CDR/CDD les classe de la manière
suivante (cf. Tableau 4.8): la gestion 4.40 Vient ensuite la question des
inefficace de l’énergie et des matières sols et de l’eau qui renvoie principa-
premières vient en premier, suivie de lement au capital naturel. Dans les
la pollution de l’air et de l’eau, de la deux cas également, des mesures insti-
dégradation des sols et forêts et de la tutionnelles (clarification des droits de
biodiversité, des déchets, enfin de la propriété, prix de l’eau, couverture des
dégradation du littoral et du patrimoine coûts d’assainissement) paraissent
archéologique. pouvoir prendre le pas sur les mesures
d’investissement proprement dites
.

- 70 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

4.41 Enfin intervient la question du niveau d’évaluation proche de celui


littoral et des déchets. Leurs rapports des coûts de remplacement.
CDR/CDD élevés soulignent le fait
que ces domaines ont été traités à un

- 71 -
V. CADRE STRATÉGIQUE DÉCENNAL 2001-2011

A. INTRODUCTION passé, notamment dans les domaines


suivants: rationalisation de l’utilisation
des ressources naturelles; aménage-
5.01 L’Algérie se trouve dans une ment du territoire; efficacité et transpa-
phase de « transition environnemen- rence des dépenses publiques; sys-
tale » concomitante à celle de tèmes d’incitations, prix et instruments
« transition économique ». Les chapi- économiques; sensibilisation et asso-
tres précédents ont clairement démon- ciation des populations et des usagers
tré que la dégradation écologique du dans les processus décisionnels; parti-
pays, notamment en ce qui concerne le cipation du secteur privé; capacité des
capital naturel dont une partie n’est pas institutions environnementales et de
renouvelable, a atteint un niveau de coordination intersectorielle; et qualité
gravité qui risque non seulement de de la gouvernance des institutions pu-
compromettre une bonne partie des ac- bliques.
quis économiques et sociaux des trois
dernières décennies, mais, plus grave 5.03. Par conséquent, les solutions à
encore, de limiter les possibilités de apporter à ces problèmes doivent né-
gains de bien-être des générations futu- cessairement avoir un ancrage dans des
res. réformes économiques institutionnelles
du pays. La libéralisation de
5.02. L’analyse et le processus de l’économie, entamée depuis le milieu
préparation du PNAE-DD ont égale- des années 80, a visé à démanteler le
ment montré que l’ampleur des pro- système rigide d’économie adminis-
blèmes écologiques était étroitement trée: les réformes importantes ont visé
liée au processus de développement la fiscalité et les prix, la libéralisation
économique et social du pays. Malgré des échanges internationaux, la parité
des richesses naturelles considérables du dinar, la suppression des subven-
et des investissements massifs dans le tions ainsi que des mesures visant à at-
développement du capital physique et tirer l’investissement étranger.
humain, il est évident aujourd’hui que
les causes principales de la crise éco- 5.04 A elles seules, toutes ces mesu-
logique sévère que vit l’Algérie sont res, menées à bout, produiront des ef-
fondamentalement d’ordre institution- fets écologiques positifs considérables;
nel et sont étroitement liées à la ca- elles doivent être jugées dans leur en
rence des politiques et programmes du

- 72 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

semble comme le premier pan de la duction des pertes économiques et


stratégie nationale de l’environne- l’amélioration de la compétitivité; en-
ment. Cependant, l’approfondissement fin, la protection de l’environnement
et le caractère durable de ces effets global.
nécessitent, au surplus, que la straté-
gie de l’environnement définisse des 5.07 La réalisation de ces objectifs
objectifs de qualité ainsi que le type et nationaux repose sur la mise en œuvre
la nature des interventions environne- de mesures institutionnelles et d’ac-
mentales à mettre en œuvre en tant compagnement ainsi que sur des inves-
qu’élément fondamental de la stratégie tissements prioritaires. Les mesures
et des plans d’actions nationaux pour institutionnelles recouvrent des mesu-
le développement économique et so- res qui vont de l’élaboration et de la
cial. Ceci constitue l’objet principal du mise en œuvre de lois (déchets, littoral,
présent chapitre. Une telle stratégie par exemple) à l’adaptation des tarifs
(dont la synthèse est présentée en fin existants (déchets, eau, par exemple) et
de chapitre) sert également à asseoir à la mise en place d’instruments éco-
les actions prioritaires à court et nomiques de gestion de l’envi-
moyen terme, élément essentiel du ronnement (fiscalité environnementale,
PNAE-DD, actions dont le détail est institutions financières). Les mesures
fourni dans le chapitre suivant. d’accompagnement renvoient à des
campagnes de sensibilisation ainsi
qu’au suivi et à l’évaluation du PNAE-
B. LES OBJECTIFS DD. Des investissements relaieront ces
TRATÉGIQUES mesures, tant à long terme (10 ans)
qu’à plus court terme (3-5 ans) (voir
5.05 L’Algérie a décidé d’investir Chapitre VI).
dans le déeveloppement durable. Ceci
constitue le principe fondamental de la a. Améliorer la santé et la
stratégie de l’environnement et du qualité de vie du citoyen
PNAE-DD et signifie que l’Algérie 5.08 La dégradation de la santé et
entend donner une place prépondérante de la qualité de vie. La prolifération
aux aspects sociaux et écologiques de déchets solides urbains, le rejet sans
dans ses choix de modèles de société et traitement d’un volume croissant
de développement économique, et d’eaux usées, la pollution de l’air due
donc rompre de manière irréversible principalement au trafic automobile,
avec les politiques et méthodes des mais aussi à la combustion des déchets
trois dernières décennies. et aux rejets industriels, les pollutions
5.06 Pour donner un contenu industrielles diverses (eaux résiduaires,
tangible et opérationaliser le principe rejets atmosphériques, déchets indus-
du développement durable, l’analyse triels souvent dangereux) générées par
détaillée des problèmes écologiques des unités ou zones industrielles im-
des chapitres précédents (nature, plantées à la périphérie des villes, la
étendue, coûts socio-économiques et réduction des espaces verts, la dégra-
analyse des priorités) a permis de dation du cadre de vie, ont pour consé-
mettre en évidence quatre objectifs quences la dégradation de la santé du
stratégiques de qualité: l’amélioration citoyen (maladies à transmission hy-
de la santé et de la qualité de vie; la drique, maladies respiratoires) et de la
conservation et l’amélioration de la qualité de vie ainsi que la généralisa-
productivité du capital naturel; la ré- tion du « mal vivre ».

- 73 -
CADRE STRATÉGIQUE DÉCENNAL 2001-2011

5.09 Les populations pauvres sont 5.10 Les résultats attendus à


les plus touchées. Phénomène symp- moyen et long terme sont les sui-
tomatique des effets cumulés du mo- vants:
dèle de développement des dernières · améliorer l’accès aux services
décennies, touchant près du quart de la d’eau potable et d’assainisse-
population, la pauvreté constitue au- ment;
jourd’hui un enjeu important pour
l’avenir du pays. Dans les zones urbai- · diminuer les risques liés à la
nes, ce sont les pauvres qui souffrent le pollution d’origine industrielle
plus de la dégradation de et agrochimique;
l’environnement et des problèmes de · améliorer la qualité de l’air
santé publique qui en découlent: loge- dans les grandes villes et aux
ment précaire (quartiers sous-équipés, abords des zones industrielles;
bidonvilles), accès à l’eau potable et à · éliminer l’essence plombée et
l’assainissement très limité, collecte améliorer la qualité du diesel;
insuffisante et irrégulière des déchets,
· diminuer la production de dé-
exposition importante aux différentes
chets et introduire leur gestion
pollutions (eaux, air). Les inondations
intégrée, tant au niveau institu-
et les glissements de terrains affectent
tionnel que financier; finale-
en premier lieu les pauvres qui vivent
ment,
souvent dans les zones écologiquement
sensibles (terrains à forte pente). Dans · améliorer les cadres juridique,
les zones rurales, ce sont les pauvres institutionnel et de gestion de
qui souffrent le plus de la dégradation l’environnement.
des ressources naturelles et des aléas
climatiques (érosion et désertification, b. Conserver le capital naturel et
déforestation, raréfaction et pollution améliorer sa productivité
des ressources hydriques, sécheresses); 5.11 L’objectif immédiat d’une
leurs revenus et leur niveau de vie sont stratégie de conservation et d’amélio-
souvent directement liés à l’état et la ration de la productivité du capital na-
qualité des ressources (pâturages, sols, turel est d’enrayer la dégradation des
eau, sources d’énergie). L’étude réali- sols, des forêts et des parcours et de
sée par l’Agence Nationale de promouvoir une production agricole et
l’Aménagement du Territoire (ANAT) animale durable qui permette de pré-
avec un financement du PNUD cor- server, voire d’enrichir la qualité des
robore cet état de fait. La carte de la sols et du couvert végétal. Ceci devra
pauvreté, qui a été élaborée en incluant se faire en s’attaquant aux causes fon-
l’étendue territoriale et ses caractéris- damentales (carences institutionnelles
tiques physiques, naturelles et démo- et systèmes d’incitations) et en asso-
graphiques, a enrichi les approches ciant les populations concernées et le
précédentes d’une dimension spatiale. secteur privé tout en affinant le rôle de
Les résultats ont convergé pour dési- régulation et de support technique dé-
gner des territoires en zones monta- volu à l’Etat.
gneuses et steppiques comme les plus
affectés par la pauvreté14.

14Les quinze wilayate qui concentrent le plus grand


nombre de communes en situation défavorable sont:
Médéa, Djelfa, Tébessa, Tissemsilt, Relizane, Chlef, Adrar, Laghouat, M’sila, et Jijel (ANAT & PNUD,
Ain-Defla, Mostaganem, Souk-Ahras, Tiaret, Batna, 2000).

- 74 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

5.12 Les résultats attendus à nécessaire d’établir des relations de


moyen et long terme sont les suivants: coordination étroites avec les ministè-
· clarifier le statut foncier res chargés de l’économie et des finan-
(droits de propriété, d’accès et ces, de manière à promouvoir des me-
d’usage) des terres agricoles et sures qui soient de nature essentielle-
steppiques; ment économique, mais qui contri-
buent aussi, au-delà des objectifs de
· allouer de manière rationnelle qualité de la stratégie environnemen-
les ressources en eau et adop- tale, à la réduction de la pauvreté; ces
ter les technologies de produc- mesures incluent: (i) l’élimination de
tion les mieux adaptées; ce qui reste des subventions qui encou-
· se départir du paradigme an- ragent l’utilisation excessive des res-
cien de l’autosuffisance agroa- sources énergétiques fossiles, des res-
limentaire et atteindre des ob- sources en eau pour l’irrigation, des in-
jectifs de sécurité alimentaire à trants agrochimiques et des produits
travers une production agricole forestiers; (ii) la réforme graduelle des
à haute valeur ajoutée, une po- structures incitatives pour promouvoir
litique d’irrigation durable, le le recouvrement des coûts, améliorer la
commerce et l’amélioration du qualité des services et la transparence
taux de couverture des impor- des dépenses publiques et généraliser
tations par les exportations; l’application du « principe du pollueur-
· augmenter la couverture fores- payeu »r; (iii) la clarification des droits
tière et le nombre de zones fonciers et de ceux liés à l’exploitation
protégées; des ressources; et (iv) l’application
crédible de la législation concernant
· protéger les écosystèmes fragi-
notamment l’aménagement du terri-
les avec une attention particu-
toire et l’occupation des sols de même
lière pour la biodiversité et les
que la prévention et l’atténuation de la
zones côtières;
pollution.
· formuler un cadre légal pour la
participation des populations 5.14 Les résultats attendus à
locales et riveraines ainsi que moyen et long terme sont les suivants:
d’autres partenaires dans les
· rationaliser l’utilisation des
projets liés à la conservation
ressources en eau;
du capital naturel; finalement,
· rationaliser l’usage des res-
· assurer un développement lo-
sources énergétiques;
cal et rural pour augmenter les
emplois, les exportations et ga- · rationaliser l’utilisation des
rantir la conservation des res- matières premières dans l’in-
sources. dustrie;
· renforcer le recyclage des dé-
c. Réduire les pertes chets et la récupération de ma-
économiques et améliorer la tières premières;
compétitivité · améliorer la gestion des entre-
5.13. La stratégie consiste à amélio- prises (notamment sur le plan
rer la compétitivité des entreprises et environnemental);
des opérateurs socio-économiques et à
augmenter l’efficacité des dépenses
budgétaires. Dans cette optique, il sera

- 75 -
CADRE STRATÉGIQUE DÉCENNAL 2001-2011

· améliorer la maîtrise des coûts · associer les populations limi-


de production des entreprises; trophes et promouvoir la sen-
· améliorer l’image et la valeur sibilisation du public dans son
marchande des entreprises; ensemble;
· améliorer l’efficacité de l’ac- · réduire les émissions de gaz à
tivité portuaire; effet de serre;
· transformer ou fermer les en- · éliminer les substances appau-
treprises publiques les plus vrissant la couche d’ozone
polluantes et financièrement (SAO);
les moins viables. · traiter les problèmes potentiels
liés aux polluants organiques
d. Protéger l’environnemental persistants.
global
5.15. La stratégie consiste, d’une C DOMAINES ET NATURE
part, à s’attaquer aux causes fonda- DES INTERVENTIONS
mentales de nature institutionnelle STRATÉGIQUES
(voir objectifs stratégiques liés à la (approche programmatique
qualité du capital naturel) et, d’autre décennale 2001-2011)
part, à engager des actions vigoureuses
et soutenues de sensibilisation des 5.17 Pour atteindre à moyen et long
populations et de protection du patri- terme des résultats tangibles répondant
moine bilogique national dont une aux quatre grands objectifs de qualité
large partie est d’importance régionale (section précédente), une approche
et/ou globale. Il s’agit également de programmatique décennale progres-
réduire les émissions de gaz à effet de sive et multi-composantes15 sera mise
serre, notamment par la mise en œuvre en œuvre. Elle impliquera des inter-
du programme de réduction des gaz ventions dans les domaines suivants
torchés ainsi que de la phase 3 du plan dont découleront les actions prioritai-
d’élimination des substances appau- res du PNAE-DD.
vrissant la couche d’ozone (SAO).
a. Pour améliorer la santé et la
5.16 Les résultats attendus à qualité de vie du citoyen
moyen et long terme sont les suivants: (i) Renforcer le dispositif
· augmenter le couvert forestier, législatif et réglementaire
sa densité et sa biodiversité 5.18 Le Ministère de l’Aménage-
(forêts de production et de pro- ment du Territoire et de l’Environne-
tection); ment entreprend un vaste programme
· augmenter le nombre d’aires d’adaptation du dispositif législatif et
protégées, de zones humides et réglementaire. Les mesures qui auront
de zones de développement une incidence sur la santé et la
durable (aménagement sylvo-
pastoral intégré);
15
· protéger les oasis contre les re- L’approche préconisée « par grappes de program-
mes prioritaires » repose sur trois éléments impor-
jets domestiques et la salinisa- tants : (i) les résultats de l’analyse des priorités déve-
tion; loppée précédemment ; (ii) les liens positifs et la
complémentarité entre les réformes économiques et la
protection de l’environnement ; (iii) le programme
triennal de relance du gouvernement algérien.

- 76 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

qualité de vie concernent les cinq lois qui a été adoptée, fixe les res-
décrites ci-après. ponsabilités de l’administra-
· La loi relative à la protection tion environnementale, des
de l’environnement. Le projet communes (pour les déchets
de loi relative à la protection solides), des générateurs de
de l’environnement, récem- déchets, des prestataires de
ment remaniée, permet de services pour les activités de
mieux concilier environne- gestion et retient le principe de
ment et développement dura- leur traitement sur une base de
ble, d’introduire les principes recouvrement des coûts, per-
d’action préventive, de précau- mettant ainsi l’association du
tion et du pollueur-payeur, de secteur privé pour différentes
développer les instruments activités.
économiques et financiers et · Le Code des Eaux. Le Code
de favoriser l’information et la des Eaux amendé en 1996
participation du public. Son constitue une base suffisante
adoption permettra une plus pour une gestion rationnelle
grande efficacité dans la mise des ressources en eau. Il pré-
en œuvre de la procédure voit une tarification plus ap-
d’étude d’impact sur l’envi- propriée, l’introduction du ré-
ronnement et une meilleure gime concessionnaire y com-
protection des différents mi- pris en faveur du secteur privé,
lieux. Le décret révisé sur les la gestion par grands bassins
installations classées et le dé- hydrographiques et l’obliga-
cret en cours sur les procédu- tion faite aux villes de plus de
res d’autocontrôle et d’auto- 80 000 habitants et aux unités
surveillance permettront la industrielles de plus de 100
mise en place de contrats de travailleurs d’épurer leurs ef-
performance environnementale fluents dans un délai de cinq
afin d’atténuer les effets des ans.
différentes pollutions indus- · La loi relative à l’aména-
trielles. Un système de normes gement et l’urbanisme. Le
d’émission et d’immission co- renforcement des instruments
hérent et réaliste devra être dé- juridiques prévus par la loi re-
fini pour faciliter lative à l’aménagement et
l’opérationnalité de la loi. l’urbanisme est également né-
· La loi relative à la maîtrise cessaire pour garantir la ges-
de l’énergie. L’élaboration tion rationnelle du foncier ur-
des textes d’application de la bain et l’intégration des préoc-
loi relative à la maîtrise de cupations environnementales
l’énergie permettra de mettre dans les projets de dévelop-
en œuvre des programmes pement urbain, lesquels de-
d’économie et de réduire les vront être soumis aux procédu-
émissions atmosphériques. res d’études d’impact sur
· La loi relative à la gestion, l’environnement.
au contrôle et à l’élimination · La loi relative à l’aména-
des déchets. La loi relative à gement et au développement
la gestion intégrée des déchets, durable du territoire.

- 77 -
CADRE STRATÉGIQUE DÉCENNAL 2001-2011

La loi, récemment adoptée, place des politiques urbaines


permettra de mettre en globales et cohérentes permet-
conformité les objectifs de tant de conserver la qualité de
l’aménagement du territoire l’environnement et d'assurer
avec les exigences du déve- un développement durable des
loppement durable, et prévoit villes sur la base de chartes
des dispositions relatives au environnementales négociées
développement humain et à la dans le cadre d’un partenariat
protection des ressources natu- large et diversifié incluant la
relles, au patrimoine et aux participation du public;
zones sensibles. · décentraliser progressive-
· La loi d’orientation pour la ment les fonctions opéra-
promotion de la ville: Le pro- tionnelles de la gestion envi-
jet de loi complétera le dispo- ronnementale. La politique de
sitif législatif et permettra, décentralisation du gouver-
dans une vision globale du dé- nement vise à « consolider
veloppement qui préserve et l’administration locale comme
consolide la pérennité des éta- espace d’exercice de la repré-
blissements humains, sentativité et de la démo-
d’inscrire la gestion et la crois- cratie » et à « renforcer son
sance des villes dans la durabi- rôle dans le processus de déve-
lité. loppement ». Cette politique
devra être traduite dans ses
ii) Renforcer les capacités dimensions environnementales
institutionnelles en (i) clarifiant et/ou incluant
des prérogatives claires dans
5.19 Il est nécessaire de disposer les questions relatives à l’eau
d’une réglementation crédible. La mise potable, à l’assainissement,
en œuvre de politiques cohérentes et aux déchets solides, à
l'application de la réglementation im- l’urbanisme; (ii) en
pliquent un renforcement des institu- « renforçant la planification du
tions aux différents niveaux. Aussi il développement et de l’aména-
est proposé de: gement du territoire au niveau
· renforcer les capacités du Mi- de la commune et de la wilaya;
nistère de l’Aménagement du (iii) en « accroissant les res-
Territoire et de l’Environ- sources financières des com-
nement, des départements mi- munes et en responsabilisant
nistériels à responsabilité envi- davantage celles-ci dans la dé-
ronnementale verticale ainsi termination de l’assiette fis-
que des agences et administra- cale, dans la fixation de cer-
tions environnementales pour tains taux d’imposition et dans
la formulation et la coordina- le recouvrement de certains
tion de politiques environne- impôts et taxes »16;
mentales, le suivi de l’état de · encourager les entreprises
l’environnement et l’exercice publiques et privées: pou-
de la puissance publique; suivre les efforts entrepris
· renforcer les capacités des pour restructurer les
villes et des collectivités loca-
les de manière à mettre en 16
Programme du Gouvernement 2000

- 78 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

entreprises, améliorer leur l’importance relative des pollutions de


compétitivité, réhabiliter les l’eau (bassins hydrographiques) et de
zones industrielles, et les zo- l’air (grandes villes, principaux points
nes d’activités; encourager les chauds industriels) ainsi que l’éva-
entreprises publiques et pri- luation économique des mesures anti-
vées les plus aptes à mettre en pollution. A cet effet, plusieurs mesu-
œuvre des programmes res visant à renforcer les capacités de
d’auto-contrôle et d’auto- surveillance et de suivi des pollutions
surveillance et à adopter des sont proposées:
systèmes de management en- · élaboration de programmes
vironnemental (SME); et nationaux et régionaux de
concevoir et élaborer des ou- mesure et de surveillance des
tils de gestion environne- différents milieux (Agences de
mentales adaptés à la petite et Bassin comprises) et harmoni-
moyenne entreprise; sation des mesures;
· accélérer la mise en place ef- · développement et réorgani-
fective des Agences de bassin sation des laboratoires ré-
hydrographique afin de pro- gionaux d’Alger, d’Oran et de
mouvoir à terme une politique Constantine et des autres sta-
de gestion intégrée des res- tions de surveillance; introduc-
sources en eau, d’accélérer la tion de procédures d’habi-
décentralisation du service pu- litation de laboratoires univer-
blic de l’eau potable et de sitaires et privés; amélioration
l’assainissement, de respon- de la coordination des diffé-
sabiliser les acteurs locaux et rents réseaux de mesure et de
d’introduire progressivement surveillance sectoriels;
le régime concessionnaire;
· développement de réseaux de
· renforcer les capacités de surveillance de la qualité de
l’Entreprise nationale de l’air dans les quatre grandes
contrôle technique automo- agglomérations du pays; mise
bile afin de mettre en place en place de programmes
des programmes efficaces d’auto-surveillance et d’auto-
d’inspection et de maintenance contrôle dans les principales
des véhicules et de renforcer, entreprises;
de surcroît, les capacités des
grandes agglomérations (Al- · mise en place d’un réseau de
ger, Oran, Constantine, Anna- surveillance épidémiologi-
ba) à mettre en place des plans que.
rationnels de circulation auto-
mobile. 5.21 Le bon fonctionnement des
structures existantes ou en cours
(iii) Renforcer les capacités de d'aménagement et le recouvrement du
mesure, de surveillance et de coût des prestations nécessiteront la
suivi des pollutions création d’un organisme coordonna-
teur, l’Observatoire National de
5.20 L’amélioration de la santé pu- l’Environnement et du Développement
blique des citoyens et la lutte contre les Durable. La collecte de données, la
pollutions diverses nécessite l’étude, constitution de banques de données,
l’identification et l’estimation de l’échange permanent de celles-ci

- 79 -
CADRE STRATÉGIQUE DÉCENNAL 2001-2011

entre les différentes institutions secto- sensibilisation environnemen-


rielles sont des conditions nécessaires tales comme instruments ayant
à l’amélioration de la gouvernance en- fait leurs preuves dans
vironnementale. Le Système d’In- l’accompagnement de la régle-
formation Environnementale qui sera mentation et des outils écono-
mis en place permettra de fédérer miques (l’enjeu est d’amener
l’ensemble des unités du réseau. les citoyens à observer les rè-
gles environnementales et à
(iv) Investir dans les ressources consentir à payer pour des ser-
humaines vices environnementaux de
5.22 Le renforcement du cadre légi- meilleure qualité).
slatif et des capacités techniques et ins-
titutionnelles devra être complété par (v) Réformer le système des
le renforcement des ressources humai- incitations économiques
nes au travers notamment des mesures
suivantes: 5.23 Les mesures préconisées con-
sistent à renforcer les capacités et à
· formation dans le domaine approfondir et concrétiser les réformes
de l’environnement: mise en des systèmes d’incitations économi-
place d’apprentissages nou- ques, de la fiscalité générale et écolo-
veaux, large diffusion de mé- gique et de l’efficacité budgétaire. Il
thodologies et techniques de est important de noter que les réformes
préservation et de protection, et mesures économiques verront leurs
et installation du Conserva- effets s’exercer aussi bien au niveau de
toire National des Métiers de la santé et du cadre de vie urbains qu’à
l’Environnement comme cadre celui de la santé et du cadre de travail
de formation spécialisée; dans les grandes, moyennes et petites
· formation dans le domaine entreprises.
de l’urbanisme et de la pré-
servation du patrimoine: ren- (vi) Cibler les investissements
forcement des capacités du prioritaires
Centre National d’Etudes et de 5.24 Des investissements ciblant les
Recherches Appliquées en Ur- problèmes les plus urgents viennent
banisme; restauration et pré- compléter les mesures institutionnel-
servation du patrimoine cultu- les.
rel et archéologique moyen- · Eau potable et assainisse-
nant le développement de la ment. Amélioration de la dis-
formation afin de combler le tribution et/ou de l’accès à
déficit en artisans et en ou- l’eau potable; amélioration du
vriers spécialisés; taux d’épuration des eaux
· perfectionnement adapté à usées et de leur réutilisation
l’intention des inspecteurs de pour certaines activités; réha-
l’environnement, de la police bilitation des réseaux de dis-
de l’urbanisme et de protection tribution d’eau potable, not-
de l’environnement, de la po- amment pour la région Ouest
lice de l’eau et de la police du du pays où le déficit est chro-
patrimoine; nique; réhabilitation des sta-
· sensibilisation et participa- tions d’épuration et mise en
tion du citoyen: éducation et service sur une base durable;

- 80 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

protection des principaux rés- bution, promotion des appa-


ervoirs d’eau; reils à haute performance
· Gestion des déchets solides énergétique dans les activités
urbains. Mise en décharge de consommation.
contrôlée des déchets (au-delà · Atténuation des pollutions
de la loi et des formations en dans le secteur des trans-
cours) moyennant un ajuste- ports: promotion des carbu-
ment substantiel de la tarifica- rants les moins polluants (es-
tion actuelle (récemment rele- sence sans plomb: expérience
vée), un recouvrement effectif NAFTEC; GPL: expérience
des coûts et un marché de ser- NAFTAL; gaz naturel), ges-
vices. tion rationnelle de la circula-
· Gestion des déchets spé- tion automobile, développe-
ciaux. Sensibilisation des pro- ment et promotion de systèmes
ducteurs de déchets, formation de transport en commun in-
ciblée des acteurs et réalisation tégré dans les zones urbaines,
d’une première installation pi- politique plus active en ma-
lote dans la région Nord-Est tière de contrôle technique des
du pays; en parallèle, les pro- véhicules.
blèmes pouvant recevoir des · Actions supplémentaires.
solutions techniques simples D’autres actions sont nécessai-
doivent rapidement être soute- res de manière à améliorer la
nus (récupération des huiles qualité de vie des citoyens:
usagées, incinération des dé- - aménagement d'espaces
chets liés aux activités de soins verts comme source de
infectieux, éventuellement in- bien être et d’équilibre
cinération de déchets huileux (meilleures conditions de
et d’autres catégories de dé- repos et de loisirs) et
chets en cimenteries, etc.). comme façon de reconsti-
· Atténuation de la pollution tuer une partie du patri-
industrielle. Le FEDEP moine biologique (parcs,
(Fonds de l’Environnement et jardins botaniques, etc.);
de Dépollution) assistera les - réhabilitation du patri-
entreprises dans leurs opéra- moine culturel, témoin de
tions d’amélioration technique la mémoire historique et
inscrites dans les contrats de identitaire.
dépollution tout en générant
des dépenses privées de réduc- b. Pour conserver le capital
tion de la pollution. naturel et améliorer sa
· Atténuation des pollutions productivité
dans le secteur énergétique: 5.25 Régler de manière appro-
mesures d’économie de l’éner- priée la question foncière.
gie à moyen et long terme:
amélioration de l’efficacité · L’établissement de droits de
énergétique des systèmes de propriété et/ou d’usage clairs
production d’énergie, réduc- produit des effets très impor-
tion des pertes dans les sys- tants sur l’investissement dans
tèmes de transport et de distri- la conservation des sols et

- 81 -
CADRE STRATÉGIQUE DÉCENNAL 2001-2011

le développement des ressour- et à la constitution de la pro-


ces naturelles (FAO, 1994). priété individuelle.
Les gains de productivité va- · L’ouverture à la concession
rient, selon les pays, de 10 à de parcelles du domaine de
30 %, et les investissements l’Etat dans les périmètres de
dans la conservation des sols mise en valeur, convertible en
et l’arboriculture varient quant cession après réalisation du
à eux de 30 à 200 %. programme de mise en valeur,
· Il existe en Algérie un pro- donne par contre des résultats
blème fondamental concernant prometteurs. Il faudra conti-
la terre en tant qu’espace nuer de l’encourager dans les
écologique, propriété et capi- zones écologiquement favora-
tal économique. La complexité bles.
et les incohérences de la poli- · La dégradation des parcours
tique foncière sont à l’origine steppiques s’explique par le
d'un désinvestissement dans droit d’usage non exclusif en
les exploitations domaniales vigueur. Une loi pastorale
de l’État ainsi que du morcel- adaptée aux besoins des
lement et de l’émiettement des communautés rurales reste à
exploitations du secteur privé. élaborer. Elle doit renforcer
· L’émergence de tailles d’ex- leurs droits de jouissance sur
ploitation viables est la pre- des territoires bien délimités
mière priorité, d’où la né- en respectant les limites terri-
cessité d’une politique de toriales traditionnelles et leurs
structures foncières. En ce qui droits de propriété sur les ter-
concerne les terres du do- res mises en valeur.
maine de l’État (terres colo- · La protection des terres
niales les plus fertiles) deux agricoles contre l’urbanisa-
variantes devront être étudiées: tion devra passer (i) par
(i) privatisation, (ii) conces- l’élaboration de la carte de
sion de longue durée, trans- classification des terres agrico-
missible, cessible et saisissable les; (ii) par l’application de
pour garantir la stabilité des l’article 36 de la loi
exploitations, leur modernisa- d’orientation foncière qui sti-
tion et développer le marché. pule que tout transfert d’une
En ce qui concerne le secteur terre agricole à potentialité
privé, il s’agit de lever élevée ou bonne vers la caté-
l’ensemble des contraintes qui gorie des terres urbanisables
freinent le développement du n’est autorisé que par la loi;
marché foncier et l’accès au (iii) par la mise en œuvre ra-
crédit : accélération des opéra- tionnelle du plan d’occupation
tions cadastrales pour hâter des sols (POS) prévu par la loi
l’octroi des actes de propriété, d’aménagement du territoire et
renforcement des droits des d’urbanisme qui doit localiser,
indivisaires qui exploitent ef- préserver et protéger les terres
fectivement la terre par des agricoles à potentialité élevée
incitations à l’achat des ou bonne.
quotes-parts des indivisaires
absents et à la constitution de

- 82 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

5.26 Renforcer les politiques agri- ductivité des ressources natu-


coles et rurales et lutter contre la relles, l’exode rural et la pau-
pauvreté. vreté nécessite néanmoins une
· Le nécessaire réaménage- étude plus approfondie. La
ment de la politique agricole. carte de la pauvreté ayant été
Une politique de réduction de élaborée demande à être ap-
la dépendance alimentaire de- profondie en termes d’effets
vra, à l’instar des pays voisins, des différents facteurs de dé-
s’inspirer des principes des gradation des ressources natu-
avantages comparatifs liés à relles sur l’emploi. Ceci per-
des facteurs naturels (climat) mettra d’affiner les program-
ou socio-économiques (res- mes nationaux de lutte contre
sources humaines abondantes la pauvreté et l’exclusion iden-
et bon marché) pour exporter tifiés lors de la Conférence
des produits à forte valeur Nationale (augmentation et di-
ajoutée (fruits et légumes frais, versification de la production
viande ovine, agrumes, huile agricole, micro-crédit pour les
d’olive, vins, etc.) et importer pauvres, logement, formation
des produits à moindre valeur des jeunes sans emplois, santé)
ajoutée (céréales, légumes et les projets pilotes de déve-
secs, etc.). Les progrès techni- loppement communautaire
ques, les systèmes participatif qui seront mis en
d’organisation et de gestion œuvre.
modernes des exploitations,
les méthodes d’irrigation éco- 5.27 Adopter des politiques et
nomes en eau passant par des programmes pour la protection de la
programmes de sensibilisation biodiversité et du littoral.
et une tarification adaptée, les · Mise en œuvre d’une politi-
modes de financement et que de protection de la bio-
d’encadrement scientifique, diversité. Les ressources de la
sont autant de voies à même biodiversité sont fortement ré-
de modifier considérablement duites dans les zones arides et
les conditions de la production semi-arides du fait de la déser-
agricole. tification, et dans les zones de
· La lutte contre la pauvreté et montagne du fait de l’érosion
le développement d’une poli- et de la déforestation. Certai-
tique rurale. L’érosion hydri- nes espèces d’importance cé-
que dans les bassins versants, réalière, fourragère, arboricole
la dégradation des ressources ou médicinale sont menacées
biologiques dans la steppe et la d’extinction. Une politique
sécheresse ont accéléré concertée de protection, de
l’exode rural et affecté les re- conservation et de développe-
venus des pauvres et des petits ment de la biodiversité reste à
propriétaires. En dépit d’une mettre en œuvre sur la base
urbanisation rapide, l’Algérie des conclusions de la Stratégie
a encore une population rurale Nationale et du Plan
significative de l’ordre de d’utilisation durable de la bio-
40 %. La connaissance des diversité définie dans le cadre
liens complexes entre la pro- du Projet FEM/PNUD.

- 83 -
CADRE STRATÉGIQUE DÉCENNAL 2001-2011

Cette politique implique les (ZDD) assurant la conser-


aspects suivants: vation sur des surfaces
- associer le plus grand écologiquement repré-
nombre de partenaires sentatives.
(gestionnaires, agri- · La mise en place d’une stra-
culteurs, éleveurs, pê- tégie de gestion du littoral.
cheurs, forestiers, aména- Les pressions croissantes sur
geurs, éducateurs, etc.) le littoral, lequel subit les ef-
des secteurs public et pri- fets pervers d’un développe-
vé, pour les amener à par- ment économique et d’une
ticiper aux objectifs de croissance urbaine mal maîtri-
protection; sés, peuvent entraîner des ef-
- accroître les connai- fets irréversibles sur les éco-
ssances relatives à la bio- systèmes marin, forestier, les
diversité, en établir l'in- zones humides et les sites na-
ventaire, développer la turels côtiers d’une valeur es-
formation et la recherche, thétique et touristique inesti-
et mettre en place un Cen- mable. La pérennité des res-
tre de Développement des sources côtières exige une
Ressources Biologiques stratégie de gestion et des pro-
chargé de fédérer les grammes qui mettent l’accent
compétences existant au plus sur une approche préven-
sein de l’Agence Natio- tive qu’exclusivement cura-
nale de Conservation de tive. Cette stratégie devrait in-
la Nature (ANN) et des clure les composantes et pro-
laboratoires universitai- grammes suivants:
res; développer progressi- - La mise en œuvre de la
vement les capacités insti- loi-cadre relative au litto-
tutionnelles en biosécurité ral récemment adoptée,
afin de faire face au pro- permettra de disposer
blème de l’introduction d’un outil puissant de pro-
d’espèces étrangères, no- jection, de suivi et de
tamment d’organismes contrôle d’activités
génétiquement modifiés d’aménagement durable
(OGM); dans les zones littorales
- multiplier le nombre en général, et côtières en
d’aires protégées de taille particulier.
réduite, protéger et - La mise en oeuvre du
aménager les zones humi- Schéma National d’Amé-
des; nagement du Territoire
- étendre la préservation in (SNAT) et du Schéma
situ à l’ensemble du pays, National d’Aménagement
pour constituer à terme du Littoral (SNAL), deux
une réserve biologique de instruments aptes à régu-
sécurité pérenne par la ler et à prévenir les diffi-
mise en place de zones cultés inhérentes à toute
d’aménagement intégré et stratégie de réaménage-
de développement durable ment du territoire dans

- 84 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

la phase de transition vers des coûts et bénéfices. L’implication


l’économie de marché. des communautés locales permet en ef-
- L’identification des inter- fet d’assurer leur concours aux acti-
venants et des acteurs est vités de conservation des ressources.
tout aussi importante pour Leur association, au niveau le plus dé-
définir les institutions et centralisé, aux processus de décision
leurs processus d’impli- autour de projets précis et bien cir-
cation dans les méca- conscrits favorise la transparence, fa-
nismes de décision et cilite leur engagement et le sentiment
d’arbitrage. de responsabilité et constitue de ce fait
- La création du Conser- un instrument clé de gestion durable
vatoire National du Litto- des ressources. L’institution et la codi-
ral appelé à sensibiliser fication de mécanismes de coordina-
les acteurs sociaux, ef- tion décentralisés s’imposent.
fectuer des études, iden-
tifier des sites éligibles à 5.29 Cibler les investissements
des actions de protection prioritaires. La définition de poli-
et agir en tant que régu- tiques agricole et rurale durables, le
lateur des transactions règlement approprié de la question
foncières. foncière et l’institutionnalisation de
mécanismes participatifs conditionnent
- Un programme d’actions
la réussite des programmes de recons-
préventives concernera
titution du patrimoine forestier, d’amé-
les portions importantes
nagement intégré des bassins versants
du littoral encore épar-
les plus érodés et des zones steppiques
gnées par la dégradation
les plus dégradées, et de protection des
(aménagement en profon-
espaces oasiens.
deur, identification et
aménagement des sites · Reconstruire et protéger le
remarquables, interdiction patrimoine forestier. Un Plan
d'extraire le sable des pla- national de reforestation sera
ges et des dunes côtières). mis en œuvre et permettra de
- Un programme d’actions porter le taux de boisement de
curatives concernera les l’Algérie du Nord de 11 à
zones dégradées qui n’ont 14 % (reconstitution des forêts
pas atteint le seuil de production et des écosys-
d’irréversibilité, zones qui tèmes côtiers, aménagement
seront identifiées moyen- des forêts de protection).
nant des études détaillées L’accent sera mis sur une
(à l’instar du Plan d’Amé- meilleure maîtrise des actions
nagement Côtier pour la forestières et le renforcement
Région Centre). des capacités de l’adminis-
tration forestière pour prendre
en charge les problèmes com-
5.28 Promouvoir des mécanismes
plexes posés par la gestion
participatifs crédibles. Enfin, des ap-
moderne de peuplements fo-
proches participatives devront être ini-
restiers. Le domaine forestier
tiées avec les agriculteurs, éleveurs et
sera ouvert à la concession
autres partenaires, ce qui suppose une
pour mise en valeur (élevage,
coordination renforcée et le partage
arboriculture) de manière à

- 85 -
CADRE STRATÉGIQUE DÉCENNAL 2001-2011

tenir compte des besoins des · Protéger les espaces oasiens.


populations. En zone saharienne, une atten-
· Assurer un aménagement in- tion particulière sera portée à
tégré des bassins versants. la réhabilitation de systèmes
En zones de montagne, les ac- d’irrigation et de drainage effi-
tions de préservation des sols cients dans les oasis, aux pro-
contre l’érosion concerneront blèmes de salinité, à la perte
les travaux de conservation de l’artésianisme et à la fragili-
des eaux et des sols, de planta- té des sols dans les grandes
tion fruitière et fourragère opérations de mise en valeur.
dans les parcours où les règles
d’utilisation rationnelle doi- c. Pour réduire les pertes
vent être identifiées et admises économiques et améliorer la
par la population. Les actions compétitivité
s'inscriront dans le cadre de 5.30 Les mesures institutionnelles
programmes d’aménagement et d’accompagnement reposent sur les
intégré des bassins versants interventions déjà indiquées dans les
reposant sur un développement sections a) et b) ainsi que sur:
agro-forestier adapté aux
· la mise en œuvre des disposi-
conditions naturelles de pro-
tions du Code des Eaux,
duction, comprenant les in-
amendé en 1995 (tarification,
frastructures rurales (routes,
participation du secteur privé,
énergie, points d’eau, écoles,
gestion par bassin hydrogra-
centres de santé, etc.) et in-
phique);
cluant la participation effective
des communautés durant les · les textes d’application de la
phases d’élaboration et d'exé- loi relative à la maîtrise de
cution des projets. Ces com- l’énergie;
munautés auront la responsa- · la mise en place de procédures
bilité de gérer les réalisations d’audit, d’autocontrôle et de
afin de garantir leur durabilité. dépollution industrielle;
· Assurer un aménagement in- · la généralisation des systèmes
tégré des zones steppiques. de gestion environnementale et
En zone steppique, une meil- des technologies propres à tra-
leure exploitation des parcours vers le FEDEP, le fonds de
à travers les plantations four- maîtrise de l’énergie et un ou-
ragères, les systèmes de mise til de promotion de technolo-
en défens et la rotation des gies propres.
parcours, conjuguée à une par-
ticipation effective des com- d. Pour protéger
munautés locales et au déve- l’environnement global
loppement des services (santé 5.31 Les composantes de la straté-
animale, crédit, etc.) ainsi que gie de protection de l’environnement
la limitation de la céréali- global sont les suivantes:
culture aux seules zones favo-
rables constituent les princi-
pales composantes d’une ges-
tion durable de cet écosys-
tème.

- 86 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

· préserver les ressources de la


biodiversité (in et ex-situ);
· réduire les émissions de gaz à
effet de serre (en particulier
dans les secteurs de l’énergie;
cf. programme de réduction
des gaz torchés, notamment);
· respecter les engagements pris
au niveau international (en
particulier, élimination des
SAO).

- 87 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

D. TABLEAU RECAPITULATIF DE LA STRATEGIE ENVIRONNEMENTALE

NATURE DES
DOMAINES ET
OBJECTIFS RÉSULTATS ATTENDUS A MESURES INSTITUTIONNELLES ET
INTERVENTIONS STRATÉGIQUES
STRATÉGIQUES MOYEN TERME D’ACCOMPAGNEMENT
(objectifs de qualité
décennaux)
a. Santé et
qualité de vie
Réduction de la préva-
lence des :
- Amélioration des cadres juridique, institu- - Élaboration et mise en œuvre de la Loi relative à la protection de - Améliorer l’accès à l’eau potable: réhabilitation de
tionnel et de gestion de l’environnement. l’environnement. 60 % du réseau d’approvisionnement en eau potable.
- maladies à transmis- - Amélioration de l’accès aux services - Mise en œuvre de la loi relative à la gestion des déchets et mise - Épurer les eaux usées domestiques, réhabiliter les sta-
sion hydrique d’eau potable et d’assainissement. en œuvre d’une tarification appropriée. tions d’épuration défectueuses, réaliser des stations
- maladies respiratoi- - Diminution des risques liés à la pollution - Développement et mise en œuvre des procédures sectorielles (et d’épuration pour les agglomérations de plus de 100.000
res liées à la pollu- d’origine industrielle et agrochimique. stratégiques) d’études d’impact sur l’environnement. hab.
tion de l’air - Amélioration de la qualité de l’air dans les - Textes d’application de la Loi relative à la maîtrise de l’énergie. - Gérer rationnellement les déchets ménagers : éradiquer
- taux d’intoxication grandes villes et aux abords des zones in-
- Mise en œuvre des dispositions du Code des Eaux amendé en les décharges sauvages, généraliser la pratique des dé-
par le plomb. dustrielles.
1995 (tarification, participation du secteur privé, gestion par bas- charges contrôlées.
- Généralisation de l’essence sans plomb.
sin hydrographique). - Gérer rationnellement les déchets spéciaux: 140.000
- Diminution de la production de déchets et
introduction de leur gestion intégrée sur - Mise en place de procédures d’audit, d’autocontrôle, d’auto- t/an.
une base durable (institutionnelle, finan- surveillance et de programmes de dépollution industrielle. - Combattre la pollution industrielle: réduire la pollution
cière). - Développement et mise en place d’un système de normes envi- aux points chauds (300 millions USD); épurer les eaux
ronnementales (valeurs limites air, eau, sols). résiduaires.
- Mise en place d’un système de contrôle technique des véhicules. - Améliorer la qualité de l’air en milieu urbain: générali-
- Mise en place d’une fiscalité adaptée à la promotion des carbu- ser l’essence sans plomb (235 millions USD); promou-
rants les moins polluants. voir le GPL carburant pour 350 000 véhicules; pro-
- Mise en place du Fonds de l’Environnement et de Dépollution mouvoir le gaz naturel carburant (GNC) pour les trans-
(FEDEP). ports publics.
- Mise en place de l’Observatoire National de l’Environnement et - Améliorer la qualité de vie des citoyens: développer les
du Développement Durable (réseau de surveillance et système espaces verts (25 500 ha) et protéger le patrimoine
d’information environnementale). culturel.

- 88 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

D. TABLEAU RECAPITULATIF DE LA STRATEGIE ENVIRONNEMENTALE

NATURE DES
DOMAINES ET
OBJECTIFS RÉSULTATS ATTENDUS A MESURES INSTITUTIONNELLES ET
INTERVENTIONS STRATÉGIQUES
STRATÉGIQUES MOYEN TERME D’ACCOMPAGNEMENT
(objectifs de qualité
décennaux)
- Mise en place d’un programme national de sensibilisation et
d’accès du public à l’information environnementale.
- Préparation et mise en œuvre d’une Charte Communale de
l’Environnement.
- Développement généralisé des métiers de l’environnement.
- Étude d’identification des différentes sources de pollution de l’air
(grandes villes) et de l’eau (bassins hydrographiques) et évalua-
tion économique des mesures anti-pollution.
- Évaluation et optimisation de la politique énergétique du pays
(prise en compte des aspect environnementaux).
- Évaluation du système de régulation des produits agrochimiques
(aspects institutionnels et pollutions)
- Étude d’identification des mesures environnementales à mettre en
œuvre dans le cadre du programme de privatisation et d’adhésion
de l’Algérie à l’OMC
c. Compétitivité et
efficacité
économique
- Amélioration de la - Rationalisation de l’utilisation des res- Se référer en outre aux mesures indiquées dans les sections A et B Se référer en outre aux mesures indiquées dans les sections
compétitivité des en- sources en eau. plus haut. A et B plus haut.
treprises et des - Rationalisation de l’utilisation des res- - Réhabilitation et extension des réseaux d’eau potable,
agents socio- sources en sols (dont irrigation). - Mise en œuvre des dispositions du Code des Eaux amendé en d’irrigation et d’assainissement.
économiques - Rationalisation de l’utilisation des res- 1995 (tarification, participation du secteur privé, gestion par bas- - Recyclage et récupération des déchets domestiques et
- Amélioration de sources énergétiques. sin hydrographique). industriels.
l’efficacité des dé- - Rationalisation de l’utilisation des ma- - Textes d’application de la Loi relative à la maîtrise de l’énergie. - Dragage des ports les plus envasés.
penses budgétaires tières premières / industrie. - Mise en place de procédures d’audit, d’auto-contrôle, d’auto-

- 89 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

D. TABLEAU RECAPITULATIF DE LA STRATEGIE ENVIRONNEMENTALE

NATURE DES
DOMAINES ET
OBJECTIFS RÉSULTATS ATTENDUS A MESURES INSTITUTIONNELLES ET
INTERVENTIONS STRATÉGIQUES
STRATÉGIQUES MOYEN TERME D’ACCOMPAGNEMENT
(objectifs de qualité
décennaux)
- Recyclage des déchets et récupération surveillance et de programmes de dépollution industrielle.
de matières secondes. - Généralisation des systèmes de gestion environnementale et des
- Amélioration de la gestion des entrepri- technologies propres à travers le FEDEP, le Fonds de maîtrise de
ses (notamment sur le plan environne- l’énergie et un outil de promotion de technologies propres.
mental). - Identification des moyens à mettre en œuvre dans le cadre du
- Meilleure maîtrise des coûts de produc- programme de privatisation et de l’adhésion de l’Algérie à
tion des entreprises. l’OMC.
- Amélioration de l’image et de la valeur
marchande des entreprises.
- Amélioration de l'efficacité de l’activité
portuaire.
d. Environnement
global
- Préserver les res- - Augmentation du couvert forestier, de Se référer en outre aux mesures indiquées dans les sections A et B Se référer en outre aux mesures indiquées dans les sections
sources de la biodi- sa densité et de sa biodiversité (forêts plus haut. A et B plus haut.
versité (in et ex-situ) de production / protection).
- Réduction des émis- - Augmentation du nombre d’aires proté- - Développement des enseignements, des études et de la recherche - Conserver la biodiversité (zones de développement du-
sions de gaz à effet gées, de zones humides, et de zones de dans le domaine de la biodiversité. rable).
de serre développement durable. - Textes d’application de la Loi relative à la maîtrise de l’énergie. - Reconstituer et étendre le patrimoine forestier.
- Élimination des - Protection des oasis contre les rejets - Evaluation et optimisation de la politique énergétique du pays - Protéger et conserver les écosystèmes oasiens.
substances appau- domestiques et la salinisation. (incluant les aspects environnementaux). - Mettre en œuvre le programme de réduction des gaz
vrissant la couche - Réduction partielle des émissions de - Mise en place d'un programme d’information et de sensibilisation torchés.
d’ozone (SAO) GES dans les secteurs de l’énergie et de même que d’un programme de formation (élimination SAO). - Mettre en œuvre la phase 3 du plan d’élimination des
des transports. SAO.
- Élimination totale des SAO.

- 90 -
VI. PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004

6.01 Le chapitre précédent a exposé A. ACTIONS A COURT ET


les objectifs et les composantes de la MOYEN TERME
stratégie environnementale à long
terme. Le présent chapitre fait ressortir 6.02 Le plan d’actions prioritaires
le plan d’actions à court et moyen vise la mise en œuvre d’activités es-
terme et les mesures de mise en œuvre sentielles pour, d’une part, jeter les ba-
du PNAE-DD; il est structuré de la ses d’une nouvelle dynamique écolo-
manière suivante: gique, et d’autre part, renforcer le pro-
· Actions à court et moyen gramme gouvernemental de soutien à
terme (mesures institution- la relance économique (pour la période
nelles et d’accompagnement, triennale 2001-2004). Cependant, il
ainsi qu’investissements prio- est important de noter que l’essentiel
ritaires et à haute valeur dé- des contraintes pour la réalisation des
monstrative) incluant éga- objectifs d’un tel programme n’a pas
lement les actions environne- trait à la disponibilité de ressources fi-
mentales décidées par le gou- nancières, mais davantage à une mise à
vernement dans le cadre du niveau institutionnelle et à la capacité
programme de relance écono- de produire rapidement des résultats
mique pour la période trien- tangibles. Au total, le coût estimé des
nale 2001-2004, et présentées actions de court et moyen terme
dans un tableau récapitulatif s’élève à près de 970 millions de USD
en fin de chapitre. sur trois ans (env. 320 millions de
USD par an). Ce montant comprend 50
· Plan de financement (rôle de la millions de USD de nature institution-
dépense environnementale pu- nelle et 920 millions de USD d’inves-
blique et privée, des instru- tissements. Il correspond annuellement
ments économiques et de à 0,69% du PIB de 1998, compte non
l’aide internationale). tenu de certaines actions et dépenses
· Mise en œuvre, suivi et éva- institutionnelles en cours. Le plan
luation. d’actions prioritaires à court et moyen
· Plan d’actions prioritaires à terme est présenté ci-après suivant les
très court terme (actions im- objectifs de qualité retenus dans le ca-
médiates). dre de la stratégie à long terme.

- 91 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

a. Santé et qualité de vie tant programme de réalisation de lagu-


nes, plus facilement gérable, a été éga-
6.03 Améliorer le service public
lement retenu. La réhabilitation des
de l’eau potable et de
stations d’épuration défectueuses et
l’assainissement. L’amélioration du
leur mise en service effective sur une
service public de l’eau potable et de
base technique et financière durable
l’assainissement nécessite des réfor-
revêtent une importance particulière
mes institutionnelles et le renforce-
car elles permettront d’envisager la ré-
ment des capacités de gestion des dif-
alisation de nouvelles stations, notam-
férentes infrastructures (offre); il en va
ment dans le bassin du Cheliff qui ne
de même du côté de la demande. La
dispose actuellement d’aucun système
promotion de la gestion intégrée des
de protection contre les pollutions. Le
ressources en eau nécessitera: (i) de
recours aux systèmes concessionnaires
disposer d’un outil de planification dy-
pourrait faciliter le processus et amé-
namique et de finaliser dans ce cadre le
liorer la gestion des réseaux (STEP,
Plan National de l’Eau afin
assainissement). Des expériences pilo-
d’optimiser l’adéquation des ressour-
tes devront être mises en œuvre.
ces aux besoins. Une évaluation des
ressources en eau devra être effectuée
6.05 Promouvoir une gestion
de manière minutieuse dans les régions
saine des déchets ménagers et des
des Hauts Plateaux, dans la perspective
déchets spéciaux. La promulgation de
du rééquilibrage de l’occupation du
la Loi relative à la gestion, au contrôle
territoire ; (ii) de renforcer les capaci-
et à l’élimination des déchets et la
tés des Agences de Bassin Hydrogra-
poursuite des programmes de forma-
phique; et (iii) de réaliser d’importants
tion en cours au profit des cadres et
programmes de formation dans les
personnels techniques de communes
domaines de la gestion de l’eau et de
constituent un acquis important.
l’assainissement à l’intention des éta-
Néanmoins, d’autres mesures seront
blissements de l’Algérienne des Eaux,
nécessaires: la définition et la mise en
de l’Organisme National de
œuvre d’une stratégie nationale et de
l’Assainissement et des communes.
plans communaux de gestion des dé-
L’instrument tarifaire constitue égale-
chets solides urbains, la restructuration
ment un puissant outil de conservation
de la tarification (une étude est déjà
touchant aussi bien à la demande
programmée), la redéfinition d’un ca-
(comportements) qu’à l’offre (couver-
dre incitatif pour promouvoir et dyna-
ture des coûts): le parachèvement de
miser les activités économiques (opé-
l’étude tarifaire et sa mise en applica-
rateurs publics et privés) liées à la col-
tion progressive constituent également
lecte, au transport, au traitement, au
un aspect décisif d’une politique nou-
recyclage et à l’élimination des déchets
velle.
ainsi que l’introduction progressive du
régime concessionnaire. De telles me-
6.04 Sur le plan des investisse-
sures seront à même de garantir le suc-
ments, la réhabilitation des réseaux
cès de l’important programme
d’eau potable est la première priorité:
d’éradication des décharges sauvages
un programme de réhabilitation pour
et d’introduire la pratique de la dé-
dix villes a été retenu (des expériences
charge contrôlée qui a été retenue pour
pilotes de gestion rationnelle des res-
quarante villes (le cas d’Alger étant
sources seront mises en œuvre). En ce
pris en charge dans le cadre d’un prêt
qui concerne l’assainissement et la ré-
de la Banque Islamique de
utilisation des eaux épurées, un impor-

- 92 -
PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004

Développement). Des opérations pilo- tale. Les premières expériences pilotes


tes de collecte et de recyclage, concer- devront démarrer dans le cadre du pro-
nant notamment les déchets jet CPI17. Enfin, des outils de gestion
d’emballage, seront également entre- environnementale adaptés à la petite et
prises. Le renforcement des capacités moyenne entreprise seront également
de l’Agence Nationale des Déchets, élaborés.
prévue par la loi, est aussi nécessaire,
pour rendre opératoire ses missions de 6.08 La récente transformation du
régulation, d’incitation et de contrôle, Fonds de l’Environnement en Fonds de
déterminantes pour l’encadrement d’un l’Environnement et de la Dépollution
tel programme. (FEDEP) et sa dotation financière par
le gouvernement, permettront d’assis-
6.06 La gestion rationnelle des dé- ter les entreprises, notamment les
chets spéciaux fait l’objet d’études dé- PME-PMI, à s’engager dans des opéra-
taillées dans le cadre du projet de tions techniques visant à améliorer
Contrôle de la Pollution Industrielle leurs performances environnementales
(CPI) actuellement en cours et économiques. L’élaboration de mo-
d’exécution. Les conclusions (dont une dèles incitatifs et d’instruments éco-
première étude de site) permettront la nomiques, fiscaux et financiers de
réalisation d’une première installation même que la préparation de l’étude re-
pilote (centre d’enfouissement techni- lative aux mécanismes d’utilisation des
que de déchets spéciaux) dans la ré- ressources du Fonds (prévue dans le
gion Nord-Est du pays. D’autres ac- cadre du projet CPI) permettront de
tions pourront démarrer en parallèle: disposer rapidement d’une institution
l’extension du programme actuel de financière efficace. L’assistance du
collecte des huiles usagées et le condi- FEDEP sera essentielle pour tester des
tionnement des boues de raffinerie. opérations de dépollution d’unités in-
L’étude relative à la gestion des dé- dustrielles de l’agglomération d’Alger
chets liés aux activités de soins per- et d’unités qui contribuent pour une
mettra la mise en œuvre d’une pre- grande part à la pollution du bassin
mière expérience pilote. L’étude rela- Hamiz – El Harrach. Enfin, La créa-
tive à la réutilisation des déchets hui- tion du Centre National de Production
leux et d’autres catégories de déchets Plus Propre et le renforcement de ses
permettra la programmation d’actions compétences permettront également
futures. d’aider les entreprises à adopter pro-
gressivement des technologies propres.
6.07 Combattre la pollution in-
dustrielle. La promulgation de la Loi 6.09 L’élimination de la pollution
relative à la protection de l’environ- dans trois points chauds industriels a
nement, réadaptée, permettra d’intro- été identifiée comme priorité en raison
duire les procédures de contrôle in- des risques encourus pour la santé
tégré des pollutions et de mettre en
œuvre la procédure d’étude d’impact 17
La traduction en termes économiques (bilan coût
de manière plus rigoureuse. Le décret des dommages – coûts de remédiation) des diagnos-
révisé sur les installations classées et le tics environnementaux des grandes entreprises leur
fournira des indicateurs de priorité et un cadre de dé-
décret en cours sur les procédures cision précieux dans la mesure où performances éco-
d’autocontrôle et d’auto-surveillance nomiques et performances environnementales pour-
ront être jugées à la même aune (projet CPI en cours
permettront la mise en place de con- – cf. notamment Société des Ciments de Hamma
trats de performance environnemen- Bouziane, Complexe Moteurs Tracteurs de Constan-
tine et Mégisserie MEGA de Batna).

- 93 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

publique. Il s’agit de l’unité 6.12 Améliorer la gouvernance


d’électrolyse de zinc de Ghazaouet environnementale. Le développement
(pollution par les SO2), du Groupe In- des métiers de l’environnement (pro-
dustriel du Papier et de la Cellulose grammes de formation) et la surveil-
(pollution de l’Oued El Harrach et du lance de la qualité des différents mi-
milieu marin à Alger et Mostaghanem) lieux (eau, atmosphère) nécessiteront
et de la Maïzerie de Maghnia (pollu- le renforcement des capacités du
tion du barrage de Bougherara). Conservatoire National des Métiers de
l’Environnement et de l’Observatoire
6.10 Améliorer la qualité de l’air. National de l’Environnement et du Dé-
L’amélioration de la qualité de l’air en veloppement Durable. La coopération
milieu urbain nécessite la promotion intersectorielle sera également renfor-
des carburants les moins polluants. cée par la mise en œuvre d’un Système
Trois actions sont prioritaires: d’Information Environnementale pour
· le développement de l’utili- améliorer la prise de décision tant au
sation de l’essence sans plomb niveau sectoriel (contrôle vertical)
(deux options sont considé- qu’au niveau intersectoriel (contrôle
rées: réalisation d’unités d’iso- thématique). L’élaboration de pro-
mérisation à Skikda ou sur grammes d’éducation et de sensibilisa-
l’ensemble des raffineries du tion, l’introduction de l’éducation en-
Nord); vironnementale à l’école constituent,
aux côtés d’autres instruments, un outil
· la dynamisation de la demande puissant de protection de l’environ-
pour l’utilisation du GPL nement. Le renforcement des capacités
(15 000 véhicules-an); du MATE dans ces domaines est éga-
· l’introduction du gaz naturel lement retenu. Enfin, l’élaboration et la
comme carburant pour le mise en œuvre des chartes environne-
transport public nécessitera mentales communales permettra
des adaptations; une expé- l’amélioration de la gouvernance envi-
rience pilote sera mise en œu- ronnementale au niveau décentralisé.
vre.
6.13 Améliorer la qualité de vie
La mise en œuvre des premières mesu- des citoyens. Le développement
res fiscales, prévues dans la Loi de fi- d’espaces verts, la gestion et la revalo-
nances pour l’année 2002 pour pro- risation du patrimoine culturel sont à
mouvoir les carburants les moins pol- même, par leur fonction récréative,
luants, constituera le signe fort du dé- d’améliorer la qualité de vie des ci-
marrage de ce programme. Le déve- toyens. Un cadre réglementaire adé-
loppement du contrôle technique des quat, la mise en place d’une école de
véhicules nécessitera d’apporter un paysagistes, une large diffusion de la
appui à l’encadrement du réseau notion d’espaces verts auprès des bu-
d’agences qui sera mis en place. reaux d’études et des organisations non
gouvernementales ainsi que la sensibi-
6.11 Le réseau de surveillance épi- lisation continue des citoyens sont au-
démiologique sera renforcé dans les tant de mesures nécessaires à leur
quatre grandes villes du pays. Des promotion. La réalisation de parcs
plans de circulation automobile effica- verts urbains et d’opérations de verdis-
ces seront également développés. sement contribueront également à
l’amélioration de la qualité de vie.

- 94 -
PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004

6.14 La gestion du patrimoine ar- tient l’attention des pouvoirs publics.


chéologique et historique nécessite la Un Schéma Directeur de conservation,
création d’une École des Métiers du de défense et de restauration des sols et
Patrimoine Culturel et le renforcement de lutte contre la désertification sera
de ses capacités pour combler le déficit élaboré. Une étude permettra de mieux
en artisans et ouvriers spécialisés. Il connaître les interrelations entre la dé-
sera nécessaire de cibler les ressources gradation du stock de ressources natu-
budgétaires de l’État sur des domaines relles, la pauvreté et l’exode rural. La
d’intérêt public, et d'encourager le sec- protection des bassins versants et
teur privé (fondations, ONG, etc.) à l’extension de l’emploi rural pourront
contribuer par des actions complémen- apporter un début de solution. Sept
taires. Ainsi, les actions de restauration sous-bassins prioritaires ont été retenus
doivent être ciblées et viser en premier pour des actions de traitement anti-
lien des témoins importants de érosif. Le programme « emploi rural »,
l’identité nationale, classés dans le pa- actuellement cofinancé par la Banque
trimoine mondial de l’humanité (sites Mondiale dans quatre wilayas de
et monuments historiques de la Vallée l’Ouest du pays, qui concerne des tra-
du M’Zab, mise en valeur de vaux d’utilité publique et la promotion
l’ensemble Timgad-Vallée de l’Oued de la protection agro-écologique des
El-Abiod, Gorges du Ghoufi, réhabili- terres, sera étendu à deux autres wi-
tation de la Casbah d’Alger, vestiges layas (Relizane, Mostaganem).
archéologiques de Tipaza).
6.17 La lutte contre la désertifica-
b. Conservation et amélioration tion requiert le développement des zo-
de la productivité du capital nes de parcours, la protection de
naturel l’écosystème pastoral, l’amélioration
de l’offre fourragère et l’accroissement
6.15 Améliorer la gestion des sols
des revenus des populations locales.
et lutter contre la désertification.
Un programme d’aménagement intégré
Bien que complexe et nécessitant un
de la steppe dans les zones les plus dé-
consensus politique, le règlement de la
gradées (wilayas de Djelfa, El Bayadh,
question foncière, visant à clarifier les
Naama) est retenu dans ce contexte.
droits de propriété et d’exploitation, à
constituer des exploitations stables et
6.18 Gérer rationnellement les
de taille viable et à stimuler l’inves-
eaux d’irrigation. La rationalisation
tissement, est la première priorité. Ré-
de l’utilisation des eaux destinées à
viser le code pastoral en responsabili-
l’irrigation des cultures est un impéra-
sant les éleveurs, poursuivre la politi-
tif. Finaliser et commencer à mettre en
que d’ouverture du domaine privé de
œuvre les résultats de l’étude tarifaire
l’État à la concession pour différents
pour inciter à l’utilisation de techni-
programmes (arboriculture, cultures
ques économes en eau s’impose. De
céréalières et fourragères, élevage,
plus, un « audit institutionnel » du sec-
etc.) dans les zones favorables consti-
teur sera entrepris, visant à identifier
tueront également des actions à même
les réformes nécessaires pour accroître
d’inciter à une meilleure gestion des
l’efficacité des dépenses du secteur
sols et des ressources naturelles et à
public, permettre aux utilisateurs de
l’amélioration des revenus.
prendre en charge la gestion et la
maintenance d’une partie des infras-
6.16 La revitalisation des espaces
tructures d’irrigation, et améliorer
ruraux (bassins versants, steppes) re-

- 95 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

la durabilité des ressources en eau du 6.21 Protéger et conserver les es-


pays. Un programme de formation et paces oasiens. La protection des éco-
de sensibilisation à l’intention de systèmes oasiens nécessitera l’amélio-
l’Agence chargée de l’irrigation, des ration du captage des eaux d’irrigation
Offices des périmètres irrigués et des (foggaras), la réglementation du pom-
agriculteurs privés sera mené. page afin d’enrayer la salinisation des
terres, la collecte et le traitement des
6.19 Conserver, reconstituer et eaux usées pour mettre fin au phéno-
étendre le patrimoine forestier. Dans mène de remontée des eaux qui me-
la zone tellienne, la reconstitution et nace les palmeraies, et préserver
l’extension sélective du patrimoine fo- l’architecture traditionnelle. Dans une
restier productif sont nécessaires. Le première phase, une étude diagnostic
reboisement à base de chêne-liège pour des foggaras sera entreprise pour
réoccuper l’aire perdue par la suberaie mieux déterminer les actions nécessai-
et la réfection de la cédraie constituent res à leur préservation. Le programme
les priorités. Outre l’amélioration des d’actions concernera la vallée du Gou-
fonctions écologiques de la forêt, rara, et en premier lieu la Sebkha de
l’augmentation de la production li- Timimoun (foggaras, Ksours). Le pro-
gneuse et la création d’emplois seront gramme retenu pour l’assainissement
des retombées importantes de ce pro- de la Vallée du M’Zab permettra de
gramme. L’association du secteur pri- protéger la palmeraie et un important
vé et des communautés riveraines site classé.
(programme de cultures fourragères et
d’élevages dans les sous-bois et clai- 6.22 Protéger le littoral. La maî-
rières) sera également entreprise. trise de l’urbanisation du littoral
s’impose. Un cadastre de l’occupation
6.20 Conserver la biodiversité. La du littoral sera établi. La mise en œu-
gestion de la diversité biologique né- vre de la Loi relative au littoral
cessitera la création d’un Centre de permettra de disposer d’un instrument
Développement des Ressources Biolo- privilégié d’encadrement des actions
giques pour fédérer les compétences. nécessaires à la réduction des distor-
Ce centre permettra dans un premier sions et pressions qui caractérisent à
temps d’effectuer les études nécessai- l’heure actuelle l’espace littoral. La
res à l’inventaire des ressources création du Conservatoire National du
« valorisables » en zones montagneu- Littoral, organe d’études mais aussi de
ses et dans les oasis, et d’élaborer des régulation foncière, et le développe-
plans de gestion des zones humides ment de ses capacités, permettront
(notamment la Macta). Les capacités d’intervenir avec plus d’efficacité.
institutionnelles en biosécurité seront L’actualisation du Schéma Directeur
également développées. Parallèlement, d’Aménagement du Territoire et sa
trois zones pilotes de développement mise en œuvre, la soumission des zo-
durable (ZDD) visant à concilier de nes d’expansion touristique aux études
manière harmonieuse les impératifs du d’impact sur l’environnement, la lutte
développement économique, du déve- contre l’exploitation abusive du sable
loppement urbain et ceux de la conser- des plages et l’identification de sites de
vation de la biodiversité seront dési- matériaux de substitution sont des ac-
gnées et aménagées dans les Régions tions tout aussi importantes qui néces-
Est, Ouest et Centre du pays. siteront des études détaillées.

- 96 -
PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004

6.23 Le programme d’épuration concourent à la restauration de la pro-


des eaux usées domestiques et indus- ductivité des sols et des parcours.
trielles (cf. section A) permettra de
lutter contre la pollution marine. Des 6.26 Les programmes de dépollu-
opérations de dépollution de plages, tion dans les secteurs industriel et
nécessitant des investissements peu énergétique, la gestion rationnelle des
élevés, seront réalisées dans des sites transports ont des impacts positifs sur
balnéaires à haute valeur touristique les dépenses de santé. La mise en œu-
(Béjaia, Tizi-Ouzou, Tipaza). La réac- vre de contrats de performance envi-
tivation du programme MEDPOL ronnementale et l’adoption de techno-
permettra également de renforcer le ré- logies propres améliorent l’image de
seau national de surveillance de la pol- marque et l’attractivité des entreprises.
lution marine. Enfin, le Centre Opéra- La gestion rationnelle des déchets
tionnel du Comité National Tel Bahr améliore le cadre de vie et peut engen-
de prévention et de lutte contre les pol- drer des activités économiques ren-
lutions marines accidentelles par les tables (notamment de réalisation des
hydrocarbures sera également renfor- potentiels de recyclage).
cé.
6.27 Investir dans la protection de
6.24 L’Algérie dispose également l’environnement est donc économi-
d’un patrimoine côtier naturel ines- quement profitable et facilite l’inser-
timable. Des zones pilotes seront déli- tion de l’Algérie dans l’économie de
mitées dans les Régions Ouest, Est et marché. A ce titre, la connaissance des
Centre du pays et feront l’objet implications de l’adhésion de l’Algérie
d’actions d’aménagement (actions pré- à l’OMC et à la zone de libre-échange
ventives) et d’actions curatives légères. euro-méditerranéenne nécessite d’être
Les ressources du littoral sont écono- approfondie. Une étude est program-
miquement importantes. Les ressour- mée à cet effet.
ces halieutiques font l’objet d’une
campagne d’évaluation dans le cadre 6.28 L’accroissement prévisible du
d’un projet financé par la GTZ. Deux flux des échanges commerciaux impli-
études sont programmées afin d’iden- que l’amélioration des tirants d’eau des
tifier les potentialités aquacoles, cora- différents ports pétroliers, de com-
llifères, et autres substances marines merce et de pêche. Un programme de
d’intérêt commercial. dragage est proposé.

c. Compétitivité et efficacité d. Environnement global


économique
6.29 Les programmes de restaura-
6.25 La réhabilitation des réseaux tion des espaces ruraux (bassins ver-
d’AEP dans dix villes, la réhabilitation sants, steppes), de reforestation, de dé-
des stations d’épuration et la réalisa- veloppement de zones de conservation
tion de lagunes permettront une ges- de la biodiversité, de protection des
tion rationnelle de l’eau et limiteront espaces oasiens et des zones humides
les pertes économiques (limitation des participent à des degrés différents à la
fuites dans les réseaux d’AEP, réutili- protection de l’environnement global
sation d’une partie des eaux épurées). et répondent aux objectifs de la
Il en va de même des programmes de Convention sur la diversité biologique
revitalisation de l’espace rural qui dans sa triple dimension environ-
nementale, économique et sociale.

- 97 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

6.30 L’application de la Loi relative


à la maîtrise de l’énergie, l’ouverture
du marché énergétique et la tarification
constituent de puissants instruments de
conservation et auront un effet positif
sur la limitation des émissions de gaz à
effet de serre (GES). La réalisation
d’une partie du programme de réduc-
tion des gaz torchés par l’entreprise
SONATRACH contribuera également
à la réduction des émissions de GES.
Enfin, un programme d’éducation et de
sensibilisation aux énergies renouvela-
bles devra permettre de favoriser
l’émergence d’un marché et
d’accroître la contribution de ce type
d’énergie dans le bilan énergétique na-
tional.

6.31 Enfin, la troisième phase du


programme national d’élimination des
substances appauvrissant l’ozone
(SAO) permettra l’élimination totale
de celles-ci avec le concours du Fonds
multilatéral.

- 98 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

Actions prioritaires

OBJETIFS
MESURES INSTITUTIONNELLES ET RÉSULTATS ATTENDUS
STRATÉ- INVESTISSEMENTS SOURCE DE FINANCEMENT
D’ACCOMPAGNEMENT / INDICATEURS
GIQUES
a. Santé et qualité de vie
- Améliorer - Poursuivre le programme en cours relatif à la réhabilitation des - Réhabilitation des réseaux de distri- - Réseaux AEP réhabilités (10 villes), - Investissement : État (80-90 %) et utilisateurs
l’accès des ci- réseaux AEP bution d’eau potable dans 10 villes 100 millions m3 d’eaux récupérées (10 à 20 % dans un premier temps)
toyens à l’eau - Définir et mettre en application l’étude tarifaire (64 millions USD)* - Étude tarifaire finalisée et appliquée - Coûts récurrents : utilisateurs (déterminés par
potable - Introduire un régime concessionnaire (expérience pilote) - 3-4 expériences pilotes mises en œu- l’étude tarifaire)
- Achever l’étude relative au plan national de l’eau (0,2 million - Expérience pilote de gestion ration- vre
USD) nelle des ressources en eau (système - Code des eaux appliqué
- Renforcer les capacités de gestion dans le domaine de l’AEP de comptage, tarification, écono- - Environ 2 000 formations réalisées
(agences de bassin, Algérienne des Eaux, communes) (2 millions mie,…) à El Oued (5 millions USD) - 5 agences de bassins hydrographiques
USD) renforcées et opérationnelles
- Apporter un appui à la mise en place des agences de bassin (1
million USD)
- Améliorer le - Poursuivre le programme relatif à la réhabilitation des stations - Réalisation de stations de lagunage - Programme de lagunage réalisé - Investissement : progr. du gouvernement; BM ;
service public d’épuration défectueuses (78 millions USD)* - 24 stations d’épuration réhabilitées utilisateurs
de l’assainisse- - Réalisation de stations d’épuration - Un système de gestion des stations - Coûts récurrents : utilisateurs (régime conces-
ment - Introduire un régime concessionnaire (expérience pilote de ges- pour protéger l’Oued Cheliff (82 mil- d’épuration mis en place sionnaire)
tion de stations) lions USD) - 4-5 expériences pilotes de gestion
- Renforcer les capacités de gestion dans le domaine de (régime concessionnaire) réalisées
l’assainissement (Organisme National de l’Assainissement, - 500 personnes formées en gestion des
Communes) (2 millions USD) réseaux d’assainissement, 300 en ges-
tion des stations d’épuration, 100 en
gestion des eaux usées, 100 en réutili-
sation des eaux en agriculture

- 99 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

OBJETIFS
MESURES INSTITUTIONNELLES ET RÉSULTATS ATTENDUS
STRATÉ- INVESTISSEMENTS SOURCE DE FINANCEMENT
D’ACCOMPAGNEMENT / INDICATEURS
GIQUES
- Gérer rationnel - Mettre en œuvre la Loi relative à la gestion des déchets - Éradication des décharges sauvages et - Loi relative à la gestion des déchets - Investissement: État
lement les dé - Renforcer l’Agence Nationale des Déchets (1 million USD)- introduction de la pratique de la dé- appliquée - Coûts récurrents Déchets Ménagers: ménages
- Mettre en œuvre les conclusions de l’étude nationale stratégique (déterminés suivant l’étude tarifaire);
chets solides charge contrôlée dans 21 villes (70,5 - Étude tarifaire finalisée et appliquée
ménagers et les de gestion des déchets urbains (1.25 millions USD)*. millions USD)* - Ensemble des décharges sauvages - Investissement: État, Banque Mondiale, utilisa-
déchets spé- - Mettre en œuvre les Plans Communaux de gestion des déchets - Appui à l’introduction de décharges éradiquées teurs
ciaux urbains Déchets Spéciaux: entreprises
contrôlées dans 19 villes et agglomé- - Déchets ménagers mis en décharges
- Mettre en œuvre un système efficace de recouvrement des coûts rations du Sud algérien (7 millions contrôlées dans 40 villes et agglomé- - Collecte des huiles usagées: entreprise NAFTAL
- Introduire un régime concessionnaire (expérience pilote) USD)** rations (100%)
- Poursuivre le programme pour la ville d’Alger - Conditionnement des boues de raffinerie : entre-
- Opérations pilotes de collecte et de - 6.000 tonnes de déchets spéciaux mis
- Généraliser le programme de formation à l’intention des commu recyclage de déchets d’emballage (2 en décharges spéciales prise NAFTEC (100%)
nes et autres acteurs (0,5 million USD) millions USD) - Taux de collecte des huiles usagées
- Elaborer le Plan National de gestion des déchets spéciaux (projet
- Réalisation d’un centre d’enfouisse- doublé (17%)
CPI) ment technique des déchets spéciaux - 2.400 personnes formées en gestion
- Élaborer une étude relative à la réutilisation des déchets huileux dans la zone Nord-Est du pays (10,5 des déchets solides, 200 en gestion
et autres déchets en cimenteries (0,25 million USD)
millions USD) des déchets industriels, 300 en ges-
- Élaborer une étude relative à la gestion des déchets liés aux acti- - Collecte des huiles usagées (12 mil- tion des déchets industriels spéciaux
vités de soins et renforcement des capacités à cet effet (0,4 mil-
lions USD) et 150 en déchets liés aux activités de
lion USD) - Conditionnement des boues de raffi- soins
nerie (2,5 millions USD)
- Expérience pilote de gestion de dé-
chets liés aux activités de soins (1
million USD)
- Combattre la - Promulguer la Loi relative à la protection de l’environnement - Élimination des pollutions aux points - Loi relative à la protection de - FEDEP (20 %) etentreprises (80 %)
pollution in- - Finaliser les décrets relatifs aux EIE, aux procédures chauds : l’environnement promulguée - FEDEP – Fonds de l’Aménagement du Terri-
dustrielle d’autocontrôle et d’auto-surveillance, aux normes de qualité des a) élimination de la pollution - Décrets relatifs aux EIE, aux procé-
toire (appui selon taille des unités)
différents milieux récepteurs par le SO2 à l’unité dures d’autocontrôle et d’auto-
d’électrolyse de zinc de Gha- surveillance finalisés
- Mettre en œuvre les contrats de performance environnementale et zaouet (24 millions USD) - FEDEP opérationnel
les tester dans le cadre du projet CPI b) traitement des pollutions en- - Contrats de performance environne-
- Élaborer des outils de gestion environnementale adaptés à la pe- gendrées par les unités du mentale mis en œuvre
tite et moyenne entreprise (0,3 million USD) Groupe Industriel du Papier - Trois points chauds industriels traités
- Mettre en œuvre le Fonds de l’Environnement et de Dépollution et de la Cellulose (3 millions - 1 000 personnes formées en gestion
(FEDEP) USD). environnementale, 350 en pollution
- Renforcer la formation dans les entreprises et les PME à la ges- c) Maizerie de Maghnia (2 mil- atmosphérique, 260 en pollution des
tion environnementale (0,5 million USD) lions USD) sols, 150 en traitement des eaux in-
- Dépollution d’unités polluantes du dustrielles, 60 en pollution marine,

- 100 -
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OBJETIFS
MESURES INSTITUTIONNELLES ET RÉSULTATS ATTENDUS
STRATÉ- INVESTISSEMENTS SOURCE DE FINANCEMENT
D’ACCOMPAGNEMENT / INDICATEURS
GIQUES
- Mettre en place un Centre National de Production Plus Propre bassin Hamiz-El Harrach (15 millions 150 en environnement santé et 350 en
(6,5 millions USD) USD). technologies propres
- Dépollution d’unités polluantes dans
l’agglomération d’Alger (15 millions
USD)

- Améliorer la - Mettre en œuvre les mesures de promotion fiscale des carburants - Généralisation de l’utilisation de - Mesures de promotion des carburants - Essence sans plomb: entreprise NAFTEC (100%)
qualité de l’air les moins polluants l’essence sans plomb (95-155 mil- moins polluants prises - Conversion des véhicules au GPL: entreprise
urbain - Élaborer une étude relative aux économies d’énergie dans le sec- lions USD) selon les options - Combustion des déchets interdite aux NAFTAL (75%) et secteur privé (25%)
teur industriel (0,5 million USD) - Promotion de l’utilisation du GPL- abords des grandes villes
- Renforcer le réseau de surveillance épidémiologique (1,2 mil- carburant (47 millions USD) - Revamping d’une première raffinerie
lions USD) - Expérience pilote de promotion du et introduction de l’essence sans
- Renforcer les capacités de contrôle technique des véhicules (0,25 gaz naturel carburant (2 millions plomb (10% du parc automobile) dès
million USD). USD). 2004
- 45.000 véhicules convertis au GPL

- Renforcer la - Mettre en place le Conservatoire des Métiers de l’Environnement - Conservatoire des Métiers de
gouvernance (2 millions USD) l’Environnement mis en place
environnemen- - Mettre en place l’Observatoire de l’Environnement et du Déve- - l’Observatoire National de
tale loppement Durable (5 millions USD) l’Environnement et du Développe-
- Mettre en place le Système d’Information Environnementale (2,5 ment Durable mis en place
millions USD) - Un système d’information environne-
- Réaliser un programme de sensibilisation environnementale et in- mentale opérationnel
troduire l’éducation environnementale à l’école (2 millions USD) - 300 personnes formées en éducation
- Elaborer et mettre en œuvre la Charte Environnementale Com- env. et un programme d’éducation et
munale de sensibilisation env. mis en œuvre
- La Charte Environnementale Com-
munale mise en œuvre

- 101 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

OBJETIFS
MESURES INSTITUTIONNELLES ET RÉSULTATS ATTENDUS
STRATÉ- INVESTISSEMENTS SOURCE DE FINANCEMENT
D’ACCOMPAGNEMENT / INDICATEURS
GIQUES
- Autres Ac- - Adopter un cadre réglementaire relatif à la gestion des espaces - Réalisation de parc verts urbains (6 - Programme de formation relative aux - Collectivités locales (100 %)
tions : verts millions USD). espaces verts réalisé (300 personnes
a/ Développer des - Mettre en place une Ecole de paysagistes (0.5 million USD) - Opérations pilotes de verdissement (2 formées)
espaces verts - Vulgariser la notion d’espaces verts auprès des bureaux d’études
mil-lions USD).
(0.2 million USD)

- État (100 %)
b/ Améliorer la - Mettre en place une École des Métiers du Patrimoine Culturel (2 - Restauration des sites et monuments - Une institution de promotion des mé-
gestion du pa- millions USD) historiques de Ghardaïa (2,5 millions tiers de conservation et de restaura-
trimoine cultu- USD)* tion du patrimoine mise en place
rel - Protection et mise en valeur de
l’ensemble Timgad, Vallée de l’Oued
El-Abiod, Gorges du Ghoufi (5 mil-
lions USD)
- Réhabilitation et restauration de la
Casbah d’Alger (5 millions USD).
- Protection des vestiges archéologi-
ques de Tipaza (2.5 millions USD).

b. Conservation et amélioration de la productivité du capital naturel


- Améliorer la - Élaborer des scénarii (variantes) à même de solutionner les pro- - Traitement anti-érosif dans sept sous- - Les problèmes fonciers solutionnés - Protection des sols: Direction Générale des Fo-
gestion des sols blèmes fonciers bassins versants (73 millions USD)* - Code pastoral révisé et promulgué rêts (DGF) (75%) et secteur privé (25%)
et lutter contre - Poursuivre la politique d’ouverture du domaine privé de l’État à - Traitement anti-érosif du Bassin Oued - Traitement anti-érosif réalisé dans 7 - Lutte contre la désertification: DGF/Haut Com-
la désertifica- la concession (programmes d’arboriculture fruitière) Melah-Zahrez (3 millions USD) sous-bassins versants : 4.430 ha re- missariat à la Steppe (60%) et secteur privé
tion - Réviser le code pastoral boisés, 30.000 ha de plantations frui- (40%)
- Extension du programme « emploi
- Réserver le régime concessionnaire (arboriculture, cultures four- rural » aux wilayas de Relizane et tières
ragères et céréalières) uniquement aux zones favorables en sols et Mostaganem (11,5 millions USD)* - Aménagement intégré des steppes :
eau dans la steppe amélioration du couvert végétal de
- Programme d’aménagement intégré
- Elaborer un Schéma Directeur de Conservation, de Défense, de de la steppe dans les zones les plus 20-30%
Restauration des Sols et de Lutte contre la Désertification (0.4 dégradées (32 millions USD)*
millions USD)

- 102 -
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OBJETIFS
MESURES INSTITUTIONNELLES ET RÉSULTATS ATTENDUS
STRATÉ- INVESTISSEMENTS SOURCE DE FINANCEMENT
D’ACCOMPAGNEMENT / INDICATEURS
GIQUES
- Élaborer une étude relative aux relations entre la productivité des
ressources naturelles, l’exode rural et la pauvreté (0,5 million
USD)
- Poursuivre le programme en cours relatif à l’emploi rural
- Gérer - Terminer et mettre en œuvre l’étude tarifaire - Étude tarifaire finalisée et appliquée - A déterminer suivant l’étude tarifaire
rationnellement - Réaliser un programme de formation et de sensibilisation à - 300 personnes formées dans la ges-
les eaux l’intention des personnels techniques et de gestion de l’ANID tion rationnelle et l’économie de
d’irrigation (Agence chargée de l’irrigation) et des OPI (Offices des Périmè- l’eau
tres Irrigués) et des agriculteurs privés (1,5 million USD)
- Reconstituer et - Examiner l’extension du régime concessionnaire au domaine fo- - Programme de reconstitution et - 45.000 ha reconstitués (dont 12.000 - Direction générale des forêts (DGF) (90-95%) et
étendre le pa- restier (arboriculture, élevage) d’extension du patrimoine forestier en espèces productives: chêne, liège, secteur privé (5-10%)
trimoine fores- - Introduire la télédétection pour la surveillance des écosystèmes (notamment la suberaie et la cédraie) cèdre)
tier (0,3 million USD). (12 millions USD) - Régime concessionnaire introduit

- Conserver la - Mettre en place un Centre de Développement des Ressources Bio- - Création et aménagement de trois zo- - Institution d’études et de recherches - Les premières zones de développement durable
biodiversité logiques (6 millions USD) nes de développement durable dans mise en place seront financées à 100 % par l’État
- Élaborer une étude sur les ressources de la biodiversité (oasis, zo- les Régions Est, Ouest et Centre du - Programme de conservation (ZDD)
nes de montagne) (0,5 million USD) pays (15 millions USD)* réalisé (13.000 ha)
- Développer les capacités institutionnelles en biosécurité (0,5 mil-
lion USD)
- Élaborer un plan de gestion de la zone humide de la Macta (3,8
millions USD)
- Protéger les - Réaliser un diagnostic de la situation des foggaras (système - Lutte contre le phénomène de remon- - Expérience pilote de lutte contre la - État (100%)
écosystèmes d’irrigation traditionnel dans les oasis) (1 million USD). tée des eaux: cas de la Vallée de remontée des eaux mise en œuvre
oasiens M’Zab (protection contre les crues et - Système d’irrigation traditionnel par-
assainissement des eaux usées) (13 tiellement réhabilité
millions USD)* - Pompage des eaux réglementé et
- Préservation et restauration de la Val- contrôlé
lée du Gourara (Ksours, foggaras) (5
millions USD)

- 103 -
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OBJETIFS
MESURES INSTITUTIONNELLES ET RÉSULTATS ATTENDUS
STRATÉ- INVESTISSEMENTS SOURCE DE FINANCEMENT
D’ACCOMPAGNEMENT / INDICATEURS
GIQUES
- Protéger le lit- - Promulguer une Loi relative au littoral - Programme de conservation du litto- - Loi du littoral promulguée - État (100%)
toral - Mettre en place le Conservatoire National du Littoral (1 million ral dans des zones situées dans les ré- - Institution de protection mise en
USD) gions Est, Ouest et Centre du pays place
- Réactiver le projet MEDPOL (réseau de surveillance de la pollu- (24 millions USD)* - Actions préventives et curatives réali-
tion marine en Méditerranée) (0,6 million USD) - Dépollution des plages: espaces cô- sées sur 175km de côtes (soit 15% du
tiers de Tizi-Ouzou, Béjaïa et Tipaza littoral)
- Elaborer un cadastre de l’occupation du littoral (0.4 millions
(9 millions USD)
USD).
- Renforcer le Centre Opérationnel du Comité National Tel Bahr de
prévention et de lutte contre les pollutions marines accidentelles
(0.4 millions USD).
- Élaborer une étude de réactualisation du SNAT (0,4 million USD)
- - Elaborer une étude d’identification des sites et gîtes de gise-
ments de matériaux de substitution au sable des plages et d’oueds
(0,6 million USD)
- Soumettre les zones d’expansion touristique aux Études d’Impact
sur l’Environnement (0,6 million USD)
- Élaborer une étude sur les potentialités aquacoles (0,8 million
USD), corallifères et autres substances d’intérêt commercial (0,8
million USD)

c. Compétitivité et efficacité économique


- Voir sections A - Étudier les implications de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC et à la - Dragage des ports (51 millions USD) - 50% du volume dragué - Dragage des ports: grandes entreprises portuai-
et B zone de libre-échange euro-méditerranéenne (0,2 million USD) res (80%) et subvention de l’État (20%)

- 104 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

OBJETIFS
MESURES INSTITUTIONNELLES ET RÉSULTATS ATTENDUS
STRATÉ- INVESTISSEMENTS SOURCE DE FINANCEMENT
D’ACCOMPAGNEMENT / INDICATEURS
GIQUES
d. Environnement global
- Biodiversité - Voir section B - Réalisation d’une partie du pro- - Taux des gaz ramené à 20 % - Torchères: entreprise SONATRACH (100%)
- Changements - Voir sections A et B gramme Torchères (100 millions - Élimination des SAO: Fonds multilatéral- Pro-
climatiques - Réaliser un programme d’éducation et de sensibilisation pour USD) tocole de Montréal (100%)
- Couche promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables (0,3 million - Élimination des Substances Appau- - SAO éliminées
d’ozone USD) vrissant la couche d’Ozone (SAO)
(10 millions USD)

(*) Partie du financement prévue dans le plan triennal de relance économique.


(**) Partie du financement prévue dans le Fonds Spécial pour le Développement des Régions du Sud.

Totaux
Total général Études & Renforcement institutionnel: 52,85 millions USD (0,12% du PIB algérien de 1998)
Total général Investissements: 919 millions USD (1,28% du PIB algérien de 1998)

Total Général : 971,85 millions USD

- 105 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

B. PLAN DE FINANCEMENT cours non comptées dans le total, avoi-


sineraient environ 0,8% du PIB et que
6.32 Impacts budgétaires diffé- les investissements postulés dans une
renciés. Les investissements décen- perspective décennale correspondent
naux, les actions de court et moyen à 1,2% du PIB, ce qui ne représente
terme et les mesures institutionnelles q’une augmentation de 50% part rap-
exercent un impact sur le budget de port à l’effort de dépenses program-
l’État. Cet impact est différent suivant mées pour le court et le moyen termes.
les cas. Les investissements non seu- Cela signifie qu’il y a nécessité de ra-
lement tendent à alourdir la dépense tionaliser la dépense environnementale
publique de protection de dans le court et moyen terme pour la
l’environnement, mais impliquent éga- rendre plus efficace, et permettre de
lement des engagements pluriannuels réduire encore davantage l’effort
pour la maintenance et le renouvelle- d’investissement futur. Pour suivre
ment, tandis qu’une grande partie des cette évolution, il sera nécessaire de
mesures institutionnelles ont plutôt un procéder périodiquement à une analyse
impact de « réforme » budgétaire per- de la rentabilité économique des dé-
mettant de mieux répartir le poids de la penses publiques environnementales
dépense environnementale entre les afin d’en apprécier l’efficacité et, le
contribuables, d’une part, et ceux qui cas échéant, procéder aux restructura-
sont à l’origine d’une dégradation de tions qui s’imposent.
l’environnement (principe de causalité
relayé par la fiscalité environnemen- 6.34 Le plan de financement et la
tale), d’autre part. Des dépenses pri- stratégie d’agencement dans le temps
vées sont également générées lors- des actions répondent aux principes
qu’une fiscalité environnementale est suivants (voir la Figure 6.1):
appliquée. · Le secteur public doit renfor-
cer et rendre plus efficaces ses
6.33 Mise à niveau de la dépense dépenses en matière d’envi-
algérienne en faveur de l’environ- ronnement.
nement. Les estimations retenues par
le présent PNAE-DD fournissent les · Le financement du surcroît de
ordres de grandeur suivants (parts au dépenses en faveur de l’envi-
PIB de 1998) – annuellement, compte ronnement ne signifie pas que
non tenu de certaines actions et dé- la dépense publique algérienne
penses institutionnelles en cours. doive augmenter d’autant. Au
contraire, une meilleure appli-
Mesures institutionnelles: 0,03% cation des instruments régle-
Actions de court terme : 0,66% mentaires et le recours aux ins-
Total 0,69% truments économiques et à la
(actions à court et moyen terme) fiscalité écologique permettent
de rapprocher la dépense de
Investissements décennaux 1,23 % celui qui en est à l’origine du
(objectifs de qualité décennaux) point de vue environnemental
et causal (pollueur-payeur) et
Il en découle que les dépenses à d’alléger en conséquence la
consentir dans les court et moyen ponction budgétaire.
terme (0,69%), auxquelles on rajou-
terait les opérations et dépenses en

- 106 -
PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004

Figure 6.1 Schéma cumulatif suggérant le financement des actions dans le


temps

100%
90% Autres (aide
internationale,
80% dépenses privées
70% induites)
60%
Tarification, prix,
50% redevances
40%
30%
Dépense
20%
publique
10%
0%
2002 2004 2006 2008 2010 2012

Dans cette phase de transition en- constituera, avec le parachèvement de


vironnementale, l’aide interna- l’élaboration des normes et de la réac-
tionale et la dépense privée géné- tualisation du niveau des amendes, un
rée par la fiscalité envi- premier pas vers le renforcement de la
ronnementale sont requises à des puissance publique.
titres divers. L’application des ins-
6.37 Il est nécessaire, pour l'exer-
truments de coopération interna-
cice efficace de la puissance publique,
tionale variera suivant le domaine
de disposer d’un réseau de polices de
environnemental concerné.
l’environnement beaucoup plus « mail-
lé » et professionnel et d’un réseau de
a. La nécessaire approche laboratoires de contrôle pour le travail
réglementaire et ses limites de surveillance. L’utilisation ration-
6.35 L’approche réglementaire qui nelle des instruments réglementaires
a prévalu jusqu’à présent n’a pas don- est certes susceptible d’induire dans le
né les résultats escomptés. L’or- moyen terme des dépenses privées
ganisation sectorielle et la dispersion pour la protection de l’environnement,
des compétences des organismes étati- mais elle reste néanmoins coûteuse
ques, le poids encore limité des institu- pour le budget de l’État.
tions publiques de protection de
l’environnement, l’insuffisante intégra- 6.38 L’emploi d’instruments éco-
tion des missions de protection aux nomiques apparaît donc souhaitable,
préoccupations essentielles de l’État, non seulement pour des raisons écolo-
tout ceci explique cet état de fait. giques, mais aussi pour des raisons
économiques car, combiné avec une
6.36 La révision de la loi relative à application crédible de la réglementa-
la protection de l’environnement en tion, la sensibilisation du public et la
vue d'instituer des mécanismes de diffusion de l’information, il induit des
coordination intersectorielle efficaces, comportements plus rationnels et res-
des procédures d’études d’impact plus ponsables de la part des différents
performantes et le contrôle intégré des agents économiques. Les instruments
pollutions (eaux, sols, atmosphère) économiques sont les compléments

- 107 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

indispensables des instruments régle- l’ouverture du marché énergétique est


mentaires. envisagée par le gouvernement. La li-
béralisation progressive des prix des
b. La tarification des ressources hydrocarbures liquides et des produits
et la politique des prix pétroliers est prévue (après une période
de transition de 5 ans), afin de permet-
6.39 La réduction progressive des tre aux règles du marché de jouer plei-
subventions, la tarification adéquate nement. Pour les prix du gaz, la pé-
des ressources et l’adoption d’une poli- riode de transition prévue est de 10
tique des prix appropriée permettra, de ans. Pour ce qui est de la distribution
concert avec des politiques sectorielles d’électricité et de gaz naturel, les tarifs
adaptées: à appliquer seront confiés à une Com-
· de rationaliser la consomma- mission de régulation de l’électricité et
tion d’énergie et de diminuer du gaz, pour refléter également l’en-
les émissions atmosphériques; semble des coûts.
· de maîtriser la consommation
d’eau et de disposer de reve- 6.42 Eau : les chiffres relatifs à la
nus pour la réhabilitation des tarification de l’AEPI (eau potable et à
infrastructures existantes; usage industriel) sont reportés dans le
tableau suivant, qui indique le tarif ac-
· de maîtriser l’utilisation de tuellement pratiqué et les subventions
l’eau, des engrais et des pesti- estimées sur la base du coût réel de
cides dans l’agriculture. l’eau calculé pour deux situations:
6.40 Énergie: malgré l’évolution · Cas (1): taux de perte actuel
significative des prix des produits dans les canalisations (45 %);
énergétiques durant la dernière décen- · Cas (2) : hypothèse d’amélio-
nie, les prix de cession de ces produits ration limitant le taux de perte
sur le marché intérieur restent large- à 25 %.

Année 1996 1997 1998 1999 Moyenne


Subventions (millions
1787 1503 1047 1313 1412
de US Dollars)

ment subventionnés, qu’il s’agisse des 6.43 L’objectif de l’étude tarifaire


énergies primaires (GPL, pétrole brut, proposée est de se rapprocher progres-
gaz naturel), du raffinage, de la distri- sivement de la vérité des prix (qui de-
bution des produits pétroliers, de vraient reposer sur le coût de mobilisa-
l’électricité ou de la distribution de gaz tion marginal à long terme), en prati-
naturel. Le niveau global des subven- quant une politique des prix différen-
tions, calculé par rapport aux prix ciée selon les différents usages pour
FOB-MED (moyenne des prix prati- inciter à l’économie de l’eau. En ce qui
quée par les pays du pourtour méditer- concerne l’eau potable pour les ména-
ranéen) est de l’ordre de 1412 millions ges, la politique des tranches, avec une
de US dollars (moyenne des années première tranche à prix abordable pour
1996 à 1999), comme indiqué dans le les populations à faible revenus, de-
tableau ci-contre. vrait être maintenue (Recommanda-
tions du Conseil National Economique
6.41 Au travers des lois relatives et Social).
aux hydrocarbures et à l’électricité,

- 108 -
PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004

Tarif Subvention (ALD/m3) Subvention (%)


Catégorie
(ALD/m3) (2) (1) (2) (1)
Ménages 7,8 40,2 50,2 84 87
Administration 16,2 31,8 41,8 66 72
Commerce 19,8 28,2 38,2 59 66
Industrie 23 25 35 52 60
Moyenne pondérée 11,2 36,8 46,8 77 81
La subvention actuelle est de l’ordre de 75 %.

6.44 Agriculture : Les subventions · 0,21-0,28 l/ha à 0,18 l/ha pour


dans ce secteur ont concerné tradition- les produits liquides pendant la
nellement: même période.
· le soutien des prix de certains
produits agricoles; 6.47 La sous-tarification de l’eau
· des prix administrés pour les d’irrigation entraîne des gaspillages
engrais et les produits phyto- énormes. Dans les grands périmètres
sanitaires; irrigués à partir des barrages, deux ty-
pes de tarification sont pratiqués: soit
· la sous-tarification de l’eau selon le volume d’eau utilisé (T1 dans
destinée à l’irrigation. le tableau qui suit), soit selon un prix
forfaitaire à l’hectare (T2).
6.45 Les prix minimum garantis ne
concernent plus que le blé dur. Le sou-
T1 (ALD/m3) 1 – 1,2 ALD
tien des prix à la production de l’orge a
T2 (ALD/ha) 250 – 400 ALD
été supprimé dès 1993. Pour ce qui est
du blé dur, seules les surfaces à haut
Le prix payé est quasiment nul dans les
rendement sont concernées. Pour les
grands périmètres irrigués,. mais les
terres à faible rendement situées le
volumes d’eau utilisés dans ces péri-
plus souvent dans des régions pentues
mètres ne représentent que 10 % de
des bassins versants sensibles à
ceux utilisés par la petite et moyenne
l’érosion hydrique, des programmes de
hydraulique (PMH) à partir des eaux
reconversion à l’arboriculture fruitière,
souterraines. Dans ce domaine, c’est
soutenus par le gouvernement, con-
l’agriculteur qui réalise ses investisse-
naissent un certain succès et enregis-
ments et paie le coût de mobilisation
trent déjà certains résultats positifs.
de l’eau. Mais les grands volumes
d’eau utilisés par la PMH ne font
6.46 Le ratio d’utilisation des en-
l’objet d’aucune facturation à l’heure
grais a chuté de 65 kg/ha pendant la
actuelle. L’agriculture est traditionnel-
période 1985-1989 à 34 kg/ha pour la
lement subventionnée, y compris dans
période 1990-1994. Cette nette
les grands pays développés. Encore ne
diminution depuis 1990 est due à une
faut-il pas subventionner le gaspillage
forte augmentation des prix, à
d’eau. Sur ce point, l’objectif devrait
l’autonomie de gestion des
consister à généraliser le comptage et
exploitations du secteur public et aux
à instituer progressivement un prix
contraintes foncières qui persistent. En
qui incite à l’économie de l’eau, sans
raison de leur coût de plus en plus
décourager les efforts d’in-
élevé, le ratio d’utilisation des produits
phytosanitaires a suivi la même
évolution
· 3,26 et est passé
kg/ha de: kg/ha en 10
à 1,44
ans pour les produits solides;

- 109 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

investissement entrepris par le secteur 6.1 ci-après. La taxe d’assainissement


privé. Une étude tarifaire détaillée des eaux domestiques n’est pas
s’impose. concernée par la présente Loi de finan-
ces. Elle fera l’objet de réajustements
c. Le développement de la dans le cadre de l’étude tarifaire pré-
fiscalité environnementale vue à ce effet. La collecte de ressour-
6.48 La Loi de finances pour l’an- ces financières suffisantes pour réhabi-
née 2002 récemment votée par liter et remettre en service les stations
l’Assemblée Populaire Nationale per- d’épuration défectueuses devrait cons-
mettra un début d’application du prin- tituer le premier objectif. En ce qui
cipe du pollueur payeur, l’incitation concerne les eaux résiduaires, le ré-
des responsables des dommages causés gime des amendes sera également ré-
à l’environnement à participer à la formé par la mise en place d’un sys-
couverture des coûts de réhabilitation, tème de taxes dissuasives proportion-
la génération de ressources financières nelles aux pollutions effectivement gé-
additives pour le FEDEP, ceci au tra- nérées, sous forme dans une première
vers des nombreuses dispositions posi- étape, de taxes additionnelles (à
tives qui y sont contenues: l’instar de la taxe additive sur la pollu-
tion atmosphérique).
· revalorisation de la taxe d’en-
lèvement des ordures ména-
6.50 Le Fonds National de l’En-
gères pour se rapprocher des
vironnement et de Dépollution (FE-
coûts de gestion;
DEP) disposera ainsi, outre de la dota-
· institution de taxes incitatives tion financière accordée dans le cadre
au déstockage des déchets du plan de relance économique (3 mil-
spéciaux et des déchets liés liards ALD), de ressources nouvelles
aux activités de soins; plus importantes. Il devra néanmoins
· revalorisation de la taxe sur les évoluer pour devenir une institution fi-
activités polluantes (coeffi- nancière autonome, à même d’opérer
cients multiplicateurs plus im- efficacement des investissements envi-
portants) et institution d’une ronnementaux.
taxe additive sur la pollution
atmosphérique d’origine in-
dustrielle (application du prin-
cipe du pollueur payeur).
La proposition d’instituer une taxe sur
les carburants polluants (essence avec
plomb) a été retenue par ailleurs.

6.49 Les mesures prises concernent


donc les déchets ménagers et les dé-
chets spéciaux, les pollutions d’origine
industrielle et les carburants polluants.
Elles sont résumées dans le Tableau

- 110 -
PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004

Tableau 6.1. Le principe du pollueur payeur est déjà en voie d’application

Déchets urbains: · Entre 640 et 1.000 · Augmentation substan-


DA/local à usage tielle et graduelle du mon-
taxe d’enlèvement des d’habitation. tant, pour se rapprocher
ordures ménagères. · Entre 1.000 et 10.000 des coûts de gestion
DA/local à usage profes- (1.700 DA/tonne).
Art. 11 sionnel. · Institution d’un délai de 3
· Entre 5.000 et 20.000 DA ans pour son recouvre-
(camping, caravanes). ment par les communes.
· Entre 10.000 et 100.000 · Les tarifs applicables dans
DA/local à usage indus- chaque commune sont dé-
triel, commercial artisanal terminés par arrêté du
ou assimilé, produisant président sur délibération
des quantités de déchets de l’assemblées populaire
supérieures à celles des communale et après avis
catégories ci-dessus. de l’autorité de tutelle.
Déchets spéciaux: · 10.500 DA/tonne. · Taux incitant fortement à
Les revenus de cette taxe sont leur traitement.
taxe d’incitation de affectés comme suit : · Institution d’un moratoire
déstockage des déchets - 10% au profit des com- de 3 ans pour se doter ou
spéciaux. munes, disposer d’équipements
- 15% au profit du trésor d’incinération appropriés.
Art. 203 public,
- 75% au profit du FE-
DEP.
Déchets liés aux activités de · 24.000 DA/tonne. Idem que précédemment
soins:
Le produit de cette taxe est
taxe d’incitation sur les affecté comme suit:
déchets liés aux activités de - 10% au profit des com-
soins. munes,
- 15% au profit du trésor
public,
Art. 204
- 75% au profit du FE-
DEP.
Taxe sur les activités · Un coefficient multipli- · Indexation sur la nature et
Polluantes cateur compris entre 1 et l’importance des activités,
10 [auparavant compris mais aussi (ce qui est
entre 1 et 6] est indexé à nouveau) sur la quantité
chacune de ces activité des pollutions générées
en fonction de sa nature,
Art. 202 de son importance et du (première application du
type et de la quantité de principe du pollueur payeur).
rejets et de déchets géné-
rés.

- 111 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

Le principe du pollueur payeur est déjà en voie d’application

Taxe complémentaire sur la · Coefficient multiplicateur · Indexation sur le taux de


pollution atmosphérique de 1 à 5 pour les quantités dépassement des valeurs
d’origine industrielle émises dépassant les va- limites.
leurs limites.
Art. 205 Le produit de la taxe est af- (application du principe du
fecté comme suit: pollueur payeur).
- 10% au profit des com-
munes,
- 15% au profit du trésor
public,
- 75% au profit du FE-
DEP.
Taxe sur les carburants pol- · Un (01) DA par litre · Taxe sur les carburants
luants d’essence normal ou super polluants
avec plomb. · Promotion progressive de
Art. 38 · Le produit de la taxe est l’essence sans plomb.
affecté à raison de:
- 50 % au Fonds national
routier et autoroutier ;
- 50% au Fonds national
sur l’environnement.
Source: Loi n° 01-21 du 22 décembre 2001 portant loi de finances pour 2002

d. L’apport de la coopération in- d’expériences et du transfert de


ternationale connaissances et de technologies;
d’autre part, elle peut permettre, durant
6.51 La contribution des bailleurs cette phase de transition, de combler
de fonds internationaux est détermi- l’écart entre la dépense publique et le
nante dans le cadre de la transition en- relais de la tarification, des prix et de
vironnementale du pays. Cette contri- la fiscalité environnementale. Répartie
bution a un double rôle entre dons et prêts, cette contribution
d’accompagnement: d’une part au ni- concerne des domaines environnemen-
veau de l’assistance technique, des taux divers, comme indiqué dans le
échanges d’informations et Tableau 6.2.

Tableau 6.2 Coopération internationale


- Banques (Banque Mondiale, Banque Eu- Participation à des financements (prêts) dans
ropéenne d’Investissement, Banque des domaines aussi divers que la gestion inté-
Islamique de Développement, etc.) ; grée des ressources en eau et des autres res-
sources naturelles, le contrôle des pollutions et
le renforcement des capacités.
- Donateurs bilatéraux et internationaux Renforcement des capacités, assistance techni-
(METAP, MEDA, etc.) ; que, études préparatoires ou de faisabilité, pro-
jets pilotes, reconversion de la dette, etc.
- Accords multilatéraux ou régionaux de Financement de programmes environnemen-
l’environnement. taux globaux (ou régionaux) dans les domaines
concernés: eaux internationales, changement
climatique, biodiversité, protection de la cou-
che d’ozone, désertification, etc..

- 112 -
PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004

Le consensus autour d’une politique · les ministères sectoriels à res-


nationale et de politiques sectorielles ponsabilité environnementale
claires et coordonnées, la maîtrise des (et leurs agences environne-
projets proposés, la mise en place mentales sous tutelle);
d’équipes de projets compétentes et · les niveaux régional et local:
motivées au sein des agences échelon décentralisé;
d’exécution, la participation locale ef-
fective à la préparation et à la mise en · les entreprises;
œuvre des projets, sont autant d’ar- · l’Observatoire National de
guments susceptibles de susciter l’in- l’Environnement et du Déve-
térêt des bailleurs de fonds. loppement Durable (ONEDD)
pour l’échange et la diffusion
généralisée de l’information.
D. MISE EN ŒUVRE, SUIVI
ET EVALUATION 6.54 mentale nécessite également
l'implication du plus grand nombre de
6.52 Le PNAE-DD est un processus partenaires, à savoir:
continu qui engage la société algé- · le secteur privé: pour promou-
rienne dans son ensemble et qui doit voir les prestations de services
s’adapter de manière continuelle aux environnementaux (transport
conditions du pays (il ne s’agit pas et gestion des déchets, gestion
d’un programme figé). Le PNAE-DD de réseaux d’AEP et
constitue non seulement un cadre pour d’assainissement, etc.);
des consultations et l’identification des
· les communautés potentielle-
priorités environnementales du pays,
mais également un guide pour la mise ment bénéficiaires d’une
en œuvre des solutions apportées. bonne gestion de l’environne-
D’où l’importance: ment, à travers la mise en œu-
vre de projets communautaires
· de la mise en place d’une gou- participatifs (agriculteurs, éle-
vernance environnementale à veurs, pêcheurs, etc.);
plusieurs niveaux; et
· la société civile et les ONG:
· de la coordination, du suivi et sensibilisation et éducation
de l’évaluation du PNAE-DD environnementale, participa-
aux différents niveaux. tion à la maturation de projets
locaux, accès à l’information
a. Mise en œuvre d’une et association des ONG à la
gouvernance préparation de décisions par le
environnementale biais de mécanismes tels que
6.53 La mise en œuvre du PNAE- des consultations publiques et
DD nécessite un renforcement de la des audits environnementaux.
gouvernance environnementale à plu-
sieurs niveaux: 6.55 Les actions de formation et de
· le Haut Conseil à l’Environ- renforcement institutionnel joueront un
nement et au Développement rôle clé dans la mise en œuvre du
Durable (HCEDD); PNAE-DD pour permettre aux institu-
tions impliquées aux différents ni-
· les ministères à responsabilité veaux et aux divers partenaires
horizontale: environnement et
finances;

- 113 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

d’assumer leurs tâches telles que briè-


vement décrites dans le Tableau 6.3.
Tableau 6.3. Mise en place d’une gouvernance environnementale à plusieurs
niveaux
Niveaux / Institutions Tâches
Haut Conseil à l’Environnement et au Définition des grandes options stratégiques – apprécia-
Développement durable (HCEDD) tion régulière de l’état de l’environnement

Ministères à responsabilité horizontale Coordination de la politique nationale de protection des


- Ministère de l’Aménagement du Territoire différents écosystèmes – gestion de l’environnement (dont
et de l’Environnement définition d’instruments économiques – application de la
réglementation nationale en matière d’environnement

- Ministère des Finances Intégration des préoccupations environnementales dans le


développement socio-économique et les objectifs plani-
fiés. Application d’instruments et incitations économiques
et financiers (tarifs, fiscalité environnementale)
Ministères sectoriels à responsabilité en- élaboration de stratégies environnementales à rapports
vironnementale (et agences coût-efficacité les plus avantageux dans le cadre des pré-
environnementales sous tutelle) occupations sectorielles qui leur incombent :

- Ressources en eau Diminution des pertes, amélioration de l’efficience dans


l’utilisation des ressources et de la qualité

- Agriculture - forêts Orientations en faveur d’une production intégrée, adaptée,


différenciée, (avec impact sur la hausse des revenus) – cla-
rification des droits de propriété/accès aux ressources na-
turelles – étude et définition des prestations écologiques

- Pêches Gestion rationnelle des ressources halieutiques et autres


ressources marines

- Industrie, énergie, PME/PMI Développement d’audits – promotion de productions pro-


pres – développement d’exportations sous contrôle envi-
ronnemental

- Habitat (urbanisme) Gestion rationnelle du foncier urbain – intégration des


préoccupations environnementales dans les projets de dé-
veloppement urbain

- Transports Contrôle des rejets atmosphériques (véhicules) et des pol-


lutions marines

- Tourisme Développement d’un tourisme respectueux de


l’environnement (réglementation des zones sensibles et
côtières)

- Culture et communication Rénovation du patrimoine archéologique et historique –


mise en relation du patrimoine culturel avec le patrimoine
naturel

- Santé Étude des impacts des pollutions sur la santé publique –


identification des pollutions dangereuses et définition des
priorités d’intervention

- Solidarité Lutte contre la pauvreté, information, place des femmes


dans la gouvernance environnementale de base

- Éducation, formation professionnelle, re- Formation environnementale à différents niveaux


cherche scientifique

- 114 -
PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004

Niveaux / Institutions Tâches


Niveaux Régional et Local Élaboration de plans (régionaux/locaux) de gestion envi-
Régions (wilayas), villes, communes ronnementale axés notamment sur : AEP, assainissement,
collecte des déchets urbains, salubrité publique, dévelop-
pement d’espaces verts et de plans de circulation automo-
bile.
Elaboration et mise en œuvre de chartes environnementa-
les communales
Entreprises Développement de systèmes de management environne-
mental, de bilans coûts/ bénéfices environnementaux, mise
en place de l’autocontrôle et de l’auto-surveillance.

Observatoire national de Diffusion généralisée de l’information auprès des planifi-


l’environnement et du développement cateurs, des décideurs et de la société, et études prospecti-
durable ves.

Autres Partenaires
- Secteur privé - Prestataires de services environnementaux
- Communautés - p.ex. agriculteurs, éleveurs, pêcheurs (bénéficiaires po-
tentiels d’une bonne gestion de l’environnement)
- ONG - Sensibilisation et éducation environnementale

b. Coordination, suivi et ministères sectoriels à mandat envi-


évaluation du PNAE-DD aux ronnemental (cf. Tableau 6.2). Il est
différents niveaux chargé de l’évaluation initiale des pro-
6.56 La coordination du PNAE-DD grammes et projets, de l’élaboration
doit être organisée à l’échelle nationale des montages financiers, du suivi de
(comité interministériel et unité d’exé- l’exécution, et de l’évaluation des ré-
cution du projet) et aux différents ni- sultats. Il établit annuellement aux dif-
veaux d’exécution. Le suivi et l’éva- férentes échéances le rapport de dé-
luation constituent également une im- marrage, le rapport d’état d’exécution
portante mesure d’accompagnement du et enfin le rapport d’évaluation à
PNAE-DD et un outil indispensable l’intention du HCEDD. Pour
pour les pouvoirs publics. Des indica- l’accomplissement de ces missions, le
teurs de réalisation et de performance comité est assisté d’une structure per-
devront être développés pour chaque manente: l’unité d’exécution du projet
projet. (UEP).

6.57 Coordination du PNAE-DD 6.58 Coordination du PNAE-DD


à l’échelle nationale : responsabilités à l’échelle nationale: responsabilités
du comité interministériel. Ce comité de l’unité d’exécution du projet.
de pilotage présidé par le représentant Cette unité, installée au sein du
du MATE est composé des représen- MATE, a la tâche d’organiser et de
tants du ministère des finances, du mi- suivre sur le terrain la réalisation du
nistère de l’intérieur et des collectivités PNAE-DD en étroite collaboration
locales, du ministère des affaires avec les institutions et opérateurs (pu-
étrangères, et des représentants des blics ou privés) chargés de la

- 115 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

réalisation de projets spécifiques. 6.61 Les actions proposées ont trait


L’UEP est aussi responsable de la pré- à certains domaines prioritaires bien
paration des différents documents et identifiés avec un degré de maturité
rapports à soumettre au comité inter- avancé. Elles concernent des opéra-
ministériel. L’UEP est principalement tions pilotes multi-composantes desti-
constituée de personnes ressources nées à introduire des pratiques de ges-
provenant des différentes structures du tion environnementale durable. Elles
MATE chargées de l’environnement combinent des programmes de forma-
(planification et évaluation, politique tion et de sensibilisation visant à ga-
urbaine, politique industrielle, biodi- rantir la pérennité des actions, la mise
versité, coopération, etc.). Elle peut en œuvre progressive d’instruments
faire également appel, en cas de be- économiques et financiers pour
soin, à des personnes ressources pro- l’internalisation graduelle des coûts
venant d’autres ministères ainsi qu’à des services environnementaux, et
des consultants nationaux et étrangers. l’association du plus grand nombre de
partenaires. Elles visent à atteindre ra-
6.59 Coordination du PNAE-DD pidement des objectifs visibles à haute
aux différents niveaux d’exécution. valeur démonstrative, lesquels permet-
L’exécution optimale des projets né- tent de jeter les bases pour la réalisa-
cessite également l’institution de mé- tion des objectifs qualitatifs de la stra-
canismes de coordination localisés à tégie environnementale (amélioration
d’autres échelons décentralisés tels de la qualité de vie, de la qualité
que: sous bassins versants pour la ges- d’écosystèmes ou de services environ-
tion intégrée des sols, des eaux et des nementaux) et sont aisément évalua-
forêts; zones industrielles pour des bles, ce qui facilite leur éventuelle gé-
projets de contrôle de la pollution; in- néralisation. Avec l’appui et
tercommunalité pour des projets rela- l’expérience de partenaires étrangers et
tifs aux déchets solides, à l’assainis- de la coopération internationale, les ac-
sement et à la gestion de l’AEP. Enfin tions proposées devront être à même
le niveau local, pour la mise en œuvre de déclencher une dynamique nouvelle
des objectifs de la charte environne- et de diffuser des pratiques et une
mentale communale. culture environnementales saines au
sein des différents secteurs socio-
économiques et de la société.
E. PLAN D’ACTIONS
PRIORITAIRES À TRÈS 6.62 Le programme concerne des
COURT TERME actions d’amélioration de la gouver-
nance et de renforcement institution-
6.60 Les premières actions à enga- nel, ainsi que des actions pilotes à
ger ont toujours une valeur test. Bien haute valeur démonstrative.
ciblées, elle peuvent permettre au
PNAE-DD, par l’introduction de mé-
thodologies et d’outils de protection
efficaces, de connaître une phase de
démarrage favorable. Elle permettent
également de fonder la crédibilité de
l’ensemble de la stratégies et des prio-
rités qui en émanent.

- 116 -
PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004

Actions d’amélioration de la Actions pilotes d'accompagnement à


gouvernance et de renforcement haute valeur démonstrative
institutionnel
5) Des opérations pilotes de ges-
1) Mise en œuvre des disposi- tion intégrée de déchets solides ur-
tions relatives à l’environnement bains au profit de 3 ou 4 villes choi-
contenues dans la Loi de finances sies sur la base de l’amélioration de
2002: les objectifs étant : - le renfor- leurs performances institutionnelles,
cement des capacités de communes et avec l’association du secteur privé na-
villes pilotes à mettre en place un sys- tional et/ou étranger.
tème de recouvrement efficace de la
taxe sur les déchets ménagers; - le ren- 6) Promotion de l’utilisation de
forcement des capacités des inspec- l’essence sans plomb en accélérant le
tions de l’environnement et de programme initié à la raffinerie de
l’administration fiscale à percevoir la Skikda.
taxe incitative de déstockage des dé-
chets spéciaux et des déchets liés aux 7) Amélioration de l’accès des
activités de soins ainsi que la taxe ad- citoyens à l’eau potable à travers un
ditive de pollution atmosphérique. premier ajustement des tarifs, la réha-
bilitation du réseau d’AEP au profit de
2) Généralisation de la forma- 2 villes et l’introduction du régime
tion environnementale: formation concessionnaire pour sa gestion.
dans les domaines des déchets, de
l’eau, de l’assainissement et des pollu- 8) Amélioration du service pu-
tions à l’intention des collectivités lo- blic de l’assainissement à travers le
cales, de l’Algérienne des Eaux, de renforcement des capacités de l’Office
l’Office National de l’Assainissement, National de l’Assainissement à collec-
des entreprises et des PME-PMI. Ces ter la taxe d’assainissement, la réhabi-
actions nécessitent la mise en place ra- litation de quelques stations
pide du Conservatoire National des d’épuration défectueuses (2 ou 3), et
Métiers de l’Environnement. l’introduction du régime concession-
naire pour leur gestion.
3) Élaboration et mise en œuvre
de programmes de sensibilisation 9) Dépollution des plages: ré-
dans les domaines des déchets, de duction de la pollution microbienne
l’eau potable et de l’irrigation à des eaux marines dans des cités bal-
l’intention des collectivités locales, des néaires au moyen de solutions techni-
agriculteurs et des citoyens. ques à moindres coûts.

4) Mise en place du FEDEP, sa 10) Revitalisation des espaces


transformation en une institution fi- ruraux: renforcement de la coopéra-
nancière autonome à même d’inter- tion et de la coordination intersecto-
venir dans des investissements envi- rielle pour la mise en œuvre de projets
ronnementaux, et réalisation des pre- pilotes de conservation et de valorisa-
mières opérations avec des PME. tion des ressources naturelles à haute
intensité d’emplois.

- 117 -
VII. Conclusions

7.01 Le Plan National d’Actions gence et de l’inaction est insupportable


pour l’Environnement et le Dévelop- et continuera à augmenter, le PNAEE-
pement Durable (PNAE-DD) augure DD propose d’abord une vision du fu-
une ère nouvelle pour l’Algérie. Il tur qui engage l’Algérie à investir dans
prend appui sur un relevé critique des un développement écologiquement du-
enjeux et défis auxquels le pays doit rable. De là découle l’objectif du
faire face et sur une analyse étendue de PNAE-DD qui consiste à proposer un
l’impact des problèmes environnemen- cadre stratégique et un choix d’actions
taux en Algérie. Trente années après prioritaires face à cette situation – si-
avoir pris en main l’exploitation et la tuation qui est prise en compte en par-
gestion directe de ses ressources mini- tie par le programme gouvernemental
ères et pétrolières, vingt ans après de relance économique et sociale à
l’élaboration de la loi-cadre pour court et moyen terme (Plan Triennal de
l’environnement de 1983 et dix années Relance Économique 2001-2004).
après la Conférence des Nations Unies
sur l’Environnement et le Développe- 7.03 Pour bien mesurer l’ampleur
ment (CNUED) de Rio de Janeiro, des problèmes écologiques en Algérie
l’Algérie continue de faire face à des et pouvoir proposer des solutions aussi
défis importants. Aux conséquences efficaces que pérennes, il s’est avéré
d’une gestion de l’économie fortement important de placer la problématique
centralisée et ne privilégiant pas les environnementale dans le contexte gé-
critères d’efficacité économique, se néral du modèle de développement
sont joints les effets d’une croissance économique et social suivi par le pays
démographique et d’une urbanisation et de relier la « transition environne-
accélérées, d’une intensification de mentale » ainsi envisagée à la
l’exploitation des ressources naturelles « transition économique » dans la-
et de l’agriculture, d’une industrialisa- quelle le pays est engagé. En somme,
tion lourde et rapide, pour déboucher la crise écologique étant reliée à la
sur une crise économique, sociale et crise économique, les actions retenues
environnementale sans précédent. pour en sortir devront notamment
s’appuyer sur des considérations
7.02 En s’appuyant sur une analyse d’ordre économique et institutionnel.
de l’état des lieux qui montre que le C’est ainsi que dans le cadre stratégi-
coût économique et social de la négli- que et le plan d’actions

- 118 -
CONCLUSION

prioritaires du PNAE-DD, les solutions 7.05 Les leçons tirées de l’analyse


d’ordre institutionnel (législation, ré- des causes et des facteurs de la crise
glementation, capacités institutionnel- écologique démontrent clairement que
les, gestion, tarification, fiscalité) pri- l’étendue et la gravité des problèmes
ment sur les opérations environnementaux en Algérie affectent
d’investissement, ces dernières étant la santé et la qualité de vie de la popu-
conçues de manière complémentaire et lation, la productivité et la durabilité
ciblée. De plus, l’accent est mis sur le du capital naturel, l’efficacité de
financement des actions prioritaires en l’utilisation des ressources et la com-
privilégiant l’utilisation de ressources pétitivité de l’économie en général et
internes, appuyées par des contribu- l’environnement régional et global.
tions stratégiques des bailleurs de Ces quatre catégories servent d’ob-
fonds. jectifs stratégiques de qualité aux ac-
tions préconisées.
7.04 L’approche préconisée par le
PNAE-DD repose ainsi sur trois élé- 7.06 Les objectifs nationaux de la
ments fondamentaux: stratégie environnementale consistent
· les résultats d’une analyse ins- ainsi à:
titutionnelle et économique · améliorer la Santé et la Quali-
débouchant sur l’identifica- té de vie du citoyen;
tion de priorités sur le court, · conserver le Capital naturel et
moyen, et long terme (évalua- améliorer sa productivité ;
tion de l’état de l’environne-
ment et de la performance ins- · réduire les Pertes économiques
titutionnelle, évaluation des et améliorer la compétitivité ;
coûts socio-économiques des · protéger l’Environnement ré-
dommages et des coûts des gional et global.
remèdes afin d’éclairer les
choix stratégiques et 7.07 La réalisation de ces objectifs
l’efficacité des actions), nationaux repose sur la mise en œuvre
· les relations de complémen- de mesures institutionnelles et
tarité qui se manifestent entre d’accompagnement ainsi que sur des
les réformes économiques et la investissements prioritaires. Les mesu-
protection durable de res institutionnelles recouvrent des
l’environnement (stratégie de mesures qui vont de l’élaboration et de
long terme) débouchant sur la mise en œuvre de lois (déchets, litto-
l’identification de réformes ral, par exemple) à l’adaptation des ta-
surtout sectorielles longtemps rifs existants (p.ex. déchets, eau) et à la
négligées et qui deviennent mise en place d’instruments économi-
impératives, et ques de gestion de l’environnement
(fiscalité écologique, institutions fi-
· le programme triennal de re- nancières). Les mesures d’accom-
lance du gouvernement (ac- pagnement renvoient à des campagnes
tions de court et moyen de sensibilisation ainsi qu’au suivi et à
terme), instrument important l’évaluation du PNAE-DD. Des inves-
de la transition vers une véri- tissements ciblés relaient ces mesures,
table prise en charge des pro- tant à long terme (10 ans) qu’à plus
blèmes environnementaux du court terme (3-5 ans).
pays

- 119 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

7.08 Le plan d’actions prioritaires ou privées. A terme, le budget de l’État


vise à réaliser les éléments critiques ne prendra plus en charge que les dé-
des précédents objectifs nationaux à penses à caractère social, libérant ainsi
court terme en appui du programme des ressources budgétaires supplé-
gouvernemental de soutien à la relance mentaires pour d’autres besoins.
économique. Ainsi, l’accent est mis
immédiatement sur les réformes ré- 7.10 Par ces moyens, les problèmes
glementaires et institutionnelles qui environnementaux de l’Algérie sont
ont trait à l’amélioration de la gouver- pris en charge comme partie intégrante
nance, des capacités humaines et tech- de la transition socio-économique du
niques, de l’efficacité des instruments pays. Il s’agit pour l’Algérie d’opérer
fiscaux existants, et à l’amélioration de également sa « transition environne-
la coordination intersectorielle. Aux mentale ». L’apport du PNAE-DD est
actions financées par ledit plan triennal d’avoir conçu cette dernière sur un re-
de relance viennent s’ajouter d’autres gistre rendant compatible réformes
actions nécessaires dans différents économiques et protection durable de
domaines. Au total, le coût estimé des l’environnement.
actions de court terme s’élève à 970
millions USD sur trois ans (quelque
320 millions USD par an). Ce montant
comprend 50 millions USD de nature
institutionnelle et 920 millions USD
d’investissements. Il correspond an-
nuellement à près de 0,69% du PIB de
1998.

7.09 Le plan de financement vise à


court terme la rationalisation de la dé-
pense publique algérienne en faveur de
l’environnement et une augmentation
de cette dernière dans une perspective
décennale (investissements corres-
pondant à 1,2 % du PIB de 1998). La
stratégie préconisée ne consiste toute-
fois pas à augmenter d’autant la dé-
pense publique. Au contraire, elle con-
siste à graduellement recourir aux
instruments économiques et à la fisca-
lité environnementale de concert avec
la mise en ouvre de la réglementation,
et ceci de manière à rapprocher la
dépense de celui qui en est à
l’origine, qu’il s’agisse du recouvre-
ment des coûts de services consommés
par les individus et les ménages, ou de
la prise en charge des coûts de dépollu-
tion et de dégradation des ressources
naturelles occasionnés par l’activité
des entreprises économiques publiques

- 120 -
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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

ANNEXE 1
Nature et Étendue des Problèmes Environnementaux – Zones Prioritaires
Les terres

Zones prioritaires identifiées pour l’érosion hydrique


Région Ouest: partie centrale des monts de Tessala et de Beni Chougrane, partie Sud-
est des monts Dahra
Région Centre: partie Centre Ouest des piémonts Nord de l’Ouarsenis
Région Est: monts de Guergour, Sétif et Ferdjioua.
Les eaux douces

Disponibilité (700 m3/hab. à l’échelle nationale)


328 m3/hab. dans la région Oranie-chott Chergui
489 m3/hab. dans la région Chéliff-Zahrez qui doit transférer une partie de ses ressour-
ces vers la région Oranie
Envasement des barrages (parmi 12 barrages en exploitation classés en fonction de
l’importance des superficies érodables de leurs bassins versants) :
5 sont situés dans le bassin du Chéliff (8,586 km2)
3 sont situés dans le bassin Oranie-chott Chergui (2,953 km2)
Les zones marines et côtières

Dégradation du littoral (pressions dues à l’évolution de la population et des activités)


Aire métropolitaine d’Alger (Alger, Blida, Tipaza, Boumerdes)
Oran, Annaba, Skikda (à un moindre degré)

Erosion côtière et surexploitation


Zones prioritaires identifiées
Erosion côtière: 80% des plages (recul de trait de côte de 300 m à Bejaïa)
Surexploitation des sablières : région Centre (entre le Chenoua et Cap Djinet), région
Ouest (Mostaganem), région Est (Bejaïa)
Envasement des ports: ports d’Alger; Bejaïa, Arzew, Oran, Skikda et à un moindre de-
gré les ports commerciaux et de pêche (Ghazaouet, Beni Saf, Mostaganem, Tenes, Ji-
jel, …)
Surexploitation halieutique: essentiellement le petit pélagique (sardines, anchois) dans
la zone littorale ouest
Dégradation qualité eaux marines
Zones prioritaires identifiées
Déversement des eaux usées dans les enceintes portuaires : le port d’Alger reçoit plus
de 50% des rejets parvenant aux principaux ports
pollution charriées par les principaux Oueds : concentrations élevées de DBO5, DCO,
azote et phosphore totaux au niveau des embouchures des Oueds El Harrach (situation
la plus critique), Tafna, Mazaffran et Seybouse
par ordre de gravité des pollutions, le port d’Alger reçoit 53% des charges polluantes ;
il est suivi par les ports d’Oran (13%) et d’Annaba (9%)
métaux lourds: ces mêmes ports plus celui de Skikda connaissent les pics les plus éle-
vés pour le plomb, le mercure et le zinc

- 136 -
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Biodiversité

Zones prioritaires identifiées


zones de montagnes
oasis
zones humides
Les forêts

Zones prioritaires identifiées (forêts à reconstituer et/ou aménager)


forêts de production: ensemble des forêts de chêne liège (suberaie) ; cédraie de la ré-
gion des Aurès et du Mont Chélia
forêts de production: mattorals ou forêts claires (Beni Chougrane, monts de Tlemcen,
monts de Saïda, Laghouat, Ouarsenis, Bouira, région des Bibans)
écosystèmes côtiers: secteur oranais (Thnya, genévrier rouge) ; secteur algérois (éco-
système côtier de Tenes à Cap Djinet) ; secteur kabyle et numidien (suberaies littorales
et sub-littorales)
L’écosystème steppique

Zones prioritaires identifiées


Steppes du Sud-Ouest Oranais : wilaya de Naama, wilaya d’El Bayadh
Steppes du Sud Algérois : wilaya de Djelfa
Cordon dunaire du Zahrez
L’écosystème saharien et les oasis

Zones prioritaires identifiées


Phénomène de remontée des eaux: palmeraies de Biskra; El Oued; Ouargla; Ghardaïa
Système traditionnel d’irrigation: ensemble des « foggara »
Lutte contre le « bayoud » : palmeraies du Sud-Ouest
Les zones urbaines

Eaux usées domestiques


Zones prioritaires identifiées
bassins les plus pollués : Tafna, Macta, Chéliff, Soumam, Seybouse
sous-équipement fragrant en systèmes d’épuration pour les bassins suivants (% raccor-
dement):
Chéliff 2.8 Sebaou 13.9 Issers 10.5 Seybouse 0.0 Kebir Est 0.0
Pollution de l’air d’origine urbaine
Zones prioritaires identifiées
Alger, Oran, Constantine, Annaba (grandes agglomérations)
Les zones industrielles

Eaux usées industrielles


Zones prioritaires identifiées
région Nord-Est du pays (industrie sidérurgique)
Baba Ali et Mostaganem (industrie papetière)
Pollution de l’air d’origine industrielle
Zones prioritaires identifiées
Cimenteries (en cours de traitement)

- 137 -
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ASMIDAL, ENSIDER (en cours et/ou traitement prévu)


Unités d’électrolyse de Zinc à Ghazaouet
Déchets industriels
Wilayas les plus touchées, par type de déchets
Déchets inorganiques : Agglomération d’Alger avec la zone industrielle de Rouiba-
Réghaïa (51%)
Wilaya d’Oran avec la zone industrielle d’Arzew (20%) & Wilaya de
Annaba (13%)
déchets organiques : Wilaya de Annaba
déchets huileux :Wilaya de Skikda (51%) & Wilaya d’Oran avec la zone industrielle
d’Arzew (40%)
déchets peu toxiques :Wilaya de Annaba (70%)
Patrimoine archéologique et historique

Zones prioritaires identifiées


parcs nationaux du Tassili et de l’Ahaggar
la Casbah d’Alger
les vestiges romains deTipaza
la vallée du M’Zab
les sites et monuments de Tlemcen
l’ensemble constitué des vestiges romains de Timgad, de la vallée de l’oued El-Abiod
et des gorges du Ghoufi

- 138 -
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ANNEXE 2
ÉVALUATION ECONOMIQUE – METHODOLOGIE ET RESULTATS

Introduction

A2-1. L’objectif principal de cette annexe est de présenter le cadre méthodologique


général qui sous-tend, d’une part, l’analyse des impacts socio-économiques liés à la
dégradation de l’environnement et, d’autre part, les propositions stratégiques et les
domaines d’actions prioritaires du Plan National d’Actions pour l’Environnement et le
Développement Durable (PNAE-DD).

A2-2. Au vu des difficultés, connues et liées à l’estimation de certains impacts


(comme les pertes de diversité biologique ou d’autres fonctions écologiques) ainsi que
le manque de données fiables et systématiques, il est important de noter que les résul-
tats de la présente analyse doivent être considérés comme des ordres de grandeur ap-
pelés à être affinés et complétés dans le futur. De plus, il est important de mentionner
que ce genre d’analyse économique, entrepris pour la première fois en Algérie, a déjà
permis aux autorités environnementales de lancer un débat national et de focaliser
l’attention des autorités financières en particulier, et celle du gouvernement en géné-
ral, sur les coûts sociaux et l’impact budgétaire résultant de « négligences environne-
mentales ». La description des problèmes environnementaux – qui sont souvent consi-
dérés soit comme inévitables, soit comme non prioritaires – sous forme d’indicateurs
économiques (ayant un numéraire monétaire commun) peuvent maintenant être com-
parés à d’autres agrégats économiques nationaux tels que le produit intérieur brut
(PIB), le budget de l’Etat ou la dépense publique en matière d’environnement.

A2-3. Par ailleurs, le présent travail est appelé à être encore affiné et à servir de fon-
dement pour le développement d’un programme de formation et d’un système
d’information et d’évaluation des performances, programme qui constituerait un élé-
ment essentiel de renforcement des capacités d’analyse et de planification des autori-
tés environnementales à l’échelle tant nationale que locale

Approche Méthodologique Générale

A2-4. Les problèmes environnementaux en Algérie, objets du Chapitre III, ont des
impacts négatifs directs non seulement sur l’activité et l’efficacité économiques, mais
également sur la santé et la qualité de vie de la population. La dégradation des forêts,
des sols et de la biodiversité affecte la productivité agricole et la qualité des écosys-
tèmes. La pollution des ressources en eau – qu’elle soit d’origine biologique ou chimi-
que – est la cause de maladies hydriques et de la dégradation d’écosystèmes aquati-
ques (avec des conséquences sur les ressources halieutiques, le potentiel touristique,
etc.). La pollution de l’air produit des impacts importants sur la santé publique (mala-
dies respiratoires et cardio-vasculaires), notamment à cause de l’exposition aux pous-
sières et autres polluants provenant d’activités industrielles diverses, du transport et de
diverses combustions. Le plomb, par exemple, a des conséquences néfastes sur le dé-
veloppement mental, particulièrement chez les enfants. La pollution de l’air a égale-

- 139 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

ment d’autres impacts économiques tels que la baisse des valeurs immobilières, le
manque de visibilité, la dégradation de la faune et la flore et le recul des revenus tou-
ristiques.

A2-5. Cet état de fait a été quantifié de manière à pouvoir estimer, d’une part, les
coûts des dommages (CDD) et, d’autre part, les coûts de remplacement18(CDR). Les
coûts des dommages, exprimés sous forme de pertes économiques, procurent une idée
de l’ordre de grandeur des avantages (ou bénéfices) potentiels qui découleraient d’une
gestion saine de l’environnement. Les coûts de remplacement, de leur côté, fournissent
une estimation des investissements nécessaires pour maintenir (ou restaurer) un envi-
ronnement d’une qualité acceptable pour la société. Enfin, le ratio CDR/CDD est utili-
sé comme critère pour l’analyse des priorités.

A2-6. Il est important de signaler que l’estimation des coûts des dommages et des
coûts de remplacement de différentes catégories de problèmes environnementaux a été
sujette à de nombreuses hypothèses et simplifications. Les estimations qui en résultent
sont nécessairement grossières. Dans plusieurs cas, les estimations ont reposé sur les
opinions d’experts algériens. D’une manière générale, les principales hypothèses utili-
sées sont les suivantes:

· La catégorie « coûts des dommages » comprend l’impact sur la santé et la quali-


té de la vie (mortalité, morbidité, pertes de productivité, impacts sur le cadre de
vie/ récréation), l’impact sur le capital naturel (pertes de productivité et/ou de
ressource, coûts indirects liés à la dégradation de la ressource) et le coût
d’opportunité dû à l’inefficacité et à la mauvaise gestion des ressources.
· Certains impacts ou dommages – comme la perte des fonctions écologiques des
forêts – n’ont pas pu être estimés. Par conséquent, seule une fraction du coût
écologique d’ensemble a pu être pris en compte. Ainsi, dans plusieurs cas, les
résultats obtenus indiquent des valeurs plancher plutôt que des valeurs plafond.
· Dans les cas où le coût des dommages n’a pas pu être estimé – en l’occurrence
le cas des déchets industriels –, les coûts de traitement, de dépollution, ou de
restauration ont été retenus comme approximations.
· Le tarif payé pour certains services est parfois utilisé – notamment dans le cas
de la collecte des déchets urbains – comme approximation de la « disposition à
payer » des ménages pour une meilleure salubrité publique.
· Dans la catégorie des « coûts de remplacement », deux hypothèse implicites
sont à relever : (i) le concept de coût de remplacement auquel il est recouru
s’apparente davantage à celui de coût « d’enrayement » (end-of-pipe) du dom-
mage qu’à celui de coût de prévention ou de changement de « process » ; (ii) les
coûts de remplacement retenus ne sont pas nécessairement représentatifs, en
l’état, des meilleures technologies au moindre coût (principe du least cost miti-
gation technology).

18
Le concept de coût de remplacement est lié à la méthode « cost of remediation » développée notamment par Inhaber
(1976) et Rogers et al. (1997).

- 140 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

· Toutes les estimations sont présentées en valeurs annuelles. Dans le cas des
coûts de remplacement, certains investissements, initialement conçus pour une
période de 10 ans, ont été annualisés à un taux d’escompte de 10 %.
· Toutes les estimations sont exprimées en parts au PIB (%), permettant ainsi
l’utilisation d’un indicateur unique.
· 1998 constitue l’année de référence pour tous les calculs.

A2-7. Finalement, il est à noter que malgré ces limitations, le cadre méthodologique
proposé pour l’analyse des priorités, utilisant le ratio CDR/CDD, présente au moins
deux avantages importants :

· L’utilisation du ratio CDR/CDD permet d’évaluer l’efficacité relative de diffé-


rentes mesures (ou investissements) sur la base d’un coût unitaire de bénéfice
escompté (ou dommage enrayé). Ceci n’est pas le cas lorsque le coût des dom-
mages est le seul critère de priorité utilisé, des interprétations erronées pouvant
être faites.
· Le concept de coût de remplacement est aussi un élément important qui permet
de mesurer l’impact financier et budgétaire de différents systèmes de standards
de qualité environnementale.

Coût des Dommages, Coût de Remplacement et Rapport CDR/CDD

A2-8. Les estimations sont regroupées en deux catégories : une catégorie environ-
nementale incluant eau, air, sols, forêts, biodiversité, déchets, littoral, archéologie,
énergie, matières premières et environnement global et une catégorie économique in-
cluant santé et qualité de vie, dégradation du capital naturel et pertes économiques.
Ces catégories servent à structurer les coûts des dommages (Tableau A2-1) et les coûts
de remplacement (Tableau A2-2) à l’intérieur de chaque domaine de l’environnement,
comme suit:
· Eau Santé et qualité de vie (morbidité, qualité de
la ressource) Capital naturel (pertes de la res
source) Pertes économiques (habitants mal
desservis)
· Air Santé et qualité de vie (mortalité et morbidité)
Capital naturel (pertes agricoles dues à la pol-
lution de l’air)
· Sols, Forêts, Biodiversité Santé et qualité de vie (pauvreté d’incidence
environnementale) Capital naturel (dégrada-
tion des sols, déforestation, biodiversité, em-
piétement urbain)
· Déchets Santé et qualité de vie (salubrité, pollution)
Pertes économiques (potentiel de récupération
non réalisé)
· Littoral, Archéologie Santé et qualité de vie (pollution due aux ac-
cidents chimiques) Capital naturel (empiéte-

- 141 -
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

ment du littoral) Pertes économiques (pertes


de revenus touristiques dues à la dégradation
du littoral et du patrimoine archéologique)
· Énergie, Compétitivité Pertes économiques (gestion énergétique inef-
ficace, image de marque)
· Environnement Global Environnement global (gaz à effet de serre)

A2-9. Tableau A2-1: Coûts des Dommages (CDD). Le Tableau A2-1 (voir plus
bas) présente l’estimation des coûts des dommages. Les dommages sont d’abord iden-
tifiés physiquement (polluants atmosphériques émis, eaux usées rejetées, sols érodés,
déchets générés). Ils sont ensuite rapportés à une dimension économique (impacts sur
la santé et le cadre de vie, pertes de productivité agricole, dépréciation du capital natu-
rel, pertes d’aménités, etc.). Ils font enfin l’objet d’une évaluation économique lorsque
les données sont disponibles (quantité de dommage ou de manque à gagner multiplié
par un prix de référence ou un coût unitaire) et, le cas échéant, au moyen d'hypothèses
et d'estimations sommaires. Les dommages ainsi évalués, exprimés en parts au PIB al-
gérien, constituent les indicateurs des avantages « perdus » et représentent les béné-
fices environnementaux potentiels. Le coût des dommages a été estimé à 5,8 % du PIB
(7,0 % avec les impacts sur l'environnement global).

A2-10. Tableau A2-2 : Coûts de Remplacement (CDR). Dans leur ensemble (hors
coûts liés à l’environnement global), les coûts de remplacement, d'investissement et de
conservation ont été estimés à 2,8 % du PIB algérien de 1998. Ces coûts corres-
pondent aux dépenses nécessaires, compte tenu des coûts unitaires locaux, pour main-
tenir (ou restaurer) une qualité de l’environnement acceptable pour la société – et qui
s’exprime au travers des standards de qualité spécifiés dans la législation environne-
mentale du pays. Voir plus bas.

La Figure A2-1 présente les rapports CDR/CDD par catégorie économique.

Figure A2-1 CDR/CDD


0.70

0.60

0.50

0.40

0.30

0.20

0.10

0.00
Pertes économiques Santé/Qualité de vie Dégradation du capital naturel

A2-12. Les Figures A2-2, A2-3 et A2-4 présentent l’estimation des coûts des dom-
mages, l’estimation des coûts de remplacement ainsi que les rapports CDR/CDD par
secteur environnemental.

- 142 -
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Figure A2-2 Coûts des Dommages (Bénéfices potentiels)


1.60%
1.40%
1.20%
1.00%
0.80%
0.60%
0.40%
0.20%
0.00%
Eau Sols, Forêt, Energie, Air Littoral, Déchets
Biodiversité Compétitivité Archéologie

Figure A2-3 Coûts de Remplacement


1.60%
1.40%
1.20%
1.00%
0.80%
0.60%
0.40%
0.20%
0.00%
Sols, Forêt, Eau Littoral, Déchets Air Energie,
Biodiversité Archéologie Compétitivité

Figure A2-4 CDR/CDD

1.00

0.80

0.60

0.40

0.20

0.00
Energie, Air Eau Sols, Forêt, Déchets Littoral,
Compétitivité Biodiversité Archéologie

A2-13. Finalement, la Figure A2-5 présente le détail de l’estimation des coûts des
dommages suivant 19 secteurs environnementaux.

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Figure A2-5 Coûts des Dommages par secteur environnemental (détail) (% du PIB)
1.00%

0.90%

0.80%

0.70%

0.60%

0.50%

0.40%

0.30%

0.20%

0.10%

0.00%
Air: santˇ & Eau: santˇ & Gestion Dˇgradation Pertes en eau Image de Dˇgradation Empiˇtement Dˇgradation du Perte Dˇchet: Eau: manque Dˇgradation Dˇchet: perte Envasement Gestion Dˇforestation Pollution Air: impact
qualitˇ de vie qualitˇ de vie ˇnergˇtique sols: pertes marque archˇologique urbain littoral biodiversitˇ salubritˇ desserte des sols: recyclage des ports mati¸res accidents agriculture
agricoles pauvretˇ premi¸res chimiques

- 144 -
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Réduction de DALYs suite à un meilleur approvisionnement en eau potable et en


assainissement

A2-14. La méthode utilisée pour calculer la réduction potentielle de DALYs19 suite à


un meilleur approvisionnement en Eau Potable et en Assainissement (EPA) est expli-
quée en détail dans la Stratégie de l’Environnement de MNA20. Un bref aperçu des
hypothèses et des scénarios retenus est présenté ci-dessous.

A2-15. Près de 10,9 millions de DALYs sont perdus chaque année dans la région
MNA21 à cause de divers problèmes liés à l’eau. Une simple estimation, fondée sur le
nombre relatif d’habitants (30 millions en Algérie en 1998 contre 250 millions dans la
région MNA en 1993), permet d’estimer (grossièrement) le nombre total de DALYs
perdus en Algérie à 1,3 millions.

A2-16 Plusieurs causes sont responsables de la perte de DALYs liés à l’eau. Il s’agit
de la pollution de l’eau, du manque d’accès à l’EPA et d’un mauvais niveau
d’hygiène. L’interaction entre ces diverses causes est complexe. Cependant, une en-
quête de 144 études, publiée par l’Organisation Mondiale de la Santé, révèle qu’une
amélioration du service d’eau potable et d’assainissement peut induire une réduction
moyenne de 65 % de la mortalité et de 25 % de la morbidité22 liées aux problèmes de
l’eau. En utilisant une moyenne pondérée, l’amélioration du service EPA entraînerait
une réduction totale de 52,7 % de DALYs. Cette estimation est utilisée pour indiquer
l’ordre de grandeur de la réduction potentielle de DALYs liée à l’approvisionnement
en EPA.

A2-17 Près de 94 % de la population algérienne aurait accès à l’eau potable et 73 %


aux services d’assainissement. Pour déterminer la part de la population ayant accès à
l’eau potable et à l’assainissement, des hypothèses sur l’importance relative de l’eau
potable sur l’assainissement pour réduire la mortalité et la morbidité sont nécessaires.
Trois hypothèses sont retenues dans cette analyse: 0,9 pour l’eau potable et 0,1 pour
l’assainissement, 0,7 pour l’eau potable et 0,3 pour l’assainissement, et 0,5 chacun.

A2-18 Le niveau d’hygiène joue un rôle critique pour déterminer la relation entre le
taux de DALYs perdus parmi les populations ayant accès à l’EPA et celles qui n'y ont
pas accès. Des études empiriques montrent que le niveau d’hygiène et l’accès à l’EPA
sont positivement corrélés au taux d’alphabétisation et au niveau de vie. Le niveau
d’hygiène est en général plus bas parmi les populations sans accès à l’EPA. Pour
adresser cette corrélation positive entre l’accès à l’EPA et l’hygiène, un facteur
d’hygiène (h) est introduit et deux valeurs sont retenues: 0,6 et 0,8.

A2-19. Comme indiqué dans le Tableau A2-3, le nombre total de DALYs perdus à
cause du manque d’approvisionnement en EPA varie entre 131 000 et 285 000. En
utilisant le PIB par habitant comme indicateur de la valeur perdue par DALY, le total

19
Disability Adjusted Life Years (Années de vie corrigées du fait d’incapacités résultant de la pollution de l’air ou de
l’eau).
20
Middle East and North Africa Environment Strategy, February 1995.
21
World Development Report, 1993.
22
Esrey, J.,B. Potash, L. Roberts and C. Schiff, “Effects of Improved Water Supply and Sanitation on Ascariasi, Diar-
rhea, Dracunculaisis, Hookworm Infection, Schistosomiasis, and Trachoma”, WHO, 1991.

- 147 -
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s’élèverait entre 206 et 448 millions US$ (soit entre 0,44 et 0,95 % du PIB). Une va-
leur moyenne de 0,69 % du PIB est retenue dans le cadre de cette analyse.

Tableau A2-3 Réduction de DALYs suite à un meilleur approvisionnement en


eau potable et en assainissement (EPA)
Unité Scénari os
Populationt otale 30 000 000 30 000 000 30 000 000 30 000 000 30 000 000 30 000 000
DALYs perdus dus à l'e au 1 30 8 000 1 30 8 000 1 30 8 000 1 30 8 000 1 30 8 000 1 3 08 000
Rédu ction de DALYs grâce à une couverture total e en EPA 53% 53% 53% 53% 53% 53%

Pourcent age de la p opulatio n ayant accès à l'eau pota ble % 94% 94% 94% 94% 94% 94%
Pourcent age de la p opulatio n ayant accès à l'assaini ssement % 73% 73% 73% 73% 73% 73%
Pourcent age de la p opulatio n ayant accès à EPA (P) % 92% 92% 88% 88% 84% 84%

o
Taux de DALYs perdus dus à l'eau (Rt ) /oo 43,60 43,60 43,60 43,60 43,60 43, 60
o
Taux de DALYs perdus parmi le s pop. ayan t accès à EPA (Rw) /oo 38,48 36,20 36,27 33,27 34,30 30, 78
o
Taux de DALYs perdus parmi le s pop sans accès à EPA (Rw o) /oo 1 01,6 9 1 27,5 6 95,85 1 17,2 4 90,65 108,4 6

Paramètre [0,1] pour l'hygiène (h) 0 ,8 0 ,6 0 ,8 0 .6 0 ,8 0,6


Importa nce relative de l'eau pot able sur les DALYs (x) 0 ,9 0 ,9 0 ,7 0 ,7 0 ,5 0,5
Importa nce relative de l'assai nissement sur les DALYs (1-x) 0 ,1 0 ,1 0 ,3 0 ,3 0 ,5 0,5
Population à servi r % 100% 100% 100% 100% 100% 100 %

Rédu ction de DALYs suiteàu ne couverture totale en EP A 130 968 164 279 187 462 229 283 237 824 284 5 58
Valeur de la réduction de DALYs USD $206 012 526 $258 410 285 $294 878 260 $360 661 605 $374 096 556 $447 609 605
Valeur de la réduction de DALYs % PIB 0 ,44% 0 ,55% 0 ,62% 0 ,76% 0 ,79% 0,9 5%

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